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Fiche APREL 19-067

Tomate hors sol


Protection des cultures sous serres
2019
Claire GOILLON, Anthony GINEZ, APREL – Fanny DEBOISVILLIERS, apprentie APREL - Céline TARDY,
OP Pardi, groupe Rougeline
Essai rattaché à l’action n°2019_03286

1. But de l’essai
Suite au programme Dephy Serre (Ecophyto 2013-2018), le travail sur la protection bas-intrants de la tomate
en culture hors-sol s’est maintenu en Provence avec un objectif renforcé sur les ravageurs secondaires qui
prennent de plus en plus d’importance et pour lesquels il y a actuellement très peu de solutions.
L’objectif est d’améliorer la stratégie de protection des cultures de tomate contre aleurodes, Nesidiocoris
tenuis, cochenille et acariose bronzée.

2. Contexte
En Provence, les conditions climatiques sont favorables aux cultures maraîchères mais aussi aux ravageurs
et maladies qui se développent rapidement, notamment en été avec des températures élevées. La
Protection Biologique Intégrée (PBI) est travaillée depuis plus de 30 ans et représente aujourd’hui la
principale méthode de protection contre les aleurodes. Cependant, l’équilibre est fragile, notamment pendant
la phase d’installation des auxiliaires. Par la suite, la présence endémique de la punaise Nesidiocoris
(Cyrtopeltis) tenuis dans l’environnement constitue une limite à la lutte intégrée car elle occasionne des
pertes de production et prend rapidement la place des Macrolophus installés dans les serres. Par ailleurs,
avec la réduction des traitements phytosanitaires, les cochenilles et l’acariose bronzée deviennent des
problématiques croissantes et peu de solutions alternatives ont été développées pour ces ravageurs.

3. Protocole expérimental
3.1 Parcelle
La parcelle suivie dans le projet Dephy Serre a été conservée pour cette étude de façon à bénéficier de
l’historique des données acquises sur ce site dans un créneau de plantation représentatif de la région et des
problématiques sanitaires du Sud de la France.
Tableau 1 : description de la parcelle en 2019
Description Serre S2
Type de serre / hauteur Serre verre ancienne réhaussée / 4m sous cheneaux
Surface / orientation 12 000 m² - Orientation N/S
Dimensions des chapelles 18 chapelles (6 m x 66 m à 72 m)
Equipements Gouttières à 0,30 m - Ecran thermique - Injection de CO2 de cogénération
Chauffage Thermosiphon (haute T°) + Tube de croissance (basse T°)
Ordinateur climatique Hortimax
Environnement Friches, périphérie urbaine
Culture 2018-2019
6064 m² Temptation (Est)
Plants du 5092 m² Diversification (Ouest) :
Pépiniériste Variétés
Venaissin (84) Gourmandia, Marnero, Honey Moon,
Ananas, Buffalo steak
Entrée des plants dans la
27/11/2018 Greffage Porte-greffe DRO141, conduit à 2 bras
serre
Plantation 1/12/2018 Densité 2.7 plantes/m² puis 3.6 plantes/m²
Récolte 18/02/2019 Substrat Laine de roche GROTOP
Fournisseur PBI
Etêtage 3/09/2019 Koppert, Bioline Agrosciences
et bourdons
Fin de culture 5/11/2019

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3.2 Stratégies étudiées
La stratégie du producteur est discutée avant la mise en culture sur la base des résultats des années
précédentes et des moyens disponibles.
Tableau 2 : synthèse des stratégies de protection globales établies par pathogène avant la mise en culture
Stratégie de protection établie avant la culture
A la plantation :
Panneaux jaunes en détection + traitements (voir tableau 3)
Lâchers d’auxiliaires en culture :
2 lâchers de Macrolophus : 3/m² sem 1 rangs impairs + 3/m² sem 2 rangs pairs
Nourrissage aux lâchers puis tous les 15j
Parasitoïdes (Encarsia) dans les zones sensibles et les foyers si nécessaire
Aleurodes
En culture :
Application de champignons entomopathogènes (Mycotal ou Naturalis) associé à un
adjuvant, à partir de janvier et selon pression
Utilisation d’Eradicoat (Certis) et Flipper (De Sangosse) + adjuvant pour réguler les adultes
Panneaux jaunes pour piégeage massif et bandes engluées
Aspiration en tête
Aspiration en tête régulière, retrait des bourgeons de taille, panneaux jaunes sur chariots
Nesidiocoris Traitements biocontrôle avec nématodes entomopathogènes (Capsanem) localisés en tête
Traitements chimiques localisés en tête.
A la plantation : confusion sexuelle + traitements (voir tableau 3)
Pièges à phéromones Delta (20/ha)
Tuta absoluta En culture : Renouvellement de la confusion sexuelle.
Traitement chimique compatible PBI si détection de galeries sur plantes avant le seuil de 20%
de plantes atteintes
Thrips Traitement à la plantation (voir tableau 3)
Traitement des foyers avec une spécialité homologuée compatible avec la PBI
Acariens
Lâcher de Phytoseiulus sur foyers puis généralisés
Elimination manuelle des premiers foyers, application de traitements localisés
Pucerons
Lâcher d’auxiliaires
Détection précoce des foyers
Acariose Effeuillage des plantes touchées et adjacentes
bronzée Traitement localisé avec produit de biocontrôle (Heliosoufre, Essenciel, Flipper)
Traitement généralisé avec produit compatible si nécessaire
Traitement localisé avec générateur de vapeur,
Cochenille
Essai de biocontrôles (nématodes, champignons entomopathogènes, huile, savon…)
Traitements préventifs et curatifs en privilégiant les produits de biocontrôle (soufre, Armicarb)
Oïdium
Traitements chimiques si nécessaire
En préventif : Gestion du climat
Botrytis En curatif : Nettoyage des plaies, retrait des plantes contaminées
Traitement si nécessaire (biocontrôle puis chimique)

Si on considère le niveau de maîtrise des bioagresseurs dans cette parcelle sur les 4 dernières années
(Figure 1), il apparaît des besoins de progresser sur les aleurodes, Nesidiocoris tenuis et des ravageurs plus
secondaires mais pas moins problématiques comme l’acariose bronzée et la cochenille.

