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Table des matières

I. Introduction.......................................................................................................................... 3
II. Prélèvement et préparation de l’échantillon .......................................................................... 4
A. Prélèvement de l’échantillon ............................................................................................. 4
B. Préparation de l’échantillon .............................................................................................. 4
1. Méthodes de préparation pour analyse indirecte................................................................. 4
2. Méthodes de préparation pour analyse directe .................................................................... 6
III. Analyse de l’échantillon ........................................................................................................ 7
A. Appareillage ...................................................................................................................... 7
1. Torche à plasma ...................................................................................................................... 7
2. Spectromètre de masse .......................................................................................................... 8
B. Interférences..................................................................................................................... 9
1. Les interférences non spectrales ............................................................................................ 9
2. Les interférences spectrales ................................................................................................. 10
IV. Conclusion .......................................................................................................................... 10
V. Bibliographie ...................................................................................................................... 11

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I. Introduction

Les polymères sont des matériaux largement utilisés dans l’industrie mais également dans de
nombreux domaines de la vie, tels que l’alimentation, les cosmétiques, etc… Tout d’abord, les
polymères sont des matériaux constitués de longues chaînes de molécules élémentaires assemblés,
appelées monomère, elles-mêmes constituées d’atomes de carbone sur lesquelles des opérations
chimiques permettent de fixer d’autres éléments, comme l’hydrogène, du chlore, de l’azote, du fluor
ou de l‘oxygène. Ces matériaux peuvent être linéaires ou réticulées ce qui permet de les diviser en
trois grandes sections : les thermoplastiques, les thermodurcissables et les élastomères. Les
monomères sont assemblés entre eux selon un processus de polymérisation. On appelle
polymérisation la réaction chimique qui permet d’assembler entre eux les différents monomères par
le biais de liaisons covalentes. Il existe deux types de polymérisation : la polycondensation et la
polymérisation en chaînes. Afin de finaliser le traitement du plastique, et mieux le préparer à sa mise
en œuvre, il est nécessaire d’ajouter certains additifs à la composition des polymères synthétiques. Ce
sont eux qui permettront aux industriels de produire une matière parfaitement adaptée à son
utilisation. Parmi ces additifs on note la présence de charges minérales, organiques ou métalliques.
Ces charges améliorent les qualités du plastique et sa résistance [1].

Néanmoins, ces charges métalliques présentent des risques pour la santé à cause de leur
toxicité. Les métaux lourds sont généralement définis comme des éléments métalliques naturels dont
la masse volumique est supérieure à 5000kg/m3. Certains métaux sont essentiels à l'organisme,
d’autres n'ont aucune fonction biologique. Mais même étant indispensables, ils peuvent s’avérer
toxiques à fortes concentrations. D’autres paramètres entrent également en compte dans leur toxicité.
Tous les métaux lourds sont présents naturellement à l’état de traces dans l’environnement.
Cependant, l’activité humaine a fortement augmenté leur présence. Ils sont notamment utilisés dans
de nombreux matériaux quotidiens, purs ou sous forme d’alliage. On peut ainsi les employer dans les
aciers inoxydables, les matériaux du bâtiment, les munitions, les matériaux médicaux, la bijouterie…
La combustion de matières fossiles solides ou liquides peut également contribuer au rejet de métaux
dans l’environnement, via les cendres, vapeurs et fumées. L’impact sur la santé des métaux lourds
dépend de leur espèce chimique, de leur concentration, de leur biodisponibilité et de leur passage
dans les chaînes alimentaires. Certains éléments n’ont aucun rôle dans le maintien de l’homéostasie
de l’organisme et sont directement toxiques, comme le mercure, le plomb ou le cadmium, d’autres
sont indispensables (appelés oligo-éléments) comme le sélénium ou le fer. Enfin, certains sont neutres
et considérés comme biocompatibles avec l’organisme, et sont ainsi utilisés en médecine, comme le
titane et l’or par exemple [2].

En raison de leur toxicité, les métaux lourds sont réglementés mais il n’y a pas de liste
homogène tous milieux confondus. Au niveau international, les métaux les plus toxiques sont
réglementés : mercure (Hg), plomb (Pb) et cadmium (Cd) [3]. Ainsi, dans le cadre d’un contrôle de
qualité ou bien d’un processus de mise sur le marché, l’analyse de métaux lourds sur polymères et
composites est indispensable. Les exigences de la détermination des métaux dans les polymères sont
transcrites dans la norme NF EN 62 321.

