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M. Michel, REDDÉ
Spécialité Directeur d’études, EPHE Directeur de thèse
Méthodes de l’histoire et de
l’archéologie
Table des matières
Introduction générale 3
Remerciements 9
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4. Les publics et publics cibles : scolaires et non scolaires 192
Abréviations 578
État des sources et bibliographie 578
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Introduction générale
Ce mémoire porte sur la présentation scientifique et raisonnée de la collection archéologique
des monuments funéraires de Metz, cité des Médiomatriques, du Ier au IIIe siècle, conservée au
musée de La Cour d’Or. Les informations à disposition et la muséographie sont anciennes pour
la plupart, elles nécessitaient d’être repensées et de s’appuyer sur des connaissances historiques
et archéologiques renouvelées, mises à jour au vu des recherches récentes. Une telle approche
spécifique concernant le lapidaire n’avait pas été menée jusqu’à présent.
Pourtant les monuments et les blocs ne sont pas toujours exposés de la meilleure manière dans
le parcours du musée de La Cour d’Or. Deux constats essentiels amènent à cette conclusion. Le
manque d’informations basées sur une étude scientifique sérieuse et poussée ne permet pas de
déterminer quelles sont les pièces intéressantes à exposer. Les études disponibles sont anciennes.
Certains paradigmes sont obsolètes. Cependant, ces documents ont l’avantage indéniable de
décrire les pierres dans un état antérieur qui était plus complet.
Présenter les œuvres majeures signifie identifier les monuments particulièrement importants
ou rares, pourvus d’un décor remarquable ou d’une inscription singulière. Ceux dont la
thématique est essentielle pour comprendre les valeurs prônées par les gallo-romains de Metz
et leur vie quotidienne seront à mettre en exergue. Des monuments d’aspect simple peuvent
aussi apporter des informations nouvelles, auxquelles personne n’avait prêté attention ou qui
étaient mal connus. Le terme « d’œuvre majeure » ne se limite donc pas à l’aspect esthétique.
Pour comprendre l’état de la recherche sur le corpus de monuments funéraires messin, une
historiographie des principales études disponibles est nécessaire.
La France a bénéficié, au début du XXe siècle, d’un ensemble de recueils de qualité, encore
consultés de nos jours. Il s’agit notamment du Corpus inscriptionum latinarum, volume XIII
(C.I.L. XIII), paru en 1913, pour le domaine épigraphique et du Recueil des bas-reliefs, sculptures
et statues de la Gaule romaine d’É. Espérandieu. Le tome V est paru en 1907. Ces entreprises ont
été poursuivies par la création de L’Année Epigraphique (A.E) ou des publications spécialisées
dans des revues telles que Gallia. Le Nouvel Espérandieu reprend l’ancienne série. Le prochain
tome dédié à Metz est prévu pour 2020.
On doit encore citer le travail de M. Toussaint sur les inscriptions, mais leur relevé s’avère
parfois inexact. L’une des premières références localement employées en matière de littérature
savante a longtemps été La tombe gallo-romaine de J.-J. Hatt, publiée en 1951, mais cet ouvrage
ancien souffre aujourd’hui d’une vision anachronique de la Gaule.
Le département de la Moselle entretient des liens étroits avec l’Allemagne. La proximité
géographique joue un rôle important dans les relations bilatérales. Une culture commune très
ancienne ressort de ce cousinage, déjà très sensible dans l’Antiquité.
Historiquement, une première annexion est entérinée le 10 mai 1871 par le traité de
Francfort. La seconde de 1940 n’a jamais été ratifiée officiellement. Justement, les principales
découvertes archéologiques qui ont fait l’objet de publications complètes dans des recueils au
début du XXe siècle concernant le corpus messin datent de l’occupation. Il faut alors se tourner
vers le Jahrbuch, tome XV et XVI, une précieuse mine d’information en langue allemande
exclusivement.
3
Malgré les guerres, une bonne entente et une optique d’échanges ont rapidement pris le
pas. Il en résulte que des recueils de sculptures tels que le Corpus Signorum Imperii Romani
(C.S.I.R.) entrepris dans le cadre d’un programme international ou le Lupa-Datenbank peuvent
être consultés pour établir les comparaisons nécessaires. Ils sont relativement pertinents
concernant le corpus messin ; de plus des versions en lignes ont été mise à disposition des
chercheurs. Or, nous avons constaté dans les ouvrages de la bibliothèque du musée comprenant
les études menées dans les années 1970-2010 que, côté français, le parallèle n’avait pas été fait.
Les études comparatives ou centrées sur les monuments funéraires messins sont surtout le fruit
de travaux d’étudiants. Ceux-ci sont ciblés localement et soulèvent quelques problèmes. Aucun
ne lie étude épigraphique et iconographique alors que ces deux pans sont complémentaires pour
évaluer une datation relative.
Parmi les chercheurs allemands, Y. Freigang a apporté une contribution importante en
démontrant le lien ténu entre les monuments et l’archéologie. Ses travaux dont “Die Grabmäler
der Gallo-römischen Kultur im Moselland, Studien zur Selbstdarstellung einer Gesellschaft”,
et « Les stèles funéraires de Metz, Ilot Saint-Jacques : une nouvelle approche de la datation de
la sculpture en pays mosellan », méritent d’être cités. Néanmoins son projet de datation fine
notamment par la coiffure s’est révélé peu probant car les monuments concernés sont rares.
H. Rose a quant à elle exploré la thématique des métiers. Sa contribution Vom Ruhm des
Berufs : Darstellungen von Händlern und Handwerkern auf römischen Grabreliefs in Metz,
publiée en 2007, fait référence. Elle montre dans son étude que les reliefs funéraires sculptés font
ressortir la fierté qu’ont les habitants à se faire représenter en montrant leur famille, leur métier.
La réussite financière prime. Il est néanmoins certain que la population locale se démarque de
celle de Rome et ne se fie pas aux considérations d’intellectuels tels que Cicéron, méprisants
envers les métiers manuels et le travail en général. Cette bibliographie doit être complétée
aujourd’hui par des ouvrages d’envergure tels que Grabbauten des 1.-3. Jahrhunderts in den
nördlichen Grenprovinzen des Römischen Reiches, de M. Scholz, paru en 2013.
Pour parvenir à valoriser cette collection messine, à l’aide de l’étude réalisée, nous avons
adopté une méthodologie particulière. La constitution d’un corpus étant nécessaire, celui-ci a
été volontairement limité et raisonné. Le discours muséal est ainsi centré autour de la ville de
Metz et de son évolution à travers les siècles. Les pierres sépulcrales étudiées proviennent donc
de plusieurs sites de Metz et de Montigny-lès-Metz, où elles ont été découvertes en remploi.
Les monuments sont sculptés dans du calcaire. La limite géographique impartie comprend : le
lieu-dit de la Horgne-au-Sablon, la Lunette d’Arçon et l’îlot Saint-Jacques. Viennent ensuite
le centre-ville, la Citadelle, Montigny-lès-Metz, les Sablière Disler et Bidinger. Montigny-lès-
Metz et Metz sont en réalité accolées. Les fouilles préventives de Marly engagées en 2009 sont
exclues car Marly est excentrée ; de plus trop peu monuments ont été mis au jour pour fournir
une étude comparative viable. Ce sont sept stèles aniconiques à décors de plantes ou de peltes.
Certaines salles actuelles présentent un mélange de monuments de diverses régions, dont les
stèles-maisons vosgiennes en grès rose, ce qui conduit à une certaine confusion. Le but de cette
nouvelle étude est donc aussi de replacer des bornes géographiques cohérentes.
Les bornes chronologiques du sujet sont soumises à l’introduction de la pierre sépulcrale
comme marqueur de la tombe, dès le Ier siècle de notre ère, avant que cette pratique ne se répande
à partir du IIe siècle sur ce territoire. Durant ces deux siècles, les habitants de Divodurum/
Metz pratiquaient exclusivement la crémation bien que crémations et inhumations aient été
autorisées.
Ce choix de la population s’explique en partie grâce à des données archéologiques. Une
quinzaine de crémations datant du IIIe siècle avant notre ère ont été découvertes sur la colline
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Sainte-Croix1 à Metz. Seule une autre nécropole, toujours à incinération, a été mise au jour à
Woippy, Cette pratique est donc perçue comme dominante.
La nouveauté provient de l’adoption du monument funéraire. Il s’agit là d’une pratique
italienne d’abord introduite par l’intermédiaire de l’armée, dont une (voire deux) légion était
basée à Mayence. Sculpter une stèle funéraire ou graver une inscription ne faisait pas partie
des usages locaux, d’autant que la langue gauloise n’avait pas d’écriture propre. Le langage
iconographique a également été emprunté aux Romains. La population de Divodurum a su
s’approprier les thèmes qui correspondaient à ses valeurs. À compter du milieu du IIIe siècle,
l’inhumation remplace peu à peu ce mode d’ensevelissement. Le monument funéraire a muté
avec le christianisme, mais son usage n’a pas pris fin.
Comme nous l’avons dit, la présente étude a pour point de départ une collection bien définie
et relativement fournie. Ce sont les monuments funéraires gallo-romains de Metz. Cela signifie
que les 56 monuments issus d’autres provenances (Hérapel, Hagondange, Fontoy, Soulosse,
Arlon, Neuve-Grange, Betting, Hultehouse, Saint-Louis et Tarquimpol) et conservés au musée
ont été volontairement écartés, sachant que la totalité est tout de même connue. Une seconde
sélection a encore réduit ce nombre à 113 monuments parmi les 351 recensés. Du point de vue
de l’exposition du lapidaire, l’espace de présentation disponible est limité. Le musée comprend
46 salles dont 16 sont réservées au parcours gallo-romain, qui comprend les thermes in situ.
Actuellement 70 monuments du lapidaire sont exposés. Il était compliqué et inutile d’en ajouter
beaucoup plus. Surcharger le parcours de blocs funéraires finirait aussi par lasser le visiteur.
La profusion et la mise en valeur sont deux choses distinctes. De plus, les monuments doivent
répondre à un état de conservation suffisant pour garantir leur sécurité. Il s’agissait donc de
s’arrêter sur le meilleur compromis possible en intégrant tous ces paramètres.
Différents problèmes étaient connus avant même l’élaboration du parcours. D’autres sont
apparus au fur et à mesure de la rédaction et de l’avancée des recherches.
Le premier, non négligeable était l’accès aux blocs des réserves extérieures en 2014. Les
monuments massifs ont été entreposés dans une cour durant de longues années. Les plus
anciens l’ont été depuis l’époque de J.-B. Keune2. La pluie, le froid et les mauvaises conditions
de stockage en ont érodé certains. La polychromie a disparu. L’apparition de mousse avait
recouvert la pierre. Certains blocs étaient retournés dans des positions ne permettant pas de les
reconnaître ni de les décrire. Cela dit, le déplacement d’une telle collection restait compliqué,
d’une part à cause du coût engendré, d’autre part à cause des précautions à prendre et du
matériel de levage adapté. Ces deux dernières années, de gros efforts ont été réalisés afin de
mettre à l’abri les monuments entreposés dans cet espace qui les mettait en danger. Le musée
a fait l’acquisition d’un ancien bâtiment militaire du plateau de Frescaty vers lequel ils ont
été acheminés. L’opération devrait s’achever en 2020. Cependant, lors de la constitution du
corpus, il a été nécessaire d’opérer une reconnaissance des blocs assez fastidieuse à l’aide de
photographies anciennes, d’archives ou de relevés d’inscriptions. Ce problème d’iconographie
d’ailleurs, en noir et blanc, nous a amenée à reprendre une campagne photographique des
monuments atteignables.
Le second problème est en lien avec le parcours permanent.
1 J. Trapp, Atlas historique de Metz, Metz, Éditions des Paraiges, 2013, p. 26.
2 J.-B. Keune (1858-1937) a été le premier directeur des musées de Metz, à la suite de l’annexion de l’Al-
sace-Moselle à l’Empire allemand en 1870. Grâce à lui et à son appartenance au monde scientifique, les musées
bénéficient des avancées allemandes en matiére d’archéologie et de recherches.
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Pour Keune, homme du début du XXe siècle, la diffusion scientifique primait. Il ne se souciait
pas de la muséographie au sens contemporain du terme, fait parfaitement normal à son époque.
Il a laissé de nombreux témoignages et carnets calligraphiés utiles.
L’héritage le plus prégnant reste celui de G. Collot3. Il a déployé un parcours muséographique
complet en 1980. Trente-cinq salles ont été ajoutées. En plus de la section gallo-romaine, le
projet fini englobait la période médiévale et les beaux-arts. Son approche était innovante pour
son époque. Spécialiste d’histoire de l’art, G. Collot imaginait un musée labyrinthique qui
déstabilisait le visiteur et le plongeait dans un espace théâtralisé. Malheureusement, Collot
a aussi fait bétonner certains monuments dans les murs lors des travaux et figé une partie du
parcours, ce qui complique son exploitation de nos jours.
Les connaissances historiques et paradigmes ont aussi changé. Une partie des informations
mises alors à la disposition du visiteur sont encore utilisées, faute de temps et de moyens.
Le conservateur responsable du département d’archéologie, sous la direction du chef
d’établissement, a prévu une nouvelle muséographie générale. Des améliorations ponctuelles
ont été progressivement intégrées dans cette muséographie ancienne, par phases espacées
parfois de plusieurs années.
La thèse présentée ici s’articule particulièrement bien à ce projet. Elle a pour avantage de
s’appuyer sur un temps de recherche long et documenté. Elle permet aussi de pouvoir réfléchir
à un parcours en s’affranchissant des contraintes pour ne pas s’auto-limiter immédiatement en
se tournant vers la première solution viable et économique, même si cette question sera traitée
dans un second temps.
Ces différents problèmes rencontrés justifient que ce mémoire adopte le plan suivant :
Le tome I est consacré à l’étude scientifique des notices présentées dans le tome III. Il se
divise en quatre chapitres.
Le premier chapitre traite de la topographie funéraire. Il débute par l’histoire et
l’historiographie des fouilles. Le contexte archéologique demeure lacunaire car les méthodes de
fouilles anciennes n’étaient pas encore établies et codifiées. Les découvertes se sont échelonné
majoritairement entre 1897 et 1975. Durant cette période, l’archéologie préventive telle qu’elle
est connue aujourd’hui n’existait pas encore. Les relevés étaient peu précis, la terre environnant
les objets n’était pas prélevée ni analysée. Malgré tout, il est possible de brosser un portrait des
sites et des monuments mis au jour. Grâce à la documentation écrite, dont les carnets de fouilles
tenus par J.-B. Keune et la C.A.G, nous tenterons de déterminer s’il existe des regroupements
de monuments équivalents. La provenance supposée de la pierre utilisée a aussi été remise en
question.
Le chapitre deux est centré sur l’étude des monuments du corpus. Leur typologie et leur
introduction à Divodurum démontrent une acculturation à la romanité. La cité se rattache à
la Gaule Belgique. Nous tenterons donc de comprendre quels ont été les choix retenus par
population locale. Le savoir-faire des lapicides était certes limité et parfois maladroit, mais leur
façon de décorer une stèle n’était pas anodine. Les types d’inscriptions, le style qui se dégage
sont des indices qui permettront peut-être de valider une datation ou une période de fabrication.
Le fait d’inclure dans cette réflexion les monuments modestes, généralement éliminés à cause
de leur simplicité, apporte au contraire une richesse comparative complémentaire. Nous verrons
également si des ateliers de sculpture locaux ont exercé leur activité à Metz.
3 G. Collot (1927-2016) a été conservateur des musées de Metz de 1957 à 1987. Fils de peintre et lui même
artiste, il a consacré un mémoire d’histoire de l’art à É. Cournault. Il était fortement lié à l’École de Paris et aux
Salons. Il est à l’origine de l’ouverture de 35 nouvelles salles des musées de Metz et de leur muséographie auda-
cieuse pour l’époque.
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Le chapitre trois s’attache à comprendre les informations que l’on peut extraire des monuments
funéraires sur la société messine. Le statut social, les noms et les liens interpersonnels sont-ils
significatifs ? Autrement dit, nous pouvons nous demander comment se présente le défunt sur
son tombeau. La nature du lien entre dédicant et défunt a été étudiée afin de comprendre les
modes de financement de la tombe. L’anthroponymie bénéficie d’un cumul de connaissances
actuellement renouvelées par des progrès sur les langues celtiques. Les indications épigraphiques
sur les origines géographiques et culturelles, celles de l’iconographie sur les modes en usage
donnent aussi un bon aperçu de la mixité sociale. Le fonctionnement et l’articulation de la
fabrication des noms doivent pour cela être décomposés puis comparés dans des statistiques.
Par ailleurs, les épitaphes et l’iconographie font ressortir une population laborieuse aux métiers
divers.
Enfin, le dernier chapitre, sous forme de courte synthèse, replace Metz dans un cadre plus
large, régional et provincial.
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Dans notre étude, la conservation préventive a été traitée en premier lieu. La présentation
muséographique entrevue a été déclinée selon deux formats. Le premier doit être considérée
comme un « choix optimal ». Il est techniquement et budgétairement irréalisable en l’état des
possibilités, mais il ouvre le champ des possibles. Il permet de créer un parcours sans se brider
en pensant uniquement à la solution qui serait la meilleure option possible pour valoriser la
collection auprès des publics. Ce « choix optimal » est suivi de la présentation d’un parcours plus
réaliste, dans lequel les contraintes actuelles - techniques et financières - sont bien présentes.
Les murs porteurs, le poids des monuments par exemple sont des impondérables. Dans chaque
cas, la muséographie a été détaillée salle par salle, selon un parcours de visite fléché. Un modèle
graphique en 3D permet de suivre les changements opérés. Le chapitre se termine par une
prévision budgétaire permettant d’estimer globalement le coût des changements à engager.
Le tome III possède une structure différente des deux autres tomes. Il est composé de notices.
Numérotées de 001 à 113, ces fiches sont relativement complètes. Il s’agit d’un matériau d’étude
incontournable qui a permis d’entreprendre l’ensemble des recherches. Achevé le premier, il
est pourtant présenté en dernier car les deux premiers tomes s’appuient l’un comme l’autre
sur celui-ci. Comme nous l’avons mentionné, ce corpus diffère des recherches précédemment
menées par les étudiants et les chercheurs. Il relie épigraphie et sculpture pour apporter plus de
précision dans les datations. Toutefois, celles-ci restent souvent floues par manque d’indices
et il convient de rester relativement prudent. Ces notices sont plus développées que les fiches
éditées par Y. Freigang, en langue allemande, car une description complète était nécessaire.
Pour finir, les annexes et les métadonnées complètent ces trois tomes. Les métadonnées ont
été ajoutées en dernier lieu. Elles sont un supplément non indispensable à la compréhension des
autres volumes, mais donnaient la possibilité aux lecteurs de consulter des notices simplifiées
de l’ensemble des monuments funéraires théoriquement entrés dans la collection du musée de
La Cour d’Or.
Ces recherches présentées dans ce mémoire sont donc assez spécifiques car elles visent à
montrer l’apport de l’histoire et de l’archéologie à la muséographie et sa plus-value scientifique.
Les deux sont interconnectés, ce qui justifie une réflexion en partie double.
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Remerciements
Cette thèse est le fruit de longues recherches. Elles se sont révélées plus chronophages que
prévues. Il n’a en effet pas été simple de combiner un travail à temps plein de trente-neuf heures
par semaine, avec lectures et rédaction. Un décès entre-temps est venu encore compliquer cette
entreprise. Ma mère défunte en 2019 n’aura pas l’occasion de voir l’aboutissement de cette
recherche. Mon père le pourra peut-être à quatre-vingt-dix ans. Ayant arrêté l’école à dix ans à
cause de la Seconde Guerre mondiale, il en sera certainement heureux.
Je souhaitais dédier cette thèse à une personne qui m’a toujours poussée et encouragée à aller
plus loin, malgré tout, Rénilde Lecat.
Ce travail n’aurait sans doute jamais été mené à son terme sans le suivi, la rigueur, les conseils
et la bienveillance de mon directeur, M. Reddé, professeur à l’EPHE Paris. J.-N. Castorio et
F. Queyrel m’ont fait l’honneur de participer aux comités de soutien de thèse durant toutes ces
années. Leur passion pour la recherche et leur métier, leurs connaissances, constitue un exemple
inspirant pour tous. Je voudrais leur exprimer à tous trois ma profonde gratitude.
Je voulais aussi remercier les chercheurs et archéologues qui nous ont transmis des
informations qui se sont révélées précieuses au moment où de la rédaction de cette thèse de
doctorat : J.-D. Lafitte, archéologue à l’INRAP, connaisseur en types de roches, et K. Kazek,
également conservateur au musée de La Cour d’Or. Ses théories sur un aurige sculpté étaient
correctes. J’ai contracté une dette particulière à l’égard de Joëlle qui a entrepris la relecture de
l’ensemble de ce travail.
Merci à J. Kaurin qui m’a permis de participer à son projet de recherche commun. Les
informations que nous avons récoltées ont été une base précieuse pour la suite de cette étude.
Plus largement, je voudrais remercier tous ceux qui m’ont accompagnée et soutenue. Les
collègues, dont Anne, qui ont accepté des surcharges passagères de travail et de décaler leurs
projets. Cette période a été pour eux un sacrifice. Merci à Mathieu d’avoir vécu durant près de
six ans sans partir en weekend, sans vacances, excepté des visites de musées…
Merci aussi à P. Brunella, Directeur du musée de La Cour d’Or, Céline qui est adorable, C.
Olivier, E. Mourey, et tout le personnel. Merci à Ariane avec laquelle j’ai débuté cette carrière
il y a maintenant dix ans et qui aime toujours autant la diffusion culturelle.
Merci à tous.
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Préparée à l’École Pratique des Hautes Études
VOLUME I
Étude du matériel
M. Michel, REDDÉ
Spécialité
Directeur d’études, EPHE Directeur de thèse
Méthodes de l’histoire et de
l’archéologie
I. La topographie funéraire de Metz
Explications liminaires
Les monuments sélectionnés dans le corpus sont issus de différents sites messins (Annexe 2
: Carte générale des fouilles). Les découvertes fortuites comme les chantiers de fouilles ont
considérablement enrichi les collections depuis des siècles. Dès 1513, les premières découvertes
archéologiques de pierre sépulcrales gallo-romaines sont mentionnées dans la chronique de
Philippe de Vigneulles5 et marquent le début d’une longue série (Notice n° 021). C’est surtout à
partir du XVIIIe siècle, avec les découvertes de Pompéi et d’Herculanum, qu’un regain d’intérêt
pour l’Antique devient manifeste. À ce titre, les moines bénédictins, Dom Tabouillot et Dom
François, ont laissé des écrits et des dessins sur les éléments mis au jour durant la seconde
moitié du XVIIIe siècle dont certains ont été perdus depuis. La bibliothèque du Musée de La
Cour d’Or conserve dans ses murs un exemplaire de son ouvrage : L’Histoire générale de Metz
par des religieux Bénédictins de la Congrégation de Saint-Vanne. En observant les planches
d’illustrations, une production de dessins mêlée d’imaginaire, où la rigueur scientifique n’est
pas encore acquise, se remarque rapidement.
Les monuments dispersés dans le secteur du Sablon (Notices n° 005, 052, 056, 070, 085,
088 et 107) ont justement été découverts quelques temps auparavant, plus précisément en 1733,
les autres plus tardivement, en 1905 et 1907. La stèle la plus ancienne (070) a connu un long
périple avant d’être récupérée par le musée. Comme la stèle n° 107, elle était insérée dans une
5 J. Trapp, L’archéologie à Metz, Rennes, PUR, 2015, p. 17.
11
construction dont elle a été dégagée en 1834. Une seconde série de pierres sépulcrales mises
au jour date de la première annexion allemande et des fouilles organisées par J.-B. Keune, au
début du XXe siècle.
Le bloc le plus ancien du centre-ville a été découvert en 1769, mais la majorité des monuments
ont été mis au jour au cours du XIXe siècle de manière fortuite, lors de reconstructions successives.
La stèle funéraire dédiée à Vibiasena (Notice n° 058) a pour particularité d’appartenir à la
collection Jean Aubry. Sa date de découverte est inconnue. Selon certaines informations, elle
proviendrait de la Fournirue, de même que les monuments 086 et 093. Le bloc n° 105 considéré
comme perdu était en réalité conservé dans la cour extérieure du musée de La Cour d’Or. Il a
été récemment redécouvert. En revanche, la stèle n° 086 est oubliée par la Carte archéologique
de la Gaule. Elle a été ajoutée à la liste des découvertes par nos soins. Les monuments 023 et
036 ont été découverts en 1938 entre la rue des Murs et de la Saulnerie, dans les fondations de
l’enceinte gallo-romaine.
En 1822, le libraire Louis Devilly rend compte de la mise au jour d’une série de stèles
funéraires, lors de travaux de revêtement de la Citadelle, au pied de la courtine, à proximité de
la tour d’Enfer6 (Annexe 3 : Plan de Metz assiégée). Il s’agit d’une tour massive d’environ 23
mètres de diamètre, élevée en 1515 sur ordre de Nicolas de Heu, Gouverneur des murs. Celle-
ci, fortement détériorée lors du siège de Metz de 1552, est arasée et enfouie sous le bastion
d’Enfer de la Citadelle, un ouvrage fortifié élevé 10 ans plus tard (Annexe 4 : Plan de la ville
de Metz et de la Citadelle, 1787). La Citadelle sera finalement démantelée à son tour au début
du XXe siècle7 , puisque, dès 1901, les remparts sont démolis8. Les éléments lapidaires étaient
utilisés en remploi dans la construction. La stèle n° 069 provient des fondations de l’oratoire
de la Citadelle (1840) tandis que le bloc n° 040, représentant une famille, a été trouvé dans
des circonstances inconnues. Les auteurs de la Carte Archéologique de la Gaule hésitaient à
la qualifier de funéraire, or notre étude a clairement démontré cet usage. Des photographies
d’archives du monument 003 et des travaux illustrent ces événements (Annexe 5 : Travaux de
la Citadelle, archives photographiques).
La Lunette d’Arçon, ancien ouvrage militaire fortifié, est également appelée Lunette de
Montigny (Annexe 6 : Plan de la ville de Metz en 1858). Les premières découvertes sont
antérieures à l’annexion puisque 3 pierres sépulcrales ont été mises au jour en 1851. Elles
correspondent aux notices 041, 089 et 101. V. Simon les a signalées lors de travaux de
fortifications, en remploi dans des sépultures à la datation mal déterminée, de la fin du Bas-
Empire ou du Haut Moyen Âge9. D’autres monuments sont localisés dans le secteur des rues
de Verdun, Ambroise-Paré, Charles-Abel et l’hôpital Bon-Secours. La stèle 060 a été trouvée
en 1880 en creusant des tranchées, avec la stèle 047.
Conservateur, puis directeur aux Musées de Metz entre 1896 et 1918, J.-B. Keune, objet
de la thèse de J. Trapp10, marque un tournant dans le domaine de l’archéologie messine,
6 J. Trapp, L’archéologie à Metz, Ouv. Cit., 2015, p. 20.
7 Historia Metensis, http://historiametensis.eklablog.com/visite-de-la-tour-d-enfer-a112732202, site consulté le
26/12/2016
8 P. Flotté et M. Fuchs, Carte archéologique de la Gaule (57/2) Moselle, Paris, Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, 2004, p. 223.
9 P. Flotté, C.A.G 57/2, Ouv. Cit., 2005, p. 262.
10 J. Trapp, L’archéologie à Metz, institutions, pratiques et résultats : des travaux de Johann Baptist Keune à
12
jusqu’alors dominée par des érudits locaux. Diplômé en philologie, il entretient une abondante
correspondance avec les archéologues et savants de son époque. Or, les Allemands bénéficient
d’une formation de pointe dans ce domaine, sans compter la renommée internationale des
travaux de Th. Mommsen, auteur du Corpus Inscriptionum Latinarum, toujours d’usage et
complété depuis. Le tome XIII, concernant Metz, date d’ailleurs de 1913. Les auteurs à l’origine
de ce volume sont Otto Hirschfeld et le major Schramm.
J.-B. Keune a consulté les chroniques de la ville dont il a pris des notes, mais sa méthode
de travail se base avant tout sur la comparaison. Lors de ses nombreux voyages, il s’intéresse à
des villes comme Nîmes, Narbonne, Trèves ou Mayence et à leurs vestiges. L’utilisation de la
photographie est chez lui systématique. Le musée lui doit une collection riche de près de 17 000
clichés sur plaques de verres, associées à des photographies papier presque aussi nombreuses.
Très rigoureux et méthodique, il visite les chantiers de fouilles de façon quasi journalière. Ses
notes, relevés (Ill. 1.1) et plans (Annexe 7 : Plan des fouilles de la Horgne, Jahrbuch XV)
sont d’une aide inestimable pour l’époque.
Ill. 1.1 Relevé manuscrit des inscriptions de stèles par J.-B. Keune
Carnet personnel de J.-B. Keune inv. n° 12627, conservé au Musée de La Cour d’Or, Metz-Métropole
Photo L. Kieffer
Il sera éconduit de son poste en 1919, accusé à tort des coups portés aux collections durant
la guerre, et finira sa carrière à la direction de la bibliothèque de Trèves. J.-B. Keune est à
l’origine des fouilles de deux grands sites funéraires de Metz : la Horgne-au-Sablon et la
Lunette d’Arçon, sites auxquels on peut ajouter des lieux plus isolés du secteur du Sablon, dont
l’archéologie préventive (1896-2008), thèse de doctorat sous la direction d’O. Dard, Université de Lorraine,
2012, 495 p.
11 J. Trapp, L’archéologie à Metz, institutions, pratiques et résultats : des travaux de Johann Baptist Keune à
l’archéologie préventive (1896-2008), Ouv. Cit, 2015, p. 48.
13
les sablières Distler et Bidinger.
À la Horgne-au-Sablon en 1897, une première tombe à incinération est déterrée, mais c’est
en 1903, à compter du mois de mai, que se succèdent les découvertes12. En effet, c’est à cette
date, durant des travaux de drainage, que J.-B. Keune signale la présence d’éléments lapidaires
en abondance13. Près de 132 monuments funéraires antiques, sans compter les nombreux
fragments, sont mis au jour. Ils sont situés dans deux fosses aux abords de la voie ferrée en
construction, l’une à 40 mètres, la seconde à 150 mètres vers l’est. J.-B. Keune en fait des
relevés réguliers sur ses carnets et publie aussitôt les résultats de ses études dans le journal Le
Lorrain et dans le Jarhbuch XV, une revue à visée scientifique. Un nouvel examen du corpus a
montré que la nécropole devait sans doute avoisiner un lieu à destination religieuse.
Peut-on présumer d’un lien avec le siège de Metz de 1552 ? Cet évènement majeur a opposé le
royaume de France d’Henri II au Saint Empire germanique de Charles Quint pour la domination
de l’Europe. Il a sonné le glas de la République messine, alors défendue par le duc François de
Guise, au profit de la France. C’est en effet à la Horgne que le quartier général de Charles Quint
est établi15. Durant les travaux de terrassement engagés par ses hommes, les soldats ont très
certainement cherché à employer les matériaux locaux proches, notamment les stèles.
Après la destitution de J.-B. Keune, il n’y aura plus de découverte jusqu’en 1973, date de la
rénovation d’un quartier du centre-ville, nommé l’îlot Saint-Jacques ( Annexe 10).
12 Ibid, p. 57.
13 P. Flotté, C.A.G 57/2, Ouv. Cit., 2005, p. 296.
14 Ibid p. 327.
15 Ibid, p. 327.
16 Ibid, p. 263.
17 J. Trapp, L’archéologie à Metz, institutions, pratiques et résultats : des travaux de Johann Baptist Keune à
l’archéologie préventive (1896-2008), Ouv. Cit., 2015, p. 58.
14
C. L’îlot Saint-Jacques, un ensemble exceptionnel en péril
L’îlot Saint-Jacques se situe de nos jours entre la rue de de la Tête-d’Or, Ladoucette, la rue
du Change et En Fournirue. La démolition des bâtiments de l’îlot Saint-Jacques commence au
mois de février 1973. Le projet prévu depuis 1960 vise à rénover un quartier jugé vétuste et peu
propice à l’évolution du commerce. Les autorités politiques espèrent des retombées positives
grâce à la construction d’un centre commercial d’envergure, muni d’un parking sous-terrain
de 1 000 places18. Les maisons, du XVIe au XVIIIe siècle, doivent pour cela être rasées. Seule
une infime partie des anciennes constructions a pu être conservée en déplaçant leur façade au
musée de La Cour d’Or. La découverte de thermes gallo-romains ne suffit pas à stopper les
travaux engagés, et ce, malgré l’intérêt et l’intervention de personnalités telles que R. Billoret19
mais surtout celle de J.-J. Hatt20, conscient de la valeur des découvertes en voie de perdition.
En juin 1974, un engin déterre une trentaine de stèles antiques en creusant une tranchée. Seule
une vingtaine est déplacée au Musée, le reste subit des dégradations volontaires et climatiques.
Elles sont identifiées comme un remploi dans les fondations du rempart de l’Antiquité tardive,
dont les substructions doivent être entièrement rasées pour la construction des commerces.
Quelques monuments sont même subrepticement transportés à la décharge de la commune de
Moulin-lès-Metz. Il paraît très probable qu’une partie de la collection lapidaire a été perdue,
volée ou volontairement sacrifiée. En 1975, un second lot de stèles est mis au jour durant les
travaux de terrassement pour la construction du parking. Les pierres proviennent également du
rempart.
De manière ironique, quelques stèles sont finalement exposées dans le centre commercial à
partir de juillet 197521. En 2018, elles sont mises en valeur dans des niches éclairées, autour des
boutiques.
Une partie des monuments reste de provenance non identifiée. La stèle n° 021, dite du potier,
notamment. Elle provient probablement de la rue des murs mais aucune preuve tangible ne
le confirme. Le bloc 040 est acquis en 1840 par le musée dans des circonstances inconnues.
Le bloc 109, mentionné par C. Lorrain en 1874 n’est pas plus documenté. La stèle 067 a été
découverte au Sablon, sans plus de précision, en 1906.
La stèle 103, en revanche, a pu être identifiée comme originaire d’Hagondange et non de
Metz.
Introduction
15
Ill. 1.2 Carte du secteur A : emplacements des découvertes
Centre-ville (Carte imagée réalisée à partir de la Carte Archéologique de la Gaule 57/2)
Phtotographies L. Kieffer
16
(Annexe 2), à laquelle le tracé du rempart de la fin du IIIe siècle a été ajouté par nos soins.
Sa restitution s’appuie sur les découvertes archéologiques et une part d’estimation, quoique
minime et basée sur la continuité du tracé.
Les secteurs concernés sont traités indépendamment dans cette partie. Les cartes associées
sont complétées par une localisation imagée et le numéro de corpus correspondant pour les
rues isolées. Les sites de découvertes massives ne peuvent suivre ce modèle. Ils sont séparés.
Certains ont parfois donné lieu à des découvertes de lots. On entend par ce terme un ensemble
de plusieurs monuments regroupés au même emplacement, parfois accompagnés d’objets. Les
rassemblements de nombreux monuments funéraires dans un même périmètre mettent en avant
des pierres sépulcrales ayant des points communs. Ce peut être l’épaisseur, pour les stèles
modestes, le décor ou la profondeur de la niche, dans le cas des monuments issus de l’îlot
Saint-Jacques.
A. Le secteur du centre-ville
17
Ce sont surtout des stèles de grande taille et des monuments considérés soit comme des
cippes, soit comme des piliers selon les historiens. Enfin, un bloc de grand mausolée a été
découvert.
Parmi les 69 monuments, 26 comportent plusieurs personnages et une inscription. Dix sont
considérés comme anépigraphes, mais ce sans certitude puisque la pierre est retaillée pour
un remploi. Dix-sept monuments comportent un personnage isolé et une inscription. Six sont
véritablement anépigraphes. Deux stèles ne sont pourvues que d’une inscription et 4 ont une
inscription et un décor gravé.
Les monuments découverts à l’îlot Saint-Jacques sont semblables. Bien qu’insérés dans le
mur du rempart de l’Antiquité tardive, il semble que les pierres soient toutes issues d’une même
nécropole, ou du moins d’une même zone géographique. On y trouve une dominante de stèles
à personnages figurés dans des niches (une soixantaine). Celles-ci sont souvent considérées
comme plus profondes que la norme connue dans les autres régions. Les thèmes de couples
représentés et scènes de métiers sont nombreux. Ces points communs rendent vraisemblable un
remploi de monuments issus d’une grande nécropole.
Les autres variantes de stèles, quoique limitées à un décor sculpté ou à une inscription, sont
également de dimensions conséquentes.
Le corpus ne traite pas de l’intégralité des découvertes, soit des 69 monuments funéraires,
mais concerne 24 d’entre eux dont 14 issus du premier lot de stèles et 10 du second.
18
Le secteur B (Ill. 1.3) comprend l’Arsenal, l’Esplanade et Saint-Pierre-aux-Nonnains. Dix-
huit monuments funéraires y sont identifiés. Parmi les éléments mis au jour se trouvent un bloc
sculpté en moyen-relief et des blocs de mausolées sculptés, des stèles à personnages, une stèle
en buste, 3 inscriptions seules. Quatre stèles ne sont connues que par les dessins de Tabouillot,
au final peu fiables. Étant donné que les monuments découverts dans le secteur de la Citadelle
rassemblent surtout des stèles à personnages et des grands mausolées, nous pouvons penser que
leur présence est peut-être le fruit d’une sélection de monuments d’envergure, déplacés afin de
consolider le rempart durant l’Antiquité tardive. Cette hypothèse est renforcée par l’exemple
de l’îlot Saint-Jacques, car ce sont des stèles de grande taille qui ont effectivement servi aux
soubassements des remparts.
Les six monuments retenus dans le corpus ont été découverts entre 1822 et 1859. Ce sont
les numéros 002, 003, 040, 069, 104 et 106. Ils sont imposants, à l’exception de la stèle 069, de
petite taille, qui représente un personnage en buste. Elle provient des fondations de l’oratoire et
est mentionnée seule25. Les grands blocs, en situation de remploi, étaient à proximité. Ainsi les
monuments 002, 003, 104, 106 sont issus d’un même lot, auxquels s’ajoutent d’autres monuments
similaires. Les conditions de découverte de la stèle d’une famille (040) sont floues. Elle
n’appartient pas à cet ensemble. La thématique choisie la rapproche davantage des monuments
de l’îlot Saint-Jacques, quoique le traitement de la sculpture et l’étude iconographique diffèrent
fondamentalement.
25 Ibid, p. 237.
19
Ill. 1.4 Carte du secteur D : l’Arsenal, l’Esplanade et Saint-Pierre-aux-Nonnains
(Carte imagée réalisée à partir de la Carte Archéologique de la Gaule 57/2)
Photographies L. Kieffer
D. Le Sablon
Le Sablon ( Ill. 1.5) est identifié au secteur E par la C.A.G. Il est de loin le plus vaste et a fourni
de nombreuses stèles funéraires aujourd’hui attribuées à plusieurs nécropoles disséminées le
long de la voie antique. Sa position, à l’intersection de la route en direction de Scarponne et de
la Meurthe, suit le schéma d’implantation antique classique26. Les vestiges s’étendent le long
de l’ancienne voie romaine dans un périmètre de 1 kilomètre de long sur 300 mètres de large.
Comme partout ailleurs à Metz, les pierres sont toutes en position secondaire, en remploi dans
des constructions ou dans des fosses.
26 J. Trapp, Atlas historique de Metz, Metz, Éditions des Paraiges, 2013, p. 63.
27 P. Flotté, Carte archéologique de la Gaule (57/2) Moselle, Paris, Ouv. Cit., 2004, p. 275.
20
Ill. 1.5 Carte du secteur E : l’Arsenal, l’Esplanade et Saint-Pierre-aux-Nonnains
(Carte imagée réalisée à partir de la Carte Archéologique de la Gaule 57/2)
Photographies L. Kieffer
21
Les éléments lapidaires 005, 088, 107 et 108 ont été retrouvés à proximité les uns des autres.
R. Schlémaire considère l’autel 005 comme provenant de la Lunette d’Arçon. Cette localisation
semble critiquable au vu de la distance entre le rempart et l’autel. La C.A.G le situe plutôt
dans une ancienne nécropole à incinérations ainsi que la stèle 088 et trois autres fragments. Le
bloc 107 provient du jardin de Monsieur Royer. Il s’agit du seul élément lapidaire funéraire
découvert dans cet espace. Autour étaient disposés, entre autres, un sarcophage en pierre et
une bulla en argent avec bélière en or. Le fronton 108, dédié à un sévir, était recensé parmi un
ensemble de quatre items, dont un fragment de pierre et deux autres stèles. Les trois éléments
trouvés à la sablière Distler sont hétérogènes.
Le secteur du Sablon en continuité avec le territoire de Montigny fait ressortir des stèles
modestes, du même type que celles découvertes à la Lunette d’Arçon. Sur neuf exemples,
quatre font plus de 25 cm d’épaisseur, soit elles sont plus épaisses que les exemples similaires
découverts dans d’autres cités de la Gaule. L’épaisseur et la longueur sont aussi de valeurs
proches.
22
inscription et simple décor, gravé en surface. Lunes, motifs floraux, dauphins et piliers toscans
ornent les tympans et corps des stèles. Il apparait d’emblée que la similitude entre les thèmes
et leur traitement sur la pierre rend très probable le transport de stèles à partir d’une même
nécropole.
Le corpus en reprend 38 des 132 monuments funéraires répertoriés dans les métadonnées.
La Lunette d’Arçon, répertoriée dans le secteur du Sablon, a livré 69 monuments dont
des stèles, des stèles maisons, des blocs et fragments. Les typologies sont peu variées. Trois
monuments comportent un personnage seul et une inscription, un autre est anépigraphe. Vingt-
neuf monuments possèdent un décor gravé et une inscription, deux n’ont qu’un décor visible.
Trente-deux monuments ne conservent qu’une simple inscription, sans décor apparent. Une
partie des monuments n’est pas réellement identifiable car les monuments sont trop détériorés.
Les stèles et monuments mis au jour sur le site de la Lunette d’Arçon sont moins évidents à
mettre en corrélation que ceux de la Horgne. Si les dimensions des stèles et leurs thèmes sont
semblables, les découvertes s’étendent sur une plus grande surface. Les éléments du corpus
peuvent être divisés selon 3 localisations qui sont autant de lots potentiels. Les stèles n° 041,
089 et 101 ont été trouvées dans un périmètre qui a livré une stèle votive, 7 autres blocs ou
stèles funéraires, un relief et une métope. Des cercueils plus tardifs sont aussi signalés dans la
C.A. G28. Les stèles 060 et 047, mises au jour dans le secteur rues de Verdun, Ambroise-Paré,
Charles-Abel et l’hôpital Bon-Secours sont de facture similaire. La stèle 047 était accompagnée
d’un vase. Divers éléments et objets comme des dalles, des dolia, des fibules, du mobilier
en céramique et verre, deux crânes et une inhumation complétaient l’inventaire29. Enfin les
éléments mis au jour dans les secteurs des rues de Verdun, Charles-Abel, Ambroise-Paré et
l’hôpital Bon-Secours comprenaient 7 stèles funéraires semblables. Autour de ces éléments se
trouvaient des tombes à inhumations, des tuiles et des coffrages. Les stèles 049, 050, 053, 078
et 080 forment un lot commun.
Sur un total de 41 stèles, l’épaisseur est comprise entre 8 cm et 40 cm. Seulement 8 mesurent
plus de 25 cm d’épaisseur. La valeur moyenne est de 19.6 cm. De ce fait, nous pouvons formuler
deux remarques. La première est que les stèles issues de la Lunette d’Arçon sont plus fines que
celles de la Horgne-au-Sablon. La seconde démontre une fois de plus la relative épaisseur des
stèles. Elles rentrent parfaitement dans les critères observés dans le reste du monde romain.
Certaines stèles, néanmoins, ont une longueur et une épaisseur avoisinantes.
La Lunette d’Arçon est géographiquement à l’opposé de la Horgne-au-Sablon, au nord. Les
décors végétaux et les dimensions des pierres peuvent amener à supposer, au premier abord,
l’existence d’une nécropole d’origine identique ou proche. Malgré tout, les motifs décoratifs
particuliers à la Horgne tels que les croissants de lunes, soleils, masques ou dauphins sont
absents et la qualité des monuments est beaucoup plus variable d’un monument à l’autre. Peut-
être a-t-on affaire, finalement à des importations issues de divers endroits.
28 Ibid, p. 262.
29 Ibid, p. 265.
23
E. Les stèles de provenance non identifiées
Vingt-quatre monuments de Metz sont de provenance douteuse ou non identifiée. Ce sont des
blocs, stèles et fragments. À noter un autel en marbre, certainement importé. Deux monuments
représentent plusieurs personnages figurés avec une inscription, un autre est anépigraphe. Trois
comportent un personnage seul, dont un anépigraphe. Les six monuments restants sont constitués
de deux inscriptions seules, deux décors gravés avec inscription et deux sans inscription.
En Gaule, les lapicides ont pour habitude d’utiliser une pierre tendre pour sculpter les stèles
funéraires et non du marbre30. L’ouverture d’une carrière nécessite de réunir plusieurs conditions
sine qua non dont une population suffisamment nombreuse pour répondre à des questions
de rentabilité ainsi que des débouchés et des bancs rocheux de qualité, faciles à extraire31.
L’évacuation et le transport des blocs d’un lieu à l’autre doit être accessible, grâce à des voies
de communications commodes, routières ou fluviales.
Dans l’idéal, les exploitations à ciel ouvert sont favorisées. Les ouvriers extraient avant tout
les blocs en surface avant de descendre aux strates les plus en profondes au fur et à mesure que
la carrière s’épuise.
Les stèles découvertes à Divodurum ont en commun d’être taillées dans une pierre a priori
issue de la même région. Jusqu’en 2012, il était admis qu’il s’agissait majoritairement de pierre
calcaire de Jaumont et de quelques exemples en calcaire de Norroy-lès-Pont-à-Mousson ou
en grès. Depuis lors, une nouvelle étude, non publiée à ce jour, a été réalisée par J.-D. Lafitte
et K. Boulanger qui bouleversent cet acquis. Selon l’ingénieur archéologue « la plupart des
stèles définies comme étant en Jaumont, à part quelques cas bien clairement reconnaissables,
sont en fait en calcaire de Norroy blanc ou en un autre calcaire des côtes de Moselle non défini
géologiquement avec certitude. Lorsqu’on gratte la pellicule superficielle des blocs de stèles
ou bien quand on observe les cassures à l’arrière ou en dessous, on s’aperçoit qu’il s’agit bien
plutôt de calcaire blanc coquillier crayeux du type Norroy. Ces blocs sont en effet couverts d’un
calcin grisâtre ou jaunâtre en surface, car pour la plupart, ils ont été mis en œuvre dans le mur
du rempart du Bas-empire de la ville, en remploi, la maçonnerie ayant transformé légèrement
leur surface par percolation, coloration d’infiltration, dépôt de chaux, dépôt d’oxydation de
surface, etc.32 .»
Ce point rend obsolète les données conservées par le musée et les attributions sont à revoir
entièrement. C’est pour cette raison que les notices ont été nuancées. Néanmoins, un fichier
de stèles au matériau identifié, fourni par K. Boulanger, a permis une mise à jour dans de
nombreux cas rencontrés dans le corpus.
30 P.-M. Duval, La vie quotidienne en Gaule pendant la paix romaine, Paris, Hachette, 1988, p. 142.
31 G. Coulon, Sous l’aile de Mercure : Artistes et artisans en Gaule romaine, Treignes, Éditions du CEDARC,
2000, p. 49.
32 J.-D. Laffite, échange par courrier éléctronique du 20/04/2017.
24
B. Localisation de carrières antiques de pierre de Jaumont
Dans son mémoire de recherche de D.E.A, M.-R. Ormasti localisait le site d’extraction de
la pierre de Jaumont à environ 20 kilomètres au nord-ouest de Metz, à Roncourt, sur la rive
gauche de la Moselle33. Cette pierre naturelle, un oolithe de couleur jaune ocre, aurait justement
commencé à être employée à l’époque gallo-romaine, au début du IIe siècle selon ses estimations.
Le gisement se serait étendu, à cette époque sur une centaine d’hectares. L’ouverture des carrières
correspondrait typiquement à la période d’accroissement démographique, d’où l’hypothèse du
IIe siècle. Divodurum rassemblait alors toutes les qualités requises susmentionnées pour une
exploitation à grande échelle. J.-D. Lafitte précise qu’il s’agit en fait du lieu-dit de « Jaumont »
toujours exploité par 80 ouvriers en 186634. Cela dit, selon les découvertes récentes, la prudence
invite plutôt à réserver le terme de pierre de Jaumont au Moyen Âge.
En revanche, parmi les arguments abondant dans le sens de M.-R. Ormasti, l’archéologie
préventive ajoute quelques éléments, quoique fragiles, au dossier. Une campagne de fouilles,
menée en 2013 par G. Brkojewitsch, a mis au jour des structures et des carrières au lieudit du
bois des Olivettes (Ill. 1.7), à Roncourt (Ill. 1.6) Un extrait des conclusions du rapport de fouille
suggère l’emplacement effectif de carrières antiques, mais une fois de plus sans certitude35 et
peut-être liées à des bâtisses plutôt qu’à des monuments funéraires.
« Au nord de l’enclos septentrional, une carrière était visible. L’exploitation par tranchée de
havage a découpé les bancs de roches. Trois planchers et deux fronts de tailles portent les traces
de coins, de pic voire d’escoude. Ce gisement est exploité de manière très méthodique afin de
tirer des blocs de grandes dimensions dont la taille est compatible avec les pierres de seuil des
bâtiments gallo-romains. Malheureusement, l’analyse s’arrête là faute d’éléments de datation.
L’hypothèse d’une carrière romaine se défend sur la base des modules extraits, et grâce à la
découverte de deux coins dont la composition ferritique indiquerait une origine antique. »
Une carte associée, fournie par le Pôle Archéologie de Metz, montre l’emplacement du site
d’extraction de calcaire de Jaumont mis au jour. La découverte de coins métalliques favorise
l’usage de ce matériau au lieu de coins de bois, moins fréquents.
33 M.-R. Ormasti, Recherches sur l’iconographie funéraire chez les Médiomatriques au Haut Empire : exemple
de la vallée mosellane, « Mémoire de D.E.A dirigé par Mme J.-M. Demarolle à l’Université de Metz », 1993-
1995, p. 86.
34 J.-D. Laffite, PCR Pierre en Lorraine, Metz, INRAP, 2012, p. 6.
35 Gaël Brkojewitsch, Des traces d’occupation de l’âge du Fer (HaD3/LTA), une ferme gallo-romaine (milieu
du Ier s. apr. J.-C. – troisième quart du IVe s. apr. J.-C.) et une carrière de pierre de datation indéterminée, vol. 1,
Metz, Pôle Archéologie Préventive de Metz Métropole, 2013, p. 128.
25
Ill. 1.6 Localisation de Roncourt d’après le cadastre. Droits réservés.
Ill. 1.7 Carte de localisation géologique des carrières aux « Bois des Olivettes » par P. Riou
26
Les caractéristiques de la pierre de Jaumont
La pierre de Jaumont est un calcaire granuleux oolithe datant du bajocien supérieur. Une
période géologique comprise entre 170,3 ± 1,4 et -168,3 ± 1,3 millions d’années.
Le terme d’oolithe provient du grec oon, l’œuf et de lithos, la pierre. La pierre est composée
de petites structures sphériques régulières constituées lors du processus de sédimentation. Les
grains en question ont une taille comprise entre 0,5 et 2 mm. Leur structure inférieure à 2
mm confirme une appartenance aux « vrais » ooïdes à cortex régulier. Les strates superposées
reposent sur des couches riches en oxyde de fer, à hauteur de 1,5%, soit une quantité importante,
à l’origine de la fameuse teinte jaune-ocre de la pierre.
Cette roche sédimentaire est formée à la suite de l’évaporation de la mer intérieure. Elle est
parsemée de petits points noirs. Sa granulation est fine et régulière. La Jaumont est une pierre
demi-tendre, d’une densité moyenne de 2,5 à 2,7 tonnes/m³ et d’une porosité de 24,8%, elle
reste donc relativement facile à travailler. Malgré quelques veines dures, elle réunit par ses
caractéristiques toutes les qualités recherchées par les tailleurs de pierres et sculpteurs.
Bien qu’on y trouve parfois des fossiles, ceux-ci sont peu nombreux car la mer devait être
chaude et agitée. Une observation de la pierre au microscope permet de faire la différence
d’avec le grès jaune local et la pierre de Norroy.
Les pierres funéraires du corpus, et de la collection lapidaire en général, ont pu être dégradées
par action d’agents destructeurs biologiques ou chimiques. Cela se traduit par la corrosion de
la surface ou la destruction des parties sculptées en relief les plus fragiles. La pierre est aussi
sensible à la pollution. L’exposition prolongée aux éléments naturels : pluie, soleil peuvent la
détériorer. Ces faiblesses expliquent l’état de délabrement de certaines pierres funéraires du
corpus.
Selon les résultats obtenus, les monuments n° 014, 029, 030, 035, 051 et 073 sont réellement
en pierre de Jaumont. Soit 6 sur 113, une minorité.
En même temps que la pierre de Jaumont à l’usage très limité, les Gallo-Romains de
Divodurum emploient à des fins funéraires, une pierre grisâtre en provenance des côtes de
Moselle, au sud de Metz. La pierre de Norroy demeure célèbre car elle est exportée sur de
grandes distances. Outre Metz, la pierre se retrouve à Gorze, Mayence, Strasbourg, Cologne
ou Nimègue. Transportée par voie fluviale vers le nord, le long de la Moselle, elle sert à la
construction d’édifices monumentaux dont l’aqueduc de Gorze. L’armée, en période de paix,
joue un rôle important dans ce qui semble être l’œuvre d’une entreprise publique. Elle fournit
des cadres et potentiellement des ouvriers pour son exploitation. Elle comprend certainement
parmi ses membres des professionnels d’une grande technicité. Des troupes de vexillaires
romains ont d’ailleurs laissé un autel dédicatoire à Hercule Saxanus36. Leur façon de procéder
méthodique se compare souvent aux carriers locaux, dont les méthodes sont plus artisanales
et rudimentaires. Cette exploitation massive pour les villes majeures de l’Empire explique en
partie que les lapicides se soient tournés vers cette pierre, extraite à partir de sites multiples (Cf.
carte : Détail de la carte du secteur de Norroy-lès-Pont-à-Mousson, p.2937) dont la totalité
est encore loin d’être connue, du moins d’après les recherches récentes. Les carrières, épuisées
depuis, ont été abandonnées au XIXe siècle. Cette utilisation massive de la pierre de Norroy a
36 J.-D. Lafitte, PCR Pierre en Lorraine, Metz, Ouv. Cit., 2012, p. 10.
37 Ibid, p. 9.
27
insufflé un doute chez les archéologues quant aux affirmations précédentes. En outre, il leur
semblait peu convainquant que G. Collot ne cite que la pierre de Jaumont pour les monuments
du Musée alors que celle de Norroy avait une telle importance.
Comme la pierre de Jaumont, classée 5,5 sur l’échelle de dureté AFNOR38, à laquelle elle
est souvent comparée, la pierre de Norroy est de type calcaire, de couleur jaune. Mi-dure et de
structure homogène, elle se prête facilement à la gravure de monuments.
Les carrières situées sur la rive gauche de la rivière ont servi à de multiples usages :
architecture, sculpture votive et funéraire, civile et militaire. Cette pierre du bajocien date du
jurassique moyen ou dogger (171,6 ± 3,0 - 167,7 ± 3,5 Ma). Deux affleurements sont répertoriés
près de Pont-à-Mousson, (Ill. 1.8) mais la carrière antique, à l’emplacement incertain, est
pressentie près du « Haut du Rieupt ». Cela dit, la roche employée à Divodurum semble encore
de provenance différente et n’a pas encore été identifiée. C’est pourquoi elle demeure sous
l’appellation « calcaire des côtes de Moselle ».
La pierre de Norroy est cristalline et satinée. Elle est considérée comme moins souple et plus
dure que la pierre de Jaumont ce qui conduit à un rendu plus sommaire et simplifié. Elle est, en
revanche, moins fragile que sa concurrente. La pierre démontre que les sculpteurs, outre leur
technique, étaient malgré tout tributaires de la qualité du matériau de base. Cela dit, les lieux
d’extraction multiples n’ont pas toujours fourni la même qualité de calcaire ni des calcaires aux
caractéristiques parfaitement identiques.
Les monuments du corpus taillés dans la pierre de Norroy ou de type Norroy, des Côtes de
Moselle sont les numéros : 002, 003, 004, 013, 017, 018, 019, 021, 023, 026, 028, 032, 041,
042, 049, 050, 052, 054, 055, 056, 061, 069, 074, 077, 079, 084, 085, 090, 093 et 104, soit 30
monuments. Ces informations sont également issues d’un fichier fourni par K. Boulanger, non
publié.
38 Dans le rôle d’orientation et de coordination du système français de normalisation qui lui est confié par le décret
du 16 juin 2009, AFNOR agit en tant qu’animateur central de la normalisation en France, recense les besoins en
normalisation et mobilise les parties intéressées. Elle porte les positions françaises aux niveaux européen et inter-
national. Elle organise une consultation publique en français sur chaque projet de norme française, européenne ou
internationale, homologue la version finale et l’intègre au catalogue national.
Elle s’assure en permanence que les normes publiées restent pertinentes. AFNOR classe la dureté des pierres sur
une échelle de 1 à 14.
28
Ill. 1.8 Les découvertes dans le secteur de Norroy-lès-Pont-à-Mousson
Carte J.-D. Lafitte, PCR Pierre en Lorraine
29
D. Calcaire oolithique crayeux des côtes de Meuse
Dans trois cas, les monuments sont réalisés dans un type de calcaire provenant des côtes de
Meuse. Ce sont les monuments 015, 027 et 038.
Enfin les monuments n° 001, 005, 006, 007, 008, 009, 010, 011, 012, 015, 020 (Côtes de
Moselle), 022, 024, 031, 034, 037, 038 (Côtes de Moselle), 044, 045, 043 (Côtes de Moselle),
046, 048, 053, 057, 059, 062, 063 ?, 064, 071, 076, 078, 080, 082, 083, 087, 088, 094, 095, 098,
099, 100, 106, 108, 109, 110, 111, 112, 113.
La stèle 060 est dite d’un calcaire très coquillier de type Savonnière.
F. Le grès
Enfin, un petit nombre de stèles sont sculptées dans du grès. Cette matière n’a pas été beaucoup
employée à Divodurum mais plutôt dans les nécropoles rurales, dont celles des Vosges. Soit des
sites éloignés. Seule la stèle n° 033 a été sculptée dans cette matière.
Conclusion
En conclusion, cette topographie des sites de fouille met en avant la découverte, sur plusieurs
siècles, de monuments isolés mais aussi d’ensembles homogènes, compris comme des lots,
dont l’étude peut aboutir à un résultat plus propice aux recoupements. La nouveauté majeure, en
comparaison des travaux précédents, est la remise en cause de l’utilisation systématique de la
pierre de Jaumont, une pierre calcaire locale. Il s’avère qu’elle n’est finalement exploitée qu’à
partir du Moyen Âge, contrairement à toutes les affirmations des trente années précédentes. Il
s’agit ensuite de s’attacher à mieux comprendre l’origine et l’évolution de ces monuments dans
les pratiques funéraires des habitants de Metz/Divodurum.
30
II. Étude des monuments funéraires de Metz
Cette étude n’étant pas centrée sur l’élaboration d’une nouvelle typologie mais sur une
future présentation muséographique, il a été décidé de classer les monuments selon une
typologie déjà existante, celle élaborée par M. Scholz39. Elle a pour avantage d’être récente
et concerne, entre autres, les régions rhénanes et mosellanes. La période couverte s’étend du
Ier au IIIe siècle de notre ère. L’auteur propose un ensemble de types ou de familles, déclinées
par régions. Il ajoute parfois quelques sous-catégories pour plus de précision. Nous verrons
ainsi quels sont les types répertoriés et lesquels sont absents. Les monuments sont déclinés en
tumuli et édifices circulaires (Tumuli und Rundbauten), Mausolées (Mausolea), monuments
en forme de pilier (Pfeilermonumente), tombes et édifices en forme d’autel (Grabaltäre und
altarförmige Grabbauten), monuments en forme de stèle (Stelenmonumente), édifices en forme
de temple (Tempelförmige Grabbauten), édifices avec niche semi-circulaire (Grabbauten mit
halbrunder Nische), tombes de forme pyramidales (Pyramidenförmige Grabmäler), coffres
cinéraires et stèles maisons (Frei aufgestellte Aschenkisten und Hausgrabsteine), enclos ouverts
(Offene Umfriedungen). Des éléments de classification estimés manquants seront proposés en
complément. Enfin, un tableau récapitulatif indiquera la présence ou l’absence d’un type de
monument selon le secteur de découverte.
Une absence de continuité des monuments entre l’âge du Fer et l’époque impériale ?
M. Scholz résume, dans un chapitre, l’évolution des monuments funéraires des provinces
frontalières d’après les connaissances archéologiques actuelles. Tout d’abord, selon lui, dans
les régions septentrionales de la fin de l’âge du Fer, on distingue trois formes de monuments
funéraires faits de terre et de bois, non répartis sur tout le territoire : les tertres, les constructions
en forme de temples et les enclos, souvent en association40.
Les tertres se sont surtout répandus durant le Hallstatt et la Tène ancienne. Durant l’âge du
Fer préromains (LTD1/LTD2), ils subsistent au sud-est de la Bretagne, au nord-est de la Gaule
et dans la région trévire. À la fin de l’âge du Fer, les tombes plates sont majoritaires. Par la
suite, le tertre connaît une renaissance à l’époque impériale autour de la région des trévires,
notamment. Elle concerne l’aristocratie sous influence du pouvoir romain. En Gaule Belgique,
les tumuli de type traditionnels et italiques se multiplient de manière inégale, surtout chez les
39 M. Scholz, Grabbauten des 1.-3 Jahrhunderts in der nördlichen Grenzprovinzen des Römischen Reiches, Teil
1, Mainz, RGZM, 2012, 571 p.
40 M. Scholz, Grabbauten des 1.-3 Jahrhunderts in der nördlichen Grenzprovinzen des Römischen Reiches, Teil
1, Ouv. Cit., 2012, p. 537.
31
Tongres.
À ce propos, J.-N. Castorio, évoque dans sa thèse de doctorat la manière dont ont été introduits
les grands tombeaux gréco-romains en pays mosellan. La précocité du modèle provient de
l’exemple de l’autel honorifique des princes de la jeunesse (Ill. 1.9), élevé à Augusta Trevorum
pour Lucius et Caius César, dès les premières années du Ier siècle. Même si seule l’épitaphe est
conservée, le cénotaphe a ouvert la voie à la construction d’autres édifices d’envergure. Cette
grande architecture met en avant quelques monument phares comme les constructions funéraires
de Nasium, Bertrange ou la tour n° 9 de Neumagen. Ils laissent entrevoir un cheminement
qui part de l’Italie du Nord, passe par la province et arrive dans le Centre-Est. Les sépulcres
sont d’inspiration gréco-romaine, tout comme les motifs de frises d’armes ou les scènes de
batailles41.
41 J.-N. Castorio, Inelvctabile fatvm. Mourir en gaule mosellane (Ier s. av. J.-C. – IVe s. ap. J.-C.), thèse de docto-
rat sous la direction d’Yves Burnand à l’Université de Nancy II, 2008, p. 399.
32
A. Répartition et chronologie des monuments du corpus par types
• Les blocs inventoriés sous le n° inv. 2012.0.78 (001) correspondent à la catégorie des
tumulus et édifices circulaires.
33
de diamètre, celui de Goeblange avoisine les 50 mètres. Il permet de comprendre la composition
d’un tel monument. Le tambour de pierre est couronné d’un entablement pourvu d’acrotères.
Le tambour a pour rôle de retenir un haut tumulus et peut recouvrir une chambre funéraire. Le
modèle dérive hypothétiquement du mausolée d’Auguste, plus vaste que les autres. En effet,
des tombeaux circulaires à haut tambour sont antérieurs à celui-ci dans les environs de Rome,
mais sont moins remarquables.
C’est au plus tard sous les Flaviens que le pilier décoré de reliefs prend le pas sur les
mausolées. Des types intermédiaires, de la fin du Ier siècle au milieu du IIe siècle coexistent
néanmoins comme par exemple les tombeaux de Mersch au Luxembourg ou la tour n° 9 de
Neumagen . Or, suivant le raisonnement suivi par J.-N. Castorio, ce dernier est primordial dans
une perspective d’évolution des types. La tour n° 9 partage, certes, des points communs avec les
édifices de la Narbonnaise, comme l’a démontré B. Numrich47 grâce aux sites de Beaucaire et
de l’Ile du Compte. Cependant, au lieu de posséder un édicule à colonnades contenant l’effigie
du défunt, le deuxième étage est fermé. C’est cette particularité qui permet de comprendre
l’évolution future et unique dans l’architecture trévire et mosellane à partir du milieu du IIe
siècle marquée par l’introduction du pilier funéraire. B. Numrich précise également que le
monument à niche est en fait un développement de la stèle gréco-orientale décorée d’une effigie
sculptée en pied.
Selon M. Scholz48, est désigné sous le nom de pilier une construction élancée, constituée de
plusieurs étages avec un plan rectangulaire et une façade fermée. Dans le Nord-Est, cette façade
fermée se retrouve sur un premier prototype issu de Mayence appelé le Gärtnergrabmal49 (Nr.
1370)50. Deux personnages, le premier debout et le second assis, y sont sculptés dans une niche.
46 Ibid, p. 546.
47 B. Numrich, Die Architektur der römischen Grabdenkmäler aus Neumagen. Beiträge zur Chronologie und
Typologie, (Trierer Zeeitschr., Beiheft 22), 1997, p. 129.
48 M. Scholz, Grabbauten des 1.-3 Jahrhunderts in der nördlichen Grenzprovinzen des Römischen Reiches, Teil
1, Ouv. Cit., p. 161.
49 Ibid, p. 546.
50 Ibid, p. 164.
34
En règle générale, l’intérieur du corps du monument érigé est inaccessible, ce qui n’exclut
pas exceptionnellement l’existence de niches pour des urnes ou des chambres funéraires
souterraines. Habituellement, le pilier n’est pas un contenant pour une tombe mais bien un
monument à part. Les tombes sont principalement réparties autour du monument en question,
souvent à l’intérieur d’un enclos.
Cette définition peut s’appliquer à toute une série de constructions de formes et de modèles
très différents, des monuments en forme de tour, en Gaule de l’Ouest ou en Syrie jusqu’aux
monuments en forme de colonne de la moitié orientale de l’Empire ou d’Afrique du Nord.
Dans la zone Nord-Est, on peut également observer différentes formes de constructions qui
ont toutes en commun d’être les représentantes d’un processus de simplification des techniques
de construction à partir de formes de monuments plus anciennes. C’est pourquoi ces piliers
apparaissent seulement aux périodes les plus récentes.
Nulle part ailleurs en dehors de la Gallia Belgica et des provinces germaniques on ne trouve
une zone où les piliers jouent un rôle aussi important.
Les piliers en relief de Gaule de l’Est sont en général construits de la manière suivante :
• À Metz, les monuments 003 et 002 semblent appartenir à la typologie des piliers.
De taille imposante, ils contrastent avec des modèles appelés « petits piliers » comme le
monument n° 016. Il est aussi possible d’y rattacher le monument 015 par corrélation. Le
monument 019, quant à lui, est l’exemple parfait des piliers miniatures51 évoqués.
Par définition, la stèle, est une pierre monolithique dressée dans le sens de la hauteur, à
l’emplacement du corps du défunt. Elle est destinée à être vue de face par les passants. Il en
existe une grande variété de types. La qualité dépend du statut social et des moyens mis en
œuvre. La stèle est un terme d’origine grecque (stêlê). Elle est destinée à revêtir une inscription
51 Ibid, p. 183.
35
ou un motif en relief, sans doute peint. Par exemple, les stèles découvertes à Bonn ou Strasbourg
ont un sommet plat avec relief apparent dans le fronton, tandis que le sommet arrondi est plutôt
d’origine italienne52 (Lupa 17088 datée de l’an 1 à 50 ; 18890, 18874 datée de 1 à 50, Venise ;
14633, Padoue ; 15986 datée de 1 à 25 de notre ère; 15989, Trieste).
Dans son étude, M. Scholz ne considère que les stèles dépassant 2 m de haut. Elles sont
concentrées autour des villes de Mayence et Cologne et gagnent en monumentalité sur Rhin
moyen. Elles sont à la fois limitées dans le temps (au Ier siècle), et géographiquement (le limes
rhénan). Or, les stèles de Metz, plus tardives, n’atteignent presque jamais une telle envergure,
même si l’influence de ce type de monument est évidente. Les commanditaires des monuments
de Mayence et de Cologne sont le plus souvent des soldats de l’armée romaine. La stèle à niche,
qui se développe, provient d’un emprunt au monument funéraire des légionnaires du nord de
l’Italie. Le défunt y est représenté.
Contrairement aux autels, dont elles sont une alternative53, les stèles sont aussi bien
individuelles que familiales. Leur développement s’étend et se généralise surtout aux IIe et
IIIe siècles, et ce, dans toutes les couches de la population, y compris chez les autochtones.
Concernant la décoration sculptée, les thèmes sont issus du répertoire gréco-romain. Certains
thèmes se démarquent et semblent toucher davantage la population. Par exemple : le repas
funéraire, lié au rite religieux, est un thème important, notamment chez les Trévires. Les scènes
de métiers ont séduit la population mosellane. La sélection semble avoir été dictée par les
affinités avec la culture locale.
Les « stèles de taille supérieure », pour ne pas reprendre le terme de « stèle monumentale
» ou de « grande stèle » inapproprié, mais d’une réalité pourtant proche, sont ornées de
représentations de personnages en pied dans des niches en relief à l’instar des pierres tombales
de l’armée du Rhin, au début de la période impériale54.
Il semblerait qu’en Gaule mosellane, chez les Leuques et les Médiomatriques, la stèle
soit l’alternative privilégiée par une population moins opulente que les détenteurs de grands
mausolées. Les habitants locaux délaissent les stèles traditionnelles en buste italiennes et
donnent une place prépondérante aux personnages en pied. L’image prend le pas sur le message
écrit, cantonné dans un espace réduit. Elle devient un langage privilégié pour être vu, dans une
perspective exhibitionniste assumée. C’est pourquoi la plupart des « portraits » sont idéalisés.
• À Metz, les modèles types susceptibles d’intégrer cette catégorie sont représentés par
les numéros de notices :
020, 021, 023, 024, 025, 026, 027, 028, 029, 031, 032, 033, 034, 035, 036, 037, 038, 039,
040, 041, 042, 043, 045 et 096.
Les stèles funéraires de Metz de taille modeste ont une finition moins élaborée que les «
stèles de taille supérieure ». Peu contiennent un personnage figuré. Elles sont généralement
52 D. Davin, Les stèles funéraires gallo-romaines de la Horgne-au-Sablon, Metz, cité des Médiomatriques, Mé-
moire de Master I en histoire et valorisation du patrimoine dirigé par Estelle Bertrand à l’Université du Maine,
2011-2012, p. 24.
53 M. Scholz, Grabbauten des 1.-3 Jahrhunderts in der nördlichen Grenzprovinzen des Römischen Reiches,
Ouv. Cit., 2012, p. 544.
54 Ibid, pp. 300-302.
36
ornées de simples décorations en relief ou gravées et comportent souvent une épitaphe. Leur
épaisseur relative a été légèrement exagérée dans les études précédentes, comme le démontrait
le calcul présenté dans le chapitre I (Cf. p. 23).
• Les stèles du corpus appartenant à ce type sont représentées par les numéros :
046, 047, 048, 049, 050, 052, 053, 054, 055, 056, 057, 058, 060, 061, 062, 063, 064, 065,
066, 067, 068, 069, 070, 071, 072, 073, 074, 075, 076, 077, 078, 079, 080, 081, 082, 083, 084,
085, 086, 087, 088, 089, 090, 091, 092, 093, 095, 097, 098, 099, 101, 102, 103, 111 et 113.
L’autel funéraire a pour particularité d’être exclusivement individuel. Nous savons que son
arrivée en Germanie supérieure date des Sévères55. En hauteur ou oblong, il existe selon deux
variantes. Toutefois, aucun modèle d’autel oblong n’a été découvert à Metz.
Dans sa forme, l’autel funéraire est identique à l’autel religieux. Il comporte un soubassement,
un corps en forme de dés et un couronnement. Parfois surmonté d’une pomme de pin ou d’un
dôme, il peut contenir l’urne cinéraire dans une cavité fermée. Comme pour certaines stèles,
une communication entre la cavité et l’intérieur du monument est possible, au moyen d’un
conduit (la stèle n° 051 notamment). Ce trou percé servait aux libations. Il permettait au liquide
d’atteindre l’urne cinéraire. L’autel est donc quelquefois creux. Certains sont décorés sur
plusieurs faces56 (comme les autels 006 et 007, par exemple).
• Les autels mis au jour à Metz sont de taille modeste. Ce sont les monuments 2012.0.64
(005), 2010.0.21 (006), 2012.0.46 (007), E4372 (008), C.I.L XIII 4361 (009), C.I.L XIII 4353
(010).
• À Divodurum, cette forme de monument est rare. Tout au plus trouve-t-on un pyramidion,
le numéro 094. Il rappelle un exemple dijonnais57 (Nr 3056) dédié à Litugenus, fils de Biracatus.
Les pyramidions sont plus fréquents chez les Lingons et les Éduens. Une partie des pyramidions
dijonnais sont datés du Ier ou IIe siècle (Arb. 1187, 230, 234, 227, par exemple).
Le type de la stèle maison est une invention d’E. Linckenheld. Selon lui, une stèle n’est
réellement apparentée à une forme de maison simple que lorsqu’elle réunit quatre critères
55 M. Scholz, Grabbauten des 1.-3 Jahrhunderts in der nördlichen Grenzprovinzen des Römischen Reiches,
Ouv. Cit., 2012, p. 228.
56 D. Davin, Les stèles funéraires gallo-romaines de la Horgne-au-Sablon, Metz, Cité des Médiomatriques, Ouv.
Cit, 2012, p. 24.
57 M. Scholz, Grabbauten des 1.-3 Jahrhunderts in der nördlichen Grenzprovinzen des Römischen Reiches,
Ouv. Cit., 2012, p. 413.
37
précis58 :
Cette appellation de stèle maison a été élargie par la suite à tout monument d’une épaisseur
certaine, couronné d’un sommet à deux pans ou ressemblant à un bâtiment par ses décors
architecturaux. Le terme, devenu abusif, a donné l’impression d’un type de monument commun
de la cité de Divodurum. En outre, des théories évolutionnistes ont cru pouvoir déterminer
une chronologie selon la forme et le décor gravé sur la pierre. Il apparaît aujourd’hui qu’il
n’en est rien, puisque les différents modèles ont en réalité parfaitement pu coexister. De plus,
les monuments répondant strictement à ces critères sont relativement rares. Le cas de Metz
n’est donc pas comparable avec les découvertes de stèles maisons vosgiennes. À ce propos
d’ailleurs, J.-N. Castorio se réfère aux travaux de M. Mondy. Il propose quant à lui quatre
critères communs récurrents sur les stèles vosgiennes pour déterminer leur appartenance ou
non aux stèles maisons, à savoir : des éléments évoquant un édifice architectural, une cavité
creusée, un conduit souvent matérialisé sous forme de porte et une épaisseur supérieure aux
stèles habituelles. Les décors sculptés ou gravés et les inscriptions sont rares. Les épitaphes étant
davantage un phénomène urbain. La représentation humaine y est stéréotypée et simplifiée. Au
final, les stèles maisons, hors du Piémont vosgien, deviennent bien moins fréquentes que l’on
a pu croire. Leur origine, supposée celte, a été remise en cause. Les détracteurs de cette thèse
s’appuient sur le fait que les restes d’ossements ne sont déposés dans des coffres de pierre qu’à
partir de l’époque romaine. Les modèles de stèles maisons les plus précoces sont ainsi datés du
début du Ier siècle au plus tôt. Elles sont contemporaines des stèles59. Une adaptation trévire
du modèle de la stèle maison prend la forme d’un ossarium cubique recouvert d’un dôme en
demi-cercle. Or, la stèle 022 correspond typiquement à cette description. Ainsi peut-on penser
que l’influence du modèle a circulé à double sens.
Un coffre ou socle funéraire de grande taille abrite deux cavités circulaires : le n° 100
i. Les cippes
Quoique M. Scholz évoque les pommes de pin comme terminaison de piliers, il ne prend
pas en compte la catégorie des cippes proprement dits. Le cippe vient du latin cippus, la pierre
dressée. Il désigne tout monument religieux ou funéraire de petite taille, que ce soit une stèle
58 E. Linckenheld, Les stèles funéraires en forme de maison chez les Médiomatriques et en Gaule, Paris, Les
Belles Lettres, 1927, p. 18.
59 J.-N. Castorio, Inelvctabile fatvm. Mourir en Gaule mosellane (Ier s. av. J.-C. – IVe s. ap. J.-C.), Ouv. Cit., p.
303.
38
ou un autel60. Le cippe basique prend la forme d’une colonne sans chapiteau ou tronquée. Pour
nos besoins, l’usage du terme générique de cippe sera spécifique aux pierres de largueur et
d’épaisseur avoisinantes hors des catégories des stèles et des autels. En principe, le cippe doit
pouvoir tenir érigé sur la surface du sol sans être en partie enterré61.
Les monuments du corpus appartenant à cette catégorie sont : 011, 012, 013, 014
Les blocs et fragments de pierre sont les numéros : 104, 105, 106, 107, 108 et 109
Cette liste recouvre des cas assez diversifiés. Le bloc n° 104 semble appartenir à un grand
tombeau. Le bloc n° 105 est indéterminé, mais une scène de vente d’accessoires y est figurée,
probablement des bijoux. Le bloc n° 106, ornée de cuves semble être la partie inférieure d’une
stèle de taille imposante. Le bloc n° 107 conserve simplement une inscription. Le bloc n° 108
est la partie supérieure d’une stèle dédiée à un sévir. On peut
raisonnablement penser qu’un personnage était figuré en
dessous, dans la partie manquante. Enfin le bloc n° 109 est
un morceau de stèle encastré dans le mur du musée. La scène
du tympan illustre un homme nu poursuivant un lapin. Deux
têtes figurent en dessous, la troisième a été cassée lors du
transport.
Les monuments de Metz atteignent rarement des proportions hors norme. Ils ne sont, de
manière générale, pas surchargés de décors. Leur forme reste simple. Ainsi ne trouve-t-on pas
certaines typologies composées de mélanges hétéroclites et complexes.
Les tombeaux temples ont fait l’objet d’un article de M. Siedow. Ce type de monuments se
retrouve dans le chef-lieu de la cité de Trèves mais aussi en milieu rural, à proximité62. Une
reconstitution du tombeau temple d’Igel, réalisée par Krencker en 1922, nous fait découvrir
un monument faisant immédiatement songer aux édifices religieux. Composé d’un pronaos
(porche), de colonnes sur la face avant et d’une cella, le bâtiment semble néanmoins être
60 J. Prieur, La mort dans l’Antiquité romaine, La Guerche-de-Bretagne, Ouest-France Université, 1986, p.
73.
61 D. Davin, Les stèles funéraires gallo-romaines de la Horgne-au-Sablon, Metz, Cité des Médiomatriques, Ouv.
Cit, 2012, p. 24.
62 J.-N. Castorio et Y. Maligorne, Mausolées et grands domaines ruraux à l’époque romaine dans le nord-est de
la Gaule, Bordeaux, 2016, p. 14.
39
construit sur une base munie d’une entrée sous forme de porte. Des escaliers agencés sur le
côté permettent de monter à l’étage. Des acrotères décorent la toiture à pans triangulaires. Rien
ne prouve jusqu’à présent l’existence d’un tel édifice autour de Metz, mais les découvertes
récentes de l’INRAP vont dans ce sens63.
L’aristocratie romaine de la République tardive possédait souvent un terrain avec villa hors
de la cité urbaine, située dans les environs. Elle était destinée à l’otium. Des tombes65 ont été
élevées sur ces sites ainsi que, parfois, des bâtiments annexes.
Dans un tableau récapitulatif, M. Scholz a localisé dans le Rheinland des tombes de jardin,
des tombes murées, des palissades, des haies (incertain) ou des formes de bosses66. En Germanie
supérieure ce type de construction autour de la tombe s’étend du Ier au IIIe siècle. Elles sont en
majorité concentrées au nord du Rheinland, vers Cologne ou plus au sud dans une moindre
mesure. Ces ensembles funéraires sont regroupés jusqu’à 100 structures par site, pour une
population locale donnée. En Germanie supérieure, ce sont plutôt de petits groupes datés du Ier
au IIe siècle, situés dans les villas rurales proches des principales villes du haut Rhin moyen et
du Rhin moyen. Les photographies aériennes font particulièrement bien ressortir ces types de
structures.
• Autels oblongs
Jusqu’à présent, les fouilles à Metz et dans les alentours ont délivré quelques autels funéraires,
toujours élevés dans le sens de la hauteur. Il n’y a pour l’instant aucune trace d’autels oblongs.
40
Cette forme allongée est attestée à Trèves et à Cologne67. Le monument de Trèves comporte
des décors de créatures marines hybrides en bas-relief, dont la thématique et la qualité de la
sculpture peuvent être identifiées aux décors de piliers. Les autels oblongs peuvent atteindre
une taille relativement grande puisque l’autel de Neumagen est estimé mesurer 2 mètres de haut
et 3 mètres de large. L’autel, monument monolithique, est un type de monument relativement
ancien. M. Scholz cite comme modèle de référence le tombeau de L. Cornelius Scipio Barbatus,
à Rome, datant de 270 avant notre ère68. Il signale également celui de Pompéi, sur socle. Les
deux derniers exemples rappellent l’origine italienne du monument.
En Grèce, un autre type de monument possède une base équivalente : la tombe autel. Celle-ci
renferme une chambre de forme rectangulaire. La tombe autel d’Alyzia, citée en exemple, est
couronnée de quatre acrotères69.
Dans son ouvrage, M. Scholz prend le parti d’éliminer les monuments de petite taille afin
de se pencher sur le concept de monumentalisation de la stèle70. C’est pourquoi, il ne conserve
pour son étude que les monuments de plus de 2 mètres de haut. Une fois encore, il s’agit
de pierres monolithiques taillées. En Germanie inférieure, la stèle monumentale est limitée à
certaines villes et à une période assez restreinte. Les stèles sont concentrées durant la période
flavienne et datent parfois du règne de Trajan. Elles mesurent de 193 à 248 cm de haut. La
ville de Cologne a fourni le plus grand nombre d’exemples. En Germanie supérieure, ce type
de monument semble avoir bénéficié d’une durée de vie beaucoup plus étendue puisque les
monuments découverts s’étendent de Tibère au IVe siècle. Ils mesurent entre 188 et 275 cm
et se trouvent surtout à Mayence. À Cologne, des personnages en pied en moyen-relief ou
des scènes superposées de profil en bas-relief sont représentées. Des personnages en pied au
drapé similaire sont sculptés sur les monuments de Neumagen71. Si l’humain occupe une place
prépondérante, une inscription complète souvent la représentation iconographique. L’influence
des stèles monumentales imagées est revendiquée dans le cas de certains monuments de Langres
ou de Dijon72. Or, le monument à niche de Langres, comporte quatre personnages en pied dont
le traitement se rapproche de celui des monuments messins, un peu plus petits et donc exclus
de cette catégorie.
Parmi les sous-catégories, déclinées dans le deuxième tome de M. Scholtz, n’ont pas été mis
au jour à Metz des monuments tels que :
• Le monoptère
Le monoptère existe depuis la période hellénistique. Il sert notamment à mettre en valeur des
statues. Comme l’indique H. Von Hesberg, ce type de monument est emprunté à l’architecture
civile73. Le terme qualifie avant tout un édifice arrondi dressé sur un socle, formé de colonnes
surmontées d’une coupole. Le monument de Lysicrate (Ill. 1.12), à Athènes, en est l’exemple
par excellence. Le monoptère, pris comme un élément architectural, fonctionne en association
67 Ibid, p. 249.
68 Ibid, p. 251.
69 J.-C. Moretti, L’architecture funéraire monumentale : la Gaule dans l’Empire romain, Actes de colloques
organisés par l’IRAA du CNRS et le musée archéologique Henri Prades, Lattes, 11-13 octobre 2001, p.107.
70 Ibid, p. 287.
71 Ibid, p. 298.
72 Ibid, pp. 311-312.
73 Ibid, p. 15.
41
Ill. 1.12 Monument de Lysicrate à Athènes
Photo CC BY-SA Wikimedia
42
avec des monuments à étages tels que le mausolée de Faverolles74 ou de Glanum (Ill. 1.13),
pourvus d’une tholos sommitale. À Metz, aucun édifice ne correspond à la combinaison alliant
un édicule sur podium, surmonté d’un étage intermédiaire octogonal, ou non, et une tholos.
Dans L’architecture monumentale, G. Kremer stipule qu’en Dacie, Norique et Pannonie,
édicules, baldaquins, autels et piliers se côtoient75. À Metz, l’édicule sur podium rectangulaire
à entrecolonnements frontaux n’existe pas. De même le baldaquin, caractérisé par une toiture
posée sur des colonnes, ne semble pas faire partie des types d’éléments connus.
Très peu de monuments à plan triangulaire ont été sauvegardés même si des exemples de
tombeaux à étages de la fin de l’époque républicaine ont été retrouvés en Italie centrale, et,
en particulier à Rome, près de la voie Prenestine76. Le tombeau de Curii en Aquilée présente
ce type d’architecture combinée à un socle arrondi (Lupa 14332, ill 1.14). Metz ne fait pas
exception à cette disparition relative du monument à plan triangulaire.
74 J.-N. Castorio et Y. Maligorne, Mausolées et grands domaines ruraux à l’époque romaine dans le nord-est de
la Gaule, Ouv. Cit., 2016, p. 24.
75 J.-C. Moretti, L’architecture funéraire monumentale : la Gaule dans l’Empire romain, Ouv. Cit., 2001, p.79.
76 Ibid, p. 30.
43
Les monuments Centre-ville Citadelle L’îlot Saint-Jacques La Horgne-au-Sablon Lunette d’Arçon Sablon /Autre
Typologie générale selon M. Scholz
Tumuli et édifices Oui Non Non Non Non Non
circulaires
Mausolées Incertain Incertain Oui Non Non Non
Piliers et petits piliers Incertain Oui Oui Oui Non Non
Les formes d’autels Non Non Non Oui Oui Oui
Stèles de grande taille Oui Oui Oui Oui Oui Oui
Édifices temples Non Non Non Non Non Non
44
Édifices à niche se- Non Non Non Non Non Non
mi-circulaires
Formes de pyramides Non Non Non Oui Non Non
Coffres cinéraires Non Non Oui Oui Non Non
Stèles maisons Non Non Oui Oui Oui Non
Enclos ouvert Non Non Non Non Non Non
Complément typologique propre à Metz
Cippes Non Non Non Oui Non Non
Stèles modestes Oui Oui Oui Oui Oui Oui
Blocs et fragments Oui Oui Oui Oui Oui Oui
Type indéterminé Oui Oui Oui Oui Oui Oui
Tableau des types de monuments par secteurs et sites majeurs de découvertes. (Carte de localisaton en annexes 11)
(D’après la totalité du lapidaire funéraire et selon la classification de M. Scholz)
D. Analyse synthétique du tableau des types de monuments par secteurs
Ce tableau met en relief des tendances. Les stèles de grande taille et les stèles modestes
sont largement majoritaires. Les édifices circulaires mis au jour proviennent uniquement du
centre-ville. Par ailleurs, les piliers et les mausolées sont issus de trois sites seulement : l’îlot
Saint-Jacques, le centre-ville et la Citadelle. Le pilier découvert à la Horgne-au-Sablon est une
miniaturisation du genre. Les autels sont de taille réduite. Ils ne sont présents que sur des sites où
ont été trouvés des monuments dévolus à une population modeste tels que la Horgne-au-Sablon
et la Lunette d’Arçon. L’unique exemplaire issu des autres secteurs de Metz n’est certainement
pas local car il est taillé dans du marbre, une pierre qui n’est jamais utilisée dans les productions
messines. Des stèles de grande taille ont été trouvées dans la majorité des sites mis au jour. Leur
proportion et leur qualité en termes de décorations varient cependant considérablement d’un
secteur à l’autre. Un seul pyramidion est répertorié à la Horgne-au-Sablon, ce qui nous permet
de conclure à un cas isolé. Des coffres cinéraires ont été découverts à la Horgne-au-Sablon et à
l’îlot Saint-Jacques. Ils s’opposent en termes de qualité car le coffre de la Horgne est de taille
modeste et sans décor alors que le second, pourvu d’un bas-relief, mesure 92 cm de long pour
75 cm de hauteur. Trois sites ont délivré des stèles-maisons : l’îlot Saint-Jacques, la Horgne-
au-Sablon et la Lunette d’Arçon. Le monument issu de l’îlot Saint-Jacques est singulier car il
est orné d’une toiture semi-circulaire alors que les autres monuments ressemblent davantage
à des stèles modestes à toiture à double pente, d’une épaisseur relative, munies d’une porte
figurée ou matérialisée par une ouverture. Une cavité est creusée sous le monument pour abriter
les cendres du défunt. Les cippes sont uniquement répertoriés à la Horgne-au-Sablon. Blocs,
fragments et monuments de types indéterminés constituent un ensemble trop parcellaire pour
être correctement classifiés.
M. Scholz n’avait pas pour objectif de traiter de tous les détails typologiques des stèles et
monuments dans son travail déjà conséquent et vaste. Cette étude concerne un corpus délimité
qui justifie de compléter les informations sur les formes rencontrées. Les monuments découverts
à Metz ont souvent été retaillés afin de servir de soubassements de remparts. Malgré tout,
certains sommets restent encore identifiables.
45
Arrondi avec élément 022
faîtier cubique
Pilier et pilier Toiture concave 019, 030
miniature
Urne cinéraire Plat, creusé de 100
cavités
Autel Fronton triangulaire, 007, 009
rouleaux et focus
Fronton triangulaire, 008
rouleaux et acrotères
en forme de triangles
Cippe Dôme 006, 011
Pomme de pin 012, 013, 014
tronquée
Les notices font ressortir des types de sommets en nombre limité, une dizaine tout au plus.
Le tableau, quant à lui, met en évidence qu’à chaque type de monument correspond une ou deux
variétés de sommets.
Les stèles, par exemple possèdent soit un sommet triangulaire, soit un sommet plat.
La stèle à sommet triangulaire constitue le modèle le plus courant puisque 57 stèles sont
répertoriées dans le corpus. Les stèles numéros 095 et 098, minoritaires, sont pourvues d’un
sommet plat. Toutefois, un fronton triangulaire interne décoratif est sculpté sur la stèle 098. Il
rappelle certaines stèles vénitiennes présentées sur le site Ubi Erat Lupa77 comme les numéros
14476-1 ou 171458-1. La stèle de bourges Esp 02-149478 correspond aussi à ce modèle.
À Metz, parmi les notices étudiées, les stèles à sommet arrondi ne comportent jamais
d’acrotères. Par comparaison, les modèles bituriges, découverts à Saint-Ambroix, ont une
proportion plus importante de stèles à sommets arrondis (9 en tout). Cela dit, les stèles à sommet
triangulaire restent les plus nombreuses (19 exemples). Les stèles à sommet arrondi sont parfois
ornées d’acrotères (inv. 4773, inv. 4353, inv. 1771, par exemple). Deux stèles ont un sommet
plat. Cependant, il existe une stèle au sommet décoré en volute, un décor inconnu à Metz (inv.
1955.44.2).
Les Leuques, limitrophes des Médiomatriques, font apparaître des tendances quelque
peu différentes. Les stèles à sommet triangulaire sont les plus nombreuses. Trente-trois sont
identifiables parmi les monuments funéraires encore en état. Le triangle haut prend à l’occasion
une forme exagérément allongée (Nesp III n° 968 et 970). Les stèles à sommet arrondi sont
courantes (13) mais ne comportent que rarement d’acrotères (Nesp III 983). Deux stèles
possèdent chacune un sommet à quatre pans (Nesp III 379 et 780), un type absent à Metz. En
revanche, les stèles à sommet plat sont nombreuses (18 exemples). La stèle Nesp III 249, est
sculptée d’un triangle interne, corroborant la diffusion du modèle en Gaule.
Les stèles trévires, dont les villes d’Arlon, de Trèves et de Luxembourg conservent une
grande partie des collections, sont homogènes. Celles de Trèves ont des sommets triangulaires
pour l’essentiel. Puis, on y trouve des sommets arrondis (avec ou sans acrotères) et plats (avec
ou sans fronton interne sculpté). Toutes les combinaisons existent. L’une des stèles est ornée
d’un triangle volontairement tronqué. Les stèles d’Arlon sont semblables à celles de Trèves
77 Ubi Erat Lupa, http://www.ubi-erat-lupa.org/simplesearch.php, consulté le 28/07/2019.
78 Base RBR/NESP, http://nesp.mmsh.univ-aix.fr/explorerbr.aspx, consulté le 28/07/2019.
46
quoique la plupart aient été retaillées. Un seul modèle avec sommet à quatre pans se démarque.
L’alternance des formes est commune aux trois sites.
Les types de sommets suivants ne correspondent plus aux stèles. Ils sont logiquement moins
représentés car ils appartiennent à des typologies de monuments plus rares à Metz.
Ill. 1.16 Nm. 186/230 D.Davin Ill. 1.17 Arlon IAL GR/S 394/395 D.Davin
47
proéminente. Elle s’insère dans un décor de têtes sculptées
et de feuilles d’acanthe, présent sur les quatre faces. Un
second monument, aux couleurs reproduites selon des
hypothèses aujourd’hui mises en doute, comporte une
toiture concave couronnée d’une pomme de pin placée
entre des masques. Ce motif figure également, en plus
élaboré, sous formes d’acrotères, disposés aux quatre
coins. La toiture du mausolée IAL GR/S 394/395, conservé
à Arlon (Ill. 1.17), reprend le modèle de simple pomme
de pin. Selon la reconstitution actuellement proposée,
la toiture est plus petite que la surface sur laquelle elle
repose.
Il semble qu’à Divodurum et à Arlon, le couronnement
des mausolées à toiture concave à écailles soit
exclusivement pourvu de pommes de pins. Le monument
Nr. 1808 de Trèves déroge à ce modèle car il est couronné
Ill. 1.18 Pilier de Langres Nr. 1361 d’un aigle.
Photo D. Davin Concernant les mini piliers, le modèle le plus
ressemblant à celui de Metz (019) est exposé à Langres
(Nr. 1361, ill. 1.18). La toiture et la pomme de pin sont très simplifiés
et traités de façon anguleuse. Les pans du toit n’ont pas d’écailles.
L’autel, généralement défini par la présence d’un focus et de
rouleaux connaît une variante puisque l’autel 008 comporte des
acrotères à la place des rouleaux.
La « toiture » figurée sur les monuments messins n’est pas systématiquement travaillée. Elle
ne possède souvent qu’un sommet à deux pans laissés bruts, sans signification particulière. Il
arrive néanmoins qu’un décor architectural soit gravé sur le corps du monument. Des piliers ou
des formes d’arches, ressemblant à des portes, donnent l’impression de pouvoir y reconnaitre
un toit et par extension, une maison. Le cas échéant, l’analogie devient plus probante. Par
exemple, le pilier miniature 019 est recouvert de tuiles d’écailles imbriquées, tout comme la
stèle 030 (Ill. 1.20). Ce modèle, copié des Trévires, notamment, se retrouve vers le sud, à Dijon
(inv. arb. 182). Les écailles y sont placées de façon irrégulière et la partie inférieure se termine
en « dents de scie ». La stèle, peu épaisse, donne l’impression d’un toit en deux dimensions.
La ville d’Arlon, située en Gaule Belgique géographiquement, est assez proche de Metz. Elle
48
fournit pourtant des exemples de toitures à écailles légèrement différentes par leur traitement.
Le monument Esp V 4353 est recouvert d’écailles épaisses, bien distinctes les unes des autres.
Elles sont de taille identique. Une séparation centrale découpe chaque écaille en deux parties
symétriques. Ce souci du détail ne se retrouve pas à Metz. Le monument Esp V 4026 suit la
même représentation du recouvrement de la toiture. Or, ce modèle correspond justement à celui
véhiculé par un monument de Neumagen, conservé à Trèves sous le numéro 240. La toiture
prend une forme de trapèze haut à écailles. Il ne recouvre qu’une partie du sommet. Ce modèle
de toiture fine est inconnu à Metz.
Un second type de figuration de tuile, en forme de losange, est gravé sur la stèle 054 (Ill.
1.21). Quoique plus rare, un exemple similaire est présenté au musée de Trèves ce qui exclut
une invention stylistique isolée, propre à Metz. La grande différence réside dans la profondeur
des sillons creusés. Les losanges sont plus grands. C’est ce que démontre la comparaison avec
la stèle inv. 1955.897 du IIe ou IIIe siècle. Le même motif est présenté juste à côté, sur un cippe
à pomme de pin. De la même époque, il provient également de Trèves. La question est de
savoir si cette représentation est conforme à un type de recouvrement réel de toiture de cette
époque ou s’il s’agit juste d’une stylisation de la toiture en écailles. Malheureusement, aucun
vestige archéologique ne permet d’y répondre à ce jour. Il semble aussi paradoxal que les tuiles
de terre cuite, pourtant adoptées régionalement ne soient nulle part reproduites sur les pierres
sépulcrales.
t
iii. Les varianes de niches architecturales
Au même titre que le sommet des monuments, les niches sont un élément à part entière de la
typologie. Plusieurs variantes de niches existent. Toutes ne sont pas apparentées au même type
de monuments à Metz comme le démontre le tableau récapitulatif proposé.
49
Niche cintrée chargée de guirlandes
Mausolée 002
internes
015, 020, 021, 024, 027, 032,
Stèles Niches rectangulaires ou trapézoïdales 039, 042, 085, 086, 092, 096,
100, 104, 112
Niches rectangulaires ou trapézoïdales
Stèle 026
avec coquille interne
Stèles Niches à double arcature 028, 109
Stèles Niche avec forme triangulaire 045, 070
008, 013, 047, 048, 071, 074,
Autels, cippes Figuration de niche cintrée
108 (supposé)
Stèle Figuration de niche cintrée double 030
Pour commencer, deux sortes de niches basiques coexistent : les niches à sommet arrondi
cintré (ou en forme de demi-coupole, aussi appelée cul-de-four) et les niches à fond plat. La
demi-coupole apparaît dans l’architecture romaine durant le courant du Ier siècle avant notre
ère79.
Y. Freigang rend compte, dans ses premières études du corpus messin, de niches
particulièrement profondes. Une rapide comparaison avec des monuments de la cité des
Leuques80 ou des Trévires81 semble lui donner raison au premier abord. Cependant, dans son
ouvrage ultérieur Die Grabmäler der gallo-römischen Kultur im Moselland, elle ne mentionne
nulle part les mesures de profondeur de niches afin de vérifier sa thèse.
Afin d’étayer ce sujet et d’apporter des précisions, la profondeur de quelques niches a été
mesurée.
Les mesures récoltées montrent que les niches, finalement, ne sont pas particulièrement
profondes. Il s’agit plutôt d’un effet d’optique. Un jeu sur le relief des personnages (tête en
haut relief et corps en moyen-relief) et l’effet de drapé renforcent l’impression de profondeur
79 Informations tirées des cours d’Histoire de l’art romain de l’École du Louvre, niveau L1, p. 12.
80 G. Moitrieux et J.-N. Castorio, Le Nouvel Espérandieu, Toul et la cité des Leuques, Paris, Éditions des Belles
Lettres, 2010, 424 p.
81 Y. Freigang, « Die Grabmäler der gallo-römischen Kultur im Moselland. Studien zur Selbstdarstellung einer
Gesellschaft », JRGZ, 44, 1997, pp. 277-440.
50
apparente.
51
corpus 2012.0.113 en bénéficie aussi.
La niche à double arcature, plus rare à Metz, n’est pas absente du corpus. Elle est destinée à
abriter plusieurs personnages en pied. Elle se rencontre donc exclusivement sur des monuments
de belle facture et de grande taille. Pour comparaison avec des cités similaires, la stèle d’Arlon
IAL GR/S 025 est aussi à double arcature. Le mausolée conservé à Trèves (inv. 7521) contient
un couple en pied dans une niche à double arcature. Chacune des niches est décorée d’une
coquille crénelée aux rayons rapprochés. Ce type de décor semble par conséquent s’être diffusé
dans le Nord-Est. À noter que les couple ne sont jamais séparés par une démarcation centrale
comme en Italie (Lupa 14151) ou à Béziers Esp I 0541 pour la Gaule.
La technique et le style des monuments funéraires messin sont sans doute la partie la
plus difficile à aborder. La question s’est posée quant à la façon de traiter ce sujet selon trois
possibilités. Une approche par monument, par règne ou par période.
Ainsi que le fait remarquer J.-N. Castorio dans sa thèse de doctorat, la majorité des monuments
à personnage du nord-est ont été taillés au cours du IIe siècle, début du IIIe siècle mais il est quasi
impossible de suivre le développement de leurs productions, sauf cas exceptionnel comme à
Neumagen, où l’étude stylistique est complétée par d’autres indices83 précis. La ville de Metz
illustre bien ce problème. Le vêtement est commun et n’évolue visiblement pas. La coiffure
est un indice quasiment inutilisable à cause de la simplicité des coupes qui perdurent durant
plusieurs générations. Les monuments sont traités selon un réalisme simple, les personnages
font souvent environ la moitié de leur taille réelle. Ils sont en pied et homogènes. La cité de
Divodurum situe son art dans une variante de l’art gréco-romain. Les thèmes, les motifs et les
formes des monuments sont sélectionnés d’après des monuments existants et sont limités. Cet
art s’accompagne malgré tout de quelques innovations.
En 1996, Y. Freigang a publié un article84 sur le bien-fondé d’une étude approfondie des
collections messines, notamment celle de l’îlot Saint-Jacques. Elle projetait d’en faire une
analyse, plutôt prometteuse, dans sa thèse à venir, à partir des coiffures des personnages et d’une
comparaison avec les modèles de la Gaule du nord-est (Trèves, Reims, Arlon). Cependant, les
résultats n’ont pas été aussi probants qu’espérés. Excepté de rares monuments aux coiffures
typiques de Faustina Minor, Lucilla ou Plautilla, les autres coiffures sont trop simples et
n’apportent pas de réponse valable. Y. Freigang s’est rapidement rendu compte de l’impossibilité
de dater précisément l’ensemble du corpus par ce moyen et s’est finalement abstenue de le faire.
Cette constatation rejoint les remarques formulées par J.-N.Castorio. Il explique que la coiffure
à Metz est avant tout fonctionnelle85. Elle est une forme de simplification et de déformation de
la coiffure impériale et varie peu dans le temps.
83 J.-N. Castorio, Inelvctabile fatvm. Mourir en gaule mosellane (Ier s. av. J.-C. – IVe s. ap. J.-C.), Ouv. Cit.,
2008, p. 401.
84 Y. Freigang, Les stèles funéraires de Metz, îlot Saint-Jacques : une nouvelle approche de la datation de la
sculpture en pays mosellan, 1996, pp. 123-128.
85 J.-N. Castorio, Inelvctabile fatvm. Mourir en gaule mosellane (Ier s. av. J.-C. – IVe s. ap. J.-C.), Ouv. Cit.,
2008, p. 40.
52
J.-J. Hatt, à son époque a tenté de formaliser une évolution des styles. Si l’ensemble de
son travail n’est pas à remettre en cause, l’idée selon laquelle l’art funéraire dégénère avec le
temps est fausse. L’approche de F. Braemer, pourtant ancienne, reste un exemple cohérent et
de qualité d’étude régionale. Les datations proposées par B. Numrich à Trèves sont aussi d’une
aide précieuse.
C’est donc vers une analyse dynastique ou par période élargie qu’il est plus sage d’orienter
notre comparaison.
Les monuments estimés du Ier siècle sont peu nombreux. Ce sont les numéros 001; 080 ; 093
et 105.
Les numéros 001 et 105 (Ill. 1.24) appartiennent à des mausolées de grande taille, alors
réservés à une population aisée. Le numéro 105 en particulier présente un style singulier en
comparaison du traitement des personnages ultérieurs. Il se démarque notamment par le drapé
réalisé avec de nombreux plis très resserrés qui se croisent. La défunte porte aussi un lourd
collier figuré pour montrer sa richesse et son statut. De tels ornements luxueux sont absents
aux siècles suivants. Le lien avec Mayence et le tombeau de « l’Attis » d’Arlon (Ill. 1.25) a été
établi et démontre l’usage probable d’un carton.
Ill. 1.24 Bloc numéro 105 : drapé de femme Ill. 1.25 Bloc de l’Attis conservé à Arlon
Photo L. Kieffer Photo D.Davin
De plus, la femme est représentée grandeur nature et non à mi-taille réelle comme par la suite.
Le calcaire blanc employé a gardé une teinte plus claire. Le monument 001, qui est en réalité
un ensemble de trois monuments rassemblés, a également un lien avéré avec le cénotaphe de
Trèves dans la lignée du tombeau d’Auguste. Sa taille et son décor de rinceaux en relief profond
et précis le limitent au Ier siècle. Les décors végétaux employés par la suite n’atteignent plus
cette précision dans la découpe des motifs. On ne trouve plus d’exemple de rinceaux de ce type
à Metz.
Les stèles 080 et 093 sont simples. Le décor n’aide en aucune façon à les dater. En revanche,
le texte gravé sur le corps de ces deux stèles et la formule funéraire sont sans confusion possible
du Ier siècle. La stèle 080 préfigure les modèles des siècles suivants à sommet à deux pans avec
acrotères décorés de motifs floraux. La stèle 093 possède un sommet arrondi peu repris par la
suite, de même que le motif d’astre solaire auquel on préfèrera celui de la lune.
Les monument funéraires 10 ; 33 ; 57 ; 58 ; 59 sont situés entre le Ier et IIe siècles. Excepté
les numéros 057 et 058, ils ne sont pas homogènes. Les numéros 057 et 058 sont des stèles à
sommet triangulaire. Le texte gravé sert à la datation grâce à la formule « Dis Manibus » écrite
53
en toutes lettres. On remarquera aussi que l’inscription est située sur le corps de la stèle et dans
le fronton. Il n’y a aucun décor. Les stèles 033 et 069 comportent des personnages. La stèle 069
est fruste. Le personnage est traité de façon singulière. Il est représenté en buste dans une niche,
une option rarement choisie à Metz. Sa chevelure est ramenée en frange sur son front (Ill. 1.26).
Deux fines mèches longues descendent de chaque côté de ses joues. Cette coupe est comparable
à celle de Laetus (Esp 02-1193, ill. 1.27) à Bordeaux. F. Braemer la décrit d’influence trajanique
(Ill.1.28).
Ill. 1.26 Coiffure, stèle 069 Ill. 1.27 Laetus 02-1193 Ill. 1.28 Buste de Trajan
Photo L. Kieffer Photo Nesp CC BY-SA Wikimedia
Cette stèle reste l’unique exemple qui renvoie à cette coiffure à Metz. Les globes oculaires
du garçon sont plats. Il a des cernes. Le drapé de son vêtement est maladroit et minimaliste.
Des plis obliques sont simplement gravés. Son visage est taillé en ovale. Ce traitement d’aspect
sommaire ne se retrouve pas par la suite et ne se rattache à rien d’identique. La stèle 033
(Ill. 1.29) est sujette à controverse. Peut-être est-ce l’une des premières représentations de
personnage en pied sculptée de Metz. Cette femme médecin se tient debout dans une niche
en cul-de-four décorée d’une coquille. Les plis de sa longue tunique sont parallèles, en semi-
méplat. Ils sont resserrés à la manière du mausolée 105. Les globes oculaires sont lisses, le
visage ovale. Elle est coiffée de larges mèches souples tirées en arrière, auréolant le visage et
recouvrant les oreilles, séparées par une raie médiane. Cette coupe est identique à celle d’une
femme d’Arlon (I.A.L/GRS 329, ill 1.30) qui date de 165-175.
Elle tient contre son flanc un attribut relativement commun : le coffret. Il est légitime de se
demander si ce monument a pu servir de modèle ou s’il s’est inspiré des sculptures d’Arlon,
auquel cas sa datation serait à
revoir. En résumé, le style de
cette stèle encourage au débat.
Elle cumule des éléments des
Ier et IIe siècles. Cependant on
ne peut pas prouver qu’elle soit
une imitation du monument
d’Arlon et non le contraire.
Enfin, l’autel 010 est daté
par son inscription gravée en
belle lettres sur le corps du
Ill. 1.29 Coiffure de la medica Ill. 1.30 Coiffure de femme monument. Il ne comporte pas
Stèle 033 Arlon, IAL GR/S 329
de décor.
Photo L. Kieffer Photo D. Davin
54
Les monuments identifiés du IIe siècle
Les monuments identifiés du IIe siècle sont les notices numéro 002 ; 003 ; 017 ;018 ; 024 ;
030 ; 031 ; 036 ; 037 ; 039 ; 040 ; 043 ; 048 ; 051 ; 053 ; 056 ; 062 ; 063 ; 065 ; 068 ; 070 ; 071 ;
073 ; 084 ; 085 ; 089 ; 091 ; 095 ; 099 ; 102 ; 104 ; 108, 109 et 111
C’est au cours du IIe siècle que les sépultures de pierre se démocratisent. La multiplication
des demandes locales entraîne un essor sans précédent des stèles, sans doute fabriquées par
des artisans locaux attachés à des ateliers. Un ensemble d’indices nous permettent d’identifier
les changements apparus au IIe siècle. La persistance de certaines modes empêche de fixer
précisément la limite d’abandon de ces dernières. Vingt-neuf monuments datent typiquement
de cette période pour laquelle la seconde moitié du IIe siècle est surreprésentée.
En termes de monuments nouveaux, la typologie du pilier, issu du pilier rhénan, apparaît
visiblement à Metz à la seconde moitié du IIe siècle. Le bloc 002 date justement de cette période.
Cette attribution chronologique est renforcée par d’autres indices comme la treille surchargée,
typique de la période antonine tardive selon Y. Freigang86.
Durant la seconde moitié du IIe siècle, la thématique des scènes de métiers se répand sur les
monuments de grande taille. L’ascia gravée sur les faces latérales fait son apparition.
Les stèles représentant des personnages en pied gagnent la faveur de la population locale.
J.-N. Castorio remarque à ce sujet que les personnages sont représentés à mi-taille réelle87.
Ce constat se vérifie sur les monuments 031 et 085, à l’instar de la stèle 033, alors que les
personnages sculptés sur les scènes à registre ou les faces latérales sont à l’échelle 1/3 (numéro
002 et 104, ill. 1.31). Une silhouette au canon allongé de 7,4 est mesurable sur la stèle 037,
selon un changement de mode des proportions des personnages. Cette variation apparaît à Metz
lors de la seconde moitié du IIe siècle mais demeure d’une portée très limitée.
Au IIe siècle encore, les lapicides commencent à utiliser
progressivement la pierre de Norroy, des côtes de Moselle et de la
pierre calcaire commune de provenance inconnue. Les traces d’outils,
insaisissables au premier siècle grâce au travail de finition, sont
maintenant particulièrement visibles, surtout dans les niches en cul-de-
four. Plusieurs exemples permettent d’étayer ces propos. Le monument
002 comprend des traces de gradine en fond de niche et des traces de
ripe sur les personnages. Des traces de ripes sont aussi présentes au
fond des monuments 017, 031, 037, 043 et 104. L’usage de cet outil est
presque systématique sur les stèles issues de l’îlot Saint-Jacques. Ces
traces se justifient non pas par un travail bâclé de la part du lapicide 1.31 104, traces de ripe
mais par une technique de taille facilitant l’adhésion de la couleur sur Photo L. Kieffer
la surface.
La dureté relative de la pierre de Norroy comparée à la pierre de Jaumont entraîne quelques
difficultés à rendre les détails et des maladresses notoires. Les modèles les plus réussis
comportent des détails de l’expression ou de l’âge du défunt (003) et font penser à des portraits
mais leur nombre reste limité en comparaison des personnages stéréotypés. À Metz, la forme des
86 Y. Freigang, « Les stèles funéraires de Metz, îlot Saint-Jacques : une nouvelle approche de la datation de la
sculpture en pays mosellan », in : La sculpture d’époque romaine dans le nord, dans l’Est des Gaules et dans les
régions avoisinantes, Besançon, Presses universitaires Franche-Comptoises, 2001, p. 126.
87 J.-N. Castorio, Inelvctabile fatvm. Mourir en gaule mosellane (Ier s. av. J.-C. – IVe s. ap. J.-C.), Ouv. Cit.,
2008, p. 409.
55
visages permet d’identifier le sexe de la personne facilement.
Les femmes conservent un visage de forme ovale comme au Ier
siècle. Les hommes en revanche sont souvent pourvus d’une
mâchoire carrée (numéros 036 et 024, ill. 1.32), du moins à la
fin du IIe siècle.
Ill. 1.33 Coupe adrianique Ill. 1.34 Coupe antonine Ill. 1.35 Coupe antonine
Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer
56
autres sur le monument numéro 104.
Parmi les coiffures féminines assez bien déterminées, une femme figurée en pied sur la stèle
086 porte une coupe composée de larges mèches incisées parallèles tirées en arrière qui lui
couvrent le front et les oreilles. Elle date de la période hadrianique ou antonine.
Les deux femmes dont seule la tête est conservée sur le bloc 109 sont caractérisées par
une coiffure commune à la différence près que les mèches du personnage de droite sont plus
épaisses. Leur chevelure est divisée en deux parties par une raie médiane. De longues mèches
souples, parallèles sont tirées vers l’arrière et se terminent en chignon dans le cou. Elles sont
légèrement ondulées et couvrent les oreilles. Ce sont des variantes de la coupe adoptée par
Faustina Minor. Elle situe le monument à la seconde moitié du IIe siècle au minimum.
Le monument 002 est un témoin de la persistance des coiffures dans le temps car elles sont
mélangées. La coupe masculine à nodules des faces latérales est datée de Marc-Aurèle alors
que celle de la femme sur la face antérieure est plus ancienne. Ses cheveux sont divisés en deux
parties par une raie médiane. Les fines mèches qui composent la coiffure forment un rouleau
au-dessus de l’oreille et sont attachées en chignon dans le cou. Les oreilles sont couvertes.
Dès le premier tiers du IIe siècle, le traitement du drapé change radicalement en comparaison
du Ier siècle. Les plis sont dorénavant représentés en larges bandes, avec un relief plat et des
bords anguleux, parfois en escaliers. Le mausolée 002 en est un exemple typique, avec des
couches paraissant superposées. Cette profondeur apporte un contraste élevé à la composition.
M.-R. Ormasti date de la seconde moitié du IIe siècle la représentation d’un drapé lourd, en semi-
méplat et à larges bandes. Les gorges sont profondément creusées par endroits. Les monuments
017, 024, 031, 037, 043, 085, 086 ( Ill. 1.37, 1.38, 1.39, 1.40) illustrent parfaitement ces propos.
Si le drapé est un indice de datation approximatif, le vêtement en revanche ne l’est pas. Les
personnages portent une tunique correspondant à leur tenue vestimentaire quotidienne. Excepté
la tunique 086 ornementée de formes triangulaires sculptées, les autres modèles sont simples,
au mieux ornés de détails de passementeries. La « distinction » des individus, selon l’acception
de P. Bourdieu, ne passe certainement pas par l’aspect vestimentaire. Outre la tunique ras le
cou, les personnages masculins portent une pénule locale à capuchon au col en V dès le IIe siècle
(numéros 37 et 43). Les femmes sont couvertes d’une sorte de châle.
Les monuments dépourvus de personnages reconnus du IIe siècle sont essentiellement des
stèles modestes. Le cippe fait son apparition (068) à cette époque. Ces éléments lapidaires,
57
contrairement aux stèles avec personnages, sont rarement recouverts de traces sur la face
principale. Cela dit les stèles 068, 099 et 108 comportent quelques traces d’outils, ce qui n’était
pas le cas au Ier siècle. Le rifloir (068, ill. 1.41) et la ripe (108, ill. 1.42) sont utilisés sur la face
antérieure.
Ill. 1.41 Traces de rifloir 068 Ill. 1.42 Traces de ripe 108 Ill. 1.43 Ligne tracée 099
Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer
L’inscription de la stèle 099 (Ill. 1.43) a été gravée à l’aide d’une ligne. La grande majorité des
décors sommaires sont sculptés en léger relief. Quelques monuments sont gravés ou légèrement
creusés (018,071,099). L’interponction de l’hedera est employée sur la stèle 099 ainsi que des
triangles.
Les motifs sont simples. Ce sont des végétaux, des vagues, un cercle gravé d’une croix.
Seule une tablette ouverte se démarque (073). Sur la stèle 030 sont figurées des doubles portes
et le toit à écailles couronnées d’une pomme de pin est adopté. La stèle 018 se démarque car elle
appartient aux découvertes de l’îlot Saint-Jacques. Le corps est néanmoins simplement gravé.
Elle date de la seconde moitié du IIe siècle en accord avec les autres modèles. L’inscription
n’est plus seulement incisée sur le corps de la stèle ou dans le fronton. Les lapicides s’aident
désormais de cadres, de bandeaux ou de cartouches à queues d’aronde, sur les plus belles stèles
(030 ; 071 ; 108). Un effort est réalisé sur la qualité.
Les monuments de la fin du IIe ou du IIIe siècle sont les numéros de notices 004 ; 006 ; 007 ;
008 ; 009 ; 011 ; 012 ; 013 ; 014 ; 015 ; 019 ; 020 ; 021 ; 023 ; 025 ; 026 ; 027 ; 028 ; 029 ; 034 ;
038 ; 042 ; 045 ; 046 ; 047 ; 049 ; 050 ; 052 ; 055 ; 059 ; 060 ; 061 ; 064 ; 072 ; 074 ; 075 ; 076 ;
077 ; 078 ; 079 ; 081 ; 082 ; 083 ; 090 ; 094 ; 097 ; 098 ; 100 ; 106 ; 107
Les 50 monuments cités appartiennent, pour la grande majorité, à la seconde partie/fin du IIe
siècle ou sont estimés entre le IIe et le IIIe. Un doute subsiste quant à la limite à déterminer car
certaines caractéristiques utilisées pour fixer une datation sont encore de mise au siècle suivant.
Le plus souvent, c’est tout simplement le manque d’informations ou les détériorations subies
qui constituent le problème. C’est pourquoi ces monuments peuvent aussi bien appartenir au
IIe qu’au début du IIIe siècle, dans une moindre mesure. J.-M. Demarolle stipule que la ville de
Metz n’échappe pas à la crise et aux invasions que subit l’Empire dès le milieu du IIIe siècle et
sans doute avant89. Ce point limite le nombre de monuments effectivement taillés durant le IIIe
siècle, du moins après 230.
Onze monuments à personnages sont estimés entre la seconde partie/fin du IIe siècle et le
début du IIIe siècle.
89 J.-M. Demarolle, Vivre en Lorraine gallo-romaine, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1986, p. 22.
58
Le pilier 015 ne fournit pas
d’information particulièrement
utile à sa datation. Les personnages
sur les registres font un tiers de
la taille réelle, des traces de ripes
sont visibles au fond de la niche
et la coupe reste un standard. Ce
pilier constitue un bon exemple
de sculpture normalisée et par
extension difficile à dater.
La scène de compte 042 comporte des personnages assis, simples mais réalistes, car l’un
d’entre eux est affublé d’un nez bossu. La coiffure des protagonistes, faite de mèches bouclées
ramenées en avant, et le collier de barbe sont
typique des règnes d’Hadrien ou d’Antonin.
Cependant, les scènes de compte régionales
du même type sont plus tardives (Arlon 250,
Neumagen 215). Dans ce cas, on peut envisager
un prolongement possible de la mode antonine
jusqu’au début du IIIe siècle. En revanche, si
la stèle 020 est difficile à délimiter, elle semble
plutôt appartenir à la fin du IIe siècle. Le drapé
large et souple est traité en semi-méplat, l’homme Ill. 1.46 Stèle 020
est figuré de façon réaliste (Ill. 1.47). Sa mâchoire Bandeau et chignon Ill. 1.47 Conjoint, 020
Photo L. Kieffer
est carrée et il porte une coupe tardive alors que Photo L. Kieffer
sa femme conserve une coupe antonine constituée
d’un bandeau et d’un chignon (Ill. 1.46).
Les arcades profondes, les yeux globuleux et les traces de ripe en fond de niche typique des
observations consignées au sujet du IIe siècle se retrouvent. Un visage marqué de rides et un
drapé réaliste sont justement représentés sur la stèle 026. La femme porte une coupe dérivée de
celle de Lucilla90. La masse abondante de cheveux laisse les oreilles dégagées. L’ascia gravée
90 Annia Aurelia Galeria Lucilla (149-182) est surtout connue sous le nom de Lucilla ou Lucille. Elle est la
seconde fille de l’empereur Marc-Aurèle et de Faustine la Jeune. Elle est notamment la femme de Lucius Verus,
co-empereur. En matière de mode, ses coiffures complexes ont été reprises par d’autres femmes dans l’Em-
pire.
59
sur les faces latérales étend malgré tout la limite de datation au début du IIIe siècle. La femme
représentée sur la stèle 028 porte aussi une coupe à la mode de Lucilla ou de Faustine qui lui
recouvre la moitié des oreilles. Son visage est ovale alors que son mari a une mâchoire carrée.
Leurs arcades sont profondes. Le vêtement est contrasté grâce l’effet obtenu par les creux et
les bosses. Une hésitation persiste quant à la date de limite, même si le monument correspond
plutôt au dernier quart du IIe siècle. La stèle 038 du négociant en serrures pourrait aussi être
datée de la seconde moitié du IIe siècle en raison du drapé lourd aux larges bandes traitées en
semi-méplat déjà évoqué. Cela dit, la coupe courte de l’homme aux angles aigus sur les tempes
est plutôt caractéristique du IIIe siècle. Cela signifie que cette façon de traiter le drapé reste
courante. Le canon court des personnages semble aussi assez tardif.
Cette remarque semble se justifier car elle se vérifie sur la stèle 027. Le
visage lourd de l’homme serait plutôt typique du IIIe siècle.
La stèle 045 dite du carrier (Ill. 1.48) se détache des autres. L’homme
chauve, à la barbe incisée est ridé par l’âge. Il a un visage réaliste en
forme de triangle inversé absent des autres représentations locales. Le
personnage est recouvert de traces de rifloir. Le drapé est sculpté peu
profondément. B. Numrich date ce type de coupe des années 180 (inv. Ill. 1.48 Carrier 045
Nm. 303). Donc la stèle peut être estimée à partir ou aux alentours de Photo L. Kieffer
cette date.
Les monuments réservés à une population modeste sont compliqués à dater à cause du
manque d’informations, de leur traitement sommaire et commun, en continuité sur le long terme
et, parfois, de leur état de conservation. C’est pour cette raison que 46 d’entre eux ne peuvent
être classés de manière satisfaisante. Ils sont du IIe ou IIIe siècle. Autels, cippes, stèles et stèles
plaques sont concernés. Leur nombre élevé confirme une accession à la sépulture pour tous
qui croît à partir du IIe siècle. Les motifs floraux adoptés rapidement sont majoritaires. Lunes,
dauphins et éléments architecturaux complètent cet ensemble. Les piliers sont le plus souvent
gravés (072, 074,078). Or, F. Braemer a soumis une analyse à ce sujet concernant les stèles
bordelaises. Il signale des négligences sur les petits monuments transposables aux monuments
messin. À Bordeaux, les pilastres, bases et chapiteaux sont peu nombreux alors qu’ils sont
courants à Metz. Selon ses observations, l’architecture et le décor sont juste évoqués par un trait
gravé91. Ce point est en partie vrai à Metz. Cependant, les décors sont sculptés en léger relief et
quelques monuments sont sculptés de piliers en bas-relief (019) dont la qualité est relativement
correcte. Ce procédé ici n’est pas réservé à une région pauvre mais plutôt à un niveau de vie
atteint par une tranche de la population. À Metz, contrairement à Bordeaux, les cartouches ne
sont pas rares. Les inscriptions sont de qualité fluctuante mais certaines stèles modestes sont
ornées de caractères soignés.
Rares sont les monuments figurés dont la datation du IIIe siècle ne fait aucun doute. Ce sont
les numéros de notices 005, 016 ; 021 ; 032 ; 035, 054, 088 et 101.
La tendance déjà ébauchée de s’éloigner des personnages à mi-taille réelle pour les sculpter
plus grands ou plus petits se généralise. Le plissé des vêtements est découpé et les gorges sont
profondes. Les personnages sur la stèle 035 ont un canon allongé. La stèle en question est
retaillée. C’est pourquoi des traces de pointerolles parsèment la niche. Excepté les personnages
sculptés sur la stèle 021 aux yeux globuleux en amandes, les autres ont tous des iris bombés en
forme de billes. Ce type de traitement des yeux semble s’être répandu. Ce sont, en particulier,
91 F. Braemer, Les stèle funéraires à personnages de Bordeaux, Paris, Picard, 1959, p. 132.
60
les coupes des personnages et les thématiques bien spécifiques qui
permettent une datation du IIIe siècle. La mère de famille figurée sur
la stèle 032 porte une coupe imitant celle de Plautilla92 (Ill. 1.49)
entre 202 et 205 reconnaissable sur les pièces de monnaies.
92 Fulvia Plautilla (188-212), communément connue sous le nom de Plautille, est la fille de Plautien, grand pro-
priétaire à Leptis Magna. Épouse de l’empereur Caracalla, elle influence la mode. Ses coiffures sont notamment
reproduites par les femmes à travers l’Empire.
93 Le pilastre peut aussi bien être considéré comme un élément architectural que comme une décoration, selon sa
proéminence et son emplacement. La majorité des pilastres de Metz étant simplement gravés, ils sont traités dans
la partie décor. Cependant, il semblait pertinent de les intégrer à ce tableau styilistique, en supplémement.
61
Chevelure
Epoque de Marc-
bouclée Dans le domaine Même époque à
Aurèle, y compris Leuques
abondante et funéraire Metz
sur les monnaies
barbe
Figure allongée De 125 à la fin du Dans le domaine
Incertain
et attitude souple IIe siècle funéraire
Idéalisme Dans le domaine
Grands yeux Incertain
hadrianique funéraire
Pupille incisée Dans le domaine
Depuis Hadrien
ou gravée funéraire
Début de période Dans le domaine
Globe à facettes Bordeaux Incertain
hadrianique funéraire
À la mode durant
Plis larges et Dans le domaine
la période de Marc- Bordeaux Incertain
plats funéraire
Aurèle94
Cette partie concerne l’étude des représentations figurées des stèles messines et du décor
architectural. La synthèse de S. Deyts et G. Coulon au sujet des stèles de Saint-Ambroix95
fournissait un modèle méthodologique intéressant pour traiter ce sujet, mais il a été nécessaire
de le revoir car la notion de décor reste ambigue et se mélange parfois avec des éléments à
caractére typologique. Leur travail fait ressortir certaines ressemblances entre les deux sites.
En effet, les séries de monuments qu’ils décrivent avoisinent les deux mètres. Ces grandes
stèles sont comparables aux stèles de l’îlot Saint-Jacques par leur taille mais aussi par leur
iconographie. L’architecture bénéficie d’une place importante, aussi bien sur les stèles à
personnages que sur celles aux façades vierges. Les auteurs étudient sous le titre de « décors
architectural » la forme des sommets (triangulaires, cintrés ou en pyramides tronquées), les
piliers et les moulures. C’est ainsi qu’ils ont pu remarquer une particularité locale récurrente
: un élément faîtier cubique, semblable à une sorte de poutre, dépasse du sommet des stèles
de Saint-Ambroix. Des pilastres sont taillés aux quatre angles. Un grand soin est apporté aux
moulures, notamment celles des frontons. Néanmoins, selon notre point de vue, la forme des
sommets et les niches creusées pour abriter les personnages sont davantage d’ordre typologique
puisqu’il jouent sur l’aspect général des monuments. Ils ont été étudiés ici dans cette optique.
Les éléments qui relèvent plus spécifiquement du décor complètent les données typologiques
récoltées car ils s’insèrent justement dans ces formes. Pour en revenir aux stèles de Saint-
Ambroix, les décors de tresses et de feuilles sont soigneusement traités. Ils retrouvent dans
la minutie des détails une inspiration tirée des canons de l’architecture classique. Les auteurs
étudient ensuite la disposition des personnages dans les niches et leur nombre. Les niches sont
souvent décorées de coquilles découpées à la clef. L’étude se poursuit par une description des
personnages. Leurs visages et leur apparence physique sont décrits en vue d’en retirer des
informations sur les archétypes reproduits d’un monument à l’autre. Les rides et l’ossature
des protagonistes sont parfois figurées pour donner plus de réalisme au portrait. S. Deyts et G.
Coulon s’attachent ensuite aux vêtements portés par les personnages. Ils détaillent leur traitement
94 F. Braemer, Les stèles funéraires à personnages de Bordeaux Ier-IIIe siècles, Ouv. Cit, 1959. p.55.
95 G. Coulon, S. Deyts, Les stèles funéraires de Saint-Ambroix : un atelier de sculpture dans la cité des Bitu-
riges, Châteauroux, Lancosme éditeur, 2012, 160 p.
62
et s’intéressent aux bijoux. Les personnages interagissent et prennent des attitudes particulières.
Par exemple, une femme pose sa main sur l’épaule de son mari, un geste interprété comme
conventionnel par comparaison avec ce genre de mise en scène trouvé dans d’autres villes. Les
outils liés aux professions (pots, herminette) et les objets symboliques (gobelets, serviettes) sont
également répertoriés et étudiés. C’est la combinaison de toutes ces caractéristiques reproduites
sur un ensemble de monuments sépulcraux qui permettent d’identifier le style local. Il devient
dès lors aisément reconnaissable. Les auteurs concluent en supposant la présence d’un atelier.
Mais contrairement aux stèles messines, les stèles de Saint-Ambroix proviennent d’une seule
et même nécropole. Elles sont suffisamment homogènes pour faire émerger un modèle type
uniforme. Cela signifie que le corpus messin nécessite de multiplier les descriptions par site,
lorsque le nombre d’éléments est suffisamment pertinent pour pouvoir en tirer des conclusions.
Comment sont disposés les personnages ? À quoi ressemblent-ils ? Quels objets et objets
symboliques peut-on répertorier ? Quels décors sont représentés ? Rencontre-t-on des similitudes
entre les monuments ? Le traitement de la sculpture démontre-t-il la présence d’ateliers ?
Des personnages figurent sur 39 façades de stèles et monuments de Metz inclus dans le
corpus. Ce sont le plus souvent des personnages en pied, corroborant la remarque émise ci-
dessus. Un certain nombre de questions se posent à leur sujet. Comment sont-ils disposés ?
L’occupation de l’espace est-il libre ou existe-t-il une codification ? Les personnages mis en
scène sont-ils représentés selon des proportions réalistes ? Que dire de leur posture ou de leur
attitude ? Comment sont-ils vêtus et conservent-ils sur eux des objets utilitaires ou plutôt
symboliques ? Les réponses obtenues ont pour but de dresser un tableau de la population locale.
Des spécificités sculpturales apparaîtront par la même occasion.
Vingt-neuf personnages sont représentés en pied de face, sept autres sont de profil. Seul un
jeune garçon est figuré en buste. Dans deux cas, il difficile de déterminer le cadrage adopté
car seule la tête est conservée. Le tableau ci-dessous apporte quelques précisions en replaçant
chaque protagoniste selon sa période estimée. Le personnage en buste appartient à la catégorie
des stèles modestes au rendu grossier. Les stèles de grande taille restent majoritaires.
63
7 037 Seconde moitié du IIe siècle
8 039 Seconde moitié du IIe siècle
9 040 Seconde moitié du IIe siècle
10 043 Seconde moitié du IIe siècle
11 085 Seconde moitié du IIe siècle
12 070 IIe – IIIe siècle
13 036 Seconde moitié du IIe siècle – Première moitié du IIIe
siècle
14 042 Seconde moitié du IIe siècle – Première moitié du IIIe
siècle
15 033 Fin du IIe siècle
16 015 Fin IIe siècle – Début IIIe
17 026 Fin IIe siècle – Début IIIe
18 027 Fin IIe siècle – Début IIIe
19 045 Fin IIe siècle – Début IIIe
20 025 Fin IIe siècle – Première moitié du IIIe siècle
21 028 Fin IIe siècle – Première moitié du IIIe siècle
22 034 Fin IIe siècle – Première moitié du IIIe siècle
23 016 Début du IIIe siècle
34 021 Début du IIIe siècle
25 032 Début du IIIe siècle
26 035 Début du IIIe siècle
27 038 Début du IIIe siècle
28 044 Non daté
29 096 Non daté
Personnage entier de profil
1 103 IIe-IIIe siècle (Hagondange)
2 104 Seconde moitié du IIe siècle
3 100 Seconde moitié du IIe siècle – Début IIIe
4 020 Fin du IIe siècle – Début IIIe
5 022 Non daté
6 041 Non daté
7 092 Non daté (n’est peut-être pas funéraire)
Inconnu
1 002 IIe-IIIe siècle
2 109 Seconde moitié du IIe siècle
64
ii. L’occupation de l’espace de la niche par les personnages messins
Lorsque le personnage est seul sur la face antérieure d’un monument, il est représenté au
centre, en pied. Il occupe généralement l’espace de la niche qui lui est dévolu (Stèles 017, 021,
024, 025, 031, 033, 036, 038, 039, 045, 070, 086, 105). Deux exemples typiques illustrent ce
point : le vendeur d’esclaves représenté sur la stèle n° 024 et le personnage sculpté sur la stèle
n° 025. Les deux hommes portent des vêtements amples qui emplissent une grande partie de
l’espace disponible. Cette mise en scène leur confère une certaine prestance. C’est un moyen
de se valoriser ou de montrer sa réussite sociale. Il est intéressant de noter, par ailleurs, que
seuls les hommes sont ainsi mis en avant. Par comparaison, la femme médecin (033) est plutôt
fine, ses épaules sont tombantes. Le rendu et l’impact sont complètement différents. Quelques
rares éléments de lapidaire divergent de ce modèle commun, dont la stèle 069 en buste déjà
mentionnée. La stèle 085 du corpus représente un nouveau-né emmailloté disposé en oblique
et non droit. Issus d’un type de monument différent, un coffre creusé de deux urnes (100) porte
au regard du spectateur une scène de pâtre surveillant son troupeau. De profil, assis, il semble
affairé avec un objet non identifié.
Lorsqu’un couple est représenté, la femme se tient à gauche. Cette codification est employée
de manière exclusive à Metz. Cette observation se vérifie systématiquement sur les pierres
sépulcrales 015, 016, 020, 028, 034, 035 et 043. Aucun exemple local ne contrevient à cette
règle. Hommes et femmes se partagent un espace équivalent de part et d’autre du centre de la
niche. Les hommes se caractérisent par le port de vêtements amples (stèle 015) qui leur donnent
une apparence plus massive que leur compagne. Hommes et femmes sont en revanche de taille
quasiment identique. Or, manifestement, cette occupation de l’espace relève davantage d’un
souci d’ordre esthétique que d’un traitement réaliste, puisque les hommes sont généralement
plus grands que les femmes. Une stèle montre un couple assis de profil dans des fauteuils (020).
Cette représentation semble unique à Metz, hors contexte de scène de métier. En revanche, elle
plus courante en Rhénanie. Cette posture est notamment employée avec des familles (Ubi Erat
Lupa 16485). Elle sert aussi à démarquer le défunt, alors à demi couché sur une banquette (Ubi
Erat Lupa 15876). Enfin, la stèle 027 montre une fillette à gauche d’un adulte qui lui tend la
main. Les blocs 041, 042 et 104 montrent des hommes de profil en action.
Les monuments à trois ou quatre personnages sont les moins nombreux au sein du corpus.
Sur le bloc de mausolée 002, la femme est au centre, entourée de deux hommes adultes. Cette
disposition se retrouve sur les monuments 003 et 026. Cette constante à Metz permet de noter
une codification locale. Un visionnage des autres stèles issues de l’îlot Saint-Jacques confirme
cette hypothèse. Elle n’est cependant pas universelle puisqu’il existe des contre exemples (Ubi
Erat Lupa 0685, en Croatie). Les stèles 032 et 040 représentent une famille. L’enfant est au
centre entouré de sa mère à gauche et de son père à droite. La norme relative qui vise à placer la
femme à gauche du mari fonctionne dans cette configuration. Elle se retrouve en Autriche (Ubi
Erat Lupa 036 et 042) mais elle est parfois inversée comme à Padoue (Ubi Erat Lupa 14613)
où la femme est placée à droite. Une exception hors corpus, non documentée et non accessible
en raison de mousses actives en abondance et de dégradations inaltérables, mérite d’être
rapportée dans ce chapitre. La stèle monumentale issue de l’îlot Saint-Jacques inv. 2010.0.33
comporte quatre personnages. Les explications fournies dans le parcours du musée de Grand
stipulent que ce type de représentation reste très rare dans cette région. Ce commentaire semble
aussi s’appliquer à Metz. Malgré l’état critique du monument, les personnages sont encore
reconnaissables à leurs tuniques dont la longueur nous permet d’identifier deux hommes et
65
deux femmes. Les deux femmes sont au centre et les hommes de part et d’autre. Le canon est
allongé.
Par comparaison, des villes telles que Bordeaux, Autun, Bourges, ou Béziers ont délivré de
grandes quantités de stèles à personnages en buste, même si la représentation en pied existe
en parallèle. Le corpus de Bordeaux, bien connu grâce aux travaux de F. Braemer offre de
nombreux exemples de stèles à personnages en buste. Par exemple les numéros n° 1, 4, 11,
18, 24 cités dans son ouvrage. Les personnages, traités en moyen ou haut-relief ressortent. La
niche, comme à Metz paraît profonde par cet artifice. Le traitement du drapé est anguleux mais
les coiffures paraissent plus précises. Dans les scènes de couples, la femme se tient à gauche
de l’homme (28). Les familles placent l’enfant au centre. La progéniture souvent unique sur le
monument ne l’est probablement pas en réalité. La stèle 29 contrevient aux autres exemples car
4 personnages dont 2 enfants sont représentés. Les stèles à personnages de Bourges possèdent
aussi généralement un cadrage en buste. La base RBR en montre de nombreux exemple dont
les monuments 02-1475, 02-1516, 02-1523, 02-1524. Une caractéristique typique ressort. La
tête des personnages est totalement disproportionnée. Dans la majorité des cas rencontrés, le
protagoniste est seul, sculpté dans une niche profonde, en moyen ou haut-relief. La stèle 02-1455
met en scène trois personnes. La stèle 02-1494 est notable car l’enfant en pied est accompagné
d’un chien. Une série de stèle d’Autun montre des personnages en buste, au visage rond. Ils sont
traités de façon assez grossière et schématique dans une niche, en bas-relief. Contrairement aux
exemples des villes précédentes, le protagoniste, souvent seul, ressort peu. Une similitude est
remarquable dans les coiffures. Les hommes, fréquemment imberbes, sont coiffés de grosses
mèches parallèles ou en vagues. Les stèles et leurs inscriptions sur le contour font davantage
penser au corpus des Vosges qu’au corpus messin.
Le corpus de Béziers est géographiquement plus éloigné. Des personnages en buste sur les
stèles 01-540 et 01-541 montrent des personnages individualisés dans l’espace de la niche. La
première est pourvue d’un contour de personnage marqué. Ces monuments datent tous deux du
Ier siècle. Ils sont antérieurs à la diffusion massive des stèles funéraires à Metz.
Il ressort de ces comparaisons des spécificités locales. La stèle à personnages en pied n’est
pas une évidence, bien au contraire. C’est une solution qui a gagné la préférence des habitants
de Metz. Pourtant, la stèle en buste est populaire en Italie et dans d’autres provinces.
Pour commencer, quelques exemples viennent illustrer les choix de représentation des
personnages figurés italiens. Le personnage en pied fait partie des possibilités retenues. Un
centurion (Ubi Erat Lupa 14157, musée d’Aquilée) sculpté en bas-relief, se tient de face,
conduisant son cheval par le mors. Une scène qui se retrouve à plusieurs reprises et laisse
deviner l’utilisation d’un poncif codifié (Ubi Erat Lupa 14644, Padoue). Ce dernier monument
est daté entre 25 av. J.-C. et l’an un. Il est donc antérieur au corpus messin. Un autre poncif
montre un personnage allongé sur une banquette (Ubi Erat Lupa 14688, Padoue). Or, cette
66
habitude de se faire représenter allongé demeure inconnue à Metz où les personnages sont
exclusivement assis ou debout. À Venise, les défunts sont à plusieurs reprise montrés en pied
et en interaction avec la famille (19815 daté de l’an 1 à 50 de notre ère ; 19866). Que ce soit
à Trieste, Venise ou Padoue, les reliefs sont peu creusés, contrairement aux stèles messines
aux personnages en moyen ou haut reliefs. Par ailleurs, les musées d’archéologie nationale
d’Aquilée, de Trieste et de Padoue présentent dans leurs collections un nombre conséquent de
stèles avec des personnes en bustes toutes seules (13945 ; 14154 daté entre 25 avant notre ère et
l’an un ; 16261 daté de l’an 1 à 100). Les couples représentés en buste sont tout aussi nombreux
(14150 ; 14561 daté entre 50 et 75 de notre ère ; 14615 daté entre 50 et 75 ; 14616 daté entre 40
et 60 ; 18829 ; 17142). À Padoue, un édicule à niche reliéfée renferme les bustes des membres
de la famille (14660) sur chaque face. Si les médaillons avec portraits de tête ou avec bustes
creusés dans le fronton sont absents du corpus présenté à Metz ils semblent prisés en Italie
(14001, 14005, 14006 daté entre 50 et 75 ; 18761, 17160 daté entre 200 et 300 ; 14609 ; 14610
; 19767 à Venise). Une autre possibilité existe encore puisque le monument 14332 du musée
d’Aquilée, à pan triangulaire et colonne, sert de réceptacle à une statue en pied. Plus onéreux,
il est réservé à une élite.
Ainsi, par le biais de tous ces exemples constate-t-on que la représentation de soi, seul ou
avec ses proches n’est pas uniforme à travers l’Empire. Elle est tributaire d’adaptations locales,
du savoir-faire des artisans et de choix liés aux goûts personnels.
Tout d’abord, en Gaule, les scènes sculptées sur les faces latérales ne sont générallement
plus représentées à l’aide de personnages en moyen ou haut-relief mais par des bas-reliefs,
souvent très peu marqués. Les personnages sont souvent réduits, ainsi que le note J.-C. Béal96.
Contrairement à d’autres cités étudiées par celui-ci, Metz déroge à ce principe par quelques
exemples hors du commun et tout à fait singuliers. Les monuments 003 et 028 comportent des
scènes latérales en haut et moyen-relief qui ressortent particulièrement.
Dans les cas plus classiques, dans lesquels les faces latérales sont en bas-relief, cette
différence d’épaisseur, divergeante de la face antérieure, a pour résultat que les faces latérales
attirent moins l’attention du spectateur et ne concurrencent pas la scène principale. Il faut aussi
comprendre par ce procédé visuel que le discours émis n’est pas le même. En effet, la face
antérieure du monument met en avant les défunts seuls ou accompagnés de leurs proches, même
96 J.-C. Béal, La dignité des artisans, Ouv. Cit., 2000, p.155.
67
si leur portrait n’est pas forcément réaliste. Les faces latérales sont au contraire décorées de
scènes symboliques et d’objets visant à renforcer leur prestige ou à montrer leur appartenance
culturelle ainsi que leurs valeurs propres. Les personnages masculins et féminins, faire- valoir
du défunt, représentés sur les faces latérales font aussi l’objet d’un soin d’exécution de moindre
qualité. Ces scènes sont donc complémentaires. Parmi les 39 stèles à personnages du corpus,
seules 10 sont pourvues de décorations sur leurs faces latérales. Ce sont les monuments 002,
003, 015, 016, 017, 028, 031, 032, 040, 042. Les motifs géométriques gravés étant un autre
genre décoratif.
Le mausolée 002 contient sur sa face latérale gauche un personnage qui joue de la flûte
de Pan. De taille exagérée, l’instrument n’a pas de lien avec le banquet funèbre mais il sert à
affirmer le statut social du défunt et son appartenance culturelle. Sur la face latérale droite, un
homme court muni d’un trident. L’hypothèse d’un pêcheur reste la plus courante. Le mausolée
de type pilier 003 nous montre des scènes du domaine artistique. Danseur et danseuse sont
accompagnés de musiciens jouant de la lyre et du disque sonore. La stèle 028 s’en rapproche car
nous voyons sur la face latérale gauche une danseuse dénudée avec des crotales, un satyre muni
d’un bâton décore l’autre face. Soit, il s’agit d’une scène de loisirs et une autre de mythologie.
Tout cela se rapporte une fois de plus à la culture de l’élite attachée à l’otium. Cette culture est
largement partagée par d’autres citées du Nord, par exemple les danseuses IAL GR/S 017 Arlon
ou Esp VIII, 6096, Sankt-Alban.
Les scènes de travaux en sont le contraire (Negotium). Le pilier 015 divisé en deux registres
montre un homme en train de réparer un filet dans la scène supérieure, un second personnage
est assis dans une barque dans la scène inférieure. Les deux scènes ont un lien avec la pêche.
Les personnages sont de profil. Le mini piler 016 lui ressemble dans sa composition car les
deux scènes latérales sont divisées en deux parties superposées. Vente de boisson, coupe de
bois, transport et utilisation du moulin sont tour à tour évoqués. Les petits personnages sont
simplifiés et de profil ou de trois quarts. Ils sont en action. Chaque saynète rappelle une sorte
de planche de « bande dessinée » dont le but est de rendre visible le geste effectué. Ils sont en
plein effort alors que les personnages de la face principale posent. La partie supérieure de la
face latérale gauche du monument 017 montre, selon ce principe, un homme qui conduit une
charrette. Sa face latérale droite contient en revanche deux outils gravés : une ascia et des
pinces. La stèle 031 fait figurer dans des niches des personnages affairés à évaluer des textiles.
La stèle 042 montre sur les scènes gauches et droites un personnage dont on ignore s’il est
identique, un sac à la main. L’hypothèse est émise qu’il est en chemin pour récupérer le dû de
son maître. À gauche, il part avec un sac vide, à droite, ce dernier est rempli. La scène centrale
montre le serviteur debout alors que la fortune est déversée sur la table et que le maître compte,
assis. Pourquoi ne pas envisager alors une manifestation du pouvoir qu’exerçait le défunt envers
ses serviteurs, esclaves ou employés. Ce peut aussi être une façon de valoriser le travail ou les
affaires même si le défunt est plutôt le commanditaire. On peut apercevoir dans ces scènes
symboliques une manifestation volontaire visant à entériner la place sociale du défunt. Cette
façon de présenter les scènes latérales n’est pas une invention locale. Pour s’en convaincre, il
suffit de comparer les scènes à registre avec celles des monuments d’Arlon tels que le pilier Esp
V, 4097. En effet, un couple figure sur la face antérieure alors que deux scènes de repas sont
présentées sur la face gauche.
La stèle 032 est encore différente. À gauche est sculpté un capricorne en relief léger, à
droite un félin appuyé sur ses pattes avant. Ces animaux revêtent plutôt un rôle protecteur. Ce
ne sont plus des êtres humains mais des bêtes réelles ou imaginées. La stèle 040, quant à elle,
est décorée de plantes dans des cratères en relief fort. Le décor s’apparente à une nature morte
comme sur la stèle 018 du corniste. Leur lien avec des modèle de Cologne (Inv. Nr. 79,400.101)
68
ou de Mersch (MNHA Inv. Nr 73) fait apparaître un souci de culture commune.
Un archétype idéalisé
Au premier abord, l’aspect général des personnages paraît correct (Ill.1.52). La norme
préconisée en Gaule repose sur un canon compris entre 5 et 7. À Metz, la taille des personnages
oscille entre 4,2 et 7,9. La plupart des personnages sont donc globalement conformes. Les
quelques exceptions sont : la stèle 086 au canon trop court et les stèles 017, 028, 035, 037 et 039,
au canon exagérément long. Or, il a été déduit de ces variations, au chapitre II, une fabrication
tardive car les sculpteurs s’éloignent des standards vers le IIIe siècle. L’analyse des proportions
des membres révèle des défauts peu visibles sans prendre de mesures. Leur traitement dans le
détail montre, en outre, une technique mal maîtrisée par les sculpteurs. On remarque notamment
une certaine maladresse dans la représentation des mains. Cette difficulté rencontrée n’a rien
d’étonnant puisque les mains sont la partie du corps la plus complexe à reproduire. Selon une
échelle réaliste bien connue de nos jours, le corps humain mesure entre 7 à 8 fois la tête. Il est
plus allongé que le canon retenu. Les proportions des membres se composent ainsi : les jambes
font 4 fois la tête, le tronc 3 fois, les bras 3,5 fois, les épaules 2 fois, la main une fois ou moins,
le cou et épaules une fois, les pieds font ½ bras. La largeur du corps est de 2 têtes. Cet idéal
peut servir de base pour vérifier si les proportions des membres sont à peu près correctes ou
totalement erronées. Les éléments caractéristiques sont décrits par la suite.
Concernant le ratio tronc/jambes des personnages en pied, les proportions sont curieusement
bien respectées. Cela induit une connaissance générale assez satisfaisante du corps humain
dans ses grandes lignes. Seuls les monuments n° 016, 017, 027, 032 et 044 pêchent par des
69
personnages aux jambes trop allongées par rapport au reste du corps. F. Braemer stipule
justement un allongement de la silhouette en vogue durant la période hadrianique et antonine97
. Cela dit, l’exagération n’est pas aussi flagrante que dans les exemples bordelais. Cette mode
justifie peut-être un parti pris quant aux « erreurs » constatées. La stèle n° 027 au canon court
et la n° 044, en revanche, sont disproportionnées et maladroites. Il n’est pas possible de vérifier
la longueur exacte des bras puisque la plupart des personnages ne les laissent jamais pendre le
long du corps. L’homme sur la stèle n° 032 a néanmoins des bras de longueur correcte, alors que
la femme de la stèle n° 070 a des bras trop courts si l’on utilise la tête comme unité de mesure.