Campagne 2014- 2015- 2016- 2017- Satisfaction


2015 2016 2017 2018 globale
Bioagresseurs
Aleurodes     
Nesidiocoris tenuis     
Tuta absoluta     
Ravageurs Pucerons     
Acariens     
Acariose bronzée     
Cochenille     
Oïdium     
Maladie
Botrytis     
Figure 1 : Niveau de satisfaction de la protection par bioagresseur dans la parcelle depuis 4 ans
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3.2.1 Stratégie contre aleurodes :
La protection intégrée sur la base des lâchers de Macrolophus est pratiquée sur cette exploitation. Cette
technique est fragilisée à deux périodes : en début de culture, depuis 2 ans (2017-2018), on observe un
développement explosif des aleurodes fin mars alors que les Macrolophus ne sont pas suffisamment bien
répartis dans la culture. En période estivale, lorsque les régulations de Nesidiocoris sont nécessaires, on
assiste à une baisse des effectifs de Macrolophus et des remontées d’aleurodes.

Pour améliorer la situation, deux décisions principales ont été prises pour 2019 :
- augmentation des quantités de Macrolophus aux lâchers avec 2 x 3/m², ce qui revient à doubler la
dose pratiquée précédemment.
- Répartition généralisée des Macrolophus : le 1r lâcher s’effectue sur les rangs impairs et le 2e sur les
rangs pairs. Précédemment, les Macrolophus étaient répartis tous les 5 rangs.

Essai de plantes réservoirs


Pour accélérer l’installation de Macrolophus dans la serre et gérer les premiers foyers d’aleurodes, des
plantes réservoirs sont mises en place en bordure de serre, côté Est (photos en annexe).
 Principe des plantes réservoirs de Macrolophus
Lorsque les lâchers de Macrolophus sont effectués en début de culture, leur installation est longue et les
aleurodes ont le temps de se développer. L’idée serait de créer un réservoir d’auxiliaires qui seraient
présents avant ceux lâchés en culture et disponibles pour augmenter les populations de Macrolophus dans
des zones où des foyers d’aleurodes se développent, ou de maintenir le Macrolophus dans la culture
lorsque celui-ci est affecté par des traitements ou des effeuillages. Cette technique est déjà travaillée sur
culture de tomate en sol avec des plants de souci.
 Choix de la plante :
En tomate hors-sol, l’introduction d’une plante autre que la tomate est un risque sanitaire : le tabac est une
plante hôte résistante à certains virus très dangereux pour la tomate, le souci est très sensible à l’oïdium et
attire les thrips, l’éleusine est une plante sauvage qui n’est pas adaptée aux conduites d’irrigation et de
fertilisation des tomates…En restant sur la tomate, on se préserve de problèmes sanitaires supplémentaires
et de difficultés de conduite. La tomate à croissance déterminée permet d’avoir une plante buissonnante qu’il
n’est pas nécessaire de palisser. Parmi les variétés déterminées, Crazy Cherry (Clause) est proposée avec
résistance ToMV, Forl, Vd, Pst et certificat phytosanitaire. Il s’agit d’une variété à petits fruits plus ou moins
allongés. Les fruits n’ont pas pour objectif d’être récoltés, il est plutôt envisagé d’éliminer les bouquets ou de
nettoyer les plantes pour éviter la pourriture des fruits sur les plantes.
 Fabrication des plantes relais
Les plantes sont produites en pépinière sans greffage sur des cubes de laine de roche. L’objectif est de
réceptionner des plants au même stade que ceux de la culture mais ayant bénéficié de lâchers de
Macrolophus en pépinière. Ils sont introduits après les premiers traitements insecticides de la culture,
environ 1 à 2 semaines après la plantation.
Les plantes de Crazy Cherry, semées le 24 octobre sont arrivées le 3 décembre. Le lâcher d’auxiliaire et le
nourrissage se sont faits en pépinière le 22 Novembre, environ 10 jours avant la livraison. Un flacon de 250
Macrolophus a été utilisé pour 45 plantes ce qui équivaut à une dose moyenne de 5 individus/plante.
 Répartition des plantes
Les plants sont disposés dans un sac de substrat comme les plants de la culture et installés dans des
jardinières en paroi Nord-Est de la serre sur une vingtaine de mètres linéaires

3.2.2 Stratégie contre Cochenilles


Ces ravageurs (Pseudococcus viburni) se développent dans la serre par foyers et se détectent difficilement.
Cette année, plusieurs pistes seront travaillées sur les premiers foyers détectés :
 l’application d’un nématode entomopathogène Steinernema feltiae (Entonem), sur foyers détectés
 l’application d’un champignon entomopathogène Beauvaria bassiana (Naturalis)
 Les lâchers de coccinelles prédatrices Cryptolaemus
 L’utilisation d’un générateur de vapeur à haute pression équipé d’une lance de projection pour cibler
les tiges à un stade de plante plus âgé.

3.2.3 Stratégie contre acariose bronzée


Cet acarien microscopique (Aculops lycopersici) est de plus en plus présent dans la parcelle et se gère
difficilement. Pour la saison 2019, un protocole est établi dès la détection de foyers :

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 effeuillage prononcé des plantes touchées de façon à retirer manuellement une partie des acariens
et favoriser les interventions à suivre
 Traitement localisé sur les plantes touchées avec des produits de biocontrôle agissant par contact
(Soufre, Essen’ciel, Eradicoat, Flipper...)
 Lâcher d’acariens prédateurs Amblyseius swirskii sur les plantes touchées et voisines

3.3 Observations
Les observations ont pour objectif de suivre les dynamiques de populations de ravageurs et d’auxiliaires tout
au long de la culture dans chaque stratégie, de façon à évaluer l’efficacité des techniques mises en œuvre.

 Contrôle des plantes dans la serre


Compte tenu de la configuration de la serre, une petite zone décalée de la serre représentant 864 m² n'est
pas prise en compte dans le suivi.
 A la plantation puis 2 semaines plus tard, observation de l’ensemble des ravageurs et maladies sur 100
plantes.
 Tous les 15 jours, observation de 12 plantes entières, choisies au hasard mais réparties dans des
chapelles définies. Dans la longueur de la chapelle, 3 plantes sont observées : une proche de l’allée, une
au centre et une proche de la paroi.