Dans un premier temps, le prélèvement et la préparation d’échantillons seront abordés. Puis


dans un second temps, l’analyse des métaux par Spectroscopie de Masse à Plasma à Couplage Inductif.

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II. Prélèvement et préparation de l’échantillon
A. Prélèvement de l’échantillon

Pour l’analyse des métaux lourds, la matrice des polymères ne possède pas de protocole de
prélèvement précis. En effet, les polymères sont accessibles facilement, comme une bouteille d’eau,
comparé à d’autres matrices comme le sol. Par exemple, pour le sol, le prélèvement des échantillons
nécessitent des techniques précises avec l’aide d’outils, comme des techniques de forages, comme le
carottage, à l’aide de carottiers ou de tarières.

Néanmoins, certaines précautions sont à prendre afin d'éviter la contamination de la matrice


avec des analytes extérieurs. La recherche et la quantification de métaux et d’éléments traces
nécessitent l’utilisation de techniques sensibles, pouvant mesurer des concentrations très faibles
(parfois inférieures au µg/L). Ces éléments étant largement présents dans notre environnement, le
risque de contamination des échantillons durant leur prélèvement ou leur transport est un élément
clé à maîtriser pour garantir la fiabilité du résultat [4].

En général, le rangement et le stockage du matériel en verre constituent la partie critique de


l'analyse de métaux, indépendamment du type d’échantillon à analyser. Les béchers, les pipettes, les
flacons volumétriques, etc. constituent tous des sources majeures de contamination métallique. Il est
essentiel d’utiliser des plastiques exempts de métaux lourds ou du matériel en verre de silice (quartz)
pour manipuler l'échantillon. Tous les appareils d'échantillonnage, de stockage et de manipulation
doivent être exempts de métaux lourds. Afin d’éliminer toute contamination possible, tout le matériel
en verre peut être trempé dans de l'acide nitrique à une fraction massique de 50 % pendant 24 h à
température ambiante, puis rincé minutieusement avec de l'eau déminéralisée [5].

B. Préparation de l’échantillon
1. Méthodes de préparation pour analyse indirecte

Généralement, les techniques d'analyse des métaux lourds dans les polymères exigent que les
analytes métalliques se trouvent dans une solution aqueuse acide. Les méthodes de préparation de
l’échantillon utilisées pour obtenir des additifs polymères inorganiques en solution comprennent la
digestion acide à plaques chaudes à l’aide d’acides minéraux concentrés, l’incinération du polymère
dans un four à moufle, la digestion acide par micro-ondes à cuve ouverte, ou fermée.

 Digestion acide à cuve ouverte

Les digestions acides à cuve ouverte sont depuis longtemps une méthode populaire et simple
pour la digestion des échantillons inorganiques et organiques dans les laboratoires chimiques. Il fait
référence à l’attaque acide dans des récipients ouverts ou des flacons à vis (basse pression) placés sur
une plaque chauffante. Cette méthode est extrêmement importante pour l’analyse de routine en
raison de sa flexibilité dans le contrôle des paramètres de digestion, tels que la température, le temps
et l’ajout de réactifs. Cependant, les températures maximales de digestion sont limitées par le point
d’ébullition à pression ambiante du mélange acide ou acide correspondant. D’autres inconvénients des
digestions en cuve ouverte sont le risque de contamination par l’air de laboratoire et les grandes
quantités de réactifs nécessaires et la perte potentielle d’éléments traces. Par conséquent, la digestion
acide à cuve ouverte n’est pas considérée comme une technologie de pointe dans la préparation
d’échantillons de traces et d’ultratraces [6].

