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DOI : 10.4000/books.psorbonne.28921
Éditeur : Éditions de la Sorbonne
Année d'édition : 2017
Date de mise en ligne : 29 juillet 2019
Collection : Histoire ancienne et médiévale
ISBN électronique : 9791035101367
http://books.openedition.org
Édition imprimée
ISBN : 9782859449933
Nombre de pages : 376
Référence électronique
ANGOTTI, Claire (dir.) ; FOURNIER, Gilbert (dir.) ; et NEBBIAI, Donatella (dir.). Les Livres des maîtres de
Sorbonne : Histoire et rayonnement du collège et de ses bibliothèques du XIIIe siècle à la Renaissance.
Nouvelle édition [en ligne]. Paris : Éditions de la Sorbonne, 2017 (généré le 01 octobre 2019).
Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/psorbonne/28921>. ISBN : 9791035101367.
DOI : 10.4000/books.psorbonne.28921.
sous la direction de
Claire Angotti, Gilbert Fournier et Donatella Nebbiai
publications de la sorbonne
2017
ISBN : 978-2-85944-993-3
ISSN : 0290-4500
Les opinions exprimées dans cet ouvrage n’engagent que leurs auteurs.
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priété intellectuelle. Il est rappelé également que l’usage abusif et collectif de la photocopie met en danger
l’équilibre économique des circuits du livre. »
L ’histoire du livre et des bibliothèques est l’un des champs les plus impor-
tants de l’histoire culturelle dans la mesure où il est indispensable d’an-
crer un texte, avec sa langue, avec les idées qu’il porte, dans l’environnement
humain et matériel qui a permis sa naissance, son usage et sa transmission.
Dans le domaine médiéval, le fer de lance de cette histoire a longtemps été
le Comité international de paléographie, fondé en 1953 (devenu en 1985 le
Comité international de paléographie latine) et que préside aujourd’hui Marc
Smith, dont l’œuvre majeure est la publication des catalogues nationaux
des manuscrits datés conservés dans nos modernes bibliothèques1 : plus de
soixante volumes publiés dans les collections nationales, auxquels s’ajoutent
aujourd’hui plus d’une trentaine de volumes dont la visée est régionale ou
même locale, comme ceux qui ont été publiés pour la France pour les biblio-
thèques de Cambrai, Laon, Saint-Quentin et Soissons2.
Cette œuvre magnifique est loin d’avoir fini de porter ses fruits, mais l’in-
térêt s’est aussi porté vers les bibliothèques médiévales, et notamment vers
leurs catalogues. Cela a particulièrement été le cas en Angleterre, et il m’a
semblé qu’il n’était pas inutile, pour présenter le présent volume, d’esquisser
une comparaison entre les orientations de l’histoire du livre dans ce domaine
entre la France et l’Angleterre, où beaucoup de bibliothèques ont une longue
histoire pratiquement ininterrompue depuis leurs lointaines origines : pour
avoir passé plusieurs années à travailler dans la magnifique salle de lecture
de la Duke Humphrey’s Library à la Bodleian d’Oxford, j’ai pu mesurer à quel
point les bibliothèques anglaises ont conservé leur identité en même temps
qu’une atmosphère quasi médiévale. Les bibliothèques des collèges ont
aussi conservé beaucoup de leurs manuscrits in situ, que ce soit à Oxford ou à
Cambridge, mais elles ont aussi souvent conservé, sinon leurs catalogues, du
moins beaucoup de ressources permettant de suivre leur évolution au cours
des siècles. Si, comme les collèges, les cathédrales ont également gardé une
1. http://www.palaeographia.org/cipl/cmd.htm.
2. D. Muzerelle et al., Manuscrits des bibliothèques de France, I, Cambrai, Paris, 2000 et II, Laon, Saint-
Quentin, Soissons, Paris, 2013.
Les livres des maîtres de Sorbonne, sous la direction de Claire Angotti, Gilbert Fournier et Donatella Nebbiai,
Paris, Publications de la Sorbonne, 2017
3. Voir N. R. Ker, Medieval Libraries of Great Britain. A List of Surviving Books, Londres, 2e éd., 1964,
et A. G. Watson, Medieval Libraries of Great Britain, A List of Surviving Books. Supplement to the Second
Edition, Londres, 1987.
4. Elles sont bien exploitées dans S. Cavanaugh, A Study of Books Privately Owned in England, 1300-
1540, University of Pennsylvania Ph.D. diss., 1980.
5. http://www.history.ox.ac.uk/research/project/british-medieval-library-catalogues.html ou
http://www.history.ox.ac.uk/research/project/british-medieval-library-catalogues.html.
6. Dix-huit volumes sont parus sous la direction de Richard Sharpe, et plusieurs sont en prépa-
ration, dont celui (ou ceux) concernant les catalogues d’Oxford.
7. J. P. Carley, The Libraries of King Henry VIII, Londres, 2000.
8. V. Gillespie, Syon Abbey, Londres, 2001.
9. http://www.history.ox.ac.uk/faculty/staff/profile/sharpe/research.html, arrêté au mois de
novembre 2013.
10. R. Sharpe, A Handlist of the Latin Writers of Great Britain and Ireland before 1540 (Publications of
the Journal of Medieval Latin, 1), Turnhout, 1997 et Additions and Corrections, Turnhout, 2001.
11. L. Febvre et H. J. Martin, L’apparition du livre, Paris, 1958.
12. Pour la France, l’Histoire de l’édition française, quatre volumes publiés de 1982 à 1986 sous
la direction de Roger Chartier et d’Henri-Jean Martin et en 1989-1991, puis sous celle d’An-
dré Vernet pour la période médiévale, l’Histoire des bibliothèques françaises, 4 volumes publiés de
1988 à 1992, réédités en 2008-2009.
13. The Cambridge History of Libraries in Britain and Ireland, 3 volumes publiés en 2006 par
Cambridge University Press et The Cambridge History of the Book in Britain, 6 volumes publiés entre
1999 et 2011 par la même maison d’édition.
14. Sur les débuts et les développements actuels des recherches de l’IRHT, voir M. Peyrafort-
Huin et A. M. Turcan-Verkerk, « Les inventaires des bibliothèques médiévales françaises. Bilan
des travaux et perspectives », dans F. Henryot, L’historien face au manuscrit : du parchemin à la biblio-
thèques numérique, Louvain-la-Neuve, 2013, p. 149-166 (en ligne : http://books.openedition.org/
pucl/1261).
15. É. Pellegrin, La bibliothèque des Visconti et des Sforza, ducs de Milan, au xve siècle, Paris, 1955 ; le
long compte rendu de Gilbert Ouy est un véritable discours de la méthode pour l’étude des
bibliothèques anciennes : Bibliothèque de l’École des chartes, 114 (1), 1956, p. 258-268, citation à
la p. 258.
16. É. Pellegrin, Bibliothèques retrouvées. Manuscrits, bibliothèques et bibliophiles du Moyen Âge et de la
Renaissance, Paris, 1980. Elle a notamment étudié les bibliothèques des collèges de Dormans-
Beauvais, de Hubant (l’Ave Maria) et de Fortet.
17. Cf. pour les parlementaires (clercs et laïcs) F. Autrand, « Les librairies des gens du Parlement
au temps de Charles VI », Annales ESC, 28 (5), 1973, p. 241-701 et en général les indications
bibliographiques données par A. Tournieroux, « Les livres d’étudiants et de maîtres séculiers
de l’université de Paris au xve siècle », dans A. Mairey, S. Abélès et F. Madeline, dir., « Contre-
Champs ». Études offertes à Jean-Philippe Genet, Paris, 2016, p. 377-399.
18. A. Vernet, dir., La bibliothèque de l’abbaye de Clairvaux du xiie au xviiie siècle, Paris, 2 vol., 1979
et 1997.
19. A. Bondéelle-Souchier, Bibliothèques cisterciennes de la France médiévale. Répertoire des abbayes
d’hommes, Paris, 1991 ; A. M. Turcan-Verkerk, Les manuscrits de La Charité, Cheminon et Montier-en-
Argonne, Paris, 2000 ; M. Peyrafort, dir., La bibliothèque de l’abbaye de Pontigny (xiie-xixe siècle), Paris,
2001 ; F. Bougard et P. Petitmengin, dir., La bibliothèque de l’abbaye cistercienne de Vauluisant, Paris,
2012.
20. A. Bondéelle-Souchier, Bibliothèques de l’ordre de Prémontré dans la France d’Ancien Régime, Paris,
2 vol., 2000-2006.
21. D. Nebbiai, La bibliothèque de l’abbaye de Saint-Denis en France du ixe au xviiie siècle, Paris, 1985 et
La bibliothèque de l’abbaye Saint-Victor de Marseille (xie-xve siècle), Paris, 2005.
22. Par exemple A. Chalandon, La bibliothèque des ecclésiastiques de Troyes, Paris, 2001.
23. D. Williman, Bibliothèques ecclésiastiques au temps de la papauté d’Avignon, Paris, 1980 et
D. Williman, J. Monfrin et M. H. Jullien de Pommerol, Inventaires de bibliothèques et mentions de
livres dans les Archives du Vatican, Paris, 1980.
31. C. Luna, Aegidii Romani. Opera Omnia I, Catalogo dei Manoscritti (293-372) 1/3**, Francia, Parigi,
Florence, 1998 ; voir pour l’ensemble des oeuvres et des manuscrits, la base Studium (cf. infra) :
http://lamop-vs3.univ-paris1.fr/studium/ sous « Aegidius Romanus ».
32. G. Fournier, Une bibliothèque vivante : la libraria communis du collège de Sorbonne (xiiie-xve siècle),
Thèse EPHE, 2007.
33. C. Angotti, La lectio des Sentences au collège de Sorbonne, Turnhout, à paraître, 2016.
34. http://quodlibase.ehess.fr/.
35. Par exemple, E. Marmursztejn, L’autorité des maîtres. Scolastique, normes et société au xiiie siècle,
Paris, 2007 ; Ch. Schabel, éd., Theological Quodlibeta in the Middle Ages. The Thirteenth Century,
Leyde/Boston, 2006 et Id., The Fourteenth Century, Leyde-Boston, 2007.
36. Présentation sur http://www.irht.cnrs.fr/fr/agenda/autour-d-alexandre-de-hales.
Par ailleurs, deux grands projets ont entrepris d’élargir la base des connais-
sances dont nous disposons aujourd’hui pour l’université de Paris : dans le
cadre du Gabriel Project dont Thierry Kouamé est le maître d’œuvre, on se pro-
pose d’éditer ou de rééditer tous les statuts de tous les collèges parisiens37,
tandis que le projet Studium s’efforce de construire un répertoire bio-biblio-
graphique des membres des écoles et de l’université parisienne jusque vers
1500 et propose dès aujourd’hui plus de 10 000 biographies en ligne38. Dans
le cas des auteurs et des traducteurs, l’intention est d’indiquer la totalité des
manuscrits subsistant : il n’est malheureusement pas possible d’être exhaus-
tif, mais les listes dores et déjà réalisées montrent une nette augmentation
des références par rapport aux listes qui figuraient dans les répertoires de
Monseigneur Glorieux.
Aussi bien, grâce aux directions qu’ont su tracer ses initiateurs, le présent
volume innove par rapport à l’historiographie traditionnelle de la Sorbonne
dans la mesure où il cherche – et parvient – à resituer précisément la « maison
de maître Robert » dans l’ensemble parisien, au milieu des autres collèges
parisiens et au cœur d’une vaste communauté de maîtres et d’étudiants. Ce
faisant, et tout en constituant un remarquable instrument de travail, il est
un jalon important à la fois dans le domaine des méthodologies de l’histoire
intellectuelle et dans celle de l’histoire des bibliothèques anciennes.
37. Th. Kouamé, « L’édition des sources médiévales des collèges parisiens. Bilan et pers-
pectives », dans A. Sohn et J. Verger, Die universitären Kollegien im Europa des Mittelalters und
die Renaissance, Bochum, 2011, p. 91-05 : voir aussi https://hal-paris1.archives-ouvertes.fr/
hal-00786535/document.
38. http://lamop-vs3.univ-paris1.fr/studium/ : voir J.-P. Genet, H. Idabal, Th. Kouamé,
S. Lamassé, Cl. Priol et A. Tournieroux, « General introduction to the Studium project »,
Medieval Prosopography, 31, 2016, p.155-170.
1. Il serait trop long d’en dresser une liste exhaustive, mais l’on peut par exemple évoquer le
succès du cycle de conférences intitulé « Trésors du patrimoine écrit », organisé conjointe-
ment par la BNF, l’Institut national du patrimoine et les Archives nationales, en partenariat
avec Connaissance des Arts ; voir par exemple les Trésors carolingiens, exposition virtuelle qui
fait suite à une exposition ayant eu lieu en 2007 (http://expositions.bnf.fr/carolingiens/index.
htm) ; ou encore l’exposition Lumières de la sagesse, qui présentait de très nombreux manuscrits
des écoles d’Orient et d’Occident et s’est tenue en 2013 à l’Institut du monde arabe à Paris, voir
Lumières de la sagesse : écoles médiévales d’Orient et d’Occident, E. Vallet, S. Aube et T. Kouamé, dir.,
Paris, 2013 ; ou l’exposition concernant les catalogues, organisée par la bibliothèque Mazarine
et la bibliothèque de Genève (Paris, 13 mars-13 mai 2015, Genève, 18 septembre-21 novembre
2015), présentée dans : De l’argile au nuage, une archéologie des catalogues : IIe millénaire av. J.-C.
-xxie siècle, F. Barbier, T. Dubois et Y. Sordet, dir., Paris, 2015.
2. On peut mentionner les numérisations de nombreux manuscrits de la BNF, sur le site
Gallica (http://gallica.bnf.fr/), mais aussi le projet Europeana regia qui offre la numérisation
de 1 000 manuscrits conservés dans cinq bibliothèques européennes (la BNF, la Bayerische
Staatsbibliothek à Munich, l’Universitat de València Biblioteca Històrica, la Herzog August
Bibliothek à Wolfenbuttel et la Bibliothèque royale de Belgique) : http://www.europeanaregia.eu/fr.
3. On peut évoquer le développement de la collection des « Reliures médiévales des biblio-
thèques de France », publiée par Brepols, ou mentionner le succès de la collection « Documents,
Études et Répertoires », touchant à l’histoire des bibliothèques, éditée par le CNRS.
4. Parmi une multitude d’ouvrages, on peut citer : P. Géhin, Lire le manuscrit médiéval, Paris,
2005 ; D. Nebbiai, Le discours des livres. Bibliothèques et manuscrits en Europe ixe-xve siècle, Rennes,
2013 ; K. Ueltschi, dir., L’univers du livre médiéval. Substance, lettre, signe, Paris, 2014.
Les livres des maîtres de Sorbonne, sous la direction de Claire Angotti, Gilbert Fournier et Donatella Nebbiai, Paris,
Publications de la Sorbonne, 2017
Parmi les collections de livres les moins explorées par les chercheurs, les
moins mises en valeur par les numérisations, les moins connues par un public
de non-spécialistes, on trouve les bibliothèques universitaires médiévales, ou
plus précisément les bibliothèques abritées par les institutions logeant maîtres
et étudiants, membres de l’Université, à savoir les collèges. Dès l’époque
moderne, elles sont moins décrites, moins chantées que les bibliothèques
monastiques (pensons par exemple à la description parodique de la collection
de l’abbaye de Saint-Victor à laquelle se livre Rabelais, en 1532-1533, lorsqu’il
raconte l’arrivée de Pantagruel à Paris5, ou, plus sérieusement, à l’éloge auquel
se livre Corneille Gérard6, chanoine de la congrégation de Windesheim venu
réformer l’abbaye en 1497-1498), moins fréquentées aussi par les érudits
modernes qui s’intéressent surtout aux trésors des bibliothèques cathédrales,
monastiques et royales7, moins admirées que les bibliothèques princières,
bien souvent considérées par leur propriétaire comme un instrument de pro-
pagande et de mise en scène d’une autorité sociale, religieuse, politique. Il est
vrai que les manuscrits émanant du monde des écoles et de l’Université n’ont
pas le caractère vénérable des volumes issus des collections monastiques et
possèdent un décor bien austère face à certains somptueux manuscrits possé-
dés par les grands, laïcs comme ecclésiastiques.
Les collections de livres liées à l’Université sont pourtant d’une importance
capitale : leur contenu permet, tout d’abord, de saisir les fondations du tra-
vail intellectuel propres à l’enseignement universitaire dont nous sommes,
aujourd’hui encore, les héritiers ; leur usage témoigne ensuite des formes du
« maniement du savoir » (Olga Weijers) en œuvre à la fin du Moyen Âge et
établit la proximité des liens entre érudition scolastique et érudition moderne
– liens que les hommes de la Renaissance ont souvent délibérément oubliés.
Enfin, et surtout, les bibliothèques universitaires médiévales, par leur orga-
nisation, la mise au point d’instruments bibliothéconomiques efficaces
5. Voir F. Rabelais, Pantagruel, chapitre VII, « Comment Pantagruel vint à Paris, et des beaux
livres de la librairie de Sainct-Victor » (F. Bon, éd., d’après les éditions de 1532 et 1533).
6. Voir Éloge de la bibliothèque de Saint-Victor, figurant dans le Mazarine ms. 3797, f. de garde
verso (éd. et trad. dans Le rayonnement de l’école de Saint-Victor, Manuscrits de la bibliothèque Mazarine,
22 septembre-7 novembre 2008, Paris) : « Garde bien cela en ton cœur : ce que Victor n’a pas,
aucun autre endroit ne le possède. »
7. Ainsi, pour la préparation de son ouvrage Scriptores Ordinis Praedicatorum, le Dominicain
Jacques Échard (1699-1719) axe une grande partie de ses dépouillements sur les manuscrits
de la bibliothèque du roi et sur celle de Colbert (dossier 1 et dossier 2 du AN M801a), sur
les manuscrits de la bibliothèque de Notre-Dame (dossier 6). Les dossiers de bibliothèques
universitaires ou « para »-universitaires sont plus minces (bibliothèque des Ermites de Saint-
Augustin, bibliothèque des collèges de Navarre et de Maître Gervais) ou ont disparu (biblio-
thèque de Sorbonne).