Temptation

Diversification

Figure 2 : Plan de la parcelle et répartition des plantes observées

Sur chaque plante, avec une distinction sur 3 étages foliaire (feuilles N° 0 à 8 en partant de l’apex, N°10 à
15, et >16), comptage des adultes et larves d’aleurodes, de mirides (Macrolophus, Nesidiocoris, Dicyphus)
et de larves parasitées par Encarsia. Notation de l’intensité des galeries de Tuta absoluta, acariens,
mineuses, pucerons et oïdium
Comptage des adultes de Tuta absoluta dans 2 pièges Delta positionnés dans la serre
Sur les foyers d’acariose bronzée et de cochenilles, observation qualitative de l’intensité et de la viabilité des
ravageurs. Prélèvements pour observation de viabilité à la loupe binoculaire
A l’échelle de la parcelle, notation de présence de botrytis, virus ou autre maladies.

 Suivi des pratiques sanitaires sur l’exploitation


Il est demandé au producteur de communiquer toutes les interventions réalisées en termes de protection
sanitaire. Certaines techniques culturales ayant un lien avec la protection sont également notées
(effeuillage, fertilisation…).

 Suivi du statut azoté des différentes variétés


Il a été jugé intéressant de suivre le niveau de confort azoté des plantes sur les différentes variétés
présentes dans la serre pour mettre en évidence un lien possible entre le statut azoté et une pression
sanitaire. La pince chlorophyllienne Dualex a été utilisée du 14 janvier au 23 juillet tous les 15 jours.

4. Contexte environnemental de la saison 2019


4.1 Conditions climatiques
La saison 2019 a eu des caractéristiques comparables à la saison 2018. L’hiver 2018-2019 n’a pas été
particulièrement froid, ce qui a eu peu d’impact sur les populations extérieures d’insectes. Les pluies ont été
assez fréquentes, ce qui a généré un manque de lumière sur le début de culture. Par contre, les conditions
sont devenues rapidement printanières dès le mois de février avec des températures plus élevées que la
moyenne (>10°C) et des journées très lumineuses, favorables à la culture et aux insectes. La saison 2019
est marquée par un épisode de canicule à partir de fin juin et jusqu’à l’automne les températures ont été plus
élevées.
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4.2 Statut azoté de la culture
Les mesures réalisées avec la pince DUALEX sont représentées sur les graphiques ci-dessous.
Le NBI (Nutrition Balance Index) correspond au rapport des valeurs obtenues pour la chlorophylle et pour les
flavonoïdes et représente un indicateur du confort azoté des plantes. La mesure des anthocyanes (pigments
présents dans les cellules) permet de refléter des états de stress hydriques, thermiques ou autre.

Il n’existe pas à notre connaissance de valeurs seuils clairement définies pour les cultures de tomate hors-
sol. Ces données nous permettent toutefois de comparer les variétés entre elles. Si dans la culture, les
variétés avaient un comportement physiologique très différent en termes de vigueur ou de couleur de
végétation (notamment en début de récolte) les mesures ne révèlent pas de différence sur l’indicateur NBI.
Par contre, certaines variétés paraissent synthétiser plus d’anthocyanes sur cette période (mi-février) :
Marnero, Buffalo steak, Ananas et Gourmandia se différencient de Temptation et Honey Moon. Ce sont des
plantes qui en effet ont marqué des chloroses et ont perdu de la vigueur autour de la récolte du 1r bouquet
(charge importante)

3a 3b

Figure 3a et 3b : Evolution des indicateurs physiologiques des variétés dans la culture : NBI pour le statut azoté (3a)
et anthocyanes pour l’état de stress (3b)

4.3 Situation sanitaire à la plantation


Une semaine après plantation, sur 100 plants observés, aucun ravageur n’est observé. Un plant avec des
traces de thrips sur feuille basse est repéré. Trois larves de Macrolophus sont présentes également sur les
plants, sans doute issus de la proximité de lots de plants qui ont reçu des Macrolophus en pépinière. Malgré
la situation saine, un insecticide foliaire est réalisé pour assurer l’absence d’aleurodes, d’acariens et de
thrips.

5. Résultats
L’évaluation de l’installation de la PBI sera décrite dans un premier temps puis les résultats seront présentés
par bioagresseur : aleurodes, Nesidiocoris tenuis et cochenilles.
La comparaison sur plusieurs saisons de cette parcelle permettra d’évaluer la progression de la stratégie du
producteur au cours du temps.

5.1 Installation de la PBI


 Lâchers d’auxiliaires
Tableau 3 : synthèse des lâchers d’auxiliaires dans la parcelle
Mois Semaine Punaise prédatrice Nourrissage Parasitoïdes Autres
Macrolophus Cystes d’artemia E.formosa, E.eremicus
Déc Sem 51 Flacon test
Sem 52 2e flacon test
Janv Sem 1 1r lâcher 2,5/m² 500 g/ha
Sem 2 2e lâcher 1/m² 500 g/ha
Sem 3 3e lâcher 2,5/m²
Sem 4 500 g/ha
Fév Sem 5
Sem 6 500 g/ha E.f 3/m²
Sem 7 E.f 3/m²
Sem 8 500 g/ha E.f 3/m²
Sem 9

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Mars Sem 10-13
Avril Sem 14-16 P.persimilis localisé
Sem 17 P.persimilis localisé
TOTAL 6/m² 2.5 kg/ha 9/m² P.Persimilis : 2 flacons
NB : La quantité de Macrolophus viables du 2e lâcher est estimée à 1/m² du fait de sa mauvaise qualité qui a
impliqué un 3e lâcher compensatoire
 Parasitoïdes
Compte tenu de la forte dose de Macrolophus choisie, l’utilisation des parasitoïdes Encarsia formosa a été
volontairement réduite et ne sont utilisés qu’en complément pour limiter les risques d’installation d’aleurodes
avant que les punaises prédatrices soient en nombre suffisant. Les plaquettes sont distribuées à la dose
unitaire de 3 /m² durant 3 semaines en Février (voir tableau 4).
Le parasitisme n’est pas observé sur les plantes de contrôle compte tenu de la faible quantité d’individus
lâchés et de la population réduite d’aleurodes.