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 Digestion acide à cuve fermée

Une avancée importante dans les protocoles de dissolution de l’acide a été faite par
l’introduction de la bombe de digestion acide fermée qui a été popularisée par Langmyhr et Paus
(1968) et Bernas (1968). La digestion complète d’un échantillon est une condition préalable pour
obtenir des résultats reproductibles et précis dans l’analyse de routine. Les digestions effectuées dans
des appareils à cuve fermée bénéficient des effets synergiques de la température et de la pression,
dans lesquelles les digestions atteignent des températures plus élevées car le point d’ébullition des
réactifs est augmenté par la pression générée dans le récipient. Les principaux avantages de la
digestion dans un système fermé sont les suivants :

- Cette méthode permet la digestion rapide des phases réfractaires (phases qui a une forte
résistance à un paramètre qui permet de la dégrader), qui ne sont pas décomposées ou ne
sont que partiellement décomposées dans un récipient ouvert.
- Le temps de digestion est considérablement raccourci.
- De plus petits volumes de réactif sont nécessaires.
- Les pertes d’éléments volatils, tels que As, B, Cr, Cd, Hg, Sb, Se, Sn et Pb, sont évitées.
- La contamination est réduite en abaissant les volumes de réactif et en excluant l’introduction
possible de particules en suspension dans l’air pendant la décomposition.

En raison de ces avantages, les digestions en cuve fermée sont particulièrement adaptées aux
analyses de traces et d’ultratraces, en particulier lorsque l’approvisionnement de l’échantillon est
limité. Étant donné que la solution qui en résulte attaque toujours la verrerie, elle ne doit pas être
aspirée dans les systèmes d’introduction d’échantillons conventionnels ICP-MS/ICP-AES. En outre, la
quantité accrue de solides dissous entrave considérablement l’analyse des oligo-éléments. Ainsi,
l’application de cette technique est limitée dans l’analyse d’échantillons de routine [7].

 Technique d’incinération

Les techniques d’incinération sont particulièrement adaptées aux échantillons à forte teneur
en matière organique, tels que les tissus biologiques, les plantes ou les aliments. La matière organique
peut être complètement éliminée en utilisant un four à moufle équipé de programmes de contrôle de
la température et de l’oxygène atmosphérique servant d’agent oxydant, et tous les éléments associés
dans les échantillons sont généralement transformés en carbonate ou en oxyde dans le résidu. Les
caractéristiques des formes de carbonate ou d’oxyde dans les cendres après l’incinération diffèrent :
certaines seront stables à une attaque acide ultérieure, tandis que d’autres seront digérées facilement
sans perte des analytes. Le choix d’une température de combustion appropriée (les températures de
combustion typiques sont de 450 à 550 °C) et des récipients de combustion est important pour assurer
la décomposition quantitative de la matière organique sans perte d’intérêt par volatilisation, éviter la
formation d’oxydes réfractaires difficiles à dissoudre par digestion normale [7].

 Digestion acide par micro-onde

Actuellement, la technologie de micro-onde est appliquée non seulement dans la chimie


analytique mais également dans la synthèse organique, les réactions inorganiques, la préparation des
catalyseurs, et d’autres domaines. La digestion par micro-ondes utilise le rayonnement
électromagnétique avec une fréquence typique de 2450 MHz pour produire de la chaleur [8]. Par
rapport au chauffage classique, le chauffage par micro-ondes est beaucoup plus efficace. Lorsqu’elles
sont irradiées par micro-ondes, les molécules polaires et les ions sont activés par des mécanismes de
rotation dipolaire et de conductance ionique [9-10]. L’énergie rayonnante est absorbée par le milieu
de digestion et les molécules de l’échantillon, ce qui améliore la réaction chimique qui complète la

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décomposition de l’échantillon. En outre, l’échauffement interne de particules individuelles peut
provoquer l’éclatement de ces dernières, permettant ainsi à d’augmenter la surface en contact avec
des réactifs augmentant le taux de dissolution [11]. Les solutions aqueuses d’acides absorbent moins
les micro-ondes que l’eau seule. Il a été démontré que l’efficacité de l’absorption du rayonnement
micro-onde diminue selon les acides suivants : acides nitrique, fluorhydrique, sulfurique et
chlorhydrique. Les micro-ondes ne chauffent que la phase liquide, tandis que les vapeurs n’absorbent
pas l’énergie des micro-ondes. Ainsi, des températures très élevées peuvent être atteintes à des
pressions relativement basses, ce qui est un avantage clé de la technologie micro-ondes. Le matériau
du contenant joue également un rôle important dans les techniques de dissolution par micro-ondes.
Les récipients de carbone et de platine vitreux ne peuvent pas être utilisés avec cette méthode, mais
le verre de quartz et les plastiques, tels que le Teflon PFA et le polycarbonate, conviennent car ils ne
provoquent aucune perte d’énergie pour le récipient et permettent un chauffage rapide et efficace.
Les systèmes modernes de digestion par micro-ondes surveillent à la fois la pression et la température
dans le conteneur. Les commandes électroniques de ces systèmes permettent des conditions de
digestion très reproductibles, ce qui réduit également le besoin d’attention de l’opérateur. Le système
de digestion par micro-ondes a été utilisé avec des récipients ouverts et fermés [7].