8. La journée d’étude a été organisée par l’IRHT, avec la contribution du Labex Hastec.
contemporaine. Notre but est en effet aussi de faire découvrir le poids qu’ont
eu les collections de livres dans l’histoire même du collège. Ce sont elles qui
font l’originalité véritable de la fondation de Robert de Sorbon, parachevée
vers 1257 et destinée aux étudiants se formant en théologie, elles qui contri-
buent à la pérennité et au rayonnement du collège jusqu’à la Renaissance, et
qui conduisent à confondre la maison de maître Robert d’abord avec la faculté
de théologie puis avec toute l’Université.
Cet ouvrage s’inscrit dans le renouveau des études portant sur l’histoire
des collèges, encouragées et encadrées par Jacques Verger, en France : les col-
lèges de Navarre, de Laon, de Dormans-Beauvais, de Maître Gervais ont été
ainsi l’objet, depuis vingt ans, de travaux de recherche de taille et d’ampleur
variées9. Un projet d’envergure, en cours, le Gabriel Project, s’inscrivant dans la
lignée des travaux pionniers du chanoine Astrik L. Gabriel, dirigé par Thierry
Kouamé (Paris 1) et Kent Emery (Notre-Dame University), proposera une édi-
tion des chartes de fondation des collèges parisiens médiévaux séculiers : il
permettra d’avoir un panorama précis des modalités de fondation et de fonc-
tionnement de maisons d’accueil des maîtres et des étudiants membres de
l’Université médiévale. La maison de Sorbonne est bien sûr touchée par le
dynamisme des études autour des collèges : le Liber prioris de Sorbonne sera
l’objet d’une édition nouvelle au sein du Gabriel Project10. De plus, les débuts
de la fondation de la « maison des pauvres maîtres » de Robert de Sorbon
viennent d’être analysés par Denis Gabriel11. Jacques Verger soulignait dès
1997 qu’il ne fallait pas « se contenter de juxtaposer des monographies de
collèges, qui seraient présentés chacun comme un petit monde12 », il sug-
gérait, parmi d’autres pistes, d’étudier leurs bibliothèques afin de mieux
apprécier le poids de ces maisons dans l’Université des xive et xve siècles, de
mesurer leur ouverture à l’égard des gens extérieurs, bien souvent reçus dans
9. Deux ouvrages sont le fruit d’une thèse : N. Gorochov, Le collège de Navarre de sa fondation
(1305) au début du xve s. (1418). Histoire de l’institution, de sa vie intellectuelle et de son recrutement, Paris,
1997 ; T. Kouamé, Le collège de Dormans-Beauvais à la fin du Moyen Âge : stratégies politiques et par-
cours individuels à l’Université de Paris (1370-1458), Leyde, 2005 ; la monographie sur le collège de
Laon est le fruit d’une thèse soutenue à l’École des chartes : C. Fabris, Étudier et vivre à Paris
au Moyen Âge : le collège de Laon, xive-xve siècles, Paris, 2005 ; le quatrième travail est une thèse de
l’École des chartes, encore inédite, M. Bernard, Le collège de Notre-Dame-de-Bayeux, dit de Maître
Gervais : Centre intellectuel et lieu de vie à Paris, xive-xve siècles, s. l., 2010.
10. C. Angotti est chargée de cette nouvelle édition.
11. D. Gabriel, La « maison des pauvres maîtres » de Robert de Sorbon. Les débuts de la Sorbonne (1254-
1274), Paris, 2014.
12. J.-P. Genet, « Rapport de la table ronde : le cadre institutionnel », dans O. Weijers et
L. Holz, éd., L’enseignement des disciplines à la faculté des arts (Paris et Oxford xiiie-xve siècles). Actes du
colloque international, Turnhout, 1997, p. 83-93, précisément p. 92.
13. Ibid.
14. K. Rebmeister-Klein, Les livres des petits collèges à Paris aux xive et xve siècles, thèse de doc-
torat, 3 vol., dactyl., université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2005 ; A. Perraut, L’architecture des
collèges parisiens au Moyen Âge, Paris, 2009 ; Id., « Les chapelles des collèges médiévaux de Paris »,
dans Die universitären Kollegien im Europa des Mittelalters und der Renaissance/Les collèges universitaires
en Europe au Moyen Âge et à la Renaissance, A. Sohn et J. Verger, éd., Bochum, 2011, p. 77-89.
15. Deux thèses ont déjà été soutenues et leur publication est en cours : G. Fournier, Une
« bibliothèque vivante ». La libraria communis du collège de Sorbonne (xiiie-xve siècle), thèse de docto-
rat, École pratique des hautes études, Ve section, Paris, 2007 ; C. Angotti, Lectiones Sententiarum.
Étude de manuscrits de la bibliothèque du collège de Sorbonne : la formation des étudiants en théologie à
l’Université de Paris à partir des annotations et des commentaires sur le Livre des Sentences de Pierre Lombard
(xiiie-xve siècles), thèse de doctorat, École pratique des hautes études, IVe section, Paris, 2008.
Une thèse est en cours d’achèvement : L. Miolo, Le fonds scientifique d’un collège de théologie : le
cas de la bibliothèque du collège de Sorbonne (1257-1500), Lyon II (sous la dir. de L. Moulinier).
16. Une première version de cette bibliographie qui a fait suite au séminaire de 2009-2010
est accessible en ligne : http://www.libraria.fr/sites/default/files/BIBLIOGRAPHIE%20
SORBONNE_0.pdf
17. Gilbert Fournier en a livré une présentation minutieuse pour l’époque médiévale, la pré-
sentation des sources modernes du même est annoncée. Voir G. Fournier, « Listes, énu-
mérations, inventaires. Les sources médiévales et modernes de la bibliothèque du collège de
Sorbonne (Première partie : Les sources médiévales) », Scriptorium, 65, 2011, p. 158-215 ; Id.,
« Listes, énumérations, inventaires. Les sources médiévales et modernes de la bibliothèque du
collège de Sorbonne (Seconde partie : Les sources modernes) », Scriptorium, à paraître. La partie
des sources médiévales présentées est aujourd’hui en ligne sur le site Libraria de l’IRHT (http://
www.libraria.fr/fr/BMF/possesseurs/paris-sorbonne-college) et sera disponible à terme, sur la
base Bibale.
18. L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale. Étude sur la formation de ce dépôt
comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure, et du commerce des
livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, II, Paris, 1874, p. 142-208.
19. P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, II, Le cartulaire, Paris, 1965 : il édite quelques tes-
taments qui permettent de saisir la constitution de la bibliothèque du collège ; Id., Aux origines
de la Sorbonne, I, Robert de Sorbon. L’homme – Le collège – Les documents, Paris, 1966 : sur la prudence
qui s’impose dans le maniement des informations et des sources proposées par Id., voir la
bibliographie commentée infra, chapitre 5.
20. R. H. Rouse, « The Early Library of the Sorbonne », Scriptorium, 21, p. 42-71 et 227-251 et
pl. 5, 17-18 ; repris dans M. A. Rouse et R. H. Rouse, Authentic Witnesses: Approaches to Medieval
Texts and Manuscripts, Notre Dame, 1991, p. 341-408.
21. R. Marichal, Le livre des prieurs de Sorbonne (1431-1485). Texte critique avec introduction, notes et
index, Paris, 1987, à compléter avec le compte rendu de Z. Kaluza, paru dans la Revue des sciences
philosophiques et théologiques, 79 (1995), p. 114-117.
Les Livres des maîtres de Sorbonne paraissent donc à un moment clé de l’histo-
riographie sur les bibliothèques de la Sorbonne. L’ouvrage tente de dresser le
bilan des recherches actuelles et de dessiner les pistes à venir d’explorations
nous paraissant nécessairement collectives et s’étendant de la fondation du
collège (ca. 1257) jusqu’au versement de ses livres dans les collections de la
Bibliothèque nationale, en 1796. En cela, il n’est qu’un jalon à partir duquel
s’élaboreront des travaux plus approfondis qui éclaireront tel ou tel aspect
ou exploiteront telle ou telle source, à peine effleurés dans les chapitres
qui suivent.
Le plan adopté pour cet ouvrage accorde une place importante au contexte :
la place institutionnelle du collège de Sorbonne au sein de la galaxie des col-
lèges séculiers parisiens est d’abord étudiée (chapitre 1), puis il a semblé
24. Voir bibliographie commentée au chapitre 5 : parmi les maîtres dont la bibliothèque a été
préservée par le versement de la collection au collège de Sorbonne et qui ont été l’objet d’une
étude, on peut mentionner Robert de Sorbon, Gérard d’Abbeville, Thomas Le Myésier, Henri
Pistor de Lewis, Bernier de Nivelle, Nicolas de Bar-le-Duc, Siger de Courtrai, Étienne d’Abbe-
ville, Gérard de Bruine (dit de Reims), Jean d’Essomes, Gérard d’Utrecht, Pierre de Limoges,
Godefroid de Fontaines.
étaient passés de 26 à 34, après 1360 (la tabula était en effet enchaînée au banc
AM) ; ensuite, il analyse une brève mention dans le ms. BNF lat. 16681 qui
révèle la présence d’un volume contenant les Questiones in Aristotelis Ethicam
de Jean Buridan, enchaîné dans la libraria communis. Le devenir du legs de
Jacques de Padoue est l’objet de l’analyse du point suivant : deux volumes qui
« témoigne[nt] d’une curiosité soutenue pour l’Éthique » sont enchaînés dans
la magna libraria (terme en cours au collège à partir de 1391). Gilbert Fournier
exploite ensuite les données livrées par le registre de prêt du xve siècle : on
retrouve les commentaires de Thomas et d’Eustrate de Nicée empruntés
par les lecteurs fréquentant la bibliothèque du collège, mais d’autres appa-
raissent, les Sententia et expositio cum questionibus super librum Ethicorum de Guiral
Ot. Les différents emprunteurs sont chargés, au sein du collège, de la lecture
sur l’Éthique, comme l’avait démontré Zénon Kaluza25. L’auteur, soucieux de
souligner le poids de la libraria communis, nuance certaines conclusions de
Zénon Kaluza : il ne faut ni négliger le poids des ouvrages enchaînés dans la
préparation des lectures sur l’Éthique ni se fier au seul registre de prêt. Dans
l’avant-dernier point de sa contribution, Gilbert Fournier exploite sa toute
récente découverte : le catalogue établi vers 1550, qui témoigne des fonds de
la nova libraria du collège, bâtie dans les années 1480. Il souligne la péren-
nité des commentaires médiévaux sur l’Éthique mais rappelle qu’il est difficile
de savoir s’il s’agit alors de manuscrits ou d’imprimés. La Sorbonne a aussi
modernisé ses fonds en proposant une traduction de l’Éthique en français
et plusieurs nouvelles traductions latines humanistes. La dernière partie de
l’article tire plusieurs conclusions : le « socle » des collections du collège est
constitué de la traduction de Robert Grosseteste, des commentaires d’Eus-
trate et de Thomas, auxquels s’ajoutent d’abord différents instruments de
travail puis les commentaires de Buridan et d’Ot. L’auteur insiste sur l’ef-
fort soutenu d’actualisation des autorités par le collège, souligne quelques
absences significatives : la traduction d’Hermann l’Allemand du commentaire
moyen d’Averroès, le commentaire d’Albert le Grand. Il conclut à la faiblesse
de leur influence au collège, comme en témoignent les commentaires sub-
sistants de certains sorbonnistes (Jean Dumont, Louis Ber) ; en revanche,
Gilbert Fournier nuance le déclin de l’école buridaniste au profit du courant
réaliste : le commentaire de Buridan pouvait être consulté au collège dans la
libraria communis, et les commentaires des sorbonistes le prouvent. En annexe
de cette riche et dense contribution, un tableau synthétique permet de saisir
25. Z. Kaluza, « Les cours communs sur l’Éthique à Nicomaque à l’université de Paris », dans « Ad
ingenii acuitionem ». Studies in Honour of Alfonso Maierù, S. Caroti, R. Imbach, Z. Kaluza,
G. Stabile et L. Sturlese, éd., Louvain-la-Neuve, 2006, p. 147-181.
le contenu « éthique » des collections du collège et établit des liens entre cotes
anciennes et modernes des différents volumes.
La contribution de Marie-Laure Savoye (« Les textes vernaculaires dans la
bibliothèque du collège de Sorbonne ») dépasse l’objectif liminaire qu’elle
se fixe : « établir un bilan sur la présence des textes français dans la biblio-
thèque ». L’auteur procède en cinq étapes : elle recense d’abord les différents
témoignages des sources du collège (catalogues du xive siècle, registres de
prêt du xve siècle, catalogue du xvie siècle), signalant des textes in gallico
dans les fonds. Elle remarque d’ailleurs que les catalographes du collège ont
jugé que ces livres avaient atteint un seuil suffisant pour bénéficier, en 1338,
d’une section de catalogue. Les deux étapes suivantes lui permettent d’éta-
blir (ou non) des correspondances entres les différentes sources, puis entre
les sources et des manuscrits subsistants. Marie-Laure Savoye signale enfin
deux manuscrits qu’elle n’a pu lier avec les sources médiévales. Le quatrième
point de la démonstration consiste dans l’identification des textes vernacu-
laires. L’auteur propose plusieurs pistes intéressantes pour retrouver certains
des volumes perdus du collège et, par sa connaissance du contenu ordinaire
des recueils abritant les textes qu’elle a identifiés, elle offre une sorte de des-
cription théorique des volumes qui devaient être disponibles dans les fonds
du collège. Le cinquième et dernier point de cette contribution porte sur les
principales thématiques des textes en vernaculaire dans la bibliothèque :
première dominante, les sciences du quadrivium dans lesquelles est intégré
le Roman de la rose de Jean de Meung, dont le collège possédait un exemplaire
enchaîné, aujourd’hui non identifié ; deuxième dominante, l’enseignement
moral illustré, entre autres, par un volume de La Somme le roi de frère Laurent.
Marie-Laure Savoye souligne le rôle probablement joué par Pierre de Limoges.
Avec ce sorboniste, émerge, pour la partie morale, la figure de Raymond Lulle
(dont le collège possédait de très nombreuses œuvres latines) et se précisent
les liens entre la Sorbonne et la chartreuse de Vauvert, autre centre de diffu-
sion du lullisme en France. Cette contribution conduit à s’interroger sur le
rôle du collège dans la diffusion de l’œuvre vernaculaire du maître catalan.
Claire Angotti
1. H. Rashdall, The Universities of Europe in the Middle Ages, 2e éd., Oxford, 1936, I, p. 498.
2. Lorsque Robert de Sorbon fonda son collège, il n’existait qu’une cinquantaine de bourses à
Paris, alors qu’on en dénombre déjà près de six cents au milieu du xive siècle, si l’on s’en tient
aux effectifs théoriques spécifiés par les statuts (T. Kouamé, « Les collèges de l’université de
Paris : de la charité privée à l’enseignement public (xiie-xvie siècle) », dans Collegiate Learning
in the Middle Ages and Beyond. 2nd Coimbra Group Birthday Seminar, A. Savini, éd., Milan, 2012,
p. 25-34, ici p. 31).
Les livres des maîtres de Sorbonne, sous la direction de Claire Angotti, Gilbert Fournier et Donatella Nebbiai,
Paris, Publications de la Sorbonne, 2017
pour le seul xive siècle, contre vingt et une dans tout le reste du Moyen Âge,
de sorte qu’à la fin du xve siècle, plus de quarante collèges séculiers étaient
encore en activité dans la seule ville de Paris, contre vingt-trois établissements
de ce type dans les deux universités d’Oxford et de Cambridge3. Ainsi, l’his-
toire de la Sorbonne ne prend son véritable sens qu’en étant replacée dans
celle des collèges parisiens4. Pour ce faire, il convient d’abord de revenir sur
le rôle, communément admis, du collège de Sorbonne dans la mutation de
l’institution collégiale. Nous évoquerons ensuite la place particulière de ses
archives dans le corpus de sources des collèges parisiens, avant d’évaluer
l’influence réelle des statuts de la Sorbonne sur ceux des autres fondations
séculières. Cette immersion dans l’univers des collèges permettra, en dernier
lieu, de cerner de manière plus précise la place de la Sorbonne dans le système
universitaire parisien.
6. Non intendimus providere perversis et discolis et ribaldis et lusoribus vel prosecutoribus meretricum et taber-
narum, sed bonis et veris scholaribus per quos Ecclesiae possit provideri et animarum saluti (M. Félibien
et G.-A. Lobineau, Histoire de la ville de Paris, Paris, 1725, III, p. 287).
7. Ainsi, les statuts du collège d’Autun (1341 et 1345), qui avaient été rédigés par le célèbre
canoniste Pierre Bertrand († 1348), influencèrent ceux des collèges de Boissy (1366), Maître
Gervais (1378), Montaigu (1402) et Saint-Michel (1405) : D. Sanderlin, The Mediaeval Statutes
of the College of Autun at the University of Paris, Notre Dame (Ind.), 1971, p. 20-24.
8. O. Weijers, « Collège, une institution avant la lettre », Vivarium, 21, 1983, p. 73-82 ; Id.,
Terminologie des universités au xiiie siècle, Rome, 1987, p. 80-84, 88
9. Id., « Collège », art. cité, p. 75-76.
10. Universitatem vestram monemus, rogamus et exhortamur in Domino quod […] dictos subditos vestros
salutaribus monitis inducere studeatis ut de bonis sibi a Deo collatis dicte domui seu dicto collegio pias ele-
mosinas largiantur (P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, Paris, 1965-1966, II, p. 478, no 388).