 Installation des Macrolophus


Avant de déclencher les lâchers, des tests sont effectués en positionnant des Macrolophus sur 4 lots de
plantes dans la culture qui sont ensuite recouvertes de P17. Trois ou quatre jours après, une vérification de
la viabilité des Macrolophus est effectuée sous le P17 et permet de déclencher les lâchers s’il n’y a pas de
mortalité observée. Dans la parcelle, le flacon test de la semaine 51 a mis en évidence une mortalité
anormale de Macrolophus sans doute liée à la rémanence d’un insecticide. Un 2e test a été réalisé la
semaine suivante et a été concluant. Les lâchers ont donc été déclenchés avec une semaine de retard sem
1 et 2, soit 4 semaines après plantation, à la dose de 2,5/m² à chaque lâcher. Une mauvaise qualité de
Macrolophus sur le 2e lâcher (mortalité dans les flacons, manque de vivacité) a généré un 3 e lâcher pour
garantir la quantité de Macrolophus initialement prévue. Les Macrolophus ont été lâchés sur les rangs
impairs au 1r lâcher et sur les rangs pairs aux 2e et 3e lâchers. Ainsi, 100% des lignes de plantes ont été
couvertes par les Macrolophus. La dose totale est estimée à 6/m² en tenant compte de la perte au 2 e lâcher
et du lâcher supplémentaire.

Le nourrissage est effectué avec les cystes d’Artemia en 5 passages sur les têtes de plantes à chaque
lâcher. Les nourrissages reprennent au moment de l’émergence des premières larves puis tous les 15 jours.
La dose totale apportée est de 2.5 kg/ha avec une dose unitaire de 12.5 g par rang de tomate.

Evaluation de la diffusion des Macrolophus

4a 4b

Figure 4a et 4b : Evolution du pourcentage de plantes occupées par les mirides dans la culture (4a) et des effectifs
par plante (4b)

Les premières larves de Macrolophus sont observées le 30 janvier, environ 3 semaines après le 1r lâcher et
correspondent à la première génération issue des femelles lâchées. A partir de cette date, la colonisation
dans la culture progresse vite pour atteindre 100% des plantes occupées le 18 février (environ 1,5 mois
après le 1r lâcher) avec une moyenne de 17 individus/plante.
La stratégie de lâcher choisie cette année se démarque clairement des années précédentes par la rapidité
d’installation des Macrolophus. L’augmentation de la dose et la répartition généralisée lors des lâchers
permet d’obtenir une bonne installation des mirides dans la culture avec plus d’un mois d’avance par rapport
à la stratégie habituelle.

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Répartition des Macrolophus sur la plante au cours du temps

Figure 5 : Répartition des Macrolophus sur les étages foliaires des plantes.

Les Macrolophus se retrouvent à différents étages foliaires dans la plante, en fonction des stades de
développement mais ils ont également une certaine mobilité liée à la température et la luminosité. Les
effeuillages sont préjudiciables aux jeunes larves se situant généralement sur le bas des plantes.
Le graphique 10 met en avant une population de Macrolophus majoritairement apicale : plus de 50% des
effectifs se situent entre l’apex et la 8e feuille. Très peu d’individus sont observés en dessous de la 16e feuille
sauf en Février. A cette période, ce sont les jeunes larves de première génération qui colonisent la plante et
les effeuillages peuvent compromettre de façon importante l’installation de la PBI. C’est un passage
compliqué car les fruits qui arrivent en récolte ne peuvent pas être dégagés. Dans la parcelle suivie,
l’effeuillage a bien été retardé car on observe une progression rapide des effectifs de Macrolophus par la
suite.

Populations des différentes catégories de mirides


Les Macrolophus sont les principales mirides souhaitées dans la culture pour gérer les aleurodes.
Cependant d’autres mirides prédatrices sont observées dans la culture : majoritairement Nesidiocoris tenuis
et Dyciphus errans mais avec des effectifs mineurs comme le montre les graphiques ci-dessous.

6a

6b

Figures 6 : Quantification des différentes espèces de mirides dans la culture en nb d’individus/plante (Fig 6a) et en
pourcentage de plantes occupées (Fig 6b)

Analyse pluri-annuelle

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La présence de Macrolophus dans la culture suit globalement les mêmes tendances depuis 5 ans avec un
pic plus ou moins prononcé entre mi-mai et mi-juin. L’objectif est d’augmenter les effectifs sur la période de
janvier à avril, de tempérer le pic en été qui peut nuire aux plantes, et de préserver des Macrolophus jusqu’à
la fin de la culture.

En 2019, la situation s’est améliorée sur


plusieurs points :
- La population est plus importante en
février-mars (entre 7 et 16 ind /plante)
- le pic est encore important début juin
(88 ind/plante), ce qui représente un
risque pour les plantes mais a été moins
important qu’en 2018.
- La population restante en fin de culture
est deux fois plus importante que
d’habitude (20 ind/plante)

Figure 7 : Comparaison des populations de mirides sur les cinq années consécutives dans la parcelle.

5.2 Essai des plantes relais


Calendrier de réalisation des plantes relais :
Variété Semis Entrée dans la serre Lâcher de Macrolophus
Culture Fin septembre 28/11/18 3, 9 et 15 janvier (6/m²)
Plante réservoir 24 octobre 3/12/18 22 novembre (5/plant)

Des comptages ont été réalisés sur les plantes relais après installation dans les bacs en bordure.

Les effectifs suivent une courbe linéaire


correspondant à l’installation de la première
génération. Le 7 janvier, 5 semaines après le
lâcher, on dénombre 3,25 larves/plante. Mi-janvier,
les plantes sont buissonnantes et des adultes de
Macrolophus sont facilement visibles alors que les
lâchers sont en cours dans la culture.
Pendant la phase d’installation des Macrolophus
dans la culture, les plantes réservoirs sont utilisées
pour réaliser des transferts dans la culture dans des
zones où l’aleurode s’est installée ou bien si le
Macrolophus est moins développé. Les bourgeons
sont coupés et mis en sacs avant d’être répartis
Figure 8 : Colonisation des plantes relais par les Macrolophus sur le haut des plantes de la culture.

Cette opération a été effectuée ponctuellement sur 6 rangs en milieu de serre où l’aleurode a été observée
mi-février et début mars. Il n’est pas possible de quantifier les effectifs apportés par les bourgeons et leur
effet sur la PBI dans la mesure où l’installation des Macrolophus dans la culture s’est très bien déroulée et
les populations d’aleurodes sont restées faibles.
Etat sanitaire des plantes réservoirs : les premiers adultes d’aleurodes sont observés dans les plantes relais
à partir de fin janvier (avant l’observation dans la culture) mais elles ne progressent pas au vu de la quantité
de punaises mirides présentes.
A partir de fin mars, les effectifs de Macrolophus dans la culture ayant atteint plus de 35 individus/plante, il
est décidé de se débarrasser des plantes réservoirs pour ne pas surcharger la serre de punaises mirides.
5.3 Gestion des aleurodes

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Figure 9 : Evolution des populations de mirides et d’aleurodes au cours de la culture en 2019 et interventions de
régulation

La présence d’aleurode n’est détectée qu’à partir du 18 février et n’est réellement significative dans les
plantes contrôlées qu’en avril. L’aleurode ne s’installe pas face à une population de Macrolophus déjà bien
en place. La situation se maintient dans un bon équilibre toute la saison avec des populations d’aleurodes
qui ne dépassent pas 10 adultes et 15 larves par plante en moyenne.