2. Méthodes de préparation pour analyse directe

Les méthodes de préparation évoquées ci-dessus, tout en étant très fiables, sont longues et
produisent des volumes importants de déchets dangereux. De plus, certains systèmes polymères sont
fortement chargés de 1 à 20 % en poids d’oxydes qui ne sont pas solubles dans l’acide utilisé pour la
digestion. Lorsque ce problème survient, il peut être nécessaire d’utiliser plusieurs méthodes de
préparation différentes pour obtenir une analyse complète.

L’utilisation de l'ablation laser est une technique qui peut être utilisée pour une analyse multi-
élémentaire sans préparation des échantillons extensive et un temps d’analyse de quelques minutes
[12]. Un avantage supplémentaire de l’ablation laser par rapport aux techniques traditionnelles de
préparation des échantillons est une réduction de la consommation de réactif, ce qui entraîne des
économies dans l’élimination des déchets et des coûts d’exploitation réduits. Il peut également être
possible d’obtenir des informations spatiales à partir de l’analyse de l'ablation laser qui n’est pas
réalisable par les méthodes traditionnelles de digestion, tout en offrant un accès direct aux
échantillons qui sont difficiles à dissoudre [13].

L’ablation est une combinaison de vaporisation et d’expulsion par fusion. Lorsqu’un faisceau
laser focalisé frappe une surface, les électrons présents dans le substrat sont excités par des photons
laser. Cette excitation entraîne la génération de chaleur par absorption d’énergie photonique, ce qui
est conforme à la loi de Beer Lambert. Les effets de chauffage provoquent la fusion ou la vaporisation
du matériau, entraînant ainsi l’élimination des matériaux macroscopiques du substrat [14].
L’absorption de ce faisceau laser par la cible va permettre d’ioniser les atomes de surface, puis de
former une “plume” plasma perpendiculaire à la cible. Les particules éjectées qui sont contenues dans
la plume vont alors venir se condenser sur un substrat monocristallin positionné en face de la cible.
Ces dépôts sont réalisés dans une enceinte sous atmosphère contrôlée. Les films minces peuvent donc
être élaborés sous vide poussé ou bien sous une pression partielle de gaz réactifs ou inertes (Voir Figure
1) [15]. Basé sur les propriétés du laser et du matériel telles que le coefficient d’absorption, la
réflectivité, la longueur d’onde, et la durée d’impulsion, le mécanisme d’ablation peut être purement
chimique, thermique, ou une combinaison des deux. L’ablation photochimique se produit en raison de
la rupture des liaisons covalentes dans les chaînes polymères via l’énergie des photons UV [14].

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Figure 1/Schéma du principe de l’ablation laser pulsé (à gauche) et photographie du LSX-213 G2+ de Teledyne
CETAC Technologies (à droite)

III. Analyse de l’échantillon

La spectroscopie d'émission optique à plasma à couplage inductif (ICP-OES) et la Spectrométrie


de masse à plasma à couplage inductif (ICP-MS) sont les méthodes d’analyse les plus couramment
utilisées dans l’industrie aujourd’hui pour la détermination des métaux dans une grande variété de
procédés industriels. Néanmoins, l’ICP-MS peut avoir un avantage sur l’ICP-OES car il y a moins
d’interférences en ICP-MS et ils peuvent être plus facilement corrigés [13].

Les performances de l’ICP-MS conduisent à un nombre limité d’interférences chimiques et


spectrales, ce qui induit un degré élevé de spécificité élémentaire. De plus, en ICP-MS, l’efficacité de
l’ionisation des éléments entraîne des limites de détection basses. Enfin, la possibilité d’analyser
plusieurs isotopes du même élément, et donc de réaliser des analyses de rapports ou de dilution
isotopiques, donne à l’ICP-MS un caractère unique parmi l’ensemble des techniques de spectrométrie
atomique [16].

