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Module : Electronique analogique 2 Niveau : 3ème année Aut/Elt

1. Amplificateurs de puissance

1. Classes de fonctionnement d'un amplificateur


Les amplificateurs de puissance sont des amplificateurs pour signaux forts, ils sont utilisés dans les basses
fréquences et les hautes fréquences. Ils se situent dans les étages terminaux pour haut parleurs et antennes
radiofréquences. Comme les amplificateurs à signaux faibles, pour leur conception, on les étudie dans le
régime statique et le régime dynamique.
Les classes de fonctionnement des amplificateurs électroniques sont un système de lettres utilisé pour les
caractériser. Ce classement assigne une lettre pour chaque schéma d’amplificateur électronique : classe A,
B, AB et C (et bien d'autres). Ces classes sont définies par :
- la façon de polarisation du transistor (position du point de repos Q) : si le point de repos est déplacé vers le
bas, un grand signal amène le transistor au blocage, et on obtient l'écrêtage dû au blocage. Dans le cas
contraire, si le point Q est déplacé vers le haut, un grand signal amène le transistor à la saturation, on obtient
alors un écrêtage par saturation. Les deux écrêtages sont indésirables car ils distordent le signal.
- la durée pendant laquelle le composant actif est utilisé lors de l’amplification. Cette durée est mesurée en
degrés ou en pourcentage (un maximum de 100% du signal sinusoïdal appliqué à l’entrée de l’amplificateur
ou de  = 360 degrés représentant l’angle de conduction pour un cycle complet).
- la proportion du signal d’entrée qui est utilisée par le composant actif pour arriver au signal amplifié, ceci
dépend de la position du point de repos Q :
- Classe A : la totalité du signal d’entrée (100 %) est utilisée ( = 360°) ;
- Classe B : la moitié du signal (50 %) est utilisée ( = 180°) ;
- Classe AB : plus de la moitié mais pas la totalité du signal (50 – 100 %) est utilisée (180° <  < 360°) ;
- Classe C : moins de la moitié (0 – 50 %) du signal est utilisée (0 <  < 180°).

De nombreux critères peuvent être pris en compte lors de la sélection d'un amplificateur. Les points
importants sont :
− la puissance de sortie.
− le rendement (rapport de la puissance utile dans la charge sur la puissance fournie par l’alimentation).
− la puissance maximale que peut dissiper l'élément actif.
− le gain (en tension, en puissance).
− la distorsion.
− la fréquence maximale de travail.

2. Amplificateur classe A
2.1. Caractéristiques
Ce sont les amplificateurs linéaires les plus fidèles, c'est-à-dire présentant le taux de distorsion harmonique
le plus faible. Leur rendement est toutefois tellement faible que leur usage est généralement limité aux
amplificateurs de très faible puissance. Le point de repos se situe approximativement au milieu de la droite
de charge. En fonction du signal à amplifier, il peut donc se déplacer de part et d'autre de ce point le long de

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la droite de charge. Tant que le signal de sortie n'est pas écrêté, le courant collecteur existe pendant la
totalité du cycle.

2.2. Principe
Un exemple d'amplificateur classe A est le montage émetteur commun déjà vu.

Vout

Le fonctionnement en classe A signifie que le transistor opère toujours dans la zone active et le courant
collecteur existe pendant la totalité du cycle (100% et  = 360°). Pour cela, on essaie de positionner le point
de repos Q au milieu de la droite de charge :
ICQ = ICsat / 2 et VCEQ = VCEb / 2 = VCC / 2.

De cette manière, le signal peut balayer la plus grande distance possible avant la saturation et le blocage qui
peuvent provoquer la distorsion.

2.3. Rendement
Lorsque le fonctionnement est idéal, le point de repos se situe au milieu de la droite de charge, on aura
l'expression du courant et la tension de repos :
𝑉𝐶𝐶 𝑉𝐶𝐶
𝐼𝐶0 = 𝑒𝑡 𝑉𝐶𝐸0 =
2𝑅𝐶 2

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Les signaux totaux vCE(t) et iC(t) sont constitués de la polarisation à laquelle se superpose le signal alternatif
à amplifier. Donc, nous savons que tout signal périodique peut se décomposer en un signal continu constitué
de sa valeur moyenne et d'un signal alternatif à valeur moyenne nulle, on peut écrire :

vCE(t) = VCE0 + vce(t) = VCE0 + vcem.sin(t) et iC(t) = IC0 + ic(t) = IC0 + icm.sin(t)