11. Il s’agit d’une sentence arbitrale de l’évêque de Paris et du testament de Gilles de Ravières
(Arch. nat., L 614, no 8 et 11).
12. Jean de Gournay déclare vendre une maison aux magistris et scolaribus domorum seu collegio-
rum Sancti Nicholay de Lupera, prope Parisius, et Bonorum Puerorum de Porta Sancti Victoris (Arch. nat.,
L 614, no 12).
13. En 1371, Pierre Lecomte et sa femme lèguent leur maison « en consideration au service
divin et autres bienfais et prieres, qui en l’ostel et chapelle des escoliers du cardinal d’Ostun
[…] se font de jour en jour par iceulz escoliers » (Arch. nat., M 80, no 101), tandis que, dans
son codicille de 1397, Oudard de Moulins déclare simplement fonder trois bourses au « coleige
d’Ostun », comme l’atteste l’extrait contenu dans l’acceptation de la fondation (Arch. nat.,
M 80, no 13).
14. O. Weijers, « Collège », art. cité, p. 81-82.
15. Notum facimus quod nos magistro Roberto de Sorbone, canonico Cameracensi, dedimus et concessimus ad
opus scolarium qui inibi moraturi sunt… (H. Denifle et É. Chatelain, Chartularium Universitatis
Parisiensis, Paris, 1889-1897, I, p. 349, no 302).
16. H. Denifle et É. Chatelain, Chartularium, op. cit., I, p. 505-514, no 448.
17. BNF, lat. 16574. Une analyse codicologique sommaire du manuscrit est donnée par
P. Glorieux, Aux origines, op. cit., I, p. 189-191. Le dernier acte transcrit par la première main
date du 13 octobre 1335 (lat. 16574, fol. 12).
18. L’analyse paléographique de Palémon Glorieux est trop imprécise pour que l’on puisse
pousser plus loin les hypothèses de datation : une deuxième main aurait servi, selon lui, à
transcrire deux actes de 1344 (lat. 16574, fol. 6 et 14v-15v), mais, au vu du manuscrit, cette
identification est plus que douteuse. Surtout, aucune des autres mains n’a été individualisée,
alors que le volume est parcouru par un grand nombre d’écritures différentes.
19. BNF, lat. 16574, fol. 1-23v, en partie édité par P. Glorieux, Aux origines, op. cit., I,
p. 203-236.
20. H. Denifle et É. Chatelain, Chartularium, op. cit., I, p. 49-50, no 50.
21. E. Coyecque, « Notice sur l’ancien collège des Dix-Huit (1180-1529) », Bulletin de la Société
de l’histoire de Paris, 14, 1887, p. 176-186.
22. Ce type d’actes est conservé dans 39 des 42 fonds recensés.
temporel. Les archives politiques, qui auraient dû garder la trace des déci-
sions prises par la communauté, ne couvrent en effet qu’un dixième des fonds
médiévaux : seuls deux collèges ont conservé des pièces relatives à la nomi-
nation de leurs membres23 ; un autre a gardé un procès-verbal de visite24. Là
encore, la Sorbonne fait exception, puisqu’elle offre le seul registre de déli-
bérations d’un collège parisien pour tout le Moyen Âge25. Il s’agit du Livre
des prieurs de Sorbonne (1431-1485), distinct du Liber prioris déjà évoqué26. On a
d’abord pensé que le premier faisait suite au second, à partir d’une mention
du Livre des prieurs indiquant que les délibérations des mois de mars à octobre
1431 figuraient dans un « ancien livre » de conclusions des prieurs, qui précé-
dait immédiatement celui-là27. Or, la comparaison des deux volumes montre
au contraire que le Liber prioris et le Livre des prieurs appartenaient à deux séries
parallèles : le premier (sur parchemin) était censé recevoir la copie des actes
les plus importants parmi ceux enregistrés au fil des jours dans le second
(sur papier)28. Tout porte donc à croire qu’il existait au moins un registre de
conclusions antérieur à celui que nous connaissons, mais qu’il a depuis
23. Il s’agit du collège du Plessis, qui possédait une lettre de 1497 pour la présentation à une
bourse (Arch. nat., M 183, no 7), et du collège d’Autun, qui gardait une provision de bourse de
1469 et une dispense de 1395 pour l’office de maître (Arch. nat., H3 2566). Le chapitre cathé-
dral de Beauvais avait par ailleurs conservé les nominations aux dignités et bourses du collège
des Cholets (Arch. dép. de l’Oise, G 767 et 768), mais ces sources ne figuraient pas dans les
archives du collège.
24. Il s’agit d’une visite des chanoines de Notre-Dame au collège de Fortet en 1482 (Arch. nat.,
M 131, no 4).
25. Pour être exceptionnel, ce type de sources n’est pas totalement absent des archives de col-
lèges en général. On conserve en effet de tels registres pour deux collèges d’Oxford : Registrum
Annalium Collegii Mertonensis, 1483-1521, H. E. Salter, éd., Oxford, 1923 ; The Dean’s Register of
Oriel, 1446-1661, G. C. Richards, H. E. Salter, éd., Oxford, 1926.
26. BNF, lat. 5494A, édité par R. Marichal, Le Livre des prieurs de Sorbonne (1431-1485), Paris, 1987.
27. BNF, lat. 5494A, fol. 2 : Que vero facta fuerunt a prenominata die electionis sue [25 mars 1431]
usque ad dictum tempus inicii octobris scripta sunt in antiquo libro in [quo] priores conclusiones collegii
immediate ante istum scripserunt, sicut patet in eodem (ibid., p. 28). Cette thèse avait été défendue par
P. Glorieux, Aux origines, op. cit., I, p. 79.
28. Si le Liber prioris ne contient aucun acte produit entre le 25 mars et le début du mois d’oc-
tobre 1431, il renferme en revanche le statut du 28 janvier 1432 (lat. 16574, fol. 19v), qui fait
explicitement référence à l’autre volume : Insuper, ut dicta ordinatio inviolabiliter observaretur, […]
voluerunt secundo hanc ordinationem [signis] suis manualibus signare, sicut eciam signaverunt in libro
papireo prioris, in quo inscribuntur conclusiones cotidiane, ne quis in futurum de hac ordinatione pretendere
valeat ignoranciam, eciam in confirmacionem prescripte veritatis (ibid., p. 235, no 46, édition complétée
d’après l’original). On retrouve naturellement la transcription de ce statut dans le Livre des prieurs
(lat. 5494A, fol. 4v). Elle est suivie de huit seings manuels et ne contient, bien entendu, aucun
renvoi au libro papireo prioris (R. Marichal, Le Livre des prieurs, op. cit., p. 36).
longtemps disparu, tout comme celui (ou ceux) couvrant les années 1485 à
153929. Si, au milieu du xive siècle, la conservation des décisions de la com-
munauté se faisait encore sous la forme de pièces signées ou scellées, gardées
au coffre du collège et éventuellement copiées dans le Liber prioris, il semble
qu’au début du xve siècle, ces statuts aient commencé à être enregistrés avec
les procès-verbaux des assemblées, à la manière de minutes permettant au
prieur de produire une expédition authentique de l’acte30.
Si les archives politiques des collèges parisiens se distinguent par leur
rareté, il en va autrement des sources produites par la gestion de leur tempo-
rel. Les titres de rentes et de propriété se retrouvent ainsi dans neuf dixièmes
des fonds et constituent la catégorie la mieux représentée de tous les actes de
la pratique, loin devant les pièces de procédures (deux cinquièmes des fonds),
la comptabilité (un tiers des fonds) et les cartulaires, quittances et inventaires
de biens (environ un sixième des fonds chacun). Comme la plupart des grands
établissements du Quartier latin, la Sorbonne a composé, dès le xiiie siècle,
de véritables séries d’archives afin de gérer son patrimoine. Il en va ainsi de
son chartrier en grande partie conservé31. Il en est de même du cartulaire
médiéval, compilé au tout début du xive siècle et qui contient 383 copies
d’actes datés de 1228 à 1305, auxquels un copiste a ajouté un acte de 131532.
C’est aussi le cas de ses deux obituaires, qui conservaient la mémoire des
fondations pieuses : le premier, commencé avant la mort du fondateur et
29. C’est la conclusion à laquelle était parvenu R. Marichal, ibid., p. 7. La série des conclu-
sions des prieurs de Sorbonne ne reprend qu’en 1540 avec le registre MM 268 des Arch. nat.
30. L’ancien mode de conservation est évoqué à la fin d’une sentence de 1344 : Quequidem senten-
tia, sic in papiro scripta et signata, posita fuit in archa ubi est sigillum domus (P. Glorieux, Aux ori-
gines, op. cit., I, p. 223, no 34). Plus tard, le statut du 18 avril 1379 (n. st.) prescrit qu’il doit être
enregistré dans le Liber prioris afin qu’on en conserve la mémoire, ce qui laisserait entendre qu’il
n’existait pas à cette date de registre de délibérations ou que ces procès-verbaux n’avaient pas
encore pris la forme d’un registre : et quod istud in libro prioris scriberetur ad perpetuam rei memoriam
(BNF, lat. 16574, fol. 17v). Un peu plus loin, le Liber prioris contient le procès-verbal de l’assem-
blée du 25 mars 1412 (n. st.), mais on ne saisit pas clairement s’il s’agit déjà d’un extrait du
registre de délibérations qui aurait disparu ou si ce compte rendu fut directement transcrit dans
le volume (BNF, lat. 16574, fol. 18v).
31. Les chartes médiévales de la Sorbonne sont principalement conservées dans les séries M et
S des Arch. nat. (M 74-75, S 6211-6229). Mais certaines bulles pontificales adressées au collège
ont été classées au xixe siècle dans le bullaire des papes (L 220-366). La BNF possède par ail-
leurs un certain nombre de titres originaux de la Sorbonne (1265-1577), réunis dans un recueil
factice avec des chartes du collège de Dormans-Beauvais (nouv. acq. fr. 21285). On ne sait pas
à quel moment ces actes furent soustraits à leurs chartriers respectifs pour aboutir à la BNF en
passant par la collection Phillipps (anc. ms. 2975).
32. BNF, lat. 16069, P. Glorieux, éd., Aux origines, op. cit., II. Si l’on tient compte des copies en
doublons, le cartulaire renferme en fait la transcription de 340 actes différents.
complété jusqu’au xvie siècle, avait été réuni dès le xive siècle au Liber prio-
ris33 ; le second était au xiiie siècle le missel à l’usage du collège, mais son
calendrier reçut vers 1415 des mentions de fondations provenant du premier
obituaire34. Ces archives s’imposent par leur taille, mais n’ont rien d’unique
dans le cadre parisien. En effet, plusieurs collèges médiévaux possédaient des
cartulaires, et on trouve même aux Cholets une série comparable à celle de la
Sorbonne35. L’absence d’archives comptables est en revanche plus étonnante
pour une institution aussi riche que la Sorbonne, d’autant que les statuts
médiévaux stipulaient clairement l’existence de telles pièces36. Il faut toutefois
préciser que ces instruments de gestion ne nous sont parvenus que pour un
tiers des collèges parisiens. Les registres conservés présentent par ailleurs de
sérieuses lacunes et ne remontent guère au-delà du milieu du xive siècle37. En
réalité, la Sorbonne a bien disposé d’une comptabilité écrite au Moyen Âge,
mais celle-ci n’a pas résisté aux destructions muettes de l’époque moderne.
L’inventaire général de 1716 mentionne en effet l’existence de 29 registres
de comptes établis par les procureurs du collège entre 1357 et 1709, mais ils
semblent avoir presque tous disparu38. En ce qui concerne les autres fonds,
les comptabilités conservées proviennent de communautés modestes, qui ne
peuvent être comparées avec les grandes maisons du Quartier latin. Or, tout
porte à croire que ce souci de conservation n’est pas étranger à un contrôle
accru du Parlement de Paris sur ces institutions39. Si une telle relation devait se
confirmer, on comprendrait mieux pourquoi la Sorbonne n’a finalement pas
gardé ce type d’archives : indépendante et reconnue comme telle, elle n’avait,
au sens propre, de comptes à rendre à personne.
Parmi les actes de la pratique, il convient enfin d’évoquer les documents
produits par et pour la bibliothèque du collège, laquelle constitue le thème
central du présent ouvrage40. Les catalogues de la parva libraria et de la libraria
communis occupent ici une place à part41. Si ces deux instruments de gestion ne
furent réunis qu’au xviie siècle, ils datent, l’un comme l’autre, de la première
moitié du xive siècle : le catalogue de la « petite bibliothèque » est précisé-
ment daté de l’année 1338, tandis que le catalogue double de la « bibliothèque
commune » ne peut avoir été rédigé qu’après le règlement de 1321, qui le pré-
conise, et avant le catalogue de 1338, qui s’appuie sur lui42. Ces documents ne
sont pas exceptionnels par leur nature – on trouve des inventaires de même
type dans d’autres collèges parisiens43 –, mais par l’ampleur du fonds réper-
torié. En effet, les catalogues de la Sorbonne décrivent quelque 1 825 volumes,
ce qui dépasse de très loin la taille ordinaire des bibliothèques universitaires
médiévales44. Mais, en termes de rareté, c’est plutôt le registre de prêt de la
39. T. Kouamé, « Les collèges parisiens, acteurs de l’écriture : livres et registres au collège de
Dormans-Beauvais (xive-xve siècle) », Paris et Île-de-France. Mémoires, 63, 2012, p. 228-229.
40. En dehors des contributions réunies dans ce volume, nous renvoyons à l’étude de
G. Fournier, « Listes, énumérations, inventaires. Les sources médiévales et modernes de la
bibliothèque du collège de Sorbonne (Première partie : Les sources médiévales) », Scriptorium,
65, 2011, p. 158-215.
41. BNF, nouv. acq. lat. 99, édité par L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque natio-
nale, Paris, 1868-1881, III, p. 8-114. Ce manuscrit, acquis par la Bibliothèque nationale entre
1924 et 1928, faisait autrefois partie des collections de la bibliothèque de l’Arsenal (ms. 1223).
42. Sur ces sources très commentées, nous renvoyons aux travaux de R. H. Rouse, « The Early
Library of the Sorbonne », Scriptorium, 21, 1967, p. 42-71 et 227-251 ; M. A. et R. H. Rouse, « La
bibliothèque du collège de Sorbonne », dans Histoire des bibliothèques françaises, I, A. Vernet,
dir., Les bibliothèques médiévales. Du vie siècle à 1530, Paris, 1989, p. 113-123 ; G. Fournier,
« Listes, énumérations, inventaires », art. cité, en part. p. 164-170, 187-195.
43. Voir la contribution de Karine Klein dans le présent volume. Pour les xive et xve siècles,
on conserve les inventaires de bibliothèques de six collèges parisiens, en plus de la Sorbonne
et des facultés de médecine et de décret, sans compter ceux de cinq collèges du Midi et d’une
université de province (M.-H. Jullien de Pommerol, « Livres d’étudiants, bibliothèques de
collèges et d’universités », dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., I, p. 93-111, ici p. 97).
44. L. Grenier-Braunschweig, « La prisée des manuscrits du collège de Sorbonne au
Moyen Âge », dans Mélanges offerts à Gérard Oberlé pour ses 25 ans de librairie : 1967-1992, s. l.,
1992, p. 327-341, ici p. 329. Pour une comparaison avec les autres bibliothèques européennes,
historique d’un collège qui avait fini par devenir le siège de la faculté de théo-
logie de Paris.
50. BNF, lat. 7422, fol. 31-35. Ce manuscrit sur parchemin est en fait constitué de deux
membra disjecta reliés ensemble. La première partie (A) est elle-même composée de plusieurs
cahiers écrits par des mains du début du xive siècle : on y trouve la Compilatio elucidans compu-
tum manualem (1289) de Johannes de Pulchro Rivo ou de Brunswick (fol. 1ra-4vb), la table de
Gerland, précédée de son canon et suivie du Cisiojanus (fol. 5ra-6v), le commentaire du même
Jean de Brunswick sur le Computus manualis « absque cifra » (fol. 7ra-16rb), un commentaire sur
le Computus de Johannes de Sacrobosco (fol. 17ra-29va), un autre sur l’Algorismus du même
Sacrobosco (fol. 29va-30va) et les statuts de la Sorbonne (fol. 31ra-35rb), qui, bien qu’écrits
d’une autre main, appartiennent à la même unité codicologique que les deux traités précédents
(à savoir un quaternion et un quinion, auquel a été rajouté le fol. 25). Quant à la seconde partie
(B), qui semble plutôt dater de la première moitié du xiiie siècle, elle contient une variante de
la version Quoniam cujusque actionis des canons des tables de Tolède (fol. 36-54), suivie desdites
tables (fol. 55v-91) et d’un calendrier sans doute méridional (fol. 92v-98), qui occupe le dernier
cahier du volume. Pour la description du manuscrit, voir F. S. Pedersen, The Toledan Tables: A
Review of the Manuscripts and the Textual Versions with an Edition, Copenhague, 2002, I, p. 161-162 ;
II, p. 349 ; III, p. 801.
51. L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, op. cit., I, p. 471 et 485.
52. De Thou avait notamment acquis la plupart des anciens manuscrits de Pierre Pithou (ibid.,
I, p. 470). On sait par ailleurs que les moines de Corbie l’avaient accusé de s’être allègrement
servi dans leur bibliothèque (ibid., II, p. 133-134).