Les avant-bras sont sculptés selon des proportions réalistes, dans l’ensemble. Seules les stèles
027 et 038 dérogent de la norme faisant ressortir des avant-bras manifestement trop courts. Les
épaules se situent dans la lignée du cou. Leurs proportions, calculées selon les autres membres,
sont approximativement respectées. Elles sont presque idéales sur les monuments 016, 021,
026, 027, 032, 031, 033, 035, 037, 038, 042, 044, 045 et 096. En revanche, les épaules sont trop
étroites sur les monuments 015, 017, 020, 024, 028 et 104 et trop larges sur les stèles 025, 070
et 086.
S. Deyts, qui a examiné les stèles de Nuit-Saint-Georges, a pu remarquer des visages lourds
et une ossature plus ou moins forte98 chez les hommes. Une comparaison semblable est indiquée
à Metz car les visages sont typés. Les hommes représentés sur les stèles n° 021, 024, 025 et
028 ont une mâchoire carrée proéminente. Outre ces exemples, la plupart des personnages,
hommes et femmes, ont un visage de forme ovale ou arrondi. Il manque de finesse et leur donne
un aspect gonflé ou empâté, assez caractéristique à Metz. La schématisation les rend plutôt
irréalistes. Les monuments n° 015,016, 017, 020, 027, 033, 044, 069, 070, 085, 086, 096, 104
et 112 en sont la preuve manifeste. Ils proviennent de sites divers et ne sont donc pas attribués
à une nécropole particulière. Les visages émaciés sont rares. Ils se distinguent uniquement sur
les personnages aux traits davantage travaillés et individualisés (n° 002, 026, 032, 035,045). À
la suite de l’examen des formes de visages, le cou souffre parfois d’une mauvaise appréciation
de la part du sculpteur. En effet, le cou des personnages sur les monuments n° 017, 020, 021,
033, 044 et 112 est exagérément large. Cette maladresse touche hommes, femmes et enfants et
ne paraît pas voulue. Les mains, critiquées par Y. Freigang, posent effectivement un problème
tant au niveau des proportions que du traitement. Les mains des personnages des monuments
n° 021, 024, 025, 027, 028, 038, 043 et 045 sont disproportionnément grandes. Celles n° 025
et 037 sont trop allongées. Les mains des stèles n° 015, 017, 020, 032, 069, 070, 086, 096,
104 et 112 sont petites et mal dégrossies. Elles ont un aspect fourchu. Le rendu est plat sur les
monuments 016, 017, 021, 038 et 043. Enfin, concernant les personnages n° 016, 017, 020, 021,
025, 028, 032, 045, 069, 070, 086, 096, la transition entre le poignet et la main est maladroite.
Afin de continuer sur le sujet des articulations, les mollets, carrés ou coniques, des personnages
figurés sur les pierres n° 017, 021, 031, 038, 104 et 112 sont irréalistes. Parfois même, les
genoux sont situés trop bas sur la jambe. L’effet produit est déstabilisant. C’est notamment le
cas sur les monuments n° 027, 031, 032 (la femme), 043 (l’homme).
Pour résumer, les proportions de l’anatomie humaine sont globalement respectées. Lorsque
l’on conduit une analyse plus poussée sur la longueur de chaque membre par rapport à leur taille
réelle, on remarque des incohérences. Finalement, seuls trois monuments semblent vraiment
s’approcher des proportions idéales et ne font pas preuve de maladresses quelconques. Ce sont
les stèles n° 026, 035 et 042. Cela dit, la stèle n° 035 n’est pas achevée. En outre, la tendance
est aux visages épais et lourds. La transition entre poignée et main pose un problème récurrent.
97 F. Braemer, Les stèles funéraires à personnages de Bordeaux, Paris, Picard, 1959, p. 44.
98 S. Deyts, Les stèles funéraires gallo-romaines de Saint-Ambroix : Un atelier de sculpture dans la cité des
Bituriges, 2000, Ouv. Cit., p. 136.
70
Ce sont d’ailleurs les mains qui le plus souvent sont un échec en termes de sculpture.
Un personnage seul est généralement représenté en pied et de face. Pour le rendre moins
statique et casser la monotonie, le sculpteur ajoute parfois de petits mouvements. Par exemple,
les personnages figurés sur les stèles n° 017, 024 et 039 tournent la tête de trois quart vers
la gauche tandis que le négociant (038) à la tête tournée de trois quart vers la droite. Sur les
monuments 021, 033, 036, 045, 069 (en buste), 070, 086 et 105, en revanche, le visage reste de
face. Toutes les solutions sont utilisées tour à tour et démontrent une orientation libre du visage.
Dans l’ensemble, les protagonistes gardent une expression neutre. Presque tous ont la bouche
fermée, ou juste entrouverte (017, 069), ils esquissent parfois un sourire ou font une légère
moue mais aucune expression n’est accentuée. Seul le visage du vendeur d’esclaves (024) est
penché vers le bas, ce qui lui confère un aspect plus « réaliste » que les autres, davantage
figés. Une analyse des différentes postures montre que les hommes ont souvent le bras droit
replié et la main posée sur le plexus. Elle est fermée ou à peine entrouverte (017, 021, 031,
038, 039) afin de maintenir leur manteau. Le pouce est écarté dans la majorité des cas. Les
hommes représentés sur les stèles 039 et 026 (à gauche) tendent l’annulaire et le majeur alors
que les autres doigts restent repliés. Ce geste peu naturel est reproduit sur les stèles 75.38.13
et 75.38.60 hors corpus. Or, les monuments cités sont tous issus de l’îlot Saint-Jacques. Il
devient dès lors possible d’évoquer la marque de fabrique d’un atelier. Un geste symbolique
dont le sens a été perdu n’est pas impossible non plus. Toutefois, la piste d’un atelier local
est à privilégier car les recherches menées par J.-N. Castorio99 stipulent leur existence, et ce,
justement grâce à des stèles en provenance de l’îlot Saint-Jacques. L’hypothèse rencontrée dans
quelques interprétations d’un geste de type aristocratique reste hasardeuse. L’homme représenté
sur la stèle n° 025 contrevient aux modèles précédents. Il tend le bras droit et garde dans sa main
un accessoire tel qu’un parchemin ou un étui à styles. Le personnage de la stèle 036, quant à
lui, serre un objet identifié comme un probable filet. Son bras gauche est tendu. À noter que la
femme sculptée sur la stèle 070 prend une pose similaire, bras droit replié vers le plexus. Elle
tient certainement une mappa dans la main.
Les hommes replient de façon récurrente leur bras gauche vers la hanche et tiennent un
objet dans leur main pendante. Selon le cas, il est symbolique ou il s’agit d’un outil de travail.
Il est montré au public volontairement. Par exemple, l’homme représenté sur la stèle n° 017
tient plusieurs objets en main dont une bourse, symbole de sa réussite financière. Cette posture
est également visible sur les stèles n° 021, 024, 025, 031, 038, 039 et 045. Les sculpteurs
ne font apparemment pas de distinction entre droitiers et gauchers. Comme les hommes, les
femmes ont souvent en leur possession un objet dans chaque main, mais il reste exclusivement
symbolique. Cette remarque inclut la stèle de la femme médecin puisqu’elle possède un coffret
à bijoux. On en déduit que le travail est perçu comme une propriété masculine. Lorsqu’ils sont
montrés en couple, l’homme et la femme sont tournés de trois quart l’un vers l’autre. Exception
faite pour la stèle 035. Cela dit, celle-ci a été retaillée, ce qui limite les affirmations. Ce lien
créé par le mouvement de la tête ne laisse cependant paraître ni émotion ni affection particulière
pour le conjoint. La scène donnée à voir ressemble davantage à une représentation convenue.
D’ailleurs les regards ne se croisent pas. La réciprocité passe parfois par un geste de transfert
d’objet entre les personnes comme une bourse ou un coffret.
La position des jambes, dans les couples, est aussi codifiée. En effet, sur chacun des
monuments étudiés, la femme fléchit la jambe droite. L’homme, quant à lui, fléchit la jambe
99 J.-N. Castorio, Ineluctabile fatum, Ouv. Cit., 2008, p. 403.
71
gauche et l’avance légèrement (015, 016, 028, 034, 035, 040, 043). On peut interpréter ce geste
comme un moyen de mettre en scène les personnages dans l’espace de la niche de manière
symétrique et équilibrée. Les individus seuls, en revanche, placent aléatoirement leur jambe
gauche ou droite vers l’avant. Les personnages, dans leur ensemble, ne se tiennent pas tout à
fait droits mais ils sont déhanchés. Le sculpteur semble vouloir esquisser un mouvement de
marche. Le rendu paraît néanmoins maladroit. Et ce, d’autant plus que tous les personnages du
corpus, hommes, femmes, enfants ont les pieds écartés, tournés vers l’extérieur. Seul l’angle
varie. Dans une configuration familiale à trois personnages, il ressort que l’enfant (un garçon
sur la stèle 032) place sa jambe gauche en avant, comme le père, tandis que la mère avance la
jambe droite.
Puisque l’on en vient justement à évoquer les scènes à trois personnages, ce sont souvent des
représentations de membres d’une même famille. L’enfant est placé au centre, entre ses parents.
Sa posture est copiée sur celle des adultes. Les parents de Sacer (Stèle 032) ont le regard orienté
vers lui. Dans certains cas, le nombre de personnes est faussé. L’épitaphe lorsqu’elle demeure
lisible, apporte des détails manquants sur les protagonistes. À ce titre, le mausolée n° 003 est
primordial. Il met en avant le fait que les familles ont plusieurs enfants même si, finalement,
un seul d’entre eux figure sur le monument. Cela signifie
que les stèles messines ne rendent pas compte de la réalité
démographique. En effet, il est admis que la femme gallo-
romaine donne naissance à trois enfants environ au cours
de sa vie. Or, aucun exemple iconographique n’en comporte
plusieurs. Le corpus des Vosges n’offre pas de comparaison
utile car il ne comporte pas de familles, du moins pas dans le
Nouvel Espérandieu III. Ce choix restrictif n’est pas universel
dans l’Empire ni même en Gaule puisque F. Braemer
stipule deux enfants sur la stèle bordelaise Esp 1121. Sur les
monuments autrichiens, il n’est pas exclu de voir deux enfants
(Lupa 4613, daté des Sévères et 4412, daté entre 200 et 300 Ill. 1.53 Lupa 5520, Famille
de notre ère). En Croatie, les différents âges se distinguent par Photo CC-BY-SA
la taille de l’enfant (Lupa 8817). En Serbie un médaillon en Ortolf Harl (2003)
figure jusqu’à quatre (Lupa 5520, ill. 1.53).
La gestuelle dans les échanges semble limitée. L’homme représenté sur la stèle 015 pose sa
main sur une boîte à bijoux. Sur la stèle 020, il tend un objet à sa femme identifié comme une
patère ou une boîte. Il s’agit dans tous les cas de figure de passation d’objets symboliques et
jamais de cadeaux personnalisés. Or, cet échange codifié n’est pas réservé aux couples puisque,
d’après d’autres scènes, un adulte tend sa main vers en enfant pour lui donner quelque chose
(027, 032). Peut-être en l’occurrence une bulla ou un hochet. Tendre la main parait être un geste
affectif réservé aux plus jeunes. Seule la stèle 026 fait montre d’un degré d’intimité plus fort
puisque la femme tend une bourse bien remplie et pose sa main gauche sur l’épaule gauche de
son compagnon.
Les personnages, hommes femmes ou enfants sont habillés en tuniques, sans distinction.
Deux remarques en découlent. Le port de la toge, s’il existe, n’est pas représenté à Divodurum.
72
La façon locale de se vêtir, plus pragmatique, est mise en avant. Les enfants ne se distinguent
pas des adultes par le biais vestimentaire. Malheureusement, la disparition des pigments colorés
ne permet plus de connaître les palettes de couleurs employées, ni les motifs. La distinction
entre les sexes se repère à la longueur de la tunique, longue pour les femmes, courte pour les
hommes. La tenue masculine se termine le plus souvent en dessous du genou. Plus rarement au-
dessus. La tenue féminine arrive aux chevilles et touche parfois le sol. Concernant les hommes,
généralement, au moins deux tuniques sont portées l’une par-dessus l’autre, sans doute une
conséquence du froid régional. Selon certaines hypothèses, celle de dessous serait en lin. Celle
de dessus, en laine, serait retranscrite par le traitement du plissé en larges bandes plates pour
les deux sexes. Cette supposition, quoique tentante, n’est pas prouvée et peut-être s’agit-il
simplement de maladresse dans l’exécution de la sculpture. Les monuments 015, 021, 024, 025,
027, 034, 039, 042, 045, 070, 104 et 112 correspondent à cette description. La tenue masculine
portée en dessous est souvent pourvue d’un col ras du cou (015, 016, 021, 025, 026, 027, 028,
032, 037, 043, 045). Elle est recouverte d’une tunique ou d’un manteau à col en V à capuche
apparente ou déduite (015, 016, 021, 025, 026, 027, 028, 037, 038, 043, 045, 104). Un pan de
manteau renvoyé sur l’épaule droite passe devant le personnage et descend vers la hanche pour
finir par tomber sur l’avant-bras gauche, retenu par une torsion du poignet (015, 017, 020, 021,
025, 026, 027, 028, 032, 037, 038, 043, 045, 104). Cette particularité vestimentaire véhicule une
idée de pénule locale portée à la manière d’une toge pour gagner en prestige et se rapprocher du
modèle romain. Son traitement, en revanche, laisse parfois à désirer car le pan qui tombe depuis
l’avant-bras gauche tient parfois de façon irréaliste, même si l’hypothèse d’un ornement cousu
n’est pas exclue. C’est ce que l’on déplore sur les stèles 025, 028 032 ou 037. Les manches très
amples figurées sur les monuments 016, 020, 025, 026, 027, 028, 032, 037 et 043 semblent peu
propices au travail. L’homme identifié comme un carrier avec son outil dans les mains figuré
sur la stèle est 045 est pourvu de manches longues. Il n’est pas en action, il pose. La même
remarque est valable concernant la stèle 021 du « potier » et celle du négociant (038). Enfin,
des détails de passementerie attestent la richesse de l’ornementation des tuniques. Dans la tenue
féminine, le manteau local est remplacé par un vêtement ressemblant à un châle. Il se termine
en pointe.
Parmi les monuments du corpus messin, les bijoux, symboles d’une classe sociale privilégiée,
sont rares. Le personnage représenté sur le bloc de grand tombeau (105) porte autour du cou
plusieurs colliers de perles aux finitions recherchées et chargées. Le premier s’arrête au ras du
cou, le second, plus long, se termine par une amulette de forme étoilée à sept raies. Le bloc du
mausolée 75.38.65 met en valeur une bague à chaton. Les enfants Sacer et Afra sont munis d’un
probable collier protecteur, la bulla. Elle porte une signification protectrice. Les bijoux sont
donc uniquement représentés sur les grands monuments les plus luxueux. Pourtant, nous savons
par l’archéologie que la population affectionnait ce type d’accessoires. Le vendeur du bloc n°
104 en est une preuve. L’attirance pour l’ornementation est en revanche suggérée par les boîtes
à bijoux tenues dans les mains de femmes, même si elle reste symbolique.
Les accessoires symboliques, tenus par les personnages sculptés, sont peu nombreux en
termes de variétés. Il est aisé de les reconnaître, y compris de nos jours, pour plusieurs raisons.
Largement répandus, ils sont codifiés. À quelques détails près, leur représentation ne change
pas. Ils ont une signification simple, comprise par tous durant l’Antiquité. Elle peut être une
73
référence à un niveau culturel, un symbole de réussite financière traduit par un objet évocateur.
Hommes et femmes se distinguent par des objets différenciés. Sculptés sur la face antérieure
d’un monument, ils font référence aux personnages principaux ou aux défunts. Des scènes
animées sculptées sur les faces latérales ou en haut de la face avant représentent des personnages
ou divinités voués à renforcer leur prestige. Des accessoires leur sont attribués, mais la scène en
question est à comprendre dans son ensemble. Enfin, certains objets sont montrés seuls. Ont-ils
aussi, en l’occurrence, une portée symbolique ? Le tableau suivant les répertorie par secteurs de
découverte. Quelles conclusions tirer de ces objets portés au regard du passant ?
Code des abréviations : H = objet uniquement lié à des hommes ; F = objet uniquement lié
à des femmes ; E= objet uniquement lié à des enfants ; X = objet représenté au moins une fois
dans le secteur ; X = Les objets non présentés dans le corpus mais présents à Metz sont dans une
case grisée ; ? = objet non confirmé
Objets symboliques tenus par les personnages principaux, sur les faces antérieures
Secteurs de découverte
Centre- Citadelle Lunette Horgne-au Ilot Saint- Sablon- Autres
ville d’Arçon -Sablon Jacques Montigny secteurs de
Metz
Objets
Bague F
Balle ? E E
Bourse H
Bulla E
(amulette)
Coffret F F F F
Collier F
Corbeille de F F
fruits
Coupe de F
fruits
Couronne ? F
Étui à styles H
Flacon F
Fusaïole ? F
Poculum H
(gobelet)
Mappa F F F F
(serviette)
Parchemin H
Patère F
Sac à H H H H
tablettes
Vase F H
Volumen H H
74
Personnages secondaires mis en scène avec des objets symboliques
Bâton X
Bâton X
(satyre)
Crotales? X
Disque X
sonore
Lyre X
(musicienne)
Pedum X
Syrinx X
(Ganymède)
Syrinx X
(musicien)
Trident de X
pêcheur
Volaille X
(servant)
Les objets représentés seuls
Ascia X
Bouclier X
Disque X X
sonore
Glaive X
Navires X
Pedum X X
Plat X
Tablettes X
Vase* X X X
Dix-neuf objets symboliques différents dont trois incertains sont relevés. Ce tableau nous
autorise à faire deux constats. Premier constat : les objets sont cloisonnés selon le sexe et l’âge
à Metz. Second constat : ils appartiennent à des secteurs bien délimités.
Parmi la liste des objets symboliques masculins sont répertoriés : la bourse, l’étui à styles,
le gobelet, le parchemin, les sacs à tablettes et le volumen. Le vase n’est pas clairement
identifié. D’après les données recueillies, il serait unisexe. Soit, les hommes de Divodurum
sont identifiables selon 6 objets symboliques.
Pour commencer, les recherches ciblées sur les bourses figurées sur les monuments sculptés
conduisent principalement à un objet lié à la sphère religieuse. Il s’agit bien évidement de
75
représentations du dieu Mercure avec ses attributs, la bourse, le pétase et le caducée. En tant que
dieu du commerce et des commerçants, on peut se risquer à faire une analogie avec le domaine
funéraire puisque la bourse évoque la richesse ou la réussite. Ce concept traduit sur les stèles
est assez répandu. À Metz, des bourses sont représentées sur les monuments 016 (incertain),
017 (ill. 1.56), 026 (ill. 1.55), 031 (ill. 1.54), 034 (ill. 1.57) et 038 (ill. 1.58). Sur les scènes 017,
026, 031 et 038, la bourse aurait un lien direct avec les profits tirés d’une activité économique
décrite comme florissante par les dédicants, que ce soit vrai ou non. En effet les personnages
mis en scène sont peut-être gérants de pluriactivités, transporteurs ou charpentiers. L’activité du
négociant en serrures étant certifiée par l’inscription ne laisse aucun doute. Sur la stèle 034, la
bourse fait l’objet d’une passation au sein d’un couple sans contexte annexe. Son sens est plus
conceptuel, contrairement à la stèle 026.
Ill. 1.54 Bourse 031 Ill. 1.55 Bourse 026 Ill. 1.56 Bourse 017 Ill. 1.57 Bourse 034 Ill. 1.58 Bourse 038
Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer
Les représentations de bourses sont de deux sortes. En lien avec une activité figurée lorsque
le personnage est seul, la bourse est petite mais bien remplie. Dans le cas d’une passation
d’objets entre un couple, la bourse est plus conséquente. Elle fait sans doute référence à une
accumulation de richesses pécuniaires familiales. La bourse, souvent pleine et aux formes
tombantes, doit être maintenue par en dessous (026, 034). Sur les stèles de Saint-Ambroix, les
personnages ont parfois cet accessoire en main. Leur représentation est légèrement différente,
puisque la bourse est de forme plus allongée et la partie supérieure, ouverte ou non, est renversée
en direction du côté gauche. Ce sont des hommes qui tiennent invariablement l’objet dans la
même position. C’est-à-dire de la main gauche, le bras replié (inv. 4530, 4534). Sur une stèle
conservée à Mayence (Esp VII 5815), un marinier imberbe assis tient dans sa main gauche,
le bras replié une bourse d’un modèle semblable à celles de Metz. Une bourse tenue en main
gauche, le bras replié, par un homme en provenance de Dijon, fait apparaitre un objet aux
formes épurées, sans replis (Esp III 2436). Un autre modèle, toujours en provenance de Dijon
(Arb. 200), présente un personnage masculin dont il ne reste que la partie droite du tronc. Il tient
dans sa main droite, le bras replié, une bourse aux formes martelées. Le sculpteur a pris soin
des détails car elle est décorée de trois pendants. La partie supérieure est entrouverte. Le cordon
de fermeture est soigneusement représenté. L’œuvre, de manière générale, devait être de belle
facture, car la main même est réaliste et fait apparaître les détails des tendons.
Les tablettes sculptées de pierre (ill. 1.59 à 1.66), représentation figurée des tablettes de bois
recouvertes de cire utilisées comme support à l’écriture, sont à une exception près contenues
dans des sacs à lanières, tenus par des personnages masculins. La stèle 073, retrouvée dans
le mur de l’abbaye Saint-Arnoult, est décorée de tablettes gravées entrouvertes sans présence
humaine. Les bordures de bois sont délimitées, alors que les lignes tracées font penser à une
inscription. Cet objet est particulier dans le sens où il est représenté seul. Des sacs à tablettes
avec personnages d’un modèle identique sont communs aux stèles 024, 025, 028, 032, 034,
037, 039, 040 et 043. De toute évidence, ce motif symbolique est courant et peut être mis en
série pour comparaison. Il montre visiblement l’accession à un certain niveau de vie ou un lien
76
à la culture de l’écrit, mais n’a pas de rapport avec un métier direct ou de sens précis. Pour en
être convaincu, il suffit d’observer les diverses stèles. Le motif est aussi bien sculpté sur des
stèles familiales (032) que des stèles à personnage seul dont les tablettes ne peuvent exprimer le
métier de façon imagée. Le vendeur d’esclaves, par exemple (024), entre dans cette catégorie.
Sur les stèles comprenant une famille, le fils, comme le père peuvent tenir dans la main gauche
le sac à tablettes.
Ill. 1.59 Sac 028 Ill. 1.60 stèle 032, sac à tablettes Ill. 1.61 sac 043 Ill. 1.62 sac 037
Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photos L. Kieffer
Ill. 1.63 Stèle 034, sac à tablettes Ill. 1.64 sac 024 Ill.1.65 stèle 025 Ill. 1.66 sac 040
Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer
Excepté la stèle 040, sur laquelle le personnage garde directement le sac dans sa main, tous les
autres le tiennent par une lanière dont la rigidité fait penser à du cuir. La main reste entrouverte
et l’index est parfois tendu. Le sac garde invariablement la même forme de parallélépipède,
qu’il soit plutôt carré ou allongé. Le sac 028 est compartimenté.
Cette représentation messine du sac à tablettes n’a rien d’original, au même titre que le motif
symbolique. Un sac similaire figure sur les stèles de Saint-Ambroix. Un seul détail diffère, les
sacs sont légèrement en biais (inv. 4342, 4535, B4091). Chez les Leuques, la stèle Nesp III
974 montre un homme le poing fermé sur un sac rectangulaire. En revanche, sur la stèle Nesp
III 968, une femme est dotée de cet objet. Erreur ou trait d’originalité ? Il semblerait que dans
d’autres cités que Metz, le symbole soit peut-être mixte. Ce n’est apparemment pas le cas à
Mayence. Sur la stèle d’un soldat Esp VII 5840, celui-ci garde directement dans sa main l’objet.
Le même type de représentation est exposée à Arlon (IAL GR/S 329). On y trouve aussi un
modèle similaire en tout point à celui de Metz avec un sac de forme rectangulaire et une lanière
rigide (IAL GR/S 023). À Nancy, le sac est de petite taille. C’est un accessoire masculin Esp VI
4610. Le musée de Trèves conserve parmi ses collections un relief sculpté issu de Neumagen
représentant une scène d’école. On y voit un sac à tablettes représenté sur un bas-relief ou il
fait sens de manière littérale, puisqu’il s’agit de matériel scolaire (inv. 9921). Le sac ressemble
encore une fois à ceux trouvés à Metz. Le musée archéologique de Dijon conserve dans ses
collections une stèle dite du « scribe » (2000.7.1). Elle représente un homme en tunique à
capuchon qui tient dans sa main gauche un ensemble de quatre tablettes réunies par des lanières
et un étui à styles. Le sac à tablettes, de forme rectangulaire, est un modèle commun. Rien ne
prouve toutefois que l’homme soit un scribe. Ce n’est qu’une interprétation notée sur le cartel.
77
L’étui à styles de la stèle dijonnaise 2000.7.1 est facilement identifiable grâce à sa forme
rectangulaire longiligne. Il a un aspect rigide et le rebord est figuré. À Metz, la simplification
excessive de l’objet rend sa reconnaissance moins aisée. Pour preuve, les commentaires
descriptifs hésitants apportés par un ensemble d’auteurs ou par les notices du tome III. Par
exemple, concernant la stèle 025, la forme allongée pourrait aussi bien correspondre à un étui à
styles qu’à un volumen ou un bâton. La stèle 040 souffre du même problème. L’homme figuré
sur la stèle IAL GR/S 023, datant du IIe siècle, tient dans sa main deux stylets sans leur étui. Un
autre homme, face latérale droite, tient dans sa main un rouleau de papyrus proche de l’objet
messin considéré comme un étui style à potentiel. Dans tous les cas, ce sont des accessoires
récurrents en relation avec l’écriture.
Le mausolée 002 met en scène trois personnages en train de banqueter. Le personnage de
droite soulève une coupe ou un gobelet (poculum), la paume de main ouverte, tournée vers
le haut. Le vase à dépression (réel) de la stèle 021 est très différent, ce qui permet de ne pas
faire d’amalgame. Il fait référence au métier de la personne, puisque l’homme est potier selon
l’inscription. Cela signifie que l’objet symbolique revêt une forme simple alors que l’objet
manufacturé fidèle à sa typologie sera plutôt en lien avec une activité. La stèle du carrier (045)
montre un homme outillé d’un pic double. Il tient dans sa main droite un objet plus incertain
interprété tour à tour comme un coin ou comme un gobelet, en raison de sa forme. Pour comparer
avec d’autres sites, sur la stèle d’un couple de Saint-Ambroix inv. 4359, l’homme tient dans
sa main droite un vase ou gobelet aux bords arrondis. Large et court, ses formes générales
diffèrent du modèle messin. Sur une autre stèle (inv. 4351) au découpage interprété comme
naïf par S. Deyts et G. Coulon, une femme à la tête disproportionnée et aux yeux globuleux
tient dans sa main droite, le bras replié, un gobelet à pied. L’exemple biturige suggère un objet
mixte. Il montre aussi que sa représentation est indépendante du nombre de personnes puisque
le gobelet apparaît sur des scènes à 1,2 ou 3 personnages. Une autre stèle sommaire (B4093)
montre une femme dans une posture similaire avec un gobelet. Ses mains sont atrophiées. La
stèle dijonnaise, dont deux personnages sont conservés, les montre chacun avec un gobelet,
homme et femme. Il est tenu en main droite, le bras replié. L’ensemble des modèles comparatifs
semble mettre en évidence une représentation codifiée dans laquelle le gobelet est tenu en main
droite de manière systématique. Cette idée est renforcée par l’exemple d’autres stèles comme
celle d’Épinal (Esp VI 4772). Un homme barbu y est représenté une ascia en main gauche et
un gobelet arrondi en main droite. Or, cette stèle n’est pas sans rappeler celle du carrier messin
(045). En effet, l’homme est seul, un outil à la main, un objet arrondi dans l’autre. À Cologne, le
monument de Longinus Biarta100 montre un homme allongé sur une banquette, une coupe dans
la main droite. D’autres victuailles sont disposées sur une table basse devant lui. Un serviteur,
à l’échelle inférieure, est posté à gauche. Cette scène de banquet vise à magnifier le défunt et à
affirmer sa supériorité et son niveau social de façon volontaire. La stèle de Crispus101, quasiment
identique montre néanmoins qu’il s’agit d’un poncif copié. Ce n’est donc pas un portrait mais
bien une scène reproduite par choix. Dans les deux cas aussi, la scène inférieure montre un
personnage debout, au travail derrière un petit cheval. Sans doute un esclave. À Metz, il n’existe
pas d’exemple calqué sur ce modèle. En revanche, l’idée de banquet et de personnel au service
du défunt se retrouve sur le mausolée 002. Le défunt lui-même, face antérieure, est entouré
de personnes de sa famille ou de pairs et non de serviteurs qui sont cantonnés sur les faces
latérales. Nous pouvons alors nous interroger sur les valeurs locales. L’entourage proche et la
famille ont-ils un sens symbolique plus prisé ?
100 M. Scholz, Grabbauten des 1.-3. Jahrhunderts in den nördischen Grenprovinzen des Römischen Reiches,
Ouv. Cit., 2012, p. 291.
101 Ibid, p. 290.
78
Un volumen est enroulé sur la stèle 017 de Reginus. Une bourse s’y superpose. Ainsi le
personnage tient-il deux objets dans la main gauche. Le volumen est à l’horizontale. La stèle
025 montre potentiellement un homme avec cet objet, présenté dans le sens de la hauteur,
en biais, en main droite, le bras tendu. À moins que ce ne soit un étui à style ou un bâton en
partie brisé. Sur stèle 035, retaillée, l’aspect plat de l’objet nous empêche de déterminer s’il
s’agit ou non d’un volumen. L’enfant en porte peut-être un sur la stèle 040. À Metz, comme les
objets sont simplifiés ou mal conservés, il est difficile de les reconnaître à coup sûr. La stèle
025 montre qu’un volumen se tient aussi bien dans la main gauche que la main droite. Sur une
stèle de Bordeaux, un homme en buste à barbe courte porte justement un volumen dans sa
main droite, posée contre sa poitrine, le bras replié (Esp II 1152). On retrouve cette position à
l’inverse sur une stèle italienne d’Aquilée 23 670102 sur laquelle le volumen figuré est aplati.
Une stèle des Leuques (Nesp 973) représente un couple dont l’homme tend la bourse à son
épouse. La panse délimitée et bien arrondie ressemble davantage à celle d’une bouteille. Dans
la partie supérieure, le sculpteur a cherché à représenter le plissé. Le rendu est maladroit car il
apparait découpé en trois formes angulaires.
Un exemple de la période julio-claudienne en Germanie supérieure montre un soldat de la
XIVe légion gémina en possession d’un volumen (CSIR Deutschland II 5 Nr. 2) tenu serré dans
sa main, à la verticale. Les plis sont visibles. Un autre soldat, nommé Genialis, dont le portrait
date de la période flavienne, a un volumen dans sa main tenu à la verticale, le bras replié vers
l’extérieur (CSIR Deutschland II 5 Nr. 9). Il semble que l’objet soit souvent relié à des militaires
durant le début de l’Empire. Les exemples de Metz étant plus récents, on peut supposer que le
volumen est a été découvert en tant que motif symbolique grâce aux soldats de l’armée romaine
avant d’être adopté par la population civile locale. Son sens et la manière dont il est perçu ne
trouvent pas d’explication pour autant.
Les accessoires identifiés sur des personnages féminins sont : la bague, le coffret, le collier,
la corbeille de fruits, la coupe de fruits, le flacon, la mappa (serviette), la patère. La fusaïole
et la couronne ne sont pas clairement identifiées. Ce total de huit objets est à prendre avec
précautions pour les objets qui ne sont vus qu’une fois tels que le collier et la bague dont nous
savons par comparaison interrégionales qu’ils ne sont pas réservés aux femmes uniquement. Le
coffret, avec ou sans détails de fermeture, est à Metz de forme carré ou cubique. Le couvercle
est délimité. Excepté le coffret de grands tombeaux 004 muni de lanières et d’une serrure,
tous les autres se ressemblent. Pour comparaison, sur une stèle biturige (inv. 4532) de Saint-
Ambroix, un coffret de forme rectangulaire ou presque carré, tenu en main gauche, est ouvert. Il
contient quatre bijoux dont une bague, serrée entre les doigts d’une femme. Cet objet ne reflète
pas un métier mais bien un certain niveau social matérialisé ici par les bijoux. Le bras gauche de
la femme est replié contre elle exactement de la même façon que sur les stèles de Metz, un peu
plus haut. D’où la preuve d’une codification qui s’est propagée. Une stèle des Leuques (Nesp
III 021) montre une femme avec un coffret à rectangles imbriqués. Elle le tient contre elle du
bras gauche alors que le droit maintient ouvert le couvercle. Un coffret à rectangles imbriqués
est aussi présenté à Arlon (IAL GR/S 023) sur une stèle de couple de l’époque de Marc-Aurèle.
La femme le tient serré contre sa taille de son bras gauche replié. L’énorme bague à chaton
tenue entre ses doigts fait penser à la stèle biturige. Une autre stèle, de Bordeaux (Esp II 1133),
montre une femme qui tient un coffret rectangulaire ouvert contre sa poitrine. Une remarque
s’impose : à Metz, les coffrets sont toujours maintenus fermés et l’on ne peut jamais savoir ce
qu’ils renferment. La femme figurée sur la stèle de la fin du IIe siècle IAL GR/S 025 tient contre
102 Lupa, Urbi Erat Lupa, http://www.ubi-erat-lupa.org, consulté le 24/08/2019.
79
sa taille un coffret dont le couvercle est figuré par une incision. La boîte se rapproche davantage
du modèle messin. Le coffret est l’objet le plus représenté à Divodurum.
Stèle 043, une femme tient contre sa hanche un flacon (Ampulla), le bras gauche replié.
Cette posture est identique à celles observées précédemment avec d’autres objets symboliques.
La panse arrondie de la bouteille est délimitée. L’embouchure est marquée par un rebord
particulièrement épais. Comme nous l’avions déjà consigné dans la notice correspondante, la
forme de l’objet rappelle les flacons de parfum découverts à Metz (cf. Notice 043). Il y a
donc une probabilité que le mobilier réel ait pu servir de modèle pour la sculpture. La forme
générale du flacon est comparable à celle des exemples trouvés à Autun, une cité où le motif
est courant. Le flacon de la stèle Esp III 1952 a cependant une panse élargie. Le flacon Esp
III 1895 est incomplet mais la délimitation entre le col et la panse est marquée. Un exemple
conservé à Nancy (Esp VI 4706) est orné d’un bec et d’un pied. Concernant les cités situées
au nord de Divodurum, le pilier dit « des jeunes époux » d’Arlon montre un couple devant une
guirlande colorée (IAL GR/S 028). La femme vêtue d’une tunique et d’un châle tient en main
droite une mappa, serrée contre sa poitrine. De la main gauche, elle presse contre sa hanche
un grand flacon à embouchure et bouchon arrondis. Réalisé d’une seule courbe, le flacon est
particulièrement élégant. Le monument est daté du IIe ou IIIe siècle. Le motif est encore repris
sur un cippe mutilé à trois personnages (Esp V 4043). La femme, au buste filiforme et aux
jambes exagérément longues, tient les mêmes objets dans une posture presque identique. Le
flacon, de taille plus réduite possède une embouchure simple. Le col allongé a des courbes
rétrécies. Un monument funéraire exposé au musée du Luxembourg ressemble étonnamment
au modèle d’Arlon IAL GR/S 028. La connexion entre les deux monuments est évidente. Le
monument date du milieu du IIe siècle. Le cartel stipule que ces attributs sont typiques de la «
classe moyenne » locale. C’est certainement dans cette optique de montrer leur appartenance à
cette catégorie que le couple de Metz a fait réaliser ce monument. D’autant plus que l’homme
porte un objet symbolique équivalent : le sac à tablettes. Le flacon de parfum ou d’huiles rappelle
aussi une accession à des produits de luxe à cause de son coût élevé. Cela dit, ce symbole n’est
pas employé par les plus dotés à Metz. Il est notamment absent des grands mausolées. Seule
la combinaison d’attributs change des modèles luxembourgeois et d’Arlon. L’ensemble des
modèles étudiés mis en série démontre bien un objet réservé aux individus de sexe féminin.
À Metz, le collier et la bague sont sculptés uniquement sur des grands monuments. Cette
particularité permet de supposer une expression encore plus manifeste de sa fortune. La femme
représentée sur le mausolée 004 porte une bague à chaton, quoique l’objet soit difficilement
identifiable. La femme représentée grandeur nature sur le bloc d’un grand tombeau porte, quant
à elle, un collier élaboré avec des perles et un médaillon étoilé. Comparable au médaillon
d’Arlon dit de l’Attis, il s’insère dans une série de productions du Ier siècle. Notamment un
mausolée de l’époque de Tibère représentant un couple (CSIR Deutschland II 6, 1992 Nr. 1) issu
de Mayence. L’homme est assis et sa femme porte une bague à son doigt ainsi qu’un collier de
perles décoré d’une rosette dont les détails, pétales et cœur, sont réalisés avec soin. Une autre
stèle, plus maladroite mais toujours de l’époque de Tibère, représente une femme avec ce bijou
(CSIR Deutschland II 6). Sa facture de moindre qualité nous permet de savoir qu’à Mayence,
la bague est également utilisée en décoration de pierres communes au Ier siècle. En comparant
le mausolée 004 aux productions sculptées d’autres cités ou régions limitrophes, nous pouvons
formuler quelques remarques. Les notices indiquaient déjà que ce bijou n’est pas exclusivement
réservé aux femmes. Des exemples similaires montrent des personnages portant une bague aux
doigts dont la stèle familiale CSIR Deutschland II 6, 1992 Nr. 3 de Mayence qui montre un
homme avec une bague. Cet accessoire apparaît aussi porté par des soldats (CSIR Deutschland
80
II 5 Nr. 10) à l’époque flavienne et à l’époque de Tibère (CSIR Deutschland II 5 Nr. 19). Cette
série d’exemple montre une adoption précoce et étendue de la bague comme décoration ou
symbole. Quoique considérée comme un symbole d’accès à la classe moyenne, rien n’affirme
que l’objet ne soit pas simplement un élément de la tenue vestimentaire journalière reprise
dans un portrait codifié. Mise au doigt, elle n’est pas expressément montrée au public. Or, des
stèles ultérieures à notre monument présentent la bague de façon bien différente. Sur la stèle
d’Arlon IAL GR/S 023, une femme tient entre l’index et le pouce droit une bague à chaton aux
proportions démesurées. Coiffée à la Faustine, sa coupe permet de dater le monument entre 165
et 175 de notre ère. Présentée de la même façon que la stèle d’Arlon, la stèle de Saint-Ambroix
montre une bague, de taille plus réelle, entre le pouce et l’index d’une femme. Dans les deux
situations, la bague entre en combinaison avec un coffret. On remarque que lorsque la bague
est montrée de façon évidente entre les doigts, l’action est typiquement menée par une femme.
Ill. 1.67 015 Mappa Ill. 1.68 016 Mappa Ill. 1.69 028 Mappa Ill. 1.70 043 Mappa Ill. 1.71 070
Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer
La mappa (Ill. 1.67 à 1.71), enfin, est un accessoire originellement lié aux réceptions
dinatoires103 ou aux banquets, au même titre que le gobelet. De culture grecque, le motif a été
adopté dans d’autres régions. Une mappa est représenté roulée dans la main droite d’une femme
sur le cippe 015. De l’autre, elle serre contre elle une boîte à bijoux. L’assemblage des deux
objets, dont il serait vain de chercher un lien concret, est sans doute une volonté de montrer son
appartenance à une « classe moyenne ». Le cippe 016 contient une scène similaire, la mappa
est enroulée dans la main, tenue en oblique. Sur la stèle 028, la posture ne varie que légèrement.
La femme tend son index. Sur la stèle 043, la mappa serrée dans la main droite est allongée. La
stèle 070 est différente des autres modèles. Le personnage est seul. La mappa posée à cheval
sur la main tendue est suspendue. Le plissé est rendu en bas-relief. Elle n’a pas de coffret dans
l’autre main. Parmi les notices, la mappa est couplée au coffret dans trois cas.
Des exemples comparatifs existent parmi les stèles de Saint-Ambroix. Sur la stèle Inv. 4534,
la femme tient une mappa entre le pouce et l’index. Elle fait penser, par son traitement à la
stèle 043. Sur les stèles de couples, Inv.
4343 et 4353, la serviette est pendante.
Le plissé est quelques peu anguleux.
La serviette 4343, particulièrement
longue, est tenue dans l’autre main.
Chez les Leuques, une stèle de couple
de Soulosse (Esp 06-4870, ill. 1.73)
montre une femme avec une mappa
rectangulaire en main droite. Sa
représentation se rapproche de la stèle Ill. 1.72 Mappa Ill. 1.73 Mappa 06-4870
04-3511 Dijon Base RBR Soulosse, Base RBR
016. La stèle dijonnaise Esp 04-3511
(Ill. 1.72) montre une femme longiligne
103 R. Nadeau, Les manières de table dans le monde gréco-romain, Rennes, PUF de Rennes, 2010, p. 182.
81
avec une mappa suspendue à sa main droite. Le plissé est figuré. De l’autre main, elle tient une
corbeille de fruits.
Ill. 1.75 07-5839, Mayence, Personnage allongé, banquet Ill. 1.76 Banquet, 08-6447, Cologne
Base RBR Base RBR
Enfin, la bulla et la balle appartiennent exclusivement à des enfants. À noter que l’enfant
figuré sur la stèle n° 112 est accompagné d’un chien, animal symbolique et fidèle compagnon
de jeu. Afra (027) porte aussi une bulla de forme arrondie. Cet accessoire ne doit pas être
confondu avec les colliers tel que celui arboré par le personnage du monument 107. Il n’est pas
ostentatoire comme les bijoux. Ce type de collier est plutôt assigné à un rôle de protection de
l’enfance. Ce symbole est assez difficile à trouver à Metz du fait de la rareté des monuments
funéraires réservés à des enfants. Pour comparaison, à Mayence, une famille de nautes en posture
assise représente au centre un enfant la main posée sur une bulla (CSIR Deutschland II 6, 1992
82
Nr. 2). La taille de l’objet est exagérée, tout comme le collier de sa mère. L’élément sculpté
date de la période claudienne ou de Tibère. L’iconographie statuaire italienne, particulièrement
précise, montre des exemples de garçons en toge avec une bulla accrochée autour du cou104
(Nr. 17233). Or, nous savons que le motif est d’origine Étrusque. A priori, l’iconographie et
la datation du monument de Mayence favorisent une adoption du modèle depuis la frontière
germanique supérieure.
L’îlot Saint-Jacques surpasse les autres sites en nombre et variété d’objets symboliques
sculptés (12 types d’objets au total). Cette tendance démontre que la population de « classe
moyenne » est non seulement représentée majoritairement par des monuments à personnages,
mais, en outre, elle se démarque par des objets codifiés avec une signification particulière
recherchée, peut-être en vue d’une réaction attendue des passants. Bague, bourse, étui à styles
et flacon ne sont présents que dans ce lot de stèles. Les tablettes, présentes dans quatre secteurs
ne font néanmoins jamais partie des sites réservés à une population modeste. Au contraire,
certains objets symboliques sont relevés sur plusieurs secteurs hétérogènes comme le coffret
(quatre sites dont la Lunette d’Arçon) ou la mappa.
Dans une moindre mesure, des scènes figurent sur les faces latérales des monuments ou au-
dessus des personnages principaux. La plupart montrent des musiciens ou des danseuses jouant
de la musique. Crotales, disques sonores, lyre et syrinx sont identifiés. Excepté la syrinx liée
au dieu Pan (Notice 002), ces instruments dans les mains de professionnels ont été analysés
comme une manière de montrer son accession à la culture gréco-romaine par la haute société105.
L’otium est un signe de démarcation. Ces scènes s’opposent, en quelques sortes, aux stèles de
métiers (negotium). On aurait alors affaire à deux types de population ou à deux types de choix
conscients : ceux qui montrent leur attachement à la valeur travail et ceux qui montrent leur
désir d’appartenance aux classes aristocratiques romaines. D’ailleurs, la taille et la typologie
des monuments diffèrent. En effet, deux des monuments concernés sont des mausolées et non
des stèles. Ils sont issus de la Citadelle. C’est-à-dire qu’ils ont été retrouvés en situation de
remploi dans un lieu éloigné de l’îlot Saint-Jacques, site à l’origine des stèles dites de métiers.
Quant aux Satyres, ils renvoient à la mythologie. Une fois encore, il s’agit d’une référence à la
culture gréco-romaine.
Parmi les objets représentés seuls, l’ascia, gravée sur les faces latérales est bien connue dans
le monde romain. Sa signification, en revanche, est plus délicate. Elle est souvent interprétée
comme protectrice de la tombe, ou, peut signaler que celle-ci est neuve. Les autres objets sont
moins évidents à appréhender et leur caractère symbolique reste hypothétique. Les tablettes
ouvertes sont soit un signe de culture, soit désignent un fabricant de tablettes (073). La syrinx,
le disque sonore et le pedum souffrent d’un doute identique. Sont-ils des instruments ayant
appartenu à des musiciens ou des danseuses ou des symboles culturels ? La stèle de Deccosus
(notice 053) présente un bouclier et un poignard ou un glaive. A-t-elle un lien avec l’armée ou
104 Lupa, Urbi Erat Lupa, http://www.ubi-erat-lupa.org/monument.php?id=17233, consulté le 24/08/2019.
105 B. Rémy et N. Mathieu, Les femmes en Gaule romaine, Paris, Errance, 2009, p. 118.
83
est-ce juste un motif ? Ces hésitations sans consensus de la part des chercheurs font de cette
catégorie d’objets des sujets à controverse.
Les objets symboliques tenus en mains sont rarement sculptés avec précision et détaillés.
Leur rendu n’est pas forcément réaliste. Peut-être n’ont-ils pas besoin de l’être à cette époque
puisque les habitants sont habitués à les reconnaître. Peut-être encore le souci du détail dépend-
il du niveau social du défunt. C’est ce que pourrait laisser croire une simple comparaison entre
le grand mausolée 004 et les autres boîtes à bijoux, sans lanières ni motifs circulaires, mais
uniquement composés d’une forme rectangulaire séparée en deux par une incision pour figurer
le couvercle. Les objets symboliques compris sur les faces antérieures ou latérales ne sont pas
toujours figurés selon leur véritable taille. Ils sont parfois grossis. C’est le cas de la syrinx sur
le monument 002, de la scie sur le monument 016, de l’ascia et des pinces sur le monument 017
et peut-être du flacon de la stèle 047.
Cela dit, les analyses précédentes ont mis en avant de fortes ressemblances. Il est donc
possible que des séries de stèles ou de monuments soient issus d’un même atelier de fabrication.
B. Le décor sculpté sur les frontons, faces latérales ou corps des monuments
Avec ou sans personnage, les monuments funéraires sont souvent agrémentés d’éléments
décoratifs. Ils se retrouvent dans les frontons, sur le corps des monuments ou sur les côtés.
Les frontons, hauts ou surbaissés, sont ornés de décors facilement identifiables et récurrents.
Ce sont, la plupart du temps des motifs de feuilles d’acanthe avec bouton central, gravés ou peu
profondément sculptés. Ces motifs typiques sont aussi présents sur les autels. Les notices 005,
007, 008, 024, 025, 029, 049, 051, 052, 053, 061, 065, 068, 072, 074, 075, 076, 077, 078, 088,
089, 098 et 108 en sont des exemples.
84
du triangle. Ils sont arrondis et larges (ill. 1.78).
Les décors sculptés à feuilles d’acanthe sont les plus courants. Ils ne sont pas spécifiquement
réservés aux stèles modestes, même si ce type de monuments en fourni un grand nombre
d’exemples.
Une comparaison avec d’autres cités de la Gaule (Annexe 12 : Les feuilles d’acanthe) est
établie afin de savoir si d’autres modèles de feuilles d’acanthe sont représentés dans les frontons.
Une stèle non datée à sommet cintré découverte à Narbonne Esp I 0645 nous fait découvrir
un modèle totalement différent. Une acanthe contenue dans un cercle est figurée autour d’un
bouton central. Les feuilles se superposent les unes par-dessus les autres. Les nervures des
feuilles et les bords font l’objet d’un travail attentif de la part du sculpteur. Au contraire, une
palmette isolée occupe la pointe du fronton de la stèle des Comminges Esp II 857. Elle est
divisée en plusieurs parties par des lignes creusées et prend une forme très schématique. La
stèle de Bourges Esp II 1445 est décorée d’une acanthe similaire au premier cas (008). Elle est
retournée vers le bas et ses bords sont arrondis.
La stèle avec buste de Poitiers conserve dans son fronton une forme d’acanthe qui rappelle
un bout de la feuille ciselée. Une stèle avec personnage en buste de Bordeaux (Esp II 1154)
possède un fronton décoré de feuilles d’acanthe qui sont comparables à celles du second cas
répertorié à Metz. C’est-à-dire une feuille représentée de façon symétrique autour d’un bouton
central situé sur la ligne de base du triangle. L’acanthe y est profondément gravée. La stèle
Esp II 1210 de Bordeaux, quant à elle, se rapproche du troisième modèle répertorié à Metz.
L’acanthe est divisée en quatre parties autour d’un bouton central arrondi. Son exécution est de
moindre qualité que celle de la stèle n° 108 du corpus.
Les frontons n° 051, 056, 069, 081, 091 sont ornés de motifs floraux, plus communément
décrits sous le terme de rosaces. Dans le corpus sélectionné, les rosaces n° 51 et 81 sont les
seules à présenter des similitudes. Les pétales sont arrondis et bombés. Un bouton central de
forme circulaire ressort. Le motif de la stèle 051 (Ill. 1.80) comporte huit pétales, le motif 081
(Ill. 1.81) n’en a que sept, moins réguliers. La rosace 069 (Ill. 1.82) possède de longs pétales
aux extrémités pointues. La rosace 056 (Ill. 1.83) est assez particulière car le motif est creusé
à l’intérieur d’un médaillon délimité par un sillon. Elle ressemble à un négatif car son bouton
central est percé d’un trou et les pétales, au nombre de quatre, sont enfoncés.
De manière générale, les motifs de rosaces sont largement répandus en Gaule (Annexe 13
: les motifs de rosace en Gaule et Italie). Les exemples comparatifs ne ressemblent pourtant
85
Ill. 1.80 Fleur, 051 Ill. 1.81 Fleur, 081 Ill. 1.82 Fleur, 069 Ill. 1.83 Fleur, 056
Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer
pas aux motifs messins même si la stèle à bustes de Lyon Esp III 1782 se rapproche un peu
des modèles 051 et 081. Quatre pétales entourent un bouton central selon une disposition en
croix. La rosace de Worms à cinq pointes Esp VIII 6016 possède des pétales séparés en deux
par une ligne gravée en leur centre. La rosace figurée sur la stèle Esp II 1502 de Bourges est de
très belle facture. Autour du bouton central arrondi, cinq pétales en bas-relief occupent l’espace
triangulaire du fronton. Chaque pétale est séparé et divisé en deux par un trait qui le coupe
partiellement. À gauche et à droite, en bas, deux feuilles en forme de gouttelettes, orientées
vers le bas, complètent le décor. De même, une stèle de Bingen, conservée à Mayence (Esp VIII
6126) a bénéficié d’attention. Elle se compose d’une rosace comprise entre deux rameaux de
lierre et deux dauphins. Le décor est assez complexe et consiste en une superposition de trois
couches d’éléments végétaux donne un effet de volume. Sur une fleur d’Autun, Esp III 1844, le
bouton central est coupé en trois par une ligne creusée. Les cinq pétales sont des pentagones aux
rebords légèrement arrondis. La stèle d’Alléan Esp II 1523 est gravée. Ses six pétales de formes
allongées sont compris à l’intérieur d’un cercle. La rosace n’a pas de relief contrairement aux
autres. C’est également le cas pour une stèle issue de Gap Esp I 20, dont les onze pétales gravés
font songer à un tournesol. Enfin un exemple, cette fois de Cataglio, Esp I 4, nous fait découvrir
une fleur dont le bouton central est omis. Quatre pétales de forme ovoïde sont disposés en croix.
Quatre autres, en forme de cœurs sont intercalées. La rosace est située entre deux oiseaux aux
ailes déployées béquetant des fruits. Le rendu est finement travaillé.
Ces exemples montrent que le motif de rosace est répandu à l’intérieur des tympans mais
que la forme prise à Metz par ces fleurs reste simple. Il n’est jamais accompagné de scène à
éléments multiples comme des oiseaux ou des dauphins. Le rendu est plutôt grossier.
Les masques de feuilles sont une particularité spécifique à la Horgne-au-Sablon. Ils sont
visibles sur les stèles 046 et 048 (Ill. 1.84 et 1.85) Sur l’autel 006 (Ill. 1.86), des masques sont
Ill. 1.84 Masque, 046 Ill. 1.85 Masque, 048 Ill. 1.86 Masque grossier, 006
Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer
86
posés sur des guirlandes simplifiées. Le rendu est très différent. La
guirlande sculptée sur l’autel ressemble davantage à un croissant de
lune à l’envers ou à un boudin qu’à une guirlande proprement dite.
Le personnage est stylisé. Les yeux et la bouche sont de simples
rectangles creusés profondément et les cheveux forment également
une forme de croissant plus petit. Le visage du personnage est
penché et une partie est cachée.
Les motifs de masques feuillus sculptés à l’intérieur de
tympans semblent assez rares. Un modèle conservé au musée de
Ill. 1.87 Masque, Esp 70,
Luxembourg (Esp V 4213) est inscrit dans un médaillon de forme Marseille
arrondie. Le personnage a un visage rond. Ses yeux sont globuleux, Base Nesp
son nez épaté. Ses lèvres sont épaisses et pleines. De larges feuilles
arrondies ressemblant à celles du chêne recouvrent ses joues. Une autre feuille, sculptée en
dessous, lui confère une petite barbiche.
Un autre masque découvert à Marseille Esp I 70 (Ill. 1.87) est beaucoup plus figuratif.
Couronné de pétales, le front du personnage est quasi inexistant. Son long nez est bien visible,
comme ses narines. Ses yeux tombants globuleux sont délimités par les paupières. La pupille
semble indiquée. Il a la bouche entrouverte. Ses moustaches de feuilles sont coiffées vers
l’extérieur. L’extrémité est repliée. La barbe de feuilles est en pointe. L’aspect de feuillage ciselé
est complété par des plantes partant du creux entre les moustaches et la barbe du personnage.
Elles sont ornées de quatre fleurs.
Les divers motifs lunaires ont été étudiés par K. Kooy 1981106 et plus récemment par P.-Y.
Lambert et Y. Le Bohec107 dans le but de comprendre leur signification. Le corpus en présente
trois exemples. Ce sont des croissants lunaires aux pointes tournées vers le haut en provenance
de la Horgne-au- Sablon. Chaque exemplaire, en relief, est unique. Les modèles 055 (Ill. 1.88) et
090 (Ill. 1.90) sont des croissants ouverts alors que celui de la lune représentée sur le monument
079 (Ill. 1.89) est presque fermé.
Le croissant de lune, se retrouve uniquement sur des monuments modestes, de facture plutôt
fruste. À Metz, aucun des modèles retrouvés n’est creusé, ni accompagné d’autres symboles. Le
Ill. 1.88 Croissant de lune, 055 Ill. 1.89 Croissant de lune, 079 Ill. 1.90 Croissant de lune, 090
Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer
106 C. Kooy, « Le croissant lunaire sur les monuments funéraires gallo-romains », Gallia 39-1, 1981, pp. 54-
62.
107 Y. Le Bohec, « Le croissant de lune chez les Éduens et les Lingons sous le Haut Empire », Revue Archéolo-
gique de l’Est, t63, 2014, 7 p.
87
croissant est isolé dans le tympan. Largement répandu, ce motif apparaît aussi bien à Arles
que Bourges, Lyon ou Langres. Il est aisé de citer quelques exemples repris dans le C.I.L ou
l’Espérandieu. C.I.L : 11086 (Bourges) ; 1867 (Lyon) ; 2509 et 2518 (Belley) ; 609 et 692
(Bordeaux) ; 2684, 2752, 2771, 2779 et 2740 (Autun) ; 4534 (Saverne) ; 734 (Arles) ; 5736
(Langres) ; 553 (Luxeuil) ; 1978 (Vienne) ; 5874 (Aix-les-Bains). Les numéros Espérandieu
sont : Esp VII 5271 (Besançon) ; Esp III 1970 (Autun) ; Esp VIII 5299 (Dole) ; Esp III 2164
(Chalon-sur-Saône) ; Esp VI 4549 (Walscheid) ; Esp II 1161 et 1145 (Bordeaux).
Une observation approfondie des monuments montre que le croissant lunaire est
essentiellement contenu sur des stèles à personnages en buste ou avec une simple inscription.
Tous les exemples répertoriés sont comparables aux modèles de Metz, aux angles plus ou
moins ouverts. À Arles et à Bourges se trouvent de rares motifs lunaires creusés. À Aix-les-
Bains et Vienne, une tige part du centre du croissant et monte à la verticale. D’autres modèles
sont accompagnés d’un ensemble de symboles dont l’interprétation paraît encore difficile à
affirmer, excepté pour les symboles solaires et astraux, empruntés à une même thématique.
Parmi les monuments concernés se trouvent le C.I.L 2548 (Annecy) ; 1252 (Bourges) ou 11667
(Saverne). Les numéros Espérandieu Esp II 1512 (Bourges) ; Esp II 1538 (Alléan) peuvent
aussi être cités. Malgré une certaine redondance dans les modèles, aucun n’est strictement
pareil aux autres.
En termes d’interprétation, le manque de preuves concrètes ou d’écrits d’époque nous
invitent à rester prudents. On peut évidemment penser à un lien avec le calendrier lunaire. Le
motif, déjà connu au Ier siècle à Nice (C.I.L V 7900) a probablement été introduit dans le Nord
en suivant la voie Agrippa108. F. Cumont et J.-J. Hatt voyaient dans la lune le séjour de l’âme
des Celtes, mêlé par la suite à des influences isiaques. S. Lunais et A. Le Boeuffle ont cherché
des explications dans la littérature latine qui les a conduits à envisager une divinité lunaire
capable de prodiges109 (Stèle de Genève Inv. N° EPI 0537). Dans cette optique, il est vrai qu’à
Metz, un bloc architectural figurant la déesse Luna contient un croissant de lune en berceau sur
le front de celle-ci (C.A.G p.191.). Le bloc en question, découvert à l’îlot Saint-Jacques, est
supposé provenir d’un mausolée. Y. Le Bohec, interpellé par ce symbole étrange, très présent
chez les Lingons et les Éduens, a choisi d’orienter ses recherches en direction d’une explication
justement fondée sur les phénomènes astraux. La lune en berceau, telle que la nomme les
astronomes, est une position attestée mais on ne peut l’observer qu’une ou deux fois par an.
Y. Le Bohec estime par ailleurs que la lune, par ses phases descendantes et ascendantes était
finalement symbole de mort et d’espoir, de vie après la mort. Plutôt que de parler d’influences
de telle ou telle région, il préfère le terme de polycentrisme. Finalement, la seule certitude reste
sa fonction funéraire.
108 Kooy, « Le croissant lunaire sur les monuments funéraires gallo-romains» , Ouv. Cit., 1981, p. 46.
109 Y. Le Bohec, « Le croissant de lune chez les Eduens et les Lingons sous le Haut Empire », Revue Archéolo-
gique de l’Est, p. 2.
88
Descriptif et comparaison des motifs de dauphins sculptés
Le fragment de fronton n° 087 est orné de deux dauphins affrontés autour d’un vase. L’ani-
mal semble découler d’un modèle local repris à l’identique puisque l’autel n° 007 comporte
un mammifère très ressemblant sur sa face principale. Les deux exemples proviennent de la
Horgne-au-Sablon (Ill. 1.92 et 1.93).
En dehors de Metz, les dauphins sont un motif décoratif courant. Ils ne sont pas nécessairement
funéraires et sont placés à des endroits divers et variés. Dans le registre funéraire, on en trouve
aussi bien sous forme de décoration d’écoinçons (Esp I 478, Nîmes) que comme acrotères (Esp
VI 4806, Escles). Le dauphin, considéré comme amical et positif, a pour vocation probable
d’accompagner le mort et de le protéger. C’est un animal psychopompe. Néanmoins, sa position
hors du champ principal du monument le situe plutôt davantage comme un élément de décor,
méditerranéen à l’origine. Le motif serait arrivé chez les Leuques au Ier siècle en passant par la
Cisalpine et la vallée du Danube110. Le musée archéologique de Mayence conserve une stèle
dont le fronton comporte un ensemble de motifs hétérogènes. Il s’agit d’un décor composé
d’une rosace entre deux rameaux de lierre. De chaque côté, deux dauphins courbés referment
la composition (Esp VIII 6126). Leur tête plus petite et leur forme allongée les rapproche
davantage du véritable mammifère marin. Deux dauphins sont encore représentés sur une stèle
à personnage (Esp VII 5790), toujours des deux côtés du fronton. La qualité de la stèle prouve
que ce motif n’est pas réservé à une population modeste, contrairement aux astres lunaires
uniquement présents sur ce type de monuments.
La stèle dédiée à Maia (050, ill. 1.94) comporte deux glaives cachés derrière un bouclier de
forme arrondie, comme un clipeus, renforcé d’un umbo au centre. Le thème contenu dans le
fronton fait songer à une évocation de carrière militaire.
Toutefois, la stèle étant dédié à une femme nommée Maia,
cette option est à écarter. Un fronton de Bordeaux (Esp
II 1220) comporte un bouclier de ce type en son centre
quoique plus détaillé. Un glaive, dont on reconnaît le
pommeau, est caché derrière. Il est entouré d’un bouclier
d’amazone posé sur un carquois. Cette composition
se retrouve à Narbonne (Esp I 711). Il serait facile de
conclure à une influence en provenance du Sud, où les
scènes de ce type sont nombreuses. Mais on peut aussi se
tourner vers la région des Trévires, en raison de la forte Ill. 1.94 Bouclier et épée, 050
présence des militaires. Quoique les frontons ne soient pasPhoto L. Kieffer
110 G. Moitrieux et J.-N. Castorio, Nouvel Espérandieu, tome III, Ouv. Cit., p. 102.
89
décorés ainsi, des boucliers de type clipeus sont bien connus sur des blocs de mausolées, étudiés
par G. Kremer111. Elle porte à notre connaissance une thématique militaire abondante, source
d’inspiration potentielle pour les sculpteurs des régions frontalières, dont les Médiomatriques.
Les frontons de Metz sont rarement décorés d’une tête de personnage. Seule la stèle 113
du corpus fait exception. Pourtant ce motif n’est pas inconnu du répertoire iconographique
des autres régions ou cités proches. Un autel de Cologne112 (Abb. 180) possède un fronton
décoré d’un médaillon arrondi dans lequel la tête d’un personnage est sculptée. Elle représente
visiblement le portrait du défunt. Le monument Abb. 186113 de Langenau comporte aussi un
portrait dans une niche semi circulaire, située dans le fronton. Sur une stèle de Langres Esp IV
3228, une tête sommaire est sculptée dans un fronton de forme triangulaire. Le personnage aux
larges mèches et au visage rond rappelle Cottalus (notice 113) de Metz. Le cadrage, cependant
est en buste et non de tête. Le personnage semble conservé dans un meilleur état puisque l’on
est en mesure d’observer son nez proéminent. La question se pose alors de savoir s’il s’agit
vraiment d’un portrait ou d’une tête codifiée.
De même que l’on dénote plusieurs types de sommets, les acrotères peuvent être classés
selon leur forme et leur motif. La plupart de temps, ils n’ont bénéficié que de peu d’attention de
la part du lapicide. Ils sont simples, de moindre qualité.
Stèles, autels, Triangulaires avec décoration de 008, 019, 025, 076, 090, 108,
mini piliers palmettes 113
Palmettes sculptées figurant des
Stèle 098
acrotères
Stèles Arrondis sans décoration 073, 074, 081, 083, 089, 102
Stèles Arrondis avec motifs floraux 080, 095
Stèles Arrondis avec spirale 077
005, 006, 009, 030, 075, 079,
Autels et stèles épaisses, Rouleaux simples 082
stèles
Rouleaux à motifs floraux 007, 070, 071
Stèle monumentale Protomés de lion 026
Stèle modeste Sphérique 069
Le tableau met en évidence 4 types d’acrotères et 8 variantes possibles. Le choix paraît assez
limité. Certains monuments ne sont jamais pourvus d’acrotères à Metz, comme les pyramidions,
111 G. Kremer, Das frühkaiserzeitliche Mausoleum von Bartringen, Luxembourg, MNHA, 2009, p. 124.
112 M. Scholz, Grabbauten des 1.-3. Jahrhunderts in den nördischen Grenprovinzen des Römischen Reiches,
Ouv. Cit., 2012, p. 228.
113 Ibid, p. 232
90
les stèles à sommet cintré et les cippes couronnés d’un dôme ou
d’une pomme de pin. Parmi les motifs absents, nous pouvons
citer en exemples les personnages couronnés d’une lune ou d’un
soleil comme la stèle de Langres Esp IV 3228. L’un des piliers
de Neumagen reconstitué au musée de Trèves a pour acrotères
corniers des masques tragiques aux couleurs vives (Ill. 1.95). Les
masques sont aussi utilisés comme décor sur les stèles de Saint- Ill. 1.95 Acrotère en forme de
Ambroix, notamment les stèles Inv. 4342, 4531, B4092 et de masque, Neumagen
Photo D. Davin
Lyon Esp III 1782. La stèle des Leuques Nesp III 249 comporte
des acrotères en forme de dauphins. Une stèle de Mayence
comporte des chevaux marins (Esp VII 5850).
Ill. 1.96 Ill. 1.97 Ill. 1.98 Ill. 1.99 Ill. 1.100
Acrotère, 008 Acrotère, 019 Acrotère, 090 Acrotère, 025 Acrotère, 108
Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer
Dans la cité de Divodurum, les palmettes sont un motif récurrent (Ill 1.96 à 1.100). Il semble
d’après l’ensemble des comparaisons effectuées que ce type de décoration, sous sa version
simplifiée, y soit plus représenté qu’ailleurs. Les palmettes des monuments 008, 019 et 076
sont similaires. Elles sont comparables à celles sculptées sur les stèles de Bourges Esp II 1445,
1450. Le modèle n° 025 semble plus schématique. En partie détruit, il semble être copié sur le
même modèle que l’acrotère de la notice n° 108. C’est du moins ce que nous permet d’entrevoir
la position de la ligne médiane gravée. Les palmettes du monument n° 090, quant à elles, sont
creusées de sillons. Les palmettes du fronton 113, séparées en trois par des sillons font songer
à des ailettes.
91
Acrotères de forme arrondie avec motifs décoratifs
Les notices 080 et 095 (Ill. 1.102 et 1.103) font part d’acrotères arrondis décorés de fleurs.
Pour comparaison, le motif de fleur est présent sur une stèle de Saint-Ambroix (Esp III 2742).
Tout comme les feuilles d’acanthe, le motif est susceptible de servir d’acrotère figuré, sur la
surface du corps d’une stèle. C’est le cas de la stèle de Bordeaux Esp II 1133 étudiée par F.
Braemer. Le faible relief est traité en aplats et la fleur comporte quatre pétales.
La forme de spirale, sculptée sur la stèle 077 (Ill. 1.104) est peu commune. Néanmoins
un autre exemple a été répertorié à Amiens (Esp 05-3951, Ill. 1.105). Quoiqu’éloignée, cela
démontre que les motifs décoratifs circulent. La spirale d’Amiens a pour particularité d’être
orientée vers l’extérieur et non vers l’intérieur comme celle de Metz.
Ill. 1.102 Pétales, 095 Ill. 1.103 Pétales, 080 Ill. 1.104 Spirale, 077 Ill. 1.105 Spirale,
Photo L. Kieffer 05-3951, Amiens
Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer
À Metz, les rouleaux ou pulvini ne sont pas l’apanage exclusif des autels. Ils se retrouvent
aussi sur quelques stèles particulièrement épaisses. Les rouleaux décorés de pétales de fleurs sur
la face antérieure des monuments, en l’occurrence, sont nombreux. Il s’agit d’un type de décor
récurrent. La stèle à personnage 070 comporte justement des rouleaux décorés au-devant de fleurs
à quatre pétales arrondis. Un bouton circulaire proéminent ressort au centre. Parmi les exemples
comparatifs, une variante retrouvée à Arlon (IAL GR/S 010) correspond au modèle messin
dans le sens ou, les pulvini sont bien distincts du fronton triangulaire. Le motif est composé
de quatre pétales inscrits dans un cercle. Le bouton central est de petite taille. Les pétales fins
et allongés sont séparés en deux par un creux.
L’autel de Mayence Abb.181115 comporte quant à
lui cinq pétales et un bouton central. L’autel 007
(Ill. 1.106) est décoré de pulvini dont la tranche
comporte des feuilles imbriquées, semblables
aux écailles des toitures. De même, l’autel de
Cologne possède des écailles sans délimitation
centrale. Les latéraux de rouleaux sont séparés
au milieu par deux bandes. La décoration de la Ill. 1.106 Rouleau à feuilles imbriquées, 007
face antérieure, en revanche, représente la tête Photo L. Kieffer
d’Ammon (Nr. 1921116).
115 M. Scholz, Grabbauten des 1.-3. Jahrhunderts in den nördischen Grenprovinzen des Römischen Reiches,
Ouv. Cit., 2012, p. 229.
116 Ibid, p. 241.
92
Acrotères en formes de protomés de lions
93
iii. Les pilastres et pilastres d’angles
Les pilastres à Metz sont souvent combinés à des encadrements de portes. L’association de
ces deux éléments fait songer immédiatement à une transposition de l’architecture monumentale
civile ou religieuse, ce dont nous allons débattre en étudiant des exemples. Les pilastres messins
sont assez typiques et reconnaissables dans la plupart des cas.
Les pilastres de type corinthiens, hérités du répertoire romain, sont généralement majoritaires
sur les monuments de qualité et leurs spécifications rejoignent les caractéristiques connues.
De façon générale, dans le monde romain, l’ordre corinthien obtient la faveur des architectes
dont un style classique est déterminé sous le règne d’Auguste. Il sera repris sans réelles
altérations durant les deux siècles suivants. Cet ordre corinthien romain diffère du modèle grec.
Il est caractérisé par un chapiteau aux feuilles d’acanthe arrondies pour remplacer l’acanthe
à feuilles aigües grecque. Sa base sur les monuments de parure de la ville est généralement
attique et repose désormais sur une plinthe.
Les pilastres du corpus ont été interprétés par les lapicides pour le registre funéraire. Si le
pilier 019, en bas-relief est de forme arrondie, comme le modèle réel, les piliers 101 et 109 ont
été aplanis par volonté de simplification. Les mausolées 002 et 003 comportent en supplément
un décor de frise en feuilles d’acanthe sur leurs fûts. Ce type de décoration, a priori, n’existe
pas sur les piliers de monuments publics messins antiques. En revanche à Metz, un fût décoré
d’écailles a été retrouvé, faisant écho au monument 002. Le cippe 013 à pomme de pin est
simplement incisé. Les pilastres sont situés des deux côtés d’une ouverture à sommet cintré.
C’est pourquoi ce type de décor a souvent été mis en relation avec l’architecture monumentale.
Une comparaison avec le mini-pilier 019 et les mausolées 002 et 003 peut aussi nous amener
vers une autre conclusion selon laquelle il ne s’agit pas d’une porte mais d’une niche figurée.
Elle contiendrait des personnages ou un animal. Cela signifie que l’intérieur aujourd’hui vide
94
était peut-être peint à l’époque romaine.
Ce postulat est valable dans tous les cas
similaires.
À titre de comparaison, la stèle de
Saint-Ambroix inv. 4353 possède le même
décor de frises que les mausolées 002 et
003. Cependant, les stèles inv. 4773 et
74 comportent des torsades entrecoupées
de perles, un décor inconnu à Metz. Ces
torsades sont aussi présentes sur la stèle
inv. 4351. La stèle B4090 mélange pilastres
cannelés et chapiteau corinthien. Cela dit,
les stèles aux pilastres décorés sont peu
nombreuses. Ils ont pour caractéristique
d’être particulièrement proéminents à
Saint-Ambroix. Le mausolée de Neumagen
Abb. 88118 de l’époque flavienne conserve
des pilastres rectangulaires aplanis à
chapiteau corinthien et des fûts décorés
de frises végétales également comparables
aux mausolées 002 et 003. Un autel
beaucoup plus modeste conservé à Cologne
(Abb.180119) comporte des pilastres en
relief peu marqué. Le fût, sans décor,
est surmonté d’un chapiteau corinthien
Ill. 1.110 Monument des Secundinii, milieu, Igel simplement incisé. Peu détaillé, il est de
CC BY-SA Wikimedia piètre facture.
Le monument d’Albinius Asper (Abb.
253 ) de l’époque antonine, conservé à Trèves comporte des motifs de frises végétales
120
séparées en cinq parties de plus en plus longues. Une plante jaillit d’un canthare. Le chapiteau
est manquant.
Le pilier d’Igel appartenant aux Secundinii (Abb. 132121, ill. 1.110) nous fait découvrir des
pilastres à la base décorée d’oiseaux et aux fûts remplis de scènes de personnages semblables à
des amours nus représentés dans différentes postures. Le chapiteau de type corinthien contient
des feuilles d’acanthe et, au-dessus, une tête sculptée. Le pilier en lui-même est extrêmement
chargé. Ce type de décoration de piliers n’existe pas à Metz.
La tombe de Valérius Rufus, du Ier siècle, conservée à Strasbourg, est ornée de piliers
rectangulaires découpés en trois tambours distincts. Les colonnes sont décorées de cannelures.
Elles sont redoublées dans la partie inférieure. Le chapiteau corinthien contient de grandes
feuilles d’acanthe détaillées mais traitées de façon anguleuse, recourbées au bout.
Datant de la même époque, le mausolée de Poblicius122 de Cologne (40 de notre ère, Ill. 1.111)
est peu comparable aux monuments messins qu’il surpasse du point de vue de la complexité
architecturale et de la qualité. Il conserve deux sortes de piliers. Dans la partie inférieure,
95
la base des colonnes forme un escalier
composé de dix moulures. Les colonnes
aplaties cannelées sont divisées huit en
bandes. Sur le chapiteau, trois feuilles
d’acanthe recourbées sont couronnées par
un décor incomplet retrouvé dans la partie
supérieure. Le défunt, entouré de deux
autres protagonistes est situé dans une niche
ouverte. Cette typologie de monument
est totalement absente de Metz. Autour
des personnages, les piliers sont entiers.
Ils sont arrondis et cannelés. La base
comprend deux tores. Les fûts sont divisés
en quatre blocs. Le chapiteau corinthien est
pourvu de feuilles d’acanthe placées sous
une urne. Il se termine par des spirales. Un Ill. 1.111 Mausolée de Poblicius, base, Cologne
autre mausolée connu possède des fûts avec CC BY-SA Wikimedia
personnages : le n° Abb.72. En revanche,
les stèles de Bordeaux et des Leuques n’ont pas de monuments funéraires typiques pourvus de
pilastres décorés à chapiteau corinthiens.
L’antériorité présumée des monuments de Neumagen ou ceux de l’époque antonine de Trèves
sont l’indice d’une influence vers d’autres cités. Nous ignorons si cette influence est réciproque
ou si l’inspiration provient uniquement de ces grands monuments exceptionnels. Le manque
d’exemples issus de régions situées aux frontières sud limite toute corrélation potentielle.
Le remploi des monuments funéraires, retaillés au sommet et sur les faces latérales, est un
véritable frein aux observations quelle que soit la ville de comparaison. De ce fait, il n’est pas
123 P. Broise, « Éléments d’un ordre toscan provincial en Haute-Savoie », Gallia 27-1, 1969, p. 17.
96
évident de savoir si une stèle était à l’origine encadrée par des
pilastres ou non.
Les stèles de Saint-Ambroix ont délivré des monuments
aux piliers de l’ordre toscan encore plus simplifiés et de
facture grossière. Le chapiteau n’est parfois composé que
d’un astragale et d’une corbeille aux formes angulaires. La
spécificité de ces stèles est toutefois d’être pourvu de quatre
pilastres corniers proéminents. C’est justement le cas des stèles
inv. 4778, 4532, 4359, 4346, ou 4348 (Ill. 1.112). Seule la stèle
inv. 4533 comprend davantage de moulures. Sur un monument
de Dijon inv. arb.160, les moulures sont moins marquées et
en nombre très restreint. Malgré les destructions partielles, il
semble tout de même que peu de stèles y soient pourvues de
piliers. La stèle des Leuques Nesp III 729 contient des piliers Ill. 1.112 inv. 4348, Pilastres,
moulurés assez fins et allongés, posés sur d’autres pilastres plus S Ambroix, Photo Archives
t
communales en ligne
larges et moins hauts. La stèle Nesp III 973 possède des piliers
avec corbeille, tailloir et astragale en relief. La stèle dédiée
à l’esclave Thallus, non répertoriée dans le C.I.L, découverte à la Citadelle et conservée à
Langres, possède des piliers en relief peu profond dont le chapiteau est élargi et dépasse de la
colonne. À Mayence, des piliers toscans sont sculptés en bas-relief sur la stèle d’un cavalier
helvète (n° 5929124) datant de l’époque de Tibère. Le personnage et le cheval en action sont
totalement disproportionnés. Les chapiteaux sont ornés d’une corbeille concave. La base est
composée d’un socle, d’un tore et d’une moulure en listel. Les chapiteaux sont semblables à
ceux de Metz par leurs décors, en particulier la corbeille concave.
Les exemples comparatifs étudiés font apparaître quelques spécificités à propos des stèles
messines. Elles possèdent souvent des piliers simplement gravés sur les monuments modestes.
Les autres villes, au contraire, se démarquent par des piliers sculptés qui ressortent de manière
plus ou moins prononcée. Les stèles de Divodurum de grande taille possèdent des piliers en
léger relief. Le chapiteau semble calqué sur les modèles de Germanie supérieure aux corbeilles
concaves. Un monument de cavalier du Ier siècle apporte du crédit à cette thèse. En effet, même
si les piliers de type toscan sont un choix relativement commun en Gaule, les monuments
architecturaux de Haute-Savoie sont éloignés. De plus, ils ne concernent pas forcément le
domaine funéraire. Leur influence est donc douteuse.
97
Sommet X X X X
arrondi
Avec faîture X X X
Plat X
Triangles X X X X X X X
Dôme X
Pomme de pin X X X X
Focus X X
Acrotères
Sans X X X X X X
Triangles X X X X X
À palmettes X X X X
Arrondis X X X X X
À motifs X X X X
floraux
À spirales X X X
Protomés de X
lions
Pulvini
Simples X
À motifs X
floraux
Décoration de
fronton
Acanthes X X X X X X
Fleur X X X
Masque X
Lune X X
Soleil X
Dauphins X
Épée et X
bouclier
Scène X
Rinceaux X X
Piliers
Corinthien X X X X
Dorique
Toscan X X
Piliers non X X X X
identifiés
Frise de pilastre X X X
Niche
À fond plat X X X X X X
Rectangulaire X X X X X
98
Demi- X X X X X X X
sphérique
Cintrée X X X X X X X
Double X X X X
arcature
Avec coquilles X X X
Avec écoinçons X X
D’après les observations rassemblées, le modèle de stèle modeste locale le plus courant et
le plus typique est une stèle à sommet triangulaire et au fronton décoré d’acanthes, soutenu
par des piliers toscans simplement gravés. Les monuments numéros 008, 047, 068, 072, 074,
075, 076, 098 et 111 l’illustrent bien. Les numéros 046 et 048 répondent quasiment à cette
description, l’acanthe étant remplacée par un masque de feuille. Des piliers gravés identiques
se retrouvent sur l’autel numéro 013. Les variantes autour de cette combinaison sont donc
relativement peu nombreuses. Elles proviennent essentiellement du site de la Horgne-au-
Sablon et de la Lunette d’Arçon, dans une moindre mesure. Les lunes de fronton, plus rares,
sont employées en combinaison avec des stèles dont le corps possède un encadrement. Cette
formule est systématique sur les stèles 055, 079 et 90, soit la totalité du corpus. L’astre solaire
093 semble répondre à la même exigence mais le manque de stèles comparatives est limitant.
Les autels et cippes, monuments de qualité intermédiaire, entre la stèle modeste et la stèle
de grande taille sculptée à personnage, sont en bas-reliefs. Le texte peut prendre une place
importante (005, 007, 009, 010, 011, 012).
Ces types de représentations se limitent, comme il a été expliqué, aux monuments de petite
ou moyenne envergure exclusivement. La population aisée a cherché à se mettre en scène de
façon plus élaborée pour se démarquer. Le pilier simplement gravé n’est en aucun cas repris.
Outre le tombeau circulaire 001, vestige du Ier siècle et au motif importé, la population messine
adopte le portrait en pied de façon quasi généralisée aux IIe et IIIe siècles. Seules les stèles 018
et 019 contreviennent à ce choix unanime. Dans ce cadre, la stèle monumentale à niche à fond
demi-sphérique ou à fond plat cintré est la plus répandue. L’îlot Saint-Jacques en rassemble
la majorité (31 occurrences sur une totalité de 69 découvertes). Les monuments 002, 003
(Citadelle), 019 (la Horgne), 033 (Sainte Ségolène), ont aussi des niches semi-circulaires. Les
niches rectangulaires ont, en général, un fond plat. D’après les comparaisons effectuées, les
stèles comprenant des doubles arcatures ou quatre personnages (2010.0.33 hors corpus pour des
raisons d’infestation de mousse) sont très rares à Metz. Malgré tout, ce constat ne constitue pas
une particularité locale. Les piliers, nous l’avons vu, ressortent davantage mais les décorations
sculptées sont semblables à celles d’autres villes. Les piliers ne montrent rien de récurent ou
de systématique. Les frontons, souvent brisés pour le réemploi, comportent des inscriptions,
scènes de profil ou décors simples. Rien qui ne puisse les démarquer.
Par conséquent, si l’étude des décors permet d’élaborer un profil type de stèle modeste, ce
125 G. Coulon et S. Deyts, Les stèles funéraires gallo-romaines de Saint-Ambroix (Cher) : Un atelier de sculp-
ture dans la cité des Bituriges, Bourges, Lancosme Éditions, 2000, p 135.
99
modèle est hors de propos concernant les stèles de grande taille. La reconnaissance se joue sur
l’apparence des personnages, leur traitement, leurs traits de visage, le relief et les proportions.
Les premiers ateliers à l’origine des grands mausolées datés du Ier siècle (001) sont à la fois
mobiles et assez peu nombreux. De ce fait, la décoration architecturale qui en découle transcende
le style local126. C’est la raison pour laquelle on retrouve des décors similaires sur plusieurs sites
pourtant éloignés (cf. Les tumuli et édifices circulaires p. 33). Outre les décors de rinceaux,
le style régional Rhénano-Mosellan, connu exagérément sous le nom « d’hiératisme décoratif »
selon une expression de J.-J. Hatt, qualifie des personnages aux silhouettes allongées et raides,
dont le plissé des drapés est resserré. Ce style est avant tout caractéristique du Rhin (monument
à niches de Nickenich) où il est outrancier. Il se retrouve sur le tombeau du couple Rhénan de
Weisenau, sur la stèle du Naute Blussus de
l’époque claudienne ou tiberienne-claudienne
selon Boppert, datation retenue par les
contributeurs du Lupa (Ill. 1.114) et sur un
bloc de monument dédié à Attis, à Arlon. En
ce qui concerne Metz, le bloc de mausolée n°
105 correspond à ce style. On ignore selon
quelle trajectoire le modèle s’est diffusé mais
elle n’est pas forcément linéaire.
126 J.-N. Castorio, Inelvctabile fatvm. Mourir en Gaule mosellane (Ier s. av. J.-C. – IVe s. ap. J.-C.), Ouv. Cit.,
2008 p. 390.
100
clos127, avec quelques variations, notamment dues à différents imagiers et à la dextérité des
sculpteurs. L’art sculptural de Divodurum reste avant tout une variante de l’art gréco-romain,
dont on a sélectionné des motifs et thèmes qui plaisent à la population. Ces derniers s’accordent
avec leur culture et l’image que les habitants souhaitent laisser.
101
Les visages sont réalistes car le sculpteur montre des personnes usées par le temps, aux rides
prononcées, notamment sur le front.
Par exemple les stèles 028, 043 et 75.38.14 (hors corpus faute d’accessibilité) se ressemblent
(Ill. 1.117, 1.118, 1.119)
Ill. 1.117 Stèle d’un balayeur 043 Ill. 1.118 Stèle de Popilla 028 Ill. 1.119 stèle 75.38.14
Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer
102
Ill. 1.123 Stèle 038 du négociant
Ill. 1.122 Stèle 015 du pêcheur
Photo L. Kieffer
Photo L. Kieffer
Les stèles monumentales 032 (Ill. 1.120) et 75.38.54 (métadonnées, ill. 1.121) sont traitées
de manière identique. Les personnages sculptés sur les monuments 015 et 038 (Ill. 1.122 et
1.123) sont équivalents, quoique leur lien soit moins évident.
Les stèles modestes à décors gravés de type architectural sont dans l’ensemble assez
ressemblantes, mais la simplicité du décor et le fait qu’elles soient largement répandues
géographiquement et dans le temps à Metz ne permet pas de conclure à coup sûr à la présence
d’un seul atelier ayant été fonctionnel de façon continue.
La fabrication de stèles modestes du Ier siècle à Metz, est plus difficile à comprendre. On
ne peut pas vraiment les relier à un atelier. Ce sont des exemples urbains rares et isolés. Leurs
caractéristiques et leur traitement n’ont rien de commun. Elles sont aniconiques pour la plupart
103
et comportent la formule Dis Manibus écrite en entier. Leur datation reste approximative. Autre
exemple, la stèle en buste 069, sans inscription, unique en son genre. Il faut attendre le IIe siècle
et l’adoption généralisée de la stèle comme tombe pour pouvoir envisager que des sculpteurs
locaux s’attèlent à fabriquer des monuments. Ils deviennent certainement suffisamment
rentables.
Les stèles numéros 072, 098 et 113 du corpus sont semblables car le motif de pilastres
simplifiés est repris sur chacune avec peu de différences dans la représentation (Ill. 1.124,
1.125, 1.126).
Ill. 1.127 Autel 008 Ill. 1.128 Stèle 074 Ill. 1.129 Stèle 088 Ill. 1.130 Stèle 077
Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer
Les monuments aux décors végétaux similaires sont les numéros 008, 074, 077 et 088 (Ill.
1.127 à 1.130). Les numéros 008 et 074 en en commun une arche en demi-cercle soutenue par
des pilastres. Une plante figure à l’intérieur. Les stèles 074 et 088 ont quasiment le même motif
de décoration de fronton. Il s’agit d’une feuille d’acanthe dont le bouton central touche la base
du triangle. Les stèles 008 et 077 sont gravées d’une feuille retournée dont le bouton est au centre
du triangle. La stèle 048 partage avec les exemples 008 et 074 le motif d’une arche soutenue par
des piliers. La stèle 075 contient deux pilastres simplifiés et un fronton décoré comme les stèles
008 et 077, plus compact. La stèle 047 est semblable aux numéros 008 et 072 par ses pilastres
et son fronton. Cela dit, ces quelques exemples ne sont pas suffisants pour pouvoir supposer
la présence d’un atelier quelconque. C’est pourquoi l’étude des métadonnées complète ces
observations (pp. 625-1037). La stèle C.I.L XIII 4345 comprend une plante entre deux pilastres
simplifiés. La stèle C.I.L XIII 4371 possède aussi deux piliers simplifiés. L’acanthe sculptée
dans le fronton est du même type que celle de la stèle 098. La stèle 2013.0.110 suit cet exemple
quoique le fronton soit brisé. La plante figurée reprend le modèle 088, tout comme sur la stèle
C.I.L XIII 11367. Les stèles C.I.L XIII 4372 et 4351 quant à elles s’apparentent aux modèles
008 et 074 en raison de leurs pilastres et de l’arche alors que le fronton ressemble au 098. Les
stèles Esp V 4356, C.I.L XIII 4431 et 4436 possèdent un fronton semblable au 098. Les stèles
inv. 2010.0.108, C.I.L XIII 4447 et C.I.L XIII 4440 possèdent la même décoration de fronton
que les numéros 008 et 072. La stèle inv. 2012.0.360 reprend les pilastres et le fronton vus sur
la stèle 072. Elles sont très ressemblantes. La stèle C.I.L XIII 11368 mélange le motif 077 et
la décoration de fronton 088. Les stèles inv. 12248 et C.I.L XIII 11370 mélangent le décor de
plante 088 et le fronton 008 ou 072.
Finalement, toutes ces comparaisons regroupent des ressemblances communes aux sites de
104
la Horgne-au-Sablon, la Lunette d’Arçon, le centre-ville et la périphérie. La zone géographique
concernée est vaste, la période l’est tout autant. La simplicité de reproduction de ces motifs
décoratifs est indiscutable. Cet argument reste un point négatif pour identifier un atelier bien
déterminé et durable. Au sujet de la cité de Divodurum, J.-N. Castorio est plutôt partisan d’un
travail réalisé par de petites structures au style particulier, soit une « École Messine130 » à ne
pas confondre avec l’artisanat de l’ivoire du Moyen Âge ni avec la fameuse école de peinture
« L’École de Metz ». Cette théorie d’une école messine nous paraît en l’occurrence tout à fait
justifiable.
En résumé, la toiture des monuments est majoritairement à deux pans, le plus souvent laissés
bruts, parfois décorés de losanges. Quelques monuments possédent quatre pans concaves,
décorés de tuiles en forme d’écailles. Les frontons sont, pour beaucoup, sculptés de feuilles
d’acanthe en faible relief. Parmi les stèles modestes sont aussi choisis des motifs de lunes,
de dauphins ou d’armes. Des motifs architecturaux sur le corps des monuments tels que des
pilastres rappellent vaguement le quotidien terrestre bâti. Les pilastres de style corinthien ou
toscan, la plupart du temps, sont épurés. Les personnages aux postures codifiées sont en pied.
Leur visage lourd est rarement personnalisé. Quoique les proportions soient dans l’ensemble
correctes, lorsque la taille des membres est analysée, on remarque des disproportions dans
l’anatomie du corps. Genoux trop bas, cou trop large et surtout des mains particulièrement
ratées. Les personnages tiennent systématiquement des objets symboliques dans leurs mains.
Ils sont différenciés par âge et par sexe, comme le sac à tablettes, accessoire masculin. Le
traitement et le soin apportés aux sculptures, notamment celles de l’îlot Saint-Jacques, fait
ressortir la présence d’ateliers locaux, sans doute installés dans la ville ou ses environs.
Les inscriptions méritent d’être étudiées aussi bien pour leur forme que pour leur contenu. Il
s’agit tout d’abord d’observer où se placent les inscriptions sur les monuments. Puis, il convient
de comprendre comment elles sont gravées sur la pierre. Les lettres suivent aussi certains
modèles existants plus ou moins bien reproduits. Les formules funéraires, souvent réduites
et codifiées, sont répertoriées et examinées. Enfin, la longueur même de l’épitaphe peut être
considérée comme un critère social à part entière.
Le champ épigraphique représente l’espace dans lequel le graveur inscrit le texte relatif au
défunt. Il fait office de limites afin d’aboutir à une certaine esthétique dans l’organisation des
éléments décoratifs et informationnels de la stèle ou du monument. Ce champ revêt plusieurs
formes décrites dans le corpus de notices. Est-il toujours délimité ? Comment ? Par quel
procédé le graveur peut-il parvenir à un résultat de bonne qualité et visuellement esthétique
? Le classement suivant montre que le champ épigraphique peut être contenu sur le corps du
monument, dans un encadrement, sur le fronton, dans un bandeau ou sur un cartouche. Afin
d’obtenir des lignes droites et des lettres bien formées les lignes de guidages et lettres tracées
d’avance sont la solution employée par les lapicides les plus appliqués. Les interponctions,
quant à elles, constituent des séparations décoratives et non pas sémantiques.
105
i. L’espace du champ épigraphique
D’après les données récoltées, tous les types de champs épigraphiques sont utilisés de
manière indistincte. Un seul monument, en revanche, contient une inscription à la verticale. Il
s’agit d’une stèle à personnage féminin tenant un panier à bout de bras (Notice 070).
EPIGRAPHIQUE CORRESPONDANTS
Champ épigraphique contenu sur N 005, 009, 013, 023, 051, 061, 062, 063, 064,
o
Champ épigraphique contenu No 012, 025, 029, 030, 039, 046, 050, 052, 055,
dans un cartouche à queues 071, 074, 075, 097 et 108
d’aronde (tabula ansata)
Champ épigraphique contenu 001
dans un bloc courbe
Texte à la verticale de chaque 070
côté du personnage
Pour obtenir un travail de bonne qualité, des lignes de guidage tracées d’avance servent de
repères visuels au graveur. Effleurant à peine la surface, elles sont assez difficiles à distinguer.
Ces lignes sont néanmoins repérables sous les lettres, le plus souvent, parfois au-dessus. Elles
sont encore visibles sur les monuments 018, 023, 027, 029, 021, 083, 112, 061 et 099. La
dernière stèle mentionnée présente des lignes évidentes au-dessus et en dessous des caractères.
De plus, les lettres en capitales carrées profondément incisées sont faciles à discerner. Malgré
ces lignes horizontales, l’espacement entre les lettres est manifestement irrégulier. La forme
de quelques caractères est inégale. La stèle en question ne comporte pas de traces de peinture
rouge.
106
iii. Les interponctions, un signe décoratif
Trois types d’interponctions sont identifiés à Divodurum. Ils servent parfois de séparation
entre les mots. Ce sont le plus souvent de simples signes décoratifs. Les monuments trop altérés
ont été éliminés de l’étude.
026, 028, 033, 054, 057, 060, 063, 084, 085, 101 et 109.
Les triangles
N° 013, 018, 019, 021, 023, 112, 037, 050, 052, 056, 059, 061, 062 (contour de triangle
gravé), 068, 075, 083, 088, 089, 094 (contour de triangle gravé), 098 et 108.
D’après les indications apportées par ces trois catégories, il semble exister une prédominance
des interponctions en forme de triangle, la forme la plus commune de ce corpus. Le choix entre
point, triangle et hedera est un témoin de la qualité de l’inscription, selon J.-M. Lassère131.
Selon ses critères, le point reste le modèle le plus simple, suivi du triangle, enfin l’hedera
dénote une marque d’application du graveur. À Divodurum, le choix entre ces trois possibilités
ne semble pas réellement avoir d’incidence sur la qualité du monument ou de l’inscription. Par
exemple, la stèle de Iulia n° 059 est de qualité médiocre mais elle contient une interponction
en forme de triangle ; au contraire, le monument 104 montre une inscription alternée de points
malgré une très belle facture. Les remarques de J.-M. Lassère trouvent un écho et se justifient
parmi les monuments à épitaphe décorés d’une hedera. La stèle n° 099 illustre parfaitement
l’attention portée à l’écriture.
i. Les nexus
Les nexus sont systématiquement appelés des « ligatures » dans les mémoires d’étudiants
conservés par le musée, en archives dans sa bibliothèque. Or pour reprendre les termes de J.-M.
Lassère132 : « La ligature s’applique proprement aux textes rédigés en cursive, lorsque deux ou
trois lettres sont tracées d’un seul trait. Dans une inscription en capitales, on dira que des lettres
qui ont une haste commune forment un nexus. »
131 J.-M. Lassère, Manuel d’épigraphie romaine, Paris, Picard, 2011, p. 56.
132 Ibid, p. 53.
107
ii. Les monogrammes
Les monogrammes sont les lettres incluses à l’intérieur d’une autre. Le fronton de la stèle
dédié à Cottalus, fils de Cottus est l’unique exemple connu à Metz qui prouve leur existence
localement.
Certaines productions témoignent d’un manque de réflexion sur l’espace occupé ou d’une
pratique d’amateur. Les conséquences visibles sont des mots mal centrés (054, 057, 079),
compactés (051, 077), des lettres non alignées (093, 060), voire des inscriptions entières gravées
en oblique (062) ou des lettres mal formées (059, 065). Ces stèles sont systématiquement issues
de nécropoles modestes.
Sur l’inscription de la stèle n° 018, un X maladroitement gravé a été rajouté à une époque
ultérieure. Il a conduit certains étudiants à en déduire un numéro de légion erroné.
A contrario, sur la stèle n° 083 le mot uxor est écrit uxsor. Cet ajout d’un S est généralement
considéré comme une faute de la part du lapicide. Or ce mot existe tel quel selon une forme
orthographique archaïque.
Dans un article publié dans la Revue Archéologique de l’Est, J.-M. Demarolle a conduit
des recherches sur des inscriptions à partir de deux dédicaces votives133. Elle y décrit les
particularités des lettres en référence au tableau « d’Exemples d’alphabets épigraphiques » de
J.-M. Lassère134, bien que l’une des dédicaces soit grossière et peu propice à cet exercice. En ce
qui concerne ce corpus, la forme des caractères ne se rattache pas systématiquement à un type
d’alphabet clairement identifiable du monde romain. De manière globale, les inscriptions de
l’époque flavienne et hadrianique sont proches. À cette difficulté s’ajoutent les pratiques locales
et provinciales. Ces particularités exhortent à prendre des précautions et à ne pas chercher à tout
prix un parallèle avec une classification répertoriée.
Les lettres sont souvent inégales au sein d’une une même épitaphe, à l’exception de quelques-
unes, régulières. Si une étude paléographique semble complexe à mettre en œuvre, il reste
néanmoins possible de mettre en relief des styles et des types de lettres rencontrés localement
sur les inscriptions.
Vingt-deux inscriptions sur 60 sélectionnées, parmi les plus lisibles, servent à titre comparatif.
Les autres épitaphes s’y rattachent par leur ressemblance. L’on songe alors à une déclinaison de
modèles, reproduits avec plus ou moins de talent et d’application.
Les lettres sont, en général, des dérivés de la capitale carrée dont on peut penser que les
épitaphes des monuments 001, 108, 049 et 099 sont des modèles particulièrement réussis
(Annexe 15 : tableaux de comparaison de lettres 1 et 2). D’autres types d’inscriptions
existent en marge.
Les tableaux récapitulatifs font ressortir des inscriptions en capitales allongées (054, 019,
032) avec des dérivés plus maniérés, des lettres élargies (064) ou des capitales cursives très
déformées (039). Certaines stèles comportent des inscriptions qualifiées pour cette comparaison
« d’irrégulières » car elles sont dans l’ensemble de belle facture mais mélangent sans distinction
133 J.-M. Demarolle, « Recherches sur le travail du lapicide à partir d’une nouvelle dédicace », R.A.E, supplé-
ment n° 28, p. 278.
134 J.-M. Lassère, Manuel d’épigraphie romaine, Ouv. Cit., 2011, p. 39.
108
109
Ill. 1.131 Anatomie de la lettre capitale, création D. Davin
capitales carrées et allongées.
Les photographies en lumière rasante ont servi de point de départ afin d’étudier les lettres de
manière isolée. Les caractères gravés suffisamment profonds et lisibles ont été les plus simples
à appréhender. Concernant les autres, une première tentative nous a amenée à décalquer les
inscriptions à l’aide de stylos à micro-pigments avant de les scanner et de les épurer135. Mais
le résultat avait tendance à amplifier les maladresses et manquait de précision. Cela dit, ce
procédé reste utile pour comparer des inscriptions intégrales. On peut estimer la profondeur de
la gravure, mise en relief par un système de hachures. Une autre solution permet de séparer les
caractères. Il s’agit de grossir les inscriptions en haute résolution136 pour faire le contour des
lettres grâce à une tablette graphique et un stylet. Par cette méthode, le trait est plus précis et
il est possible de l’affiner ou de l’élargir selon les besoins. Le résultat est plus concluant. De
plus, l’utilisation de l’option lignes courbes ou droites sur des monuments tel que le mausolée
001 démontre que le graveur s’est sans doute aidé d’outils de géométrie comme un compas afin
d’obtenir un rendu de meilleure finition.
En termes de « paléographie romaine », il est très difficile de trouver un ouvrage de référence
actuel. J. Mallon s’était penché sur le sujet au cours des années 1950, par exemple, mais durant
ces années la terminologie n’était pas encore réellement fixée. Ce sont surtout les progrès dus à
l’infographie qui ont normalisés et harmonisé le vocabulaire spécifique à la typographie, à des
fins de fabrication de polices de caractères nouvelles.
Pour faciliter la compréhension des termes employés dans la description des lettres, un
modèle récapitulatif a été créé (Ill. 1.131)
Lettre A
Vingt et un exemples de la lettre A ont pu être isolés. Le A n° 101 est simplement incisé et
peint en rouge. Il comporte une traverse rectiligne en délié. Les A n° 001, 108, 023, 017, 086,
089 et 024 sont également coupés par une traverse rectiligne. La lettre est formée d’un sommet
en pointe et de diagonales à la base légèrement élargie. Ils sont ornés d’empattements extérieurs
ou intérieurs. La diagonale droite du A n° 049 se termine par un empattement en forme de vague
horizontale. Le A n° 082 contient deux formes de crochets arrondis vers la droite. Le A n° 79
a une traverse oblique qui s’arrête au centre, sur la ligne de base tandis que les n° 084, 060 et
093 n’ont pas du tout de traverse. Les diagonales du A n° 082, 051, 079, 039, 017 et 024 sont
courbes. La diagonale du A n°039 est particulièrement irrégulière. Sa pointe est ornée d’un
empattement sous la forme d’un petit trait oblique orienté vers le haut, à gauche. La traverse est
arrondie vers le bas. La lettre A reste la plus variée en termes de graphies rencontrées.
Lettre B
La lettre B est plus rare. De manière générale, la panse inférieure est plus proéminente que
la panse supérieure. Ce détail permet de différencier le B du D barré, ou SS. Une traverse
rectiligne touche le bord du fût et coupe la lettre. Le B n° 049 possède un fût plein.
Lettre C
110
La crosse, ou panse du C, arrondie est d’égale longueur en haut et en bas. La graisse, pour
les modèles les plus simples, est régulière. Dans le cas contraire, le délié se trouve du côté de
la ligne de pied ou de la ligne supérieure (n° 051,064). Les extrémités de la lettre se terminent
souvent par un empattement de forme triangulaire, plus marqué en bas qu’en haut. C’est ce qui
apparaît particulièrement sur les C n° 064, 054, 051, 060, 024 et 032. Les C n° 079 et 093 sont
ornés d’une barre verticale courte sur leur branche supérieure.
Lettre D
Le fût de la lettre D est généralement plein alors que la boucle est fine lorsque la lettre n’est
pas simplement tracée. C’est ce que l’on remarque notamment sur les D n° 099 et 051.
Lettre E
Dans la majorité des cas, la lettre E est composée de 3 barres d’égale longueur. Les E n° 024,
032 et 051 font exception. Les traverses ont un empattement traduit par une forme triangulaire
sur les E n° 001, 017,023, 024,032, 049, 051, 064, 099 et 101. La traverse centrale du E n° 084
est omise. La barre inférieure du E n° 049 se prolonge vers l’arrière. Les traverses sont parfois
courbes (n° 099). Le E n° 060, totalement informe se distingue uniquement par des barres
obliques.
Lettre F
Les traverses du F sont la plupart du temps d’égale longueur (n° 023, 027, 049, 051,079). Les
F n° 060,086 et 099 ont un trait médian plus court. La base de l’haste montante du F est parfois
ornée d’un empattement courbe symétrique. Les F n° 099,051, 079, 060 et 027 sont allongés.
Lettre G
La lettre G se distingue du C car la partie inférieure de la boucle s’aplatit sur la ligne de base.
Une barre verticale et un empattement horizontal (n° 023 et 101) ou en triangle (n° 099 et 108)
complètent le caractère. Comme pour la lettre C, le délié est situé au niveau des lignes de pied
et de la ligne supérieure.
Lettre H
Lettre I
La lettre I est composée d’un fût, parfois orné d’empattements horizontaux. Le I est rarement
réellement droit.
Lettre L
Les L particulièrement abîmés se confondent parfois avec le I. Ils sont composés d’une
hampe verticale et d’une traverse inférieure. Le fût est généralement plein alors que la barre
horizontale est un délié. L’extrémité peut être ornée d’un empattement ou s’épaissir (n° 023,
024, 027, 049,051, 064,086, 089,099, 108). La traverse du L est parfois arrondie (n° 24, 49, 51,
111
89,99). Les traverses des L n° 054 et 079, appartenant à une inscription en capitales allongée,
sont obliques. Le L de l’inscription n° 060 est très irrégulier.
Lettre M
Lettre N
Lettre O
Les O n° 023, 051, 060, 079 et 099 ont une graisse homogène tandis que les O n° 001, 099
et 108 ont un délié en haut et en bas. L’axe du O est décalé. Le O n° 079 possède un sommet
d’apparence pointue.
Lettre P
Les hampes des P n° 023 et 108 sont droites. La boucle n’est pas toujours fermée. C’est
ce que l’on constate sur les P n° 023, 060 et 108. La base du caractère est systématiquement
ornée d’un empattement divisé de part et d’autre du fût. Les P rencontrés ont un trait de largeur
homogène excepté le n° 108 qui a un délié en haut et en bas de la boucle.
Lettre Q
La lettre Q a pour spécificité d’avoir une queue particulièrement allongée sur la droite, dans
le jambage inférieur. Le délié, en haut et en bas, est symétrique.
Lettre R
Lettre S
112
La lettre S est le plus souvent symétrique bien qu’une illusion d’optique semble montrer une
partie inférieure proéminente. Le S n° 101 suit ce modèle. La spine est marquée par un plein
sur les S n° 001,054 et 099. Un empattement en forme de triangle vers l’intérieur du caractère
décore celui-ci en haut et en bas.
Lettre T
La lettre T contient une haste droite plus ou moins allongée alors que la barre supérieure est
soit droite soit incurvée de manière concave (n° 023,051, 079, 099, 101,108). Les barres n° 054
et 060 sont obliques. Chaque terminaison de caractère a un empattement. Celui des T n° 054 et
099 est exagéré, à gauche de la ligne de pied.
Lettre V
Lettre X
La lettre X est constituée de deux diagonales qui se croisent en leur milieu. Chaque extrémité
se termine par un empattement droit à congés.
À titre de remarque, si les empattements revêtent plusieurs formes et jouent sur la typographie,
l’empattement creusé triangulaire est souvent considéré comme la marque d’un travail réalisé
au burin.
Généralement, les lettres, écrites en capitales, facilitent la lecture des épitaphes. La gravure
dans la pierre, prévue pour durer l’éternité par les lapicides, a laissé des informations durables
et des formules codifiées accessibles aux générations futures.
La lecture des épitaphes ne constitue généralement pas un exercice difficile. Les formules
sont codifiées et répandues dans tout le monde romain. Ce chapitre répertorie celles rencontrées
dans le corpus et celles qui en sont absentes, malgré un emploi commun. La plupart du temps,
les formules sont abrégées. Celles relatives au corpus sont classées par catégories et par ordre
alphabétique, tandis que les autres sont classées par ordre alphabétique uniquement, en raison
de leur nombre restreint. L’ordre des mots, ou la syntaxe, est simple et répétitif. Le vocabulaire,
récurrent, apporte rarement de nouvelles informations. En sus des formules ou termes funéraires
s’ajoutent les termes concernant les relations interpersonnelles, l’âge du défunt, la transcription
des chiffres, les termes en lien avec un métier et d’autres abréviations inclassables.
113
ii. Les formules rencontrées à Metz et leurs diverses abréviations, par catégories
Les épitaphes sont limitées à douze formules et quinze mots distincts pour l’ensemble des
nécropoles. Seules trois formules supplémentaires sont répertoriées parmi les monuments non
présentés dans le corpus mais inclus dans les métadonnées. Au final, on aboutit à des formules
funéraires et des termes peu variés au point d’en conclure à un éventail de vocabulaire pauvre.
114
Ce tableau démontre des liens interpersonnels limités à onze cas, pour être exact, et seize
façons de les définir dans le corpus. Les mots mari, femme, fille, fils, oncles, père ou mère se
rapportent à la sphère familiale proche. Plus rarement, le dédicant peut être le maître ou un
héritier. Le terme d’affranchi est plutôt à destination informative, visant à connaître le statut
acquis d’un ancien esclave, précédé du nom de son maître. Les mots « fils » et « fille » sont
récurrents. Ils servent, le plus souvent, à exprimer la filiation, apanage des individus libres, et
non le dédicant. Les termes uxor et coniugi sont parfois destinés à connaître le lien marital,
parfois à désigner le dédicant.
L’âge de la mort
L’âge de la mort est rarement indiqué. Il se limite à quelques abréviations sur le nombre
d’années et les mois vécus. Le plus souvent, la mention de l’âge est réservée à des enfants ou
des personnes disparues jeunes.
Autres abréviations
Le prénom s’abrège toujours par convention. Le nomen peut l’être éventuellement à partir
du milieu du IIe siècle.
CCC : CCC(aiorum) La lettre C est répétée trois fois pour signifier trois hommes nommés
Caius. La personne affranchie était sans doute une esclave familiale.
115
iv. Les formules ou termes absents du corpus par ordre alphabétique
Les formules funéraires courantes absentes de Metz, comparaison d’après des relevés
généraux de B. Rémy et F. Kayser138.
• B M : b(ene) m(erenti)
• D M S : d(is) M(anibus) s(acrum)
• E T: e(x) t(estamento)
• H E T : h(eres) e(x) t(estamento)
• H H M N S : h(eredem) h(oc) m(onumentum) n(on) s(equetur)
• H S E: h(ic) s(itus) e(st)
• IN A P: in a(gro) p(edes)
• IN F P: in f(ronto) p(edes)
• O: o(bitus)
• O B Q: o(ssa) b(ene) q(uiescant)
• P I: p(oni) i(ussit)
• P Q: p(edes) q(uadratos)
• R P: r(etro) p(edes)
• S A D: s(ub) a(scia) d(edicavit)
• S T T L: s(it) t(ibi) t(erra) l(evis)
• T F I : t(estamento) f(ieri) i(ussit)
Inscrite sur quinze monuments, la formule la plus usitée à Divodurum est P.C. Après
138 B. Rémy et F. Kayser, Initiation à l’épigraphie grecque et latine, Paris, Ellipses, 1999, p. 175.
116
observation des travaux de Y. Le Bohec sur le sujet pour comparaison, cette abréviation est
également prédominante chez les Lingons.
Concernant les relations interpersonnelles pour l’ensemble des secteurs mis au jour, les mots
« fils » et « filles » sont de loin les plus fréquents. Ils ont, au final, rarement un rapport avec
le dédicant de la tombe puisque les fils, cités à 49 reprises, ont offert 15 sépultures. Les filles,
citées à 28 reprises, ont fait ériger 3 sépultures seulement. Les épouses sont déterminées par
leur lien au mari 17 fois. Elles sont à l’origine du paiement de la tombe 15 fois. Les affranchis
stipulent leur lien avec l’ancien maître à 9 reprises mais ne se sont chargés que de 3 sépultures.
En revanche, les termes de mari (8), père (5), mère (9), maître (1), héritier (9), parents (3), frère
(3), enfants (3), nourrice (1), oncles (1), frère de lait (1), compagnon d’armes (1) et compagnon
de tente (1) sont exclusivement destinés à montrer qui sont les dédicants. Au total 48, personnes
ayant fait élever un monument sont des hommes, 28 sont des femmes. Soit, 36,8% sont des
femmes. Cela démontre une forte propension masculine à prendre en charge les funérailles.
L’ordre des mots gravés sur les épitaphes est basé sur la répétition d’un modèle normé,
adopté par tous à Divodurum. L’inscription commence quasi systématiquement par la formule
D.M, suivi du nom du défunt. Elle peut être suivie de la fonction, de la filiation, du nom de
l’ancien maître, ou du nom du dédicant. Parfois, le dédicant ou le défunt indiquent la personne
qui s’est acquittée des frais de sépulture. Cela dit, il est courant de prévoir le financement de ses
obsèques durant son vivant.
Pour finir, le nombre de mots contenus sur les monuments n’est pas anodin. C’est au contraire
un point important, car il détermine la position sociale du défunt (il faut comprendre par là son
niveau de fortune). Selon la région ou la cité en question, la moyenne de mots varie laissant
apparaître des disparités entre elles. C’est justement ce que l’étude suivante sera amenée à
démontrer.
J.-N. Castorio rapporte un nombre de mots relativement limité sur les épitaphes de Divodurum.
Cinq virgule huit mots en moyenne pour 233 inscriptions complètes139. Par comparaison,
l’épigraphie funéraire trévire comporte en moyenne 11,4 mots pour 140 inscriptions140. Les
Leucques se situent en dessous de cette moyenne avec seulement 4,3 mots pour 74 inscriptions
restituables en totalité141. Puisque nous bénéficions également de l’intégralité des inscriptions,
grâce à un fichier de métadonnées, ce chiffre a été recalculé et affiné en incluant une différenciation
139 J.-N. Castorio, Inelvctabile fatvm. Mourir en gaule mosellane (Ier s. av. J.-C. – IVe s. ap. J.-C.), Ouv. Cit.,
2008, p. 49.
140 Ibid, p. 52.
141 Ibid, p. 48.
117
entre sites de découverte, puisque leurs disparités sont démontrables. En tout, 281 inscriptions
sont dénombrées, soit 48 de plus que le chiffre de référence. Toutes ne sont pas complètes. Cela
dit, quelques lettres effacées ne constituent pas une gêne à l’exercice à partir du moment où un
mot se devine. Les fragments sont par contre éliminés d’office.
La Citadelle délivre finalement très peu d’inscriptions. Quatre seulement pour 18 monuments
mis au jour. La moyenne des mots s’élève en revanche à 16,25. Le mausolée 003 en comporte
25. Ce sont des successions de noms de personnes d’une même famille, incluant l’âge du décès.
Par ailleurs, l’épitaphe de l’optio Fruendus mentionne la XXIIe légion pia fidelis. Une moitié de
l’inscription ayant disparu, elle n’est pas reprise dans le corpus. Cette perte est malencontreuse,
car il s’agit du seul document épigraphique à citer la devise de cette légion, attribuée à Vespasien.
118
Les autres secteurs ont délivré 24 monuments. Dix-huit sont pourvus d’une inscription dont
4 très incomplètes. La moyenne constatée est de 8,4 mots. Les autres secteurs s’étendent sur une
large zone, parsemée de monuments hétéroclites, dont un autel de marbre manifestement importé.
Les éléments perdus sont comptabilisés mais il n’en reste bien souvent qu’une restitution de N.
Tabouillot, à prendre avec précaution tant l’imaginaire du dessinateur s’éloigne de la réalité.
Ces calculs mettent en avant un constat : le nombre de mots contenus sur les épitaphes
diverge d’un site de découverte à l’autre. Les informations ne se valent pas et sont sujettes à
caution pour les sites les moins fournis.
Les monuments issus du quartier du Sablon, de la Horgne-au-Sablon et de la Lunette
d’Arçon portent à notre connaissance des épitaphes réduites au strict minimum. Les inscriptions
originaires du centre-ville et de l’îlot Saint-Jacques sont légèrement plus étoffées sans pour
autant révéler de cursus officiel, de texte ou de poésie. Seules les épitaphes de la Citadelle
sont conséquentes, mais uniquement grâce à une généalogie, visant à affirmer l’importance de
la famille en question. Sa puissance est mise en valeur par l’exposition de ses membres à la
communauté de passants, comme le soulève M. Corbier142.
Malgré tout, une différence de plus de 50% de contenu écrit est enregistrée entre les
monuments de l’îlot Saint Jacques et le secteur du Sablon, le plus dépourvu. On note un écart
de 3 mots entre l’îlot Saint Jacques et la Horgne-au-Sablon, en moyenne. Si l’on se fie aux
informations obtenues, on obtient une séparation par catégories sociales, aisées ou modestes
grâce aux données épigraphiques. Malgré tout, le résultat reste critiquable étant donné la
position secondaire des monuments.
Les inscriptions sont largement répandues quels que soient les sites alors que les personnages
figurés se raréfient sur les monuments modestes. Cette prépondérence de l’épitaphe, même
succinte, conduit à la question de la datation par l’épigraphie.
119
ces critères en 1998. À ces propositions peuvent se greffer aujourd’hui des comparaisons plus
actuelles grâce au Nouvel Espérandieu paru en 2010 qui décrit les monuments de la cité des
Leuques. Cet ouvrage semble confirmer la datation entrevue pour la région des Leuques. Par
ailleurs, les travaux sur l’onomastique réalisés par M.-Th. Raepsaet sont publiés dans un recueil
sous la direction de M. Dondin-Payre. Ils sont d’une aide précieuse. À l’instar de J.-M. Lassère,
les articles compilés répertorient des tableaux et indices de datations générales utiles même si
toutes les formules existantes mentionnées ne se retrouvent pas forcément parmi les nécropoles
messines. B. Rémy propose une introduction de l’ascia plus précoce puisqu’il situe le début de
l’emploi du symbole dès la première moitié du IIe siècle .
Une mise en garde doit cependant être faite à propos des noms de personnes et des formules
funéraires. Rien ne prouve que les informations soient toutes reportées. Par exemple, un fils de
citoyen mentionné sur une épitaphe est aussi citoyen s’il est issu d’un juste mariage puisqu’il
bénéficie du statut de son père.
143 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Em-
pire, Bruxelles, Timperman, 2001, p.10.
144 B. Rémy, Les médecins dans l’Occident romain : Péninsule Ibérique, Bretagne, Gaules, Germanies, Pessac,
Ausonius Éditions, 2000, p.30.
145 Ibid, p.29.
146 Ibid, p.29.
147 G. Moitrieux et J.-N. Castorio, Nouvel Espérandieu, tome III, Paris, Les Belles Lettres, 2010, p.164.
148 Hatt, 1986 et Nesp, III, 2010, p.109.
149 Y.Burnand, Encyclopédie illustrée de la Lorraine, Histoire de la Lorraine. Les temps anciens, T.2, De César
à Clovis, Metz, Éditions Serpenoise, 1990, p.187.
120
Absence sans signification
L’âge du mort Milieu du Ier siècle en Lyonnaise, fin Ier
siècle en Germanies150
Sobriquet À partir du IIe siècle
Abréviation du gentilice Se répand au milieu du IIe siècle151
2e moitié du IIe siècle Aucune mention écrite à
Mention de l’ascia152
Divodurum
I siècle attesté en Rhénanie
er
Tout au long de ce chapitre, l’étude des monuments sous divers angles a permis d’apporter
des indices de datation. En régle générale, un seul critère est employé. L’inconographie, le style
et l’épigraphie ne sont pas forcément combinés. D’autres critères comme la période d’extraction
de la pierre peuvent rentrer en compte.
La perspective de croiser les informations a fait naître l’idée de proposer une carte
conceptuelle. Elle permettrait de visualiser l’ensemble des critères possibles de façon plus
élaborée. Cette carte peut s’appliquer à toute étude de lapidaire funéraire.
Malgré tout, les monuments messins n’apportent pas de précison et il faut rester prudent.
C’est pourquoi les deux extrémités, en haut et en bas, sont la datation relative et la datation
absolue. Elles s’opposent et se complètent sachant que les monuments vont, le plus souvent,
être situés entre les deux.
À l’origine, ces termes sont surtout employés en géologie, biologie et paléontologie pour
fournir une chronologie. Ce système peut néanmoins se traduire dans le domaine de l’histoire
antique.
150 M. Dondin-Payre, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Empire, Ouv. Cit., 2001,
p.10.
151 Ibid, p. 10.
152 J.-M. Lassère, Manuel d’épigraphie romaine, Ouv. Cit. 2011, p.234.
153 B. Remy limite cette formule entre 150 et 250.
154 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Paris, Ausonius, 2011,
p.25.
155 V. Caspar, Les monuments romains de l’îlot Saint Jacques (Metz), étude épigraphique, Mémoire de Maîtrise
dirigé par Mme J.-M. Demarolle à l’Université de Metz, 1999-2000, p.126.
156 M. Dondin-Payre, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit, 2011, p.25.
157 A. Deman, M. Th. Raepsaet-Charlier, I.L.B, Bruxelles, Latomus, 1985, 230 p.
158 Y.Burnand, Encyclopédie illustrée de la Lorraine, Histoire de la Lorraine. Les temps anciens, T.2, De César
à Clovis, Metz, Ouv. Cit., 1990, p.130.
159 B. Marion, « Formulaire funéraire et datation en Belgique Mosellane » in Y. Burnand (Ed.) Prolegomena ad
editionem novam ILGB pertinentia, Paris, 1998, p.102.
160 M. Dondin-Payre, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit, 2011, p.25.
121
122
Ill. 1.132 Carte conceptuelle des critères d’aide à la datation de pierre Antique, conception et réalisation D. Davin
La carte (Ill. 1.132) se présente sous forme de réseau, système plus complet que les « chaines
» séquentielles, en étoiles, ou que les arbres hiérarchiques puisqu’il permet un traitement des
idées selon des liens complexes.
Un second ensemble d’outils a été créé pour mieux appréhender et visualiser les
monuments et leur nombre selon leur période de datation.
Concernant les monuments du corpus, les stèles modestes des nécropoles dites de la Horgne-
au-Sablon et de la Lunette d’Arçon ne comprennent qu’exceptionnellement des scènes ou
des personnages sculptés, ce qui complique la tâche. Néanmoins, elles comptent parmi leur
effectif des stèles probablement du Ier siècle, absentes de l’îlot Saint-Jacques. La majorité des
monuments proviennent du centre-ville pour cette période. Par ailleurs, le centre-ville et la
périphérie offrent une grande diversité typologique dont de grands monuments. Les stèles de
l’îlot Saint Jacques, relativement élaborées, fournissent davantage d’indices. Elles sont incluses
dans une fourchette allant de la deuxième moitié du IIe siècle à la première moitié du IIIe siècle
161
. Le tableau annexe 16 intitulé « Datation par numéros et par siècles », fourni en annexes,
récapitule cette répartition. De plus, trois documents iconographiques replacent les monuments
selon le Ier, IIe et IIIe siècle à l’aide d’une reconstitution en 3D (Annexe 17 : Monuments en 3D,
Ier, IIe, IIIe siècle). Ce procédé s’est révélé utile car il apparaît d’emblée que peu de monuments
datent potentiellement du Ier siècle. Le IIe siècle contient le plus grand nombre de monuments
à son actif alors que leur confection semble s’essouffler au IIIe siècle. Dans notre démarche,
certains monuments apparaissent plusieurs fois puisque leur datation reste relative et qu’ils sont
susceptibles d’être classés à cheval sur deux siècles différents. En revanche, les monuments
non datables sont absents de la reproduction 3D, alors qu’ils figurent dans le tableau annexe de
datation.
Conclusion du chapitre
123
Les monuments esquissent, malgré leur simplicié realtive, le portrait d’une société dans
laquelle valeurs locales et romanité s’interpénétrent.
124
III. La société messine entrevue grâce aux tombes
Une étude menée par V. Hope162, une trentaine d’années après J.-M. Toynbee, basée sur la
richesse des tombes, fait ressortir dans l’ensemble du monde romain une société inégalitaire.
Spécialiste en histoire sociale antique, elle souligne néanmoins que les nécropoles sont un moyen
de mieux connaître la démographie, le statut social et les liens familiaux d’une population
donnée. Elle constate, en outre, des disproportions flagrantes : la population infantile, féminine
et les esclaves sont généralement moins représentés que les hommes adultes et libres. Qu’en
est-il de la population de Divodurum ? À Metz, comme ailleurs, le statut social d’une personne
est « immortalisé » par la tombe, ou plus exactement, il est gravé sur l’épitaphe grâce à son
anthroponyme en un, deux ou trois éléments constitutifs. La pierre sépulcrale, destinée à être
vue de face et lue, contient un vocabulaire simple compris de la majorité163. Exposée au regard
des passants aux abords de la ville, elle révèle à quelle catégorie appartenait le défunt, et s’il
était citoyen ou non. On croyait dans l’Antiquité, que lire le nom du défunt ravivait sa mémoire,
comme le souligne M. Corbier.
C’est dans le but d’obtenir une meilleure compréhension de cette population que se situe
l’étude suivante, dont le déroulement se divise en quatre parties. La première comprendra une
étude de la population en présence et du statut social. La seconde, une étude de l’origine des
anthroponymes afin de connaître le degré de romanité de la population et les champs sémantiques
dégagés. Une troisième partie s’attachera à montrer les liens interpersonnels et les formules
dédicatoires choisies pour les défunts. Enfin, le niveau de richesse acquis par la population dans
son ensemble peut dépendre des activités exercées, un moteur d’ascension sociale, observé sous
l’angle de l’iconographie, en complément de l’épigraphie.
Cette liste est classée par site et par ordre alphabétique. Le numéro de corpus, le type de
monument et la date estimée sont indiqués dans les colonnes.
Les noms des défunts sont inscrits en rouge. Les dédicants et la filiation, souvent limités à
une seule partie du nom pour des questions d’économie et d’espace, sont indiqués en noir mais
ne permettent pas forcément de connaître le statut réel de la personne, a priori. Un raisonnement
se fait au cas par cas pour savoir ce qu’il en est vraiment. Le sexe de la personne est mentionné
entre parenthèses. La lettre F signifie un individu de sexe féminin, la lettre M un individu de
sexe masculin.
Il convient de préciser que ces noms aident à déterminer la composition d’une fraction de
la population seulement. Les chiffres obtenus, et néanmoins très limités, peuvent être mis en
rapport avec la totalité des noms (fournis en annexe 18) pour une estimation plus réaliste des
pourcentages d’hommes, de femmes ou de citoyens. La très grande majorité des lectures sont
correctes et le permettent. Nous n’avons finalement gardé que celles qui étaient attestées et
sûres. Les données accessibles sont limitées par un nombre certain de monuments sculptés sans
inscriptions. Les défunts sans sépultures officielles marquées sont éliminés de fait. Comme
ailleurs, les nouveau-nés ou les esclaves font souvent partie de ces catégories. Ces listes nous
confèrent au moins l’avantage de pouvoir dresser des comparaisons et des tendances.
162 V. Hope, Death in ancient Rome, New York and London, Routledge, 2007, 273 p.
163 M. Corbier, Donner à voir, donner à lire, Paris, CNRS Éditions, 2006, p. 47.
125
A. Les noms rencontrés dans le corpus étudié
LES NOMS RENCONTRÉS DANS LE CORPUS (PAR SITE, DATE ESTIMÉE ET TYPOLOGIE)
Noms retranscrits Notice Date estimée Typologie
L’îlot Saint-Jacques
Noms uniques
1. Afra (F) 027 IIe-IIIe s. Stèle
2. Aeliola (F) 032 IIIe s. Stèle
3. Augustus (M) 020 IIe-IIIe s. Stèle
4. Belatullus (M) 026 IIe-IIIe s. Stèle
5. Bellos (M) 026 IIe-IIIe s. Stèle
6. Caratullius (M) 038 IIe-IIIe s. Stèle
7. Carilla (F) 037 IIe s. Stèle
8. Cintugnatus (M) 017 IIe s. Pilier
9. Cintussus (M) 038 IIe-IIIe s. Stèle
10. Cossus (M) 026 IIe-IIIe s. Stèle
11. Decmanus (M) 037 IIe s. Stèle
12. Fabiola ? (F) 032 IIIe s. Stèle
13. Gavva (fille de Sextus) (F) 020 IIe-IIIe s. Stèle
14. Iustius (M) 018 IIe s. Cippe
15. Marcelinus (M) 024 IIe s. Stèle
16. Marcus (M) 037 IIe s. Stèle
17. Marullina (M) 026 IIe-IIIe s. Stèle
18. Popilla (F) 028 IIe-IIIe s. Stèle
19. Reginus (fils de Cintugnatus) (M) 017 IIe s. Cippe
20. Sacer (M) 032 IIIe s. Stèle
21. Sacurius (M) 032 IIIe s. Stèle
22. Sextus (M) 020 IIe-IIIe s. Stèle
23. Silvicus (M) 032 IIIe s. Stèle
Duo nomina (Nomen + Cognomen)
24. Comunius Carus (M) 039 IIe s. Stèle
25. Domitia cara--- ? (F) 015 IIe-IIIe s. Pilier
26. Iullinius Exuperator (M) 031 IIe s. Stèle
27. Lautinius/Plautinius ? Mandatus (M) 028 IIe-IIIe s. Stèle
Tria nomina (Praenomen + nomen + cognomen)
28. Caius Agisillius Caratus (M) 025 IIe-IIIe s. Stèle
29. Gaius Genialius Iulinus (M) 031 IIe s. Stèle
30. Lucius Maternius Bellator (M) 029 IIe-IIIe s. Stèle
Centre-Ville
Noms uniques
1. Aquitana (F) 048 IIe s. Stèle modeste
2. Augusta (F) 023 IIe-IIIe s. Stèle
3. Bellianus (M) 023 IIe-IIIe s. Stèle
4. Boudillus (M) 023 IIe-IIIe s. Stèle
126
5. Caraddouna (F) 046 IIe-IIIe s. Stèle modeste
6. Carantodius (M) 036 IIe s. Stèle
7. Carianus (M) 023 IIe-IIIe s. Stèle
8. Cinges (M) 063 IIe s. Fragment
9. Crobus (M) 023 IIe-IIIe s. Stèle modeste
10. Decmius (M) 058 Ier-IIe s. Stèle modeste
11. Felix (M) 023 IIe-IIIe s. Stèle
12. Gaiolus (M) 036 IIe s. Stèle
13. Ianuarius (Affranchi de Lucius Florius Crispus) 093 Ier s. Stèle modeste
14. Prudeca ? (F) 063 IIe s. Fragment
15. Vibiasena (F) 058 Ier-IIe s. Stèle modeste
Duo nomina (Nomen + Cognomen)
16. Quadratius Aventinus (M) 063 IIe s. Fragment
Tria nomina (Praenomen + nomen + cognomen)
17. Lucius Florius Crispus (M) 093 Ier s. Stèle modeste
La Horgne-au-Sablon
Noms uniques
1. Accedo (M) 079 IIe-IIIe s. Stèle modeste
2. Avitus (M) 079 IIe-IIIe s. Stèle modeste
3. Beliniccus (M) 061 IIe-IIIe s. Stèle modeste
4. Capellinus (M) 006 IIe-IIIe s. Autel
5. Caprasius (M) 006 IIe-IIIe s. Autel
6. Caraddouna (F) 046 IIe-IIIe s. Stèle modeste
7. Cridianto (F) 030 IIe s. Stèle maison
8. Cobera (F) 072 IIe-IIIe s. Stèle modeste
9. Cottalus (M) 113 IIe-IIIe s. Stèle modeste
10. Cotus (M) 113 IIe-IIIe s. Stèle modeste
11. Domestica (F) 068 IIe s. Stèle-cippe
12. Euporios (sobriquet ?) (M) 076 IIe-IIIe s. Stèle modeste
13. Falternos (M) 076 IIe-IIIe s. Stèle modeste
14. 3 Caius (noté CCC) (M) 094 IIe-IIIe s. Pyramidion
15. Gatus (M) 011 IIe-IIIe s. Cippe
16. Iassa (F) 072 IIe-IIIe s. Stèle modeste
17. Magionis (M) 057 Ier-IIe s. Stèle modeste
18. Magnanus (M) 098 IIe-IIIe s. Stèle modeste
19. Marcus (M) 072 IIe-IIIe s. Stèle modeste
20. Marinus/ Marina ? (M/F ?) 048 IIe s. Stèle modeste
21. Marinus (M) 010 Ier-IIe s. Autel
22. Matuicco (F) 051 IIe s. Stèle maison
23. Mercator (M) 060 IIe-IIIe s. Stèle plaque
24. Miccio (M) 082 IIe-IIIe s. Stèle modeste
25. Nammo (M) 010 Ier-IIe s. Autel
26. Pacatus (M) 074 IIe-IIIe s. Stèle modeste
27. Paternus (M) 095 IIe s. Stèle modeste
127
28. Pompeia (F) 008 IIe-IIIe s. Autel
29. Priscilla (F) 060 IIe-IIIe s. Stèle plaque
30. Prusca ? / Prudeca ? (Affranchie des 3 Gaius) 094 IIe-IIIe s. Pyramidion
(F)
31. Quintus (M) 062 IIe s. Stèle modeste
32. Sacrobena (F) 013 IIe-IIIe s. Cippe
33. Sacuna (F) 051 IIe s. Stèle maison
34. Suarigillus (M) 112 IIe s. Stèle modeste
35. Taurus (M) 081 IIe-IIIe s. Stèle modeste
36. Tippausus (M) 011 IIe-IIIe s. Cippe
37. Titus (M) 007 IIe-IIIe s. Autel
38. Vassilius (M) 112 IIe s. Stèle modeste
Duo nomina (Nomen + cognomen)
39. Aprilia Manava (F) 081 IIe-IIIe s. Stèle modeste
40. Caius Verecundus (M) 030 IIe s. Stèle maison
41. Cassia Aurelia (F) 009 IIe-IIIe s. Autel
42. Donno Marcus (M) 046 IIe-IIIe s. Stèle modeste
43. Fuscius Cenrinus (M) 071 IIe s. Stèle modeste
44. Gnaeus Dido (praenomen + nomen) (M) 057 Ier-IIe s. Stèle modeste
45. Iulia Caratulla (F) 082 IIe-IIIe s. Stèle modeste
46. Iul(ia) Domestica (F) 068 IIe s. Stèle-cippe
47. Iul(ius) Victorinus (M) 012 IIe-IIIe s. Cippe
48. Iun(ia) Curmilla (F) 019 IIe-IIIe s. Pilier
49. Lucius Publicius (M) 057 Ier-IIe s. Stèle modeste
50. Marcus Aquinius M ? (M) (suite incertaine) 048 IIe s. Stèle modeste
51. Pacatus Tauricus 013 IIe-IIIe s. Cippe
52. Valerius Urbicus (M) 055 IIe-IIIe s. Stèle
53. Valerius Pamphilus (M) 008 IIe-IIIe s. Autel
Tria nomina (Praenomen + nomen + cognomen)
54. Marcus Camulius Martialis (M) 010 Ier-IIe s. Autel
55. Marcus Iunius Lunaris (M) 084 IIe s. Stèle modeste
56. Ti(berius) Attius Andecarus (M) 075 IIe-IIIe s. Stèle modeste
57. Titus Ianuarius Tasgillus (M) 111 IIe s. Stèle modeste
Lunette d’Arçon
Noms uniques
1. Aeliola (F) 085 IIe s. Stèle modeste
2. Agisilla (F) 065 IIe s. Stèle modeste
3. Apollinaris (M) (Lieu de découverte débattu) 108 IIe s. Stèle
4. Cartulla (F) 078 IIe-IIIe s. Stèle modeste
5. Deccosus (M) 053 IIe s. Stèle modeste
6. Divicius (M) 077 IIe-IIIe s. Stèle modeste
7. Emerita (F) 077 IIe-IIIe s. Stèle modeste
8. Gentilis (M) 099 IIe s. Stèle modeste
9. Heutychia (F) 005 IIIe s. Autel
128
10. Iancus (M) 077 IIe-IIIe s. Stèle modeste
11. Iulia (F) 059 IIe-IIIe s. Stèle maison
12. Lucinae (F) 064 IIe-IIIe s. Stèle modeste
13. Maia (F) 050 IIe-IIIe s. Stèle modeste
14. Maritumus (M) 099 IIe s. Stèle modeste
15. Mercator (M) 060 IIe-IIIe s. Stèle modeste
16. Pacata (F) 074 IIe-IIIe s. Stèle modeste
17. Pacatus (M 074 IIe-IIIe s. Stèle modeste
18. Philetianus 005 IIIe s. Autel
19. Priscilla (F) 060 IIe-IIIe s. Stèle modeste
20. Quintus (F) 062 IIe s. Stèle modeste
21. Sanctinia (F) 101 IIIe s. Stèle modeste
22. Saturninus (M) 073 IIe s. Stèle modeste
Duo nomina (Nomen + cognomen)
23. Acisilia Frabricilla (F) 049 IIe-IIIe s. Stèle modeste
24. Iulius Vassilus (M) 099 IIe s. Stèle modeste
25. Magnius Caprissus 047 IIe-IIIe s. Stèle modeste
26. Sabineius Sextus (M) 083 IIe-IIIe s. Stèle modeste
27. Vittatius Capurlus (affranchi de Vitta- 047 IIe-IIIe s. Stèle modeste
tius Marsus)
28. Vittatius Marsus (M) 047 IIe-IIIe s. Stèle modeste
Tria nomina (Praenomen + nomen + cognomen)
29. Lucius Ammius Minervinus (M) 089 IIe s. Stèle modeste
30. Marcus Aurelius Sanctus (M) 101 IIIe s. Stèle modeste
31. Marcus Melonius Avitus (M) 091 IIe s. Stèle modeste
32. Q(uintus) Livius Castor (M) ou Sablon 108 IIe s. Stèle
33. Sextus Publicius Decmanus (M) 080 Ier s. Stèle modeste
Citadelle
1. Carathounus (M) 003 IIe s. Pilier
2. Catullianus (M) 003 IIe s. Pilier
3. Catullinus (M) 003 IIe s. Pilier
4. Secundinus (M) 003 IIe s. Pilier
5. Sedulus (M) 003 IIe s. Pilier
6. Sextilia (F) 003 IIe s. Pilier
Périphérie
Noms uniques
1. Catulla (F) 107 IIe-IIIe s. Bloc
2. Euta (F) 070 IIe s. Stèle modeste
3. Firmus (M) 088 IIIe s. Stèle modeste
4. Liccatulia (F) 056 IIe s. Stèle modeste
5. Mansuetus (M) 107 IIe-IIIe s. Bloc
6. Materna (F) 070 IIe s. Stèle modeste
7. Vera (F) 088 IIIe s. Stèle modeste
Duo nomina (Nomen + cognomen)
129
8. Pasuius Priscus (M) 052 IIe-IIIe s. Stèle modeste
9. Severus Carillus (M) 056 IIe s. Stèle modeste
Autres secteurs de Metz
Noms uniques
1. Caratus (M) (Centre-Ville ?) 021 IIe-IIIe s. Stèle
2. Casatus (M) 021 IIe-IIIe s. Stèle
3. Sextus (M) 109 IIe s. Bloc
Duo nomina (Nomen + cognomen)
4. Attonia Barbara (F) 109 IIe s. Bloc
5. Domitia sexta (F) 109 IIe s. Bloc
6. Iulius sacer (F) 054 IIIe s. Stèle modeste
7. Nammia Atepa (M) 054 IIIe s. Stèle modeste
Tria nomina (Praenomen + nomen + cognomen)
8. Quintus Domitius Sextus (M) 109 IIe s. Bloc
Le corpus restitue les noms de 30 personnes issues de l’îlot Saint-Jacques. Vingt-deux sont
des hommes, 8 des femmes.
Dix-sept défunts sont comptabilisés parmi les noms retranscrits. Parmi eux, 5 femmes ont un
nom unique et une seule femme porte 2 noms. Cinq défunts de sexe masculin portent un nom
unique. Trois d’entre eux ont deux noms de type nomen + cognomen et trois sont porteurs des
tria nomina. Parmi ces personnes, une citoyenne et 5 citoyens sont reconnaissables.
Une comparaison approfondie grâce aux données complémentaires apportées par les
métadonnées permet d’affiner les résultats. On aboutit à un chiffre de 16 femmes défuntes au
nom unique et 11 avec deux noms. Quant aux hommes, parmi les défunts, se trouvent 16 noms
uniques, 7 duo nomina deuxième manière et 7 tria nomina. Soit la proportion est de 27 femmes
pour 30 hommes pourvus d’une sépulture. La proportion de femmes est de 47,36% dès lors que
l’on comptabilise tous les noms connus. La parité est presque atteinte.
130
recensés, 9 ont un nom unique, 6 portent deux noms et 4 trois noms. Soit, 9 d’entre eux sont des
citoyens. Six femmes portent un seul nom parmi les défuntes et 5 ont deux noms.
Si l’on compare ces chiffres à la totalité accessible des noms de défunts, 11 femmes ont
alors un seul nom et 12 en portent deux. Ce résultat est assez inhabituel car il signifie que les
femmes ayant reçu une sépulture sont majoritairement des citoyennes. Concernant la population
masculine, 17 hommes parmi les défunts ont un nom unique, 14 portent des duo nomina et 7
bénéficient des tria nomina. Trente-huit hommes et 23 femmes sont concernés par ces chiffres.
La proportion totale de femmes est de 37,70%. Les hommes sont des citoyens à 55,2 %, les
femmes à 52,17%. Si la parité n’est pas de mise, le taux de personnes bénéficiant d’un statut de
citoyen est particulièrement élevé puisqu’il dépasse la moitié de la population.
Le corpus reprend 33 noms de personnes issues de la Lunette d’Arçon. Parmi les 22 défunts
comptabilisés se trouvent 12 femmes dont une seulement porte deux noms. Dix personnes sont
des hommes dont 2 possèdent un nom unique, 5 portent deux noms et 3 trois noms. Cela signifie
que 8 d’entre eux sont des citoyens.
Si l’on compare ces chiffres à la totalité connue des noms de défunts par les métadonnées, 19
femmes ont un nom unique, 4 d’entre elles ont deux noms. Concernant les hommes, 12 ont alors
un nom unique, 10 portent des duo nomina et 5 portent les tria nomina. 82,60% de femmes
ont un statut de pérégrin contre 44,44% des hommes. Autrement dit, 55,55% des hommes
bénéficient du statut de citoyen. L’écart de statut est important. La répartition de la population
ayant reçu une sépulture est pourtant équivalente puisque 46% de femmes sont comptées.
v. Données de la Citadelle
Les 6 noms de la citadelle sont des noms uniques. Un défunt et une défunte sont cités.
L’ensemble des noms de défunts n’apporte, en l’occurrence, que peu de précisions puisque 2
hommes ont un nom unique pour une femme et 2 hommes et 2 femmes ont deux noms. Le site
de la Citadelle n’est pas représentatif et trop peu documenté pour être sérieux.
Neuf noms du corpus sont issus de la périphérie. Parmi les 5 défunts, trois sont des femmes
au nom unique et deux des hommes. L’un des deux hommes porte les duo nomina deuxième
manière typique des citoyens.
Tout au mieux, une étude de l’ensemble des noms de défunts ajoute-t-elle 2 noms uniques
féminins et deux duo nomina masculins. Soit, 5 femmes pour 4 hommes. Tous les hommes
cités bénéficient du statut de citoyen et portent des duo nomina alors que les femmes sont
exclusivement des pérégrines. Cela dit, les données sont trop peu nombreuses pour constituer
une base solide.
Parmi les 8 personnes citées, 3 sont des défunts. Ce sont 3 hommes qui possèdent respective-
ment un nom unique, deux noms et trois noms. Donc deux d’entre eux sont des citoyens.
À l’aide de la liste de métadonnées qui reprend l’ensemble des noms, on reconnaît 7 hommes
au nom unique parmi les défunts. Quatre hommes et une femme portent deux noms. Deux
hommes bénéficient de tria nomina. Soit, 6 hommes sont des citoyens.
131
C. L’utilisation du nom unique et des duo et tria nomina selon le tableau de données
Les estimations de datation relative et la typologie donnent des indications sur les noms
uniques rencontrés. Du Ier au IIIe siècle, des personnes se font connaître par un seul nom sur
la tombe. La tendance est continue. L’îlot Saint-Jacques rassemble 23 noms uniques, étendus
du IIe au IIIe siècle sur des monuments de type piliers, stèles et cippes. Quinze personnes
du Ier au IIIe siècle sont concernées sur les monuments du centre-ville. Ce sont des stèles de
grande taille, des stèles modestes et des fragments. Sur le site de la Horgne-au-Sablon, 38
noms uniques apparaissent dans le corpus. Ils sont répartis entre le Ier et le IIIe siècle. Les
monuments de type modestes, autels, stèles maisons, cippes, pyramidions et stèles plaques sont
concernés. La Lunette d’Arçon comprend 22 noms uniques des IIe et IIIe siècles, sur des autels
et stèles modestes. La Citadelle rassemble six noms uniques sur un même pilier du IIe siècle.
La périphérie comprend 7 noms uniques des IIe et IIIe siècles sur des stéles modestes et blocs.
Enfin, les monuments funéraires d’autres provenances comprennent trois noms uniques des IIe
et IIIe siècles gravés sur des bloc et des stèles.
Les quatre duo nomina répertoriés de l’îlot Saint-Jacques sont répartis sur un pilier (015) et
des stèles. Ils datent du IIe-IIIe siècle. Deux noms du centre-ville sont inscrits sur un fragment
du IIe siècle. Les quinze noms issus de la Horgne-au-Sablon sont datés entre le Ier et le IIIe siècle
alors que les sept issus de la Lunette d’Arçon sont du IIe ou du IIIe siècle et uniquement sur des
stèles modestes. Il en va de même pour les quatre duo nomina des autres secteurs répartis entre
stèles modestes et blocs.
Les tria nomina sont exclusivement masculins. Trois hommes sont répertoriés sur des stèles
de qualité du IIe-IIIe siècle. La stèle modeste du centre-ville est datée du Ier siècle. Les noms de
quatre hommes sont répartis sur des stèles modestes et autels de la Horgne-au-Sablon, du Ier au
IIIe siècle. Cette datation vaut aussi pour la Lunette d’Arçon et les cinq tombes répertoriées dont
quatre stèles modeste et une de qualité du IIe siècle. Le bloc du sévir augustal, comptabilisé dans
les autres secteurs date du IIe siècle.
132
Ilot Saint- Centre- La Lunette
Citadelle Périphérie Autre Total
Jacques ville Horgne d’Arçon
FEMMES
1 nom 16 7 11 19 1 5 0 59
2 noms 11 3 12 4 0 0 1 31
HOMMES
1 nom 16 7 17 12 2 1 7 62
Duo
7 5 14 10 2 3 4 45
nomina
Tria nomina 7 1 7 5 0 0 2 22
Au total, tous sites confondus et tout au long de l’occupation des nécropoles, 128 hommes
et 91 femmes sont comptabilisés parmi les défunts qui ont reçu une sépulture. La proportion
de femmes est de 41,55%. Elles sont moins représentées que les hommes, conformément aux
chiffres généralement obtenus dans l’Empire, mais la différence n’est pas flagrante à Divodurum.
En outre, cela ne signifie pas qu’elles soient forcément moins nombreuses que les hommes mais
qu’elles demeurent moins visibles socialement. Comme ailleurs, les tombes ne précisent pas la
cause de la mort ni l’origine de l’écart entre hommes et femmes. L’exposition à la naissance,
entraînant souvent la mort ou la servitude et la mort en couches sont des pistes privilégiées
quant à leur sous-représentation.
Le pourcentage de citoyens reste approximatif. J.-J. Hatt avait réalisé une étude comparative
de ce type sur l’onomastique en 1951164. Elle a été menée avant la découverte des monuments
funéraires de l’îlot Saint-Jacques, riche de 69 éléments supplémentaires. D’où l’intérêt de la
reprendre autrement et de l’enrichir.
Selon nos calculs, 22 hommes issus du corpus ont un nom unique de pérégrins et 27 sont
des citoyens. La totalité aboutit à un chiffre de 62 noms uniques de pérégrins et 67 noms
de citoyens. Pour les femmes, le corpus comptabilise 30 noms uniques de pérégrines. Sept
citoyennes portent deux noms. Malheuresement ces données ne sont pas suffisantes pour être
utilisées. Le total des métadonnées rend compte de 59 noms uniques et de 31 noms composés
de deux éléments. Le corpus ne compte que 18,9% de femmes portant deux noms alors que
le total nous en restitue 34,44%. Cela signifie que l’échantillonnage du corpus ne suffit pas à
appréhender la réalité de la population des défunts. Le corpus seul nous indique une proportion
de 55,10% de citoyens. Un calcul sur la totalité connue nous ramène à 51,9%. Les chiffres
relatifs aux hommes, plus proches, semblent correspondre davantage à la réalité. Ces chiffres
peuvent être comparés aux études menées par M.-Th. Raepsaet-Charlier sur le sujet. Dans son
article, Onomastique et processus de romanisation en Belgique et Narbonnaise, elle calcule que
la population Trévire comprend 71% de citoyens, 19% de pérégrins, 9% d’indéterminés et 1%
d’esclaves165. Sa capitale est installée, pour rappel de l’auteur, à l’époque augustéenne. Elle aurait
reçu d’après Pline le statut de cité libre. Les données à sa disposition sont plus nombreuses car
elles dépassent les 1000 individus (1035). Les Allobroges, plus éloignés comptabilisent 85% de
citoyens et 2% d’esclaves. Divodurum n’a pas l’importance ni le statut rapidement acquis de
Trèves et se situe en « arrière base ». La différence observée est certes substantielle mais elle
peut s’expliquer ainsi. M.-Th. Raepsaet-Charlier souligne aussi le caratère exceptionnel de la
164 J.-J. Hatt, La tombe gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes, Paris,
Picard, 1951, p. 32.
165 M.-Th. Raepsaet-Charlier, « Colonie latine, colonie romaine. Onomastique et processus de romanisation en
Belgique et Narbonnaise », Trierer Zeitschrift 73-74, 2010-2011, pp. 21-38.
133
documentation trévire à sa disposition.
Sur les épitaphes relevées, le nom du défunt est tantôt seul, tantôt suivi d’une dédicace ou de
la filiation. Pour savoir quel est le statut d’une personne, plusieurs solutions sont possibles.
