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Comment mesurer la performance environnementale?

Article in Gestion · March 2009


DOI: 10.3917/riges.341.0068

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1 author:

Ahmed Turki
Institut des Hautes Etudes Commerciales de Sfax
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DOSSIER : DÉVELOPPEMENT DURABLE

Comment mesurer
la performance
environnementale?

L’auteur leurs parties prenantes. Conséquemment, il sera pour les


entreprises un outil permettant de gérer plus efficacement
Ahmed Turki ces trois aspects de la gestion environnementale puisque,
comme l’affirment Tikkanen et al. (2005), le modèle d’affaires
permet de déterminer les actions ainsi que leurs résultats.

Ce modèle débouche sur un indice environnemental qui


permet aux entreprises de se comparer. L’originalité de cet

L
indice est qu’il est utilisé à l’échelle microéconomique, contrai-
’engouement actuel pour le développement durable rement à l’indice mis au point par l’université Yale, par exem-
suppose la prise en compte des aspects social, éco- ple. Cet article comprend trois parties. La première partie
nomique et environnemental non seulement par les présente une définition du concept de performance environ-
États, mais aussi par les entreprises. Celles-ci sont nementale. La deuxième partie décrit un modèle de mesure
tenues de s’intéresser à ces trois aspects simultané- de la performance environnementale où figurent les compo-
ment dans tout investissement qu’elles effectuent. La prise santes, les relations entre elles et les indicateurs environne-
en compte de l’aspect environnemental implique la mise en mentaux. Quant à la troisième partie, elle propose quelques
œuvre d’une gestion environnementale ayant pour objectif la recommandations relatives à l’utilisation du modèle.
réalisation d’une performance environnementale. Afin de véri-
fier le niveau de celle-ci, les entreprises ont besoin de modè-
les de mesure. Bien que ces modèles soient nombreux, la
plupart d’entre eux peuvent difficilement être utilisés par les
entreprises puisqu’ils font appel à des modèles économétri-
I Qu’est-ce que la performance
environnementale?
La performance environnementale représente une des compo­
ques et mathématiques. De plus, ces modèles sont généra­
lement propres à des secteurs d’activité et ne peuvent par santes d’un concept plus large, à savoir la performance organi-
conséquent être généralisés. Les gestionnaires ont besoin sationnelle. Celle-ci constitue un concept multidimensionnel,
d’un modèle dont l’utilisation soit simple. C’est dans un tel ce qui cause une difficulté quant à sa définition (Chaabouni,
contexte que s’inscrit cette recherche qui vise à élaborer un 1992). L’importance accordée à ce concept a donné lieu à une
modèle d’affaires de la performance environnementale facile à littérature abondante dont ressortent plusieurs définitions.
utiliser à partir d’une revue de la littérature. Le modèle d’affai- Selon l’approche économique, par exemple, la performance
res traduit la manière dont les ressources sont employées afin organisationnelle est souvent rattachée à deux notions : l’effi-
d’atteindre les objectifs (Tapscott, 2001). Il établit la liaison cience, relative au degré d’utilisation des ressources, et l’effi-
entre la gestion stratégique environnementale, la gestion opé- cacité, relative au degré de réalisation des objectifs. Cela
rationnelle environnementale et la gestion relationnelle envi- suppose l’existence d’objectifs non contradictoires et mesura-
ronnementale. Ce modèle permet de transformer les relations bles. Si on se réfère à l’approche basée sur les ressources,
d’une façon opérationnelle sur les plans de la stratégie, des une entreprise est dite «performante» lorsqu’elle acquiert les
opérations et des relations qu’établissent les entreprises avec ressources nécessaires à son existence et à son développe-
ment. Par ailleurs, selon la théorie des parties prenantes, une
entreprise est dite «performante» lorsqu’elle réussit à satisfaire
Ahmed Turki est chercheur en sciences de gestion à l’Unité de Recherche aux attentes, parfois contradictoires, de ses parties prenantes.
en Gestion des Entreprises de la Faculté des Sciences Économiques et
de Gestion de Sfax.
Ahmed.Turki@FSEGS.RNU.TN En guise de récapitulation, Cameron (1986) relève sept prin­
cipaux modèles de mesure de la performance organisationnelle