A. Appareillage

Il existe quatre types d’ICP-MS : quadripolaire (Q-ICPMS), à secteur magnétique appelé aussi
haute résolution (HR-ICP-MS), à temps de vol (TOF-ICP-MS) et multicollecteur (MC-ICP-MS). Le premier
est le plus répandu, notamment en raison de son prix faible : environ 50k en seconde main.

1. Torche à plasma

La torche à plasma permet de créer le plasma. Elle est constituée de trois tubes concentriques :
l’injecteur central qui véhicule l’aérosol jusqu’à la base du plasma, le tube intermédiaire et le tube
externe. Le flux d’argon plasmagène, environ 15 L/min, circule entre le tube intermédiaire et le tube
externe. Il crée le plasma et refroidit le tube externe en l’isolant du plasma. L’extrémité supérieure de
la torche est placée à l’intérieur des spires de la bobine d’induction ; c’est à ce niveau que se forme le
plasma. Le plasma d’argon est créé par un champ électromagnétique à haute fréquence produit par
une bobine d’induction alimentée par un générateur haute-fréquence. Le flux d’argon qui traverse ce
champ est partiellement ionisé et forme le plasma. La température de celui-ci varie selon la zone du
plasma de 4 000 à 10 000 K.

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Figure 2/Schéma d’une torche à plasma (à gauche) et photographie d’une torche à plasma (à droite)

Lors de la traversée du plasma, les gouttelettes vont être désolvatées, les molécules détruites et
les atomes totalement ou en partie ionisés. Le degré d’ionisation dépend de la température du plasma
mais surtout de l’énergie de première
ionisation des éléments. Les éléments dont
l’énergie est basse (alcalins, alcalino-
terreux) seront ionisés à 100 % tandis que
ceux dont l’énergie est élevée (métalloïdes,
halogènes) seront partiellement ionisés et
auront donc une mauvaise sensibilité.

L’argon est choisi comme gaz plasmagène


car il possède une énergie d’ionisation
élevée (15,8 eV) ce qui permet aux autres
éléments d’être ionisés avant lui et ainsi
limité les interférences [17].

Figure 3/Graphique de la relation entre l’énergie de première ionisation et le degré d’ionisation dans le plasma
[17]

2. Spectromètre de masse

Les ions formés dans le plasma mais aussi des atomes non ionisés, des espèces polyatomiques
et des photons vont être introduits dans le spectromètre grâce à une interface constituée de deux ou
trois cônes métalliques percés d’un orifice central circulaire d’un diamètre compris entre 0,4 et 1 mm.
La focalisation des ions et élimination des photons et des espèces non chargées est le plus souvent
réalisée par des lentilles ioniques soit en désaxant le faisceau ionique soit en courbant le faisceau à 90°
grâce à une lentille ouverte au centre permettant l’élimination des photons et ions non chargés. Une
fois focalisé, les ions sont emmenés vers la cellule de collision qui est située entre les lentilles et le
quadripôle, ou entre les deux quadripôles pour les systèmes dits triplequad. Elle permet d’introduire
un gaz ou un mélange de gaz dans le faisceau ionique, le plus souvent dans le but de réduire les
interférences polyatomiques. Les ions introduits dans le spectromètre sont séparés par un quadripôle
selon leur masse et leur charge (rapport m/z). Des tensions cycliques appliquées par paires aux quatre
barres du quadripôle permettent de sélectionner une masse donnée et de l’amener jusqu’au
détecteur. Ce dernier, placé derrière le quadripôle, est constitué d’une série de dynodes qui
transforment les ions reçus en électrons qui sont amplifiés par les dynodes suivantes. Ce détecteur
permet un comptage extrêmement rapide des masses de façon séquentielle [17].

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Figure 4/Superposition spectrale du signal LA-ICP-MS de deux films polyester différents pour les isotopes du
Platinium [14]

Dans le cas d’analyses élémentaires réalisées en ICP-MS, les spectres obtenus sont en théorie
relativement simples puisqu’ils ne reflètent que les distributions isotopiques des éléments présents,
soit approximativement 210 masses unitaires différentes. En effet, dans la majorité des cas, les
isotopes sont mono-ionisés dans le plasma ; le rapport masse sur charge analysé est alors assimilable
à la masse de l’isotope. L’ensemble LA-ICP-MS permet de détecter les ions positifs d’isotopes stable
avec une sensibilité allant jusqu’au parties par milliard (ppbw), en théorie [18]. Néanmoins, la plupart
des métaux ont une limite de détection en dessous d’1 ppm selon la résolution spectrale appliquée
[12].