53. La table des matières de la partie (A) décrit ainsi le contenu de ce membrum disjectum dis-
paru : le volume originel débutait par un Liber de probationibus articulorum fidei, qui pourrait cor-
respondre au Liber de articulis fidei (1296) ou au Liber ad probandum aliquos articulos fidei catholicae
(1304) de Raymond Lulle, suivi par le De peccato originali (1271-1278) de Gilles de Rome, le De
ente et essentia (1252-1256) de Thomas d’Aquin, les Theoremata de esse et essentia (1278-1286) de
Gilles de Rome, un commentaire du De sphera de Johannes de Sacrobosco et le De quadratura cir-
culi de Campanus Novariensis (BNF, lat. 7422, fol. 35v). Or nous n’avons trouvé aucun manus-
crit contenant la combinaison de ces œuvres dans les listes dressées par leurs éditeurs : Sancti
Thomae de Aquino opera omnia jussu Leonis XIII P. M. edita, XLIII, Rome, 1976, p. 322-333 (De ente
et essentia) ; Aegidii Romani Theoremata de esse et essentia, E. Hocedez, éd., Louvain, 1930, p. 117-
127 ; F. del Punta, dir., Aegidii Romani opera omnia, I, Prolegomena, 1, Catalogo dei manoscritti,
Florence, 1987-1998, 1, 2*, 2**, 3*, 3** et 5*. Nous tenons à remercier Claire Angotti, Monica
Brînzei, Gilbert Fournier et Martin Morard pour les renseignements qu’ils nous ont fournis.
54. Voir, dans l’ordre, les n. 53 et 50 pour la description des œuvres du volume originel.
55. Cette hypothèse nous a été suggérée par Monica Brînzei que nous remercions pour ses
conseils.
56. La description des statuts dans la table des matières est, de ce point de vue, tout à fait signi-
ficative : Statuta a bonorum consilio instituta domus de Sorbona, consuetudines pacis ac regule honestatis ad
famam provisoris (sous la ligne : bonam) sociorumque domus observandam (BNF, lat. 7422, fol. 35v).
pour les procureurs mineurs du collège 57. Le volume faisait sans doute
encore partie des archives du collège, lorsque le bureau du triage des titres
le confia le 22 février 1798 (4 ventôse an VI) au conservateur des manuscrits
de la Bibliothèque nationale58. Il reste que, dans un cas comme dans l’autre,
ces deux manuscrits ne renferment que des copies partielles et remaniées du
texte transcrit dans le Liber prioris. Le lat. 7422 offre une version différente
de la 1re partie des statuts primitifs, à laquelle le scribe a joint une copie de
l’ordonnance de juin 1293 sur la surveillance et la bonne tenue du personnel
domestique. Quant au lat. 10983, il ne contient que les 2e et 3e parties de ces
mêmes statuts, complétées par des extraits des ordonnances de juin 1293 et
juin 129759. Mais, quel que soit l’usage effectif de ces deux manuscrits, ils ne
peuvent expliquer à eux seuls la diffusion des règlements de la Sorbonne, dont
on trouve des mentions explicites dans les statuts d’autres collèges parisiens.
Entre le xive et le xve siècle, on connaît en effet au moins sept textes sta-
tutaires faisant explicitement référence à la Sorbonne. Il s’agit des statuts
des collèges d’Harcourt (1311), de Bayeux (1315), de Tours (1339), de Justice
(1358), de Maître Gervais (1378), des Lombards (av. 1392) et de Sées (1428).
Les règlements des collèges d’Harcourt, de Justice, de Maître Gervais et des
Lombards renvoient aux dispositions de la pars secunda des statuts primitifs
qui prescrivent une collecte auprès des sociétaires pour les dépenses com-
munes60. Quant aux collèges de Bayeux, de Tours et de Sées, ils évoquent la
Sorbonne comme un modèle statutaire auquel on pourrait se référer en cas
d’ambiguïté ou de silence des statuts61. On peut d’ores et déjà remarquer
que les statuts d’Harcourt, de Justice, de Maître Gervais et des Lombards
mentionnent la Sorbonne seule, alors que les autres l’associent au collège
d’Harcourt62. Surtout, ces références semblent souvent indirectes. En ce qui
concerne les collectae, les statuts des collèges de Justice, de Maître Gervais et
57. BNF, lat. 10983, fol. 9-20v. La destination du volume est révélée par son colophon : Iste libel-
lus est ad usum parvorum procuratorum collegii de Sorbona (ibid., fol. 21v).
58. BNF, département des Manuscrits, Arch. modernes 4921, fol. 23. La portion de la liste où
figure ce volume a pour titre « Augustins déchaussés », ce qui laisserait entendre qu’il serait
issu de la bibliothèque des Petits-Pères de Notre-Dame-des-Victoires. Mais ce couvent, désaf-
fecté depuis 1791, aurait tout aussi bien pu servir de dépôt pour des saisies provenant d’autres
établissements parisiens. Cette liste mentionne d’ailleurs une seconde copie des statuts de la
Sorbonne (fol. 22v), dont la description correspond à celle du manuscrit lat. 9961, qui avait
lui-même appartenu aux archives du collège (voir supra, n. 48).
59. Les statuts de la Sorbonne doivent faire l’objet d’une réédition complète dans le cadre du
Gabriel Project (voir infra, n. 105).
60. Annexe, no 1, 4, 5 (cap. XVII), 6.
61. Annexe, no 2, 3, 7.
62. Annexe, no 2, 3, 5 (cap. XII), 7.
des Lombards citent presque mot pour mot ceux du collège d’Harcourt. Il en
va de même pour les statuts du collège de Tours, qui reprennent ceux du col-
lège de Bayeux63. En fait, il s’agit moins d’une citation directe des statuts de
la Sorbonne que d’une chaîne de références à l’intérieur de la règlementation
collégiale parisienne64. Dans le cas présent, une logique régionale semble en
plus présider à ces citations. Les collèges de Bayeux, Justice, Maître Gervais et
Sées ont en effet été fondés par des prélats normands et, plus que l’autorité
de la Sorbonne, c’est celle du collège d’Harcourt, siège de la nation normande
de l’université de Paris, qui est ici invoquée. On le voit clairement avec les sta-
tuts du collège de Sées, qui évoquent non seulement la Sorbonne, mais aussi
deux autres fondations normandes : les collèges d’Harcourt et de Bayeux. Il
convient donc d’interpréter ces mentions explicites avec beaucoup de pru-
dence, même s’il est probable que la Sorbonne ait inspiré directement ou
indirectement nombre d’établissements parisiens. Pour autant, son influence
généralement supposée n’est pas toujours univoque, comme on peut le voir à
travers quelques exemples.
À l’instar de Robert de Sorbon, plusieurs fondateurs de collèges ont limité
au maximum les occasions données aux boursiers de manger à part. En effet,
les premiers statuts de la Sorbonne encadraient strictement les repas pris
en chambre : ils devaient être exceptionnels, ne pas nuire à la communauté,
être soumis au contrôle du prieur et ne pas perturber les études, même si des
dérogations étaient prévues pour les hôtes de marque et les boursiers malades
ou convalescents65. On trouve les mêmes dispositions dans les statuts des
collèges d’Harcourt (1311), de Bayeux (1315), de Navarre (1316) et de Laon
(1327)66. Quant à ceux du collège d’Autun (1341), ils prévoyaient encore des
sanctions pour les boursiers qui mangeaient en chambre ou en ville, ou qui
arrivaient à table après les grâces67. Mais force est de constater que, dans ce
domaine, les collèges séculiers s’inspiraient surtout de la pratique monas-
tique, représentée à l’Université par les collèges réguliers. Ainsi, dans nombre
d’établissements, les boursiers devaient manger en silence, pendant que l’un
d’eux était désigné chaque semaine pour lire la Bible, comme le prescrivait
68. Si le silence à table et le lecteur de semaine figurent dans les statuts de la Sorbonne
(P. Glorieux, Aux origines, op. cit., I, p. 196, no 1, p. 198, no 2), on rencontre aussi de tels lec-
teurs aux collèges du Cardinal Lemoine (M. Félibien et G.-A. Lobineau, Histoire de la ville de
Paris, op. cit., V, p. 610), d’Harcourt (H.-L. Bouquet, L’ancien collège d’Harcourt, op. cit., p. 582),
d’Autun (D. Sanderlin, The Mediaeval Statutes, op. cit., p. 54), de l’Ave Maria (A. L. Gabriel,
Student Life in Ave Maria College, Mediaeval Paris. History and Chartulary of the College, Notre Dame
(Ind.), 1955, p. 329), de Boncourt (M. Félibien et G.-A. Lobineau, Histoire de la ville de
Paris, op. cit., III, p. 442), de Boissy (P. Féret, La faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus
célèbres. Moyen Âge, Paris, 1894-1897, III, p. 617), de Dormans-Beauvais (T. Kouamé, Le collège de
Dormans-Beauvais à la fin du Moyen Âge. Stratégies politiques et parcours individuels à l’université de Paris
(1370-1458), Leyde-Boston, 2005, p. 619) et des Lombards (annexe, no 6).
69. P. Glorieux, Aux origines, op. cit., I, p. 197-201, no 2.
70. On pense aux charges hebdomadaires que se répartissaient les moines : hebdomadier de
l’office, chantre de semaine ou semainier de la cuisine (G. Le Bras, dir., Histoire du droit et des
institutions de l’Église en Occident, X, J. Hourlier, L’âge classique, 1140-1378. Les religieux, Paris,
1971, p. 335).
71. Les procureurs mineurs devaient faire l’inventaire écrit de la vaisselle et des ustensiles
qu’ils recevaient de leurs prédécesseurs, afin de les restituer intégralement à leurs successeurs
(P. Glorieux, Aux origines, op. cit., I, p. 198, no 2). Les statuts du collège d’Autun (1341) préci-
saient que le maître devait réaliser son inventaire devant une personne publique, dans les six
jours suivant son investiture (D. Sanderlin, The Mediaeval Statutes, op. cit., p. 52-53). Quant à
ceux de l’Ave Maria (1346), ils exigeaient non seulement que le chapelain fasse un inventaire
détaillé du mobilier à son entrée et à sa sortie de charge, mais imposaient en plus une ostensio
hebdomadaire des livres du collège (A. L. Gabriel, Student Life, op. cit., p. 331, 359).
72. M. Félibien et G.-A. Lobineau, Histoire de la ville de Paris, op. cit., V, p. 609.
73. H.-L. Bouquet, L’ancien collège d’Harcourt, op. cit., p. 588 ; C. Fabris, Étudier et vivre à Paris,
op. cit., p. 316 ; D. Sanderlin, The Mediaeval Statutes, op. cit., p. 48 ; T. Kouamé, Le collège de
Dormans-Beauvais, op. cit., p. 616-617.
74. P. Glorieux, Aux origines, op. cit., I, p. 207, no 10, p. 211-212, no 17. Voir supra, n. 36.
75. Conc. Vienne (1311-1312), c. 17 (G. Alberigo et al., Les conciles œcuméniques, Paris, 1994,
II1, p. 774-778), inséré dans Clem., 3, 11, 2 (Corpus Juris Canonici, E. Friedberg, éd., Leipzig,
1879, II, col. 1170-1171).
76. J. Imbert, Les hôpitaux en droit canonique (du décret de Gratien à la sécularisation de l’administration
de l’Hôtel-Dieu de Paris en 1505), Paris, 1947, p. 246-247, 255.
77. Cette disposition figure dans les statuts de 1316 (J. de Launoy, Regii Navarrae gymnasii,
op. cit., p. 25).
78. Le prieur et le procureur majeur des théologiens recevaient 20 deniers parisis de plus par
semaine, le principal et le procureur majeur des artiens 12 deniers, le procureur mineur des
théologiens 10 deniers et le procureur mineur des artiens 6 deniers (H.-L. Bouquet, L’ancien
collège d’Harcourt, op. cit., p. 588-589).
79. M. Félibien et G.-A. Lobineau, Histoire de la ville de Paris, op. cit., V, p. 638.
80. D. Sanderlin, The Mediaeval Statutes, op. cit., p. 49.
81. C’était encore le cas au collège de Dormans-Beauvais (1370), où la bourse hebdomadaire
du maître s’élevait à 8 sous parisis, alors que celle du simple boursier était fixée à 4 sous
(T. Kouamé, Le collège de Dormans-Beauvais, op. cit., p. 58).
82. Les statuts de 1316 avaient toutefois prévu des quotas de recrutement par province :
15 boursiers devaient être originaires de Champagne, 12 du reste de la province de Sens, 10 du
reste de la partie française de la province de Reims, 10 de la province de Rouen, 11 de la pro-
vince de Tours, 6 de la province de Bourges, 4 de la partie française de la province de Lyon et 2
de la province de Narbonne (N. Gorochov, Le collège de Navarre de sa fondation (1305) au début du
xve siècle (1418). Histoire de l’institution, de sa vie intellectuelle et de son recrutement, Paris, 1997, p. 156).
83. M. Félibien et G.-A. Lobineau, Histoire de la ville de Paris, op. cit., III, p. 441.
84. Comme on peut le voir dans les chartes de fondation du collège Mignon (P. Guyard, « La
fondation du collège Mignon », BEC, 151, 1993, p. 275-288, ici p. 286) et du collège de Boissy
(C. Égasse du Boulay, Historia Universitatis Parisiensis, Paris, 1665-1673, IV, p. 354).
85. Les comparaisons sont d’autant plus délicates que les auteurs n’adoptent pas toujours
la même unité de mesure (chambres, sociétaires, boursiers), si tant est qu’elle soit explicite.
Ainsi, le nombre de chambres serait passé de 25 à 36, selon O. Gréard (Nos adieux à la vieille
Sorbonne, Paris, 1893, p. 30), tandis que le nombre de boursiers aurait oscillé entre 16 et 36,
selon P. Glorieux (Aux origines, op. cit., I, p. 95).
86. W. J. Courtenay, Parisian Scholars in the Early Fourteenth Century. A Social Portrait, Cambridge,
1999, p. 221. Ce document avait déjà été indiqué par P. Glorieux, Aux origines, op. cit., I, p. 95,
n. 11.
87. Il s’agit ici des effectifs statutaires, sauf pour le collège de Navarre dont le nombre de bour-
siers est confirmé par le computus de 1329-1330 (W. J. Courtenay, Parisian Scholars, op. cit.,
p. 230). Pour les effectifs des collèges parisiens, voir le tableau récapitulatif de J.-P. Babelon,
Nouvelle histoire de Paris. Paris au xvie siècle, Paris, 1986, p. 519-522.
88. On sait qu’au moins huit établissements parisiens ont envoyé des rotuli aux papes : en
dehors de la Sorbonne (1343 et 1378), il s’agit des collèges du Trésorier (1342, 1364 et 1365),
des Cholets (1364, 1387 et 1394), d’Harcourt (1365), de Navarre (1394), de Tréguier (1395), de
Laon (1403) et de Dormans-Beauvais (1403). Les rotuli datés de 1342 à 1387 ont été édités par
W. J. Courtenay et E. D. Goddard, Rotuli Parisienses. Supplications to the Pope from the University
of Paris, Leyde-Boston, 2002-2013, I, p. 175-176, 191-199 ; II, p. 260-270 ; III, p. 31-36, 725-733.
Ceux de 1394 à 1403 ont été indiqués par J. Verger, Les registres des suppliques comme source de
l’histoire des universités. Introduction et essai d’inventaire pour la période du Grand Schisme (1378-1417),
mémoire de l’EFR, Rome, 1972, p. 118.
89. T. Sullivan, Parisian Licentiates in Theology, A.D. 1373-1500. A Biographical Register, Leyde-
Boston, 2004-2011, II, p. 9-44.
90. Les trois majors restants venaient des collèges du Cardinal Lemoine, de Maître Gervais et
du Trésorier.
91. T. Sullivan, Parisian Licentiates, op. cit., II, p. 558-560. Ces effectifs peuvent toutefois être
révisés à la marge, car les listes de Thomas Sullivan comprennent parfois des affiliations à deux
collèges ou des affiliations postérieures à l’obtention de la licence.
92. Id., « Merit Ranking and Career Patterns: The Parisian Faculty of Theology in the Late Middle
Ages », dans Universities and Schooling in Medieval Society, W. J. Courtenay et J. Miethke, éd.,
Leyde, 2000, p. 127-163, ici p. 143.
93. Pour compléter ce tableau, il faudrait dresser la liste des procureurs, doyens et recteurs issus
des différents collèges parisiens, mais ce travail prosopographique n’a pas encore été réalisé.
94. C. Angotti, « Bonum commune divinius est quam bonum unius. Le collège de la Sorbonne et
sa bibliothèque, place et rôle dans l’université de Paris au xive siècle », dans Die universitären
Kollegien im Europa des Mittelalters und der Renaissance/Les collèges universitaires en Europe au Moyen Âge
et à la Renaissance, A. Sohn et J. Verger, éd., Bochum, 2011, p. 91-105.
95. Il s’agissait des collèges du Cardinal Lemoine (M. Félibien et G.-A. Lobineau, Histoire de
la ville de Paris, op. cit., V, p. 609), de Navarre, de Presles, de Bourgogne, de Dormans-Beauvais
et de Maître Gervais (S. Lusignan, « L’enseignement des arts dans les collèges parisiens au
Moyen Âge », dans L’enseignement des disciplines à la faculté des arts (Paris et Oxford, xiiie-xve siècles),
O. Weijers et L. Holtz, éd., Turnhout, 1997, p. 43-54, ici p. 53-54).
96. T. Kouamé, Le collège de Dormans-Beauvais, op. cit., p. 88.
97. J. de Launoy, Regii Navarrae gymnasii, op. cit., p. 159-160. Pierre du Parroy était par ailleurs
possesseur de plusieurs manuscrits qu’il légua aux théologiens du collège de Navarre (BNF,
lat. 16944 et 17975, nouv. acq. lat. 787 ; bibl. de l’Arsenal, mss 145 et 257 ; bibl. Mazarine,
ms. 89, 985, 1713 et 1717). Sa signature figure aussi sur des manuscrits provenant de l’abbaye
de Haute-Fontaine dans la Marne (bibl. Sainte-Geneviève, mss 49, 50, 51, 52, 53, 220 et 221).
Nous remercions Donatella Nebbiai pour tous ces renseignements.