Seulement deux traitements ont été réalisés contre aleurodes : à la plantation et en fin de culture pour
éliminer le maximum de ravageurs avant l’arrachage. Aucune intervention n’a été réalisée en culture (que ce
soit biocontrôle ou chimique) dans la mesure où les Macrolophus ont maîtrisé les populations.

Analyse pluri-annuelle
Le développement des aleurodes au cours de
cette campagne est complètement maîtrisé.
Non seulement, elles ne se sont pas
développées au printemps comme en 2017 et
2018 mais elles sont restées également à des
niveaux inférieurs à ceux observés en 2015-
2016. La stratégie intégrant un traitement en
début de culture et des lâchers de Macrolophus
généralisés à 6/m² offre un très bon contrôle de
l’aleurode.

Figure 10 : Comparaison des populations d’aleurodes


sur les cinq saisons consécutives dans la parcelle

Recherche de l’équilibre Aleurodes / Macrolophus


En PBI, la recherche du meilleur équilibre auxiliaire / ravageur doit être approfondie. Dans la situation de
cette serre, nous avons utilisé les indicateurs disponibles et calculé des rapports entre les populations. Nous
avons choisi d’utiliser les effectifs moyens par plante (adultes et larves cumulés). Pour les mirides, le nombre
prend en compte l’ensemble des adultes et larves de Macrolophus, Nesidiocoris et Dicyphus, sachant qu’ils
ont tous une action de prédation sur les aleurodes. Deux calculs sont étudiés : le rapport mirides/aleurodes
(Fig 11a) ou aleurodes/mirides (Fig 11b). Les graphiques ci-dessous montrent l’évolution de ces rapports sur
les saisons successives de la parcelle suivie.
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Les seuils sont définis par analyse qualitative de la situation chaque année. La zone de confort évolue
évidemment selon la période de l’année qui tient compte de la phase d’installation de la PBI et du climat par
exemple. Une fois la PBI installée (mars), la zone de confort est définie à priori pour l’instant entre 0,5 et 10
mirides/aleurode et par plante. En dessous de 0,5, les aleurodes parviennent à progresser. Au-dessus de
15, le risque de piqûres des Macrolophus sur bouquets est significatif (figure 11a). Avec le rapport inverse, le
graphique 11b met en évidence le seuil de 2 aleurodes/miride par plante au printemps et 5 en été, au-
dessus duquel la dominance de l’aleurode met en péril la PBI.
11b
11a

Figures 11a et 11b : Détermination de seuils autour de l’évolution du rapport entre les effectifs de mirides et les
aleurodes sur les saisons successives.

Cette représentation montre déjà des situations très différentes chaque année dans la même serre. En
2019, le rapport Aleurodes/mirides est constamment dans les zones de confort définies (graph 11b). Le
rapport inverse est moins évident dans la mesure où l’absence d’aleurodes en début de culture avec des
Macrolophus nombreux crée un rapport au-delà de la zone de confort sans pour autant qu’il y ait de risque
lié aux piqûres de Macrolophus sur les bouquets.

Ces premières ébauches restent à valider avec d’autres situations et consolidées avec d’autres paramètres
comme les parasitoïdes et les traitements de biocontrôle. Ils doivent donc être précisés par un ensemble de
travaux complémentaires.

5.4 Gestion de Nesidiocoris

Contre Nesidiocoris tenuis, l’expérience des années précédentes a conduit à renouveler l’utilisation de
l’aspirateur pour éliminer les adultes en tête, plante après plante. Cette technique est efficace pour la
capture des adultes mais ne fonctionne pas bien sur les larves, ce qui nécessite de combiner le retrait des
bourgeons et de faire des passages fréquents pour éliminer les larves. Le rythme adopté est 1 fois par
semaine au début puis rapidement en continu, ce qui mobilise une personne à temps plein.
Cette combinaison de solutions mécaniques a été associée à l’application de Capsanem (Koppert). Il s’agit
du nématode entomopathogène Steinernema carpocapsae, appliqué en tête de plante avec 2 sachets de
250 millions de nématodes pour 300 L d’eau (faible mouillage) sur un hectare de serre.
Si habituellement ces interventions sont effectuées le plus tard possible pour ne pas interférer avec
Macrolophus, cette année, les Macrolophus ont dépassé le seuil de 30 individus/plante en avril et ont
nécessité une régulation pour éviter les dégâts de piqûres sur plantes avant l’arrivée des Nesidiocoris (fig 8).
Les premiers Nesidiocoris ont été observés le 13 mai, environ 1 mois plus tard que les autres années.

L’aspirateur et le retrait des bourgeons ont été mis en œuvre à l’échelle de la serre à partir de cette date et
l’application de Capsanem a été réalisée une fois par mois de manière localisée en tête de plante. Avec
cette stratégie, Nesidiocoris s’est maintenu avec des effectifs inférieurs à 1 adulte/plante jusqu’à fin juillet (fig
8). En août, le seuil de 1 adulte/plante est dépassé et la stratégie est complétée avec des interventions
chimiques localisées en tête. En septembre, l’étêtage de la culture la rend moins sensible au ravageur. Des
applications chimiques ont été réalisées en fin de culture pour éviter le maintien du ravageur dans la serre.

La gestion de Nesidiocoris a été satisfaisante cette année et la culture n’a pas subi de dégâts importants
Analyse pluri-annuelle

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Fiche APREL 19-067
A la différence des années précédentes,
Nesidiocoris n’a été présent de manière
significative qu’à partir de fin juillet. La forte
population de Macrolophus a certainement
participé à freiner le développement de
Nesidiocoris sur les plantes (concurrence).
La régulation précoce des premiers individus
est aussi un moyen de retarder son
développement.
Après étêtage (début septembre), les
effectifs sont plus élevés mais posent moins
de problème aux bouquets.

Figure 12 : Comparaison des populations de Nesidiocoris sur les cinq années consécutives dans la parcelle.