Une famille entière dotée d’un seul nom sont des pérégrins. Les enfants suivent dans la
plupart des cas le statut du père. Deux noms traduisent un statut de citoyens ou de latins. Un
esclave libéré reste pérégrin à la première génération. Une partie des données reste incertaine
à cause d’un flou latent sur le nom ou sur le lien unissant la personne au défunt.
134
074 Pacatus, père de Pacata, pérégrin
078 Pérégrins (tous ont 1 nom)
079 Accedus, père d’Avitus, pérégrin
081 Taurus, pérégrin (d’après M. Dondin-Payre)
082 Miccio, mari, incertain
093 Ianuarius, affranchi
094 3 Caius, Maîtres, incertain
095 Famille de pérégrins (tous ont 1 nom)
099 Maritumus et Gentilis, fils de citoyen, citoyens
101 Sancitnia, femme ou fille, incertain
107 Citoyen à 2 noms
108 Apollinaris, affranchi
109 Citoyens aux noms écourtés
112 Vassilus, père de Saurigillus, pérégrin
113 Cottus, père de Cottalus, pérégrin
F. Extension des données apportées par les noms : les noms récurrents
135
2. Onomastique et linguistique : un indice du degré de romanité acquis
Le sujet suivant traite du registre linguistique puisque c’est l’origine et la composition des
noms sur lesquelles se portera notre attention. Cela dit, la classification reste divisée entre
homme et femme. Les noms unique, duo nomina et tria nomina sont également séparés.
Dans cette partie, trois questions seront tour à tour abordées. Premièrement, quels types de
noms trouve-t-on chez les Médiomatriques ? Va-t-on avoir des composantes celtes, latines,
germaniques ou grecques, voire un mélange de plusieurs langues ? Un tableau classé par ordre
alphabétique vise à clarifier les données en indiquant, à chaque fois, l’origine du nom. Par
ailleurs, existe-t-il des hapax ?
Le second point découle d’une analyse du premier. Les choix opérés par la population
fournissent un indice de la continuité du gaulois dans la culture indigène et de la proportion de
noms latins, grecs et germaniques. Comment ces termes entrent-ils dans la composition de duo
ou tria nomina dans le corpus ?
Le troisième objectif sera de déterminer quels thèmes les habitants affectionnaient. Les
chiffres ? Les animaux ? Les noms de dieux ? Toutes ces thématiques sont caractéristiques
d’une culture particulière qui n’est pas forcément calquée sur les usages romains et encore
moins sur les nôtres.
Les noms de personnes sont composés de 1, 2 ou 3 éléments, pour les hommes bénéficiaires
de tria nomina. Chaque élément est identifié selon sa provenance noté « Prov.». Un point
d’interrogation indique une provenance ou un nom supposé. Les provenances de noms,
thème de prédilection de M. Dondin-Payre et de M.-Th. Raepsaet-Charlier, ont été largement
commentées dans les notices auxquelles il convient de se référer (tome III). Les noms gaulois
sont aussi traités à l’aide des recherches et dictionnaires récemment édités par X. Delamarre et
P.-Y. Lambert. Ces principaux auteurs sont incontournables.
Entre parenthèses sont indiqués lorsque cela est possible, si ce sont des noms d’assonance166
(A), de traduction167 (T), des dérivés (D)
136
023 Bellianus C
026 Bellos C
023 Boudillus C
006 Capellinus L?
006 Caprasius L?
036 Carantodius C
003 Carathounus C
038 Caratullius C
015 Caratus C
023 Carianus C
021 Casatus C
003 Catullianus L(A) ?
003 Catullinus L.(A) ?
063 Cinges C
017 Cintugnatus C
038 Cintussus C
026 Cossus L
023 Crobius Inc.
053 Deccosus C
080 Decmanus L?
058 Decmius L
077 Divicius C
076 Euporios Gr
076 Falternos Inc.
023 Felix L
088 Firmus L
011 Gatus C
036 Gaiolius L.(D)
099 Gentilis L?
077 Iancus C?
093 Ianuarius L
018 Iustius L
057 Magionis C
098 Magnanus L
024 Marcelinus L
037 Marcus L
072 Marcus L
010 Marinus L.(T)
099 Maritumus L?
060 Mercator L
082 Miccio C/G ?
010 Nammo C?
137
013 Pacatus L
095 Paternus L
005 Philetianus Gr
062 Quintus L
095 Quintus L
017 Reginus L.
032 Sacera L/C
032 Sacurius C
073 Saturninus L
003 Secundinus L
003 Sedulus L.(A).C
020 Sextus L
080 Sextus L
032 Silvicus L
112 Suarigillus C
081 Taurus L
011 Tippausus Inc.
007 Titus L
112 Vassillus C
a Selon Y. Le Boec, Sacer appartient aussi bien au gaulois qu’au latin.
138
008 Valerius L.(A).C Pamphilus Gr.
055 Valerius L.(A).C Urbicus L
047 Vittatius C Capurlus L.(T)?
047 Vittatius C Marsus L
139
072 Iassa C
059 Iulia L
056 Liccatulia C
064 Lucina L?
050 Maia Inc.
048 Marinus/Marina ? L.(T)
026 Marullina L.(A)
070 Materna L
051 Matuicco C
074 Pacata L
008 Pompeia L
028 Popilla Ger/C
060 Priscilla L
063 Prudeca/Prusca ? C
094 Prudeca/Prusca ? C
013 Sacrobena C
051 Sacuna C
101 Sanctinia L.?
003 Sextilia L
088 Vera L
058 Vibiasena Inc.
Les noms germaniques sont sans doute les plus difficiles à identifier. Peu nombreux à Metz,
leur sens dépend des avancées des connaissances d’une langue « barbare », terme pris dans
l’acception d’une langue qui n’est pas du latin. Cela dit, ces noms revêtent la forme d’un
mélange de racines germaniques et de suffixes latinisés.
Les composantes germaniques répertoriées sont au nombre de 4 pour les hommes et 6 pour
140
les femmes. Toutefois, les noms de Miccio et de Popilla restent douteux. Afin de savoir si ces
éléments de noms sont réellement germaniques, les recherches réalisées par M.-Th. Raepsaet-
Charlier168 sont d’une aide précieuse. Son étude comparative se fonde sur une base de 155/56
noms uniques de pérégrins. Ils se divisent en 120 noms masculins et 35/36 noms féminins. Cette
disparité est due au faible nombre de femmes connues. Elle détecte par ailleurs 87 gentilices.
Les inscriptions du C.I.L sont aussi utiles. Des noms identiques à ceux de Metz se retrouvent
aux frontières. Les termes germaniques y sont nombreux et plus facilement détectables.
Une remarque préalable peut servir d’indice à la composition des noms. Lorsque le terme
germanique n’entre pas dans un nom unique pour les hommes, il est employé comme nomen.
Pour les femmes, en revanche, le terme germanique est placé en premier. Cette habitude de
former les noms est propre à Metz car chez les Trévires, les Bataves, les Fisiavons et les
Canafénates le terme germanique fait aussi bien office de nom que de gentilice169.
Selon l’étude menée par M.-Th. Raepsaet, les noms uniques de Gavero et Gavva sont
similaires. Gava ressemble aussi à Avva et Cavva, deux femmes Rèmes du IIe ou IIIe siècle ou
encore Avvaca de Cologne. Il semble que le redoublement du V soit typique. Agisillius, Agisilla
et Acisillia font partie d’une « famille » de noms apparentés bien connus, ce qui limite le débat.
Leur graphie différente provient peut-être de la difficulté à transcrire la langue170.
Popilla rappelle le nom de Poppius à Trèves. Pasua, à Cologne, fait songer à Pasuius. Euta
reste un cas isolé et au final peu sûr.
i. Les hapax
Dix noms relevés172 dans le corpus sont des hapax. Les hapax avérés, pour précision le sont
à l’échelle du monde romain et non uniquement de Metz ou de la Gaule. La base de données
EDCS, relativement complète, a permis de mettre en œuvre une comparaison systématique173
confirmant cette singularité.
• Liccatulia
• Sacuna
• Suarigillus
• Tippausus
168 M.-Th. Raepsaet-Charlier, Les noms germaniques : adaptation et latinisation de l’onomastique en Gaule
Belgique et Germanie inférieure, 2009, 32 p.
169 Ibid, p. 206.
170 Ibid, p. 211.
171 Ibid, p. 221.
172 CNRTL, http://www.cnrtl.fr/lexicographie/hapax, consulté le 03/01/2017
173 Epigraphik-Datenbank Clauss :Slaby, http://db.edcs.eu/epigr/epi.php?s_sprache=de, site consulté le
21/05/2018.
141
• Vibiasena
• Aquitana
• Iancus
• Crobius
• Falternoi
• Euporios
Ces tableaux mettent en avant un certain nombre d’informations à prendre à titre indicatif
puisqu’elles sont incomplètes. Les incertitudes amènent à se limiter à une approximation. Le
but était surtout d’avoir une estimation de la part de noms celtes conservés, sachant que les
noms germaniques seraient sans doute peu nombreux. Les noms latins et latins de traduction
ne sont pas séparés. Il s’est aussi révélé impossible ou peu probant d’essayer de montrer une
évolution au fil des siècles. La documentation totale de Metz n’est pas assez fournie et la
plupart des monuments ont une période de datation large, majoritairement centrée autour des
IIe et IIIe siècles. Concernant la langue gauloise ou celte, 24 hommes portent un nom unique
celte sur 68, soit 33,82%. Parmi les 22 duo nomina répertoriés dans le corpus, 2 nomen et 3
cognomen sont d’origine celtes (9,09% et 13,6%). Concernant les femmes, sur les 40 noms
uniques répertoriés, 14 sont d’origine celte (35%). Lorsque l’on compare deux noms, une seule
femme porte un nomen celte sur un total de 10 (10%). Quatre d’entre elles ont un cognomen
celte (40%). En affinant ces résultats, il apparaît que lorsqu’un homme porte des tria nomina,
l’élément celte est presque systématiquement placé en dernière position, le cognomen. Les
anthroponymes d’origine gauloise ou celte dépassent un tiers des effectifs. Les femmes ont une
forte proportion à conserver un terme celte dans leurs noms.
Les noms d’origine germanique ou supposés germaniques sont rares. Un seul nom unique
masculin correspondrait sur 68, Miccio, mais il demeure douteux (1,47 %). En composition
dans des tria nomina, nous trouvons 2 termes germaniques sur 13 (15,38%), comme nomen
uniquement. Quatre femmes sur 40 ont un nom unique germanique (10%). En composition de
duo nomina, 2 termes sont employés comme nomen sur 10 (20%).
Les noms grecs d’origine correspondent à des esclaves ou anciens esclaves. Cela concerne
un seul homme parmi les 68 pourvus d’un nom unique (1,47%), un autre terme grec est employé
comme cognomen parmi les 22 duo nomina (4,54%). Un seul nom unique féminin sur 40 est
d’origine grecque (2,5%).
Les noms composés de termes d’origine latine sont de loin les plus nombreux. Trente-huit
hommes sur 68 ont un nom unique latin (55,88%). Dans une composition de duo nomina, sur les
22 personnages masculins, 18 ont un nomen latin (81,81%) et 16 (72,72%) un cognomen latin.
Dans 14 cas, la partie latine est employée dans les deux éléments (63,63%). Concernant les tria
nomina, les praenomen sont évidemment latins (13 personnes). Dix nomen et 9 cognomen sont
aussi d’origine latine (76,92% et 69,2%). Dans 7 cas, les trois parties cumulent des éléments
latins (53,84%). Vingt femmes sur 40 portent un nom unique d’origine latine (50%). Lorsqu’elles
portent 2 noms le terme latin est placé sur le nomen à 7 reprises, sur le cognomen à 5 reprises
(70% et 50%). Dans trois cas, les deux parties sont latines (30%).
Quatre noms uniques masculins restent inconnus (5,88%) contre 2 noms féminins (5%).
Parmi les duo nomina recensés, un nomen masculin sur 22 est non identifié (4,54%). Un
cognomen féminin sur les 10 ne l’est pas non plus (10%).
Ces calculs autorisent l’émergence de quelques remarques. Les personnes dotées de termes
142
d’origine germanique dans la composition de leur nom sont rares. Ce sont peut-être des immigrés
à Metz. Le gaulois est encore usité, mais il est largement surpassé par les termes latins qui ont
la primauté. On peut en déduire que l’adhésion au mode de vie romain passe par les noms
choisis par la population, et ce, sur du long terme. La plupart des anthroponymes d’origine
celte se trouvent dans les noms uniques, puisque 23 hommes et 14 femmes sont concernés par
ce cas. Mais, dès lors que les anthroponymes comportent plusieurs éléments, ils ne sont jamais
composés uniquement de gaulois ou de celte. Les femmes, traditionnellement, n’ont pas de
prénom ou en ont un universel : Gaia.
Ces statistiques peuvent être comparées à celles fournies par M.-Th. Raepsaet-Charlier174
pour les Trévires. Les pérégrins sont peu nombreux.
Les gentilices trévires sont à 75% latins ou latinisés, 23% celtiques, 2% germaniques, 10%
indéterminés.
Concernant la répartition des surnoms, une population composée à 20% de noms celtes, 4%
de noms germaniques et 3% de noms grecs apparaît. 8% sont indéterminés. 65% des noms sont
latins ou latinisés par assonance, traduction ou recours à du latin régional. Les données, en
revanche ne précisent pas le sexe des personnes.
Les gentilices viennois sont composés de 77% de noms latinisés, divisés en latin régional et
italien. 23% des personnes portent des gentilices indigènes. Les surnoms sont répartits entre
75% de noms latinisés, 11% de noms indigène et 14% de noms grecs. La population ayant des
gentilices grecs est bien plus importante qu’à Metz. Aucun surnom celte n’apparaît. Il en résulte
la vision d’une romanisation plus ancrée.
143
Celte Germanique Grec Latin Inconnu Total
Hommes 4 0 0 9 0 13
144
C. Un choix de prédilection selon des thématiques
175 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-
Empire, Ouv. Cit., 2001, p. 280.
145
Chiffres, nombres, géométrie, lien avec le Lien interpersonnel, état ou fonction
calendrier ou ordre de naissance
Avitus (ancestral)
Augusta, Augustus (août)
Barbara (barbare)
Aprilia (avril)
Domestica (domestique)
Cintussus, Cintugnatus (premier)
Materna, Maternius (maternel)
Ianuarius (janvier)
Mercator (marchand)
Maia (mai)
Publicius Paternus (qui vient du père)
Quadratius (carré)
Sacrobena (femme)
Quintus (cinq)
Vassilus (serviteur)
Secundinus (deux)
Non assuré : Fabricilla (artisan)
Sextilia, Sexta, Sextus (six)
Gentilis (parent)
Decmius (dixième)
La thématique principale réside dans des noms inspirés de traits physiques, moraux et de
concepts. Le champ lexical masculin tourne autour du combat. Les termes de force, puissance,
victoire, solidité, héroïsme en sont des exemples typiques. Ce sont en quelque sorte des qualités
attribuées aux guerriers selon la vision locale. Par ailleurs, Andecarus, « au grand char » rappelle
le combattant gaulois véhiculé. Les autres traits de caractères évoqués sont : paisible, ancien,
respecté. Une vision de sagesse et de calme qui s’oppose à l’aspect martial. Les noms féminins
sont davantage tournés vers l’amabilité, la tranquillité. Il existe donc une forme de séparation
et d’attente différente entre les deux sexes exprimée à travers les anthroponymes. Les signes
zodiacaux et les noms impériaux sont peu nombreux. Les noms thériophores sont sans doute
des animaux considérés comme positifs. Il serait tentant de proposer l’ours et le taureau comme
symboles de la force, mais cette vision est contemporaine. Nous ne savons pas réellement ce
que représentaient ces animaux culturellement pour des gallo-romains. Le cheval, par contre,
renvoie sans doute à l’aristocratie ancienne qui a scellé sa prééminence. Les noms théophores
sont variés. Enfin, un certain nombre de chiffres et de noms de mois sont employés en tant
qu’anthroponymes. Deux théories s’opposent. La première considère les chiffres comme un
ordre de naissance. La seconde propose un chiffre correspondant à un mois de naissance. Selon
146
cette dernière, Sextus serait né en juin176. Or, ici, ce système n’est pas toujours viable puisque
Cintugnatus signifie « premier né ». L’année est scandée par périodes. Les mois, semble revêtir
une importance particulière à ce titre. En résumé, les noms choisis par la population locale sont
surtout basés sur des traits moraux ou physiques, des concepts, suivis par des chiffres et mois
de l’année.
Outre les noms des habitants de Divodurum, la mention ou la représentation des métiers
offre une autre facette de la soctiété esquissée.
176 J.-M. Lassère, Manuel d’épigraphie romaine, Ouv. Cit., 2011, p. 83.
177 A. Ferdière, « Réflexions sur la relativité de la valeur heuristique des sources en histoire économique et
sociale pour l’Antiquité : l’exemple des différents artisanats en Gaule romaine », dans P. Chardron-Picault (dir.),
Aspects de l’artisanat en milieu urbain : Gaule et Occident romain, RAE 28, 2010, p 164.
178 Carte élaborée grace au site de Géoportail, IGN
179 M. Reddé, https://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1978_num_36_1_1586, « Les scènes de métiers dans
la sculpture gallo-romaine », article paru en 1978, p.47. Site consulté le 24/08/2019.
147
Ill. 1.133 Carte de la localisation des stèles de métiers. D. Davin sur Géoportail.
confère l’impression d’une adhésion à cette forme d’expression de soi, ayant circulé sur un
ensemble de cités reliées. La question se pose de savoir comment ont été véhiculés les modèles
entre elles.
Les habitants de Narbonne, proches de la mentalité italienne, développent ces scènes dès la
fin du Ier siècle avant notre ère. Cela dit, on remarque un vide dans toute la région centre-est qui
semble démontrer que les stèles de métiers n’ont pas été diffusées suivant un axe linéaire nord-
sud. Cependant, il est très probable que l’origine des stèles de métiers dans le nord-est provienne
de la région rhénane. La région rhénane, ne l’oublions pas, est occupée par des militaires de
l’armée romaine. Ce sont des soldats de diverses origines géographiques, dont une partie sont
italiens. Ils ont importé avec eux leur culture funéraire et leurs modèles. C’est certainement
par un phénomène de copie des œuvres que les stèles ont probablement commencé à circuler
dans des villes de premières importances telles que Trèves, puis Metz par la suite, aux IIe et IIIe
siècles. C’est ce que nous allons tenter de déterminer grâce au tableau relatif aux métiers. Il se
base sur les catégories de métiers trouvées à Metz.
M. Reddé a été le premier à écrire un article sur l’adoption des scènes de métiers comme
décoration de monuments par une tranche de la population gallo-romaine. J.-C. Béal, opte en
2000 pour une origine gauloise de ce type de productions. Or, cette pratique est très limitée
chez les Celtes ce qui est particulièrement gênant dès lors que l’on observe leur diffusion. C’est
pourquoi cette théorie semble peu convaincante.
Dans un premier temps, nous nous attacherons à créer un référencement des métiers par
148
domaines d’activités. Puis, dans un deuxième temps, certains corps de métiers seront étudiés
plus en détails et comparés. Ces métiers sont-ils communs ou rares ? Lesquels sont absents ?
L’idée de profit et de réussite sociale sous-jacente suscite quelques interrogations et des doutes
d’interprétation. Sont-ils réels ou simplement connotés ? Dans quels lieux exerce-t-on ces
professions ? Existe-t-il des corporations ? Nous verrons qu’à défaut de donner des indications
précises, ces informations montrent des tendances180.
Les activités sont divisées par secteurs. Le secteur primaire pour commencer. Les activités
artisanales et manuelles sont séparées du commerce, transport et activités financières. Ce choix
est motivé par le fait que les personnes ne produisent pas les articles vendus. Ce sont des
activités marchandes à l’instar des scènes de pluriactivité, mélange de plusieurs catégories dans
le but de se constituer un portefeuille. Un volet « autre » a été créé pour les métiers d’attribution
douteuse. Pour atteindre un maximum d’objectivité, les monuments perdus ont été éliminés en
raison leur contenu invérifiable. Le tableau fait ressortir les monuments de Metz en gris, ceux
d’Italie en orange. Une fourchette de datation est notée, lorsque celle-ci est indiquée, fait assez
rare.
149
Charron ? Notice 023 Metz
Forgeron Gummerus 21 Rome
Gummerus 6 Este
Gummerus 13 Pesaro
Gummerus 16 Gorzegno
Gummerus 18 Ferrare
Gummerus 5 Naples
Gummerus 4 Rome
Gummerus 12 Rome
Gummerus 19 Rome
Gummerus 15 Rome
Gummerus 14 Aquilée
Gummerus 20 Aquilée
13942 (Forgeron)b Aquilée
Travail du bois
Sabotier E3685 Reims
Tonnelier ? E3695 Reims
Menuisier E4221 Luxembourg
E5118 (dessin) Castell
Charpentiers Notice 026 Metz
Scieurs de long Notice 016 Metz
Scieurs de long E4702 Nancy
Menuisiers Gummerus 34 Rome
Gummerus 37 Turin
Gummerus 36 Syracuse
Gummerus 38 Ravenne
Travail de la pierre
Carrier Notice 045 Metz
Sculpteur Gummerus 41 Rome
Gummerus 40 Rome
Gummerus 42 Florence
Gummerus 44 Chieti
Gummerus 45 Imola
Potier Notice 023 Metz
Activités commerciales, financières et de transport
Activités de transport
Par route et voie d’eau E5268 Igel 250
Par route E8386 Buzenol
Par route E4043 Arlon
Par route E4031 Arlon
Par route E5815c Mayence
Fabrication de ballots E4156 Luxembourg
150
Par voie d’eau E4072 Luxembourg
Par voie d’eau E3225 Trèves
Par voie d’eau E5142 Neumagen
Par voie d’eau E5186 Neumagen
Par voie d’eau E5193 Neumagen
Déchargement de navire E5261 (dessin) Jünkerath
Déchargement de navire E5833 Mayence
Par route Notice 017 Metz
Par route Notice 022 Metz
Par route Inv. 75.38.34 Metz
Par route E3232 Langres
Par route E3175 Dijon
CIL 7837 Turin
Déchargement de navire CIL 7682 Turin
Commerce d’étoffes
E5123 Saint-Wendel
E5166 Neumagen
E4043 Arlon
E3786 Laon
Notice 031 Metz
Notice 039 Metz
E3786 Nancy
Mensuelli 142, 142 Rome
Bijoutier Notice 104 Metz
Vente de vin Notice 016 Metz
Scènes de comptes
E4098 (Musée de Metz) Arlon
E4043 Arlon
Collecte d’impôts E4037 / inv. IAL GR/S 50 Arlon Vers 250
E5175 Trèves
E7725 Trèves
E6066 Weinsheim
E5148 Neumagen
Nm.182 Neumagen 215
E5268 Igel
E5243 (dessin) Jünkerath
Renard n°31 Turin
Renard 23, 29,30 Rome
Matz-Dhün 3880 Rome
Renard 24 Ostie
Gabelmann 46 Aquilée
Notice 042 Metz
151
Autre
Corniste Notice 018 Metz
Aurige E4033 Arlon
Aurige E5175 Trèves
Aurige Notice 035 Metz
a Lupa, Urbi Erat Lupa, http://www.ubi-erat-lupa.org/monument.php?id=13941, consulté le 24/08/2019.
c Les numéros Espérandieu 5815 et 3225 indiqués dans Les scènes de métiers dans la sculpture funéraire Gallo-
romaine de M. Reddé ne correspondent visiblement pas.
152
1.135) de Neumagen, conservé à Trèves en est une preuve manifeste.
La zone géographique autour de Buzenol et d’Arlon a délivré des monuments sur le thème des
travaux des champs, du labour (Vallus) ou du travail des vignerons. Ces activités typiquement
rurales sont peu abordées à Metz. La vente de vins comme débouché des produits de la vigne
est cependant sans doute représenté sur le pilier 016, qui montre des activités externes aux
villes dont la coupe du bois. En Italie, plusieurs scènes évoquent la cueillette des olives ou
leur presse. Pour des raisons climatiques évidentes, la cité de Divodurum n’en produit pas. En
revanche, leur importation est confirmée par l’archéologie puisque des amphores à huile ont été
retrouvées et sont présentées au musée de Metz.
Trois activités artisanales sont répertoriées à Metz. Ce sont le travail des métaux, du bois et
de la pierre. Se distinguent, entre autres : un carrier, une famille de charpentiers et des scieurs
de long.
Concernant le travail du bois, à Metz et Nancy (Esp 4702, ill. 1.137), des scieurs de long sont
153
représentés. La façon de les montrer au travail est complètement
différente. Certes, les personnages sont de profil et tiennent
chacun le bord d’une grande scie, mais à Nancy la scène est
figurée verticalement alors qu’à Metz elle est horizontale. Les
hommes en tunique de travail sont représentés comme des
bonhommes simplifiés. À Metz, la posture est plus finement
rendue puisque l’on remarque les flexions des genoux. Sans
doute peut-on en déduire que les forêts environnantes se
prêtent particulièrement bien à cette activité. Coupé hors des
villes, le bois doit être transporté par la suite. À Reims, des
spécialités telles que sabotier ou tonnelier sont mises en avant.
Ill. 1.137 Scieurs de long Toute spécialité suppose une clientèle particulière ou des
Esp 4702, Nancy débouchés que la cité de Metz n’a visiblement pas exploités
Base RBR scann de la même manière.
À Metz, un carrier figure sur une stèle, son pic à la main. Il témoigne de l’exploitation de
carrières locales. L’homme est la seule référence au travail de la pierre. En Italie, on découvre
des sculpteurs, des fabricants de meules ou de sarcophages. Les métiers de la pierre déclinés
sont plus nombreux.
Enfin, un potier (Notice 021) est montré un vase à la main. Le métier considéré comme
avilissant ou sans grand intérêt, est sans doute figuré parce que l’homme dirige une fabrique.
154
montrent des quantités ou poids plus conséquents.
À Langres, un gigantesque tonneau est transporté
par charriot. Deux chevaux sont nécessaires à la
manœuvre. La scène de transport par bateau Esp
06-5193 de Neumagen est assez anecdotique. La
sculpture est en triois dimensions. Deux maîtres
d’équipage et six rameurs sont entassés dans un
bateau aux rames bien plus nombreuses que les
rameurs potentiels (22 rames). Il est chargé de
tonneaux. Un autre relief de Mayence met en
avant leur déchargement (Esp 06-5833). Quelques
Ill. 1.139, Scène de transport en charriot, Igel scènes de transport sont donc associées à la vente
Esp 06-5268 d’étoffes, mais la plupart nous montrent des
Photo D. Davin tonneaux.
Le travail autour du textile inclut tailleurs et commerçants dans cette thématique. Ce sont
des personnes de « classes moyennes ». Leurs marchandises sont sans doute de qualité mais
il ne faut pas les confondre avec les étoffes de luxe produites durant l’Antiquité tardive. Il
est avéré que deux gynécées étaient en fonction à Metz. Ces manufactures produisaient des
étoffes pour l’armée et l’administration. Les étoffes de luxe étaient réservées à l’Empereur. Par
conséquent, cette activité se développe avec le temps à une tout autre échelle. Le choix de la
ville de Divodurum est cependant peu expliqué. La stèle 017 comporte deux hommes en train
de tâter une tunique tendue. Le même type de scène est relevé à Neumagen (Esp 06-5166) et
Saint-Wendel (Esp 06-5123, ill. 1.141). Moins proches, les deux protagonistes ont une posture
identique de trois quart. Le bas-relief de Laon (Esp 05-3786, ill. 1.140) ressemble également
à la stèle messine.
La récurrence de ce modèle nous montre l’utilisation d’un poncif. La scène est fortement
codifiée et n’est en aucun cas une personnalisation.
Si à Metz une seule scène de comptes est relevée, ce thème apparait à de nombreuses reprises
que ce soit dans le Nord-Est (Arlon, Trèves en particulier) ou en Italie. L’importance conférée
à ce thème donne à penser que les scènes de comptes bénéficient d’une connotation positive
et recherchée. L’aspect de réussite financière est clairement montré à Metz puisqu’un amas de
155
pièces est regroupé sur la table. De manière générale, les scènes de comptes se reconnaissent
grâce à un certain nombre d’éléments de composition récurrents. Ces éléments sont bien entendu
repris à Metz. Dans les scènes de comptes, les personnages sont de profil. Le receveur ou
collecteur est toujours assis tandis que les autres personnages restent debout. Il peut être assisté
d’une ou plusieurs personnes. Parfois, le payeur est présent. La personne chargée des comptes
est quelquefois figurée plus grande que nature comme à Metz ou à Arlon (Esp 05-4043, ill.
1.142). Le receveur tient dans de nombreux cas un registre ouvert entre ses mains (Notice 042,
Esp 05-4043, Esp 06-5175, Esp 7725, Ill 1.142, 1.144 et 1.146). L’or est soit concrètement
montré sous forme de pièces entassées sur la table (Notice 042, détail du musée de Trèves),
soit évoquée par un immense sac (faces latérales 042, Esp 4037, Esp 5175). La vue intérieure
d’une salle est formalisée par un rideau (Notice 042, détail du musée de Trèves, Esp 5175).
Quelques éléments de datation sont fournis par les musées de Trèves et d’Arlon qui indiquent
respectivement 215 et 250. Soit les deux scènes sont du IIIe siècle. Celle de Metz est située
approximativement dans la même période. A. Rose souligne dans son article Vom Ruhm des
Berufs. Darstellungen von Händlern und Handwerkern auf römischen Grabreliefs in Metz une
prépondérance de la représentation de monnaies à Metz, sous forme de pièces et de marsupia.
Selon elle, cela met en avant la préocupation de montrer l’activité économique.
Ill. 1.142 Scène de compte Ill. 1.143 Scène de compte Ill. 1.144 Détail, musée de Trèves
Esp 05-4043, Arlon Esp 05-4037, Arlon Esp 06-5175
Ill. 1.145 Scènes de compte Esp 06-5175 et Ill. 1.146 Esp 7725, Trèves
Photos de scènes de compte par D. Davin. Excepté la n° Ill. 1.146 tirée du RBR
La stèle 045 se démarque des autres scènes de métier. Un homme y est représenté de face, un
pic double à la main. Il exerce la profession de carrier. Or, d’après les études menées par J.-C.
156
Béal183 il s’agit d’un possesseur d’outils. Cette catégorie de personnes se distingue visuellement
car ils sont toujours représentés de face selon un mode « mélioratif ». Il entend par là, que les
possédants refusent d’être montrés dans des attitudes liées à un travail pénible, qui requiert
des postures peu confortables et les rapprocherait des esclaves. Ils préfèrent, par opposition,
prendre une pose noble, leur outil à la main. Malgré tout, trop peu d’inscriptions viennent
corroborer l’hypothèse de leur statut. Cette théorie reste donc contestable. À Metz, le négociant
en serrures (Notice 038) pourrait aller dans le sens de J.-C. Béal, puisque l’épitaphe indique
son métier mais il s’agit d’un cas isolé. Il est hasardeux de se baser sur un seul exemple pour
déterminer une règle. Selon lui, ce choix iconographique est typiquement indigène alors que les
outils montrés seuls sont d’origine romaine. À Saint-Ambroix, une stèle à personnage reprend
ce type de représentation. Le monument inv. 4531 montre un jeune homme imberbe, en pied
dans une niche à coquilles. Il tient dans la main droite une herminette, dans l’autre main une
pièce de bois posée sur un établi. La sculpture est de belle facture. Elle évoque un travail lié
à la menuiserie. Le thème rappelle immédiatement la stèle 026 puisque l’un des protagonistes
possède le même outil. La menuiserie serait-elle source d’une certaine aisance ? De même la
stèle inv. B 4090 représente un homme âgé dans une tunique ample. En pied, il occupe l’espace
d’une niche au sommet arrondi. Sous le cintre sont suspendus six cruches de tailles différentes.
Elles se rapportent sans doute à la vente de boissons, puisque la scène de vente de boissons
Dijon (Arb.138) montre des contenants similaires. La stèle Inv. B 4080 est liée à la sylviculture
selon la serpe à crochet, la stèle B 4091 au travail du métal. Est-il possible que ces personnes
veuillent simplement afficher leur réussite dans leur domaine ?
Pour finir, force est de constater que les activités liées aux moyens de subsistances, évoqués
par la vente de boissons (Notice 016), sont rares. Les métiers autours des denrées alimentaires,
en particulier, sont totalement absentes Il est pourtant évident que ces activités existent dans
une cité de cette envergure (10 000 habitants environ). Le musée expose sur le sujet une
stèle importée des Vosges en grès rouge. Elle représente un boucher (inv. 2012.0.77) dont les
marchandises sont pendues. De même, le commerce par voies d’eaux, la fabrication de bateaux
ou leur déchargement ne sont pas représentés. On découvre une spécialité exceptionnellement
figurée : un bijoutier. De manière générale, il n’y a aucun parfumeur, coiffeur ou sabotier. Faut-
il alors conclure que les marchands proposent une gamme de produits variés autour de leur
métier ?
La question de la fin des représentations de scènes de métiers au milieu du IIIe siècle est
complexe et nous confronte à des incertitudes. Elle semble néanmoins correspondre à la fin
de la crémation comme mode d’ensevelissement. Elle est aussi tributaire de l’évolution de la
ville, de son histoire et des mentalités. La cité des Médiomatriques s’est vraisemblablement
renfermée dans des remparts contraints durant le dernier quart du IIIe siècle laissant à l’extérieur
les nécropoles. J.-M. Demarolle stipule des incursions « barbares » qui sévissent à partir de 253
à Metz184 et qui changent définitivement le panorama de la ville malgré une accalmie entre 290
et 340. Elles interviennent de manière épisodique. D’autres explications émergent d’une l’étude
de Y. Le Bohec sur les Lingons et les Éduens, deux hypothèses ressortent et peuvent être mises
en lien avec Metz. La première hypothèse suggère la fin d’une mode et un désintérêt pour les
stèles sculptées. La seconde évoque la crise vécue sous Sévère Alexandre, malgré l’exagération
183 J.-C. Béal, « La dignité des artisans : les images d’artisans sur les monuments funéraires de Gaule romaine
», Dialogues d’histoire ancienne, vol. 26, n° 2, 2000. p. 155.
184 J.-M. Demarolle, Vivre en Lorraine gallo-romaine, Metz, Editions Serpenoises, 1986, p. 22.
157
relative qui lui a été prêtée185.
Concernant l’abandon de la crémation et des sépultures en pierre taillée qui en marquaient
l’emplacement, les changements se sont probablement accompagnés d’un changement de rite
en parallèle. L’adhésion à la pratique de l’inhumation à Metz se vérifie par la découverte de
sarcophages en plomb dans le secteur du Sablon, datés du IVe siècle et exposés au musée (inv.
9110 et 9111) ce qui limite l’option d’abandon total des sites et favorise une transformation des
mœurs longtemps estimée au profit du christianisme. Cette thèse à propos d’une transition de la
crémation vers l’inhumation coïncide avec les remarques formulées par J.-N. Castorio, même
s’il récuse, selon le paradigme actuel, l’attribution de cette mutation au christianisme. Selon
ses propos, contrairement à la ville de Cologne pour laquelle des exemples sont déjà connus au
milieu du IIe siècle, la cité des Médiomatriques, ou plus largement la Gaule mosellane continue
de pratiquer l’incinération sans partage jusqu’au milieu du IIIe siècle186 et reste imperméable à
la nouveauté. La seconde partie du siècle, pour lequel on manque cruellement d’informations,
a sans doute constitué une période de transition en l’espace de deux générations seulement.
Toutefois, l’origine de cette mutation reste inconnue faute de preuves.
L’ensemble des activités exercées et mises en avant par une partie de la population seraient
faussées sans le complément apporté par l’épigraphie. Les activités artisanales et manuelles
connues par l’écrit sont peu nombreuses, de même que les activités commerciales. Par contre,
les services, à Divodurum, sont uniquement connus grâce aux inscriptions. Nous avons opté
de faire figurer les militaires parmi cette liste. Souvent laissés de côté dans les études, ils sont
pourtant des combattants professionnels, hors catégorie. De même, les esclaves peuvent exercer
un métier et méritent, dès lors, d’être pris en compte. Une partie des monuments ne sont
mentionnés que dans les métadonnées, mais elles étaient nécessaires afin de dresser une carte
plus complète des métiers rencontrés à Metz.
a. Potier (notice 021) : le métier de potier est précisé par le terme de fictiliarius, inscrit sur
l’épitaphe de Casatus, fils de Caratus. Le monument a été découvert dans la zone nommée «
Autres secteurs ». D’après nos conclusions, quoique le terme de potier soit mentionné, l’homme
est sans doute un propriétaire d’atelier.
a. Marchand d’esclaves (notice 024) : le métier est précisé par l’inscription « venaliciario
». Monument issu de l’îlot Saint-Jacques.
b. Travail relié aux étoffes (75.38.5) : Un monument dédié à Italicius Primanus, en
provenance de l’îlot Saint-Jacques contient dans son inscription le terme « vestiarius ». Cela
désigne communément un marchand d’habits.
185 Y. Le Bohec, « Épigraphie et métiers chez les Éduens et les Lingons pendant le Haut-Empire », Ouv. Cit., p.
179.
186 J.-N. Castorio, Inelvctabile fatvm. Mourir en Gaule mosellane (Ier s. av. J.-C. – IVe s. ap. J.-C.), Ouv. Cit.,
2008, p. 218.
158
iii. Les services
D’après le raisonnement d’A. Ferdière, ont les moyens de s’offrir une stèle les négociants et
commerçants avec pignon sur rue187. Les activités les plus prestigieuses sont surreprésentées et
de manière générale, la littérature antique dénigre volontiers les artisans. Or, ce mépris affiché
est celui de la classe dirigeante et, plus particulièrement, à l’époque de la République, dans la
péninsule romaine. Le travail est perçu par eux comme négatif, ce qui ne les empêche pas de se
mêler au monde des affaires directement ou indirectement, via un intendant. Suivant ce schéma,
nous pouvons nous attendre à trouver quelques négociants à Metz. En effet un négociant en
serrures (038) est stipulé par l’épigraphie. Il demeure le seul exemple attesté de ce métier dans
la cité. Notre homme, Caratullius, fils de Cintussus, possède un idionyme gaulois. Malgré sa
réussite affichée, il n’est pas un citoyen mais un homme libre.
Le travail du textile et celui du métal sont bien représentés. Les métiers de transports sont
également courants. Leur présence semble logique de par la position de Divodurum, nœud
routier et carrefour commercial majeur. Cela dit, ce type de scènes est largement répandu dans
d’autres cités de la Gaule. Il apparaît néanmoins qu’il s’agit de transports routiers et non par
bateaux.
Une carte de la répartition des activités artisanales reconnues à Metz (Ier-IVe siècle), issue
187 A. Ferdière, « Réflexions sur la relativité de la valeur heuristique des sources en histoire économique et sociale
pour l’Antiquité : l’exemple des différents artisanats en Gaule romaine », Dijon, RAE, 2010, p. 165.
159
de l’Atlas historique de Metz
(Ill. 1.147), met en évidence une
distance entre chaque atelier188.
Concernant les métiers du métal,
les forgerons sont éparpillés dans
le centre-ville comme à l’extérieur.
Il n’existe donc pas de quartier
regroupant ce corps de métier
particulier. Cette carte montre
en revanche une proximité entre
les boucheries et les tabletteries.
Celle-ci s’explique par un partage
de ressources communes, puisque
l’un va utiliser la viande et l’autre
l’os. Cela dit, aucune stèle funéraire
ne traite de ce thème. Doit-on en
conclure que la profession est mal
reconnue ?
La mention de potiers fait surgir d’emblée un paradoxe. Les tessons et autres déchets de
poteries sont pléthoriques190. Les archéologues songent même parfois à leur destruction, faute de
pouvoir les entreposer. Ce constat apporte au monument de Metz (021) une valeur de témoignage
rare. La question se pose de savoir si l’homme est un artisan ou s’il dirige une production
à l’origine de sa fortune. La deuxième solution paraît plus convaincante. La fabrication de
terre cuite, en quantités quasi industrielle est un pan de l’économie non négligeable, mais le
métier d’artisan potier est peu valorisant en général. C’est un travail reconnu pénible et difficile,
ayant à long terme un impact négatif sur la santé des hommes (maladies, rhumatismes et autres
problèmes liés à l’humidité et au froid).
188 J. Trapp, Atlas historique de Metz, Metz, Édition des Paraiges, 2013, p. 66.
189 Ibid, p. 68.
190 A. Ferdière, « Réflexions sur la relativité de la valeur heuristique des sources en histoire économique et sociale
pour l’Antiquité : l’exemple des différents artisanats en Gaule romaine », Ouv. Cit., 2010, p. 168.
160
D. Les activités professionnelles, facteurs de profit et de réussite sociale
Il est admis que le défunt soit valorisé par l’image véhiculé par sa personne après sa mort,
comme si la mort était une injonction à montrer sa réussite sociale ou dans les affaires.
Au final, l’observateur contemporain est tenté de croire que l’artisan ou le commerçant s’est
suffisamment enrichi pour s’offrir une belle sépulture et que, fier de son métier, il tenait à ce que
le passant s’en souvienne. Mais cette réussite est-elle réelle ou exagérée ? Rien ne le démontre.
Pour qualifier la population présentée sur les stèles de l’îlot Saint Jacques les termes de
plebs media191, cher à P. Veyne, sorte de «classe moyenne» ou intermédiaire en traduction
littérale, semblent appropriés. Mais, hiérarchiser les individus reste un exercice périlleux car
les découpages en classes sociales relèvent d’un anachronisme. Elles ne correspondent pas aux
valeurs actuelles et ne sont pas équivalentes. De plus, les échelles de groupements antiques
sont très vastes. Les artisans aisés ont pu être immortalisés dans la pierre, contrairement à
ceux, invisibles, qui étaient trop pauvres pour s’offrir une sépulture. Pas de mention non plus
des ouvriers ou des apprentis. Un flou subsiste autour de métiers tels que la boucherie, la
tabletterie ou la verrerie. Le plan des activités artisanales met en avant leur existence mais ils
sont totalement méconnus des représentations funéraires. Par conséquent, si les découvertes
issues de l’îlot Saint-Jacques sont d’ampleur, elles restent partielles et ne peuvent en aucun cas
servir de modèle de compréhension global de la société.
Concernant le salaire des personnes, il est évident que les artisans ou commerçants libres
tirent des revenus de leur activité. L’exemple le plus caractéristique de gains reste la scène de
compte (notice 042). L’amas de pièces rend manifeste une fortune exhibée. Si l’on considère
maintenant une nourrice (005), il n’est pas certain qu’elle tire un bénéfice de son activité. Il est
même probable que la femme en question soit une esclave. Pourtant, une personne a fait élever
un autel de belle facture à son égard.
En complément à cette courte analyse, certaines stèles de métier valent par l’épigraphie et
méritent malgré tout quelques explications.
S’il est indéniable que la plupart des monuments mis au jour sont de qualité, une stèle
contrevient à ces exemples. Celle du médecin M. Iunius Lunaris, dont l’inscription a été
retrouvée à la Horgne-au-Sablon. Il s’agit d’une stèle à sommet triangulaire, de taille modeste.
Elle ne comprend aucun élément décoratif. Le terme MEDIC, conservé en rouge dans un
encadrement, nous divulgue l’activité exercée par le défunt, un médecin. La simplicité de la
sépulture tend à démontrer que le personnage, comme la plupart de ses confrères dans le monde
antique, est certainement de basse extraction. En revanche, son statut de citoyen, bénéficiaire
191 P. Veyne, L’Empire gréco-romain, Paris, Édition du Seuil, 2005, p. 121.
192 P. Roberts, Life and death in Pompei and Herculaneum, London, British museum edition, 2013, London, p.
33.
161
des tria nomina, lui octroie une reconnaissance juridique. L’examen de cette stèle nous invite
à la comparer au monument du négociant en serrures (038) puisque l’homme jouit d’une
sépulture de qualité mais ne possède pas de statut juridique avantageux. Il est libre, d’après une
information apportée par sa filiation, mais n’a qu’un nom. Le monument mettant en scène le
travail du bois (notice 026 ou 75.38.46) souffre de la même remarque.
162
IV. La place de Metz dans la sculpture funéraire
Cette réflexion autour de la place de Metz dans la sculpture funéraire s’insère comme une
courte synthèse et achève ce premier volume. Tout au long de ces chapitres, les monuments
issus des fouilles messines ont été comparés avec ceux de cités proches, de régions voisines ou
encore de régions plus éloignées comme la Lyonnaise, la Narbonnaise, voire des cités italiennes.
Les monuments ruraux d’envergure n’ont pas été oubliés.
Mais, finalement, d’où viennent les influences qui ont déterminé les types de monuments,
les thèmes, les motifs, les personnages et leurs attributs et de quelle cité rapprocher ou éloigner
Metz ? Quelle est l’importance que l’on peut octroyer aux découvertes ?
Les typologies des monuments messins prennent sensiblement leur origine dans le Nord-
Est. Cependant, la stèle, type de monument le plus commun, est un choix alternatif privilégié
et répandu à la fois chez les Médiomatriques et chez les Leuques. La stèle maison des piémonts
vosgiens, longtemps confondue avec les stèles messines épaisses à toiture à double pan, est en
vérité rare hors de cette zone (cf. p. 37). La ressemblance entre les deux territoires s’arrête donc
à la popularité de la stèle, que lui confère la population modeste ou de niveau intermédiaire.
Venons-en aux grands mausolées. Les monuments et édifices circulaires, réalisés d’après
l’architecture italique, apparaissent chez les Tongres et les Trévires (cf. p. 33). Les monuments
turriformes, d’origine hellénique, sont introduits par les troupes de légionnaires du Rhin à
l’époque Claudienne. Les officiers seuls en bénéficient alors que les simples soldats en sont
exclus.
Les piliers et tours, prééminents dans le nord-est, ont pour prémisses un prototype de
Mayence (cf. p. 34). La tour n° 9 de Neumagen et le tombeau de Mersch ont influencé les
piliers et monuments messins aux dimensions plus modestes. De même, les grandes stèles sont
connues à Mayence et Cologne.
L’autel, quant à lui, est importé en Germanie sous les Sévères. Le modèle, qui se diffuse,
parvient ensuite chez les médiomatriques (cf. p. 37).
Dans un autre registre, un monument décrit à tort comme une niche à chien possède en fait
une forme dérivée d’un monument votif exposé à Luxembourg (cf. p. 39).
Enfin, la stèle épaisse à sommet cintré 022 a une forme identique aux modèles trouvés
à Arlon, Trèves ou Luxembourg. Seule la variante du pyramidion, surtout présent à Dijon,
s’éloigne du corpus, mais il reste un exemple unique (cf, p. 37).
L’ensemble de ces typologies provient bien, en grande majorité, des Trévires ou de la
Germanie. Metz s’inclut dans cet espace, de façon plus humble.
Les territoires limitrophes ont été étudiés en premier lieu pour tenter de comprendre les
choix funéraires de la cité de Divodurum. Quoique Metz soit à une distance équivalente des
Trèvires et des Leuques, la grande majorité des exemples comparatifs pertinents provient du
territoire des Trévires, notamment d’Arlon. Trèves, dont le musée est souvent cité, fait ressortir
des variantes thématiques et des particularités plus recherchées. Les monuments bénéficient
aussi d’une meilleure qualité dans le traitement de la sculpture.
163
Connue sous le nom d’Orolaunum, Arlon se situait sur le territoire des Trévires, en Gaule
Belgique. Une centaine de kilomètres séparent les deux villes, directement reliées par une route
. Les thématiques communes aux deux cités sont entre autres les scènes latérales de danseuses
(Notices 003 et 028 à Metz ; IAL GR/S à Arlon). Cette thématique est aussi présente à Sankt-
Alban et sur d’autres sites mais Arlon reste la plus proche. Les scènes de métiers dont les
transporteurs (Notice 031 et 041 ; Esp V 4041 à Arlon) sont comparables. La voie Agrippa,
dans sa continuité, amène le voyageur à Trèves. Ce thème y est aussi représenté (Inv. 11408) de
même que des scènes figurant des bateaux (Metz 015 ; Trèves Esp VI 4158).
La scène improprement dite des « impôts » avec ses multiples personnages permet quant
à elle de confirmer à Metz une scène de fermage (Notice 042 ; Arlon IAL GR/S 050). Les
monuments trèvires appuient cette hypothèse (Nm. 303 daté de 180 de notre ère). Cet exemple
nous informe aussi sur la façon de représenter des drapiers (Notices 031 et 039 ; Trèves Esp
VI 5123) ou des auriges (Notice 035 ; Trèves Inv. 11408). En bref, Metz, Arlon et Trèves ont
choisi de montrer des métiers, une thématique non uniformément répandue, voire absente des
villes comme Lyon. La manière de reproduire ces professions est d’une ressemblance parfois
frappante, ce qui justifie la thèse d’échanges bilatéraux entre ces villes. En effet, il faut se
remémorer que Metz durant l’Antiquité est forte de 10 000 âmes, une population conséquente
pour l’époque.
Concernant les scènes de métiers, le chapitre 3 résume les activités exercées à la fois dans
le Nord-Est et en Italie. Une scène de vigneron au Luxembourg (Esp 4212) se rapproche du
mini-pilier 016. On y découvre un menuisier (Notice 026 ; Esp 4221). Des pâtres sculptés sont
connus à Mayence et Cologne (Metz notice 100 ; 5824, 6541). Une scène de scieurs de long
isolée est présentée à Nancy (Notice 016 ; Nancy Esp 4702). En revanche, les métiers présentés
à Reims ne concordent pas avec ceux de Metz. La ville de Dijon conserve des exemples
comparables, mais ils sont relativement éloignés et donc probablement de moindre influence.
En Italie, forgerons, menuisiers, sculpteurs et scènes de comptes sont répertoriés en nombre.
Il existe bien une corrélation entre les métiers et leurs représentations dans le Nord. Toutefois,
une sélection s’est opérée en fonction du climat. Des thèmes, comme la cueillette d’olives par
exemple, sont logiquement éliminés.
Les scènes mythologiques, quant à elles, sont beaucoup plus limitées qu’à Arlon ou Trèves.
Dans tous les cas, nous n’avons pas à ce jour d’histoires tirées de la mythologie grecque ou des
récits de Virgile sur plusieurs faces d’un monument comme sur le mausolée de Vervicius (daté
de 180) qui nous fait découvrir les péripéties d’Ariane, Hercule ou Achille sur des frises.
Le registre décoratif, à Metz, est restreint. La pomme de pin, couronnement des cippes,
piliers et mausolées (Notices 003, 006, 013, 014, 019, 022, 030) éventuellement, est aussi
utilisée à Arlon et jusqu’à Mayence. À Metz, son traitement est sommaire. Son absence chez
les Leuques démontre une influence venue du nord. Commune à Lyon, la ville paraît tout de
même trop éloignée pour avoir favorisé la diffusion du modèle. De même, la couverture de
toit en écailles ou en losanges est largement représentée au musée de Trèves. Les décorations
végétales (plantes en pots, masques de feuilles, frises) semblent avoir un lien privilégié avec les
blocs exposés au Luxembourg, en particulier en provenance de Mersch (Notices 001, 040, 046
164
; MNHA Nr. 73, Esp 4212, Nr. 74). Le rendu diffère nettement des modèles de la Narbonnaise.
Les motifs de lunes, fleurs, soleils, dauphins, épées et boucliers sont largement répandus.
Leur point commun réside plutôt dans leur propension à figurer sur des stèles modestes.
Quoique le dauphin, par exemple, ait pu arriver par la Cisalpine, la multiplication du modèle
ne fournit aucune information sur l’origine de l’importation. On peut aussi retenir le peu de
variantes de ces motifs figurés. De ce fait, la population messine n’apparaît pas avoir fait
preuve d’originalité. Cette remarque est aussi valable concernant les acrotères puisque seuls
les protomés de lions ont été repris. Leur fréquence à Mayence ou Cologne constitue une piste
quant à leur implémentation à Metz.
Le décor architectural est schématique. Sur les monuments modestes, les motifs sont quasi
uniquement matérialisés par un trait gravé sur la face antérieure. Au mieux des cannelures sont-
elles figurées (Notice 030) comme sur le mausolée de Poblicius de Cologne datant de l’année
40 de notre ère. Des frises végétales ciselées et planes figurent sur les monuments de meilleure
facture comme les mausolées (002, 003, stèle 043). Ces types de décorations sont fréquents à
Saint-Ambroix et sont comparables aux modèles de Neumagen. Une corrélation est faisable
avec le monument d’Albinius Asper à Trèves. À Metz, aucune scène à personnages n’apparaît
sur des piliers.
Une fois encore, il semblerait que les habitant de Metz aient limité leurs choix quant à la
décoration architecturale. Une influence dérivée des monuments de Neumagen ressort et, avec
une moindre certitude, de Cologne.
Les personnages représentés sur les stèles messines sont le fruit d’un choix sélectif
et délibéré, dont la propagation massive a lieu durant le IIe siècle. Le chapitre deux met en
avant la propension des habitants défunts à vouloir figurer en pied dans des niches. Ce type
de représentation se retrouve notamment à Arlon et au nord, à Trèves, éventuellement à Nuit-
Saint-Georges pour la partie sud (RBR 03-2052 et 053). L’influence des grands monuments de
Germanie, copiés en partie, se ressent. Le modèle adopté ne correspond pas aux nombreuses
stèles en buste retrouvées à Bourges, Bordeaux ou Autun, ni aux modes italiennes ou des
provinces balkaniques. Les attributs, au contraire, sont courants et largement répandus. Cela
dit, ils sont limités à Metz à quelques objets récurrents. Principalement, les tablettes, mappa
et coffrets viennent en première position, puis les bourses et flacons. Ces attributs, encore une
fois, peuvent être reliés aux modèles d’Arlon (IAL GR/S 023, IAL GR/S 017, IAL GR/S 050,
par exemple) pour une localisation proche mais encore aux modèles d’Autun (Esp III 1952 ou
Esp III 1895) de Nancy (Esp VI 4706) ou de Escles (Nesp, Leuques, Escles, 244).
5. Situer Metz
165
comme chez les Leuques, est majoritaire. Excepté les récits de scènes mythologiques, la cité
des Médiomatriques semble être équivalente à Aurolonum.
Quoique connus des spécialistes, les monuments conservés au musée et présentés dans
le parcours permanent ne sont pas forcément mis en avant et classés selon leurs thèmes ni
suffisamment expliqués au grand public. Pourtant, l’importance du corpus nous montre bien
l’enjeu que représente leur présentation. L’histoire de la ville antique en dépend fortement.
C’est pourquoi, repenser leur déploiement au fil des salles doit être une priorité. Cette réflexion
se poursuit donc dans un tome dédié à cette problématique.
166
Préparée à l’École Pratique des Hautes Études
VOLUME II
PROJET DE PRÉSENTATION DES MONUMENTS
FUNÉRAIRES DANS LE PARCOURS
M. Michel, REDDÉ
Spécialité Directeur d’études, EPHE Directeur de thèse
Méthodes de l’histoire et de
l’archéologie
Présentation générale des trois sections du musée de La Cour d’Or
En préambule à l’histoire du musée, décrite sous l’angle de la consitution d’une collection
lapidaire funéraire antique, il parait opportun de donner des explications générales sur les trois
sections qui composent le musée de La Cour d’Or en 2020. Le texte suivant émane du site
internet du musée190, quelques ajouts personnels et variantes complétent le tout.
« Établie au sein d’un édifice thermal daté du IIe siècle apr. J.-C., la collection d’objets gallo-
romains du musée de La Cour d’Or - Metz Métropole est l’une des plus riches du nord de la
France. Elle témoigne du passé antique de la ville de Metz (Divodurum) et de son territoire (la
cité des Médiomatriques) grâce à des oeuvres remarquables réalisées en pierre, en verre, en os
ou en métal. La statuaire monumentale à l’image du Jupiter à l’anguipède, le relief de Mithra,
les stèles funéraires décorées de scènes artisanales très vivantes, la mosaïque aux gladiateurs
présentant les champions de l’amphithéâtre, ainsi que de superbes éléments de parure féminine
(fibules, boîte à bijou, miroir,...) sont autant de réalisations surprenantes qui permettent de
mieux comprendre la vie quotidienne au temps des gallo-romains...
Le début du Moyen Âge est évoqué par des objets de parure et de toilette, par des armes
et des céramiques issus des tombes mérovingiennes d’Ennery. Datant aussi de cette époque,
le Guttrolf est un très rare et énigmatique récipient en verre. Un plat de reliure en ivoire et
l’exceptionnel ensemble de plaques sculptées du chancel de l’église Saint-Pierre-aux-Nonnains
illustrent, entre autres, la brillante tradition artistique de Metz, capitale du royaume mérovingien
d’Austrasie, puis berceau de la dynastie carolingienne.
Autour de l’imposant grenier médiéval de Chèvremont, ancienne réserve à grain de la ville
(1547) qui abrite aujourd’hui une belle collection de sculptures lorraines du XIIe au XVIe siècle,
une succession d’espaces est dévolue à l’architecture religieuse et civile. Trois ensembles de
plafonds en bois peint, pièces majeures des collections, servent de cadre à la présentation
d’objets de la vie quotidienne et d’éléments de décor des habitations. Le plafond dit au bestiaire,
notamment, constitue un ensemble rare, car seuls trois exemples de ce type de décorations
existent en Europe.
La collection de peintures du Musée de La Cour d’Or rassemble des oeuvres des écoles
européennes allant des débuts du Cinquecento aux dernières années du XIXe siècle. L’art du
portrait y est particulièrement bien représenté. Parmi les toiles majeures, un portrait du roi
Louis XIV par F. Elle II mérite d’être cité. Situé dans la salle de peinture du XVIIe siècle, il
avoisine des tableaux attribués à Monsu Desiderio.
Une place importante est réservée aux artistes originaires de Metz ou de la Moselle pour
lesquels le Musée a rassemblé des collections de référence. En regard des oeuvres de Delacroix,
Corot ou Sargent, l’École de Metz affirme au XIXe siècle une identité artistique régionale. Les
figures de proue de cette École sont entre autres Migette et Marechal.
Riche de 200 oeuvres et 76 artistes de la seconde moitié du XXe siècle, la collection d’art
moderne met à l’honneur l’art abstrait de la Nouvelle École de Paris. »
168
I. Diagnostic
Introduction générale du chapitre
Le diagnostic se divise en cinq parties qui répondent à des questions fondamentales pour
la suite de notre réflexion. Tout d’abord quelle est l’histoire du musée et comment ont été
intégrés les monuments funéraires dans le parcours au fil des siècles ? D’autre part, comment
le service éducatif, lien fondamental avec les publics scolaires, s’est-il mué en un service des
publics au sens large ? Cette transformation influence-t-elle la façon de construire un discours
muséographique ? Ensuite, que peut-on dire de l’espace muséal actuel et de son agencement ?
Quel est l’impact des contraintes matérielles, budgétaires, temporelles et de personnel ? Enfin,
quel type de public se rend au musée et que pense-t-il des stèles funéraires dans les salles qui
nous préoccupent ? Quelles sortes de besoins non couverts peut-on en déduire ? Quelle est la
part de scolaires parmi ces publics et peut-on envisager une proposition spécifique à leur égard
?
Tout d’abord, le mot « musée » sert à dénommer une institution tout autant qu’un établissement.
La mission impartie au musée est de sélectionner, étudier et présenter des œuvres relatives à
l’Homme et à son environnement194. Selon la loi n° 2002-5 du 4 janvier relative aux musées de
France, « Est considérée comme musée, au sens de la présente loi, toutes collection permanente
composée de biens dont la conservation et la présentation revêtent un intérêt public et organisée
en vue de la connaissance, de l’éducation et du plaisir du public. ».
À partir du XIXe siècle, chaque ville a cherché à posséder son musée officiel dans le but,
d’une part de montrer son importance et la richesse de son passé aux autres villes considérées
comme des rivales, d’autre part à des fins d’éducation et de sauvegarde d’un patrimoine mis à
mal par les dégradations qui ont suivi la Révolution de 1789. Au XIXe siècle, les musées vont
notamment servir à la propagation des idées scientifiques auprès de la population.
C’est justement en 1839 qu’a été créé le Musée de Metz. La collection lapidaire a été l’une
des premières acquisitions. Sa constitution est primordiale pour comprendre l’histoire du musée
et imaginer son futur. Bien entendu, la définition et le rôle du Musée ont considérablement
changé en près de deux siècles. Cela a eu un impact sur l’attention portée aux monuments des
collections et leur traitement. La règlementation et l’apparition de la conservation préventive
jouent aussi un rôle prépondérant.
L’église des Petits-Carmes, a été édifiée entre 1670 et 1675 par J. Betto, un architecte italien.
L’ordre des carmes déchaux qui l’occupait a été dissout en 1790. L’église a été tranformée par
la suite en bibliothèque municipale, officiellement aménagée en 1811 et ouverte certains jours
au public. Elle possèdait un fonds de numismatique et d’Antiques dès l’origine. Un cabinet
d’histoire naturelle a été installé à l’étage en 1817195. La bibliothèque, transférée au Pontiffroy,
194 A. Desvallées, Dictionnaire encyclopédique de muséologie, Paris, Armand Colin, 2011, p. 271.
195 A. Adrian, Metz - La Cour d’Or. Visages d’un musée. Metz, Éditions du Chêne, Collectif, 2011, p. 12.
169
a fermé ses portes en 1977. Ce statut de bibliothèque municipale est important car R. Clément,
à la tête du musée en 1934, était en réalité directeur de la bibliothèque.
La fondation d’un musée lapidaire dans cet espace, ou galerie archéologique, remonte à
l’année 1822, pour être exact. Lors de travaux de revêtement de la Citadelle, une portion du
mur datant de 1552 a été en partie déchaussée. C’est alors qu’ont été mises au jour les premières
pierres sépulcrales sculptées gallo-romaine, entrées par la suite dans les collections du musée.
La ville a obtenu l’autorisation de les conserver dans la bibliothèque car on songeait alors
à y constituer un musée départemental d’Antiques. La collection s’est rapidement accrue,
augmentée d’une trentaine de stèles achetées à la commune de Soulosse par la Société Savante196
locale. À cette époque, durant laquelle les Antiques étaient à la mode, les stèles bénéficiaient
d’une place de choix.
Le Musée de Metz a justement pu voir le jour grâce aux efforts répétés de ces Sociétés
Savantes197, convaincues de son utilité future. Il s’agissait aussi pour une ville d’envergure
notable de combler son retard et de montrer aux autres sa richesse passée. Cela dit, le principal
argument résidait dans la préservation nécessaire des tableaux de Beaux-Arts, autant de modèles
à copier, visant à susciter des carrières et inspirer les artistes198.
Le 30 mars 1839, la commission dirigée par monsieur Prost présente un rapport décisif au
conseil municipal199 (Ill. 2.1).
Les propositions sont enfin votées et acceptées, Auguste Hussenot200, un peintre messin
impliqué bénévolement, devient le premier conservateur du musée. Il occupe ce poste jusqu’à
sa mort en 1885. Le musée abrite alors diverses collections hétéroclites réunies : histoire
naturelle, histoire, Beaux-Arts et numismatique sur une superficie réduite de 230 m2. Un plan
de construction présenté en annexe résume les différentes phases d’agrandissement du musée
(Annexe 20). À cette époque, il est classique pour un musée de présenter sa collection d’histoire
naturelle à son ouverture201. Cette tendance se retrouve aussi bien en France que dans d’autres
pays occidentaux. Le musée se compose de deux galeries et d’une salle créée dans le bâtiment
de la bibliothèque, ancienne église des Petits-Carmes202, érigée entre 1670 et 1675. C’est à cet
endroit que sont conservées les stèles au tout début. Cet espace devient vite insuffisant et malgré
des projets d’expansion, la situation stagne jusqu’en 1869, à la veille de l’annexion. Entre-
temps, le nombre de stèles est encore enrichi de quelques éléments découverts porte Serpenoise
en 1848, et surtout, à Sarreguemines en 1864, lors de la construction de la voie ferrée. Cette
accumulation de monuments lapidaires, pourtant signe de l’enrichissement d’une collection,
entraînne des empilements de blocs. Cette situation réccurente n’est pas vécue uniquement
à Metz puisque la ville d’Arles s’est retrouvée dans une posture identique avant que ne soit
décidé la construction du Musée de l’Arles antique en 1966203.
Antoine Demoget, architecte de la ville, est chargé des travaux d’agrandissement par le
196 E. Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, (tome 5), Paris, Imprimerie Nationale,
1907, p. 378.
197 Parmi ces sociétés savantes, l’Académie Nationale a eu un impact très fort. Elle a contribué par la suite à
l’enrichissement du musée grâce à de nombreux dons.
198 Cet argument rejoint un discours plus généralisé en France, construit après 1793 et décrit par D. Poulot dans
son ouvrage Une histoire des musées de France. XVIIIe-XIXe siècle, Paris, La Découverte 2008, p. 7.
199 A. Vincent, « La genèse du Musée de Metz (1832-1885) », Monographie de muséographie, coordonné par
D. Poulot et I. Bardiès, École du Louvre, 2002-2003 p. 17.
200 B. Tullii, Musées de Metz-Métropole – La Cour d’Or, Mémoire de Master I dirigé par C. Abadie-Reynal à
l’Université de Nancy II, 2008-2009 p. 9.
201 A. Meunier, La muséologie, champ de théories et de pratiques, Québec, PUQ, 2012, p. 45.
202 A. Adrian, L. Ayache, K. Kazek, R. Mariani, N. Pascarel, in Metz la Cour d’Or. Visages d’un musée, Metz,
Éditions du Chêne, 2011, p. 12.
203 J.-M. Rouquette, « Gloire et tribulations d’un patrimoine », Musée de l’Arles antique, Arles, Actes sud,
2006, p.14.,
170
Ill. 2.1 Lettre de la commission, version typographiée par A. Vincent
maire mais la guerre empêche leur achèvement. En 1872, un nouveau corps de bâtiment est
tout de même inauguré, côté nord du cloître. C’est dans ces salles que la galerie lapidaire
est déménagée. L’organisation spatiale est divisée ainsi : les collections archéologiques sont
installées au rez-de-chaussée, la peinture au premier étage. Le musée continue sans cesse d’être
alimenté de nouvelles œuvres par l’Académie nationale de Metz et par de nombreux dons
privés. En 1874, Charles Lorrain publie le premier catalogue de la galerie lapidaire du Musée
de Metz204. La collection est largement complétées durant l’annexion, grâce au travail de J.-B.
Keune. Une photographie d’époque illustre la disposition des blocs lapidaires dans le parcours
(Ill .2.2).
Le musée, fermé lors du premier conflit mondial, ouvre de nouveau le 27 avril 1919.
L’ancien directeur de la bibliothèque municipale, Roger Clément succède à J.-B. Keune au
poste de conservateur du fonds d’archéologie alors que la conservation du fonds de peinture est
confiée à Michel Thiria. Les deux spécialités sont séparées depuis lors. En 1933, des travaux de
construction débutent afin d’ajouter une nouvelle aile à la bibliothèque, grâce à un don de la
famille du dramaturge messin François Curel, d’un montant de 270 000 francs. Des vestiges de
thermes gallo-romains découverts en sous-sol sont intégrés au parcours. Quelques stèles y sont
actuellement présentées.
204 C. Lefebvre et P. Wagner, « Metz antique. Remarques sur la connaissance de l’organisation spatiale du fait
urbain », Revue archéologique de Picardie, n° 3-4 (1984), p. 149.
171
Ill. 2.2 Disposition des blocs lapidaires du temps de J.-B. Keune
Photo © Archives numériques Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Après la Seconde Guerre mondiale, on assiste à des changements majeurs et des évolutions
du système muséal. Tout d’abord, il est important de noter pour cette époque la première
réglementation « provisoire » du domaine muséal français, dans le quatrième livre du Code
du Patrimoine, se focalisant sur les beaux-arts. L’ordonnance n° 45-1546 du 13 juillet 1945205
divise les musées selon trois catégories : les Musées Nationaux (au nombre de 22), les Musées
Classés et les Musées Contrôlés sous la direction de la DMF (Direction de Musées de France).
Suite à cette distinction, le Musée de Metz fait partie intégrante des Musées Contrôlés jusqu’à
la réforme de 2002, après quoi le label Musée de France lui a été attribué automatiquement.
Par ailleurs, l’ICOM, organisme international est créé en 1946 (International Council of
Museums). Jusqu’en 1965, ses préoccupations concernent trois domaines : l’éducation par
le biais des musées, les expositions et la circulation de biens culturels dans le monde, la
conservation. L’ICOM propose aussi à cette époque sa toute première définition du musée :
Il va sans dire que le Musée de Metz correspond à la définition des musées communément
décidée. Le premier directeur de l’ICOM, de 1948 à 1965, se nomme Georges-Henri Rivière.
Ce personnage est très important car il influencera Gérald Collot dans la conception de sa
politique muséale, à la suite d’André Bellard.
205 Sénat, Projet de loi relatif aux musées de France, http://www.senat.fr/rap/l01-005/l01-0051.html, http://
www.senat.fr, 22/ 12/ 2011, consulté le 24/12/2012.
172
B. Disposition muséographique des monuments et objets
i. 1957-2017
À son arrivée, G. Collot est un jeune conservateur à l’avenir encore incertain même si la
tendance actuelle le qualifie de brillant. Il est engagé comme assistant par André Bellard, puis
il dirige le musée de 1957 à 1987. C’est un homme avant-gardiste et pragmatique. Il passe
pour la première fois d’une simple disposition des collections dans les salles à une véritable
muséographie, aux choix à la fois audacieux et réfléchis. Lorsque se terminent les grands travaux
entamés en 1979, trente-cinq nouvelles salles sont ajoutées au parcours. La muséographie du
musée se voit donc entièrement remaniée. Le musée est nominé pour le Prix Européen, mais ne
le gagne pas.
La mise en scène de G. Collot est empruntée aux préceptes de Georges-Henri Rivière206.
L’ensemble est inauguré en 1980. Les œuvres sont classées de manière thématique et
chronologique, suivant un plan labyrinthique et de façon à surprendre les visiteurs. G. Collot
fait le choix volontaire de couleurs de murs sombres, pour mettre en lumière les objets de façon
dramatique. Ce style de présentation, aussi appelé « nocturama » apparaît dans les années 1960
207
. Il s’agit de laisser le visiteur dans la pénombre et de fortement éclairer les expôts. Il dispose
des ensembles d’objets muséaux sous vitrine208 et reconstitue des scènes de façon à comprendre
instinctivement leur fonction. Par exemple, d’après son raisonnement, disposer de la poterie sur
une table permet d’évoquer une scène de repas. Il vise à replacer la vaisselle antique dans une
situation « réaliste ». Ce réalisme est relatif car les objets de terre cuite sont parfois de périodes
différentes.
Paradoxalement, même s’il favorise une reconnaissance intuitive, G. Collot prévoit de fournir
au visiteur des documents de visite complémentaires. Nommés Archéologie gallo-romaine 1 et
2, ces livrets, agrémentés de photographies en noir et blanc pour un coût modique, expliquent sa
démarche muséographique par espace et apportent nombre de précisions. En somme, l’idée est
plutôt bonne. Il résume son projet général dans l’introduction. Le but est de « Dégager une vue
synthétique d’ensemble sur la civilisation gallo-romaine régionale ». Ce précieux guide suit le
sens de visite d’aprés sa conception. Le visiteur débute par un plan directeur régional qui situe
les Médiomatriques. Si sa réalisation est obsolète en 2020 et que le plan a été remplacé, l’idée
reste cohérente. Le livret est assez complet car il allie des explications sur les salles et les objets
présentés. Des notes font office de cartels. Des passages littéraires d’auteurs antiques sont cités.
Des dessins et plans viennent illustrer le tout. G. Collot se fonde sur les recherches de son
temps, bien que sa spécialité d’origine ne soit pas l’archéologie. Les connaissances accumulées
par ses soins étaient d’ailleurs impressionnantes même s’il est aujourd’hui facile de critiquer
certains paradigmes dépassés des années 1960. En effet, la première version du tome 1 est
achevée en 1964. Il rapporte notamment des informations tirées des travaux de J.-J. Hatt, alors
récents. Dans sa présentation de la stèle E4355 Epona est décrite suivie du défunt. G. Collot
reste néanmoins prudent car ses explications sont au conditionnel. Un regard contemporain
trouverait sans doute ces livrets complexes car l’emploi du latin est fréquent et des prérequis
culturels semblent nécessaires pour comprendre parfaitement les informations (une référence
au testament des Lingons, par exemple).
G. Collot était conscient que la sélection opérée pour son parcours éliminait des élément
206 M. Hosy, Parcours thématique, la muséographie, dossier enseignant, Metz, Service éducatif, 2011-2012, p.
3.
207 A. Gob, et N. Drouguet, La muséologie, histoire, développement, enjeux actuels, Paris, Armand Colin, 2010,
p. 140.
208 Ibid, p. 149.
173
lapidaires majeurs, faute de place et espérait être en mesure des les regrouper dans un musée
spécifique, classés par sites et provenances. Visiblement, ce projet ambitieux a avorté. Une
photographie d’époque du livret montre aussi un portique peint au fond de la salle de la Vie
quotidienne pour créer un passage vers la salle suivante. Il a disparu depuis.
En même temps, le G. Collot a favorisé une politique d’acquisition forte. De nouvelles
fouilles sont venus alimenter les collections, dont la collection lapidaire. La découverte de stèles
funéraires à l’îlot Saint-Jacques, en 1974, avant la construction d’un complexe de magasins, a
apporté de nouvelles pierres sculptées de qualité, à personnages. Cet ensemble nous amène à
découvrir une population d’artisans aisés totalement différents de la population modeste des
nécropoles du secteur du Sablon. G. Collot comprennait l’importance de ces nouveaux blocs,
mais ne savait pas encore comment les expoiter au mieux puisque les études scientifiques en
étaient seulement aux commencements.
Les stèles funéraires sont disséminées dans une partie du musée réservée à l’Antiquité. Selon
leur thème, elles sont réparties sur plusieurs salles. Ceci dit la plupart restent en réserves faute de
place. La collection atteint aujourd’hui le total de 407 monuments. Le calcul du nombre exact,
jusqu’alors inconnu, a récemment fait l’objet d’un travail de notre part209. Depuis trois ans le
Musée de Metz bénéficie de la présence d’un régisseur des collections parmi ses membres,
ce qui permettra de faciliter le suivi de transfert et de conservation du lapidaire en dégageant
du temps pour les conservateurs. Ils devaient jusqu’alors intervenir sur toute les opérations
logistiques et la partie administrative.
Quelques stèles funéraires sont mises en scène salle Keune (salle des Maisons pour les morts
devenue Monde des morts après s’être accordés entre le service des publics et la conservation)
comme pour recréer une nécropole, légèrement en hauteur, sur un socle de 50 cm. Dans la
muséographie finale de G. Collot, les stèles de l’îlot Saint-Jacques côtoient les stèles de la
Citadelle, de la Horgne et de la Lunette d’Arçon sans distinction. Comme nous avons pu
l’observer, suivant cette longue histoire, la collection lapidaire présentée par le musée est le
résultat de plus d’un siècle et demi de découvertes additionnelles agencées pêle-mêle, déplacées
d’une salle à l’autre. Un fil directeur global semble manquer malgré la volonté d’y parvenir.
En 2020, la muséographie de G. Collot est vieillissante. Elle est en partie rénovée. L’usure du
temps a bien sûr joué sur les matériaux en presque quarante ans. Les revêtements se décollaient,
les cartes de l’entrée ne mentionnaient pas les noms des villes sur les nœuds routiers antiques,
elles étaient faites de vieux plastiques en relief, certains panneaux tenant à l’aide de clous
corrodés. Ces éléments ont été remplacés et la salle repeinte. Certains fonds de vitrines sont
encore recouverts de tissu qui se déchire, notamment dans la salle de la Victoire. Les cartels,
jaunis et parfois mal découpés ont certes été remplacés, mais le texte resté inchangé est
quelquefois incorrect.
Les conservateurs sont au fait de ces problèmes, mais les changements ne sont pas toujours
simple a effectuer. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer. Tout d’abord, le conservateur en charge
de la collection gallo-romaine et de l’histoire ancienne est aussi conservateur des collections
de protohistoire, préhistoire, ethnologie et numismatique. Les collections de militaria ont été
tranferrées à la conservatrice des Beaux-Arts depuis peu. Parvenir à gérer toutes ces collections
de front, sans compter les tâches quotidiennes et les publications reste complexe et chronophage.
209 D. Davin, « inventaire du mobilier lapidaire », in PCR Anthropologie de la mort entre Sarre et Meuse du
VIe av. J.-C. au IIIe ap. J.-C. : une perspective diachronique, S. Marion (Dir.), rapport intermédiaire 2014, p.
10.
174
Les objets récoltés se comptent par milliers. Leur état de conservation demande aussi une
gestion des priorité et une vigilance particulière. En l’occurrence, la salle des thermes, dont le
salpêtre menace la structure prend le pas sur les autres opérations en termes d’importance.
Une révision des cartels en profondeur et leur traduction en trois langues est prévue. N’ayant
pas de traducteur spécialisé à disposition, les conservateurs font appel à des traducteurs privés
spécialisés.
En 2014-2016, des messages sur le livre d’or et des entretiens avec le public faisaient ressortir
des salles sombres. Les expôts et cartels étaient peu visibles et le manque de luminosité fatiguait
les yeux. Un travail sur les jeux de lumière a déjà sensiblement amélioré la situation. La prise en
charge de ce problème par un technicien a laissé quelques disparités lumineuses par zones, dues
à un ampérage non uniforme, mais cela reste une critique mineure en comparaison de l’effort
accompli. Le musée s’est orienté vers un éclairage entièrement en LED. Depuis lors, peu de
personnes ont réitéré cette remarque sur le manque de clarté des salles.
De plus, un membre du service technique a récemment suivi un stage dirigé pat J.-C. Ezrati,
spécialiste de la question, ce qui laisse entrevoir des améliorations à venir. Malgré tout la
maîtrise totale de l’éclairage demanderait une étude à l’aide d’équations plus complexes.
Le manque d’explications se fait encore sentir par endroits car la théorie selon laquelle il
suffit de voir une scène pour la comprendre est dépassée. Les visiteurs actuels sont habitués
à des panneaux à lectures multiples, une norme démocratisée. La muséographie de G. Collot
ne comptait à la base que peu de photographies dans le parcours, en noir et blanc, puisqu’il
s’agissait des années 1980. Le multimédia n’était pas encore développé. En revanche, quelques
diaporamas étaient intégrés au parcours. Le musée pourrait réutiliser ce type de support
dans une nouvelle conception agrémentée d’animations puisque les nouvelles technologies
le permettent. La signalétique presque inexistante, sans marquage au sol ni plan de secours
devenait cauchemardesque pour nos contemporains. C’est pourquoi les salles sont revues et
repensées au compte-goutte depuis 1998. Une refonte totale entraînant une fermeture à long
terme du musée complet semble hors de propos puisque la situation économique actuelle et la
régionalisation rendent impossibles de telles mesures de nos jours.
Un projet muséographique complet est néanmoins prévu par la conservation. Les travaux
ont débuté par la refonte de la salle de la colonne à l’anguipède dite de « Merten ». Cette salle
est hors sujet par rapport au thème funéraire traité, mais sa refonte a eu un impact sur le reste
du parcours à déployer ainsi que nous allons le démontrer. D’une salle très sombre peinte en
bleu nuit, elle a été revue dans des tons gris-bleu pour mettre en avant sa place originelle en
extérieur. La salle est devenue plus claire et des projecteurs, dont des projecteurs au sol, ont
eu un impact susbstentiel sur la lisibilité de la colonne. Des panneaux trilingues expliquent qui
sont les dieux et personnages en présence. Un dessin reproduit la colonne dans toute sa hauteur.
Elle est présentée en trois partie dans la salle faute d’un plafond suffisement élevé. Une carte
vient compléter les explications fournies. L’avancée la plus marquante reste la mise en place
du plafonnier agrémenté d’un ciel étoilé éclairé. Ce projet achevé a demandé une année de
ressources. Cela a impacté les autres salles du parcours gallo-romain qui en contient 16 au total.
L’ampleur des travaux dans le parcours gallo-romain devrait durer aux alentours de 10 ans.
Par ailleurs, un nouveau bâtiment a été inauguré en 2012, à environ 10 kilomètres du Musée.
La Maison de l’Archéologie et du Patrimoine. Il a été construit sur la « ZAC de la Petite Voëvre
» à destination du tout nouveau Pole archéologique210 de Metz. Cet édifice de 3 300 m2 répond
aux normes internationales de conservation. Une partie des locaux est réservée au stockage
des objets du Musée. Cet espace mesure 500 m2. Ce site n’est pas accessible aux visiteurs. À
210 R. Dupond, En quête du passé, Metz, Éditions Serpenoise, 2012, p. 10.
175
l’occasion de son ouverture, l’exposition temporaire « En Quête du passé » a été présentée au
public au Musée de La Cour d’Or. Il s’agissait de relier les deux sites et d’expliquer les raisons
du fondement d’un tel édifice de recherche aux publics.
Le transfert du lapidaire, tous types confondus, en vue de sa conservation a été traité par
étapes, il devrait s’achever en 2020.
En 2004, les petits blocs et les stèles de petite taille ont été déplacés de la petite cour de
l’administration, appelée cour lapidaire, vers le sous-sol de la chapelle des Petits-Carmes. Ce
chantier d’urgence, réalisé avec l’aide du personnel de l’opéra-théâtre, devait sauvegarder le
lapidaire fortement touché depuis la tempête de 1999.
En 2006, les blocs de lapidaire, conservés depuis une trentaine d’années dans la même cour
lapidaire, sous un abris de tôles, étaient dans un état sanitaire critique car les pigeons y avaient
élu domicile. Une assistante de conservation, a été responsable de leur transfert partiel vers la
grande cour extérieure « Du tailleur de pierre ». Il s’agissait surtout de blocs architecturaux et
de fûts de colonnes. Des grues ont servi à cet effet. Ce nouvel espace de stockage possédait un
passage plus large vers la rue du Haut Poirier. Les blocs, posés sur des palettes, ont été protégés
par des toiles soutenues par des poutres. La suite des évènements a montré que ces mesures
n’endiguaient pas la venue des volatiles. De plus, la toile n’a pas résisté au vent. Elle a été
remplacée à trois reprises, en vain.
Un inventaire des blocs restants de la petite cour lapidaire, non accessible au public, a été
réalisé en 2010. Il s’agissait de stèle funéraires de grande taille.
En 2011, certains blocs essentiels de l’archéologie messine tels que le linteau Campus et
piscina ont été mis en sécurité.
Des stèles étaient aussi déposées dans les réserves des étages du musée, sans logique
apparente puisqu’elles n’étaient pas destinée à les recevoir.
Entre 2004 et 2012, les stèles de petite taille ont été stockées sous la Chapelle des Petits-
Carmes, très poussiéreuse et vouée à la construction d’une nouvelle entrée, dont l’ouverture
a été inaugurée à la fin du mois de juin 2018. Il fallait organiser le déplacement intégral de
cette réserve vers la M.A.P. En 2012, un débat a fait rage pour savoir s’il était plus efficace de
s’adresser à des restaurateurs ou de s’en charger en interne. La seconde solution a finallement
été privilégiée. Metz déménagement s’occupé du transport des blocs au fur et à mesure.
En 2013, deux équipes de conservation ont débuté un travail d’ampleur en alernance. La
salle était trop étroite pour contenir tout le personnel nécessaire.
Les monuments funéraires gallo-romains étaient placés pêle-mêle avec des blocs votifs, des
sculpures et inscriptions médiévales ou de la Renaissance. Chaque équipe de conservation s’est
attelée dans un premier temps à séparer les époques et a reconnaître la nature des blocs tout en
procédant à un inventaire rétrospectif. L’équipe dévolue à l’époque galo-romaine était composée
de cinq personnes. Lors de cette opération de protocole d’urgence, des stèles funéraires ont
été redécouvertes ou identifiées. Une fiche donne une description sommaire de l’objet, la date
approximative, le matériau, l’état et les dimensions. La provenance n’est généralement pas
indiquée, tout comme les inscriptions n’ont pas fait l’objet d’un relevé précis faute de temps.
Les stèles ont été photographiées sous toutes leurs faces.
Les équipes de conservation ont achevé de pair leur transition intégrale vers la M.A.P. dans
les temps impartis, en juin 2013.
Bon nombre de stèles du sous-sol de la chapelle avaient également été déposées dans la
176
première cour lapidaire auparavent (Annexe 21 : Plan technique du musée [confidentiel, non
diffusable]). Après leur déplacement définitif, les stèles ont été installées en haut d’étagères
métalliques aux normes, spéciales pour objets de petite taille. Elles se situent dans la partie
droite de la réserve de la M.A.P. Leur charge pondérale reste non négligeable. Un petit bloc pèse
parfois plus de 60 kg. En cas de besoin et pour des raisons de sécurité ces monuments doivent
pouvoir être déplacés en interne. Cette contrainte a ammené des membres du musée a passer le
permis de cariste.
En 2012, les stèles de grande taille ont été déménagées dans la « cour du tailleur de pierre
» (cf. Annexe 21 : Plan technique du musée) où étaient déjà situés les autres pierres et
éléments architecturaux depuis 2006. Exposées en extérieur, elles étaient aussi couvertes sous
une charpente de bois. La faible hauteur de la structure rendait difficile leur accès. Faute de
système d’isolation pérenne et solide, les intempéries et le froid ont détruit ces abris de fortune.
Le risque de dégradation permanent, sans compter la
mousse et les pigeons dont on ne parvenait toutours pas
à se défaire étaient un danger réel. Une partie des stèles
stockées ont bénéficié d’un déplacement à la M.A.P
grâce à l’aide de la conservation, qui s’est chargé de
la partie administrative et du déplacement. L’assistant
de conservation, quant à lui s’est attelé au nettoyage
des monuments couverts de mousse (Ill. 2.3). Une
nouvelle campagne a depuis lors été commanditée
pour vider intégralement la cour du tailleur de pierre
et commencer, dans un futur proche, des fouilles
archéologiques à l’aide d’équipes internationales afin Ill. 2.3 Opération de démoussage
Photo D. Davin
de dégager les vestiges inexplorés des thermes, toujours
enfouis sous terre.
Depuis 2019, les monuments sont peu à peu transférés au plateau de Frescaty, dans un
bâtiment de l’ancienne base aérienne A128, abandonnée par l’armée en 2012 et revendue à
Metz Métropole pour un euro symbolique.
En parallèle à cet aspect matériel du musée, l’histoire du service des publics et la façon de
prendre en compte les visiteurs a aussi changé.
L’histoire du musée et de ses collections a connu des changements et des évolutions. Les
découvertes alimentent le discours. Les mentalités et habitudes actuelles ne sont plus les même
que deux générations auparavant. Cette évolution de la présentation des collections continue
notamment à travers une refonte du parcours, qui doit aujourd’hui prendre en compte un
paramètre de plus en plus important : les publics et leur fréquentation du musée. Nous allons
donc, dans cette partie, tenter de comprendre l’histoire du service éducatif, mué en Service des
Publics en 2012, en accord avec la loi de 2004211, et son fonctionnement actuel. Malgré tout
l’intérêt que revêt l’étude scientifique de collections, on n’imagine plus, aujourd’hui, un musée
au parcours et au discours réservés à l’élite. Le budget alloué et la fréquentation deviennent
211 Ordonnance 2004-178 2004-02-20 art. 7 sous réserve art. 8 I 12° JORF 24 février 2004 ou L442-7. Chaque
musée de France dispose d’un service ayant en charge les actions d’accueil des publics, de diffusion, d’animation
et de médiations culturelles. Ces actions sont assurées par des personnels qualifiés. Le cas échéant, ce service
peut être commun à plusieurs musées.
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intimement liés dans de nombreuses structures.
Le Musée de la Cour d’Or s’est très tôt préoccupé du lien entre écoles et Musée. C’est en
quelque sorte le pionnier en la matière puisque le Musée a inauguré le premier service éducatif
de France en 1972212, à la suite d’une candidature à un projet national. L’initiative revient à G.
Collot, le conservateur en chef. Il souhaitait rendre le Musée accessible à tous les enfants213 via
de nouvelles formules pédagogiques. Au départ, le service a pris le nom d’AACPR (Association
pour l’Animation Culturelle du Patrimoine Régional). Cette association financée par la DRAC
(Direction Régionale des Affaires Culturelles) et l’Éducation Nationale avait un budget propre.
Deux professeurs des écoles étaient détachés, aidés par des vacataires de formation en Histoire
de l’Art et Archéologie. La présidence était codirigée par l’Inspecteur d’Académie et madame
Sary, à la direction du Musée. Par la suite, dans les années 2000, cette association a disparu au
profit d’un service pédagogique isolé dont le financement a été repris par le Conseil général
et la ville de Metz. En 2012, il a pris le nom de Service des Publics, pour être en accord avec
la loi. Historiquement, la Direction des Musée de France a commencé à mettre en place cette
redéfinition des services culturels dans les grands musées : le Louvre et Orsay, tout d’abord, puis
les structures plus modestes ont suivi. Ce changement est issu du fonctionnement anglo-saxon214.
C’est-à-dire que les services se multiplient, mutent et se transforment en se spécialisant dans des
domaines de plus en plus précis comme la communication, la recherche, l’administration215. Cela
fait appel à de nouvelles compétences et à des connaissances plus spécialisées. Actuellement,
le service des publics est sous la direction d’une responsable, assistée de deux personnes aux
postes d’assistante de conservation et d’adjoint du patrimoine. La spécificité de ce service est de
rassembler trois permanentes diplomées en histoire et archéologie. La responsable a aussi suivi
un cursus en muséologie. Ce type de parcours n’est pas systématique pour occuper un poste en
lien avec les publics. Le cas échéant, cette particularité est une force. Elle justifie que le service
des publics puisse donner un avis constructif sur le parcours gallo-romain.
Les visites scolaires thématiques sont créées, tel que nous l’avons déjà mentionné par des
enseignants détachés de l’Éducation Nationale quelques jours par semaine dans les locaux du
Musée. Ils sont agréés et forment une dizaine de médiateurs, étudiants ou professionnels. Eux-
mêmes sont amenés à conduire bon nombre de visites et à tester des variantes. Elles peuvent
avoir un rapport avec l’histoire, la littérature, l’architecture ou la peinture, principalement. Il
s’agit donc d’une forme d’éducation « inspirée » du modèle scolaire formel. Cependant les
outils employés à cet effet : matériel authentique, objets exposés, livrets illustrés, sont différents.
Au Musée de la Cour d’Or sont répartis dans la semaine 2 enseignants du premier degré et 3
du second degré, chacun sur 2 jours. Concernant le second degré trois spécialités : Histoire-
Géographie ; Histoire de l’Art et Lettres Classiques. Bien que le personnel du musée n’ait pas
de retour qualité systématique, il semble bien que les groupes soient relativement satisfaits
des visites et activités proposées. Dans tous les cas, cela paraît en accord avec l’attente des
enseignants interrogés par nos soins en fin de parcours. Les messages positifs transmis par
email et le livre d’or abondent également dans ce sens. Le seul problème était en 2012 à propos
de la gestion des enfants atteints de handicaps pour lesquels il n’existait pas encore vraiment
de parcours adéquat. Le musée progresse sur ce point grâce à la formation du personnel et la
mise en place d’outils adaptés aux publics à besoins spécifiques (documents agrandis, usage du
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tactile, FALC216).
Malgré les efforts consentis, tous les espaces ne sont pas à portée des publics déficients. Ce
problème est en grande partie dû à la taille et aux nombreux niveaux que comporte le musée.
Des travaux ne sont pas possibles dans l’ensemble des bâtiments pour diverses raisons que nous
évoquerons.
Le Musée de la Cour d’Or occupe une très grande surface sur plusieurs niveaux. Il mesure
13 960 m2 tout compris, sur le site. Un document non publiable sur le calcul total de la surface
disponible stipule 14 160 m2 mais, après vérification, les résultats comprenaient une erreur sur
la surface de la galerie d’exposition temporaire (186 m2). Le musée comporte huit niveaux.
L’exposition permanente s’étend sur 4 337 m2, la Chapelle des Petits-Carmes, entrée actuelle
des visiteurs, 320 m2, les réserves 2 195 m2 auxquelles il faut ajouter 500 m2 à la M.A.P (Maison
de l’Archéologie et du Patrimoine), l’atelier technique 290 m2217, le service éducatif 140 m2 et
l’atelier éducatif 37 m2. Selon le Facilities report (document confidentiel non publiable) : « La
protection contre l’incendie et les risques de panique satisfait à la réglementation relative aux
établissements recevant du public (ERP) de type Y (musée) 3e catégorie (301 à 700 personnes)
».218
En préambule à cette analyse il est utile de souligner que le parcours reste compréhensible
dans son ensemble même si des défauts ou des disfonctionnements sont pointés pour l’exercice.
Il faut rappeler que nous sommes dans une configuration qui mêle des changements par phases
à une muséographie plus ancienne. Le but recherché par l’ensemble des acteurs est une
amélioration substentielle du parcours gallo-romain et cela ne peut pas se concrétiser à la hâte.
216 FALC signifie Facile à Lire et à Comprendre. Il s’agit d’une version simplifiée d’un texte qui permet d’être
comprise par les personnes déficientes intellectuelles. Le FALC utilise des mots d’usage courant, des phrases
courtes, des pictogrammes, une mise en page facile et une typographie simple. Le message va à l’essentiel.
217 Cette configuration a été rendue possible grâce aux travaux de la nouvelle entrée en 2018 et un désengor-
gement des locaux, remplis d’éléments lapidaires en tout genre et toutes époques confondues, à proximité de la
cour extérieure. Auparavant, le service technique se trouvait dans des salles exigues du sous-sol, sans ascenseur.
Le local n’était adapté ni aux machines ni au déplacement d’objets lourds. Le déménagement au rez-de-chaussée
de l’équipe, avec possibilité de sortie directe a largement facilité les opérations à mener. Cet ancien atelier a été
transformé en bureau de reprographie. Deux autres salles sont devenues des vestiaires pour les gardiens.
218 Musée de Metz Métropole, Facilities report, p. 4.
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i. Divodurum, capitale des Médiomatriques
La salle Divodurum, capitale des médiomatriques est située au niveau 0 du plan (Salle n° 2).
Elle est introductive.
La description a été réalisée dans l’état actuel de la salle, les changements à venir connus
sont quand même notifiés. Une réflexion sur la refonte de cette salle avait été amorcée par un
précédent conservateur, il y a une dizaine d’années.
Le visiteur découvre des vestiges dont une mosaïque exposée sur un mur. Elle est ornée
de décors d’oiseaux, de coupes et de motifs géométriques. La mosaïque en elle-même et
son iconographie font écho à une remarque formulée par H. Inglebert. Il stipule que « Les
commanditaires de mosaïques, en choisissant de décorer leurs demeures d’images qui évoquent
la civilisation romaine, ont une volonté d’affirmer leur « identité romaine » et de montrer qu’ils
partagent les valeurs de Rome219. ». Un plan simplifié en deux dimensions de la ville montre les
principaux monuments dont les arènes, les nécropoles et les thermes. Le rempart du IIIe siècle
est indiqué. Les textes explicatifs consultables sur les murs sont en trois langues : français,
allemand et anglais selon l’ordre de provenance. Il s’agit d’une ancienne version aux termes
approximatifs et qui finalement n’apportent que peu d’informations. Un écran plat passe une
reconstitution en trois dimensions de l’évolution de la ville depuis sa création jusqu’au début
du Moyen Âge. Une frise chronologique graduée nous indique le déroulement temporel. Elle
est peu visible, mais comble un manque puisqu’aucune chronologie ne situait la période ni
l’évolution de la ville depuis les premières formations d’habitations sur la colline Sainte-Croix.
Ce plan virtuel a été programmé par l’infographiste N. Gasseau selon les spécifications de la
conservation. Il a pour avantage et pour point fort d’introduire un élément multimédia sur site
qui en était dépourvu.
En face, une vitrine montre des accessoires pour chevaux et un dessin de cheval légendé
au mur. Il est prévu de présenter les accessoires sur le dessin même et donc de supprimer les
vitrines. La place dégagée servira justement nos propos.
Une carte de la région délimite le territoire des Médiomatriques et les axes de circulation.
Malheureusement, il n’apporte aucune information concrète sur l’emploi de ces axes. Il est aussi
dommage de constater la disparition de la Table de Peutinger. Elle était utile pour comprendre
le repérage dans l’espace matérialisé par les Gallo-romains. De plus, elle est souvent citée en
exemple par les programmes scolaires. Les plaques funéraires incrustées dans la maçonnerie
du mur situé à gauche de l’entrée sont inamovibles (plaque n° 089, 101 et 109). Elles ont pour
point commun d’appartenir à des vétérans. La carrière de militaire n’est pas un thème abordé au
musée. Bien que dans la cité de Divodurum ce métier n’ait pas suscité beaucoup d’intérêt, il est
important expliquer les liens qui la relient à la ville de Mayence et à sa garnison. Cela favorise
la compréhension globale de l’organisation régionale. D’autant plus que tout un commerce vers
le nord desservait justement cette armée et rapportait une manne financière qui a enrichi la ville.
Le visiteur se rend ensuite vers les thermes, au sous-sol. Les équipements actuels posent
dès lors un problème d’accessibilité puisque l’ascenseur mis en place à destination des
publics handicapés moteur pour accéder aux thermes n’a jamais fonctionné. La cause de ce
dysfonctionnement reste inconnue.
Dans la salle des thermes gallo-romains (Ill. 2.4), située au niveau -1 du parcours de visite,
salle n° 4, nous trouvons quatre stèles de notre corpus. La salle est sombre, dans des tons vert
219 H. Inglebert, Histoire de la civilisation romaine, Paris, PUF, 2005, p. 294.
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d’eau, pour justement rappeler le thème de l’eau. Cette couleur est particulière car elle reste
typique des choix opérés dans les années 1980. Actuellement, les conservateurs n’emploieraient
plus cette teinte. L’éclairage, destiné à mettre en valeur l’architecture, paraît encore largement
insuffisant. Les thermes conservent des vestiges de baignoires placées de façon symétrique et
des bassins arrondis220.
La grande stèle 028 montre un couple muni d’objets symboliques (Tablettes, mappa, boîte).
Les faces latérales sont ornées d’une scène de danse à gauche et d’un satyre, sans doute, à
droite. Sa présence dans cette salle ne se justifie pas vraiment. De plus, reléguée dans un coin
et sans éclairage approprié, la stèle n’est pas mise en valeur alors qu’elle est de belle facture et
finement sculptée. La face droite, contre le mur, n’est pas visible.
Bien que la salle soit assez vaste, trois sièges sont installés pour le repos des visiteurs, placés
devant un film d’animation. L’un d’entre eux, proche d’une colonne exposée, risque de la faire
chuter. Le court métrage de 5 mn environ vise à reconstituer le décor initial des thermes à travers
l’histoire d’une petite fille, nommée Curmilla. Elle découvre cet établissement public neuf, dés
son ouverture. La fillette en question a été imaginée à partir du pilier miniature 019, situé dans
la salle des « Maisons pour les morts » rebaptisée « Monde des morts ». La question de son
exposition dans cette salle se pose pour expliquer la genèse de l’animation. Une dessinatrice est
220 Prochainement, cette salle sera fermée pour travaux et rénovations à long terme. Une estimation de cinq à
six années, au mieux, est probable. Le salpêtre qui prolifère devient un danger imminent pour la bonne conserva-
tion des vestiges. L’étude de diagnostic commandée à des experts a duré six mois et a révélé un état de la struc-
ture plus problématique que prévu. Une partie des dégradations étaient invisibles ou se poursuivaient sur d’autres
étages. Cette opération est conduite avec l’aide du pôle bâtiment de Metz Métropole. V. Lhommel s’occupe du
marché public pour le compte du musée. Il prévoit un budget de 1,5 millions d’euros répartis sur cinq à dix ans.
Le lancement des travaux est encore en attente de validation.
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l’origine du graphisme du dessin animé et d’une bande dessinée du même nom221. Elle retrace
la vie quotidienne de cette enfant, entourée de sa famille. La partie narrative provient d’un
conservateur.
Sur la droite, le bloc 041 était présenté au pied d’un muret d’époque, découvert in situ. Il
met en scène un homme conduisant un essedum à brancards. Selon le raisonnement initial de
G. Collot, l’eau servait aux thermes et la rivière au transport de marchandises, d’où un lien avec
le transport par route et une présentation d’hipposandales, de mors et autres accessoires pour
chevaux.
Le bloc 041 a été déplacé dans la salle des mosaïques en juillet 2017. Nous en avions discuté
avec les conservateurs et les mesures ont été prises. Il est à présent à proximité des plans de la
ville et de la région pour des questions de cohérence thématique de parcours. Des objets liés au
transport illustraient ce thème dans une vitrine située juste à côté. La corrélation était évidente.
Des explications complémentaires devront être ajoutées.
Pour en revenir à la salle des thermes. Le thème du transport par bateau, imaginé par
Collot, est renforcé par le navire sculpté en bas-relief sur l’autel 007, dédié à un jeune esclave
de Nicomédie. Or, cette thématique du transport semble maladroite pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, la stèle 007 montre un bateau de haute mer et non de rivière. Trois dauphins
l’accompagnent et font immédiatement songer au dernier voyage du défunt, protégé par ce
mammifère psychopompe, traditionnellement bienveillant, selon les sources littéraires antiques
(Plutarque, notamment, dans ses Œuvres morales). Ce thème ne s’apparente pas, en réalité, au
commerce.
Les visiteurs terminent actuellement leur parcours dans cette salle par les stèles funéraires
liées à la médecine (033 et 084). Dans son cheminement, Gérald Collot justifie la transition
entre les thermes, les déités liées à la médecine et la médecine par la croyance en des eaux aux
propriétés curatives222. Cependant cette explication ne paraît pas toujours évidente car elle n’est
pas indiquée clairement et les livrets explicatifs fournis à l’époque sont épuisés.
Le visiteur prend alors les escaliers pour monter vers la salle des travaux et des jours.
iii. Les stèles de la salle des travaux et des jours avec leur environnement
La salle nommée « Des travaux et des jours » correspond à la salle n° 5 (Ill. 2.5). Elle
comprend des fenêtres cachées par des rideaux abimés à remplacer. La lumière naturelle entre.
Dans cette salle toute en longueur, les murs sont peints en rouge clair et non vraiment en rouge
pompéien, en référence au commerce florissant de la ville durant l’Antiquité.
Les monuments du corpus exposés dans cette salle sont les n° 002, 015, 016, 020, 027, 031,
042, 068, 085, 086, 096, 104 et 105.
Des bancs, placés près de l’escalier des thermes, au centre, permettent aux visiteurs de se
reposer. Une reconstitution de laraire dans une niche évoque les dieux de manière générale223.
En début de salle, des stèles représentant Épona font référence aux dieux gaulois tandis que
221 K. Kazek et R. Agostini, L’anneau de Curmilla, Belgique, Éditions le buveur d’encre, 2012, 60 p.
222 G. Collot, La civilisation gallo-romaine dans la cité des Médiomatriques, (tome 1), Moulins-lès-Metz, La
Cours d’Or, 1992, p. 5.
223 G. Collot a probablement confondu des tables liées au laraire (Monopodia) avec du mobilier commun d’inté-
rieur. De la vaisselle est exposée dessus, plus loin dans le parcours.
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Ill. 2.5 Salle des Travaux et des jours en 2020
Photo L. Kieffer © Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Ill. 2.6 Salle des Travaux et des jours. Vitrine qui renferme divers thèmes
Photo L. Kieffer © Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
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Mercure introduit l’import-export et les objets du commerce par sa fonction de protecteur des
marchands. Des stèles, mausolées et grandes stèles hétérogènes se mêlent dans la salle. Enfance,
commerce, transport, artisanat, jonction de mains et déesses mères sont présentés ensemble.
Le passage de la Victoire est en fait la seconde partie la salle de la mosaïque. Elle se démarque
par la couleur du mur (Ill. 2.7). La statue de la Victoire, d’après le nom de la déésse, est valorisée
par sa présentation sur un socle noir, dans la continuité de la salle de la Vie quotidienne (Ill.
2.5). Sur un fond rouge foncé, elle est théatralisée grace à un plafonnier à spots orientés qui
projette son ombre sur le mur. Cet espace a été retravaillé recemment. La couleur rose-mauve
indique un changement de thème pour aborder la mort. La statue est issue du quartier du Sablon
ce qui explique sa présence à cet endroit, avec d’autres découvertes du même site. Nous avons
pu décider de la couleur des salles, en lien avec le projet décliné dans le chapitre III du tome 2,
avec l’accord de la conservation qui s’est chargée d’engager les travaux.
La suite de la salle regroupe une urne en onyx, et quelques stèles funéraires dont les stèles
n° 005, 032, 060, 066, 074 et 083 du corpus (salle n° 6) maintenant accompagnées de cartels au
contenu à réactualiser. L’urne, de qualité exceptionnelle, est placée dans une partie cloisonnée
de la vitrine, sur un socle. Elle est éclairée par l’arrière et par le dessous. Malgré tout, elle
n’est pas réellement mise en valeur, ni isolée ainsi qu’elle le mérite. Grâce à l’agencement de
ces vitrines encastrées le long des murs, G. Collot espérait faire comprendre au public, par
un simple regard et par déduction logique, l’utilisation d’urnes cinéraires pour recueillir les
cendres des défunts et par extension l’usage de la crémation. Il est important de noter que ces
vitrines coulissantes hautes sont anciennes et mal pratiques, notamment à cause des serrures. Le
fond recouvert d’un tissu gris délavé et déchiré par endroits est à éliminer en priorité (risques
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Ill. 2.7 Passage de la Victoire en 2020
Photo L. Kieffer © Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
d’attirer les insectes, risques d’incendie…). En face, une urne en pierre de forme arrondie
constitue un pendant populaire de cette urne précieuse. Les os sont conservés dans le récipient.
Plus loin, une stèle en deux parties montre le socle/coffre, enterré, et son couvercle ou pierre
sépulcrale visible hors sol. Cette présentation sans explication développée laisse les visiteurs
perplexes car ils ne comprennent pas forcément l’utilité du monument, contrairement à ce
qu’aurait souhaité l’ancien directeur des musées de Metz. Peut-être faudrait-il alors songer à
regrouper ces éléments et à les présenter autrement. De plus, une stèle vierge fait partie de cet
ensemble. Elle gagnerait davantage à être reliée à une thématique sur la fabrication des stèles.
Les autres monuments laissent une impression de confusion. Sur le mur, côté droit, situé entre
deux pièces, avait été ajoutée sur un panneau la citation de Cicéron quant à l’emplacement de
nécropoles préconisées par la loi, expliqué dans son ouvrage De Legibus224. Ce panneau a été
déplacé récemment au centre du mur de la salle des « Maisons pour les morts », mais ce choix
est encore insatisfaisant à nos yeux car il est hors contextualisation et monopolise l’espace.
Peut-être n’est-ce que provisoire.
224 Cicéron, Traité des Lois, Paris, Les Belles Lettres, 2002, p. 73.
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v. La salle des maisons pour les morts devenue monde des morts
La salle « des maisons pour les morts », ancienne formule, a été pensée au départ comme
une forme de reconstitution de nécropole par G. Collot. Les monuments sont surélevés sur une
plateforme pour garder une certaine visibilité et favoriser la déambulation. Les stèles sont donc
placées sur un socle d’environ 60 cm. Le béton, peint en gris, est depuis devenu noir. Cette
pièce est particulièrement froide bien que cette caractéristique soit due à des circonstances
inconnues. Les murs étaient de couleur grise, pour rappeler le malaise de la mort, d’après les
explications muséographiques avancées225. Ils sont à présent repeints dans des tons rose-mauve,
dans la continuité de la salle du passage de la Victoire (Ill. 2.8). C’est une pièce aveugle. Sous
des vitres épaisses, dans des cavités au sol, sont présentées des urnes remplies d’ossements
et un squelette inhumé. Une grande partie des stèles du corpus sélectionnées y est disposée.
Les sites de découverte sont mêlés sans distinction. Nous y retrouvons des monuments de la
Horgne-au-Sablon, de la Lunette d’Arçon, de la Citadelle mais aussi des autres sites comme
les stèles des Vosges. Leur présentation est plus problématique car ce sont des monuments des
Leuques. Parmi les monuments, mausolées et stèles côtoient plusieurs sarcophages de plomb
du IVe siècle exposés dans des vitrines, à la verticale. Des explications sur leur découverte,
appuyées par des photographies anciennes contibuent à les distinguer. En revanche, le fond de
la niche a été repeint en blanc ce qui dénote avec le projet proposé.
Des refontes de cartels déjà existants sont prévues en trois langues pour pallier le manque
total d’explications pour le public étranger. Cela implique que leur mise à jour devra être
reportée et qu’ils ne seront pas complétés dans l’immédiat. La lumière, générée par des spots
vient d’être réorientée de manière à mettre en valeur les pierres sépulcrales. On note encore une
disparité entre les zones éclairées (Ill. 2.8). C’est un point à travailler. J.- J. Ezrati226 établit une
225 M. Hosy, Parcours thématique, la muséographie, dossier enseignant, Ouv. Cit., p. 9.
226 J.-J. Ezrati, Manuel d’éclairage muséographique, Dijon, OCIM, 2e éd., 1999 et J.-J. Ezrati, Théorie, tech-
nique et technologie de l’éclairage muséographique, Paris, Éditions AS, 2002.
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distinction entre lumière et éclairage muséographique. L’éclairage muséographique requiert des
compétences professionnelles poussées dont certains calculs sont de niveau élevé. Sa vision se
rapproche de l’éclairage scénique théâtral. Il doit contribuer à la compréhension du message
tout en respectant les règles de conservation. Cependant, peu de musées actuels de province
ont accès à ce type de services ou de personnel très qualifié. Malgré les efforts notables, la
vision proposée d’une nécropole reste fausse. La cause en est essentiellement la plateforme
centrale. Y remédier ne sera pas simple. Constituée d’un seul bloc directement bâti dans la
salle, elle ne met pas en relief le fait qu’une nécropole se situe des deux côtés de la route. Elle
contribue aussi parfois à une congestion de l’espace. Le mélange de monuments, pourtant issus
de sites très différents et pour une population variée ne permet pas d’opérer de distinction
sociale. D’ailleurs, le site de découverte des monuments n’est pas localisé et les fouilles ne
sont pas mentionnées. Aucune représentation imagée ne permet de comprendre à quoi pouvait
ressembler une nécropole. C’est l’ensemble de ces points qui seront à revoir pour aboutir à
une nouvelle proposition muséographique, appuyée par nos recherches. Certains pourront être
rapidement mis en oeuvre en interne, tels que les illustrations de nécropoles, d’autres moins.
La salle de Diane regroupe divers éléments disparates. Les éléments architecturaux comme
des piliers, un sarcophage en pierre, un bas-relief de la Méduse, un carrier (045), un aurige
(035), des blocs de mausolée du Ier siècle incrustés dans le mur, un bloc monumental de Diane et
un autel octogonal orné de divinités sont entreposés. Qui plus est, la salle a longtemps souffert
d’un cumul deux noms coéxistants sans être tranché. Le second, à moitié effacé, était « la taille
de la pierre ». Sans lien direct, ou compréhensible, avec les expôts, il a été occulté durant des
années. Or, le sujet est intéressant à traiter et apporterait le fil conducteur manquant à savoir :
comment les pierres sépulcrales sont-elles taillées ? Il paraît avant tout urgent de rationaliser
cet espace. Depuis ce constat, la stèle corniste a été déplacée salle « Domus et villae ». Le bloc
représentant Méduse a été relocalisé en face. Après un débat sur la couleur à adopter, un jaune
pâle, rappelant la pierre locale, a été choisi afin de rafraîchir la salle. Le nom de « salle de la
taille de pierre » a été repris en attendant une muséographie en accord avec ce thème. L’échéance
courte imposée quant à la refonte de la salle fait que ce dossier a été repris par la responsable
du dervice des publics. Son partenariat établi avec les tailleurs de pierre de Remiremont depuis
plusieurs années pourra aboutir plus rapidement aux résultats escomptés, dont des disposifs
tactiles pour malvoyants.
La salle nommée Domus et villae est une forme de reconstitution des éléments d’intérieur
d’une maison de personnes aisées. Sont présentés une mosaïque de gladiateurs, une autre
mosaïque à motifs géométriques, des morceaux de fresques, un portique. À l’entrée de la
salle, une grande stèle dédiée à un couple montre un homme qui balaie le devant d’une maison
de pierres (043). Dans la vitrine, une stèle simple est présentée. A priori, les changements à
opérer dans cet espace ne seront pas l’objet de nos recherches car ils relèvent davantage de
l’habitat reconstitué. Un projet émanant d’étudiants proposait aussi de transformer cette salle
selon une thématique de jeux et de plaisirs de la table peu convaincante à notre sens. Il a été
entièrement étudié et revu par la conservation en attente de pouvoir refondre la présentation
de la salle. La stèle du corniste (018) rappelle la musique jouée par la pompa, lors des jeux de
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l’amphithéâtre. Elle était entreposée salle de Diane auparavant. C’est à la suite d’un échange
entre le service des publics et la conservation que le bloc a pu intégrer cette espace bien plus
approprié. Récemmemt, une vidéo sur les jeux de l’amphithéâtre est venue renforcer le discours
muséographique ambiant et donne d’autant plus d’impact à ce corniste. Il a bénéficié d’un
éclairage accru. Le déplacement d’un lion en ronde bosse proche de lui vers une niche de
l’entrée de la salle le met aussi en valeur.
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La suite du parcours se situe en bas des escaliers, sur la droite.
Dans le couloir précédant la salle des Arts du feu, une grande stèle de couple est exposée.
Dans la salle même, la stèle de Casatus (021) montre un homme qui tient dans sa main une
poterie, semblable au modèle présenté dans la vitrine. Cette salle a été en partie réaménagée.
Un modèle réduit de four et des explications aident le public à comprendre la fabrication de
poterie et de sigillée. Excepté quelques panneaux anciens à revoir, la salle est d’une conception
en adéquation avec le sujet traité. Ces panneaux datent des années 1980. Ils sont en noir et blanc
et obsolètes. La typologie du verre ne suscite que peu d’intérêt. Nous avons aussi constaté un
problème d’interprétation car les paliers sur lesquels sont exposés les vases sont confondus
avec un système de présentation d’objets de qualité à vendre, selon une muséographie qui
reproduirait les vitrines phares des lignes de magasins tels que les Galeries Lafayette au XIXe
siècle. C’est un contresens total puisque la poterie est bon marché et les artisans peu reconnus
(Notice 021).
Le niveau 0 est entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite. Des rampes sont
installées pour les fauteuils roulants à l’entrée et entre la salle Domus et villae et le Passage
des métiers. Le trajet de parcours est suffisamment large car il est supérieur aux 1 m 40 utiles
délimités par les préconisations de Tourisme et Handicap. Dans la salle des Travaux et des jours
la lumière extérieure joue sur l’ambiance de la salle mais limite les possibilités d’y exposer des
objets en matériaux fragiles tels que des dessins, photographies ou tissus. La lumière passe à
travers de grandes baies vitrées cachées par des rideaux crème anciens. Les baies vitrées sont
équipées de filtres anti-UV227.
Les espaces de réserves sont dispersés en divers lieux. Actuellement les blocs de lapidaire
funéraires sont quasiment tous répartis entre la M.A.P et le hangar de Frescaty.
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iii. Maison de l’Archéologie et du Patrimoine : une réserve externe
Quelques monuments du corpus sont exposés hors les murs. La stèle de Suarigillus (112)
est actuellement présentée dans la salle de lecture de la bibliothèque de Montigny. L’autel avec
motif de flûte de Pan se trouve à la mairie de Montigny (008). Les grandes stèles 029 et 039 sont
placées dans des vitrines du centre commercial Saint-Jacques, leur lieu de découverte.
Les espaces d’exposition et de stockage localisés, encore faut-il être en mesure de pouvoir
déplacer les monuments. Une question se pose en amont d’une nouvelle présentation : celle des
contraintes. Elles sont de plusieurs ordres. Les contraintes physiques concernent la capacité de
déplacer des monuments. Sont-ils maçonnés dans un mur ? Sont-ils particulièrement lourds ?
Existe-t-il un risque dû à une fragilité ? Des obstacles dans la construction du parcours peuvent
aussi empêcher une nouvelle disposition des éléments. Enfin, ces opérations ont un coût. Quelles
sont les limites budgétaires et que sait-on des frais de déplacement ?
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Fissurés, ces monuments risquent de ne pas supporter le transport d’un lieu à l’autre. Leur
résistance est à étudier avant tout déplacement.
Certains auront simplement besoin d’être stabilisés par un système sur mesure : socle ou
accrochage.
Le principal obstacle observé se situe dans la salle du « Monde des morts ». Il s’agit de la
plateforme centrale. Construite lors de la rénovation de 1980, nul ne sait ce qu’elle renferme à
l’intérieur des cloisons (fils électriques, tuyaux ou autre). Sa destruction pose le problème du
remplacement des dalles au sol dont un modèle identique sera difficile à retrouver.
Le second obstacle est en relation avec les vitrines murales hautes, percées dans les murs
porteurs selon le plan architectural initial. Peut-on les casser sans fragiliser la structure du
musée ? La salle des gladiateurs est particulièrement visée dans cet exemple.
228 J.-M. Tobelem explique que « la régie directe est souvent critiquée pour sa pesanteur » qui favorise peu le
développement autonome financier et décisionnel. Il reste néanmoins préférable dans le cas des établissements
de taille moyenne au personnel dédié insuffisant. La gestion des crédits est facilitée. J.-M. Tobelem, La gestion
des institutions culturelles, Malakoff, Armand Colin, 2015, p. 155 et 158.
191
C. Les contraintes de fonctionnement
Les contraintes d’horaires et de personnel avaient déjà été étudiées par nos soins en 2012229.
Elles ont été bouleversées depuis en raison d’une restriction budgétaire significative en 2013.
Le parcours des gardiens a été revu de façon à limiter leur nombre de 19 à 12 personnes. Cette
réduction du personnel a été rendue possible par des départs à la retraite non remplacés, des fins
de contrat en CDD et une réduction des horaires d’ouverture de l’établissement (anciennement
de 9 H 00 à 18 H 00 non-stop). En conséquence, les salles ne sont pas toutes sous surveillance
humaine. C’est pourquoi le musée est sous surveillance vidéo permanente. La salle des moniteurs
se situe à gauche de l’entrée. Un gardien chef, au minimum, y est constamment en service.
Une partie des pertes est compensée par du mécénat, aide financière, de nature ou de
compétence. Ce volet est géré par le pôle mécénat de Metz Métropole sur une ligne budgétaire
de la métropole.
i. Les horaires
Les horaires d’ouverture actuels sont 9 H 00-12 H 30 et 13 H 45-17 H 00. Le jour de fermeture
est le mardi. Il sert aux opérations de maintenance et de montage, entre autres. Ces horaires
limités sont une gêne évidente pour les personnes qui souhaiteraient visiter le musée après le
travail. De même, le taux de remplissage des classes est légèrement impacté.
ii. Le personnel
192
faciliter le déplacement qui reste malgré tout tortueux. Enfin, une équipe de quatre gardiens de
nuit opère en décalage.
La médiation est assurée par le service des publics. Son personnel comprend une dizaine de
médiateurs230 vacataires, recrutés de préférence à bac +3/5 en histoire, archéologie ou histoire
de l’art. Ils sont en contact direct avec les publics auxquels ils doivent s’adapter231 pour assurer
à tous un accès à la culture et une compréhension des œuvres.
Le projet scientifique et culturel (PSC), relatif aux musées de France, est règlementé par la loi
du 4 janvier 2002 et ses décrets d’application232. Il est obligatoire pour entreprendre des travaux
de rénovation et de construction. Il donne accès à des subventions. Il est recommadé afin de
justifier des acquisitions nouvelles. La présentation muséographique et le programme culturel
s’appuient sur ce document d’une cinquantaine de pages. Le site du Ministère de la Culture met
d’ailleurs une muséofiche à disposition pour expliquer à quoi sert le PSC et comment en établir
un.
Le PSC défini en quelques sorte le projet stratégique du musée et ses grandes orientations.
Ne pas le suivre accroît les risques d’incohérence de parcours. Cela génère de la confusion
et rend moins efficace les rénovations escomptées. La prise en compte du PSC est donc une
contrainte majeure de tout projet muséographique.
Il relève de la responsabilité du chef d’établissement, avec l’aide des équipes. Cette « feuille
de route » d’une durée de vie d’environ cinq ans doit rassembler le personnel et le fédérer
autour de quelques axes communs. Il peut être mis par écrit n’importe quand.
La muséofiche donne l’exemple du musée de la dentelle de Calais. « L’objectif est de faire
découvrir la dentelle manuelle et mécanique, et celle d’abord de Calais, ses usages et ses
représentations, ses techniques... ».
Le Projet Scientifique et Culturel du Musée de La Cour n’a pas encore été rédigé. Des
réflexions ont été menées à ce sujet mais le résultat souhaité n’était pas encore à la hauteur des
attentes du personnel. Il est en cour de refonte. Ce manque justifie que le projet muséographique
et de présentation qui va suivre ne pourra malheuresement pas se fonder dessus.
230 Les termes de médiation culturelle et de médiateurs sont fréquemment employés. Ils désignent une gamme
d’interventions menées en contexte muséal afin d’établir des ponts entre ce qui est exposé et la signification (le
savoir). Le partage d’expérience entre quelquefois en jeu dans l’émergence de références communes. Il s’agit
d’une stratégie de communication à caractère éducatif qui mobilise les atouts des collections pour les mettre à
la portée des visiteurs. (Définition d’après le Dictionnaire encyclopédique de muséologie d’A. Desvallées et F.
Mairesse.
231 La capacité à tenir compte du public auquel l’intervenant s’adresse fait partie des axes développés par F. Til-
den dès les années 1950 aux États-Unis. Ces propos concernent surtout les parcs naturels mais ils ont largement
inspirés le domaine de la médiation.
232 Ministère de la Culture, http://www.culture.gouv.fr/region/drac, site consulté le 22/10/2020.
193
4. Les publics et publics cibles : scolaires et non scolaires
Introduction
Le sujet de cette étude intitulé : Les monuments funéraires de Metz gallo-romains : projet de
présentation muséographique pour le musée de la Cour d’Or, part d’un constat et d’une réalité. Si
un certain nombre de mémoires et de recherches ont été menés jusqu’à aujourd’hui, les résultats
de ces recherches n’ont pas fait l’objet d’une diffusion. En parallèle, la muséographie actuelle,
telle qu’elle se présente, ne fournit que très peu d’explications au visiteur. Or, le public, au sens
large, cache une autre réalité : celle de publics, au pluriel, divisés en catégories233. Le langage du
marketing, largement repris dans la culture, aurait tendance à employer à ce propos les termes
de « publics cibles » et de « segments ». Le public cible représente les personnes auxquelles
s’adresse l’exposition permanente, celles qui sont par essence attirées par ce type de proposition
culturelle. Une division s’opère ensuite de public primaire à secondaire234. Le public secondaire
étant d’autres visiteurs, hors de la tranche visée, mais concernés par le sujet. Par exemple, les
enfants qui suivent au musée leurs parents. Passant outre les querelles terminologiques, un
point reste essentiel : les explications à disposition doivent autant que possible être conformes
à leurs attentes et à leur niveau de compréhension. Par ailleurs, le public de spécialistes ne doit
pas être oublié.
Les publics en question ont été déterminés par une étude antérieure de leur composition235.
Cette enquête, datée de 2013, est intégrée ci-dessous, enrichie d’une mise à jour. Restée
confidentielle, elle n’a jamais été diffusée et seules quelques rares personnes y ont eu accès.
Une précision s’impose. L’étude était davantage orientée sur la médiation. Ce point ne remet
néanmoins pas en cause les résultats obtenus.
Ce questionnaire (Annexe 22) respecte l’anonymat236. Il a été créé de manière à être rempli
rapidement. Les questions sont toutes fermées, sauf une. Au départ, nous avions convenu
d’en proposer 10. Toutefois, comme dans tous les établissements de ce type, le directeur doit
donner son accord avant diffusion. Celui-ci s’est montré intéressé par les résultats à venir et
a contribué à lui apporter des corrections personnelles. Il nous a donc demandé d’ajouter
deux questions qui lui tenaient à cœur. Ensuite, nous avons laissé une centaine d’exemplaires
aux agents d’accueil, en recto noir et blanc, toujours selon les directives à suivre. En effet, le
comptage des publics et le fait de récolter des informations à leur sujet fait partie du travail
233 Les premières études sur les visiteurs émanent de travaux américains dont Robinson, Melton et Bloomberg
sont les pionniers. Voir J.-M Tobelem, La gestion des institutions culturelles, 2015, p. 186.
234 P. Huygues, Scénographie d’exposition, Paris, Eyrolles, 2010 p. 27.
235 D. Davin, Projet pour la valorisation des stèles funéraires gallo-romaines de la Horgne-au-Sablon, 2013,
Ouv. Cit., pp. 48-57.
236 A. Gob et N. Drouguet, La muséologie, histoire, développement, enjeux actuels, Ouv. Cit., p. 91.
194
qui leur est imparti. Le questionnaire a été proposé en début de parcours. Tous ne l’ont pas
soumis de manière systématique. Cette enquête s’est déroulée entre les mois de février et
d’avril 2013. Nous l’avons arrêtée à 100 bulletins réponses pour faciliter le traitement. Les
informations récoltées, bien qu’assez homogènes et apparemment assez fiables, sont tout de
même à relativiser. C’est-à-dire que les personnes prises en compte sont celles qui ont accepté
de répondre et ne représentent pas la totalité des visiteurs. Concernant les réponses données,
nous devons compter sur « l’honnêteté » de ces personnes, en partant du principe qu’elles ont
joué le jeu en entourant des réponses véridiques. La période durant laquelle ce questionnaire a
été mis à disposition, entre l’hiver et le printemps, est souvent calme. De plus, le climat rude et
la neige abondante ont joué un rôle sur les entrées totalisées. Une partie de notre enquête était
en période scolaire et l’autre pendant les vacances de février. Il se peut que le public concerné
ne soit pas le même selon le cas.
Nous commencerons, dans un premier temps, par traiter et analyser les résultats obtenus
grâce à notre enquête, question par question. Puis, nous tenterons de percevoir s’il existe des
rapports de cause à effet entre les questions. Par exemple, les personnes venues à plusieurs
reprises sont-elles originaires de Metz ? Sont-elles issues d’une catégorie socio-professionnelle
particulière? Dans une seconde partie, nous comparerons ces résultats, dans la mesure du
possible, à ceux trouvées dans les années 1990. Ces anciens résultats représentent en quelque
sorte un état de la situation du Musée à cette époque et le type de questions que l’on se posait
alors. Enfin, nous verrons dans un dernier temps si ces réponses vont dans le sens des résultats
habituellement trouvés dans les statistiques nationales.
La question 1 vise à savoir avec qui la personne est venue au musée. Il s’agit pour nous de
déterminer si nous avons à faire à un public familial, par exemple ou des personnes venues avec
des amis. Les activités proposées et types de visites correspondants à ces publics ne seront pas
les mêmes. Dans le premier cas, les enfants seront à prendre en compte.
Dans la question 2, nous avons tenté de déterminer l’âge moyen de nos visiteurs. Selon la
direction, notre public est très majoritairement composé de séniors. Nous verrons ce qu’il en
est.
La question 3 indique le sexe de la personne.
La question 4 vise à connaître le lieu de résidence des publics. Or, nous savons déjà par les
statistiques, de façon quasi certaine, que 73% d’entre eux proviennent de Moselle.
Les questions 5 et 6 se recoupent plus ou moins. Il s’agit de connaître la profession des
personnes interrogées et leur niveau d’étude en entourant la réponse adéquate. Nous pourrons
ainsi savoir si elles ont un certain bagage culturel et des connaissances préalables. Si tel est le
cas, nous pourrons envisager un supplément informatif. Le niveau d’étude a tout de même été
gardé parmi les questions car il arrive de nos jours qu’un individu occupe un poste sous-qualifié
par rapport à son diplôme. Cette première partie de questionnaire nous donne des indications
sur l’identité sociale des publics.
La question 7 vise à savoir combien de musées par an visite la personne. Au-dessus de 3,
selon les critères établis en muséologie, il s’agit d’un visiteur assidu.
195
Dans la question 8, nous demandons si la personne est déjà venue dans ce musée et dans la
9 quand. Cela permet de savoir si elle revient souvent et si elle est fidélisée.
La question 10 cible l’intérêt de la visite entre exposition temporaire et permanente. A priori,
ce musée est plutôt connu pour son parcours permanent.
La question 11 analyse le besoin potentiel de visites guidées et donc d’explications données
par un médiateur. Enfin, nous demandons par quel biais la personne a connu le musée. Nous
pouvons ainsi savoir quel moyen de communication a le plus d’impact. Cette question est un
ajout du directeur, tout comme la question n° 9.
Question 1 :
Question 2 :
Tableau des résultats obtenus selon les tranches d’âge des publics :
Question 3 :
Question 4 :
Pour répondre à cette question nous allons diviser le public en : public Mosellan, autre départements et
public étranger. Les personnes des départements limitrophes n’étaient pas significatives.
196
• 47% des personnes viennent d’autres départements
Les étrangers sont en grande majorité des Belges ou des Luxembourgeois en moindre mesure.
Question 5 :
Tableau récapitulatif des résultats obtenus pour les métiers exercés ou catégories de métiers
Les pourcentages relatifs à cette question ne tombent pas juste car certains couples ou
certaines familles ont coché plusieurs réponses. Nous avons collecté 126 réponses en tout.
D’après les résultats obtenus, nous remarquons une majorité de personnes à la retraite. Les
cadres et les employés sont en égales proportions. En troisième position, les professeurs et les
fonctionnaires autres sont aussi à égalité.
Question 6 :
Tableau des résultats obtenus pour le niveau d’étude des visiteurs interrogés :
197
Question 7 :
Selon les critères retenus en muséologie, les personnes ayant visité plus de 3 musées par
an sont considérées comme assidues. 61% ont choisi cette réponse. Donc, soit nous avons un
grand nombre d’assidus, soit ils ont exagéré leur réponse. C’est ce que nous tenterons de voir
en comparant avec les statistiques nationales.
Question 8 :
Question 9 :
Question 10 :
Question 11 :
• 51% des personnes seraient intéressées par des visites guidées d’expositions temporaires.
• 58% des personnes seraient intéressées par des visites guidées de l’exposition permanente.
Question 12 :
Mode de connaissance du
musée Pourcentage
Amis 20%
Office du Tourisme 19%
Internet 20%
Magazine 4%
Affiche publicitaire 7%
Autre moyen 30%
Total 100%
198
Parmi les autres moyens, des personnes ont précisé par le biais de la famille ou par un guide papier
comme le Guide vert.
Dans cette sous-partie, nous tenterons de créer des liens entre les questions. Nous chercherons
par ce moyen à mieux comprendre quel est le profil de nos visiteurs et quels sont leurs centres
d’intérêt.
Pour commencer, il apparaît que 14% des personnes étant déjà venues auparavant reviennent
voir spécifiquement l’exposition permanente. 82 % stipulent être intéressées par l’exposition
permanente et temporaire. 4 % se sont déplacées pour l’exposition temporaire.
Si l’on regarde maintenant les visiteurs venus pour la toute première fois au Musée de la
Cour d’Or, 54% d’entre eux disent s’être rendus au musée pour voir l’exposition temporaire
et permanente. 40% étaient intéressés par l’exposition permanente uniquement et 6% par
l’exposition temporaire.
Nous pouvons en conclure que nos visiteurs sont la plupart du temps attirés par l’ensemble des
expositions temporaires et permanentes mais très peu se déplacent pour l’exposition temporaire
uniquement. Les personnes venues pour l’exposition temporaire en ont eu connaissance grâce
à des magazines la plupart du temps. Une personne par internet et une autre par un moyen non
précisé.
Les publics qui reviennent au musée habitent dans le département de la Moselle à 86%. Les
autres personnes viennent de Belgique, de Paris ou du 54, la Meurthe-et-Moselle.
Parmi les visiteurs assidus, c’est-à-dire les personnes qui vont au musée plus de 3 fois par
an, 42% ont un niveau d’étude entre bac +5 et bac +8. 32% sont situés entre bac +3/4. 13%
ont un bac +2 et 13 % le niveau bac ou brevet. Cette dernière catégorie est variable car les
personnes ayant le niveau bac peuvent être des professeurs ou des fonctionnaires aussi bien que
des femmes au foyer ou des agriculteurs.
Parmi les visiteurs dits occasionnels (qui se rendent au musée 2 à 3 fois par an), 31% ont
un niveau bac ou brevet, 31% un niveau bac +2. 25% ont un niveau bac +3/4 et enfin 13% un
niveau entre bac +5 et bac +8. La plupart de ces visiteurs sont majoritairement des employés.
Sinon ce sont souvent des fonctionnaires ou des retraités.
La dernière catégorie concerne les visiteurs qui vont une fois par an au musée. 50% d’entre
eux sont de niveau brevet bac. 13% ont un niveau bac +5/8, 25% un niveau bac +3/4 et 17% un
bac +2. La catégorie professionnelle la plus représentée est celle des fonctionnaires mais nous
pouvons aussi bien trouver des cadres que des ouvriers.
De manière générale, les visiteurs de niveau bac +2, ancien DEUG, ou BTS sont les moins
nombreux.
Si l’on analyse les demandes des publics pour les visites guidées, 70 % des publics seraient
intéressés aussi bien pour être accompagnés dans les expositions temporaires que permanentes.
19% pour l’exposition permanente uniquement et 11% pour l’exposition temporaire uniquement.
Les demandes de familles pour une visite de l’exposition temporaire sont prépondérantes
(60%). Ce sont surtout des couples à hauteur de 67% qui sont demandeurs de visites guidées
pour les expositions permanentes, des personnes seules à 22% ou accompagnées d’amis à 11%.
Les personnes a priori intéressées par les 2 sont en grande majorité des couples (49%), puis des
personnes seules (30%), des familles (12%), et enfin des groupes d’amis pour 9%.
Il paraît normal que les couples soient en majorité dans les deux derniers cas puisque nous
avons déjà pu remarquer que la plupart des visiteurs se rendaient au Musée en couple.
199
ii. Les documents comparatifs d’enquêtes sur les publics du musées et des musées
Catherine Chevreux cite dans son rapport de 1992, une enquête pour les publics réalisée
entre juillet et décembre 1991. Quatre cents bulletins réponses ont été obtenus. Le questionnaire
comprenait 7 questions. Il visait à mieux cerner le public du musée et son origine géographique
pour mieux adapter son image aux visiteurs237. Il était demandé de le remplir avant la visite, tout
comme le nôtre. Le dépouillement a donné volontairement la priorité à trois grands secteurs.
• L’origine géographique ;
• Le but de la visite.
Comme les autres résultats ne faisaient pas partie des points retenus. Ils ont été tout
simplement occultés dans le rapport.
Cette enquête a révélé une population de toutes nationalités. Les plus représentées étant les
Allemands et les Belges mais pas les Luxembourgeois, ignorant, selon Catherine Chevreux,
l’existence du musée. À cette époque, toujours d’après elle, le musée n’avait pas de guide-
conférencier ni de médiateur attitré. L’office du tourisme se chargeait des visites, ce qui explique
le brassage de nationalités. 36% des visiteurs étaient messins et 36 % déclaraient être déjà
venus. Or, dans notre enquête, 30% des visiteurs déclarent être déjà venus. Ce chiffre a donc
très légèrement baissé. Cette donnée démontrait un potentiel de fidélisation, il est apparemment
toujours d’actualité.
23 % des personnes interrogées connaissaient le musée par le bouche à oreille, 18% par
l’Office du Tourisme. En 2013, les modes de connaissance du musée sont plus variés. À
proportions égales nous pouvons citer les amis, l’Office du Tourisme et internet. Cependant, le
bouche à oreille semble encore fonctionner.
En critique formulée dans un espace de réponse libre, la signalétique urbaine était jugée
insuffisante238. À voir le score obtenu par les affiches publicitaires, il est très possible que ce
problème ne soit pas résolu.
Pour finir sur ces grands points, le principal but avoué de la visite était la découverte et
l’exploration du lieu, avant la recherche de distraction. Une large partie des visiteurs venaient
voir l’exposition permanente plutôt que temporaire. Les personnes ayant répondu à notre
questionnaire sont davantage intéressées par les deux. Cela dit, l’exposition permanente a
toujours la faveur du public en termes de choix.
Il faut tout de même garder à l’esprit que notre enquête diffère de celle-ci pour plusieurs
raisons. Vingt ans se sont écoulés, soit presque une génération. L’Office du Tourisme n’est plus
le seul organisme à proposer des visites puisque les médiateurs en proposent une gratuite le
dimanche à 15 heures et le week-end complet pendant les grandes vacances.
200
a intéressé en priorité était plutôt la composition des visiteurs, leur tranche d’âge et savoir s’ils
se sont déplacés pour l’exposition temporaire ou permanente. Notre but est de déterminer quel
discours produire en fonction d’un profil et de le rendre accessible et attractif, il est totalement
différent du sien. Dans son mémoire C. Chevreux n’a pas donné les réponses des autres
questions. Nous ne pouvons donc pas comparer les données. Puisqu’il n’en reste aucune trace
d’analyse, nous pouvons considérer que notre enquête est une première. Contrairement à son
choix de restriction volontaire, nous n’avons rien occulté.
Afin d’élaborer une comparaison avec les statistiques nationales, nous avons choisi, comme
documents, les données avancées par l’Observatoire permanent des publics239. Ceux-ci ont
agrémenté leurs résultats de nombreux commentaires. Nous avons utilisé comme seconde
source d’informations Muséostat, les chiffres clés 2012 et 2018 des musées240, édités par la
Documentation Française, sous la direction du ministère de la Culture et de la Communication.
Les chiffres clés dépendent des musées qui participent volontairement au recueil de données.
En général, les douze derniers mois sont pris comme référence. Nous n’avions pas le temps
de faire de même pour des raisons de délais de rendu de mémoire.
D’après les chiffres rapportés par l’Observatoire Permanent des Publics, en 2012, 57% des
visiteurs de musées seraient originaires d’autres régions. Cependant la capitale est comptée et
elle drainait à elle seule de nombreux touristes dont une bonne part d’étrangers. Après un pic
en 2016, l’Ile-de-France a connu une forte baisse de la fréquentation de leur part à cause des
répercutions des attentats. Les musées concernés ont perdu 5,5 millions de visiteurs241. En
2012, dans 88% des cas, la visite ne se fait pas en individuel. Nous avons calculé un chiffre de
76% pour le musée de La Cour d’Or. Les personnes venues seules sont souvent dites assidues. Il
semble que ce soit bien la réalité dans notre musée puisque 71% des personnes seules se rendent
au Musée plus de trois fois par an. Dans 32% des cas, les visiteurs sont composés de familles
avec enfants. Nous n’en avons que 20%, mais il faut prendre en compte que nous n’avons pas
pu inclure les vacances d’été.
Au niveau national, il existe des restrictions notables de fréquentation selon les revenus,
le niveau scolaire et l’origine géographique. En 2012, 78% des visiteurs français ont de hauts
revenus. 54% ont au minimum une licence. Or, notre questionnaire atteint un chiffre de 60% de
visiteurs de ce niveau et de niveau supérieur. Cela signifie que nous sommes dans la moyenne.
Selon un commentaire réalisé par l’Observatoire, les conservateurs ont tendance à tirer vers le
haut la complexité de leurs expositions pour satisfaire ce public de niveau culturel élevé. Or,
75% de la population interrogée sont satisfaits et déclarent que le contenu répond très bien à
leurs attentes. Le visiteur « idéal » est souvent âgé de 60 à 69 ans. De ce fait, les conservateurs
rechignent à simplifier ou réviser les explications. La solution idéale consiste alors à trouver
des solutions de médiation envers les autres publics afin de leur permettre de comprendre les
239 Observatoire Permanent des Publics, Le nouveau tourisme culturel, http://www.nouveautourismeculturel.
com, http://www.nouveautourismeculturel.com/blog/2012/07/25/la-visite-touristique-des-musees-des-exposi-
tions-et-des-monuments-et-des-villes-et-pays-d%E2%80%99art-et-d%E2%80%99histoire/, 1/05/2013, consulté
le 01/05/ 2013.
240 Ministère de la Culture et de la Communication, Chiffres clés 2012, statistiques de la culture, Paris, 45
p.
241 Ministère de la culture, Chiffres clés. Statistiques de la culture et de la Communication 2018, Paris, Minis-
tère de la culture, 2018, p. 144.
201
expositions. À ce propos, la mission « musée du XXIe siècle » menée au cours de l’année
2016 à rendu ses conclusions en 2017 pour entreprendre une nouvelle politique muséale. Le
deuxième axe proposé est justement de toucher les visiteurs dans leur diversité. Les musées
sont encouragés à s’inscrire dans une démarche de labellisation égalité et diversité de l’Afnor242.
Enfin, les étrangers sont une manne potentielle à condition de leur proposer une visite dans
leur langue. Sur ce point, le service des publics à mis en place en 2017 des visites découvertes
en langue allemande pour groupes adultes et scolaires. La langue anglaise, quoique présente,
est moins demandée du fait de la proximité de la ville de Metz avec la frontière allemande et
luxembourgeoise. Il est vrai que les frontaliers, dont allemands ont une bonne compréhension
de la langue anglaise. Dans les faits, la demande pour des visites germanophones reste le triple.
Toujours d’après l’Observatoire permanent des publics, la région Lorraine a connu une
augmentation de 5 à 10 % de visiteurs entre 2005 et 2009. Il est certain que le nombre de
visiteurs à Metz a encore augmenté après l’ouverture du Centre Pompidou-Metz le 11 mai 2010.
Ils atteignaient déjà 615 830 fin 2010 pour cette structure, chiffre officiel du ministère de la
Culture. Généralement, les musées des Beaux-Arts ont la faveur des publics. Or, La Cour d’Or
possède justement une partie Beaux-Arts. En termes de préférence, l’histoire vient en quatrième
position. Cet ordre est contredit par Muséostat qui place l’histoire en seconde position. En 2018,
les musées d’arts concentrent les 2/3 de la fréquentation, suivis par les musées d’histoire (18%).
Les statistiques nationales fournies par Muséostat en 2012 sont moins pertinentes et moins
précises dans la mesure où divers types d’établissements sont mis en parallèle. Il s’agit avant tout
d’une comparaison entre les différentes catégories : musées, parcs et expositions temporaires.
Les chiffres clés du Futuroscope par exemple ne nous sont pas d’une grande utilité. L’origine
de cette confusion provient du terme de « musée ». Il regroupe en effet l’ensemble de tous les
établissements correspondant à la définition de possession d’une collection permanente. Nous
apprenons par exemple que durant les douze derniers mois 30% d’hommes ont visité un musée
contre 29% de femmes. Les personnes entre 15 et 19 ans sont les plus nombreuses (37%),
suivies des 20-24 ans (34%) et 35-44 ans (34%). Le premier chiffre ne correspond pas puisque
la catégorie 12-25 ans ne totalise que 3% des visiteurs. Cependant, les scolaires n’ont pas été
comptabilisés.
En 2012, 72% de la population de niveau bac+4 et plus prétendent visiter au moins un
musée par an. 47% sont titulaires d’un bac +2/3. Nous avons calculé que 60% de nos visiteurs
correspondaient à ce niveau d’étude. Donc, toute proportion gardée, cela concorde assez
bien. Les chiffres de la culture 2018 confirment que les personnes d’un milieu social favorisé
continuent à être culturellement plus engagées et mieux dotées243. La scolarisation a également
bénéficié aux femmes.
Enfin, 65% du public français habitent Paris intra-muros. 40% le reste de l’agglomération
parisienne et 34% habitent des communes de plus de 100 000 habitants. Metz fait partie de cette
dernière catégorie.
En conclusion, les résultats obtenus par l’enquête en 2013 et sa mise à jour en 2018
n’apportent pas de surprises. Ils se conforment à une tendance nationale et reflètent assez bien
les hypothèses et observations des membres du musée. Cependant, il était important de pouvoir
s’appuyer sur une véritable enquête pour confirmer les chiffres. Grâce aux comparaisons et
différentes remarques émises par les organismes de statistiques, nous savons que les expositions
202
telles qu’elles sont conçues conviennent déjà à une grande majorité des publics, en particulier
les personnes de plus de 35 ans, voire les retraités, avec un certain bagage culturel. Dans ce
cas, le plus que nous pourrions apporter sera dans les animations et activités annexes ainsi que
dans les suppléments papiers ou immatériels. Il s’agira de toucher par ces moyens les autres
catégories de publics tels que les adolescents, les enfants venus en famille, les personnes en
difficulté d’insertion ou les non cadres, tout simplement. Il nous restera à essayer d’imaginer
des dispositifs pour répondre au mieux à leurs attentes.
Comme le spécifie André Gob244, les musées actuels ont une mission sociale. Ils doivent
accroître leur public, c’est-à-dire amener le plus grand nombre à fréquenter les lieux. Le fidéliser
et le diversifier. Afin de répondre à cette directive, chaque musée développe une politique
culturelle envers les publics.
A postériori, nous pourrions ajouter, par comparaison, grâce à une étude émanant du
CREDOC245 (2012), que les étudiants, pourtant présents dans les musées de Beaux-Arts et
d’histoire à hauteur de 31 et 15% respectivement, durant les douze derniers mois, n’atteignent
que 5% de la population des visiteurs au musée de La Cour d’Or.
Les retraités sont de loin les visiteurs les plus nombreux (22%). Ce sont souvent d’anciens
cadres ou enseignants de la fonction publique. Ils constituent l’essentiel du public du parcours
permanent. Cette tranche âgée de la population cache une réalité large puisqu’elle regroupe
des personnes de plus de 65 ans, depuis la réforme, à la santé variable. Toujours est-il que
ce public connaît une baisse de la vue et une fatigabilité accrue selon leur état de santé. Ce
sont deux facteurs à considérer. Les cadres et employés à égale proportions (13%) sont dits «
cultivés » et vont au musée de manière « légitime246 » puisque leurs connaissances leur offre un
accès à ce type d’établissements247. Selon nos statistiques, une forte demande d’informations et
explications est mise en relief. Or, les personnes se rendent à deux au musée, dans la majorité
des cas. Cela signifie que les musées doivent proposer une solution qui favorise le partage,
l’échange, la communication. Pourraient-être considérés en tant que public secondaire les
enseignants hors séance programmée. Leur but serait le cas échéant un repérage des activités
de sorties futures avec la classe. De même, les familles se déplacent souvent au musée pour des
évènements ludiques et festifs à partager comme les activités de l’Avent (2016), les contes, les
expositions de classes ou les visites-ateliers des Journées du Patrimoine. Une fois encore, la
communication entre les individus du groupe prime.
iii. Une enquête des publics du musée messin sous forme d’entretiens individuels
244 A. Gob, La muséologie, histoire, développements, enjeux actuels, Paris, Armand Colin, 2010, p. 102.
245 R. Bigot, E. Dauday, J. Müller, La visite des expositions et des monuments, CREDOC, 2012, p. 11.
246 Les études sociologiques méthodiques menées par P. Bourdieu ont été pionnières pour démontrer l’aisance
des publics qui possédent les prérequis en matière de culture dans les musées grâce à leur milieu social et culturel
d’origine et à un processus de transmission inconscient. Quoiqu’anciennes ces recherches sont toujours citées,
notamment par S. Chaumier et F. Mairesse dans La médiation culturelle, Ouv. Cit., p. 92. Ph. Coulangeon, plus
récemment, insistait sur la minimisation du problème des ressources économiques dans la limitation des choix des
loisirs. Ph. Coulangeon, Les métamorphoses de la disctinction, (E-book Kindle), Paris, 2011, emplacement 269.
247 Dans la pratique, la venue au musée est partagée avec un ensemble d’autres activités. Le terme d’omnivore
ou d’univore est souvent employé pour qualifier les nouvelles habitudes de loisirs des publics de cadres et de pro-
fessions intermédiaires. R. Peterson est à l’origine de ce concept, repris par L. Fleury dans son étude sociologique
203
Une seconde étude, cette fois de type qualitative, a été conduite par M. Champmartin248,
étudiante en master II à l’École du Louvre, sur deux ans. La première année, il s’agissait de
questionnaires, puis d’entretiens individuels afin de savoir dans quelle mesure les visiteurs
comprenaient la muséographie en place et les intentions des conservateurs, dans les salles de
début de parcours et d’en retirer une critique en vue de proposer quelques pistes249.
La seconde année est centrée sur l’expographie. Une méthode d’enquête particulière est
utilisée pour savoir ce que pense le visiteur qui découvre le musée et quelles sont ses réflexions
personnelles. Les pensées sont dites à voix haute en temps réel, selon la méthode du thinking
aloud250. Une seconde visite était proposée par la suite avec des explications données par M.
Champmartin afin de constater la différence obtenue en termes de compréhension du parcours.
Les propositions étant sommaires, nous y avons ajouté des commentaires personnels.
L’enquête de 2013, de portée générale, ne traite pas d’un thème particulier comme la
collection de lapidaire funéraire. Toutes les informations récoltées n’ont pas été utiles pour cette
étude et ont été triées. En ce qui concerne cette enquête, les informations ont été récoltées en
week-end et uniquement sur un public adulte. Ils ont parfois répondu en couple. La population
d’échantillonnage visée, difficile à démarcher, a limité le résultat des questionnaires. M.
Champmartin a obtenu la participation de 33 visiteurs pour 23 entretiens. Les personnes ayant
répondu ont un profil semblable au nôtre, c’est-à-dire en majorité des femmes de plus de 55 ans,
ayant suivi des études supérieures.
Selon les résultats de l’enquête, les thermes sont le point fort dès l’entrée du musée car ils
exercent une attraction non négligeable. Le dessin animé, adapté à tous les publics, constituait
alors le seul dispositif multimédia existant.