103. Il assiste aux disputationes de la Sorbonne entre l’été 1485 et le début de l’année 1486, ce qui
lui vaut plus tard d’être défendu par les théologiens de la Sorbonne, qui le considéraient comme
l’un des leurs (J. Pic de la Mirandole, Œuvres philosophiques, O. Boulnois et G. Tognon,
éd. et trad., 3e éd., Paris, 2004, p. xxix).
104. In quibus recitandis, non Romanae linguae nitorem, sed celebratissimorum Parisiensium disputatorum
dicendi genus est imitatus, propterea quod eo nostri temporis philosophi plerique omnes utuntur (J. Pic de
la Mirandole, 900 conclusions philosophiques, cabalistiques et théologiques, B. Schefer, éd. et
trad., Paris, 1999, p. 18). Nous avons légèrement modifié la traduction de Bertrand Schefer.
105. L’édition scientifique des statuts médiévaux de l’ensemble des collèges parisiens fait l’ob-
jet d’un projet collectif, mené en collaboration avec l’université de Notre Dame (Indiana). Sur ce
Gabriel Project, voir T. Kouamé, « L’édition des sources médiévales des collèges parisiens. Bilan
et perspectives », dans Die universitären Kollegien, op. cit., p. 39-55, ici p. 44-45.
ne peut les considérer comme les seuls inspirateurs d’une mutation culturelle
qui s’est accomplie entre le milieu du xiiie siècle et le milieu du xive siècle.
L’examen des sources normatives montre que la Sorbonne constituait une
sorte d’intermédiaire entre le modèle traditionnel du collège séculier, dont
le fonctionnement reposait avant tout sur la coutume, et un nouveau modèle
de fondation, symbolisé par la promulgation de chartes de statuts. Le déve-
loppement de cette législation collégiale explique sûrement qu’à partir du
début du xive siècle, les sorbonistes aient à leur tour décidé d’enregistrer
leur propre règlementation dans un Liber prioris. Enfin, bien qu’elle fût l’un
des plus anciens collèges de théologiens de Paris, la Sorbonne n’en était pas
moins soumise à la concurrence des autres grandes maisons du Quartier
latin, comme en témoignent, au xve siècle, les performances bien supérieures
des boursiers du collège de Navarre à la licence en théologie. Loin de la relec-
ture téléologique lui attribuant, dès l’origine, une domination incontestée sur
l’université de Paris, l’établissement n’a donc pas constitué le modèle exclu-
sif des institutions séculières à la fin du Moyen Âge, le collège d’Harcourt
exerçant, par exemple, une influence notable sur les statuts des fondations
normandes. Le seul domaine dans lequel la Sorbonne se soit finalement dis-
tinguée est la place unique de sa bibliothèque dans le système universitaire
parisien. Dans la première moitié du xive siècle, les autorités du collège en
firent un instrument au service de l’ensemble de l’Université et s’appuyèrent
sur cette notoriété pour engager la transformation de leur maison en une
véritable école théologique, à l’instar des studia mendiants. Cette mutation
profonde, qui préfigure la naissance du collège moderne, est sans nul doute la
plus importante contribution de la Sorbonne médiévale à l’histoire de l’éduca-
tion occidentale et l’une des plus belles manifestations du rôle fondamental
de sa bibliothèque.
Thierry Kouamé
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
LAMOP (UMR 8589)
ANNEXE
sicut est in Sorbona similiter consuetum, et etiam pro locagio famulorum, et istam colliget
principalis et tradet procuratori, et tenebitur quolibet solvere infra octo dies, postquam
inter socios fuerit ordinatum, sub poena substractionis bursarum [cf. supra, no 1]110.
110. Arch. nat., M 137, no 8B. Les rédacteurs des statuts du collège de Justice ont fusionné les
art. LXXVIII et LXXIX de leur modèle.
111. P. Féret, La faculté de théologie, op. cit., III, p. 649 et 654. Les titres de chapitres sont emprun-
tés à l’édition de P. de Longuemare, « Le collège de Maître Gervais Chrétien à Paris », Bulletin
de la Société des antiquaires de Normandie, 31, 1916, p. 182-329, ici p. 300 et 311.
112. R. Manno Tolu, Scolari italiani nello Studio di Parigi. Il « Collège des Lombards » dal xiv al xvi
secolo ed i suoi ospiti pistoiesi, Rome, 1989, p. 137.
Item primo statuimus quod in mensa, tempore quo comedunt socii, sit
unus lector cujus officium sit tale videlicet quod juret legere et legat de Biblia
a principio mensae, quando socii incipiunt comedere et in fine mensae gra-
tiae dicantur, prout est in aliis locis fieri consuetum et maxime in Sorbona,
nisi per priorem sibi tempus fuerit abbreviatum, cui priori domus potestatem
abbreviandi tempus lectori non tamen totaliter dispensandi113.
Des bibliothèques
des maîtres séculiers
aux bibliothèques des collèges
«
I l serait difficile de dire si tous ces volumes ont jamais été réunis ailleurs
que dans l’imagination de Richard de Fournival », estime Léopold Delisle
en introduction à son édition de la Biblionomia parue en 1874 dans Le cabinet
des manuscrits de la Bibliothèque nationale1. S’agit-il « d’une bibliothèque réelle
ou d’une bibliothèque idéale » ? Si Delisle ne tranche pas entre les deux
pôles de cette alternative, il offre un premier élément de réponse en notant
quelques années plus tard dans ses « Additions et corrections », à propos de
l’« article 66 de la Biblionomie », que celui-ci « répond bien au ms. latin 16613
de la Bibliothèque nationale, lequel est venu de la Sorbonne2 ».
C’est grâce à la bibliothèque du collège de Sorbonne que nous pouvons
savoir que la Biblionomia décrit bien une « bibliothèque réelle » et non une
simple bibliothèque imaginaire. Elle en conserve en effet de nombreuses
traces, à travers les notices des deux catalogues rédigés dans la première moitié
du xive siècle ou les manuscrits qui nous en sont parvenus. Gérard d’Abbeville
n’aurait jamais pu léguer 300 manuscrits au collège créé vers 1257 par Robert
de Sorbon, et la bibliothèque de cette institution n’aurait pas été aussi bien
fournie à la suite de la mort de Gérard d’Abbeville, en 1272, si la bibliothèque
de Richard de Fournival n’avait été qu’un idéal. On semble pourtant encore
en douter. Nous commencerons donc par revenir sur cette question en souli-
gnant que la Biblionomia est à la fois une cartographie idéale du savoir, total et
ordonné, et le catalogue d’une bibliothèque bien réelle (serait-elle encore en
partie incomplète et en devenir). Nous nous appuierons principalement sur
la bibliothèque du collège de Sorbonne afin de voir ce qu’elle peut nous en
dire, ce qu’elle en a retenu, ce qu’elle semble avoir négligé ou ce qui n’a jamais
1. L. Delisle, éd., « La Biblionomie de Richard de Fournival », dans Le Cabinet des manuscrits de la
Bibliothèque nationale, t. II, Paris, 1874, p. 518-535 (cit. p. 520).
2. Id., « Additions et corrections », dans Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale,
op. cit., t. III, Paris, 1881, p. 387.
Les livres des maîtres de Sorbonne, sous la direction de Claire Angotti, Gilbert Fournier et Donatella Nebbiai,
Paris, Publications de la Sorbonne, 2017
9. M. l’abbé Roze, « Nécrologe de l’Église d’Amiens suivi des distributions aux fêtes », Mémoires
de la Société des Antiquaires de Picardie, 8, 1885, p. 291-503 (en part. p. 321).
10. Sur le rôle mémoriel des ex-libris dont sont pourvus les manuscrits du collège de Sorbonne
et le rôle fondateur qu’on peut attribuer pour cela aux manuscrits léguées par Gérard d’Abbe-
ville, voir G. Fournier, « Les conditions d’une réussite : le livre et la memoria au collège de
Sorbonne (xiiie-xve siècle) », dans Scriptoria e bibliotheche nel basso medioevo medioevo (secoli xii-xv).
Atti del LI Convegno storico internazionale, Spoleto, 2015, p. 475-504 (en part. p. 483-493).
11. A. Birkenmajer, « La bibliothèque de Richard de Fournival », art. cité, p. 121.
12. P. Glorieux, « Études sur la Biblionomia de Richard de Fournival », Recherches de théologie
ancienne et médiévale, 30, 1963, p. 205-231 (qui ajoute 4 nouveaux manuscrits à ceux qu’avait
identifiés A. Birkenmajer).
13. B. L. Ullman, « Petrarch’s Acquaintance with Catullus, Tibullus, Propertius », dans Studies
in Italian Renaissance, op. cit., p. 177-196 ; Id., « Geometry in the Mediaeval Quadrivium », dans
Studi de bibliografia e di storia in onore di Tammaro de Marinis, t. IV, Florence, 1964, p. 263-285.
14. R. H. Rouse, « Manuscripts Belonging to Richard de Fournival », art. cité. Ce dernier a
identifié de nouveaux manuscrits de Richard de Fournival dans différentes études ultérieures,
en particulier « The A Text of Seneca’s Tragedies in the Thirteenth Century », Revue d’histoire des
textes, 1, 1971, p. 93-121 ; « The Florilegium Angelicum : Its Origin, Content, and Influence », dans
Medieval Learning and Literature. Essays presented to R. W. Hunt, J. G. Alexander et M. T. Gibson,
éd., Oxford, 1976, p. 66-114 [repris dans Authentic Witnesses, op. cit., p. 101-152] ; « Florilegia
and Latin Classical Authors in Twelfth- and Thirteenth-Century Orléans », dans Authentic
Witnesses, op. cit., p. 153-188 (en part. p. 162, n. 31) ; et avec M. A. Rouse, « The Medieval
Circulation of Cicero’s Posterior Academics and the De finibus bonorum et malorum », dans Medieval
Scribes, Manuscripts and Libraries: Essays Presented to N. R. Ker, M. B. Parkes et A. G. Watson, éd.,
Londres, 1978, p. 333-367 [repris dans Authentic Witnesses, op. cit., p. 61-98].
15. S. Scott-Fleming, Pen Flourishing in Thirteenth-Century Manuscripts, Leyde, 1989, en part.
p. 11-12, 30, 34-36, 39-42, 44-49, 51-54, 57-58 et 79-83.
16. F. Avril et P. Stirnemann, Les manuscrits enluminés d’origine insulaire. viie-xxe siècle, Paris,
1987, p. 69-71, no 111, 112 et 113, et pl. XXXVI ; P. Stirnemann, « Les bibliothèques princières
et privées aux xiie et xiiie siècles », dans Histoire des bibliothèques françaises, t. I, André Vernet,
éd., Paris, 1989, p. 173-191 (en part. p. 181-184 et 190, n. 54-61) ; et plus récemment Ead.,
« Private Libraries Privately Made », dans Medieval Manuscripts, their Makers and Users. A Special Issue
of Viator in Honor of Richard and Mary Rouse, Turnhout, 2011, p. 185-198.
17. T. Haye, « Canon ou catalogue ? », art. cité, p. 224.
maître dans les années 1222-122323. Tandis que Robert de Sorbon entra par la
suite à la faculté de théologie, Richard entreprit vraisemblablement des études
de médecine, suivant ainsi la voie de son père, Roger de Fournival, médecin
auprès de Philippe Auguste (1180-1223). Il exerça aussi la chirurgie et put s’y
consacrer aussi longtemps qu’il n’était pas diacre. Il fut à la fois chanoine de
la cathédrale Notre-Dame de Rouen et chanoine de la cathédrale Notre-Dame
d’Amiens24, cumulant les prébendes qui, ajoutées aux honoraires que devait
lui rapporter son activité de médecin et de chirurgien, ont dû lui fournir une
partie des revenus nécessaires à la fabrication des nombreux manuscrits de
sa bibliothèque. En 1240, après un séjour à la cour papale et avec le soutien
de Grégoire IX (1227-1241), il devint chancelier de la cathédrale d’Amiens (où
son demi-frère, Arnoul de la Pierre († 1247), était évêque depuis 1236). À ce
titre, il était chargé non seulement d’assurer la rédaction et la conservation
des archives du diocèse, mais aussi de superviser l’école cathédrale et la for-
mation des clercs (bien que le chancelier de la cathédrale d’Amiens fût relayé
dans cette activité par la création en 1218 de la fonction d’écolâtre). C’est
vraisemblablement à partir de cette date que Richard décida de réunir ou de
faire copier les manuscrits que décrit la Biblionomia afin de les mettre à la dis-
position des étudiants de sa ville et de leur offrir ainsi une sorte d’université
qui puisse rivaliser avec celle qui faisait le prestige de Paris et leur permettre
d’acquérir les principales connaissances constitutives du savoir médiéval25.
Composée vers 1250, la Biblionomia est la « clé » de ce jardin. Comme l’in-
dique son nom, elle en détient la règle (nomos), soit le principe organisateur
sans lequel ce lieu resterait fermé et voué à la confusion. C’est grâce à cette clé
que nous pouvons encore aujourd’hui pénétrer dans cet hortulus, alors même
qu’il a désormais disparu, et y découvrir non seulement la manière dont le
savoir y est organisé et la liste des œuvres représentant chaque discipline,
mais aussi la première trace des manuscrits qui s’y trouvaient disposés. Ce
catalogue n’est donc pas un simple inventaire, contrairement à la plupart des
23. Id., La faculté des arts et ses maîtres au xiiie siècle, Paris, 1971, no 387, p. 315-317 ; O. Weijers et
M. B. Calma, Le travail intellectuel à la faculté des arts de Paris : textes et maîtres (ca 1200-1500), t. VIII,
Turnhout, 2010, p. 10-11.
24. P. Desportes et H. Millet, Diocèse d’Amiens, Fasti Ecclesiae Gallicanae. Répertoire prosopogra-
phique des évêques, dignitaires et chanoines de France de 1200 à 1500, t. I, Turnhout, 1996, no 447,
p. 199 ; V. Tabbagh, Diocèse de Rouen, Fasti Ecclesiae Gallicanae, t. II, Turnhout, 1998, no 4133,
p. 342.
25. Comme le souligne A. Birkenmajer, « La bibliothèque de Richard de Fournival », art.
cité, p. 122.
26. J. de Ghellinck, « En marge des catalogues des bibliothèques médiévales », dans
Miscellanea Francesco Ehrle. Scritti di storia e paleografia, t. V, Rome, 1924, p. 331-363 ; J. S. Beddie,
« Libraries in the Twelfth Century : Their Catalogues and Contents », dans Anniversary Essays
in Mediaeval History by students of Charles Homer Haskins, Boston-New York, 1929, p. 1-24 ;
D. M. Norris, A History of Cataloguing and Cataloguing Methods, 1100-1850 : With an Introductory
Survey of Ancient Times, Londres, 1939 ; A. Derolez, Les catalogues de bibliothèques, Turnhout,
1979 ; A. Besson, Medieval Classification and Cataloguing. Classifications Practices and Cataloguing
Methods in France from the 12th. to the 15th. Centuries, Biggleswede (UK), 1980 ; B. Munk Olsen,
« Le biblioteche del XII secolo negli inventari dell’epoca », dans Le Biblioteche nel mondo antico e
medievale, G. Cavallo, éd., Rome-Bari, 1988, p. 137-162 ; D. Nebbiai Dalla Guarda, « Les
inventaires des bibliothèques médiévales », dans Le livre au Moyen Âge, Jean Glénisson, éd.,
Paris, 1988, p. 88-91 ; Ead., « Classifications et classements », dans Histoire des bibliothèques
françaises, op. cit., t. I, p. 373-393 ; B. M. Russell, « Hidden Wisdom and Unseen Treasure:
Revisiting Cataloguing in Medieval Libraries », Cataloguing and Classification Quarterly, 26, 1998,
p. 21-30 ; D. Nebbiai Dalla Guarda, Le discours des livres. Bibliothèques et manuscrits en Europe.
ixe-xve siècle, Rennes, 2013.
27. Que l’on peut rapprocher bien sûr des différents classements du savoir qu’on trouve alors :
voir J. Mariétan, Problème de la classification des sciences d’Aristote à saint Thomas, Paris, 1901 ;
J. A. Weisheipl, « The Classication of the Sciences in Medieval Thought », Mediaeval Studies,
27, 1965, p. 54-90 ; Id., « The Nature, Scope, and Classification of the Sciences », dans Science
in the Middle Ages, Science in the Middle Ages, D. C. Lindberg, éd., Chicago, 1978, p. 461-82 ;
R. McKeon, « The Organization of Sciences and the Relations of Cultures in the Twelfth
and Thirteenth Century », dans The Cultural Context of Medieval Learning, J. E. Murdoch et
E. D. Sylla, éd., Dordrecht-Boston, 1975, p. 151-92 ; G. Dahan, « Les classifications du savoir
aux xiie et xiiie siècles », L’enseignement philosophique, 40/4, 1990, p. 5-27.
28. En renvoyant notamment, pour plus de détails, à mon étude déjà citée : « La Biblionomia de
Richard de Fournival : un programme d’enseignement par le livre. Le cas du trivium ».
30. Voir à ce sujet E. Seidler, « Die Medizin in der Biblionomia des Richard de Fournival »,
Sudhoffs Archiv, 51, 1967, p. 44-54.