5.5 Protection contre Cochenilles

La cochenille farineuse Pseudococcus viburni est un problème récurrent dans cette exploitation. Il n’existe
pas de solution chimique homologuée ni de solutions alternatives efficaces à ce jour sur cochenille.
La détection s’est faite cette année très précocement début janvier (fin avril en 2018) et a permis de mettre
en place plusieurs tests sur les foyers.

 Test Entonem (Steinernema feltiae)


La société Koppert dispose de plusieurs nématodes entomopathogènes qui ont commencé à être criblés sur
différents ravageurs pour évaluer leur efficacité. Larvanem (Heterorhabditis bacteriophora) était initialement
prévu) mais dans ces pré-tests, Entonem a montré 60% d’efficacité et serait plus performant que Larvanem.
L’application doit être ciblée sur les cochenilles car le nématode ne survit pas en foliaire au-delà de 24h (48h
maximum) mais seulement sur son hôte.

14/01 Repérage de 6 plantes touchées (rangs 208 et 209)


17/01 Traitement localisé avec Entonem + adjuvant
Dose : 1 sachet de 50 millions de nématodes dans 5L de solution pour une
chapelle de 400 m². Ajout d’un adjuvant (Squad) à 0.15%.
21/01 (T+4j) en Pas d’évolution de la contamination. Prélèvement de 6 individus + œufs pour
culture observation à la loupe binoculaire : 3 vivaces, 2 moyennement vivaces et 1 morte
Pas de nématode visible sur la cochenille morte, ce qui laisse un doute sur
l’origine du décès. L’effet de l’adjuvant peut être en question.
23/01 (T+6j) au labo En boîte de Pétri : 8 cochenilles en tout (2 émergences). 5 vivaces, 2 fébriles
mais pas mortes. Toujours pas de nématode observé sur les cochenilles.

 Bilan du test Entonem : Efficacité < 20% sur de très petites populations. Pas de nématode visible sur
les cochenilles mortes. On se pose la question de l’effet du Squad.

 Test Naturalis (Beauvaria bassiana)


Ce champignon entomopathogène proposé par la société De Sangosse nécessite des conditions particulières
pendant et quelques jours après l’application : le champignon ne survit pas si les températures dépassent
35°C ou sont inférieures à <10°C. La température optimale se situe entre 20 et 27°C. Au niveau de
l’hygrométrie, l’activité du champignon est bonne au-dessus de 50% d’hygrométrie relative mais l’hygrométrie
optimale est de 80%. Le champignon pénètre la cuticule 48h après le contact. La mort de l’insecte est
observable dans les 2 à 3 j après application. Deux applications (2L/ha) sont conseillées entre 5 et 7 j après la
première application.

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Fiche APREL 19-067
30/01 Petits foyers, peu d’individus
1re application localisée à 17h30 pour favoriser l’humidité et
Foyer rangs 208-209. la faible luminosité.
4/02 (T1+4j) 8 individus prélevés dont 1 en mauvais état, pas de mortalité
(plantes non traitées
(<10% d’efficacité)
avec Entonem)
5/02 (T1+5j) 2e application le soir. Dose 2L/ha
11/02 (T2+ 7j) Pas de mortalité visible sur les foyers. Les pontes sont apparues !

12/02 Petits foyers mais avec des pontes


1re application le matin avec ajout d’adjuvant (Squad)
Foyer rangs 128-129
18/02 (T1+6j) Bonne efficacité du Naturalis+ Squad sur les pontes (effet
écrasé). Dans cette zone il ne reste plus grand-chose.

18/04 Colonies importantes créant des manchons sur les tiges


1re application le matin avec adjuvant (Squad)
23/04 (T1+5j) Observation de 90% de mortalité, effet sur les ovisacs. Encore
Foyer rangs 208-209 quelques cochenilles femelles vivantes.
24/04 (T1+6j) 2e application
29/04 (T2+5j) Foyers secs après 2 applications. Il reste de rares points blancs
(ovisacs non détruits ?) qui risquent de re-émerger plus tard

 Bilan du test Naturalis : Efficacité fortement dépendante des conditions d’application. Aucune
efficacité en application le soir en serre basse (hygrométrie au niveau des tiges insuffisante avec
tubes de chauffage à proximité). Efficacité proche de 95% sur des foyers importants (adultes et
pontes) après 2 applications le matin avec ajout d’adjuvant. La question de la part d’efficacité de
l’adjuvant se pose également.

Des tests complémentaires ont été effectués dans une serre fermée au mois de janvier sur des foyers
importants avec une très bonne efficacité (>90%). Dans ce cas, les zones traitées n’étaient pas asséchées
par le chauffage de proximité et les traitements ont pu être effectués le soir avec une hygrométrie mesurée
de 82%.

Dans les deux situations, les foyers traités avec Naturalis ont permis d’assainir la zone contaminée par la
cochenille mais une recolonisation a été observée 1, 5 mois plus tard. Il subsiste toujours quelques individus
qui ne sont pas touchés par les traitements et qui suffisent à générer de nouveaux foyers.

 Test auxiliaires (Cryptolaemus montrouzieri)


Les coccinelles Cryptolaemus sont des prédateurs de plusieurs insectes dont les cochenilles farineuses.
L’intérêt de tester un auxiliaire est de permettre le contrôle des individus qui ne sont pas touchés par les
traitements de contact et d’éviter des répétitions d’application. Les Cryptolaemus sont livrés en flacons de
cosses de sarrasin contenant des œufs et des jeunes larves. Les larves passent par 4 stades en 3 semaines
environ pour entrer ensuite en nymphose de 2 à 3 semaines. L’adulte émerge donc au bout de 1 mois et
demi mais peu de références existent pour savoir s’il s’installe dans les cultures de tomate pour s’y
reproduire et entretenir la prédation.
1/04 Foyer rangs 208-209, présence de manchons importants de cochenilles
2/04 Lâcher de 1000 larves de Cryptolaemus sur les plantes touchées et leurs
voisines. Cosses de sarrasin déposées sur les cubes de laine de roche.
9/04 Prédation visible des larves de Cryptolaemus sur cochenilles. Présence aussi
d’adultes de Macrolophus dans les foyers.
18/04 Traitement avec Naturalis + Squad
23/04 Plus aucune observation de Crypyolaemus. Probable incompatibilité avec le
traitement Naturalis + Squad ou nymphose des larves de Cryptolaemus 3
semaines après les lâchers.