Le mur d’un rouge « pompéien » en référence à la ville et à son modèle exporté en province,
(quoique trop clair comparé à la réalité), couleur de la salle des travaux et des jours, est
incompris. De plus, le visiteur le ressent comme un choix muséographique élitiste de la part
du conservateur une fois la démarche expliquée. Le rouge contrasté à la blancheur des stèles
ne permet en aucun cas de savoir qu’elles étaient rehaussées de couleurs. Il nous faudra donc
penser à expliciter le « pourquoi » des couleurs choisies lors de la refonte du parcours, afin
d’éviter cet écueil. Ce rouge, à l’origine, est le résultat de la réflexion d’une conservatrice loin
de chercher à mettre en défaut le visiteur et son idée est parfaitement cohérente. Ce cas de figure
nous montre, en cas d’école typique, que la réception d’un procédé muséographique pour le
public n’est pas toujours celle attendue.
L’urne cinéraire en onyx n’est pas toujours éclairée et sa disposition, seule dans une vitrine,
entourée d’autres objets ne permet pas de savoir s’il s’agit d’un objet unique ou d’une série.
La salle des arts du feu apparaît davantage comme « classique » en raison des dispositifs de
des pratiques culturelles. L. Fleury, Sociologie de la culture et des pratiques culturelles, (E-book Kindle), Paris,
Armand Colin, 2016, emplacement 912.
248 M. Champmartin, L’impact de la muséographie sur le public, mémoire de Master I à l’École du Louvre,
127 p.
249 Être en mesure d’évaluer le niveau de connaissances et de compréhension des publics envers l’exposition,
grâce à des moyens de vérification élaborés et non des suppositions, permet de construire un parcours plus adapté.
Cette démarche rejoint les remarques formulées par J.-M. Tobelem dans son ouvrage La gestion des institutions
culturelles, Ouv. Cit., p. 188.
250 Méthode mise en place par C. Dufresne-Tassé.
204
médiations : panneaux, reconstitution de maquette de four de potier. Cela dit, la poterie suscite
peu d’intérêt. Il est primordial de réfléchir à une façon de gagner la curiosité des visiteurs à ce
propos.
Pour 42,7% des visiteurs la couleur des murs n’est pas signifiante. La logique du parcours
suivi ne met pas en évidence la chronologie mais elle ne perturbe pas le visiteur qui suit
simplement les numéros et plan et s’y retrouve ainsi. Le principal problème relevé provient
de l’éclairage, qui met peu en valeur les collections. Si 60,3% des visiteurs considèrent la
place du texte pertinente, ils sont écrits trop petits et sont en réalité occultés faute de parvenir
à les déchiffrer. Pour 14,1% des visiteurs, le manque d’informations et de contextualisation
(1,8%) est latent. Il manque des repères historiques et géographiques au long du parcours.
Pour certains, le conservateur a créé ses textes en présupposant des connaissances qui ne sont
pas si évidentes. Par conséquent, les explications, ne sont pas à la portée de tout le monde.
Cela dit, l’avis contraire est aussi formulé. Cela révèle, selon nous, un manque d’adaptation
des explications sur plusieurs niveaux. M. Champmartin stipule que les objets devraient être
expliqués davantage avec leur date, provenance, matériaux et fonction. Elle propose également
de hiérarchiser et d’organiser l’information, ce qui rejoint notre remarque précédente. Par
ailleurs, les visites guidées par des médiateurs ne sont pas accessibles à tout moment, ce qui
limite les possibilités de décodage des expôts dans les salles. Malheureusement, les moyens
financiers actuels ne permettent pas d’employer à temps plein des médiateurs qualifiés.
L’enquête a été réalisée le week-end sur un public adulte. Les institutions contactées n’ayant
pas répondu, seuls quelques volontaires ont pu servir d’échantillon. Limités à la portion
congrue, ils ne sont que 10 au final à avoir suivi l’ensemble des étapes. L’ensemble de leurs
paroles enregistré est ensuite retranscrit et analysé. M. Champmartin s’est focalisée sur les
regroupements d’idées. Durant la seconde visite,
en supplément des explications, le thème de
recherche est décliné et une discussion s’opère
autour de celui-ci.
205
matériel d’écriture sont qualifiés sous le terme de « ça ». Cela démontre l’incompréhension du
visiteur devant un objet inconnu non défini par un cartel.
Les incohérences ressortent à propos de la stèle monumentale d’un petit cheval qui tire une
charrette alors que la salle ne traite jamais vraiment de transport. Or, nous avons pu constater
grâce aux études menées à partir du corpus que ce thème est un maillon important pour
comprendre l’histoire de la ville antique.
L’identification des besoins est primordiale avant de passer à l’étape suivante de la conception.
Une citation de P. Locker corrobore d’ailleurs cette démarche : « Les expositions sont destinées
aux publics, c’est pourquoi le concepteur d’exposition doit avoir une bonne compréhension des
besoins physiques, affectifs et intellectuels d’un éventail de publics très variés. » Elle stipule
aussi que le concepteur doit saisir comment apprend le public afin de mieux répondre à leurs
attentes251. L’éventail de besoins exprimés sera plus étoffé de ce fait.
Il a été démontré par l’enquête de M. Champmartin que le visiteur est capable d’effectuer
des regroupements à partir du moment où les expôts lui sont connus. La thématique est ainsi
déduite. Par contre, dès lors qu’il a affaire à des objets non identifiés, sans explications proches
de lui, le pronom « ça » est employé pour les désigner. L’identification devient problématique.
Pour répondre au besoin d’identification, il faudra donc faire connaître l’objet au visiteur afin
qu’il comprenne son usage et puisse lui donner un nom en terme précis, facile à retenir.
Parfois, le visiteur ressent le besoin de compléter ses connaissances. Cela se produit lorsqu’un
groupement d’objets est reconnu, mais que la personne n’apprend rien de plus qu’elle ne savait
déjà.
Deux types de difficultés ont émergé. Premièrement, les objets isolés produisent des faux-
sens. Deuxièmement, les regroupements de plusieurs thèmes dans une même vitrine sont des
sources d’efforts inutilement imposés au visiteur. En effet, celui-ci doit se concentrer plusieurs
minutes pour tenter de relier les thèmes entre eux. La fatigue et des temps morts s’installent.
Il est d’ailleurs quasiment impossible que le visiteur comprenne l’ensemble du contenu sans
l’aide d’un tiers. C’est notamment le cas pour la vitrine du tissage, qui comprend entre autres
des pièces de monnaies, des amphores, un tonneau, des divinités, des plaques de marbre, le tout
réuni sans explications. D’autant plus que le visiteur a tendance à vouloir absolument regrouper
les éléments proches et à leur chercher un lien commun. Des pilastres de bois (Ill. 2.10) dans
la salle des thermes sont accrochés par-dessus un bloc de pierre percé de trous. Logiquement le
visiteur pense que le pilier s’emboîte. Or, il n’en est rien, ce sont deux éléments distincts, issus
de deux sites différents.
Parmi les demandes formulées, un regroupement par reconstitution a été soulevé. Mettre
ensemble les objets de même nature est problématique. Par exemple, la vitrine dédiée aux
hipposandales et aux accessoires de chevaux était, à cette époque, présentée dans les thermes,
251 P. Locker, Conception d’exposition, Singapour, Pyramid, 2011, p. 33.
206
où elle n’avait pas sa place. Lorsque le visiteur changeait de salle et abordait enfin la thématique
du transport, la vitrine était trop éloignée pour qu’il s’en souvienne. En réponse à ce problème,
nous avons déplacé cette vitrine à proximité des cartes de Metz antique en juillet 2018.
Pour ce qui nous concerne, le thème de la mort est difficilement appréhendé. Les stèles posent
problème. Elles sont sources d’interrogations et d’incompréhension totale. Celles exposées
dans la salle de la Maison pour les morts sont nombreuses. Or, de manière assez anecdotique,
le socle des stèles de la Maison pour les morts est identifié comme un « haricot » recouvert
par une myriade de stèles sans grand intérêt. Le visiteur ne fait aucune différence entre les
types de monuments exposés. Il n’a pas la moindre idée de leur provenance. Le principe de
nécropoles des deux côtés de la route lui est encore moins compréhensible, à raison, puisqu’il
s’agit de tourner autour d’un seul bloc occupant les ¾ de la pièce. A cette étape du parcours, il
est d’ailleurs fatigué. Le visiteur n’est pas enclin à vouloir observer des stèles toutes identiques
à ses yeux. Son intérêt s’est éteint d’autant plus qu’il en avait déjà rencontré d’autres exemples
dans la salle des Travaux et des Jours. Or, leur présence dans cette salle reste énigmatique
puisque cette partie est censée traiter des habitudes journalières. Face à ces difficultés, plusieurs
types de besoins sont identifiés. Le premier à traiter, selon nous, est la monotonie. Le second
reste le manque d’explications générales et de sens. Le troisième, la fatigue.
Il semble que la vitrine, en tant que dispositif, a pour effet d’attirer le visiteur. Ce réflexe
est sans doute dû à un conditionnement culturel appris par la fréquentation des musées. D’où,
l’impression de mise en valeur d’artefacts importants. Cela dit, l’urne en onyx, seule et disposée
sur un socle dans une vitrine n’est perçue que comme un objet « particulier » alors qu’elle
est exceptionnelle. Nous pouvons en conclure que le socle et la vitrine ne suffisent pas à la
singulariser. Le cartel, sombre, ne la démarque pas malgré les explications fournies. Le visiteur
a besoin de pouvoir identifier la rareté rapidement.
Lorsque le visiteur est en quête de cartels explicatifs, parfois mal placés ou inexistants, cette
recherche infructueuse l’exaspère et le frustre. Le besoin informationnel n’est pas satisfait.
Dans le musée, les panneaux explicatifs, peu nombreux, sont anciens. De plus, leur présentation
obsolète ne contribue pas à être lue par le public actuel. Une réactualisation des données
explicatives semble de mise. Certains visiteurs ont formulé la demande d’un glossaire.
Le titre des salles doit être changé dès lors qu’il n’aide pas à donner du sens. Ceci est
précisément le cas de la salle des « Travaux et des Jours » où trouver le lien n’est pas évident.
Une « fracture » semble s’être installée entre les conservateurs ou concepteurs d’expositions
permanentes et les publics. Les visiteurs se sentent parfois méprisés par eux. Ce manque
de considération est probablement un a priori, renforcé par le manque de compréhension et
d’échanges entre les acteurs et le contenu. Par exemple, la salle des Travaux et des Jours a
des murs de couleur rouge pour évoquer les fresques de Pompéi. Le conservateur est persuadé
que le visiteur va immédiatement faire le lien entre sa muséographie et la ville, grâce aux
connaissances culturelles acquises. Or, il n’en est rien. Pire encore, dès lors que l’explication est
donnée, le visiteur se sent vexé et mal à l’aise. Le public a donc besoin que le conservateur se
mette à sa place, sans idée préconçue sur ses connaissances. Cette constatation est d’autant plus
vraie pour les enfants. Ils ne sont pas ciblés par la médiation indirecte et ne sont touchés que par
les animations mises en place par le service des publics. Or, ces animations sont ponctuelles car
207
les médiateurs sont vacataires.
La prise en compte des publics comprend les publics étrangers. En effet, Metz se situe à
proximité de trois frontières et de pays proches. Des Allemands, Belges, Luxembourgeois et
Hollandais viennent fréquemment le visiter mais les explications sont quasiment exclusivement
en français. Il faut tout de même soulever un récent progrès puisqu’une campagne de refonte des
textes de cartel pour l’instant en trois langues a été lancée en 2018 (français, anglais, allemand).
La lumière est souvent citée parmi les points faibles à travailler car elle gêne la visibilité et
la lisibilité. Malgré les récents changements, elle n’est pas optimale.
Nous ajouterons quelques réflexions qui ont été formulées par des étudiants, un public
paradoxalement peu présent dans cet établissement. Le musée semble les rebuter à cause
du manque de nouvelles technologies et de multimédia, de manière générale. Habitués aux
tablettes numériques, ce médium leur fait défaut. Le musée leur paraît poussiéreux, sombre et
trop classique. Ces enquêtes, malgré tout, se limitent au public qui s’est volontairement rendu
au musée. Elles ont été réalisées dans le cadre d’études universitaires sérieuses, mais non par
des sociologues ou des psycho-sociologues professionels. Ils sont les plus qualifiés pour animer
des tables-ronde ou « focus groups » qui auraient pu compléter les données.
Le public scolaire ne répond pas aux mêmes motivations puisque l’enseignant est le
prescripteur de sa visite pour la classe. Il doit être étudié à part.
Introduction
Actuellement, pour la plupart des institutions muséales, le public scolaire est un enjeu252
majeur. Il constitue une part prépondérante des visiteurs à l’année. Au musée de La Cour d’Or,
des enseignants sont détachés par l’Éducation nationale. Leur avis constitue le paramètre
obligatoire quant au déploiement d’une action ou non. À savoir qu’eux seuls ont le droit de
créer des visites scolaires, conduites par des médiateurs formés et suivis par leurs soins. La
marge de manœuvre concernant ce public semble d’emblée restreinte.
Certaines classes reviennent régulièrement, parfois même plusieurs fois par an. Par exemple,
si une partie du musée correspond au programme scolaire ou, surtout, à un projet de classe,
donnant lieu à une autorisation de sortie. Ils peuvent suivre une visite thématique choisie sur le
programme annuel. Tout dépend de leur intérêt pour le sujet. La proximité est aussi un facteur
de fréquentation important à Metz. Nous allons donc procéder en plusieurs étapes. Tout d’abord,
la première question est de savoir quelle part occupe le public scolaire. Ensuite, nous verrons si
un sujet autour des monuments funéraires gallo-romains pourrait éventuellement correspondre
aux publics scolaires et dans quelle mesure. Pourquoi ? Que leur est-il déjà proposé ? Un
parcours spécifique peut-il être mis en place autour de la mort ? La réponse sera en grande partie
déterminée par l’état du développement cognitif de l’enfant selon son âge et le programme,
selon un document édité par l’Éducation nationale.
208
Si l’on se réfère aux statistiques annuelles, il est possible d’accéder à plusieurs informations
pour affiner les connaissances des publics scolaires. Les tableaux présentés en annexe
représentent les données de fréquentation de La Cour d’Or, ces documents originaux ne seront
pas publiables253 et ne figureront pas dans les annexes publiques. Ils concernent les années
2009, 2010 et 2011. 2013, 2014 et 2015 (Annexes 23 et 24). Ces chiffres ont pu être ajoutés afin
de montrer l’évolution récente, puisque le service a été totalement remanié depuis cette date.
Ces six années sont elles-mêmes comparées aux statistiques des années 1990, vécues comme
un « âge d’or », autant du point de vue budgétaire que d’effectif du personnel.
Une reprise de l’ensemble des archives nous a conduits à nuancer ces chiffres en comprenant
certaines subtilités durant l’été 2017. Dans la réalité, les chiffres étaient gonflés artificiellement
en incluant les établissements qui bénéficiaient des expositions itinérantes dans leurs locaux.
L’ensemble des élèves était compté. L’effectif des classes venues au musée ne dépassait jamais
les 16 000 enfants par an.
Afin de cibler plus précisément l’âge des enfants, nous avons comparé la part des écoles
maternelles, primaires, collèges-lycées. En 2009-2010, les élèves du primaire représentent
environ le double des élèves du secondaire. Les enfants des maternelles sont les moins nombreux.
En 2010-2011, les élèves de primaires sont toujours les plus nombreux mais les chiffres tendent
253 Musée de la Cour d’Or, Fréquentation 2012, au 7 décembre 2012.
254 C. Chevreux, La prise en compte du public au Musée d’Art et d’Histoire de Metz « La Cour d’Or », sous la
direction de Mme O’Neill à l’École du Louvre, 1992, p. 55.
209
à se rapprocher. En fait, c’est le nombre d’élèves du primaire qui a chuté littéralement pour
avoisiner le nombre des élèves du second degré. Les enfants des maternelles ont diminué de
moitié. Après 2013, la barre est redressée et les élèves du premier degré remontent à 63% des
élèves totaux en 2013, 61,6% en 2014 et 63,9% en 2015.
Cette tendance selon laquelle les élèves viendraient majoritairement de l’école primaire est
vraisemblable car, pour des raisons pratiques, le service éducatif, lors de sa création, avait mis
l’accent sur cette tranche d’âge. Ils constituaient déjà le double des autres catégories255.
ii. Un sujet autour de la mort chez les Gallo-Romains est-il pertinent pour ce public ?
Après une enquête sous forme de dialogue auprès du personnel enseignant, nous avons
trouvé qu’il existait déjà des visites pour écoles primaires de troisième cycle reprenant des
éléments sur la mort ou autour de la mort mais non comme thème spécifique. C’est notamment
le cas pour « Des dieux païens au christianisme », « lire et écrire ». Les stèles et tombes de
l’exposition permanente sont largement employées. La découverte du monde est enseignée à
partir du Cycle II, suivant les préceptes du Bulletin Officiel 2015. Le CE2 constitue l’idéal pour
la période gallo-romaine mais le programme ne la traite plus telle quelle.
Les enfants plus jeunes n’ayant pas une vision du temps sur de grandes périodes
chronologiques, il reste plus complexe de l’aborder.
Selon les recommandations du programme officiel, il est conseillé d’utiliser en histoire des
monuments gallo-romains, des photographies d’objets issus de fouilles, voire les véritables
objets d’époque. Les élèves peuvent étudier une carte, un texte décrivant des habits ou des
habitudes. Dans les objectifs ou connaissances à acquérir, outre l’année -52 et le nom de Jules
César, il est demandé de comprendre la romanisation des patronymes, l’imitation du mode de
vie des Romains ou encore l’assimilation des dieux gaulois aux croyances romaines. Or, la
romanisation des patronymes nous paraît sous-exploitée, et peu expliquée. Tous ces thèmes
pourraient parfaitement s’intégrer au sein de l’exposition permanente. Il faudrait ajouter dans
notre cas que les Gaulois de Divodurum gardent quelques spécificités locales, en particulier les
populations modestes. La direction insiste aussi sur l’importance de démontrer que la Cité est
imparfaitement romanisée.
En conclusion, tenant compte de tous ces éléments, les élèves des écoles ne sont pas
forcément un public idéal pour la création d’un parcours. L’Éducation nationale est responsable
et garante du contenu des séances. Cela dit, le programme fait ressortir l’idée de développer des
explications ou même un parcours enfant visant plus particulièrement des élèves âgés d’environ
8 ans. Les manuels pratiques d’aide à la réalisation d’expositions certifient que des panneaux
explicatifs de 300 signes peuvent être compris par les enfants s’ils sont rédigés de manière assez
simple256.
Si un parcours enfant était envisagé, il devrait néanmoins se limiter a des panneaux explicatifs
adaptés, insérés à des endroits stratégiques. La configuration du musée et l’étroitesse des salles
ne permettent pas de dégager un grand espace suffisant pour créer une véritable aire de jeu, à
255 C. Chevreux, La prise en compte du public au Musée d’Art et d’Histoire de Metz «La Cour d’Or », Ouv.
Cit., p. 55.
256 C. Merleau-Ponty, Une expo de A à Z, Paris, OCIM, 1994, p. 19.
210
l’écart des visiteurs. Des cartes postales disséminées dans le parcours et des dépliants en trois
volets comprenant des coloriages, des légendes ou des jeux sont déjà mis à disposition pour ce
public, mais ils ne concernent pas de thématique précise.
C. Les publics actuels et potentiels d’après une étude du service des publics
Afin de compléter les éléments étudiés, qui concernent avant tout des visiteurs qui se sont
rendus au musée, des cartes conceptuelles créées par le service des publics, mettent en lumière
qui sont les publics captif a fidéliser et ceux qui sont encore classés parmi les publics potentiels.
Les dernier demeurent les plus éloignés du musée de La Cour d’Or et des musées en général.
Une remarque doit cepandant être formulée avant analyse : ces cartes sont orientées en partant
du point de vue de la médiation.
211
Les publics actuels, pour commencer se divisent entre scolaires et non scolaires. Les publics
scolaires reviennent régulièrement. Le musée est parfois à la limite de la saturation en termes
de capacité d’acceuil. Cela dit, des disparités d’âge et d’offre existent. L’offre est à développer
pour les tout petit dont les crèches et petite section de maternelle, les BTS. Les universitaires
sont en marge car ce sont des demandes plus spécifiques concernant souvent une présentation
des métiers des musées, en supplément d’une visite générale. Les enfants hors temps scolaires
cachent aussi des différences majeures d’assiduité. Les animations de vacances sont souvent à
jauge pleine. Les même enfants reviennent d’une année à l’autre bien que de nouveaux s’ajoutent
parfois. Elles sont plébiscités et plaisent pour leur climat de détente et d’apprentisage, avec une
activité manuelle. Les visites familiales connaissent un succès similaire. Le périscolaire reste le
maillon faible. Le potentiel de développement est élevé, mais la communication vers les centres
de loisirs est à réfléchir. Il faut être capable de les toucher au bon moment, sachants que leurs
périodes d’activités sont poncutelles et des thèmes sont prédéfinis.
Les publics potentiels sont divers. Ce sont les enfants en bas âge et les adolescents, hors
temps scolaire, les publics empéchés, ceux en situation de handicap, les étrangers ou ruraux.
L’offre pour la petite enfance est en cours de construction et des tests doivent être mis en oeuvre.
Le public adolescent s’éloigne typiquement des musées durant quelques années. Peut-être
peut-on évoquer des changements de mentalité et des phénomènes d’immitation des pairs ? Ils
reviennent souvent arrivés à l’âge adulte, accompagnés de leurs enfants, selon un constat réalisé
sur du long terme par le personnel. Afin de les toucher, le meilleur moyen serait sans doute de
créer des activités qu’ils jugent à la mode et désirable comme des prodictions musicales ou des
mangas. Toutefois, ces thèmes ne sont pas forcément en adéquation avec la volonté du musée
de rester dans du qualitatif réfléchi plutôt que de vouloir plaire.
Les publics du champs social, du milieu pénitenciaire, des hôpitaux et les primo arrivants ont
un point commun. Leur découverte des musées va avant tout être possible grâce à l’intervention
d’associations et de tiers spécialisés, parfois incarnés par le personnel de la structure. Ils ont
des besoins très spécifiques. L’autorisation de sortie et le trajet ne dépendent pas forcémement
d’eux. Des conventions sons utiles. Les visites allégées et adaptées sont construites avec l’aide
des encadrants et la direction des établissements. Ces publics souffrent en général d’un à priori
négatif des musées que seul un projet ou des visites répétées peuvent vaincre. Quand bien
même le musée est gratuit et le bâtiment connu, ces publics qui peuvent aprécier le musée ne
reviennent pas toujours par la suite. Cette remarque rapportée par les encadrants montre que leur
rôle est essentiel dans la prescription de visites. L’humain est primordial. La refonte du parcours
n’est pas pour ces publics là un changement primordial. Ils ont besoin d’avoir une personne
pour les guider mais surtout tenir un rôle de médiatuer dans l’acception d’une personne qui va
leur permettre de s’exprimer sur les oeuvres et de les rapprocher de leur vie quotidienne. Un
dialogue avec l’ensemble du groupe et le partage d’un moment sont essentiels à la réussite de
ces découvertes culturelles.
Les ruraux connaissent des entraves dûes au transport que le musée ne peut prendre en
charge. La question de la motivation au déplacement se pose aussi.
Enfin, le public étranger a besoin d’explications en langues étrangères.
Conclusion du chapitre
Ce chapitre de diagnostic a démontré plusieurs points à considérer pour la mise en place d’un
parcours comprenant les stèles et monuments funéraires. Il a mis en lumière le fait que le musée,
relativement ancien, a une longue histoire, déjà passionnante pour elle-même. Les collections
sont le fruit de plus d’une centaine d’années d’acquisitions. Pour ces raisons, leur mise en valeur
n’est pas simple. Le parcours actuellement proposé est vieillissant et les moyens restent limités
212
aussi bien en termes de personnel que de temps ou financiers. Cette obsolescence est pointée du
doigt par les différentes enquêtes réalisées pour étudier les comportements des visiteurs ainsi
que leur composition. Les publics du musée sont majoritairement âgés et cultivés, excepté la
part des scolaires. Cela dit, proposer un parcours en se basant sur cette cible serait inadapté car
l’Éducation nationale garde une mainmise sur ce public. Rien n’empêche toutefois de revoir les
explications de façon plus simple, pris dans l’acception de « plus accessible ». L’étape suivante
est une étape de conception qui permettra de trouver une solution aux problèmes posés par
un changement significatif, voire une transformation dans le parcours. Outre l’intégration du
public, cette conception s’appuie sur les recherches et les thématiques issues du tome I et des
notices du tome III.
213
II. Les étapes d’une conception de projet et sa mise en forme
Concevoir un projet muséographique ciblé demande une bonne connaissance du site sur lequel
est implanté la structure, du sujet (il s’appuie sur les recherches consignées dans le tome I) et des
conditions dont l’on dépend avec leurs qualités et leurs défauts. Afin de le construire, le besoin
de créer une méthodologie propre s’est rapidement fait ressentir. Il s’agit d’une méthodologie
qui intègre et croise plusieurs éléments a priori disparates mais complémentaires en réalité.
D’abord, l’étude des publics du musée d’après les enquêtes qualitatives et quantitatives issues
du diagnostic (Chapitre 2, tome II) ainsi que le comportement et le ressenti des personnes.
Ensuite, les choix opérés dans les musées similaires, qui présentent une collection lapidaire
gallo-romaine, et les meilleures pratiques employées pour répondre aux attentes des visiteurs
et valoriser les œuvres sont explorés. Ces musées permettent par ailleurs de découvrir des
solutions originales ainsi que des solutions potentielles pour répondre à nos propres problèmes.
Pour finir, nous avons étudié les préconisations de chercheurs en muséographie illustrées par
des études de cas afin de déterminer si leurs propositions de conception pouvaient s’appliquer,
en partie ou totalement, au musée de La Cour d’Or et comment. Cette étude combinatoire
aboutit à une conception thématique disposée d’après un schéma programmatique. La question
des médiations à employer, directes et indirectes257, est traitée par un ensemble de propositions,
les plus exhaustives possibles, pour opérer une sélection ultérieure plus facilement et avec un
large spectre de choix. L’ensemble de cette réflexion a pour but de créer les outils de la future
muséographie.
Puisque lesdits besoins ont été identifiés et classés dans le chapitre précédent, il s’agira de
prévoir les actions à mettre en œuvre et de trouver des solutions pour résoudre les problèmes
techniques que cela entraîne. Dans l’idéal, le concepteur, le personnel et les visiteurs sont associés
à la construction du parcours pour affiner les propositions et apporter des corrections selon un
mode opératoire itératif. L’idée de co-construction fait d’ailleurs partie des préconisations citées
dans le rapport des musées du XXIe siècle, remis à A. Azoulay, alors ministre de la Culture, le
2 mars 2017259.
257 S. Chaumier et F. Mairesse emploient les termes de médiation sans intermédaire pour qualifier les ensembles
de dispositifs d’aide à la compréhension d’une œuvre tels que les cartels, panneaux, manipulations ou vidéos. S.
Chaumier et F. Mairesse, La médiation culturelle, Malakoff, Armand Colin, 2017, p 10.
258 P. Locker, Conception d’exposition, Singapour, Pyramid, 2011, p. 50.
259 Ministère de la culture, http://www.culture.gouv.fr/Espace-documentation/Rapports/Rapport-de-la-mission-
214
Notre concept de construction est particulier dans le sens où il prend appui sur les méthodes
du Design Thinking, qui nous paraissent en phase avec nos recherches malgré un aspect
commercial de prime abord (Ill. 2.11). Cette méthode théorique et ses outils sont nés aux États-
Unis, à l’Université de Stanford, dans les années 1960, sur la base des travaux de R. Mc Kim,
centrés sur l’humain. Or, P. Locker souligne l’importance de se soucier de l’anthropométrie et
du bien-être dans les musées260.
215
Le Design Thinking découle du Brainstoming et s’est surtout développé dans la Sillicon
Valley, à Palo Alto, grâce à l’agence de design IDEO mais aussi des sociétés telles que Google,
LinkedIn, Apple, Intel, Twitter ou Microsoft. Cette méthode découverte en France depuis peu
est bien sûr applicable à d’autres domaines. Elle favorise l’innovation, les tests et commentaires
à l’initiative des participants durant la phase de construction concrète d’un projet pour éviter
des dysfonctionnements détectés a postèriori, puisqu’un recadrage est encore permis. Or, au
musée de la Cour d’Or de telles mesures sont possibles grâce à de la reprographie en interne et
à un service technique.
Cette méthode participative est retenue prioritairement pour sa propension à favoriser
l’innovation, mais des chercheurs tels que J.-M. Tobelem préfèrent l’emploi de méthodes plus
spécifiques au monde muséal. Ainsi, dans ses travaux S. Bitgood262 distingue-t-il une évaluation
préalable, formative, de remédiation et une évaluation sommative.
Pour résumer ces quatres étapes, l’évaluation préalable est réalisée en amont. Il s’agit de
déterminer si le thème revêt un intérêt pour les publics visés et de savoir quel est le niveau de
connaissances de départ, en incluant les idées fausses. Durant la phase formative, le concepteur
tente d’expliquer son message au visiteur en utilisant des images, dessins ou symboles. Cela
permet de vérifier que les bonnes association se forment dans son esprit. Or, l’enquête menée
par M. Champmartin à déjà apporté une réponse à ce sujet en analysant les recoupements
effectués. L’évaluation de remédiation se place après l’ouverure d’une exposition et sert à
modifier les élements qui ne fonctionnent pas. Concrètement, cette étape pourra être ajoutée
une fois les travaux achevés. Cependant la remédiation est l’équivalent de la phase de test du
design thinking.
Les retranscriptions d’entretiens réalisés par M. Champmartin sont le fruit d’un travail de
longue haleine qu’il serait inutile de reproduire dans le cadre de cette thèse. Les réflexions,
idées, non-dits des visiteurs y sont consignés, ce qui constitue pour nous une véritable aide à la
construction du discours muséographique. Nous avons détourné consciemment son usage pour
passer d’une étude sur le visiteur à une analyse des besoins, dans le but de proposer une solution
adaptée qui réponde à une demande réelle. Cela dit, cette solution se limite à notre sujet, les
monuments funéraires, et non à l’ensemble du parcours qu’elle a étudié (tome II, chapitre 1).
Pour reprendre nos conclusions, plusieurs types de besoins sont exprimés, à classer en
catégories.
La première concerne un besoin d’identification. Il s’agit d’être capable d’identifier les
objets, de les nommer et comprendre leur usage. Dans le même thème, le visiteur doit pouvoir
identifier les objets rares. Il doit être possible de se repérer en identifiant des thèmes grâce à une
reconstitution.
Le second besoin dépasse la simple identification puisqu’il s’agit de compléter ses
connaissances personnelles.
L’apport d’éléments complémentaires à la visite seraient une amélioration notable. À ces
fins, on a demandé au musée de fournir un glossaire. L’entrée du multimédia est aussi prioritaire
au vu du retard technologique. Les traductions en langues étrangères, enfin, touchent les publics
germanophone et anglophone.
Le dernier point est davantage axé sur le confort. La luminosité n’est pas encore optimale.
La monotonie relative due a une ambiance qui se ressemble dans plusieurs salles joue sur
262 Persée, S. Bitgood, Les pratiques de l’évaluation des expositions : quelques études de cas, http://www.
persee.fr/authority/179147, consulté le 21/10/2020.
216
la lassitude du visiteur lorsque celui-ci déambule depuis un certain temps et s’attarde sur les
expôts. Cependant, le parcours bénéficie d’une continuité logique, il est vaste. Le nombre de
salles accessibles explique la fatigue ressentie.
Une solution susceptible d’apporter une réponse à ces problèmes consiste à dresser une
comparaison avec d’autres musées. De quelles manières les musées qui présentent des collections
lapidaires similaires ont-ils mis en valeur leurs collections ? Sont-ils une aide potentielle et que
peut-on en retenir ?
Introduction
Des musées de renom tels que le musée de Trèves (en cours de refonte, il est étudié ici
uniquement pour son aspect de présentation et non sur un plan scientifique) ou de Dijon
présentent de façon permanente leur collection de lapidaire funéraire. Il est naturel de les
étudier en premier lieu, de comprendre leur parcours muséographique et les choix opérés par
ces établissements. Établir une comparaison efficace de ces sites afin de s’en inspirer, en ne
gardant que les meilleures pratiques, revient à voir ces parcours sous l’angle du benchmark,
adapté pour les circonstances et pour répondre aux besoins formulés.
• Proposer un contenu plus logique, adapté aux thématiques dégagées par la recherche et
aux publics ;
• Améliorer la visibilité des monuments et la présentation ;
• Remanier l’espace pour le rendre attractif et confortable.
217
B. Création d’une carte de localisation des musées
La carte de localisation répertorie les villes françaises dont les musées exposent dans leur
parcours permanent des monuments lapidaires funéraires gallo-romains. Elle a été réalisée en
en ligne sur le site de Cirqwi263 et avec Openstreet Map, une carte de partage opensource.
Ill. 2.12 Carte de localistion des muséesexposant des monuments funéraires gallo-romains.
Réalisation D.Davin sous Cirkwi
(Parcours permanent uniquement, France et pays limitrophes du Nord-Est)
Une première carte avait été réalisée sous Géoportail avec l’aide des cartes IGN mais on ne
pouvait pas rentrer directement l’adresse du point d’intérêt et les musées hors Hexagone étaient
à rechercher manuellement. Cette carte permet de constater assez rapidement qu’une grande
partie des monuments funéraires exposés sont concentrés dans le Nord-Est. L’Allemagne, la
Belgique et le Luxembourg, pays limitrophes de Metz, ont été inclus dans la recherche. Un
tableau récapitulatif précise le nom du musée en question pour chaque ville. Il est accompagné
d’une lettre qui permet de le retrouver plus facilement sur la carte.
218
Villes et lieux concernés Nom du musée et lettre figurant sur la carte
(par ordre alphabétique)
Amiens A Musée de Picardie
Arles B Musée départemental Arles antique
Arlon C Musée archéologique d’Arlon
Autun D Musée lapidaire
Bordeaux E Musée des Antiques de Bordeaux
Bourges F Musée du Berry
Buzénol G Site dans la forêt de Buzénol
Châteauroux H Musée Bertrand
Colmar I Musée Unterlinden
Cologne J RGM (Musée Romain Germanique en français)
Dijon K Musée archéologique de Dijon
Lyon Fourvière L Lugdunum
Grand M Musée archéologique de Liffol-le-Grand
Langres N Musées de Langres
Lattes O Musée Henri Pradès
Luxeuil P Musée de la Tour des Echevins
Luxembourg Q MNHA
Mayence R Musée du Land
Metz S La Cour d’Or
Nancy T Le Musée Lorrain
Nîmes * Musée de la romanité264
Paris U Musée Carnavalet
Reims V Musée Saint-Rémi
Saint-Germain-en-Laye W Musée d’Archéologie nationale
Strasbourg X Musée archéologique de Strasbourg
Toulouse Y Musée Saint-Raymond
Trèves Z Rheinisches Landesmuseum Trier
Vesoul AA Musée Georges Garret
Le musée archéologique d’Arlon, ville située en Belgique, expose bon nombre de stèles
funéraires dans son parcours permanent. Il est disposé sur deux niveaux. Le musée est classé
264 L’ouverture récente du musée par rapport à l’avancée des travaux de cette thèse à fait que la ville de Nîmes
n’avait pas été prise en compte ni retenue dans les comparatifs en 2013. Le bâtiment est une construction nouvelle
en face des arènes et vouée à abriter les collections archéologiques. Il est de forme carré pour contraster avec l’am-
phithéâtre et sa surface murale prend la forme d’une toge de verre plissée. Il va sans dire que cette cité majeure
possède un patrimoine difficilement comparable avec Metz. Les tombes datent des IIe et Ier siècle av. J.-C. Les épi-
taphes et inscriptions sont en gallo-grec. Des indices de déchiffrements sont données aux visiteurs pour les inciter à
jouer les archéologues et opérer une traduction. Un sarcophage sert de lien de transition entre la fin de l’Antiquité.
219
de manière chronologique et débute par la période gallo-romaine. Les monuments en réserves
sont bien plus nombreux que ceux présentés et constituent un réel problème de stockage et de
présentation au public, la place étant limitée. Ce problème se retrouve à l’identique à Metz qui
déploie aussi ses collections chronologiquement. Le visiteur accède directement aux collections
gallo-romaines en se déplaçant tout droit après l’accueil.
La salle éclairée par des spots et une lucarne au plafond est très lumineuse. Les expôts sont
bien visibles sur toutes les faces présentées (Ill. 2.13). Les socles, destinés à rehausser l’œuvre
au niveau du regard du visiteur, sont noirs. Les murs sont de couleur blanche alors que le sol est
recouvert de carrelage noir semblable à celui de La Cour d’Or. Les monuments sont exposés de
chaque côté d’un large passage. Si l’on se remémore la disposition de tombes de chaque côté
de la route, le musée d’Arlon propose une présentation logique et réaliste. Le musée de Metz
en revanche a opté pour un îlot central en forme de « haricot » comme nous l’avons déploré.
Les objets de taille plus réduites sont présentés dans de grandes vitrines éclairées, dotées de
cartels explicatifs blancs à bande rouge, une charte graphique retrouvée à travers l’ensemble du
parcours. Les grands panneaux explicatifs, accrochés au mur, partagent la même présentation
visuelle.
Pour le confort du visiteur, une banquette blanche est disposée au centre du passage de cette
longue salle de forme rectangulaire. Un élévateur est à disposition des personnes à mobilité
réduite. Les monuments sont variés et de belle facture. La pierre est nettoyée et donc très lisible.
Cela dit, les thèmes funéraires et votifs sont mélangés avec celui de l’armée agrémenté de
reconstitutions d’armes et armures.
220
Le cartel comporte le titre du monument dans la bande rouge
en majuscules. Il est suivi de la date estimée du monument. En
dessous, sa date de découverte et le lieu. Le numéro d’inventaire
est précisé. Une retranscription du texte développé est proposée
avec une traduction en italique. Une description d’une vingtaine de
lignes explique quels sont les symboles figurés, ou tout simplement
la scène, comme un mariage ou un transport de marchandises. Le
texte est suffisamment grand pour que les personnes dotées d’une
mauvaise vue puissent lire.
La vie quotidienne et les différents métiers sont regroupés et explicités aux publics. En fond
de salle, un banc blanc rigide fait office d’aire de repos. Non loin, une reconstitution de fauteuil
en osier est fabriquée d’après ceux sculptés sur les stèles. Ils permettent au visiteur de souffler
221
en testant le mobilier. Deux pommes de pin de chaque côté du passage ouvrent la voie vers la
salle suivante.
Le parcours lapidaire se termine à cet endroit. Il est clairement délimité (Ill. 2.16).
222
piliers confèrent au lieu une atmosphère particulière. Cela dit, l’espace datant du Moyen Âge
ne correspond pas à la période voulue. La salle est sombre. Quoiqu’éclairée par une rangée de
spots sur des rails, il reste difficile de prendre des photographies ou de lire les cartels à cause
des reflets mal calculés. Des puits de lumières bleues ont été créés. L’effet produit offre un beau
résultat mais n’a visiblement pas de rapports avec le sujet traité. Des blocs lumineux sont fixés
dans le sol. Le tout met en lumière l’architecture et les monuments. Ils restent assez visibles
malgré une nuisance due aux ombres. Des sièges de bois permettent de se reposer. Enfin, le sol
est recouvert de graviers.
Les éléments du lapidaire funéraire sont adossés aux murs ou aux piliers de la salle construite
toute en longueur. Le parcours amène le visiteur à tourner autour des œuvres. Les cartels en
métal, sur des tiges à hauteur du regard, sont de couleur aubergine. Or, un problème de hauteur
de cartel est perceptible à Metz. Disposés trop bas et écrits en lettres trop petites, ce dispositif
tout simple pourrait être une solution pour remédier au problème.
La tige, en revanche, est peu esthétique. Les explications sont en mauve. Elles sont succinctes.
Une courte description est suivie du relevé épigraphique et de sa traduction. Le matériau, la
date, la provenance et le numéro d’inventaire sont indiqués.
Une fois encore, force est de constater que le numéro
d’inventaire est une aide précieuse pour le chercheur. Les
monuments funéraires sont disposés sur des socles de pierre,
de même nature, étudiés pour stabiliser les stèles branlantes
cassées. Par ce processus, il n’est nul besoin de reconstituer
la partie inférieure du monument. Cette solution est une
alternative à l’habitude allemande de vouloir absolument
montrer l’intégralité des œuvres. D’autres éléments sont
insérés en hauteur sur les murs, sans être maçonnés mais par
un système d’accrochage discret et solide (Ill. 2.18).
Au fond, une reconstitution minimaliste montre un
vendeur de vin et son client d’après une stèle monumentale
phare située dans la salle. Les pichets de différentes tailles
sont accrochés par ordre de contenance à l’étage où travaille
le commerçant. L’acheteur en dessous passe commande. Ce Ill. 2.18 Des accroches discrètes
système de bois et de terres cuites n’est pas réaliste mais Photo D. Davin (2016)
le visiteur comprend immédiatement la disposition des
échoppes. Le dispositif est à taille humaine. L’analogie avec la stèle est intuitive à faire. Les
stèles de Dijon comportent des traces d’outils marqués. Dans cette muséographie, cependant, la
perspective d’un rangement thématique apparaît floue et peu évidente. Il semble que les moyens
mis à disposition soient moins importants que ceux déployés par les autres sites que nous avons
sélectionnés en comparaison. Toutefois de bonnes idées émergent.
Le musée de Trèves expose des pièces de très belle qualité et quelques une plus modestes.
La salle dévolue aux monuments funéraires a des murs blancs. La luminosité, à l’instar de celle
du musée d’Arlon est excellente. De grandes fenêtres à carreaux laissent passer la lumière
naturelle. Les matériaux composés de pierres et de céramiques y sont peu sensibles et ne se
détériorent donc pas. Des rails de spots, réglés en lumière diffuse la renforce. Les mausolées à
plusieurs faces sculptées sont placés au centre de la salle afin de pouvoir tourner autour. La salle,
aux murs arrondis (Ill. 2.19), est relativement longue mais sa largeur permet aussi de prendre
223
suffisamment de recul pour avoir
une vue d’ensemble du monument.
L’espace est occupé de manière
rationnelle pour mettre en valeur
ces monuments exceptionnels. Le
sol est recouvert de carrelage brun.
Des banquettes blanches et dures
recouvertes d’un revêtement grenat
sont disséminées dans la salle pour
le repos du visiteur. De manière
générale, le musée de Trèves
regorge d’espaces de repos et ce,
dès le début du parcours. Dans les
recoins, des meubles à roulettes
en métal, avec tiroirs servent
probablement de rangement au
matériel d’animation (Ill. 2.20).
La surface exploitable de la
salle dépasse celle du musée de
Metz ou d’Arlon. Les éléments du
lapidaire funéraire sont nettoyés
et conservés dans de bonnes
conditions climatiques. Les textes
explicatifs à disposition des
visiteurs sont de diverses natures.
Le titre de salle est donné par de
Ill 2.19 Une salle incurvée, parcours de Trèves grandes lettres collées en relief.
Photographie D. Davin (2017) Des cartels blancs à l’écriture
noire, plus grands que la norme
habituelle, sont collés directement
sur les socles des monuments. Cela favorise la lecture pour les personnes d’un certain âge ou avec
une mauvaise vue. Les cartels comprennent un descriptif par face, le contenu des inscriptions
avec leur traduction, le lieu de découverte, la date estimée et le
numéro d’inventaire. Ils sont uniquement en allemand.
Des panneaux explicatifs complètent le tout mais leur contenu
est assez ancien puisque les références datent parfois de l’époque
de W. von Massow, durant la première moitié du XXe siècle.
Les stèles tronquées de taille modeste sont complétées par une
restauration qui se démarque de la stèle d’origine par leur couleur
et leur matériau.
Les blocs architecturaux sont inclus dans le mur de la salle.
Ils sont entremêlés de reconstitutions de scènes quotidiennes
peintes en couleurs vives (Ill. 2.21). Le musée de Trèves a tenté de
montrer par ce biais que les monuments funéraires étaient colorés.
L’impression qui s’en dégage est assez déroutante puisque le
visiteur n’est pas plongé dans une atmosphère grise et triste comme
à Metz, ni même propice au recueillement. Ce parti pris par G. Ill. 2.20 Le rangement
Collot à Metz était d’ailleurs anachronique. Le fond est peint en Photo D. Davin (2017)
bleu ciel. Les frises ont un fond rouge et les feuilles d’acanthe,
224
en bas-relief, sont vertes. Cela dit, les recherches
actuelles remettent en cause ce choix car il est
parfois plutôt question de rehauts colorés265 que
de scènes entièrement peintes. Quelques traces
des couleurs antiques subsistent néanmoins sur
certains monuments qui confirment l’usage de
tons vifs, percutants pour le regard. En face d’une
reconstitution de mausolée funéraire riche, un
îlot central regroupe de la vaisselle de banquet
funéraire. Ce type de reconstitution est absent
de Metz alors qu’il est porteur de sens. Vases,
écuelles et amphores sont disposées sur des
blocs gris, sous vitrines de hauteurs différentes.
Le fond est tapissé de rouge pour la vaisselle. La
présentation, assez hétéroclite, est mélangée.
Ill. 2.22 Un spectacle son et lumière piloté par des ingénieurs. Vue du bateau de Neumagen.
Photo © Landesmuseum Trier
265 A.-L. Edme, N. Delferrière, Polychromie et Au-delà en pays éduen : l’exemple des stèles funéraires de
Nuits-Saint-Georges/Les Bolards, H.A.L, 2017.
225
Les stèles de métiers sont en bout de salle. Celle du maître d’école est particulièrement
célèbre. Une reproduction de la Table de Peutinger, accrochée au mur, situe la ville antique.
Elle est placée à proximité d’une stèle de transport à deux registres superposés qui fait référence
aux déplacements par bateaux et voies terrestres. Une carte plus contemporaine de la Germanie
inférieure indique par des points les principales cités reliées entre elles. Divodurum en fait
évidemment partie. Des stèles de métiers artisanaux sont exposées dans la salle suivante. Les
parties manquantes peuvent être éventuellement dessinées. Ce point met en avant le parti pris
des Allemands pour la reconstitution.
Ill. 2.23 Passage carrelé étroit Ill. 2.24 Un soclage discret et des dessins complémentaires
Photo D. Davin (2017) Photo D. Davin (2017)
226
marbre brun ou accrochés au
mur. Les cartels en lettres noires
imprimées sur support transparent
situent chronologiquement les
blocs. Leur matériau est décliné
avec une courte explication suivie
des modalités d’entrée de l’objet
dans les collections. Les motifs
architecturaux se distinguent.
L’étonnement survient dès
lors que le visiteur décide de
continuer son parcours vers les
étages inférieurs. Le musée du
Luxembourg a pour particularité
d’avoir six niveaux souterrains Ill. 2.26 Vitrine de monnaie aux deux faces visibles
(Ill. 2.25). Les vitrines et tombeaux Photo © MNHA Luxembourg
monumentaux sont alors visibles
sur une plateforme depuis la rampe de l’étage supérieur. Le mur prend l’apparence d’une grotte
reconstituée.
Dans ces étages, la thématique ressort plutôt bien puisque des objets disposés autour des
monuments la complètent. Par exemple, non loin d’une stèle d’impôts, des pièces sont montrées
dans une vitrine verticale aux fines parois, étudiée pour les mettre en valeur (Ill. 2.26).
L’éclairage mis au point sur l’architecture est particulièrement travaillé. L’espace d’exposition
immense est impressionnant. Le public a parfois la sensation de se perdre. Le discours
muséographique est construit de telle manière que plus on descend dans les niveaux inférieurs,
plus on remonte le temps. Cette mise en scène remémore le travail effectué par les archéologues
qui utilisent la stratigraphie de la roche comme moyen de datation. Des explications trilingues
sont fournies par des cahiers aux fiches plastifiées, en plusieurs exemplaires. Il faut compter une
heure uniquement pour visiter la partie antique et préhistorique.
Malgré un cheminement trop linéaire (Ill. 2.27), les thématiques sont minutieusement
227
séparées grâce à des kakémonos
introductifs. Ils comportent un dessin
et le numéro du thème. Le titre est
situé en haut. En dessous, un texte
résumé en français et en anglais
explique aux visiteurs le minimum à
savoir. À noter que le musée de Lyon
fournit gratuitement un audioguide
aux dialogues variés, parfois
humoristiques mais relativement
bien faits. Les monuments funéraires
sont dotés de longues inscriptions.
Ils sont disséminés dans l’ensemble
du parcours. Les stèles ou autels
ayant un lien avec un métier ou une
corporation sont présentées avec
Ill. 2.27 Un parcours balisé à Fourvière
le sujet en question. Par exemple,
Photo D. Davin
des monuments dont les inscriptions
mentionnent les nautes sont affiliés au
grand commerce. Ils montrent par leur taille, la matière (marbre), et leur qualité l’importance
de cette corporation. Une carte aide le visiteur à visualiser le réseau navigable. Les cartels sont
aussi traduits en braille pour aider les personnes déficientes.
Chaque métier est soigneusement délimité soit par un mur de cloison soit par une vitrine
spécifique au titre clair. Le travail de l’os n’est pas présenté avec le travail du métal et du marbre
comme à Metz. Par ailleurs, il est possible de toucher des reproductions (comme les monnaies,
Ill. 2.28) et des maquettes spécifiques. Les pièces réelles sont exposées soit sur des toiles à
la verticale soit dans du plexiglass. La variation de
supports fréquente à Lugdunum fait ressortir une
muséographie plus ancienne non renouvelée ou en
cours de travaux. Cet aspect de présentation non
achevée rappelle le musée de la Cour d’Or. Les déesses
mères sont présentées dans la partie des religions, ce
qui paraît logique. Malgré des vitrines protectrices, le
visiteur est proche des objets. Elles sont relativement
basses, au niveau d’un enfant ou d’une personne en
situation de handicap moteur. Les cartels penchés sont
faciles à lire. Sur fond blanc, écrits en noir avec une Ill. 2.28 Reproduction tactile de monnaie
police classique, ils sont efficaces. Des bancs et sièges Photo D. Davin
permettent de se reposer tout le long du parcours.
L’espace dédié à la thématique funéraire a été séparé en deux thèmes distincts : le culte des
morts et les inscriptions. Une série de monuments longe une cloison où ils ont exposé en hauteur,
notamment les plaques. Le célèbre masque funéraire moulé d’une petite fille est valorisé dans
une vitrine séparée. La présentation ne revêt pas l’aspect d’une nécropole reconstituée. Une
ascia vient toutefois suggérer un outil réel gravé sur les tombes. Nous avons pu apprécier la
mise en valeur d’un monument précis. Il s’agit de l’autel de Lucius Secundius Octavus, citoyen
aux tria nomina. Son histoire nous est contée par l’audioguide en complément de l’aspect visuel
auquel il se marie fort bien. Un projecteur illumine le texte en latin qui est traduit en français
228
par la suite (Ill. 2.29). Des petit
dessins, réalisés à l’aide des lettres
servent à raconter l’histoire de cet
homme avec beaucoup d’humour
(Ill. 2.30). Il parvient à échapper à
un incendie mais retourne chercher
des objets chers. Tout s’effondre sur
lui et il meurt bêtement.
Le musée départemental d’Arles antique, surnommé le « Musée bleu » est situé au beau
milieu d’une zone commerciale. Son parking privatif est un avantage certain en faveur de
l’accessibilité. De métal et de béton, il est d’aspect surprenant par sa modernité au premier
abord, mais il jouit d’un espace plus que confortable pour exposer ses œuvres. Conçu par
l’architecte H. Ciriani, il occupe l’emplacement de la presqu’île de l’ancien cirque romain.
Un audioguide existe mais n’est pas fourni gratuitement comme à Lyon. En revanche, un plan
de visite disponible en plusieurs langues est offert. Le musée se décompose en sept parties de
couleurs différentes. Il est en forme de clef et couvre une période de -3000 à 536.
L’introduction, confinée dans une salle unique, balaie la période de -3000 à -46. Un
pictogramme résume la thématique de chaque espace. Les œuvres phares sont notées par un
numéro. La seconde partie du document est un résumé de chaque thème traité. Les dates clés
sont rappelées dans un encart mémo. Ce
document papier est donc d’une aide
précieuse, très simple et fonctionnel. À
l’instar des musées de Luxembourg et
Lyon, la surface d’exposition est vaste et
spacieuse.
Les salles sont lumineuses mais la
lumière est plus diffuse. Elle éclaire cette
fois des ensembles. Le musée regorge de
cartes, maquettes et dessins. Les aquarelles
ont été réalisées par J.-C. Golvin afin de
restituer la ville telle qu’elle était à cette
époque, avec ses monuments. Grâce à ces
Ill. 2.31 Vitrine thématique sur la navigation à Arles ensembles explicatifs complémentaires
Photo D. Davin très fournis, le visiteur sait tout de suite
où et quand il est. Il visualise également
229
l’aspect de la ville antique de façon directe.
Les thématiques sont séparées les unes des autres. Leur mise en scène rappelle Lugdunum
à un détail près. À Arles, il est facile de passer d’une thématique à l’autre et de revenir sur ses
pas sans être poussé à suivre un discours préétabli. Outre les escaliers, une rampe handicapée
permet de monter à l’étage. Des bancs de repos sont disséminés dans la salle. Parmi les points
forts indéniables, les bustes des empereurs et un bateau de commerce reconstitué font la richesse
du musée. Comme à Lyon, les monuments funéraires sont présentés avec leur thème propre s’il
s’agit d’un métier particulier.
Les objets en lien sont souvent (mais non systématiquement) dans des vitrines dont le visiteur
peut s’approcher. Par exemple, des amphores ne sont pas sous vitrines mais insérées dans une
structure de métal courbe. Les titres des thèmes sont parfois gravés en lettres capitales dans du
marbre, ce qui est original est bien pensé pa r rapport au sujet. L’impression d’îlots thématiques
bien séparés est prégnante (Ill. 2.31). Cela permet de ne pas être confus et de comprendre
facilement le contenu.
Les cartels, suffisamment bas et inclinés au besoin, sont souvent groupés. Ils sont sur fond
noir avec des inscriptions en blanc. Un seul écran tactile interactif a été mis en place pour
expliquer la frappe de la monnaie. Il est instructif et simple grâce au personnage filmé qui
frappe les pièces sous nos yeux. Un film diffusé dans une salle de cinéma montre la restauration
de l’épave. Seul le texte ton sur ton des cloisons est un peu gênant pour des questions de
lisibilité. Le musée d’Arles a pour avantage de réunir une grande variété de solutions adaptées
aux visiteurs novices.
L’art funéraire est situé en fond de salle.
Les monuments lapidaires sont agencés contre
un muret, de façon linéaire (Ill. 2.32). Les
sarcophages sont exposés au centre de cet
espace et les plaques sont accrochées sur le mur
qui conduit à l’étage par une rampe d’escalier.
Des cartels, un panneau et un plan servent à
comprendre la thématique traitée. Cet aspect
linéaire, laissant un passage au milieu est
assez réaliste pour figurer la disposition d’une
nécropole266. Les murs sont blancs et uniformes.
Le monde des morts ne fait pas l’objet d’une
Ill. 2.32 Des tombes alignées
mise en valeur particulière et ne comporte pas Photo D. Davin
de procédé audiovisuel.
266 Le musée de Nîmes, situé à 30 km seulement, a choisi de créer un tunnel pour parcourir le monde des morts
tardifs et les cultes aux divinités. Les épitaphes situées dans une autre salle bénéficient d’un concept intéréssant,
mais leur disposition sur des blocs longilignes dos à dos empêche, à notre sens, l’arrêt de grands groupes, comme
des classes, autour d’un monument. Or, cette présentation prévoit de pouvoir observer à plusieurs les tombes. Elle
évite aussi de mélanger les dieux avec les défunts à dessein car ils n’ont que rarement de liens. Un jeu sera prévu,
agrémenté d’explications, pour que le public s’empare des écrits sur les épitaphes. Une solution originale étant
développée (phase d’idéation cf. pp. 250-254), il était inultile de reprendre l’idée nimoise, toutefois interessante
et ludique.
230
D. Les meilleures pratiques déduites pour chaque établissement
3 critères
Bancs et Bancs et
Fauteuil en fauteuils sièges
Espaces de régulièrement pour les
Espace et osier et bancs
Bancs de bois repos, bancs placés projections
confort régulièrement
avec revêtement
disposés
Très Très
spacieux. spacieux.
Disposition
Les pentes et Les pentes
aérée avec un Agencement
rampes sont et rampes
couloir central muséographique Un espace
étudiées pour sont
rappelant les Larges allées idéal en termes immense et
le public en étudiées
dispositions d’espace de complexe
situation de pour le
originales des circulation
handicap public en
nécropoles
situation de
handicap
Thématiques Ilots
Cartels lisibles
Des socles Des salles conçues selon thématiques
blancs et Cartels avec
Visibilité, conçus pour en contrebas un ordre et un bien
noirs dotés inscriptions de
présentation stabiliser les visuellement sens unique déterminés
d’une charte grande taille
stèles impressionnantes et parcours
graphique
libre
Objets Lumière
Un soclage Des vitrines authentiques diffuse
Excellente Reconstitution
pratique et conçues pour les et
luminosité de la couleur
solide objets exposés monuments
éclairés
Des cartels Titres
blancs et gravés
Focus sur Des tiges de
noirs, simples en lettres
la couleur cartel à bonne Soclage propre et Lumière orientée
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Socles disposés Des vitrines Des cloisons
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thématiques
231
Soclage bien Soclage
étudié et bien étudié
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lisible qui
Très bonne
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présentation
Contenu Un plan
important d’accès
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« Trésor » Des panneaux et lumière trilingues dans
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gratuit un résumé
les objets efficaces rend les scènes plastifiés
utile au
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visiteur
novice
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lettres et récit de cartes, de
Une Un contenu riche lumineux maquettes,
Panneaux
reconstitution et signifiant. de la mort de dessins
explicatifs
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dans chaque
section
Tous types Une ascia en Des vidéos
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Maquettes
explicatifs pour exemple multimédia
employés tactile
Coin enfant Œuvres
Le visiteur fait de phares
Parcours descend les nombreux notées dans
enfant étages pour dispositifs de le plan de
remonter le temps bois visite par un
numéro
Chaque site a des points forts notables mais il apparaît très vite que les efforts n’ont pas été
réalisés sur le même plan. Les disparités budgétaires jaillissent assez rapidement. Le musée de
Luxembourg a fait l’objet de gros financements rendus manifestes par sa taille et la richesse
des contenus. La vue en contrebas est impressionnante. Les explications sont trilingues. Il est
l’unique musée à proposer trois langues systématiquement mais sa position aux frontières
de plusieurs pays est singulière. La qualité des traductions signifie que le musée emploie des
traducteurs spécialisés. Cela dit, la population est elle-même polyglotte. Le musée de Trèves
arrive, à notre sens, en seconde position en termes d’impact visuel et de résultat, dans le Nord-
Est. La mise en scène est impeccable. Les ensembles modulables autour des stèles sont un choix
intelligent, la reconstitution de la couleur change l’ambiance ressentie et surtout, le spectacle
proposé apporte une forte valeur ajoutée. Là encore, seul un budget élevé permet ce type de
présentation. Le musée de Lyon va dans le même sens en alliant audioguide de narration et
jeu de lumière sur un texte. Les narrateurs sont variés dans le parcours et certains contenus
sont même humoristiques. Le musée d’Arlon prévaut par ses idées. Il est le seul à proposer
un parcours enfant. Un petit livret en couleur l’accompagne. Des autocollants sont à détacher.
Les maquettes, quoique anciennes, ont un intérêt certain. Ainsi le visiteur visualise-t-il plus
232
facilement une charrette antique. Le musée de Lyon a choisi de réserver un espace dédié aux
enfants car la taille du musée le permet. Le musée d’Arles est de loin celui qui propose les plus
belles maquettes de reconstitution, confectionnées en grand nombre. Comme le musée de Lyon,
ils sont spécifiquement construits pour abriter des œuvres de l’époque gallo-romaine. Le budget
semble confortable si l’on se fie aux dispositifs déployés et à la qualité de la présentation où
chaque élément est finement soclé. Le musée de Dijon quoique original par son lieu d’exposition
semble souffrir de manque de moyens cruel. Cette lacune est compensée par une construction
d’éléments qui font sens et sont efficaces à moindre coût. Le panneau d’entrée en particulier
explique au visiteur ce qu’il doit au minimum savoir.
Cette étude comparative apporte effectivement quelques solutions aux besoins des visiteurs
et à la mise en valeur de nos collections. En termes de conception de projet, les musées étudiés
déploient leurs stèles et objets selon des thématiques, parfois au sein d’une même salle mais
généralement disposés dans des espaces bien déterminés et identifiables. Les musées du
Luxembourg et d’Arles en sont les meilleurs exemples. Reste à déterminer comment pourraient
être développées les thématiques à Metz. Lesquelles feraient sens selon les idées forces déduites
du tome I ? Cette réflexion est justement l’objet de la suite de nos propos.
Tout d’abord il s’agit de définir ce qu’est une exposition permanente. À cet effet, Le
Dictionnaire encyclopédique de muséologie d’A. Desvallées et F. Mairesse267 en propose une
assez complète.
Exposition permanente : « Exposition de référence du musée, souvent en lien avec sa
mission muséale ou avec sa raison d’être, s’articulant autour de la thématique centrale que
le musée cherche à explorer et prévue pour durer de manière « permanente », c’est-à-dire,
généralement, environ une génération (ou une vingtaine d’années). Encore cette durée, qui
était plus longue précédemment a-t-elle tendance à se restreindre. A l’exposition permanente
est opposée l’exposition temporaire, prévue pour des temporalités plus réduites (généralement
comptées en mois). Avec la collection, l’exposition permanente caractérise le musée par rapport
au centre d’exposition. »
Cette définition met en avant la conservation et la mise en valeur d’une collection. A. Gob,
fait également la distinction entre exposition permanente et temporaire. De façon générique,
l’exposition est à la fois relative à un lieu et à une action268.
233
propose en l’occurence de s’appuyer sur les pièces archéologiques pour développer un récit
sur la civilisation gallo-romaine. La ligne directrice suivie est effectivement de « transmettre
au visiteur une vue synthétique d’ensemble plutôt que de présenter une sélection aussi large
que possible des monuments funéraires, considérés comme une finalité en eux-mêmes ». Son
analyse et ces préconisations sont justifiés. Une histoire avec son début, son développement et
une fin favorise la compréhension des personnes peu habituées aux musées et des enfants.
Or, dans le cas du parcours permanent du Musée de La Cour d’Or, ce procédé, mis en oeuvre
dans une premiere série tests, n’était pas concluant. Tout d’abord, il n’existe pas de véritable
introduction narrative, même si la salle Divodurum, capitale des Médiomatriques, allie cartes
topographiques et histoire du développement de la ville. Ensuite, tout dépend par quoi le visiteur,
auquel la liberté de choix est laissée volontairement, décide de commencer sa visite. De plus,
le sens de visite est perturbé aléatoirement par des travaux en cours. Une conclusion ne peut
exister car le parcours se poursuit dans « le couloir des invasions », espace de transition entre la
partie gallo-romaine et médiévale, dans une salle bien plus éloignée des étages inférieurs. Cette
continuité vers une autre section du musée nécessiterait plutôt un discours qui relie la période
antique à la suivante.
Par contre, des espaces thématiques existent déjà dans le parcours quoique dans le cas
du Musée de la Cour d’Or, ils ne soient pas toujours clairement identifiables. Un mélange
confus coexiste dans chaque salle. C’est pourquoi il semble nécessaire, pour une meilleure
compréhension, d’évaluer et de redéfinir dans l’espace les thèmes à développer. Un autre
avantage peut être entraperçu. D’après les enquêtes visiteurs menées à l’échelle nationale, à
l’issue de leur visite, les publics peinent à identifier ce qu’ils ont retenu. Puisque le musée
est gratuit depuis septembre 2020, le fait de pouvoir se focaliser durant un temps court sur un
thème recherché ou aprécié, avec la possibilité de revenir, est un atout. Il s’agit d’une nouvelle
stratégie de développement des politiques pour le musée qui souhaite une fidélisation de son
public géographiquement proche. Le public de passage peut aussi profiter de la valosisation
d’espaces thématiques à partir du moment ou deux ou trois connaissances importantes à acquérir
sont définies.
Après avoir consulté plusieurs propositions méthodologiques, celle proposé par un article
publié par N. Drouguet et A. Gob, intitulé : La conception d’une exposition : du schéma
programmatique à sa mise en espace269, est apparue comme la mieux adaptée au résultat visé,
malgré son ancienneté.
Les auteurs s’opposent justement au fait de vouloir à tout prix raconter une histoire dans
les expositions. A leur sens, le scénario, semblable au scénario de cinéma, reste trop linéaire
et réducteur. Il n’est pas adapté au musée. Ils préconisent une méthode plus indiquée, issues
de leurs expérimentations, pour les musées de société et d’histoire. Selon le modèle qu’ils
proposent, six phases se succèdent. Les 4 premières sont développées dans cette partie. Les
deux dernières plutôt liées à la muséographie concrète sont volontairement écartées.
• Définition d’un concept général et des thèmes en fonction du public cible et des
recherches effectuées ;
• Structuration des thématiques et analyse de leur relation réciproque mise en évidence
269 N. Drouguet et A. Gob, « La conception d’une exposition : du schéma programmatique à sa mise en espace
», In : Culture & Musées, n° 2, 2003, pp. 147-157.
234
par un schéma ;
• Implantation dans l’espace du parcours (et des zones de repos ultérieurement) ;
• Sélection des objets ;
• Rédaction de textes à plusieurs niveaux (aspect théorique uniquement) ;
• Scénographie, mobilier et éclairage.
Les auteurs partent de deux exemples dont l’aménagement du musée de Wanne qui leur a été
confié. Il intéressant à étudier en ce qui nous concerne, puisque le bâtiment, déjà existant, était
en partie aménagé. Malgré les contraintes, la suppression de cloisons et la modularité ont aidé
à mettre en œuvre le parcours. Or, cette modularité est justement employée à bon escient au
musée de Trèves et fonctionne plutôt bien, ce qui encourage à suivre cet exemple. La difficulté
majeure a été pour eux de faire face à une collection mal documentée. En ce qui nous concerne,
ce travail de recherche comble le problème. L’article suggère aussi une variation d’ambiance
dans la scénographie. Ce conseil montre que les auteurs ont parfaitement compris quelle peut
être l’impression de lassitude ressentie par les visiteurs au bout de quelques salles seulement.
Un point négatif qui avait été soulevé au Musée de la Cour d’Or. Par ailleurs, des manipulations
ont été mises en place et un catalogue a été édité pour l’occasion. En tant qu’observateurs du
résultat final, ils ont pu constater que la longueur et la complexité des textes n’était pas un
problème puisque le public était surtout sensible aux objets et à la beauté de la scénographie270.
Les similitudes entre ce cas concret et les besoins évoqués font de cet exemple une base viable,
à quelques détails près.
Au musée de la Cour d’Or, malgré l’existence d’un public type connu, plutôt
érudit et au-delà de 50 ans, une politique d’ouverture est mise en œuvre pour atteindre d’autre
types de visiteurs comme les personnes handicapées, les personnes issues du champ social ou
les familles, selon les directives gouvernementales.
Dans l’idéal, selon N. Drouguet et A. Gob, une vingtaine de thèmes et sous-thèmes doivent
émerger.
Une fois les grands thèmes dégagés grâce à un schéma programmatique (Ill. 2.33) et d’après
l’intérêt entrevu grâce à leur étude, ils seront répartis entre les salles en tenant compte des
contraintes de lieux déjà investis et de l’espace.
235
236
Ill. 2.33 Structure thématique pour : les monuments funéraires gallo-romains de Metz
Conception et réalisation D. Davin
Ill. 2.34 Figure 1 : implantation thématique dans la salle du « Passage de la mosaïque » et dans la salle
des « Travaux et des jours », niveau 1
Ill. 2.35 Figure 2 : implantation thématique dans la salle des thermes, niveau 0
237
Ill. 2.36 Figure 3 : implantation thématique dans la « Maison pour les morts », niveau 1
238
Ill. 2.38 Figure 5 : implantation thématique dans « Domus et villae » et « passage des métiers », niveau 1
La « Salle des Travaux et des Jours » est la plus spacieuse. Des stèles et monuments de grandes
dimensions et de forte charge pondérale y sont déjà disposés. La lumière naturelle est propice à
rendre lisible les détails sculptés. Ces caractéristiques sont idéales pour mettre en valeur plusieurs
thématiques. La première thématique entrevue concerne la représentation du défunt à Metz dont
la description est alimentée par le tome I, chapitre 3 (pp. 79-138). En effet, le fait de figurer en
pied n’est pas anodin et n’est pas non plus commun à toutes les villes et provinces. La coiffure
et la tenue, d’ordre pratique, sont à inclure dans cet espace. Deuxièmement, les personnages sont
dotés d’attributs. Ces objets appartiennent soit à des hommes soit à des femmes, selon le cas pour
la ville de Metz. Il paraît de bon ton de les expliciter avec le portrait des personnages. Étudiés
au chapitre 3 du tome I, ils sont au nombre de 19. Ils servent à expliquer comment le défunt
pouvait montrer aux passants ses préférences culturelles, avec des symboles compris de tous.
Troisièmement, certains protagonistes valorisent le travail. Des stèles de métiers complètent
ce panorama de la population. Elles sont quasiment toutes issues d’un site nommé l’îlot Saint-
Jacques et datées de la seconde moitié du IIe siècle à la seconde moitié du IIIe siècle. L’artisanat
est en revanche traité dans une salle spécifique pour des raisons de place disponible : « le passage
des métiers ». Trop étroite pour y installer des dispositifs, elle doit être repensée pour mettre en
avant le savoir-faire et la technique des gallo-romains, notamment autour du travail du bois et du
métal. La médecine se situe aussi dans la salle des thermes.
239
Les salles du « passage de la Victoire » et des « Maisons pour les morts » accueillent le thème
de la mort en elle-même et de l’incinération. Par conséquent, elles se prêtent à la reconstitution
d’une nécropole et à l’histoire des fouilles archéologiques, basées sur l’étude réalisée dans le
tome I, chapitre I (pp.). Ces deux salles sont fondamentales par rapport aux stèles funéraires
du corpus et à toutes les informations que l’on peut en tirer, aussi bien en ce qui concerne
l’anthroponimie que le décor ou la datation.
La « salle de Diane » a initialement pour véritable titre « la taille de la pierre », quoique rien
ne s’y rapporte actuellement. Elle serait parfaite pour expliquer le travail des tailleurs de pierres
et des lapicides dans les étapes de la fabrication d’un monument funéraire par des ateliers.
La « salle des gladiateurs » est illustrée par le corniste. Les arts du feu et la poterie sont reliés.
Les attributs
240
5. Sélection et justification des œuvres, objets et panneaux
Les stèles et monuments à exposer sont indiqués par salle en partant de l’entrée officielle
des visiteurs, ouverte en juin 2018. L’étude du corpus a permis de révéler des monuments
importants conservés dans les réserves mais qui devraient être en salles. De même, l’étude
critique de la muséographie actuelle a montré des failles ou des incohérences dans la disposition
et les explications fournies.
Les monuments conservés en réserves sélectionnés grâce à l’étude du corpus constitué sont
inscrits en chiffres rouge.
La relocalisation de monuments lapidaires consiste parfois simplement à les déplacer dans
une même salle, vers un espace thématique qui fait sens. Les monuments à relocaliser sont en
bleu. Le numéro de corpus est barré lorsqu’un monument doit transiter d’une salle vers une
autre.
Les monuments à retirer parce qu’ils n’apportent pas de valeur ajoutée au parcours sont
barrés. Il est prévu de les rapatrier dans les réserves du plateau de Frescaty.
1. La Table de Peutinger, une carte qui permet de voir comment se repéraient les Gallo-
Romains et les Romains.
2. La carte étendue des réseaux de Gaule Belgique incluant routes, fleuves, noms de villes
et garnisons de légionnaires. Cette carte est un complément pour la compréhension des stèles
d’anciens militaires, entre autres. On voit de façon concrète l’éloignement des camps.
3. Une aquarelle de la cité des Médiomatriques par J.-C. Golvin. Elle donne un aspect
« réaliste » de la ville plus facile à appréhender pour des enfants et personnes en situation de
handicap qu’un plan schématisé qu’ils ne seront pas en mesure de raccrocher à un bâtiment
concret.
241
• Scène avec deux porteurs s’aidant d’un bâton (022). Elle répond à la question du
transport de marchandises lourdes à pied.
• Scène de transport par charrette de type essedum (041). Montre à quoi ressemblaient les
charrettes.
• Plaque inamovible maçonnée dans le mur (089). Un éventuel transport d’étoffes
exportées est suggéré.
• Plaque de vétéran (101). Monument lié à la carrière militaire.
• Bloc sculpté de vétéran (109). Militaire dont la femme est sans doute d’origine
germanique. Cela démontre un phénomène de migration.
B. Sélection pour une présentation dans les thermes (en bas des escaliers)
Au fond de la salle sont abordées les thématiques de la médecine et des soins. Le thème de
la médecine peut être renforcé par de nouvelles pièces de la collection.
• Stèle d’une femme médecin (033). Elle montre l’accession au travail des femmes.
• Collège de médecine (080). Démontre l’importance de Metz/Divodurum dans le
domaine de la médecine et appuie l’existence d’un collège de médecine.
• Citoyen exerçant la profession de médecin (084). Renforce la place donnée à cette
profession.
3 monuments sont à déplacer car ils ne correspondent pas au thème des thermes et du bain
où ils sont exposés.
• Autel représentant un bateau de haute mer et des dauphins (007). Ce thème symbolique
d’animaux psychopompes est mal placé.
• Couple de défunts (028). Aucun des objets figurés n’est en lien avec les thermes.
• Scène de transport routier (041). Le transport n’est pas abordé dans la salle.
C. Salle des travaux et des jours (montée des escaliers en bout de salle)
Plusieurs thèmes sont déjà suggérés de manière confuse dans cette vaste salle. Le commerce
local, les imports et exports, les activités, la représentation voulue de soi. L’étude du corpus a
permis de séparer les monuments par thématique spécifique. Le monument des déesses mères
(Notice 096) se place dans un contexte religieux et exhorte à séparer les divinités des personnes
humaines dans deux lieux dédiés.
242
Sont à prévoir :
Une carte de localisation des ateliers de production messins pour comprendre comment
étaient agencés les différents métiers, dont des activités complémentaires ou polluantes.
Un panneau explicatif
Comment se fait-on représenter ? Comment est-on typiquement vêtu à Metz ? Quels objets
symboliques différents trouve-t-on chez les hommes, femmes et enfants, quelles valeurs veut-
on mettre en avant ?
Deux textes
La création de cartels, regroupés ou non, pour l’ensemble des objets exposés serait bénéfique
• 1 vitrine spécifique sur les monnaies pour illustrer la stèle de comptes (Notice 042)
• 1 vitrine sur l’import et le commerce local
Une table tactile comprenant jeux et informations complémentaires. Elle intègre des détails
et des gros plans sur les monnaies exposées. Une carte interactive des sites de découvertes et
fiches informatives sur les stèles sont à disposition.
La stèle 031 traite du commerce d’étoffes. Or des fusaïoles et des aiguilles sont exposées
dans une niche dissimulée dans un recoin, à gauche de la « Salle des arts du feu ». Il s’agit de
les déplacer pour illustrer ce thème.
Vingt et un monuments pour servir nos propos dont certains devront être intervertis dans la
muséographie future pour apporter du sens. Pour chaque choix, la justification de la sélection
est résumée.
• Mausolée avec scène de banquet (002). Une thématique souvent reprise dans d’autres
cités.
• Autel de la nourrice Eutychia (005). Emplacement alternatif justifié par un métier
• Petit pilier de pêcheurs (015). Met en avant la pêche en rivière.
• Scènes de pluriactivités (016). Montre que posséder plusieurs modes de revenus est
possible.
• Scène de transport (017). Illustre le commerce sortant.
• Couple assis sur des fauteuils d’osier (020). La stèle est mal placée, elle se rapporte à
l’image de soi.
• Vendeur d’esclaves (024). Le monument sera mis en valeur dans cette salle au lieu de
figurer dans la salle des artisans. Ce métier est rarement évoqué.
• Stèle de Caratus, drapier (025). La multiplication de monuments d’un même thème
contribue à montrer son importance.
• Stèle avec un homme et une fillette (027). Stèle dont l’intérêt réside dans la gestuelle.
243
• Couple avec objets symboliques et scènes latérales (028). Montre comment le couple
est codifié. Les scènes de danseuses sont un thème funéraire typique.
• Stèle avec draperie (031). Montre la prépondérance de l’activité autour du tissu.
• Couple (034). Les objets symboliques ressortent particulièrement bien d’où l’intérêts
d’inclure la stèle.
• Stèle de Carantodius, chasseur ? (036). Cette nouvelle interprétation renouvelle le
parcours et le discours proposé.
• Comunius Carus, drapier (039). Renforce les propos de la stèle 031.
• Scène de comptes (042). Un monument controversé mais reproduit selon des codes
retrouvés à Arlon ou Trèves.
• Dextrarum junctio (068). Montre la valeur donnée à la fidélité.
• Stèle avec nouveau-né (085). Apporte des informations visuelles sur l’emploi de
bandages pour l’emmaillotage auprès du grand public.
• Stèle de Caraddouna (086). Montre la représentation de soi
• Les déesses mères (096). Protectrices des enfants en bas âge ou pourvoyeuses
d’abondance, leur place est en fond de salle avec les autres dieux.
• Scène d’un pâtre gardant son troupeau (100). Il montre un bétail de valeur.
• Scène de vente de bijoux (104). Complète les vitrines de bijoux réels. Possibilité
d’évoquer le savoir-faire gaulois et la mode.
• Personnage portant un collier de belle facture (105). Monument à déplacer pour illustrer
le port de bijoux.
Un compte précis des nombreux objets en place n’a pas réellement de sens, mieux vaux
procéder par ensembles.
D. Passage de la Victoire (Espace entre la Victoire du Sablon et les Maisons pour les
morts)
L’étude menée autour des différentes phases de fouilles (tome I, chapitre 1 pp.) explique
comment la collection lapidaire du musée de La Cour d’Or a été constituée. Elle justifie
l’installation de ce montage vidéo. Il faut insister sur la découverte de nécropoles en position
secondaire. Une restitution par site permet de comprendre que la qualité des monuments dépend
de leur emplacement à condition d’avoir suffisamment de blocs.
• 1 panneau sur la Loi des 12 tables. Il existe déjà mais n’est pas placé de façon optimale
dans le parcours puisqu’il est, à notre sens, introductif.
• 1 panneau sur la mort à Metz. Il évoque entre autres que la crémation est un choix local
unique jusqu’au IVe siècle.
244
Les urnes et ossements gagnent davantage de sens présentés à côté du panneau, accompagnés
de cartels. Une urne en onyx se détache des urnes communes en pierre et en verre. Elle est
compartimentée dans une vitrine séparée des autres par une fine cloison. Malgré tout, cela ne
suffit pas à la mettre en valeur.
Sont prévus :
• Les photographies n°12345 ; Histoire de Metz, planche XVI ; 918 ; C38_a ; H43 ; H9 ;
Ilot Saint-Jacques 4 et 8; S33 ; Tour d’enfer ; img 649 ; L18 ; L9 ; L44 ; L66 ; S10
• Les carnets de J.-B. Keune 12627 et 12629 ; L’Espérandieu V ; Le C.I.L XIII ; le
Jahrbuch XV
• Une illustration de Dom Tabouillot et Dom François. Le public comprend que les auteurs
passés n’ont pas toujours été d’une rigueur exemplaire comme l’explique le chapitre I du tome
1, p. 15. Ils inventent des éléments anachroniques.
• Un texte original de P. de Vigneulles
Sept monuments communs répartis au sol et dans une vitrine pour introduire la mort.
Stèle modeste, pyramidale, de grande taille, cippe à pomme de pin ou dôme, plaque, autel.
E. Salle des « Maisons pour les morts », renommée « Le monde des morts »
Cette salle consacrée aux nécropoles est la plus appropriée pour traiter des thèmes autour
de la mort. Les thématiques autour de l’anthroponomie, les formules funéraires, le décor, la
datation, le statut social, les rites et la géographie typologique y sont concentrées. Cela dit,
l’espace d’occupation disponible se limite à une faible surface. C’est pourquoi il est vital de
calculer précisément l’agencement de chaque monument. La salle ne doit pas non plus être
saturée.
Sont prévus :
Un panneau qui aborde les fêtes mortuaires et l’abréviation D.M sur demande des
245
conservateurs
• L’anthroponymie de Metz
L’ensemble de ces informations sont tirées du tome I, chapitre 4. Il mettait en avant l’adhésion
des habitants locaux à la romanité en adoptant des noms latins. Quelques noms gaulois et de
rares noms germaniques ou grecs font exception. Ces recherches offrent la possibilité de faire
sortir de l’anonymat les défunts auprès du publics en les individualisants. D’où proviennent les
noms des défunts ? Quels sont les plus courants ? Sont-ils latins, grecs, germaniques ou gaulois
? Comment sont-ils construits ? Comment définir les termes d’hapax ou d’unicum ?
• Les motifs
Le tome I, chapitre 3 étudie les motifs sculptés sur les stèles et leur provenance d’origine.
Leur richesse prend du sens par comparaison avec ceux d’autres cités. On constate que leur
adoption a donné lieu à une sélection de quelques modèles simples. Il est possible de recenser
les motifs décoratifs par l’usage de dessins. Cet ajout sert à faire ressortir des motifs parfois
trop abîmés pour les reconnaître. Quels types de motifs affectionnent les habitants modestes de
Metz ? Les plus aisés ? D’où proviennent ces motifs et ont-ils encore une signification pour les
habitants ou sont-ils simplement décoratifs ?
• La datation
La datation est étudiée dans le tome I, chapitre 2. Le visiteur doit comprendre que la datation
des monuments messins, relativement simples, est compliquée de ce fait. Des indices peuvent
cependant aider. Quels sont les éléments qui permettent de déterminer la date d’un monument ?
Quarante-neuf pierres sépulcrales ont été sélectionnées pour répondre aux thématiques
introduites, les monuments maçonnés dans le mur ne pourront être déplacés. La plupart des
monuments cumulent des caractéristiques valables dans plusieurs thématiques. Il a fallu opérer
un choix, soit pour équilibrer les parties, soit choisir l’élément le plus fort et le plus pertinent
dans la muséographie.
• Mausolée de type pilier familial (003). Usage principal dans la thématique typologie. Ce
choix est pris en vertu de l’adoption du pilier dans le Nord-Est au milieu du IIe siècle.
• Bloc de mausolée sculpté de 3 femmes (004). Usage dans la thématique typologie. Il
s’agit d’un grand tombeau.
• Autel à Eutychia (005). Thématique de l’anthroponymie puisque les noms grecs sont
rares et sont souvent des noms d’esclaves.
• Autel aux masques (006). Cet autel est retenu pour illustrer le motif du masque.
• Autel d’un esclave avec motifs de dauphins (007). L’autel est présenté à part pour des
raisons de hauteur. Le motif, partagé avec le monde romain prime.
• Autel avec plantes et syrinx figurés (008). L’autel est présenté à part à cause de sa
hauteur. Il est présenté du côté des motifs.
• Autel dédié à un père (010). La présence d’un adjectif dans le formulaire funéraire situe
le monument dans la partie centrée sur les inscriptions.
• Cippe à ovoïde (012). Usage dans la thématique typologie.
246
• Cippe à ovoïde (013). Usage dans la thématique typologie.
• Petit pilier avec chouette (019). Ce petit pilier, unique en son genre, mérite un
emplacement séparé.
• Stèle avec plantes, décor géométrique (029). Thème du motif.
• Stèle avec double porte (030). Thème de l’anthroponomie, dû au nom gaulois.
• Stèle-maison aux Dioscures (044). Stèle maison dont la typologie comme le thème des
Dioscures sont importants.
• Stèle avec masque feuillu de Caraddouna (046). Le redoublement du D est typiquement
gaulois. Cette particularité place le monument dans la partie sur le thème des inscriptions.
• Stèle avec masque feuillu (048). Ce monument est une alternative parfaite au 048 pour
mentionner le masque de feuilles.
• Stèle avec vase et plante (049). La stèle appuie l’usage fréquent du motif de plante.
• Stèle de Maia, pedum et disque sonore (050). La stèle prévaut par son motif.
• Stèle maison de Matuicco (051). Ce nom gaulois est placé dans le thème des inscriptions.
• Stèle de Pasuius Priscus (052). Le motif géométrique place la stèle dans cette thématique.
• Stèle de Nammia Atepa (054). Le cadrillage de la toiture situe la stèle dans le thème des
motifs.
• Stèle à motif lunaire (055). Stèle située parmi les exemples de motifs.
• Stèle Liccatulia (056). Stèle qui prévaut par son anthroponyme gaulois.
• Stèle d’un affranchi (057). La formule stipule un affranchi.
• Stèle de Vibiasena (058). Cet hapax prend place parmi les anthroponymes.
• Stèle de Bellinicus (061). Nom gaulois masculin.
• Stèle de Quintus (062) Nom latin unique
• Stèle d’Agisilla (065) Cette inscription permet de montrer la contraction de la forme AE
en E, utile à la datation (voir la notice correspondante).
• Stèle avec buste (069). Ce personnage au rendu maladroit est utile à la datation. En
buste, il est rare. Sa place sera parmi les motifs pour des raisons d’optimisation de l’espace.
• Stèle d’Euta Materna (070). À placer en priorité à côté de la stèle 069 pour comparaison.
Le personnage est en pied. Ce type de représentation est rare sur les stèles modestes. En cas de
manque de place, le texte à la verticale est aussi un détail intéressant.
• Stèle de Fuscus Cenrinus (071). La forme d’arche et les étranges formes de vagues
placent la stèle parmi le thème des motifs.
• Stèle Cobera (072). La dédicace de Marcus sert à montrer la récurrence de cet élément
de nom en lien avec le panneau.
• Stèle de Saturninus (073). Quoique le personnage ait le nom d’un dieu, les tablettes
sculptées sur le corps de la stèle la situe parmi les motifs.
• Stèle d’Andecarus (075). Ce nom gaulois mentionne le mot char, cher aux guerriers
gaulois.
• Stèle d’Emerita (077). Les noms contenus dans l’épitaphe situent la stèle parmi le thème
favorisant les inscriptions.
• Stèle de Cartulla (078). Un motif de plante supplémentaire.
• Stèle d’Avitus (079). Motif de lune à placer dans le thème des motifs.
• Stèle d’Aprilla (081). Stèle avec motif de fleur.
• Stèle Caratulla (082). Stèle importante pour la formation des noms.
• Stèle de Caraddouna (086). Complémentaire de la stèle 046, celle-ci comporte des D
barrés prononcé S et typiquement gaulois.
• Dauphins (087). Deux plaques de dauphins à accrocher sur le mur.
• Stèle de Firmus (088). La stèle est déplacée.
247
• Stèle à motif lunaire (090). Motif lunaire.
• Stèle d’Épona (092). La stèle d’Épona prévaut par son motif controversé puisque celui-
ci n’est que rarement funéraire et souvent lié à la divinité des chevaux.
• Stèle à sommet cintré (093). Cette typologie de sommet est rare à Metz.
• Stèle pyramidale des 3 Caius (094). La formule spécifique abrégée en CCC doit être
expliquée au public.
• Stèle Iulius Vassilus (099). Belle inscription à situer dans cette thématique. Le personnage
porte les duo nomina. La stèle illustre le panneau explicatif sur le statut social et sur la datation.
• Stèle d’un sévir (108). Cette stèle de grande taille n’est actuellement pas exposée alors
qu’elle est le seul exemple funéraire stipulant un sévir. Sa place doit être séparée des autres.
• Stèle de Tasgillus (111). À employer soit pour le nom thériophore du personnage, soit
pour le motif de guirlande, selon la place encore disponible.
• Stèle de Suarigillus (112). La forme du monument et la scène d’un enfant accompagné
de son chien situe la stèle dans la thématique des motifs.
• Fronton de Cottalus (113). L’anthroponyme dérivé du nom du père est évident. La stèle
est un cas unique de lettres imbriquées. Malheureusement, elle est encore manquante.
F. Salle de Diane
L’étude de la technique de gravure des lettres (tome I, chapitre 2, pp. 54-57), de la taille de
monuments depuis la carrière (tome I, chapitre 1, p.29) et l’existence d’ateliers à Divodurum
peuvent être regroupés pour comprendre comment sont sculptés les monuments et par qui.
Deux panneaux
• La taille de pierre
• Les outils utilisés dont les noms sont cités dans les notices.
• Mausolées arrondis (001). Incrustés dans le mur, il s’agit de préciser que ce sont trois
blocs issus de différents monuments.(Ill. 2.39)
• Stèle d’un aurige (035). L’interprétation du monument est renouvelée sur deux points. Il
ne s’agit pas d’un militaire mais d’un aurige. La stèle n’est pas inachevée. Elle porte des piqures
car elle a été retaillée.
• Stèle de carrier (045). Illustration sculptée de pic de carrier à mettre en relation avec le
panneau de la taille de pierre.
• Stèle de Firmus (088). Petite stèle aux traces d’outils très lisibles. Le résultat de
248
Ill. 2.39 Mausolée de Caecilia Metella
CC BY-SA Wikimedia
l’utilisation d’un pic ou d’une broche à l’arrière et de la gradine sur les côtés ressortent.
• Stèle vierge (066). Exemple de stèle avant le choix du texte sur l’épitaphe et d’un motif.
Elle est montrée à une étape intermédiaire.
• Autel (009). Illustre la taille d’un autel achevé dont les trois étapes de fabrication seront
dessinées sur le mur.
Taillant, bretture (taillant à dents plates), pics, têtu, gradine, broche, ciseau, foret, pointerolle,
rifloir et ripe. À savoir que le têtu est commun au carrier et au tailleur de pierre. Le maillet et la
massette sont employés en tant que percuteurs.
G. Domus et villae
• Une stèle qui comporte une maison au second plan (043). Elle est construite en grand
appareil, en pierre.
• Une stèle de corniste (018). Ces musiciens sonnaient le début des combats.
• Stèle grossière (067). Cette stèle de forme simple était jusqu’alors de provenance
inconnue. Elle a été découverte dans le quartier du sablon.
249
À cela s’ajoute la proposition de montrer une reproduction de cor et éventuellement de
lituus, les instruments joués par la pompa.
Les notices 026, 038 et 023 orientent la thématique vers l’artisanat du métal et du bois.
Les professions qui en découlent sont aussi abordées dans ce passage. La charge pondérale
importante de ces monuments et la limite d’espace disponible encouragent à y conserver et
développer l’existant.
Les objets présentés sont classés par catégories près de la stèle correspondante : lingots de
fer, serrure, ascia, pinces, scies, clous, gouge, marteau.
• Une stèle de charpentier (026). La scène du fronton montre deux hommes élaguant une
poutre et leurs outils. La restitution des gestes est intéressante.
• Une stèle de négociant en serrures (038), à ne pas confondre avec serrurier.
• Une stèle de charron (023). Cette profession peu montrée rappelle l’utilisation du char
et les métiers qui ont pu se développer pour les réparer. Les outils sont identifiables.
• Stèle de vendeur d’esclaves (024). Thématique hors sujet à déplacer.
• Bloc avec cuves (106). Un travail qui nécessite du bois comme matière première pour
fabriquer un objet fort commun mais utile.
Un cartel développé est à prévoir pour décrire la stèle et son interprétation, d’autant plus que
cette thématique est très rare. L’homme tient dans sa main une poterie à dépressions de la fin
du IIe siècle. Les potiers sont peu considérés d’où le postulat d’un patron d’atelier. Il faut aussi
ajouter qu’à Metz, le marché est local à cause d’une poterie de qualité médiocre.
Une vidéo de reconstitution de la fabrication de poterie sigillée, simple, les inventions datées
qui ont permis des avancées techniques et quelques styles ou modes bien reconnaissables serait
250
un plus.
Concrètement, une technique simple permet de se donner une idée globale de la taille des
polices appropriées. Il suffit de faire quelques tests de panneaux avec des textes imprimés sur
le mur et de se reculer de quelques mètres. Un panneau classique est composé d’un titre, d’un
chapeau et d’un texte. Il peut être complété par des illustrations, une légende ou un encadré. Le
premier niveau de lecture apporte l’essentiel. Il est lu de loin, les textes d’approfondissement
sont lus de près274.
Dans une exposition, les panneaux sont assez limités en nombre pour ne pas surcharger
les espaces, d’autant plus que les visiteurs lisent généralement moins de 40 % des textes et ne
regardent que 60 % des objets exposés275.
271 D. Jacobi, Les musées sont-ils condamnés à séduire ?, (E-book Kindle), Les essais médiatiques, 2017, em-
placement 107.
272 Persée, S. Bitgood, Les pratiques de l’évaluation des expositions : quelques études de cas, http://www.
persee.fr/authority/179147, consulté le 21/10/2020.
273 H. Philip, Scénographie d’exposition, Paris, Eyrolles, 2010, p. 103.
274 Direction des Musées de France, Les panneaux d’exposition, 1998, p. 2.
275 A. Gob et N. Drouguet, La Muséologie, histoire, développement, enjeux actuels, 2010, Ouv. Cit. p. 93.
251
La création d’un panneau suit des règles définies à partir du moment où l’on souhaite les
rendre intelligibles.
D’après les normes généralement suivies par les musées, les panneaux explicatifs principaux
comportent, pour faciliter lecture et compréhension, entre 800 et 1 000 signes, espaces
compris. Il est possible d’ajouter des panneaux de sous-parties conciliant textes et images ou
photographies. Toutefois, leur contenu ne doit pas dépasser 800 signes276 (entre 500 et 800). C.
Merleau-Ponty et S. Girardet vont jusqu’à proposer de se limiter à 300277 seulement. Selon ces
deux auteurs, rien ne sert de vouloir se montrer trop savant pour le visiteur dont la concentration
est relative. P. Locker, quant à elle, se réduit à 150 mots278. Pourtant, il demeure nécessaire
de rédiger en tenant compte des divers niveaux de compréhension des publics. Ils doivent
pouvoir en retirer les informations essentielles279 ou chercher à approfondir leurs connaissances
librement. Une portion des visiteurs d’ailleurs ne lira pas ces panneaux de manière linéaire. Si
les mots clés ressortent en caractères gras, cela confère l’avantage d’identifier immédiatement
l’élément principal de la phrase.
Dans une mise en page standard, le titre principal se distingue du corps par un saut d’espace.
Nous pouvons aussi penser à l’orienter différemment, à la verticale, par exemple. Le titre
principal du panneau comporte généralement des caractères de 4 cm de haut. Le sous-titre
mesure la moitié du premier. Il est en gras et résume le contenu détaillé en 3 ou 4 lignes. Les
parties développées se distinguent par des lettres minuscules de 8 mm de hauteur, les majuscules
font 1 cm. Cette taille est réputée suffisante pour parvenir à lire des panneaux à distance. En
général, la taille conseillée pour les titres est de 3 cm minimum et de 7 mm pour la police du
texte280. Notre public étant en majorité âgé, mieux vaut envisager de grands caractères281.
Afin de faciliter l’intelligibilité du texte, il est conseillé de limiter chaque ligne à environ
45 caractères282, 66 au plus. Chaque paragraphe ne doit pas dépasser 5 lignes. Ce découpage
méthodique est connu sous le nom de méthode Ekarv283, d’après le nom de la suédoise Margareta
Ekarv, à la base de ce concept. Pour rendre les textes plus digestes, elle préconise en outre de
s’exprimer simplement, avec des phrases courtes. Le sujet doit venir en début de phrase suivi
du verbe et des compléments. P. Locker préconise l’emploi d’une grille hiérarchique sur 3 ou
4 niveaux284. Elle ajoute que l’espace entre les caractères et l’espace entres les phrases doivent
être calculés. La distance idéale dépend également de l’éclairage porté sur le panneau. Une
écriture sans sérif est préférable. Elle est plus lisible. Trois types de polices suffisent. De même,
un contraste de 70% entre le fond et le texte est souhaitable. En termes de hauteur, un adulte
lambda a un champ de vision correct entre 90 et 180 cm. L’amplitude totale, incluant d’autres
types de visiteurs comme des enfants ou des personnes de grande taille, oscille entre 70 cm et 2
m. Le panneau doit être impérativement accroché suivant ces limites.
276 C. Benaiteau, Concevoir et réaliser une exposition, Paris, Eyrolles, 2012, p. 17.
277 C. Merleau-Ponty, Une expo de A à Z, Paris, OCIM, 1994, p. 17.
278 P. Locker, Conception d’exposition, Singapour, Pyramid, 2011, p. 118.
279 P. Hugues, Scénographie d’exposition, 2010, Ouv. Cit. p. 103.
280 C. Benaiteau, Concevoir et réaliser une exposition, 2012, Ouv. Cit. p. 69.
281 Prévoir pour le futur des textes écrits en grands caractères permettra d’anticiper le confort de lecture d’un pu-
blics âgé dont le nombre va s’accroître inéluctablement. Ce public est déjà majoritaire au musée d La Cour d’Or.
Vingt millions de personnes auront plus de 65 ans en 2050 selon les prévisions de l’INSEE. F. Mairesse soulève
d’ailleurs la nécessité de se préocuper du bien-être des séniors. F. Mairesse, Gestion de projets culturels, (E-book
Kindle), Malakoff, Armand Colin, 2016, p. 35.
282 Ibid., p. 117.
283 Ibid., p. 117.
284 P. Locker, Conception d’exposition, Ouv. Cit., 2011, p. 118.
252
B. La conception des cartels
Les cartels sont de petites étiquettes informatives, généralement placés à côté de l’objet
présenté. Parfois appelés notices, ils amènent les informations minimales nécessaires à son
identification. Cela comprendra dans notre cas : le titre, le lieu de découverte, la date, la matière,
l’inscription et sa traduction s’il y en a une, l’année de découverte. Le numéro d’inventaire
est volontairement indiqué car il apporte une aide précieuse à toute personne qui effectue des
recherches. Les cartels peuvent éventuellement être accompagnés d’un texte court. Le contenu
aura une vocation informative ou explicative. Généralement, ils sont composés d’un maximum
de 300 à 500 signes285. On appelle étiquette autonyme un cartel qui sert à identifier l’objet et
étiquette prédicative286 un cartel qui sert à l’interpréter287.
Certains paramètres sont à prendre en compte obligatoirement. Il est conseillé de ne pas
mélanger deux couleurs claires ou deux foncées, par exemple. Une écriture jaune sur fond
blanc serait extrêmement difficile à lire. De même le rouge ou le vert sont déconseillés à cause
de personnes daltoniennes. Mieux vaut aussi éviter de jouer sur les couleurs complémentaires.
Il est souvent stipulé de privilégier du texte noir sur fond blanc ou bleu foncé sur fond blanc.
Le bleu foncé sur fond jaune reste une solution mais les personnes âgées peinent à voir le
jaune. Le blanc sur fond noir est aussi déconseillé car cela fatigue la vue. La police ne doit
pas être trop fantaisiste et rester lisible. Les plus connues et usitées sont l’Arial, le Times new
roman, le Futura, le Garamond. Il ne s’agit pas de s’en tenir à une telle restriction mais de les
garder en tête en exemple. Les caractères doivent être d’une taille suffisante. S’ils sont trop
petits, les personnes seront obligées de forcer sur leurs yeux, ou de se coller au cartel. De plus,
les personnes âgées ont souvent une mauvaise vue. La taille de police 12 est généralement
considérée comme le standard minimum. Rien n’empêche de décorer sommairement l’étiquette
avec de petits signes typographiques, des logos, ou une simple ligne. Placer le cartel près de
l’objet permet de ne pas obliger le public à chercher les explications sur tous les murs. Ils
perdent trop de temps et se lassent. Une autre solution consiste à regrouper les cartels sur un
même panneau. Les textes seront disposés à hauteur correcte des yeux, c’est-à-dire entre 80 et
110 cm du sol. Ceux accompagnant les stèles sur socles sont à placer en oblique pour faciliter la
lecture aux personnes handicapées288. L’usage veut que les cartels soient disposés à droite d’un
objet ou d’un tableau, sans obligation. Là encore, les cartels sont suffisamment éclairés. Soit
par une lumière directe ou naturelle, soit par un système rétro-éclairé, hautement recommandé
par P. Locker289.
Les QR codes (code matriciel), codes-barres ou tablettes viennent renforcer les dispositifs de
lecture. Ils sont privilégiés par le public familial.
Les supports graphiques, panneaux et cartels sont réalisés avec différents types de matériaux
et différentes techniques. Papier, fibre, foamex, tyvek, vinyle auto-adhésif, transferts à sec,
peinture sont autant de solutions potentielles.
285 C. Benaiteau, Concevoir et réaliser une exposition, 2012, Ouv. Cit. p. 17.
286 C. Merleau-Ponty, L’exposition, théorie et pratique, 1994, Ouv. Cit. p. 134.
287 D. Jacobi a été le premier à proposer les termes d’étiquettes autonymes et prédicatives. Il met l’accent sur le
fait que l’étiquette prédicative comporte de vraies phrases rédigées. Selon lui, la seconde, plus explicite, est une
aide face à une culture parfois défaillante. D. Jacobi, Les musées sont-ils condamnés à séduire?, Ouv. Cit., (E-book
Kindle), emplacement 792.
288 P. Hugues, Scénographie d’exposition, 2012, Ouv. Cit., p. 115.
289 P. Locker, Conception d’exposition, Ouv. Cit., 2011, p.115.
253
Le tableau présenté ci-dessous répertorie un ensemble de possibilités de médiations à
destination du public. Son avantage est de permettre de sélectionner des idées pour la future
muséographie. Tout ne sera donc pas mis en œuvre. Elles constituent néanmoins un réservoir
de solutions aux problèmes entrevus. C’est pour cela que plusieurs colonnes répondent à la
question du public cible, du type de médiation ou de muséographie (en bleu) et du but recherché.
Le tableau répertorie aussi le contenu prévu et le matériel à envisager. La médiation choisie est
placée dans la salle adéquate. Enfin, le dispositif répond forcément à un besoin à couvrir. Il
résulte d’une phase d’idéation.
Tout public Muséographie : Sert à repérer Placer une étoile Fiches plastifiées Toutes Identifier les
les monuments et un texte qui complémentaires éléments rares,
Étoile rares explique pourquoi non loin du s’informer
un monument est monument
exceptionnel
Tout public Muséographie : Repérer les Un cœur Petit texte Toutes Contenu qui
monuments accompagné d’un poétique, citation, fait appel à
Coup de cœur qui ont touché texte écrit manuscrit la sensibilité
(alternative de le public ou les personnel plus qu’aux
l’étoile) employées du connaissances
musée
Tout public Vidéo de Comprendre Explications Bouche sonore Maisons pour Multimédia,
contextualisation les phases historiques, les morts ou compléter ses
des fouilles et de fouilles, cartes anciennes, Ecran passage de la connaissances,
des découvertes connaître les photographies, Victoire langues
de monuments principaux sous-titres Lecteur MP4 / étrangères
funéraires acteurs et USB, 2 Casques
archéologues
254
Tout public Photographies Multiplication Des reproductions Support Maisons pour Support visuel
d’époque des supports des photographies rétroéclairé, les morts ou visant à contrer
visuels en sur verre ou ensemble passage de la la monotonie
lien avec les papiers ou modulaire Victoire
fouilles originaux (3 mois
d’exposition)
Tout public Décor d’archives Créer une Journaux, Originaux ou Maisons pour Reconstitution
ambiance de publications copies, malle, les morts ou aménagée
début XXe anciennes, malles, pupitre Passage de la
siècle photographies Victoire
Tout public Frise Dater les types Siècles notés Panneau en dibond Maison pour Affiner ses
chronologique de monuments et monuments les morts connaissances
attachés à la
période
Tout public Cartels réalisés Accessibilité Nom (type), date, Fabrication par Toutes Répondre
selon une charte et lisibilité transcription, imprimante 3D au besoin
graphique d’un support traduction, Via la plateforme informatif
classique description Quirky et pouvoir
écrit en gros courte, numéro nommer les
caractères d’inventaire Tige télescopique objets
réglable
Tout public Cartels avec charte Accessibilité Nom (type), date, Code QR Toutes Répondre
graphique adaptés et lisibilité sur transcription, au besoin
aux tablettes et un support traduction, informatif,
téléphones multimédia description pouvoir
courte, numéro nommer les
d’inventaire objets
Muséographie : Choisir une Couleur Peinture choisie Maisons pour Donner du sens
peindre les murs couleur qui selon une palette les morts
dans des tons fait sens (fleur de couleur testée
violets ou mauves funéraires) par échantillons
Tout public Muséographie : Créer un lien Texte sur les Lettres Maisons pour Informatif
Texte sur les fleurs explicatif entre fleurs dans le thermocollées les morts, sur
offertes aux défunts la couleur culte des Mânes, le mur
du mur et tons violets
les fleurs
réservées aux
défunts
255
Tout public Muséographie Comprendre Des couleurs Matériel de Thermes Reconstitution
: Projection de l’usage de la reconstituées projection,
lumière couleur sur les selon les codes mausolée
stèles et pigments
découverts
Tout public Muséographie Comprendre Des couleurs Peinture factice Maisons pour Reconstitution
: peinture de l’usage de la reconstituées effaçable pour les morts ou
monument couleur sur les selon les codes reconstituer les thermes
reconstituée stèles et pigments couleurs d’une
(alternative) découverts stèle
Tout public Muséographie : Créer un Placer des LED Maisons pour Jeu de lumière,
lumières chemin sur le sol ou sur les morts reconstitution
illuminé le les socles sur la symbolique
long de la longueur de la
pièce / route salle
des morts vers
la ville
Tout public Muséographie : Comprendre Chemin, herbe, Tableau de Maisons pour Reconstitution,
décor de nécropole à quoi une stèles, charrette, forme allongé en les morts, en création de sens
nécropole ville, route digital painting hauteur sur le
ressemblait à rétroéclairé ou non mur
cette époque
Tout public Texte général sur Obtenir les 12 tables, Panneau de Maisons pour Langues
les nécropoles informations crémation ou 12 Tables à les morts, étrangères.
et les inhumation déplacer) et ajouts début de salle Comble
connaissances en libre choix d’explications le besoin
de base sur le (À Metz, la grâce à un second informatif
sujet crémation prime texte
jusqu’au IVe
siècle). Document
trilingue
Tout public Texte sur la loi des Connaître la Loi, texte Sous forme de Maisons pour Besoin
12 tables législation rouleau à dérouler les morts informatif
ancienne dans une niche
(Version
alternative)
Jeu de plateforme.
Favorise la La fillette évite
Médiation : Jeu découverte les ennemis et
vidéo de Curmilla, pour un public ramasse des Maisons pour
Enfants (7- petite fille gallo- novice et ingrédients pour Ecran tactile ou les morts,
12 ans) romaine enfant la fête des morts table tactile, siège fond de salle Multimédia
256
Public Documentation Répond à la Plan interactif de Borne figitale, plan Maisons pour Compléter ses
expert sur les monuments recherche la localisation des tactile (système les morts, connaissances
avec notices, d’informations monuments avec relié à une base fond de
photographies plus précises lien de notices et de données salle ou vie
et bibliographie bibliographie informatique) quotidienne
intégré
Tout public Fiches de salle Matériel Trilingue, Fiches thématiques Toutes Compléter ses
thématiques classique pour thème des plastifiées, bacs de connaissances
compléter ses décors, métiers, rangement prévus
connaissances représentation de pour stocker
soi… plusieurs thèmes
Tout public Fiches de glossaire Aide à la visite Trilingue Fiches plastifiées Toutes Apprendre et
comprendre du
vocabulaire
Tout public Muséographie : Faire le Pièces des IIe et Niche, support en Une salle qui Regroupement,
disposition des lien entre la IIIe siècles plexiglass ou verre montre des reconstitution
pièces de monnaie monnaie et une vertical pièces ou une
scène donnée bourse
Expert Catalogue de Approfondir Étude monétaire Catalogue papier Salle des Besoin
recherche ses réalisée par consultable sur travaux et des informatif,
connaissances Bruno Jannet, pupitre, attache jours actualisation
Catalogue tome 1 antivol
Familial Informations sur Comparer Informations Dispositif NFC Salle de Diane Usage du
les minéraux la pierre de scientifiques et écran, fiches multimédia
Jaumont et de d’identification et techniques
Norroy, le grès de propriétés multimédia
257
Tout public Vidéos sur les Comprendre Etapes de la Vidéo de 2/3 mn Salle de de Reconstitution,
techniques par le visuel taille du bloc au maximum, en Diane multimédia,
artisanales et des monument fini. boucle. Sous titres langues
testées par les explications Voir les outils trilingues
archéologues ou les étapes de utilisés
des professionnels la taille de la
en reconstitution pierre
Tout public Vidéos d’autres Comprendre Tressage de Vidéos alternées Salle des Multimédia.
techniques par le visuel l’osier, le de 2/3 minutes travaux et des Usage de
artisanales et des filage, le travail ou sélection par jours, salle des langues
explications du métal, la boutons poussoirs arts du feu étrangères.
comment sont céramique ou tactiles. Couvre
fait les objets Télévision ou un besoin
écran tactile, sous- d’informations
titres
Enfants Jeu sur la taille de Comprendre Outils à faire Borne interactive Salle de Diane Multimédia
pierre les étapes de glisser selon les de type Opixodo
la taille d’un étapes
monument en
les replaçant
dans le bon
ordre
Tout public Muséographie : la Voir les outils Outils de taille Vitrine ou Salle de Diane Reconstitution
taille de pierre, les réels protection qui
outils permet de toucher
l’objet, taillant,
burin…
Tout public Muséographie : la Toucher les Des pierres Pierre taillée Salle de Diane Tactile,
taille de pierre, la types de traces taillées avec insérée dans la apprentissage,
matière laissées différents paroi utilisation du
instruments toucher contre
la monotonie
Tout public Muséographie Se sentir Ciel et nuages, Peinture murale ou Salle de Diane Reconstitution
: ambiance de comme dans peinture couleur revêtement
carrière une carrière pierre
de pierre à ciel
ouvert
258
III. Discours muséographique
Jean Michel Tobelem définit la muséographie comme : « l’ensemble des notions techniques
nécessaires à la présentation et à la bonne conservation des œuvres, des objets que détiennent
les musées290. »
Dans sa conception, la muséographie regroupe la scénographie, l’expographie et la
conservation préventive. La scénographie est la représentation des éléments du décor en trois
dimensions et non la façon contemporaine d’exposer, contrairement à ce que veulent faire
croire les scénographes et architectes, selon ses propos. L’expographie, terme employé pour la
première fois par André Desvallées en 1993, allie les techniques de présentation, le discours de
communication et de médiation. La muséographie, enfin, est la seule à compter la conservation
préventive parmi ses paramètres. D’après lui, un projet de conservation préventive doit
absolument être établi dans chaque exposition291.
Si nous suivons ces préceptes, comment protéger au mieux nos œuvres afin d’éviter les
dégradations ? Quelle muséologie, scénographie et muséographie292 choisir pour mettre en
valeur notre parcours en suivant les thèmes dégagés et comment rendre accessible le discours
290 M.-O. De Bary et J.-M. Tobelem, Manuel de muséographie, Biarritz, Séguier, 1998, p. 122.
291 Ibid., p. 119.
292 De façon simplifiée, J.-M. Tobelem considère que la « muséologie élabore un discours sur le musée ou
l’exposition, sur ces objectifs généraux, sur ces principes directeurs et ses attendus. La muséographie définit le
programme de l’exposition dans ces différentes composantes ( en tirant partie notamment des éléments issus de
la recherche ). La scénographie porte spécifiquement sur la mise en oeuvre concrète du parcours de visite, sur la
conception des outils de médiation et d’interraction avec les publics, et enfin sur la mise en espace des différents
éléments d’exposition, en relation le cas échéant avec les équipes d’architectes. ». Ces trois termes sont définis
plus amplement dans l’ouvrage collectif sous la direction de M.-O. Bary et J.-M. Tobelem, Manuel de muséogra-
phie - Petit guide à l’usage des responables de musée, Ouv. Cit., 2003, 350 p.
259
au public ? Les moyens réels du Musée de la Cour d’Or étant limités aussi bien en personnel
qu’en budget, une version idéale est proposée, suivi d’une version plus réaliste, modérée par les
contraintes. Nous verrons dans les pages qui suivent quels outils de médiation sont nécessaires
à la bonne compréhension des thématiques par le public.
1. La conservation préventive
La conservation préventive concerne : « Toute action directe ou indirecte ayant pour but
d’augmenter l’espérance de vie d’un élément ou ensemble d’éléments du patrimoine. » (Gaël
de Guichen)
« La conservation préventive intervient sur l’ensemble des domaines qui peuvent avoir des
incidences et des effets sur l’intégrité d’une collection, d’un objet ou d’une œuvre d’art, et
menacer à terme son existence. »
B. Les risques
Il est entendu par le terme de « risques » les catastrophes dues aux phénomènes tels que :
tremblement de terre, inondations, climat rigoureux (tempête, tornade, grêle, neige, sécheresse),
glissement de terrain, feu (volcan, foudre, usine, gaz naturel), émeutes, guerre, pollution (zone
urbaine, usine, proximité de la mer), vibrations, etc.
Les salles du parcours sélectionnées ne sont pas particulièrement en danger, mais une
surveillance de l’humidité ambiante s’impose. D’autres salles du parcours permanent ont été
exposées à des infiltrations durant plusieurs années, occasionnant des dommages au plafond, sur
les murs et une prolifération de moisissures. À Metz, l’humidité due aux nombreuses averses
reste un problème potentiel. D’ailleurs il semblerait que la cavité sous vitre de la salle des «
Maisons pour les morts » qui conservait des os et de la terre cuite ait souffert de ce problème.
i. La pierre calcaire
L’objet de nos recherches porte sur les éléments lapidaires funéraires de Metz dont nous
savons que les monuments sont sculptés dans un calcaire local, bien que sa localisation exacte
reste encore incertaine.
260
Le C2RMF classe les pierres parmi les matériaux inorganiques, à l’instar des métaux et terres
cuites. Cette propriété en fait des artefacts insensibles à la lumière. Les stèles et monuments sont
déployés dans diverses salles du parcours, avec fenêtre (munies d’un filtre) ou non. Cela dit,
la lumière naturelle comme artificielle n’ayant pas d’incidence, aucune précaution particulière
n’est de mise concernant ce point.
De même, les vibrations n’ont pas de réelles incidences car le poids des monuments leur
apporte une excellente stabilité.
Les contaminants biologiques se reconnaissent notamment sous forme de mousse. Les stèles
exposées en sont préservées, contrairement à celles entreposées en extérieur, qui en ont été
victimes. Les résidus de mousse mortes, placés dans le parcours, ne peuvent pas contaminer les
autres objets.
La poussière ne dégrade pas les œuvres en pierre. Cela dit, l’accumulation laisse entrevoir
un aspect négligé du musée aux visiteurs.
Nous savons cependant que la pierre calcaire locale est particulièrement sensible aux
polluants gazeux. Cette caractéristique est malheureusement bien connue dans la ville de Metz.
Le C2RMF mentionne à ce sujet des formations de croute noire dues au dioxyde de souffre. La
pierre exposée ne risque plus d’en subir les conséquences, mais certaines stèles ont déjà souffert
du milieu de conservation extérieur d’où elles ont été extraites. La conservation préventive, en
l’occurrence n’est pas d’un grand secours car c’est vers un nettoyage au micro-sablage et une
restauration professionnelle qu’il convient alors de se tourner.
La pierre calcaire est sensible à l’eau. Afin d’éviter tout problème, il serait avisé d’opérer
une vérification de la maçonnerie et du bâtiment. Ce type de vérification est obligatoire tous les
10 ans.
Le froid est un problème pour les stèles en extérieur car la pierre est susceptible de se fendre.
En revanche, les stèles inclues dans le parcours sont à l’abri des écarts de température extrêmes.
En hiver, les salles sont chauffées.
Afin de séparer les matières, il est recommandé de prévoir une feuille de mylar entre le socle
et la pierre, aux dimensions du monument. Quant à la poussière, un aspirateur sans sac reste
l’idéal.
En termes de déplacement préventif, la céramique se transporte à deux mains, avec des gants
de coton. La règle majeure est de ne jamais tenir les objets par l’anse, partie la plus susceptible
de casser. Quelques objets en terre cuite sont recollés. Ils sont donc fragiles. Par ailleurs, il ne
serait pas superflu de vérifier si le type de colle employée à l’époque de la restauration est bien
adéquate. La colle UHU Art est conseillée293. La céramique se nettoie à l’eau claire et au savon
neutre, si besoin. Il faut veiller à maintenir une humidité entre 40 et 50%. La poussière est un
problème potentiel car de la moisissure peut s’y mélanger.
Si les objets exposés sont des lampes, elles se placent de préférence sur des présentoirs ou
socles en bois aux dimensions du diamètre294 pour ne pas bouger. Des crochets avec tampons
doivent être prévus pour les retenir, sans les enserrer.
Comme la pierre, la terre cuite ne craint pas la lumière, ni les insectes. La température
ambiante telle quelle n’est pas nuisible.
Par conséquent, les objets en terre cuite : amphores, récipients, lampes… etc. sont assez
293 DRASSM, Guide de conservation préventive, Ministère de la culture et de la Communication, 2019, p.
7.
294 C. Felx, Conservation préventive, Châlons-en-Champagne, CDT de la Marne, 2009, p. 3.
261
pratiques à exposer dans un parcours.
iii. Les os
La bonne conservation des ossements est une particularité traitée par la DRASSM,
spécialement dans un contexte de fouille sous-marine. Cela dit, les conseils prodigués sont
valables après décontamination par le sel. Les os doivent être stockés de préférence dans un lieu
frais, à l’abri de la lumière et sec295.
L’os est exposé à divers facteurs de dégradation : variations climatiques, agressions biologiques
et chimiques, ou photochimiques. La nature composite de l’os, mélange de collagène et de
minéraux le rend d’autant plus sensible. Les variations hygrométriques entrainent la création de
fissures. La porosité favorise le vert-de-gris. L’acide est également un danger potentiel. Il faut
rejeter d’office une exposition sur socle des ossements et tout contact avec des métaux296.
L’exposition des os, hors du débat éthique, est délicate. Une mise sous vitrine semble
préférable, avec présence d’un thermo-hygromètre. Un récipient en pierre ou terre cuite
n’endommagera pas l’ensemble des ossements.
iv. Le verre
Les urnes en verre, quoique moins répandues que les urnes en céramique, font partie du
mobilier funéraire retrouvé à Metz. Le verre est caractérisé par sa fragilité. C’est un matériau
inorganique que les variations d’humidité et de température peuvent rendre susceptible de
craquer. Un milieu acide risque de favoriser la production de sels, sous formes de taches blanches
ou brunes qui augmentent les risques de fissure. Les chocs restent néanmoins un danger majeur.
La lumière quant à elle est une menace pour les verres transparents, qui craignent l’action des
UV. Dans tous les cas, elle ne doit pas dépasser 150 lux pour une température entre 18 et 20
degrés Celsius et un taux d’humidité de 45 à 50%.
Si les objets sont manipulés avec précaution, tenus à deux mains avec des gants, les risques
seront dès lors limités. Le verre est voué à être exposé de façon stabilisée derrière une vitrine
pour ne pas bouger.
v. Le métal
Le métal est un matériau inorganique. Il craint la pollution. L’eau entraine la corrosion, aussi
des gants sont indispensables lors des manipulations. En revanche, il est insensible à la lumière.
Le guide interactif de la conservation préventive belge, précise que les monnaies, comme les
médailles doivent être manipulées par la tranche297, avec des gants de coton. Le nettoyage doit
être confié à un restaurateur car les produits du commerce contiennent de l’acide, un composant
nocif. Les dommages sont alors irréparables. Le taux d’humidité généralement retenu est entre
35 et 55%. Les vitrines d’exposition, mises à l’essai avant exposition à long terme, doivent
être en matériaux stables et non délétères. Il faut aussi s’assurer de leur solidité et des mesures
de protection car la monnaie ancienne est de valeur. C’est pourquoi, il est fortement conseillé,
par précaution, de garder des photographies des deux faces des pièces exposées en qualité
maximale.
295 DRASSM, Guide de conservation préventive, Ouv. Cit., p. 4
296 N. Masatsugu, Préserver les objets de son patrimoine. Précis de conservation préventive, Paris, Mardaga,
2001, p. 141.
297 http://www.imust.be, info@conservationpreventive.behttp://conservationpreventive.be/site/index.php?id_
surf=&idcat=738&quellePage=999&surf_lang=fr&id_menu=301&id_menu2=304&id_menu3=988&id_
menu4=738, consulté le 29/10/2017
262
Les monnaies visées sont entre autres celles exposées dans la vitrine de la salle de la vie
quotidienne. Dans l’idéal, il serait intéressant de les relier à la stèle monumentale du fermier
numéro 042.
L’une des idées de médiation consiste à présenter un bûcher et les objets autour du défunt, dont
des éléments de vaisselle brisée pour l’occasion. Ce peuvent être des amphores, des coupelles,
des cruches. Le musée de Fourvière avait traité de ce sujet dans l’exposition « Post mortem »
et montré au public un bûcher. Cette exposition d’intérêt national restait néanmoins temporaire.
Or, si une reconstitution est présentée au public il faudra s’assurer de plusieurs critères. Les
matériaux doivent être traités et ignifugés. Le risque de casse du matériel archéologique favorise
un emploi de fac-similés alors que les véritables objets seraient en vitrine, protégés.
Finalement, les directives à suivre pour une exposition du matériel funéraire ne sont pas très
contraignantes.
Un autre paramètre l’est davantage sans pour autant être inclu dans le schéma de J.-
M. Tobelem à un stade intermédiaire. Il s’agit de la restauration du lapidaire et des objets
archéologiques anciens dont l’état pose problème. Pour ce type d’opérations, le musée fait appel
à des intervenants agréés externes. Chacun travaille sur une matière spécifique. Des spécialistes
seront sollicités concernant le traitement de la pierre, d’autres du métal, du bois ou du verre.
Chaque élément nécessite un temps de restauration différent, avec ou sans stabilisation et un
aménagement adapté à sa taille. Dans le cas de cette étude, les pierres sépulcrales sont mises
en avant. Or, la stèle 033 d’une femme médecin a bénéficié d’un nettoyage et d’une remise en
état en 2013. Le chantier avait alors été confié à un atelier spécialisé. D’après les informations
fournies par l’ancienne conservatrice des collections archéologiques, les restaurateurs traitent
plusieurs stèles à la fois, raisonnablement 3 ou 4, lorsque les opérations sont identiques et le
coût est calculé selon un forfait à la journée. Une T.V.A de 19,6% s’applique. Les différentes
étapes ont été :
Sur un plan technique les stèles ont bénéficié d’un dépoussiérage par aspirateur à filtre HEPA,
d’une pose de compresses à base de pulpe de cellulose imbibée d’une solution de carbonate
d’ammonium dilué à 4% et d’une finition par micro abrasion avec un oxyde d’aluminium 29
micron à très basse pression de l’ordre de 1,5 bar.
Une fois ces opérations terminées, le personnel peut se concentrer sur la mise en place du
scénario muséographique prévu.
263
2. Le parcours muséographique : d’un parcours optimal vers un réaliste
Le parcours est traité sous deux angles. L’un idéal s’affranchit volontairement totalement
des contraintes financières, matérielles et humaines. Bien qu’irréalisable en théorie, il laisse
une ouverture pour des opportunités éventuelles et favorise une imagination moins limitée.
Le second parcours, plus réaliste, prend en compte les restrictions majeures. Néanmoins, ne
souhaitant pas céder sur certains processus de présentation profitable au visiteur, des parties du
parcours idéal ont été maintenues lorsqu’elles faisaient sens.
Ce parcours suit la progression salle par salle du cheminement du visiteur en partant du début
de la visite, depuis la nouvelle entrée inaugurée en juin 2018 (Ill. 2.41). Une inversion s’opère
néanmoins entre la salle de la « Vie quotidienne » et les « Thermes » dans la version réaliste.
Les propositions visent à renouveler le parcours en apportant des pistes d’interprétation
différentes. L’argumentaire, quant à lui, est justifié par les résultats obtenus à la suite de l’étude
du corpus (tome III), du développement scientifique issu de celui-ci (tome I) et par le chapitre
consacré à une conception adaptée au musée (tome II, chapitre 2). Les renvois aux notices
Ill. 2.41 Parcours visiteur, plan tronqué pour conserver la partie gallo-romaine
264
descriptives du tome III sont systématiques.
Afin de visualiser le résultat, nous avons prévu une matérialisation en 3D grâce au logiciel
Google Sketchup, dans une version gratuite spécifique nommée Sketchup Make 2017. Ce
logiciel possède de nombreux avantages pour ce type d’exercice, outre sa gratuité (à condition
de télécharger le bon fichier). Il est suffisamment léger pour ne pas alourdir le calcul du
processeur. Les salles et les objets peuvent être modélisés à taille réelle. Son utilisation est
accessible à n’importe qui pour un minimum de connaissances en informatique. Cet avantage
rend transférables par la suite les maquettes au personnel de la conservation. Ses points faibles
sont néanmoins le non-traitement de la lumière et le placage de textures réalistes. Un point qui
peut être corrigé par des modules tels que Light Render, beaucoup plus gourmands en puissance
et nécessitant des connaissances en électricité pour un rendu fiable. Les maquettes possèdent
aussi un avantage de vérification d’échelle. Nous avons introduit dans les salles des personnages
témoins, partant du constat que certaines expositions, pourtant réalisées par des professionnels,
n’anticipent pas correctement à quelle hauteur placer les objets. À cause de socles trop hauts ou
trop bas, les expôts sont inaccessibles au regard du public enfant ou des personnes âgées. Afin
de faire face à ce problème de mixité des tailles, nous avons inséré un homme de taille moyenne
(1,70 m), une femme, un enfant et une personne handicapée moteur. Ces personnes peuvent
être multipliées à l’infini. Cela permet entre autres de calculer combien de visiteurs peuvent se
tenir dans la salle en même temps sans risque pour les objets exposés et pour eux-mêmes. Ce
baromètre visuel bien qu’il semble simple au premier abord est un véritable atout. De plus, les
cotations et mesures sont vérifiables facilement. Une version en images permet aux personnes
n’ayant pas le logiciel de visualiser le résultat, sans pour autant avoir la capacité de se déplacer
dans les salles, ni de s’approcher des textes et des titres.
Le parcours est décrit selon un sens bien précis : d’après des études298, les visiteurs occidentaux
ont tendance à se diriger directement vers le mur sur leur droite contrairement aux visiteurs
asiatiques. De plus, si des indications leur sont fournies, ils les suivent dans la grande majorité
des cas.
Le visiteur traverse la salle dédiée aux remerciements des mécènes et arrive dans la salle
jouxtant le passage de la Victoire.
Pour rappel, les thèmes traités dans cette salle sont : une contextualisation géographique et
chronologique, le transport, l’armée et la carrière militaire ( Ill. 2.42).
Il longe le mur de droite depuis l’entrée de la salle. Il découvre alors la mosaïque « aux
oiseaux » découverte rue Maurice-Barrès. Elle occupe le mur droit dans sa quasi-totalité. La
salle continue par un renfoncement réaménagé depuis peu.
Une opportunité a permis durant l’année 2017 de revoir la présentation de cet espace enclavé
et de mettre en place une vitrine dans laquelle sont présentés hipposandales, mors et parties
298 P. Hugues, Scénographie d’exposition, Ouv. Cit. p. 100.
265
266
Ill. 2.42 Salles 2 et 3. Début de parcours visiteur et direction des thermes
de harnachement de cheval. Cette vitrine était auparavant située dans les thermes, un lieu peu
approprié. Cet espace a donc pu évoluer grâce une concertation entre les idées proposées dans
ces recherches et le conservateur, décideur final. Cette vitrine est vouée à disparaître, à terme, au
profit d’un schéma de cheval harnaché qui contiendra les objets et des explications accrochées à
même le mur. Des vitrines de protection seront placées autour des objets afin de ne pas entraver
le visiteur souhaitant s’approcher. L’animal en question n’est cependant pas un animal de trait
mais monté par un cavalier. Il ne tire pas de charrette derrière lui. Par conséquent, les accessoires
exposés ne sont pas identiques à ceux employés dans le transport de personnes ou de charges
à valeur marchande ou privées. Ce point reste problématique par rapport à la présentation de
la stèle 041 du corpus qui a mis en avant la nécessité de traiter du thème du transport. Nos
recherches ont démontré, en décrivant la sculpture funéraire, l’emploi local de charrettes de
type essedum et cisium. Le jouguet d’encolure et le brancard à coudée, un système spécifique
au nord-est de la Gaule romaine n’est pas abordé. Il demeure aussi primordial d’expliquer que
la taille basse des chevaux est adaptée à ce système et que, contrairement, aux idées reçues, le
cheval ne s’étrangle pas à cause d’un collier mal conçu pour sa morphologie. De plus, il est utile
de spécifier que l’âne ou le mulet ne sont pas employés dans la région car les visiteurs peuvent
aisément les confondre et ne connaissent
généralement pas cette spécificité.
Afin de faire apparaître et de valoriser
ces nouvelles informations, la mise à
disposition de fiches trilingues semblent
une solution adéquate. Les types de
charrettes seraient inclus sous formes de
fiches A3 illustrées. Les dessins peuvent
être contenus dans un compartiment
intégré à un banc. Un dispositif de la
galerie de l’Homme, au MNHA de Paris,
allie justement siège et bac de fiches
explicatives (Ill. 2.43). L’avantage est
évident car il propose à la fois un espace
de repos et de lecture. Une police en Ill. 2.43 Bacs de fiches explicatives contenues au centre
taille 14 est à prévoir pour une lisibilité des bancs, Gallerie de l’évolution, Paris
optimale. Photo du Domaine public, par Wikimedia
Cette salle constitue le premier contact du public avec la section gallo-romaine. Dans une
perspective de contexte introductif, les repères chronologiques et spatiaux doivent sans conteste
se situer à cet emplacement. Il s’agit de pouvoir contextualiser la période gallo-romaine messine,
dont l’apogée est délimité entre le IIe et le IIIe siècle. Des efforts ont été réalisés concernant les
cartes. Une courte vidéo réalisée en 3 dimensions explique la naissance de la cité et son évolution
jusqu’à la fin du IIIe siècle. Les principaux bâtiments : thermes, amphithéâtre, nécropole et le
tracé de l’aqueduc sont indiqués. La vidéo sous-titrée, muette, est déclinée en trois langues :
français, anglais et allemand.
Quoiqu’efficace, cette vidéo reste succincte. Sans interactions possibles, elle ne permet pas
de recherche ou d’approfondissement. C’est pourquoi il peut être envisagé de la compléter.
267
Le modèle de frise chronologique proposé par l’INRAP constitue un exemple intéressant299
à exploiter. Il recouvre 800 000 ans d’histoire qui défilent au moyen d’un curseur dirigé par
le visiteur. Chaque période est délimitée par une couleur différente et unique. Une large frise
est illustrée par une photographie de découverte archéologique, des informations historiques
liées à l’histoire au sens large (-52 : prise d’Alésia par Jules César), des inventions majeures
et un onglet « Pour en savoir plus » sont inclus. L’onglet « pour en savoir plus » renvoie à une
explication plus détaillée du titre comme « L’Antiquité gallo-romaine », rédigée sur une page
annexe et reliée grâce à un lien hypertexte. Un lien en bas de page renvoie encore à un dossier
composé d’une mosaïque agrémentée d’un quizz visant à rectifier les idées fausses (si vous
pensez que Sesterce est un empereur faites le quizz), des articles et reportages. Le tout constitue
un ensemble complet et intéressant du point de vue des apports historiques et culturels. La
recherche informative n’est pas forcée mais volontaire.
On peut envisager, en s’appuyant sur le même système, d’intégrer une frise chronologique
de ce type sur une échelle de temps plus courte, soit de -52 à 476, par exemple. Ce serait
un réel avantage pour se situer dans l’histoire et dans l’histoire locale de Metz en parallèle.
Outre l’attrait du multimédia, nous pourrions d’une part au-dessus de la ligne médiane parcourir
l’histoire de Metz en mentionnant la construction de grands bâtiments comme l’amphithéâtre,
les thermes, les remparts. D’autre part, sous la ligne placer les dates de ce que l’on surnomme «
la grande histoire » avec ses évènements et ses empereurs clés, liés à l’histoire même de la ville
et aux modes, notamment en termes de coiffures. Les invasions, dites migrations vers l’est, font
partie de ce passé mouvementé ainsi que la fin d’utilisation des nécropoles du Sablon.
Dans cette démarche, chaque période est illustrée par une découverte archéologique locale.
On peut imaginer un contenu documentaire enrichi au fur et à mesure par les conservateurs
et par des articles, notamment sur la monnaie de Metz, récemment étudiée par B. Janet300. Sa
présence, fort utile concernant la recherche sur la monnaie antique, se place dans un cadre plus
large. Il est intervenu à partir de 2013, sur demande de la conservation, afin de réhabiliter la
collection de numismatique. En termes de chronologie son travail, centré sur la monnaie d’or,
va de l’époque gauloise à nos jours.
Un écran plat tactile de 21 pouces serait idéal pour le public. Une fusion du plan en 3D actuel
dans ce système permettrait un gain de place. Une ébauche de frise est proposée en annexe
(Annexe 25 frise chronologique, p. 583)
Le plan de la ville en relief d’après J. Thiriot étant obsolète, il a été remplacé il y a peu de
temps par une carte en deux dimensions. Sur le mur situé à sa perpendiculaire, une carte de la
région montre le territoire médiomatrique. Cela dit, ces cartes restent abstraites et ne donnent
pas d’idée précise du paysage urbain et de sa parure monumentale à notre sens.
C’est pourquoi, dans un souci de mêler cartes et productions originales, présenter l’aquarelle
de Metz antique réalisée par J.-C. Golvin aurait été bénéfique (Ill. 2.44).
La démarche des J.-C. Golvin est basée sur une étude des monuments principaux des
villes. Ses productions ne courrent pas le risque de se démoder grâce à leur côté artistique. Ses
aquarelles de la villle d’Arles antique, par exemple, fonctionnent bien. Malheuresement, dans
le cas de la restitution de Divodurum, cité au passé moins connu et déterminé, la chronologie
d’ensemble n’est pas cohérente et il extrapole des parties de la ville. Le petit amphithéâtre et le
299 INRAP, Frise chronologique histoire et archéologie, https://multimedia.inrap.fr/archeologie-preventive/
chronologie-generale, consulté le 09/05/2018.
300 B. Janet, L’or de Metz, les monnaies précieuses de l’époque gauloise aux Carolingiens, tome 1, Metz, Sil-
vana éditoriale, (coll. Dir. K. Kazek), 2018, 144 p.
268
grand amphithéâtre n’ont pas été utilisés à la même époque, mais successivement. Néanmoins,
ce plan a pu servir de base à la vidéo de Curmilla, présentée dans la salle des thermes. Elle
raconte la découverte de cet établissement par la jeune fille et sa mère.
La présence de plaques de militaires bétonnées dans le mur (notices 101 et 109) invitent à
proposer une thématique sur l’armée.
Pour cela, une carte devrait être prévue afin de montrer les axes régionaux reliant les villes
principales qui ne sont qu’évoquées vaguement. Il s’agit aussi de comprendre que les habitants
de Metz ne sont pas attirés par la carrière militaire. La XXIIe légion Primigenia pia fidelis est
située chronologiquement après 89. Elle est basée à Mayence. Les plaques incrustées dans
les murs du musée appartiennent à des vétérans de l’armée venus finir leurs jours à Metz.
Cela dit, l’option de proposer une fiche explicative plastifiée sur cette légion, son emblème (le
capricorne), ses dieux protecteurs (Fortuna Primigenia) et sa devise (Leg(io) XXII P(rimigenia)
P(ia) F(idelis) est envisageable. Si l’option de la fiche est retenue, elle sera rangée dans le bac
de documents aménagé juste en face. De telles fiches à disposition du public existent au musée
Cernuschi, par exemple.
269
Ill. 2.45 Vue globale des thermes et direction de la salle des Travaux et des jours
270
Les connaissances essentielles que devront acquérir les visiteurs à minima seront la capacité
à situer chronologiquement Divodurum dans l’Antiquité et replacer la cité dans sa région en
comprenant l’importance des axes de communication qui la relie aux autres villes.
La suite du parcours conduit le visiteur vers les thermes nord, dont la construction est située
dans la frise. Ils se situent en bas des escaliers. Ce monument in situ, a été mis au jour en 1934,
lors de travaux d’agrandissements (cf. Tome II, chapitre I, Histoire du musée et des collections,
p. 168). Les thermes seront fermés au public dans un avenir proche car l’accumulation de
salpêtre est un danger pour leur conservation à long terme et la salle nécessite une restauration
d’urgence.
Pour rappel, les thèmes traités dans cette salle sont : la médecine, le travail des femmes, la
couleur (Ill. 2.45).
Lorsque le visiteur traverse la salle, il découvre trois thèmes successifs, reliés par associations
d’idées par G. Collot dans les années 1980. L’eau des bains, principal thème traité, induit l’idée
d’eaux curatives et de divinités, l’eau curative et les soins du corps font songer à la médecine.
Les monuments funéraires sont exclusivement liés à ce dernier. Il s’agit dans un premier temps
de bien distinguer les titres de ces parties par des inscriptions en majuscules de 7 cm sur les
murs. Pour nos besoins en termes de muséographie, les fenêtres de la salle doivent être équipées
de stores et de rideaux noirs pour contrôler l’obscurité de la pièce et renforcer les jeux de
lumières grâce à l’orientation de spots fixés sur les vestiges, entre autres.
Contre le mur d’angle, à la place de la stèle d’un couple, une reconstitution d’hypocauste
apporterait un supplément explicatif direct non négligeable en raison de la présence du caldarium
pressenti à cet endroit. Le système légendé nécessite un éclairage sur sa structure. Les termes de
foyer, pilastres de briques, niveau du sol et tubulures doivent apparaître.
Les plaques de marbre exposées dans la salle de la « Vie quotidienne » gagnent à être
déplacées dans les thermes puisque les baignoires en étaient recouvertes. Leur place y est plus
appropriée que dans une vitrine qui mélange les thématiques sans aucune explication.
La peinture vieillissante et de couleur vert d’eau devrait être remplacée par une peinture dans
des tons bleus, plus parlante ou par une reconstitution de fresque, selon les études de fragments
dont nous disposons, si cela est faisable. Dans notre simulation, la peinture de couleur bleue
retient notre attention plutôt que la seconde solution car elle reprend l’idée du concept original
de Collot et se fond avec le reste du parcours sans dénoter.
Un dispositif interactif d’eau mouvante au sol, sans risque pour les vestiges, pourrait être
envisagé (Ill. 2.46). Il contribue à notre récit, de façon indirecte. Il crée une analogie avec les
titres des thématiques et la logique de parcours que nous souhaiterions mettre en avant. Ce
type de système a notamment été présenté lors du salon du SITEM301 en 2014. À moindre
301 Le SITEM est le Salon International des Musées. Cette manifestation parisienne dure 3 jours. Elle permet
aux professionnels des musées de rencontrer des entreprises liées à la culture et de participer à des conférences
271
coût, une diffusion vidéo est aussi utilisée sur le
sol du Quai Branly. L’obscurité relative de la salle
favorise l’utilisation de ce genre d’outils dont la
signification est vécue de façon expérimentale
directe. Ce système crée en outre un jeu de
tonalités entre les différentes palettes de bleu.
La stèle numéro 033 du corpus porte au regard du visiteur une femme en tunique longue.
Elle exerce la profession de médecin, indentifiable sur son épitaphe. Cette inscription démontre
que la femme gallo-romaine peut travailler et n’est pas limitée aux métiers les plus basiques.
Son caractère exceptionnel n’est pas souligné actuellement. Pour la démarquer, un ensemble de
solutions sont à envisager. Un socle de 30 cm servirait à la rehausser à hauteur du regard. Un
travail sur la lumière doit être accompli afin de la démarquer. A minima, il faudrait placer des
spots à ampoules LED orientés vers la face du monument.
Une étoile, collée par un système électrostatique à proximité du cartel de la stèle ou sur celui-
ci, indiquant un « Trésor du musée » serait à même de souligner la préciosité et la rareté de la
découverte.
Une seconde proposition serait de la mettre en valeur grâce à une reconstitution colorée
ciblée. La reconstitution de la couleur spécifiquement ciblée sur ce monument s’appuie sur le
fait que son inscription soit peinte en rouge. La stèle a fait l’objet d’une restauration en 2013.
En effet, la problématique de la couleur des stèles, autrefois peintes, doit être soulevée. Cet
espace isolé et sombre est idéal pour traiter la question. La stèle n’est pas entourée de nombreux
monuments funéraires parasites, contrairement au monde des morts, par exemple. On ne court
donc pas le risque d’une surcharge visuelle. Il serait cependant plus honnête de préciser que
son interprétation est basée sur la recherche et les codifications connues et non sur des restes
archéologiques de pigments prélevés. La meilleure solution consiste en l’occurrence à faire
appel aux conseils de jeunes chercheurs spécialistes du sujet tels que Anne-Laure Edme ou
Nicolas Delferrière. Peut-être pourrons nous également espérer une étude par phosphorescence
X du monument. D’après leur étude, spécifique à la région dijonnaise mais qui tend à s’étendre
et à se généraliser, nous savons que les stèles étaient enduites d’une sous-couche de chaux
blanche dont restent parfois quelques résidus. Des rehauts colorés ocre marquent les contours
alors qu’une partie seulement est peinte. Le fond de la niche est souvent tapissé de vert (obtenu
conduites par des conservateurs, architectes, muséographes et autres.
272
grâce à une terre argileuse) ou bleu égyptien, selon les moyens financiers déployés par le payeur.
Ill. 2.47 Restitution de couleurs : L’Ara com’era, à l’Ara Pacis de Rome, fin le 30/12/2019
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De la même manière, les cheveux sont parfois jaunes ou ocre. La tunique peut être brune.
Généralement la pupille est également rouge/brune, de même que les sourcils ou les lèvres.
La technique de restitution de la couleur en elle-même a bénéficié de résultats très concluants
en Italie lors d’une exposition temporaire à l’Ara Pacis à Rome (Ill. 2.47).
Il s’agit de mettre en lumière chaque étape, puis les zones colorées les unes après les autres
avant de visionner le tout dans son ensemble.
Selon les explications fournies par le musée italien : « Plongés dans un cadre à 360°, les
visiteurs ont pu admirer l’Ara Pacis tandis qu’il retrouve ses couleurs d’origine : une “magie”
rendue possible par une étude expérimentale réalisée par la Sovrintendenza Capitolina ai Beni
Culturali pendant plus d’une décennie qui a amené à une reconstitution hypothétique mais avec
la plus grande approximation permise. »
273
L’importance de l’activité médicale à Metz passe aussi par la multiplication des éléments
significatifs attestant cette profession.
Des cartels développés sont à inclure à 90 cm de haut, selon la norme en vigueur. Un texte
sur la médecine et les femmes médecin est à prévoir. Il comportera notamment quelques
explications sur ledit collège et la controverse associée à la stèle 080 du corpus, confondue
a tort avec une « colonie des Médiomatriques » à cause d’abréviations incomprises telles que
MED et COL. Cette rectification est appuyée par les recherches de B. Rémy sur les inscriptions
en médecine302.
La femme médecin des Médiomatriques est à mettre en parallèle avec la tante d’Ausone,
Aemilia Hilaria, exerçant le même métier et dont l’écrivain fait un portrait singulier l’assimilant
à un homme. Il serait donc intéressant de citer Ausone dans une version bilingue, propice à la
lecture par les latinistes. Les cartels sont dans l’idéal blancs, les inscriptions en noir, selon la
conception déterminée dans la deuxième partie de ce volume. Un spot LED supplémentaire
ou un système rétroéclairé est à prévoir afin de les faire ressortir dans cette salle relativement
sombre. L’espace disponible permet de placer un siège en face de cet ensemble de stèles.
Sur le mur droit, la vitrine des instruments de médecine présente des objets archéologiques
en lien direct avec les actes chirurgicaux et complète les propos tenus. La vitrine doit cependant
être revue autant pour la peinture de la niche que la luminosité. Selon le projet prévu, les objets
sont posés sur des socles transparents inclinés si besoin ou accrochés au mur pour plus de
visibilité grâce à un système de tiges de présentation en matériau neutre. Des cartels rassemblés
sur un panneau à droite renvoient aux noms des instruments, à leur fonction et aux matériaux
employés.
Une tablette serait utile pour faire défiler des illustrations de scènes classiques de soins
médicaux et de personnages célèbres dans le monde romain. La fresque romaine de l’opération
d’Énée du Ier siècle, conservée au musée de Naples est un exemple potentiel exploitable à
condition d’en expliquer la référence culturelle. De même nous pensons à présenter les bustes
d’Hippocrate conservés au musée d’Ostie et celui de Galien de la Faculté de Montpellier. Un
monument en relief d’Ostie montre un médecin dans son cabinet. Un autre issu du museo della
Civilta Romana met en scène un oculiste examinant un patient. Ce thème crée un lien avec un
bâton de collyres local exposé en vitrine. Le musée doit s’enquérir d’obtenir les droits à l’image
pour chaque exemplaire retenu.
Les connaissances essentielles que devront acquérir les visiteurs à minima seront que les
monuments funéraires pouvaient être colorés. L’existence d’un collège de mèdecine réputé est
aussi une information importante à retenir sur la cité.
Le visiteur remonte des thermes vers la salle des « Travaux et des jours » aussi surnommée
« Vie quotidienne »
2. La représentation de soi et les objets symboliques (aussi nommés attributs dans une
sphère liée à l’humain), les gestes symboliques ;
302 B. Rémy, « Les inscriptions de médecins en Gaule », Gallia, Tome 42 fascicule 1, 1984, p. 117.
274
Ill. 2.49 Salle des travaux et des jours, vue générale. Direction salle de la Victoire.
275
Ill. 2.51 Salle des Travaux et des jours, vue du mur gauche. Direction salle de la Victoire.
276
Ill. 2.51 Salle des travaux et des jours, mur droit. Direction salle de la Victoire.
3. La représentation de soi par un système de valeurs, véhiculées par le travail : activités
de commerce, transport, secteur primaire ;
4. Les moyens de subsistance et les éléments liés au repas, dont les activités précédentes
assurent l’approvisionnement.
Les visiteurs arrivent dans la partie de la salle dédiée aux divinités gauloises et gallo-romaines.
La stèle d’un couple assis sur des fauteuils d’osier, décorée d’une scène de passation d’objets
entre les deux époux (020) transite dans un espace dédié à « la représentation de soi et les gestes
symboliques ». Situé plus loin dans le parcours, le monument demeure dans la même salle, ce
qui facilite le transport et assure le portage du sol. Il est intéressant dans ce contexte de faire
remarquer au visiteur que les regards ne se croisent pas et vont vers une autre direction. L’ascia,
gravée face latérale gauche sera visible. Un panneau explicatif doit être prévu pour expliquer
ce symbole obscur et mal connu.
Une autre stèle doit être déplacée : la stèle dite « du fermier » (notice 042). Le monument
illustre une scène dans laquelle un homme reporte sur un registre ouvert le montant amassé. Il
est assisté par un serviteur ou un esclave, présent sur les faces latérales. Le pécule est montré
sous forme de pièces amoncelées. Ce monument prend place dans la thématique liée à la valeur
accordée au travail. Il est important de notifier un détail quant à son interprétation : ce monument
n’est pas a priori une scène sur le paiement d’impôts. L’étude comparative avec les monuments
des villes d’Arlon et Trêves a démontré la présence de plusieurs contribuables en attente, en file
autour du comptoir, ce qui n’est pas le cas ici.
En face des divinités, sur le mur de gauche, le thème numéro 2 de la représentation des
personnes et des valeurs qu’elles souhaitent afficher est mis en scène et identifié par un titre.
Les attributs humains sont mis en avant. Pour commencer, la stèle 028 est transportée depuis
les thermes pour être insérée dans cet espace. Elle met en scène un couple dont l’homme tient
un sac à tablettes et la femme une boîte à bijoux. Ce sont des attributs extrêmement communs
(cf. Tome I, chapitre 2, tableau de objets symboliques, p. 74) et simples à reconnaître. La
face latérale gauche gagne en lisibilité grâce à la lumière naturelle ambiante. Elle montre une
danseuse dénudée faisant passer derrière son dos une étoffe et jouant des crotales. Le faune,
probablement figuré sur la face de droite sera également visible. La stèle exprime le niveau
277
social de ses propriétaires et leur culture de référence, via la danseuse.
À sa gauche, le mausolée en forme de pilier 002, conserve son emplacement d’origine. Il
figure une scène de banquet dans laquelle les convives entourent le défunt. Le personnage de
droite soulève une coupe dans sa main. Les scènes latérales sont décorées. Sur la face latérale
gauche, un personnage joue de la syrinx, quoique l’instrument paraisse disproportionné. La face
latérale droite montre un personnage en pleine course, un trident sous le bras. La composition de
l’entourage plus nombreux du défunt suggère sa sociabilité et peut-être son cercle d’influence.
Le statut aisé du mort est affirmé. Un cartel développé donne une interprétation assez juste des
scènes sculptées. Il faudrait cependant le mettre en exergue. Un spot orienté sur le cartel est
envisageable.
À droite du couple assis sur des fauteuils (notice 020), le bloc de grand tombeau n°105 est
rehaussé par un socle noir de 20 cm. La femme représentée est quasiment de grandeur nature.
Elle porte autour du cou des bijoux massifs (cf. Tome I, chapitre 2, les objets symboliques
féminins). Ce type de monument, inspiré de l’Italie du Nord, montre l’ostentation du personnage
et se démarque des autres monuments si l’on considère sa taille. Au-dessus du monument n°105,
un panneau répertorie et explique la symbolique des objets sélectionnés par les habitants de
l’Antiquité. Juste à sa droite, une statue, cette fois de provenance italienne, sert de comparatif
quant à la qualité de la sculpture et la noblesse du matériau qui est ici du marbre blanc303.