68 Gestion · volume 34 / numéro 1 · Printemps 2009


qui correspondent à sept définitions différentes de la perfor- traîne le concept de performance environnementale. Pour ces
mance organisationnelle. Comme cet auteur l’affirme, chaque raisons, une définition générique de ce concept demeure diffi-
modèle possède ses propres caractéristiques et ne peut être cile (Ilinitch et al., 1998).
remplacé par un autre. Par conséquent, il est judicieux d’utiliser
Une revue de la littérature portant sur la définition de ce
tous ces modèles en même temps. Mais cela pose un pro-
concept permet d’élaborer une typologie comprenant deux
blème de faisabilité, ce qui accentue les difficultés entourant
catégories. La première catégorie traite la performance envi-
ce concept.
ronnementale comme un concept unidimensionnel. Par consé-
La difficulté à proposer une définition générique provient quent, les définitions s’intéressent à un seul aspect, qui est
des multiples composantes que renferme la performance dans la plupart des cas les externalités négatives produites par
organisationnelle. De fait, aucune étude jusqu’à présent n’a les entreprises1. Ces définitions supposent que les entrepri-
proposé une liste définitive des composantes. Morin et al. ses sont performantes sur le plan environnemental si elles
(1994), par exemple, indiquent quatre composantes, soit la réussissent à réduire le volume de leurs rejets. Ce sont essen-
pérennité (relative à la stabilité et à la croissance des entrepri- tiellement les parties prenantes qui ont donné de l’importance
ses), l’efficience économique (relative à l’utilisation optimale à cet aspect, du fait qu’il est relatif aux atteintes causées par
des ressources), la valeur des ressources humaines et la légi- les entreprises à l’environnement.
timité des entreprises auprès des groupes externes. Kaplan et
Norton (1996) incluent dans leur tableau de bord prospectif Bien que cet aspect soit essentiel dans la mesure de la per­
quatre composantes de la performance organisationnelle : la formance, il est judicieux de le compléter par d’autres, comme
composante financière, la composante «satisfaction de la le degré d’utilisation des ressources (Makower, 1994, cité par
clientèle», la composante «gestion interne» et la composante Wee et Quazi, 2005). Cela rejoint l’idée avancée par Porter et
«innovation et apprentissage». Ces deux études traduisent la Van der Linde (1995), qui supposent que les rejets constituent
difficulté à faire ressortir des composantes génériques de ce une forme d’inefficience dans l’utilisation des ressources. Ces
concept. En conséquence, l’étape de la mesure devient de définitions prennent en compte le concept d’éco-efficience
plus en plus ardue du fait que les entreprises ne sont plus en élaboré lors du sommet de Rio en 1992 par l’Organisation des
mesure de déterminer quel aspect il faut prendre en considé- Nations unies. Selon le rapport de ce sommet, l’éco-efficience
ration. C’est pour cette raison que Neely (1999) suppose que se définit comme le degré auquel les ressources naturelles
la solution adéquate relativement à ces problèmes est que sont utilisées. Avec ce concept, les entreprises sont invitées à
chaque entreprise élabore sa propre méthode de mesure de la produire en minimisant à la fois l’utilisation des ressources
performance en dégageant les aspects qui semblent les plus naturelles et les externalités négatives.
déterminants pour elle et construise par le fait même ses pro-
Voulant clarifier ce concept onusien, le World Business
pres indicateurs de mesure.
Council for Sutainable Development (WBCSD), qui est un grou­
Ces difficultés s’accentuent avec l’intérêt croissant porté pement comprenant près de 200 compagnies internationales
aujourd’hui aux aspects intangibles de la performance organi- œuvrant pour le développement durable, élabore plusieurs
sationnelle. Auparavant, la prise en compte des aspects tangibles, rapports dans lesquels il expose d’une manière détaillée le
comme l’aspect financier, dans la mesure de la performance principe d’éco-efficience afin de faciliter son adoption par les
organisationnelle constituait une condition nécessaire et suffi- entreprises. Le WBCSD (1996) indique que la réalisation de
sante. Aujourd’hui, la gestion de l’entreprise comporte plusieurs l’éco-efficience est bénéfique pour les entreprises, puisque
facettes. Les aspects tangibles de la performance organisa- cela diminue à la fois la consommation des matières et les
tionnelle sont certes nécessaires, mais ils ne sont pas suffi- externalités négatives afin d’atteindre le développement dura-
sants pour la mesurer. Les aspects financiers et non financiers ble, un concept englobant la performance environnementale.
sont complémentaires dans la mesure de la performance
D’autres définitions, comme celle de Denning et Shastri
organisationnelle (Crowther, 1996). Cette révolution dans la
(2000), et même si elles sont peu évoquées dans la littérature,
mesure de la performance organisationnelle est due à plu-
se réfèrent à la conformité de la firme par rapport à la législa-
sieurs facteurs, dont le principal est le changement qui s’est
tion environnementale. Ces définitions montrent qu’une entre-
produit dans les facteurs de compétitivité. En effet, le prix ne
prise est performante sur le plan environnemental lorsqu’elle
confère plus à lui seul un avantage concurrentiel aux entrepri-
se conforme à la réglementation environnementale en vigueur.
ses. Le développement rapide de la technologie et la réduc-
S’il est vrai que ce facteur procure une idée sur la performance
tion du cycle de vie du produit obligent les entreprises à se
environnementale, ces définitions demeurent incomplètes. En
baser sur de nouveaux facteurs autres que le prix pour créer
effet, cela suppose que les organismes gouvernementaux
leur avantage concurrentiel.
jouent pleinement leur rôle en inspectant les installations et
Parmi les aspects intangibles qui revêtent actuellement une détectent les infractions aux lois. Même des inspections sans
importance particulière au sein de la société figure l’aspect pénalités potentielles ne peuvent être une base pour la défini-
environnemental. Bien que les études portant sur le concept tion de la performance environnementale. Les pénalités per-
de performance environnementale soient nombreuses, les mettent de diminuer les violations de la réglementation
définitions qu’on en propose génèrent des problèmes concep- environnementale dans une proportion plus élevée que celle
tuels et opérationnels (Perotto et al., 2008). D’une façon géné- engendrée par des inspections sans pénalités et modifient par
rale, les problèmes posés par le concept de performance conséquent le comportement des pollueurs (Shimshack et
organisationnelle sont presque les mêmes que ceux qu’en- Ward, 2000).