 Bilan du test Cryptolaemus : La prédation des cochenilles par les larves de Cryptolaemus a bien été
observée après les lâchers localisés mais l’intérêt de prédateur dans la gestion des foyers n’a pas
pu être évalué dans la durée. Les foyers de cochenilles progressent vite et ont nécessité d’autres
interventions. Il est peu probable que cet auxiliaire puisse maîtriser entièrement la cochenille du fait
de sa longueur de cycle de reproduction et sa difficulté d’installation dans la culture.
-12-
Fiche APREL 19-067
D’autres techniques ont été mises en œuvre sur les foyers :
 Vapeur : un générateur de vapeur mobile (référence du type Lavorpro Metis) est utilisé depuis
2017 avec une lance pour pulvériser de la vapeur sur les tiges infestées, à des températures
jusqu’à 150°C. Cette technique donne de bons résultats mais n’est pas utilisable sur jeunes
plantes car il y a des risques de brûlure. Par ailleurs, elle n’est pas durable et demande des
passages réguliers donc beaucoup de main d’œuvre. L’entretien de la machine présente
aussi de nombreuses difficultés.
 Des produits de biocontrôle homologués en tomate contre d’autres ravageurs avec une action
de contact ont été testés pour leur effet secondaire sur cochenilles. Prevam et Flipper ont été
choisis pour leur action physique. Flipper est retenu pour une certaine efficacité mais
demande à être répété.

5.6 Protection contre Acariose bronzée

Il n’existe pas de solution alternative aux traitements chimiques pour ce ravageur de plus en plus fréquent
dans les cultures de tomates. Les premiers foyers sont détectés très tôt dans la saison (janvier-février). En
2018, une prospection des solutions de biocontrôle avait été menée avec des applications localisées de
soufre, Eradicoat suivis de lâchers d’Amblyseius swirskii. Les auxiliaires sont restés visibles mais pas
suffisamment actifs dans la prédation des Aculops lycopersici. Le produit Heliosoufre est celui qui a apporté
le plus d’efficacité parmi les produits de biocontrôle, mais pas suffisamment pour freiner le développement
des foyers lorsque les températures augmentent.

En 2019, la serre suivie n’a été contaminée que tardivement (mi-juin) par l’acariose bronzée. Le produit
Flipper a été essayé et donne des résultats intéressants pour contrôler les foyers mais nécessite des
répétitions d’application. Les essais sur ce ravageur n’ont pas pu être prolongés car une application
chimique contre acariens a permis de se débarrasser de l’acariose bronzée.

5.7 Protection contre les autres maladies et ravageurs

 Tuta Absoluta
L‘utilisation de la confusion sexuelle a fait ses preuves en 2019. Elle a été installée avant plantation et
renouvelée le 2 avril. Deux traitements de sécurité ont cependant été appliqués sur la première semaine de
plantation pour éviter le risque d’introduction de Thrips et de Tuta absoluta avec les plants. Aucun papillon
n’a été détecté dans les pièges Delta et une galerie a été décelée une seule fois sur plante le 1r avril.

 Mineuses
Des mineuses ont été détectées dans la serre à partir de début juillet sur 25% des plantes et sont restées
jusqu’à la fin de la culture sans dépasser 50% des plantes touchées avec de très petites galeries. Aucune
intervention n’a été déclenchée pour réguler ce ravageur avant la fin de la culture.

 Acariens
Les acariens font leur apparition dans la serre fin mars, repérés en hors des plantes de contrôle. Un
traitement localisé avec Floramite et des lâchers de Phytoseiulus persimilis sont déclenchés sur les foyers.
La progression de l’acarien est assez lente, mais nécessite un traitement généralisé dans la partie des
variétés de diversification en mai. A partir de mi-juillet, la pression acariens et acariose bronzée étant plus
élevée, un traitement généralisé compatible avec la PBI permet de protéger la culture sur la période estivale.
Un dernier traitement est réalisé le 11 octobre pour assainir la serre en fin de culture.

 Oïdium
La pression fongique est réduite dans la serre grâce à une bonne gestion climatique. Depuis 2018, la
stratégie basée sur des applications préventives de soufre à petite dose mais régulièrement (de façon à
limiter aussi l’impact sur la PBI) donne de très bons résultats. Aucun autre traitement n’a été réalisé contre
ce champignon et aucune tache d’oïdium n’est observée durant toute la culture.

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Fiche APREL 19-067
 Cladosporiose
En 2019, la présence de nombreuses variétés de diversification a rendu la culture plus sensible à cette
problématique. Seule la variété Temptation possède la résistance Pf(A-E) à ce champignon.
Les premières taches ont été observées le 4 mars dans la variété Gourmandia et ont déclenché 2
applications localisées de fongicide (Ortiva) à 1 semaine d’intervalle. Le champignon s’est de nouveau
développé un mois plus tard dans Gourmandia et Marnero : des produits alternatifs ont été essayés
(Vacciplant, Amylo-X) sans satisfaction. La contamination de toutes les variétés de diversification a généré
un 3e traitement chimique (Cidely top) début juin qui a permis de contrôler la maladie jusqu’à la fin de la
culture.
La gestion de ce champignon sur les variétés sensibles est donc une nouvelle difficulté à laquelle faire face
dans un système à bas intrants.

6. Bilan phytosanitaire

Le premier bilan phytosanitaire à mettre en avant sur la saison 2019 est la réussite de la protection de la
culture qui a permis une production indemne de problèmes liés aux maladies et ravageurs. Ceci est un
progrès considérable au vu des dernières saisons passées. Plusieurs éléments sont à retenir :
- La réussite de la stratégie de PBI basée sur des Macrolophus à forte dose (6/m²) lâchés de manière
généralisée dans la culture.
- La bonne efficacité de la confusion sexuelle mise en place avant plantation contre Tuta absoluta. Non
seulement elle a évité le développement du ravageur dans la culture mais elle a évité des applications
phytosanitaires en cours de culture
- L’application de soufre à très petite dose de manière préventive et régulière semble avoir été efficace
pour empêcher l’installation de l’oïdium
- La détection précoce des foyers de cochenille a permis d’éviter d’intervenir trop tardivement sur ce
ravageur difficile à maîtriser et les solutions testées ont relativement bien freiné son développement. Le
produit Naturalis à base de Beauvaria bassiana est à retenir pour des applications au printemps en
conditions humides, associé à un adjuvant.
- Les plantes réservoirs de Macrolophus se sont bien développées avec des quantités d’auxiliaires
importantes disponibles pour la culture

Des points d’amélioration sont à retenir également :


- Certains traitements phytosanitaires en début de culture pourraient être évités, notamment ceux avec
une forte rémanence qui ont retardé les lâchers de Macrolophus.
- Les lâchers en pépinière seraient même favorables à une installation plus rapide de Macrolophus dans
la culture dans la mesure où la serre peut être assainie contre les thrips (risque TSWV) et les acariens.
- Le transfert des Macrolophus des plantes relais à la culture reste une contrainte d’organisation et de
main d’œuvre. La réflexion du déplacement des bacs complets dans la culture est une solution à
envisager.
- Le choix de variétés résistantes à la cladosporiose sera un objectif d’amélioration lorsque de nouvelles
variétés seront disponibles dans les typologies de diversification
- Contre cochenilles et acariose bronzée, il reste une impasse technique évidente qui empêche de
maîtriser entièrement ces ravageurs en culture par des solutions de biocontrôle.