Un ensemble de stèles, de différentes tailles, sont incrustées dans les niches creusées dans
les parois. Le mur de cloison en question est un ajout, il ne s’agit pas de mur porteur. Parmi
la liste sélectionnée (Cf. Tome II, chapitre 2, Conception), les stèles correspondant aux notices
085, 027, 025, 034 et 068 se succèdent. La scène sculptée sur la stèle 034 relate une passation
de bourse entre époux. Elle vise sans doute à montrer la réussite financière du protagoniste.
Elle renvoie par son discours à la stèle 020. Les stèles 085 et 027 représentent respectivement
un bébé emmailloté et une petite fille qui tient la main d’un homme, supposé être son oncle
ou son grand-père. Le geste, encore une fois, est important dans cette scène portée au regard
du visiteur. Ces deux exemples traitent de l’enfance, période de la vie peu reconnue du fait de
l’importante mortalité infantile. Si à Rome, l’attachement à sa progéniture, avant l’adolescence,
est déconseillé, l’attitude des Gallo-Romains diffère manifestement. De plus, les bandelettes
enroulées autour du nourrisson expliquent une habitude culturelle peu connue. L’emmaillotage
des bébés a perduré jusqu’au XIXe siècle car on les croyait fragiles.
La stèle verticale n° 068 comporte deux mains droites serrées, une façon d’exprimer sa fides
ou fidélité, une valeur forte. Elle est mise en avant par un gros plan. Les stèles placées dans les
niches ne faisant pas partie de notre sélection sont retirées du parcours car elles ne participent
pas au discours voulu.
Les trois vitrines de bijoux, placées dans la continuité du « mausolée à la treille » (002),
introduisent le travail comme valeur sociale. L’aspect symbolique est remplacé par des activités
plus concrètes, même si rien ne confirme que les personnes ont réellement exercé ces métiers.
Un pilier miniature dédié à des pluri activités rassemble plusieurs scènes hétéroclites. Un
couple est figuré sur la face principale en moyen-relief. Ce sont sans doute les possédants, dont
le défunt. Des ouvriers sont montrés en action, de profil, en bas-relief. Cette particularité de
profondeur de la sculpture est à préciser pour que le visiteur saisisse comment fonctionne la
codification dans la sculpture funéraire. Vente de boisson, scieurs de long, moulin et transports
sont tour à tour évoqués. Pour plus de visibilité des différentes faces, le pilier a été installé sur
un socle en biais. Un cartel développé est à prévoir, basé sur la notice 016.
303 Le portage dans le logiciel de la statue étant trop complexe à réaliser, une autre statue de femme remplace
celle du musée.
278
L’espace est ensuite délimité par un dispositif de construction modulaire. Deux parois en
rouge pompéien sont montées à 5 m de distance. Elles sont recouvertes de tuiles romaines plates
et arrondies alternées reproduites ou d’époque, si possible. Une poutre en hauteur traverse cet
espace et sert à figurer l’agencement de boutiques de rues, dont le comptoir est ouvert vers
l’extérieur. Parmi les quelques magasins mis en valeur : un bijoutier, un marchand de tuniques
et un marchand d’étoffes (notices 031,034 et 104). Entre le marchand de tuniques et d’étoffe,
un ensemble explicatif favorise une compréhension intuitive. Il comporte une vitrine dans
laquelle le visiteur découvre des instruments de couture. Des forces, un dé, des aiguilles, une
fusaïole sont inclus. Il s’agit de rapatrier les éléments actuellement exposés dans un recoin peu
accessible de la salle des arts du feu. Les articles sont présentés accrochés à la verticale grâce
à des tiges et crochets pour avoir une visibilité suffisante. Un cartel groupé détaille le contenu
de la vitrine. Sur une étagère à droite, une maquette de métier à tisser typique de cette époque
renvoie à l’activité professionnelle du tisserand. La maquette de reconstitution remplace le
fac-similé de métier à tisser dont seuls les fils et les poids sont maladroitement montrés et
tombent à la verticale. Ce système, en effet, n’est pas viable et n’explique rien de la façon
dont circule la navette. Une table placée en face de la maquette est destinée à tester un modèle
réduit fonctionnel, déjà monté. Ainsi le visiteur peut-il directement expérimenter l’utilisation
des navettes et d’un peigne dans la confection d’un rouleau d’étoffe qui se forme devant lui. Le
métier à tisser miniature mis à disposition nécessite tout de même une surveillance et une petite
maintenance.
De l’autre côté du mur modulaire, à droite du marchand supposé d’étoffes (Notice 039),
la stèle du marchand d’esclaves est exposée dans le but de faire surgir aux yeux du visiteur
la réalité de l’esclavage, peu visible. Cette stèle (Notice 024) provient de la salle des artisans
où elle n’a, à notre sens, pas sa place. Le personnage sculpté est bien un venaliciarius selon
son épitaphe. Sa posture et son vêtement ample accentuent sa fierté de réussite, montrée via ce
métier pourtant controversé à Rome. Il n’existe que deux stèles sur ce thème en Gaule. C’est
pourquoi, elle doit bénéficier d’une mention spécifique, comme une étoile, pour la dissocier des
autres, plus communes.
La réussite financière est également exprimée grâce à la stèle de comptes (Notice 042). Le
monument, dont il a déjà été question en début de salle, est déplacé à côté de la stèle du fameux
marchand d’esclaves. En relation avec la scène narrée (un amoncellement de pièces est figuré
sur la face principale), l’idée de présenter dans un espace proche de véritables pièces monétaires
fait sens. Les monnaies exposées dans la vitrine actuelle sont peu mises en valeur du fait de leur
cantonnement dans un recoin presque inaccessible. Elles font partie d’un agglomérat confus
d’objets hétéroclites. La solution envisagée pour y remédier est donc de déplacer l’ensemble
des pièces de manière à les replacer dans un discours plus cohérent. Il s’agit aussi de présenter
des pièces de la même époque que les stèles, soit des IIe et IIIe siècles. Une précision sera à
apporter, notamment pour les enfants, le visage de profil n’est pas celui de Jules César mais
de l’empereur régnant. Une autre possibilité serait de montrer, par une sélection plus fine, les
différents empereurs et leurs femmes afin de pouvoir comparer les coiffures à partir des pièces.
Selon le système prévu, les pièces sont disposées dans une vitrine verticale transparente
protégée contre la lumière par un filtre UV. Ce système de présentation de pièces se base sur la
vitrine des monnaies du MNHA de Luxembourg (Ill. 2.52). Cela dit, la salle du Luxembourg est
d’une surface conséquente et le visiteur peut faire le tour de la vitrine. Ce ne sera pas possible à
Metz pour des raisons de circulation des groupes dans le couloir central. Nous avons pensé à un
système de plaque rotative afin que le visiteur puisse faire tourner la vitrine pour voir les deux
côtés des pièces : face et avers.
279
Enfin, la stèle de Reginus (Notice
017) aborde le thème du transport
et l’exportation de produits. Une
charrette (de type cisium) est
figurée sur la face latérale, en bas-
relief et de profil. Il serait opportun
d’afficher sur le mur d’angle une
carte des activités artisanales de
la ville, comprenant les ateliers de
production et les voies de transport
vers d’autres destinations. Une
telle carte existe déjà dans l’Atlas
historique de Metz304.
Ill. 2.52 Dispositif de vitrine pour exposer la monnaie
© MNHA Luxembourg
Le nouvel emplacement de la
stèle 017 en fin de salle, proche de
l’entrée, permet de mettre en corrélation le monument avec ceux exposés salle de la mosaïque.
La stèle 041, mentionnée auparavant, relate aussi une scène de transport. Les plans régionaux et
de la ville sont situés à proximité. Ainsi, le visiteur peut facilement retourner observer les axes
routiers au besoin.
Le long du mur droit, à côté de la table basse, support au test de la maquette du métier à
tisser, une table tactile est fixée au sol. Elle apporte un supplément digital interactif. Deux sièges
permettent de s’installer plus confortablement. Par sécurité, la table tactile est à garantir par
un contrat de maintenance. Elle contient plusieurs logiciels et jeux. Un jeu de glisser/déposer
avec des personnages et des attributs à relier amène le visiteur à mémoriser qui porte quoi. Par
exemple, la femme peut être représentée avec un flacon, l’homme avec des tablettes. À la suite
d’une bonne réponse, un texte court renvoie à des expôts situés dans le parcours. Une carte
interactive des sites de découvertes et les notices peuvent être consultées. Ce dispositif, basé
sur les recherches effectuées touche un public érudit. L’outil rend possible l’agrandissement
des textes pour les personnes malvoyantes. On peut également envisager une lecture
automatique des textes enregistrés à voix haute. La table tactile serait idéale pour présenter des
agrandissements photographiques des pièces de monnaies et des fiches explicatives reliées à
celles-ci. Un important travail de fond a déjà été accompli grâce à la photographe L. Kieffer et
aux recherches de B. Janet305. Cela dit, il faudrait pour l’occasion traiter de pièces en matériaux
non précieux. Cette perspective permettrait une mise en valeur des avancées des recherches
documentaires récentes.
Sont ensuite exposées des stèles concernant les activités du secteur primaire, dont l’espace
de présentation se distingue par le titre. Le musée possède des représentations de pêche (Notice
015), d’élevage (Notice 100) et de chasse (Notice 036). Au-dessus de ces monuments, un dessin
de lignes reproduit l’une de ces trois scènes. Le pêcheur dans sa barque ou le pâtre et son troupeau
constituent un excellent choix car ce sont des formats paysage. Ce type de décoration murale
a été employé lors de l’exposition temporaire « L’armée de Rome, la puissance et la gloire306
». À Arles, les dessins d’illustration, dont une baliste, étaient de couleur dorée sur un fond
304 J. Trapp, Atlas historique de Metz, Ouv. Cit., 2013, p. 66.
305 B. Janet, L’or de Metz, les monnaies précieuses de l’époque gauloise aux Carolingiens, Ouv. Cit., 2018, 144
p.
306 L’armée romaine, la puissance et la gloire, exposition temporaire du musée départemental d’Arles antique,
280
noir (Ill. 2.53). Nous pouvons opter pour un grenat situé
deux tons au-dessus ou un rouge deux tons en dessous
de la couleur de la salle. Des tests seront à effectuer avec
un nuancier avant de décider. Les monuments 015, 036
et 100 évoquent des aliments consommables : poisson,
viande d’élevage et gibier. Ils favorisent une transition
vers le thème du repas et de l’alimentation. Le coin droit
est réservé à cette thématique, au titre clairement affiché
par des lettres de 7 cm.
Ill. 2.53 Dessin de ligne dun char
Il n’a pas été simple de repenser la grande vitrine L’armée de Rome, la puissance et la
d’origine contenant la vaisselle pour la supprimer. gloire
Toutefois, cet espace était à libérer pour introduire la Photo D. Davin
thématique des magasins. De même, il fallait récupérer
l’espace dévolu à l’ancien métier à tisser pour placer les stèles du secteur primaire. Suivant
l’idée d’exposer à proximité du visiteur les objets archéologiques authentiques, nous avons
testé de multiples configurations. Il est néanmoins apparu que le visiteur ne pouvait pas être en
contact avec tous les objets présentés car certains ont besoin de protection contre la poussière
et l’usure ou sont trop fragiles. Une vitrine sur socle est donc fabriquée sur mesure pour chaque
composant ou groupe d’artefacts exposé. Les deux tables de jardin sont renforcées d’une
cloche. Le barillet de pierre, posé sur socle, est suffisamment lourd pour ne pas craindre les
chutes. Une amphore à vin et une à huile sont présentées sur une structure adaptée sur mesure.
Cette création s’inspire de la présentation des amphores du musée d’Arles antique. Les visiteurs
sont proches de l’objet qui court éventuellement le risque d’être touché, mais son poids et
un avertissement « ne pas toucher » les alertent. Le rehaut matérialisé par la plateforme au
sol revêt la même fonction de barrière psychologique. Un chaudron, placé sur une étagère,
est présenté dans une vitrine. Une stèle de boucher en grès rose des Vosges est simplement
posée sur une feuille de mylar à sa taille. De la vaisselle est présentée. Elle a pour fonction de
montrer comment les vivres sont consommés. La vaisselle est divisée en vaisselle de table et
vaisselle du vin. La vaisselle de table comprend des bols, assiettes et gobelets communs alors
que la vaisselle du vin comprend passoire, casseroles et récipients de verre. La présentation
d’origine, surchargée d’objets dans une vitrine invasive, est ainsi allégée et la mise en scène
est modernisée selon des normes plus actuelles. La multiplication des amphores semblait aussi
exagérée en comparaison du peu de vestiges locaux découverts. En effet, à Divodurum, le
tonneau semble plus couramment employé. La région ne manque pas de bois résineux ce qui
aurait permis d’en fabriquer même si la plupart des tonneaux vinaires connus proviennent de la
région Lyonnaise. Ce point est à préciser au visiteur pour lequel l’amphore est souvent perçue
comme universelle dans le monde romain.
Les connaissances essentielles que devront acquérir les visiteurs à minima seront que les
personnages représentés ne sont pas des portraits proprement dit. Ils sont codifiés. Ils seront
aussi amenés à comprendre qu’à Divodurum, les scènes de métiers, rééls ou non, ont la faveur
d’une partie de la population. Ce n’est pas le cas partout en Gaule romaine.
du 15 décembre 2018 au 22 avril 2019. Exposition réalisée avec la collaboration du Musée d’Art Classique de
Mougins. Partie expérimentale proposée par la troupe de la Légion VIII Augusta.
281
282
Ill. 2.54 Passage de la Victoire, mur gauche. Direction du monde des morts.
283
Ill. 2.55 Passage de la Victoire, mur droit. Direction du Monde des morts.
Ill. 2.56 Continuité entre le Passage de la Victoire et le Monde des morts.
284
iv. Passage de la Victoire
Les thèmes prévus dans cette salle sont une introduction autour de la mort, les lois et la
crémation (Ill. 2.54, 2.55, 2,56)
Le passage de la Victoire doit son nom à la statue de la déesse exposée au centre du couloir.
Elle provient de la zone du Sablon qui a aussi délivré bon nombre de stèles funéraires. La
seconde partie de la salle est destinée à servir d’introduction au « Monde des morts ». Peu
explicite dans son état actuel, cette salle doit être aménagée autrement pour que le visiteur
puisse comprendre le thème en question. En l’occurrence, la mort, les lois et la crémation
comme mode d’ensevelissement.
À Metz, durant l’antiquité, la crémation prime. Les conditions de vie, rudes, rendent la vie
fragile.
307 V. Hope, Death in ancient Rome, London, Routledge, 2007, p. 10.
285
Il semblerait que dans la cité de Divodurum la crémation soit exclusive jusqu’au IVe siècle.
Les informations sur les défunts sont rares. Au mieux le nom du mort est-il suivi de sa profession
ou du dédicant (la personne ayant offert la tombe). L’âge n’apparaît presque jamais, si ce n’est
pour signaler la perte d’un jeune enfant ou d’un adolescent. Les chances de parvenir à l’âge
adulte sont faibles dans le monde romain, mais une fois passé ce cap on pouvait espérer vivre
environ une quarantaine d’années. De cette société inégalitaire, peu d’esclaves sont montrés. Et
pour cause ! Ils sont considérés comme des objets, sans droits.
Une étude épigraphique (des inscriptions) nous fait découvrir une population composée de
62% d’hommes et de 38% de femmes. Cette tendance ne signifie pas que les femmes sont moins
nombreuses mais qu’elles sont sous-représentées dans les sépultures pérennes. Jusqu’en 212,
seuls 33% des habitants environ sont des citoyens aux droits avantageux. L’interpénétration
culturelle se remarque particulièrement dans le choix des anthroponymes, un mélange de latin
(70%), de celte (27%) ou, plus rarement de noms germaniques (3%).
À gauche du panneau sur la Loi des 12 tables, un espace délimité est divisé en trois parties,
à une hauteur de 80/90 cm. Le mur de cloison doit être revu pour créer un ensemble plus
bas et éliminer les vitrines vieillissantes et mal pratiques. Une peinture noire à reflets bleutés
remplace le tissu gris en fond de niche. Dans ce nouvel espace modulaire, un écran plat diffuse
en boucle l’histoire des découvertes des monuments funéraires. Il alterne cartes de localisation,
photographies des fouilles de l’époque, des personnages clé tels que J.-B. Keune, des images de
recueils comme l’Espérandieu, des articles et des carnets (Cf. Tome I, chapitre 1, Historique
et historiographie des fouilles). Dans l’idéal, la vidéo dure 3 mn. Les sous-titres sont traduits
en allemand et anglais. Pour des questions de nuisances sonores, deux casques sont accrochés
sous le téléviseur. Au centre, une série de reproduction des plaques de verre du début du XXe
siècle est présentée. Ce type de document d’archive, d’intérêt manifeste et original, est absent
de la muséographie actuelle.
Enfin, l’urne cinéraire en onyx, de facture exceptionnelle, est isolée dans une vitrine. Elle
est placée sur un socle de marbre noir et non plus sur un socle quelconque. Le matériau choisi
vise à la mettre en valeur. Un éclairage LED sous l’urne, derrière et au-dessus doit être réétudié.
Des lampes d’appoint, telles que celles employées dans la mise scène de bijoux de luxe, sont à
prévoir pour renforcer l’effet de préciosité. Il s’agit aussi de signaler un « Trésor du musée ».
Une étoile et la mention écrite de « trésor » permettrait de résoudre le problème de son manque
de visibilité.
Le mur gauche comprend également trois niches. Elles sont à revoir quant à leur hauteur et
leurs dimensions. Plusieurs monuments sont sélectionnés dans le but d’illustrer la vidéo. Les
numéros de notices 009, 064, 060, 074, 014, 011 et 032 sont prévus. Un plan incliné pour faciliter
la lecture des cartels est ajouté. Une vitrine centrale protège deux récipients fragiles. L’un est
un remploi de verre rempli de restes humains sous forme d’os calcinés. L’autre, un récipient
en céramique. Ils accompagnent un coffrage en pierre et une stèle excavée, utilisée comme
couvercle de la tombe. Ce dispositif bénéficie d’une explication de quelques lignes et d’un
dessin de reconstitution de bûcher. Sa destination manquait justement pour la compréhension.
Au-dessus de la porte, une forme triangulaire contient les mots « Monde des morts ». Elle
rappelle le sommet à double pente des stèles.
286
Les connaissances essentielles que devront acquérir les visiteurs à minima seront que la
crémation a été employée jusqu’au IVe siècle. Ils visualisent aussi les lieux de découvertes
majeurs et le personnage de Keune par les photographies.
Le « Monde des morts » se situe dans la continuité directe du parcours (Ill. 2.57 à 2.60)
Les résultats de recherches ont fait émerger les thèmes présentés dans cette salle. L’étude sur
les décors et leur variété, l’étude de la provenance et de la fabrication des noms, l’étude de la
typologie et de son évolution, le formulaire funéraire et l’environnement du mort sont traités. Si
cette salle comprend davantage de thèmes, elle est aussi celle qui incarne le mieux notre sujet
de thèse.
Le même système est repris au-dessus de la porte de sortie pour croiser les effluves. Ce
parfum est combiné à la citation d’Ovide inscrite au-dessus du bûcher. Il s’harmonise avec la
couleur de la salle.
La couleur mauve bleuté des murs est effectivement sélectionnée selon les teintes des fleurs
offertes aux défunts lors de funérailles. Or, Ovide (43 av. J.-C. -17 ou 18 ap. J.-C.) stipule des
offrandes de violettes dans Les Fastes 2-533-70. « Les mânes n’exigent que peu de choses :
la piété leur est plus précieuse qu’un riche présent : le Styx en ses profondeurs n’abrite pas de
dieux avides. Ils se satisfont d’une tuile couronnée d’une guirlande votive, de grain épars, d’une
simple pincée de sel, de pain trempé dans du vin et de violettes éparpillées. ». À son époque,
Ovide critique le manque de modération de ses compatriotes.
La citation de référence est thermocollée. Elle donne du sens au choix de la couleur du mur
pour les publics. En effet, les recherches de M. Champmartin ont démontré leur incompréhension
des choix muséographiques quant aux couleurs des salles (Cf. Tome II, chapitre I, Enquête de
première année, p. 202). Il est envisageable de peindre au pochoir des pétales épars sous forme
de frise espacée, si toutefois le test démontre que cette décoration n’aboutit pas à un résultat
anecdotique ou trop chargé.
L’aide d’un nuancier a été utilisée afin de s’accorder sur la couleur définitive par rapport à
la salle et à son éclairage. Il s’agit du « Cinder rose 246 ». Le plafond est prévu en « Tallow
203 » pour une continuité avec les salles précédentes. Les niches et les socles seront en «
Black blue 95 ». Ces teintes sont d’un noir légèrement bleuté. Elles s’accordent avec la teinte
du mur et le sol, déjà recouvert d’un grand carrelage noir. L’autre avantage de cette couleur,
en comparaison du gris précédemment utilisé, est de dédramatiser un aspect funéraire triste et
308 CRDP de Reims 2006.
287
288
2.57 Le Monde des morts, vue du mur droit.
289
Ill. 2.58 Le Monde des morts, vue du mur gauche.
Ill. 2.59 Le Monde des morts. Le bucher en gros plan.
Ill. 2.60 Le Monde des morts vue récapitulative. Direction salle de la Taille de pierre.
290
froid. Comme le faisaient remarquer aux visiteurs
les créateurs de l’exposition temporaire « Post
mortem309 », la mort n’a rien de tragique, ce
n’est qu’un épilogue. En réalité, ce changement
de couleur murale à déjà pu se réaliser en partie,
à la suite d’un entretien sur le parcours avec la
conservation qui est parvenue à débloquer les
fonds nécessaires. Le cinder rose remplace le gris.
En revanche, les niches n’ont pas été repeintes en
black blue. Ce changement a provoqué de vives
réactions entre les partisans et détracteurs, en
particulier au sein du personnel. Deux remarques
peuvent être formulées à ce sujet. La première
est que toute transformation d’un parcours
auquel les permanents sont habitués génère des
polémiques. La seconde est une temporisation.
La muséographie est incomplète et sans la phrase Ill. 2.61 Un passage, au musée des Confluences
d’accompagnent prévue pour expliquer la raison Photo © Musée de Confluences, archives
de cette couleur, une perte de sens se fait ressentir.
Selon M. Corbier, suivant les croyances partagées dans le monde romain, nommer un défunt
confère le pouvoir de raviver sa mémoire. Une citation illustre ce concept en étant notée au
sol en français et en latin sur deux bandes blanches parallèles traversant la salle. Les bandes
représentent symboliquement la voie publique et les monuments sont disposés de chaque côtés
de celle-ci. Cette scénographie de chemin tracé a été utilisée lors de l’exposition temporaire du
Musée des Confluences « Désirs d’éternité, rituels pour l’au-delà », du 15 avril au 14 novembre
2010 (Ill.2.61).
Dans une perspective de boucle itérative, hérité du design thinking, un test au sol est envisagé
à l’aide d’un sticker amovible. Si la solution mise en œuvre n’est pas concluante, il est aussi
possible de noter la citation sur les socles latéraux.
Sur le mur gauche, en hauteur, un long panneau illustre une scène de paysage animé (Ill.
2.62). La technique du digital painting, ou peinture numérique en français, est utilisée. L’œuvre
peut être rétroéclairée au besoin, selon le support d’impression. Par exemple, la plaque de verre
fonctionne à cet effet alors que la toile ou la plaque d’aluminium seront trop opaques. Cette
dernière néanmoins offre une qualité optimale de rendu du graphisme. Ce type de production est
inspiré de l’exposition temporaire « L’art dans les jeux vidéo »311. Cette technique, en particulier,
est appréciable car elle découle d’un procédé contemporain qui est très rarement employé dans
les musées et dénote de l’aspect classique rencontré partout ailleurs. Très figuratif, le dessin
309 Exposition organisée à Lyon Fourvière en partenariat avec l’INRAP en 2009-2010. Elle a reçu le label
«exposition d’intérêt national» qui récompense chaque année les manifestations les plus remarquables par leur
qualité scientifique, leurs efforts en matière de médiation culturelle et leur ouverture à un large public.
310 M. Corbier, Donner à voir, donner à lire, Ouv. Cit., p. 19.
311 « L’art dans les jeux vidéo », exposition présentée au musée privé d’Art Ludique de Paris en 2015.
291
Ill. 2.62 Projet préparatoire : La nécropole de la Horgne-au-Sablon, dessin par E. Mourey
Stèles chosies sur spécifications de D. Davin et interprétation personelle de l’artiste
292
doit bénéficier d’un graphisme à destination de tous les âges. Ce décor, identique aux dioramas,
reconstitue une nécropole et une portion de route que suit le visiteur pour arriver aux portes de
la ville. Ainsi ce paysage reprend, dans l’esprit, la route de Scarponne. Le visiteur comprend
immédiatement à quoi pouvait ressembler une nécropole, d’autant plus qu’il est inclus dans la
scène. Sur le panneau en question, il s’agit d’évoquer et de se limiter à une nécropole précise.
Un mélange de divers monuments rassemblés est exclu. Les stèles de la Horgne-au-Sablon se
prêtent assez bien à l’exercice et sont suffisamment nombreuses. La nécropole est vue de jour
pour éviter toute dramatisation inadéquate. Si cette solution ne convenait pas, une photographie
de tombeaux de la via Appia pourrait servir à évoquer l’apparence d’une nécropole (Ill. 2.63).
Seraient reproduites en peinture quelques pierres lapidaires tirées des notices n° 084 ; 007 ;
097 ;075 ; 048 ; 079 ; 061 ; 006 ; 046 ; 085 ; 009 ; 030 ; 007 ; 008 ; 076 ; 071 ; 065 ; 082 ; 068
; 019 ; 098 ; 051 ; 014 ; 094 ; 057 ; 013 ; 011 ; 055 ; 090 et 044.
Les stèles présentées de chaque côté de la salle sont divisées et disposées selon des thèmes
déterminés dans la conception du projet.
La sélection exposée sur la gauche est axée sur les typologies et les motifs. Les monuments
sur le socle, rangée inférieure, sont les numéros de notices : 093, 044, 050, 062, 078, 013,
049, 052, 081, 054, 073, 086 et 069. La rangée supérieure présente les monuments 092, 094,
055, 006, 012, 005, 071, 079, 090, 029 et 112. À l’angle de l’entrée, le pilier miniature 019
est isolé afin de le détacher des autres pierres sépulcrales. Le nom de Curmilla y est gravé. Le
monument, outre son utilisation dans le domaine scolaire, renvoi à la vidéo de dessin animé
située dans les thermes.
Le renfoncement est comblé par une cloison qui permet d’accrocher les deux
morceaux du fronton aux dauphins (Notice 087). À droite de l’ensemble installé sur le socle en
escaliers, les monuments 048 et 008, dont la hauteur est conséquente, sont rehaussés de 10 cm.
Entre l’autel 008 et les deux sarcophages du IVe siècle exposés en vitrine, un panneau rassemble
les cartels groupés. Il reprend les informations minimales sur les monuments, dans l’ordre. Ce
système évite de poser des cartels trop bas pour le regard du visiteur. Nul besoin non plus de
multiplier des tiges de présentation invasives. Les panneaux, de couleur gris anthracite, selon la
charte actuelle, sont écrits en blanc.
La sélection exposée sur le mur de droite est davantage destinée à donner un aperçu des noms
et des formules funéraires employées, fortement codifiées. Certaines stèles auraient pu être
employées pour leur typologie, mais le choix a été déterminé selon l’intérêt dominant offert
par le monument. Pour rester fidèle aux découvertes, les provenances qui ont délivré le plus
de pierres sépulcrales sont majoritaires. En l’occurrence ici, la Horgne-au-Sablon. Le socle en
forme d’escalier est moins long car une vitrine au sol abrite un squelette entre l’amas de stèles
293
et le grand mausolée 003. La rangée du bas contient les monuments 077, 072, 056, 099, 065,
070, 057, 058. Celle du haut, les numéros 030, 051, 075, 082, 046, 010 et 061.
Une étude des noms a été réalisée au préalable (Tome I, Chapitre 4, Les noms rencontrés
dans le corpus, p. 140). Ils ont ensuite été catégorisés. La richesse des combinaisons et des
provenances obtenue a légitimé une thématique sur le sujet.
La solution proposée afin d’amener le public à découvrir les noms des défunts consiste à
écrire un nuage de mots sur le mur. Les noms en question ont été triés selon leur fréquence
par un logiciel en ligne nommé « Word it out ». Cette solution reste minimaliste quant aux
connaissances apportées. Elle permet néanmoins au visiteur de comprendre l’essentiel sans
l’obliger à devoir se concentrer sur un texte. Elle est intuitive. Un panneau explicatif, plus
complet, ajoute des informations à condition de chercher à en savoir plus. Il est composé de
diagrammes circulaires, d’une carte, d’un tableau des provenances des noms et d’un texte. Les
graphiques et la carte visent à satisfaire les individus visuels.
À l’entrée, contre l’angle du mur droit, l’autel 007 est présenté sur un socle de faible hauteur
en raison de sa taille élevée. Les monuments en bout de salle 003, 008 et 004 ont chacun leur
cartel développé car ce sont des vestiges importants et de qualité.
L’agencement de tous ces monuments funéraires s’est révélé assez complexe. Il fallait à la fois
illustrer les thématiques choisies avec des exemples variés et appropriés et calculer les dimensions
afin que tous puissent être montrés sans être trop proche. Chaque monument de la rangée
supérieure devait rester lisible. Un jeu entre les espaces a permis ce décalage.
Une solution complémentaire est envisagée afin d’accéder aux informations directement
devant un monument. Elle consiste à utiliser le système de reconnaissance d’œuvre par
photographie, diffusé par le système Léonart312. Cette application mobile est gratuite. Elle
utilise des photographies issues de données collectées avec le concours du musée et se
conforme aux normes de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés).
Une fois le monument reconnu, des informations à son sujet, multilingues, sont accessibles.
Elles proviennent de notre base Micromusée, encore loin d’être exhaustive. Le visiteur peut,
avec cet outil, créer et partager avec son réseau sa propre galerie, voire dresser un comparatif
avec des œuvres d’autres musées. Cette perspective est un point fort pour faire connaître notre
collection à grande échelle. L’application est aussi en partenariat avec la RMN (Réunion des
Musées Nationaux) ce qui est plutôt encourageant et prometteur pour la durée de vie de la base
de données. Afin de ne pas pénaliser les visiteurs sans smartphones ou tablettes, le musée pourra
prévoir un prêt d’appareils à l’accueil. Une dizaine serait raisonnable.
En bout de salle, sur la plateforme surélevée, un bûcher funéraire est reconstitué. L’aide des
archéologues de l’INRAP de Metz est requise afin de savoir quels aliments ou mobilier était
réellement utilisés dans la région. La présentation prévue comprend des torches LED (Les torches
sont allumées y compris de jour. Dans la tradition funéraire romaine originelle, les enterrements
avaient lieu de nuit, puis ont été transposés en journée). Des objets tels que des coupes en
céramique et des fleurs artificielles donnent vie à la scène. Les offrandes, sont disposées autour
du bûcher. Ce type de présentation concrète est inspiré du catalogue de l’exposition « Post
Mortem » citée précédemment, avec la participation de C. Goudineau. Elle s’est déroulée du 29
novembre 2009 au 30 mai 2010.
312 Leonart, https://www.artpad.art/decouvrir-leonart/, site consulté le 11/11/2018.
294
Une ré-exploitation des informations découvertes sur les rites et fêtes funéraires est prévue.
Le visiteur peut poursuivre son expérience une fois chez lui grâce à un jeu téléchargeable du
nom de « Curmilla ». Il reprend le nom de la fillette héroïne du dessin animé diffusé dans les
thermes. Il est accessible sur le site internet du musée grâce à un code offert. Il s’agit, dans
la conception, d’un jeu de plateforme en deux dimensions. Le scénario est introduit ainsi :
Curmilla est chargée par sa famille de rassembler les ingrédients de la fête des morts. Son
retard a irrité les Mânes qui tentent de l’appréhender. Le but du jeu est de l’aider à ramasser des
violettes, du sel et du vin afin de les apaiser. Si elle réussit son entreprise, la partie est gagnée.
Une bêta de démonstration (Annexe 26 : version béta). illustre ce jeu créé sous le logiciel
Gamemaker studio.
Les connaissances essentielles que devront acquérir les visiteurs à minima seront que les
nécropoles, ancien nom des cimetières durant l’Antiquité, étaient situées des deux côtés des
voies, à l’extérieur de la ville. Ils comprendront aussi l’importance des offrandes. Ils dévouvrirons
par ailleurs la persistence des noms gaulois jusque là invisibles dans la muséographie.
vi. La taille de pierre et les ateliers de sculpture (Ill. 2.64, 2.65, 2.66)
Les thèmes proposés dans cette salle sont : les carrières de pierres, les matériaux employés
et la taille de monuments. Ils sont basés sur les données apportées par le Tome I, chapitre 1, La
provenance des pierres lapidaires de Divodurum.
La salle de Diane devait initialement traiter de la taille de pierre. Le projet n’a jamais abouti.
Ce thème s’insère pourtant dans la logique de parcours. Il permet de montrer comment les
stèles, blocs architecturaux et monuments ont été taillés et sculptés à l’époque du Haut Empire.
Le visiteur découvre quels outils ont été employés à cet effet. En premier lieu, il s’agit donc de
renommer la salle sous le nom plus parlant de salle de la « Taille de pierre ».
Un revêtement de murs bleu azur chargé de nuages a été envisagé au départ pour rappeler
les extractions de fronts de taille en plein air. La préférence a finalement été donnée de concert
à une couleur peinte dans les tons jaune clair en harmonie avec la pierre calcaire locale. La
teinte « Farrow cream 67 » a retenu l’attention du conservateur, à qui le choix final appartenait
et les travaux ont pu être engagés. L’idée d’y représenter un front de taille en trompe-l’œil a
été évoquée. Dans la poursuite des changement prévus salle de la Vie quotidienne, il serait
judicieux de le formaliser en utilisant un dessin de lignes sur la paroi. Le mur situé en face de
celui-ci est d’une couleur anthracite bleuté, pour créer un lien harmonique avec les autres salles.
Le visiteur arrive directement au mur gauche. Une plaque en bas-relief sur le thème de la
Méduse est suspendue en hauteur. Le mélange souhaité par la conservation d’éléments votifs,
architecturaux et funéraires demeure. Il légitime d’autant plus le choix du thème de la taille de
pierre, commun aux trois sujets. Au-dessus d’un bloc de grand monument dédié à Diane (Luna),
une cloison est construite pour fermer l’espace dans le but de présenter un panneau sur la taille
de la pierre. Un écran plat diffuse un reportage court, divisé en deux parties, sur les techniques
de fabrication des décors sculptés. Les artisans contemporains utilisent encore des outils
identiques à ceux de l’Antiquité gallo-romaine. Une démonstration commentée de la taille d’un
bloc pour en faire un bas-relief paraîtra dès lors familière au public. Le cerveau crée un lien avec
295
296
Ill. 2.64 La taille de pierre. Vue du mur gauche. Direction salle Domus et villae.
297
Ill. 2.65 La taille de pierre. Vue du mur droit. Direction salle Domus et villae.
298
Ill. 2.66 La taille de pierre. Gros plan sur le dispositif tactile.
l’expérience personnelle. Il décode, comprend et retient la démarche plus facilement. La gravure
d’une inscription suivant des lignes de guidage et sa coloration fait partie du processus de
finalisation du monument. Deux casques sont prévus pour l’isolation sonore. Des sous-titres en
trois langues sont affichés pour le public étranger.
La section suivante, nommée traces et outils, est un dispositif tactile. Des pavés de pierre
sont taillés sur toute leur surface par un outil spécifique placé au-dessus ou en dessous de
chaque exemple. Un tailleur de pierre intervient afin de fabriquer ce matériel pédagogique
pour le public. À cet effet, le musée est en relation avec le CFA Camille Claudel, à même de
réaliser les blocs taillés pour des besoins spécifiques313. Ainsi, le visiteur peut par son expérience
directe faire la corrélation entre l’outil et sa trace. Rifloir, ripe, pointerolle, burin, maillet, grain
d’orge et taillant sont présentés. Des numéros correspondants permettent aussi de reconnaitre le
résultat obtenu par chaque outil. L’interaction avec la pierre est un système idéal pour le public
malvoyant, tout autant que pour le public sans déficience visuelle.
La stèle 088, disposée sur une plaque tournante, et la stèle 035 illustrent des traces
authentiques laissées durant l’Antiquité. Le fait de pouvoir observer toutes les faces, y compris
la face postérieure, apporte un élément de connaissance supplémentaire sur la taille puisque la
stèle est destinée à être vue de face. L’arrière, non visible, est souvent simplement épannelé.
L’inscription gravée sur la stèle 088 est particulièrement soignée. Quant à la stèle 035, un cartel
doit expliquer sa nouvelle interprétation. Le monument est retaillé et non pas inachevé. Cette
information s’appuie sur les piqures de pointerolles. Des traces de pointerolles sont justement
proposées sur un pavé tactile.
En se dirigeant vers le mur de droite, le monument d’Avanges, fixé au sol, représente les sept
divinités des jours de la semaine. Il convient d’indiquer que la destruction des têtes des dieux
est due à des dégradations volontaires, perpétrées par les chrétiens après l’interdiction des cultes
païens, promulguée par Théodose en 392 (Édit de Thessalonique). En fond de salle, contre le
mur, un socle met en relief les monuments des notices 009 et 066. La stèle 066 est vierge.
Ce modèle pouvait être acheté tel quel, puis gravé par la suite selon le désidérata du client.
Cela illustre la possibilité de choisir entre un modèle personnalisé ou sculpté par avance. C’est
justement à cause de ces modèles préfabriqués que l’âge d’un enfant défunt ne correspond pas
toujours à la réalité. Cette explication importante est fournie par le panneau dédié à la « taille
de pierre ». Il renvoie aussi à une critique formulée dans la notice 085. Puisqu’un nouveau-
né ne peut être incinéré avant d’avoir des dents, est-il réellement dans la tombe ou est-il plus
âgé ? La stèle correspondant à la notice 112 montre aussi un garçon dont l’âge est inconnu et
potentiellement irréaliste.
Il est aussi possible de soumettre l’idée de présenter un faux en plâtre, puisque le musée en
conserve plusieurs. Ce détail aujourd’hui anecdotique révèle la fourberie d’anciens pseudo-
chercheurs à la déontologie suspecte.
Une seconde alternative consisterait à placer côte à côte une série de monuments similaires.
La reproduction d’un décor sur plusieurs stèles comme les numéros 008, 074 et 088 démontrerait
le travail effectué dans des ateliers locaux visiblement modestes.
À gauche de ces deux monuments, un dessin de lignes peint dans une couleur anthracite,
marron ou doré montre les étapes de la taille d’un autel. Des tests sont à effectuer sur la nuance à
adopter. Ces étapes ont notamment été déclinées lors d’une exposition temporaire à Toulouse en
2008 : « Marbres, hommes et dieux. Vestiges antiques des Pyrénées centrales314 ». Le principe
de fabrication d’un autel, par exemple, reste le même dans le domaine funéraire et votif. L’autel
313 CFA Camille Claudel, https://www.lyceecamilleclaudel.net/presentation-des-formations-aux-metiers-de-la-
pierre.html, site consulté le 10/05/2019.
314 Exposition présentée au Musée de Saint-Raymond, à Toulouse, en 2008.
299
009 le démontre. À droite de la stèle 066, un
second dessin de lignes illustre le front de
taille en trompe-l’œil déjà évoqué. Un coin
et une massette, objets réels, sont présentés,
suspendus au mur, ainsi que la stèle 045 dite
du « carrier ». Par ce procédé, le matériel
muséographique est mis en situation.
Ill. 2.68 Schéma du dispositif que le musée de Metz pourrait mettre en place
• Demander aux visiteurs de classer de 1 à 6 les échantillons selon leur dureté. À la fin du
test, l’écran central explique que l’échelle employée de nos jours est une norme AFNOR, utilisée
dans l’industrie. Une pierre mi-dure est plus facile à sculpter, comme la pierre de Jaumont.
• Séparer les pierres calcaires et les grès. À la suite de la réponse, leur composition
chimique et atomique s’affiche.
315 J. Dalbavie, « La table interactive du musée d’histoire naturelle de Lille », La lettre de l’OCIM, Mars-Avril
2014, p. 152.
316 Le terme de NFC provient de l’anglais Near Field Communication. Il se traduit en français par « commu-
nication en champ proche ». Cette technologie lancée par Sony et Philips permet, entre autres de télécharger ou
d’échanger des données entre un objet connecté et un terminal que ce soit une borne, un ordinateur ou un smart-
phone.
300
• Placer chaque type de pierre sur la bonne période chronologique de formation des
roches. Leur ancienneté explique la présence de coquillages dans une zone anciennement
immergée. Une reproduction du paysage de cette période s’avère utile. Elle doit être réalisée
par un spécialiste.
Pour finir, les blocs des mausolées circulaires 001 sont exposés, cimentés dans un mur de
forme arrondie. Il n’est pas possible de les déplacer. Typiques du Ier siècle, ils sont réservés à
une élite. Un croquis de la chronologie des typologies est inclus sur le panneau d’entrée de salle.
Il reprend les études de G. Kremer (Son accord est requis au préalable) et sera à revoir selon
ses avancées (Cf. Tome I, chapitre 2, Typologie). Le texte associé explique que la sépulture,
individuelle ou familiale, se généralise au IIe siècle pour les populations modestes grâce à la
baisse des coûts de production, à l’apparition d’ateliers locaux et à l’adoption de nouvelles
formes de monuments.
Les connaissances essentielles que devront acquérir les visiteurs à minima seront l’existence
d’ateliers de production et de taille de monuments locaux. Ils auront une idée globale des outils
et des traces associées.
La salle domus et villae (Ill. 2.69 et 2.70), souvent surnommée « salle des gladiateurs » en
raison de sa mosaïque, se situe dans la continuité du parcours, après avoir dépassé la salle sur
les « Origines du Christianisme », une salle enclavée.
Les maisons gallo-romaines, les décors et les construction. Il est déterminé par l’étude des
notices 043 et 067, dans une moindre mesure. En effet, la stèle 043 met en avant une maison
aux pierres apparentes et au toit à double pente.
La gladiature est un loisir populaire. Ce thème se marie avec la figuration d’un cor gravé
sur la stèle funéraire 018. L’instrument est éventuellement utilisé par la pompa avant le début
des combats.
Il est également employé dans l’armée. Aucune inscription sur la stèle ne confirme pour
qui ni dans quel domaine exerçait le corniste. Nous pouvons souligner d’autres arguments qui
renforcent ce choix d’emplacement et créent un lien avec le projet muséographique plus général
des conservateurs. Tout d’abord les munera découlent d’une pratique funèbre317. Ensuite, des
points communs les unissent. Au cours de l’entrainnement, les même armes sont employées.
Le corps, l’esprit et la fraternité entre les combattants sont des valeurs exaltées. Le terme de
coarmius est partagé318. Le tout est complémentaire et se justifie.
Le passage situé avant la salle Domus et villae est aménagé pour introduire la maison
gallo-romaine et sa construction. Son agencement peu adapté aux enfants à cause de la niche
placée à 1,14 m de hauteur, nécessite une refonte radicale. Lorsque le visiteur pénètre dans
la salle, il découvre désormais sur sa gauche un nouveau dispositif, posé sur un socle de 70
317 K. Kazek, Chasseurs et gladiateurs, Saint-Martin-des-Entrées, Heimdal, 2019, p. 6.
318 Ibid, p. 22.
301
302
Ill. 2.69 Domus et villae. Gros plan sur la maquette.
303
Ill. 2.70 Domus et villae. Mur droit et direction le Passage des métiers.
centimètres. Il s’agit d’une maquette319 tactile reproduisant la villa de Saint-Ulrich, une
découverte majeure en Moselle. Pour réaliser cette reconstitution, l’aide des archéologues est
primordiale. Quelques articles assez complets étayent justement le sujet, émanant notamment
de M. Lutz320, D. Sebag, L. Pastor et M. Martin ou D. Heckenbenner321.
304
doit être bouché pour éviter les manipulations malencontreuses et sonores.
Cette salle est destinée à exposer par la suite les loisirs et les arts de la table chez les Gallo-
Romains. Un projet est déjà en cours sur ce sujet. C’est pourquoi d’autres insertions ne sont
pas de mise. Cette ré-exploitation de la salle paraît malgré tout peu appropriée car, selon toute
logique, la mosaïque des gladiateurs, pièce exceptionnelle, devrait être le point central autour
duquel doit se construire un discours muséographique.
Les connaissances essentielles que devront acquérir les visiteurs à minima seront la
reconnaissances d’éléments de décors de maisons et l’apparence d’une villa. Ils seront à même
de faire le lien entre le cor gravé, un istrument de musique, et sa reproduction.
Le parcours se poursuit par la droite, dans un couloir aux dimensions réduites. Une pente,
déjà existante est prévue pour faciliter l’accès des personnes handicapées moteur (Ill. 2.71,
2.72).
La thématique abordée concerne les métiers de l’artisanat et leurs extensions. Son maintien
est favorisé par plusieurs arguments qui découlent de l’examen des notices 023, 038, 026 et 106.
La salle du passage des métiers telle que le suggère sa présentation actuelle, mélange diverses
professions dont un nombre certain d’artisans. C’est pourquoi, il serait plus judicieux de se
limiter à cette catégorie et aux métiers connexes. À ce titre, la stèle du marchand d’esclaves est
déplacée dans la salle de la vie quotidienne. En effet, il est un intermédiaire dans un domaine
éloigné.
La vitrine dans laquelle sont actuellement exposés le négociant en serrures (038) et la famille
du charron (023) nécessite des travaux d’aménagement complexes à réaliser en raison du poids
des deux monuments. La peinture vieillissante est à rafraichir par une couleur blanche, identique
à celle déjà présente dans la salle. Toutefois, pour reprendre la répartition bicolore des autres
salles, le mur du fond, de droite ainsi que le mur situé avant les escaliers sont peints en noir.
Les vitrines à chaque extrémité de la salle sont détruites. Le sol est remis à niveau. La
moquette grise est retirée. Outre sa vétusté et le fait qu’elle se décolle, la moquette est source de
poussières et augmente les risques en cas d’incendie. Du béton ciré noir serait le plus approprié
si aucun carrelage ne correspond à celui d’origine, datant des années 1980. L’installation d’un
rail de quatre spots verticaux réglables renforce la visibilité des monuments. De même, les
socles en toile de jute qui rehaussent les stèles doivent être remplacés par des socles de bois
noir résistant au poids. Dans la perspective d’une nouvelle muséographie, les stèles 026 et 106,
situées à droite de l’entrée, sont placées de part et d’autre des cloisons, sur des socles noirs de
10 cm de haut. La stèle numéro 026 « des charpentiers » est illustrée d’outils gravés dans un
cadre. La panoplie est présentée et complétée par d’autres instruments dans une vitrine centrale
carrée de 60 cm de haut. Elle contient une ascia, trois clous allongés, une gouge, des pinces, une
scie et un marteau. Un panneau accroché sur le mur de gauche explique leur mode d’utilisation.
Au-dessus du bloc 026, une plateforme donne à voir des fac-similés de tonnelet et de baquet,
reproduits selon les modèles sculptés. Ils mettent en avant la particularité typique du nord de
la Gaule d’employer des tonneaux au lieu d’amphores. Le tonneau est donc une invention
gauloise, une précision notifiée. À droite du panneau, les cartels développés sont accrochés
non loin d’un volet gallo-romain restitué. À gauche, une vitrine creusée dans la cloison met
305
306
Ill. 2.71 Le passage des métiers.png
307
Ill. 2.72 Le passage des métiers. Progression vers les escaliers descendants.
en valeur des clés et des serrures. Un cartel accompagne cette vitrine. En face du passage
handicapé, une reproduction de roue gallo-romaine, inspirée des modèles gravés sur les stèles
de transport (notices 017, 031, 041 et 023) est accrochée au mur. Elle renvoie surtout à la stèle
du charron, présentée en bout de salle. Un cartel développé met en avant cette famille de trois
générations. Sur le mur gauche, les outils du charron sont placés dans une vitrine à 60 cm de
haut. Elle comprend lingots de métal, pinces, et marteaux. Un coin est enfoncé dans un bloc de
bois fixé au sol, à droite de la stèle. À gauche de la vitrine figure un panneau sur le travail du
métal. Ainsi la muséographie est-elle recentrée sur une thématique unique et la scénographie
est allégée dans ce passage trop étroit pour en supporter davantage sans saturer l’espace. Le
cartel du négociant en serrures (Notice 038) explique clairement que l’homme ne les fabrique
pas mais en fait le commerce. Il ne faut pas se fier à ce que l’on voit mais à l’inscription. La
traduction de l’épitaphe est primordiale. Cette stèle justifie par ailleurs la présentation des clefs
et serrures de la vitrine.
Les connaissances essentielles que devront acquérir les visiteurs à minima seront de réaliser
l’importance de l’artisanat gallo-romain dans les domaines de la métallurgie et du travail du
bois. Ils se redront compte que les outils n’ont guère évolué. Enfin, ils apprendront l’origine
gauloise du tonneau.
Pour accéder à la salle des arts du feu, le visiteur descend les escaliers et se dirige vers la
salle de droite.
La stèle funéraire « du potier » (Notice 021) est exposée dans la grande vitrine, en face de
l’entrée. Un vase identique à celui sculpté sur le monument est présenté à proximité, à sa droite.
Il s’agit d’une poterie noire à dépressions de la fin du IIe siècle, début IIIe. Le discours annexe
est construit en partant de la stèle et de son environnement, contrairement à la muséographie
initiale. Cela permet de s’appuyer sur la description revue dans le corpus et sur des recherches
plus récentes.
La salle des arts du feu possède des murs noirs, en accord avec la thématique du feu et
du charbon de bois. L’ensemble de poteries exposées sur différents niveaux de socles est
un échantillon des poteries noires et rouges. Les décors retrouvés localement émanent de
l’artisanat d’importation. Cet ensemble n’est pas, comme il a parfois été imaginé, un étal de
vente reconstitué. La vitrine à gauche de l’entrée comprend un tour de potier et une maquette
de four. Plus loin sont exposés des sceaux. Les noms de potiers connus grâce à l’importance de
leurs ateliers sont inscrits sur le mur comme Casicos, par exemple. La carte, quoique désuète,
en montre la localisation. Une carte plus contemporaines légendée est de rigueur. Un système
d’hypocauste est reproduit au niveau du mur de droite, au fond de la salle. Or, selon notre projet,
ce système d’hypocauste serait davantage mis en valeur dans la salle des thermes, identifiée
comme le caldarium. Une cloison referme cet espace. Un panneau explique le fonctionnement
des fours. Les propos tenus sont clairs. En relation avec le thème de la poterie et la stèle 021,
un documentaire explicatif prend tout son sens. Or, la vitrine du verre exposée à gauche sera
à terme déplacée au demi-étage supérieur. Cet espace libéré peut dès lors servir à abriter une
vidéo.
308
Deux parties semblent intéressantes à traiter. La première relate les étapes du procédé de
309
2.73 Salle des Arts du feu. Refonte de la vitrine et du mur à la perpendiculaire uniquement. Fin de parcours.
fabrication depuis la préparation de l’argile, mélangée à l’eau, jusqu’à l’objet désiré. Le visiteur
doit prendre conscience de plusieurs points. Les ateliers de poterie sont tributaires d’un point
d’eau proche et abondant, dans l’idéal une rivière. Le travail est pénible et les contacts directs des
ouvriers avec l’argile humide sont nocifs pour la santé car ils favorisent les rhumatismes, entre
autres. Les quantités produites de poteries de type vaisselle sont conséquentes d’où l’emploi
de plusieurs personnes. Cela dit le travail manuel de potier est considéré comme négatif car
il produit peu de valeur ajoutée. Par conséquent, Casatus est probablement le dirigeant d’une
fabrique, sans quoi, il n’aurait sans doute pas retenu ce type de représentation sculptée de sa
personne.
Afin de ne pas parasiter le parcours, une bouche sonore ou l’emploi de casque est obligatoire.
Une banquette peut éventuellement être disposée au centre de la salle, de façon à laisser le
passage libre.
Les connaissances essentielles que devront acquérir les visiteurs à minima seront la
production à grande échelle des poteries en terre cuite dans l’Antiquité et le sens du mot sigillée.
Ils comprendront comment elle était fabriquée.
Dans cette version du parcours, les salles Divodurum, capitale des Médiomatriques et Vie
quotidienne sont mentionnées ensemble car les thèmes abordés des transports et des métiers
se complètent (Ill. 2.74 à 2.77). Une remarque d’ordre général peut être formulée : les
connaissances minimales à acquérir par le visiteur sont les mêmes que dans la version réaliste,
et ce pour l’ensemble du parcours.
Afin de fonctionner avec un budget plus réaliste, le dispositif tactile d’implémentation
d’articles et de fiches d’approfondissements proposé dans le parcours idéal de la salle «
Divodurum, capitale des Médiomatriques » est exclu. La vidéo numérique déjà mise en place
retrace le développement de la ville depuis sa fondation jusqu’à la fin de l’Antiquité. Afin
d’améliorer la logique de circulation, le parcours conduit le visiteur d’une salle à l’autre. Il ne
descend dans les thermes qu’une fois parvenu au fond de la salle de la Vie quotidienne. Celle-
ci, comme nous l’avons constaté dans le diagnostic, mélange sans logique réelle les thèmes
et objets, ce qui génère de la confusion (cf. Tome II, chapitre 1, p. 183). Les améliorations et
changements proposés semblent réellement utiles pour le visiteur. C’est pourquoi, dans un but
de clarté, la version idéale de la salle est conservée telle quelle, sans concession (cf. pp. 270-
277). Les vitrines sont certes compliquées à supprimer mais leur vétusté et les barrières (visuelle
et de distance) qu’elles posent entre l’objet et le visiteur ne sont plus de mise. En termes de
310
311
Ill. 2.74 Entrée par la salle de la mosaïque. Direction salle des Travaux et des jours.
312
Ill. 2.76 Vie quotidienne mur gauche. Direction les thermes.
Ill. 2.75 Vie quotidienne. Vue du mur droit. Direction les Thermes.
Ill. 2.77 Salle des Travaux et des jours (Vie Quotidienne). Direction des thermes.
suppléments informatifs, des QR code sont placés près de chaque stèle. Ils permettent un accès
supplémentaire au cartel sur smartphones ou tablettes. On peut envisager un prêt de ces outils
multimédias à l’accueil puisque leur coût reste modeste. Un mécénat serait idéal pour obtenir une
dizaine d’éléments. Le prêt, gratuit, fonctionne en échange d’une pièce d’identité rendue à la fin
de la visite. Ce type de fonctionnement utilisé à Lyon pour le prêt des audioguides est probant.
Les agents d’accueil peuvent soumettre l’idée, en complément, que le public concerné puisse
prendre des photographies et les envoyer sur leur adresse électronique et sur leur Facebook. Un
partage entre les personnes favorise la notoriété du musée sans coût pour la structure. C’est un
amortissement sous forme de service publicitaire indirect.
Au bout de la salle de la Vie quotidienne, le visiteur descend les escaliers vers les thermes
gallo-romains.
Le thème de la médecine est mis en valeur dans cette partie de salle. Les stèles des notices
084, 033 et 080 le rendent incontournable (Ill. 2.78). Elles prouvent l’existence d’un collège de
médecine réputé et du travail des femmes dans des carrières plutôt imaginées comme masculines.
Les propositions complémentaires restent sporadiques, à l’exception de l’accrochage des
plaques de marbre (Ill. 2.79).
313
Ill. 2.78 Salle des Thermes.Vers le passage de la Victoire. Vue opposée.
314
Ill. 2.79 Salle des thermes. Vers le Passage de la Victoire.
Dans ce processus de rénovation des salles, l’introduction amenée par la thématique de l’eau
est réduite. Les dalles virtuelles imaginées dans le parcours idéal sont supprimées, comme
la reconstitution d’hypocauste. En revanche, conserver dans l’espace
dévolu aux baignoires les plaques de marbre d’Italie, d’Afrique ou
de Skyros reste de rigueur. Une restitution grâce à des lunettes 3D et
une colorisation telle que celle proposée par le musée de l’Ara Pacis
surpasse le budget d’un établissement de province.
Une solution moins onéreuse et néanmoins intéressante demeure
pour le monument 033. Un dispositif de projection lumineuse sur la
stèle peut être placé sur le sol, agrémenté d’un cartel développé sur son
couvercle. Cette solution est empruntée à la muséographie du musée de
Lyon Fourvière (Ill. 2.80). Les faisceaux lumineux y racontent l’histoire
d’un homme qui par miracle sort de sa maison incendiée. Le maladroit Ill. 2.80 Projection
y retourne afin de sauver ses biens matériels et meurt bêtement. La mise Lyon Fourvière
en scène de l’histoire narrée ne manque pas d’humour malgré le tragique Photo D. Davin
de la situation. Dans le cas de la stèle de la Medica (Notice 033), les
rayons de lumière serviraient à cibler tour à tour des zones de couleur, même si le résultat n’est
pas optimal.
Les modifications opérées dans la version idéale concernant la médecine ne changent pas.
315
iii. Passage de la Victoire
La vidéo de contextualisation, placée immédiatement à droite dans la niche, fait partie des
éléments incompressibles car elle apporte les explications essentielles à la compréhension de
la muséographie du « Monde des morts » (Ill. 2.81). Le contexte de découverte des nécropoles
secondaires, les lieux et les personnages clé sont cités. Le visiteur y apprend que ces découvertes
sont nombreuses et de première importance pour les collections du musée. Ce sont aussi des
sites différents et distants les uns des autres. Le son est contrôlé grâce à des casques d’écoute
réglables. Si dans cette version, les vitrines ne sont pas détruites et les niches abaissées, la
suppression des tissus gris qui les tapissent est de mise.
Deux stèles d’Épona sont présentées dans la troisième vitrine, au fond. Elles comportent une
différence notable. L’une, déjà en place (Esp V 4355), représente la déesse Épona conduisant le
mort. Il marche derrière elle. La stèle provient de la Horgne-au-Sablon. Dans ce cas particulier,
la déesse Épona revêt un rôle protecteur. En effet, en général dans le monde romain, les dieux et
la mort ne sont pas reliés contrairement au christianisme (Une précision notée sur le cartel collé
au mur). La seconde stèle fait partie du corpus de notices (092). La déesse Épona est seule. Rien
ne la rattache à la mort. Elle a cette fois pour vocation de montrer qu’un site dédié aux divinités
était probablement situé à proximité de la nécropole du Sablon. Dans cette acception, Épona est
davantage interprétée comme la déesse des chevaux.
Le mur de gauche comporte également trois niches. Il est prévu de placer dans la première un
panneau illustré d’une scène de funérailles (Ill. 2.82). Dans la deuxième niche, trois réceptacles
sont présentés. Un en terre cuite, un en verre et un en pierre, contenant des os réduits en cendres
après une crémation. La stèle 074, évidée, sert à comprendre comment sont disposées les urnes
sous le niveau du sol. Un court texte accompagne cette mise en scène. Ainsi l’image du bucher
et la tombe, placés côte à côte donnent-ils une idée de la cérémonie de crémation dans son
ensemble. La troisième niche est en corrélation avec la stèle 032 dite « de la famille ». Elle est
complétée par la stèle 073 puisque sur les deux monuments sont sculptées des tablettes. C’est
la raison pour laquelle le visiteur observe dans la niche des tablettes de cire et des styles. Il fait
inconsciemment la liaison entre l’objet gravé et le véritable accessoire, enrichi d’un cartel. De
la poudre rouge sert à illustrer l’inscription peinte en rouge sur le nom de Saturninus. Un cartel
développé en trois langues décrit la stèle 032, en s’aidant de la notice. En dessous, un QR code
324
sert à lire ce cartel sur tablette ou téléphone. Il est relativement utile à cet endroit car le cartel
est proche de l’encadrement du passage et gêne les autres visiteurs. Ce système de QR code est
repris sur chaque stèle de la salle suivante.
Le visiteur continue tout droit son parcours vers le Monde des morts.
324 Le QR code de l’anglais Quick Response ou « réponse rapide » est une sorte de code barre en deux dimen-
sions. Il peut être lu par des smartphones ou tablettes et contient davantage d’informations que le code barre
classique. Sous licence libre depuis 1999, il est facilement utilisable (norme iso 18004).
316
317
1 Ill. 2.81 Passage de la victoire. Vue du mur droit. Direction le Monde des morts.
Ill. 2.82 Passage de la Victoire. Vue du mur gauche.
318
319
Ill. 2.83 Le Monde des morts. Vue du mur gauche. Direction salle de la taille de pierre.
320
Ill. 2.84 Le Monde des morts. Vue du mur droit. Direction salle de la Taille de pierre.
iv. Le Monde des morts
Les thèmes abordés sont : les motifs, l’anthroponomie, le rite funéraire (Ill. 2.82 à 2.85).
Ils sont favorisés par des séries de stèles modestes dont l’étude à fait ressortir leur intérêt.
Les problèmes majeurs du « Monde des morts » sont d’ordre budgétaires (travaux de
maçonnerie) et techniques (Manque de connaissance sur ce que cache le terreplein central des
années 1980 et réfection du carrelage). Le terre-plein ne pourra en aucun cas être détruit dans
un contexte réaliste, ce qui nous ôte toute possibilité de créer un passage ainsi que des îlots à
hauteurs variables de chaque côté de la salle. De plus, le nombre de stèles est limité. Dans ce
cas de figure, des échanges de monuments et une optimisation de l’espace ont été envisagés.
La plateforme contient finalement 16 stèles de taille modeste au lieu des 14 en place. Leur
composition varie de la présentation actuelle. Le critère de sélection étant de privilégier les
stèles à motifs côté passage et de placer les stèles à desseins anthroponymiques de l’autre côté.
Un panneau explique la composition et le choix des noms locaux. Un nuage de noms collé au
mur indique les plus courants. Ce nuage prévu en matériau statique peut être conservé ou enlevé
selon le ressenti du visiteur et l’utilité qu’il lui confère, après test. Les code QR sont disposés sur
le terre-plein, sous chaque monument respectif. Un cartel collectif aide néanmoins les personnes
qui ne sont pas munies de smartphone ou de tablettes. Adossés au mur percé d’une porte, les
monuments hauts, dont des autels, sont disposés sur des socles de 20 cm. Ce sont les numéros
de notices 007, 005, 008, 019, 030 et 011. Le pilier miniature de Curmilla, employé dans des
animations scolaires, reste accessible à une classe. La cavité arrondie de la salle abrite les stèles
056, 057 et 060. Le mur gauche, en face des stèles à motifs sélectionnées, traite justement de
ce thème. Des explications sur un panneau sont fournies à propos des croissants de lunes, des
plantes, de l’architecture, des bateaux ou encore du chien, protecteur des enfants. Leur
provenance est spécifiée. En hauteur, un grand panneau en couleur reconstitue une nécropole
afin que le visiteur comprenne comment ces stèles étaient disposées le long des routes. Au-
dessus des encadrements de portes, des vaporisateurs de parfum de violette rappellent les fleurs
offertes aux disparus. Ce parfum illustre de façon olfactive la scène de bûcher placée sur le
socle. Des torches électriques encadrent un texte de lettres collées au mur ou peintes. Il s’agit
d’une citation d’Ovide sur les présents offerts aux défunts durant leurs fêtes. En l’occurrence,
cet espace reprend la muséographie idéale proposée. Les stèles 087 et 108 sont accrochées en
hauteur des deux côtés du nuage de noms. Le monument dédié au sévir augustal, de très belle
facture et témoin de cette fonction, doit absolument être exposé et enrichi d’un cartel développé
qui stipule l’origine souvent servile de ces personnes.
Si le bûcher s’avère non réalisable reste la solution, moins immersive, de suspendre une bâche
illustrée contre le mur. Ce type de représentation, exécuté en interne, est d’un coût minime.
Le thème abordé dans cette salle concerne la taille de la pierre. (Ill. 2.86 à 2.88)
Il découle de l’étude de plusieurs monuments. Le principal est la stèle funéraire d’un carrier
(Notice 045), liée directement à ce domaine. La stèle retravaillée d’un aurige a pour particularité
d’être recouverte de piqures sur sa face antérieure (Notice 035). Enfin, la stèle 066 est vierge.
321
322
Ill. 2.85 Le Monde des morts. Gros plan sur le bucher.
323
Ill. 2.86 La taille de pierre. Vue du mur gauche. Direction salle Domus et villae.
324
Ill. 2.87 La taille de pierre. Vue du mur droit. Direction salle Domus et villae.
Elle montre une pierre sépulcrale avant personnalisation. Tous ces éléments sont reliés à la taille
de la pierre.
Les changements et dispositifs prévus dans cette salle restent identiques à la version
proposée dans le parcours idéal (Cf. pp. 291-296). Le jeu interactif est cependant retiré afin
d’économiser une borne tactile sur mesure et le contrat de maintenance qui lui serait dévolu.
Un aspect multimédia plus contemporain que la présentation actuelle est matérialisée par une
vidéo explicative sous-titrée en trois langues proposées au visiteur. Dans un but de réajustement
qui implique le public dans la construction muséographique (pour un musée collaboratif325),
une phase de test peut être prévue pour vérifier la cohérence de l’usage d’un microscope double
pour observer des échantillons de pierres, placés dans des boîtes transparentes fermées.
Le visiteur continue tout droit sans s’arrêter dans la salle dédiée aux débuts du christianisme
à Metz, enclavée sur la droite, et se dirige vers la salle Domus et villae.
Les grands changements prévus dans une version idéale demandent des fonds importants
mais nécessaires à une bonne compréhension. Cette compréhension doit être en partie sacrifiée
dans une version plus réaliste pour des questions budgétaires qui rendent impraticables ces
améliorations.
325 Le musée collaboratif fait partie des directives préconisées par le rapport Musée du XXIe siècle, paru en
2017.
325
Ill. 2.89 Domus et villae. Refonte de la vitrine et équipement tactile.
Tout d’abord, la stèle numéro 043 n’est pas déplacée (Ill. 2.89). Un balayeur y figure devant
une maison aux pierres taillées. La vitrine, située à 1,14 m de haut, est inaccessible pour un
enfant de 8 ans. Or détruire le mur porteur dans laquelle est creusée la niche engendrerai des frais
conséquents. Une solution alternative minimaliste consiste à habiller une plateforme devant la
vitrine en y intégrant des outils tactiles. Plusieurs éléments sont retenus à cet effet. Des tesselles
de mosaïques incrustées, une reproduction de terazzo, des pots de pigments transparents et un
cartel explicatif. Il est tout de même envisagé de suspendre la chaîne d’arpenteur pour prendre
des mesures. Le fil à plomb, à proximité de la stèle 067, explique la vérification de la verticalité
dans la construction des murs.
L’option de conserver la stèle du corniste (018) en face de la mosaïque des gladiateurs reste
de rigueur (Ill. 2.90). Il serait intéressant à des fins illustratives de montrer une reproduction
de cor en cuivre. Ce type d’instruments de musique peut s’acquérir via des sites spécialisés326.
Dans la niche, à gauche de la mosaïque, un écran diffuse la vidéo de reconstitution de combats
de gladiateurs éditée par la troupe Acta.
Une seconde possibilité alternative inclut la présentation de la stèle de l’aurige (Notice 035)
puisque les courses de char font parties des loisirs de prédilection des gallo-romains. Il faut
ici préciser qu’aucune trace de cirque n’a été retrouvée à Metz jusqu’à présent. Cette stèle est
primordiale et mérite une mention spécifique. D’une part sa réinterprétation est récente, d’autre
part, il a longtemps été admis que la stèle était inachevée, à tort.
Le visiteur prend le passage à pente douce vers le passage des métiers (Ill. 2.91)
326
Ill. 2.90 Domus et villae. Vue sur le Passage des métiers.
Ill. 2.91 Domus et villae et Passage des métiers face opposée. Direction les Arts du feu.
327
vii. Le passage des métiers
Les thèmes abordés sont liés aux métiers de l’artisanat ou autour de l’artisanat exclusivement
(Ill. 2.92 et 2.93)
La salle du passage des métiers telle qu’elle est présentée actuellement n’est pas satisfaisante
car les stèles sculptées ne sont pas suffisamment mises en valeur. Le visiteur ne peut pas les
approcher alors que le matériau est solide et ne nécessite pas de vitrine de protection. C’est
pourquoi, dans une optique de clarté, la version idéale de cette salle est conservée malgré
tout (Cf. pp. 300-303). De plus, la vétusté des matériaux de présentation (toile de jute) et
leur sensibilité au feu, aux insectes et acariens (moquette), fait que leur retrait du parcours est
vivement recommandé.
Le visiteur descend les escaliers et se dirige vers la droite, en direction de la salle des arts
du feu.
Ill. 2.93 Passage des métiers. Vue en direction des escaliers vers la salle des Arts du feu.
328
329
Ill. 2.92 passage des métiers. Vue fermée.
viii. La salle des arts du feu
La salle des arts du feu traite des métiers et activités qui nécessitent cet élément. Dans le
domaine funéraire, les ateliers de potiers sont mis en avant.
Ce thème se fonde sur la rareté de la représentation de ce métier sur les stèles funéraires, un
argument démontré par la notice 021. Cette activité est perçue comme négative par la population
antique. Le monument fait cependant référence à un possesseur de fabrique. Il semble donc
important de diffuser cette information qui pour l’instant n’est nullement spécifiée.
Concrètement, les changements opérés dans la salle des arts du feu sont minimes. La
stèle 037 d’un couple est conservée dans le couloir pour prolonger la déambulation dans le
parcours gallo-romain. La stèle du potier (Notice 021) reste au centre de la vitrine. La poterie
correspondante au modèle tenu par l’homme est exposée sur un socle à sa droite (Ill. 2.94).
Cependant, l’hypocauste n’étant pas reproduit dans la salle des thermes, comme dans la version
idéale, il demeure en place. Seul un écran diffusant un reportage sur la fabrication des poteries
remplace la vitrine du verre. Son contenu, déjà décliné, ne change pas (Cf. pp. 303-305). Enfin,
une modernisation graphique des cartes affichées et des panneaux reste une priorité.
Les frais budgétaires à prévoir pour la réalisation la version réaliste est présenté (Annexes
27 : budget estimé). Il comprend la liste des objets à acquérir pour la compréhension et
l’enrichissement du parcours, du matériel de sécurisation des œuvres, le gros-œuvre. Certains
coûts ont été calculés selon les tarifs pratiqués lors d’expositions temporaires puisque les
besoins sont sensiblement les mêmes. Ce sont des coûts moyens. Une personne du service
administratif du musée est chargée des questions de gestion financière. Elle s’occupe des
demandes en matériel de l’ensemble des services et remplit les formulaires nécessaires. Ces
demandes doivent être validées par la Métropole. Un marché public est requis à partir de 1
euro, selon les nouvelles directives. L’aide d’une gestionnaire qualifiée facilite, entre autres, la
tâche des conservateurs et du personnel du service des publics car elle prend en charge toutes
les démarches, en tant que personnel habilité à le faire. Le personnel du musée n’a pas, ou
rarement, de formation en gestion et finances publiques. De plus, les demandes sont réalisées
par l’intranet via des formulaires spécifiques auxquels les autres personnes n’ont pas accès.
Ils sont controllés. En général, la démarche de demande se traduit concrètement par la remise
d’une liste des besoins détaillée qui sera formalisée et traitée par ses soins. C’est pourquoi la
prévision est présentée sous forme de liste divisée en catégories. Les frais fixes, de chauffage et
d’électricité, sont comptabilisés pour l’ensemble du bâtiment, aussi ne sont-ils pas inscrits. Ils
se situent autour de 80 000 euros pour l’électricité.
Les opérations menées en interne sont moins onéreuses car la main-d’œuvre est déjà
rémunérée. Elles doivent être favorisées. De plus, le personnel du service technique comprend
un menuisier qui est capable de se charger de la confection de socles. Il peut utiliser du matériel
de récupération. Un reprographe affilié au musée rend possible la fabrication de cartels et
panneaux de qualité professionnelle sur tous types de supports. Le musée abrite dans ses locaux
les machines de reprographie. Le personnel de surveillance est en fonction dans ces salles
puisqu’il s’agit du parcours permanent.
Le musée peut faire appel au pôle mécénat de la métropole pour tenter de trouver un
partenaire, notamment pour financer des tablettes, matériel vidéo, microscope ou une expertise
en conception 3D. Une autre possibilité consisterait à leur demander de trouver des fonds.
Une variable des items est proposée avec un prix à minima et un prix à maxima. Un coût
330
331
Ill. 2.94 Salle des Arts du feu. Refonte la vitrine et insertion de vidéo. Fin de parcours.
total moyen de 83 500 euros environ permettrait de formaliser la version réaliste du projet, à
condition que le personnel nécessaire soit dédié au montage le temps voulu et que les partenariats
soient actés.
Dans le but d’indiquer le coût relatif de la refonte du parcours permanent, le budget imparti
à la section gallo-romaine est compté. Il ne couvre pas les frais prévus. Le nombre d’entrées
visiteurs et la recette de la boutique, même approximative, montrent par contre qu’engager des
changements pour un tiers du parcours paraît acceptable.
L’exposition « De l’arbre à l’armoire : l’âge d’or du mobilier lorrain » de 2011 a coûté 300
000 euros. Un scénographe extérieur au musée s’est chargé de la muséographie intégrale.
L’exposition « Enquête du passé », présentée en 2013 sur un espace de 130 m2 a coûté 130
000 euros. Le matériel a été acheté neuf.
L’exposition « Des offrandes pour les dieux » de 2019 a été entièrement montée en interne.
Le matériel de l’exposition précédente, de récupération, a permi de faire drastiquement baisser
les coûts. Pour l’ensemble de la salle, 15 000 euros ont suffit, sans baisse qualitative.
La conservation estime un budget de 600 000 euros environ afin de mettre en oeuvre la
version idéale de ce projet. Le parcours gallo-romain entier occupe un tiers du musée, donc
autour de 1200 m2.
En conclusion, si la version idéale apporte toutes les améliorations dont le musée aurait
besoin pour une présentation optimale des stèles, le bâtiment tel qu’il se présente limite la
commande de travaux de grande ampleur et reste le frein principal. Les murs porteurs, le
carrelage sont compliqués à détruire mais surtout à remplacer à l’identique. Les stèles elles-
mêmes ont un coût de déplacement onéreux en raison de leur charge pondérale. Ce qui semble
important reste une modernisation des textes affichés, un rassemblement des monuments selon
leur thème et non au hasard selon la place disponible, quitte à supprimer des stèles pour suivre
une logique plus évidente. L’ajout d’éléments tactiles et audiovisuels est une avancée que l’on
ne peut occulter d’après les nouvelles habitudes de consommation des visiteurs dans les musées.
Ces propositions muséographiques ont pour vocation d’apporter de réels changements, choisis
selon les possibilités budgétaires et dans une échelle de temps variable. Ils s’appuient, sans
exception, sur l’étude des stèles et monuments de Metz. Le point de départ de cette réflexion
reste la constitution des notices du tome III et surtout les recherches effectuées dans le tome II.
332
Conclusion gérérale
Dans cette étude, la variété des approches et l’appel à la transversalité ont été une force.
J.- N. Castorio souligne d’ailleurs la dangerosité d’une grille d’interprétation unique lorsqu’il
critique les éléments de décor interprétés seulement sur un plan symbolique, comme le faisait
J.- J. Hatt. Cette remarque peut s’élargir à d’autres domaines. Nous avons constaté, par exemple
que la datation, déjà approximative à cause du manque d’informations, est d’autant plus limitée
si l’on se cantonne à l’épigraphie seule ou à l’étude iconographique seule. La solution la plus
probante réside en une mise en perspective des données typologiques, notamment grâce au
travail de G. Kremer et M. Scholz, des données iconographiques, largement commentées dans
le Nouvel Espérandieu, des informations épigraphiques, dont des relevés ont été conservés par
R. Schlémaire ou des études ont été réalisées sur des domaines ponctuels par des chercheurs
tels que B. Rémy à propos de la médecine. L’archéologie apporte aussi des précisions plus
techniques si l’on se penche sur les matériaux employés. À ce titre les travaux de J.- D. Laffite
et K. Boulanger sont d’une aide précieuse. Leurs conclusions sur l’utilisation répandue de la
pierre de Norroy battent en brèche le paradigme de l’emploi de la pierre de Jaumont en réalité
plus tardive. Cela dit, toutes ces recherches font sens une fois synthétisées. Les auteurs cités
n’ont pas réalisé ce travail, peut-être pour répondre à un cadre d’étude spécifique balisé ou un
cahier des charges, peut-être par manque de temps ou de matière disponible. Ils ne sont pas à
remettre en cause et le sujet traité est, en l’occurrence, assez spécifique.
333
personnage en buste. Par la suite, ce sont uniquement les personnages en pied qui seront retenus,
contrairement aux stèles de Bordeaux.
Pour résumer, à cette époque, il n’existe pas encore de spécificité sculpturale propre à Metz
et reconnaissable.
La stèle 093 de Lucius Florius Crispus montre l’accession au statut de citoyen d’une tranche
de la population. Les tria nomina sont adoptés en se conformant à des noms latinisés.
C’est au début du IIe siècle que se démocratisent les pierres sépulcrales, privilégiant la
crémation uniquement. Ce phénomène est sans doute dû à un enrichissement élargi de la
population. Les tombeaux d’envergure du Ier siècle font place à une série de pierres tombales
de taille moyenne et quelques mausolées. Le terme de plebs media qualifierait assez bien les
habitants de Divodurum. Le nombre de nécropoles le long des axes principaux et surtout le
nombre de tombes montre ce développement de la ville qui va de pair avec un accroissement
démographique et une extension des limites.
Les thèmes et la façon de sculpter les pierres s’inscrivent dans la mouvance d’une « culture »
du nord-est de la Gaule et de la région Trévire. Il faut cependant se garder d’imaginer un apport
unilatéral. Il est fort probable que les cités se soient mutuellement influencées. Les couples en
pied, les personnages seuls, les scènes de métiers sont à rapprocher du corpus d’Arlon, avant
tout. L’exemple type est la stèle de la medica 003 dont personne, semble-t-il n’avait entrevu le
lien avec la stèle I.A.L/GRS 329. Le corpus trévire est plus éloigné en termes de rendu et de
meilleure qualité. Mais l’ignorer a conduit à confondre l’aurige présenté en couple sur la stèle
035 avec un soldat. Or le mausolée Nm. 182 montre un homme quasi identique daté de 215 et
c’est un conducteur de char.
A contrario, les monuments modestes, fabriqués en masse, se rapprochent davantage d’une
typologie des Leuques : la stèle simple à double pan. La stèle-maison, en revanche, est rare. Une
attention particulière doit être portée à ne pas surestimer des idées reçues. Les stèles messines
ne sont pas forcément plus profondes ou plus épaisses qu’ailleurs d’après l’examen des mesures
réelles. De plus, la majorité des monuments datent du IIe siècle ou de la première moitié du IIIe
siècle ce qui invalide totalement une quelconque évolution d’un type vers un autre issu de la
thèse évolutionniste.
À Metz, la pierre calcaire de Norroy est utilisée en abondance dans la confection des tombes.
Relativement facile à tailler, elle reçoit l’adhésion de la population qui, comme bien souvent en
Gaule romaine, délaisse le marbre. Des carrières encore non localisées sont exploitées.
Des ateliers de lapicides s’installent et produisent des tombes aux motifs et décors limités.
Leur existence a été soulevée par J.-N. Castorio mais, surtout à propos des grands monuments
de l’îlot Saint-Jacques. En fait, la production en masse et la multiplication d’un même modèle
quasi à l’identique se vérifie aussi bien concernant les stèles de grande taille (numéros 043,
028 ou 75.38.14 des métadonnées) que les petits monuments (numéros 074, 078, 113 etc.).
L’une des difficultés majeures de ce travail consistait à prouver la limitation effective de cette
iconographie. C’est par la recherche systématique de variations d’un même motif (les fleurs,
les lunes, les masques etc.) et de contre-exemples dans d’autres cités et d’autres provinces,
en comparant des milliers de stèles, qu’il a été possible de démontrer ce qui relève des choix
locaux. Les motifs et attributs sélectionnés ont aussi, suivant le cas, été détournés de leur
utilisation d’origine et ont changé de signification. Celle-ci n’est pas toujours claire ni connue.
Par exemple, à Metz la mappa n’est plus un accessoire de banquet masculin comme à
Mayence, mettant en scène un protagoniste allongé entouré de victuailles, mais tenu en main
par des femmes uniquement. En guise de second exemple, un lieu commun fait circuler l’idée
que les Romains ont plusieurs enfants mais n’en font figurer qu’un seul sur les sépultures. Il
334
existe des contre exemples, notamment en Pannonie (Serbie actuelle).
L’iconographie messine comporte souvent des couples. Ce ne sont pas des portraits pour
autant. Les représentations de personnages sont des stéréotypes codifiés et imités pendant une
longue période qui s’étend sur un siècle environ, sinon davantage (Premier tiers du IIe siècle-
milieu du IIIe siècle). Les mensurations entre hommes et femmes sont équivalentes. Nous ne
trouvons aucune représentation de personnes très âgées ou marquées par des accidents. Au mieux
les hommes ont-ils une mâchoire carrée. Les coiffures sont simples, pratiques, elles durent.
C’est ce qu’a démontré, entre autres l’étude du monument 003 qui cumule coupes adrianiques
et antonines pour une même famille sur deux générations. Les tuniques restent l’habit de
prédilection, excepté pour les travailleurs vêtus d’un cucullus aux manches retroussées.
Les modèles sculptés représentent des personnages à mi taille réelle en moyen-relief. La tête
est en haut relief et se démarque du fond de la niche. Ce témoignage de la pierre, associé au
manque cruel d’écrits de cette époque donne l’impression d’une population simple, ayant des
goûts assez pragmatiques. Ils s’éloignent d’une élite intellectuelle. Les habitants ne portent pas
de toges, ils ne suivent pas non plus, ou rarement, la mode impériale aux coiffures complexes.
Les cheveux courts, une moustache et la barbe sont communs. Ce point nous conduit justement
aux remarques formulées par A. Rose quant aux stèles de métiers. La valeur travail, méprisée
par Rome n’a pas le même écho à Divodurum. Comme à Arlon, certaines professions sont
montrées, sans doute les plus lucratives. Ce choix local de représentation de soi diffère de
villes telles que Lyon. En outre, à Rome, personne n’aurait songé à immortaliser un vendeur
d’esclaves.
Les formulaires funéraires sont courts. Ils ont l’avantage de faire ressortir la continuité
d’usage de noms gaulois, parfois germaniques, en parallèle des noms latins. Ce point démontre
que la culture latine n’est pas prise telle quelle dans son entièreté. On constate que les hommes
sont souvent dédicataires de la tombe mais la disparité escomptée entre hommes femmes dans
les nécropoles n’est pas aussi flagrante que la rareté des sépultures d’enfants ou d’esclaves. Les
chiffres oscillent généralement autour des 40 – 50 %. Cette observation contredit les données
récoltées par V. Hope sur le monde romain en général. Ces informations montrent que les
mentalités messines ne suivent pas toujours une « norme » répandue.
La transposition pour parvenir à une présentation muséographique suit des étapes précises
et un processus.
Dans un premier temps, il fallait analyser l’évolution du parcours muséographique inhérent
aux stèles et monuments funéraires. La collection a été enrichie entre 1839 et 2020. Il en ressort
le passage d’une disposition pêlemêle à une présentation davantage réfléchie, déclinée par
thèmes, comme l’eau, la vie quotidienne et le travail, la mort ou l’artisanat. Néanmoins des
incohérences demeurent sur le discours qui mélange des objets qui n’ont rien à voir les uns
avec les autres ou ne sont pas localisés. Notamment, la proximité d’accessoires de couture, de
fragments de marbres et d’amphores dans une même vitrine est gênante. Lors de cette phase
de critique, la vision des visiteurs est mise à l’épreuve pour tenter de comprendre ce qu’ils
retiennent, ce qu’ils leur manque ou quels sont les faux sens et frustrations liés au parcours.
Leur état de confort physique et intellectuel joue un rôle à ne pas négliger.
Ensuite, un benchmark des propositions d’autres musées, en France, Allemagne, Belgique et
Luxembourg ont permis de faire émerger des pistes de solutions. Le travail mené dans la partie
historique intervient alors pour dégager les thématiques et points importants à mettre en valeur.
Sans cette recherche, le conservateur ne sait pas toujours identifier les monuments rares, surtout
si leur traitement est sommaire. La stèle de Matuicco (051) est un cas incontournable, par
exemple. Elle fait partie des rares véritables stèles maisons à base carrée avec une ouverture et
une porte associée à un toit à double pente. Le nom de la défunte est aussi typiquement gaulois.
335
Le procédé adopté pour dégager les thématiques consiste à élaborer une carte mentale ou un
schéma programmatique. Il émane des travaux de A. Gob et N. Drouguet, muséographes. Cette
méthode, revue pour nos besoins, est relativement efficace.
Après avoir sélectionné les thèmes, les monuments et les dispositifs pour les accompagner,
reste à identifier les normes de présentation et de textes. Il faut lister quels types de médiations
directes sont possibles dans chaque cas et à quoi elles vont répondre (un besoin de connaissance
ou une mise en situation du visiteur ?).
C’est seulement après avoir répondu à tous ces prérequis que la présentation muséographique
peut se mettre en place, en justifiant à chaque fois les choix effectués à la lumière des
connaissance acquises grâce aux recherches historiques. Pour se rapprocher d’un résultat viable,
il est fortement conseillé, d’après cette expérience, de travailler avec des maquettes à l’échelle
ou en 3D. La théorie ne suffit pas dans une construction où la taille de chaque objet est calculée
pour s’insérer dans une salle à l’espace limité. C’est ce qu’à démontré la refonte du Monde des
morts. Pour insérer 50 monuments dans cette salle, chaque centimètre doit être rentabilisé tout
en conservant un passage suffisant.
Cette étude comporte en premier lieu une proposition optimale. Elle ne peut être atteinte
dans les conditions actuelles mais laisse davantage de portes ouvertes et d’occasions. Une
estimation de budget est aussi utile dans le cadre d’une proposition plus réaliste. C’est ici la
justification historique systématique qui fait l’originalité de la démarche et apporte un avantage
qu’un conservateur non spécialisé n’aurait pas.
Mise en perspective
Il est difficile de confirmer, compléter ou infirmer la position d’auteurs sur ce sujet d’étude
car il relie deux disciplines d’habitude séparées. Personne d’autre, à notre connaissance ne
s’est penché sur ce sujet, d’autant plus que l’exemple des monuments funéraires de Metz pour
son musée est vraiment spécifique. L’approche interdisciplinaire a pu valider ou préciser des
informations par croisement. La réalisation fonctionne, du moins sur plan théorique et virtuel.
Le reste dépend des moyens réels mis en œuvre.
Certains aspects de ces recherches sont moins développés et se heurtent à des limites. Dans
la partie dévolue à l’étude du matériel funéraire, c’est-à-dire les tombes, nous avons vu que les
socles et la pierre tombale en surface étaient creusés. De même, des coffres cinéraires imposants
(numéro 100) ont été retrouvés vides. Il aurait été de bon ton d’aborder les rites funéraires et
les offrandes faites aux défunts. Cependant, les archéologues n’ont pas, à ce jour, retrouvé de
restes d’offrandes à Metz. Au mieux, la littérature ou des victuailles découvertes dans d’autres
cités proches peuvent donner des pistes, mais non des certitudes sur les habitudes locales.
Certaines cités offrent du porc à leurs morts et d’autres non. Cela signifie qu’il reste encore
des zones d’ombres dont la résolution viendra peut-être de l’archéologie de terrain. À Metz,
l’ensemble des nécropoles n’a pas encore été mis au jour ce qui laisse un espoir de retrouver
des pierres tombales dans un contexte favorable. Les méthodes de fouilles actuelles sont plus
précautionneuses de l’entourage des découvertes, contrairement aux fouilles des années 1900
durant lesquelles les pierres étaient sorties et nettoyés sans chercher à savoir quelle était la
composition autour, notamment la composition chimique de la terre. Concernant les objets
découverts près des monuments et des stèles, ils ne sont pas forcément contemporains. Certes,
de la monnaie a été retrouvée. Elle n’accompagnait pas la dépouille pour autant. Par exemple la
stèle 052 de Pasuius Priscus est datée de la seconde moitié du IIe siècle ou du IIIe siècle. La pièce
336
de monnaie située à proximité date de Claude. Même si les monnaies circulent relativement
longtemps, il est difficile d’en tirer des conclusions. N’étant pas disposé avec des restes il n’est
pas possible de valider ou d’infirmer un rite à Charon à Metz. Cela signifie qu’il nous manque
encore des informations sur les croyances et implique une certaine réserve. Par extension,
cette méconnaissance des croyances locales se retrouve dans la symbolique des décors. Si de
nombreux motifs de feuilles d’acanthe sont gravés sur les stèles, puisque 45 monuments du
corpus en sont pourvus (tome I, chapitre 3 p. 81), aucune mention écrite ne permet d’affirmer s’il
s’agit d’un décor reproduit vidé de sens ou de la représentation d’une croyance du renouveau.
Toutefois, la théorie du simple décor est plus probable. C’est du moins le constat qui est ressorti
de l’étude du corpus dans son intégralité.
Une autre limite est manifeste dans le second tome. Le budget est peu développé. Cette
question d’évaluation financière est complexe. Les musées fonctionnent par un système de
marchés publics ouverts. Trois entreprises à minima sont mises en concurrence et la structure
choisit l’offre la mieux disante, le meilleur rapport qualité prix. Nous sommes capables d’estimer
un coût approximatif selon une exposition temporaire passée ou des opérations récurrentes.
En revanche, dans le cadre d’une étude universitaire, il n’était pas envisageable de contacter
des entreprises pour élaborer des réponses sans commande à la clef. Cela signifie que, si les
conservateurs décident de mettre en œuvre une partie ou la totalité du parcours proposé, ils
auront la charge de faire cette démarche. Cela se justifie aussi du point de vue de la légitimité.
Les limites pointées ne sont pas, en somme, rédhibitoire. Elles n’ont nullement empêché
cette étude d’arriver à son terme et laissent au contraire des ouvertures.
Les perspectives pour l’avenir sont nombreuses. Il reste un certain nombre de questions non
résolues mais, les connaissances et la technologie évoluent. Pour donner quelques pistes, il
serait intéressant de réunir un géologue et un archéologue rompu dans le domaine de la sculpture
pour retravailler sur ces monuments. Cette collaboration permettrait de réaliser une étude de
la nature de la pierre en laboratoire et de rechercher des sites susceptibles de correspondre aux
carrières antiques utilisées d’après les données sur la morphologie géologique. La question de
la technique de taille expérimentale, n’est pas encore au point. Ce problème a été mis en avant
grâce à l’étude de la stèle de l’aurige retaillée et peut être résolu par des tests. Une autre piste
consisterait à s’intéresser à la période suivant l’abandon des monuments funéraires sculptés. La
transition vers l’inhumation et l’usage du sarcophage reste encore floue. En somme, les suites
à donner sont nombreuses et la cité de Divodurum n’a pas encore dévoilé tout son potentiel de
découvertes.
337
Préparée à l’École Pratique des Hautes Études
VOLUME III
CORPUS
M. Michel, REDDÉ
Spécialité
Directeur d’études, EPHE Directeur de thèse
Méthodes de l’histoire et de
l’archéologie
CORPUS
338
001. METZ (MOSELLE). BLOC DE MAUSOLÉE CIRCULAIRE AVEC INSCRIPTION
Le monument est incomplet. Les blocs découverts revêtent une forme approximative de
parallélépipèdes. Le bloc d’inscription a été largement retaillé sur les côtés, au sommet et
en dessous. À présent encastré dans un mur bétonné, l’épaisseur ne nous est donnée que par
d’anciennes mesures. D’après les informations issues de la C.A.G, ce bloc faisait partie d’un
mausolée de forme circulaire d’environ 8 mètres de diamètre. La courbure permet du moins de
le supposer.
Des blocs auxiliaires sont implantés dans la construction muséographique. Ils comprennent
des pierres taillées en grand appareil, au nombre de six, ainsi que trois blocs décorés de rinceaux
et de grappes de raisins en bas-relief. Rien n’indique leur provenance mais ils appartiennent
en réalité à deux autres mausolées aux conditions de découvertes mal renseignées. Il semble
néanmoins, comme nous le verrons, que leur fourchette de datation avoisine celle de notre
monument et prouve que les sépultures étaient, dans un premier temps, réservées à une
population particulièrement riche, aux membres de l’élite politique locale.
À Metz, mis à part ces quelques exceptions, les monuments de grande envergure sont
sporadiques. En matière de taille, seul le mausolée de l’îlot Saint-Jacques 75.38.65 est
comparable aux mausolées de plan circulaire. Toutefois, celui-ci représente trois personnages
sculptés sans inscription connue à ce jour.
339
Champ épigraphique : Ht 59 à 69 cm. lg 105 cm
Ht lettres 20 cm.
Keune 1906, p. 489 ; Krüger 1908, p. 26,27,30 ; C.I.L XIII (1899-1916), 11422 ; Toussaint 1948, p. 142 n° 588 ;
Collot, 1976, 2 p. XXXXIV ; Schlémaire 1972, D30 ; C.A.G 2005, p. 163 A28.
Les lettres, de très belle facture, sont réparties à l’intérieur de deux cartouches juxtaposés. Elles
sont en capitales carrées, profondément creusées en relief. D’après des études paléographiques
réalisées par Y. Burnand, le monument daterait du Ier siècle327.
Le monument est dédié à une personne défunte à 20 ans, ou plus. Il est impossible de restituer
une traduction de cette épitaphe qui est trop lacunaire.
Le traitement de la dédicace conservée n’est pas sans rappeler l’inscription gravée sur le
mausolée cylindrique de Caecilia Metella, fille de Quintus Creticus (C.I.L VI 31584), situé à 3
km de Rome sur la Via Appia. Malgré la distance importante et le temps qui les sépare (seconde
moitié du Ier siècle avant notre ère), les lettres, de taille conséquente, sont particulièrement
ressemblantes et nous font penser à une copie inspirée de ce modèle d’inscription. Par exemple,
le Q a une patte allongée similaire. Le R dont la boucle est fermée est identique. Nous savons
par ailleurs que la vogue du mausolée arrondi s’est propagée grâce au prestige exercé par celui
d’Auguste, au format exceptionnel. Cependant, il existe des exemples géographiquement plus
proches tels que la dédicace contenue sur le cénotaphe de Trèves et dédié à la mémoire de
Caius et Lucius, les princes de la jeunesse, lequel est daté du début du Ier siècle. Tous ces
éléments conduisent, selon une première approche, à situer notre bloc dans cette période. De
plus, l’hypothèse a été émise que, régionalement, ce type d’édifice était repris comme un dérivé
du tumulus.
Nous avons abordé précédemment l’ajout de blocs décoratifs en pavés courbes issus d’autres
monuments.
Inséré dans la maçonnerie, le premier bloc surplombe l’inscription et prend sa place sur
la droite. Selon les informations rapportées par J.-N. Castorio, le « tertre était retenu par un
haut tambour de pierre »328. Des rinceaux y sont sculptés dans un profond bas-relief. Ils sont
représentatifs de l’époque augustéenne. Les blocs ont donc en commun d’appartenir à un
tumulus à haut tambour, de la même époque.
Enfin, les deux blocs centraux, partie supérieure, sont pourvus de feuilles dentelées à nervures
de belle facture, enroulées en spirales. Les grappes de raisins figurées permettent de reconnaître
des treilles de vignes aux tiges et feuilles entrelacées.
Ces blocs décoratifs peuvent être comparés, en particulier, au bloc du « pilier 9 » de Trèves
ou éventuellement à celui du mausolée circulaire de Fetschenhof (Nr. 166a). Le fragment de
327 J.-N. Castorio et Y. Maligorne, « Les monuments funéraires précoces dans le sud de la Gaule mosellane
», In : M. Reddé et al. [éd.], Aspects de la Romanisation dans l’Est de la Gaule, volume 2, Bibracte, 2011, p.
794.
328 J.-N. Castorio et Y. Maligorne, « Les monuments funéraires précoces dans le sud de la Gaule mosellane »,
Art. Cit., p. 792.
340
Neumagen étant sans doute celui qui s’identifie le mieux à celui de Metz. Une concordance
est visible entre le travail de taille de la pierre et les motifs respectifs. Par exemple le relief est
plat, la profondeur est équivalente. En outre, les deux blocs cités sont identifiés du début de la
période flavienne329 d’après B. Numrich.
Le musée de Luxembourg conserve également des blocs de constructions semblables (inv.
Nr. 74). Au nombre de six, ces blocs de calcaire, issus de Mersch, font partie de l’étage inférieur
d’un grand pilier funéraire. Il relate la carrière civile et militaire d’un chevalier romain, titre
cumulé avec celui de grand prêtre de l’Empereur et du dieu Lenus Mars. L’ensemble est estimé
entre 130 et 140 de notre ère. Soit de la première moitié du IIe siècle. Le motif de vignes est
commun au bloc, même si le rendu n’est pas identique. En effet, sur le bloc de Luxembourg,
une coupe formée de feuilles sépare les deux motifs de frises. Toutefois, les éléments sont
lacunaires et moins pertinents.
Pour chaque ensemble, un lien possible avec le culte bachique est mis en avant. Bien qu’à
Metz aucune titulature ne soit déclinée, les exemples comparatifs fonctionnent en tant que
modèles d’inspiration entre Rhénanie et Moselle.
Le mausolée à épitaphe de Metz peut être par comparaison classé du Ier siècle. Il démontre
une accession à la sépulture monumentale réservée à une fine couche de la société, la plus aisée
en l’occurrence.
329 G. Kremer, Das frühkaiserzeitliche Mausoleum von Bartringen, Dossiers d’archéologie XII, Luxembourg,
MNHA, 2009, p. 103.
330 N. Laubry, Aspects de la romanisation en Gaule et en Germanie : les monuments et les inscriptions funé-
raires sous le Haut Empire, Revue Pallas, https://pallas.revues.org/1843, le 10/01/2009, consulté le 24/07/2016.
341
Ill. 3.2 Bloc de mausolée avec scène de banquet 002
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
La partie conservée est de forme parallélépipédique. Sur la face principale sont représentés
trois personnages dans une niche en cul-de-four lourdement décorée. Une guirlande épouse le
contour de la niche, soutenue par un amour potelé qui vole vers la gauche. Il a une tête ronde
dont les détails ont disparu à cause de l’état de dégradation du monument. Ses cheveux frisés
sont modelés en gros nodules. Il a les bras écartés et tendus de chaque côté. Ses ailes émergent
de la pierre en léger relief. Son corps ressemble à celui d’un nourrisson. Son ventre est arrondi,
le nombril marqué par un creux. Il est entièrement dénudé. Ses jambes donnent une impression
de mollesse. La jambe droite, au second plan, est traitée en méplat. Les genoux sont représentés
par une pointe. Il a des pieds minuscules pour sa taille. Les ailes déployées suivent la forme de
la guirlande. Celle-ci est massive et très chargée. Nous observons en effet de belles feuilles de
vignes sculptées, enchevêtrées autour d’une treille. Les quatre grappes de raisin disséminées
fournissent des fruits aux gros grains mûrs.
Au centre de cette composition nichent un oiseau et un écureuil se délectant des fruits. Ils
apportent à la scène un aspect anecdotique et léger.
Ce type de décoration végétale rappelle des motifs empruntés au répertoire « baroque »
de la Narbonnaise, hérités du Ier siècle et transférés dans d’autres régions331. Les guirlandes
maintenues par des amours avaient alors un franc succès. D’après C. Nerzic, ces motifs sont
issus de la tradition ancienne de décorer les édifices de vrais feuillages lors de fêtes.
Ill. 3.3 Homme de gauche Ill. 3.4 Femme au centre Ill. 3.5 Homme de droite
Photo L Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer
342
Force est de constater que le travail de sculpture de ces éléments relève d’une grande minutie.
Au-dessous de la treille, trois convives (Ill. 3.3, 3.4 et 3.5) prennent apparemment part à un
banquet. Ils sont conservés de la tête au buste. Les personnages de gauche et de droite semblent
regarder en direction du ciel et de la guirlande. Ce sont deux hommes. Au milieu se situe une
femme, reconnaissable à sa coiffure. Les têtes se détachent du monument.
La femme est tournée de trois quarts vers la gauche. Une partie de son visage est abimée.
Son nez est brisé. Elle a un visage de forme arrondie. Les arcades sourcilières sont anguleuses.
Les yeux sont figurés par des cavités irrégulières. Elle a une petite bouche détaillée, deux lèvres
ourlées. Ses cheveux sont divisés en deux parties par une raie médiane. Les fines mèches qui
composent la coiffure forment un rouleau au-dessus de l’oreille et sont attachées en chignon dans
le cou. Les oreilles sont visibles. Le traitement libre des mèches laisse entrevoir une sculpture
lapidaire antérieure aux monuments découverts à l’îlot Saint-Jacques332. Son cou, trop long,
est relativement fin. De son corps ne reste qu’une partie du buste jusqu’aux avant-bras. Les
épaules sont menues. Le drapé de son vêtement, au ras du cou, est divisé par des plissures en
bandes larges et plates. D’un geste, elle avance sa main ouverte vers le personnage de gauche,
les doigts légèrement repliés.
L’homme à droite lève son gobelet (poculum). Sa paume de main ouverte est dessinée et
ses doigts se referment sur le contenant. Sa tête est inclinée vers le haut, sur la gauche. Il
est quasiment de profil. Sa coupe courte laisse apparaître ses oreilles. Elle est composée de
petites mèches calamistrées ramenées au milieu du front. Il porte une fine barbe. Ses yeux
sont creusés par des cavités maladroites, les pupilles percées au trépan. La bouche est faite
par incision. La lèvre inférieure est ourlée. Sa mâchoire carrée et son menton ressortent. Tout
comme la femme, les plis de ses vêtements sont représentés par des bandes aplaties. L’homme
de gauche, dont la coupe relève d’un modèle identique lève aussi la tête vers le ciel. Son front,
ses yeux et une partie du nez, détruits, ne sont plus identifiables. Ses pommettes saillantes sont
encore reconnaissables. Il a des lèvres pincées. Ses vêtements sont sculptés en larges bandes
représentant le drapé. Il a le coude plié. Sa tête repose sur sa main.
332 Y. Freigang, « Les stèles funéraires de Metz, Ilot Saint-Jacques : une nouvelle approche de la datation de la
sculpture en pays mosellan », in La sculpture d’époque romaine dans le nord, dans l’est des Gaules et dans les
régions avoisinantes, Besançon, Presses universitaires Franche-Comptoises, 2001, p. 126.
333 Y. Freigang, « Les stèles funéraires de Metz, Ilot Saint-Jacques », Ouv. Cit., p. 126.
343
Sur la face latérale gauche un personnage situé dans
une niche à sommet cintré peu profonde, sans décor en
arrière-plan, marche de profil vers la droite. Il avance en
jouant de la syrinx (Ill. 3.6). La niche est comprise entre
deux pilastres extérieurs carrés, identiques à ceux de la face
principale. L’homme porte des cheveux courts qui laissent
apparaître ses oreilles. Son coude droit est relevé. Il a le front
légèrement bombé et gonfle les joues afin de sortir des sons
de son instrument. Ses yeux, représentés par des cavités,
sont mutilés. Ses lèvres semblent souffler vers le bas, dans Ill. 3.7 Syrinx disproportionnée
les tuyaux. La flûte de Pan tenue entre ses deux mains semblePhoto L. Kieffer
de taille disproportionnée (Ill. 3.7). Six tubes de différentes longueurs sont maintenus par une
baguette de bois qui entoure la partie supérieure de l’instrument. Les manches longues du
musicien sont pendantes. Il porte une tunique ample au-dessus du genou, attachée par une
ceinture. Les plis tombent à la verticale. Le genou est marqué. Le mollet de la jambe arrière est
musclé. Il est pieds nus. J.-C. Bastian y voyait un enfant334 mais la musculature des jambes en
fait sérieusement douter.
En guise d’explications, on peut imaginer en premier lieu que ce personnage a un rapport
avec la scène de banquet funèbre et une éventuelle cérémonie offerte au défunt, puisque les
personnages aisés jouissaient de musiciens pour suivre et agrémenter le cortège. Cependant si
l’on suit le raisonnement de K. Kazek, construit à partir des théories de P. Veyne, le banquet
funèbre représenté sur les monuments n’est autre que « l’affirmation d’une classe moyenne
qui souhaite montrer aux vivants son statut quotidien ». Il n’a donc rien à voir avec l’au-delà
et les commémorations mortuaires. Il ajoute que la flûte de Pan n’est pas, traditionnellement,
l’instrument des processions, au contraire des tibiae. En revanche, la syrinx renvoie au culte
dionysiaque. Nous pouvons toutefois, justement, imaginer un lien entre les deux scènes en
mettant en corrélation le vin, la treille et le musicien puisque tous ces éléments sont en lien
avec le culte bachique. Ou tout simplement, le défunt
voulait-il se montrer entouré de personnages multiples.
344
le coude gauche est tiré en arrière. Son corps penche vers l’avant. Sa musculature et la présence
d’un trident font qu’il a parfois été identifié comme un gladiateur. L’analyse de la posture du
personnage exclut cette possibilité335. La piste du pêcheur demeure privilégiée, notamment par
la C.A.G 336.
S. Pannoux évoque, dans son analyse des monuments de l’îlot Saint-Jacques, un message
contenu dans les récits iconiques. Selon ce principe, la face principale montre sans doute le
défunt entouré de sa famille337. Les faces latérales des personnages ou serviteurs qui agissent
pour lui. Ils témoignent de sa réussite et de son pouvoir. C’est une façon de vanter le défunt338.
K. Kazek a daté ce bloc de mausolée du IIe ou IIIe siècle à cause de sa singularité à Divodurum,
difficilement comparable. Les personnages des faces latérales portent des mèches bouclées et
souples exagérées qui semblent plutôt caractéristiques du règne de Marc-Aurèle. Néanmoins,
le style floral joue en faveur d’une datation plus ancienne, c’est-à-dire plutôt antonine, voire
antonine tardive selon Y. Freigang.
Devilly 1823a, p. 74-75 ; Lorrain 1874, p. 32 ; Hoffmann 1889, p. 28 ; Keune 1900a, p. 349 ; Koep 1912, p. 127 ;
Espérandieu V (1913), 4306 ; Toussaint 1948, p. 50 ; Collot 1976, p. 36 ; Freigang, 1997, Med 206 ; C.A.G 2005,
p. 235 ; Dis Manibus 2009, p. 151 ; Dossiers d’archéologie 2015, p. 80-83.
Sur le bloc supérieur, face principale, la partie conservée s’étend du chapiteau des piliers au
cou des personnages. Un gros éclat est à déplorer en haut, au centre. À droite, une longue fissure
verticale traverse le monument. On remarque des traces de gradine au bord du coquillage. Les
visages des personnages sont détériorés. Les nez ont été brisés. Le décor sculpté sur le pilier
gauche a presque entièrement disparu à l’exception d’un fragment de la bande supérieure. Le
bloc inférieur supporte l’inscription dont la peinture rouge est partiellement préservée. Elle
semble d’origine. Le coin inférieur droit est brisé. Au centre, deux trous ont été creusés. De
même, la face latérale droite est abimée par deux trous de tenons percés sur la partie supérieure.
Une fissure, en diagonale, s’étend du centre au pilier gauche. Le personnage est conservé de
la tête aux épaules. Le personnage figuré sur la scène inférieure, en revanche, est conservé de
la moitié du crâne jusqu’aux cuisses. Les coins gauches et droits sont brisés. On remarque des
impacts sur le personnage. La face latérale gauche correspondante est composée de manière
identique. C’est-à-dire qu’elle représente deux scènes superposées. Du personnage supérieur
335 K. Kazek, « Le banquet des épicuriens. Quand les morts communiquent avec les vivants », Dossiers d’Ar-
chéologie, n° 369 (mai-juin 2015), p. 82.
336 P. Flotté et M. Fuchs, Carte Archéologique de la Gaule (57/2) Moselle, Paris, Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, 2004, p. 235.
337 S. Pannoux, La représentation du travail : récit et image sur les monuments funéraires des Médiomatriques.
Dialogues d’histoire ancienne. Vol. 11, 1985, p. 299.
338 12 Ibid, p. 304.
339 P. Flotté, C.A.G 57/2, Ouv. Cit, p. 235.
345
nous reste la partie comprise de la tête au coude. Le personnage figuré sur la scène inférieure
est restitué comme son homologue opposé. Des traces de ripe sont visibles en fond de niche.
Le bloc supérieur est retaillé en parallélépipède grossier. Sur la face principale, le décor
sculpté en haut relief, est compris entre deux piliers en relief léger. Le chapiteau et le fût sont
séparés par un astragale proéminent. La corbeille permet de reconnaître un style d’apparence
corinthien. Le fût est décoré d’une frise de feuilles lobées. Le rendu rappelle vaguement le
mausolée à la treille du musée inv. n° 2012.0.102 quoique son décor soit très chargé par ailleurs.
Ill. 3.11 Père, détail Ill. 3.12 Mère, détail Ill. 3.13 Fils, détail
Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer Photo L. Kieffer
Trois personnages sont mis en scène dans une niche cintrée au fond arrondi très profonde
(Ill.3.11, 3.12, 3.13). Au-dessus de leur tête figure une coquille divisée par huit rayons. Ce
type d’ornement se retrouve sur certains monuments de Divodurum comme l’Esp IV, 4314
découvert au centre-ville ou l’Esp IV 4340 découvert aux alentours de la sablière Bidinger.
Toutefois, ces deux exemples sont de taille plus modeste. Des coquilles ou parasols surplombent
des personnages en pied sur d’autres monuments plus aboutis tels que le C.I.L XIII, 7582 de
Wiesbaden dans l’objectif d’octroyer à l’œuvre une forme de préciosité. D’un point de vue
346
formel, la niche cintrée revêtue d’un parasol provient d’une innovation attribuée aux ateliers
de Cologne340. L’exemple type en est la sépulture de C. Vetienius Urbicus (C.I.L XIII, 8275).
Toutefois, dans la variante messine, le défunt seul n’est pas représenté seul. Par ailleurs, les
personnages étaient sans conteste en pied et non en buste.
Deux hommes et une femme, au centre, sont disposés dans la niche. D’emblée, il apparaît que
le travail du sculpteur est d’une qualité supérieure à celle d’une majeure partie des découvertes
issues de la Citadelle.
L’homme de gauche fait face à son homologue. Son visage allongé est finement modelé. Il
porte une coupe courte avec de nombreuses mèches souples. Une frange couvre le haut de son
front assombri de quatre rides. Les oreilles sont dégagées. La pilosité du personnage montre une
continuité entre cheveux, tempes et barbe. Il porte également une moustache soignée. Sous un
petit front, les yeux sont représentés dans une cavité profonde. L’effet d’ombre en est accentué.
Les sourcils sont arrondis. Il a les yeux mi-clos, soulignés par les paupières et des cernes.
Ses pommettes hautes sont saillantes. Bien que le nez soit cassé, les sillons nasogéniens sont
encore visibles. Sous la lèvre inférieure, le pli mentonnier est souligné par un creux. Sa bouche
est tombante. Les commissures des lèvres sont en coin. Le cou, dont ne subsiste que le haut,
semble bénéficier de proportions correctes. La pilosité et les rides montrent que l’on a affaire à
un homme mature, mais non à un vieillard.
La femme, située au centre de la composition, n’est pas idéalisée. Elle a un visage creusé,
très marqué et ne sourit pas. Sa coiffure est divisée par une raie médiane, au sommet du crâne.
Les mèches incisées repoussées sur les côtés se referment sur son front en créant une forme de
triangle. De larges mèches auréolent son visage jusqu’en bas du cou. Ses oreilles sont cachées.
Ses yeux tombants donnent une impression de fatigue ou de lassitude. Ils sont figurés dans un
creux, surmontés par des sourcils épousant la même courbe. Le personnage a des cernes, un nez
élargi, ses joues sont creusées et ramollies. Les sillons naseaux labiaux sont visibles. La lèvre
supérieure est fine alors que la lèvre inférieure est charnue. Le menton, en avant, est proéminent.
Elle a de toute apparence un certain âge que le sculpteur n’a pas cherché à camoufler.
Le troisième personnage, situé à droite, est un homme d’allure plus jeune puisqu’il n’est pas
ridé. Il a un visage rond. Une frange couvre son front et la moitié de ses oreilles. De grosses
mèches souples forment une auréole autour de son visage. Ses yeux, en amande, sont grand
ouverts. Ils sont marqués par deux traits de paupières et des cernes. L’iris et la pupille tronqués,
montrent, qu’il regarde vers le haut. Ses deux lèvres fines donnent l’impression qu’il fait la
moue. Il porte une barbe en collier. Ses cheveux descendent dans son cou, robuste.
Sur registre inférieur, un texte assez long est profondément gravé entre deux bandes décorées
de plantes, en continuité avec le registre supérieur. Toutefois, la décoration ne ressemble pas à
une frise continue sur cette partie car entre deux tronçons de végétation est alterné une fleur ou
un visage feuillu difficile à discerner.
Ht lettres 5 cm.
Devilly 1823a, p. 72-74 ; Lorrain 1874, p. 29-30 n° 9-10 ; Hoffmann 1889, p. 26 n° 9-10 ; C.I.L XIII (1899-1916),
4362 ; Toussaint 1948, p. 50-51 n° 51 ; Collot 1976, n° 42 ; Schlémaire 1972, D22 ; Freigang 1997, Med 207 ;
C.A.G 2005, p. 235-236 n° 8.
340 J.-N. Castorio, et Y. Maligorne, Les monuments funéraires précoces dans le sud de la Gaule mosellane, Ouv.
Cit., p. 9.
347
Ill. 3.14 Inscription du mausolée 003
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
CATVLLINVSCARATHO […]
FILSEXTILIASEDVLIF [….]
CONIVXMONIMENTV[.]
SIBIVIVI POSVERVNTET
5
F CATVLLIANOQVIVIX[..]
ANIIIIMVIETSECVNDIN[.]
QVIVIXA[.]
Catullinus Caratho[uni] | fil(ius) Sextilia Seduli f[il(ia)] | coniux monimentum | sibi vivi po-
suerunt et |5 f(iliis) Catulliano qui vix[it] | an(nos) IIII m(enses) VI et Secundin[o] | qui vix(it)
a[n(nos)
L’inscription est assez longue (Ill. 3.14). Elle est peinte en rouge, parsemée de quelques
traces de blanc.
Le chiffre quatre est représenté par quatre bâtons et non par un IV comme c’est souvent le
cas sur les monuments funéraires. Plusieurs nexus sont reconnaissables. Ligne 1 pour les lettres
AT, ligne 3 les lettres ME, lignes 4 et 6 les lettres ET. Il semblerait que le lapicide se soit trompé
en sculptant le mot MONIMENTVM au lieu de MONVMENTVM.
Contrairement à la plupart des sépultures messines individuelles, ce mausolée est familial.
L’inscription, quoique détériorée nous renseigne tout de même sur une partie des membres
concernés. À en croire cette épitaphe, ce sont des pérégrins puisqu’un seul nom est cité.
Catullinus et Sextilia sont au nominatif, un cas assez rare dans les nécropoles mises au jour.
Plusieurs générations sont citées. Sextilia est la fille de Sedulus. Catullinus est le fils de
Carathounus. Leurs enfants défunts se nomment Catullianus et Secundinus. Nous savons
du premier qu’il s’agit d’un enfant mort en bas âge. Il témoigne du taux élevé de mortalité
infantile. Un Augurius Catullinus est cité chez les Lingons mais l’origine du cognomen n’est
pas précisée341. Catullianus, le nom du fils, est un dérivé formé sur le patronyme. Carathounus
341 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Paris, Ausonius, 2011,
p. 186.
348
paraît celte de premier abord. Il reprend la racine cara- souvent employée pour « aimer » ou «
cher ». De plus P.-Y Lambert parle dans l’évolution de l’affriquée /ts/ de Carassounius342. Il est
difficile de ne pas y voir une corrélation. Sextilia est un nomen latin italien dont un exemple
existe chez les celtibères, entre autres343. Le chiffre six fait écho au nom du fils Secundinus. Il
s’agit d’un nom latin de traduction d’après M.-Th Raepsaet. Elle cite pour exemple Poppius
Secundinus, un Trévire (C.I.L XIII 4217) du IIe siècle, première moitié du IIIe siècle. Enfin,
Sedulus, père de Sextilia porte un nom latin d’assonance celte. Sedulus Amillo de la cité des
Médiomatriques le confirme si l’on se réfère à son épitaphe datée du IIe siècle344.
Les parents ont fait élever ce mausolée de leur vivant. Un moyen pour eux de palier aux
aléas. Ils ont ainsi pu choisir un modèle qui mette en avant leur culture et leur richesse sans
attendre que la descendance ne s’en charge. Nous pouvons éventuellement supputer que leurs
enfants sont morts. Cette perte les aurait alors encouragés à passer commande d’un monument.
Sur le registre inférieur, une femme nue joue d’un disque sonore. Son visage n’est pas
descriptible car il ne subsiste que la partie qui va du cou au haut des cuisses. Elle est représentée
debout, de face, légèrement hanchée. Son corps étiré ressemble justement à celui dont nous avons
fait référence pour la danseuse d’Arlon. La présence du voile ou de l’écharpe pourrait d’ailleurs
éventuellement faire penser à la même femme en haut et en bas. Toutefois il ne s’agit que d’une
suggestion. En effet, les danseuses pouvaient jouer d’un instrument lors de funérailles comme le
montre une sculpture du Louvre beaucoup plus ancienne et d’origine étrusque (CA 90). Sur son
bras droit étendu pend un pan de l’écharpe ou du voile. Les plis sont raides, larges et anguleux.
342 P.-Y. Lambert, La langue gauloise, Paris, Errance, 2002, p. 44.
343 M. Dondin-Payre, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit., p. 138.
344 Ibid, p. 219.
349
L’avant-bras est cassé. Elle tient à la
verticale un disque sonore (Ill. 3.16)
apparemment volumineux et assez
lourd par une lanière, peut-être en cuir
? L’instrument en question est ovale,
sans doute par effet de style. Il est
cerclé à l’extrémité. Un trou au centre
permet d’attacher la lanière. L’écharpe
enroulée autour de son bras passe
derrière le dos et épouse la forme de
son bras gauche, tombant. Son avant-
bras et sa main maintiennent un long
bâton. L’instrument se joue justement
Ill. 3.16 Femme avec disque sonore, face latérale droite avec un pedum. Il est rattaché au culte
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole bachique mais il est souvent représenté
dans le monde funéraire. À Metz, nous
avons pour exemple la stèle de la
Lunette d’Arçon (inv. n° 2012.0.27). Un motif comparable existe à Langres (Esp IV, 3247).
La main gauche est longue et fine. L’effet de torsion du poignet est très réussi. Cette femme est
athlétique mais sa musculature semble exagérée. Son biceps gauche est gonflé. Ses abdominaux
sont développés. Sa poitrine ressemble à des pectoraux d’homme. Le passage entre le torse et
les hanches est marqué par une cassure. Le bas du corps s’élargi en cône. Un pli arrondi marque
le bas-ventre. Le personnage donne l’effet d’avoir été travaillé en deux phases.
La face latérale gauche est également constituée de deux registres superposés. Dans le registre
supérieur figure une femme en haut-relief. Elle joue de la lyre (Ill. 3.17). Son corps, de profil,
est tourné vers la gauche alors que sa tête, de trois quarts regarde en arrière. Elle est dénudée.
Son visage est joufflu. Ses cheveux longs aux mèches souples auréolent son visage et sont
tirés vers l’arrière. Le bout de l’oreille est visible. Ses yeux en amande et sa fine petite bouche
apportent une impression de sérénité. Une écharpe vole derrière son dos. Son bras droit est replié.
L’instrument est composé de quatre cordes représentées par des rectangles. Ce modèle existe
bien quoique la lyre heptacorde soit davantage connue. En réalité les cordes étaient en boyaux
d’animaux. Son poignet est légèrement cassé. Elle utilise un plectre tenu entre les doigts. L’outil
était généralement en bois, corne ou métal. La lyre représentée sur ce mausolée a des courbures
arrondies légèrement concaves à
l’extérieur. Les cordes ne sont visibles que
dans la partie supérieure de l’instrument.
Les branches se terminent par deux
volutes. Une baguette est superposée
à l’horizontale sur l’instrument. Les
branches sont de hauteur inégale et la
lyre est en diagonale. Cet instrument est
représenté sur un sarcophage d’Arles pour
lequel on évoque le culte de Cybèle (Esp
I, 0181) et sur un autel d’Apollon (Nesp,
Arles, ARL 075). Selon l’interprétation
de B. Rémy et N. Mathieu, cette femme Ill. 3.17 Femme à la lyre, face latérale gauche
jouant de la lyre est indépendante des © L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
défunts. Sa présence sur une scène latérale
350
nous encourage à valider cette remarque. Ce serait une « scène musicale mythologique ou
symbolique qui renvoie à la culture classique ou à celle du commanditaire345».
D’après la taille estimée, à juste titre, dans la reconstitution, ce mausolée paraît mettre en scène
trois personnages en pied représentant la famille du défunt et des danseurs. En comparaison, les
mausolées appartenant à des familles sans doute plus fortunées mais de taille quasi-identique
sont sculptés de scènes mythologiques grecques tel le mausolée de Vervicius d’Arlon (IAL
GR/S 394-95). Sur la frise sont racontées les histoires d’Ariane abandonnée sur un rocher par
Thésée et la lutte entre Achille et Hector. Aucune scène élaborée de ce type n’a été découverte
à Divodurum à ce jour.
Malgré tout, danseurs, danseuses et musiciens participaient à l’otium. La famille cherche bien à
se démarquer par des signes distinctifs socio-culturels. Cet ensemble est finalement homogène
sur les propos tenus par le biais de l’iconographie.
Un point reste à élucider puisque le mausolée reconstitué n’est pas complet. Nous pouvons
nous interroger sur sa forme d’origine. En comparant des typologies équivalentes, il serait
tentant de proposer une reconstitution à partir des monuments de provinces frontalières. Trois
possibilités s’offrent à nous. La première ressemble au choix opéré par le musée. C’est la
reconstitution de la stèle monumentale de Cologne (Nr. 2491)346 avec une toiture tronquée.
La seconde possibilité concerne le monument dédié à Caius Albinius Asper de Neumagen en
calcaire (inv.7521), estimé du IIe siècle ou d’époque antonine. Elle se termine par un petit toit
en écailles. Il comporte deux personnages en pied face antérieure et sur les faces latérales une
danseuse et une musicienne qui joue des crotales. C’est-à-dire que le thème concorde avec
notre monument même si celui de Neumagen est d’une qualité supérieure. Il est possible que
les sculpteurs messins se soit inspirés de ce style. La troisième possibilité serait un pilier avec
toiture à quatre pans concaves surmontés d’une pomme de pin tel que celui reconstitué de
Walfischbach en Germanie supérieure (Nr.1374)347.
345 B. Rémy et N. Mathieu, Les femmes en Gaule romaine, Paris, Errance, 2009, p. 118.
346 M. Scholz, Grabbauten des 1.-3. Jahrhunderts in den nördischen Grenprovinzen des Römischen Reiches,
Teil 1, Mainz, RGZM, 2012, p. 293.
347 Ibid, p. 180.
351
Par ailleurs, si l’on considère les différents éléments mis au jour, nous pouvons déduire
parmi ceux-ci un soubassement surmonté d’un socle sur lequel repose l’édicule. L’hypertrophie
du socle équivaut à un podium348, par corrélation avec la remarque émise à propos du mausolée
de Chavéria, qui se rapproche des « pseudo-temples ».
Selon J.-C. Bastian, la maîtrise technique et les coiffures rattachent le mausolée à la seconde
moitié du IIe siècle349. La femme porte une coiffure antonine, le personnage de gauche est coiffé
à la mode hadrianique et celui de droite à la mode du milieu du règne d’Antonin. Une datation
du IIe siècle est aussi suggérée par une confrontation à la stèle de Soulosse Esp IV 4851 reprise
sous le numéro Nesp III 960. La coupe de la femme rappelle la stèle Esp 1174 de Bordeaux,
décrite par F. Braemer350. Dans sa chronologie, il date celle-ci grossièrement entre la fin de
la période antonine et le règne de Marc-Aurèle. Or, à Metz, les coiffures perdurent dans le
temps. L’épitaphe ne contient pas l’expression codifiée D.M. Les noms uniques au nominatif
nous limitent au milieu du IIIe siècle. D’après l’ensemble des indications, il semblerait que ce
monument soit bien du IIe siècle.
348 J.-C. Moretti et D. Tardy, L’architecture funéraire monumentale : La Gaule dans L’Empire romain - Actes
du colloque organisé par l’IRAA du CNRS et le musée archéologique Henri-Prades, Lattes, 11-13 octobre 2001,
Comité des travaux historiques et scientifiques, p. 403.
349 J.-C. Bastian, Stèles et monuments funéraires à personnages de Metz, Ouv. Cit., p. 34.
350 F. Braemer, Les stèle funéraires à personnages de Bordeaux, Paris, Picard, 1959, p. 55.
352
Pierre calcaire de côtes de Moselle. Ht 118 cm. lg 61 cm. Ép 58 cm.
Le mausolée est incomplet. Il a été retaillé pour former un bloc rectangulaire, inséré dans
le rempart du IIIe siècle de la ville. Un pic a été utilisé à cet effet. Les trois personnages sont
conservés de la base du cou jusqu’aux cuisses. Le personnage central demeure en meilleur
état que les autres malgré deux trous creusés sur l’épaule droite. Le personnage de gauche est
coupé aux Trois quarts. Ses habits ont été détruits, à l’exception d’une petite partie du col et
de la manche. Du personnage de droite ne reste que le bras droit fléchi, amputé de la main.
Ils sont sculptés en moyen-relief. Les mensurations des personnages se distinguent des stèles
précédemment étudiées car ils sont beaucoup plus grands. Ce point justifie la présomption d’un
riche mausolée. Il est estimé d’une hauteur d’origine de 10 mètres.
Les trois personnages sont représentés debout, de face. Ce sont trois femmes acéphales.
Celle de gauche porte un vêtement à encolure en V. La base du cou est encore visible. Elle a le
bras replié et pose sa main sur sa taille. Un pan de sa tunique, sur la droite, comprend des stries
obliques rectilignes. La manche est longue et ample au poignet. Son plissé est oblique.
La femme située au milieu de la composition porte une tunique parsemée de rares plis sous la
taille. Ils sont larges, plats et tombent à la verticale. Le rendu paraît assez naturel. Les manches
de ¾ sont très amples si bien que l’avant-bras est dégagé. La transition entre le poignet et la
main est figurée par un rétrécissement. La courbe, douce, est finement sculptée. Ses deux bras
sont repliés sur l’abdomen. La femme tient entre les mains, ouvertes, une boîte maintenue
contre son corps. Les paumes sont petites. Ses doigts, longs et effilés sont légèrement écartés.
Elle porte une bague à chaton circulaire à l’index droit. Pour comparaison, une femme est
parée d’une bague sur un cippe dijonnais de provenance indéterminée (Esp IV, 3499). Le cippe
découvert à Langres (Esp IV, 3333) stipule un homme avec une bague au petit doigt, ce qui
démontre que la représentation de ce bijou n’est pas réservée à un sexe en particulier. Une
stèle conservée à Sens montre aussi une femme avec un collier et deux bagues (Esp IV 2834).
Ces atours accentuent l’idée de richesse du défunt et une volonté de montrer l’ostentation. À
Divodurum, d’ailleurs, une bague à chaton similaire a été mise au jour avec d’autres éléments de
parure. Les représentations de bijoux à Metz sont exceptionnelles sur les monuments funéraires,
contrairement aux découvertes archéologiques abondantes sur d’autres sites.
Le pouce de la main droite est posé sur le couvercle de la boite. L’index est écarté. Les autres
doigts de la main sont plus resserrés. Le pouce de l’autre main est aussi séparé des doigts.
Le coffret est de forme rectangulaire. Le couvercle est indiqué par une incision. Le détail des
liens d’attache est représenté, en dessous, par une bande horizontale. Une autre, verticale, est
ornée d’un motif circulaire interprété par M.-R. Ormasti comme un cadenas. Cette boîte est
particulièrement bien décorée et précise comparée aux coffrets sculptés sur d’autres monuments.
De la femme de droite ne demeure que le bras gauche. Il est légèrement fléchi en direction
de celle du centre. Sa manche est longue et ample. Les plis sur l’avant-bras sont souples, plats
et larges. L’intérieur des manches des personnages est creusé ce qui démontre une maîtrise
technique du sculpteur.
La forme du plissé bien distinct rappelle quelque peu le pilier dit du « négociant » de
Neumagen (Nm. 179), daté de 175 de notre ère. Dans le registre central, une femme est conservée
en buste. Elle peut servir de point de comparaison, ainsi que le personnage assis à sa verticale.
En effet, sa tunique se détache du fond dans un très bel effet de composition de draperie.
Selon M.-R. Ormasti, le traitement du plissé suivant les formes du corps favorise une
datation de la première moitié du IIe siècle. Elle semble occulter le creux sculpté à l’intérieur des
manches. En outre, son hypothèse paraît difficilement conciliable avec le reste des monuments,
353
tous compris entre la seconde moitié du IIe siècle et la première moitié du IIIe siècle.
Le pilier de Neumagen tend à orienter cette datation vers la seconde moitié du IIe siècle, au
plus tôt.
Collot 1976, n° 64 p. XXXXIV; Ormasti 1992, p. 151-152, n° 70 pl. LXX; Freigang 1997, MED 200; C.A.G, 2005,
p. 191 n° 32.
Autel funéraire complet. La face latérale droite est légèrement détériorée. Des traces d’outil
de finition sont repérables sur les côtés. La face principale est sculptée par incision en relief peu
profond. Un coin de la base est cassé, à droite.
Au sommet est disposé un plat à sacrifices (focus) avec des queues d’aronde chevauchant
le fronton triangulaire sur les faces avant et arrière. Le fronton est lui-même délimité par deux
puluini de formes circulaires décorées d’un cercle incisé. La moulure sous l’entablement en
cavet est surmontée d’un listel. Le fronton triangulaire est divisé en quatre parties égales par
des lignes. Celle du milieu, perpendiculaire à la base, donne un axe de symétrie. Dans la partie
inférieure de la stèle un décor peu profond est gravé dans une forme de rectangle vertical. Il
351 P. Flotté et M. Fuchs, C.A.G (57/2), Ouv. Cit., p. 293.
354
s’agit d’une feuille ou d’une plante simplifiée. La tige, épaisse, et les nervures sont figurées.
Les bords sont arrondis. Le rendu reste assez grossier. Ce type de motif floral a été employé à
maintes reprises, notamment sur la stèle Esp V 4382.
Ht lettres 3 cm.
Keune 1904, pl. XV n° 3 ; C.I.L XIII (1899-1916), 11378 ; Toussaint 1948, p. 135 ; Schlémaire 1972, L11.
DM
HEVTYCHIAE
PHILETIANVS
ALVMNESVE
5
MEMORIAM
L’inscription est en capitales carrées peu profondes (Ill. 3.21). Le formulaire commence
par D(is) M(anibus), une dédicace aux dieux mânes. Cet autel est dédié à la mémoire d’une
certaine Eutychia. Le terme de memoria est surtout employé à partir du IIIe siècle352. La C.A.G
traduit par « à la mémoire de son enfant recueilli » mais alumna peut aussi bien signifier
nourrisson, disciple ou nourrice. R. Schlémaire353 avait choisi le sens de nourrice. Quoi qu’il en
soit, Heutychia comme Philetianus sont des idionymes d’origine grecque, appartenant souvent
à des esclaves, des orientaux, ou les deux. Heutychia figure parmi les noms de bon augure354.
La mention du mot MEMORIAM, peu présent en Gaule mosellane, place cet autel parmi les
documents rares.
Ces remarques permettent a priori de dater la stèle à partir de la fin du IIe siècle ou plus
probablement du IIIe siècle, durant lequel le terme de memoria se répand.
355
006. METZ (MOSELLE). AUTEL FUNÉRAIRE COURONNÉ D’UN DÔME
Ill. 3.22 Autel funéraire couronné d’un dôme, 3 faces sculptées, 006
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Autel funéraire presque complet. Le coin du pulvinus gauche est cassé. Trois faces sur
quatre sont sculptées de motifs en bas-reliefs. Il est érodé par la pluie à cause de nombreuses
années passées à l’extérieur et l’inscription était difficile à déchiffrer en 2014 car la mousse en
recouvrait la majeure partie. L’autel a été nettoyé en 2019.
Cet autel funéraire parallélépipédique est couronné d’un dôme qui est peut-être la
simplification d’une pomme de pin. Le sommet est décoré par deux frontons triangulaires situés
de manière symétrique, l’un en face de l’autre. Toujours au sommet, de chaque côté de la face
principale, on remarque deux pulvini. Le dé, plus mince, est taillé sous une moulure en filet. La
base de l’autel, en trapèze, est particulièrement large et de faible hauteur.
L’inscription commence sur l’entablement de la face antérieure. La décoration figurée
sur le corps de l’autel représente une couronne disposée en forme de cercle. Elle ressemble
schématiquement au motif d’un autel découvert à Arles, en marbre (Esp I, 137). Cela dit, celui-
ci comporte une couronne de chêne ornée de lemnisques de plus belle facture. À l’intérieur, des
oreilles pourvues de pendants sont visibles. Sur l’autel de Metz, aucun élément iconographique
n’entre dans le cercle mais une inscription. De plus, il n’est pas évident que ce soit du chêne au
vu de la simplicité du motif. Une autre couronne de chêne de ce type, cette fois accompagnée
d’une inscription a été retrouvée sur un autel à Auch (Esp II, 1050). À Narbonne, une couronne
de laurier figure sur un autel à la paix (Esp I, 558). Nous pouvons éventuellement évoquer la
couronne de laurier de la victoire. D’après ces exemples, la couronne est souvent choisie en tant
que motif sur ce type de monuments.
356
Sur les faces latérales, gauche et droite, des masques reposent sur des guirlandes en forme de
croissants ouverts, tournées vers le haut, au rendu très stylisé et sans détails nets. La guirlande
de la face latérale droite sert de barbe et de moustache au personnage. Elle est sculptée en
vaguelettes. Celle de la face latérale gauche est en forme de boudin. Ce type d’assemblage avec
guirlandes et masque se retrouve à Marseille sur une urne cinéraire (Esp I, 0070). Toutefois,
les deux extrémités y sont tenues par des amours. Des guirlandes de formes similaires sont
conservées à Trèves (Esp VI, 5179), sans masque. Encore une fois, sur cet autel, les guirlandes
sont de facture très grossière alors que dans le Sud elles sont parfaitement abouties et surchargées.
Les yeux et la bouche des masques sont de forme rectangulaire, creusés sans aucun souci de
droiture ni de symétrie. Le personnage de gauche est coiffé par une forme de croissant inversé.
Ils n’ont pas de nez. Ces masques sont très frustes soit par maladresse soit par une indifférence
culturelle au rendu355.
C. Nerzic stipule que le motif de la guirlande a été importé depuis le sud (Glanum), où elle
était très prisée à la fin du Ier siècle356. Ce motif serait donc venu selon une route sud-nord.
Selon, J.-J. Hatt, les thèmes végétaux apparaissent d’abord en Nabonnaise et en Germanie.
La guirlande se trouve ultérieurement sur les épitaphes de Narbonnaise et de Lyon, selon ses
propos357.
Ht lettres : 3 cm.
C.I.L XIII, (1899-1916), 4354 ; Espérandieu V (1913), 4379 ; Toussaint 1948, p. 113 ; Freigang 1997, Med 237.
DM
CAPELLINI
CAPRASI
Par la formulation employée et le nom unique, cet autel est à priori du IIe siècle ou première
moitié du IIIe siècle.
357
007. METZ (MOSELLE). AUTEL D’UN ESCLAVE DE NICOMÉDIE
L’autel est presque complet mais très dégradé. Il est fissuré sur trois côtés. Seule la face
principale, contenant l’épitaphe, a été épargnée. Sur la face latérale droite, une fissure verticale
coupe le bateau et la queue des dauphins. Elle s’élargit de plusieurs centimètres vers le centre.
Elle continue, sur la stèle, au-dessus du plat à sacrifices, puis encore sur la face latérale gauche,
d’où part une seconde fissure, en diagonale. L’intérieur est rebouché au ciment. Sur cette face,
le bas-relief a quasiment disparu. Une fissure horizontale divise en deux la face postérieure. La
partie inférieure de l’autel, plus large, a été travaillée au pic ou à la broche.
Cet autel est de forme parallélépipédique. Les quatre faces devaient avoir un motif sculpté ou
une inscription à l’origine. Au sommet, un plat à sacrifice de forme circulaire (focus) est enclavé
entre deux puluini et deux frontons, dont celui de la face principale a disparu. Les rouleaux sont
décorés de motifs floraux comprenant un cœur et cinq pétales dans un cercle incisé. Sur toute la
longueur, des feuilles imbriquées servent de décoration.
Ill. 3.24 Autel d’un esclave de Nicomédie, 007, vue des 4 faces
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
La face latérale droite est sculptée dans un registre avec des éléments verticaux superposés,
dans un cadre orné de trois moulures. Tout en haut figure un bateau à la proue particulièrement
relevée, davantage adapté au trafic maritime que fluvial. Le bord pointu est recourbé. Il ressemble
à un bloc conservé au Musée de Poitiers retrouvé avec des débris de trophées maritimes (Esp II,
358
1405). On distingue encore deux rames, disposées à l’oblique. Elles donnent une impression de
mouvement à la scène. Cette représentation simplifiée et non réaliste est en somme commune.
Elle rappelle à juste titre une remarque faite par M. Reddé, à savoir que les artistes n’ont pas de
connaissances précises des navires. Ainsi sont-ils souvent représentés « avec une poupe et une
proue démesurément agrandies par rapport au reste du bateau dont la carène apparaît souvent
tronquée, avec un petit nombre de rames »358. Les rebords sont marqués par un relief. Le pont,
délimité par une ligne droite, est divisé en six compartiments. Seule la moitié du bateau a été
représentée. En dessous, trois dauphins bondissant rappellent le motif du fronton découvert
à la Horgne au Sablon (Esp V, 4377). Ils sont de profil et tournés vers la gauche. Leurs têtes
sont hypertrophiées. Le premier est presque droit. Il a la bouche ouverte et un œil en amande.
Sa silhouette s’affine au niveau du corps. La queue est divisée en trois pointes, ce qui renforce
l’aspect irréaliste. Cependant, ce type de modèle est reproduit à plusieurs reprises, par exemple
dans le sud de la Gaule (Esp I, 0099). Un bateau figure également dans cette production.
Le second dauphin chevauche le premier. Il est plus gros et contorsionné. Son œil est juste
incisé. La nageoire adjacente est mal placée et ressemble davantage à celle d’un poisson. Sa
nageoire dorsale est traduite par une forme longiligne. Le troisième dauphin est réalisé comme
le précédent, à échelle réduite.
Ht lettres 3 cm.
358 M. Reddé, Mare nostrum, Les infrastructures, le dispositif et l’histoire de la marine militaire sous l’Empire
romain. Rome : École française de Rome, 1986. 776 p. (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de
Rome, 260), p. 34.
359 G. Collot, La civilisation gallo-romaine dans la cité des Médiomatriques, tome1, Moulin-lès-Metz, La Cour
d’Or, 1992, p. 13.
360 C. Nerzic, La sculpture en Gaule romaine, Ouv. Cit. p. 77
359
Keune 1903, p. 396 ; C.I.L XIII (1899-1916), 4337 ; Espérandieu (1913), 4337 ; Toussaint 1948, p. 111 ; Schlémaire
1972, H61 ; Collot, 1992, tome 1, p. XIII ; Freigang 1997, Med 234.
____ |
NATIONIS
NICOMIDII
DEFVNCTI
5
ANNOR XIIII
TITVS DOMIN
POSVIT
Ill. 3.25 Inscription 007
Photo L. Kieffer
Sur la face principale une inscription mutilée, en rouge, est centrée dans un grand rectangle,
en capitales carrées. La couleur partiellement effacée parait d’origine. Les lettres sont
régulièrement espacées (Ill. 3.25).
Cette épitaphe est dédiée à un ou une esclave originaire de Nicomédie. Son nom a disparu.
En revanche, l’âge du décès est précisé. Il est rarement mentionné à Metz. C’était un adolescent
de 14 ans. Le chiffre romain IV est noté IIII en bâtons. Cette manière d’écrire le chiffre est
récurrente sur les monuments funéraires. Son maître et dédicant porte le nom unique de Titus,
au nominatif. Il est pérégrin. Titus fait partie de la courte liste des praenomen existants, mais
ici, il est écrit en toutes lettres en non abrégé par la lettre T.
Il est très difficile de dater cet autel à cause de son état de dégradation. De plus, il manque
le début de l’épitaphe. D’après le nom unique, il n’est pas postérieur au milieu du IIIe siècle.
L’autel est complet. Les parties complémentaires ont été recollées avec du ciment car il était
cassé en deux parties sur toute la hauteur, vers le milieu de son épaisseur. La face antérieure
est sculptée avec des motifs en léger relief. L’inscription encore lisible en 2005 a totalement
disparu à l’exception des lettres D.M. La stèle était jusqu’à une date proche en extérieur, une
toiture la protège depuis peu ce qui explique les dégradations subies. La base, destinée à être
enfouie est taillée au pic. Les faces latérales sont lissées. La face arrière présente une surface
irrégulière avec de larges crevasses dues aux intempéries. Il est divisé en trois registres. Le
fronton, l’épitaphe inscrite dans un bandeau et le corps du monument décoré.
Cet autel funéraire est surmonté par un plat à sacrifices (focus) de forme arrondie. La face
principale est ornée d’acrotères en forme de palmettes à volutes. Un fronton triangulaire
360
surbaissé abrite dans un triangle gravé un
décor de feuilles d’acanthe lobées tournées
vers le bas. Elle se divise en deux parties à peu
près symétriques. En dessous, une inscription
figure dans un bandeau délimité par deux
traits horizontaux incisés. Enfin, le décor
occupe la majorité du corps de l’autel. Deux
longs et fins pilastres composites représentés
de moitié referment la composition sur
les montants gauche et droit. Le chapiteau
simple est précisé par l’abaque, la corbeille et
l’astragale. La base est élargie. Sur un socle de
section carrée repose un tore simple, surmonté
d’un cavet renversé ou d’une scotie. Chaque
moulure semble séparée par un filet. Le fût est
un fût à listel. Cette description correspond à
une variante de l’ordre toscan, assez commun
en Gaule et sans doute introduit par voie
maritime via Marseille361 ou, éventuellement,
par le modèle étrusque. Deux pilastres
internes supportent un cintre en demi-cercle
fermé. Cette mise en scène fait penser à une
porte surmontée d’un linteau. Deux écoinçons
Ill. 3.26 Autel avec syrinx et plante, 008
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métro-
en forme de feuilles d’acanthe complètent
pole les vides. Le cintre en question est mis en
évidence par une archivolte à cinq bandes
divisées par des incisions. À l’intérieur, on reconnaît, sculpté en bas-relief une syrinx, ou flûte
de Pan fabriquée avec cinq tuyaux et deux baguettes. Les trois tuyaux supérieurs émettant des
sons graves sont plus allongés mais de taille identique. Les tuyaux inférieurs sont coupés par
la baguette médiane. Un autre objet est caché derrière cet instrument. Sa largeur et son bord
arrondi peuvent faire écarter l’hypothèse d’une flûte, à moins que ce ne soit une tibia double
à hanche grossièrement représentée. Entre les piliers internes, dont le chapiteau forme trois
griffes, une plante sort d’un vase. Ce type de motif est à rapprocher de celui de la stèle n°
2012.0.21, découverte à la Lunette d’Arçon. Dans un grand rectangle disposé en hauteur, une
plante double s’élance d’un vase pourvu d’anses aux rebords ornés de volutes. Le pied rétréci
est surmonté d’une large panse amincie aux trois quarts de sa hauteur. L’embouchure est évasée.
Les contours de la feuille stylisée sortant du vase épousent la forme du cadre rectangulaire
dans lequel elle s’insère. Elle est représentée de manière approximativement symétrique. Les
incisions obliques des nervures sont creusées profondément. Une décoration florale similaire est
répertoriée sur les faces latérales d’une stèle monumentale issue de la Citadelle (Esp V 4310).
La qualité et le sens du détail sont toutefois incomparable. Le modèle de la Citadelle comporte
un relief bien plus marqué. D’après nos comparaisons régionales mosellanes et rhénanes, le
motif daterait plutôt de la seconde moitié du IIe siècle.
La finesse de la base fait songer à un cippe. Le monument exprime une variation de style
opérée à partir de modèles connus. De même, le rapport direct ou le lien entre la flûte de Pan et
le vase est difficile à cerner. Il semble que les instruments de musiques ne soient pas un symbole
réservé aux populations aisées puisqu’à la Lunette d’Arçon un disque sonore orne le corps de
361 P. Broise, « Éléments d’un ordre toscan provincial en Haute-Savoie ». Gallia, tome 27, fascicule 1, 1969, p.
15.
361
la stèle de Maia (2012.0.27). Le défunt pourrait être un musicien mais l’inscription ne permet
pas de confirmation. Une autre hypothèse se dessine, une utilisation séparée et hors contexte de
motifs.
Keune 1903, p. 399 ; C.I.L XIII, (1899-1916), 44379 ; Espérandieu V (1913), 4372 ; Toussaint 1948, n° 436 ;
Schlémaire 1972, H 60 ; Freigang 1997, Med 240 ; C.A.G 2005, p. 305.
DM
[.]ALERIOPAMPHILO
P[.]MPEIAVXOR
Seuls les caractères D.M sont encore déchiffrables. Le restant de l’inscription provient de
l’estampage réalisé en 1972 par R. Schlémaire362, à notre disposition. Les trois interponctions
sont indiscernables (Ill. 3.27).
L’abréviation D.M suivie de duo nomina de type nomen et cognomen favorisent une datation
de la seconde moitié du IIe siècle ou IIIe siècle. Le motif de plante symétrique sortant d’un
vase nous oriente vers la même conclusion.
362 R. Schlémaire, Catalogue des inscriptions gallo-romaines funéraires et votives des Musées de Metz, Ouv.
Cit., H 60.
363 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Em-
pire, Bruxelles, Timperman, 2001, p. 410.
364 J.-J. Hatt, La tombe gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes,
Ouv. Cit., p. 47.
365 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit., p.
151.
40 D. Davin, Les stèles funéraires Gallo-romaines de la Horgne au Sablon, Metz, cité des Médiomatriques,
Mémoire de Master I en histoire et valorisation du patrimoine dirigé par E. Bertrand à l’Université du Maine,
2011-2012, p. 68.
362
009. METZ (MOSELLE). AUTEL FUNÉRAIRE DE CASSIA AURELIA
D*M
CASSIAE
AVRELIAE
Ill. 3.29 Inscription 009
D(is) M(anibus) | Cassiae | Aureliae Photo L. Kieffer
367 C. Goudineau, Rites funéraires à Lugdunum, Paris, Errance, 2009, p. 137.
363
L’inscription en capitales carrées est de très belle qualité (Ill. 3.29). Une interponction en
forme d’hedera tournée vers le haut se situe entre le D.M. Ce n’est pas un triangle comme
indiqué dans les descriptions précédentes368. La défunte porte des duo nomina. Cassia est
d’apparence latine alors que le surnom est italien.
L’introduction des autels à Divodurum n’est pas précisée. La formule, courte, situe le
monument entre le IIe et IIIe siècle.
Ht lettres 4 cm.
C.I.L XIII, (1899-1916), 4353 ; Toussaint 1948, n° 384 ; Schlémaire 1972, H41.
[…]
MANIB[..]
368 R. Schlémaire, Catalogue des inscriptions gallo-romaines funéraires et votives des Musées de Metz, Ouv.
Cit., H6.
364
M*CAMVL[.]
MARTIALIS
5
NAMMO*ET
MARINVS
PATRI
OBTIMO
P*I
L’inscription est composée de belles lettres en capitales carrées. Elles sont régulières et les
lignes sont droites. Elles ont certainement été pré-tracée. On remarque trois interponctions et
trois ligatures des lettres MV, LI et ET.
Le lapicide a sans doute écrit optimo avec un B à la place d’un P pour des raisons de
prononciation courante. L’autel est dédié à un citoyen bénéficiaire des tria nomina. Il a été
élevé par ses fils. Un élément rare figure sur cette inscription. C’est l’adjectif « excellent ».
Il y a peu d’appréciations sur les stèles funéraires de Divodurum. R. Schlémaire dénombrait
déjà quatorze occurrences du praenomen Marcus avant les découvertes de l’îlot Saint-Jacques.
D’apparence latine, le gentilice Camulius vient en fait du dieu guerrier Camulos interprété
comme un Mars gaulois369, fréquemment employé dans les compositions de noms. Camulius
peut aussi se traduire par champion ou puissant. Martialis est formé sur le dieu Mars, soit,
encore une fois le dieu de la guerre. L’allusion se retrouve doublement dans le nom du défunt.
Il est courant de constater que la descendance ne fasse figurer qu’un nom unique car les garçons
suivent le statut du père auxquels ils ont droit. Il est probable que la totalité ne soit omise
exprès pour une question de place sur l’épitaphe ou d’économie. Nammo est un hapax d’origine
inconnue. Marinus est un nom latin de traduction issu de « marin ».
La consécration aux dieux mânes est peu ou n’est pas abrégée jusqu’au début du IIe siècle.
Les enfants tiennent à faire savoir que le défunt est un citoyen en employant les tria nomina.
Ces détails peuvent favoriser une datation plutôt de la fin du Ier siècle, début IIe.
Le cippe est presque complet. De gros éclats de pierre sont manquants sur la droite de la face
antérieure et sur le côté droit. Face latérale droite, le cippe est layé. Sur la face latérale gauche,
une large fissure semble s’être creusée à cause de l’eau de pluie. Les traces d’outils, ripe ou
rifloir, sont visibles, tout comme sur la face postérieure. Le sommet, couvert de mousse lors de
notre phase de description, n’était pas descriptible. Il a été néttoyé en 2020. En dessous, une
excavation de forme hémisphérique a été creusée. Le cippe ne présente aucune décoration mais
une inscription figure dans un cadre rectangulaire sur le corps du monument.