Gestion · volume 34 / numéro 1 · Printemps 2009 69


Suivant la deuxième catégorie de définitions, la performance Plusieurs travaux ont été effectués dont l’objectif était de
environnementale est un concept multidimensionnel. Dans sa proposer des composantes et des indicateurs de la perfor-
série ISO 14000 parue en 1996, l’Organisation internationale mance environnementale2. Ces travaux font ressortir différen-
de normalisation (OIN) définit la performance environnemen- tes composantes. D’une part, cette diversité provient de la
tale comme étant «les résultats mesurables du système de définition de la performance environnementale adoptée. Puis-
management environnemental, en relation avec la maîtrise par que le concept de performance environnementale est multi­
l’organisme de ses aspects environnementaux, sur la base de dimensionnel, chaque travail porte sa propre vision et par
sa politique environnementale, de ses objectifs et cibles envi- conséquent énonce des composantes et des indicateurs diffé-
ronnementaux» (OIN, 2006). Selon cette définition, la perfor- rents. D’autre part, ces travaux s’intéressent à des secteurs
mance environnementale est étroitement liée au système de d’activité précis. Du fait que chaque secteur utilise ses pro-
management environnemental proposé par la norme ISO pres technologies, il soulève par conséquent des problèmes
14001. Les résultats environnementaux ne peuvent se mesu- environnementaux particuliers.
rer que dans le cadre d’une politique environnementale, des
Parmi ces modèles, citons celui de la norme ISO 14031 qui
objectifs et des cibles environnementaux. Une entreprise ne
dégage trois composantes de la performance environnementale
recourant pas à ces pratiques de gestion ne peut prétendre
(Lokkegaard, 1999) :
avoir réalisé une performance environnementale. Cette défini-
tion réductrice limite le champ d’action des entreprises puis­ • la composante de la gestion environnementale, qui traite
qu’elle se fonde sur une vision gestionnaire. des pratiques gestionnaires adoptées par l’entreprise telles
que l’élaboration d’une stratégie environnementale;
En vue de préciser ce concept, l’OIN apporte une autre
définition en 1999 dans sa norme ISO 14031, définition selon • la composante des conditions environnementales, qui fournit
laquelle la performance environnementale consiste dans «les des renseignements sur les conditions locales, régionales,
résultats obtenus par la direction d’un organisme concernant nationales ou mondiales de l’environnement;
ses aspects environnementaux» (OIN, 2006). Cette définition • la composante de la performance environnementale, qui
implique que tout résultat issu de la gestion environnementale touche les actions de nature technique, comme l’utilisation
constitue une performance environnementale. Bien que la des technologies propres et les externalités négatives pro-
deuxième définition soit plus globale et ne se limite pas à une duites par l’organisme telles que les rejets liquides, solides
vision gestionnaire, les deux définitions ne sont pas faciles à et atmosphériques.
opérationnaliser. Elles ne spécifient pas les aspects à prendre
en considération dans la mesure de la performance environne- Cette classification comporte certaines limites opération-
mentale. Les efforts environnementaux sont nombreux, ils nelles. En effet, il est difficile pour une entreprise d’opération-
peuvent être de nature gestionnaire et/ou technique. Même naliser la composante des conditions environnementales. De
au sein de chaque catégorie, gestionnaire et technique, les plus, la norme ISO 14031 présente ces composantes sans
efforts sont multiples et diffèrent d’une entreprise à une autre. préciser les critères de choix des indicateurs environnementaux
à utiliser dans la mesure de la performance environnementale.
L’analyse de ces deux catégories de définitions traduit les C’est l’entreprise qui décidera des indicateurs environnemen-
difficultés éprouvées dans l’élaboration d’une définition de la taux. Avec la multiplicité des contaminants et le manque de
performance environnementale regroupant tous les aspects connaissances sur les impacts environnementaux, le choix
de ce concept. Pour cette raison, la performance environne- des indicateurs environnementaux appropriés devient difficile.
mentale demeure mal définie dans la littérature. À la lumière En plus, les méthodes de calcul des indicateurs environne-
de ces définitions, nous proposons la définition suivante : la mentaux ne sont pas clarifiées par la norme ISO 14031. Notons,
performance environnementale est le résultat des efforts ges- par ailleurs, que cette norme n’établit aucun niveau de perfor-
tionnaires et techniques de l’entreprise dans la protection de mance environnementale que l’entreprise doit atteindre.
l’environnement et dans la variation des pressions écologiques.
Découlant d’une étude empirique et contrairement à la norme
Comme conséquence aux problèmes de définition, l’étape ISO 14031, un projet européen appelé Measuring Environ-
de la détermination des composantes de la performance envi- mental Performance of Industry (MEPI), réalisé en 20013,
ronnementale présente aussi des difficultés, puisqu’elle fait constitue une autre tentative pour dégager les composantes
appel à plusieurs composantes sans qu’il y ait de consensus ni et les indicateurs à prendre en compte à l’étape de la mesure.
sur leur nombre ni sur leur nature. Les composantes proposées par ce projet possèdent un degré
d’opérationnalisation plus élevé que celles de la norme ISO

I
14031. Les résultats de l’étude indiquent cinq composantes
Comment mesurer la performance principales de la performance environnementale, à savoir les
environnementale? rejets solides, les rejets liquides, les rejets atmosphériques, la
consommation d’eau et la consommation d’énergie (Berkhout
La mesure de la performance environnementale suppose
et al., 2001). Ces résultats sont relatifs aux secteurs d’activité
la détermination des composantes et des indicateurs environ-
étudiés et ne peuvent être généralisés.
nementaux. La composante environnementale représente un
aspect de la performance environnementale, alors que les indi­ Si les résultats du projet MEPI rejoignent en grande partie
cateurs environnementaux constituent des mesures numé­ri­ques la majorité des définitions de la performance environnemen-
de cet aspect, qui peuvent être financiers ou non. tale suggérées, qui tournent autour des externalités négatives

70 Gestion · volume 34 / numéro 1 · Printemps 2009


produites par les entreprises, la Global Reporting Initiative (GRI, Mais ces idées ne sont pas conformes aux recommanda-
2006) relève d’autres dimensions de la performance environ- tions de Wood (1991), qui affirme que les pratiques de gestion
nementale. La GRI liste ainsi sept composantes principales de environnementale doivent être envisagées au moment de la
la performance environnementale : mesure de la performance environnementale. De même, les
relations entre l’entreprise et ses parties prenantes ne sont
• les matières, soit la quantité de matières premières utilisées;
pas prises en considération par le projet MEPI. De ce fait, les
• l’énergie, soit la quantité d’énergie utilisée; aspects techniques priment les aspects gestionnaires.

• l’eau, soit la quantité d’eau consommée; S’inspirant entre autres des propos de Wood (1991), Ilinitch
et al. (1998) jugent que la nature des relations que l’entreprise
• la biodiversité, qui correspond aux impacts les plus impor- établit avec ses parties prenantes doit figurer dans la mesure
tants des produits et/ou des services de l’entreprise sur la de la performance environnementale au même titre que les
biodiversité; pratiques gestionnaires environnementales. Par conséquent,
• les rejets, à savoir toutes les émissions (liquides, solides et ces auteurs relèvent quatre composantes de la performance
atmosphériques) de l’entreprise; environnementale :