 Répartition des IFT par cible

Figure 13 : Répartition des IFT par cible

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Fiche APREL 19-067
Au cours de cette saison, l’aleurode et Tuta absoluta n’ont nécessité des interventions qu’à la plantation et
en nettoyage de fin de culture. Ce sont les acariens qui représentent alors la majorité des IFT (chimiques et
biocontrôle) appliqués sur cette culture de tomate. Les ravageurs « autres » représentés par la cochenille
notamment sont à l’origine de 21% des IFT chimiques ou biocontrôle.
L’évolution des pratiques montre que la proportion de traitements chimiques diminue pour certains
ravageurs (aleurodes, oïdium, botrytis, Tuta absoluta) lorsque des solutions de biocontrôle efficaces sont
intégrées. Cependant, la réduction des traitements chimiques permet aux bioagresseurs initialement
secondaires de se développer et génèrent de nouvelles problématiques.

 Répartition des IFT sur la saison

Figure 14 : Répartition des IFT au cours de la saison de production

Cette analyse montre que la majorité des IFT chimiques sont positionnés en début de culture et en fin de
culture. La mauvaise situation sanitaire au cours de la saison 2018 a généré une augmentation des
interventions de sécurité avant le démarrage de la nouvelle culture. Un traitement contre Tuta absoluta
aurait pu être évité compte tenu de la mise en place de la confusion sexuelle. Avant arrachage, l’objectif est
d’assainir le plus possible la culture pour réduire la pression des maladies et ravageurs dans
l’environnement de la serre (intérieur et extérieur) en vue de la prochaine plantation.

7. Conclusion
La recherche de programmes de protection sans traitement chimique en tomate progresse avec la
motivation des professionnels de fournir un produit sans résidu et avec les nouveaux outils disponibles
aujourd’hui en biocontrôle. Pour les cultures de tomate hors-sol dans le Sud-Est de la France, la
problématique dominante de l’aleurode est l’enjeu principal et repose sur une bonne installation des
auxiliaires de PBI.
Face à des échecs en 2017 et 2018, la stratégie choisie en 2019 a permis de mieux contrôler l’aleurode
grâce à l’augmentation des doses de Macrolophus et des lâchers généralisés dans la culture. Aucune
intervention n’a été réalisée en cours de culture sur ce ravageur, l’aleurode n’a pas pu s’installer et la
quantité de Macrolophus a certainement aidé à retarder l’installation de Nesidiocoris tenuis.
Nesisiocoris a bien été géré par la suite grâce à la stratégie combinant l’aspiration en têtes de plantes pour
les adultes, le retrait des bourgeons de taille pour les larves et l’utilisation du nématode Steinernema
carpocapsae 1 fois par mois sur les têtes. Ces techniques restent toutefois très contraignantes et coûteuses
en main d’œuvre et fourniture.
Le travail sur les équilibres aleurodes/ Macrolophus a été approfondi pour définir des seuils sur la base des
5 saisons d’observations sur ce site. Il apparaît que la situation est confortable lorsqu’on observe entre 0,5 et
10 mirides/aleurode/plante (ou moins de 5 aleurode/miride/plante). Ces seuils doivent être validés dans
d’autres situations mais pourraient permettre de mieux identifier des situations à risque.
Le travail sur la problématique de la cochenille a permis de mettre en avant une solution de biocontrôle
(Naturalis) pour intervenir sur les premiers foyers au printemps. L’utilisation de produits de contact (comme
Flipper) permet de maintenir le contrôle en période estivale avec des interventions répétées. Il reste donc à
ce jour des difficultés pour gérer ce ravageur sur le long terme. L’acariose bronzée n’a pas pu être travaillée
comme prévu initialement et la stratégie de protection alternative reste donc à élaborer.

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Fiche APREL 19-067
Enfin, une analyse des interventions chimiques effectuées sur la culture montre que la plupart sont
positionnées sur les premières et dernières semaines de culture. Ainsi, il paraît possible de réduire les IFT
en cours de culture mais avec un assainissement en début et en fin de culture avec des produits à large
spectre (chimique ou biocontrôle). Un manque de solutions est mis en évidence pour effectuer un réel vide
sanitaire entre deux cultures. L’arrivée de solutions de biocontrôle efficaces comme la confusion sexuelle
aidera à construire des stratégies de protection durables.
L’effort technique et financier réalisé par les producteurs porte ses fruits et permet de satisfaire les
exigences des consommateurs, mais la valorisation de ces produits au niveau de la commercialisation est
un gage de réussite pour ces exploitations.

Renseignements complémentaires auprès de : A386


C.GOILLON, APREL, 13210 St-Rémy-de-Pce, tél 04 90 92 39 47, goillon@aprel.fr

Réalisé avec
le soutien
financier de :

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ANNEXE : Illustrations des techniques et observations sur la culture de tomate 2019 Fiche APREL 19-067

Protection préventive contre aleurode avec bandes jaunes et Aspirateur fixé sur les chariots utilisé contre Nesidiocoris et Modèle de générateur de vapeur utilisé contre cochenilles
panneaux jaunes englués aleurodes

Plante relais de Crazy cherry (à gauche) et de Marbonne (à droite) Disposition des plantes relais (Crazy cherry) en bacs dans Vue d’ensemble des plantes relais le 15 février 2018
introduits en serre 3 semaines et 10 jours respectivement après l’allée
plantation de la culture

Observation du parasitisme de Mycotal (Lecanicillium muscarium ) Larves d’aleurodes (noires) parasitées par Encarsia formosa
sur larves d’aleurodes

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