365
a été émise qu’il s’agissait d’une pomme de pin dégénérée370. Cependant, les deux types de
monuments ne sont pas forcément liés l’un à l’autre. La dédicace se situe dans un cadre creusé
peu profond.
C.I.L XIII (1899-1916), 4435 ; Toussaint 1948, p. 121 ; Schlémaire 1972, H 57.
DM
TIPPAVSI
GATI*FIL
370 R. Schlémaire, Catalogue des inscriptions gallo-romaines funéraires et votives des Musées de Metz, Ouv.
Cit., H 57.
371 L. Weisgerber, Die Namen der Ubier, Köln, Springer Fachmedien Wiesbaden GmbH, 1968, p. 236.
372 J. Whatmough, The dialects of ancient Gaul, Cambridge, Harvard University Press, 1970, p. 830.
373 X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Ouv. Cit., p. 35.
366
partir de là supposer qu’il s’agit aussi d’un nom d’origine gauloise, attribué dans une volonté
de continuité du nom du père.
La formule abrégée D.M associée au génitif374 et le nom unique nous permettent de situer
grossièrement le cippe entre la seconde moitié du IIe siècle et le début du IIIe siècle.
Keune 1903, p. 437 ; CIL XIII (1899-1916), 4384 ; Toussaint 1948, p. 116.
DM
IVLVICTOR
INO
374 Y. Burnand, Encyclopédie illustrée de la Lorraine, Histoire de la Lorraine. Les temps anciens, tome 2, Nan-
cy, Presses Universitaires de Nancy, 1990, p. 187.
367
D(is) M(anibus). | Iul(io) Victor| ino
Le formulaire funéraire commençant par D.M est suivi de duo nomina de type nomen et
cognomen. L’abréviation du gentilice associé à cette formule nous permettent en principe de
dater le cippe à partir du milieu du IIe siècle, voire IIIe siècle.
Le cippe est complet. Les lignes au-dessus et au-dessous de l’arcade sont devenus
difficilement lisibles par comparaison avec l’estampage réalisé en 1972 par R. Schlémaire. La
face latérale droite révèle des griffures. Le coin arrière inférieur est cassé. La face latérale gauche
est parsemée de trous de petites tailles, dont un sur le gland. La face arrière est intacte mais
présente des traces de rouille sur tout le bas. La base de la stèle est évidée. La face antérieure
est sculptée en faible pronfondeur.
375 J.-M. Lassère, Manuel d’épigraphie romaine, Paris, Picard, 2011, p. 37.
376 M. Dondin-Payre, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit., 2011, p. 152.
368
Le monument est un cippe funéraire couronné d’un ovoïde tronqué, simple, sans décoration
ni inscription. La face principale est gravée d’un relief peu profond. On reconnaît sous le
bandeau une arcade cintrée à double moulure supportée par deux pilastres au chapiteau
corinthien. De chaque côté du cintre, une feuille simplifiée remplit les écoinçons. Ce type de
décoration présente des similitudes avec celui d’une stèle de Mayence découverte en 1804
(Esp VII, 5802). En outre, le modèle architectural se retrouve assez fréquemment à la Horgne-
au-Sablon (C.I.L XIII 4372) et à la Lunette d’Arçon (C.I.L XIII 4351), par exemple. Il est à
l’origine de l’assimilation des stèles aux stèles maisons ou au fanum (temple). En réalité, les
caractéristiques retenues par les partisans des deux théories sont exactement identiques : une
forme de porte, des éléments architecturaux comme des pilastres, un toit couronné ou à double
pente et un évidement. Au sommet de ce cippe, le toit peut être éventuellement remplacé par
une pomme de pin, symbole de l’immortalité377 et d’influence italienne378. La pomme de pin,
au sens facilement compréhensible, s’est particulièrement répandue chez les gallo-romains en
milieu urbain379, notamment à Lyon mais on en trouve vraisemblablement jusqu’à Mayence
(Esp VII, 5846).
Ht lettres 4 cm.
Keune 1903, pl. XVI n° 1 ; C.I.L XIII (1899-1916), 4425 ; Toussaint 1948, p. 119 ; Schlémaire 1972, H23 ; C.A.G
2005, p. 304.
D*M
SACROBENAE
PACTAVRICV[.]
VXORI
Les caractères sont en capitales carrées peu profondes. Une interponction en forme de
triangle orienté vers le bas sépare le D du M. Le cippe est dédié à Sacrobena. Cette femme porte
un seul nom, mélange de latin puisque Sacro- signifie « sacrée » et de gaulois –bena380 pour «
femme ». Son statut marital est indiqué. Elle est l’épouse de Pacatus Tauricus, puisque le terme
d’uxori est employé. Or, ce nom paraît assez complexe à comprendre et ambigu car Pacatus est
théoriquement un surnom et non pas un gentilice381. Il ne comporte pas la terminaison classique
en -ius propre à ceux-ci. Cependant, Pacatus est raccourci par les trois lettres PAC, abréviation
d’un gentilice. Il s’agit d’informations contradictoires. Traductible par « paisible », ce terme
377 P.-M. Duval, La vie quotidienne en Gaule pendant la paix romaine, Paris, Hachette, 1988, p. 318.
378 E. Linckenheld, Les stèles funéraires en forme de maison chez les Médiomatriques et en Gaule, Strasbourg,
Les Belles lettres, 1927, p. 30.
379 J.-J. Hatt, La tombe gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes,
Ouv. Cit., p. 405.
380 X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Paris, Errance, 2008, p. 62.
381 M.-Th. Raepsaet-Charlier et M. Dondin-Payre, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit. p.
233.
369
évoque une qualité morale. Tauricus prend l’apparence d’un « deuxième idionyme dérivé
d’un nom indigène assimilable à l’organisation suprafamiliale à l’aide du suffixe -icus »382. En
résumé, celui-ci porte deux noms latinisés mais sans être de façon certaine des duo nomina.
La période d’adoption de la pomme de pin comme motif dans la région n’est pas indiquée.
Cependant, l’emploi des lettres D.M date du début du IIe siècle. L’abréviation de Pacatus
indique que la stèle a vraisemblablement pu être réalisée vers le milieu du IIe siècle383, voire le
IIIe siècle.
Le cippe est complet. Il a été taillé dans un seul bloc. L’un des coins supérieurs est cassé.
Les faces latérales, gauche et droite sont marquées par des stries verticales faites à l’aide d’outil
de finitions comme une ripe ou un rifloir. La face arrière est légèrement abîmée. L’inscription
gravée n’est conservée que sur un seul côté, autour de l’ovoïde mais en grande partie effacée et
illisible malgré un estampage.
Ill. 3.36 Cippe couronné d’un ovïde grave, 4 faces visibles, 014
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Cippe couronné d’un ovoïde lisse en forme de pomme de pin. La base parallélépipédique
n’est pas tout à fait carrée. Le cippe ne présente aucune décoration particulière. La pomme de
pin est un symbole répandu, lié à l’origine au dieu italique Sylvain384, associé à une divinité
celtique par la suite. Il aurait apporté le pin aux Hommes. La pomme de pin est aussi un fruit
imputrescible qui rend éternel. À Rome, des collèges funéraires385 portaient d’ailleurs le nom de
382 Ibid, p. 135. Cette citation bien qu’utilisée pour l’onomastique celtibère a pour avantage d’expliquer l’em-
ploi du suffixe -icus.
383 Ibid, p. 25.
384 Hatt, La tombe gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes, Ouv.
Cit., p. 405.
385 P. Dorcey, The cult of Sylvanus: a study in roman folk religion, Columbia, Brill Academic Pub, 1992, p.
86.
370
Sylvain, ce qui justifie son évocation. Quoi qu’il en soit, ce symbole simple à comprendre est
fréquemment choisi, indépendamment de la « classe sociale » qu’il transcende. Par exemple, une
pomme de pin couronne un imposant mausolée d’Igel Esp VI, 5268, une autre un cippe d’Arlon
de taille beaucoup plus réduite (inv. 2012.0.119) sculpté sur trois faces. La stèle rudimentaire
conservée à Bourges inv. B 4079 comprend dans une niche une pomme de pin figurée sur un
autel à piédestal sculpté en bas-relief386. Elle ne mesure que 37 cm. Les modèles précédemment
cités sont ornés de stries, contrairement à l’ovoïde lisse auquel nous avons affaire.
C.I.L XIII (1899-1916), 4413 ; Toussaint 1948, p. 118 ; Schlémaire 1972, H64.
DM
ROMVLI(?) TA[…]
[…]IGILIS CONSI[
Grâce à la formule D(is) M(anibus) abrégée, on peut estimer que le cippe date dans les
grandes lignes du IIe ou IIIe siècle.
Le cippe est incomplet car il a été retaillé. La partie supérieure a été buchée avec une broche
ou un pic. Sur la face principale, un couple est figuré dans une niche, surmontée d’une inscription
sur un linteau mutilé. La tête du personnage de droite est cassée. Des traces de ripe ou de rifloir
sont visibles sur la surface et sur la face latérale droite. La face latérale gauche présente de
multiples cassures. La face arrière demeure dans un état relativement correct. Trois faces du
monument sont sculptées en bas-relief. Toutefois, la face latérale gauche à quasiment disparu à
cause du buchage. De nombreuses traces noires sont étalées sur la surface de la pierre. La face
386 G. Coulon et S. Deyts, Les stèles funéraires gallo-romaines de Saint-Ambroix, Vandoeuvre, Lancosme Édi-
teur, 2000, p. 96.
371
antérieure est sculptée en moyen-relief, les faces latérales en bas-relief.
La face latérale droite (Ill. 3.39) se divise en deux registres superposés à la verticale
représentant des scènes de métiers vues de profil. Elles ont un rapport avec la pêche.
Sur le registre supérieur, un personnage masculin assis sur un siège semble réparer ou du
moins s’affairer avec une nasse, en forme de poire, sculptée de losanges en fort relief. Son
corps est totalement disproportionné. La tête est trop petite, les jambes sont proéminentes. Le
personnage porte des cheveux courts bouclés, une barbe et une moustache fournie. Ses yeux
sont en amande. Le nez est simplement représenté, à l’aide d’un triangle. L’homme est vêtu
d’un cucullus aux manches retroussées, tenu par une ceinture et des braies. Il a des bottes aux
pieds. Les plis larges sont peu découpés. Ces habits destinés au travail manuel sont à visée
pratique. Leur représentation est codifiée puisque sur d’autres monuments, nous retrouvons
des mises en situation identiques. Par exemple, sur les stèles issues de l’îlot Saint-Jacques inv.
75.38.46 et 75.38.41, ou encore de Trèves (Esp VI 4158), sur le pilier de Neumagen puisque sur
372
une barque, deux mariniers, vêtus d’une
tunique ceinturée de cuir et aux manches
retroussées, sont affairés avec des jarres.
De la face latérale gauche, nous ne pouvons distinguer que les vestiges de deux registres.
Sur l’un d’eux figurait un personnage au dos courbé, habillé d’un manteau à capuchon. Nous
pouvons éventuellement supposer, par la description, que le personnage entrevu sur les
différentes scènes est le même, déclinant ses activités quotidiennes.
AnnEpigr. 1983 n° 713 ; Pannoux 1983, p. 86, n° 62, pl.62 ; Ormasti 1992, p. 54 n° 22, pl. XXIV ; Ormasti, 1995,
p. 71, n° 28, pl. XXX ; Freigang 1997, Med 184 ; Caspar 2001, p. 66 ; C.A.G, 2005, p. 195 n° 70 ; Atlas historique
373
de Metz 2013, p. 68.
— | [—]M[..]IACARA
[…] CO[.]VIGIN [….. ]T[—]
—] | [Do]m[it]ia(e) Cara |
[tae(?)], Co(n)iugi, N(epos?) T(itulum) [p(osuit)]
L’inscription est extrêmement difficile à déchiffrer (Ill. 3.40). D’une part à cause de l’usure et
du buchage, d’autre part à cause de l’éclairage. Certaines lectures proposées, comme celle de
la fiche d’inventaire du musée, sont à éliminer car elles manquent de cohérence.
MLIIA CARA
CONIVGINT
Celle inscrite dans la C.A.G correspond davantage à notre lecture, c’est pourquoi elle a
été retenue malgré des lacunes. Par ailleurs, nous allons tenter de démontrer en quoi elle est
plausible. Il semblerait toutefois, au vu du manque de place, que le I ait été gravé en occultant
le N de coniugi mais les destructions occasionnées à cet endroit ne permettent pas d’en être
certain. Le nom de la défunte est divisé sur deux lignes. Elle est vraisemblablement l’épouse
d’un personnage dont le nom a disparu. Domitia est d’origine latine. C’est un gentilice de
citoyenne que l’on retrouve par exemple en Germanie inférieure. Carata, féminin de Caratus, est
cité dans le Dictionnaire de la langue gauloise387. La racine Car-, du verbe aimer est populaire
et récurrente dans les choix de noms de Divodurum. D’après cette interprétation, la femme
serait donc une citoyenne. Le N est plus hasardeux. Nepos a été proposé. Nemus ou Naso sont
également possibles d’après le nombre de lettres, mais ils sont très rares alors que Nepos est
déjà cité à Metz. Il renvoie au petit-fils, au neveu ou à un cognomen, comme sur le monument
75.38.36 de l’îlot Saint-Jacques.
L’épitaphe n’est pas d’un grand secours pour dater le cippe. M.-R. Ormasti proposait le
début du IIIe siècle en raison du canon court, du plissé alourdi et de la coiffure de la femme.
Cependant, elle décrit une coiffure faite de nattes remontées sur la tête et selon nos observations,
ce n’est pas le cas. Si l’on s’en tient aux remarques de F. Braemer, la fin du IIe, début du IIIe
siècle nous paraît plus probant.
Le cippe est incomplet. Le sommet a été buché. Le montant droit de la face principale
est détruit, comme la tête du personnage de droite. Le montant gauche l’est aussi en partie.
Le visage de la femme est meurtri. La face latérale droite, très abimée, est difficile à décrire.
374
Celle de gauche est encore identifiable. La face arrière, grossièrement taillée est recouverte
d’abondantes trainées noires. Trois faces de ce monument sont sculptées. La face antérieure
est en haut-relief assez profond, comparé aux faces latérales en bas-relief. Des tâches noires
conséquentes gênent la description de la face principale et de celle de gauche.
Ce cippe de section presque carré a été retaillé en forme de parallélépipède pour être réemployé
dans les remparts. Néanmoins, il est considéré comme un petit pilier par M. Scholtz388. La
face antérieure se présente comme un seul et grand registre (Ill. 3.41). Le montant gauche est
décoré de feuilles disposées en frise verticale. Un couple est représenté debout, de front, dans
une niche rectangulaire à fond plat. En arrière-plan, les restes d’une coquille surplombent les
personnages. Elle est divisée par cinq rayons visibles. Manifestement, ce décor architectural est
emprunté aux grands monuments. C’est sans nul doute ce détail qui permet d’imaginer un pilier.
Malheureusement la pierre est trop lacunaire pour apporter une réponse définitive.
Les époux sont positionnés de trois quarts se
regardent. Ils sont debout sur un piédestal.
La femme est placée à droite de son
compagnon, selon la norme en vigueur. Elle
est sculptée selon un canon de 6,6. Elle est
légèrement hanchée sur la droite. Son genou
droit, marqué par le plissé du vêtement, est
fléchi. Elle porte deux tuniques longues, l’une
par-dessus l’autre ainsi qu’un châle pointu ou
un manteau aux plis larges et profonds. Ses
cheveux longs, séparés par une raie médiane
lui tombent sur les épaules. Deux mèches en
rouleau auréolent son visage arrondi et grossier.
Ses petits yeux en amande ressortent. Son est
cou fin et ses épaules presque inexistantes. Elle
a des manches longues et amples. Le bras droit
est replié vers la poitrine. Elle tient dans sa
main ce qui ressemble à une mappa enroulée.
La cassure du poignet est visible. Elle a de
grandes mains. Les doigts, longs et effilés, sont
différenciés par des incisions. Le pouce est
séparé. L’index et le majeur sont fléchis alors
que l’auriculaire et le petit doigt sont repliés Ill. 3.41 Couple, face antérieure, 016
sur l’objet. De l’autre main, elle maintient par- © L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or
dessous, contre sa taille, un coffret rectangulaire - Metz Métropole
auquel il manque le couvercle. Ses doigts ont
une position identique, à l’inverse. Le dos de la main est bombé. Ses pieds sont écartés vers
l’extérieur. Ses chaussures sont pointues.
L’homme porte une tunique courte avec un col bateau doublé d’un manteau à encolure en V
avec capuchon. Les plis sont secs et anguleux. Du bras gauche il maintient contre sa hanche un
objet long, éventuellement un vase.
M.-R. Ormasti propose une bourse, accessoire masculin classique. Toutefois, l’objet en
question paraît trop rigide. Sa main est ouverte. Son autre main est posée à plat sur la poitrine.
Chaque doigt est séparé par une incision. Ils sont trop courts et le rendu est maladroit en
388 M. Scholz, Grabbauten des 1.-3 Jahrhunderts in den nördlichen Grenzprovinzen des Römischen Reiches,
Teil 1, Ouv. Cit., p. 181.
375
comparaison de ceux de son épouse. Les mollets, fins ont un relief marqué et ressortent de la
pierre. Ses pieds écartés sont chaussés de souliers pointus.
376
potentiel regarde la marchandise de bronze. Nous pouvons nous demander s’il ne s’agirait pas
d’une codification des scènes de vente.
De toute évidence, la figuration d’un entonnoir favorise un liquide plutôt que de la farine ou
une matière à l’état de poudre.
La scène située dans le registre inférieur est entière et plus explicite (Ill. 3.42). Ce sont
deux hommes en train de découper un tronçon de bois avec une scie à deux mains aux formes
bombées. L’instrument possède une longue lame aux dents apparentes. Le morceau de bois est
disposé sur un tréteau composé de deux morceaux de bois entrecroisés. Ils sont vêtus de tuniques
courtes, portées au-dessus des genoux, aux manches retroussées. Elles sont maintenues par une
ceinture. Le lapicide a cherché à faire preuve de réalisme en dépeignant un geste professionnel.
Il vise à valoriser le travail manuel. Le personnage de gauche est vu de dos. Il a une tête
hypertrophiée et une chevelure abondante. On voit une infime partie de son visage de profil dont
le front, le nez, la bouche et le menton à moitié caché par l’épaule droite. Il prend appui au sol
en fléchissant les jambes, la droite placée en avant. Ses bras repliés vers l’avant et la position
de la scie font penser qu’il est en train de pousser alors que l’autre personnage tire la scie. En
effet, le second personnage a les jambes presque tendues. Ses deux mains serrent une anse ou
une poignée. Le bas de sa tunique est représenté avec de larges plis plats. Sa tête est ronde, sa
chevelure épaisse. Il est quasiment de face. Sa tête est identique à celle de son compagnon. Ses
mollets sont galbés. Cette scène est souvent considérée comme un exemple des activités rurales.
Il pourrait s’agir de coupeurs de bois de proximité. La finalité du produit n’est pas évidente.
On peut songer à la fabrication de bacs comme celui de la scène supérieure, par exemple. La
représentation des personnages est très simplifiée. Ce type de scène fait penser à la stèle de
Deneuvre par son traitement bien que le sujet ne concorde pas forcément (Nesp, Leuques, 216).
Une autre stèle de Metz découverte à l’îlot Saint-Jacques met en scène des scieurs de long.
Cela dit, la taille du monument, sa qualité et la
mise en scène donne une impression de réussite
sociale et d’aisance qui n’est pas si évidente sur
celui-ci. En particulier, la stèle inv. 75.38.46
dépeint des personnages dotés d’une bourse
en attribut. Une autre question peut surgir. Les
personnages présents sur le cippe sont-ils une
représentation d’artisans défunts ou de simples
ouvriers employés par ceux-ci ? D’autant plus
que cette scène se situe sur une face latérale.
377
son compagnon. La forme évoque un chaudron
tenu par les anses. Le second personnage est dans
la même position de marche quoique la partie
supérieure de sa tête soit brisée.
Deux porteurs dans une position similaire sont
représentés de profil, dans le sens inverse sur
la partie inférieure d’un monument en relief de
Rottenburg389(Abb.147).
Sur le registre inférieur (Ill. 3.45) un animal
de trait avance vers la gauche. Ce peut être un
Ill. 3.44 Registre supèrieur, 016 cheval ou un mulet. Ses deux oreilles pointues et
Photo L. Kieffer, Détail sa crinière sont encore visibles. Son museau est
en forme de triangle. La mâchoire est dessinée.
La tête de l’animal ressort en moyen-relief. Il est représenté de profil, harnaché d’un fourchon
d’apparence rigide. Un bras de bois incurvé y est attaché. Derrière lui, une forme rectangulaire en
relief est surmontée d’une autre pièce en trapèze inversé. Certaines interprétations, comme celle
de la C.A.G stipulent un moulin. Cette hypothèse les amène à conclure à un travail lié à la vigne
ou à la farine. Dans le cas présent, nous pouvons songer au relief de la « Vigna delle tre madonne
» conservé au Musée Chiaramonti, trop idéalisé et détaillé mais aussi incompréhensible. En
analogie avec son nom, il se rapporte aux activités vinicoles. Comme sur la scène illustrée sur ce
relief, le moulin, en trapèzes inversés, est disposé
au premier plan390. Il dépasse en hauteur l’animal
attelé au manège. En revanche, le système de
tirage ne semble pas s’effectuer d’avant en arrière
mais de l’arrière vers l’avant. G. Raepsaet suppose
le passage d’un jouguet à un cable de traction, qui
serait ici le bras rigide figuré sur le côté gauche
de celui-ci. D’après les calculs de Moritz, « le
bras est situé à mi-hauteur de la meule active391.
Sur notre cippe, le bras forme une courbe vers le
bas. Malheureusement, la mécanique d’attache Ill. 3.45 Registre inférieur, 016
du système, dans la zone détériorée, n’est plus Photo L. Kieffer
identifiable.
Excepté la scène principale, les faces latérales font preuve d’un certain réalisme de situation.
Les commanditaires de ce monument l’ont sans doute fait réaliser pour montrer leur personnel
au travail et leurs activités. Ils ont dans tous les cas des moyens puisqu’ils sont en possession
d’un animal de trait. La confection de la stèle avec trois faces sculptées va dans ce sens. En
revanche, on peut encore se demander s’il y a un fil conducteur entre les scènes et une denrée
commune. Il y en a sans doute un, mais dont l’interprétation réelle nous échappe encore. Parmi
les possibilités d’interprétation reste un marchand, un marchand de vin ou un cervesarius.
On peut aussi songer à des activités de revenus diversifiées. Toujours est-il que les scènes de
traction au trait avec la présence d’un moulin sont rares. Ce cippe est donc d’une importance à
ne pas sous-estimer.
389 M. Scholz, Grabbauten des 1.-3 Jahrhunderts in den nördlichen Grenzprovinzen des Römischen Reiches,
Teil 1, Ouv. Cit, p. 190.
390 G. Raepsaet, Attelages et techniques de transport dans le monde gréco-romain, Bruxelles, Timperman,
2002, p. 260.
391 Ibid, p. 263.
378
Le canon court, la coiffure du personnage féminin, orné d’une tresse aplatie et les traits de
son visage encouragent M.-R. Ormasti à dater le monument du début du IIIe siècle. M. Scholtz,
en revanche, ne propose aucune datation392.
Gallia, 1976, p. 363 ; Dossmann-Forey 1978, p. 146 n° 117 ; Collot 1983, n° 183 p. 225 ; Pannoux 1985, p. 313 et
315 ; Sary 1988, p. 41 n° 22 ; Lutz 1991, p. 167 E ; Ormasti 1992, p. 60-63 n° 24, pl. XXVI ; Beal, 1996 ; Freigang
1997, MED 183 ; C.A.G 2005 p. 189 n° 13 ; Visage d’un musée 2011, p. 43 ; Atlas historique de Metz 2013, p. 69.
Le monument est incomplet. Y. Freigang stipule une stèle avec fronton et acrotères. Cela dit,
la partie supérieure a été buchée à l’aide d’un
pic et il n’est pas possible de le voir. De plus,
les mesures relevées rapprochent le monument
des cippes. La partie inférieure du montant
droit est cassée, ainsi que le coin gauche. Un
éclat a abimé une partie de l’épitaphe, sur la
face antérieure. D’abondantes tâches noires393
gênent la description sur la face latérale
gauche. Elles sont aussi présentes mais moins
généralisées sur la face principale et droite. Le
monument est sculpté sur trois côtés. La façade
est en haut et moyen-relief, la face latérale
gauche en bas-relief peu profond. La face
latérale droite comprend des motifs incisés.
Une inscription figure sur la face antérieure.
Le visage du personnage est meurtri, les mains
et les objets tenus sont dégradés. On repère
des traces de ripe au fond de la niche et sur le
personnage. Les contours sont accentués par
l’utilisation d’un foret. La même technique est
reprise face latérale gauche.
La forme originelle du monument n’est plus Ill. 3.46 Cippe de Reginus, 017
identifiable. Il a été retaillé pour épouser une © L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métro-
pole
forme rectangulaire. Sur la face principale,
392 M. Scholz, Grabbauten des 1.-3 Jahrhunderts in den nördlichen Grenzprovinzen des Römischen Reiches,
Teil 2, Mainz, Ouv. Cit., p. 277.
393 Ces taches noires se retrouvent sur une grande majorité des monuments mis au jour à l’îlot Saint-Jacques,
dans les fondations des remparts. Les restaurateurs mêmes ne les identifient pas mais il est probable que ce soit
dû à la nature de la terre dans lequels ils reposaient.
379
une inscription est gravée sur le linteau, sans encadrement. En dessous, figure un personnage
debout, de front, dans une niche en cul-de-four, encadrée par deux écoinçons en forme de feuilles
d’acanthe simplifiées lobées et nervurées (Ill. 3.46). L’homme est représenté légèrement hanché
vers la droite. Il porte une tunique courte ras-du-cou sous un manteau. Sa tête est tournée de
trois quarts vers la gauche. Ses cheveux coupés court et frisés laissent les oreilles dégagées. Il
est chauve. Ses sourcils paraissent froncés. Les yeux en amandes sont délimités par deux traits
indiquant les paupières. Les pupilles sont soulignées par un impact de foret. Ses pommettes sont
saillantes. Le personnage aux lèvres et au menton proéminents garde la bouche entrouverte.
Il porte une fine barbe et une moustache. Ajouté à la calvitie, cette pilosité met en scène un
homme d’un certain âge. Ses épaules sont tombantes. La capuche de son manteau se détache du
fond. Un pan de sa paenula retenue sur l’épaule droite passe devant pour reposer sur l’avant-
bras gauche. À partir de la taille, les plis resserrés deviennent presque verticaux et parallèles.
Ils sont plats et anguleux. Les gorges sont profondes. Les jambes du personnage sont coniques
et fines. Celle de droite, tendue, est en retrait. Celle de gauche, fléchie laisse apparaître la
marque du genou et le modelé de la cuisse. Les chevilles sont indiquées. Il porte des chaussures
à bouts pointus. Ses pieds sont allongés. Il tient à gauche une sorte de bâton long et fin. M.-R.
Ormasti stipule une bourse et un volumen. Toutefois, si la bourse est recevable, la forme du
second objet est plus difficile à discerner. L’hypothèse du bâton est renforcée par la description
d’une stèle monumentale d’Arlon datée d’environ 250 où le même objet est représenté (inv.
IAL GR/S 050). L’autre bras est replié au niveau de l’estomac. Sa main droite ouverte est
disproportionnée. Elle maintient un pan d’étoffe. Les doigts sont individualisés. Les poignets
sont précisés par un rétrécissement.
Le canon employé est de 7,2. Il est proche des proportions idéales.
D [M]
REGINVSCINTVG
NAT I
Ill. 3.47 Inscription 017
Photo L. Kieffer
[D(is) M(anibus)] | Reginus, Cintug|nati
Les lettres sont gravées peu profondément (Ill. 3.47). L’espace entre les caractères est
irrégulier. Ceux de la seconde ligne sont très espacés. V. Caspar notait des traces de peinture
blanche qui ne sont plus visibles. Les lettres, en capitales allongées, ont une terminaison
développée. À noter que M. Molin stipule un personnage nommé Reginus Ciniuc…/nati…. Or,
les lettres T et G ont des terminaisons bien visibles.
Le monument est dédié à Reginus, un unicum au nominatif. La filiation est précisée par le
nom du père nommé Cintugnatus. Selon L. Kajanto, Reginus est un surnom romain394 issu de
Rex qui signifie « roi ». Il s’agit peut-être aussi d’un nom en partie traduit du celte puisque Rex
est proche de Rix en gaulois395. À ce propos, M. Dondin Payre cite justement une évolution du
394 L.Kajanto, The latin cognomina, Helsinki, Societas scientiarum Fennica, 1965. p. 316.
395 X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Ouv. Cit., p. 220.
380
celtique vers le latin ou celto-latin396. Cintugnatus est un composé. Selon elle, Gnatus fonctionne
sur le même système397. Or, Gnatus se retrouve à plusieurs reprises en Gaule parmi les noms de
pérégrins398. Cintu-, en première partie, est celte et provient de Cintus, premier399. Cintugnatos
signifie « premier-né ». Le nom du père en est une variante.
381
Les jantes sont cerclées d’un bandage métallique. Les rayons au nombre de huit, disposés
autour du moyeu sont larges. Apparemment, le personnage aux bras repliés tient les guides de
la main gauche et un fouet de l’autre. Ses bras sont trop hauts par rapport à l’animal. La bête
est harnachée à l’aide d’un attelage à brancards fixés à l’essieu avec jouguet d’encolure404. Le
système correct comprend un jouguet placé devant garrot et un sanglage avant qui s’appuie à
la pointe de l’épaule, si l’on suit les spécifications techniques décrites par G. Raepsaet405. Sur
ce cippe, une sous-ventrière et une dossière complètent l’équipement. Ils lient brancards et
animal. Selon les explications techniques de M. Molin, la puissance de traction développée par
le poitrail est captée par une bricole écourtée. Le cheval devait être capable, grâce à ce système,
de reculer. Les quatre pattes sont figurées avec les sabots. Celles de l’arrière-plan sont incisées.
On voit sa crinière ciselée, ses muscles et son oreille droite. Le contour du visage de l’homme
permet de distinguer grossièrement son front, son nez, les lèvres et le menton. Il a des yeux
en amande. La tunique est uniforme. La disproportion entre le personnage et l’animal nous le
montre comme accessoire. Le personnage est mis en valeur. C’est pour cette raison que l’on ne
peut se fixer sur une maladresse.
On retrouve à Arlon plusieurs scènes de transport semblables, en meilleur état ou plus
lisibles. Par exemple, le bloc de tombeau sculpté Esp V 4041, conservé en réserves. La partie
supérieure a été buchée mais l’on reconnaît un personnage assis à l’avant d’un véhicule à deux
roues. Un autre homme le poursuit en courant accompagné de son chien. Il tend le bras droit
vers le chariot. Dans cette scène anecdotique, le bac de transport est de petite taille mais non
disproportionné comme sur le monument de Metz. La stèle Esp V 4043 permet d’entériner
l’idée que le personnage tient des rênes et un fouet. Le monument de Trèves Inv. 11408
représente quant à lui sur deux registres superposés une scène de transport par attelage et
l’autre par bateau à voile. L’animal de trait ressemble à un cheval qui s’élance. L’attache n’est
pas figurée. En revanche, le cocher tient dans les mains
des rênes. Il semble se rendre à la rencontre du bateau
et démontre l’utilisation de transports multimodaux. Dans
cette scène, les rennes sont plus clairement identifiables.
Une datation du IIe-IIIe siècle a été proposée, sans plus de
précision. Le point le plus notable sur le cippe de Metz est
la représentation de la traction par un animal attaché au
brancard. Il s’agit là de la véritable innovation du nord-est
de la Gaule, où elle est répandue.
382
V. Caspar suggère un métier lié au textile en se fiant aux trois scènes. Rien ne le prouve
mais cela reste plausible. La stèle Esp V 4043 conservée à Arlon comprend une face avec des
rouleaux d’étoffe pour l’illustrer, ce qui n’est pas le cas ici.
M.-R. Ormasti propose une datation de la seconde moitié du IIe siècle en raison du D.M, de
la coiffure et de l’allongement de la silhouette. Cet allongement se retrouve à la fin du IIe siècle
chez les Leuques (Nesp, 410). V. Caspar propose une plage chronologique plus large allant du IIe
siècle au milieu du IIIe. Concernant Bordeaux, F. Braemer datait l’allongement de la silhouette
des antonins et l’arrivée de l’ascia gravée de 160-165 environ408. Une coiffure similaire datée de
180 peut éventuellement servir d’élément comparatif à Trèves sous le Nm.303. Parmi les choix
avancés, une datation autour de la seconde moitié du IIe siècle semble la meilleure proposition
compte tenu des informations croisées.
Le monument est incomplet. Il a été retaillé en forme de parallélépipède pour son remploi
dans le rempart. Le fronton et la face latérale gauche ont été buchés. La base est détruite.
La face arrière est grossièrement taillée au pic.
Face latérale droite, le coin supérieur est brisé.
Des traces de gradine sont visibles sur toute la
surface. La partie inférieure de la face antérieure
est très abimée. L’inscription est difficilement
déchiffrable. Deux faces sont sculptées par
incision.
383
pavillon, au lieu de s’élargir à l’extrémité, suit ici la forme d’un tuyau métallique. Le rebord
est marqué par une incision arrondie. C’est un instrument généralement à usage militaire de la
famille des cuivres.
[.] M
[...] RE CORNICI
[…] REFILIEIVSTICO
[…]G I E I V S
[D(is)] M(anibus) | [...] r(a)e cornici(ni) | […] r(a)e fili(a)e Iusti, co[(n)iu]| gi eius
384
de la stèle. Iustius existe effectivement puisqu’il est répertorié dans le C.I.L XIII 2591. C’est un
nom latin patronymique409 fréquent. D’où une préférence pour ce choix.
Un décor occupe l’ensemble de la face latérale droite (Ill. 3.52). Il est inséré dans un cadre de
forme rectangulaire, lui-même découpé en quatre parties. Deux bandes placées en diagonales
forment une croix de Saint-André. De chaque côté du grand rectangle, au milieu, est sculpté
un bouton circulaire dans une forme de triangle incisé. À l’intérieur des grands triangles
isocèles formés par la croix, on retrouve des feuilles d’acanthe nervurées simplifiées. Elles sont
divisées en deux en leur milieu. Le cœur y est représenté par un cercle marqué d’un contour.
Un décor latéral de monument, conservé au Musée de Langres, quasiment identique, existe
chez les Lingons. La seule divergence consiste en un cercle au milieu de la croix. Ce décor est
reproduit des deux côtés. Il a sans doute été copié dans plusieurs régions. Il dénote une certaine
connaissance de la géométrie.
Ill. 3.53 Face antérieure et face latérales du petit piler de Curmilla, 019
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
409 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit., p.
250.
385
Le monument est presque complet. L’acrotère droit est cassé de même qu’un morceau de la
partie inférieure gauche. La face latérale gauche est lissée alors que la face latérale droite, plus
épaisse, n’est pas travaillée. L’arrière, placé contre un mur, n’est pas visible. Le décor de la
toiture sculptée en bas-relief se retrouve sur les trois faces. En revanche, seule la face principale
révèle une inscription et un motif.
Il s’agit d’un petit pilier de forme parallélépipédique avec toit pyramidal à quatre pans ornés
de feuilles imbriquées (Ill. 3.53). Le sommet du toit s’élargit pour se terminer en pomme de pin
stylisée. Les acrotères sont en forme de palmettes. En dessous, des rinceaux sont gravés en creux
sur une frise en bandeau. La toiture est supportée par deux piliers aux modénatures dérivées
de l’ordre toscan mais aux fûts de forme rectangulaire. Dans une niche cintrée à fond plat,
décorée d’un motif torsadé, et supportée de chaque côté par une colonne arrondie à chapiteau
corinthien, est figurée une chouette sur un rameau. Le sculpteur joue sur des lignes arrondies
pour représenter la plante. La chouette regarde de face mais son corps est de profil. Deux gros
yeux ronds avec une pupille et un bec ressortent en relief. Son corps petit et frêle et sa position
font plutôt penser à un oiseau tel que le moineau si l’on compare la sculpture avec une vraie
chouette. Les deux ailes, la queue et les pattes sont sculptées.
J.-J. Hatt est quasiment certain de l’origine indigène410 de l’oiseau utilisé en tant que symbole
funéraire détourné même si les explications manquent encore parfois. Ce peut être un oiseau
psychopompe chargé de veiller sur le défunt et de guider son âme vers le royaume des morts. J.-
J. Hatt évoque aussi la possibilité de l’invocation d’un dieu ou d’une déesse tutélaire puisque les
corbeaux ou colombes, trouvés à plusieurs reprises, sont liés à Nantosuelta ou Succellus. Dans
le cas de cette stèle, la déesse en question est plutôt Minerve, seul exemple du genre. Le rôle et
le sens de l’oiseau se détacheraient alors de certaines représentations romaines traditionnelles
où le volatile accompagne un enfant comme animal de jeu favori, à l’instar du chien. Si l’on
prend pour exemple comparatif les stèles Esp II, 1478 de Bourges et Esp II, 1530 de Baugy,
ces oiseaux sont sculptés de profil sur la main d’un personnage, figuré à mi-corps, en train de
leur donner la becquée. Dans un second cas de figure, l’oiseau est représenté sans la présence
humaine. Sur la stèle Esp VII, 5802 de Mayence deux oiseaux sont perchés de part et d’autre
d’une coupe. Troisièmement, ils peuvent avoir une utilisation simplement décorative reliée à
des plantes comme sur le mausolée de Trèves, où ils sont perchés sur une guirlande, les ailes
déployées. Sur une stèle Suisse, ils sont intégrés dans un rinceau (Esp VII 5441). Dans tous
les cas, ce ne sont jamais des chouettes. Le volatile en question est cependant très souvent
représenté avec la déesse Minerve sur des blocs représentant des divinités. Une exception : la
stèle de Sens Esp IV 2775, d’un oiseleur mais la chouette entrevue est en réalité un appeau.
D*M
IVN
CVRMILLAE
386
Ill. 3.54 Inscription 019
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole, détail
Le formulaire commence par l’expression D.M. Les deux lettres sont séparées par une
interponction en forme de triangle tourné vers le bas. Il est suivi par un gentilice de forme
abrégé avec les trois premières lettres de Iunia. Le cognomen de la défunte est un composé
d’origine celte. Curmi- signifie la « bière » est suivi du suffixe –illa.
Ce petit pilier a fait couler beaucoup d’encre quant à sa typologie. Il cumule des particularités
qui le rendent original. Sa structure ne correspond ni aux monuments d’Igel (sans chambre
funéraire), ni aux cippes romains classiques, ni aux stèles maisons habituelles dont on a abusé
du terme. L’édicule, aux attributs architecturaux proches, a aussi été évoqué. Nous pourrions
songer à des piliers, tel que celui de Neumagen n° 734411, pour sa forme générale, daté de
l’époque flavienne (130-140). Cela dit, leurs mensurations ne sont pas comparables et le pilier
en question comporte deux étages. Il est de facture bien plus aboutie. En fait, il s’agit sans
doute d’une composition locale, réalisée à partir d’une sélection de propriétés issues de types
connus parmi les monuments existants. La stèle de Curmilla est de très belle facture comparée
aux autres découvertes du lot. De plus, l’emploi de la chouette n’est pas un symbole commun et
la défunte possède un cognomen unique indigène. La composition des éléments réunis est des
plus intéressantes.
La dédicace aux dieux mânes et le gentilice abrégé412 peuvent nous permettre de proposer
une datation approximative du milieu du IIe siècle, voire IIIe siècle.
411 M. Scholz, Grabbauten des 1.-3 Jahrhunderts in den nördlichen Grenzprovinzen des Römischen Reiches,
Teil 1, Ouv. Cit., p. 115.
412 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit., p.
25.
387
020. METZ (MOSELLE). STÈLE FUNÉRAIRE TRAPÉZOÏDALE D’UN COUPLE
La stèle est incomplète. L’acrotère gauche est brisé. Les montants gauche et droit ont été
en partie détruits. Dans la partie inférieure, on déplore la perte de gros éclats de pierre, sur la
gauche et au centre. Les impacts sur le linteau rendent le contenu de l’épitaphe plus difficile à
déchiffrer. Une grande fissure traverse les épaules de l’homme de part en part. D’autres sont
visibles sur ses jambes, son torse, sa tête. Le visage de la femme est fissuré de l’oreille au cou.
La joue est meurtrie. La partie inférieure du fauteuil a subi de gros impacts. Les détails des
visages ont disparu. On remarque des traces de ripe au fond de la niche et des taches brunes de
rouille sur le personnage de droite. La face latérale gauche est recouverte de traces obliques de
gradine. Les faces droite et arrière sont taillées au pic ou à la broche. Deux faces sont sculptées.
La face antérieure en haut-relief et la face latérale gauche, simplement gravée.
Ill. 3.55 Stèle trapézoïdale d’un couple, face antérieure et éléments de détails
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Cette stèle trapézoïdale comporte un sommet cintré flanqué de deux acrotères de forme
triangulaire. Dans une niche trapézoïdale à fond plat, sans arrière-plan, deux personnages sont
représentés assis (Ill. 3.55). Ce mode de représentation, hormis pour les scènes de vente, est
relativement rare. Il s’agit d’ailleurs du seul cas connu parmi les stèles monumentales messines.
388
En Italie, les notables, magistrats et sévirs, sont assis. En Gaule, ce sont plutôt les divinités413.
Peut-être peut-on y discerner une volonté de montrer son honorabilité.
Le personnage de gauche est de profil, celui de droite se tient de trois quarts. Les fauteuils
de vannerie sont finement détaillés. Ils sont ornés de rectangles alternés, à l’intérieur décoré
de stries horizontales pour représenter les fibres d’osier tressé. Les rebords sont moulurés. Les
sièges ont un dossier arrondi. Le fauteuil de gauche est plus haut que celui de droite. Leur
finition est plus précise que sur le modèle présenté à Arlon sur le monument IAL GR/S 054.
L’osier est communément employé pour fabriquer le mobilier courant, incluant entre autres
les paniers ou les bacs de charrettes. Une femme se tient assise sur le fauteuil de gauche. Son
regard se porte en direction de l’homme. Ses cheveux sont tirés en arrière et ses longues mèches
souples séparées par des incisions. De chaque côté d’une raie médiane, une forme de rouleau
auréole son visage, couvrant ses oreilles et une partie du front. Elle est coiffée d’un petit chignon
attaché derrière la tête. Cette coupe est précisément décrite et illustrée par F. Braemer. De son
visage allongé, on ne reconnaît que ses yeux en amande creusés en formes de triangles aplatis.
Son regard tombant traduit une expression de mélancolie ou de tristesse. Elle a un nez droit
mais la bouche a disparu. Un bourrelet plissé couvre son large cou. Elle est vêtue d’une tunique
longue dont les plis sont traités en semi-méplat. Sa jambe droite est écartée vers l’extérieur. Elle
semble pieds nus. Les manches de sa tunique se resserrent aux poignets. Son bras droit est plié
en angle droit. Elle esquisse le geste d’attraper un objet. Le bras gauche n’est pas représenté.
L’homme est accoudé au rebord du fauteuil. Son visage est de tourné de trois quarts en direction
de la femme. Son genou droit est relevé. Sa position corporelle générale diverge totalement des
positions figées habituelles sur les monuments funéraires. De sa coiffure, on ne devine plus que
quelques mèches frisées. Ses cheveux sont coupés court. L’oreille est découverte. Les yeux
sont également représentés en amande soulignés par deux creux. Les arcades sourcilières sont
quasiment inexistantes. Le nez a disparu. En revanche, deux petites lèvres charnues ressortent.
Sa mâchoire est rectangulaire et son cou large. Il porte une moustache et une barbe fine. Un pan
de son écharpe enroulée autour du cou retombe à droite et lui arrive au niveau de la taille. Sa
main gauche est posée par-dessus. Si l’on reconnaît malgré les détériorations deux doigts fins
séparés, l’avant-bras et la main abimés composent une masse informe. Sa tunique courte descend
sous le genou. Ses jambes sont écartées. Les creux du plissé ont été savamment travaillés pour
épouser les contours de la position du personnage assis. Le résultat est réaliste, de même que
pour sa femme. Son bras droit est plié à 90 degrés. Ses manches, amples sont de trois quarts et
laissent apparaître le poignet, la paume de la main et le pouce. Il tend à la femme un gros objet
arrondi que M.-R. Ormasti identifie comme une patère à pied au ventre élargi mais ce pourrait
éventuellement être un coffret.
Une ascia figure sur la face latérale gauche, gravée en creux. Elle apparaît davantage comme
un symbole que comme un outil relié au métier des défunts.
Ann.Epigr, 1983, n° 708 ; Pannoux 1983, p. 129 n° 89 pl. 89 ; coll. p. 177 n° 119C ; Ormasti 1992, p. 139 n° 61,
pl. LXII ; Ormasti 1995, p. 162, n° 79, pl. LXXXI ; Freigang 1997, Med 194 ; Caspar 2000, p. 53-55, pl. XXIX ;
Ann.Epigr. 2001, n° 1414 ; C.A.G 2005, p. 195 n° 63.
413 N. Laubry, « Aspects de la romanisation en Gaule et en Germanie : les monuments et les inscriptions
funéraires sous le Haut Empire », Revue Pallas, https://pallas.revues.org/1843, le 10/01/2009, consulté le
24/07/2016.
389
Ill. 3.56 Inscription 020
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole, détail
D [.]
AVGVSTO
TACITI ET [.]AV
V[.] SEXTICONIVG
Les lettres sont en capitales carrées peu profondes (Ill. 3.56). Les caractères sont bien répartis
sur la surface. L’inscription placée sur le cintre n’a pas de bandeau de délimitation. Le haut de
l’inscription est détérioré en raison de l’usure. Les mots sont coupés en syllabes. On remarque
deux nexus des lettres ET et AV.
Les dédicataires de la stèle sont Augustus et sa femme Gavva. L’ensemble des personnes
citées ne portent qu’un nom unique traduisant a priori un statut pérégrin. Augustus est issu du
surnom de l’Empereur Auguste. Il est par conséquent très courant en Gaule et signifie « consacré
». L. Kajanto propose en sus une origine calendaire. Tacitus est attesté comme latin. Gavva
ou Cavva a un nom d’origine germanique. V. Caspar, dans le doute, notait plutôt une origine
celtique mais l’avancée des recherches a permis une confirmation en ce sens. Qui plus est, une
datation par l’onomastique a été proposée entre la seconde moitié du IIe siècle et la première
moitié du IIIe siècle sur une stèle rémoise414. Gavva est la fille de Sextus, un praenomen, à
l’origine. Sextus est employé à dix reprises à Divodurum.
414 M.-Th. Raepsaet-Charlier, Les noms germaniques : adaptation et latinisation de l’onomastique en Gaule
Belgique et Germanie inférieure, Bordeaux, Édition, 2011, p. 218.
390
021. METZ (MOSELLE). STÈLE FUNÉRAIRE D’UN POTIER
La stèle est incomplète. La partie supérieure gauche de la face antérieure a été brisée au
niveau du fronton. Le bord de la face latérale gauche est retaillé. Le montant a été buché de
sorte que des épaufrures altèrent la face. Un morceau conséquent du montant droit est cassé.
On remarque des trous au fond de la niche et des traces de ripe sur le personnage. Le côté droit
a été travaillé à l’aide de gradine. Le revers n’est pas visible en raison de la localisation de la
stèle contre un mur, à l’intérieur d’une vitrine. Le nez du personnage, sa bouche et une partie du
menton sont cassés. La face principale est sculptée en haut-relief.
Ill. 3.57 Stèle funéraire d’un potier, face antérieure et faces latérales
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Cette stèle monumentale à la base de section rectangulaire est surmontée d’un fronton au
cintre aplati dont la largeur est plus réduite que la largeur totale de la stèle. Il est décoré d’une
profonde entaille en forme de croix asymétrique décalée sur la gauche par rapport au centre.
Celle-ci dépasse des lignes délimitées par une portion de cercle incisée. Sur la droite, d’autres
rainures stylisées achèvent ce décor grossier. Une inscription figure dans un bandeau séparé
par deux lignes horizontales profondément gravées. Dans une niche de forme rectangulaire
à fond plat, sans décoration d’arrière-plan, un personnage est représenté de front, en pied, le
corps légèrement hanché d’après le fléchissement de sa jambe gauche (Ill. 3.57). Son visage
est carré. Ses cheveux calamistrés sont courts. Une mèche est ramenée sur le crâne. Sa coupe
forme un angle aigu sur les tempes. Les oreilles sont dégagées. Sous des arcades sourcilières
391
renflées sont insérés deux grands yeux en amande globuleux. Les sillons nasogéniens sont
fortement marqués. Ils traduisent la représentation d’un homme d’âge mature. Sa mâchoire
est carrée et son cou large. Ses épaules sont tombantes. De par son corps large et massif, il
donne une impression générale de robustesse. Le personnage est vêtu d’une tunique ras le cou
et d’un manteau à encolure en V à capuchon. La paenula locale est portée relevée sur l’épaule
droite. Ses manches sont longues et amples. La tenue traitée en semi-méplats arrive à hauteur
des genoux. Les larges plis anguleux ont des gorges profondes et découpées. Le bras droit du
personnage est replié. Sa main tendue est cachée dans les replis de son vêtement. Chaque doigt,
épais et court, est séparé par une incision. Le pouce est relevé vers le haut. La main est dans la
continuité du poignet. Le sculpteur l’a réalisée trop large et avec un relief plat. La main gauche,
quant à elle, est à moitié enfouie dans une poterie afin de la maintenir. Les doigts sont plus
fins, la main plus petite. Ce point de comparaison met en avant une inégalité dans le travail des
proportions des membres. L’homme a de gros mollets rectangulaires, ses pieds sont légèrement
écartés vers l’extérieur.
La poterie en question est un vase ou un gobelet à dépression. Elle ressemble aux modèles
régionaux de céramique noire métallescente, dont un exemple similaire est exposé dans la
même salle (inv. 9433). Il est daté avec certitude de la fin du IIe siècle, début du IIIe siècle415.
Cette indication nous est précieuse afin de dater notre monument. Des céramiques de ce type
ont été retrouvées notamment à Seltz et Reichshoffen416, plus tardivement à Strasbourg.
Dans cette mise en scène, le vase n’est pas symbolique. Il ne faut pas le confondre avec le
poculum figuré sur des scènes de banquet. La taille du récipient, sa forme et la façon de le tenir
contribuent à le différencier des artefacts symboliques. Il montre la valeur attachée au travail
manuel et la réussite sociale du personnage, ou du moins l’idée qu’il souhaite laisser de son
art. Toutefois, comme le signale S. Pannoux, bien que l’on ait affaire à un artisan, on ne peut
affirmer que celui-ci soit cantonné à la fabrication en excluant la vente de produits417. D’autant
plus que Metz est un lieu de production attesté418 de céramique.
En termes de comparaison stylistique, F. Braemer cite la stèle monumentale d’un
Médiomatrique et de son épouse retrouvée à Bordeaux (Esp 1131). Il stipule notamment une
tunique courte aux plis larges semblable à celle de Casatus de Metz. Selon ses recherches, la
coupe courte est à la mode au cours du règne des derniers Sévère. La stèle est d’autant plus
comparable que le personnage masculin tient dans sa main droite un gobelet. Cependant la
profession n’est pas indiquée clairement par une inscription même si F. Braemer parle de faber.
Si l’on s’en réfère à J.-M. Demarolles419, Casatus était lié à la plèbe moyenne. Une estimation
justifiée puisque, pour reprendre les propos de P. Veyne420, nous avons affaire pendant cette
époque à une classe moyenne élargie (plebs media).
Boissard, BN, réserve des imprimés, ms 468 bis, folio 141 ; Meurisse 1634, p. 9, pl. XII ; Tabouillot et François
1769, tome I, p. 89 ; Robert 1873-1883, tome II, p. 112-113 ; Keune 1906, p. 489-491, fig.5 ; 1910, p. 494, n° 2
415 A. Adrian, Metz - La Cour d’Or. Visages d’un musée. Metz, Éditions du Chêne, Collectif, 2011, p. 32.
416 L. Pastor, Les ateliers de potiers de la Meuse au Rhin à la Tène finale et durant l’époque gallo-romaine,
Thèse de doctorat dirigée par le Professeur A.-M. Adam à l’Université de Strasbourg, 2010, p. 66
417 S. Pannoux, « La représentation du travail : récit et image sur les monuments funéraires des Médioma-
triques. » in : Dialogues d’histoire ancienne. Ouv. Cit., p. 295.
418 L. Pastor, Les ateliers de potiers de la Meuse au Rhin à la Tène finale et durant l’époque gallo-romaine,
Ouv. Cit., p. 46.
419 J.-M Demarolle, 2001 b, p. 38.
420 P. Veyne, L’Empire gréco-romain, Paris, Édition du Seuil, 2005, p. 121
392
; Espérandieu V (1913), n° 4387 ; C.I.L XIII (1899-1916), 11361 ; Toussaint 1948, p. 34 n° 2 et p. 143 n° 591 ;
Braemer 1958, p. 81 ; Schlémaire 1972, D35 ; Frézouls 1982, p.268 ; Ormasti 1995, p.161 ; Freigang 1997, Med
157 ; C.A.G 2005, p. 334 NL3.
CASATO*CARATI
FICTILIARO*FILII*P*C
L’inscription demeure assez lisible (Ill. 3.58). Elle est entrecoupée par quatre interponctions
en forme de triangles ou de simples points. Elles sont difficiles à cerner en raison des multiples
impacts sur le bandeau. L’espace entre les caractères est irrégulier.
La stèle est dédiée à un potier. Son métier est précisé par le terme fictiliarius. Casatus est
un nom unique au datif. Il est le fils de Caratus. Caratus est d’origine celte issu de Caratos
qui signifie « cher », « ami » ou « aimable ». Cette racine est fréquemment employée421 dans
la construction de noms. Casatus n’est pas répertorié, mais on peut facilement en déduire une
variante du nom du père. La stèle a été élevée par ses fils selon la formule P.C. abrégée.
Cette stèle a la particularité d’être combinatoire. Elle précise le métier de notre homme sur
l’épitaphe et montre en sus un objet sculpté relatif à son activité. Paradoxalement à l’utilisation
commune de la terre cuite pour fabriquer des objets du quotidien, trouver une personne attestée
exerçant le métier de potier n’est pas si aisé. En Narbonnaise, un autre terme est employé, cité
dans un article de M.-L Bonsangue422, celui de figulus. Malgré tout, le monument méridional est
antérieur puisque la période étudiée s’échelonne du Ier siècle avant notre ère au Ier siècle après
notre ère.
Du point de vue épigraphique, le nom unique de Casatus limite la datation du monument à la
seconde moitié du IIIe siècle dans la région. D’après M.-R. Ormasti, la lourdeur de l’étoffe, les
traits épais du visage et la coiffure sont caractéristiques du début du IIIe siècle. La datation de la
céramique, fin IIe, début IIIe siècle entérine cette fourchette de datation. Enfin, la comparaison
élaborée par F. Braemer entre cette stèle et celle découverte à Bordeaux la situe plutôt vers le
début du IIIe siècle, fin du règne de Septime Sévère, début du règne de Caracalla.
393
022. METZ (MOSELLE). STÈLE-CIPPE À SOMMET CINTRÉ DE PORTEURS
La stèle est presque complète. La partie inférieure de la face postérieure droite est cassée
sur les trois quarts de l’épaisseur. Le corps de la stèle est dans une phase plus avancée de
finition. L’intérieur du fronton et l’ensemble des faces sont dégrossis à la broche. Une ébauche
de sculpture, maladroite, est comprise dans un rectangle. La stèle semble inachevée. La cassure
au-dessus du monument témoigne d’une probable pomme de pin brisée (Ill. 3.59).
394
particulièrement encombrant nécessite de l’aide au transport. La même technique est employée
en Méditerranée, en Égypte et Grèce. D’un point de vue archéologique, très peu d’amphores
ont été découvertes dans des chantiers de fouilles locaux. Chez les Médiomatriques, le tonneau
est utilisé abondamment, puisque la région était riche en bois résineux. C’est du moins ce
que démontrent les scènes sculptées sur plusieurs stèles, par exemple celles publiées dans la
C.A.G424. Toujours est-il que le premier rendu est assez médiocre.
L’outre est représentée sur les épaules de deux personnages d’un monument de Mayence
Esp VII, 5833. On la retrouve aussi dans le Sud, associée à Silène Esp III 2524. Si la taille
correspond à notre modèle, en revanche la technique de transport ne permet pas d’affirmation
quant à l’objet esquissé à Metz.
La stèle est incomplète. Le coin inférieur droit est brisé. De nombreuses épaufrures sont
parsemées sur les arêtes gauche et droite. La base du monument comprend une cassure, vers
le centre. La surface est recouverte d’abondantes traces d’outils. Les faces latérales, gauche et
droite, ont été travaillées à la gradine. L’inscription recouvre les trois quarts du corps de la stèle.
Un décor en léger relief est gravé sur la face principale. Seule la face antérieure est décorée.
Cette stèle de taille conséquente a une base rectangulaire et un sommet cintré (Ill. 3.60)
Il s’agit d’un type de monument funéraire romain courant. La surface sculptée d’un motif
iconographique se situe dans la partie inférieure, à l’intérieur d’un cadre rectangulaire disposé
dans le sens de la largeur. Cinq outils sont suspendus à une baguette apparemment accrochée
à un mur. L’outil de gauche est muni d’un manche fin et d’une tête rectangulaire. Il est assez
singulier. Il s’agit sans doute d’une massette ou d’un marteau. En revanche, le marteau au
manche court et à la tête pointue l’avoisinant est de forme plus classique, assimilable à nos
marteaux actuels. À côté, une paire de tenailles est représentée. La partie gauche de la pince
passe par-dessus celle de droite, reléguée en arrière-plan. Elles sont accolées à un marteau au
manche plus allongé dont la pointe est tournée vers la droite. Enfin, au bout, une ascia achève
la composition. C’est une sorte d’herminette à marteau et à fer incurvé. L’ascia est employée
par les maçons et les menuisiers, entre autres. Il arrive que l’ascia soit employée de façon
symbolique. Concernant cette stèle, il ne fait aucun doute qu’elle représente concrètement un
ustensile lié à une profession. Au-dessous des outils accrochés sur la gauche, on remarque
encore un empilement de deux formes rectangulaires dont la plus grande est en dessous,
généralement désignés comme une enclume. Les deux objets à la droite sont interprétés comme
une roue ou un cabestan et un petit tonnelet. Le dernier objet en question ressemble davantage à
un gobelet ou à un pot à la panse élargie selon nos observations. Quant au cabestan ou à la roue
susmentionnée, la solution ne semble pas évidente. Cela dit, le cerclage très légèrement creusé
rend plus plausible la possibilité d’une roue. La forme pourvue de quatre rayons comprend un
424 P. Flotté, C.A.G, 57-02, Ouv. Cit., p. 189 n° 13 et p. 197 n° 76.
395
cercle creusé troué en son milieu. Les rayons sont pointus, excepté celui du bas qui paraît plus
longiligne. L’objet a la forme d’une étoile.
La C.A.G déduit deux métiers de ces instruments. Ceux d’un maçon et d’un forgeron. Nous
pouvons formuler l’hypothèse d’un charron. Les outils de forgeron sont confirmés par la réalité
si l’on prend par exemple ceux conservés par le Musée des Antiquité nationales de Saint-
Germain-en-Laye et identifiés tel quel (cliché 89-003803). Il s’agit de marteaux et de pinces.
Mais ces mêmes instruments peuvent servir dans d’autres spécialités.
Pour comparaison, M. Reddé dans son article sur les scènes de métier citait par exemple,
concernant le travail des métaux, les stèles Esp IV 2769 représentant un homme avec un marteau
dans la main et une enclume sur le côté droit, posée sur une console, ou les stèles Esp IV, 2779
(Sens) ; Esp VI 5136 (Rinzenberg) ; Esp 705 (Narbonne) comprenant deux personnages en
action et Esp 6992. Dans l’ensemble des cas, l’outil n’est pas représenté seul mais toujours avec
une présence humaine.
Deux stèles sont citées à propos des métiers de la pierre, la stèle Esp II 1111, (Bordeaux),
et Esp IV 2767 (Sens), mais elles ne sont pas réellement pertinentes pour la compréhension de
396
notre monument. En revanche, la stèle CSIR 318 (Carnuntum) représente un maçon de l’armée
romaine en buste avec une inscription et, au-dessous des instruments gravés. Une ascia y figure.
Elle est datée de 75-100 après notre ère. La partie inférieure du corps de cette stèle identique à
la nôtre montre bien des outils symbolisant le travail manuel et un métier.
Clément 1938b, p. 210-211 ; Toussaint 1948, n° 638, p. 150 ; Espérandieu (Lantier, 1955), 8442 ; I.L.T.G 1963,
n° 372 ; Schlémaire 1972, D11 ; AnnEpigr 1983, n° 706 ; Burnand 1990, p. 66 ; Freigang 1997, Med 160 ; C.A.G
2005, p. 169 A34.
D*M
CARIANO*BEL
LANI*FIL*ET*FELI
CI*CARIANI*FIL
5
BELLIANVS*BOVD
ILLI*ET*AVGVSTA
CROBI*FIL*PATR
E S* P * C
D(is) M(anibus), | Cariano Bel|lani fil(io) et Feli|ci Cariani fil(io), | 5 Bellianus Boud|illi f(i-
lius) et Augusta, |Crobi fil(ia), patr|es p(onendum) c(uraverunt)
397
Boudillus, au génitif, n’est pas répertorié parmi les noms étudiés par M. Dondin-Payre mais
elle cite en revanche une Boudia pour illustrer un gentilice celtique rare. Leur lien se confirme
grâce au Dictionnaire de la langue Gauloise puisque Boudia et Boudillus sont tous deux issus de
la racine Boudi- qui signifie « victoire », « avantage » ou « profit ». La base de données EDCS,
plus complète, stipule 14 entrées comportant le nom Boudillus. Tous, sans exceptions, sont
cantonnés soit en Gaule Belgique, soit en en Germanie. Un seul en Panonie. Cela démontre une
localisation typique du nom dans le nord-est de la Gaule. Bellianus, au nominatif, fait songer
à la racine celte Bello- « fort » ou « puissant ». Il était d’ailleurs considéré un hapax. Or, nous
avons découvert deux autres cas en Norique et en Germanie supérieure (Finke 00349 et AE,
1982, 00760). Crobius, au génitif, demeure introuvable. Augusta est latin. Carianus, mentionné
à deux reprises, n’est pas non plus répertorié par M. Dondin-Payre mais la racine celte « caros
» est peut-être comprise dans ce nom puisque le nom Su-caria existe par ailleurs. Il existe
néanmoins un Carianus en Narbonnaise (C.A.G-84-01, p 157) et un autre à Rome (CIL VI,
23201). Felix, très fréquent en Gaule, est d’origine latine. Par exemple, un Felix est noté chez
les Arévaques.
Suivant l’abréviation D.M. et les noms uniques, la datation de la stèle se limite entre le début
du IIe siècle et le milieu du IIIe siècle.
Ill. 3.62 Stèle d’un marchand d’esclaves, face antérieure et faces latérales, 024
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
398
La stèle est complète mais elle a subi des dégradations. Les acrotères sont brisés ainsi que
la partie inférieure du montant gauche. Le nez du personnage est cassé. Quelques éclats sont à
déplorer sur le tympan et le linteau. On repère des traces de gradine sur la face principale. Les
montants sont layés. La face postérieure est travaillée à la broche. Deux faces sont sculptées : la
face antérieure et la face latérale gauche qui est ornée d’une ascia (Ill. 3.62).
Stèle funéraire à fronton triangulaire divisée en trois registres : le fronton décoré en léger
relief avec des feuilles d’acanthe stylisées et nervurées, séparées par un cœur en forme de
cercle. L’inscription y commence et continue sur le linteau. En dessous, un personnage sculpté
en moyen-relief et dont la tête se détache du fond. L’homme est représenté en pied dans une
niche rectangulaire à fond arrondi, sans décoration. Le canon du personnage est de 7. Sa tête,
tournée de trois quarts vers la gauche est légèrement inclinée vers le bas. Sa chevelure frisée et
courte laisse les oreilles découvertes. Des mèches sont calamistrées sur le front. Le personnage
a un visage fin et marqué. Il a de petits yeux en amande, des pommettes hautes. Sa bouche,
traitée par incision, esquisse un sourire. Elle est ourlée d’une lèvre inférieure fine. Il a une
mâchoire carrée, saillante, et un double menton à peine visible. Il est imberbe. Son cou est
trapu, sa tunique ample occupe la largeur intégrale de la niche. Le tout lui confère une carrure
imposante. L’homme est vêtu d’une tunique courte. Il porte par-dessus un manteau aux longues
manches amples, avec un capuchon, variante locale de pénule portée avec soin. Les plis plats
et larges tombent en oblique sur le flanc, droit et à la verticale à partir de la taille jusqu’aux
genoux. Ses chaussures sont pointues. Ses pointes de pieds sont tournées vers l’extérieur. Le
bras gauche est replié sur le plexus. Il maintient un pan du vêtement rejeté sur l’épaule droite.
La cassure du poignet, trop marquée, est irréaliste. L’autre bras est replié à hauteur de la hanche.
Il tient par la lanière, dans la main gauche, un coffret à tablettes (codex ansatus). Il s’agit d’un
motif très souvent employé sur les sculptures funéraires masculines et largement répandu. Ce
type de représentation classique, en pied dans une niche, constitue le choix de prédilection de
la population dotée de moyens financiers suffisants, soit une sorte de « classe moyenne » même
si le terme est anachronique.
Gros 1991, p. 176-177 ; Ormasti 1992, p. 93 n° 40, pl.XLI ; Ormasti 1995, p. 119, n° 55, pl. LVII ; Demarolle
1996a ; Freigang 1997, Med 170 ; Caspar 2000, p. 13-15, pl. V-VI ; C.A.G 2005, p.1 92.
399
DM
MARCELINO
VENALICIARIO
Les lettres en capitales carrées profondes sont assez espacées (Ill. 3.63). Elles sont de
belle qualité même si les lignes ne sont pas tout à fait droites. Les L ont une patte oblique. Le
personnage, Marcelinus, porte un seul nom au datif. Il est pérégrin et marchand d’esclaves.
Marcellinus est un surnom trouvé à plusieurs reprises avec un redoublement de la consonne
L426. Nous en avons une occurrence chez les Lingons, par exemple. Sa profession est indiquée,
fait assez rare sur les épitaphes427. Perçue comme infâmante à Rome428, notre homme la
revendique. Cette stèle est la seule à attester du commerce de personnes à Divodurum même.
Elle est primordiale car, comme le fait si bien remarquer J.-M. Demarolle, on a tendance à
oublier complètement l’importance de l’esclavage dans la société antique gauloise, puis gallo-
romaine429. L’objet détenu et le métier décliné ont deux significations différentes.
Il semblerait que la seule autre mention usant du terme identique de venaliciario soit celle
d’un marchand d’esclaves grec en provenance de Nîmes (CIL XII, 3349). Dans le cas de notre
monument, l’origine de la manne servile n’est pas indiquée.
Le formulaire funéraire avec la formule D.M. abrégée et le nom unique au datif nous permettent
de dater cette stèle au minimum du IIe siècle, début IIIe, contrairement à l’étude épigraphique de
V. Caspar qui la situait plus largement entre le Ier et le IIIe siècle430. M.-R. Ormasti a réalisé de
son côté une étude iconographique. Selon elle, l’allongement de la silhouette, le rendu des plis
plats et la coiffure calamistrée favorisent une datation de la seconde moitié du IIe siècle. L’ascia
commence à être utilisée en tant que mot écrit à cette époque en Gaule et en Germanie431. M.
Dondin-Payre n’indique pas, en revanche, si le symbole suit la même progression.
La stèle est incomplète. L’acrotère gauche et le sommet du fronton sont brisés. Le montant
droit est cassé à plusieurs endroits. Des traces de ripe sont visibles sur le personnage et au
fond de la niche. Une fissure qui s’étend sur l’épaisseur de la pierre a été colmatée sur la face
latérale gauche. La partie inférieure de la face latérale droite est amincie. On remarque de
larges sillons. Le revers est taillé au pic. Des éclats sont à déplorer sur le bas du visage, le bras
426 M. Dondin-Payre et M. Th. Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit., p.
185.
427 C. Nerzic, La sculpture en Gaule romaine, Ouv. Cit., p. 243.
428 P. Gros, La France gallo-romaine, Paris, Nathan, 1991, p. 177-178.
429 J.-M. Demarolle, Vivre en Lorraine gallo-romaine, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1986, p. 149
430 V. Caspar, Les monuments romains de l’îlot Saint-Jacques (Metz), étude épigraphique, Mémoire de Maîtrise
dirigé par Mme J.-M. Demarolle à l’Université de Metz, 1999-2000, p. 14-15.
431 M. Dondin Payre et M. Th. Raepsaet-Charlier, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Em-
pire, Ouv. Cit., p. 9.
400
et la tunique. Le nez et la bouche sont détériorés. Seule la face principale sculptée en moyen
(corps du personnage) et haut relief (tête) comporte une inscription. La stèle est recouverte
d’abondantes traces noires.
401
Champ épigraphique : Ht 10 cm. lg 60,5 cm.
Gallia, 1976, p. 365, fig. 134O; AnnEpigr., 1976, n° 481; Burnand 1990, p. 130; Lutz 1991, p. 168 O; Ormasti
1992, p. 95, n° 41, pl. XLII; Ormasti 1995, p. 122 n°57, pl. LIX; Freigang 1997, MED 173; Caspar 2000, p. 91-92,
pl. LIX-LX; Demarolle 2003; C.A.G 2005 p. 187.
DM
C AGISILLIO CARATO
Les caractères sont en capitales carrées peu profondes (Ill. 3.65). La seconde ligne occupe
toute la longueur. Les R ont une boucle non fermée. Les trois noms sont séparés par un espace.
R. Billoret précisait dans Gallia une interponction entre C et Agisillio. Elle est difficile à repérer
de nos jours.
Le monument est consacré à un citoyen porteur des tria nomina, au datif. Dans le gentilice
Agisillius le préfixe Age- entre peut-être dans la composition de ce nom celte au premier abord.
Il est employé dans Agillito, par exemple432 et prend le sens de « combat » ou « lutte » dérivé
de « mener » ag-.
M.-Th. Raepsaet-Charlier classe en revanche Agisillius Caratus parmi les associations entre
noms germaniques433 et surnoms latins. Selon ses recherches, il s’apparente à Asicillia et se
décline à partir d’une racine commune. Elle date la stèle entre la deuxième moitié du IIe siècle
et la première moitié du IIIe siècle. Caratus est d’origine celte issu de de Caros « aimer »434. Ce
nom se retrouve sur une autre stèle de Metz, la C.I.L XIII 11361.
402
limiter entre 150 et 250.
Le monument est incomplet. Le haut du montant droit, la partie inférieure du montant gauche,
les acrotères et le sommet du fronton sont en grande partie détruits. L’umbo de la conque, à
l’arrière-plan des personnages est brisé, face antérieure. Le front de l’homme situé à droite est
mutilé. Le coin inférieur gauche est cassé. La base a été buchée. La face postérieure n’est pas
identifiable en raison de sa position, accolée contre un mur. Une grande ascia est gravée à la
verticale sur les faces latérales droite et gauche, sur lesquelles on distingue des traces de bretture.
Le haut du manche de l’ascia représentée sur la face latérale droite est altéré par un trou. Le
monument est recouvert d’une couche noirâtre. Ce problème ajouté au trop faible éclairage
de la vitrine gène à la description et
à la lecture de l’épitaphe. La face
antérieure est sculptée en haut relief,
excepté le fronton sculpté en bas-
relief, alors que les faces latérales
sont simplement gravées.
403
démontrent un raffinement particulier. Pour créer un parallèle, des acrotères en forme de lions
sont conservés à Saint Germain en Laye (G-0010), à Cologne (Esp VIII, 6466) ou Mayence
(Esp VII, 5841). En les comparant, nous remarquons que les modèles de Mayence et de Saint-
Germain-en-Laye sont aussi simplifiés. Seuls les lions de Cologne sont assez réalistes. Selon
la courbe des corps dessinés sur ces deux monuments et les détails, ils surpassent en qualité les
autres exemples cités.
Une scène de travail est sculptée en bas-relief dans le fronton (Ill. 3.67). Deux hommes de
profil, tournés vers la droite, sont en train de s’adonner à leur occupation respective. Nous les
apercevons en pleine action. Ils portent une tunique courte, les manches retroussées pour des
raisons de commodité. Il s’agit de se mettre à l’aise. Ils portent des cheveux courts. Les oreilles
sont dégagées. Leur nez est droit et le menton proéminent. Chacun effectue une tâche différente.
Les deux hommes sont concentrés, le corps penché vers l’avant. Les jambes sont fléchies.
Toutefois l’homme de droite paraît en déséquilibre car son pied droit n’est pas posé à plat sur le
sol. Sa posture est irréaliste. L’homme à gauche rabote une poutre avec une varlope tenue entre
ses deux mains. Elle prend une forme de trapèze allongé. Bien que petites, elles sont détaillées
par la représentation des phalanges. Les doigts sont refermés sur l’outil. Le second personnage
utilise une ascia tenue à l’oblique dans sa main droite. Puisqu’il amincit un chevron relevé à la
verticale, il est moins courbé que son compagnon.
Nous pouvons nous interroger sur leur identité. Sont-ils des ouvriers ou l’un des protagonistes
de la scène principale est-il parmi eux ? Si l’on suit le raisonnement de J.-C. Béal, leur position
inconfortable les plasse dans le giron des employés exposés en faire-valoir et non parmi les
personnages principaux. Leur réalisation picturale et leur costume simple semblent abonder dans
ce sens. Une longue poutre, ou planche rectangulaire, est posée sur des tréteaux. Concernant le
traitement de la sculpture, le pied du premier plan est représenté en relief plus marqué. Le pied
arrière, décalé, l’est moins. L’épaisseur de la pierre sert à jouer sur la profondeur. Dans chaque
coin, gauche et droit, un objet est posé au sol. Celui de droite ressemble à un panier ou à une
boîte à outils. Il a un socle incisé et une anse. L’objet en bas à gauche est identifié comme une
scie à dos.
L’inscription, gravée en gros caractères sur le linteau, sert de séparation d’avec la scène
404
principale.
436 Y. Freigang, Les stèles funéraires de Metz, îlot Saint-Jacques, Art. Cit., p. 125.
437 Ibid, p. 125.
405
ainsi que sur un relief d’un pilier de Neumagen dit du « négociant »438, quoique sa réalisation
soit antérieure puisqu’il est daté de 175 après notre ère. L’arcade sourcilière est tombante.
Le globe oculaire ressort de l’orbite sombre. La bouche est précisée par un trait, les lèvres
pincées. Le menton est en avant. Son cou est long et fin. Elle porte une tunique longue, ras le
cou, à frange et un manteau court. Les plis sont nombreux et profonds. Le coude est marqué.
Avec son bras droit, replié en équerre, elle fait le geste de prendre dans sa main un objet ou de
le donner à son compagnon. Il s’agit d’une énorme bourse remplie de pièces. Elle tient le sac
fermé par le col. Ses doigts, séparés, sont longs et effilés. Elle passe son bras gauche autour de
l’épaule de l’homme de droite. Sa main est posée dessus, les doigts écartés. Cela démontre une
certaine proximité et une interaction. Les pieds sont manquants. D’autres stèles montrent des
personnages bénéficiaires d’une bourse dans l’iconographie gallo-romaine ou romaine. Elles
sont généralement représentées pleines avec des formes molles. C’est un attribut classique,
essentiellement masculin, idéal pour montrer sa réussite sociale et financière, ce qui favorise
l’hypothèse qu’elle lui tend le sac plutôt que le contraire. La stèle d’Épinal Esp VI 4870 dépeint
une gestuelle identique, excepté que le personnage masculin porte le pécule dans l’autre sens.
L’homme représenté sur la droite est tourné en direction de la femme. Il la regarde dans
les yeux. Son visage meurtri est difficile à décrire. Il ressemble toutefois étrangement à son
homologue de gauche. Nous aurions pu nous demander si ce n’était pas le même homme ou du
moins un parent proche. Il porte des cheveux frisés à mèches courtes. Son oreille est dégagée. Il
a des yeux en amande. La lèvre inférieure est ourlée. Il a un menton court caché par sa barbe et
sa moustache. Il est vêtu d’une tunique ras le cou et d’un manteau à capuche au col en V avec
une paenula porté sur l’épaule. Les nombreux plis serrés sont arrondis et agencés de manière
complexe. Le modelé de la jambe gauche est marqué par le pli du genou. Son bras droit est
caché par le corps de la femme. Il place la main sous le sac qui lui est tendu. Du bras gauche,
il maintient contre sa taille un objet méconnaissable en raison de l’état de la stèle, mais dont la
forme générale nous permet de l’identifier sans hésitation comme un outil muni d’un manche.
Concernant la tête des hommes, Y. Freigang propose une comparaison avec la « scène de
l’école »439. Il existe des similitudes avec le modelé du visage et le traitement des différentes
parties, yeux, bouche, nez. Le bloc est daté de 180 après notre ère.
Une interprétation, reprise par V. Caspar, identifie la femme comme la belle-fille du défunt.
D’après ses informations, dont la source n’est nullement citée, la femme entre deux hommes
est souvent la bru. Or, après avoir effectué quelques recherches, nous avons pu déterminer que
la relation entre les personnages est rarement abordée. Sur une stèle des Vosges, entre autres, la
femme est au milieu alors qu’elle est probablement accompagnée de son fils et de son mari (Esp
VI, 4808). La gestuelle de notre monument, par contre, tendrait à relier la femme au personnage
de droite.
Enfin, cette stèle monumentale est semblable à la stèle 75.38.60 issue du même site de
découverte. Tel que le montrait déjà J.-N. Castorio en les faisant figurer côte à côte, la posture
des trois personnages, la position des mains, leurs visages, leurs chevelures, le traité du plissé,
tout concorde à conclure à la copie d’un même modèle. L’inscription stipule un citoyen parmi
les défunts. Or les tria nomina se raréfient à partir du milieu du IIe siècle.
La face latérale gauche est gravée d’une grande ascia dont la tête est au niveau de l’inscription.
Elle est reproduite sur l’autre face selon des proportions différentes.
Cette stèle comporte en tout quatre ascias. Deux sont en rapport avec l’activité du défunt.
Les deux autres sont probablement symboliques du fait de leur emplacement sur les côtés. De
plus elles sont simplement gravées et sans contexte.
406
Champ épigraphique : Ht. 28 cm. lg 95 cm.
Ht lettres : ligne 1 : D 6 cm, M 4,7 cm, ligne 2 : entre 4,9 et 5,5 cm, ligne 3 : 5 cm, ligne 4 : 3,5 cm.
AnnEpigr. 1983, n° 707 ; Pannoux 1983, p. 114, n° 78, pl. 78, coll.1983, p. 44 ; Burnand 1990, p. 65 ; Ormasti
1992, p. 129 n° 56, pl. LVII ; Ormasti 1995, p. 153, n° 74, pl. LXXVI ; Freigang 1997, Med 197 ; Caspar 2000, p.
69-71, pl. XLI-XLII ; AnnEpigr. 2001, n° 1416 ; C.A.G 2005, p. 196 n° 72.
DM
BELATVLLVS*COSSI
MARVLLINABELLOSBELLAT
VLL[.]
L’inscription a été réalisée à l’aide de lignes de guidage. Elle est de belle facture et régulière
(Ill. 3.69). Une interponction en forme de point sépare Balatullus de Cossi.
Les trois personnages représentés sur le monument sont identifiés. Le défunt se nomme
Belatullus. Il porte un nom unique apanage des pérégrins, au nominatif. Sa filiation est indiquée.
Il est le fils de Cossus. Cossus est un nom d’origine latine courant, comme le gentilice dérivé
Cossius, présent chez les citoyens lingons.
Belatullus est d’origine celtique selon G. Weisgerber. Le suffixe –ullus aussi bien en latin
qu’en gaulois forme un diminutif. Bellus est traduit par « joli » ou « mignon » par ses soins.
Cette origine est critiquable car X. Delamarre note que la racine Belatu-, commune a de
nombreux noms de personnes, est une traduction mal assurée. Ce serait peut-être « le fait de
mourir ». Soit une traduction totalement à l’opposé de « mignon ». Une Belatulla est déjà
mentionnée à Divodurum.
Les dédicants sont Bellos, le fils de Belatullus et Marullina, douteusement interprétée comme
sa belle-fille d’après l’iconographie. Dans cette configuration, le père et le fils sont tous deux
des artisans du bois. Métier attesté par la présence d’outils correspondants. Bellos est compris
comme un nom gaulois issu de Bello-. V. Caspar soulevait la terminaison en –os au lieu de la
latinisation en –us. Elle hésitait à la considérer comme gauloise. Or, -os est la terminaison du
nominatif singulier gaulois. Le nom du fils est indiqué de la même manière que celui du père.
Un nom au nominatif suivi d’un génitif. Bello-, est attesté dans les compositions de noms fré-
quents. Il est bel et bien gaulois et signifie « fort » ou « puissant ». Après avoir rassemblé ces
informations, nous pouvons rejeter la théorie avancée par V. Caspar, d’après G. Weisgerber,
selon laquelle Bellos et Belatullus proviendraient du même mot et de la même racine. Ce sont
deux termes différents, en réalité.
Marullina, la femme, porte aussi un nom unique. Marullina figure sur deux autres stèles issues
de l’îlot Saint-Jacques. C’est le féminin de Marullus, un nom latin d’assonance ou deckname,
407
une catégorie dont le nom a été inventé par J.-B. Keune. Les travaux précédents montraient une
hésitation entre nom celte dérivé de maros, « grand » et nom latin. Les avancées en matière de
recherche nous permettent aujourd’hui de reconnaître un nom d’apparence latine qui recouvre
un nom indigène.
La formule D.M. abrégée, les noms uniques et la présence d’asciae sur les faces latérales
favorisent une datation comprise entre la seconde moitié du IIe siècle et la première moitié
du IIIe siècle, date à laquelle le nom unique disparaît totalement des épitaphes. La datation
iconographique abonde dans ce sens, même si la coupe de la femme est peut-être plus tardive
que le pressentait Y. Freigang. Il est même possible d’affiner notre datation vers la fin du IIe
siècle, début du IIIe siècle, ce que semble confirmer la stèle comparative de l’îlot Saint-Jacques,
potentiellement antérieure à celle-ci.
La stèle funéraire est incomplète. Elle est couronnée d’un fronton à double pente retaillé.
Le fronton a été buché sur la moitié droite. L’autre pan garde encore des traces de gradine. Les
408
faces latérales comportent aussi des traces de gradine. La face arrière, encastrée dans le mur,
n’est pas descriptible. Seule la face principale est sculptée. La finition à la ripe ou au rifloir
est visible autour des personnages. Ils sont sculptés en bas-relief. Les personnages, comme
l’inscription sur le tympan sans encadrement défini, sont très noircis ce qui occasionne une gêne
importante à la description et à la lecture.
Deux personnages sont représentés debout de face dans une niche à fond plat, de forme
rectangulaire, sans décoration. Ce type de représentation a pour but d’inclure, ou de faire
participer le passant à la scène440. Les angles supérieurs sont arrondis. Dans cette scène, une
enfant tend la main vers un homme (Ill. 3.70). Ils ont le visage tourné l’un vers l’autre. La fille,
à gauche, a des cheveux attachés en chignon et remontés sur la nuque. Son visage, tourné de
trois quarts, est difficile à cerner à cause de l’usure. D’après sa forme générale, il est longiligne.
La bouche est ourlée de deux lèvres épaisses. Elle porte autour du cou un collier ou un pendentif
protecteur de type bulla de forme arrondie au relief marqué. Nous pouvons nous interroger sur
sa fonction. Est-ce un simple bijou décoratif ou un symbole apotropaïque ? Par association
avec d’autres représentations, l’amulette, très répandue chez les enfants des deux sexes n’est
pas à écarter. Cependant, il est intéressant de préciser que la bulla, d’origine Étrusque, est
au départ uniquement portée par des garçons nés libres parmi l’élite. Ils sont un symbole de
prouesse et de virilité. Un exemple illustre parfaitement notre propos, la statue de bronze d’un
garçon datée du Ier siècle avant notre ère appartenant au Louvre (MNB br. 17). La bulla est un
pendentif confectionné à partir de deux disques de métal creux. La forme de bulle obtenue a
donné son appellation à l’objet. Or, notre médaillon est ressemblant. La fillette est vêtue d’une
longue tunique à manches longues et amples. Le bras droit est replié sous la poitrine. Elle tient
dans sa main droite un objet rond indéterminé au bout d’une tige, éventuellement un hochet.
Sa main gauche dont on voit les lignes à l’intérieur de la paume est tendue vers un homme.
Ses doigts sont disproportionnés, mais son bras, par contre, est trop court. Les plis plats de ses
vêtements tombent à la verticale. Un bourrelet aux chevilles dénote des chaussettes roulées sous
des bottines. Le canon employé est de 5,2. Il est correct pour un enfant.
L’homme, au contraire, sculpté selon un canon de 5,4, est en dessous des proportions réelles.
Il porte des cheveux courts frisés, la barbe et la moustache. Les arcades sourcilières se rejoignent
au-dessus du nez. Ses yeux sont en amande. La bouche est incisée et les lèvres sont modelées.
Il porte par-dessus sa tunique courte, un manteau à encolure en V. Ses vêtements sont amples.
Les plis sont obliques en haut, perpendiculaires à partir de la taille. Ses bras sont repliés. Sa
main gauche est ramenée sur la hanche. Les doigts sont séparés par des incisions. Il tend la
main droite à la fillette. Les mollets sont coniques. Sa jambe gauche est en retrait. Il donne
l’impression d’esquisser un mouvement.
Sur cette stèle, il apparaît de manière évidente que l’accent est mis sur la gestuelle et la
relation entre les deux protagonistes. En guise de preuve, les mains sont représentées au centre
de la composition, espacées du reste. Ce type de représentation mettant en scène un enfant
et un adulte en interaction est souvent employé afin de montrer l’aspect affectif familial des
gallo-romains. En effet, les sentiments de tendresse et le pathos sont mis de côté lorsque seuls
des adultes sont sculptés. Cette stèle peut être mise en parallèle avec la stèle n° 75.38.58 sur
laquelle une femme tend la main vers son fils. Ce genre d’exemple, bien que symbolique, bat
en brèche l’idée d’un détachement des adultes envers les enfants jusqu’à un âge avancé en
raison de leur faible espérance de survie. D’après une analyse iconographique de G. Coulon,
la stèle représente un père et son enfant. Or, l’épitaphe, laisse entrevoir la possibilité d’une
représentation du grand-père ou de l’oncle.
440 Y. Burnand, Histoire de la Lorraine. Les temps anciens, tome 2, Ouv. Cit., p. 115.
409
Champ épigraphique conservé : 1.5 cm. lg 63 cm.
Ormasti, 1992, p. 99 n° 43, pl. XLIV ; Ormasti 1995, p. 128, n° 61, pl. XIII ; Freigang 1997, Med 196 ; Caspar
2000, p. 58-60, pl. XXXIII-XXXIV ; C.A.G 2005, p. 195 n° 66.
Sur cette inscription, les caractères sont assez resserrés. Le lapicide s’est aidé de lignes de
guidage. Les terminaisons des lettres sont développées (Ill. 3.71).
L’épitaphe rencontre un problème majeur de lecture. Aucun des relevés récoltés de la
première ligne n’est satisfaisant, y compris celui réalisé en lumière rasante. Cependant, il fait
tout de même ressortir un nexus des lettres TE. La transcription proposée par la C.A.G paraît
l’une des plus probantes puisqu’elle apporte du sens. De plus, elle ressemble à ce que nous
avons cru deviner après avoir tenté plusieurs lectures.
Nous pouvons malgré tout nous focaliser sur les informations disponibles certaines. L’enfant
défunte se nomme Afra. Elle porte un nom unique issu d’un lieu géographique. Nous savons
qu’il s’agit d’une fille. Le mot Nepte est polysémique et nous pousse à plus de prudence car
l’épitaphe est incomplète. Nepos est aussi bien un cognomen que le neveu ou le petit fils. Cela
dit, Nepte devrait plutôt se rattacher à neptae, adoptant une graphie en E au lieu de AE. Nepta
identique à neptis serait la petite-fille ou la nièce, ce qui en somme serait plus logique. Toutefois
Siumuila serait un hapax. Au mieux, au niveau régional, il se rapproche de Similia, un nom
trévire féminin. Si l’on étend plus loin notre champ de recherche, un Siumus est répertorié en
410
Lucanie. Le dédicant de cette stèle est le fils ou la fille.
Le traitement des visages assez lourds favorise une datation du début du IIIe siècle. La
graphie E pour les lettres AE date de la fin du IIe siècle. Une datation relative comprise entre ces
deux bornes chronologiques semble raisonnable.
411
Au sommet de cette stèle funéraire, on devine par extrapolation la présence d’un second
acrotère et d’un fronton de forme triangulaire. Sur la face antérieure, deux personnages sont
représentés en pied, selon une représentation classique du couple (Ill. 3.72). Ils se tiennent
debout, de face, dans une niche à double arcature à fond plat. Il n’y a aucun décor d’arrière-plan.
La femme est située à droite de l’homme. La sculpture est traitée de manière anguleuse mais les
détails restitués sont d’une extrême finesse et d’une grande précision. Le visage de la femme, de
forme ovale, est tourné de trois quarts vers son époux. Elle a un menton en pointe. Ses cheveux
ondulés sont séparés en deux par une raie médiane. Ils sont tirés en arrière et attachés en gros
chignon au bas du cou. Cette coiffure est décrite précisément par J.-J. Hatt441. Elle correspond
aux coupes adoptées à partir du IIe siècles selon la mode de Faustina Minor ou de Lucille. Y.
Freigang hésite avec une natte442. La chevelure recouvre la moitié des oreilles. Les cavités
sourcilières sont marquées et les paupières sont saillantes. Elle a des yeux globuleux en amande.
Son nez droit est détaillé car de fines narines sont représentées. La lèvre inférieure est modelée.
Son cou est allongé. Elle est drapée dans un vêtement qui lui arrive jusqu’aux chevilles, ouvert.
Il laisse apparaître sa jambe droite, légèrement fléchie vers l’extérieur. Le genou, arrondi, est
dessiné. Elle porte par-dessus une sorte de châle ou une étole locale à col carré, en forme de
triangle. Elle se termine en pointe au niveau du haut des cuisses du personnage. Les manches
sont longues et amples. De la main gauche, elle semble tenir une boîte rectangulaire, sans doute
un coffret, les doigts resserrés. Son bras droit est replié en direction du plexus. La main, au
poignet légèrement cassé tient une mappa disproportionnée. L’auriculaire est tendu. Le canon
est de 7,7. Les proportions du personnage sont trop allongées. Néanmoins, la description de la
femme laisse entrevoir l’œuvre d’un sculpteur maîtrisant les subtilités de la sculpture.
L’homme debout à la tête légèrement tournée vers sa femme, mais il ne la regarde pas.
La position de son bras droit s’apparente à celle de sa conjointe, détail qui saute d’emblée
aux yeux. Son visage est carré. Il a une mâchoire saillante et des joues creusées. Les arcades
sourcilières anguleuses surplombent les trous évidés des yeux et se traduit par un effet d’ombre.
Ses cheveux sont coupés court. Il porte une barbe et une fine moustache. Les oreilles sont
traitées avec précision puisque le lobe et le pavillon sont représentés. Son cou ressemble à
celui de son épouse. Il porte une tunique à franges s’arrêtant aux genoux et recouverte par un
manteau de type paenula locale, replié sur l’épaule, avec une encolure en V et une capuche. Il
maintient l’autre pan du manteau entre ses mains Ses manches sont longues et amples. L’objet
dans sa main gauche est un sac à tablettes (codex ansatus) tenu par une lanière. Il fait partie des
attributs courants dans les représentations masculines443 et dénote un certain niveau social. Sur
la plupart des modèles, il est tantôt à gauche, tantôt à droite, sans place réellement déterminée.
Trois doigts repliés maintiennent la lanière. L’auriculaire est tendu. Le pouce sert à tenir le
vêtement. La main droite, entrouverte, est posée sur la pénule. Le drapé, aux plis verticaux,
est plus arrondi. Ses jambes sont coniques. Il a les pieds écartés. Au-dessus de la niche une
inscription mutilée reste en partie indéchiffrable.
Ht lettres : lignes 1 et 2 : 4.5 cm, ligne 3 : 4.7 cm, ligne 4 : 4.1 cm.
AnnEpigr. 1976, n° 476 ; Gallia 1976, p. 364, fig.13A ; Lutz 1991, p. 167A; Ormasti 1992, p. 119, n° 52, pl. LIII ;
Schildknecht 1994, p. 19 n° 9, pl. LXXI ; Ormasti 1995, p. 143 n° 69, pl. LXXI ; Freigang 1997, Med 180 ; Caspar,
2000, p. 78-80, pl. XLVII-XLVIII ; C.A.G 2005, 57-02 p. 185 n° 1.
441 J.-J. Hatt, La tombe gallo-romaine suivi de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes, Ouv.
Cit., p. 12.
442 Y. Freigang, “Die Grabmâler der Gallo-rômischen Kultur im Moselland, Studien zur Selbstdarstellung einer
Gesellschaft”, JRGZM, 44/1, 1997, p. 425.
443 B. Rémy et N. Mathieu, Les femmes en Gaule romaine, Ouv. Cit., p. 24.
412
Ill. 3.73 Inscription 028
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole, détail
— | [.]V[.] INIO
[..]NDATO* D(.)F(….)*ET
[.]OPPILLAE*CONIVGI
VP
413
semble donc que cette racine y soit particulièrement appréciée au cours de la seconde moitié du
IIe siècle, jusqu’au IIIe siècle. Poppilla est l’épouse du premier personnage. Ils ont fait élever le
monument de leur vivant, sans doute par anticipation.
Sur la face latérale droite, en majeure partie détruite, ne reste que la partie inférieure d’un
personnage dans une niche. Seules ses jambes demeurent ainsi qu’un bâton tenu dans sa main
droite. D’après les observations d’Y. Freigang ce serait peut-être un satyre (Ill. 3.74) muni d’un
pedum.
V. Caspar propose une datation du IIe ou IIIe siècle pour la stèle en raison de l’utilisation du
446 V. Caspar, Les monuments funéraires de l’îlot Saint Jacques, étude épigraphique, Ouv. Cit, p. 78 .
414
datif. Selon J.-J. Hatt, la mode du chignon attaché en bas de la nuque dure jusqu’au début du IIIe
siècle447. Aucune indication ne précise la fin de cette mode à Metz. Le nom unique de la femme
semble confirmer une datation avant 250. Selon M.-R. Ormasti, l’allongement des silhouettes,
les coiffures des personnages aux traits fins et le drapé sont caractéristiques de la seconde moitié
du IIe siècle. Notre propre analyse des coiffures issues de la famille impériale va dans ce sens,
en élargissant la période d’utilisation. Par conséquent, la datation relative à retenir serait de la
seconde partie du IIe siècle à la première partie du IIIe siècle.
La stèle est incomplète. Le sommet du fronton a été brisé. La partie inférieure est creusée
de manière légèrement concave et bouchée par une couche de ciment. Les deux faces latérales
ont été lissées mais la face droite porte encore quelques traces de gradine. Les deux pentes du
fronton ont été travaillées de même. La face arrière, dans une niche fermée par une vitrine du
Centre Saint-Jacques, n’est pas visible. Seule la face principale présente un décor sculpté en
relief peu profond. La stèle se divise en trois registres. Le fronton, le bandeau d’inscription et la
partie inférieure avec motif (Ill. 3.76).
447 J.-J. Hatt, La tombe Gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes,
Ouv. Cit., p. 12.
415
gravure peu profonde de la stèle renvoient plutôt étonnamment aux découvertes du secteur sud
du Sablon. Toutefois, la facture des décors avec ses nervures reste de meilleure qualité.
Ormasti, 1992, p. 147 n° 66, pl. LXVII ; Freigang, 1997, Med 203 ; Caspar, 1999-2000, p. 23-24, pl. XII ;
Demarolle, 2003 ; C.A.G, 2005, 57-2, p. 193.
DM
L MATERNIO
BELLATORI
L’inscription a été réalisée à l’aide de lignes de guidage à peine visibles (Ill. 3.77). Les
caractères carrés sont de belle facture. Le R a une patte souple et allongée. Les terminaisons
sont développées. En revanche, les lettres ne sont malgré tout pas droites et les espaces sont
irréguliers. Aucune interponction ne décore l’épitaphe. L’inscription est relativement succincte.
Le monument est dédié à un certain Lucius Maternius Bellator. L’homme est porteur des tria
nomina et par conséquent il bénéficie du statut de citoyen. Cela dit, Bellatori pourrait représenter
la filiation. Lucius est un praenomen courant à Divodurum. Le gentilice Maternius provient de
Maternus. Il est interprété comme un gentilice latin patronymique et de formation patronymique
par M.-Th. Raepsaet-Charlier448. V. Caspar considère Bellator comme un cognomina par
comparaison car il est employé à cinq reprises, tel quel, dans les trois Gaules. Par exemple
sur une stèle figurative conservée au Musée de Sens (Esp IV, 2769). Selon L. Weisgerber449,
il est d’origine celte issu de Bellatoris signifiant « guerrier ». La provenance du nom n’est
pas à remettre en question selon les connaissances actuelles. Toutefois, le Dictionnaire de la
448 M. Dondin-Payre et M. Th. Raepsaet-Charlier, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Em-
pire, p. 362.
449 L. Weisgerber, Die Namen der Ubier, Ouv. Cit., p. 184.
416
langue gauloise ouvre d’autres possibilités. Il répertorie la racine belatu-450, au sens incertain,
qui entre en composition dans un certain nombre de noms de personnes. Elle aurait un lien avec
« le fait de mourir », la souffrance ou la mort. Bellatorix en est un dérivé. Dans ce cas, le sens
serait totalement différent de « guerrier ». Par ailleurs, X. Delamarre rejette la probabilité d’une
variante de Bello- ou Belo- pour les composés en belatu-. Cette nouvelle interprétation, plus
récente, paraît très vraisemblable. D’autant plus que Bellatorix et le supposé Bellatoris sont des
évolutions d’un nom identique romanisé.
V. Caspar proposait avec précaution le IIe siècle comme datation de la stèle selon la formule
épigraphique451. Si l’on prend en compte l’abréviation D.M. suivie du datif, la première moitié
du siècle serait plus probable. Qui plus est, l’usage des tria nomina tend à disparaître vers le
milieu du IIe siècle. Un bémol : l’ensemble des découvertes réalisées à l’îlot Saint-Jacques est
évalué entre la seconde moitié du IIe siècle et la première moitié du IIIe siècle.
La stèle est complète. Divisée en deux parties complémentaires, elle a fait l’objet d’une
restauration à Nancy en 1974. Un éclat de pierre situé au milieu de la face principale est tombé.
Quelques impacts sont notables. L’inscription a quasiment disparu. Les faces latérales sont
grossièrement taillées. Celle de gauche présente des stries verticales. La face arrière n’est pas
visible car la stèle est placée contre un mur de la salle. Un décor est sculpté en relief peu
Ill. 3.78 Stèle à sommet pyramidal de Cridianto, face antérieure et faces latérales 030
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
417
profond sur la face antérieure (Ill. 3.78).
Cette stèle, relativement massive, est de base rectangulaire, à sommet pyramidal. Elle se
divise en trois parties : la toiture, l’épitaphe contenue dans un cadre du registre supérieur et le
motif sur le registre inférieur. Le monument est de taille imposante en comparaison des autres
stèles de la Horgne-au-Sablon. Le toit à quatre pans est décoré de feuilles imbriquées. Pour P.-M.
Duval il s’agissait peut-être d’un modèle de tuiles ayant réellement existé dans la construction
de maisons, découpée dans du bois452 et recopiée dans le domaine funéraire. Cependant, aucun
exemple de toiture antique correspondant n’a été retrouvé. De manière générale, ce type de
décoration est emprunté aux grands monuments453. La toiture, de forme convexe, est couronnée
d’un ovoïde tronqué et sans décoration, sculpté sur un socle rectangulaire mouluré. Deux
pulvini aux extrémités arrondies sont situés de part et d’autre de la toiture. Soit une variante.
Une comparaison est envisageable avec des monuments tels que le pilier d’un militaire du Ier
siècle de Cologne (n° 592)454 ou un pilier de Trèves daté de 130-140 de notre ère (n° 734)455. Si
la forme de la toiture est identique, le monument de Metz, en revanche, est constitué de formes
géométriques simples. La pomme de pin est élargie.
Deux lignes parallèles incisées horizontales séparent le fronton de l’épitaphe. Celle-ci est
contenue dans un cadre creusé en faible profondeur. À chaque extrémité est représenté un motif
architectural de colonnes. Deux autres lignes servent de séparation entre la dédicace et le motif
du bas. Ce sont des arcs doubles à sommet cintré, soutenus par des piliers. Ils se situent entre
deux colonnes divisées en trois parties par des lignes verticales incisées. Deux arcs sont soutenus
par deux piliers de taille inférieure aux premiers et formés par une archivolte à trois fasces.
E. Linckenheld imaginait une sépulture double avec un développement de la porte hérité des
« stèles maisons », sujet discutable. Plus concrètement, un motif similaire se retrouve sur une
stèle de Langres (Esp IV 3302), dédiée à un esclave municipal. Celle-ci, de section rectangulaire
à fronton triangulaire simple est plus schématique et laisse une impression de creusement sur
une fine surface inachevée. Travaillées davantage en hauteur, les doubles arcades soutiennent
l’inscription gravée dans un bandeau inclus dans le même rectangle. Le motif est matérialisé
par une bande plane, sans les piliers extérieurs.
Chronologiquement, la stèle à sommet pyramidal arrive plus tardivement que la stèle à
fronton triangulaire ou à sommet cintré456.
Espérandieu V (1913), 4395 ; C.I.L XIII (1899-1916), 4367 ; Schlémaire 1972, H7 ; Freigang 1997, Med 238.
DM
CRIDIANTO
CVERECVNDI
FILIAE
418
Ill. 3.79 Inscription 030
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole, détail
La dédicace est en capitales carrées (Ill.3.79). Une interponction notée par R. Schlémaire a
aujourd’hui disparu. Afin de dissiper les doutes concernant la lecture de cette inscription, nous
avons requis une photographie en lumière rasante. Elle révèle bel et bien un T et un O écrasés en
fin de deuxième ligne. La facture des lettres, leur profondeur, nous laissent croire qu’il ne s’agit
pas d’un rajout ultérieur. Cela rend cette inscription d’autant plus singulière.
La défunte porterait, le cas échéant, un idionyme au datif féminin en -O. Or, le datif en
O n’existe théoriquement pas. D’après J. Whatmough, celui-ci, propre au genre féminin, est
limité aux Trévires et aux Médiomatriques. Il a pour parallèle le datif en -a et provient d’un
thème en -on (génitif -onis). Parmi les causes possibles sont évoquées des désinences attribuées
aux substrats celtiques ou germaniques. Il s’agirait donc d’une variante locale et limitée. X.
Delamarre a repris son travail en 2004, afin d’y ajouter un index457 et quelques préconisations
d’utilisation. La présence du O, après vérification sur le monument n’est pas à mettre en
doute458. Cridianto est un nom d’origine celte construit à partir de cridio, le coeur459. Si l’on
se réfère à cette dédicace, elle est seule dans la tombe. Cette précision bat en brèche la théorie
de sépulture double initiée par E. Linckenheld. Le dédicant, quant à lui porte des duo nomina
au génitif. Caius Verecundus ou Verecundius sont d’apparence latinisée et correspondent au
schéma romain. Cela signifie qu’il a privilégié un retour aux racines indigènes pour sa fille.
L’abréviation de la dédicace aux dieux mânes et le nom unique placent cette stèle aux
alentours du IIe siècle, jusqu’à la seconde moitié du IIIe siècle, date limite de l’application de la
loi de 212 dite de Caracalla. Le datif favorise la première moitié du IIe siècle.
457 X. Delamarre stipule entre autres de se méfier de ses transcriptions restituées au nominatif. Il préconise un
contrôle des sources primaires par la base de données internet du Pr. Manfred Clauss. Nous avons donc opéré
cette vérification.
458 J. Whatmough, The dialects of ancient Gaul, Ouv. Cit., p. 734.
459 Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Ouv. Cit., p. 107.
419
031. METZ (MOSELLE). STÈLE AVEC DRAPERIE
420
un modèle précis d’attelage nommé le couinnus. Ce terme d’étymologie celtique est employé
pour un véhicule muni d’une seule banquette, sans estrade461. Le mouvement de son bras droit
fléchi fait penser qu’il tient une baguette ou un fouet plutôt que les rênes. Ni les plis de la tunique
ni la musculature de l’animal ne sont détaillés. Concernant une interprétation de cette scène,
sans doute le commerçant a-t-il voulu montrer son succès dans les affaires en suggérant des
transports de marchandises au loin. Ces scènes sont fréquentes dans l’iconographie funéraire.
Nul besoin d’en rechercher dans des cités éloignées puisqu’elles sont récurrentes à Metz
(75.38.66 ou 75.38.34) mais aussi à Arlon (IAL GR/S 045).
421
Ht lettres 6 cm.
Pannoux 1983, p. 100, pl.70, n° 70 ; AnnEpigr. 1983, n° 712 ; Nerzic 1989, p. 125 ; Ormasti 1992, p. 25 n° 9, pl.
XI ; Roche-Bernard et Ferdière 1993, p. 20-31 ; Ormasti 1995, p. 47, n° 15, pl. XVII ; Freigang 1997, Med 167
; Demarolle 1997 ; Caspar 2000, p. 72-73, pl. XLIII-XLIV ; AnnEpigr.1999, n° 1089 ; C.A.G 2005, p. 197 n° 73
; Dis Manibus 2010, p. 138 ; Atlas historique de Metz 2013, p. 68 ; Dossiers d’archéologie n° 3 69, 2015, p. 14.
DM
G GENIALIO IVLLINO
IVLLINIUS EX<.>VPERATOR
PC
Le monument a été dédié à un certain A Gaius Genialius Iulinus par Iullinius Exuperator.
D’emblée il semble que le nom du dédicant soit un dérivé de celui du défunt. Il est
vraisemblablement son fils. Le premier est un citoyen bénéficiaire des tria nomina au datif. Le
second a deux noms mais son statut doit être similaire puisqu’il bénéficie de celui de son père.
Gaius fait partie de la courte liste des prénoms connus. Genialius est peu employé en Gaule.
Ce gentilice est présent en Germanie supérieure (C.I.L XIII 7371). Il est certainement issu de
l’adjectif latin genialis qui signifie « relatif à la naissance ». À Metz, un Lucretius Genialis est
répertorié à la Horgne au Sablon (C.I.L XIII 4376). L. Weisgerber entrevoit le surnom Iulinus
comme celtique, dérivé de Iulius462. D’après R. Schlémaire, il s’agit davantage d’un surnom
formé sur le nom latin. Iulinus existe déjà à la Lunette d’Arçon et à la Horgne au Sablon. Le
gentilice Iulinius est construit sur le cognomen. Exuperator, au sens de « vainqueur » est rare.
La syncope de la consonne S est soit une faute du lapicide, soit une variante. V. Caspar concluait
à une abréviation voulue mais rien ne dit que tel était le cas.
Dans la partie supérieure de la face latérale droite, une grande ascia est gravée en oblique,
tête vers le bas (Ill. 3.83). Elle s’achève dans une partie grossièrement taillée du monument.
Un bandeau lissé sert de séparation avec le registre inférieur. Cependant, rien n’est inscrit
à l’intérieur. Dans une profonde niche trapézoïdale quelconque à sommet cintré surbaissé
sont représentés deux personnages en action. Ils sont encadrés par des fûts décorés de frises
462 L. Weisgerber, “Die sprachliche Schichtung der Mediomatrikernamen”, In : Rhenania Germano-celtica,
Bonn, 1969, p. 226.
422
végétales identiques à celles de la face
principale quoique les motifs du pilier
droit soient inclinés pour suivre la courbe
du monument. Habituellement, les scènes
sculptées sur les faces latérales sont en
relief peu profond. Cette stèle déroge
aux habitudes. Les deux hommes sont en
pied. Le personnage de gauche est face au
spectateur. Sa tête est brisée mais il paraît
porter une coupe courte et des cheveux
bouclés. Sa tunique courte à encolure
bateau n’est détaillée que par de larges
plis verticaux sous la taille. Il maintient le
pan d’une tunique tendu de sa main droite.
Ses doigts séparés par des incisions se
referment sur la manche du vêtement. Il
a des mollets arrondis. Les chevilles sont
marquées. Il a les pieds écartés. L’homme
de droite est représenté de trois quarts.
Lui aussi semble porter des cheveux
courts bouclés. Son cou est large. Il est
vêtu d’une tunique courte ras le cou dont
les plis adoptent la torsion du corps. Ses
mollets sont fins. Il a les pieds écartés. Sa
Ill. 3.83 Scène latérale avec tunique, 031 main droite en pince maintient la tunique
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
exposée vers le col. L’autre main est sur
l’extrémité de la manche droite. Elles sont
grossièrement taillées. Seul le pouce est démarqué. La tunique de démonstration exposée est
plane. Les plis à peine creusés lui donnent une impression de rigidité.
Il n’est nulle part précisé s’il s’agit d’un marchand de vêtements ou d’un fabricant. Par ailleurs,
les personnages peuvent être aussi bien un marchand et un client que deux collaborateurs. Selon
l’interprétation de J.-M. Demarolle, les deux personnages sont peut-être en train de s’assurer
de la qualité de l’article463. La question se pose aussi pour elle de savoir si un lien existe entre
cette scène et la scène de transport figurée sur la face antérieure. Le désir de montrer sa réussite
professionnelle nous pousse à répondre par l’affirmative. Du moins, ce serait une logique de
réponse plus pragmatique que d’imaginer une scène de voyage ultime. J.-C. Béal établit que les
producteurs de textile sont outillés de forces et ne s’occupent ni de la découpe ni de la vente de
tissus464. Le cas échéant, la production pourrait être éliminée du champ des possibilités.
La face latérale gauche est décorée de deux piliers aux frises de feuilles bilobées, comme
les deux autres faces sculptées. Dans une profonde niche trapézoïdale quelconque à sommet
cintré surbaissé, un homme est représenté en pied, de profil, marchant vers la droite (Ill. 3.84).
Il est sur un piédestal ou une estrade. Sa tête est particulièrement abimée, mais la silhouette
du personnage suggère la récurrence de l’un des protagonistes vus sur les autres scènes. Il
est vêtu d’une tunique courte à col bateau aux manche longues jusqu’aux poignets. Les plis
verticaux sont découpés et ont des gorges profondes. Sa jambe gauche est placée en avant.
463 J.-M. Demarolle, Dossiers d’archéologie, Ouv. Cit., p. 14.
464 J.-C. Béal, Dialogues d’histoire ancienne, Besançon, Presses Universitaires Franc-Comptoises, 2000, p.
151.
423
La jambe droite, en arrière, est fléchie. Le pied est
décalé vers l’extérieur. La posture paraît rigide et
irréaliste. Ses deux bras sont repliés vers la droite. Il
maintient entre ses mains une pièce de textile tendue
aux formes quelconques et aux plis plats. Une autre
pièce d’étoffe repose sur son épaule gauche. Ce type
de scène rappelle un marchand qui présente son choix
de collection à un client. Ses doigts longilignes sont
séparés par des incisions. Il a des mollets de forme
conique. Ses chaussures sont pointues.
La stèle conservée à Sens Esp IV 2768, concerne
un drapier. Divisée en deux registres, la scène
supérieure montre un tondeur en tunique courte, de
grands ciseaux entre les mains. Sa position de profil
nous indique une face latérale de monument. Dans
le registre inférieur, un foulon en pied travaille dans
une cuve. Le traitement des draperies ressemble
à la stèle de Metz mais le relief reste léger et
surtout, le personnage du haut est muni d’un outil
disproportionné absent de nos scènes : des ciseaux.
L’étape de fabrication est omise. En revanche, le bloc
du Puys (Esp II 1659) est assez similaire. Un vendeur
y étale une pièce d’étoffe pour un couple d’acheteurs
Ill. 3.84 Personnage mouvant, 031
derrière un comptoir. La figuration présumée d’une Photo L. Kieffer
bourse et la gestuelle d’un doigt pointé pour montrer
l’objet confirment une scène de vente. La proximité
des deux personnages centraux et la mise en scène de la draperie tendue font écho aux faces
latérales de notre stèle. Ce pourrait être par extension une scène de vente. À Bourges, la stèle
à demi-coupole Esp II 1519 montre le portrait d’un personnage étalant une pièce d’étoffe sans
que son métier ne soit clairement identifié.
L’usage de la formule D.M. abrégée et des tria nomina au datif situent le monument au IIe
siècle. Selon M.-R. Ormasti, le traitement du plissé découpé et l’ornementation sont plutôt
caractéristiques de la seconde moitié du siècle. Or, les tria nomina se raréfient à cette période.
V. Caspar étend la datation au milieu du IIIe siècle mais cette limitation semble trop élargie.
424
La stèle est incomplète. Trouvée brisée dans le sens oblique, les deux morceaux
complémentaires sont maintenant réunis. Le fronton ainsi qu’une partie de l’épitaphe ont été
buchés pour le remploi. Également fissurée en plusieurs endroits, elle a été cimentée et recollée.
La face principale révèle des épaufrures sur les montants gauche et droit. De multiples impacts
et des trous sont disséminés sur toute la face. Des creux carrés, percés à l’aide d’un outil
sont visibles de chaque côté de la tête de l’homme, au-dessus et à côté de la tête de l’enfant.
Une grande fissure part du bras droit de la femme, en oblique, pour se terminer aux pieds de
l’homme. Elle s’élargit au niveau du sac à tablettes tenu par l’enfant à la tête cassée. On repère
des traces de rifloir et, en bas, de gradine. Des trous de forme arrondie ont été faits par un outil
sur la tunique de la femme. Des pieds du père part une seconde fissure. Une autre se trouve au-
dessus de la tête de l’enfant. De grandes taches noires s’étalent sur les têtes des personnages et
sur la main de la femme. La face postérieure présente une taille éclatée faite par un pic. Sur la
face latérale gauche, deux fissures obliques sont observables au niveau de l’animal. En dessous,
trois taches de ciment se distinguent, dont une sur l’ascia. Sur la face latérale droite, le ciment
se voit aussi à deux endroits. Le coin inférieur arrière est cassé. En somme, la stèle tient grâce
à une restauration, ancienne, peu soignée et peu discrète. La face antérieure est sculptée en haut
relief, les faces latérales en bas-relief.
Ill. 3.85 Stèle d’une famille, à droite des détails de la face antérieure, 032
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
La forme conservée de la stèle est parallélépipédique. Dans une niche de forme rectangulaire
profonde, au fond oblique dans la partie supérieure, figurent trois personnages, en pied, de face,
légèrement tournés. Le visage des adultes est tourné de trois quarts vers le bas, en direction de
l’enfant. L’aspect général de la scène tend à une répartition en grands plans.
425
La femme est à gauche, conformément aux poncifs en vigueur (Ill. 3.85). Ses cheveux sont
disposés en travers de la raie médiane, comme le fait remarquer Y. Freigang, et sont entrecroisés
en chignon aplati, de forme ovale vers l’arrière du crâne. Cette variation d’une coupe à la mode
durant la dynastie des Sévère ne paraît que sur une monnaie : une pièce à l’effigie de Plautilla465
émise entre les années 202 à 205466. Ce serait alors un indice de début de datation. Les mèches
cachent les oreilles. Son visage est ovale. Elle a un petit front. Ses arcades sourcilières marquées
se prolongent pour former la base du nez, mais celui-ci est cassé. Les paupières dessinées laissent
découvrir des yeux en amande aux globes oculaires sculptés. Les sillons nasogéniens délimitent
ses deux lèvres ourlées épaisses. Le menton est en avant. Son cou est fin et long. Elle est vêtue
d’une tunique frangée comparable à un modèle identique retrouvé à Monthureux-sur-Saône
(Nesp, Monthureux-sur-Saône, 375) et d’un châle ou d’une écharpe au bout en pointe, sur le
devant. Les manches sont longues et amples. Les plis plats aux gorges profondes sont nombreux
et resserrés. Sa jambe droite est légèrement avancée. Le genou est fléchi. Les pieds sont tournés
vers l’extérieur. Ils sont positionnés très proches l’un de l’autre ce qui donne l’impression d’une
posture un peu irréaliste. Elle porte des chaussures pointues. Sa main gauche, placée paume
tournée vers le haut, semble présenter un coffret rectangulaire fermé grâce à un couvercle
rectangulaire délimité par une incision. Le pouce tendu aide à maintenir l’objet contre elle. Cet
attribut féminin se retrouve à maintes reprises sur les stèles découvertes à l’îlot Saint-Jacques.
Il n’est cependant pas typique de la région (Esp VI, Épinal, 4858 ; Esp , Reims, 3695 : Esp IV,
Melun, 2938). Il contient sans doute des bijoux dans le but de montrer une certaine aisance
acquise. Les doigts, simplement divisés par des lignes, sont maladroitement sculptés. La main
droite est en partie fermée. L’index et l’auriculaire sont tendus. Le bout de ses doigts effleure
ceux de l’enfant. Cette scène ressemble à une dexiosis finement représentée et réalisée de
manière touchante par le sculpteur. Cependant, une forme ronde placée entre eux suggère une
passation d’objet. Le canon est de 6. Les proportions générales sont légèrement inférieures à la
réalité. L’avant-bras droit paraît trop massif. Ces points font penser que le lapicide ne maîtrise
qu’en partie la technique de taille de la pierre. La femme et son conjoint font quasiment la
même taille. Mais ce détail est sans doute un calcul conscient pour une question de composition
homogène. Ce point récurrent met en doute le réalisme des portraits.
L’homme porte une coupe longtemps répandue composée de gros nodules modelés percés. La
frisure est exagérée. Les oreilles sont cachées. Son visage allongé est de forme rectangulaire. Le
cou est fin et ramassé, en comparaison de celui de sa femme. Son visage, abimé, est plus difficile
à décrire. Il a le front bombé et la mâchoire carrée. Les arcades sourcilières sont marquées. Le
nez est cassé. Les paupières précisent des yeux en amande dont les globes sont sculptés. Sa lèvre
inférieure est petite et épaisse, la supérieure est inexistante. Il porte une tunique, par-dessus un
autre vêtement ras le cou. Il s’agit d’une pénule à encolure en V, étonnamment sans capuche.
Elle est frangée et s’arrête aux genoux. Ses manches sont longues et amples. Une partie du
vêtement repose sur l’épaule droite et passe devant le buste du personnage. Les doigts de la
main droite sont repliés sur l’étoffe. Sa manière de retomber à gauche est totalement irréaliste.
Le drapé est rendu en semi-méplat. Il est organisé de manière schématique et un peu figé.
Une fois de plus l’avant-bras est disproportionné et carré. La main gauche se referme sur la
lanière d’un sac à tablettes rectangulaire. C’est un attribut masculin récurrent (Nesp, Épinal,
244 ; Soulosse, 964 et 974). Il nous permet de confirmer que l’enfant est un garçon. Sa jambe
465 Née autour de 185, Plautilla ou Plautille est l’épouse de l’Empereur Caracalla de 202 à 205, date de sa répu-
diation. Elle meurt assassinée par odre de celui-ci en 212.
466 Y. Freigang, « Les stèles funéraires de Metz, îlot Saint-Jacques : une nouvelle approche de la datation de la
sculpture en pays mosellan », In La sculpture d’époque romaine dans le nord, dans l’est des Gaules et dans les
régions avoisinantes, Besançon, Presses universitaires Franche-Comptoises, 2001, p. 127.
426
gauche avancée, genou plié, ferme la composition en symétrie avec la jambe droite de sa femme.
Les mollets sont de forme arrondie. Ses pieds sont écartés. Il porte des chaussures aux bouts
pointus. Le canon est également de 6. Cette description de l’homme confirme une fois de plus
une technique copiée à caractère académique partiellement maîtrisée.
L’enfant n’a plus de tête. Il est placé au milieu de la composition. Lui aussi porte une tunique
frangée arrêtée aux genoux, preuve supplémentaire qu’il s’agit d’un garçon. Son bras droit est
tendu en direction de sa mère pour prendre l’objet. Il est tourné vers la droite. Le côté sentimental
passe donc surtout par le duo mère-enfant. Il reflète un certain schéma mental que le lapicide
a voulu montrer. Sa place centrale et l’attention dont il est l’objet pourraient faire penser à tort
qu’il est le protagoniste de la scène. Le drapé des vêtements est grossièrement travaillé. Les
plis resserrés tombent droit. Ses manches sont longues et amples. Le genou gauche, en avant,
est légèrement plié. Sa main gauche est refermée sur un sac à tablettes tenu par une lanière. Les
proportions de l’avant-bras, trop gros, ne sont pas bonnes. Ses jambes sont de forme arrondie.
Comme ses parents, il porte des chaussures pointues et les pieds sont tournés vers l’extérieur.
Y. Freigang compare ce monument à un monument votif de Naix-aux-Forges (Esp VI,
4650). Elle constate une similitude entre les deux à cause des proportions allongées et des plis
linéaires467. Il a selon elle, une datation absolue. En effet, la date de 210 est avancée par E.
Espérandieu puisqu’une inscription de Mayence émane du même dédicant (C.I.L XIII 6741).
AnnEpigr. 1976, n° 478 ; Gallia, 1976, p. 364, fig. 13H ; Lutz 1991, p. 167 ; Freigang 1997, Med 199 ; Pannoux
1983, p. 134 n° 93, pl. 93 ; Ormasti 1992, p. 6 8 n° 27, pl. XXIX ; Ormasti, 1995, p. 85 n° 35, pl. XXXVII ; Caspar
2000, p. 84-85, pl. LII-LIII ; C.A.G 2005, p. 187.
-----] [---] iolae, Silvici filiae. Sacuri[us] | [...]s, uxori et Sacer, filius, vivi posuerunt
Les lettres en capitales carrées sont gravées profondément sur le linteau de la stèle (Ill. 3.86).
Les hastes du N ne sont pas parallèles et la boucle du R est fermée comme le fait remarquer
467 Y. Freigang, « Les stèles funéraires de Metz, îlot Saint-Jacques : une nouvelle approche de la datation de la
sculpture en pays mosellan », Ouv. Cit., p. 127.
427
V. Caspar468. En revanche, les restes de peinture blanche
encore visibles dans le dernier mot en 2000 ont disparu. Dans
son étude, V. Caspar n’avait volontairement pas proposé de
nom pour la défunte puisque le début était manquant et les
possibilités trop nombreuses. Néanmoins, rien n’empêche de
formuler des hypothèses d’après les noms les plus probables et
les plus communs à Metz. Par exemple, il existe une Aeliola à
la Lunette d’Arçon469, une Cresmiola à l’îlot Saint-Jacques (inv.
75.38.9) et une Primiola (inv. 75.38.15). Le musée a proposé
l’éventualité de Fabiola mais aucune occurrence n’a été
découverte localement. Les dédicants sont Sacurius et Sacer, son
fils. La stèle a été faite de leur vivant. Finalement, l’inscription
nous indique la mort de la mère. Sans cela il serait impossible
de le savoir. Sacer se retrouve à deux reprises. Sa signification
Ill. 3.87 Ascia, 032 est « sacrée ». V. Caspar indique que L. Weisgerber y voyait une
Photo L. Kieffer origine celte venu de sacro- et L. Kajanto un nom théophore.
Le dictionnaire de la langue gauloise édité plus récemment
confirme cette origine celte à double sens de sacré ou maudit470. Sacurius était donné comme
d’origine douteuse. M. Dondin-Payre stipule une Sacuria parmi les permanences celtiques chez
les Eduens471. Quant au père de la défunte, Silvicus, V. Caspar proposait une origine latine
dérivé de silva, la forêt. Il ressemble à Silvinus de même racine472 ce qui est parfaitement
possible. Toutes les personnes identifiées sur la stèle portent un nom unique traduisant un statut
pérégrin, à moins que les autres noms ne soient omis.
La face latérale gauche se divise en deux registres superposés. Sur le registre supérieur
un animal est allongé dans une niche rectangulaire peu profonde dont il manque une partie.
Il est représenté de profil, tourné
en direction de la face principale.
La patte du premier plan est
repliée, celle du second plan, où
figure un sabot, est tendue. Cette
position donne l’impression d’un
animal au repos. Bien que la
tête soit manquante, les cornes,
relativement longues, suggèrent
un capricorne ou une chèvre
plutôt qu’un bélier. Le capricorne
est un signe du zodiaque. Ce
choix d’interprétation est le plus
souvent adopté car il est le plus
vraisemblable (Ill. 3.88).
Ill. 3.88 Capricorne , face latérale gauche, 032
Dans le registre inférieur une © L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
ascia (Ill. 3.87) à la verticale au
manche recourbé est gravée. La tête
468 V. Caspar, Les monuments funéraires de l’îlot Saint-Jacques, étude épigraphique, Ouv. Cit., p. 84-85.
469 R. Schlémaire, Catalogue des inscriptions gallo-romaines funéraires et votives des Musées de Metz, Ouv.
Cit., L4.
470 X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Ouv. Cit. p. 224.
471 M. Dondin Payre, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit. p. 241.
472 Ibid, p.148.
428
est orientée vers le haut. Cet outil existe réellement puisqu’il est employé par les charpentiers473
pour le travail du bois et par les tonneliers. Paradoxalement, c’est un symbole trouvé à l’origine
sur des monuments votifs puisque J.-J. Hatt mentionne l’autel de Stein474.
Dans le cheminement de J.-J. Hatt l’ascia servait lors d’un acte d’inauguration. Il aurait été
repris ultérieurement dans le cadre funéraire sans doute accompagné d’un rite lié à la requête
d’une protection divine. Donc son sens premier d’artisanat est sans doute détourné.
M. Dondin-Payre propose la seconde moitié du IIe siècle pour la formule écrite stéréotypée «
Sub ascia decicavit ». En l’occurrence, il s’agit ici d’un motif iconographique. Or, il semblerait
que les deux formes soient contemporaines quant à leur apparition. L’interprétation de l’ascia
est complexe et incertaine. Quelques théories sont plus convaincantes que d’autres. P.-M. Duval
se demandait si elle était réservée à des corporations. Dans cet exemple il semblerait que non.
Avant la découverte de l’ensemble de l’îlot Saint-Jacques, on dénombrait moins de cinq stèles
comportant ce symbole. Selon nos calculs, dix-huit de plus sont à rajouter. Pour S. Pannoux, qui
a travaillé sur cet ensemble, elle est un symbole protecteur475 de la tombe.
La taille imposante de la stèle, la coiffure recherchée de la mère et les trois faces sculptées
suggèrent une famille aisée. Les personnages ne sont pas statiques, malgré la maladresse du
drapé, et font passer une émotion, ce qui reste rare parmi les scènes répertoriées à Metz. On
peut s’interroger sur le lien insolite entre la famille, les animaux et outils représentés sur les
autres faces. Le capricorne, le félin et l’ascia ont en commun un rôle protecteur. Ils sont de taille
réduite comparé à l’ornementation de la face antérieure qui détient le message principal. Existe-
t-il un rapport sous-jacent entre le capricorne et le félin ?
L’ascia est intégrée comme formule et comme motif iconographique durant la seconde partie
du IIe siècle. Donc, le monument n’est pas antérieur à cette période. Selon M.-R. Ormasti476, les
coiffures de la femme et de l’homme permettent de dater la stèle de la fin du IIe siècle. Or, une
étude ultérieure réalisée par Y. Freigang a démontré que la coiffure en question était une variante
de celle de Plautilla. Elle repousse la datation au début du IIIe siècle au mieux. L’ensemble des
éléments étudiés corroborent cette hypothèse.
473 P.-M. Duval, La vie quotidienne en Gaule pendant la paix romaine, Ouv. Cit., p. 135.
474 J.-J. Hatt, La tombe gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes,
Ouv. Cit., p. 95.
475 S. Pannoux, « La représentation du travail : récit et image sur les monuments funéraires des Médiomatriques
» Ouv. Cit., p. 299.
476 M.-R. Ormasti, Recherches sur l’iconographie funéraire chez les Médiomatriques au Haut Empire : exemple
de la vallée mosellane, Ouv. Cit., p. 87.
429
033. METZ (MOSELLE). STÈLE D’UNE FEMME MÉDECIN
La stèle, surmontée d’un linteau, est incomplète (Ill. 3.90). Elle a été largement retaillée.
Il manque la partie supérieure. La face latérale droite forme un escalier. Le dessus de la stèle
ainsi que la face postérieure présentent des traces de gradine, les côtés latéraux des traces de
rifloir. La partie inférieure droite est cassée. Le montant droit a subi des dégradations. Le nez du
personnage a disparu. Les avant-bras du personnage et les objets tenus en mains sont détériorés.
Le monument a fait l’objet d’une restauration en 2011.
Cette stèle dont la face antérieure est sculptée en haut-relief ne conserve de son apparence
initiale qu’une forme à peu près rectangulaire. L’inscription, dans un bandeau, est séparée du
personnage par deux lignes parallèles, incisées, horizontales. La femme est représentée en pied,
de face, vêtue d’une longue tunique, dans une niche à arc surbaissé tapissée d’une coquille dont
les lobes sont encore visibles. Ce type de décoration de niches dont les prémices proviennent
de Vénétie sont à créditer aux ateliers de Cologne. Dans le cas présent, la coquille est bien
destinée à mettre en valeur l’effigie du défunt. Derrière les épaules de cette femme figure encore
une large bande en léger relief à la fonction indéterminée. Son visage est ovale. Ses cheveux
sont séparés en deux parties par une raie médiane. Elle est coiffée de larges mèches souples
tirées en arrière, auréolant le visage et recouvrant les oreilles. Les yeux sont représentés par des
cavités. Les globes oculaires paraissent lisses, sans détails. Or, J.-C. Bastian décrivait encore
430
des pupilles gravées en 1973477. La bouche, quant à elle, est délimitée par un simple trait incisé.
Les épaules, tombantes, sont presque inexistantes. Un manteau très ample recouvre sa tunique.
De longues manches arrivent quasiment aux pieds du personnage. Le drapé en semi-méplat
est croisé sur le buste, puis les plis tombent parallèles sous la taille. Les chaussures en pointe
dépassent du vêtement. Elle se tient jambe droite placée devant, les pieds légèrement écartés
vers l’extérieur. La défunte porte dans la main gauche un coffret. Cet attribut est commun dans
le monde romain sur les sculptures féminines. On le retrouve à maintes reprises parmi les stèles
de l’îlot Saint-Jacques (inv. 75.38.45) mais aussi à Toul (Nesp III, 2010, 021) ou Arlon (Esp V,
4045), pour donner quelques exemples comparatifs. Son autre main était sans doute posée sur
le couvercle.
Le traitement du visage et de la chevelure en larges mèches est schématisé. Cela confère au
personnage un aspect empâté, grossier. La coiffure autorise d’ailleurs B. Rémy à proposer une
datation du Ier siècle pour ce monument478.
Ht lettres 4 cm.
C.I.L XIII (1899-1916), 4334 ; Espérandieu V (1913), 4363 ; Freigang, 1997, Med 156.
— | [—]INI*FIL*MEDICA
431
les femmes pouvant effectivement suivre des études supérieures. Gérard Coulon le démontre
aussi se référant à Flavia Hedone à Nîmes et Metilia Donata à Lyon483.
D. Gourevitch, dans son article sur la médecine en Gaule, met en lumière que les sages-
femmes sont désignées par le terme spécifique d’obstetrix484. Il n’est pas à exclure que cette
femme médecin se soit surtout occupée de femmes et d’enfants mais sans la cantonner pour
autant à un rôle mineur. En outre, selon sa description, elle est représentée dans une posture «
noble ».
Enfin, selon l’analyse de B. Rémy, il s’agit bien d’une femme médecin, anonyme et de
statut pérégrin. Il déduit qu’elle travaillait sans doute à Metz comme médecin privé485. Il ajoute
une remarque très pertinente, à savoir que les femmes médecins n’ont été jusqu’à présent
répertoriées que dans des capitales de cités486. Pour finir, dans l’emsemble du monde romain, le
terme de medica se retrouve à 46 reprises. Il est souvent employé sur des monuments votifs ou
civils. Dans le cadre funéraire, il peut effectivement témoigner d’une profession. L’nscription
Metilia Donata Medica est repertoriée à Lyon sous le numéro ILTG00559. La ville de Pouzzole
stipule une femme dont il est précisé « medica idem obstetrix » (EDCS-76000006).
Les précédents auteurs ont noté que la coiffure atypique du personnage rendait la stèle
difficile à dater. On peut tout de même avancer une comparaison avec une stèle conservée au
Musée d’Arlon nommée « Le fragment au mariage » et numérotée I.A.L/GRS 329. La femme
de ce couple porte une coupe identique à elle. Cette stèle, dont plusieurs faces sont sculptées,
est datée entre 165 et 175. Une datation de la seconde moitié du IIe siècle est donc très probable.
En revanche, cette datation iconographique s’oppose totalement à la prescription de B. Rémy
qui stipule le Ier siècle en partie à cause du nominatif et de la coiffure simple. Malgré tout, la
comparaison avec le monument d’Arlon nous semble justifiée, sans compter que l’épitaphe
reste lacunaire.
La stèle est incomplète. La partie supérieure a été retaillée pour être intégrée dans le mur du
rempart. Le montant droit est cassé sur la moitié de sa hauteur. On déplore des épaufrures sur
la face principale et la base. Les objets tenus par les personnages sont dégradés. Les jambes
de l’homme présentent des traces de ripe, son pied gauche est fissuré. La face latérale gauche
commence à s’effriter. La face latérale droite porte des traces de gradine tandis que la face
arrière, irrégulière, porte des traces de pic. Seule la face antérieure est sculptée en haut-relief.
Des traces de mousse infestaient le monument jusqu’en 2020.
Deux personnages acéphales sont représentés, debout, de front, dans une niche de forme
rectangulaire à fond plat, sans décor apparent à l’arrière-plan (Ill. 3.92). La partie conservée des
personnages va de la base du cou jusqu’aux pieds. La femme est à gauche, comme d’accoutumée.
483 G. Coulon, Les Gallo-romains, Ouv. Cit., p. 160.
484 D. Gourevitch, « Présence de la médecine rationnelle gréco-romaine en Gaule ». Revue archéologique du
Centre de la France, tome 21, fascicule 3, 1982, p. 207.
485 B. Rémy et P. Faure, Les médecins dans l’Occident romain, Ouv. Cit., p. 145.
160 Ibid, p. 39.
432
Elle est vêtue de deux tuniques longues
portées l’une par-dessus l’autre. La plus
courte, dessus, a une encolure bateau.
Ses manches sont longues. Les plis sont
anguleux. Plats et larges, ils tombent à
la verticale au bas de la tunique. Elle
porte apparemment une écharpe autour
du cou. La jambe droite est légèrement
fléchie. Le modelé de la cuisse et la
marque du genou sont visibles. La
jambe gauche est tendue. Ses pieds
écartés vers l’extérieur sont chaussés
de souliers aux bouts pointus. Son bras
droit est replié vers la poitrine. Sa main
ouverte est maladroitement rendue.
Ill. 3.92 Stèle de deux époux, 034
De gros doigts plats sont séparés par
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole des incisions. La femme tend la main
pour attraper l’objet que lui donne son
partenaire. Il n’en reste plus que la
partie supérieure mais il semblerait que ce soit un grand sac. Peut-être une bourse puisque cet
attribut fait souvent l’objet d’une passation symbolique entre les couples. La seconde main est
manquante.
L’homme porte deux tuniques superposées avec des manches longues et amples. M.-R. Ormasti
n’en avait repéré qu’une487. Il est également couvert d’un manteau à capuche avec encolure en
V. Relevée sur l’épaule droite, l’étoffe de la pénule passe devant la taille du personnage et tient
en équilibre sur le bras gauche. Les plis sont en escalier. Ceux de la tunique sont verticaux. Il
est légèrement hanché et sa jambe gauche est fléchie. Il prend appui sur la droite. Les tibias
sont modelés en arrondis. Il porte des chaussures pointues. Ses pieds sont aussi écartés vers
l’extérieur. Sa main gauche, dont on voit le dos, donne l’impression d’être boursoufflée. Elle se
referme sur la lanière d’un sac à tablettes de forme rectangulaire. Les doigts, comme ceux de sa
femme, sont séparés par des incisions. Le poignet n’est pas représenté.
Cette stèle rappelle la stèle monumentale de Bordeaux de deux époux, décrite par F.
Braemer488. Lui-même la comparaît aux stèles des Médiomatriques pour le style et la forme
employés. Cela dit, la stèle qu’il cite en exemple489 comparatif a été découverte avant les travaux
d’aménagement de l’îlot Saint-Jacques. Celle-ci, qu’il ne pouvait connaître, a une ressemblance
encore plus frappante.
Selon M.-R. Ormasti, les larges plis découpés permettent une datation de la fin du IIe siècle,
début IIIe. F. Braemer propose l’époque des Sévère dans son exemple similaire à notre stèle
(193-235). Par conséquent, nous pouvons avancer une datation relative comprise entre ces deux
bornes chronologiques.
487 M.-R. Ormasti, Recherches sur l’iconographie funéraire chez les Médiomatriques au Haut Empire : exemple
de la vallée mosellane, Mémoire de D.E.A dirigé par Mme J.-M. Demarolle à l’Université de Metz, 1993-1995 p
39.
488 F. Braemer, Les stèles funéraires à personnages de Bordeaux Ier-IIIe siècles, Ouv. Cit., p. 93.
489 Ibid, pl. XVIII, n° 81.
433
035. METZ (MOSELLE). STÈLE RECTANGULAIRE RETAILLÉE D’UN AURIGE
La stèle est incomplète. Elle a été retaillée en parallélépipède pour être insérée dans le mur du
rempart. Le sommet a été buché ainsi qu’une partie du linteau. Sur le dessus, une cavité peu
profonde de forme rectangulaire a été creusée. Les côtés gauche et droit, la partie inférieure
de la stèle, ont été taillés au pic ou à la broche. La face postérieure, contre un mur, n’est pas
visible. On remarque d’abondantes traces noires sur le montant et la partie supérieure gauche
de la face principale. L’intérieur de la niche est saturé de piqures de pointerolles (Ill. 3.93).
Ces points se retrouvent sur le haut du personnage féminin, tête et épaules. La jambe droite
du personnage masculin se confond avec le fond. Sur son visage et ses vêtements figurent des
traces de ciseaux. La tunique de la femme comporte des traces de broche. Elle paraît inachevée
au premier abord. Seule la face antérieure est sculptée en moyen-relief. Deux interprétations
sont en concurrence quant à l’état de la stèle. D’après la C.A.G la stèle n’est pas terminée. Pour
les tailleurs de pierre professionnels, les personnages ont été retaillés une seconde fois. Pour
leur argumentaire, ils se basent sur l’incohérence de la position des pieds du légionnaire et leur
finition par rapport au buste. De plus, les parties les plus en volume, en retrait, ne correspondent
434
pas aux habitudes qui consistent à utiliser la plus grande profondeur de champ possible490.
Un couple est représenté dans une niche à sommet cintré à fond plat. Ils sont debout, de
face, légèrement tournés l’un vers l’autre. La femme est à droite de son conjoint, d’après une
représentation classique du couple. Une fois encore, deux interprétations contradictoires sont
en concurrence. La première consiste à décrire le personnage masculin comme un soldat, la
seconde, défendue par K. Kazek, stipule la présence d’un aurige.
L’homme a un visage ovale. Ses pommettes sont saillantes et sa mâchoire est carrée. Il a des
joues creuses. Son front, assombri par une ride, est petit. Les arcades sourcilières anguleuses
surmontent des yeux tombants aux paupières à peine esquissées. Les globes oculaires ressortent.
L’arête nasale est marquée. Il a un nez crochu aux narines détaillées. L’homme porte des cheveux
courts frisés. L’oreille droite est dégagée. Une frange est formée par des cheveux ramenée vers
l’avant. Il est imberbe et ne sourit pas. La bouche est incisée. La lèvre inférieure est ourlée. Elle
est mise en valeur par une légère dépression. Son menton court part en avant.
D’après les partisans de la tenue militaire, celle-ci est reconnaissable par une cuirasse en
métal (lorica segmentata) et la tunique, aux plis plats. On peut comptabiliser cinq lamelles
articulées sur l’armure. Il ne porte pas de ceinture (cingulum). Les chaussures ne sont pas
identifiables bien qu’il doive théoriquement être chaussé de caligae.
Concernant la théorie d’un aurige, elle se base sur plusieurs arguments. Tout d’abord le
fait que la cuirasse soit trop lacunaire. Les épaules ne sont pas protégées. Si l’on se réfère à
la description d’une statuette d’aurige réalisée par le musée Saint-Raymond491 à propos de la
statuette de terre cuite inv. CA 7382, un personnage dans son costume de course est protégé
par un corset enserré des aisselles aux hanches. Il est fait de quatre sangles qui passent devant
le thorax et autour du cou. Il porte en dessous une casaque à manches longues et un pantalon
court. Ses jambes sont prises dans des bandes molletières. Enfin, la tenue est complétée par un
casque à visière.
Cette description, à notre sens, ne rend pas cette interprétation satisfaisante non plus.
L’homme a les jambes nues. Il ne porte pas de chapeau. L’élément autour du cou est absent.
Les bandes paraissent trop larges. De plus, à Divodurum, aucun vestige de cirque n’a été mis au
jour jusqu’à preuve du contraire. Cependant, un monument de Trèves, découvert à Neumagen,
comporte le même type de personnage (Nm. 182). Il est daté de 215. Dans cette scène, le cheval
représenté en bas-relief est tenu par les rênes. Selon la description proposée par le musée, le
conducteur porte une tenue typique associée au quadrige.
La jambe droite, représentée de la cuisse au pied, est arrondie. Le genou fléchi est marqué.
Le bras gauche se confond avec le fond. Son bras droit est replié sur le ventre. Le petit doigt et
le majeur sont tendus. Il tient un objet plat et rectangulaire. M.-R. Ormasti y voit une réglette
ou un volumen492. Le poignet n’est pas matérialisé. Il ressort de cette expression une certaine
mélancolie ou tristesse. Le canon employé est de 7.3. Le personnage est donc plus grand que
la norme.
La femme, à gauche, a un visage allongé. Elle est élancée. Ses cheveux descendent dans le
cou. Le cou et les épaules sont traités de manière uniforme. La tunique part de l’épaule droite
jusqu’aux pieds. Elle est anguleuse et non travaillée. Le pied droit ressort. Il ne cadre pas avec
le reste. Le canon employé est de 7.9. Cela démontre une inconstance et une maîtrise imparfaite
des proportions d’un personnage à l’autre.
490 Service des publics, Journées européennes des métiers d’art, Metz, Musée de Metz-Métropole, 2014, p.
9.
491 F. Baratte, Le cirque romain, Toulouse, Musée Saint-Raymond, 1990, p. 86.
492 M.-R. Ormasti, Recherches sur l’iconographie funéraire chez les Médiomatriques au Haut Empire : exemple
de la vallée mosellane, Ouv. Cit, p. 45.
435
Le monument d’origine est très difficile à dater à cause de son état. Néanmoins, il a été
déterminé par les archéologues en charge de l’opération de sauvegarde que le remploi date du IIIe
siècle. Selon M.-R. Ormasti, l’allongement de la silhouette permet de dater le monument de la
seconde moitié du IIe siècle. Cette proposition est recevable avec précaution. F. Braemer stipule
dans son ouvrage une mode des corps représentés en position allongée à Bordeaux à l’époque
hadrianique et antonine493 mais la distance reste un motif de retenue notable. G. Moitrieux
semble corroborer cette théorie avec l’exemple de la stèle Nesp, Leuques, 410, conservée à
Nancy puisque l’allongement de la silhouette et la technique font dater ce monument de la fin
du IIe siècle. La coupe d’un personnage de profil qui s’occupe du registre sur une autre face du
le monument de Trèves ressemble à la coiffure de notre homme. Elle date du début IIIe siècle.
Cette information recoupe l’estimation des archéologues pour une datation approximative.
Freigang 1997, Med 193 ; Ormasti 1992, p. 43-45 et n° 17 pl. XIX ; C.A.G 2005, p. 190.
436
du corps.
Le personnage au visage érodé est coiffé de larges mèches parallèles et bouclées sur le
front. Il a une coupe courte laissant apparaître des oreilles décollées. Ses arcades sourcilières
sont arrondies. Il a des yeux en amandes. Les globes oculaires sont particulièrement distincts.
Les pommettes un peu trop hautes du personnage sont modelées. Au-dessus de l’incision de la
bouche, assez resserrée, les narines sont perceptibles. Il porte une barbe fournie ce qui démontre
que nous avons affaire à un homme adulte. La tunique courte arrive juste au-dessous des genoux.
Son col en V laisse apparaître son cou, relativement large. Ses manches longues sont resserrées
aux poignets. Il semble porter une tunique plus fine en dessous, repérable au tracé du ras du cou.
Le bras gauche, tendu, se confond avec un objet indéterminé. On peut formuler l’hypothèse
d’un sac ou d’un vase. Son bras droit est replié. Il tient dans la main droite le haut d’un bâton
ou d’une hampe longue et fine cassée au milieu. Les détails de la main et du poignet sont
difficiles à décrire. Le plissé de la tunique est travaillé en profondeur. Les plis, en semi méplat
aux rebords anguleux, tombent parallèles. Il semble être chaussé de souliers pointus bien que la
distinction entre le tibia et le pied ne soit pas marquée. Le canon employé est de 6,7 selon des
mesures revérifiées et non de 6,5 comme le stipulait M.-R. Ormasti. Par conséquent, la taille du
personnage se rapproche des standards.
Les nécropoles mises au jour localement ne proposent pas d’autre exemple de bâton long.
L’explication la plus simple serait un simple bâton de marche. C’est ce que semble montrer
la stèle d’Arlon IAL GR/S 059. Ce type d’objet se retrouve notamment à Epinal, en provenance
d’Escles (Nesp, Leuques, Escles, 244) ou de Charmois-l’Orgueilleux (Nesp III, 2010, 080).
Toutefois, concernant les stèles des Leuques, des hypothèses plus complexes ont été élaborées
avec une tentation de relier le bâton à une fonction. Quicherat et Massy imaginaient un haruspice,
Voulot et Tisserand un augure. J.-J. Hatt voyait un druide ou un sorcier494 pour explication du
motif. Toutes ces théories sont restées sans aucune preuve et ne peuvent être retenues. Une
dernière hypothèse a été émise par K. Kazek, conservateur au musée. Il reconnaît une lance et
un possible filet. Ces artefacts feraient alors de notre personnage un chasseur495.
Malgré l’érosion, le personnage reste d’une facture grossière mais correcte.
Ht lettres 4 cm.
Clément 1938b, p. 209 ; Toussaint, 1948, p. 150 ; Espérandieu (Lantier 1955), 8438 ; I.L.T.G 1963, n° 371 ;
Schlémaire 1972, D12 ; Bastian, 1973, p. 40 ; Ormasti 1992, p. 39 ; Freigang 1997, Med 158 ; C.A.G 2005, p. 169.
494 G. Moitrieux, Le Nouvel Espérandieu, Toul et la cité des Leuques, Paris, Editions des Belles Lettres, 2010,
p. 35.
495 K. Kazek, entretien, 11 mai 2016 à la Maison de l’Archéologie et du patrimoine de Metz.
437
[.] M
CARANTODIO
GAIOLI
Au-dessus de la niche, sur les restes du fronton, se trouve une inscription très succincte. Elle
est en capitales carrées peu profondes. On remarque un nexus des lettres N et T.
La stèle est consacrée aux dieux Mânes d’un certain Carantodius, par son père Gaiolius (Ill.
3.95). Il porte un seul nom au datif. Carantodius est d’origine gauloise. Comme le rappelle
X. Delamarre, « Canranto » issu du verbe car- « aimer » reste un thème très fréquent de
l’onomastique personnelle496. Il signifie cher, ami ou aimable. On trouve une Carantodia à la
Horgne au Sablon (Esp V, 4366). Dans cette courte épitaphe, la filiation est donnée. Gaiolius
porte également un nom unique. Il n’est pas répertorié dans les dictionnaires d’onomastique.
Il fait néanmoins penser à un dérivé de Gaius. La base EDCS répertorie cinq inscriptions
mentionnant le nom de Giaolus. Ils sont répartis en Numidie, Lusitanie et Aquitaine497, donc
ils sont tous de provenance lointaine. Les deux hommes cités sont théoriquement des pérégrins
puisqu’ils ne sont connus que par un nom unique.
La formule abrégée et le datif favorisent une datation de la première moitié du IIe siècle. Le
nom unique nous limite à la première moitié du IIIe grand maximum. M.-R. Ormasti proposait
la fin du IIe siècle en raison de l’absence de décoration, de l’inscription sans cartouche, du
traitement épais de la coiffure et de la simplification du plissé498. Cette datation iconographique
correspond à peu près notre estimation épigraphique.
La stèle est incomplète. Elle a été retaillée pour un remploi dans les fondations du rempart. La
partie supérieure du fronton a été buchée. Sa forme originelle est indéterminée. Les montants
sont en grande partie détruits. La face latérale gauche est layée et noircie. La face latérale
droite est lissée tandis que la face arrière a grossièrement été taillée à la broche. Sur le sommet
de la stèle, un trou rectangulaire est creusé. Un tirant métallique y est inséré depuis le plafond
jusqu’au sol afin de stabiliser la stèle. Les visages sont meurtris. La partie droite de la tête
féminine est cassée net. Deux faces du monument sont sculptées. La face principale en haut
relief sur laquelle figure un couple, la face latérale gauche, sur laquelle figure une ascia gravée
en creux. Des traces de ripes sont reconnaissables au niveau des jambes des personnages. Pour
finir, l’estrade sous leurs pieds garde des traces de gradine. M.-R. Ormasti notait des traces de
496 X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Ouv.Cit., p. 91.
497 Informations tirées du site allemand Epigraphik-Datenbank Clauss / Slaby, sous la direction d’Anne Kolb,
C.I.L VIII 7366, C.I.L XIII 1497, EDCS-42700460, EDCS-09800736, EDCS-09801219.