• les produits et les services, c’est-à-dire les principaux • le système organisationnel, qui fait référence au processus
impacts environnementaux des produits et/ou des services organisationnel mis en place par la firme afin d’améliorer sa
de l’entreprise; performance environnementale, comme les programmes
d’audits environnementaux;
• la conformité, qui concerne les sanctions financières et non
• les relations avec les partenaires, composante qui étudie
financières prises par le gouvernement.
l’interaction entre la firme et ses partenaires tels que les
S’inscrivant dans le même cadre que la GRI, à savoir le clients et les pouvoirs publics;
développement durable, la Table ronde nationale sur l’environ-
• les impacts environnementaux, qui appréhendent les exter-
nement et l’économie (TRNEE) trouve, à la suite de consulta-
nalités négatives générées par l’activité de la firme;
tions, que les aspects environnementaux sont au nombre de
cinq : la qualité de l’air, la qualité de l’eau douce, les émissions • la conformité interne, qui traite du degré de conformité de
de gaz à effet de serre, la couverture forestière et l’étendue la firme avec la législation et qui inclut le nombre et le mon-
des terres humides (TRNEE, 2003). Rappelons que la TRNEE tant des pénalités qui lui sont infligées.
essaie d’expliciter les principes du développement durable Bien que ce relevé des composantes soit une synthèse de
afin d’assurer un avenir durable pour le Canada. Même si les plusieurs travaux, ses concepteurs affirment qu’aucune étude
recommandations formulées par la TRNEE sont utilisées à empirique ne démontre que ces quatre composantes sont les
l’échelle macroéconomique, contrairement à celles de la norme seules possibles ni les plus appropriées pour mesurer la per-
ISO 14031, du projet MEPI et de la GRI, elles renforcent l’idée formance environnementale. Toutefois, Ilinitch et al. (1998)
que toute évaluation des aspects environnementaux passe mettent l’accent sur la nature des relations entre l’entreprise
nécessairement par la détermination des externalités négati- et ses partenaires, et surtout l’État, qui constitue un élément
ves. Cet avis est partagé par les travaux de l’université Yale que l’entreprise doit considérer dans la mesure de sa perfor-
(Centre de l’université Yale pour l’environnement, 2008) au mance environnementale. Cet aspect est complètement
cours de l’établissement d’un indice environnemental utilisé à négligé par la norme ISO 14031 et le projet MEPI.
l’échelle macroéconomique.
À la différence d’Ilinitch et al. (1998), Jung et al. (2001) ten-
S’il y a un consensus sur certaines composantes comme tent de clarifier les impacts environnementaux en les divisant
les rejets et les quantités de ressources consommées, d’autres en trois composantes : l’intrant (input), l’extrant (output ) et le
sont sujets à des discussions. Par exemple, la GRI estime que processus. Le fait d’agréger ces composantes dans une seule
les relations entre les entreprises et les pouvoirs publics est susceptible de ne pas fournir une mesure proche de la réa­
constituent un élément essentiel de la mesure de la perfor- lité de la performance environnementale. L’intrant se réfère à la
mance environnementale. Même si cet ajout enrichit le nom- consommation d’énergie et des matières premières. L’extrant
bre de composantes de la performance environnementale, renferme les différentes externalités négatives produites par
cela renforce l’idée que la mise en œuvre des indicateurs envi- l’entreprise, comme les rejets liquides et solides. Le proces-
ronnementaux standards valables pour toute opération de sus se concentre sur des aspects comme l’installation de nou-
mesure est difficile. Mais la GRI ainsi que le MEPI ne tiennent veaux équipements et le recyclage des matières. Par contre,
pas compte des pratiques gestionnaires environnementales les deuxième et quatrième composantes proposées par Ilinitch
dans la mesure de la performance environnementale. Ils consi- et al. (1998), à savoir les relations avec les partenaires et la
dèrent que ce type d’indicateur est un indicateur organisation- conformité interne, sont fusionnées en une seule composante
nel qui ne renseigne pas sur la performance environnementale appelée «conséquences». Cette composante concerne les
de l’entreprise. Cet avis est aussi celui de Claver et al. (2007), relations qu’entretient l’entreprise avec ses partenaires, les
qui croient que ces pratiques gestionnaires environnementales pouvoirs publics inclus, comme les pénalités et les actions
ne peuvent être prises en compte dans la mesure de la perfor- judiciaires. Quant à la composante relative aux aspects ges-
mance environnementale, puisqu’elles constituent un facteur tionnaires, présentée dans le modèle d’Ilinitch et al. (1998)
externe qui conditionne la performance environnementale et sous le nom de «système organisationnel», elle constitue pour
non un élément de ce dernier. Jung et al. (2001) la cinquième composante.

Gestion · volume 34 / numéro 1 · Printemps 2009 71


La présentation de ces différentes catégorisations appelle L’indice environnemental calculé permet à l’entreprise de
plusieurs remarques : se positionner et de se comparer par rapport aux autres entre-
prises. Il lui sert aussi à évaluer ses engagements environne-
• Tous les travaux s’intéressent aux externalités négatives
mentaux et à déterminer s’ils doivent être renforcés.
générées par les entreprises dans la mesure de la perfor-
mance environnementale. Cela s’explique par le fait que La composante stratégique
ces externalités constituent les aspects les plus visibles de
La stratégie consiste à déterminer les objectifs et les buts
la gestion environnementale.
fondamentaux à long terme d’une organisation, puis à choisir
• Un intérêt est porté aux relations de l’entreprise avec les les modes d’action et d’affectation de ressources qui lui permet­
pouvoirs publics; ainsi, ce n’est pas seulement le gouver- tront d’atteindre ces objectifs et ces buts (Chandler, 1962, cité
nement qui se préoccupe des résultats environnementaux par Frery, 2004 : 2). Cette définition fait ressortir deux concepts
des entreprises. D’autres parties prenantes deviennent de fondamentaux, à savoir les objectifs de même que les res-
plus en plus sensibles aux questions environnementales. sources ou les moyens.