- En l'absence de la charge RL, la puissance dissipée dans la charge (résistance RC) se calcule ainsi :
𝑇 𝑇
1 1
𝑃 = ∫ 𝑃(𝑡)𝑑𝑡 = ∫ 𝑣𝐶𝐸 (𝑡). 𝑖𝐶 (𝑡)𝑑𝑡
𝑇 𝑇
0 0
𝑇 𝑇 𝑇 𝑇
1 𝑉𝐶𝐸0 𝐼𝐶0 1
= ∫ 𝑉𝐶𝐸0 . 𝐼𝐶0 𝑑𝑡 + ∫ 𝑖𝑐 (𝑡)𝑑𝑡 + ∫ 𝑣𝑐𝑒 (𝑡)𝑑𝑡 + ∫ 𝑣𝑐𝑒 (𝑡). 𝑖𝑐 (𝑡)𝑑𝑡
𝑇 𝑇 𝑇 𝑇
0 0 0 0
𝑣𝑐𝑒𝑚 . 𝑖𝑐𝑚 𝑣𝑐𝑒𝑚 . 𝑖𝑐𝑚
= 𝑉𝐶𝐸0 . 𝐼𝐶0 + 0 + 0 + = 𝑉𝐶𝐸0 . 𝐼𝐶0 + = 𝑃𝐷𝑄 + 𝑃𝑢
2 2

Le terme, PDQ = VCE0.IC0, représente la puissance dissipée au point de polarisation, en l'absence du signal
appliqué à l'ampli. Le terme restant est la puissance utile, Pu, due aux variations de tension et de courant aux
bornes de la charge.

- En fonction de la charge, la puissance de sortie est donnée en fonction de la valeur efficace de la tension de
sortie fournie à la charge :
2 2
𝑣𝑐𝑒𝑓𝑓 𝑣𝑐𝑒𝑚
𝑃𝑢 = =
𝑅𝐶 2𝑅𝐶

Pour comparer les performances des différentes classes, on utilise le rendement défini par :
𝑃𝑢
𝜂= × 100%
𝑃𝐷𝐶

Pour le calcul du rendement, on néglige la puissance du signal d'entrée, qui est inférieure de plusieurs ordres
de grandeurs aux autres puissances. Ce rendement est défini par le rapport de la puissance alternative
recueillie à la sortie divisée par la puissance continue fournie au montage. Plus le rendement est élevé, plus
la transformation de la puissance DC en puissance AC est importante ; un bon rendement signfie une longue
durée de focntionnement autonome.

En classe A, le rendement maximum correspond à l'excursion maximale du signal d'entrée, c'est lorsque vcem
et icm sont maximaux, c'est-à-dire pour :
𝑉𝐶𝐶 𝐼𝐶𝑠𝑎𝑡 𝑉𝐶𝐶
𝑣𝑐𝑒𝑚 = 𝑉𝐶𝐸0 = 𝑒𝑡 𝑖𝑐𝑚 = 𝐼𝐶0 = =
2 2 2𝑅𝐶
la puissance utile devient :
𝑣𝑐𝑒𝑚 . 𝑖𝑐𝑚 𝑉𝐶𝐸0 . 𝐼𝐶0 𝑉𝐶𝐶 . 𝐼𝐶0
𝑃𝑢 = = =
2 2 4

Si pour un type de montage de polariation on a IC = IDC, le rendement max d'un amplificateur de puissance
classe A sera égal à :
𝑃𝑢 𝑉𝐶𝐶 . 𝐼𝐶0
𝜂𝑚𝑎𝑥 = × 100% = × 100% = 25%
𝑃𝐷𝐶 4𝑉𝐶𝐶 . 𝐼𝐶0

Le rendement peut être maximal seulement si le point Q est centré sur la droite de charge statique.
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Pareil au montage émetteur commun, on peut utiliser l'amplificateur émetteur suiveur ou base commune.
Les calculs sont identiques.

Exemple : Considérant l'amplificateur ci-dessus avec la chare RL. L'amplitude crête de la tension de sortie
Vout est Vpp = 18V et l'impédance d'entrée de la base h11 = 100 , calculer le gain en puissance et le
rendement en %.
En utilisant le schéma équivalent en régime dynamique, on aura :
- la puissance AC à l'entrée est :
2
𝑉𝑖𝑛(𝑝𝑝) (200. 10−3 )2 0,04
𝑃𝑖𝑛 = = = = 133,67 𝜇𝑊
8𝑍𝑒 8 × 37,4 8 × 37,4
où Ze impédance d'entrée :
Ze = h11 // R1 // R2 = 37,4 
- la puissance AC à la sortie est :
2
𝑉𝑜𝑢𝑡(𝑝𝑝) (18)2
𝑃𝑜𝑢𝑡 = = = 225 𝑚𝑊
8𝑅𝐿 8 × 180
- le gain en puissance vaut :
𝑃𝑜𝑢𝑡 225000
𝐴𝑝 = = = 1683,25
𝑃𝑖𝑛 133,67

Pour le rendement, on doit calculer la puissance DC fournie par l'alimentation :