31. Voir infra n. 44.
32. P. O. Lewry, « Tirteenth-Century Examination Compendia from the Faculty of Arts », dans
Les genres littéraires dans les sources théologiques et philosophiques médiévales. Définition, critique et exploi-
tation, Louvain-la-Neuve, 1982, p. 101-116 ; C. Lafleur et J. Carrier, « La réglementation
“curriculaire” (de forma) dans les introductions à la philosophie et les guides de l’étudiant de la
faculté des arts de Paris : une mise en contexte », suivi d’un « Post-scriptum aux de forma didas-
caliques », dans L’enseignement de la philosophie au xiiie siècle. Autour du « Guide de l’étudiant »
du ms. Ripoll 109, C. Lafleur et J. Carrier, éd., Turnhout, 1997, p. 521-559 ; C. Lafleur,
« Transformations et permanences dans le programme des études à la faculté des arts de
l’université de Paris au xiiie siècle : Le témoignage des “introductions à la philosophie” et des
“guides de l’étudiant” », Laval théologique et philosophique, 54, 1998, p. 387-410 ; C. Lafleur et
J. Carrier, « L’enseignement philosophique à la faculté des arts de l’université de Paris en
la première moitié du xiiie siècle dans le miroir des textes didascaliques », Laval théologique et
philosophique, 60, 2004, p. 409-448.
33. R. H. Rouse, « Statim invenire: Schools, Preachers, and New Attitudes to the Page », dans
The Renaissance of the Twelfth Century, R. L. Benson et G. Constable, éd., Cambridge (Mass.),
1982, p. 201-225 [repris dans Authentic Witnesses, op. cit., p. 191-219] ; Mise en page et mise en texte
du livre manuscrit, H.-J. Martin et J. Vézin, éd., Paris, 1990.
34. « Sapiencia abscondita et thesaurus invisus, que utilitas in utrisque ? » [Eccles. XX, 32] – Absconditur
autem sapientia non solum in cordibus sapientum, qui de accepto sapientie talento aliis prodesse non curant,
sed absconditur etiam multiplex sapientia et scientia in codicibus antiquorum doctorum, qui non solum homi-
nibus sui temporis sed et insuper futuris sue doctrine rivulos ob majus consequendum premium conati sunt
scribendo multis laboribus et vigiliis impertiri ; quorum quidem libri licet apud multos et a multis in suis
bibliothecis habentur, attamen, vel propter multitudinem voluminum, vel propter multorum librorum in uno
sepe volumine contentorum, vel etiam ob defectum tituli librorum, ab habentibus ignorantur ; quos tamen, vel
aliquos illorum, si se habere noscerent et ubi, ardentius in eis studerent et memorie diligentius commendarent
(L. Delisle, éd., « Bibliothèque de la Sorbonne – xiiie et xive siècle », op. cit., p. 79).
35. On peut penser que le texte de la Biblionomia a accompagné les manuscrits de Richard de
Fournival lorsqu’ils sont entrés au collège de Sorbonne et qu’il a pu jouer un rôle aussi bien sur
les directives que Gérard d’Abbeville a laissées dans son testament à propos du soin qu’il faut
accorder à ses livres, sur la rédaction de différents inventaires à partir de 1274, sur l’organisa-
tion du répertoire de la libraria communis et sur celle du catalogue de la parva libraria et, enfin,
sur les propos de Jean en tête du répertoire. On pourrait même se demander si le manuscrit
actuel de la Biblionomia n’a pas été copié au sein même du collège de Sorbonne dans le cadre
des entreprises de réorganisation et de catalogage qui ont suivi le règlement édicté en 1321 en
vue d’une « meilleure conservation des livres » (voir P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne,
op. cit., t. I, no 22, p. 214-215), contribuant ainsi à la « dimension mémorielle » de ce travail d’in-
ventaire dont G. Fournier a souligné l’importance (Une « bibliothèque vivante », op. cit., p. 33-86,
« Listes, énumération, inventaires… », art. cité, en part. p. 185, n. 143, et « Les conditions d’une
réussite : le livre et la memoria au collège de Sorbonne (xiiie-xve siècle) », art. cité). La biblio-
thèque de Richard de Fournival et son catalogue se situeraient non seulement à l’origine de la
bibliothèque du collège de Sorbonne et de ses catalogues (du moins en partie), mais seraient
aussi (toujours en partie) le produit de sa mémoire. Il faudrait alors se demander, cependant,
comment ce manuscrit a fait pour entrer ensuite au collège des Cholets, où il se trouvait avant
d’entrer au xixe siècle dans la bibliothèque de la Sorbonne.
36. Quod ego Johannes, presentis collegii de Sorbona quondam inter ejus cetera membra unum de minimis
ac minus utile ad officia corporis exsequenda, in presenti domo videns accidere, et quod minus tolerabile erat
in libraria communi, in qua, licet multitudo librorum quasi de qualibet sciencia esset omnibus exposita ad
cas aujourd’hui, alors même qu’il ne s’agit plus de pénétrer dans la libraria
communis du collège de Sorbonne, mais d’identifier et d’analyser le contenu
des manuscrits qu’elle comprenait afin d’acquérir une meilleure connaissance
de cette institution. Ce répertoire et le catalogue général de 1338 permettent
du même coup de retrouver une partie des manuscrits de Richard dissimulés
dans l’une ou l’autre des deux composantes de la bibliothèque du collège de
Sorbonne à la suite du legs de Gérard d’Abbeville.
De même que la Biblionomia, le catalogue général et le répertoire de la
libraria communis sont divisés en plusieurs sections : 59 pour le premier et 52
pour le second. La grande majorité de ces sections concernent toutefois les
écrits bibliques et théologiques (44 pour chacun des deux catalogues). En ce
qui concerne les autres sections (consacrées aux arts libéraux, aux différents
aspects de la production philosophique, à la médecine et au droit), la réparti-
tion de leur contenu ne repose pas sur une organisation du savoir aussi précise
et élaborée que celle dont témoigne la Biblionomia. Chaque section regroupe
de plus un ensemble de manuscrits et de textes qui apparaissent sans ordre
véritable (sinon qu’ils semblent suivre l’ordre dans lequel les manuscrits sont
entrés au collège de Sorbonne). Certains textes sont d’ailleurs représentés en
plusieurs exemplaires (alors qu’on constate par ailleurs des manques surpre-
nants). Si ces deux catalogues doivent servir à trouver les textes ou les manus-
crits contenus à l’intérieur de cette double bibliothèque, ils en constituent
également un inventaire, alors que la Biblionomia ne répond pas vraiment à un
tel objectif. En tout cas, ils n’ont pas le même caractère programmatique que
le catalogue de Richard de Fournival.
Le catalogue général de 1338 comptabilise 1 722 volumes contenus dans
l’ensemble de la bibliothèque du collège de Sorbonne. Par rapport au catalogue
de 1290 (qui ne nous est pas parvenu), 289 semblent perdus ou manquer à
leur place (comme le précise parfois l’indication defficit) et ne font l’objet d’au-
cune description. 344 sont enchaînés au sein de la libraria communis (comme le
précise l’indication cathenatus ou defficit quia cathenatus) et peuvent se retrouver
studendum, difficile tamen quilibet invenire potuit quod querebat, huic difficultati vel defectui remedium
desiderans adhibere et viam ad inveniendum in dicta libraria cuilibet librum vel scienciam de qua quereret
cupiens si quoquo modo fieri posset commode preparare, non veritus utilitatem propriam communi utilitati
postponere, sciens quod bonum quanto communius tanto divinius, et quoniam quod michi laboro mecum
moritur, quod vero laboro aliis non moritur in eternum, aggressus sum solus modus meliore quem excogitare
poteram super multitudine librorum dicte librarie tabulam ordinare, in qua, ut reor, quilibet, si tamen pre-
sentis tabule sciverit processum, facile et cito poterit invenire de quacunque sciencia sibi studere placuerit, et
cujus modi vel cujus auctoris librum videre voluerit, dum tamen sit in presenti libraria, per proprium titulum
vel dicti libri principium, inspecta presenti tabula, sine longa inquisitione poterit reperire (L. Delisle, éd.,
« Bibliothèque de la Sorbonne – xiiie et xive siècle », op. cit., p. 79).
39. C’est le cas, par exemple, du no 11 de la section LI, Libri Tullii et Boecii, du catalogue général
(Rethorica Tullii. Incipit in 2o fol. “tum odii”, in pen. “in animatas”. Precium viii sol.), qui correspond
au ms. Leiden, Bibliotheek der Rijksuniversiteit, Vossianus, lat. Q. 103, et à la notice 27 de la
Biblionomia (Ejusdem liber priorum rhetoricorum, et item posteriorum ad Herennium, in uno volumine cujus
signum est littera C), du no 25 de cette même section (Tullius de accusacione. Incipit in 2o fol. “lega”, in
pen. “severitate”. Precium vi sol.), qui correspond au ms. Paris, BNF, lat. 6602 II, f. 48-124, et à la
notice 31 de la Biblionomia (Ejusdem accusatio in Antonium Philippensem, que sunt Invective Philippice
vel Antoniane. Item ejusdem accusatio in Catylinam, que sunt Invective Catylinarie Tulliane. In uno volu-
mine cujus signum est littera D). C’est aussi le cas du no 12 de la section LVI, Libri quadriviales, du
catalogue général (Tabula astronomie cum pluribus libris de judiciis astrorum. Incipit in 2o fol. “fuerit”, in
pen. “facies”. Precium lx sol.), qui correspond au ms. Paris, BNF, lat. 16208 et qui devait se trouver
parmi les « livres secrets » de la bibliothèque de Richard de Fournival.
40. C’est le cas, par exemple, du no 12 cité à la note précédente, ou du ms. P.f. de la libraria
communis, qui correspond au ms. Paris, BNF, lat. 16204, qui devait se trouver parmi les « livres
secrets » de la bibliothèque de Richard de Fournival et avoir transité par Gérard d’Abbeville.
41. C’est le cas, par exemple, du ms. P.f. de la libraria communis cité à la note précédente, qui
nous est parvenu, ou du ms. P.l. (Disputationes Tullii vel liber achademicorum ejusdem. “Non eram nes-
cius Brute” – Thymeus ejusdem de universitate. “Multa sunt a nobis et in achademis scripta”), qui ne nous
est pas parvenu mais qui correspond selon toute vraisemblance à la notice 75 de la Biblionomia
(Ejusdem liber Achademicarum disputationum, in quo ostendit quod genus phylozophizandi arbitrandum
sit minime et arrogans maximeque et constans et elegans. Item ejusdem liber de universalitate, qui vocatur
Thimeus Tullii. In uno volumine cujus signum est littera I).
quadriviales. Ce qui fait 137 des 423 manuscrits contenus dans ces différentes
sections, soit plus d’un quart.
Si l’on procède cette fois en suivant les sections retenues par la Biblionomia,
on peut repérer dans les deux catalogues de la bibliothèque du collège de
Sorbonne entre 3 et 9 manuscrits pouvant provenir avec plus ou moins de cer-
titude de la section de grammaire de la bibliothèque de Richard de Fournival
(sur 12, dont aucun n’a été conservé), entre 9 et 10 pouvant provenir de la
section de dialectique (sur 12, dont 3 ont été conservés), entre 6 et 7 pou-
vant provenir de la section de rhétorique (sur 12, dont 4 ont été conservés),
8 pouvant provenir de la section de géométrie (sur 8, dont 5 ont été conser-
vés), 4 pouvant provenir de la section d’arithmétique (sur 4, dont 2 ont été
conservés), 4 pouvant provenir de la section de musique (sur 4, dont 2 ont
été conservés), 7 pouvant provenir de la section d’astronomie (sur 8, dont 6
ont été conservés), entre 9 et 11 pouvant provenir de la section de physique
et de métaphysique (sur 12, dont 6 ont été conservés), entre 6 et 11 pouvant
provenir de la section d’éthique (sur 12, dont 5 ont été conservés), entre 5 et
21 pouvant provenir de la section de philosophie variée (sur 24, dont 4 à 10
ont été conservés), et entre 12 et 21 pouvant provenir de la section de poésie
(sur 24, dont 5 ou 6 ont été conservés). Sur les 132 manuscrits du compar-
timent de philosophie pourvus d’une description, entre 73 (au minimum)
et 113 ont laissé une trace dans les catalogues de la bibliothèque du collège
de Sorbonne, soit plus de la moitié. Enfin, plus de 30 manuscrits sur les 60
appartenant aux livres secrets ou aux recueils de grand format semblent pou-
voir être identifiés (dont une quinzaine ont été retrouvés).
Manifestement, les manuscrits de Richard de Fournival contenant des
ouvrages appartenant au quadrivium semblent avoir été nettement mieux
conservés que les autres et avoir contribué de manière particulièrement
significative à enrichir le fonds de la bibliothèque du collège de Sorbonne.
Les ouvrages d’Aristote et de ses divers commentateurs, qu’ils concernent la
logique, la physique, la métaphysique ou l’éthique, sont également relative-
ment bien conservés. En revanche, les ouvrages de grammaire ou de rhéto-
rique ne semblent pas avoir bénéficié du même destin ni du même rôle. Pour
les ouvrages de philosophie variée et les ouvrages poétiques, il demeure trop
d’incertitudes pour tirer des conclusions précises.
Ainsi, plus de la moitié des manuscrits de la section de philosophie de
la bibliothèque de Richard de Fournival se retrouvent dans la bibliothèque
du collège de Sorbonne (qu’ils soient mentionnés dans le catalogue géné-
ral ou dans le répertoire de la Libraria communis). Il en est probablement de
même si l’on poursuit la recherche à propos du droit et de la théologie. Si
la bibliothèque de Richard se présente à travers la Biblionomia comme une
42. A. Birkenmajer, « La bibliothèque de Richard de Fournival », art. cité, p. 137. D’après
l’inventaire de la bibliothèque du chapitre de la cathédrale d’Amiens (1348), on sait par exemple
que Thomas Greffin († 1275), neveu de Richard de Fournival et médecin comme lui, a légué
au chapitre de la cathédrale d’Amiens son Papias : cet ouvrage n’est pas mentionné dans la
Biblionomia, mais pourrait très bien provenir de la bibliothèque de Richard et avoir été rangé
parmi les manuscrits de grand format. On trouve également dans cet inventaire deux ouvrages
qui diffèrent nettement du reste de son contenu et pourraient bien provenir de la bibliothèque
de Richard : le De naturis rerum de Sénèque et le De mirabilibus mundi et situ terrarum de Solin (voir
E. Coyecque, Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, Départements,
t. XIX, Paris, 1893, p. lxxx-xcvii, en part. p. lxxxiv, nos 87, 81 et 82 ; G. Lanoë, « Les livres de
Notre-Dame d’Amiens », dans P. Desportes et H. Millet, Diocèse d’Amiens, op. cit., p. 11-15). Il
est possible aussi qu’Étienne d’Abbeville, chanoine de la cathédrale d’Amiens, qui fut peut-être
apparenté à Gérard d’Abbeville et qui légua à sa mort, vers 1288, une quarantaine de manus-
crits au collège de Sorbonne, ait reçu lui aussi certains manuscrits de Richard de Fournival.
Voir ibid., no 56, p. 208 ; L. Delisle, « La bibliothèque de la Sorbonne », op. cit., p. 174-175 ;
M. Mabille, « Les manuscrits d’Étienne d’Abbeville à la Bibliothèque nationale », BEC, 132,
1974, p. 245-266.
43. L. Delisle, « La bibliothèque de la Sorbonne », op. cit., p. 148, no 5 ; A. Birkenmajer,
« La bibliothèque de Richard de Fournival », art. cité, p. 125.
44. Et omnes libri medicine quos habeo depositos qpud eos [scolares domus magistri Roberti de Sorbonio]
mixtos cum libris philosophie et aliis libri, vendantur et inde debita mea, se necesse fuerit, reddantur (cité
d’après P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, op. cit., t. II, no 301, p. 355).
45. Item circa custodiam librorum vagantium per socios fuit ordinatum quod custodes illorum eligerentur per
socios et non quilibet alteri daret clavem ad voluntatem cuam ; et quod aliquam rationem redderent de libris
tempore sue custodie perditis ; aliter frustra dicuntur custodes (cité d’après ibid., t. I, no 22, p. 214-215 ;
voir p. 244).
afin de pouvoir acheter des ouvrages qui manquent46. Les manuscrits qui ne
sont pas décrits dans le catalogue général de 1338 ou qui font défaut (defficit)
témoignent à leur tour de la disparition d’un certain nombre d’ouvrages. Il est
probable que, parmi ces manuscrits dont on a désormais perdu la trace, il s’en
trouvait plusieurs qui avaient appartenu à Richard de Fournival.
46. Item, quia multi ibi iacent libri parvi valoris, non ligati, occupantes locum, sicut reportationes et antiqui
sermones, fuit ordinatum quod darentur beneficiariis nostris qui possent esse ad usum eorum, et alii iuxta
ordinationem sociorum ad hoc deputatorum venderentur sociis de domo vel aliis si aliquid offeretur pro eis ; et
de illa pecunia emerentur alii libri deficientes nobis (ibid.).
47. C. H. Haskins, éd., « A List of Text-Books from the Close of the Twelfth Century », Studies
in the History of Mediaeval Science, 1924, p. 356-376 ; T. Hunt, éd., Teaching and Learning Latin in
Thirteenth-Century England, t. I, Woodbridge (Suffolk)-Rochester (New York), 1991, p. 250-273.
Une traduction anglaise de ce texte a été donnée par R. Copeland et I. Sluiter, Medieval
Grammar and Rhetoric. Language Arts and Literary Theory, AD 300-1475, Oxford, 2009, p. 536-541.
48. Évrard l’Allemand, Laborintus, v. 599-686, E. Faral, éd., Les arts poétiques du xiie et du
xiiie siècle. Recherches et documents sur la technique poétique du Moyen Âge, Paris, 1924,
p. 358-361.
49. C’est le cas, par exemple, de l’Abbreviatio utriusque operis Prisciani d’un certain Andreas (B. 6),
qui semble se retrouver dans le catalogue général de la bibliothèque du collège de Sorbonne
(XLV, Libri grammaticales, 9 ou 34), mais qui ne nous est pas parvenu et dont nous n’avons
aucune autre attestation.