• Les aspects gestionnaires de la gestion environnementale Les objectifs traduisent les résultats espérés et recherchés
sont négligés. Pourtant, la gestion environnementale ne par les entreprises. Bien entendu, ces objectifs doivent être
comporte pas seulement les aspects techniques. Ces der- mesurables, réalisables et cohérents. Les objectifs et les res-
niers sont organisés au sein des activités gestionnaires. sources sont fixés conjointement. C’est au moment où les
Par conséquent, il est souhaitable de considérer ces deux entreprises essaient de fixer leurs objectifs qu’elles détermi-
types d’aspects dans la mesure de la performance environ- nent si elles disposent des ressources nécessaires ou si elles
nementale. peuvent les acquérir. Cela permet de limiter toute inadéqua-
tion entre les objectifs et les ressources mises en œuvre qui
Cette diversité et les contradictions existant entre certains
peut abaisser le niveau de réalisation des objectifs.
modèles rendent difficile l’élaboration d’un modèle synthétique
et standard qui regroupe les composantes de la performance Dans le domaine de l’environnement, l’application d’une
environnementale et qui soit approuvé par les théoriciens et stratégie environnementale implique la fixation des objectifs
les professionnels. et la détermination des moyens environnementaux qui per-
mettront d’enregistrer une performance environnementale.
Les principales composantes relevées, à partir d’une revue
C’est pourquoi la norme ISO 14031 insiste sur l’obligation de
de la littérature, ainsi que les indicateurs environnementaux
fixer des objectifs environnementaux comme étape principale
les plus utilisés nous permettent de proposer un modèle de
de la réduction des externalités négatives produites par les
mesure de la performance environnementale que les entrepri-
entreprises. Selon Lefebvre et al. (2003), la présence des objec­
ses peuvent adopter, comme le montre le schéma 1.
tifs environnementaux comme mesure de la performance
Ce modèle s’appuie sur trois composantes principales : environnementale explique plus de 50 % de cette compo-
sante. Toutefois, il est à noter que la détermination des objec-
• la composante stratégique, qui évalue les efforts gestion-
tifs et des moyens ne constitue pas une condition de réussite
naires de l’entreprise dans le domaine de la protection de
de la gestion environnementale. La présence de ces deux
l’environnement. Elle est davantage liée au travail de la
éléments n’a pour rôle que de mieux organiser les activités
direction qu’à celui des ateliers;
environnementales des entreprises.
• la composante opérationnelle, qui évalue la quantité de rejets
Les objectifs environnementaux fixés peuvent provenir
de la firme (essentiellement liquides, solides et atmosphé-
entre autres de la réglementation environnementale, des pré-
riques) et de matières premières et d’énergie utilisées;
férences de la direction, des capacités des entreprises ou
• la composante relationnelle, qui évalue la nature des relations d’une combinaison de ces éléments. Dans la plupart des
entre l’entreprise et ses partenaires. réglementations environnementales, l’État établit des seuils
de pollution que les entreprises ne doivent pas dépasser. Les
Le modèle présenté dans le schéma 1 permet de calculer
choix de la direction représentent aussi un facteur potentiel
l’indice environnemental, qui représente la moyenne des trois
dans la fixation des objectifs. Certains dirigeants, en l’absence
indices liés aux trois composantes. L’indice stratégique consti-
d’une contrainte interne ou externe, cherchent à minimiser
tue la moyenne des indices des deux domaines. De même,
leurs efforts environnementaux. Ils définissent alors des objec­
l’indice «objectifs», étant donné qu’il renferme trois indicateurs,
tifs respectant les mêmes niveaux que ceux déterminés par la
représente la moyenne de ces trois indicateurs. Pour ce qui
réglementation environnementale. D’autres, au contraire, qui
est de la deuxième composante, l’indice opérationnel, c’est la
sont sensibles aux questions environnementales et conscients
moyenne des valeurs des cinq indicateurs. Au sein de la troi-
de la gravité des problèmes environnementaux, cherchent à
sième composante, un indice partiel est calculé, à savoir l’indice
dépasser les normes fixées.
«État», qui sert de base au calcul de l’indice relationnel. Ces
trois indices possèdent le même degré d’importance et, par Quant aux ressources, elles sont de différentes natures :
conséquent, ils ont la même pondération. La revue de la litté- technique (équipement), humaine (compétences), etc. Comme
rature montre que les trois composantes sont essentielles dans le remarquent Klassen et McLaughlin (1996), la gestion envi-
la mesure de la performance environnementale et qu’aucune ronnementale se compose de deux éléments : le système de
d’elles n’a une importance plus grande que les autres. management environnemental et les technologies environne-

72 Gestion · volume 34 / numéro 1 · Printemps 2009


Schéma 1
Modèle de mesure de la performance environnementale

Composantes Domaines Indicateurs

L’existence d’objectifs environnementaux


Objectifs L’efficacité dans la réalisation des objectifs environnementaux
Stratégique La révision périodique des objectifs environnementaux

Les moyens alloués à la gestion environnementale sont fonction


Moyens
des objectifs environnementaux

Les actions écologiques réduisent :

Consommation d’eau la consommation d’eau

Consommation d’énergie la consommation d’énergie

Rejets liquides la quantité de rejets liquides


Opérationnelle
Rejets atmosphériques la quantité de rejets atmosphériques

Rejets solides la quantité de rejets solides

Les actions écologiques ont réduit :

les pressions gouvernementales


Gouvernement le nombre d’inspections gouvernementales
le nombre de pénalités

Associations
les pressions de la part des associations écologiques
écologiques
Relationnelle
Clients les pressions de la part des clients

Actionnaires les pressions de la part des actionnaires

Personnel les pressions de la part du personnel

Fournisseurs les pressions de la part des fournisseurs

mentales. Les ressources mises en œuvre, par conséquent, C’est pourquoi nous proposons des indicateurs associés à
essaient de développer le système de management environne­ la métrique pour les trois composantes. De fait, dans ce modèle,
mental et les technologies environnementales des entreprises. les composantes de la performance environnementale sont tou­
Bien que ces pratiques gestionnaires – les objectifs et les jours mesurées à travers des indicateurs utilisant une échelle
ressources – soient nécessaires dans la mesure de la perfor- de Likert. Ce choix est basé sur trois raisons. La première raison
mance environnementale conformément à des travaux cités est que certains aspects à mesurer sont difficilement chiffrés,
précédemment, leur mesure soulèvent certains problèmes. comme le cas des indicateurs mesurant les pratiques de ges-
En fait, les indicateurs de mesure de ces pratiques sont plutôt tion. La deuxième raison est que plusieurs entreprises ne pos-
de nature qualitative. Plusieurs travaux utilisent des indicateurs sèdent pas de renseignements chiffrés sur la totalité de leurs
associés à la métrique en recourant à des échelles de Likert aspects environnementaux parce qu’elles ne disposent le plus
pour la mesure de ces pratiques (Jung et al., 2001; Lefebvre souvent ni des instruments adéquats ni du personnel qualifié.
et al., 2003). La troisième raison est que l’homogénéisation de la méthode