498 M.-R. Ormasti, Recherches sur l’iconographie funéraire chez les Médiomatriques au haut Empire : exemple
de la vallée mosellane, Ouv. Cit, p. 39.
438
polychromie vertes et blanches au fond de la niche499. La couleur a disparu depuis.
Ill. 3.96 Stèle d’un couple de pérégrins, Face antérieure et latérales, 037
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
La forme générale conservée est trapézoïdale quoique la face antérieure soit rectangulaire.
L’inscription commençait au-dessus du linteau sur lequel elle continue, sans encadrement
délimité. Sur le chapiteau de gauche, la lettre D autrefois visible est devenue très difficile à
percevoir. Deux personnages sont sculptés de face, en pied, dans une niche au cintre surbaissé
(Ill. 3.96). Leurs visages sont légèrement tournés l’un vers l’autre. Comme le précise B. Rémy,
cette posture ne traduit pas un geste affectif mais une convention iconographique stéréotypée500.
Aussi la femme est-elle à notre gauche, conformément au modèle de référence. Le couple est
mis en scène entre deux piliers à chapiteau corinthien aux feuilles plaquées avec un simple fût.
Le bas du pilier est décoré de trois tores reposant sur un socle rectangulaire. Ils sont surélevés
par une estrade.
La femme prend appui sur sa jambe gauche, d’après le modelé du genou. Elle porte deux
vêtements longs, l’un par-dessus l’autre. La tenue du dessous a une encolure au ras du cou.
Les manches du manteau sont amples. Le vêtement forme une pointe sur le devant. Dans la
partie supérieure du corps, les plis profonds sont à l’oblique puis tombent à la verticale. Bien
que la coiffure soit difficile à reconnaître à cause des dégradations, la femme a des cheveux
ondulés, tirés vers l’arrière. Son cou est fin, ses épaules sont menues. Le bras droit est replié
sur le ventre. Elle tient un objet en forme de couronne. La main et le poignet, en continuité, ne
sont pas différenciés. Ses doigts, séparés par des incisions, sont courts. Dans la main gauche,
499 Ibid, p. 80.
500 B. Rémy, La femme en Gaule romaine, Ouv. Cit., p. 15.
439
elle tient serré contre sa taille un coffret à bijoux rectangulaire avec couvercle, objet récurrent
traditionnellement attaché aux sculptures funéraires féminines qui traduit un certain niveau
social. Elle est chaussée de souliers pointus.
Son compagnon est vêtu d’une tunique courte, au-dessous des genoux et d’un manteau à
capuchon (paenula). Représenté de manière classique, celui-ci est porté relevé sur l’épaule
gauche tandis que l’autre pan repose sur le bras opposé501. Le col en V dégage un cou fin. Les
manches sont amples. Les plis de ses vêtements sont tuyautés. Le rendu général est correct et
de bonne facture. La tête du personnage est trop abimée pour pouvoir en faire une description.
Il semble néanmoins avoir une coupe courte faite de mèches raides incisées. Son bras droit
est replié sur le ventre. Le poignet opère un mouvement de cassure, la main est tombante. Les
doigts, séparés par des incisions, sont proportionnellement trop longs. Le bras gauche est collé
contre la taille. L’homme tient dans sa main un sac à tablettes par la lanière. Motif souvent
employé sur les stèles masculines. Les mollets sont rectangulaires. Il est chaussé de souliers
pointus. Le canon allongé de 7,4 est plus grand que les proportions habituelles mais proches du
modèle classique idéal.
Par conséquent, le traitement de cette stèle reste sans grande originalité. Nous retrouvons la
maladresse caractérisée de la sculpture des mains. Le monument montre malgré tout un couple
soucieux d’exprimer son statut et une certaine aisance acquise.
L’ascia, gravée en creux sur la face latérale gauche est un instrument réel de charpentier au
sens symbolique controversé.
Gallia 1976, p. 364, fig. 134M ; AnnEpigr. 1976, n° 480 ; Pannoux 1983, p. 127 n° 88 ; Lutz 1991, p. 168 ; Ormasti
1992, p. 57 ; Ormasti 1995, p.79 ; Schildknecht 1994, p. 78 ; Freigang 1997, MED 188 ; Caspar 2000, pp. 89-91
; C.A.G 2005, p. 187.
— | T*CARILLAE*DECMANI*F
CONI*MARCVS*FIL
P[.]
_____ | [e]t Carillae, Decmani f[il(iae)], | coni(ugi). Marcus, fil(ius), | p(onendum) [c(uravit)]
L’inscription en capitales carrées profondes, est de qualité. Elle est entrecoupée de cinq
interponctions en forme de triangles orientés vers le bas, une entre chaque mot. L’espace entre
les lettres est régulier. Les lignes sont droites (Ill. 3.97).
Cette stèle est dédiée par un fils à ses parents. Il s’agit d’une famille composée intégralement
501 S. Sciortino, « Se vêtir en Gaule du Nord-Est », Dossiers d’Archéologie, Art. Cit., p. 19.
440
de pérégrins puisque tous ne portent qu’un seul nom. C’est pour cette raison que Marcus est en
toutes lettres et non en abrégé. Le nom du père, autrefois dans la partie buchée, est manquant.
La mère Carilla porte un nom d’origine celte formé de Caros502 « aimer » et du suffixe –ILLA.
Le masculin de ce nom : Carillus a été découvert antérieurement à Divodurum. Carilla est la fille
de Decmanus, mis au génitif. Plusieurs théories plus ou moins convaincantes ont été formulées
sur le père de cette femme. V. Caspar proposait un nom d’origine celte, sans plus de précision
ou une forme syncopée de Decimanus formé sur Decimus dans le sens de « dixième »503. Elle
concède cependant qu’il s’agit d’un idionyme bien à part. Pour prolonger sur l’éventualité
d’une origine celte, X. Delamarre rejette quant à lui le dixième ou la dîme comme traduction
potentielle car il préfère partir de la racine dek- signifiant « qui convient »504. On aurait alors
affaire à un nom composé. Decmanus existe uniquement en Gaule romaine et en Germanie. Il
s’agit d’un nom rare puisque seulement six sont répertoriés505. Il ne peut plus être considéré
comme un unicum, d’après l’avancée de nos recherches qui mettent en avant d’autres cas.
La stèle est incomplète. La partie supérieure a été buchée pour un remploi dans les remparts
de la ville. Le coin inférieur gauche est manquant. La partie gauche est lissée. La base est
grossièrement taillée au pic. Le pilier gauche est plus détaillé que le droit de sorte que la stèle
paraît inachevée. La niche comprend des traces de rouille. Un bandeau creusé dans la partie
supérieure de la stèle est recouvert d’impacts faits par un outil comme une pointerolle. Il
contraste avec les autres éléments. La face postérieure a visiblement été amincie. Elle comporte
des stries sur la partie inférieure et un trou de fixation a été percé plus récemment vers le centre,
sans doute afin de fixer la stèle à un mur. Seule la face antérieure du monument est sculptée en
haut-relief. Le visage du personnage est meurtri (Ill. 3.98).
La stèle a été retaillée selon une forme parallélépipédique. Entre deux piliers à chapiteaux
corinthiens simplifiés, dont celui de droite n’est qu’esquissé, se tient un homme debout, de
face, dans une niche cintrée surbaissée. Le contour des colonnes est simplement incisé par
une forme de rectangle vertical. En bas du pilier gauche, le rebord ressort en relief. Derrière
441
le personnage, une chaîne composée de
cinq maillons est attachée de chaque côté
de l’intrados à un bloc. Elle est reliée
aux bords de la niche, accrochée à des
anneaux. L’homme porte des cheveux
courts qui forment un angle aigu sur
les tempes. Les oreilles sont dégagées.
Son visage n’est plus identifiable. En
revanche, le plissé de sa tunique courte
est réaliste bien que lourd et épais. Cet
effet provient peut-être de la matière de
l’étoffe, comme de la laine. Il porte un
manteau à capuchon et à manches amples.
Son bras droit est replié sur sa poitrine. Il
tient une clef entre le pouce et l’index. Les
doigts individualisés sont séparés par de
profondes incisions, ils sont fermés. On
reconnaît aisément l’anneau arrondi de la
clef, la tige et l’accueillage. Il s’agit d’un
modèle de clef antique assez classique
dont le musée de la Cour d’Or possède des
exemplaires en bronze. De l’autre main, il
Ill. 3.98 Stèle d’un négociant en serrures, 038 maintient au creux de son bras replié, au
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole niveau du ventre, une serrure ronde de
taille conséquente. Une chaine pend à son
avant-bras. Son index est tendu, les autres doigts sont refermés. Il donne l’impression de porter
quelque chose dans un linge. C’est probablement en réalité une représentation de bourse aux
formes souples et débordantes, un marqueur des hommes, comme le signalent B. Rémy et N.
Mathieu. Les mollets sont modelés en arrondis. On distingue une limitation entre les mollets et
les pieds, légèrement écartés. Peut-être portait-il des bottines de cuir. Le canon du personnage
de 5,4 est court.
Sur ce monument, il ne fait aucun doute que les instruments sculptés relèvent du domaine du
métier de la personne défunte. Il cherche donc une forme de reconnaissance de son travail et en
fait la promotion. Concernant la réalisation, la stèle cumule des parties correctement travaillées
et d’autres de moins bonne facture. Le lapicide ne semble pas vraiment maîtriser son art. S’il est
généralement stipulé que les stèles de métier n’ont pas d’inscription, celle-ci en possède bien
une sur le linteau.
Ht lettres : ligne1 : entre 3,4 et 4 cm, ligne 2 : entre 3,3 et 3,5 cm.
Gallia, 1976, p. 365, fig. 13S ; AnnEpigr. 1976, n° 484 ; Frezouls, 1982, p. 267 ; Pannoux 1983, p. 111 ; Burnand
1990, p. 141 ; Ormasti 1992, p. 19 ; Ormasti 1995, p. 46 ; Freigang 1997, MED 169 ; Caspar 2000, p. 96-98 ; C.A.G
2005, p. 188, Dossiers d’archéologie 2015, p. 15.
—— ]
CARATVLLIOCINTVSSI*FILIO
NEGARTIS*CLOSTRARIAE H*P*C
—— ]
442
Ill. 3.99 Inscription, 038
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
L’inscription dans le bandeau est profondément inscrite. On reconnaît toutes les lettres
réalisées en capitales carrées de belle facture. Les R ont une patte allongée (Ill. 3.99).
Le monument est dédié à Caratullius. Il porte un nom unique de pérégrin au datif. Caratullius
fait a priori penser à un gentilice d’origine celte issu de cara- qui signifie « aimer » ou « aimable
». Bien que le nom ne soit pas répertorié, de nombreux composés de ce mot existent dans la cité
des Médiomatriques.
Il est le fils d’un homme de même statut nommé Cintussus. Cintussus ressemble au nom
celte Cintusmus. Ce rapprochement est entériné par X. Delamarre puisque, Cintus, signifiant «
tout premier » est fréquemment employé pour constituer des noms de personnes. Les deux sont
d’ailleurs équivalents puisqu’ils partagent le sens de « tout premier ». B. Rémy ajoute que cette
filiation démontre que ce n’est pas un esclave mais un « habitant libre de cité pérégrine ou de
droit latin ».
Le métier du défunt est indiqué. Il est marchand, ou plutôt négociant, en serrurerie. D’après
nos connaissances actuelles, il s’agit de l’unique mention écrite de ce métier sur un monument
funéraire de Metz. Selon J.-M. Demarolle, le terme de negotiator le situe davantage parmi les
gros négociants que parmi les simples marchands ou artisans. Cette précision textuelle confirme
l’information déjà entrevue par l’analyse iconographique quant à son métier. B. Rémy et F.
Kaiser citent un autre autel dédié à négociant originaire de Metz, émigré à Milan pour les
besoins de son commerce. Marcus Matutinius Maximus, un citoyen porteur des tria nomina
(C.I.L V 5929). Il vendait des manteaux de laine. Cela démontre que les négociants messins
pouvaient acquérir une certaine importance, et étaient éventuellement capables de se déplacer
sur de grandes distances, quitte à s’installer dans une autre région. L’autel dédié à Marcus
Matutinius Maximus est daté de la seconde moitié du IIe siècle, début IIIe.
Pour en revenir à notre monument, le dédicant est l’héritier du défunt. Sans plus de précision,
il est impossible de savoir s’il s’agit d’un de ses descendants, puisque l’héritier n’est pas
forcément membre de la famille. Cette relation est indiquée par l’abréviation H.P.C, Heres
Ponendum Curavit, assez rarement employée à Divodurum.
B. Rémy propose une datation du Ier siècle en raison de l’absence d’invocation aux dieux
Mânes. De plus, la brièveté du texte, le nom unique et l’emploi du datif renforcent cette hypothèse.
Toutefois, la totalité des inscriptions découvertes à l’îlot Saint-Jacques étaient précédées de la
formule D.M. et la partie supérieure de ce monument a été buchée. Nous ne pouvons donc pas
affirmer l’absence réelle de la dédicace aux dieux Mânes.
En supposant son existence, par le datif et le nom unique, la stèle se situerait grossièrement
entre le IIe siècle et la première moitié du IIIe. Par analogie, les deux négociants milanais cités
en comparaison auraient vécu durant la même période. Or, généralement, on estime l’apogée
443
de la cité de Divodurum entre ces limites chronologiques, en décalage avec le sud de la Gaule.
L’analyse iconographique, notamment par la coiffure formant un angle aigu sur les tempes, la
lourdeur du plissé et le canon court, favorise une datation à partir du début du IIIe siècle. Par
conséquent, elle s’oppose à l’estimation de B. Rémy uniquement basés sur l’épigraphie.
444
de son vêtement. L’index et l’auriculaire sont tendus, les autres doigts refermés. Cette position
de main est employée sur bon nombre de stèles locales. Sa paume est large, chaque doigt
séparé par une incision. Le bras gauche du personnage est replié contre sa taille. Il maintient
par la lanière un sac à tablettes de forme rectangulaire. La cassure du poignet est indiquée. Ses
jambes, coniques, et ses pieds sont légèrement écartés. La jambe gauche est placée devant.
La présence d’étoffes en arrière-plan vise peut-être à insinuer que notre homme est commerçant
ou tailleur. La multiplication des références aux métiers de la couture et de la vente de tissus
encourage à penser que le commerce de draperies revêt une certaine importance à Divodurum.
En effet, d’autres stèles de l’îlot Saint-Jacques font part d’une activité similaire (inv. 75.38.5 et
inv. 75.38.48). En outre, un autel contemporain à notre monument, dédié à Marcus Matutinius
Maximus, négociant en manteaux de laine originaire de Metz (C.I.L V 5929) a été découvert à
Milan et nous conforte sur ce point. Par comparaison, dans notre cas, le métier d’artisan drapier
serait plus probable que commerçant. En effet, les stèles Esp V 3785 (Baâlon) Esp V 3786
(Verdun) et Esp VI 5123 (Trèves) mettent en scène des marchands. Dans les trois cas, deux
personnages déploient une pièce d’étoffe, soit afin de la couper, soit afin de l’examiner. En
revanche sur la stèle Esp IV 2768, une draperie disposée en arrière-plan ressemble beaucoup
à la nôtre. La scène demeure plus explicite car un manœuvre travaille dans un foulon. Enfin,
la stèle de Reims Esp V 3683 montre un homme qui découpe du tissu à l’aide de ciseaux.
L’utilisation systématique d’outil d’artisan fait malgré tout naître un doute sur l’interprétation
à donner.
Ormasti 1992, p. 21 n° 7, pl. IX ; Ormasti 1995, p. 42 n° 12, pl. XIV ; Caspar 2000, pp. 31-32, pl. XVI ; C.A.G
2005, p. 193-194 n° 51.
[.] M
COMVNIO
CARO
Les caractères insérés dans le cadre d’inscription sont irréguliers et penchés pour certains.
Ils sont gravés en profondeur. L’espace entre chaque lettre est irrégulier, la troisième ligne est
445
particulièrement espacée.
La dédicace est succincte (Ill. 3.101). Elle stipule seulement le nom du défunt, Comunius
Carus, au datif. L’homme porte des duo nomina de type nomen et cognomen. Le gentilice
Comunius serait susceptible de provenir du préfixe com-, ensemble, souvent employé dans
l’onomastique gauloise. Cet hapax ressemble toutefois à un dérivé de Cominius d’assonance
latine dont un exemple est répertorié à Sissey-le-Vieil. Carus, en latin, se traduit par « cher »,
dans le sens de « couteux » ou aimé. Cependant Carus est aussi le char en celte. Par conséquent,
ce mot fait figure d’homonyme.
V. Caspar date le monument à partir de la formule abrégée D.M et des duo nomina de la fin
du IIe siècle, milieu IIIe. Ces indications correspondent aux préconisations d’Y. Burnand et B.
Marion. L’allongement de la silhouette, la coiffure du personnage et le traitement du drapé plat
et découpé abondent dans le sens d’un monument de la fin du IIe siècle. Nous pouvons donc
favoriser une datation relative entre 150-200.
446
La stèle est incomplète. Malgré l’hésitation émise par la C.A.G507 à cause de son état de
conservation, elle est bien funéraire. Le sommet de la stèle a été buché. Une partie du pilier
droit et de la base sont cassés. La tête de l’enfant, sa main et l’objet tenu par le père ne sont
plus vraiment identifiables. Le coin inférieur de la face latérale gauche est manquant. Seule la
face latérale droite et l’arrière demeurent dans un état correct. La face arrière est lissée. Trois
faces sont sculptées. La face antérieure est en haut-relief, les côtés en bas-relief. Partout des
incrustations de rouille et de mousse attaquaient le monument, déplacé en 2020. La C.A.G
mentionne des traces de rehauts colorés qui ont disparu. La base est faiblement évidée en forme
de rectangle.
Sur la façade, trois personnages se tiennent debout, de front dans une niche de forme
rectangulaire à fond plat très profonde508. Cette remarque qui découle des observations de
Y. Freigang à propos des stèles de l’îlot Saint-Jacques semble parfaitement appropriée à
ce monument. Nous pouvons peut-être de ce fait l’élargir à d’autres découvertes issues de
Divodurum, notamment celles de la Citadelle. Les adultes sont conservés de la poitrine aux
pieds. L’enfant est presque entier bien que la tête soit cassée. Ils sont encadrés par deux piliers
posés un socle fascié à quatre moulures retrouvées à chaque coin de la stèle. La colonne est
bordée d’une bande moulurée en forme de rectangle. Les adultes sont légèrement tournés en
direction de l’enfant (Ill. 3.102).
La femme, à gauche, est vêtue d’une longue tunique à passementerie et d’un manteau aux
manches amples. Cette particularité ornementale se retrouve sur les stèles monumentales
75.38.46 et 75.38.58. La similitude constatée laisse entrevoir l’existence d’un atelier de taille de
pierre. Elle se tient légèrement hanchée, posture accentuée par le modelé du genou droit fléchi.
Les plissures profondes de la tunique sont croisées sur la cuisse droite. Celles du manteau
sont resserrées et tombent en obliques. Ses bras sont repliés devant elle. Elle maintient entre
le pouce et les autres doigts de la main gauche une boîte ronde aux rebords modelés par deux
bandes. Sa paume de main est trapue, ses doigts sont effilés. La main droite a disparu. Ses pieds,
anormalement allongés sont orientés vers l’extérieur. Elle porte des souliers pointus.
L’enfant, a priori un garçon à l’âge incertain, en tunique courte recouverte d’un manteau,
est situé au centre, en avant. Comme sa mère, il est hanché, la jambe droite avancée, fléchie.
Ses bras sont repliés. Sa main droite, au niveau de la poitrine, tient un accessoire de forme
allongé tel qu’un volumen ou un étui à styles. Sa main gauche au niveau de la taille maintient
un objet peu identifiable, supposé être des tablettes selon M.-R. Ormasti. La tunique s’arrête à
mi-mollet. Soit, elle est un peu plus longue que d’accoutumée.
L’homme situé à droite suivant les normes iconographiques en vigueur, place sa jambe
gauche fléchie en avant. Il referme ainsi la composition. Il est vêtu d’une tunique courte à
motifs dentelés en bas. Par-dessus, son manteau est porté relevé sur l’épaule droite et attaché à
la manche opposée. En symétrie avec celui de la mère, les plis se croisent au-dessus du genou
gauche. Les plis du manteau sont serrés et tombent à la verticale. Les mollets sont de forme
conique. Il est chaussé de bottines à lacets pointues. Or, il est extrêmement rare d’observer des
souliers détaillés à Metz. Ses pieds légèrement écartés sont de forme allongée.
La face antérieure bénéficie d’une sculpture homogène. Les trois personnages gardent les
mêmes caractéristiques. Ils sont habillés de la même manière et affichent une posture similaire.
Les faces latérales gauche et droite bénéficient d’un motif identique, traité en symétrie. De
507 P. Flotté, C.A.G 57/2, Ouv. Cit., p. 239.
508 Y. Freigang, « Les stèles funéraires de Metz, îlot Saint-Jacques : une nouvelle approche de la datation de la
sculpture en pays mosellan », in : La sculpture d’époque romaine dans l’est des Gaules et dans les régions avoi-
sinantes. Ouv. Cit., p. 128.
447
toute évidence, le sculpteur n’aurait pu parvenir à un tel résultat sans préparer et sans reporter
le motif. L’ornement, situé entre deux pilastres, est inséré dans une niche rectangulaire à fond
plat. Une large feuille sort d’un vase (Ill. 3.103). Le pied du cratère en question est un dôme
composé de feuilles d’acanthe nervurées. Il est surmonté d’une boule. La panse godronnée du
récipient est surlignée d’une bande en relief, puis il se rétrécit. L’embouchure élargie possède
un large rebord. Les anses sont en double volute. Deux grandes feuilles d’acanthe lobées sortent
du cratère. Les nervures sont profondément incisées. Des motifs de feuilles saturent l’espace
inférieur de l’encadrement.
448
et d’un enfant, au centre. La scène sculptée rappelle immédiatement celle de la stèle 75.38.58
dite « de la famille », conservée au musée, découverte durant les fouilles de l’îlot Saint-Jacques.
Si l’on compare les deux, le plissé des vêtements du monument de la Citadelle est plus
resserré et plus sec. En revanche, les détails de passementerie se retrouvent au bas des tuniques.
Les faces latérales sont finement travaillées et reconnaissables, le relief est profond. Ce sont
des vases d’où émergent une plante et non des animaux au réalisme douteux et une ascia.
L’inscription, s’il y en avait une, a disparu si bien qu’il nous est impossible de savoir quelle
personne est décédée, ni qui est le dédicant.
Une remarque demeure valable à propos de ces deux monuments malgré des différences de
traitement. La présence d’un seul enfant ne signifie pas que le couple n’en est eu qu’un pour
autant. Ce n’est qu’une représentation symbolique ou une convention iconographique. Elle
montre avant tout des valeurs familiales mises en avant volontairement.
L’ornementation et le plissé souple suivant les courbes du corps amenaient M.-R. Ormasti
à dater ce fragment de stèle du IIe siècle. D’après nos comparaisons des motifs de vases des
régions mosellanes et rhénanes, la seconde moitié du IIe siècle serait plus probable.
Malherbe, Ms, pl. 12 n° 76 ; Lorrain 1874, p. 55 n° 78 ; Hoffmann 1889, p. 40 n° 78 ; Espérandieu V (1913), 4310
; Toussaint 1948, pp. 151-152 n° 644 ; Braemer 1959, p. 51 ; Ormasti, 1995, pp. 83-84 ; Freigang Med 208 ; C.A.G
2005 p. 239 n° 25.
Le monument est incomplet. Il a été retaillé en forme de parallélépipède grossier pour être
utilisé dans une fortification. La partie droite est sommairement cassée. La partie inférieure
est manquante. La face latérale gauche et le revers sont lissés. Le montant gauche de la face
principale est en partie détruit. La face antérieure du monument est sculptée en bas-relief mais
la scène représentée a été mutilée, peut-être intentionnellement. La tête brisée du cheval fait
penser à cette éventualité. Son flanc aussi est détérioré. La scène en général est très érodée.
Les détails ne sont plus visibles. On ignore si un autre registre se situait ou non en dessous
de celui-ci mais il est très probable que la réponse soit positive.
Sur ce monument de forme rectangulaire, une scène est sculptée dans un cadre également
rectangulaire, en longueur. Il s’agit d’une illustration de transport par véhicule (Ill. 3.104).
L’attelage, vu de profil, avance vers la droite. A priori, les animaux, de taille basse rappellent
davantage des mules que des chevaux. Les mules, jouissant d’une réputation favorable, sont a
priori davantage utilisées dans les équipages511 et l’on connaît bien l’importance des mulasseries.
Toutefois, M. Molin, identifie une fois de plus des chevaux de petites tailles. Les pattes sont
particulièrement allongées. La tête est disproportionnée. Ces caractéristiques sont communes à
celles du monument 75.38.48, précédemment étudié. Peut-être pouvons-nous y voir une forme
de représentation locale ou la fabrication par un même atelier ? En revanche, les muscles des
pattes sont dessinés assez correctement et les sabots sont fidèlement représentés. On remarque
deux montures côte à côte. Le limonier et le funalis512. Le deuxième est décalé et plus haut, sans
511 G. Raepsaet, Attelages et techniques de transport dans le monde romain, Ouv. Cit., p. 49.
512 Du latin funis qui signifie « corde ».
449
Ill. 3.104 Monument à registre avec essedum à brancard, 041
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
doute afin de le repérer sur la scène. Il a la tête relevée, d’après une convention iconographique
propre aux attelages par deux. La patte droite des deux animaux, levée, est à 90 degrés. Cette
forme d’angle droit semble irréaliste car un cheval en marche ne la lèverait sans doute pas
autant. L’autre patte avant est tendue. Les pattes arrière sont écartées, la jambe droite est tirée
en arrière. Il nous est néanmoins possible d’imaginer que le commanditaire a voulu montrer
cet attelage en train de parader pour l’occasion. La crinière de l’animal du premier plan est en
relief. Une oreille pointue est encore visible. Des rênes sont tendues au niveau de la tête.
Le limonier au premier plan semble pourvu de jouguet en connexion rigide, malgré les
destructions. Le pommeau ornementé d’une boule encadre deux clés. Les guides passent au
travers. Le cheval était maintenu entre deux brancards dont seule une partie du brancard latéral
externe est conservée. Il avait sans doute une forme coudée. Une sous-ventrière devait compléter
le tout.
Le sanglage et l’encolure sont absents à cause des détériorations sur la pierre. Si l’on poursuit
la ligne formée par le brancard, sa position semble assez correcte. Un schéma explicatif proposé
450
par le musée d’Arlon montre une configuration similaire, empruntée à G. Rapseat (1982). Malgré
tout, il est probable que l’encolure, soit trop haute en comparaison de notre cippe. Elle devrait
étrangler l’animal. Cette configuration à deux animaux rappelle « l’attelage à la borne » d’Arlon
(Esp V 4035). D’après le schéma de reconstitution, un animal serait dans les brancards et le
second à l’extérieur, attaché par une corde à la charrette513. Nous remarquons que, justement,
le funalis est rattaché au véhicule par deux traits. La roue est composée d’un essieu et de dix
rayons. De grande taille, elle est estimée à 1 m de diamètre, d’après la taille du conducteur514.
Elle s’oppose à la taille réduite de la roue du véhicule 75.38.66. C’est un véhicule à deux roues,
léger, de type essedum. Il est conduit par un homme, accompagné d’un passager sur un chariot
à deux niveaux en escaliers. Ils sont situés l’un derrière l’autre. J.-C. Bastian propose un esclave
et son maître515. Mais peut-être est-ce aussi un simple cocher. Le conducteur a le dos recourbé.
Ses bras sont à hauteur des genoux. Il semble tenir une cravache dont ne reste qu’un trait incisé
en sus des deux paires de guides. On remarque à l’arrière-plan quatre formes de cercles gravés.
J.-C. Bastian les décrivaient comme la décoration des rênes. Les bas des jambes et les pieds du
personnage dépassent. La tunique n’est pas détaillée. M. Molin stipule un cucullus mais il est
très difficile à reconnaître516. Le second personnage, en hauteur, est assis, le dos calé contre un
dossier. Les rebords du siège passager sont représentés, ce qui renforce le réalisme du véhicule.
Nous pouvons ainsi imaginer l’installation d’un fauteuil conformable avec un carrosse au décor
recherché. Soit, un véhicule destiné à un personnage aisé. Le voyageur est trop abimé pour être
décrit.
Cette thématique du transport, très commune, se retrouve dans d’autres cités, généralement
sur une face latérale de monument et non comme sujet principal, mais aussi sur des lampes.
Simon 1851-1852, p. 223 ; Lorrain 1874, p. 53 n° 73 ; Hoffman 1889, p. 39, n° 73 ; Espérandieu V (1913), 4297 ;
Toussaint 1948, p. 65 ; Vigneron 1968, p. 129 ; Collot 1977, tome I, p. 177 ; Raepsaet 1982 ; Freigang 1997, Med
217 ; C.A.G 2005, p. 263.
Le monument est incomplet. Il a été retaillé pour un remploi selon une forme rectangulaire.
Le haut de la stèle a été buché. Le linteau en partie reconstitué est aminci et lissé. Des morceaux
de pierres risquent de se détacher, sur la partie droite, à cause de longues fissures. La fente
située au-dessus du pan du rideau droit est particulièrement large. De manière générale, elles
se poursuivent faces latérales, gauche et droite. Une profonde excavation de forme irrégulière
a été creusée en haut de la face latérale droite. La tête du personnage est mutilée. Des taches
brunes s’étalent sur la tête et la tunique. La face latérale gauche souffre de multiples impacts.
La tunique et le bras droit du personnage sont abimés. Des traces de pic sont reconnaissables
513 G. Raepsaet, Attelages et techniques de transport dans le monde romain, Ouv. Cit., p. 279.
514 M. Molin, Carrucae, plaustra ou currus : le char à Rome à l’époque impériale, Ouv. Cit., p. 54.
515 J.-C. Bastian, Stèles et monuments funéraires à personnages de Metz, Ouv. Cit., p. 55.
516 M. Molin, Carrucae, plaustra ou currus : le char à Rome à l’époque impériale, Ouv. Cit, p. 54.
451
sur la face postérieure. Aucune inscription
n’est visible. Cela dit, il est impossible de
savoir s’il en existait une à l’origine. Trois
faces sont sculptées en bas-relief.
452
GR/S 050). À Arlon, la multiplication des personnages,
absente à Metz, met en lumière le thème de la perception
des impôts payés par la population. Cette limite peut faire
douter quant à l’interprétation à en tirer. Dans notre cas,
l’hypothèse d’un négociant ou d’un marchand secondé
par un intendant pour récupérer ses créances n’est pas à
éliminer. Ce serait alors une scène de fermage. D’autant
plus que leurs positions respectives donnent l’impression
qu’un des protagonistes compte la somme versée pendant
que l’autre l’inscrit. Au musée de Trèves, une scène issue
des monuments de Neumagen se rapproche de la nôtre
(Esp VI 5175, inv. 182). Elle se situe sur la face latérale
gauche d’un bloc de grand mausolée. Le personnage de
droite, sculpté en bas-relief, de profil se penche vers la
gauche sur une accumulation de pièces maniées sur un
comptoir. Un autre homme, en arrière-plan, réalisé en
faible relief, tourné dans l’autre sens, porte un sac rempli
d’argent. Un rideau attaché par un cordon figure sur la
droite. Malheureusement, la même hésitation quant à
l’interprétation de la scène subsiste. Il est daté de 215,
soit le début du IIIe siècle.
Ill. 3.106 Face gauche, 042 Sur la face latérale gauche, un personnage est représenté
Photo L. Kieffer
debout, de trois-quarts, dans une niche à sommet cintré à
fond plat. Il est
légèrement hanché, sa jambe droite est fléchie (Ill.
3.106). On repère sur le montant gauche les restes d’un
pilier avec chapiteau simple. Bien que la tête soit en partie
détruite, l’homme semble avoir des cheveux frisés, une
barbe et une moustache abondante. Son visage allongé a
une forme ovale. Il tourne la tête vers la droite. L’œil en
amande, la joue et une partie du nez demeurent. Son cou
est trapu. La tunique à manches longues se termine par
des plis verticaux. Ses pieds sont écartés. Il est chaussé
de souliers aux bouts arrondis attachés aux chevilles.
L’homme porte sur son épaule un grand sac tenu par son
bras droit replié vers la poitrine. M.-R. Ormasti le décrit
comme vide mais ce n’est pas évident car une partie
reste cachée derrière son dos. La transition entre l’avant-
bras et la main est mal rendue. L’avant-bras et les doigts
sont larges. Des doigts sont incisés. Son bras gauche est
tendu. Il a dans la main une forme aux rebords arrondis
évoquant une coupelle. Peut-être peut-on imaginer un
récipient utilisé comme unité de mesure ? Le personnage
prend une posture difficile à décrire. Elle se situe entre
pose et départ de mouvement. Finalement, la scène,
maladroite manque de naturel. Ill. 3.107 Face droite, 042
Photo L. Kieffer
Face latérale droite, une scène similaire à celle de
453
gauche est descriptible. Un personnage qui est potentiellement le même est situé dans une
niche à fond plat, de trois-quarts (Ill. 3.107). Il prend une posture presque identique, jambe
gauche fléchie. Sa tête est inclinée vers la gauche. Il est vêtu d’une tunique courte peu détaillée.
Les plis sont rares. Il transporte un sac plein sur l’épaule gauche maintenu à poing fermé sur
la poitrine. L’index et l’auriculaire sont plus relâchés. Le bras droit est légèrement fléchi vers
le bas. Sa main saisit un objet rectangulaire trop abimé pour être identifiable. Des tablettes ont
été proposées. Le personnage a des mollets fins. Ses chevilles sont précisées. Nous pouvons
imaginer, selon le cas deux scènes chronologiques. Dans celle de gauche, le serviteur serait en
partance, muni de son sac vide, pour aller réclamer le dû. Dans celle de droite, ce serait le retour
de la tournée de collecte, le sac chargé des paiements.
La scène est estimée du IIe siècle par M.-R. Ormasti en raison de la coiffure des personnages
et du plissé des tuniques. Celle d’Arlon est estimée à 250 et celle de Neumagen de 215. La
similitude entre les trois monuments ne permet pas de restreindre la datation au IIe siècle à coup
sûr cela dit, la coiffure constituée de cheveux bouclés et le port d’une barbe favorise la dynastie
antonine. En particulier, cette coupe fait songer aux bustes d’Hadrien ou d’Antonin le Pieux.
Cela dit, les coiffures perdurent sur du long terme et il convient de rester prudent.
Collot, 1964b, p. XLIV, n° 199 ; Gallia 1976, p. 365 ; M. Lutz 1981, p. 168 ; M.-R. Ormasti 1992, p. 32 ; 1993-
1995, p. 49 ; Y. Freigang 1997, MED 187 ; C.A.G., p. 189
La stèle est incomplète. Elle a été retaillée pour prendre une forme rectangulaire dans
un remploi, comme souvent. La partie supérieure a été buchée. Les personnages du registre
supérieur sont conservés du cou jusqu’aux pieds. Les faces latérales gauche et droite présentent
des traces d’outils de finition. Sur la face antérieure, des traces de ripe sont visibles sur les
feuilles et sur les drapés, verticaux. La face arrière a été taillée à l’aide d’une broche. La face
principale est sculptée en moyen-relief dans le registre supérieur et en bas-relief dans le registre
inférieur. Une ascia est incisée sur la face latérale gauche.
Deux registres se superposent sur la façade (Ill. 3.108). La scène sculptée sur le registre
supérieur est encadrée par deux frises verticales ornées de rinceaux bilobés. Deux personnages
se tiennent debout de face dans une niche à fond plat dont la forme initiale reste indéterminée.
La femme, à gauche, conformément aux normes en vigueur, porte une tunique longue ras le cou
recouverte par un châle ou une écharpe dont la pointe arrive au niveau de la cuisse gauche. On
remarque la délimitation d’un rebord de vêtement en bas de la tunique. Les plis sont larges et
en semi méplat. Ceux de la tunique tombent droit. Peut-être est-ce pour signifier un tissu lourd
et épais. Les manches sont longues et amples. Elle tient dans sa main droite un objet allongé,
recourbé. Certainement une mappa. Son bras gauche replié en arrière ne laisse apparaître que
sa main. La femme maintient une bouteille à la panse arrondie avec un long col contre sa
454
Ill. 3.108 Stèle à registre d’un couple et d’un balayeur, 3 faces et détails, 043
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
hanche. Elle rappelle les flacons de parfum découverts à Metz et quelquefois installés aux pieds
des squelettes inhumés (Inventaire cat.50 à 57, Musée de La Cour d’Or). La position de la
main, repliée sur l’objet, le pouce ouvert, est maladroitement rendue. Le flacon est un attribut
apparemment féminin fréquemment représenté. Celui-ci par sa forme ressemble à d’autres
exemples sculptés comme à Autun (Esp III 1952 ou Esp III 1895), Arlon (Esp V 4043) ou
Nancy Esp VI 4706). Un autre balsamaire (ampulla) est cité par B. Rémy et N. Mathieu (Esp
XIII 8208)518. Il est plus allongé et plus fin. Les modèles issus de Luxeuil sont encore différents.
Ils ont généralement une panse cylindrique, un goulot court et une anse, comme sur la stèle Esp
VII 5339. Son genou droit est fléchi. Ses pieds sont écartés. Elle est très légèrement hanchée.
À droite, l’homme est vêtu d’une tunique courte décorée d’une bande identique. Elle descend
en dessous des genoux. Il a enfilé par-dessus un manteau avec capuche à encolure en V. Les
manches sont longues et amples. Comme celle de sa femme, sa main droite est repliée au niveau
du cœur. Elle se ferme sur un pan de l’étoffe, les doigts serrés. De l’autre main, il tient du bout
des phalanges une lanière de sac à tablettes. Un pan de son vêtement passe par-dessous la main.
La torsion du drapé et son rendu par des bandes sont irréalistes. La main est disproportionnée.
La face dorsale est plate. Les doigts sont incisés et non modelés.
Le couple ne laisse transparaître que des attributs classiques. Cependant, le parfum et le sac
à tablettes dénotent un certain niveau de vie.
La scène figurée sur le registre inférieur est délimitée dans un cadre beaucoup plus réduit. Le
bandeau végétal, orné d’une seule feuille recourbée de chaque côté, occupe davantage de place.
Cette fois-ci on remarque une scène avec un personnage en action dans une niche rectangulaire
à fond plat avec un décor d’arrière-plan. Il est représenté de profil, orienté vers la droite, le dos
courbé en avant, en train de s’affairer devant une maison. D’après les explications de J.-C. Béal,
518 B. Rémy, N. Mathieu, Les femmes en Gaule romaine, Ouv. Cit., p. 25.
455
cette position est caractéristique des ouvriers ou des esclaves dans un mode « péjoratif » car ils
sont les seuls avec les animaux à être représentés ainsi alors que les maîtres supposés, dans le
registre supérieur sont de face dans un mode « mélioratif », renforcé par la présence d’artefacts
de valeur519.
Son visage a disparu. Ses cheveux sont coupés court. Sa tunique s’arrête au-dessus des
genoux. Ses manches sont retroussées
dans un but pratique. Son bras droit
est tendu. La main tient le milieu d’un
manche. Son bras gauche est replié, la
main est placée à l’extrémité du bâton.
Il effectue un mouvement en s’aidant
de tout son corps. La position des
jambes est singulière. Sa jambe avant
est fléchie vers l’intérieur. Le pied est
tourné en biais. La jambe arrière droite
est tendue. Elle repose sur la pointe du
pied, talon relevé. L’objet est identifié
comme un balai. La tête élargie fait
Ill. 3.109, Détail d’un balai de paille, 043
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole penser à des fils de paille (Ill. 3.109).
Les stries figurées semblent confirmer
cette idée quoique la posture du
personnage ne cadre pas vraiment avec les gestes effectués par un balayeur. L’homme est posté
devant une maison en petit appareil restituée par la forme des pierres incisées. L’encadrement
d’une porte rectangulaire disproportionnée est figuré. La maison a une toiture à double pan et
un fronton. Elle occupe toute la hauteur du cadre. Malgré tout, son échelle est plus petite que
le personnage, soit à cause de l’éloignement, soit parce que ce n’est pas le thème principal.
Toutefois, l’éloignement serait plus logique.
De ces deux scènes, plusieurs remarques émergent. L’échelle est symbolique. Le lapicide
semble avoir tout calculé pour montrer l’importance des éléments selon une hiérarchie.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire ce n’est pas qu’un problème de maladresse. Les
protagonistes se situent sur le registre supérieur. Le couple est représenté de manière beaucoup
plus imposante parce qu’ils sont les acteurs principaux, ou ce que l’on appelle parfois des
personnages héroïsés. Le balayeur, en dessous, est compris comme un serviteur ou un esclave.
On devine qu’il nettoie la demeure de ses maîtres. C’est pourquoi il est représenté plus petit.
Il est en action et donc de profil, tel que le démontre S. Pannoux520. Pour ce, il utilise un objet
réel. Au contraire, les maîtres restent dans une scène symbolique. Ils posent de front avec des
objets connotés retrouvés sur un grand nombre de stèles à travers le monde romain. D’après ces
deux scènes, les rôles de chacun sont figés dans une certaine position sociale pour l’éternité. Le
défunt a résolument cherché à montrer son pouvoir, via la présence de produits d’un certain «
standing » et d’un serviteur. La maison de pierre taillée y contribue.
Les erreurs résident dans l’exécution, dont le traitement des mains. La tête manquante ne
permet pas d’avoir de détails sur les traits des visages. Impossible de savoir s’il s’agit d’un portrait
ou d’un poncif. Un détail assez exceptionnel est toutefois notable et inhabituel. C’est le fait de
mélanger dans deux registres superposés un couple de front et une scène de profil. Dans toutes
les occurrences rencontrées à Metz le couple est seul, le travail manuel est systématiquement
519 J.-C. Béal, Dialogues d’histoire ancienne, Ouv. Cit., p. 157.
520 S. Pannoux, La représentation du travail : récit et image sur les monuments funéraires des Médiomatriques,
Ouv. Cit., p. 297.
456
relégué sur les faces latérales. Cette composition sort donc de l’ordinaire.
Pannoux 1985, p. 323, n° 14 ; Freigang 1997, Med 186 ; Ormasti 1992, pp. 39-41 n° 15, pl. XVII ; C.A.G 2005,
p. 190 n° 18.
D’emblée cette stèle est problématique. Son utilisation, funéraire ou votive est incertaine,
tout comme celle des déesses mères (inv. 2012.0.109). Elle provient également des fouilles
réalisées à la Horgne au Sablon en 1903. Elle a été retrouvée parmi un ensemble de stèles
composé de 122 monuments ou fragments.
La stèle est incomplète. Largement retaillée, elle présente des cassures multiples. Seule
457
la face latérale gauche demeure dans un état convenable malgré quelques épaufrures sur le
montant. Le sommet est manquant tout comme un grand pan de la partie inférieure, côté droit.
La stèle tient d’ailleurs en équilibre grâce à une cale de pierre. La face arrière, taillée au pic est
abimée au sommet. Au bas de la face principale, une ouverture pour les libations a été creusée.
La stèle est anépigraphe. Elle est sculptée en bas-relief.
Sa forme générale, haute, avec un toit qui descend jusqu’au sol, rappelle les stèles maisons
vosgiennes. Par exemple la stèle Nesp III, Toul, 015. La stèle en question est sculptée. Elle
représente une femme de la tête aux cuisses. Elle comporte une ouverture moulurée, en bas
de la façade, creusée d’une niche destinée à l’urne. Par ce fait, il est possible de conclure à un
monument de type funéraire.
La présence ou l’absence d’une cavité sous la stèle de Metz devrait nous permettre de faire
un parallèle entre les deux monuments. Il s’avère justement qu’une excavation existe. Cela dit,
elle prend une forme de voûte et non d’une demi-sphère ou d’un bac rectangulaire creusé afin de
recueillir l’urne. Elle n’est pas significative, dans le cas présent. De plus, les décors illustrant des
scènes sont souvent absents de ce type de monuments ou restent très rustiques (Nesp, Pompey,
392 ; Nesp, Soulosse, 1018). De même que sur la stèle de Toul, la façade comporte une porte
arrondie entourée d’une moulure. Elle se divise en deux registres de taille inégale superposés.
Dans le registre supérieur, un personnage peu reconnaissable se tient debout, apparemment
de face. Sa tunique longue permet d’identifier une femme. Elle est casquée, armée d’une lance
dans la main droite. De la main gauche, elle s’appuie sur un grand bouclier de forme arrondie.
C’est une représentation de la déesse gréco-romaine Athéna-Minerve que l’on reconnaît à ses
attributs de guerrière. L’état de la stèle ne permet pas de donner davantage de détails descriptifs.
Dans le registre inférieur, deux personnages masculins, nus, de face, sont aussi coiffés d’un
casque. Il semble être orné d’un cimier. Ils portent une lance et un bouclier rond identiques à
ceux de la déesse. Leur description correspond aux Dioscures. Castor et Pollux sont justement
souvent intégrés à des scènes en triade en compagnie d’une déesse (Ill. 3.110). Ils sont fréquents
sur les tombes romaines et régionales (Esp VII, Mayence, 5779 ; Esp I, Arles, 0133) et peuvent
escorter tour à tour Vénus Anadyomène ou des matrones521. Selon J.-J. Hatt, ils auraient été
importés par la Narbonnaise, en suivant la vallée du Rhône.
Le monument funéraire est incomplet. Il n’en subsiste que la partie supérieure. Le sommet
du fronton et une partie du montant droit sont cassés. Le personnage est conservé de la tête
à la hanche. Son nez est endommagé. Les traces de ripes sont très distinctes au niveau du
front et des mains. Les faces latérales sont layées et la face arrière grossièrement taillée. On
constate de partout des hachures sur la façade.
521 195 J.-J. Hatt, La tombe gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes,
Ouv. Cit, p. 369.
458
Ill. 3.111 Stèle d’un carrier, face antérieure et latérale gauche, 045
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Cette partie de stèle funéraire à sommet triangulaire est sculptée en haut et moyen-relief.
Un homme est représenté debout, de face, dans une niche profonde à sommet triangulaire et
à fond arrondi. La tête se détache du fond. Elle est travaillée en détails. L’homme, chauve,
a le front haut, alourdi de trois rides (Ill. 3.111). Il porte des cheveux courts constitués de
fines mèches parallèles incisées, dégageant les oreilles en formant un angle aigu. Les arcades
sourcilières sont proéminentes et saillantes. Les yeux en amandes sont simplement creusés,
sans pupilles apparentes. Les globes concaves sont compris entre des paupières finement
dessinées et des cernes. La racine du nez est fine. Un impact au foret précise les narines. Il a les
joues creuses. Les sillons nasogéniens sont visibles. Il porte une barbe courte en collier et une
moustache grossièrement incisée. La lèvre supérieure est fine contrairement à la lèvre inférieure
relativement épaisse. Sa bouche est étirée. Son cou est fin. Ses traits sont anguleux et durs. Il est
vêtu d’une tunique à manches longues et d’un manteau aux manches de trois-quarts, amples,
porté par-dessus, avec une encolure en V et pourvu d’une capuche. Les plis sont arrondis. Sa
pénule est relevée sur l’épaule droite pour une question de commodité. Elle est enroulée autour
de l’avant-bras gauche et forme un volume autour de la taille du personnage. Il tient dans sa
main gauche, à hauteur de la cuisse, un pic double, outil de carrier. Le manche est long et effilé.
La position et le rendu de la main à moitié fermée sont totalement faux. L’objet semble traverser
le pouce depuis la paume de la main. On ne comprend pas bien comment le pic tient en équilibre
sans tomber. Dans sa main droite, placée sous la poitrine, ses doigts se referment sur ce qui
semble être un coin, utilisé pour détacher les blocs de pierres du front de taille. Cet outil a été
interprété comme un gobelet522 ou une coupe par J.-C. Bastian, avec un fruit rond à l’intérieur.
522 J.-C Bastian, Stèles et monuments funéraires à personnages de Metz, Ouv. Cit., p. 31.
459
En y regardant de très près, l’objet n’en a pas la forme. La tête du coin se distingue du reste.
Par ailleurs, associer ces deux types d’artefacts est assez illogique. Le poignet du personnage
est droit.
Cette stèle regorge de détails. Elle ressemble à un portrait personnalisé du défunt, un homme
d’un certain âge, marqué par le temps. Le rendu de la barbe et des mains reste grossier malgré
tout. Elle met en avant le métier de la personne, appuyant les valeurs prônées et choisies par les
artisans et commerçant chez qui, ce type de stèle remporte un franc succès. Sans doute tenait-il
à être représenté avec ses outils de travail. Cette composition fait penser à la stèle d’un artisan
de Bordeaux muni d’une ascia et d’une règle (Esp1117) étudiée par F. Braemer523. Elle renforce
la probabilité qu’il s’agisse d’un coin. Ce serait alors une exposition de son matériel. Malgré
tout, le coin n’est d’aucune utilité pour un pic. La même remarque est valable pour la stèle de
Bordeaux puisqu’une ascia et une règle ne sont pas directement complémentaires.
Le traitement appliqué aux mèches date de la fin du règne d’Hadrien ou d’Antonin. Soit
la stèle se situe courant du IIe siècle. Selon M.-R. Ormasti524, les détails minutieux du visage
favorisent plutôt la seconde moitié du IIe siècle. F. Braemer stipule que le caractère narratif
rattache ces stèles au milieu du IIe siècle525, avant les invasions. Un bloc de Trèves figurant
une scène de compte comprend un homme de profil, chauve, avec barbe, moustache et trois
rides identiques sur le front. Il est daté de 180 (inv. Nm 303). Les informations retenues nous
conduisent vers la fin du IIe siècle, début IIIe en cas de diffusion différée de la mode.
Espérandieu (1913) 4318 ; Toussaint 1948, p. 152 ; Freigang 1997, Med 153.
La stèle a subi des altérations et a été infestée par la mousse. Il a été nettoyé en 2020.
Son exposition en milieu extérieur a aggravé l’état de détérioration de l’épitaphe depuis la
photographie prise en 2005. Un morceau de la partie inférieure de la stèle est cassé sur toute
l’épaisseur. On constate, en partant de cet endroit, deux fissures importantes sur la face principale.
La technique de taille des faces latérales était cachée par la mousse et la face postérieure,
appuyée contre une autre stèle de la cour, n’était pas visible lors de nore passage.
Cette stèle funéraire simple comporte un haut fronton triangulaire. Les côtés du triangle
sont incurvés. L’intérieur du fronton est orné d’une belle feuille en forme de masque en bas-
relief (Ill. 3.112). L’inscription commence dans un bandeau, supporté par deux pilastres
toscans incisés. Elle est délimitée par deux sillons horizontaux et se termine dans le cadre, en
dessous. La partie inférieure semble avoir été retaillée car seules les faces latérales sont plus
larges. Vers le haut du fronton, des yeux ronds sont reconnaissables, soulignés par deux bandes
sculptées qui font le contour. Le personnage a un nez droit et deux lèvres épaisses resserrées.
523 F. Braemer, Les stèles funéraires de Bordeaux, Ouv. Cit., p. 77.
524 M.-R. Ormasti, Recherches sur l’iconographie funéraire chez les Médiomatriques au Haut Empire : exemple
de la vallée Mosellane, Ouv. Cit., p. 115.
525 F. Braemer, Les stèles funéraires de Bordeaux, Ouv. Cit., p. 78.
460
La décoration végétale fait penser à des moustaches ou à une
barbe ornée de plusieurs pointes. Cette stèle est semblable à
la stèle Esp V, Metz 4388, découverte sur le même site. Le
motif de masque de feuilles en lui-même est comparable à
celui découvert au camp de Dalheim, sur un fragment de bloc
(Esp V, Luxembourg, 4213). Des différences sont notables
malgré tout. Le masque conservé au Musée archéologique de
Luxembourg était inclus dans une forme de médaillon sur un
monument funéraire qui était probablement un autel et non
une stèle à fronton triangulaire simple. Le nez du personnage
est court et épaté. Les joues, pleines, ressemblent à des feuilles
de chêne aux nervures marquées alors que dans l’exemple
de Metz, ce sont de fines bandes d’une certaine épaisseur.
La bouche est en revanche assez similaire. Elle est composée
de deux lèvres charnues et resserrées. La moustache semble
sortir des narines du personnage tandis que la barbe se termine
par quatre pics. Les yeux en amandes sont surlignés par un
contour. Enfin, les faces latérales sont sculptées de feuilles
imbriquées.
Ill. 3.112 Masque, 046
Photo L. Kieffer Champ épigraphique : Ht 14 cm. lg 43.5 cm.
C.I.L XIII (1899-1916), 4355 ; Espérandieu V (1913), 4381 ; Toussaint 1948, p. 113 ; Schlémaire, 1972, H3 ;
Freigang 1997, Med 242.
DM
CARADDOVNAE
DONNO MARCV
VTFH
L’inscription est déchiffrable grâce à l’estampage de R. Schlémaire. Elle est peu profonde.
Les trois premières lignes sont situées dans le bandeau et la dernière entre les deux pilastres
(Ill. 3.113).
461
La défunte se nomme Caraddouna. Or, ce nom a une singularité dans la manière de l’écrire.
Les deux D sont barrés. R. Schlémaire l’avait constaté en 1972 en supposant un phonème
d’origine gauloise mais sans pouvoir l’expliquer. P.-Y. Lambert526 a déduit que le D barré est
l’équivalent du théta gallo-grec pour la transcription d’une dentale sifflante correspondant à
un double S. Il cite un certain Carassounius, orthographié de même, en exemple. Carassouna
serait alors le féminin. Dans ce cas, cette stèle pose une interrogation sur la survivance de la
langue gauloise dans la cité des Médiomatriques. La stèle est dédicacée par son héritier Donno
Marcus dont on ignore le lien avec cette femme. Celui-ci était encore vivant, comme l’indique
le formulaire abrégé de Vivus Titulum Fecit Heres, lors de la commande de l’inscription.
Le manque d’informations ne permet pas de datation précise. La stèle est du IIe ou début IIIe
siècle.
462
représentation symbolique d’une porte. Les représentations de portes ne sont pas rares parmi
les stèles appartenant à des populations modestes. À Metz, la stèle inv.2012.0.23 comprend
une double porte. Une stèle de Bourges, Esp II 1467, semble également représenter une porte,
surmontée d’un croissant de lune. Concernant ce dernier exemple, la base RBR hésite plutôt à
évoquer une représentation de stèle dans la stèle.
Robert 1873-1883, tome III, p. 72 ; Möller 1880, p. 128 ; Hoffman, 1889 p. 70, n° 300 ; C.I.L XIII (1899-1916)
4445 ; Toussaint, 1948, n° 276, p. 98 ; Schlémaire 1972, L57 ; C.A.G 2005, p. 265.
DM
VITTA[.]IOMARSO
[.]ITTAT[.]VSCAPVR
LVSL
5
ETMAGN [.]
VSCAPR
[..]SVS
HPC Ill. 3.115 Inscription, 047
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
D(is) M(anibus) | Vitta[t]io Marso, | [V]ittat[i]us Capur/lus l(ibertus) |5 e(t) Magn[i]|us Ca-
pr|[is]sus, | h(eredes) p(onendum) c(uraverunt)
L’inscription est répartie entre le bandeau et l’intérieur de l’arcade. Les lettres sont très
difficiles à déchiffrer (Ill. 3.115). L’estampage réalisé par R. Schlémaire aide néanmoins à
comprendre le tout. La transcription connue à travers le C.I.L XIII 4445 est incorrecte. Le
défunt porte des duo nomina deuxième formule au datif. Le nomen et le cognomen de l’homme
peuvent être complétés grâce au nom cité à la troisième ligne. Les dédicants sont mentionnés.
Ce sont également les héritiers. L’un des deux hommes est un affranchi, alors que le lien
avec l’autre personne n’est pas stipulé. Vittatius Marsus et Vittatius Capurlus ont des points
communs contrairement à Magnius Caprissus et Vittatius Marsus. L’affranchi a repris le nomen
de son ancien maître, comme d’accoutumée. Vittatius demeure un nomen inconnu. Il s’agit
d’un unicum. Un rapprochement est possible, avec précaution, avec Vitu- qui signifie « saule
» en gaulois527. Parmi les noms de personnes issus de ce mot existent Vitulus et Vittia. La
ressemblance peut conduire à une piste éventuelle. Marsus, cognomen latin528, est beaucoup
moins exotique. Capurlus n’est pas attesté mais évoque Caper, le capricorne. Il paraît logique
de partir dans cette direction de recherche à cause du troisième personnage. Magnius Caprissus
est composé de Magnius, un nomen latin d’assonance patronymique retrouvé à Bourges, par
exemple, et de Caprissus, cognomen connu. Ils semblent donc partager une racine commune.
D’après les informations collectées, le D.M abrégé, le nom du défunt au datif, les duo nomina
composés de l’association nomen et cognomen pour les trois hommes, dont les dédicants, cette
stèle se situe aux environs du milieu du IIe siècle, voire IIIe siècle.
463
048. METZ (MOSELLE). STÈLE À FRONTON TRIANGULAIRE SIMPLE
La stèle est complète. Une partie de la base a été cimentée. La face antérieure est fortement
effacée. La stèle semble s’être dégradée depuis les dernières photographies prises en 2005.
La face latérale gauche est fissurée en deux endroits, partie supérieure. L’arrière est lissé. La
face latérale droite n’est pas visible en raison du positionnement de la stèle couchée au sol. En
revanche, en dessous, demeure une excavation en forme de dôme. La partie inférieure a été
travaillée au pic ou à la broche pour être enfouie dans le sol. La face principale est sculptée
en bas-relief peu profond. La stèle est divisée en trois
registres. Le fronton, le bandeau de l’inscription et, en
dessous, un décor architectural.
464
Ill. 3.116 Inscription, 048
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole, détail
D*M
MARCO
AQVINIO
M[...]
5
MARIN [—] |——
Les trois premières lignes de l’inscription se situent dans le cartouche, les trois autres sous
l’arcade. Les lettres en capitales carrées peu profondes sont presque effacées, surtout les der-
nières lignes (Ill. 3.116).
La stèle est dédiée aux dieux Mânes de Marcus Aquinius. C’est un homme dont les duo
nomina sont au datif. Marcus est ici marqué en toutes lettres. S’il s’agit d’un praenomen, c’est
tout à fait inhabituel. Il est homophone de Marcos, le cheval en langue gauloise529. Aquinius,
avec une terminaison en -ius fait penser à un gentilice à consonance latine issu d’aqua, l’eau.
La fin de la dédicace est illisible excepté une partie du dernier nom : Marinus ou Marina.
Marinus se compte, à plusieurs reprises notamment dans la cité des Santons530. Présent dans
tout l’Empire, ce nom s’est largement propagé puisqu’il est répertorié sur un ensemble de 279
inscriptions étalées dans le temps. Issu de « Marin », on dénote une autre référence au monde
aquatique.
La composition des noms cette stèle prête à confusion. Néanmoins, l’abréviation D.M et le
datif la situeraient plutôt vers la première moitié du IIe siècle.
465
La stèle est endommagée à plusieurs endroits. Une cassure nette a emporté l’acrotère gauche
et une partie de la face principale, comprenant un morceau de la lettre D de la dédicace. Des
éclats sont à déplorer sur l’arête droite. La finition assez grossière et relativement voyante a été
réalisée en grande partie à la gradine. Des traces horizontales sont visibles sur la face décorée.
Elles partent dans tous les sens sur les latéraux. La face principale semble gravée plutôt que
sculptée. La stèle de divise en trois registres : le fronton, l’épitaphe et le motif. Elle est en
calcaire de Jaumont et non en grès comme l’indique la C.A.G531.
Stèle funéraire à fronton triangulaire aux coins formant un angle droit. À l’intérieur du
fronton est incisé un motif végétal simple. La dédicace, en dessous, n’est pas contenue dans un
cadre. Dans un grand rectangle disposé en hauteur, une plante sort d’un vase dépourvu d’anse.
Le pied, surmonté d’une large panse, se rétrécit. L’embouchure est évasée. Les contours de la
feuille stylisée sortant du vase épousent la forme du cadre rectangulaire dans lequel elle s’insère.
Elle est représentée de manière à peu près symétrique. Les incisions obliques des nervures sont
creusées profondément. Cette stèle est à rapprocher de la stèle de la Horgne au Sablon (Esp V,
4372) au thème similaire. Des différences sont néanmoins notables. Le vase de la Horgne a des
anses qui vont de l’embouchure à la panse. La plante, moins géométrique, n’occupe pas tout
l’espace. Pour finir, son relief est davantage marqué.
Ht lettres 2 cm.
Keune 1904, pl. VI n° 7 ; C.I.L XIII (1899-1916), 11362 ; Krüger 1905, p. 344 ; Von Domaszewski et Finke 1906-
1907, p. 58 ; Keune 1907-1909, p. 14 ; Toussaint 1948, p. 130 ; Schlémaire 1972, L5 ; Collot 1976, tome 2, n° 29
; Freigang 1997, Med 219 ; C.A.G 2005, p. 264.
531 P. Flotté, C.A.G (57/2) Metz, Ouv. Cit., p. 264.
466
Ill. 3.118 Inscription 048
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
DM
ACISILLI
AEFABR
CILLAE
L’inscription est entière. La dédicace est gravée en capitales carrées de belle facture (Ill.
3.118). Les lettres sont irrégulièrement espacées. Cependant, le lapicide a oublié une lettre : le I
de Fabricilla. Elle est considérée à tort comme manquante par le C.I.L (C.I.L XIII, 11362) car la
place sur le bandeau ne manquait pas. La défunte porte des duo nomina composés d’un gentilice
et d’un surnom. Le gentilice est d’origine germanique et le surnom latin532.
La stèle est complète. La pointe du fronton est légèrement cassée. Les traces d’outils sont
visibles sur toutes les faces. Des traces de rifloir sur la face avant, surtout autour du disque, des
traces de gradine sur le côté gauche. Elles sont reconnaissables par des formes dentelées. Le
côté droit est taillé de manière plus grossière et irrégulière. La face arrière est épannelée. Seule
la face principale a été sculptée en bas-relief peu profond. Le nom de la personne y figurant a
été effacé (Ill. 3.119 et 3.120).
532 M. Dondin-Payre et M. Th.Raepsaet-Charlier, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Em-
pire, Ouv. cit., p. 220.
533 P. Flotté et M. Fuchs, C.A.G (57/2) Metz, Ouv. Cit., p. 263.
467
Ill. 3.119 Stèle à sommet triangulaire de Maia, 4 faces visibles, 050
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Cette stèle à sommet triangulaire simple se compose de trois registres, évoquant des
compartiments, travaillés en bas-relief de faible profondeur. Le fronton, le cartouche et, en
dessous, dans un cadre rectangulaire, un motif. Dans une forme de triangle, sur le fronton,
apparaît un bouclier rond, ressemblant à un clipeus renforcé d’un umbo. Il est posé sur deux
glaives dont on reconnaît facilement la pointe et le manche. Ils sont traités de manière simplifiée
avec des contours nets. J.-J. Hatt y reconnaît un « motif funéraire romain courant534 » mais très
peu employé dans les productions indigènes urbaines des populations aisées. Ceux-ci préférant
en général les portraits. Paradoxalement, ces motifs sont reproduits sur des stèles dérivées selon
lui de maisons, « invention » locale. Cela reste une interprétation. La présence de ces armes
n’a rien à voir avec un passé guerrier mais reflète plutôt une vie pacifique symbolisée par
leur dépôt535. La dédicace est gravée sur un cartouche à queues d’arondes, terminé de part
et d’autre par des peltes inversées. La partie inférieure est décorée d’un disque sonore, ou
tympanum, traversé par un bâton recourbé, le pedum. En général, cet instrument est associé au
culte à mystère de Cybèle. Une suggestion de la part des conservateurs du musée stipule la stèle
funéraire d’une musicienne. Cependant, ce mélange iconographique est assez inhabituel. À
savoir que cette déesse chtonienne a été rapportée par des légionnaires. Chercher un lien entre
les deux motifs, du fronton et du corps de la stèle serait sans doute erroné puisqu’il s’agit en
général d’une simple décoration.
Pour comparaison, un tympanum traversé d’un pedum figure sur un monument de l’îlot
Saint-Jacques (75.38.54) en tant que décoration de registre inférieur des faces latérales. Le
bâton, à l’oblique, est montré dans le sens inverse de la stèle de la Lunette d’Arçon. Le rebord et
le centre du disque sont marqués par un renfoncement. En l’occurrence, la place de l’instrument
sur les côtés le rend secondaire. Il s’apparente peut-être davantage à une appartenance culturelle
revendiquée.
534 Hatt, La tombe gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes, Ouv.
cit., p. 237.
535 209 C. Nerzic, La sculpture en Gaule romaine, Ouv. Cit., p. 96.
468
Ill. 3.120 Inscription, 050
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Ht lettres 3 cm.
Keune, 1904, pl. VI n° 1 ; C.I.L XIII (1899-1916), 11389 ; Toussaint 1948, p. 129 ; Freigang 1997, MED 221.
D*M
MAIAE
Le formulaire funéraire en D.M et le nom unique placent chronologiquement cette stèle entre
le IIe siècle et le milieu du IIIe siècle.
536 J. Prieur, La mort dans l’antiquité romaine, La Guerche-de-Bretagne, Ouest France Université, 1986, p.
17.
537 M.-Th. Raepsaet-Charlier et M. Dondin-Payre, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Em-
pire, Ouv. cit., p. 423.
538 A. Kolb, Epigraphik Datenbank, http://db.edcs.eu/epigr/epi_ergebnis.php, 18/02/2016, consulté le
18/02/2016.
469
051. METZ (MOSELLE). STÈLE-MAISON DE MATUICCO
La stèle est complète. Elle est évidée. Les faces sont grossièrement épannelées. La face
latérale droite est fissurée, partie supérieure. Seule la face principale est sculptée.
Stèle maison à fronton triangulaire décorée d’un motif en bas-relief peu profond. On
remarque une rosette à huit pétales, avec un cœur de forme circulaire. Elle est flanquée de
feuilles d’acanthe stylisées divisées par trois lignes allant des coins du triangle vers le centre.
Ce motif est relativement fréquent parmi les monuments populaires. Il est probable qu’il ne soit
pas rattaché à des croyances religieuses mais uniquement décoratif. A noter qu’a Divodurum,
les fleurs ne sont jamais représentées par 3 comme à Mayence Esp VIII, 6131 mais seules. Son
espèce est indéterminée.
Le sommet du monument présente une protubérance qui évoque le faîtage d’un toit. Juste
en dessous du fronton, sur le corps de la stèle, une inscription est gravée en caractères assez
profonds, sans délimitation (Ill. 3.121). Dans la partie inférieure de la face principale, une forme
de maison en relief est percée d’une ouverture de forme carrée. Elle est destinée à recevoir
des libations. Cette stèle est la seule à répondre réellement à la définition d’une stèle maison
stricto sensu539. C’est-à-dire qu’elle cumule quatre particularités bien spécifiques. Une base
carrée, un toit à double pente, une ouverture en façade décorée d’une forme de porte et une
539 E. Linckenheld, Les stèles funéraires en forme de maison chez les Médiomatriques et en Gaule, Strasbourg,
Les Belles lettres, 1927, p. 18.
470
base évidée. Espérandieu voyait un cartable à la place d’une porte (Esp V, 4373). Or, ce type
de motif est employé à plusieurs reprises (Esp V,4395) sur les stèles dérivées de maison. Il
n’est pas forcément une évolution plus tardive mais parfois un modèle coexistant. À l’époque
de l’Empire l’idée selon laquelle les Gaulois laissaient les portes ouvertes pour que l’âme du
défunt puisse entrer et sortir librement n’est plus de mise540. Au mieux, la sépulture est vue
comme un lieu de passage. Cette thèse est défendue à la fois par J. Prieur et J.-L Brunaux. Ces
théories démontrent un choix délibéré de sélection de motifs parmi d’anciennes croyances,
remaniées, des siècles plus tard. N. Laubry parle de réappropriations de pratiques541 surtout
autour du IIe siècle de notre ère.
DM
MATVICCO
SACVNAE
FILIE
Très belle inscription en capitales carrées (Ill. 3.122). La dédicace commence par la formule
abrégée D.M. On remarque que la terminaison en AE est inscrite une première fois en entier, une
seconde avec une omission du A de filiae. Cette variante apparaît à la fin du IIe siècle. Matuicco
est un nom unique indigène d’origine gauloise qui semble s’imposer comme un nominatif.
Matu signifiant ours542 ou « favorable » est fréquent dans l’onomastique gauloise543. C’est ce
que l’on appelle un nom thériophore ou en relation avec nom d’animal544. R. Schlémaire le
traduisait par un nom féminin au datif. Le musée a opté sur son cartel pour Matuiccus. A priori,
540 J.Prieur, La mort dans l’Antiquité romaine, Ouv. Cit. p. 157.
541 N. Laubry, « Aspects de la romanisation en Gaule et en Germanie : les monuments et les inscriptions funé-
raires sous le Haut Empire », Pallas, 80, 2009, p. 281.
542 D. Davin, Les stèles funéraires de la Horgne-au Sablon, Metz, cité des Médiomatriques, Ouv. Cit., p.
57.
543 X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Ouv. Cit., p. 187.
544 M. Dondin-Payre et M. Th. Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit., p.
280.
471
cette interprétation est incorrecte. Dans le premier cas, Sacuna serait sa mère, dans le second, sa
fille. Aucune traduction n’a encore été proposée pour Sacuna qui semble être un hapax gaulois.
D’après les informations apportées, la stèle serait de la fin du IIe siècle. Le IIIe siècle a été
choisi et inscrit sur le cartel par le conservateur mais cette datation est critiquable à cause de
l’alternance entre AE et E traduisant une période d’hésitation transitoire entre une ancienne
forme et la nouvelle.
La stèle est complète. On remarque un éclat sur la pelte de droite qui empiète sur une partie
du cadre de l’inscription. La toiture à double pente, ainsi que les faces latérales, gauche et
droite, sont layées. La face latérale droite est légèrement fissurée vers l’arrière et présente
quelques impacts. La face postérieure, grossièrement épannelée, révèle une cassure importante
dans la partie supérieure, à gauche. Seule la face principale est sculptée en bas-relief de faible
profondeur. La base est évidée.
Ill. 3.123 Stèle à fronton triangulaire simple de Pasuius Priscus, 4 faces visibles, 052
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Cette stèle funéraire de section rectangulaire est ornée d’un fronton triangulaire simple. La
face principale se divise en trois registres : le fronton décoré, l’inscription dans un cartouche
et le motif sur le corps de la stèle (Ill. 3.123). Une forme triangulaire incisée est imbriquée
472
dans le fronton. À l’intérieur se trouvent deux feuilles d’acanthe stylisées divisée par une
ligne. Le cartouche, situé en dessous, est un rectangle inclus entre deux peltes inversées. Il est
également compris entre deux lignes horizontales. Sur le corps de la stèle, un grand rectangle
est partagé en quatre selon les deux axes de symétrie correspondant aux médiatrices de ses
cotés. Les diagonales superposées au motif, en bandes, forment une croix qui recouvre le centre
de symétrie déduit. Les quatre rectangles sont ornés de motifs végétaux simplifiés aux lignes
ondulées. Lesquels motifs forment des triangles isocèles. Les bords des rectangles sont arrondis.
On repère encore un losange correspondant à la définition mathématique selon laquelle un
losange possède deux axes de symétrie correspondant à ses deux diagonales. En somme, cette
stèle comporte un ensemble complexe de définitions et de règles géométriques rassemblées sur
un seul monument. Excepté la forme de losange, ce motif peut être mis en parallèle avec un
monument d’un joueur de cor découvert à l’îlot Saint-Jacques (inv. 75.38.29) ou une stèle du
Sablon C.I.L XIII 4348. La multiplication de ce type de décors pose la question d’un éventuel
goût pour cette science.
C.I.L XIII (1899-1916), 11401 ; Toussaint 1948, p. 138 ; Schlémaire 1972, S10 ; C.A.G 2005, p. 278.
D*M
PASVIO
PRISCO
L’inscription est en capitales carrées de bonne facture (Ill. 3.124). Les lettres sont assez
espacées. Une interponction entre le D.M en forme de triangle est orientée vers le haut. Des
restes de peinture rouge étaient notifiés dans les descriptions précédentes. Elles ont disparu.
Cette stèle est dédiée à un homme porteur de duo nomina au datif en -O. Son nom est répertorié
comme une association de nom germanique et de surnom latin545. Il semblerait que les noms
d’origine germanique soient moins nombreux que les noms celtes. Cette remarque faite pour
Trèves reste à vérifier en termes de pourcentage à Metz.
545 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit., p
221.
473
La dédicace aux dieux Mânes, l’absence de praenomen, placent cette stèle durant la seconde
moitié du IIe siècle, IIIe siècle toutes proportions gardées.
La stèle est très mutilée (Ill. 3.125). Elle est incomplète. La face antérieure est cassée en
partant de la partie supérieure droite à la partie inférieure gauche sur la moitié de l’épaisseur
et de la longueur. La cassure est irrégulière, en escaliers. La face postérieure a subi le même
type de dégradation dans la partie supérieure. Finalement, la stèle est fragilisée car elle ne tient
plus que sur une fine épaisseur commune. Cette coupe laisse apparaître un évidement semi-
circulaire en bas. On remarque des traces de ripe sur la face latérale gauche. De la mousse active
avait colonisé les interstices. La détérioration de la stèle s’est aggravée depuis sa photographie
prise en 2005, notamment, en bas à droite malgré un récent nettoyage. La façade est décorée
d’un motif gravé en faible relief. Elle se divise en trois registres. Le fronton, l’inscription dans
un bandeau et l’ornementation sur la partie inférieure du corps de la stèle.
474
le conclure.
A.S.H.A.L 1904, pp. 325-326 ; Krüger 1905, p. 344 ; Espérandieu V (1913), 4391 ; C.I.L XIII (1899-1916), 11374
; Von Domaszewski et Finke (1906-1907), p. 60 ; Toussaint 1948, p. 128 ; Schlémaire 1972, L30 ; Freigang 1997,
Med 243 ; C.A.G 2005, p. 264.
DM
DECCOSO
Le D du D.M et celui du nom du défunt sont mal centrés. Le nom lui-même n’est pas droit
sur une ligne et les caractères sont tordus. Les lettres sont en capitales cursives (Ill. 3.126).
L’épitaphe est succincte. Le dédicataire se nomme Deccosus. Le défunt porte un nom unique
au datif. C’est certainement un hapax celte, comme l’avait pressenti J.-B Keune avant de l’écrire
dans la Revue celtique n° XXVII. Dans l’état actuel de la recherche, aucune traduction n’a pu
être proposée. L’homme est un pérégrin.
L’abréviation D.M, le datif et l’unicum favorisent une datation plutôt de la première partie
du IIe siècle.
Stèle presque complète dont le sommet du fronton et la partie inférieure droite sont cassés.
Sur la surface, deux cavités rondes ont été creusées ultérieurement à l’aide d’un outil. Une à
côté du D.M, une autre plus bas. Une partie de la face latérale droite a été amincie. La face
latérale gauche présente aussi deux trous semblables dans le tiers supérieur. La face arrière est
juste épannelée. Seule la face principale, légèrement creusée, comprend une inscription.
475
Ill. 3.127 Stèle cippe à fronton triangulaire simple, 4 faces visibles, 054
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Cette stèle, en comparaison avec les autres modèles mis au jour, ressemble davantage à un
cippe classique. À base de section rectangulaire, relativement haute, elle est surmontée d’un
fronton triangulaire élevé (Ill. 3.127). D’où l’appellation typologique particulièrement bien
adaptée de stèle-cippe. Le fronton est séparé du corps de la stèle par un fin bandeau orné de
motifs alternant forme de triangles et de triangles inversé sculptés en relief peu profond. Ils
forment aussi un cadre autour de l’inscription. Le bandeau horizontal continue sur la face latérale
gauche, par simples incisions. Les deux pans du fronton sont décorés de losanges également
incisés. Ils font penser à une toiture. À l’intérieur du fronton triangulaire est imbriqué un cadre
triangulaire à double moulure, vide. Un grand cadre rectangulaire à double moulure, situé en
dessous, comprend l’inscription.
Ht lettres 4 cm.
DM
IVLSACER
NAMMIAE
ATE*PAE
5
TP
Ill. 3.128 Inscription, 054
Photo L. Kieffer
La retranscription donnée par le C.I.L XIII est correcte (Ill. 3.128). Toutefois, un saut de ligne
a été oublié entre Nammiae et Atepae. Les caractères sont irréguliers car l’inscription commence
par l’abréviation D.M en capitales cursive et se poursuit en capitales allongées. Les lettres sont
profondément gravées dans la pierre. Une interponction en forme de point sépare Ate et pae.
476
Le signe paraît inutile en l’occurrence. Cette dédicace est singulière car les noms sont inversés.
Le nom du dédicant, Iulius Sacer, précède celui de la défunte pour laquelle il a « fait faire cette
inscription » (T(itulum) P(osuit)). Leur lien n’est pas précisé. Les deux personnes citées portent
des duo nomina. Le nom de la défunte est au datif. Nammia, qui ressemble fort à un féminin de
Nammo (C.I.L XIII 4353), est apparemment d’origine celtique. Un Nammus, considéré avant
l’acquisition de nouvelles informations comme un hapax, a aussi été découvert dans une autre
région546. Concernant le surnom Atepa, sa forme au masculin, Atepo, est fréquente en Gaule547.
Le préfixe Ate-, issu du celte, est souvent employé pour exprimer la répétition ou l’intensité548.
Bien que personne n’ait encore tenté le rapprochement, il est possible que ce préfixe ait un lien
avec le nom. Ainsi que le fait remarquer M. Dondin-Payre, au fur et à mesure des découvertes,
les hapax sont finalement de plus en plus rares. On peut ici se demander si justement le préfixe
n’a pas été isolé par l’interponction. À propos du dédicant, Iulius est un gentilice impérial
commun, très souvent employé dans le monde romain, tout comme le cognomen Sacer est
présent à plusieurs reprises à Divodurum (îlot Saint-Jacques inv. n° 75.38.58).
L’abréviation D.M, l’omission du prénom et la forme des lettres, typiques du début du IIIe
siècle, sont des indications précieuses de datation.
La stèle est incomplète. Elle a été largement retaillée pour un remploi. La face latérale
gauche a été creusée pour prendre une forme concave tandis que la face postérieure est bombée
(Ill. 3.129). La partie inférieure est cassée laissant apparaitre un évidement de la base. La face
latérale droite est correctement conservée. Seule la face principale est sculptée en bas-relief peu
profond. L’inscription en façade a quasiment disparu.
La stèle possède un fronton triangulaire haut. Elle est particulièrement épaisse. L’arête
supérieure du toit forme une légère courbe. À l’intérieur du fronton mouluré figure un croissant
de lune, aux pointes dressées vers le haut. Elles sont écartées. Les cornes sont alignées549,
corroborant les observations faites par Y. Le Bohec à ce sujet. Le motif est comparable aux
stèles découvertes à la Horgne C.I.L XIII 4455 ou C.I.L XIII 4347. On remarque que dans les
nécropoles messines la lune est toujours sculptée en relief et non incisée comme dans celle
de Benfeld (Wuilleumier, I.L.T.G 418), par exemple. De plus, elle n’est employée que sur des
monuments de taille modeste. Le motif, sans doute importé depuis le Sud550, suivant la voie
Agrippa, est déjà répertorié à Nice au Ier siècle sur une tombe de militaire précisément datée
(C.I.L V, 7900). À Metz, la concision des épitaphes ne permet pas de faire de même.
546 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv.Cit., p.
141.
547 Ibid, p. 267.
548 X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Ouv. Cit., p. 49.
549 Y. Le Boec, « Le croissant de lune chez les Eduens et les Lingons sous le Haut Empire », in Revue Archéolo-
gique de l’Est, t63-2014, p. 451.
550 C. Kooy, « Le croissant lunaire sur les monuments funéraires gallo-romains ». in Gallia. Tome 39 fascicule
477
Ill. 3.129 Stèle à fronton triangulaire simple et motif lunaire, 3 faces visibles, 055
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Un large bandeau mouluré délimite un cadre rectangulaire sur le corps de la stèle. Un reste
d’inscription très mutilée y est gravé. Vers le bas du cadre, on remarque un fin bandeau en forme
de vague qui a pour effet de casser la linéarité.
C.I.L XIII (1899-1916), 4439 ; Toussaint 1948, p. 121 ; Schlémaire 1972, H25.
D[.]
VAL[ ___ ]
VRBIC[ ___ ]
478
Les caractères sont gravés en capitales carrées. L’état de l’inscription rend très difficile toute
interprétation. La solution préconisée par R. Schlémaire reste sans doute la plus probable grâce
à l’estampage de la stèle et la plus prudente. Elle propose une dédicace aux dieux Mânes de
Valerius Urbicus ou Valeria Urbica, au datif, car la fin de chaque ligne est manquante et rien
ne justifie qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme. Le C.I.L XIII retient une interprétation
différente. Ce serait Valerius, fils d’Urbicus. Ce choix tranché n’est pas vraiment justifiable car
il n’y a pas d’abréviation pour filius. Valerius est un gentilice très commun dans l’Empire551.
Pour M.-Th. Raepsaet-Charlier, Valerius est d’assonance celte552. R. Schlémaire en comptait
déjà cinq occurrences en 1972, à Metz. Urbicus ou Urbica, en revanche, est latin553.
Le peu d’informations délivrées par la stèle, excepté la formule D.M, ne permet pas de data-
tion précise. Elle paraît être du IIe ou IIIe siècle.
Cette stèle funéraire à fronton triangulaire est complète. Le faible relief est endommagé par
des impacts sur la face principale. La base du fronton est cassée à droite. La partie inférieure
présente des lacunes. Les faces latérales, droite et gauche sont dégradées. La face arrière a été
grossièrement taillée avec une broche.
Les deux rampants du fronton sont décorés de bandes moulurées. Une rosace y est incisée.
R. Schlémaire l’avait bien noté en 1972. Elle a presque disparu laissant plutôt imaginer un motif
de lune. Cependant, de très près on distingue encore le haut du cercle. Il est coupé en quatre
parties, avec un point au centre (Ill. 3.131).
C.I.L XIII (1899-1916), 11386 ; Toussaint 1948, p. 141 ; Schlémaire 1972, M6 ; C.A.G 2005, p. 296.
D*M
LICCATVLIAE
SEVER
CARILLVS
5
P
551 M. Dondin-Payre et M.- Th.Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit. p.
363.
552 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Em-
pire, Ouv. Cit. p. 410.
553 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit., p. 1
52.
479
D(is) M(anibus) | Liccatuliae, | Sever(us) | Carillus |5 p(osuit)
Ill. 3.131 Stéle funéraire à fronton triangulaire de Liccatulia, 4 face visibles, 056
Ill. 3.132 Inscription, détail, 056
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
L’inscription est située dans un cadre rectangulaire creusé (Ill. 3.132) Les caractères sont
en capitales carrées peu profondes. Une interponction en forme de triangle sépare le D.M. On
compte deux nexus. Le A et le T de Liccatulia et le A et le E, une ligature plus commune parmi
les stèles de Divodurum. Liccatulia est un hapax. Licca signifie « pierre plate » en gaulois554.
Le dédicant porte des duo nomina. Sever(us), un gentilice abrégé d’origine latine, est
développé en Severius, par le C.I.L XIII 11386 puisque d’autres occurrences existent déjà. R.
Schlémaire ne partageant pas le choix de cette terminaison traduit plutôt par Severus. Carillus,
en revanche, est un hapax. On peut supposer que la racine Car- provient de carros ou « cher ».
Beaucoup de noms sont composés de cette racine à Divodurum. Le suffixe –ILLVS est aussi
480
souvent employé, par exemple dans Messillus555 ou Opillus556. Cet unicum suit la formation
classique des mots indo-européens avec racine, suffixe et désinence557. Carillus est un cognomen.
D’après le formulaire employé qui débute par l’abréviation D.M et le nom du père, dédicant
de la tombe, au gentilice abrégé, cette stèle peut être datée à partir du milieu du IIe siècle.
La stèle est incomplète. Une partie du fronton triangulaire est brisé (Ill. 3.133). La partie
inférieure est manquante. La face latérale gauche a été taillée avec un pic ou une broche. La face
latérale droite et la face postérieure sont épannelées.
Cette stèle funéraire de section rectangulaire est surmontée d’un fronton triangulaire simple.
Elle ne présente aucune décoration mais une inscription grossière. Celle-ci commence dans le
fronton pour se terminer à l’intérieur d’un cadre rectangulaire bordé d’une large moulure.
Ht lettres : ligne 1 : 5 cm, lignes 2 à 4 : 5 cm, ligne 5 : 4 cm, ligne 6 : 3.5 cm.
C.I.L XIII (1899-1916), 4420 ; Toussaint 1948, p. 119 ; Schlémaire, 1972, H38.
D*M
LPVBLI
CIOCN
DIDO
MAGIO
5
NISLIB
La dédicace transcrite par le C.I.L XIII est incorrecte car un A est ajouté à tort entre le CN
de Cnaeus. Dido et Magio sont sur deux lignes différentes, le tout parfois interprétés comme
des tria nomina et par conséquent, un statut de citoyen. Une interponction en forme de point
sépare le D et le M. Les L ont une patte recourbée. L’inscription est maladroite. Aucune ligne
n’a la même taille et la dernière a été compressée pour rentrer dans le cadre. La stèle est dédiée
aux dieux Mânes de Lucius Publicius. Lucius fait partie de la courte liste de praenomen au
choix558 dans le monde romain. Ils sont toujours abrégés. Pour les gallo-romains, Lucius fait
555 P.-Y. Lambert, la Langue gauloise, Ouv. Cit, p. 44.
556 X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Ouv. Cit., p. 144.
557 P.-Y. Lambert, la Langue gauloise, Ouv. Cit., p. 28.
558 P. Corbier, L’épigraphie latine, Ouv. Cit., p. 162.
481
référence à lug, la lumière, et se hisse parmi
les prénoms choisis le plus fréquemment559. R.
Schlémaire en dénombrait déjà douze à Metz en
1972, c’est-à-dire avant la découverte des stèles
de l’îlot Saint-Jacques. Publicius trahit une
origine servile560.
Selon l’interprétation de R. Schlémaire, son
maître portait également des duo nomina et non
des tria nomina, formés avec un praenomen
: Cnaeus et Didomagionis qu’elle considère
comme un génitif en -onis.
Dido peut avoir le sens de « distribuer » en
latin. Magio signifie en revanche « grand »561 en
celte.
Une autre lecture, sans doute plus adéquate,
est possible en considérant Cn. Dido comme le
dédicant. Dans ce cas, le terme de libertus se
réfère non plus à L. Publicius mais à Cn. Dido,
affranchi de Magionis. Nous pouvons constater
que les trois personnages cités ne partagent
aucun nom en commun. Or, en règle générale, Ill. 3.133 Stèle d’un affranchi, 057
l’affranchi reprend le plus souvent une partie du © L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or
nom de son ancien maître et reste dans son giron.
Le mélange praenomen abrégé et gentilice, si tel est le cas est extrêmement rare après 50562.
Cependant le D.M abrégé se répand vraiment à la fin du premier siècle, voire début IIe. Peut-être
s’agit-il d’immigrants venus à Divodurum. L’utilisation du datif nous limite théoriquement aux
environs du milieu du IIe siècle563.
482
niveau de la partie inférieure. Au sommet, le fronton prend une forme pyramidale sur trois des
côtés, que l’on ne retrouve pas sur la face antérieure.
Elle ne présente aucune décoration mais une inscription assez longue (Ill. 3.135). La dédicace
commence dans un fronton triangulaire à double moulure et se fini dans un cadre rectangulaire
à double moulure sur le corps de la stèle.
DIS
MANIBVS
VIBIASENAE
DECMIVX Ill. 3.135 Inscription 058
5
ETACVITANAE Photo L. Kieffer
MATRI
483
Decimius. Enfin, le surnom de la mère, Acuitana est cité. Il s’agit encore d’un hapax. Le nom
qui s’en rapproche le plus est Acuita. Les deux occurrences de comparaison sont originaires de
Gaule Belgique puisque la première inscription proviens de Boulogne-sur-mer (C.A.G-62-01)
et la seconde d’Amiens (C.A.G-80-01). Vibiasena et Acuitana ont pour point commun d’être
des noms composés. Ils ne sont apparemment pas, au premier abord, des indigènes locaux. Les
comparaisons ont néanmoins démontré que ce sont des dérivés de noms existant dans la région,
quoique rares.
La formule Dis Manibus entière situe la stèle vers la fin du Ier siècle, début IIe.
Ht lettres 3 cm.
C.I.L XIII (1899-1916), 11384 ; Toussaint 1948, p. 136 ; Schlémaire 1972, L12 ; C.A.G 2005, p. 268.
D*M
IVLIAE
L’inscription est sommaire et peu profonde. Rien n’est droit ni centré. Elle semble avoir été
tracée par un particulier. Le D et le M sont séparés par une interponction en forme de triangle.
La dédicace aux dieux Mânes est abrégée. La défunte porte un seul nom, Iulia, issu du nom de
484
la famille impériale. Cet idionyme traduit sans doute un statut de pérégrin. D’après la facture de
ce monument, elle paraît particulièrement démunie.
Le nom unique permet de situer la stèle chronologiquement du IIe siècle à la moitié du IIIe
siècle.
Stèle funéraire incomplète. Le haut du fronton est brisé. La partie inférieure droite, manquante,
est cimentée. La stèle est particulièrement fine, comme les plaques romaines, contrairement aux
habitudes locales de fabriquer des stèles plus épaisses que larges. La face principale, irrégulière,
contient des traces de ripe.
Il s’agit d’une stèle à fronton triangulaire simple (Ill. 3.137). À l’intérieur du fronton, une
autre forme triangulaire creusée s’imbrique dans un cadre à double moulure.
L’inscription y commence pour terminer sur le corps de la stèle dans un cadre rectangulaire
de même facture (Ill. 3.138). Dans la partie inférieure, une ouverture en forme de porte arrondie
évidée est représentée. Elle est surlignée par un bourrelet assez épais, qui suit le contour. Le
même type de porte se retrouve sur une stèle des Leuques (Nesp III, Leuques, 2010, 015). Par
son ouverture basse, la stèle s’apparente aux stèles maisons typiques, ce qui crée un paradoxe
par rapport à sa finesse relative.
Champ épigraphique : (fronton) Ht 14,5 cm. lg. 23 cm ; (corps de la stèle) Ht 15 cm. lg. 21 cm
Robert 1873-1883, tome II, p. 45 ; Möller 1880, pp. 131-132 ; Hoffman 1889, p. 70, n° 301 ; C.I.L XIII (1888),
4416 ; Toussaint, 1948, p. 98; Collot 1964b, tome 2, p. VIII ; Schlémaire 1972, L22 ; Freigang 1997, Med 223;
C.A.G 2005, p. 265.
D*M
PRISCILLE
MERCATO
RIS FILIE
L’inscription est peinte en rouge dont nous ne savons pas s’il est d’origine. Les caractères
sont en capitales cursives allongées. Aucune ligne n’est droite. On note une interponction en
forme de point entre le D.M. L’espace entre les lettres varie. Le F de filiae, est surélevé à cause
485
Ill. 3.137 Stèle-plaque de Priscilla, face antérieure et latérale gauche
Ill. 3.138 Inscription, détail, 060
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
de la place occupée par la porte sculptée. Le mot est resserré. La barre supérieure du R dépasse
sur la gauche.
La défunte ne porte qu’un seul nom, Priscilla (C.I.L XIII, 4415), également trouvé à la
Horgne au Sablon. C’est un surnom latin très répandu. Le nom du père, Mercator, est au génitif.
Mercator signifie aussi « marchand ». Il s’agit d’une famille de pérégrins.
Le monument est complet. Seuls quelques éclats sont à déplorer sur la face antérieure
et les arêtes. Il a été travaillé de manière uniforme, bien que seule la face principale ne soit
sculptée en léger relief (Ill. 3.139). Des traces de ripe et de rifloir horizontales et verticales
sont particulièrement visibles au bas de la stèle. La partie inférieure inégale est probablement
retaillée.
486
Cette stèle funéraire de section rectangulaire, d’apparence presque carrée, comporte un
fronton triangulaire haut, aux côtés légèrement concaves. À l’intérieur d’un triangle situé dans le
fronton est sculpté un décor constitué de trois feuilles d’acanthe stylisées, profondément creusé.
Il forme un triangle interne. Un bouton circulaire délimite le centre. Ce type d’ornementation
végétale est récurrent parmi les stèles découvertes à la Horgne au Sablon et à la Lunette d’Arçon.
On le retrouve aussi à Mayence, par exemple (C.S.I.R Deutschland II 6, 1992 Nr. 55), dans un
fronton avec une décoration identique mais de facture plus fine et un double cercle au centre
Ill. 3.139 Stèle à fronton triangulaire simple de Beliniccus, 4 faces visibles, 061
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
487
des feuilles. Force est de constater que les stèles de forme simple avec fronton triangulaire sans
acrotères sont majoritaires à Metz.
Keune 1903, pl. XIX, n° 3 ; C.I.L XIII (1907), 4349 ; Toussaint 1948, p. 112 ; Freigang 1997, Med 244.
D*M
BELINICCO
PACATVS
FILIVS
La dédicace, sous le fronton, est mal centrée. La dernière ligne est manifestement plus petite
que les autres (Ill. 3.140). En revanche, les lettres en capitales carrées sont de belle facture et
l’inscription demeure entière. Une interponction en forme de triangle sépare le D et le M. Le O
de la deuxième ligne est de taille réduite et touche le bord droit.
Le défunt porte le nom unique de Beliniccus, mis au datif. Gaulois à l’origine il peut signifier
« fort », dérivé de beli ou provenir du nom du Dieu Belenos566. S’agissant d’un homme, la
première comme la seconde solution sont possibles. Sa filiation est indiquée avec le nom de son
père, unique aussi. Pacatus est un idionyme pérégrin d’origine latine567 assez ancien, retrouvé à
plusieurs reprises (C.I.L XIII, 4425). Il signifie « Paix »
566 D. Davin, Les stèles funéraires de la Horgne-au-Sablon, Metz, cité des Médiomatriques, Ouv. Cit., p.
56.
567 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit., p.
135.
488
062. METZ (MOSELLE). STÈLE À FRONTON TRIANGULAIRE SIMPLE DE QUINTUS
Stèle à fronton triangulaire très fruste. Elle est complète. Quelques trous sont repérables sur
la surface. Les autres faces ne sont pas accessibles actuellement à cause de son emplacement
dans la cour lapidaire. La partie inférieure de la stèle, totalement irrégulière, est plus large et
épaisse que le reste.
C.I.L XIII, (1899-1916), 11404 ; Von Domaszewski et Finke, 1906-1907, p. 63 ; Toussaint, 1948, p. 129 ;
Schlémaire 1972, L44 ; C.A.G 2005, p. 266.
D*M
QVINTO
568 D. Davin, Les stèles funéraires gallo-romaines de la Horgne-au-Sablon, Metz, cité des Médiomatriques,
Ouv. Cit., p. 58.
489
Le monument est incomplet. Il n’en subsiste que le fronton, évidé en forme de rectangle
creusé. La base était sans doute rectangulaire. Cette photographie est l’unique image du fragment
qui a permis de le retrouver. Elle date de la fin du XIXe siècle. En 2014, le fragment était calé
entre d’autres monuments et recouvert de mousse. L’inscription n’était plus lisible du tout. Il
a été néttoyé en 2020. Un morceau du fronton, à droite, est cassé. Il est en forme de triangle
surbaissé. On ne sait pas si la stèle complète était sculptée. En revanche, l’inscription gravée
sans délimitation sur l’ensemble du fronton donne l’illusion d’être particulièrement longue (Ill.
3.142).
Abel 1858-1859, pp. 348-349 ; Lorrain 1874, pp. 70-71 n° 111 ; Robert 1873-1883, tome III, pp. 61-62, pl. IX,
fig. 6 ; Hoffmann 1889, p .49 n° 111 ; C.I.L XIII (1899-1916), n° 4422 ; Toussaint 1948, p. 62 n° 110 ; Schlémaire
1972, D34 ; C.A.G 2005, p. 200, A76 n° 2.
DM
QVADRATIO*AVENTI
NO*PRVDCA*CINGETIS
FIL [—] | ——
L’inscription est en capitales carrées. Les caractères sont de même taille et les lignes assez
droites. Chaque mot est séparé par une interponction en forme de point grossier. Un nexus des
lettres DE est envisageable à la place du D barré. Le cas échéant, ce ne serait pas le D barré
correspondant au S gaulois.
Quadratius Aventinus est composé de duo nomina au datif. Quadratius est attesté comme
cognomen latin chez les celtibères, par exemple569 mais aussi comme gentilice. Aucune
explication n’est disponible sur le cognomen Aventinus. On peut imaginer deux possibilités
par rapport à la langue gauloise. Soit un nom issu de la racine Ava- signifiant petite-fille ou
569 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Le noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit, p.
151.
490
petit fils mais dont la traduction reste incertaine. Soit, un nom dérivé d’Avantia570 qui se traduit
par la source ou la rivière. La seconde solution serait plus convaincante. Évidemment, ce n’est
qu’une hypothèse. D’autres occurrences de ce nom sont répertoriées dans le monde romain,
en particulier il se retrouve en Germanie supérieure (AE 2003, 01265c), pour la province la
plus proche. L’épitaphe a été élevée par une certaine Prubca, Prudeca ou Prusca. Ce nom écrit
tel quel existe à deux reprises à Divodurum. M. Reddé proposait de chercher en direction de
Prudeca. Malheureusement aucune solution n’a apporté de réponse. Le nom le plus proche
reste Pruscia, d’origine indigène Trévire571 indéterminé. Cependant il est clair qu’aucun I ne
précède la voyelle A. R. Schlémaire lit Cinges pour la filiation de la femme en question. Cet
idionyme ressemble à un nom celte au premier abord. Il existe en effet sous la forme de Cinges
ou en composé débutant par Cingeto-. Il se traduit par « guerrier » ou « héros »572. Sans doute
un nom considéré comme valorisant selon la tradition de combattants des Gaulois. Il existe
six personnages nommés Cinge en Gaule Belgique et un Cinges en Rhétie mais il semble trop
éloigné. En revanche, Cinge semble remporter un succès certain chez les Leuques, voisins des
Médiomatriques. Enfin, une inscription d’un dénommé Cingetis provient de Lugdunum (C.A.G
01, p 104). Finalement, nous sommes aujourd’hui bien loin des affirmations précédentes qui
concluaient à un unicum.
Le D.M abrégé suivi du datif positionne la stèle autour de la première moitié du IIe siècle.
L’épitaphe est composée de duo nomina et de noms uniques. En définitive, le milieu du IIe
siècle serait plus probable.
La stèle est complète. La pointe sommitale est légèrement cassée. Un éclat est à déplorer
sur l’arête gauche. La face antérieure comporte deux impacts. Des traces horizontales d’outils,
probablement faites par une ripe, sont visibles sur toutes les faces. La face principale, dénuée
de décor, contient une inscription (Ill. 3.144).
Cette stèle funéraire de petite taille est de forme pyramidale. Elle est couronnée d’un fronton
triangulaire sans acrotères.
A.S.H.A.L 1904, pl. V n° 8, p. 326 n° 9 ; Von Domaszewski et Finke 1906-1907, p. 62; C.I.L XIII (1899-1916),
11388 ; Toussaint 1948, p. 129 ; Schlémaire 1972, L15 ; C.A.G 2005, p. 266.
491
Ill. 3.144 Petite stèle pyramidale de Lucina, 4 face lisibles, 064
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
DM
LVCI
NAE
Toutes proportions gardées, le D.M et le nom unique font penser à une datation comprise
entre le IIe siècle et la première moitié du IIIe siècle.
492
065. METZ (MOSELLE). STÈLE À FRONTON TRIANGULAIRE SIMPLE D’AGISILLA 65
La stèle est incomplète. Elle est amputée du haut de son fronton. Le coin inférieur gauche
est manquant, le droit légèrement cassé. Les montants ont subi quelques dommages. Les faces
latérales et la face arrière sont lissées. La face latérale gauche est en partie noircie. La stèle était
probablement évidée mais l’intérieur et la base ont été bétonnés. La face principale est gravée
en profondeur (Ill. 3.145).
Cette stèle funéraire à fronton triangulaire comporte un toit à double pente. Le fronton
triangulaire décoré est inclus dans un autre fronton, plus haut. On reconnaît un motif de feuilles
d’acanthe stylisées, divisé en trois parties avec, au centre, un bouton de forme circulaire.
Un cadre rectangulaire est gravé en creux dans la partie supérieure du corps de la stèle. Des
motifs de peltes inversées en relief sont figurés de part et d’autre.
Krüger 1905, p. 336 ; A.S.H.A.L 1906, pp. 491-492 ; Keune 1907-1909, p. 14 ; Von Domaszewski et Finke 1906-
1907, p. 59 ; Espérandieu V (1913), 4376 ; C.I.L XIII (1899-1916), 11364 ; Toussaint 1948, p. 137 ; Schlémaire
1972, L6 ; C.A.G 2005, p. 270.
DM
AGISILLE
493
Ill. 3.146 Inscription, détail 065
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Une inscription est profondément gravée dans le cadre. Les lettres sont en capitales cursives.
Elles sont mal formées et ne sont pas droites. La dédicace en elle-même est très mal centrée.
Le nom de la défunte est compacté vers la gauche alors que la place disponible est largement
suffisante. Cette stèle rudimentaire a fait l’objet de peu d’attention de la part du lapicide (Ill.
3.146).
Le formulaire funéraire commence par la formule abrégée D.M. Elle n’est pas écrite en toutes
lettres comme le retranscrit par erreur la C.A.G575. Cette stèle est dédiée à une femme portant un
seul nom dont la fin en AE a été réduite en E. Agisilla est répertorié parmi les noms d’origine
germanique d’après les recherches de M.-Th. Raepsaet-Charlier576 et non celte-gaulois comme
on le supposait. C’est très certainement un hapax décliné sur une base commune puisque l’auteur
cite Acisillia et Agisillius dans les noms apparentés. Bien que les noms d’origine germanique
ne soient pas majoritaires dans la cité des Médiomatriques, quelques exemples démontrent
néanmoins leur existence.
La syncope de la lettre A n’est pas une erreur mais une transformation graphique survenue à
la fin du IIe siècle. De ce fait, une datation de cette époque est probable. D’autant plus que le IIe
siècle est aussi retenu par Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier.
La stèle est complète. Elle a néanmoins subi quelques dommages : des épaufrures sur la face
principale, à gauche de la stèle et à droite du cadre, des éraflures dans la partie inférieure et
quelques impacts de petite taille. Toutes les faces ont bénéficié d’une finition au rifloir. De fines
stries horizontales parsèment la double pente du fronton et des stries obliques les faces latérales,
gauche et droite.
Cette petite stèle de section rectangulaire comporte un fronton triangulaire surmonté. Les
coins dépassent légèrement. Le fronton comme la face sont ornés d’un cadre à double moulure
formant une large bande. Cependant rien n’est inscrit ni sculpté (Ill. 3.147). Tel que le précise
494
G. Collot, ce monument n’a en réalité probablement jamais servi577. Il n’est donc pas possible
de le dater.
Ill. 3.147 Stèle vierge, face antérieure et face latérale droite, 066
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
495
une base quasiment carrée. Elle est surmontée d’un fronton triangulaire simple sans acrotères.
Les rebords épais ressortent dans un fort relief aux arêtes arrondies. Ils délimitent le fronton en
formant un rectangle sur le corps de la stèle. Elle ne comporte ni décoration ni inscription. Il
s’agit d’un modèle très fruste et très simple.
Cette stèle, dont le lieu de découverte et les informations associées avaient été perdues, est
non publiée et non inventoriée à ce jour. Nous savons à présent, d’après nos recherches,
qu’elle provient du Sablon.
La stèle est complète et demeure dans un état relativement bon. Quelques dégradations sont
à noter sur la face principale : sur les arêtes, surtout à gauche, sur le corps et sur le fronton.
Une fine fente en zigzag, partant du bandeau vers
le bas, divise la face principale en deux parties.
La moitié supérieure de la stèle est creusée en
un relief peu profond. Des traces de rifloir sont
visibles sur la face antérieure et les côtés. La
moitié inférieure présente une taille éclatée. Elle
est de forme irrégulière. La face latérale droite
et l’arrière de la stèle sont proéminents. Le côté
gauche, en revanche, semble avoir été aminci.
496
au cours du Ier siècle578. Afin d’atteindre ce résultat stylistique, des trous étaient percés au trépan
avant l’emploi de ciseaux. Il s’agissait de faire ressortir le dessin d’ensemble (Esp I, 536). La
technique, assimilée à un art provincial médiocrement savant, a été abandonnée au début du IIe
siècle. Cette particularité est une véritable exception dans le Nord-Est. Le rendu du geste est
maladroit. Le poignet n’est pas figuré. Tous les doigts de la main tendue, à gauche, sont de la
même longueur. La main située à droite se referme sur elle. Cependant la représentation globale
de la scène semble copiée d’un poncif, ou un modèle récurrent, car on retrouve une sculpture
similaire sur une stèle de Fréjus découverte en 2006 (Nesp IV, 116). De manière générale, à
Divodurum, les scènes de mains jointes sont systématiquement représentées associées à des
couples en pied. C’est pourquoi ce monument est quelque peu étonnant et énigmatique.
Keune 1903, pl. XIX, n° 8 ; C.I.L XIII (1899-1916), 4386 ; Espérandieu V (1913), 4370 ; Toussaint 1948, p. 116
; Freigang 1997, Med 241 ; C.A.G 57/2 2005, p. 302 ; Remy 2009, p. 16.
D*M
IVL*DOMESTICAE
L’inscription, entière, est très nette. La peinture rouge vive des caractères paraît contemporaine
(Ill. 3.150). Le formulaire épigraphique fidèlement reproduit par le C.I.L démontre qu’il s’agit du
monument funéraire d’une femme dont le premier terme est abrégé. La première interponction
entre le D et le M est en forme de triangle alors que la seconde, après IVL, n’est qu’un point. Un
nexus des lettres AE à la fin de l’inscription est compacté contre le bord. Sans doute le lapicide
a-t-il manqué de place.
Iulia étant certainement ici un gentilice. Cette femme porte les duo nomina propres aux
citoyens. Le surnom renvoie à la sphère domestique. Les scènes de dextrarum iunctio sont
relativement communes sur les stèles funéraires représentant des couples puisque c’est un
symbole de pacte entre époux. Ce geste a aussi éventuellement une valeur de fidélité alors que
la thèse d’une réunion des protagonistes après la mort a été abandonnée.
Une datation entre le Ier tiers et la fin du IIe siècle paraît correcte au regard de la formule D.M
578 J.-J. Hatt, La tombe gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes,
Ouv. Cit.p. 128.
497
abrégée. L’abréviation du gentilice, quant à elle, se répand vers le milieu du IIe siècle d’après
M. Dondin-Payre579.
Ill. 3.151 Stèle avec personnage en buste, face antérieure et faces latérales, 069
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Au premier abord, la stèle paraît incomplète car le côté droit garde une protubérance. Les
bords de la stèle ont été lissés et l’arrière arrondi. Face antérieure, un trou est visible partie
inférieure gauche. De nombreux impacts sont parsemés sur la stèle. Le traitement du montant
droit fait éventuellement penser à une stèle non achevée, notamment le coin supérieur puisque
le cadre rectangulaire creusé autour de la niche est mal délimité. Un morceau du fronton s’est
cassé sur la droite, au niveau des moulures. La face avant est sculptée en moyen-relief. M.-R.
Ormasti avait relevé des traces de polychromies grises et vertes au fond de la niche. Elles ont
disparu580 Il est aussi possible que la stèle actuelle sculptée soit un réemploi de monument plus
ancien à plusieurs faces.
La stèle comporte un fronton triangulaire et des acrotères sphériques placés en retrait. Ils
579 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit., p.
25.
580 M.-R. Ormasti, Recherches sur l’iconographie funéraire chez les Médiomatriques au Haut Empire : exemple
de la vallée mosellane, Ouv. Cit., p. 113.
498
sont asymétriques. Le décor du fronton se situe dans un triangle profondément creusé entre trois
moulures dont la seconde, assez fine est difficile à distinguer. C’est une fleur à six pétales avec
un pistil en forme de bouton. Une nervure divise chaque pétale. Cette description correspond
en général assez bien à la famille des liliacées. En dessous, un cadre rectangulaire peu profond
abrite une niche cintrée. Un personnage en buste se tient à l’intérieur, de front. Cette description
correspond à celle de F. Braemer à propos des monuments romains à niche sculptés avec des
décors floraux ou animaliers581. Une inscription manque cependant à la composition.
Le personnage est réalisé de manière assez grossière. La tête et le buste sont en bas-relief
alors que les traits du visage et les détails sont rendus par de simples traits incisés.
Ses épaules et une partie de ses bras sont tronqués par les montants. Son visage est de forme
ovale. Il porte des cheveux courts aux mèches parallèles raides séparées par des incisions. La
chevelure ramenée en frange lui couvre le front. Deux fines mèches longues descendent de
chaque côté des joues, en arrière-plan. La coupe en question est de tradition trajanique582. Elle
se retrouve par exemple sur la stèle Esp1193 de Bordeaux. Elle apparaît en province dès le
Ier siècle. Cependant elle perdure au moins jusqu’au règne d’Hadrien (Esp1126). Ses oreilles
trop hautes sont mal placées et légèrement décollées. Les détails du visage sont esquissés. Les
sourcils arrondis sont à peine marqués. Ses grands yeux incisés sont formés des globes oculaires
plats. Ils sont cernés. Le contour du nez est aussi incisé. Les narines sont reconnaissables. Les
sillons nasogéniens rejoignent les commissures des lèvres. Les lèvres sont représentées par
une incision qui fait le contour de sa bouche entrouverte. L’homme est imberbe. Il semble vêtu
d’une tunique et d’un manteau avec un col protubérant. M.-R. Ormasti stipule un torque mais la
forme fermée n’y ressemble guère. Les nombreux plis sans relief, plats, larges et obliques sont
mal rendus et irréalistes. Son bras gauche est replié et sa main ouverte repose sur sa poitrine.
Il porte des manches longues. La main a un aspect fourchu. Elle est informe. La paume est
resserrée. Les doigts courts sont séparés par de simples traits. La tête est disproportionnée par
rapport au buste et à la main.
En résumé, ce travail est de piètre qualité. Cependant, les stèles représentant un buste à
l’intérieur d’une niche sont assez rares à Divodurum. Ce point en fait un exemple particulièrement
intéressant à étudier.
On peut éventuellement penser à un homme venu d’une autre région. En effet, ce type
de stèles est beaucoup plus commun, voire majoritaire, à Bordeaux. Comme nous l’avons
précédemment indiqué, la coiffure rappelle celle d’enfants répertoriés par F. Braemer. La stèle
est anépigraphe mais la forme du visage glabre semble bien montrer un enfant, ou un serviteur
éventuellement. En termes de comparaisons, des modèles similaires sont répertoriés chez les
Leuques, notamment à Soulosse (Nesp III, Soulosse, 1017 et 1019). En particulier, le personnage
à mi-corps de la seconde stèle est traité en méplat. La représentation est schématique, le visage
ovale et les traits évoqués par des incisions. La coupe forme une calotte et la tête trop grosse est
disproportionnée. Soit beaucoup de détails sont identiques. Malheureusement, G. Moitrieux ne
propose pas de datation.
Simon 1859-1860a, p. 403 ; Lorrain 1874, p. 79 n° 142 ; Hoffmann 1889, p. 54 n° 142 ; Keune 1900a, p. 346 ;
581 F. Braemer, Les stèle funéraires à personnages de Bordeaux, Ouv. cit., p. 28.
582 Ibid, p. 31.
499
Espérandieu V (1913), n° 4309 p. 398 ; Toussaint 1948, p. 71 n° 159 ; Freigang 1997, Med 211 ; Ormasti 1995, p.
113 ; C.A.G 2005, p. 237 n° 13.
La stèle est complète bien qu’elle ait été encastrée dans le mur d’un jardin. Le visage du
personnage est érodé. Le nez et la bouche ont particulièrement souffert de dégradations. Le
bas de la tunique a subi quelques impacts lors du déménagement de la stèle en 2012. Les faces
latérales et à la face postérieure ne sont actuellement pas accessibles à cause de l’emplacement
de la stèle à la M.A.P. Toutefois, des traces de bretture sont décrites dans les descriptions
précédentes584. Seule la face antérieure est sculptée en bas-relief.
Cette stèle à fronton triangulaire est ornée de rouleaux de forme arrondie. Ils sont décorés de
motifs floraux. Les quatre pétales et le pistil sont sculptés en profondeur.
Sur la face principale, un personnage en pied est représenté dans une niche à fond concave
épousant les contours de la stèle. Le personnage, de face, est vêtu d’une longue tunique couvrant
583 P. Flotté, C.A.G 57/2, Ouv. Cit., p. 280.
584 M.-R. Ormasti, Recherches sur l’iconographie funéraire chez les Médiomatriques au Haut Empire : exemple
de la vallée mosellane, Ouv. Cit., p. 104.
500
une partie de ses pieds. Le canon de 5 est trop court. Elle recouverte d’un manteau aux manches
de trois-quarts ou d’un châle. La femme a un visage ovale. Sa chevelure est divisée en deux
parties par une raie médiane. Les mèches épaisses représentées par des incisions lui couvrent la
moitié des oreilles et descendent dans le cou. La coupe donne à son front un aspect triangulaire.
Les sourcils sont incisés et les yeux globuleux taillés en amandes. La caroncule lacrymale
est marquée par un impact. Son cou est large. Son visage oblong et la coiffure rappellent
grossièrement une tête conservée au musée de Toul (Nesp III, 944). D’autant plus que le coin
interne de l’œil figuré est en commun. D’après G. Moitrieux et J.-N. Castorio, elle présente
des analogies avec la Junon d’Ingelheim585. Il la compare encore à d’autres modèles d’époque
Antonine.
Le personnage est hanché. Sa jambe droite est fléchie. La marque du genou apparaît sur le
plissé de sa tunique. Son bras gauche est tendu. Elle tient au bout des doigts, une corbeille.
La division entre le poignet et la main n’est pas précisée. Le pouce est ouvert. Les doigts sont
beaucoup trop longs et leur position n’est pas naturelle. Théoriquement, elle ne pourrait pas
soulever de cette manière un panier rempli aussi lourd. La corbeille est pourvue d’une anse.
Un double rebord est figuré. Le contenant est rempli de fruits de forme arrondie de tailles
différentes. Nous pouvons éventuellement penser à des pommes, voire des pêches. Son bras
droit est replié. Sa main ouverte est posée à plat au niveau de la poitrine, le pouce tourné vers
le haut. Un objet long y est suspendu. Ce pourrait être une mappa, traditionnellement employée
dans le domaine funéraire ou un tissu quelconque. La façon de tenir cet objet, le cas échant n’est
pas classique puisque la mappa est généralement tenue enroulée dans une main refermée. Le
plissé du vêtement est souple. Il suit la forme du corps. Le rendu est assez réussi. Elle porte des
chaussures fermées aux bouts pointus.
La composition peu orthodoxe de cette stèle évoquait à G. Collot une stèle votive utilisée
en remploi pour le domaine funéraire. Cette proposition est en somme recevable à cause de
la position du texte à la verticale et de la représentation du personnage avec une corbeille de
fruits, un accessoire souvent imparti aux déesses. Toutefois, les
paniers de fruits sont aussi un attribut funéraire féminin si l’on
compare cette stèle à celle de Dijon (Inv. Arb.185) datée du IIe-
IIIe siècle. Le panier représenté est de forme plus rudimentaire,
en cône tronqué, sans décoration.
A.C.P de Caylus 1762, tome V, p. 324 et pl. CXVII, fig. 5 ; Tabouillot 1769,
tome I, p. 29, pl.1, fig. 2 ; Bergère 1835-1836, pl. I, fig. 2 ; Gosselin 1835-
1836, p. 175 ; Robert 1873-1883, tome III, p. 70 et pl. X, fig. 6 ; Keune
1896a, p. 59 n° 1 ; C.I.L XIII (1899-1916), 4373 ; Espérandieu V (1913),
4368 ; Toussaint 1948, p. 41 et p. 54 n° 21 ; Schlémaire 1972, S7 ; C.A.G
2005, p. 280.
DIS MANIBVS
Ill. 3.153 Inscription 070
EVTA MATERNAE
Photo L. Kieffer, détail
501
L’inscription se situe des deux côtés du personnage, présentée à la verticale (Ill. 3.153). C’est
un cas unique parmi les stèles de Metz. Les lettres sont irrégulières et maladroites. Elles ne
suivent pas de lignes de guidage. Certaines sont déformées. Sur le montant gauche, la peinture
rouge est assez bien conservée alors que sur le montant droit, elle a quasiment disparu.
La dédicataire de la stèle est une certaine Euta, fille de Materna. Son nom est au nominatif.
Sa mère a fait élever pour elle ce monument. Les deux femmes citées sont de statut pérégrin car
elles ne portent qu’un seul nom.
Euta est germanique586 selon M.-Th. Raepsaet-Charlier alors que Materna est latin. Nous
pouvons nous interroger sur cette évolution inverse puisque l’on passe du latin à un nom
germanique. Le nom du père aurait été utile afin de mieux comprendre. Elle date cette stèle du
IIe ou IIIe siècle d’après les noms.
Or, l’expression Dis Manibus écrite en toutes lettres la situe plutôt de la fin du Ier siècle début
IIe. Cependant, il est vrai que les noms uniques sont perpétrés jusqu’à la moitié du IIIe siècle.
A priori, la facture de la sculpture peut nous aider à trancher. Le plissé souple, les mèches
épaisses, le canon court et le traitement des yeux favoriseraient davantage le IIe siècle.
502
au milieu de la porte, en léger relief. Dans le cintre, des formes de vagues saturent l’espace.
C.I.L XIII, (1899-1916), 4378 ; Toussaint 1948, p .115 ; Schlémaire 1972, H32.
DM
FVSCIOCEN
RINO
L’inscription est gravée en surface en capitales cursives. Les caractères ne sont pas droits, les
espaces sont irréguliers (Ill. 3.155).
Le praenomen du défunt manque. Fuscius Cenrinus ressemble à une latinisation de nom
gaulois587. M. Dondin-Payre stipule plusieurs Fuscus. Selon elle, il s’agit d’un nom classé parmi
ceux ayant trait à une particularité physique ou psychique588. La terminaison en –ius est sans
doute un gentilice formé sur fuscus dont l’un des sens est « basané » en latin. Cenrinus, le
cognomen, semble être une variante hypocoristique de Censorinus, trouvé par exemple chez les
Lingons589. Il n’est attesté nulle part ailleurs écrit tel quel.
La formule dédicatoire aux dieux Mânes abrégée et les duo nomina ne permettent pas de
datation précise. La stèle est du IIe ou IIIe siècle. A priori, la première moitié du IIe siècle serait
plus probable en raison du datif.
587 D. Davin, Les stèles funéraires gallo-romaines de la Horgne au Sablon, Metz, cité des Médiomatriques, Ouv.
Cit., p. 60.
588 262 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit.,
p. 135.
589 Ibid, p. 183.
503
072. METZ (MOSELLE). STÈLE À FRONTON TRIANGULAIRE ET ACROTÈRES DE
IASSA
Keune 1903, p. 417 ; C.I.L XIII (1899-1916), 4382 ; Toussaint 1948, p. 116 ; Schlémaire 1972, H 13.
DM
IASSECOBERA
ETMARCVS
L’inscription est en capitales carrées de bonne facture. Elle reste lisible malgré les fissures
504
Ill. 3.157 Inscription 072, détail
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
(Ill. 3.157). La personne décédée est une certaine Iassa. La lettre A est sous-entendue.
Deux dédicants dont on ne connaît pas le lien avec la défunte sont mentionnés. Iassa est un
idionyme pérégrin, le féminin de Iassus, un nom indigène répertorié mais dont la signification
n’est encore pas expliquée590. Parmi les dédicants, Cobera vient probablement du celte cobo-,
un mot rare, traductible par « victoire »591. Il existe en Germanie supérieure un Coberatus (C.I.L
XIII 11660). X. Delamarre cite aussi le théonyme Cobeia a priori construit sur la racine cobo-
qui peut éventuellement nous conforter dans cette idée. Cette hypothèse restera à vérifier et à
débattre selon les avancées des recherches sur les langues. Marcus est un praenomen de type
romain employé comme nom unique592.
La stèle est incomplète. Elle a été utilisée en remploi dans un mur de l’abbaye. La partie
droite, cassée verticalement, est manquante. Le flanc gauche a été retaillé en bâtonnets obliques
alternés, au VIIe siècle. Ils forment une ligne brisée. La partie inférieure est amincie. La
face principale est sculptée en bas-relief peu profond. Des traces d’outil à percussion l’ont
endommagée.
590 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Em-
pire, Ouv. Cit. p. 364.
591 X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Ouv. Cit., p. 100.
592 D. Davin, Les stèles funéraires gallo-romaines de la Horgne au Sablon, Metz, cité des Médiomatriques, Ouv.
Cit. p. 58.
505
Ill. 3.158 Stèle de Saturninus, face antérieure et latérale gauche, détail, 073
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
courants sur les sépultures masculines. Néanmoins, elles sont souvent tenues par des lanières
par un personnage sculpté en pied et contenues dans une sacoche. Or, cette stèle provient d’un
ensemble dévolu à un milieu populaire. Les autres tablettes issues de Metz figurent toutes sur
des stèles avec portraits d’une qualité supérieure comme celle de l’îlot Saint-Jacques (Musée de
Metz, inv. n° 75.38.58). Un soldat répertorié à Mayence en témoigne aussi (Esp VII 5840), ou
encore un homme de la région vosgienne (Nesp, Leuques, Escles, 244). Selon une explication
avancée par le musée, l’homme en question souhaitait montrer son érudition. M. Corbier593 va
dans ce sens car elle stipule une alphabétisation pauvre mais étendue. Selon elle, les individus,
même modestes, étaient en mesure d’acquérir des bases utiles à la vie courante. En revanche,
selon B. Rémy, de coutume, cet artefact est « l’indice un bon niveau social et culturel594 ». De
ce fait, cette stèle demeure un exemple original.
Ht lettres 3 cm.
593 M. Corbier, Donner à voir, donner à lire, Paris, CNRS, 2006, p. 13.
594 B. Rémy et N. Mathieu, Les femmes en Gaule romaine, Ouv. Cit., p. 23.
506
C.I.L XIII (1899-1916), 11409 ; Espérandieu (1913), 4378 ; Toussaint 1948, p. 129.
D [.]
SATVRNI[..]
La peinture rouge est conservée (Ill. 3.159). Des analyses seraient utiles pour savoir si elle est
d’origine. Les caractères, en capitales cursives, ne sont pas droits.
A priori, cette stèle daterait plutôt du IIe siècle, au regard de la formule D.M abrégée et du
nom unique.
La stèle est presque complète. L’acrotère droit est brisé. Un éclat sur le rebord droit de la
face arrière s’est détaché de la pierre. Sur les piliers de la face principale, des traces de finition
au rifloir sont visibles. La base de la stèle, destinée à être enfouie, est grossièrement taillée. Une
cavité de forme rectangulaire a été creusée à la broche sous la stèle, dans le but d’abriter les
cendres de la personne défunte. Seule la face antérieure est sculptée, en bas-relief peu profond.
Cette stèle de base rectangulaire comporte un sommet triangulaire isocèle. Les acrotères, de
forme arrondie, n’ont pas de décoration apparente. Le fronton est orné d’un triangle décoré de
feuilles d’acanthe stylisées symétriques. Sous le fronton, une inscription figure dans un large
cartouche de forme rectangulaire, aux rebords ornementés de peltes inversées allongées. Entre
deux pilastres, une ouverture de porte est représentée surmontée d’un arc en plein cintre. Des
écoinçons végétaux comblent l’espace entre les piliers extérieurs et internes. Du point de vue
de leur composition, les pilers externes, aux rebords tronqués, semblent être composés à la base
d’un tore surmonté d’un cavet renversé, puis d’un autre tore. Le fût est dépourvu de cannelures.
Le chapiteau comprend abaque, corbeille et astragale. Soit, il s’agit d’un modèle très simplifié
de pilier d’ordre toscan local. L’arc, soutenu par deux piliers aux propriétés indentiques mais
de taille inférieure aux premiers, est formé par une archivolte à trois fasces. À l’intérieur de la
595 J.-J. Hatt, La tombe gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes,
Ouv. Cit, p. 60.
507
porte, un motif végétal, placé verticalement, est séparé au milieu par une tige. C’est une feuille
dessinée avec ses nervures, aux rebords lobés. La séparation de la tige semble se poursuivre
en direction du fronton, elle se termine par une petite pointe située entre le D.M, au-dessus de
l’inscription. Ces détails font penser à une composition particulièrement bien calculée.
Ill. 3.160 Stèle trinagulaire de Pacata, face antérieure, face gauche et intérieur, 074
Ill. 3.161 Inscription, détail
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Ht lettres 4 cm.
A.S.H.A.L 1904, pp. 329-330 ; Krüger 1905, p. 344, 1905b p. 69 ; Von Domaszewski et Finke 1906-1907, p. 63
; Keune 1907-1909, p. 12, fig. 11 ; Espérandieu V (1913) 4382 ; C.I.L XIII (1899-1916), 11400 ; Linckenheld
(1927), p. 90 ; Toussaint 1948, n° 502 ; Collot 1976, tome 2, p. 5 ; Schlémaire 1972, L20 ; Freigang 1997, Med
220 ; C.A.G 2005, p. 266.
508
D*M
*PACATE
PACATI FIL
L’inscription est en capitales carrées. La pierre conservée en très bon état est bien lisible
malgré un éclat sur le P. (Ill. 3.161)
Deux interponctions en triangle sont visibles entre le D.M et devant le nom Pacata.
L’inscription indique que la défunte porte un nom unique fabriqué à partir du patronyme,
comme le veut l’usage puisque son père se nomme Pacatus. Ce type de noms fait généralement
référence à un trait de caractère. Un autre exemple de l’anthorponyme Pacatus existe à la
Horgne-au-Sablon (inv.2012.0.39). La famille a, semble-t-il, un statut pérégrin. Pacata se
termine par un E au lieu de AE. R. Schlémaire imaginait à tort que l’occultation de la lettre A
provenait d’un parler local. Or, J.-M. Lassère explique cette transformation banale comme une
évolution phonétique vers la monophtonguaison des diphtongues596. Selon une étude menée par
A. Deman et M. Raepsaet en 1985, ce changement apparaît à la fin du IIe siècle pour les datifs
et génitifs.
Cela permet justement de situer la stèle chronologiquement à partir de la fin du IIe siècle. La
datation se limite à la seconde moitié du IIIe siècle en raison du nom unique.
La stèle est incomplète. Des épaufrures sont repérables sur le haut du fronton et sur l’arête
droite. La face principale présente de nombreuses rainures et une fissure horizontale au bas du
pilier gauche. La partie inférieure droite a été cimentée. Le tiers inférieur de la stèle et les faces
latérales sont grossièrement élaguées à la broche ou au pic. On repère des éclats sur le bandeau.
La face postérieure a été retaillée en escalier. La stèle semble s’être davantage dégradée depuis
la photographie prise par de J.-B. Keune au début du XXe siècle. Un évidement de forme demi-
sphérique dont les bords s’effritent est creusé sous le monument. Un morceau de pierre s’est
encore détaché récemment, d’après nos observations.
Cette stèle funéraire à fronton triangulaire aplati est flanquée d’acrotères de forme arrondie.
Elle se divise en quatre registres. Le fronton, le cartouche, le décor architectural et la partie
brute destinée à être enfouie sous terre. Le fronton est orné de feuilles d’acanthe stylisées en
relief peu profond qui sont devenus difficiles à distinguer.
509
L’inscription est contenue dans un cartouche orné de peltes
inversées avec un trait de contours dessiné. Outre le domaine
funéraire, ce type de motifs est fréquemment employé sur les
mosaïques ou sur des décorations architecturales. Par exemple
sur la mosaïque découverte rue de la Pierre-Hardie à Metz597
ou sur un portique de Vienne (Nesp, Vienne, 312). Sous le
bandeau, dans un grand rectangle précisé par deux incisions
horizontales, sont gravés de chaque côté des piliers aux
formes simples en faible profondeur. Ils ne sont représentés
que de moitié. La base est composée d’un piédestal surmonté
d’un tore. Le fût ne comprend aucune décoration, il est lisse.
La corbeille et l’astragale du chapiteau ressortent. Nous
pouvons y reconnaître un ordre toscan local.
Ce type de décoration est récurrent sur les stèles de
Divodurum (Esp IV, 4381 ; C.I.L XIII, 4338, 4371, 4375,
4398, 4402, 4431, 4446, 4447). Il rappelle les éléments
architecturaux des maisons ou des temples. La multiplication
des exemples évoque une production en série et peut-être la
présence d’un atelier local.
D*M
TI*ATTI
ANDECARI
Ill. 3.163 Inscription, détail 075
D(is) M(anibus), | Ti(beri) Atti | Andecari © Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
L’inscription est en capitales carrées (Ill. 3.163). Deux interponctions entre D et M, puis
entre Ti et Atti, sont réalisées d’un simple point.
L’épitaphe commence par la formule D(is) M(anibus) abrégée, suivie du nom du défunt au
génitif. Il est citoyen puisque bénéficiaire des tria nomina. Ti est le diminutif de Tiberius598.
Attius, le gentilice est doté d’une terminaison classique en –ius599. Très commun, il se retrouve
dans toute la Gaule romaine, chez les Lingons600 aussi bien que les Celtibères. Il est théophore601.
Andecarus, le cognomen, demeure l’élément distinctif de l’individu. En troisième position, il
est, comme souvent à Divodurum, d’origine gauloise. Ande- le préfixe signifie « grand », -carus
provient de « char » ou « ami ».
597 I. Bardiès-Fronty, Musée de Metz. Dossier d’oeuvres, Metz, Éditions Musées de Metz, 2007, p. 21.
598 P. Corbier, L’épigraphie latine, Ouv. Cit, p. 162.
599 Ibid, p. 26.
600 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Em-
pire, Ouv. Cit, p. 185.
601 J.-J. Hatt, La tombe gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes,
Ouv. Cit., p. 254.
510
Le formulaire funéraire employé, les tria nomina et le génitif nous permettent de favoriser
une datation de la seconde moitié du IIe siècle, première moitié du IIIe siècle au plus tard
Le cippe est incomplet. La partie inférieure gauche du monument et l’évidement ont été
comblés par du ciment et une brique. Sur la face principale, on déplore un éclat à gauche
de l’inscription. Le bas de la partie postérieure a été retaillé en escalier. Le côté latéral droit
est abimé par de multiples sillons sans doute dus aux intempéries. La face latérale gauche,
posée contre le sol, n’est pas visible. Par ailleurs, la mousse abondante empêchait de décrire
le fronton, avant son déplacement en 2020. Le monument est orné de motifs en bas-relief peu
profond sur la face antérieure et d’une inscription. La partie inférieure, destinée à être enfouie
dans le sol est grossièrement élaguée.
Keune 1903, p. 417 ; C.I.L XIII (1899-1916), 4375 ; J.V.E.M 1907-1909, p. 81 ; Toussaint 1948, p. 115 ; Schlémaire
1972, H 31.
DM
FALTERNOIETEV
J.-J. Hatt, La tombe gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes, Ouv.
Cit. p. 403.
511
[.]ORIOAVVNCV
LIEIVSCVRAV
5
ERVNT
Le formulaire épigraphique situe le cippe entre le IIe siècle et le milieu du IIIe en raison du
D.M abrégé et du nom unique. La facture simple du monument ne permet pas davantage de
précision.
La stèle est complète. Le haut du fronton est légèrement cassé, une partie de l’inscription est
abimée par des éclats et des hachures de petite taille ne gênant pas la lecture. La face principale
est sculptée en bas-relief peu profond. Toutes les faces sont lissées mais les traces d’outils de
finition, ripe ou rifloir, sont bien visibles. Elles sont verticales sur la face principale, horizontales
sur les autres ainsi que sur les deux pans du fronton. La stèle se divise en trois registres distincts.
Le fronton, la dédicace dans un bandeau et le motif.
512
Ill. 3.165 Stèle d’Emerita, face antérieure, arrière et latérale droite, 077
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
DM
EMERITAE
DIVICIVS IANCI FIL
DE SVO [.]ONAVIT
513
D(is) M(anibus) | Emeritae, | Divicius, Ianci fil(ius) | de suo [d]onavit
En raison du D.M abrégé et des noms uniques pérégrins, cette stèle peut être datée du IIe
siècle jusqu’au milieu du IIIe siècle.
La stèle est presque complète. L’acrotère droit est manquant. Sur la face principale, un éclat
s’est détaché au niveau de l’arête gauche. Les autres faces sont intactes. Sur les faces latérales
606 X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Ouv. Cit., p. 122.
607 P. Flotté et M. Fuchs, C.A.G 57/2, Ouv. Cit. p. 264.
514
gauche et droite, des traces de gradine sont visibles. La face arrière est simplement épannelée.
Une gravure peu profonde décore la face principale. La base de la stèle est évidée.
La stèle est de forme pyramidale à fronton triangulaire à double pan. Elle est ornée d’acrotères
dont la courbe intérieure est convexe. Dans une forme de triangle insérée dans le fronton se
trouve un décor stylisé divisé en deux parties, très effacé et peu reconnaissable. En regardant
l’ensemble de la composition, on comprend qu’en réalité le motif de la partie inférieure se
termine dans le fronton. La pointe d’une tige y est représentée. Au-dessous une inscription sans
encadrement coupe en deux le décor. Celui-ci est sculpté dans un trapèze. Il épouse les formes
de la pyramide. C’est un décor de plantes dont on ne voit pas la base. Une longue tige semble
sortir du sol pour s’élever vers le haut. Les feuilles s’imbriquent les unes par-dessus les autres.
Elles sont faites de courbes tombantes. Cette disposition rappelle schématiquement la stèle
Esp IV, 2904 d’Auxerre. Toutefois, la ressemblance s’arrête à l’agencement des feuilles car sur
la stèle d’Auxerre, en forme de demi-colonne, les plantes sortent d’un vase à panse godronné
pourvu de deux anses. L’inscription contenue dans un cartouche à queues d’aronde se situe sous
le décor.
D*M
CARTVLLAE
La dédicace est très succincte. Elle est correctement reprise par le C.I.L. Elle est en capitales
carrées de facture correcte (Ill. 3.168). Une interponction en forme de point est burinée entre
D et M. La défunte, confiée aux dieux Mânes, porte un nom unique de pérégrin. Cartulla
est celtique. Il existe, par exemple, un Cartullus attesté chez les Bituriges608 mais le nom est
répertorié comme rare. Cartulla est apparemment le seul opus féminin mis au jour. La racine
carto- a peut-être servi à construire ce nom de personne. Toutefois, le Dictionnaire de la langue
gauloise609 n’a pas de traduction incontestée pour ce mot. En breton cela veut dire « nettoyer
», en gallois « expulser » ou « envoyer ». Cela ne suffit pas à proposer une solution pertinente
malgré tout.
Le formulaire D.M et l’unicum Cartulla laissent entrevoir une datation approximative du IIe
siècle, première moitié du IIIe siècle au plus tard.
608 M. Dondin-Payre et M.- Th. Raepsaet-Charlier, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Em-
pire, Ouv. Cit., p. 313.
609 X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Ouv. Cit., p. 92.
515
079. METZ (MOSELLE). STÈLE FUNÉRAIRE À FRONTON TRIANGULAIRE ET
ACROTÈRES D’AVITUS
La stèle funéraire est complète. On déplore de nombreux impacts sur la face principale et des
épaufrures à droite. La partie inférieure de la stèle est grossièrement taillée. Les faces latérales,
lissées au départ, ont subi des dégradations. La face droite est fissurée en bas. Face latérale
gauche, de gros éclats de pierres se sont détachés en haut, au niveau des deux premières lignes
de l’épitaphe et en bas. Un autre vers la face arrière. La face postérieure de la stèle a simplement
été ébauchée à la broche ou au pic.
Stèle funéraire de section rectangulaire à fronton triangulaire orné d’acrotères de forme
arrondie. Dans un double encadrement mouluré en forme de triangle figure sur le fronton un
croissant lunaire, presque fermé, tourné vers le haut. Il n’est pas centré mais sculpté en bas-
relief vers la base du triangle. Afin de dresser une comparaison locale, les autres motifs de
croissants lunaires sont ouverts (C.I.L XIII 4439 et 4455). Ils sont toujours en relief, tel que
celui-ci. On retrouve des croissants de ce type à Autun ou à Istres (Nesp IST 002 ; C.I.L XIII
2771). Une étude récente a été réalisée sur ce motif par Y. Le Bohec610. D’après lui, les pointes
dressées vers le haut de la lune dite en berceau, constituent un phénomène rarement observé
dans le ciel, excepté lorsque la Lune est proche de l’horizon une ou deux fois par an ou lors
d’une éclipse. Cela devait avoir une signification particulière peut-être en lien avec le calendrier
lunaire, les divinités ou l’astrologie. Cependant, les éclipses étaient perçues comme néfastes par
le bas peuple, ce qui est assez contradictoire. Pour F. Cumont et J.-J. Hatt, c’était le séjour des
âmes des Celtes. C. Kooy, y voyait un rapport à l’astrologie orientale et un déplacement sud-
nord du motif. Y. Le Bohec cite tous ces auteurs en terminant par la conclusion que la Lune était
610 Y. Le Bohec, Le croissant de lune chez les Eduens et les Lingons sous le Haut Empire, Art. Cit., p.451-
457.
516
finalement symbole de mort et d’espoir de vie après la mort. Plutôt que de parler d’influences,
il préfère le terme de polycentrisme. Dans tous les cas, l’origine du symbole et sa signification
sont à prendre avec précaution et ne peuvent nous aider à dater plus précisément le monument.
L’inscription figure dans un double encadrement mouluré situé sur la moitié supérieure de
la stèle.
Keune 1903, pl. XVII n° 6 ; C.I.L XIII, (1899-1916), 4347 ; Toussaint 1948, p. 112 ; Schlémaire 1972, H26 ;
Freigang 1997, Med 245.
DM
AVITO
ACCEDO
NISFILIO
Cette stèle date vraisemblablement de la première moitié du IIe siècle si l’on se réfère à la
formule D.M et le datif. Le nom unique disparaissant au milieu du IIIe siècle dans la région, elle
se situe dans cette fourchette.
Stèle funéraire retrouvée en deux parties complémentaires, recollées au ciment. Les deux
dernières lignes de la dédicace se désagrègent. La face principale présente de multiples fissures
et des épaufrures sur la droite. Les faces latérales ont été taillées de la même façon. À noter
une fissure sur la face latérale droite. Seule la face antérieure est en relief. La face arrière a été
taillée avec un pic.
611 R. Cagnat, Cour d’épigraphie latine, Ouv. Cit. p. 12.
517
Ill. 3.171 Stèle à fronton triangulaire, 4 faces visibles, 080
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Il s’agit d’une stèle funéraire à fronton triangulaire pourvue de rouleaux décorés de fleurs à
quatre pétales disposés autour d’un bouton circulaire. Le fronton est orné d’une double moulure,
tout comme l’inscription gravée dans le cadre rectangulaire. La dédicace occupe la majeure
partie de la surface.
C.I.L XIII (1899-1916), 11359 ; Toussaint 1948, n° 510, p. 131 ; Frézouls 1982, p. 257 ; Rémy 1984, p. 147 ;
Chastagnol 1995, p. 173, note 19 et p. 184 note 19 ; Freigang 1997, Med 218 ; CAG 2005, p. 265 ; Atlas historique
de Metz 2013, p. 32.
DISMANIB
SEXPVBLIC
DECMANO
518
COLMEDLIB
L’inscription est plus longue que d’accoutumée pour cette nécropole. Elle est de très belle
facture (Ill. 3.172).
Son interprétation a fait couler beaucoup d’encre. M. Hénault612, a édité un article à ce propos
dans l’Atlas Historique de Metz. Il est intimement persuadé que cette stèle est la preuve que
Divodurum était une colonie, contrairement à R. Schlémaire, mais il n’explique pas pourquoi.
En revanche, R. Schlémaire a sciemment choisi d’adopter la traduction de J.-B. Keune pour
lequel le défunt est un affranchi d’un collège de médecins. Elle se fonde sur une inscription dont
le musée possède un fac similé (C.I.L XIII 4335) comportant l’inscription « M(arco) Publicio
Sec[un]/dano nautaru[m] / Mosallicor(um) liber[to] / tabulario [I]IIII[I]vi[ro] / Augustali ».
Ainsi, la mention d’une corporation la pousse-t-elle vers cette conclusion.
En ce qui nous concerne, la deuxième solution est beaucoup plus convaincante et reflète sans
aucun doute la réalité. Beaucoup de détails tendent à le démontrer. Publicius désigne à l’origine
un nomen généralement donné aux anciens esclaves publics613. Cependant, il est vrai que COL
peut signifier colonie ou collège. S. Demougin a publié un article très complet pour tenter
d’éclaircir le statut juridique de la cité en décortiquant les différents arguments avancés sur cette
stèle. Selon elle, « on a tendance à considérer que les villes les plus importantes de la Belgique,
à l’instar de Trêves, bénéficièrent du statut de colonie latine, et cela sous les Flaviens614 ». Mais,
l’argumentation, trop pauvre, ne tient pas pour Metz.
J.-B. Keune optait pour un collège mais manquait malgré tout d’une documentation précise
et de preuves pour reconstituer l’inscription. Il a choisi l’option la plus prudente.
À sa suite, A. von Domaszewski a traduit l’abréviation par « colonie » en se fondant à tort sur
l’existence dans la ville de vici urbains qu’il a aussitôt transposée du modèle de dénominations
d’Antioche de Pisidie à Metz. Or Antioche de Pisidie a été une colonie militaire créée pour
recevoir des vétérans dès 25 avant notre ère615. Ce n’est certainement pas le cas de Divodurum.
De plus, la rareté des épitaphes de militaires rend caduque la possibilité d’un quartier qui
leur aurait été entièrement réservé. Toutes mentionnent la XXIIe légion Primigenia pia fidelis,
chronologiquement située après 89. Elle est basée, la plupart du temps, à Mayence (Annexe
carte 6, de partage libre sous licence creative common par Andrei N). S. Démougin en conclut
qu’aucun des défunts militaires répertoriés n’a joué de rôle dans l’évolution démographique de
la cité contrairement aux observations faites en Afrique.
Force est de constater que la présence d’un collège de médecins est parfaitement envisageable,
d’autant plus que l’existence d’une telle corporation est attestée. Par ailleurs, deux monuments
font part de cette profession (inv. n° 2012.0.52 et inv. n° 2012.0.51).
B. Rémy classe depuis longtemps cette stèle à part, puisque pour lui ce n’est pas une stèle
de médecin proprement dite mais probablement d’affranchi de collège de médecine616. Sa
perception des choses peut nous conforter dans une traduction en ce sens. Il ajoutait pour étayer
sa réflexion une troisième stèle évoquant un médecin, issue de Metz, découverte à Autun, la
stèle C.I.L XIII 2674. Elle mentionne Victor, médecin des « Médiomatriques » du IIe siècle617. Il
suspectait déjà à cette époque un indice supplémentaire du fameux collège. En effet, « medicus
612 M. Hénault, Atlas historique de Metz, Metz, Édition des Paraiges, 2013, p. 21.
613 P. Corbier, L’épigraphie latine, Ouv. Cit., p. 30.
614 S. Demougin, « À propos des Médiomatriques », Cahiers du Centre Gustave Glotz, 6, 1995, p. 186.
615 Ibid, p. 187.
616 B. Rémy, « Les inscriptions de médecins en Gaule », Gallia, Tome 42 fascicule 1, 1984, p. 117.
617 Ibid, p. 141.
519
» se rapporterait davantage à son lieu de formation618 qu’a son lieu d’exercice ou d’origine. Par
analogie, MED se rattache à la profession de médecin et au collège.
Une autre hésitation sur l’interprétation existe entre affranchi des Médiomatriques ou
affranchi du collège des médecins. Cette solution, bien moins plausible n’est pas à retenir.
L’expression codifiée Dis Manibus est sous la forme DIS MANIB. Sextus Publicius
Decmanus bénéficie des tria nomina, au datif, qui en font un citoyen.
Au regard des informations collectées, la datation du Ier siècle de cette stèle proposée par la
C.A.G est parfaitement recevable.
Dans un cadre rectangulaire délimité par une moulure et un creux, une inscription couvre
toute la surface.
618 B. Rémy et P. Faure, Les médecins en Occident romain, Ouv. Cit., p. 46.
520
C.I.L XIII (1899-1916), 4343 ; Keune 1903, p. 417 ; Toussaint 1948, n° 376 ; Schlémaire 1972, H 1.
D*M
APRILIAE
MANAVE
TAVRV
L’inscription est en capitales carrées peu profondes (Ill. 3.174). Une interponction en forme
de triangle orienté vers le bas sépare la formule D.M.
La stèle est dédiée à Aprilia Manava. Il s’agit d’une femme portant un double patronyme dont
le gentilice est normalement issu du patronyme de son père, suivant le système onomastique
latin.
Aprilia est une forme « latine indigène » connue, fréquente en Belgique alors que Manava,
le surnom, demeure inconnu619. Étant donné la composition locale des noms dont la dernière
partie est celte dans la majorité des cas, il y a de grandes chances qu’il faille chercher dans
cette direction. Taurus, le dédicant, n’a qu’un seul nom également d’origine latine indigène,
se référant à l’animal ou au signe zodiacal du taureau. D’après M. Dondin-Payre il est surtout
employé par les familles pérégrines620. Or l’homme en question est bien un pérégrin. La
remarque est ici justifiée. On observe une continuité dans la fabrication des noms entre le père
et la fille puisqu’une partie est non latine. Nous ne connaissons pas, en revanche, le lien entre
le dédicant et la défunte.
619 D. Davin, Les stèles funéraires gallo-romaines de la Horgne au Sablon, Metz, cité des Médiomatriques,
Ouv. Cit., p. 60.
620 M. Dondin-Payre et M. -Th. Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit. p.
244.
621 Ibid, p. 25.
521
082. METZ (MOSELLE). STÈLE À FRONTON TRIANGULAIRE ET ACROTÈRES DE
CARATULLA
La stèle est complète. Le sommet est entièrement recouvert d’impacts. Le motif du fronton
situé sur face antérieure est presque effacé. La face latérale gauche est lézardée. Celle de droite,
lissée, est en bon état. La face postérieure a été taillée avec un pic ou une broche.
Cette stèle funéraire comporte un fronton triangulaire et deux acrotères sous forme de
rouleaux. À l’intérieur de la double moulure du fronton apparaît un cercle très effacé. Il touche
les rebords du triangle dans lequel il est inscrit. On croit distinguer, sans certitude, une rosace.
Une inscription sur le corps de la stèle est située dans un cadre rectangulaire, également pourvu
de doubles moulures.
Ht lettres 3 cm.
Keune 1903, p. 418 ; C.I.L XIII (1899-1916) 4385 ; Linckenheld 1927, pl. IV n° 1 ; Toussaint 1948, p. 116 ;
Schlémaire 1972, H 14.
DM
IVLIAECA
RATVLLAEMIC
CIOMARIT
522
notamment dans l’onomastique trévire. Caratulla, le cognomen est une variante de Carantilla,
d’origine indigène. En langue celtique, ce terme affectif signifie « aimée »624. D’ailleurs, il existe
à la Horgne une Iulia Carantilla dont le nom fait écho (C.I.L XIII, 4358). Le dédicant est son
mari. Il se nomme Miccio. Parmi l’ensemble des stèles de cette nécropole, il est le seul exemple
trouvé où le mari a un seul nom et la femme deux. Cet
unicum n’a pas encore pu être traduit. Il est probablement
celte ou germanique mais sans affirmation possible.
Les noms de Miccionius et Miccio, des Trévires625, sont
respectivement un gentilice et un nom unique de pérégrin
de famille identique.
Une fois de plus, cette hésitation démontre les limites et
les problèmes posés par le manque de connaissances actuel
du vocabulaire des langues celtiques.
Miccio de même que ses dérivés, n’est cependant pas
un nom rare car il est répertorié à 55 reprises dans tout
l’Empire quoiqu’essentiellement en Germanie et en Gaule Ill. 3.176 Inscription, détail , 082
Photo D. Davin
Belgique qui cumulent 24 occurrences.
L’abréviation D.M ne suffit pas à dater correctement la stèle. Elle est comprise entre le IIe
siècle et la première moitié du IIIe siècle, fin de l’utilisation du nom unique, quoique son époux
ait aussi consciemment pu écourter son nom par souci d’économie.
523
Cette stèle rectangulaire à sommet triangulaire aplati est ornée d’acrotères en forme de
demi-cercles sans décorations. Les lettres D et M sont disposées de chaque côté. La suite de
l’inscription se situe dans le tiers supérieur de la stèle.
Ht lettres 2 cm.
A.S.H.A.L 1904, p. 340 ; Von Domaszewski et Finke (1906-1907), p. 64 ; C.I.L XIII (1899-1916), 11406 ; Toussaint
1948, p. 133 ; Schlémaire 1972, L45 ; Collot 1974, tome 2, p. 4 ; C.A.G 2005, p. 267 n° 11.
DM
SABINEIO
SEXTO*V
XSOR*PO
5
SVIT
La formule dédicatoire composée de D.M abrégé et l’emploi des duo nomina seconde
formule amènent à proposer une datation à partir de la fin du IIe siècle ou courant IIIe siècle.