50. Pour la tradition manuscrite des textes mentionnés ici, voir Catalogus Translationum et
Commentariorum, P. O. Kristeller et al., éd., Washington, 1960-2011 (9 vol.) ; Texts and
Transmission. A Survey of the Latin Classics, L. D. Reynolds, éd., Oxford, 1983 ; B. Munk Olsen,
L’étude des auteurs classiques latins aux xie et xiie siècles, Paris, 1982-2009 (4 tomes), et les diverses
études qui leur ont été consacrées.
51. Auquel semble correspondre le no 14 de la section XLV, Libri grammaticales, du catalogue de
1338.
52. Auquel correspond très probablement le no 15 de la section LVI, Libri quadriviales, du cata-
logue de 1338, et le ms. Paris, BNF, lat. 16209.
53. Auquel pourrait correspondre le no 23 de la section XLV, Libri grammaticales, du catalogue
de 1338.
54. Qu’on trouve toutefois dans le no 3 de la section XLV, Libri grammaticales, du catalogue de
1338 (manuscrit qui correspond à B. 125 et qui contient presque l’ensemble des œuvres de
Horace). La Biblionomia comprend en effet deux exemplaires de la Poetica d’Horace.
55. Poème qui est toutefois contenu dans le no 44 de la section XLV, Libri grammaticales, du cata-
logue de 1338.
56. Auquel correspond probablement le no 9 de la section XLV, Libri grammaticales, du catalogue
de 1338.
68. R. Sabbadini, Le Scoperte dei codici latini e greci nei secoli xiv e xv, Firenze, 1905 ; P. Scarcia
Piacentini, « La tradizione laudense di Cicerone e un inesplorato manuscritto della
Biblioteca Vaticana (Vat. lat. 3237) », Revue d’histoire des textes, 11, 1981, p. 123-146.
69. Cicéron, De la divination. De divinatione, II, i, 4, J. Kany-Turpin, éd. et trad., Paris, 2004,
p. 199.
70. M. Winterbottom, R. H. Rouse et M. D. Reeve, « De oratore, Orator, Brutus », dans
Texts and Transmission, op. cit., p. 102-109 (en part. p. 108-109). Voir aussi M. D. Reeve, « The
Circulation of Classical Works on Rhetoric from the 12th to the 14th Century », dans Retorica
e poetica tra i secoli xii e xiv, C. Leonardi et E. Menesto, éd., Florence, 1988, p. 108-124 ;
R. Taylor-Briggs, « Reading Between the Lines: The Textual History and Manuscript
Transmission of Cicero’s Rhetorical Works », dans The Rhetoric of Cicero in its Medieval and
Renaissance Commentary Tradition, V. Cox et J. O. Ward, éd., Leyde-Boston, 2006, p. 77-108 (en
part. p. 101-107 et n. 95).
71. Liber Achademicarum disputationum, in quo ostendit quod genus phylozophizandi arbitrandum sit
minime et arrogans maximeque et constans et elegans (B. 75), à comparer avec : […] et, eo quod genus
philosophandi minime adrogans maximeque et constans et elegans arbitraremur, quattuor Academicis libris
ostendimus (Cicéron, De la divination, II, i, 1, éd. cit., p. 196). Ce texte est relié ici au Timée de
Cicéron, mais je n’en tiendrai pas compte.
72. Liber ad Hortensium de cohortatione ad phylosophie studium, qui inscribitur Luculus et interdum
Hortensius (B. 76), à comparer avec : Nam et cohortati sumus, ut maxime potuimus, ad philosophiae
studium eo libro, qui est inscriptus Hortensius (Cicéron, De la divination, II, i, 1, éd. cit., p. 196).
titres ? Seul le début du premier livre (intitulé Catulus) sur les quatre livres des
Academica posteriora nous est parvenu (avec quelques fragments)73, alors que
l’on ne connaît de l’Hortensius que les citations que l’on en a faites (notam-
ment saint Augustin)74.
Ces deux ouvrages paraissent pourtant se retrouver dans la bibliothèque du
collège de Sorbonne. Le premier est contenu dans la libraria communis sous la
cote P.l. avec le titre suivant : Disputationes Tullii vel liber achademicorum ejusdem.
“Non eram nescius Brute”. L’incipit proposé s’avère être en fait celui du De finibus
bonorum et malorum. Aussi peut-on penser, avec M. A. Rouse et R. H. Rouse,
que le Liber Achademicarum disputationum désigne la réunion du De finibus et
d’un fragment des Academica posteriora (deux traités dont le De divinatione sou-
ligne d’ailleurs la complémentarité)75. L. D. Reynolds estime toutefois que
ce manuscrit ne contenait que le De finibus76. On peut en tout cas penser que
Richard de Fournival a confondu (aux deux sens du terme) le De finibus avec les
Academica (comme s’il s’agissait du même ouvrage, alors même qu’ils ne sont
pas composés du même nombre de livres)77.
Quant au second ouvrage, il se trouve mentionné dans le catalogue géné-
ral de 1338 sous le titre suivant : Tullius ad Lucillum, ex legato magistri G. de
Abbatisvilla […]. Ce catalogue ne retient que le second des deux titres avan-
cés par la Biblionomia. Ce titre correspond en fait à celui du deuxième livre
de la première version des Academica (soit les Academica priora, composées de
deux livres), qui seul nous est parvenu. Le personnage d’Hortensius est d’ail-
leurs présent dans ce texte : c’est à lui en effet, accompagné de Catulus et de
Cicéron, que Lucullus expose les thèses sceptiques du philosophe Antiochus,
représentant de la Nouvelle Académie. Aussi peut-on penser que la Biblionomia
ne contient pas l’Hortensius, mais le second livre des premiers Académiques, inti-
tulé Lucullus. Richard de Fournival a donc dû confondre à nouveau l’Hortensius,
78. On peut noter à ce propos que Cicéron n’est guère présent dans l’Accessus ad auctores et le
Dialogus super auctores de Conrad d’Hirsau, tous deux édités par R. B.C. Huygens (Leyde,
1970). Dans le Sacerdos ad altare, Alexandre Neckam conseille la lecture du De oratore, des
Tusculanes, du De amicitia, du De senectute, du De fato, des Paradoxa stoicorum, du De natura deo-
rum (mais avec des réserves) et du De officiis (éd. cit., T. Hunt, Teaching and Learning Latin in
Thirteenth-Century England, op. cit., t. I, p. 270). On demeure loin du corpus de textes contenus
dans la Biblionomia.
79. L. Minio-Paluello, « Note sull’Aristotele medievale. IX. Gli Elenchi sofistici : redazioni
contaminate colla ignota versione di Giacomo Veneto (?) ; frammenti dello ignoto commento
d’Alessandro d’Afrodisia tradotti in latino », Rivista di Filologia Neo-Scolastica, 46, 1954, p. 223-
231 [repris dans Opuscula. The Latin Aristotle, Amsterdam, 1972, p. 241-249] ; S. Ebbesen,
Commentators and Commentaries on Aristotle’s Sophistici Elenchi. A Study of Post-Aristotelian and Medieval
Writings on Fallacies, Leyde, 1981, t. I, p. 242-244 et 286-289, et t. II, p. 331-555 (pour l’édition
du « Textus Latini sive “Alexandri” in Aristotelis Sophisticos Elenchos commentarii in latinum
été composé par Jean Philopon (ca. 490-ca. 575), philosophe et théologien
chrétien d’Alexandrie, commentateur d’Aristote, et traduit également par
Jacques de Venise. Généralement attribué lui aussi par la tradition médié-
vale à Alexandre (d’Aphrodise), ce traité ne nous est parvenu à son tour qu’à
travers des fragments et des scolies80. Richard de Fournival a dû prendre
connaissance de ces deux traités à travers des gloses ou des commentaires
qu’il a pu lire en même temps qu’il étudiait les deux traités d’Aristote sur les-
quels portent ces ouvrages ou dont il a pu entendre parler. Il a dû éprouver
le désir de se les procurer pour les ranger dans sa bibliothèque, raison pour
laquelle ils sont mentionnés dans la Biblionomia. Il est toutefois probable
qu’il n’y soit pas parvenu. Il devait détenir en revanche le Commentarium in
Isagogas Porphyrii de Marius Victorinus, contenu en B. 18 avec l’editio minor et
l’editio maior du Commentarium in Isagogas Porphyrii de Boèce. Ce manuscrit se
retrouve en effet dans le catalogue général de la bibliothèque du collège de
Sorbonne parmi les Libri mixti philosophorum, avec la description suivante (LIII,
no 6) : Commentum Victorini super Porphirium, due ediciones Boecii supra Porphirium,
ex legato magistri G. de Abbatisvilla […]. Mais de quoi peut-il bien s’agir ? On ne
connaît pas de commentaire que Marius Victorinus aurait consacré à l’Isagoge
de Porphyre. Peut-être a-t-on affaire à un autre commentaire de l’Isagoge, qui
aurait été attribué par erreur à Marius Victorinus ? Mais je ne vois pas ce que
cela pourrait être. Il pourrait aussi s’agir de la traduction de l’Isagoge réalisée
par cet auteur, traduction ou adaptation qui ne nous est pas parvenue mais
qui est attestée à travers les citations qu’en donne Boèce dans l’editio minor
de son commentaire contenu à la suite de cet ouvrage dans le manuscrit de
la Biblionomia et à laquelle Richard de Fournival (ou quelqu’un d’autre) aurait
qu’il faut étudier83. Sur les 35 ouvrages environ qu’énumère par la suite Évrard
l’Allemand, seuls quatre ne se retrouvent pas dans la Biblionomia : le Solimarus
de Gunther de Paris, dont nous n’avons conservé qu’un fragment, la rédaction
en vers de la Lettre d’Evax attribuée à Marbode, le Carmen paschale de Sedulius,
et le Sententiarum ex operibus Augustini delibatarum liber de Prosper, suivi de son
Epigrammatum liber84. Si Richard de Fournival connaissait le Laborintus, comme
cela est vraisemblable (bien qu’il ne le mentionne pas dans la Biblionomia), il
a très bien pu estimer que ces quatre textes n’avaient pas leur place dans sa
bibliothèque ou dans le compartiment de son catalogue consacré à la philoso-
phie (bien qu’on y trouve d’autres œuvres poétiques appartenant à la tradition
chrétienne, comme l’Historia apostolica d’Arator et l’Aurora de Pierre Riga, que
mentionne également le Laborintus). Mais il a pu aussi choisir de ranger ces
différents textes (du moins ceux qui sont les plus connus) dans d’autres sec-
tions de sa bibliothèque, par exemple avec les originalia. La rédaction en vers
de la Lettre d’Evax attribuée à Marbode se trouve en tout cas comprise parmi les
Summe morales et tractatus modernorum doctorum de la libraria communis du collège
de Sorbonne sous la cote G.k. (il s’agit du manuscrit Paris, BNF, lat. 16079,
qui se trouve au no 4 de la section XL du catalogue général de la bibliothèque
du collège de Sorbonne consacrée aux Cronice), alors que les ouvrages de
Prosper sont compris parmi les Originalia Origenis, Prudencii, Paschasii, Prosperii
et Procli de la libraria communis sous la cote Q.m. (il s’agit du manuscrit Paris,
BNF, lat. 16382, qui se trouve au no 7 de la section XXXVII du catalogue géné-
ral de la bibliothèque du collège de Sorbonne consacrée aux Originalia mixta
sanctorum, manuscrit légué par Gérard d’Abbeville).
Bien que Richard de Fournival ait utilisé le Laborintus d’Évrard l’Allemand
pour choisir les ouvrages qu’il allait introduire dans sa bibliothèque, il ne s’est
pas contenté de suivre l’ordre qu’il proposait, même s’il a pu le faire pour les
sept premiers textes qu’il a réunis au sein du manuscrit relevant de la tradition
du Liber Catonianus et que l’agencement des textes cités par le Laborintus dans
son propre catalogue présente un certain nombre d’analogies avec celui que
83. Évrard l’Allemand, Laborintus, op. cit., v. 603-16 (il s’agit donc des Distiques du Pseudo-
Caton, des Églogues de Theodolus, des Fables d’Avien, des Fables du Pseudo-Ésope, des fables
de l’Anonyme de Nevelet attribuées aussi à Walter l’Anglais, des Élégies de Maximianus, du
Pamphile et du Geta de Vital de Blois). Voir E. M. Sanford, « The Use of Classical Authors in
the Libri Manuales », TAPA, 55, 1924, p. 190-248 ; M. Boas, « De librorum Catonianum historia atque
compositione », Mnemosyne, 42, 1944, p. 17-42 (en part. p. 27 et 35-37) ; P. M. Clogan, « Literary
Genres in a Medieval Textbook », Medievalia et Humanistica, 11, 1982, p. 199- 209 ; T. Hunt,
Teaching and Learning Latin in Thirteenth-Century England, op. cit., t. I, p. 59-79, et t. II, p. 3-212
(« The Auctores and the Liber Catonianus »).
84. Évrard l’Allemand, Laborintus, op. cit., v. 616-686.
propose ce traité. Comme nous l’avons vu, la disposition des ouvrages qui
composent les différentes sections de la Biblionomia possède une cohérence à
laquelle Richard de Fournival a évidemment réfléchi.
Si les ouvrages rassemblés dans la Biblionomia répondent à une organi-
sation précise du savoir, celle-ci est-elle pour autant inamovible, « achevée,
statique et parfaite », comme le pense T. Haye, au point que « l’acquisition de
nouveaux livres serait exclue85 » ? Comme l’a montré P. Stirnemann à partir de
l’étude codicologique des manuscrits de Richard de Fournival qui nous sont
parvenus, ce dernier les a confectionnés en plusieurs étapes86. Ses recueils
sont en effet composés soit d’une série de cahiers ou de groupes de cahiers
relativement indépendants, consacrés à une œuvre ou à un ensemble d’œuvres
apparentées, soit de fascicules réalisés le plus souvent à des moments dif-
férents au cours d’une période qui va de 1240 à 1260 et réunis progressive-
ment les uns aux autres. Chaque manuscrit pouvait ainsi se présenter, dans
un premier temps, comme un ensemble mobile formé de cahiers non reliés,
cousus de manière légère ou maintenus à l’aide d’une ficelle, et conservés
dans une sorte de chemise qui leur servait de protection87. Il était donc tout à
fait possible d’ajouter à un premier recueil un nouveau cahier ou un nouveau
groupe de cahiers contenant une ou plusieurs œuvres nouvelles. Cela permet
d’ailleurs d’expliquer que certains manuscrits de Richard de Fournival qui
nous sont parvenus aient pu être réunis ensemble ou réunis à d’autres manus-
crits88, qu’on ait pu intervertir leurs parties89, qu’on ait pu leur ajouter par
la suite de nouveaux cahiers qui ne semblent pas avoir été réalisés pour leur
propriétaire90, ou qu’ils aient perdu un cahier ou un groupe de cahiers com-
85. T. Haye, « Canon ou catalogue ? », art. cité, p. 224 (voir aussi p. 225).
86. P. Stirnemann, « Private Libraries Privately Made », art. cité.
87. Ibid., p. 186 et 187. Ces recueils pourraient s’apparenter d’une certaine façon à ces libri […]
non ligati que mentionnent en 1321 les directives relatives à la réorganisation de la bibliothèque
du collège de Sorbonne. Voir supra n. 46.
88. Comme c’est le cas, par exemple, de B. 78, B. 86 et B. 24, qui forment dans cet ordre un seul
et même manuscrit conservé dans la libraria communis du collège de Sorbonne (sous la cote Z.f.,
à laquelle correspond le ms. Paris, BNF lat. 16581).
89. Comme c’est le cas, par exemple, de B. 46, qui mentionne dans cet ordre le Liber de arithme-
tica de Boèce et le De rithmomachia attribué au Pseudo-Abélard, mais dont les textes se présentent
dans l’ordre inverse au sein du no 34 des Libri quadriviales (LVI) de la parva libraria du collège de
Sorbonne et du ms. Paris, BNF, lat. 14065 (première partie) qui lui correspond.
90. Comme c’est le cas, par exemple, de B. 59, qui comprend un ensemble de traités relatifs
à l’astrolabe, auquel correspond le ms. Paris, BNF, lat. 16652 (première partie), f. 2-42, qui
s’achève désormais sur un cahier indépendant contenant les Demonstrationes pro astrolapsu, com-
posé peut-être par Campanus de Novare, œuvre qui n’est pas mentionnée par la Biblionomia
ni par la notice correspondante de la section LVI, Libri quadriviales, de la parva libraria (no 19),
et qui ne semble pas avoir été composée avant la mort de Richard de Fournival (on ne saurait
donc prendre ce cahier en considération à propos de la confection de ce manuscrit par Richard
de Fournival, comme le fait P. Stirnemann, « Private Libraries Privately Made », art. cité,
p. 193-194).
91. Comme c’est le cas, par exemple, de B. 21, qui comprend un ensemble de traités de dialec-
tique qui s’achève sur le De interpretatione attribué à Apulée : ce dernier texte a en effet disparu du
ms. Paris, BNF, lat. 16598 qui correspond à ce recueil, mais il en faisait encore partie lorsqu’il
se trouvait dans la libraria communis du collège de Sorbonne (sous la cote Z.o.). Il est possible
que ce texte soit rattaché désormais à un autre recueil ou qu’il forme un manuscrit indépen-
dant. C’est aussi le cas de B. 59 dont il a été question à la note précédente. Le ms. Paris, BNF,
lat. 16652 (première partie), f. 2-42, qui lui correspond, s’achève comme nous l’avons vu sur
un cahier supplémentaire qui s’avère étranger à la Biblionomia, mais il ne contient pas le dernier
texte mentionné par ce catalogue (soit les Suppletiones plane sphaere, cum quibusdam demonstratio-
nibus compositionis ejusdem de Jourdain de Nemore). Ce texte n’est pas présent non plus dans la
description qu’en donne le no 19 des Libri quadrivilaes (LVI) de la parva libraria. Il est mentionné
en revanche parmi les Libri quadruviales du répertoire de la Libraria communis (mais sans cote) :
Planisperium. “Speram in plano describere est singula in plano quolibet ordinare” (incipit qui correspond
à celui du texte concerné). On peut donc penser que ce texte s’est détaché du reste du manuscrit
pour se retrouver seul.