- le courant total IDC vaut : IDC = IC0 + I1
- le courant collecteur est :
𝑉𝐶𝐶 − 𝑉𝐶𝐸0 𝑉𝐶𝐶 − 𝑉𝐶𝐶 ⁄2 𝑉𝐶𝐶
𝐼𝐶0 = = = = 125 𝑚𝐴
𝑅𝐶 𝑅𝐶 2𝑅𝐶
- le courant dans R1 est :
𝑉𝐶𝐶
𝐼1 ≈ 𝐼2 = = 53,76 𝑚𝐴 ( 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝐼𝐵 ≪ 𝐼2 )
𝑅1 + 𝑅2
Donc :
IDC = IC0 + I1 = 125 + 53,76 = 178,76 mA
- la puissance DC vaut :
PDC = VCC  IDC = 30  178,76 = 5,363 W
- Enfin, le rendement est égal à :
𝑃𝑜𝑢𝑡 0,225
𝜂= × 100% = × 100% = 4,2 %
𝑃𝐷𝐶 5,363

3. Amplificateur classe B
3.1. Caractéristiques
Appelés aussi amplificateurs symétriques ou push-pull, cela signifie que l'un des deux transistors conduit
pendant que l'autre est bloqué et réciproquement. Donc, le transistor de l’amplificateur de puissance classe B
conduit une alternance sur 2 et pour l’autre alternance il est bloqué. Le courant collecteur existe pendant
seulement 180° du cycle AC. Son point de repos est situé au point de blocage de la droite de charge
dynamique.
L’étude statique et dynamique sont les mêmes que pour ceux des amplificateurs de puissance classe A. Il
existe des amplificateurs de puissance classe B à émetteurs suiveurs ou collecteur commun, à émetteurs
commun et à transformateurs.

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3.2. Principe push-pull
Le circuit suivant illustre une manière de réaliser un push-pull classe B à émetteurs suiveurs en utilisant un
transistor NPN et un transistor PNP montés en circuit push-pull.

Avec les deux transistors montés ensemble et débitant sur la même charge RL, le montage global devient :

Dans le circuit équivalent en continu, les résistances de polarisation sont identiques et sont choisies pour
positionner le point de repos Q au blocage, donc théoriquement : ICQ1 = ICQ2 = ICQ = 0.

Chaque diode émetteur est polarisée avec la même tension. Par conséquent, la moitié de la tension
d'alimentation est appliquée sur les bornes collecteur-émetteur de chaque transistor, ce qui donne :
𝑉𝐶𝐶
𝑉𝐶𝐸𝑄1 = −𝑉𝐶𝐸𝑄2 = 𝑉𝐶𝐸𝑄 =
2

Les transistors T1 et T2 sont choisies complémentaires, ils ont les mêmes caractéristiques d’entrée et de
sortie. Donc la tension de blocage à leurs émetteurs est égale aussi à VCC/2 par symétrie :

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Pour l’étude dynamique, l'étude consiste à considérer seulement le schéma équivalent d’un seul transistor
car l’autre transistor ne conduit pas, donc considéré comme s’il n’existait pas. Si suppose que T1 conduit et
T2 bloqué, on aura :

Avec : re = RL // 1/h22.

3.3. Distorsion par recouvrement


Le signal aux bornes de la charge RL n’est pas tout à fait sinusoïdal, car pour qu’un transistor bipolaire se
mette à conduire il faut que la tension entre la base et l’émetteur soit au moins égale à 0,6 V due à la diode
base émetteur. Or, on voit que les tensions aux bornes des 2 diodes émetteurs des 2 transistors sont nulles
c’est pour cela qu’on a l’allure d'une tension de sortie pseudo-sinusoïdale. Ce phénomène est appelé
distorsion de recouvrement.

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Distorsion par
recouvrement

Pour surmonter ce problème on utilise 2 diodes pour augmenter le potentiel à la base du transistor T1 de 0,6
V et descendre le potentiel du transistor T2 de 0,6 V.

Maintenant qu’on a réglé le problème de la distorsion de recouvrement en polarisant les diodes émetteurs
des transistors, le point de repos Q se trouve légèrement déplacé du point de blocage, donc ICQ  0.

Cependant, le problème est comment calculer la valeur des courants collecteurs ICQ1 et ICQ2 ?

Pour cela considérant le circuit en régime statique :

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qui devient

En effet, on a :
I1 = ID1 + IBQ1 & I2 = ID2 + IBQ2
Le courant dans les deux diodes est le même :
ID1 = ID2 = ID
Le courant dans les 2 émetteurs est le même :
IEQ1 = IEQ2 = IEQ
Donc,
ICQ1 = ICQ2 = ICQ  IBQ1 = IBQ2 = IBQ
et I1 = I2 = I

Puisque les diodes D1 et D2 ont les mêmes caractéristiques des diodes émetteurs des transistors T1 et T2,
alors :
ID1 = IEQ1 = ID & ID2 = IEQ2 = ID
En plus, si on néglige IBQ1 devant ID1 et IBQ2 devant ID2, on aura :
I  ID  IEQ  ICQ

De cette équation, on obtient un effet bien particulier qui s’appelle effet miroir, car en connaissant la valeur
du courant I qui traverse les 2 résistances R on peut connaitre la valeur du courant de repos ICQ des
transistors de puissance classe B, et qui vaut :
𝑉𝐶𝐶 − 1,2
𝐼= ≈ 𝐼𝐶𝑄
2𝑅

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