Figure 5/Photographie du spectromètre ICP-MS NexION® 1000 de PerkinElmer

B. Interférences
1. Les interférences non spectrales

Les interférences non spectrales ne sont pas caractéristiques de l’ICP-MS, beaucoup étant
également observées en ICP-OES. Elles affectent principalement l’efficacité de la nébulisation de
l’échantillon, le transport de l’aérosol, l’ionisation de l’élément dans le plasma, l’efficacité de

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l’aspiration des ions dans le spectromètre de masse et, enfin, le rendement de transfert des ions dans
le spectromètre de masse lui-même (effet charge-espace).

Les techniques permettant de s’affranchir de ces interférences sont simples et fréquemment


utilisées : l’imitation de la matrice ou les ajouts dosés qui permettent de s’affranchir des effets de
matrices, des méthodes séparatives, la dilution ou l’étalonnage interne [19].

2. Les interférences spectrales

Ces interférences peuvent être distinguées en deux catégories.

Les interférences isobariques correspondent à la superposition à la même masse mesurée des


signaux de deux éléments partageant un isobare, comme c’est par exemple le cas pour 116 Sn qui
interfère sur le pic de 116 Cd.

Les interférences polyatomiques proviennent de la combinaison d’un élément M ou de l’argon,


gaz utilisé pour générer le plasma, avec les ions de la matrice ou de l’échantillon comme C, N et O pour
former les espèces MO+, ArC+, ArN+ ou ArO+. Ces interférences sont d’autant plus importantes et
gênantes que l’analyte est présent en faible concentration dans l’échantillon.

Pour supprimer les interférences spectrales, la séparation chimique peut être utilisée. La
correction par l’équation d’interférence peut être utile pour résoudre certaines interférences. Pour
réduire les interférences polyatomiques, l’utilisation du plasma froid est utilisée afin de limiter
l’ionisation de certains éléments. Néanmoins, une diminution de sensibilité est observée [19].

IV. Conclusion

Face à l'absence de protocole de prélèvement standard pour les polymères, la gestion rigoureuse des
risques de contamination lors de la collecte et du transport des échantillons est d'une importance
cruciale pour la garantie de résultats analytiques fiables. La mise en place de techniques de stockage
exemptes de métaux lourds, telles que le trempage dans de l'acide nitrique, démontre l'engagement
envers la qualité des analyses.

La diversité des méthodes de préparation d'échantillons, qu'elles soient indirectes (digestions acides)
ou directes (ablation laser), offre une palette d'approches adaptées à la nature complexe des
polymères. L'équilibre entre la nécessité de résultats rapides et la production de déchets dangereux
doit être exploré, avec une mention particulière à l'ablation laser en tant que technique prometteuse
à la fois économique et respectueuse de l'environnement.

L'ICP-MS, par rapport à l'ICP-OES, offre des avantages significatifs en termes de spécificité élémentaire
et de limites de détection basses grâce à une réduction notable des interférences chimiques et
spectrales. Les différentes configurations d'ICP-MS, telles que quadripolaire, à haute résolution, à
temps de vol et multicollecteur, offrent des options variées adaptées à diverses applications, avec le
quadripolaire étant le plus répandu en raison de son coût relativement bas.

La torche à plasma joue un rôle central dans la création du plasma, utilisant l'argon comme gaz
plasmagène en raison de son énergie d'ionisation élevée, limitant ainsi les interférences. Le
spectromètre de masse permet la séparation et la détection sélective des ions formés dans le plasma,
offrant des analyses de rapports isotopiques simples.

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En somme, l'ICP-MS émerge comme une technique puissante, offrant une analyse précise des métaux
dans divers procédés industriels, avec des possibilités étendues grâce à ses différentes configurations
et à des approches spécifiques pour atténuer les interférences.

Les technologies permettant l'analyse des métaux lourds dans les polymères connaissent toujours une
avancée, avec le développement des méthodes existantes plus sensibles, sélectives et rapides mais
aussi avec l'émergence de nouvelles méthodes d'analyse comme l'utilisation de nanomatériaux s’avère
comme une approche prometteuse pour la préparation d'échantillons. Les nanoparticules peuvent
être utilisées pour concentrer les métaux lourds à partir d'échantillons de polymères, améliorant ainsi
la sensibilité de la détection [21].