Gestion · volume 34 / numéro 1 · Printemps 2009 73


de mesure permet d’établir un indice environnemental grâce relatifs au processus sont plus faciles à mettre en œuvre que
auquel l’entreprise peut se situer par rapport à d’autres dans le ceux relatifs au produit, ce qui conduit à la mise au point d’indi­
domaine de la protection de l’environnement. cateurs portant davantage sur le processus que sur le produit.
Une fois la méthode de mesure clarifiée, il y a lieu de s’inté­ Sur la base d’une revue de la littérature4, la composante
resser aux indicateurs portant sur les objectifs et les moyens. opérationnelle peut se diviser en cinq domaines, à savoir la
Pour ce qui est des objectifs environnementaux, trois indica- consommation d’eau, la consommation d’énergie, les rejets
teurs mesurent l’existence de ces objectifs, le degré de leur liquides, les rejets atmosphériques et les rejets solides.
réalisation ainsi que leur révision. Pour ce qui est des moyens,
Dans le cas du premier domaine, la consommation d’eau,
il s’agit de déterminer si les moyens octroyés à la gestion envi-
la plupart des études utilisent comme mesure la quantité
ronnementale sont fonction des objectifs environnementaux.
d’eau consommée par la firme5. La GRI (2006) considère que
Les responsables des entreprises sont dans ce cas incités à
la quantité d’eau consommée représente l’indicateur principal
exprimer leur degré d’accord avec les items proposés.
de ce domaine, et que d’autres mesures additionnelles exis-
Le tableau 1 récapitule les indicateurs proposés pour mesurer tent telles que la quantité d’eau recyclée. Ren (2000), par
la composante stratégique. exemple, propose la quantité d’eau nécessaire pour chaque
tonne de produit. Le projet MEPI affine davantage l’analyse en
La composante opérationnelle établissant le rapport entre la quantité totale d’eau consom-
La composante opérationnelle reflète l’aspect technique mée et l’effectif. Jung et al. (2001) considèrent que l’eau est
de l’activité économique des entreprises et se concentre une sorte de matière première et mesurent la quantité totale
essentiellement sur le processus de production. Cet aspect consommée. D’après ces études, il ressort que la quantité
est le plus visible pour les parties prenantes des entreprises, d’eau consommée représente le principal indicateur de ce
puisque les choix stratégiques sont concrétisés dans le pro- domaine. Pour avoir une représentation plus proche de la réa-
cessus de production et/ou dans le produit. lité, on peut faire appel à des indicateurs additionnels relatifs
La composante opérationnelle inclut deux types d’aspects : essentiellement au traitement des eaux usées.
les aspects relatifs au processus de production et ceux relatifs En ce qui concerne le deuxième domaine, la consomma-
au produit. Ces derniers sont rarement pris en considération tion d’énergie, la majorité des études le quantifie suivant le
dans la mesure de la performance environnementale étant secteur d’activité examiné qui fixe la nature de l’énergie à uti-
donné qu’ils comprennent des activités qui échappent partiel- liser. La quantité d’énergie utilisée sous ses différentes for-
lement au contrôle de la firme et qui sont surtout liées au cycle mes constitue la principale mesure de ce domaine (OIN, 2006;
de vie du produit, de l’extraction des matières premières Jung et al., 2001; GRI, 2006). Pour Wehrmeyer et al. (2001), la
jusqu’à la disposition finale. Certaines étapes du cycle de vie quantité d’énergie fossile utilisée peut représenter 57 % de ce
du produit ne peuvent être contrôlées par la firme. Si l’entre- deuxième domaine. Le projet MEPI évalue la quantité d’éner-
prise a la possibilité de maîtriser les étapes allant de la produc- gie totale consommée; de leur côté, Jung et al. (2001) font
tion à la réutilisation ou à la disposition, elle ne peut dans la appel à des indicateurs plus précis en mesurant les quantités
plupart des cas maîtriser les étapes relatives à la production d’électricité, de carburant et de gaz consommées dans leur
des matières premières. À titre d’exemple, les entreprises uti- étude réalisée sur les raffineries de pétrole. De même, Ren
lisant des matières premières à base d’énergie fossile ne peu- (2000) recourt à des indicateurs particuliers, à savoir les quan-
vent obtenir de l’information concernant les opérations de tités d’énergie thermique et électrique. En revanche, Doonan
forage servant de base pour le calcul des indicateurs. et al. (2005) se focalisent seulement sur l’utilisation par la
Au contraire, les aspects relatifs au processus comprennent firme d’autres types d’énergie, soit les énergies renouvelables.
les activités de production qui sont contrôlées par les entrepri- Puisque le coût des énergies non renouvelables, telles que
ses. Celles-ci peuvent maîtriser leur processus en le modifiant l’énergie fossile, ne cesse d’augmenter, certaines entreprises
au moyen de l’incorporation des technologies environnemen- se sont orientées vers d’autres formes d’énergies renouvela-
tales et/ou de l’utilisation de nouvelles matières premières bles, comme l’énergie éolienne, qui sont moins nocives pour
moins nocives. De ce fait, les indicateurs environnementaux l’environnement.
Tableau 1

Mesure de la composante stratégique de la performance environnementale

Domaines Indicateurs

Objectifs L’existence d’objectifs environnementaux


L’efficacité dans la réalisation des objectifs environnementaux
La révision périodique des objectifs environnementaux

Moyens Les moyens alloués à la gestion environnementale sont fonction des objectifs
environnementaux