La stèle présente quelques petites irrégularités en surface, une fissure de quelques centimètres
sur la partie inférieure droite. Il manque l’acrotère droit. Les faces latérales et la face arrière
sont lissées. On remarque aussi des traces de rubricature moderne.
626 B. Rémy et F. Kayser, Initiation à l’épigraphie grecque et latine, Paris, Ellipses, 1999, p. 91.
627 M. Dondin-Payre, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit. p.187.
628 AE 2004 1070, C.I.L III 5921, C.I.L V 6885, C.I.L VI 36284.
629 Ibid, p.148.
524
Ill. 3.179 Stèle d’un médecin, 4 faces visibles, 084
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Cette stèle funéraire de section rectangulaire, avec sommet triangulaire, est quasi complète.
L’acrotère gauche restant est en forme de demi-cercle orienté vers le haut, en oblique. Elle
comprend deux encadrements constitués de moulures donnant une impression de profondeur.
Le sommet de la stèle comporte une arête arrondie, comme un faitage de toit. Sans décoration
apparente, cette stèle très simple révèle du moins une inscription ayant conservé en partie sa
peinture rouge. Rien n’indique qu’elle ne soit pas restaurée.
DM
M*IVN*LVNA*RI
MEDIC
L’inscription comporte à chaque ligne des caractères de Ill. 3.180 Incription, détail, 084
plus en plus gros (Ill. 3.180). Les deux premières se situent Photo L. Kieffer
entre le fronton et l’encadrement. La dernière ligne est dans
l’encadrement rectangulaire situé sur le corps de la stèle. Deux interponctions en forme de
point séparent praenomen, gentilice et cognomen. Ils démontrent bien par leur emplacement
que les interponctions ne sont pas des signes de ponctuation. On peut se demander si la lettre A
comportait une barre à l’origine ou non.
Cette stèle est dédicacée à un médecin, puisque son métier est clairement indiqué par le mot
medic. Il s’agit d’ailleurs de l’unique stèle attestant d’une profession mise au jour à la Horgne-au-
Sablon. Or, exercer la profession de médecin était valorisant. C’était aussi un moyen d’accéder
525
à une promotion sociale, sans pour autant atteindre le rang de décurion ou magistrat630. Ainsi
que le précise M.-L. Bonsangue, le terme de medicus s’apparente à un généraliste du domaine
de la santé. L’épigraphie en Narbonnaise a pu en révéler sept dont un ocularius. À Metz, aucune
spécialité n’est répertoriée. M. Iunius Lunaris est citoyen comme le confirment ses tria nomina.
Le praenomen, M. pour Marcus rappelle par assonance le mot marco, le « cheval » en gaulois.
Cet animal garde un certain prestige dans les mentalités, c’est pourquoi il est souvent choisi
à Trèves, par exemple631. IVN, le gentilice, est aussi un abrégé en trois lettres de Iunius. Cette
habitude de raccourcir le nomen se répand au milieu du IIe siècle632. Le cognomen ou partie
personnalisée, Lunaris, évoque, l’astre lunaire immortel auquel il fait référence633. Il n’est pas
gaulois mais latin dans le cas présent. J.-J. Hatt classait Lunaris parmi les surnoms mystiques
en vogue chez les médecins, justement634. Ils sont souvent à l’origine esclaves ou affranchis.
Concernant cette stèle, l’individu en question serait plutôt un ingénu qui aurait commandé cette
sépulture de son vivant635. Toujours est-il que la symbolique de la Lune est forte, or, seul le
cognomen vise à faire connaître l’individu. Les deux premiers termes sont au datif.
L’ensemble de ces données amènent logiquement à dater cette stèle de la seconde moitié du
II siècle, début troisième au grand maximum. B. Rémy confirme, par son analyse épigraphique,
e
La stèle est incomplète. Elle a été coupée en diagonale du coin gauche jusqu’au milieu
du montant opposé. Les deux morceaux complémentaires ont été recollés au ciment et les
parties manquantes ont été reconstituées presque entièrement. On note des éclats sur le montant
gauche. L’acrotère gauche est brisé, le droit est une restitution. Le nez et le bas du visage du
nouveau-né sont abîmés, l’extrémité des pieds a été refaite. Le personnage est sculpté en bas-
relief, face antérieure. Des traces de ripe sont visibles sur la face et les latéraux. Espérandieu
notait les restes d’une ascia sur le côté mais la stèle étant encastrée dans le mur du musée, il est
impossible de le vérifier.
Cette petite stèle à fronton triangulaire est ornée d’acrotères en forme de triangles. Le
personnage est situé dans une niche rectangulaire à fond plat, sans décoration. Le nouveau-né
630 B. Rémy et P. Faure, Les médecins dans l’Occident romain, Ouv. Cit., p. 62.
631 M. Dondin-Payre et M-Th. Raepsaet-Charlier, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Em-
pire, Ouv. Cit., p. 373.
632 M. Dondin-Payre, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit. p. 25.
633 D. Davin, Les stèles funéraires gallo-romaines de la Horgne au Sablon, Metz, cité des Médiomatriques, Ouv.
Cit., p. 63.
634 J.-J. Hatt, La Tombe gallo-romaine Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes, Ouv. Cit. p.
60.
635 B. Rémy et P. Faure, Les médecins dans l’Occident romain, Ouv. Cit., p. 144.
636 P. Flotté et M. Fuchs, C.A.G 57/02, Ouv. Cit., p. 275.
526
est en position oblique, de face. Le contour est marqué.
Sa tête ronde est légèrement désaxée par rapport à son
corps. Elle est joufflue. Le front est haut. Les globes
oculaires ressortent. La bouche est resserrée et les lèvres
sont ourlées. Le bébé est emmailloté de bandelettes
en spirales très serrées, sa tête est aussi recouverte.
Aucune partie du corps ne dépasse. Il est semblable
à une petite momie. Ces bandages étaient employés
pour éviter les malformations car, selon une idée
reçue, les bébés, trop fragiles, risquaient de se casser
un membre en bougeant. Les représentations de bébés
en bas âge sont rares comparés à leur taux de mortalité
élevé dans la réalité. À Metz, deux autres stèles sur le
même thème ont été dégagées mais la mère est figurée
à chaque fois avec l’enfant (Esp V, 4366 ; Esp V,
8439). La stèle Esp V 4366 montre un nourrisson aux
proportions exagérées. Cette représentation émanant
d’un poncif, rien n’indique l’âge effectif de la mort.
Selon la classification antique, le nourrisson, encore au Ill. 3.181 Stèle de nourisson, 085
stade de l’in-fans637, n’a pas encore d’existence sociale. © L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or
Théoriquement, les bandelettes sont progressivement
dégagées au bout de deux mois. Si l’on en croit les sources écrites par Pline ou Juvénal638,
un enfant ne pouvait être incinéré avant d’avoir des dents, vers sept ou huit mois, or cette
stèle paraît adaptée à cet usage. Ce point montre
qu’il s’agit bel et bien d’un modèle reproduit.
Si l’on observe le visage représenté, il n’est pas
réaliste. Le plus souvent, les découvertes avec
des représentations de nouveau-nés sont des ex-
voto retrouvés à proximité de temples. La statue
Esp III, 2044, par exemple, de Sainte-Sabine,
montre un enfant enveloppé dans des bandelettes
croisées et un médaillon ou une sangle ronde.
Ill. 3.182 Inscription,détail, 085 Le temple de la Forêt d’Halatte a aussi livré une
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or série de statuettes indiquant la zone malade (Esp
V, 3880).
Ht lettres 3 cm.
Krüger 1905 p. 336; 1906 p. 492-493 ; A.S.H.A.L 1906, p. 492 n° 6 ; Von Domaszewski et Finke (1906-1907), p.
59; Keune 1907-1909, p. 17; C.I.L XIII (1899-1916), 11363 ; Espérandieu V (1913), 4364 ; Toussaint 1948, p. 140
; Collot 1964b, tome 1, p. 36 ; Schlémaire 1972, L4 ; Ormasti 1995, p. 94 ; C.A.G 2005, p. 275.
D*M
AELIOLAE
527
D(is) M(anibus), | Aeliolae
L’inscription n’est pas contenue dans un bandeau. Elle est faite de beaux caractères en
capitales carrées. La peinture rouge est conservée (Ill. 3.182). Elle semble d’origine, mais des
tests seriaent utiles. Une interponction sépare les lettres D et M.
La petite fille porte un seul nom : Aeliola.
La facture de la sculpture et le formulaire funéraire D.M suggèrent une datation du IIe siècle
comme le pensait M.-R. Ormasti. La présence attestée d’une ascia pourrait nous permettre
d’avancer une datation à partir du milieu du IIe siècle.
Musée de La Cour d’Or, Metz Métropole. Inv. n° 2012.0.76, ancien n° 116 (Ill. 3.183)
Stèle découverte en 1853 en Fournirue. Il est à noter que la Carte archéologique de la Gaule a omis cette stèle dans
son inventaire récapitulatif.
Pierre calcaire. Ht 70 cm. lg 33 cm. Ép 21 cm.
Personnage : Ht 36 cm (tête 8,5)
528
à discerner. Le contour est arrondi. Grâce à l’œil droit conservé, on devine de grands yeux lisses
en amandes sous les cavités sourcilières. Le nez a disparu. Une partie de lèvre charnue ressort
encore. Son menton est proéminent. Son cou est large et robuste, peu féminin. Les plis de la
tunique sont découpés en larges bandes parallèles verticales. Le raz du cou est marqué par un
bourrelet arrondi. Le manteau aux longues manches semble comporter une capuche. Il a une
encolure en V. Elle paraît maintenir deux pans d’une écharpe tombante, les bras repliés vers le
plexus et les poings resserrés. Le plissé oblique forme des triangles. Les doigts sont séparés par
de profondes incisions. Ils sont boudinés. Ses paumes de mains sont larges et les poignets ne
sont pas démarqués.
La représentation du personnage est assez fruste. Il est stylisé. Les proportions sont
incorrectes. Le canon de 4,2 est trop court. La tête est hypertrophiée. Finalement, la femme est
sommairement traitée.
Globalement, par certains aspects, la stèle rappelle la stèle maison Nesp III, 015 conservée
au musée de Toul. Notamment le visage de forme ovale, le voile, la taille irréaliste de la tête
et les mains trop grandes. Toutefois, le monument non daté est d’une typologie différente et le
personnage garde des oreilles dégagées.
Espérandieu V (1913), 4322 ; C.I.L XIII, (1899-1916), 4357 ; Toussaint 1948, n° 131 ; Bastian p. 26 ; Schlémaire
1972, D5 ; Freigang 1997, Med 163.
| [—] CARADDOVNA
[—] I FIL
| [—] Caraddovna
Ill. 3.184 Inscription, détail , 086
[—] i fil(ia) © L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
639 J.-C. Bastian, Stèles et monuments funéraires à personnages de Metz, Ouv. Cit., p. 26.
640 M. Toussaint, Metz à l’époque gallo-romaine, Metz, Paul Even, 1948, n° 131.
529
Caraddouna est probablement d’origine gauloise puisque la lettre D barré correspond en fait
à un S suivant l’évolution de l’affriquée /ts/. D’ailleurs, dans certaines occurrences la déesse
Sirona s’écrit Dirona641. Le nom de Caraddouna à priori issu du celte Carat-, « qui aime les
songes », se retrouve à la Horgne-au-Sablon (C.I.L XIII 4355).
L’utilisation de l’expression D.M suivie d’un nom unique limite la datation de cette stèle
entre le début du IIe et la moitié du IIIe siècle. D’après J.-C. Bastian, la coupe de cheveux est
typique de la période hadrianique, début antonine. M.-R. Ormasti la situe durant la première
moitié du IIe siècle en raison de la coupe de la femme, de l’œil lisse et des maladresses notoires.
Ces caractéristiques sont justement évoquées par F. Braemer sur la stèle Esp 1127 qu’il place
sous l’influence hadrianique.
Seule a été sauvegardée une partie du fronton de ce monument, largement incomplet. Une
fissure le divise de part en part, verticalement, à droite de l’urne. Les deux blocs complémentaires
ont été rassemblés. De multiples cassures empêchent de deviner sa forme initiale. La partie
inférieure et les bords manquent. Seule la face antérieure est sculptée en bas-relief.
D’après la forme conservée à gauche, la stèle devait être flanquée d’acrotères. Le sommet
du fronton est formé de trois pics. Le décor se situe à l’intérieur d’un registre en creux, orné
de deux moulures érodées. Les contours concentriques des moulures reproduisent la forme
générale du sommet du monument. La sculpture représente deux dauphins affrontés séparés par
une urne ou un vase. Ils sont vus de profil. Leur traitement et leur forme rappellent la stèle d’un
adolescent de Nicomédie (Esp V, 4371) trouvée à Metz. Elle est cependant plus abimée. Peut-
être est-ce le même atelier de production ? Ces dauphins stylisés ont une tête disproportionnée,
un œil incisé en amande et une queue aux terminaisons en forme de fourche à trois branches. La
nageoire dorsale est figurée, mais son emplacement au sommet du crâne est irréaliste. De même
il semble que la nageoire caudale juxtapose l’œil. Le rostre du dauphin de gauche ressemble à
641 P.-Y. Lambert, La langue gauloise, Ouv. Cit., p. 44.
530
un bec de canard. Le vase à panse godronnée a une embouchure évasée, large. Le pied est plus
petit.
Le dauphin est un motif largement employé dans le domaine funéraire mais également sur
les mosaïques ou les décors architecturaux. D’origine gréco-romaine, il est très courant en
Gaule. Pour J.-J. Hatt642 et G. Moitrieux643, dans le Nouvel Espérandieu, ce motif serait arrivé
au Ier siècle en passant par la Cisalpine et la vallée du Danube. Les dauphins en garde d’une
urne sont apparemment un choix de prédilection parmi les populations modestes de Metz, les
plus fortunés préférant des représentations de couple, avec ou sans scènes annexes. Concernant
les régions avoisinantes, nous pouvons comparer ce fragment à un monument des Leuques,
daté du IIe siècle (Nesp III 249). D’autres exemples, de provenances plus éloignées comme
Fréjus ou encore Lyon ont une ressemblance frappante (Nesp, Fréjus, 131) (Nesp, Vienne, 431).
Toutefois, les deux sont des éléments décoratifs de chapiteaux. Cela démontre que le poncif
s’est largement répandu et qu’il était populaire.
L’état fragmentaire de ce monument le rend très difficile à dater. Néanmoins une comparaison
avec la stèle 2012.0.46 aurait tendance à nous limiter au milieu du IIIe siècle.
La stèle était cassée verticalement en deux parties et a été recollée avec du béton visible sur
les deux côtés latéraux. En revanche, la face principale sculptée en relief peu profond demeure
en très bon état. La finition a été réalisée avec un rifloir dont on voit encore les stries obliques
sur la face et sur les côtés. La face arrière a été taillée à la broche.
Stèle funéraire parallélépipédique à fronton triangulaire accosté de deux acrotères. Ils sont
d’une faible épaisseur comparée à l’épaisseur totale de la stèle et forment des angles droits. Le
monument est divisé en trois registres. Le fronton décoré, la dédicace inscrite dans un bandeau
et une décoration dans la partie inférieure. Dans un triangle incisé sur le fronton figurent des
feuilles d’acanthe stylisées et une forme de cercle sculpté, centré en dessous, légèrement à
l’écart. E. Linckenheld l’interprète comme un développement de la rosace647. L’inscription est
comprise dans un rectangle délimité par deux lignes horizontales. En dessous, dans un second
rectangle, une autre plante stylisée s’élève. Elle est composée de deux parties symétriques.
642 J.-J. Hatt, La tombe gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes,
Ouv. Cit., p. 390.
643 G. Moitrieux, Nouvel Espérandieu, tome III, Ouv. Cit., p. 102.
644 R. Schlémaire, Catalogue des inscriptions gallo-romaines funéraires et votives des Musées de Metz, Ouv.
Cit., M8.
645 P. Flotté et M. Fuchs, C.A.G. 57/2, Ouv. Cit., p. 293.
646 Ibid, p. 293.
647 E. Linckenheld, Les stèles funéraires en forme de maison chez les Médiomatriques et en Gaule, Ouv. Cit., p.
82.
531
Ill. 3.186 Stèle simple de Firmus, 4 faces visibles, 088
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Cette stèle ressemble énormément par sa forme générale et surtout par son motif à la stèle
C.I.L XIII 11370 découverte vers la rue Amable-Tastu dans le quartier du Sablon. Les motifs
de feuilles représentés sur les frontons sont souvent considérés comme une simple décoration
architecturale issue du monde gréco-romain, sans signification particulière. Ils ont été propagés
en premier lieu grâce aux tombes de légionnaires648 largement copiées. A contrario, les végétaux
présents sur le corps des stèles peuvent être perçus comme un symbole. Ils ont un rapport
potentiel avec le culte des plantes, lié à la survie de l’âme649. Les plantes inspirent un sentiment
de nature et de vie. Elles sont capables de repousser ou de renaître. Cela signifie que les gallo-
romains de Divodurum avaient peut-être connaissance de ces croyances et les ont adoptées
ou adaptées. D’après E. Linckenheld, le triangle revêt aussi une dimension rituelle650. Son
avis est sujet à caution. En combinant ces informations, on peut imaginer une composition
intentionnelle dans un syncrétisme local. J.-J. Hatt et A.-M. Mourouvin font remarquer à juste
titre que chez les Médiomatriques de revenus modestes, les feuilles ou les motifs simples651,
d’importance mineure chez les Romains, ont tendance à devenir l’élément prédominant, voire
l’unique décoration d’une stèle. Plus concrètement, peut-être s’agit-il simplement d’un motif
répandu, vidé de son sens et populaire.
Ht lettres 3 cm.
C.I.L XIII (1899-1916), 11390 ; Toussaint 1948, p. 138; Collot 1964, tome 2, p. 25 ; C.A.G 2005, p. 293.
FIRMO*VE
RA*MATER
648 D. Davin, Les stèles funéraires Gallo-romaines de la Horgne au Sablon, Metz, cité des Médiomatriques,
Ouv. Cit., p. 97.
649 Ibid., p. 97.
650 E. Linckenheld, Les stèles funéraires en forme de maison chez les Médiomatriques et en Gaule, Ouv. Cit., p.
216.
651 M.-A. Mourouvin, Les stèles funéraires en forme de maisons chez les Médiomatriques, « Mémoire de Mai-
trise dirige par Mme J.-M. Demarolle à l’Université de Metz », 1996-1997, p. 37.
532
MEMORI
AE*EIVS
Elle fait son apparition au début du IIIe siècle selon J.-M. Lassère652 lorsque l’on parle de «
mémoire éternelle ». Si le nom unique disparaît théoriquement en 212, il survit à Divodurum
jusqu’au milieu du IIIe siècle. La stèle date donc du IIIe siècle.
Conservée au Musée de La Cour d’Or, Metz Métropole, inv. n° 2012.0.72 (Ill. 3.188)
Découverte en 1851, près de la porte Saint-Thiébaud
Pierre calcaire. Ht 40 cm. lg 43 cm. Ép non mesurable (stèle encastrée dans la maçonnerie)
La stèle est incomplète. La partie inférieure est manquante. Un éclat est à déplorer sur le
montant gauche. La surface est parsemée de trous et d’impacts, notamment sur le bandeau de
l’inscription. Les faces latérales et la face arrière ne sont pas visibles en raison de l’incrustation
de la stèle dans le mur. La surface gravée de la face antérieure reste néanmoins clairement
lisible. Elle est agrémentée d’un décor grossier.
Cette stèle est pourvue d’un fronton triangulaire surbaissé et d’acrotères dont celui de gauche,
intégral, est en quart de cercle. Une décoration de feuilles d’acanthe aux lignes ondulées et
nervurée est compactée dans un triangle incisé sur le fronton. Un demi-bouton circulaire, ou
œil, est sculpté au centre. Le bandeau de l’épitaphe est délimité par deux lignes horizontales.
En dessous, une forme rectangle irrégulière abrite un décor végétal profondément gravé. Les
nervures de cette plante, certainement une acanthe, sont représentées. Elles sont simplifiées
et dissymétriques. Sur les bords, les lobes d’adaptent au contour. L’ensemble est empreint
de maladresse. Le lapicide, certainement local et peu formé, n’a pas calculé correctement
l’emplacement du motif. Les lignes de séparation du bandeau ne sont pas droites.
Ht lettres 6 cm.
533
Simon 1851-1852, p. 222 ; Robert 1873-1883, tome III, p. 48-49, pl. VIII, Fig. 3 ; Lorrain 1874, p. 67, n° 104 ;
Hoffmann 1889, p. 47, n° 104 ; C.I.L XIII (1899-1916), 4395 ; Toussaint 1948, p.64 ; Collot, tome 1, 1976, p. XXV
n° 71 ; Schlémaire 1972, L35 ; Freigang 1997, Med 225 ; C.A.G 2005, p. 262.
D*LAMM
MINERVINO
A priori, l’épitaphe cumule plusieurs indices de datation. Le D.M abrégé et le datif. Ils
permettent de dater la stèle plutôt dans la première moitié du IIe siècle. Les tria nomina se
raréfient dès la seconde moitié du siècle. Soit, un argument supplémentaire en faveur de cette
proposition.
Stèle funéraire complète dont la face principale est très abîmée et fissurée à de multiples
653 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’empire romain, Ouv. Cit. p.
221.
534
endroits. La surface présente de nombreuses irrégularités. L’usure a fait disparaître en grande
partie l’inscription. Le côté gauche est grossièrement taillé alors que le côté droit et surtout la
face postérieure de la stèle ont bénéficié d’une finition plus aboutie puisque l’on aperçoit les
traces horizontales d’un rifloir ou d’une ripe. Seule la face antérieure est sculptée en bas-relief
peu profond.
654 C. Kooy « Le croissant lunaire sur les monuments funéraires gallo-romains », Ouv. Cit., p. 59.
655 Y. Le Boec, « Le croissant de lune chez les Eduens et les Lingons sous le Haut-Empire », Ouv. Cit., pp. 451-
457.
656 D. Davin, Les stèles funéraires de la Horgne-au-Sablon, Metz, cité des Médiomatriques, Ouv. Cit., p.
102.
535
uniquement.
L’inscription mutilée se situe en dessous du fronton, dans un grand rectangle également à
double encadrement.
C.I.L XIII (1899-1916), 4455 ; Keune 1903, pl. XVIII n° 2 ; Toussaint 1948, p. 122.
[…]M
[…]IRIAE
[……]
[…]TRES
La stèle est incomplète. Elle était cassée en deux verticalement. Les deux parties
complémentaires ont été recollées au ciment. Le fronton a en grande partie disparu. La moitié
gauche, en particulier, a été largement retaillée. De multiple trous et impacts sont concentrés
vers la partie inférieure droite de la façade. On remarque des épaufrures sur les deux montants et
un éclat sur la base, à droite. Les autres faces sont régulières et lissées. Cependant, un fragment
du côté gauche, partie supérieure, est en train de se détacher. Le sommet était recouvert de
mousse morte jusqu’en 2020. Seule la face antérieure est sculptée.
Cette stèle funéraire à sommet triangulaire est flanquée d’acrotères. À l’intérieur d’un
triangle creusé, délimité par une large moulure, est figuré un cercle en fort relief coupé par une
forme de croix. Une croix semblable figure sur un fragment de la stèle Esp VI 4561 découverte
dans la forêt d’Altorf en 1913. Sur le corps de la stèle, un encadrement à double moulure occupe
la majorité de la surface. Une inscription y est gravée.
536
C.I.L XIII (1899-1916), 11396, A.S.H.A.L 1906 p. 493; Toussaint 1948, p. 140 ; Schlémaire 1972, L39 ; C.A.G
2005, p. 270.
DM
MMELONIOAVITO
Les lettres sont en capitales cursives (Ill. 3. 192). Elles ne sont pas droites. L’inscription est
détériorée. Elle est contenue dans la partie
supérieure du cadre. R. Schlémaire stipule
quatre interponctions mais elles ne sont plus
visibles.
La stèle est dédiée à Marcus Melonius
Avitus, au datif. Il est citoyen comme le
démontrent les tria nomina. Marcus fait
partie des praenomen de prédilection
à Divodurum. Melonius, son nomen
est considéré comme un mélange de
nom germanique et de surnom latin. Il
s’orthographie en général avec deux L, sauf
en Bretagne (C.I.L I 2018). On le retrouve
à Cologne657 durant le IIe siècle (Köln, 381)
et durant le troisième siècle (N.-L. 243)
pour les inscriptions datées. Cela signifie
qu’il a perduré dans le temps. Outre ces
deux exemples, Mellonius apparaît le plus
souvent en Germanie et Gaule Belgique658.
Avitus est un cognomen latin attesté
chez les Arévaques et les Celtibères, par
Ill. 3.191 Stèle fendue 091 exemple. Il est employé sur une vaste zone
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole géographique.
L’abréviation D.M, le datif et les tria nomina permettent a priori de dater la stèle de la
première moitié du IIe siècle.
657 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit., p.
221.
658 Apparitions du nom Mellonius en Germanie et Gaule Belgique : CAG-21-02, p 429, EDCS-11000724,
EDCS-01200245, EDCS-13303424, EDCS-25700003, EDCS-10900448. À Rome, en Numidie et en province
Aquitaine : C.I.L VI 1057, C.I.L VI 3351, C.I.L VIII 18068, AE (2004), 00919.
537
092. METZ (MOSELLE). STÈLE-PLAQUE À SOMMET CINTRÉ D’ÉPONA
Keune 1903, pl. XII ; J.V.E.M 1907-1909, p. 56 ; Espérandieu V (1913), 4352 ; Toussaint 1948, n° 362.
659 D. Davin, Les stèles funéraires gallo-romaines de la Horgne au Sablon, Metz, cité des Médiomatriques,
Ouv. Cit.p. 35.
538
093. METZ (MOSELLE). PETITE STÈLE À SOMMET CINTRÉ
Monument incomplet dont la partie inférieure a été retaillé selon une forme courbe.
Aujourd’hui cette partie a fait l’objet d’une restauration afin de maintenir la stèle debout.
On constate des épaufrures sur les bords. Le dos de la stèle est hémisphérique. Seule la face
antérieure est sculptée.
Ill. 3.194 petite stèle à sommet cintré, face antérieure, arrière et latérale gauche, 093
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
Petite stèle funéraire à sommet cintré. Sa forme générale rappelle de face les stèles plaques
romaines mais l’arrière, bombé, ne correspond pas vraiment à ce modèle. Dans un fronton
délimité par des lignes convexes, figure une forme circulaire en fort relief. Elle rappelle l’astre
solaire plutôt que la lune, hypothèse appuyée par l’interprétation iconographique d’autres stèles
et autels trouvés notamment en Pannonie supérieure et en Germanie660 (CSIR Carnuntum 498
; stèle conservée à Stuttgart inv. RL397). Néanmoins, le motif existe aussi en Italie (C.I.L V,
02500).
Ht lettres 3 cm.
C.I.L XIII (1899-1916), 4377 ; Toussaint 1948, p.159 ; C.A.G 2005, p. 181.
539
MANIBVS
LFLORICRISPI
IANVARIVS
LIBERTVS
La stèle est complète. Toutes les faces sont traitées de manière homogène. Sur la face
antérieure, on remarque des impacts et des fissures en surface telles des griffures et quelques
épaufrures sur les arêtes. Dans la partie supérieure des faces latérales gauche et droite des
morceaux de pierre de petite taille sont tombés. Aucune décoration n’est visible. Une dédicace
est inscrite sur la face principale.
Cette stèle de forme pyramidale présente un sommet plat, sans fronton. Par sa typologie, elle
:02 :2015, consulté le 03 :02 :2015.
661 R. Cagnat, Cour d’épigraphie latine, Ouv. Cit., p. 253.
662 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Em-
pire, Ouv. Cit., p. 373.
663 B. Rémy, Les femmes en Gaule romaine, Ouv. Cit., p. 66.
664 L’Empereur Hadrien est né en 76 après notre ère. Il est mort en 138. Empereur de la dynastie des Antonins,
il a succédé à Trajan en 117.
665 Né à Lugdunum en 10 avant notre ère, l’empereur Claude a régné de 41 à 54 après J.-C., à la suite de Cali-
gula.
540
est unique en son genre dans la nécropole.
C.I.L XIII (1899-1916) 4418 ; Toussaint 1948, n° 420 ; Schlémaire 1972, H22.
D*M
PRVDAE
CCCLIB
541
Ill. 3.197 Inscription, détail, 094
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
L’inscription minimale ne permet pas de proposer de date assez précise. Elle date du IIe,
début du IIIe siècle si l’on se réfère à la formule D.M abrégée et aux noms uniques de tous les
protagonistes.
542
La stèle paraît complète quoique retaillée sur la gauche, où la surface forme des escaliers.
La face latérale droite est légèrement fissurée, partie supérieure. Des sillons ont été creusés par
la pluie. La face postérieure révèle aussi une fissure, beaucoup plus importante. Elle mesure
la moitié de la hauteur de la stèle sur plusieurs centimètres d’épaisseur. La face antérieure est
défigurée par deux grosses cavités. Le sommet était recouvert de mousse morte jusqu’en 2020.
Seule la face principale est sculptée d’un motif simple en bas-relief peu profond et comprend
une inscription.
Cette stèle de forme parallélépipédique possède un sommet sans fronton mais orné d’acrotères
arrondis. A l’intérieur figurent des fleurs stylisées à sept pétales, réparties autour d’un bouton
circulaire. En dessous la dédicace est située dans un encadrement rectangulaire délimité par
deux moulures. La typologie du monument est singulière à Divodurum.
Ht lettres : ligne 1 : 3 cm, ligne 2 : 3.5 cm, ligne 3 : 4.5, ligne 4 : 4 cm.
Keune 1903, p. 433 ; C.I.L XIII (1899-1916), 4410 ; Toussaint 1948, p. 118 ; Schlémaire 1972, H 48.
DM
PATERN
OQVI
NTIFILIO
L’inscription est en capitales cursives, en surface (Ill. 3.199). Le lapicide semble avoir mal
calculé la place à occuper dans le cadre. Les caractères sont de différentes hauteurs. La lettre E
de Paterno est notée II.
Le défunt ne porte qu’un seul nom au datif. Il peut être latin ou de traduction latine. Paternus
signifie « Qui vient du père »669. La filiation du personnage est précisée par la mention de
son père, Quintus. Ils ont le statut de pérégrins. Quintus est un nom d’apparence latinisé ou
totalement latinisé.
Le D.M et l’emploi du datif permettent de classer la stèle dans la première moitié du IIe
siècle, toutes proportions gardées.
096. METZ (MOSELLE). STÈLE RECTANGULAIRE AVEC DÉESSES MÈRES DANS UNE
NICHE
669 D. Davin, Les stèles funéraires gallo-romaines de la Horgne au Sablon, Metz, cité des Médiomatriques, Ouv.
Cit, p. 59.
543
La stèle paraît complète. Sur la face
principale, le montant droit présente des
épaufrures. La partie inférieure est parsemée
de quelques trous. Des éclats ont emporté le
bas du visage des déesses, du nez jusqu’au
menton. Les côtés sont épannelés. La face
arrière, encastrée dans une niche n’est pas
visible. La face principale est sculptée en
bas-relief.
544
Selon J.-J. Hatt leur représentation en binôme serait importée de la région trévire mais cette
information de parution ancienne est à prendre avec précaution. D’après ses recherches, cette
stèle faisait partie d’un enclos funéraire de la période claudienne. Dans tous les cas, elle a été
retrouvée avec un lot de stèles funéraires attestées. Le bloc, massif et lourd n’a visiblement
pas pu être transporté depuis une longue distance. Or, par corrélation, le monument Nesp III,
Nasium, 895 a aussi été découvert dans un contexte clairement funéraire d’après G. Moitrieux673.
Il propose deux explications à ce sujet. La première inclut la présence d’un lieu de culte dans les
parages de la nécropole. La seconde suppose un lien avec les défunts. Dans tous les cas, même
si deux situations similaires ne constituent pas une règle, les déesses mères ont un lien qui n’est
pas dû au hasard avec les nécropoles.
Concernant la déesse de Nasium, ce lien est appuyé par la présence d’un chien, élément
iconographique reconnu comme symbole de l’au-delà et, potentiellement, celle de clés. Le
monument date du Ier siècle d’après son style hiératique. La stèle de Metz, néanmoins, ne
comporte pas cet animal. Malgré tout, la corrélation entre les contextes de découvertes nous
permet de conserver les deux propositions. La stèle est éventuellement funéraire, ou peut-être
religieuse, sachant que le lien entre les deux mondes est probablement plus ténu que prévu.
Nous pouvons aussi déceler quelques points communs puisque la tête est disproportionnée.
La posture reste similaire. Les genoux sont trop bas. Le drapé même, quoique simplifié, est
resserré et rappelle la déesse de Nasium. À contrario, les déesses messines sont sans âge. On
ne retrouve ni traits particuliers, ni rides. De surcroît, elles sont bien identifiables comme des
figures féminines.
J.-J. Hatt considère les pommes comme un fruit symbolique qui facilite le passage des morts
vers l’au-delà, tel un talisman. Cette explication concorde avec une théorie de rôles multiples
tenus par les déesses mères à la fois protectrices des nourrissons, des morts et pourvoyeuses
d’abondance, selon l’attribut possédé674. La patère est liée au domaine funéraire. Une autre
explication existe aussi selon laquelle il s’agirait de la double ou triple incarnation d’une même
divinité. Cette hypothèse paraît réaliste au vu des fortes similitudes entre les deux femmes.
Cette stèle a tout de même une particularité. On parle souvent d’une position hiératique très
classique, de frontalité, d’absence totale de fantaisie et d’expression pour ce type de modèles,
or la tête penchée de la déesse de gauche et la forme de douceur dégagée par les rondeurs des
courbes cassent cette rigueur habituelle. Pour comparaison, nous pourrions reprendre la déesse
mère de Nasium déjà citée (Nesp III, Nasium, 895) à la physionomie très froide ou les déesses
découvertes près de Dijon (Esp III, 2081), protectrices d’un nouveau-né. Par ailleurs, la stèle de
Lyon (Esp III, 1741) illustre l’idée de copie d’une même entité.
Au musée une datation du IIIe ou IVe siècle est stipulé pour ce monument. Peut-être une
datation du Ier siècle au IIIe, à maxima, serait-elle préférable à cause de l’évolution des croyances
vers l’inhumation et le christianisme. L’abandon progressif de la nécropole pour contraindre la
ville à l’intérieur de remparts restreints étant remis en cause. Une datation du IVe siècle paraît
malgré tout exagérée. Cela dit, il faudrait de nouvelles découvertes régionales plus précises
corroborant une date similaire.
260.
673 G. Moitrieux, Nesp III, Ouv. Cit., p. 299.
674 C. Nerzic, La sculpture en Gaule romaine, Ouv. Cit., p. 203.
545
097. METZ (MOSELLE). STÈLE EN FORME DE TRAPÈZE RECTANGLE
Ill. 3.201 Stèle en forme de trapèze, face antérieure, arrière et latérale gauche
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
La stèle est presque complète. La façade, quasiment effacée, rend la lecture de l’épitaphe
impossible. Le sommet est fissuré. Un morceau de pierre s’est détaché de la face latérale gauche.
Le côté latéral droit est simplement épannelé. La face antérieure est sculptée en bas-relief peu
profond.
La stèle revêt une forme particulière dont elle est le seul exemple à Metz. La face antérieure
rectangulaire est perpendiculaire au sol tandis que l’épaisseur est oblique sur la face arrière. Il
s’agit d’un trapèze rectangle et non d’une stèle rectangulaire classique telle que l’a décrit R.
Schlémaire. Sur la face principale, un premier cadre rectangulaire, orné de moulure en quart de
rond, délimite le pourtour. Il englobe une seconde forme de chevron. Le chevron en question
commence au milieu du cadre qu’il scinde en deux parties. Il touche la partie supérieure du
cadre rectangulaire, au centre. Le chevron comporte une double moulure dont une en quart de
rond et l’autre en forme de large bande. Au milieu du corps de la stèle, un cartouche à queues
d’aronde en relief (tabula ansata) comporte une inscription devenue illisible.
Keune 1903, p. 411 ; C.I.L XIII (1899-1916), 4342 ; Toussaint 1948, p. 111 ; Schlémaire 1972, H 66.
DM
ANV [ … ]AI[—]
ER* SA [—]
546
Ill. 3.202, Incription, détail , 097
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
D(is) M(anibus)|, Anu […] ai [—] | er Sa [—]
Les dégradations subies rendent difficile toute datation. Néanmoins la formule D.M nous
oriente vers les IIe et IIIe siècles (Ill. 3.202).
547
stèles C.I.L XIII 4371, C.I.L XIII 4375, C.I.L XIII 4382 ou C.I.L XIII 4331 issues du même
site. La feuille triangulaire stylisée ornée de rosaces est fréquent en Germanie sur les stèles
funéraires de militaires à partir du règne de Claude (Esp. 5713, Esp.5714). Le motif se retrouve
ensuite sur les stèles populaires civiles, d’après les observations de J.-J. Hatt676. Selon lui, plus
le motif est simplifié, plus la stèle est ancienne. Ce point de vue demeure discutable car le
traitement de ces stèles semble homogène dans le temps et continu.
Keune 1903, p. 422, 453, planche XIX n° 4 ; C.I.L XIII (1899-1916), 4398 ; Toussaint 1948, p. 117 ; Schlémaire
1972, H 40 ; C.A.G 2005, p.302.
D*M
MAGNANI
L’inscription est très succincte (Ill. 3.204). Elle est constituée de beaux caractères carrés.
Une interponction se situe entre le D et le M. Le monument est dédié aux dieux Mânes de
Magnanus. L’homme porte un nom unique de type romain au génitif. Magnanus signifie «
grand », une particularité d’ordre physique.
L’emploi du génitif associé à la formule D.M abrégée serait plutôt réservé à la seconde
moitié du IIe siècle d’après Y. Burnand677. Le nom unique limite la datation à la première moitié
du IIIe siècle.
Le fronton de la stèle, retaillée pour être encastrée dans le mur de l’abbaye, est de forme
indéterminée. Des épaufrures sont visibles sur les bords gauche et droit. Le coin inférieur droit
est brisé. La face latérale droite comprend des finitions au rifloir ou à la ripe alors que la gauche
est lissée. La face arrière est grossièrement taillée au pic.
Il ne reste qu’une forme rectangulaire de la stèle initiale. L’inscription occupe toute la surface
676 J.-J. Hatt, La tombe gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes,
Ouv. Cit., p. 240.
677 Y. Burnand, Encyclopédie illustrée de la Lorraine, Histoire de la Lorraine. Les temps anciens, tome 2, Ouv.
Cit., p. 187
548
de la face principale. Elle se situe entre deux moitiés de piliers gravés. Une ligne horizontale
délimite le haut du cadre.
A.S.H.A.L 1904, pl.VII n° 6, p. 337-338 n° 36 ; Krüger 1905, p. 344, pl. 9 n° 1 ; Von Domaszewski et Finke 1906-
1907, p. 61 ; Keune 1907-1909, p. 16 ; C.I.L XIII (1899-1916), 11382 ; Toussaint1948, p. 132 ; Schlémaire 1972,
L33 ; C.A.G 2005, p. 269
*D M*
IVLVASSIL
LOMARI
TVMVS*ET
5
GENTILISF
D(is) M(anibus) | Iul(io) Vassil|lo Mari/tumus et |5 Gentilis f(ilii) Ill. 3.206 Inscription 099
Photo L. Kieffer
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signe révélateur d’un niveau social plus élevé. Force est de constater que leur positionnement
relève ici de la décoration pure et non d’une séparation de mots. La stèle est dédiée à un
homme nommé Iulius Vassilus, mis au datif. C’est une formule de type gentilice abrégé suivi
d’un cognomen. Les duo nomina nous indiquent un statut de citoyen. Iulius est un gentilice
impérial679 alors que Vassilus est romanisé. Ce surnom ressemble à Vassilius, père de Suarigillus
(Esp V, 4361) attesté à la Horgne-au-Sablon. Il provient du mot gaulois vassos qui signifie «
serviteur » comme le stipule X. Delamarre680. La terminaison en VS étant une latinisation des
terminaisons gauloises en OS681. Le défunt porte donc un cognomen gaulois. Il ne déroge pas
aux habitudes locales. Deux versions sont proposées quant aux dédicants. La C.A.G et le C.I.L
optent pour Maritumus et Gentilis, ses fils. Si tel est le cas, ils bénéficient d’un statut de citoyen
identique volontairement écourté en un seul nom. Cependant le nom du père ne transparaît pas.
R. Schlémaire traduisait plutôt par Maritumus et son fils Gentilis. Maritumus est au nominatif.
Concernant Gentilis, un citoyen nommé Cossius Gentilis est répertorié chez les Lingons682.
Sur une tombe romaine T. Flavius Gentilis déclare être l’affranchi de T. Flavius Genialis683.
En règle générale, Gentilis est assez fréquent dans le monde romain puisqu’il figure sur 56
inscriptions.
D’après les informations recueillies : la formule D.M abrégée, le gentilice abrégé, le datif et
les duo nomina, cette stèle date au minimum de la seconde moitié du IIe siècle.
100. METZ (MOSELLE). SOCLE FUNÉRAIRE CREUSÉ DE DEUX CAVITÉS PL. 100
Musée de La Cour d’Or, Metz Métropole, inv. n° 75.38.39 (Ill. 3.207, 3.208)
Dégagé du rempart en 1975, lors des fouilles de sauvegarde, à l’îlot Saint Jacques, premier lot de stèles.
Pierre calcaire. Ht 75 cm. lg 92 cm. Ép 68 cm.
Diamètre des cavités : 26 cm.
Le monument est incomplet, il a été utilisé en remploi. La base a été buchée. Elle comporte des
traces de pic bien marquées. La face postérieure est taillée à la broche. Les faces latérales
portent des traces de bretture. La face principale est sculptée en bas-relief. Le contour des
personnages est marqué par l’usage de foret. Une partie des détails sculptés s’est effacé à cause
de l’usure. Les côtés sont creusés en forme de tableaux. Le dessus du socle comprend deux
cavités circulaires destinées à abriter des urnes cinéraires.
550
Ill. 3.208 Shéma légendé
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
551
Ill. 3.207, socle creusé de deux cavités, 4 faces visibles, 100
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
incisions sont ramenées vers l’avant. Elles sont légèrement ondulées. Son nez est droit. L’œil,
creusé en relief, est inséré entre la paupière supérieure et inférieure. La pupille est marquée
par un fin trou percé. Le berger en question a le visage rond et une coiffure qui rappelle un
personnage identifié comme un « adolescent », figuré sur un cippe d’Arlon (Esp V, 4097). Or,
le monument a été réexaminé récemment par C. Vendries et daté par lui-même de la fin du
IIe siècle, début IIIe siècle. Nous aurions à faire, selon lui, à un adulte de condition inférieure
et non pas à une jeune personne. La ressemblance avec le pâtre inclus dans notre scène est
toutefois limitée, quoique, certaines personnes y aient reconnu un musicien. Nous pouvons
aussi penser qu’il est éventuellement un employé adulte en charge du troupeau. Son vêtement,
mal délimité, comporte un manteau à capuche qui rappelle un cucullus. La manche s’arrête au
biceps. Nous remarquons par ailleurs sur la tenue de larges plis plats. Les études précédentes
décrivent le pâtre en train de jouer de la syrinx. Une photographie de meilleure qualité nous
pousse à croire que cette interprétation est erronée. Tout au mieux observe-t-on une masse de
forme rectangulaire.
Le premier taureau avance vers la droite. Sa patte gauche est repliée. Sa tête massive laisse
apparaître son museau, ses joues et ses lèvres. Ses deux yeux globuleux sont situés sous une
arcade arrondie surgonflée qui forme un repli. Le creux des oreilles, en biais, est détaillé quoique
l’oreille gauche soit étonnamment plus grande. Les deux cornes, puissantes, en symétrie, se
font face. Le front est garni de poils. Son abdomen est légèrement gonflé, son corps musclé.
Le muscle paraméral est dessiné. Enfin, Les sabots sont distingués. Un collier rigide, apanage
des animaux de traits est représenté autour du cou. Cependant, il n’est harnaché à aucun outil.
Le second taureau est en partie dissimulé derrière lui. Son arrière-train reprend exactement
la même position ce qui fait songer à une transposition du même modèle. La tête, en revanche
est tournée vers la gauche. Plus grosse que celle du premier bœuf, elle est aussi trop massive par
rapport au corps de l’animal. Le rendu est détaillé. Le museau, en particulier, laisse entrevoir
les naseaux. Les oreilles sont larges. Les deux cornes sont visibles. L’œil est sculpté en amande.
La délimitation de la mâchoire, voire de la tête en général est marquée. Il est haut sur pattes.
Sa longue queue se rétrécit au bout. En résumé, les proportions sont fausses mais le sculpteur
démontre un certain souci de la précision du rendu.
En ce qui concerne les deux chevaux, ils sont de petits gabarits. Or, nous savons que durant
552
l’Antiquité ils ne mesuraient pas plus de 1m 30 au garrot684. Le sommet de leur crâne touche
le haut du cadre rectangulaire. Les détails de la tête sont sculptés en fort relief. L’œil arrondi
ressort de l’orbite. La bouche est incisée. La crinière et les muscles sont représentés. La queue
des chevaux est ondulée. Celle de l’équidé en second plan empiète sur la tête du caprin. Il est
représenté de taille plus petite que son congénère mais leur ressemblance dans le traitement est
frappante.
Le chien, debout sur ses pattes arrière, lève la tête, les oreilles rabattues. Par sa posture, il
paraît quémander des caresses ou de la nourriture. Ses pattes avant sont posées sur le mollet de
son maître. Son œil est incisé et sa gueule fermée.
Le bouc du second plan porte de longs poils ondulés. On repère ses oreilles, ses cornes
striées, son œil et sa barbiche.
Cette scène bucolique est d’un type unique à Divodurum. De manière générale, la campagne
est peu représentée. On peut cependant noter que les animaux mis en scène, chevaux et taureaux
ont une certaine valeur pécuniaire.
Selon M.-R. Ormasti, la coiffure du pâtre permet de dater le monument de la seconde moitié
du IIe siècle. Cette estimation correspond assez bien à celle de C. Vendries quant au cippe
d’Arlon. Toutefois la prudence nous invite à nous cantonner à des limites identiques, en incluant
le début du IIIe siècle.
Collot 1964b, n° 11 ; Pannoux, 1985, p. 316 n° 3 ; Ormasti, 1992, pp. 149-150, n° 68 ; C.A.G, p. 191, n° 30
La stèle est incomplète. Elle est retaillée sous forme de plaque et incrustée dans le mur du
musée. Reste une forme globalement rectangulaire. Fissurée, à l’horizontale, vers le milieu, les
deux parties complémentaires ont pu être reconstituées. Le haut de la stèle, le bas et la partie
droite sont manquants. Le montant gauche est cassé. Un trou est rebouché par un morceau de
bois placé à l’intérieur. Le montant gauche ressemble à un ancien pilier avec son chapiteau. Le
fragment ne permet pas d’en savoir davantage sur la décoration d’origine. En revanche, un pan
de l’inscription reste lisible (Ill. 3.209).
Ht lettres 8 cm.
Simon (1851-1852), p. 222 ; Klein (1857-1858), p. 364 ; Robert 1873-1883, tome III, p. 37 ; Lorrain 1874, p. 66
; Hoffman 1889, p. 46 ; A.S.H.A.L 1906, p. 491 ; CIL XIII, 1909, 4329 ; Toussaint 1948, p. 64 ; Collot 1964b,
tome 1, p. 25 ; Schlémaire 1972, L38 ; Frezouls 1982, p. 268 ; Freigang, 1997, Med 224 ; Demougin 1999, p. 377
; C.A.G 2005, p. 262.
DM
M AVRE[…]
684 M. Molin, Carrucae, plaustra ou currus : le char à Rome à l’époque impériale, Ouv. Cit., p. 54.
553
SANCTO
VET LEG*XX[..]
5
H*M*METSA[..]
TINIA | ——
Deux nexus sont repérables. TE pour le mot veterano et un autre TE pour la conjonction
de coordination et. La dernière ligne est trop abimée pour en distinguer la fin. Un C a été
proposé pour coniugi mais ce n’est pas évident au vu de la forme du haut de la dernière lettre.
Les caractères, en capitales carrées, sont grands. La peinture rouge, très vive et peut-être
contemporaine, ressort. On reconnaît un D.M abrégé grâce au bas des caractères restants. Des
interponctions séparent quasiment chaque mot.
Cette épitaphe est beaucoup plus complète et longue que d’accoutumée pour la Lunette
d’Arçon. Elle appartient à un vétéran de la XXIIe légion Primigenia685. Bien qu’il manque deux
chiffres, cette légion est déjà citée sur une autre stèle, celle d’un optio nommé Fruendus (C.I.L
XIII, 4331). Elle a été basée à Mayence pour une grande partie de son histoire. F. Bérard
date son arrivée au fort au plus tôt en 97686. Les épitaphes de militaires sont relativement
peu nombreuses à Divodurum. Il semblerait que les carrières dans l’armée n’y faisaient pas
685 Th. Franke stipule la création de la XXIIe légion en 39 par Caligula, en même temps que la XVe légion, sa
sœur. Destinée à renforcer les opérations en Germanie et en Bretagne, la XXIIe légion finit par remplacer la perte
de la XXIe légion Rapax ainsi que la XIVe Gemina transférée en Pannonie. Alors que la XVe légion n’a pas sur-
vécu à la rébellion de Civilis, la XXIIe perdure jusqu’au règne de Constantin. L’empereur Vespasien lui octroie
le titre de Pia et Fidelis pour lui rappeler de rester fidèle envers Rome, après les troubles de 69. À ce propos, S.
Demougin place dans la même unité M. Aurelius Sanctus et un optio, Fruendus à cause de la mention Pia Fidé-
lis. Or, elle n’est pas inscrite sur la stèle de Sanctus.
686 Y. Le Bohec, Les légions de Rome sous le Haut-Empire, tome1, Paris, Diffusion de Broccard, 2000, p.
57.
554
beaucoup d’émules687. Le défunt est titulaire des tria nomina au datif. Il est citoyen entré dans
la légion. Le fait qu’il soit libéré avec honneur du service nous indique qu’il arrivé au bout
du temps obligatoire dans l’armée. Son praenomen, Marcus est fréquent dans les nécropoles
locales de Divodurum bien que l’homme n’en soit pas forcément originaire. En revanche,
Aurelius est assez peu répandu à Metz688, contrairement aux autres cités, dans lesquelles il est
très courant. C’est un gentilice latin impérial selon M.-Th. Raepsaet689, plus précisément celui
de Caracalla qui a élargi la citoyenneté à toute personne libre en 212. Le cognomen, Sanctus,
est répertorié dans la composition de noms d’autres citoyens. Par exemple, Publicius Quietius
Sanctus, dans la cité des Lingons690. Une autre personne, Sanctinia, est citée. Il est possible, en
effet qu’elle soit sa femme. On peut aussi penser à d’autres liens. Peut-être sa fille en raison
d’un rapprochement entre Sanctus et Sanctinia, sur la même base.
D’après l’utilisation de l’abréviation D.M et les indications onomastiques, les noms choisis
impliquent au plus tôt une datation aurélienne, voire sévérienne. La forme des lettres ne plaide
pas en revanche pour une datation du IIIe siècle.
687 J.-P. Legendre, « L’armée romaine en Lorraine : essai de bilan », Archaeologia Mosellana 9, 2014, p.
468.
688 Ibid, p. 185.
689 M.-Th. Raepsaet-Charlier et M. Dondin-Payre, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Em-
pire, Ouv. Cit. p. 360.
690 Ibid, p. 186.
555
Champ épigraphique : impossible à mesurer
Ht lettres 3 cm.
A.S.H.A.L 1904, p 343 n° 45 ; Toussaint 1948, n° 529, p. 133 ; Schlémaire 1972, L71 ; C.A.G 2005, p. 269, n° 43.
[.] M
D(is) M(anibus)
La stèle était donc dédiée aux dieux Mânes d’une personne à l’identité inconnue. La formule
par elle-même place ce monument à partir du début du IIe siècle, sans plus de précisions.
La stèle est incomplète. Il ne subsiste qu’un fragment informe sur lequel figure une partie
du bas-relief.
556
Nous pourrions suggérer la présence d’une autre déesse en tenue gauloise. Cependant, Épona
a un statut particulier puisqu’elle est représentée seule la plupart du temps, mais surtout, sans
parèdre. C’est ce que l’on remarque par exemple à Metz (Musée de La Cour d’Or, inv. n°
2012.0.94, n° 2012.0.95) ou à Arlon (IAL GR/S 377) sur une stèle maison du IIe ou IIIe siècle.
En approfondissant nos recherches, nous avons découvert que la stèle provenait d’Hagondange
Esp V 4449. Cette information, notifiée par Espérandieu semble avoir été oubliée depuis par
tous ses successeurs.
Ill. 3.212 Bloc d’une scène de vente de bijoux, face antérieure et latérales, 104
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
557
cassée. Au-dessus, une forme de rectangle est évidée. La face
latérale droite comprend des traces de dents faites par une
gradine. La face latérale gauche a subi le même traitement
mais, plus détériorée, elle présente davantage de traces
d’impacts et une cassure vers l’arrière, partie inférieure. La
face postérieure est lissée. Le monument a encore été éraflé
au cours d’un déplacement récent. Selon la partie conservée,
une face seulement est sculptée en bas-relief. Les destructions
laissent penser que d’autres faces l’étaient aussi probablement.
Y avait-il des registres superposés ? Rien ne prouve non plus
que le monument ne comportait pas d’inscription. La présence
de personnages de profil, en action, laisse penser que c’était en
réalité une face latérale et non la face principale du monument.
Des indices comparatifs locaux peuvent nous orienter vers
cette conclusion (inv. n° 75.38.46 ou inv. n° 75.38.44).
Cette stèle ou ce monument funéraire à fronton indéterminé
représente une scène de vente dans une boutique ouverte
sur l’extérieur. La partie conservée est grossièrement
parallélépipédique. L’échange à lieu entre deux hommes, de
profil, figurés dans une niche rectangulaire à fond plat. Tous Ill. 3.213 Visage, détail
les deux portent une tunique courte et des chaussures fermées Ill. 3.214, geste, détail
délimitées par une incision. Ils ont quasiment la même tête Photo L. Kieffer
de forme arrondie, mais reportée à une échelle différente.
L’homme à gauche, assis, occupe beaucoup plus d’espace
que celui de droite, debout. Ce procédé de représentation met en avant le mort héroïsé par un
agrandissement. Par conséquent, ce serait ici une erreur de parler de problèmes de proportions.
L’homme debout, en pied, porte des cheveux courts aux frisures exagérées (Ill. 3.213),
représentées par de gros nodules. Les oreilles sont dégagées. Il a le nez droit et sa bouche
est formée d’un triangle creusé. La main gauche du personnage est cassée. Son bras droit est
replié vers le haut. Il montre apparemment au marchand un objet rond tenu dans sa main droite
(Ill. 3.214). Il semblerait que ses doigts se referment dessus comme une pince. Le rendu est
assez irréaliste. Or, il est récurrent à Metz que les sculpteurs aient du mal maîtriser la sculpture
des mains. Nous pouvons aussi remettre en question cette interprétation pour en fournir une
seconde. En regardant la position de ses doigts, nous pouvons y voir une scène de compte.
L’homme serait-il alors en train de négocier un prix ? Le geste représenté serait alors une
somme proposée par le client. Cette hypothèse se tient par comparaison avec le sarcophage du
Louvre dit des « Neuf muses », face latérale gauche (Inventaire MR 880), daté de la première
moitié du IIe siècle. Le personnage assis, détaillé sur un magnifique marbre, fait un geste très
similaire. Malheureusement, le traitement sommaire de l’acheteur de Metz ne permet pas de
déterminé exactement le chiffre esquissé. L’homme porte une tunique ras le cou et des manches
longues amples aux coudes. Les jambes sont d’apparence rugueuse. Les plis de la tunique
tombent à la verticale.
Le personnage assis porte, quant à lui, une tunique courte et, par-dessus, un cucullus, sorte
de manteau court à capuchon. Son œil est une simple cavité. L’homme est joufflu. L’oreille
est traitée avec beaucoup d’attention car le pavillon et le lobe sont sculptés. La main reposant
sur ses cuisses est cassée. Un objet long, enroulé, dépasse. Sans doute un parchemin car cet
accessoire est souvent reproduit sous cette forme et attribué aux hommes. De l’autre main, il
fait un signe à son interlocuteur, en repliant également certains doigts. L’interaction entre les
deux personnages donne à la scène un aspect vivant.
558
Concernant le mobilier, nous
pouvons identifier un tabouret de forme
rectangulaire à quatre pieds, dont deux
seulement sont représentés. Il comporte
une décoration de rectangles imbriqués.
Le comptoir de vente est identique au
siège, à plus grande échelle. Une fois
de plus, le sculpteur a usé de similitudes
dans sa composition. Ces meubles sont
communs dans la région puisque le
même modèle de comptoir apparaît sur
une stèle d’Arlon (IAL GR/S 050) et sur
un monument de Trèves (n° 287b, 288a-
Ill. 3.215 Vendeur, Détail, 104
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole b, 289 a-b). Toutefois, le monument de
Trèves est d’une qualité incomparable
avec le nôtre. Sur le comptoir, cinq objets ronds sont posés les uns contre les autres. En arrière-
plan six caisses ou plateaux sont remplis d’autres petits objets ronds indéterminés. Ils sont en
nombre irrégulier. Dans les plateaux, rien n’est vraiment droit. En dessous, des formes pendantes
sont accrochées à un rebord. Elles sont aujourd’hui généralement identifiées comme des colliers
par les conservateurs. Cette prise de position est apparue pour la première fois dans l’article «
Les gallo-romain vus par eux mêmes » de la revue L’archéologue. Elle émane de la descrition
réalisée par K. Kazek691. Il reconnaît en fond « une dactyliothèque, présentoir ou réceptacle à
anneaux, bagues et pierres travaillées » (Ill. 3.215), selon les mots de l’auteur. Le protagoniste
serait ainsi un marchand de bijoux, la marchandise étalée des gemmes et bracelets. Une seconde
interprétation, plus ancienne, favorisait l’hypothèse d’une boulangerie-pâtisserie692 garnie de
pains ronds. C’est la thèse que soutient J.-M. Demarolle. Cette théorie se défend si les formes
pendantes sont analysées comme des draperies. Malgré tout, l’utilisation des doigts servant au
comput rend peu vraisemblable cette interprétation.
D’après la coupe de cheveux des personnages aux boucles d’aspect artificiel exagéré, le
monument serait plutôt de la seconde moitié du IIe ou du début du IIIe siècle. Elle rappelle
la stèle bordelaise Esp 1118 décrite par F. Braemer de l’époque de Marc-Aurèle. Chez les
Leuques nous pouvons la comparer à la stèle Nesp III, Bruyères, 061. Dans les deux exemples
cités, le personnage est de face et les oreilles sont dégagées. La seconde, et sans doute la plus
ressemblante, est datée par G. Moitrieux de la première moitié du IIIe siècle. J.-C Bastian se
fiant à la première solution tranchait pour le règne de Marc-Aurèle693. Il est vrai qu’une série de
pièces datée de 157-158 illustre très bien ce type de frisures à nodules.
Devilly 1823a, p. 75 ; Lorrain 1874, p. 65 ; Hoffmann 1889, p. 46 ; Keune 1900a, p. 353 ; Espérandieu V (1913),
4295 ; Toussaint 1948, p. 50 ; Collot 1964b, n° 161 ; Burnand 1990, p. 81; Freigang 1997, Med 212 ; Dossier
d’œuvres 2007, p. 29 ; C.A.G 2005, pp. 234-235 ; Atlas historique de Metz 2013, p. 70 ; Demarolle, 2015, p. 10.
691 K. Kazek, « Les gallo-romains vus par eux-mêmes », L’archéologue, n° 119, 2012, p. 24.
692 P.-M Duval, La vie quotidienne en Gaule pendant la paix romaine, Ouv. Cit., p. 190.
693 J.-C Bastian, Stèles et monuments funéraires à personnages de Metz, Ouv. Cit., p. 38.
559
105. METZ (MOSELLE). BLOC D’UN GRAND TOMBEAU DE FORME INDÉTERMINÉE
Le bloc est incomplet. Taillé dans une forme parallélépipédique, il devait être rattaché à
d’autres blocs de grand appareil, d’après les deux encoches visibles au-dessus. Les nombreux
impacts difficiles à déterminer nous font hésiter entre des détériorations survenues en extérieur
ou des traces de rubricature. Celles-ci servaient notamment à faire tenir les blocs supersposés
de manière solidaire. Sur la face antérieure figure un personnage en bas-relief dont il reste
une partie comprise entre le front et la taille, ainsi qu’une partie du pilier gauche. Son bras
gauche est en partie cassé, le visage est brisé. Des impacts et des traces brunes sont concentrés
autour du visage. La face latérale gauche est parsemée de traces d’outils comme un rifloir.
L’arrière, taillé en escalier, comprend une bande creusée verticale. Deux gros trous ainsi que
des crevasses en haut de la face latérale gauche sont visibles. La face arrière est inégale à cause
d’un renfoncement. La face latérale droite est grossièrement retaillée.
Ce bloc de forme rectangulaire faisait sans nul doute partie d’un tombeau de grande taille
dont nous ignorons la forme originale. Il s’agit de la représentation du défunt, apparemment
seul, dans une niche. Malgré les lacunes, le personnage paraît lié au monde funéraire et n’est pas
une représentation éventuelle de Mercure, auquel manque son caducée, comme aurait tendance
à le croire E. Espérandieu en le comparant au bloc Esp V 4289. D’autant plus que le dessin tiré
560
de Thabouillot est douteux.
Le personnage se tient de face, les épaules tombantes. C’est une femme représentée en
grandeur nature. Elle est couverte par plusieurs couches successives de vêtements et porte autour
du cou des bijoux massifs. Or, la représentation de colliers ostentatoires sur une personne adulte
est quasi absente des stèles monumentales à personnages découvertes à l’îlot Saint-Jacques.
Seul le bloc du mausolée 75.38.65 donne à voir une bague à chaton mais celle -ci demeure bien
moins voyante. Un premier collier, au raz du cou est composé de perles rondes non uniformes.
Celle du centre est plus grosse. Il nous est impossible de connaitre le matériau représenté. Ce
pouvait être entre-autres de la pierre, de la pâte de verre ou du métal. Le second collier, plus long
ressemble davantage à une sorte d’amulette tenue par une cordelette et deux attaches arrondies.
Le médaillon constitue un cercle décoré d’une forme étoilée ou de roue à sept raies comme une
rouelle. Une décoration ronde est suspendue à son bout. Soit, les détails sont finement rendus.
Le monument E4289 montre un collier similaire attribué aux prêtre de Sérapis. Cette explication
est du moins défendue par G. Moitrieux dont le Nouvel Espérandieu dédié à Metz défendra
l’hypothèse à sa parution en janvier 2021. Le dessin du monument émane de Tabouillot ce qui
le rend tout de même suspect.
Le personnage est vêtu d’une tunique à encolure ras-le-cou, recouverte d’un manteau ou
d’une seconde tunique croisée sur la poitrine. Les manches sont longues. Les plis courbés,
suivant la posture du corps, sont nombreux et inhabituellement resserrés.
Le traitement du plissé et la parure chargée font de ce bloc un exemple à part, non comparable
aux autres découvertes locales.
J.-N. Castorio y reconnaît un parallèle avec les séries de stèles du musée de Mayence694
ou encore avec un bloc de grand tombeau d’Arlon dit « de l’Attis ». Il propose également de
chercher le modèle d’inspiration parmi les monuments de l’Italie du Nord, sans pour autant en
déduire une voie d’importation particulière. La série comparative met en avant une production
du milieu du Ier siècle. Cette estimation concorde avec les observations réalisées par N. Laubry695
pour ce type de monuments et d’iconographie. Il ajoute qu’ils ont inspiré la mode des stèles à
personnages de plus petite envergure diffusée au siècle suivant et qu’ils sont essentiellement
urbains. De son côté, J.-C. Bastian penchait pour une datation similaire, de la période Claude-
Néron696, d’après les vêtements et la technique analysés par J.-J. Hatt.
En ce qui concerne Divodurum, cette pièce démontre une fois de plus la prédominance de
grands tombeaux réservés aux élites durant le Ier siècle de l’Empire.
694 J.-N. Castorio, Ineluctabile fatum, mourir en Gaule Mosellane (Ier s. av. J.-C. – IVe s. ap. J.-C.), Thèse de
Doctorat, 2008, p. 392.
695 N. Laubry, « Aspects de la romanisation en Gaule et en Germanie : les monuments et les inscriptions
funéraires sous le Haut Empire », Revue Pallas, https://pallas.revues.org/1843, le 10/01/2009, consulté le
24/07/2016.
696 J.-C. Bastian, Stèles et monuments funéraires à personnages de Metz, Ouv. Cit., p. 19.
561
Le bloc est incomplet. Il a été retaillé en forme de parallélépipède pour servir en remploi. Son
emplacement dans la vitrine ne permet pas d’examiner les faces latérales. La face antérieure est
sculptée en moyen-relief. Les vieilles photographies prises à l’époque de J.-B. Keune montrent
un pilastre mouluré, cannelé, à droite qui a disparu depuis. Peut-être le monument a-t-il été de
nouveau réduit pour son exposition dans la salle. On remarque des stries obliques sur la face
avant. Le montant droit forme un escalier. Celui de gauche est détruit. À l’origine, le décor se
situait entre les deux pilastres. Il est divisé en deux registres superposés.
Le registre supérieur est séparé par une sorte d’étagère. Des récipients sont posés dessus.
La C.A.G identifie des cuveaux et des corbeilles697. Le dernier objet sur la droite peut en effet
faire penser à une cuve comparable à un exemplaire de Neufchâteau (Esp VI, 4893). Toutefois,
sur ce bloc, les personnages ne sont pas représentés à côté de l’objet, ce qui rend malaisé
une éventuelle appréciation de l’échelle. Trois conteneurs retournés sont appuyés les uns sur
les autres et contre le pilier. Ils sont décorés de trois bandes moulurées sur les rebords et à la
base. Outre l’idée de corbeille, ce sont peut-être des cuveaux cerclés car ils ressemblent à ceux
représentés sur un monument des Leuques (Nesp III, 729).
Dans le registre inférieur, creusé dans une niche rectangulaire de forme allongée, deux
tonnelets cerclés, couchés au sol, encadrent trois vases à la panse bombée à embouchure élargie.
Il est probable que ce monument fasse partie d’une scène de métier tronquée puisqu’il a été
découvert avec un lot de stèles sur le sujet. Le monument des Leuques pris en comparaison
fait l’objet d’un débat. Il n’est pas toujours identifié comme funéraire à cause de la présence
supposée d’une divinité protectrice drapée, assise sur un tabouret. B. Rémy et N. Mathieu
penchent pour la représentation de la propriétaire d’une officine. Le personnage à l’arrière-
plan exerce le métier de laborantine ou de pharmacienne. Elle s’affaire à préparer des plantes
médicinales.
Cela dit, sur la stèle des Médiomatriques, les tonnelets auraient tendance à suggérer le
commerce du vin.
697 P. Flotté et M. Fuchs, C.A.G 57/2, Ouv. Cit., p. 234.
562
Une dernière comparaison peut s’effectuer avec la stèle de Sens Esp IV 2852. Celle-ci
comporte une frise de corbeilles agencée de la même manière. Toutefois, ce sont des grattes
employées aux récoltes de fruits698.
Devilly 1823b, p. 14 ; Lorrain 1874, p. 65 n° 98 ; Hoffmann 1889, p. 46 n° 98 ; Keune 1900a, p. 412 ; Espérandieu
V (1913), 4327 ; Toussaint 1948, p. 50 ; C.A.G 2005, p. 234 n° 5, fig.191.
Le monument est incomplet. Le bloc a été largement retaillé pour son remploi dans un
mur. La C.A.G699 indique une stèle à fronton
triangulaire d’après une ancienne description de
P.- C. Robert. Il la décrivait en effet surmontée
d’un fronton700 mais aucune photographie de
celui-ci n’a jamais été produite. Par conséquent,
nous pouvons douter qu’il s’agisse du même
monument.
Ht lettres 3 cm.
Gosselin 1834-1835, p. 149 ; Huguenin 1834-1835, p. 435 ; Simon 1839-1840a, p. 74 ; Robert 1873-1883, tome
III, p. 43 ; Lorrain 1874, p. 54 ; Hoffmann 1889, p. 40 n° 76 ; C.I.L XIII (1899-1916), 4400 ; Toussaint 1948, p. 53
698 B. Rémy et N. Mathieu, Les femmes en Gaule romaine, Ouv. Cit., p. 103.
699 P. Flotté et M. Fuchs, C.A.G 57/2, Ouv. Cit., p. 289.
700 P.-C. Robert, Épigraphie gallo-romaine de la Moselle, 3ème partie : inscriptions funéraires, Paris, Champion,
1883, p. 43.
563
; Schlémaire 1972, S5 ; C.A.G 2005, p. 289.
D[.]
[.]ATVLLAE VXOR[.]
[—] MANSVETV(.)
L’inscription est effacée à gauche. Elle est en capitales carrées peu profondes.
La stèle est dédiée à une femme dotée d’un nom unique dont la première lettre est manquante.
On peut tout de même opter pour Catulla car le champ des possibilités est très réduit. Ce nom
peut faire songer au poète Catullus, né en Gaule cisalpine. Dans l’onomastique trévire étudiée
par M.-Th. Raepsaet-Charlier, un Catullius701 est cité parmi les gentilices latin patronymiques
et de formation patronymique. L’éventualité d’une assonance celtique est évoquée. Une autre
stèle découverte à Metz mentionne une Salvia Catulla (C.I.L XIII, 11408). Le dédicant de ce
monument est son mari. Leur relation est identifiée par le terme uxor employé pour le mot
« épouse ». Il manque probablement une partie de son nom à gauche car Mansuetus est son
cognomen, un surnom latin connu702.
Conservée au Musée de La Cour d’Or, Metz Métropole. Inv. n° 2010.0.56 (Ill. 3.219)
Découvert en 1904. Le lieu de découverte fait débat. R. Schlémaire mentionne la Lunette d’Arçon mais Keune
parle de la Sablière Disler. A priori, ce serait plutôt la Sablière Disler puisque les fouilles datent de cette époque.
Pierre calcaire. Ht 58 cm. lg 75 cm. Ép 21,5 cm.
Le monument est incomplet. Seule la partie supérieure est conservée puisque le bas a été
scié. L’acrotère gauche est brisé. Les deux faces latérales sont lissées. La face arrière comporte
quelques trous et égratignures. La surface a reçu plusieurs impacts. Un sillon endommage le
centre de l’arche décorative. Les motifs sont gravés en profond relief.
Le monument de base rectangulaire est orné d’un fronton triangulaire surbaissé. L’acrotère
restant a une forme arrondie. Il est décoré d’une belle feuille d’acanthe découpée, nervurée et
lobée, de part et d’autre d’une ligne médiane. Un décor végétal figure également dans le triangle
du fronton. Un bouton de forme arrondi dont le milieu est marqué d’un triangle gravé se trouve
au centre de la composition. Une forme étoilée divise le triangle en quatre parties. Les feuilles
d’acanthe, quant à elles, sont divisées en deux parties symétriques. Le bord est finement ciselé.
701 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Em-
pire, Ouv. Cit., p. 361
702 M. Dondin-Payre et M.-Th. Raepsaet-Charlier, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit., p.
220.
564
Ill. 3.219 Stèle d’un sévir augustal, 4 faces visibles, 108
© L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
L’inscription est contenue dans un cadre en faible relief entre deux peltes inversées fines et
allongées. En dessous, n’est conservée qu’une petite partie du décor originel. Les écoinçons
sont ornés de belles feuilles d’acanthe lobées, en demi-cercle, épousant la forme du cintre. L’arc
suggère une ouverture en forme de porte. Entre deux bandes de séparation, un décor est gravé,
reproduit par intervalles. Il s’agit d’une forme de cercle entre deux rubans arrondis.
565
A.S.H.A.L 1903, p. 362 ; Von Domaszewski ; Finke (1906-1907), p. 58; Keune (1907-1909), p. 32; C.I.L XIII
(1899-1916), 11358 ; Schlémaire 1972, L43 ; Frézouls 1982, p. 264 ; Lazzaro 1993, n° 44 ; Freigang 1997, Med
230 ; C.A.G 2005, p. 292 n° 3.
DM
Q*LIVICASTORIS
IIIIIIVIR*AVGAPOLLINARISLIB
L’inscription est gravée en très belles lettres assez profondes (Ill. 3.220). L’espace est régulier.
Deux interponctions en forme de triangles découpent l’épitaphe. Le lapicide a forcément calculé
la place occupée par ses caractères pour arriver à ce résultat.
L’inscription fait partie des rares exemples découverts qui mentionnent un titre officiel. Le
défunt est un sévir augustal. Selon M. Toussaint et J.-M. Demarolle703, les sévirs augustaux
étaient choisis parmi le petit peuple et les affranchis. Il s’agissait pour eux du meilleur moyen
d’obtenir une promotion sociale. Les sources bibliographiques à disposition proposent deux
traductions possibles. L’une stipule qu’Apollinaris est l’affranchi de Q. Livius Castor, l’autre,
totalement erronée, que Q. Livius Castor est l’affranchi d’Apollinaris. Or il paraît évident que Q.
Livius Castor soit le maître d’Apollinaris même si R. Schlémaire choisi le contraire à raison de
la sélection des sévir parmi les affranchis. Livius est un nomen latin courant, largement répandu
dans le monde romain. Castor est un cognomen attesté chez les Arévaques704, par exemple mais
il est également très commun. Il est inscrit sous la forme de Castoris sur 120 inscriptions de
provenances variées. Apollinaris est un théophore705. Il laisse entrevoir un attachement au culte
du dieu Apollon.
Un tout autre bloc d’inscription découvert à Metz stipule quatre sévirs augustaux mais dans
un cadre d’évergétisme et non dans un cadre funéraire. Nous avons relevé les noms des notables
afin de déterminer une quelconque similitude. L’inscription a prouvé que le défunt de notre
monument n’en faisait pas partie706.
703 J.-M. Demarolle, Vivre en Lorraine gallo.romaine, Ouv. Cit., p. 30.
704 Ibid, p. 146.
705 J.-J. Hatt, La tombe gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes,
Ouv. Cit., p. 51.
706 Inscription selon le C.I.L XIII 04325. [In h]onorem domu[s Augustae] / [Carat]hounus Sex(tus) Massius
Gen[…] / […]lianus C(aius) Celsius Mattos(us) …] / [IIIIIIviri Au]gustales aquam ab origin[e sua usque Divo-
durum] / [perduxeru]nt et nymphaeum cum su[is omnibus ornamentis] / [et] por[ticu suo impendio dedicaverunt].
566
L’usage de l’abréviation D.M, les tria nomina et le génitif situent le monument dans la
seconde moitié du IIe siècle.
Dans le registre supérieur un personnage dénudé est sculpté en pied de profil dans une
niche cintrée peu profonde, à fond plat. Elle n’est pas décorée. Le personnage masculin porte
des cheveux courts aux bandes incisées. Son nez est crochu. L’œil est figuré. La mâchoire est
Traductible par : En l’honneur de la maison auguste, Carathounus, Sextus Massius Genialis, …lianus, Caius
Celsius Matto (…), sévirs augustaux, ont amené l’eau de la source à la cité, et ont élévé un nymphaeum avec ses
aménagements et ornements.
567
représentée oblique. C’est un amour ailé parfois identifié sous les traits d’Eros707. Ses proportions
sont irréalistes car son torse est beaucoup trop large et boursouflé comparé à ses jambes. Son
dos courbé est vers l’avant. Son bras droit, plié, est projeté devant lui, le droit reste en arrière le
long du corps. Ses jambes écartées sont fléchies. La droite passe devant. La pointe de pied est
relevée. Sa position générale fait songer à quelqu’un en train de courir assez maladroitement.
À ses pieds un animal est couché ou recroquevillé au sol, tête baissée. Ses longues oreilles
sont aplaties. Sa taille équivaut à celle d’un chien bien que ce n’en soit pas un. J.-C. Bastian
reconnaissait, à juste titre un lapin708. Une comparaison avec une statuette trévire de Diane (Esp
VI, 4939) accompagnée de cet animal le montre également de taille disproportionnée. Celui
de Langres (Esp IV 3288) est précédé par un amour. Par conséquent, un rapprochement est
concevable.
Le lapin est représenté dans la plupart des cas en train de manger des fruits (Esp VI, 4939,
Esp IV 3650, provenance indéterminée). La scène le suggère peut-être en train de dévorer
quelque chose mais les détériorations subies ne permettent aucune certitude. Cet animal est
traditionnellement relié à Eros, ainsi que la lyre. Mais comment interpréter cette scène dans
le cadre funéraire puisque le thème ne l’est pas forcément ? Faut-il y voir un lien à la culture
mythologique ?
Deux cavets moulurés surmontent la scène inférieure à l’origine comprise entre deux piliers
de style corinthien simplifiés dont le fût est soutenu par un astragale. La tête de deux personnages
ressort en haut-relief dans une niche à double arcature. Celui de gauche est tourné de trois
quarts vers le personnage du centre, de face. Ils sont caractérisés par une coiffure commune à la
différence près que les mèches du personnage de droite sont plus épaisses. Leur chevelure est
divisée en deux parties par une raie médiane. De longues mèches souples, parallèles, sont tirées
vers l’arrière se terminent en chignon dans le cou. Ils sont légèrement ondulés et couvrent les
oreilles. Ce sont des femmes. Les petits yeux de celle de droite, creusés en amande, sont encore
visibles.
Ht lettres 3 cm.
Lorrain 1874, p. 67; Robert 1873-1883, tome III, pp. 40-41, pl.VII, fig. 3 ; Hoffmann 1889, p. 47 ; C.I.L XIII
(1899-1916), 4330 ; Espérandieu V (1913), 4329, Keune 1898, p. 65 ; Toussaint 1948, p. 155 ; Collot, 1976, p.
XXV n° 69 ; Schlémaire 1972, I 8 ; Frezouls 1982, p. 268.
Q* DOMITIO*SEXTOVETERAN[.]
ATTONIAE* BARBARAE*CONI […]
DOMIT […] *SEXTIAE*FILIAE*SEXTV [——
707 J.-C. Bastian, Stèles et monuments funéraires à personnages de Metz, Ouv. Cit., p. 33.
708 Ibid, p. 33.
568
Q(uinto) Domitio Sexto, veteran[o] | Attoniae Barbarae, coni[ugi], | Domit(iae) Sextiae filiae,
Sextu [s fil(ius)]
Les inscriptions à gauche et à droite du bandeau ont disparu. Les caractères sont en capitales
carrées régulières. La peinture rouge rehausse les lettres (Ill. 3.222). Des analyses seraient
utiles pour savoir si elle est d’origine. On note la présence d’interponctions en forme de point
presque systématiquement entre chaque mot.
Le monument est dédié à trois personnes alors que la tombe est généralement individuelle.
Le premier est titulaire des tria nomina au datif. Quintus Domitius Sextus est un citoyen. Il
est aussi vétéran de l’armée romaine. Il est donc parvenu au bout de son temps de service.
L’ensemble des composants de son nom est latin709. De même pour sa fille Domitia Sextia. Elle
porte deux noms patronymiques et bénéficie comme son géniteur de la citoyenneté transmise
aux enfants. Le fils et dédicant, Sextus en a aussi hérité d’une partie. Il est difficile de croire
qu’il ne possède qu’un nom unique. Il l’a sans doute écourté volontairement. En revanche, la
mère Attonia Barbara porte deux noms qui mélangent nomen germanique et cognomen latin.
M.-Th. Raepsaet situe la stèle au IIe siècle. L’usage du datif et des tria nomina vont dans ce
sens. À la rigueur, la première moitié du siècle serait envisageable avec la disparition progressive
des tria nomina durant la seconde moitié du siècle dans la région. Mais F. Braemer situe ce
type de coiffure à partir du règne d’Antonin à Bordeaux, bien qu’il ait perduré plus longtemps.
La description de la coiffure, issue de la mode de Faustina Minor, semble finalement situer le
monument plutôt dans la seconde moitié du siècle.
Cette stèle revêt une forme originale dont elle est le seul exemplaire local. Il est possible
d’élaborer plusieurs théories à son sujet. Il s’agit peut-être d’un bloc juste ébauché. Toutefois
la profondeur excessive de la niche n’est pas commune, même à Divodurum où les niches sont
pourtant profondes. D’autre part, d’après l’absence de traces d’outils de taille, elle ne paraît pas
avoir été retaillée à l’intérieur comme une stèle de la Lunette d’Arçon (C.I.L XIII, 11393). En
résumé, nous ne savons pas, de manière certaine, si elle est complète.
Un éclat est à déplorer sur le côté inférieur droit de la face principale. Elle est fendue en
deux parties vers le milieu du pan droit du toit et sur toute la longueur. La fissure continue
face postérieure, sur toute la verticale. La stèle n’est pourtant pas séparée en deux blocs pour
l’instant. Les faces, grossièrement taillées, laissent apparaître des traces d’outils, horizontaux
à l’avant, verticaux à l’arrière. Le sommet de la stèle, recouvert de mousse morte, était caché
jusqu’en 2020. Le monument n’a ni inscription ni sculpture visible.
La base du bloc est rectangulaire, avec des parois verticales, surmontées par un fronton
triangulaire en forme de toiture à double pente aigue. Elle est particulièrement épaisse. La
709 M.-Th. Raepsaet et M. Dondin-Payre, Les noms de personnes dans l’Empire romain, Ouv. Cit., p. 220.
569
face avant est percé d’une haute
ouverture cintrée en forme de voute
très profonde. Celle-ci ne traverse pas
le monument. Selon E. Linckenheld,
repris par J.-J. Hatt et des étudiants
à sa suite, il s’agirait d’une stèle dite
en forme de « niche à chien ». Les
dates de publications de ces théories
exhortent à les traiter avec prudence
et à rechercher des connaissances ou
modèles comparables plus diversifiés
et plus larges géographiquement.
Pour E. Linckenheld, l’analogie
est simple à comprendre. La stèle
était initialement refermée par une
pierre710. La taille hors norme de cette
forme de porte évidée et la taille du
monument prennent réellement les
proportions d’une niche, justifiant
cette appellation. Le monument,
dépourvu de toute décoration et
anépigraphe, est perçu comme
primitif. Chronologiquement, E. Ill. 3.223 Stèle épaisse creusée, 110
Linckenheld le place après l’apparition © L. Kieffer, Musée de La Cour d’Or - Metz Métropole
de la simple pierre cunéiforme, un
marquage de l’emplacement de la
tombe. Il s’appuie pour sa démonstration sur une stèle découverte dans la forêt des Foeschen,
dessinée par Fuchs711. Après avoir comparé les modèles, nous nous sommes rendu compte que
les monuments n’étaient pas si ressemblants. Qui plus est, un dessin est-il véritablement fidèle
à l’original perdu ? La niche à chien en question serait curviligne et traversée de part en part. La
nôtre ne l’est pas. L’idée d’une origine primitive est soutenue par J.-J. Hatt712 pour ce modèle
même si la théorie d’une évolution « génétique » des stèles a été abandonnée depuis longtemps.
Pour notre part, nous avons décelé un autre modèle comparatif intéressant à proposer. Un
édicule conservé au Musée de Mayence (Esp VII, 5779), de provenance locale. Cet édicule
comprend deux parties avec, sur la face principale, deux pilastres de la porte décorés chacun
d’une grande feuille stylisée. Il est sculpté de scènes mythologiques et n’est pas funéraire.
Cependant, sa typologie correspond parfaitement à notre modèle. Le fait que le monument de
Metz ne soit pas sculpté favorise en effet l’idée que le bloc n’est pas abouti.
710 E. Linckenheld, Les stèles funéraires en forme de maison, Ouv. Cit., p. 12.
711 Ibid, p. 12.
712 J.-J. Hatt, La tombe gallo-romaine suivie de Les croyances funéraires d’après la décoration des tombes,
Ouv. Cit., p. 219.
570
Ajout de deux stèles hors les murs, une non retrouvée
Musée de La Cour d’Or, Metz Métropole. Inv. ; ancien E4374 (Ill. 3.224)
Découverte à la Horgne-au-Sablon en 1903. Conservée à la mairie de Montigny-lès-Metz (hors les murs).
Pierre calcaire. Ht 84 cm. lg 34 cm. Ep 22cm.
La stèle est complète. Le bord gauche de la face antérieure est légèrement abimé à hauteur
de l’inscription. Le corps de la stèle souffre aussi de quelques impacts. La base, taillée au pic,
est plus épaisse. Les faces latérales sont uniformément épannelées. La face arrière n’est pas
accessible car la stèle est placée trop près d’un mur. Elle se divise en quatre parties : le fronton,
l’inscription, le corps de la stèle et la base. Une inscription est profondément gravée. Les motifs
sont sculptés en léger relief.
571
guirlande de fleurs est parfois associé au culte de Dionysos ou d’Attis. Cependant, ce lien a
peut-être été abandonné et oublié au profit d’un simple motif, devenu populaire. La guirlande
représentée sur cette stèle est beaucoup moins travaillée que celle du mausolée 002, chargée de
fruits et rendue vivante par la présence d’animaux affairés à se nourrir.
Les motifs sculptés de guirlandes sont courants, y compris dans le domaine votif, ce qui peut
nous faire douter de sa vocation commémorative. La guirlande de fruits numéro F.AN.92-00-
371, conservée à la M.A.P.A d’Arles est sculptée sur un autel de marbre du Ier siècle714. Elle
est accrochée par des rubans similaires, tenus par des cygnes mais orientés vers l’intérieur.
Une urne double de Lyon, inventoriée numéro AD 259, comporte aussi une guirlande de fruits
enrubannée, cachée derrière des piliers et attachée par des ganses. Elle est cette fois funéraire et
date du IIIe siècle. Ces deux exemples démontrent que le motif s’est largement propagé et qu’il
a pu perdurer dans le temps.
C.I.L XIII (1899-1916), 4380 ; Keune 1903, p.416 ; Espérandieu V (1913), 4374 ; Toussaint (1948), n° 400 ;
Schlémaire (1972), H58 ; Ormasti (1995) p. 25.
D M
T*IANVARI
TASGILLI
L’inscription est gravée profondément (Ill. 3.225). Les lettres sont en capitales cursives.
Les deux premières lignes sont centrées alors que la dernière est décalée vers la droite. Les
lettres sont agglutinées sur le bord droit. Une interponction en forme de triangle sépare le
praenomen et le nomen. Le défunt porte les tria nomina propres aux citoyens, déclinés de façon
2012, Ouv. Cit. p. 98.
714 Université d’Aix-Marseille, NESP, http://nesp.mmsh.univ-aix.fr/details.aspx?ID=ARL+074&num=unde-
fined, consulté le 11/05/2018.
572
habituelle à Divodurum. C’est-à-dire un prénom parmi le maigre choix existant, un nom latin et
un cognomen gaulois. En effet Tasgillus est un composé du mot « Tasgo715 », le blaireau, et du
suffixe « illus ». Ce surnom dit thériophore, s’apparente à un animal comme Matuicco (051). Il
est difficile d’interpréter ce choix car nous ne savons pas ce que représente cet animal pour la
population de cette époque.
L’épitaphe est courte et nous renseigne peu pour une datation précise. Cela dit, le D.M
abrégé et les tria nomina situent la stèle autour de la première moitié du IIe siècle.
Musée de La Cour d’Or, Metz Métropole, inv. E4361. A été exposé sous le numéro 157. (Ill. 3.226)
Stèle découverte à la Horgne-au-Sablon en 1903. Conservée à la bibliothèque de Montigny-lès-Metz, hors les
murs.
Pierre calcaire. Ht 98 cm. lg 38 cm. Ép 24 cm.
Personnage : Ht 52 cm (tête 11).
La stèle est complète. L’ensemble du monument a été travaillé à l’aide d’une ripe. La face
arrière semble avoir été retaillée en escalier, plus fin vers la base. Elle comporte des traces de pic.
Un creux est visible sur le sommet de la face latérale gauche. Face antérieure, le pilier gauche
est dégradé à cause d’un trou conséquent à mi-hauteur. Quelques impacts sont disséminés sur
la stèle. Elle se divise en trois parties : le fronton, le corps de la stèle et la base, plus large. Une
sculpture en bas-relief est figurée dans la niche dont le fond et les bords gardent des traces de
ciseaux.
Cette stèle, au sommet à double pente, possède un fronton de forme triangulaire légèrement
creusé. Sa largeur rappelle celle de la base alors que le corps est plus fin. En dessous, dans une
niche rectangulaire assez profonde, figurent un personnage en pied et un animal. Quoique le
traitement soit maladroit, on reconnaît un enfant et son chien. Les proportions au canon court
(4,7) et le visage poupin vont en ce sens. Son corps est désaxé. Le visage et le buste sont centrés
alors que les jambes sont collées au bord gauche, en diagonale. L’enfant est joufflu. Ses yeux
globuleux ressortent. Son nez est proéminent et forme une bosse au niveau des sourcils. Sa
bouche, marquée d’un trait incisé est tombante. La lèvre inférieure est retroussée. Le personnage
donne l’impression de faire la moue. De larges mèches divisées en rouleaux et ramenées en
arrière couvrent en partie son front et auréolent le visage. Ses oreilles sont cachées. Un bourrelet
d’étoffe protège son cou trapu. Une tunique grossière lui descend jusqu’aux genoux. Le large
plissé du vêtement est rendu par des stries profondes qui tombent en obliques depuis le cou. Le
résultat, peu réaliste, manque de finesse. Les manches sont longues et amples. Son bras droit
est replié vers la taille. L’épaule est tombante. Le poignet et la main ne sont pas différenciés. Il
tient un objet de forme arrondie dans ses doigts boudinés. Ils sont séparés par des incisions. Il y
a une incohérence entre le pouce et les autres doigts qui tiennent l’objet. J.-C. Bastian, suivant
la description d’Espérandieu, reconnaissait une pomme716. Pour notre part, nous préférons opter
715 X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Ouv. Cit., 1995, p.199.
716 J.-C. Bastian, Stèles et monuments funéraires à personnages de Metz, « Mémoire de Maîtrise dirigé par
Mme J.-M. Demarolle à l’Université de Metz », 1973, p. 27.
573
pour une balle ou, éventuellement un gâteau.
Les chevilles ne sont pas représentées pour
séparer les gros mollets et les pieds du garçon,
faits d’un bloc. Ses pieds sont écartés. Les
genoux sont figurés trop bas. Pour en revenir
à l’accessoire, quoique la pomme soit parfois
employée dans le domaine funéraire de façon
symbolique, le garçon est accompagné d’un
chien. C’est ce qui justifie notre déduction et
notre choix en faveur d’un jouet. La présence
du chien n’est pas particulièrement originale,
au contraire. Sur les stèles grecques et
romaines dédiées aux enfants, des animaux
sont souvent sculptés pour les accompagner.
Ils ont un rôle symbolique717. Le chien est
de loin l’animal le plus souvent choisi par la
famille ou les dédicataires, suivi de l’oiseau.
Le chat est relativement rare. Il ne fait pas
partie des animaux de compagnie gallo-
romains courants et n’est pas commun à cette
époque dans la région. Le chien revêt un rôle
de protecteur dans la mort, comme pour ne
pas laisser l’enfant seul, et il l’accompagne
dans son voyage. Celui-ci n’est pas de race
particulière. Il se tient debout sur ses pattes
arrière, ses pattes avant s’appuyant sur la
jambe droite de son maître. La tête relevée
et les oreilles rabattues en arrière, il semble
demander de l’attention. Vue de profil, sa
gueule est allongée. Il a le poil court et une
Ill. 3.226 Stèle de Suarigillus, 112 fine queue tendue. Il est en surpoids si l’on
© L. Kieffer
tient compte de sa corpulence générale. Il est
à noter, à la base du monument, un trou pour
les libations.
Pour illustrer notre propos, la stèle numéro LYO 279, trouvée à Lyon en 1900, comporte une
fillette tenant dans ses bras un chat. Elle porte une tunique longue aux plis grossiers rappelant
la stèle de Metz et une coupe lui auréolant le visage. Elle donne la même impression d’un
front réduit par la masse chevelue. La stèle Esp II 1179, conservée à Bordeaux, est dédiée
au petit Laetius qui tient dans ses bras un chat. Un coq picore sa queue. La stèle est détaillée
et le rendu de belle qualité n’est pas comparable. Sur la stèle de Bourges Esp II 1478, une
jeune fille représentée à mi-corps donne la becquée à son oiseau. Le monument Esp VI 5260
conservé à Trèves montre, sculpté en bas-relief et de profil sur le fronton, un enfant qui nourrit
son chien et le caresse. Autour de lui sont figurés une corbeille de fruits et un jouet. Autre
exemple, un adolescent (Esp VIII 6440 conservé à Cologne) sculpté en pied dans une niche
tient un petit chien couché sur son bras droit. Ce dernier permet de conclure que le chien n’est
pas réservé uniquement à la petite enfance. D’ailleurs, la stèle du petit Suarigillus, qualifiée
de production maladroite d’un poncif par le passé, ne permet pas de proposer un âge pour le
défunt. Et ce, d’autant plus que les stèles sculptées à personnages sont parfois faussées selon
717 G. Coulon, L’enfant en gaule romaine, Paris, Errance, 1994, p. 101.
574
l’approvisionnement disponible si bien qu’un enfant de 5 ans peut en paraître 10 et vice versa.
Keune (1903), p. 393 ; C.I.L XIII (1899-1916), 4433 ; Espérandieu (1913), 4361 ; Toussaint (1948), n° 420 ; Collot
(1964b), n° 157 ; Schlémaire (1972), H51 ; Freigang (1997), MED 232 ; C.A.G (2005), p.304, n° 75.
D M
SVARIGILLI
VASSILLI*FIL
La stèle est incomplète. Seule la partie supérieure a été conservée. Le monument n’existant
plus que par des photographies anciennes, il n’est pas possible de la détailler. Le sommet est brisé
et le visage du personnage est meurtri. La partie inférieure a été cassée de façon irrégulière. Un
personnage de tête est sculpté dans le fronton en bas-relief. Une inscription figure en dessous,
dans un double encadrement.
718 Régine Schlémaire, Catalogue des inscriptions gallo-romaines funéraires et votives des Musées de Metz,
ouv. cit. ,1974, H51.
575
Le fronton du monument est orné de deux
acrotères divisés en trois larges sillons profonds
orientés vers l’extérieur. Ce sont des motifs de
palmettes qui rappellent la stèle 090.
Un buste, peut-être d’enfant, est situé dans une
niche creusée à l’intérieur de ce fronton. Un sillon
est creusé autour du personnage. Il est coiffé de
longues mèches épaisses et stylisées, tirées vers
l’arrière. Elles lui recouvrent la moitié des oreilles.
Cette coupe se généralise sous le règne d’Hadrien.
Elle perdure sans doute à Metz. Il a un visage rond
et un cou épais. Il est joufflu. Ses yeux semblent
gonflés car ses paupières qui recouvrent les yeux,
sont particulièrement épaisses. Sa tunique, ras le
cou, est très schématisée. Les plis, plats et larges,
sont simplement gravés. Ce traitement du vêtement Ill. 3.228 Fronton sculpté d’une tête, 113
rappelle la stèle en buste n° 069. Ses épaules sont J.-B. Keune
arrondies. Il semble avoir de petites lèvres ourlées
et un menton marqué par un repli.
La stèle, peu épaisse, est surmontée d’un fronton triangulaire orné de deux acrotères à
palmettes.
Espérandieu V, 1913, 4396 ; C.I.L XIII, (1909-1916) 4366 ; Keune, 1903, pl. XIII n° 9 ; Toussaint, 1948, p.114 ;
Schlémaire 1972, H30 ; Bastian, 1973, pl. XXVI n° 9
D * M
COTTALICOTIF
PRIM[.]MATER
L’inscription, contenue dans un cadre, est de belle facture. Les lettres sont en capitales
carrées. Une interponction en forme de triangle sépare le D.M.
Trois personnages portant un nom unique sont mentionnés. Tous appartiennent à la même
famille puisque le défunt, Cottalus est le fils de Cotus. Prima est sa mère et la dédicante de
la tombe. Ce sont des pérégrins. Cotus provient sans nul doute du gaulois « cottos719» qui
signifie vieux . Un autre Cottus, avec redoublement du T, existe par ailleurs. Cette épitaphe
revêt un grand intérêt pour plusieurs raisons. Tout d’abord on y voit immédiatement le schéma
de construction du nom dérivé du père. Ensuite, l’inscription comprend le nexus des lettres TI
mais c’est aussi un cas unique de monogramme parmi les inscriptions provenant des nécropoles
messines. Les lettres LI et CO sont imbriquées. Prima apparait à plusieurs reprises à Metz.
Quoique d’apparence latine, il s’agit en réalité d’une invention gallo-romaine.
La formule abrégée favorise une datation du IIe siècle tandis que les noms uniques nous
limitent à la première moitié du IIIe grand maximum. Cette estimation est en accord avec la
719 Xavier Delamare, Dictionnaire de la langue gauloise, Paris, Errance, 2008, p. 106.
576
datation induite par la coupe de cheveux du personnage.
577
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menu3=988&id_menu4=738, consulté le 29/10/2017
586
Sources documentaires
587
Préparée à l’École Pratique des Hautes Études
VOLUME IV
ANNEXES ET MÉTADONNÉES
589
Annexe 1 : Bilan général du PCR « Anthropologie de la Mort entre Sarre et Meuse : une
perspective diachronique du VIe av. au IIIe s. apr. J.-C. »
L’ensemble des recherches effectuées ces deux dernières années ont porté leurs fruits, puisque
nous sommes finalement en mesure d’apporter des données chiffrées à propos de la collection
lapidaire funéraire du musée de Metz, La Cour d’Or.
Au terme de notre enquête, nous avons dénombré que le Musée avait potentiellement
acquis 407 monuments au cours de son histoire. Ce chiffre comprend les stèles messines et les
collections d’autres provenances appartenant au Musée. Il s’agit d’un total idéal.
En réalité, 23 stèles sont considérées comme perdues de longue date. Celles exposées au
jardin des jésuites du Luxembourg n’ont peut-être jamais gagné nos collections.
Cent-vingt sont manquantes. Nous avons fait une différence entre les deux termes dans le
sens où, les stèles manquantes sont censées être en notre possession, mais elles se sont révélées
introuvables dans tous les sites de conservation officiels.
Parmi les stèles manquantes, celles dont les dernières traces datent de 2005 seront
éventuellement retrouvées. Celles dont les traces ont été perdues depuis le début du XXe siècle
ou sans photographies (24) risquent fort d’être définitivement irrécupérables. Le changement
d’appartenance de Metz rallié à l’Allemagne à deux reprises et les destructions occasionnées
par deux guerres mondiales minimisent certainement nos chances. Cinq éléments n’ont pu
être reconnus à cause de leur positionnement dans la cour. Quatre sont certainement des stèles-
maisons vosgiennes d’après la forme en toiture et la couleur rosée du grès des Vosges.
Un autel de la cour lapidaire n’a pas révélé son origine malgré sa photographie.
590
Au total, 264 monuments funéraires sont accessibles, soit 65% par excès.
Grâce aux distinctions réalisées par sites, nous sommes capables d’affiner nos résultats en
ajoutant des précisions supplémentaires. Nous avons choisi comme critères de sélection sur les
diagrammes circulaires les monuments présents, perdus ou manquants, avec la même acception.
Les tableaux comprennent en sus le total des monuments.
• Sur les 32 monuments issus du centre-ville, 21 sont présents, 6 sont perdus et 5 manquent.
Six n’ont aucune d’image disponible.
• Sur les 18 monuments issus de la Citadelle, 12 sont présents, 6 sont perdus, 2 n’ont
aucune image disponible.
MONUMENTS DE LA CITADELLE
Présents 12
Perdus 6
Manquants 0
TOTAL 18
• Sur les 24 monuments issus de Divodurum, sans plus de précision géographique, 9 sont
présents, 11 sont perdus et 4 manquent, 3 n’ont aucune image disponible.
591
MONUMENTS DE DIVODURUM
Présents 9
Perdus 11
Manquants 4
TOTAL 24
• Sur les 17 monuments issus de la périphérie, 12 sont présents, 5 manquent, 1 n’a pas
d’image disponible.
MONUMENTS DE LA PERIPHERIE
Présents 12
Perdus 0
Manquants 5
TOTAL 17
MONUMENTS DE LA HORGNE-AU-SABLON
Présents 71
Perdus? 14
Manquants 31
TOTAL 122
LUNETTE D’ARÇON
Présents 41
Perdus 0
Manquants 28
TOTAL 69
• Sur les 68 monuments issus de l’îlot Saint-Jacques, 60 sont présents, 1 est perdu, 7
manquent.
ILOT SAINT-JACQUES
Présents 60
Perdus 1
Manquants 7
TOTAL 68
592
• Sur les 56 monuments d’autres provenances (Héraple, Hagondange, Fontoy etc.), 41
sont présents, 15 manquent, 4 n’ont aucune image disponible.
AUTRES PROVENANCES
Présents 41
Perdus 0
Manquants 15
TOTAL 56
2. Le marquage :
Actuellement, 20 stèles bénéficient d’un marquage, 4 sont marquées sur du TESA au feutre
noir et 14 stèles en ont reçu un qui a disparu depuis. Ce chiffre est à pondérer puisque tous les
monuments ne sont pas forcément accessibles. Il montre néanmoins que les marquages sont
sporadiques.
13 des monuments vérifiés ont une origine funéraire douteuse ou fausse. Le n° 9 en raison
d’un bras en écharpe. Les numéros 313 et 315. Ce sont des déesses mères. J.-J. Hatt les rangeaient
parmi les stèles funéraires mais la communauté scientifique est revenue sur ce point. La stèle
n° 73 représentant Epona ne fournit pas le contexte de découverte. Les monuments n° 32 ; 85 ;
143 ; 328 ; 344 ; 346 ; 347 ; 360 et 373 ne sont pas clairement identifiables comme funéraires.
En moyenne, les pertes sont de 35%. L’îlot Saint-Jacques, emplacement des dernières fouilles
en date, demeure la collection la plus complète. Le site nommé Divodurum affiche les plus
grosses pertes parmi les monuments mis au jour. La Lunette d’Arçon et la Horgne-au-Sablon
totalisent 40% de perte sur leur total.
La série la plus riche en nombre de stèles est sans contestation possible celle en provenance
de la Horgne-au-Sablon. En termes de travail sur la sculpture, l’îlot Saint-Jacques a délivré les
pièces de la meilleure qualité en quantité abondante.
QUELQUES REMARQUES
A la suite de nos recherches, nous avons déterminé que la stèle n° 73 ou D23, de provenance
inconnue, était originaire d’Hagondange. De même, la stèle n° 152 ou S9 provient de la sablière
Disler où elle a été découverte le 30 octobre 1906. La conservation du Musée était justement en
quête de ces informations auxquelles nous pouvons répondre.
Concernant les monuments issus de Metz, une carte dérivée de celle de la C.A.G 57-2 est
fournie. Les éléments autres que le lapidaire funéraire ont été supprimés. La carte a été colorisée
pour être harmonisée et nous avons ajouté la date de découverte ainsi que le site. Cette refonte
a demandé, finalement, un travail assez conséquent.
593
2. Le suivi des monuments :
Au cours de nos recherches, certaines localisations ont changé. Nous n’avons pas compté
les prêts provisoires à d’autres institutions muséales puisque les dates de retour sont prévues.
En revanche, les transferts de la réserve archéologique à la Maison de l’Archéologie et du
patrimoine ont été mis à jour en 2015.
Une carte par secteurs permet d’identifier rapidement l’emplacement d’un monument dans
le musée. Pour des questions de confidentialité, les bâtiments administratifs, les réserves autres
et les locaux techniques ont été effacés. Le plan d’origine provient de Metz Métropole et n’est
pas libre d’utilisation.
4. La datation :
En se référant à une datation relative, les stèles du IIe siècle sont surreprésentées. Cette
remarque n’est en rien une surprise car les monuments ont été commandés durant la période
économique la plus florissante de la cité. C’est-à-dire milieu-fin du IIe siècle, première moitié
du IIIe siècle. La population avait alors des moyens financiers suffisamment étendus. Après 250,
les troubles dus aux attaques barbares, entre autres, ont joué à faire stopper la production.
PRÉCONISATIONS
594
Annexe 2 : Carte générale des fouilles
595
Annexe 3 : Plan de Metz assiégée
596
Annexe 5 : Travaux de la Citadelle, archives photographiques
597
Annexe 7 : Plan des fouilles de la Horgne, Jahrbuch XV
598
Annexe 9 : Découverte d’une stèle funéraire le 31 octobre 1905
599
Annexe 11 : Carte des types de monuments par secteurs et sites majeurs de découvertes
600
Annexe 12 : Les feuilles d’acanthe
Photographies RBR
02-857
Annexe : Les feuilles d’acanthe
01-645
EspII-1154 EspII-1210
EspII-1424
EspII-1481
EspII 1445
601
Annexe 13 : Les motifs de rosaces en Gaule et en Italie
Photographies RBR
Lyon
Narbonne
Caraglio
Autun
Gap Alléan
602
Annexe 14 : Les piliers toscans
603
Annexe 15 : Tableaux de comparaisons de lettres 1 et 2
Numéro de
1 108 49 23 82 101 64 89
Lettres
604
Q
605
corpus
54 19 99 51 79 84 60 39
606
607
Sheet1
Numéro de corpus
17 24 27 32 86 93
Lettres
Page 1
608
Sheet1
SS
Page 2
609
Annexe 16 : Datation par numéros et par siècles des monuments messins
610
78 L.
79 H.
81 H.
82 H.
83 L.
90 H.
94 H.
97 H.
98 H.
100 S.J.
106 Cit.
107 S.
611
Annexe 17 : Monuments en 3D, Ier, IIe, IIIe siècle
612
Annexe 18 : Totalité des noms reconnaissables à Metz durant la période gallo-romaine
Noms uniques
1. Actianus (M)
2. Afra (F)
3. Amandacula (F)
4. Augustus (M)
5. Belatullus (M)
6. Belinus (M)
7. Billicedo (M)
8. Bellos (M)
9. Bellus (M)
10. Billicedona ? (F)
11. Cantovirus (M)
12. Carantia (F)
13. Carantodia (F)
14. Carathounus (M)
15. Caratullius (M)
16. Carilla (F)
17. Carossus (M)
18. Catiossus (M)
19. Cintugnatus (M)
20. Cintussus (M)
21. Comes (M)
22. Cossus
23. Curmillus
24. Decmanus
25. Decmanus
26. Fabiola ?
27. Gavva (fille de Sextus)
28. Gloria
29. Iustius
30. Lupulianus ?
31. Marcelinus
32. Marcianus
33. Marcus
34. Marianus
35. Marita
36. Martius
37. Marullina
38. Marullina
39. Marullina
40. Maurilla
41. Metilia
42. Novianus ?
43. Orfita
44. Popilla
45. Popilianus
46. Petulans
47. Quigillus
48. Quigosa (fille de Quigillus)
49. Reginus (fils de Cintugnatus)
50. Sabellianus
51. Sacer
52. Sacurius
53. Sacrilla
613
54. Severina
55. Sextus
56. Silvicus
57. Silvius (fils de Gentus, citoyen)
58. Thallasius
59. Tacitus
60. Ursa (femme de vétéran)
Deux noms (Nomen + Cognomen)
61. Actius Vitellius (héritier de Flavia Vitellia)
62. Albinia Pompeiana
63. Atelius Lascus (ou fils de Lascus)
64. Bellinus Suavis
65. Cantovirius Verus
66. Catullinia Divixta
67. Comunius Carus
68. Domitia cara--- ?
69. Flavia Vitellia
70. Iulia Amanda (affranchie d’Ianuarinius Iulianus)
71. Ianuarinius Iulianus
72. Italicius Primanus (Tailleur)
73. Iullinius Exuperator
74. Iuvenalius Amminus
75. Lautinius/Plautinius ? Mandatus
76. Mariana Marit--- ?
77. Marullia Cresmiola
78. Modestia Paterniana
79. Modestius Silvinus
80. Otacilia Augusta
81. Postumus Sidus
82. ? Primiola
83. Sacrius Apinossus
84. Secundinia Sacrobena
85. Terentia Silviola ?
86. Venustia Martia
Tria nomina
Centre-ville
Noms uniques
1. Aquitana
2. Aprilis
3. Apronius
614
4. Augusta
5. Belatulla
6. Bellianus
7. Boudillus
8. Caraddouna
9. Carantodius
10. Carantusarus ?
11. Carianus
12. Celsus
13. Cetronia
14. Cinges
15. Cintusma
16. Cossus
17. Crobus
18. Decmius
19. Felix
20. Gaiolus
21. Ianuarius (Affranchi de Lucius Florius Crispus)
22. Maclonus
23. Marina
24. Prudeca ?
25. Primus
26. Vibiasena
Deux noms (nomen+cognomen)
27. Antistius Hopses
28. Carantia Perpetua
29. Helvia Iullina
30. Quadratius Aventinus
31. Sanctinius Sacer
32. Tiberius Turus
33. Vitalius Urbana
Tria nomina
La Horgne-au-Sablon
Noms uniques
1. Accedo
2. Avitus
3. Beliniccus
4. Bloturix
5. Camama (Affranchie de Celsus)
6. Capellinus
7. Caprasius
8. Caraddouna
9. Celsus
10. Cridianto
11. Cobera
12. Cottalus
615
13. Cotus
14. Domestica
15. Euporios
16. Falternos
17. Festa
18. Garantia ou Carantia
19. Gatus
20. Gnatus (père de Iulia Carantilla) Cintu/gnatus
21. Ianuaria
22. Iason
23. Iassa
24. Iovincola
25. Maianus
26. Magionis
27. Magnanus
28. Marcus
29. Marianus
30. Marina
31. Marinus/Marina ?
32. Marinus
33. Martinus
34. Matuicco
35. Mercator
36. Miccio
37. Nammo
38. Pacatus
39. Paternus
40. Peregrina
41. Pompeia
42. Priscilla
43. Priscinus
44. Prima
45. Prima
46. Prusca ? / Prudeca ? (Affranchie des 3 Gaius)
47. Prusca ? / Prudeca ?
48. Quintus
49. Sabirninus
50. Sacrana
51. Sacrobena
52. Sacuna
53. Sennus
54. Senorix
55. Sicogninus
56. Speciosus
57. Statilius
58. Suarigillus
59. Taurus
60. Tippausus
61. Titus
62. Urbana
63. Vassilius
Deux noms (Nomen + cognomen)
64. Amandina Philate
65. Aprilia Manava
66. C(aius) Maritumus
67. Caius Verecundus
68. Cassia Aurelia
616
69. Cn(aius) Marcianus
70. Cornelia Tarentina
71. Donno Marcus
72. Epaxia Divicia
73. Epaxia Iulia
74. Fabia Iunia
75. Fuscius Cenrinus
76. Gnaeus Dido (Affranchi de Magionis)
77. Iulia Carantilla
78. Iulia Caratulla
79. Iul(ia) Domestica
80. Iulius Pridianus
81. Iul(ius) Victorinus
82. Iun(ia) Curmilla
83. Lollianus covilinus
84. Lucius Publicius
85. L(ucius) Quintus
86. Lucretius Genialis
87. Marcus Aquinius M ?
88. Pacatus Tauricus
89. Paternus Venulus
90. P(ublius) Iunius
91. Puetius amandus
92. Sex(tus) Sacrius ou Sacrus (fils de Sacrana)
93. Tetricus Tarentinus
94. Valeria -obboni
95. Valerius Urbicus
96. Valerius Pamphilus
Tria nomina
Lunette d’Arçon
Noms uniques
1. Atledus / Atledo
2. Aeliola
3. Agisilla
4. Apollinaris
5. Attia
6. Attilus
7. Brixia
8. Calenus
9. Cantedus
10. Carantilla
11. Carasounus
12. Cartulla
13. Chrysopaes (frêre de lait du défunt)
617
14. Cilta
15. Cintusmus
16. Cuna
17. Deccosus
18. Divicius
19. Emerita
20. Focatus
21. Gentilis
22. Gissius
23. Heutychia
24. Iancus
25. Iulia
26. Iulia
27. Iunius
28. Leda
29. Lucinae
30. Maia
31. Marcellina
32. Marina
33. Maritumus
34. Mercator
35. Minusonus
36. Pacata (fille de Pacatus)
37. Pacatus
38. Philetianus
39. Prima
40. Priscilla
41. Pompeius
42. Poppusa
43. Quintus
44. Rustica
45. Sanctinia
46. Saturninus
47. Servanus
48. Servianus (fils de Servanus)
49. Sextulus
50. Tiberarius
51. Titullina (Affranchie de Iunius Priscus)
52. Toutus
53. Vilempronius
Deux nom (nomen + cognomen)
54. Acisilia Frabricilla
55. Iulius Vassilus
56. Iunius Priscus
57. Livia Censorina
58. Lupius Eustachius
59. Magnius Caprissus
60. Massia Seccula
61. Matto Martius
62. Pompieus Tittausus (fils de Pompeius)
63. Sabineius Sextus
64. Saevius Ingenus
65. Salvia Catulla
66. Tiberius Iulius
67. Vibius severus
68. Vitalius Tiberinus
69. Vittatius Capurlus (affranchi de Vittatius Marsus)
618
70. Vittatius Marsus
Citadelle
1. Carathounus
2. Catullianus
3. Catullinus
4. Certus
5. Constans
6. Fruendus
7. Secundinus
8. Sedulus
9. Sextilia
Tria nomina
Périphérie
Noms uniques
1. Casta
2. Catulla
3. Cintussus
4. Decmilla
5. Euta
6. Iocus
7. Liccatulia
8. Maia
9. Materna
10. Paternus
Deux noms (Nomen + Cognomen)
11. Aupius Varacatus
12. Pasuius Priscus
13. Publius Atrectus
14. Severus Carillus
619
Tria nomina
Noms uniques
1. Caratus
2. Casatus
3. Corinthiadius
4. Elvo
5. Etosa
6. Iulius (Cervoise)
7. Medivixta
8. Meroclia
9. Moxius
10. Niger
11. Ouniccus
12. Primus
13. Sextus
14. Sextus
15. Uratharus
16. Verna
Deux noms (nomen + cognomen)
17. Attonia Barbara
18. Domitia sexta
19. Iulius sacer
20. Iulia Secunda (Affranchie de Iulius secundus)
21. Iulius Secundus
22. Iunianius Iullinus
23. Nammia Atepa
24. Nocturnius Nocturnianus
25. Magnia Maximiola
26. Sulpicia Lais
27. Sulpicius Paris
28. Victoria Tertia
Tria nomina
620
Annexe 19 : Les constituants des anthroponymes et leur fréquence traduits sous forme de
nuages de mots
Nuage de mots réalisé avec les inscriptions des notices du corpus uniquement
621
TOME II
622
Annexe 21 : Plan technique du musée
Document non diffusable
CONFIDENTIEL
623
Annexe 22 : Questionnaire 2013
Réalisé et traité par D. Davin
3. Vous êtes :
624
Amis Office du tourisme Internet
625
Annexe 23 :
Statistiques fréquentation par mois 2009-2010-2011 incluant les groupes scolaires (Extrait de
base de données Excel non diffsable)
CONFIDENTIEL
626
CONFIDENTIEL
627
Annexe 24 : Fréquentation scolaire 2012-2015 (Non diffusable)
CONFIDENTIEL
628
Antiquité Gallo-romaine
254
Début du IIe siècle Passage supposé des
Aqueduc Gorze-Metz Alamans à Metz
IIe siècle
Apparition de Domus en centre ville
Autel taurobolique (cultes orientaux)
Amphithéâtre
Avant la fin du Ier siècle
Fin du Ier siècle
Extension de la ville Ier siècle Thermes nord
Début des nécropoles
629
0 50 100 150 200 250
Règne d’Hadrien
Annexe 25 : Frise chronologique
117-138
Mort d’Auguste Édit de Caracalla
-52 14 212
Prise d’Alesia par
Jules César
Photographies Wikimedia BY-SA
Antiquité Gallo-romaine
275-276 352
Incursions Incursions
germaniques germaniques
Moyen Âge
Vers 375
Thermes de Saint
A partir du IVe Pierre-aux-Nonnains
siècle
Fin d’utilisation des Remparts
nécropoles du Sablon
630
300 350 400 450 500 550 600
476
380
Édit de Thessalonique
(Théodose) Fin de l’Empire
romain
d’occident
Annexe 26 : Béta de test « Curmilla » programmé sous Game Maker
631
Annexe 27 : Budget estimé selon un ordre de prix existant et les services à disposition
CONFIDENTIEL
632
CONFIDENTIEL
633
2013
2020
Métadonnées
634
Introduction aux Métadonnées
Un gros travail préalable avait dû être réalisé avant même de commencer l’étude du corpus.
En voici la genèse.
Tout d’abord afin de rassembler la totalité de la collection de monuments funéraires il existait
deux possibilités. La première étant les sources d’archives de la bibliothèque, la seconde, les
monuments eux-mêmes rassemblés soit dans le parcours, soit dans la cour extérieure, soit en
dépôt.
La cour était encore en 2013 un vaste chantier. Les monuments y étaient entassés pêle-mêle,
les tentes avaient parfois cédé à cause du vent et du froid. La mousse et les fientes de pigeons
étaient un véritable fléau. Les stèles étaient quelquefois retournées. Le sous-sol venait d’être
évacué par notre équipe.
Les numéros d’inventaire n’existaient pas forcément. Donc, pour retrouver un monument, le
plus simple était encore de chercher une image ou une photographie de celui-ci et de
comparer avec les possessions rencontrées. À force d’observation des détails ou d’une
inscription, la restitution de la collection a pu naître. La tâche n’était pas simple pour autant
car certaines photographies étaient floues, voire des photocopies de photographies. Les
photographies prises par Keune sont mentionnées dans le Jarhbuch et correspondent aux
clichés sur verre ou anciens conservés notés cl. Les photographies numériques n’étaient
parfois pas identifiées. Les films sont notés F suivi du numéro correspondant.
Autre difficulté : savoir où les chercher. Pour cela, une vaste bibliographie à éplucher
entièrement. Keune, Collot, la C.A.G, le C.I.L XIII, l’Espérandieu, Robert, Toussaint,
Freigang, les mémoires conservés des étudiants, les publications du musée, les articles, autant
de sources variées.
Tout cela a aussi servi à identifier et vérifier toutes les données de provenance.
Les mesures ont été reprises, les inscriptions, la taille des lettres. Un premier descriptif, dont
l’état du monument ont été les prémices incontournables à une description plus détaillée par la
suite.
Il fallut près de deux ans pour compiler ces informations de base. Les notices et les rencontres
et contacts avec les archéologues ont montré qu’il était nécessaire de les revoir intégralement
en profondeur. Ces métadonnées sont fournies en annexes dans une version toutefois revue et
avec, lorsque cela est faisable, des meilleurs clichés.
Elles contiennent sur une page :
Le nom du site
Un numéro d’ordre selon la provenance
Numéro d'inventaire
Numéro de corpus (si intégré)
635
Type d'objet
Numéro C.I.L et/ou
Numéro Espérandieu :
Provenance :
Date de découverte
Date d'origine :
Nombre de parties
Matériau :
Utilisation d'origine
Réutilisation
État de l'objet
Dimensions :
Inscription en latin :
Exposition /ou
Lieu de conservation
Les dates et données incertaines sont notées en rouge. Deux rubriques supplémentaires
apparaissent parfois : le marquage et description. Il s’agit d’un indice afin de retrouver des
informations encore manquantes dans l’avenir. Le numéro d’exposition passé ou ancien
numéro fourni.
Enfin, les stèles et monuments des cités voisines appartenant au musée sont tout de même
présentées dans une version allégée. Il s’agit de pouvoir identifier ce qui ne provient pas de
Metz et a donc été éliminé dans cette étude. Originaire de la région des Leuques, une partie
est déjà détaillés dans les fiches du Nouvel Espérandieu III. Certaines autres cités sont à
paraître dans le prochain volume comme Arlon ou Hayange.
636
LES DÉCOUVERTES DU CENTRE VILLE
N° 1
Photographies :
© C.A.G 125b
637
N° 2
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
638
N° 3
Photographies :
© C.A.G p. 167
639
N° 4
Photographies :
F1127
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
640
N° 5
E7716
Aucune image
641
N° 6
Photographies :
E7709
642
N° 7
Photographies :
F1394
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre calcaire
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation En remploi
État de l'objet Le sommet a été retaillé
Dimensions : Hauteur 102 cm ; Longueur 55 cm ; Épaisseur 48 cm
643
N° 8
Photographies :
Med 159
© Y. Freigang
644
N° 9
Photographies :
© Département des
Antiquités
Musée de Strasbourg
645
N° 10
Photographie :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre calcaire
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation En remploi
État de l'objet Le coin en bas à droite est cassé
Dimensions : Hauteur 140 cm ; Longueur 93 cm ; Épaisseur 32 cm
D(is) M(anibus) / CARIANO BEL/LANI FIL(io) ET
FELI/CI CARIANI FIL(io) / BELLIANVS
Inscription en latin :
BOVD/ILLI F(ilius) ET AVGVSTA / CROBI
FIL(ia) PATR/ES P(onendum) C(uraverunt)
Exposition /ou Passage des métiers
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
646
N° 11
Photographie :
F1299
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
647
N° 12
Photographies :
© C.A.G 125b
648
N° 13
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
649
N° 14
Photographies :
D. Davin
650
N° 15
Photographies :
pl. 1186
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
651
N° 16
Photographies :
Base photo
K. Kazek
652
N° 17
Photographies :
Robert pl. VIII fig. 7
653
N° 18
Photographies :
Robert pl. IX fig. 6
654
N° 19
Photographies :
Med 164
© Y. Freigang
655
N° 20
Photographies :
© C.A.G p. 201
656
N° 21
Photographies :
Mention E4334
aucune image
657
N° 22
Photographies :
Aucune image
658
N° 23
Photographies :
Aucune image
659
N° 24
Photographies :
Aucune image
660
N° 25
Photographies :
F1572
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
661
N° 26
Photographies :
F1180
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
662
N° 27
Photographies :
F1126
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
663
N° 28
Photographies :
Aucune image
664
N° 29
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
665
N° 30
Photographies :
F 1089
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre calcaire
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation Inconnu
État de l'objet Il manque la pointe du fronton triangulaire
Dimensions : Hauteur 82 cm ; Longueur 39 cm ; Épaisseur 26 cm
DIS / MANIBVS VIBIASENAE /
Inscription en latin :
DECMI VX(ori) / ET ACVITANAE / MATRI
Exposition /ou Cour lapidaire vers rangée 1 extérieur (Frescaty 2020)
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
666
N° 31
Photographies :
F1118
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
667
N° 32
Photographies :
E7721
668
N° 33
Photographies :
D. Davin
669
DÉCOUVERTES DE LA CITADELLE
N° 1
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
670
N° 2
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
671
N° 3
Photographie :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
672
N° 4
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre calcaire
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation En remploi
État de l'objet Un trou en bas à gauche
Dimensions : Hauteur 80 cm ; Longueur 35 cm ; Épaisseur 23 cm
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
673
N° 5
Photographies :
© Freigang Med 208
Ou F1605
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre calcaire
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation En remploi
Stèle incomplète. Cassure au niveau de la tête des personnages
État de l'objet La partie droite est la plus détériorée
On remarque des traces noires et de la mousse active
La stèle était marquée avec le numéro 78 sur la face en 1913
Marquage
Il a disparu depuis
Dimensions : Hauteur 75 cm ; Longueur 101 cm ; Épaisseur 43 cm
674
N° 6
Photographies :
E4313
Ou D. Davin
675
N° 7
Photographies :
E4313
© Freigang Med 209
Ou Davin D
Traduction : Non
676
N° 8
Photographies :
© Freigang Med 210
677
N° 9
Photographies :
E4327
678
N° 10
Photographies :
E4337
Ou Davin
679
N° 11
Photographies :
E4400
680
N° 12
Photographies :
E4408
681
N° 13
Photographies :
E4408
682
N° 14
Photographies :
E4409
683
N° 15
Photographies :
E4410
684
N° 16
Photographies :
D. Davin 2014
Ou Freigang
685
N° 17
Photographies :
F299
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
686
N° 18
Photographies :
Robert pl. VIII fig. 1
Ou F1073
687
N° 19
Photographies :
Aucune image
688
N° 20
Photographies :
Aucune image
689
DÉCOUVERTES DE LA HORGNE-AU-SABLON
N° 1
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
690
N°2
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
691
N° 3
Photographies :
N° F 1066
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
692
N° 4
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
693
N° 5
Photographies :
Base de données
N° F 1066
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
694
N° 6
Photographies :
F 1068
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
695
N° 7
Photographies :
Base de données
N° F 1066
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
696
N° 8
Photographies :
F1009
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
697
N° 9
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Calcaire
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation Non
État de l'objet Écriture lisible. Bon état général. Des impacts et des trous.
Dimensions : Hauteur 85 cm ; Longueur 35 cm ; Épaisseur 24 cm
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
698
N° 10
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
699
N° 11
Photographies :
Keune Cl.400
700
N° 12
Photographie :
© Bastian pl. V n° 17
Ou Cl. 304
701
N° 13
Photographies :
Keune, planche
XVII n° 7
Cl.340 pl.1409
702
N° 14
Photographies :
Archives bibliothèque
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
703
N° 15
Photographie :
Base de données
F1089
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
704
N° 16
Photographie :
Keune Cl. 390
705
N° 17
Photographie :
© Bastian
pl. XIV n° 39
Cl.309
706
N° 18
Photographies :
Keune Cl. 371
707
N° 19
Photographies :
Base de données EDCS
Ou F1146
Et Cl. 310
708
N° 20
Photographie :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
709
N° 21
Photographies :
D. Davin
710
N° 22
Photographies :
Base de données
F1063
Keune, pl. XIV
N° 2
Cl.313 pl. 1398
711
N° 23
Photographies :
Keune Cl. 362
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre commune
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation Non
État de l'objet Acrotère droit cassé
Dimensions : Hauteur 113 cm ; Longueur 54 cm ; Épaisseur 21 à 42 cm
712
N° 24
Photographies :
Keune, planche
XX n° 5
cl.358 pl.1487
713
N° 25
Photographies :
Base de données
N° F1064
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
714
N° 26
Photographies :
D. Davin
715
N° 27
Photographies :
Base de travail
716
N° 28
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
717
N° 29
Photographies :
Base de données
N° F1068
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
718
N° 30
Photographies :
Keune
Pl. 1424
719
N° 31
Photographies :
Base de données
N° F 1063
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
720
N° 32
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre calcaire
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation Non
État de l'objet Inscription légèrement effacée
Dimensions : Hauteur 104 cm ; Longueur 43 cm ; Épaisseur 45 cm
721
N° 33
Photographies :
F1127
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
722
N° 34
Photographie :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
723
N° 35
Photographies :
F1063
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
724
N° 36
Photographie :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre commune
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation Non
État de l'objet Bon état général. Très lisible
Dimensions : Hauteur 150 cm ; Longueur 50 cm ; Épaisseur 41 cm
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
725
N° 37
Photographies :
Jahrbuch XV
Planche XXII n° 6
F1089
cl.376 pl.1411
726
N° 38
Photographies :
F1063
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
727
N° 39
Photographies :
Keune
Pl. 1440
728
N° 40
Photographies :
F 1488
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
729
N° 41
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
730
N° 42
Photographies
F1064
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre commune
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation Non
État de l'objet Stèle fissurée. Trou aux libations agrandi
Marquage Aucun marquage visible
Dimensions : Hauteur 121 cm ; Longueur 43 cm ; Épaisseur 24 cm
731
N° 43
Photographies :
Base de données
N° F1081
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
732
N° 44
Photographies :
Keune
Pl. 1433
733
N° 45
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
734
N° 46
Photographies :
Keune
Pl. 1424
735
N° 47
Photographies :
Base de données
K. Kazek
Ou Cl.336 pl.1410
736
N° 48
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
737
N° 49
Photographies :
F1089
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
738
N° 50
Photographies :
F1088
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
739
N° 51
Photographie :
F1068
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
740
N° 52
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
741
N° 53
Photographies :
Keune Cl. 381
742
N° 54
Photographie :
N° F1068
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
743
N° 55
Photographies :
K. Kazek
744
N° 56
Photographie :
Keune Cl. 385
745
N° 57
Photographie :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
746
N° 58
Photographies :
Keune Cl. 378
747
N° 59
Photographies :
F 1127
© Musée de La Cour
d’Or
Metz Métropole
748
N° 60
Photographies :
Keune
Pl. 1427
749
N° 61
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
750
N° 62
Photographie
Base de données
N° F1071
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
751
N° 63
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
752
N° 64
Photographies :
F1068
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
753
N° 65
Photographies :
Keune Cl. 369
754
N° 66
Photographies :
Base de données
N° F1068
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
755
N° 67
Photographies :
Keune
Pl. 1427
756
N° 68
Photographies :
Keune
Pl. 1410
757
N° 69
Photographies :
Keune
Planche XVI n° 7
cl. 330 pl. 1439
758
N° 70
Photographies :
F1063
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
759
N° 71
Photographies :
Keune, planche
XVI n° 9
Cl. 322 pl. 1407
760
N° 72
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
761
N° 73
Photographies :
F 1068
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
762
N° 74
Photographies :
Keune Cl. 329
763
N° 75
Photographies :
Keune
Pl. 1427
764
N° 76
Photographies :
D. Davin
765
N° 77
Photographies :
Keune Cl. 399
766
N° 78
Photographie :
L. Kieffer
Base travail
767
N° 79
Photographie :
Esp. V
Cl.298
768
N° 80
Photographie :
Base photo
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
769
N° 81
Photographie :
D. Davin 2014
770
N° 82
Photographie :
La Cour d'Or p. 52
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
771
N° 83
Photographies :
D. Davin 2014
772
N° 84
Photographie :
EV
RBR
773
N° 85
Photographie :
D. Davin 2011
774
N° 86
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
775
N° 87
Photographie :
Base de données
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
776
N° 88
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
777
N° 89
Photographie :
© Bastian pl. XV
N° 41
778
N° 90
Photographie :
© Bastian pl. XV
N° 42
779
N° 91
Photographies :
Keune Cl. 318
780
N° 92
Photographies :
Keune Cl. 363
781
N° 93
Photographies :
Keune Cl. 373
782
N° 94
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
783
N° 95
Photographies :
Base de données
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
784
N° 96
Photographies :
Keune, pl. XXIV n° 1
Cl. 386
pl. 1433
785
N° 97
Photographies :
Aucune image
786
N° 98
Photographies :
Aucune image
787
N° 99
Photographies :
Aucune image
788
N° 100
Photographies :
Aucune image
789
N° 101
Photographies :
Cl. 284
790
N° 102
Photographies :
Keune, 1903, pl. XIII
n° 4
© Bastian
791
N° 103
Photographies :
Keune, 1903,
pl. XIV n° 1
Cl. 312
792
N° 104
Photographies :
Keune, 1903,
pl. XIV n° 3
Cl. 314
793
N° 105
Photographies :
Keune, 1903,
pl. XIV n°5
Cl.316
794
N° 106
Photographies :
Keune, 1903, pl.
XIV n°6
795
N° 107
Photographies :
Keune, 1903, pl.
XIV n° 7
Cl.317
796
N° 108
Photographies :
Keune, 1903, pl.
XVI n°3
Cl. 326
797
N° 109
Photographies :
Keune, 1903,
pl. XVI n° 10
Cl.333
798
N° 110
Photographies :
Keune, 1903,
pl. XVIII n° 7
Cl. 347
799
N° 111
Photographies :
Keune, 1903,
pl. XXI n°7
Cl. 368
800
N° 112
Photographies :
Keune, 1903,
pl. XXII n° 2
Cl. 372
801
N° 113
Photographies :
Keune, 1903, pl.
XXIII n° 4
Cl. 382
802
N° 114
Photographies :
Keune, 1903,
p. 408 n° 31
Cl. 282 et 283
803
N° 115
Photographies :
© Musée de La Cour
d’Or
Metz Métropole
Cl.351
804
N° 116
Photographies :
Aucune image
805
N° 117
Photographies :
Keune, pl. XXV n° 6,
Cl. 396
806
N° 118
Photographies :
Keune, pl. XXV
N° 7, Cl. 397
807
N° 119
Photographies :
Keune, pl. XXV
N° 8, Cl. 397
808
N° 120
Photographies :
Davin
Ou Keune,
Jahrbuch 1903 p.
404
809
N° 121
Photographies :
Aucune image
810
N° 122
Photographies :
Keune, pl. XXV n°
10 ; 11 ; 12 ; 13 ; 14
Cl. 401 ; 402 ; 403
811
DÉCOUVERTES DE LA LUNETTE-D’ARÇON
N° 1
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
812
N° 2
Photographie
F 606
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
813
N° 3
Photographies :
F107
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
814
N° 4
Photographie :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
815
N° 5
Photographies :
Cl 550 ou 551 ?
(Illisible)
Ou CAG 57-02 p.
270 n°50, fig.235
816
N° 6
Photographies :
Cl. 536,
Pl. 1341
817
N° 7
Photographie :
2013 D. Davin
818
N° 8
Photographies :
F1553
© Musée de La Cour
d’Or
Metz Métropole
819
N° 9
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
820
N° 10
Photographies :
Robert 1873-83
Fig. 4
821
N° 11
Photographies :
Ayache, Davin
2012
822
N° 12
Photographies :
Robert 1873-83
Fig. 8
823
N° 13
Photographies :
Robert 1873-83
Fig. 5
824
N° 14
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
825
N° 15
Photographies :
F 1125
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
826
N° 16
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Calcaire
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation Inconnu
État de l'objet Fronton tronqué. Partie inférieure droite cassée
Dimensions : Hauteur 70 cm ; Longueur 43 cm ; Épaisseur 10 cm
827
N° 17
Photographies :
F I068
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
828
N° 18
Photographie
Cl. 522
829
N° 19
Photographie :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre calcaire
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation Inconnu
État de l'objet Partie droite mutilée
Dimensions : Hauteur 58 cm ; Longueur 75 cm ; Épaisseur 21,5 cm
D(is) M(anibus) / Q(uinti) LIVI CASTORIS /
Inscription en latin :
IIIIIIVIR(i) AVG(ustalis) / APOLLINARIS LIB(ertus)
Exposition /ou En réserves
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
830
N° 20
Photographie :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
831
N° 21
Photographies :
F 1126
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
832
N° 22
Photographies :
F1073
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
833
N° 23
Photographies :
F 707
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
834
N° 24
Photographies :
Cl. 518
835
N° 25
Photographies :
F 1118
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
836
N° 26
Photographies :
F 1073
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
837
N° 27
Photographies :
Cl. 538
838
N° 28
Photographies :
F107
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre calcaire
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation Trouvée dans un mur
État de l'objet Mutilation de la partie inférieure
Dimensions : Hauteur 78 cm ; Longueur 32 cm ; Épaisseur 16 cm
839
N° 29
Photographies :
F 1064
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
840
N° 30
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
841
N° 31
Photographies :
F119
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
842
N° 32
Photographies :
F1118
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
843
N° 33
Photographies :
F 1126
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre commune
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation Remploi dans un mur
État de l'objet Le fronton a disparu
Dimensions : Hauteur 49 cm ; Longueur 37 cm ; Épaisseur 13 à 15 cm
D(is) M(anibus) / IVL(io) VASSIL/LO
Inscription en latin :
MARI/TVMVS ET / GENTILIS F(ilii)
Exposition /ou M.A.P
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
844
N° 34
Photographies :
F Inconnu
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
845
N° 35
Photographies :
F1064
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
846
N° 36
Photographies :
F inconnu
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
847
N° 37
Photographies :
F 1064
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
848
N° 38
Photographies :
© L. Kieffer
Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
849
N° 39
Photographies :
F1062
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
850
N° 40
Photographies :
Cl. 544
Pl. 1341
851
N° 41
Photographies :
F 1073
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
852
N° 42
Photographies :
F1066
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
853
N° 43
Photographies :
D. Davin
854
N° 44
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
855
N° 45
Photographies :
Keune Cl. 542
856
N° 46
Photographies :
Keune Cl. 512
857
N° 47
Photographies :
Keune Cl. 513
858
N° 48
Photographies :
F1118
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
859
N° 49
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
860
N° 50
Photographies :
A.S.H.A.L 1906
861
N° 51
Photographies :
F 495
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
862
N° 52
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
863
N° 53
Photographies :
Cl. 520
864
N° 54
Photographies :
Cl. 528
865
N° 55
Photographies :
Cl. 521
866
N° 56
Photographies :
Cl. 530
867
N° 57
Photographies :
Cl. 526
868
N° 58
Photographies :
Aucune image
869
N° 59
Photographies :
Cl.757
870
N° 60
Photographies :
F1126
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
871
N° 61
Photographies :
Aucune image
872
N° 62
Photographies :
Cl. 504
873
N° 63
Photographies :
Cl.762
874
N° 64
Photographies :
Cl. 517
875
N° 65
Photographies :
F 1126
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
876
N° 66
Photographies :
F1126
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
877
N° 67
Photographies :
Cl. 539
878
N° 68
Photographies :
E4316
879
N° 69
Photographies :
Cl. 501
880
DÉCOUVERTES DU SABLON
N° 1
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
881
N° 2
Photographies :
F1127
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
882
N° 3
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
883
N° 4
Photographies :
D. Davin 2014
884
N° 5
Photographies :
Cl. 267
885
N° 6
Photographies :
D. Davin 2014
886
N° 7
Photographies :
Aucune image
887
N° 8
Photographies :
EV 4340
888
N° 9
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
889
DÉCOUVERTES DE L’AMPHITHEATRE
N° 1
Photographies :
Cl. 148
890
N° 2
Photographies :
Cl. 147
891
DÉCOUVERTES DE MONIGNY-LÈS-METZ
N° 1
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
892
N° 2
Photographies :
Cl. 776
893
N° 3
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
894
N° 4
Photographies :
A.G.L 61
895
N° 5
Photographies :
Cl. 774
Numéro de corpus : 15
Numéro d'inventaire Non
Type d'objet Stèle avec inscription
Numéro C.I.L C.I.LXIII 11375
Numéro Espérandieu : Non
Provenance : Sablière Bidinger
Date de découverte Découverte en 1905
Date d'origine : Gallo-romain
Nombre de parties 2
Matériau : Pierre calcaire
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation Inconnu
État de l'objet Fragments
Dimensions : Hauteur 25 cm ; Longueur 17 cm ; Épaisseur 12 cm
896
N° 6
Photographies :
Cl. 591
897
DÉCOUVERTES DE L’ILOT SAINT-JACQUES
N° 1
Photographie :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
898
N° 2
Photographies :
D. Davin
899
N° 3
Photographies :
K. Kazek
Photo de travail
900
N° 4
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
901
N° 5
Photographies :
K. Kazek
Photo de travail
902
N° 6
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre calcaire
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation En remploi
État de l'objet Stèle dont le fronton est cassé
Dimensions : Hauteur 102 cm ; Longueur 65 cm ; Épaisseur 56 cm
]BELLI (filio) ET ME[tiliae c] O [n] / UIGI
Inscription en latin :
I[p] SA VIVA POSUIT
Exposition /ou Cour lapidaire extérieure ?
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
903
N° 7
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
904
N° 8
Photographies :
K. Kazek
Photo de travail
905
N° 9
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
906
N° 10
Photographies :
K. Kazek
Photo de travail
907
N° 11
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
908
N° 12
Photographies :
D. Davin
909
N° 13
Photographies :
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
910
N° 14
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
911
N° 15
Photographies :
© Ormasti 1992 n° 3
912
N° 16
Photographies :
D. Davin
913
N° 17
Photographies :
© Ormasti 1992 n° 17
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation En remploi
État de l'objet Stèle cassée au niveau de la tête des personnages
Dimensions : Hauteur 94 cm ; Longueur 97 cm ; Épaisseur 63 cm
914
N° 18
Photographies :
D. Davin
915
N° 19
Photographies :
D. Davin
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation En remploi
État de l'objet Stèle inachevée ou resculptée
Dimensions : Hauteur 142 cm ; Longueur 91 cm ; Épaisseur 65 cm
Exposition /ou Salle de Diane
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
916
N° 20
Photographies :
© Ormasti
1992 n° 18
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation En remploi
État de l'objet Fronton brisé
Dimensions : Hauteur 136 cm ; Longueur 78 cm ; Épaisseur 25 cm
Exposition /ou Centre Saint-Jacques, Nv -1
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
917
N° 21
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
918
N° 22
Photographies :
© Ormasti
919
N° 23
Photographies :
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
920
N° 24
Photographies :
D. Davin 2014
921
N° 25
Photographies :
© Ormasti
1992 n° 37
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation En remploi
État de l'objet ?
Dimensions : Hauteur 91 cm ; Longueur 66 cm ; Épaisseur 50 cm
Exposition /ou En réserves (Frescaty 2020)
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
922
N° 26
Photographies :
Données
Micromusée
K. Kazek
(Image CAG
erronée)
923
N° 27
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
924
N° 28
Photographies :
D. Davin
925
N° 29
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
926
N° 30
Photographies :
© Collot n° 11, tome 2
927
N° 31
Photographies :
© Ormasti
1992 n° 57
928
N° 32
Photographies :
© Ormasti 1992 n° 40
929
N° 33
Photographies :
© Ormasti 1992 n° 39
930
N° 34
Photographies :
© Ormasti 1992 n° 38
931
N° 35
Photographies :
© Ormasti 1992 n° 44
932
N° 36
Photographies :
© Ormasti
1992 n° 19
933
N° 37
Photographies : L.
Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
934
N° 38
Photographies :
© Ormasti
1992 n° 36
935
N° 39
Photographies :
© Ormasti
1992 n° 47
936
N° 40
Photographies :
© Ormasti
1992 n°4
937
N° 41
Photographies :
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation En remploi
État de l'objet Stèle dont le fronton est cassé
Dimensions : Hauteur 106 cm ; Longueur 65,5 cm ; Épaisseur 30 cm
938
N° 42
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
939
N° 43
Photographies
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
940
N° 44
Photographies :
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
941
N° 45
Photographies :
© Ormasti
1992 n°28
942
N° 46
Photographies :
D. Davin 2014
943
N° 47
Photographies :
D. Davin
944
N° 48
Photographies :
K. Kazek
Photo de travail
945
N° 49
Photographies :
© Ormasti
1992 n° 45
946
N° 50
Photographies :
© Ormasti
1992 n° 48
947
N° 51
Photographies :
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
948
N° 52
Photographies :
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
949
N° 53
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour
d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation En remploi
État de l'objet Assez bon état
Dimensions : Hauteur 138 cm ; Longueur 88 cm ; Épaisseur 63,5 cm
D(is) M(anibus) / AUGUSTO / TACITI ET
Inscription en latin :
[G]AU/V(a)[e] SEXTI CONIUG(i)
Exposition /ou En réserves / Déplacée salle de Travaux et des jours
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
950
N° 54
Photographies :
K. Kazek
Photo de travail
951
N° 55
Photographies :
K. Kazek
Photo de travail
952
N° 56
Photographies :
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation En remploi
État de l'objet Stèle dont le fronton est cassé
Dimensions : Hauteur 104 cm ; Longueur 63 cm ; Épaisseur 55 cm
SIVMVIL(a)E ET A/FR(a)E NEP(t)E FIL(ius)
Inscription en latin :
PON(endum) CV(ravit)
Exposition /ou Salle des travaux et de jours
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
953
N° 57
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour
d’Or
Metz Métropole
954
N° 58
Photographies :
© Y. Freigang
Med 202
955
N° 59
Photographies :
956
N° 60
Photographies :
D. Davin
957
N° 61
Photographies :
Dossier d'œuvres p. 29
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
958
N° 62
Photographies :
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
959
N° 63
Photographies :
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
960
N° 64
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
961
N° 65
Photographies :
K. Kazek
Photo de travail
962
N° 66
Photographies :
© Ormasti
1992 n° 20
963
N° 67
Photographies :
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
964
N° 68
Photographies :
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
965
N° 69
Photographies :
© Collot t2 n° 43
966
LES AUTRES SECTEURS ET LES PROVENANCES INCONNUES - METZ
N° 1
Photographies :
Aucune image
967
N° 2
Photographies :
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
968
N° 3
Photographies :
EV 4319
969
N° 4
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
970
N° 5
Photographies :
Tabouillot
971
N° 6
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
972
N° 7
Photographies :
© C.A.G p. 335
973
N° 8
Photographies :
Robert pl. X fig.1
974
N° 9
Photographies :
Aucune image
975
N° 10
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
976
N° 11
Photographies :
Image Taboulliot
pl. XVI n° 2
977
N° 12
Photographies :
Dessin E4344
978
N° 13
Photographies :
Dessin E4312
Wiltheim
979
N° 14
Photographies :
Dessin E4328
Wiltheim
980
N° 15
Photographies :
Dessin E4412
981
N° 16
Photographies :
Dessin E4412
Wilhiem
et Tabouillot
982
N° 17
Photographies :
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
983
N° 18
Photographies :
Robert pl. VIII fig. 6
984
N° 19
Photographies :
D. Davin
Nombre de parties 1
Matériau : Pierre
Utilisation d'origine Funéraire
Réutilisation Inconnu
État de l'objet Stèle dont le fronton a disparu, traces de revêtement blanc
Dimensions : Hauteur 60 cm ; Longueur 37,5 cm ; Épaisseur 23,5 cm
985
N° 20
Photographies :
Pl. 1146
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
986
N° 21
Photographies :
Aucune image
987
N° 22
Photographies :
D. Davin 2014
988
N° 23
Photographies :
D. Davin 2014
989
N° 24
Photographies :
F647 ; F765
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
990
N° 25
Photographies :
Robert pl. VII
fig. 4-5-6
991
DÉCOUVERTES CONSERVÉES DES AUTRES CITÉS
FONTOY
N° 1a
Photographies :
© Direction des
Antiquités du
Musée de Strasbourg
E4424
Marquage à voir
Marquages et objets
Avec la stèle 1b (2 parties)
Exposition /ou Centre culturel de Fontoy
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
992
N° 1b
Photographies :
F1179
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
993
LE HÉRAPEL
N° 1
Photographies :
pl.1478 -1479
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
994
N° 2
Photographies :
pl. 1480
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
995
N° 3
Photographies :
F1474
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
996
N° 4
Photographies :
pl. 1482
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
997
N° 5
Photographies :
pl. 1491
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
998
N° 6
Photographies :
F701
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
999
N° 7
Photographies :
pl. 1479
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1000
N° 8
Photographies :
pl. 1484
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1001
N° 9
Photographies :
pl. 1481
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1002
N° 10
Photographies :
pl.1475
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1003
N° 11
Photographies :
Aucune image
Voir E26
1004
N° 12
Photographies :
pl. 1475
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1005
NEUVE-GRANGE
N° 1
Photographies :
F1071
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1006
N° 2
Photographies :
F1411
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1007
N° 3
Photographies :
pl.1033
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1008
N° 4
Photographies :
F1071
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Exposition /ou Salle des Maisons pour les Morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
1009
N° 5
Photographies :
F1411
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1010
SOULOSSE
N° 1
Photographies :
F 1071
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1011
N° 2
Photographies :
pl. 5616 et 5618
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1012
N° 3
Photographies :
© Département
des antiquités de
Strasbourg
Espérandieu 4877
1013
N° 4
Photographies :
© Département
des Antiquités de
Strasbourg
1014
N° 5
Photographies :
F1062
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1015
N° 6
Photographies :
pl.1497
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1016
N° 7
Photographies :
pl.1498
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1017
N° 8
Photographies :
F 1063 et F701
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1018
N° 9
Photographies :
F1394
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1019
N° 10
Photographies :
F 701
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1020
N° 11
Photographies :
F1393
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1021
N° 12
Photographies :
F 1063
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1022
N° 13
Photographies :
F1500
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1023
N° 14
Photographies :
F1062
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1024
N° 15
Photographies :
F1393
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1025
N° 16
Photographies :
F1393
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1026
N° 17
Photographies :
pl.1509
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1027
N° 18
Photographies :
F1393
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1028
N° 19
Photographies :
F1062
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1029
N° 20
Photographies :
pl. 1494
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1030
N° 21
Photographies :
© Direction des
Antiquités de
Strasbourg
1031
BETTING
N° 1
Photographies :
© Département des
Antiquités de
Strasbourg
Espérandieu 7239
1032
HULTEHOUSE
N° 1
Photographies :
pl.1035
L. Kieffer
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
1033
N° 2
Photographies :
F1156
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1034
N° 3
Photographies :
pl.1034 et 987
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Exposition /ou Salle des Maisons pour les Morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
1035
N° 4
Photographies :
F778
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1036
SAINT-LOUIS
N° 1
Photographies :
Aucune d'image
1037
TARQUIMPOL
N° 1
Photographies :
Aucune image
1038
N° 2
Photographies :
F1127
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1039
N° 3
Photographies :
Aucune image
1040
ARLON
N° 1
Photographies :
F 923
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
Exposition /ou Salle des Maisons pour les morts / Monde des morts
Lieu de conservation Musée de Metz-Métropole, La Cour d’Or
1041
N° 2
Photographies :
F1513
© Musée de La Cour d’Or
Metz Métropole
1042
SAINT-PAUL-LES-TROIS-CHATEAUX
N° 1
Photographies :
pl.5753
© Musée de La Cour
d’Or
Metz Métropole
1043
FORET D’ALDORF
N° 1
Photographies :
Base photo Musée
F1419
E4561
1044
HAUTE-VALETTE
N° 1
Photographies :
Base photo Musée
F305
1045
HAGONDANGE
N° 1
Photographies :
E4399
1046
RÉSUMÉ
MOTS CLÉS
ABSTRACT
This dissertation is about the scientific presentation of the funerary monuments of the
archeologic collection of Metz, city of the Mediomatrics, from the 1st century to the 3rd
century A.D. The collection is preserved in the Musée de La Cour d’Or. The information
were outdated and needed an update based on historical and archeologic researches.
KEYWORDS