V. Bibliographie

[1] Paprec Group, publication / Paprec group - Comprendre le recyclage - Tout savoir sur les matières
recyclables - Plastiques - La fabrication des polymères et matières plastiques

Disponible à l’adresse : La fabrication des polymères et matières plastiques | Paprec Group (Consulté
le 02/01/2024)

[2] Association Santé Environnement France, Article, publié le 6 Juin 2017/ ASEF-ASSO - Nos
productions - Les métaux lourds, la synthèse de l’ASEF.

Disponible à l’adresse : Les métaux lourds – la synthèse de l’ASEF | Association Santé Environnement
France (asef-asso.fr) (Consulté le 02/01/2024)

[3] CITEPA, Article, publié le 9 Octobre 2019 / CITEPA - Recherche - Les métaux lourds

Disponible à l’adresse : Les métaux lourds - Citepa (Consulté le 02/01/2024)

[4] PRA-FI-TOX-35301_0 (chu-lille.fr) (Consulté le 02/01/2024)

[5] NF EN 62321-4 | Juillet 2014 - Détermination de certaines substances dans les produits
électrotechniques - Partie 4 : mercure dans les polymères, métaux et produits électroniques par CV-
AAS, CV-AFS, ICP-OES et ICP-MS

[6] Matusiewicz, Henryk. (2003). Wet digestion methods. Comprehensive Analytical Chemistry. 41.
193-233. 10.1016/S0166-526X(03)41006-4.

[7] Hu, Zhaochu. (2014). Sample digestion methods. Reference Module in Earth Systems and
Environmental Sciences. Treatise on Geochemistry Sec. Ed.. 15. 87-109.

[8] Matusiewicz, H., & Sturgeon, R. E. (1989). Present status of microwave sample dissolution and
decomposition for elemental analysis. Progress in analytical spectroscopy, 12(1), 21-39.

[9] Gilman, L. B., & Engelhart, W. G. (1989). Recent advances in microwave sample preparation.
Spectroscopy, 4(8), 14-21.

[10] Neas, E. D., & Collins, M. J. (1988). Microwave heating: theoretical concepts and equipment
design. Introduction to microwave sample preparation, 10-32.

11 | P a g e
[11] Nadkarni, R.A. (1984). Applications of microwave oven sample dissolution in analysis. Analytical
Chemistry, 56, 2233-2237.

[12] Stehrer, T., Heitz, J., Pedarnig, J. D., Huber, N., Aeschlimann, B., Günther, D., Scherndl, H.,
Linsmeyer, T., Wolfmeir, H., & Arenholz, E. (2010). LA-ICP-MS analysis of waste polymer materials.
Analytical and bioanalytical chemistry, 398(1), 415–424. https://doi.org/10.1007/s00216-010-3963-6

[13] Ruth E Wolf, Chris Thomas, Allan Bohlke, Analytical determination of metals in industrial polymers
by laser ablation ICP-MS, Applied Surface Science, Volumes 127–129, 1998, Pages 299-303, ISSN 0169-
4332, https://doi.org/10.1016/S0169-4332(97)00646-6.

[14] Sandeep Ravi-Kumar, Benjamin Lies, Hao Lyu, Hantang Qin, Laser Ablation of Polymers: A Review,
Procedia Manufacturing, Volume 34, 2019, Pages 316-327, ISSN 2351-9789,
https://doi.org/10.1016/j.promfg.2019.06.155.

[15] Ablation laser pulsé - Institut de physique et chimie des Matériaux de Strasbourg (ipcms.fr)
(Consulté le 07/01/2024)

[16] PAUCOT, Hugues et POTIN-GAUTIER, Martine., 10 juin 2010, « ICP-MS : couplage plasma induit
par haute fréquence – spectrométrie de masse ». Dans : « Techniques d'analyse », [en ligne], Editions
T.I. [Paris, France], 2024, p2720, [Consulté le 08/01/2024], TIP630WEB, [base de données en
ligne],doi:10.51257/a-v3-p2720,

disponible à l'adresse :
https://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/mesures-analyses-th1/methodes-
nucleaires-d-analyse-42389210/icp-ms-couplage-plasma-induit-par-haute-frequence-spectrometrie-
de-masse-p2720/

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