74 Gestion · volume 34 / numéro 1 · Printemps 2009


Si la majorité des études mesurant la performance environ- cateurs mesurent l’impact des actions écologiques mises en
nementale s’accordent sur le fait que les quantités d’eau et œuvre sur les quantités d’externalités négatives générées de
d’énergie consommées sont les principaux indicateurs de même que sur les quantités d’eau et d’énergie consommées.
mesure, il n’en est pas de même pour les rejets. Les domaines
Bien qu’il soit possible de recourir à des données chiffrées
relatifs aux rejets proposent différents indicateurs, au point que
se rapportant aux quantités d’externalités négatives produites
plusieurs études mesurant la performance environnementale
et d’eau et d’énergie consommées qui permettent de se faire
établissent leurs propres indicateurs se rapportant au secteur
une idée plus objective, nous avons choisi de mesurer ces quan­
étudié. Cela est dû essentiellement à la multiplicité des types
tités en utilisant une échelle de Likert dans un souci d’homo­
de rejets liquides, atmosphériques et solides qui provient géné­
généisation des indicateurs de mesure afin d’obtenir un indice
ralement de la nature du processus de production étudié.
environnemental.
Pour ce qui est des rejets solides, les mesures les plus
utilisées sont la quantité de rejets solides générés et la quan- La composante relationnelle
tité de rejets solides recyclés6. Selon Wehrmeyer et al. (2001), Les résultats enregistrés par la composante opérationnelle
ces deux aspects sont les plus appropriés pour une étude conditionnent le comportement des parties prenantes. Une
comparative intersectorielle, puisqu’ils représentent jusqu’à partie prenante se définit comme un individu ou un groupe qui
70 % de ce domaine. Pour Jung et al. (2001), le premier aspect peut influencer la réalisation des objectifs de l’organisation ou
est relatif à l’extrant non désirable. Quant au deuxième indica- être influencé par elle (Freeman et Reed, 1983 : 91). Sur la
teur, il est relatif à l’extrant désirable. Plusieurs entreprises base de cette définition, les parties prenantes des entreprises
tentent aujourd’hui de recycler leurs déchets afin de les incor- peuvent être internes ou externes. Elles peuvent orienter les
porer dans le processus de production, ce qui réduit, d’une comportements des entreprises dans le sens de leurs inté-
part, la quantité de déchets générés et, d’autre part, la quan- rêts. En raisonnant ainsi, les entreprises ne sont plus guidées
tité de matières premières utilisées. Les deux indicateurs cités seulement par les actionnaires, mais aussi par d’autres parties
précédemment ne sont pas les seuls évoqués par la littéra- prenantes qui n’ont pas nécessairement les mêmes objectifs
ture. Lefebvre et al. (2003) s’intéressent aux efforts de la firme que les actionnaires. De plus, les objectifs des parties prenan-
concernant la réduction de la quantité d’emballage et l’établis- tes peuvent être contradictoires. Cela constitue une difficulté
sement des procédures de recyclage. La réduction de la quan- à surmonter pour les entreprises.
tité d’emballage ainsi que le recyclage s’inscrivent dans le cadre
de la maîtrise du cycle de vie du produit. Par conséquent, la Afin de mieux cerner les intérêts des parties prenantes, il
quantité de rejets solides ainsi que la quantité de rejets solides est utile d’identifier celles-ci. Henriques et Sadorsky (1999)
recyclés constituent les principaux indicateurs de ce domaine. proposent une classification en quatre groupes. Le premier
groupe inclut les parties prenantes disposant d’un pouvoir
Le tableau 2 récapitule les indicateurs de mesure de la
législatif, à savoir l’État, représenté le plus souvent par les
composante opérationnelle.
organismes gouvernementaux. Dans le deuxième groupe figu-
Les indicateurs de cette composante peuvent varier selon rent les parties prenantes ayant un impact sur les activités
la nature de l’activité de l’entreprise. Il est a priori difficile de économiques des entreprises, comme les clients, les fournis-
cerner tous les indicateurs environnementaux possibles. La seurs, les employés et les actionnaires. Le troisième groupe
nature des polluants produits conduit à définir les indicateurs est constitué par les organisations qui peuvent mobiliser l’opi-
adaptés. Cela constitue une preuve de la difficulté à aboutir à nion publique, comme les associations écologiques. Quant au
un modèle synthétique et standard de la mesure de la perfor- dernier groupe, il est formé par les médias.
mance environnementale.
Ces parties prenantes s’intéressent essentiellement aux
Dans ce modèle et afin qu’il soit possible pour les entrepri- rejets des entreprises (liquides, atmosphériques, solides) parce
ses de l’adopter, on utilise cinq indicateurs relatifs aux cinq que ce sont les aspects les plus apparents. À partir de ces
domaines déjà relevés au sein de cette composante. Ces indi- rejets, et à un degré moindre des quantités d’eau et d’énergie
Tableau 2

Mesure de la composante opérationnelle de la performance environnementale

Domaines Indicateurs

Les actions écologiques réduisent :

Consommation d’eau et d’énergie la consommation d’eau


la consommation d’énergie

Rejets liquides, atmosphériques et solides la quantité de rejets liquides


la quantité de rejets atmosphériques
la quantité de rejets solides

Gestion · volume 34 / numéro 1 · Printemps 2009 75


consommées, elles déterminent les pressions écologiques Dans leur modèle, Jung et al. (2001) soulignent que les
qu’elles exerceront. Le tableau 3 énumère certains types de pressions provenant de l’État sont surtout les pénalités (consé-
pressions en fonction des parties prenantes. quences financières) et les actions judiciaires (conséquences
Devant ces pressions potentielles susceptibles de compro- non financières). La présence des indicateurs liés aux pénali-
mette l’existence même des entreprises, celles-ci sont tenues tés procure davantage une information sur la performance
d’améliorer les résultats de la composante opérationnelle, environnementale d’une firme (Doonan et al., 2005; Tam et al.,
d’une part, et de diffuser l’information sur les résultats auprès 2006). En plus de leur nombre, la valeur de ces pénalités peut
des parties prenantes, d’autre part. Cette diffusion a pour constituer un indicateur de la performance environnementale
objectif d’influer sur les comportements de ces parties. La (Cohen et al., 1997; Tam et al., 2006). Le même objectif est
volonté de diffuser l’information dépend entre autres du pou- recherché par le projet MEPI, mais en se basant sur le nombre
voir des parties prenantes (Ullman, 1985). Des parties prenan- de non-conformités existantes dans les rapports environne-
tes menaçantes peuvent obliger les entreprises à améliorer mentaux des firmes. Cette revue de la littérature montre que
leurs aspects environnementaux et à les diffuser afin de réduire le nombre et le montant des pénalités représentent les princi-
toute menace. paux indicateurs utilisés dans l’évaluation des relations entre
l’entreprise et les pouvoirs publics. Bien entendu, d’autres
Afin de clarifier les propos d’Ullman (1985), Roberts (1992)
indicateurs peuvent s’ajouter afin de permettre de mieux éva-
constate que les entreprises qui s’exposent à de fortes pres-
luer ces relations.
sions gouvernementales et qui poursuivent l’objectif de réduire
celles-ci sont amenées à diffuser leurs résultats concernant La composante relationnelle, comme la composante opé-
leurs aspects sociétaux. Ces aspects sont assimilés dans la rationnelle, pose un problème de choix des indicateurs. Les
plupart des cas aux résultats environnementaux relatifs à la parties prenantes qui peuvent être prises en considération
réduction de la pollution (Ullman, 1985). De même, si les entre­ dans la mesure de la performance environnementale sont
prises ne réussissent pas à réduire leurs impacts environne- nombreuses. Aussi, chaque partie prenante possède ses pro-
mentaux, les pressions écologiques augmenteront, ce qui les pres formes de pressions écologiques et, par conséquent, ses
forcera à améliorer leurs résultats environnementaux. Dans propres indicateurs de mesure.
les deux cas, le résultat de la composante relationnelle condi-
tionnera la composante stratégique. Les entreprises révise- Les indicateurs adoptés pour cette composante au sein de
ront par conséquent leurs objectifs et leurs moyens pour qu’ils ce modèle cherchent à évaluer les pressions écologiques en
soient au moins conformes aux attentes des parties prenantes. provenance de six parties prenantes jugées menaçantes selon
la littérature, soit l’État, les associations écologiques, les clients,
Bien que le nombre des parties prenantes soit important, la les actionnaires, le personnel et les fournisseurs. De même,
plupart des études qui mesurent la performance environne-
des indicateurs additionnels sont employés pour évaluer l’inten­
mentale se sont intéressées essentiellement aux pouvoirs
sité des pressions de la part de l’État censé être la partie pre-
publics comme source de pressions écologiques7. La raison
nante la plus menaçante. Ces indicateurs sont relatifs aux
en est que, généralement, les pouvoirs publics exercent les
pénalités et aux inspections.
pressions les plus fortes par rapport aux autres parties prenan-
tes à cause du pouvoir qu’ils détiennent, pouvoir quasi absent Le tableau 4 énumère les indicateurs de mesure de la compo­
chez les autres. sante relationnelle.
Tableau 3

Sources et formes de pressions écologiques

Sources de pressions écologiques Formes potentielles de pressions écologiques

État Inspections et pénalités

Clients Exigence d’une labellisation environnementale


Boycottage du produit
Exigence d’une certification environnementale ISO 14001

Marché financier Exigence d’un rapport environnemental avant l’entrée à la bourse


Exigence d’un rapport environnemental périodique

Personnel Recours à la grève


Exigence d’installer des équipements de sécurité et de prévention

Associations écologiques et médias Campagnes de presse


Actions judiciaires

76 Gestion · volume 34 / numéro 1 · Printemps 2009


Tableau 4
Mesure de la composante relationnelle de la performance environnementale

Domaines Indicateurs

Les actions écologiques ont réduit :

Gouvernement les pressions gouvernementales


le nombre d’inspections gouvernementales
le nombre de pénalités

Associations écologiques les pressions de la part des associations écologiques

Clients les pressions de la part des clients

Actionnaires les pressions de la part des actionnaires

Personnel les pressions de la part du personnel

Fournisseurs les pressions de la part des fournisseurs

I Recommandations sur l’implantation leur processus de gestion. L’établissement de normes envi-


ronnementales, en l’occurrence la norme ISO 14001, n’est
du modèle de mesure
qu’un signe de cet intérêt dont l’objectif est d’améliorer la per-
Ce modèle de mesure de la performance environnementale formance environnementale des entreprises. S’il existe diffé-
propose une batterie d’indicateurs qui peuvent être utilisés rents modèles de mesure de la performance environnementale,
pour toute opération de mesure de la performance environne- ils sont difficilement utilisés par les entreprises. Cet article
mentale. Il importe d’énoncer certaines recommandations afin visait à proposer un modèle de mesure de la performance
que ce modèle puisse avoir une valeur ajoutée pour les entre- environnementale qui soit facile à utiliser par les entreprises et
prises : qui débouche sur un indice environnemental.

• Ce modèle doit s’adapter aux particularités de l’entreprise. L’élaboration de ce modèle s’est basée en premier lieu sur
Il utilise plusieurs indicateurs qui ne sont pas obligatoire- la mise au point d’une définition de la performance environne-
ment mis en œuvre dans leur totalité au cours de chaque mentale. Bien que les définitions soient nombreuses, aucune
opération de mesure. En effet, il est souhaitable avant chaque d’entre elles n’a été la cible de critiques. La multiplicité des
opération de mesure de repérer les indicateurs qui peuvent contenus donnés au concept de performance environnemen-
être employés. Par exemple, si l’entreprise ne génère pas tale et sa multidimensionnalité rendent difficile l’obtention d’une
de rejets liquides, il devient insensé de faire appel à l’indi- définition générique. Par la suite, et à partir de la définition
cateur mesurant ceux-ci. proposée, nous avons relevé les composantes et les indica-
teurs possibles de la performance environnementale issus de
• Ce modèle doit être adopté par tous les services. Ainsi, ce la littérature. Bien entendu, on doit utiliser ces composantes et
n’est plus seulement la direction ou le service de l’environ- ces indicateurs en respectant les conseils cités précédemment.
nement qui se charge de l’utiliser. Tous les services sont
concernés. Le manque d’information que connaît un ser-
vice le pousse à rechercher celle-ci auprès des autres ser-
Notes
vices. Cela permet la triangulation de l’information; ce modèle
de mesure se transforme alors en un outil de diagnostic 1. Voir Klassen et McLaughlin (1996), Cohen et al. (1997), Stanwick
environnemental interne. La discussion des résultats entre et Stanwick (1998), Wagner et Schaltegger (2004), Cole et al. (2008).
les services permet de réviser le modèle et de l’adapter 2. Voir Ilinitch et al. (1998), GRI (2006), Henri et Journeault (2008),
aux particularités de l’entreprise, d’où le passage d’une Perotto et al. (2008).

logique statique à une logique dynamique. 3. Le projet MEPI (Measuring Environmental Performance of Industry)
a été créé dans le cadre du quatrième programme sur l’environ-
• Il faut homogénéiser la période de mesure. En effet, il est nement et le climat mis en œuvre par la Commission européenne.
recommandé que les données collectées soient relatives à Ce projet réunit des chercheurs de plusieurs universités et de pays
une même période pour que les résultats obtenus soient différents (Royaume-Uni, Hollande, Italie, Autriche et Espagne) et
a pour objectif d’étudier les pratiques des entreprises industrielles
plus objectifs.
en matière d’évaluation de leur performance environnementale.
4. Voir Ren (2000), Jung et al. (2001), GRI (2006), Tam (2002).

i Conclusion 5. Voir Ren (2000), Jung et al. (2001), Tam (2002).


6. Voir Ren (2000), Wehrmeyer et al. (2001), GRI (2006).
La prise en compte des aspects environnementaux par la 7. Voir Cohen et al. (1997), Jung et al. (2001), Doonan et al. (2005),
société oblige les entreprises à incorporer ces derniers dans GRI (2006).

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