92. Comme c’est le cas, par exemple, de B. 50, qui correspond au ms. Paris, BNF, lat. 16662,
manuscrit composé par un seul et même scribe, et qui comprend, entre le De musica de saint
Augustin et une série de traités musicaux associés à saint Bernard de Clairvaux, tous mention-
nés par la Biblionomia, le De musica d’Isidore de Séville, soit la section des Étymologies consacrée
à cet art (qui fait partie du même cahier que les textes suivants) : s’il n’est pas mentionné par
la Biblionomia, ce texte l’est en revanche par le catalogue de la libraria communis du collège de
Sorbonne (où ce manuscrit apparaît sous la cote P.c.).
ont été copiées par deux scribes différents93. Au bas du dernier folio de la pre-
mière partie se trouve la réclame suivante : postquam auxilio (fo 49v). Ces mots
ne correspondent pas au début du texte auquel est consacrée la seconde partie
de ce manuscrit. Ils correspondent en revanche aux deux premiers mots de
la Metaphysica d’Avicenne, texte qui se trouve en tête de B. 70, un manuscrit
qui nous est également parvenu (Paris, BNF, lat. 16602) et dont la première
partie (celle qui contient la Metaphysica d’Avicenne) a été copiée par le même
scribe que celui qui a rédigé la première partie de B. 63 (soit le Liber de causis
et principiis naturalium du même auteur)94. Il est donc probable que ces deux
textes constituaient dans un premier temps un seul et même recueil, mais que
Richard de Fournival a décidé de les séparer afin d’organiser autrement les
œuvres qu’il avait rassemblées – ou qu’il avait prévu de rassembler – dans la
section de son catalogue consacrée à la « physique » et à la métaphysique. Le
Liber de caeli et mundi se rattache en effet à la « physique », comme c’est égale-
ment le cas du Liber de causis et principiis naturalium, composé dans le prolonge-
ment de la Physique d’Aristote (B. 61), et trouve logiquement sa place à la suite
de ce texte ; alors que la Metaphysica appartient davantage à la deuxième partie
de cette section, celle qui est consacrée à la métaphysique et qui s’achève avec
deux exemplaires de la Metaphysica d’Aristote (B. 71 et B. 72). Si la Biblionomia
décrit un ensemble de textes établi à un moment donné, dont on ne saurait
évidemment modifier l’agencement, la bibliothèque de Richard de Fournival
n’a cessé de s’enrichir et de se transformer au gré des découvertes effectuées
par ce dernier et des différents ouvrages qu’il a fait copier.
Bien qu’un certain nombre des manuscrits décrits par la Biblionomia n’aient
probablement jamais fait partie de la bibliothèque de Richard de Fournival, on
ne saurait en conclure qu’il s’agit du catalogue d’une bibliothèque « idéale »,
énumérant dans les principales disciplines du savoir médiéval une série de
textes canoniques. Qu’il s’agisse d’une bibliothèque idéale, au sens où elle
répond à une véritable organisation des connaissances et où elle présente
dans les différentes disciplines concernées une collection de textes représen-
tatifs qui se suivent de manière ordonnée, cela est certain. Mais la Biblionomia
n’est pas seulement un « guide de lecture », c’est aussi un programme établi
pour la fabrication de manuscrits. Si Richard de Fournival avait l’intention
de fournir aux étudiants d’Amiens une sorte de plan d’étude, il avait égale-
ment celle de mettre à leur disposition les manuscrits contenant les textes
concernés afin de leur permettre d’accéder au savoir qu’ils recèlent au sein
93. P. Stirnemann, « Private Libraries Privately Made », art. cité, p. 187, 193-195 et 197.
94. Ibid., p. 187 et 193-198.
d’une bibliothèque qui prend l’apparence d’une université où les maîtres sont
devenus des livres. Nous avons vu quelques exemples de la manière dont il a
pu procéder pour identifier les œuvres qui allaient faire partie de son fonds. Il
s’est probablement appuyé sur diverses listes d’ouvrages canoniques et autres
textes « didascaliques ». Mais il a aussi retenu des ouvrages plus rares dont il
a pu prendre connaissance par l’intermédiaire de diverses lectures et dont il
pouvait penser qu’il était important de les posséder – sans parler de ce qu’il
a pu apprendre au cours de ses études ou au contact de ses contemporains.
Même les ouvrages qu’il n’est pas parvenu à trouver témoignent de sa volonté
de constituer une bibliothèque réelle – quitte à remplacer certains textes par
d’autres, comme c’est le cas avec l’Hortensius, ou de les confondre, comme
c’est probablement le cas avec les Academica et le De finibus. On peut d’ailleurs
penser que, tel un chasseur (et à l’instar d’un Loup de Ferrières), il a recherché
avec zèle les ouvrages qu’il souhaitait acquérir ou faire copier, que ce soit dans
la bibliothèque de l’abbaye de Corbie (située tout près d’Amiens), à Paris, dans
les écoles d’Orléans, ou encore en Italie où il a séjourné, d’où il a dû rapporter
certains de ses manuscrits et où il a probablement conservé des liens. Il n’a
certainement pas découvert tout ce qu’il voulait posséder et il a certainement
éprouvé les difficultés rencontrées par ceux qui sont à la recherche d’ouvrages
dissimulés dans des manuscrits mal rangés, que signale le bibliothécaire du
collège de Sorbonne dans l’introduction du catalogue de la libraria communis.
Aussi comprend-on que non seulement il ait rassemblé une quantité impres-
sionnante de manuscrits dans sa bibliothèque, mais qu’il les ait aussi classés
de manière précise et qu’il ait rédigé un catalogue qui en définit la règle et
permet à ses utilisateurs de trouver aussi rapidement que possible la nour-
riture susceptible de satisfaire leur âme avide de savoir et d’accéder ainsi à la
chambre secrète de Philosophie.
Christopher Lucken
Université Paris 8 et Genève
Les livres des maîtres de Sorbonne, sous la direction de Claire Angotti, Gilbert Fournier et Donatella Nebbiai,
Paris, Publications de la Sorbonne, 2017
est régi par un grand nombre de statuts et de règlements qui imposent à ses
membres de strictes règles de vie commune. La volonté de structurer ainsi une
communauté, unie par une même discipline et partageant une identité com-
mune, est nouvelle. Elle n’existait pas dans les collèges précédents, simples
institutions charitables destinées à pallier le coût et les carences du logement
parisien. Elle se généralisera dans les collèges fondés ultérieurement.
Tableau 1 : Les dix premiers collèges séculiers fondés à Paris au Moyen Âge
6. 782 mss antérieurs à 1338 auraient été identifiés par L. Grenier-Braunschweig, « La
prisée des manuscrits du collège de Sorbonne au Moyen Âge », dans Mélanges offerts à Gérard
Oberlé pour ses 25 ans de librairie. 1967-1992, s. l.n.d., p. 327-341 (ici p. 329 sq.).
7. Pour le collège de Sorbonne, voir G. Fournier, « Listes, énumérations, inventaires. Les
sources médiévales et modernes de la bibliothèque du collège de Sorbonne (Première partie :
Les sources médiévales) », dans Scriptorium, 65, 2011, p. 158-215. Pour les bibliothèques des
autres collèges parisiens, voir K. Rebmeister-Klein, Les livres des petits collèges…, op. cit.,
p. 164-175.
8. Sur la bibliothèque du collège de Sorbonne, voir C. Angotti, G. Fournier et
D. Nebbiai, « La bibliothèque du collège parisien de la Sorbonne : une bibliographie »,
dans Libraria, Article, Paris, IRHT, 2012 (Ædilis, Sites de programmes scientifiques, 4)
(En ligne, consulté le 01-06-20 12) http://www.libraria.fr/fr/publications-scientifiques/
la-bibliothèque-du-collège-parisien-de-la-sorbonne-une-bibliographie.
9. Voir entre autres G. Fournier, Une « bibliothèque vivante ». La libraria communis du collège
de Sorbonne (xiiie-xve siècle), thèse de doctorat, sous la dir. d’A. de Libera, École pratique des
hautes études, Ve section, Paris, 2007, dactyl., p. 41.
10. Voir la bibliographie supra, n. 8, et R. H. et M. A. Rouse, « La bibliothèque du collège de
Sorbonne », dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., t. I, p. 113-123 (ici p. 116).
11. D. Nebbiai-Dalla Guarda, « Classifications et classements », dans Histoire des biblio-
thèques françaises, op. cit., t. I, p. 373-393 ; Ead., « La bibliothèque commune des institutions
religieuses », Scriptorium, 50, 1996, p. 254-268 et pl. 22-23.
12. G. Fournier, Une « bibliothèque vivante », op. cit., p. 71 n. 236.
de 1338 et qui fait remonter à 1289 la mise en place d’un fonds de livres
enchaînés : Nota eciam quod anno Domini Mo CCo LXXXo IXo fuit institutum librarium
in domo ista pro libris cathenatis ad communem sociorum utilitatem13.
Pour les années suivantes, plusieurs documents, inventaires de la biblio-
thèque, règlements, décisions consignées dans Le livre des prieurs14, font
connaître l’organisation finalement adoptée pour la bibliothèque. Elle com-
prenait deux fonds :
• la bibliothèque des livres enchaînés, appelée libraria communis ou magna
libraria, le nom sous lequel elle est le plus connue aujourd’hui ;
• la bibliothèque de livres non enchaînés, destinés au prêt, appelée parva
libraria.
Un règlement ou ordonnance de 1321 explique le rôle de la libraria commu-
nis : le meilleur exemplaire de tout livre possédé par le collège, sans exception,
doit être enchaîné « pour que tous puissent le consulter » ; si le collège n’a
qu’un seul exemplaire, il doit être enchaîné ; si le meilleur exemplaire est, en
1321, en prêt chez un membre du collège, ce dernier doit immédiatement le
rendre pour qu’on l’enchaîne car « le bien commun est plus agréable à Dieu
que le bien d’un seul15 ». Les inventaires montrent en outre que la biblio-
thèque commune contenait un fonds riche et diversifié, qui, loin de se limiter
aux seules disciplines des arts et de la théologie qui correspondaient à la voca-
tion première du collège, couvrait l’ensemble des enseignements dispensés
dans les quatre facultés de l’université de Paris. Son fonds de théologie était
particulièrement bien pourvu en originalia, c’est-à-dire en textes intégraux
d’un même auteur, ayant valeur d’autorité, par opposition aux extraits de ces
mêmes textes. La parva libraria, elle, contenait des ouvrages en double ou plus
pointus16.
Il s’agissait donc de séparer la bibliothèque en deux fonds, aux contenus et
surtout aux fonctions très différents. La libraria communis constituait un fonds
de base, non destiné au prêt, conservant des ouvrages de référence, et elle
jouait en outre un rôle de représentation évident : c’était là que se trouvaient
les plus beaux livres du collège. Elle seule correspondait à un lieu physique,
13. Paris, BNF, n. a. l. 99, p. 223b ; L. Delisle, Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale,
t. III, Paris, 1881, p. 71.
14. Le livre des prieurs de Sorbonne (1431-1485). Texte critique avec introduction, notes et index par
R. Marichal, s. l., 1987.
15. Paris, BNF, lat. 16574, f. 1-23v. ; P. Glorieux, éd., Aux origines de la Sorbonne, t. I, Paris,
1966, no 22, p. 214-215 ; trad. française de J. Monfrin, « Préface », dans Le registre de prêt de la
bibliothèque du collège de Sorbonne (1402-1536), J. Vielliard et M.-H. Jullien de Pommerol,
éd., Paris, 2000 (Documents, études et répertoires de l’IRHT, 57), p. 11.
16. G. Fournier, Une « bibliothèque vivante », op. cit., en part. p. 137-141.
la salle de lecture, où les ouvrages étaient enchaînés sur des pupitres avec des
bancs pour s’asseoir. La parva libraria constituait un fonds pour le prêt, dont
les livres étaient rangés dans des coffres ou des armoires, moins visibles. Les
dénominations de chaque fonds, magna et parva libraria, se rapportent de fait
à leur importance en termes de prestige et non en quantité, car la parva libraria
contenait bien plus de volumes que la magna : en 1338, la parva libraria conte-
nait ainsi autour de mille cent volumes et la magna environ cinq cents17.
Dans les « petits » collèges parisiens, on trouve dès le xive siècle des men-
tions attestant l’existence d’une salle commune avec des livres enchaînés sur
des pupitres, mais l’organisation des bibliothèques est moins claire qu’elle ne
l’est au collège de Sorbonne et n’est pas explicitée par les sources. Les livres
enchaînés ou la salle qui les abrite sont simplement évoqués au détour d’un
inventaire, d’un compte, d’un statut ou d’un legs, comme dans les exemples
ci-dessous :
Omnes predicti libri sunt ligati cum cathenis ferreis (inventaire de la bibliothèque du
collège de Hubant, 1339-1346)18.
Item volumus quod omnes libri cathenentur quantum fuerit possibile, tam in libraria,
quam in capella vel aula (statuts du collège de Narbonne, 1379)19.
[…] reparacion des livres de la libraierie, pupitres et bans dudit college (usage auquel
doit être affectée la rente donnée au collège des Cholets par Raoul Desmarets,
1394)20.
[…] perpetuo maneant inchatenati […] ad finem quod omnes de dicto collegio in eis studere
et proficere possint (legs de livres au collège de La Marche par Beuves de Winville,
1423)21.
[…] et quod incathenentur in libraria dicti collegii alias non habeant (legs de livres au
collège des Cholets par Jean Fouquerel, 1428)22.
17. D. Nebbiai, « Classifications et classements », art. cité, p. 378 ; R. H. et M. A. Rouse, « La
bibliothèque du collège de Sorbonne », art. cité, parlent de 1 400 et 300 volumes.
18. Versailles, Musée de l’Histoire de France, AE II 408 [ex Paris, AN, MM 406], p. 123 ;
K. Rebmeister-Klein, éd., Les livres des petits collèges…, op. cit., p. 672.
19. M. Félibien, éd., Histoire de la ville de Paris, revue, augmentée et mise à jour par
G.-A. Lobineau, t. V, Paris, 1725, p. 663.
20. Paris, AN, M 111, no 28. Voir K. Rebmeister-Klein, Les livres des petits collèges…, op. cit.,
p. 258.
21. Paris, AN, M 171, no 35. K. Rebmeister-Klein, éd., Les livres des petits collèges…, op. cit.,
p. 7 19-720. Voir aussi M.-H. Jullien de Pommerol, « Les origines du collège de La
Marche », dans L’écrit dans la société médiévale. Divers aspects de sa pratique du xie au xve siècle. Textes
en hommage à Lucie Fossier, réunis par C. Bourlet et A. Dufour, Paris, 1991, p. 183-194
(ici p. 190).
22. Beauvais, AD Oise, G 612, K. Rebmeister-Klein, éd., Les livres des petits collèges…, op. cit.,
p. 499.
Pro emptione duarum cathenarum ad reponendum in libraria [diversa volumina] solvi 4 s.
4 d. (comptes du collège de Laon, 1456-1457)23.
Seuls quelques documents évoquent de façon plus complète ces biblio-
thèques et leur organisation. C’est le cas de la bibliothèque du collège d’Au-
tun. Ce dernier a été fondé en 1341. Nous avons conservé un inventaire de sa
bibliothèque daté de 1462, effectué par deux conseillers au Parlement de Paris
au sein d’un inventaire des biens meubles du collège24. Il décrit 216 volumes :
202 dans la bibliothèque et 14 dans la chapelle. Les volumes de la biblio-
thèque sont enchaînés sur onze pupitres, un pupitre mural et dix pupitres
doubles, avec des bancs de part et d’autre. Plusieurs volumes de la chapelle
sont également enchaînés sur des pupitres25. Le classement topographique
de la bibliothèque tel qu’il ressort de l’inventaire, rédigé en suivant l’ordre
des pupitres, correspond à un classement intellectuel, les arts occupant le
pupitre mural, la théologie les pupitres doubles nos 1 (incomplètement), 7, 8,
9 et 10, et le droit les pupitres doubles nos 2, 3, 4 et 5, le pupitre no 6 étant par-
tagé entre les arts et la théologie. Les livres de la chapelle sont exclusivement
liturgiques. Ce classement suit l’ordre des facultés de l’université de Paris,
arts, théologie et décret, à l’exception de la faculté de médecine qui n’est pas
représentée ici. C’est aussi le classement adopté par la bibliothèque commune
du collège de Sorbonne26. Quant au contenu des ouvrages, il est conforme aux
programmes universitaires de l’époque et constitué essentiellement de textes
de référence27. On ne sait rien en revanche de l’existence potentielle d’un autre
ensemble de livres, non enchaînés, pour le prêt.
La bibliothèque du collège du Trésorier est un exemple de fonctionnement
inspiré par le collège de Sorbonne. Fondé en 1268, le collège du Trésorier est
quasiment contemporain du collège de Sorbonne. Nous avons conservé un
inventaire de sa bibliothèque daté de 1437, effectué au sein d’un inventaire des
biens du collège28. L’inventaire décrit 299 volumes : 145 dans la magna libraria,
147 dans la parva libraria (dans la chapelle) et 7 « livres de la chapelle ». C’est
23. Paris, AN, H3 28032, f. 12, ibid., p. 672, d’après C. Fabris, La maison des écoliers de Laon. Étude
d’un collège parisien aux xive et xve siècles, thèse pour le dipl. d’archiviste paléographe, 2002.
24. Paris, AN, M 80, no 28, f. 1-9, K. Rebmeister-Klein, éd., Les livres des petits collèges…,
op. cit., p. 420-447.
25. Ibid. On ne sait pas si les livres dont l’enchaînement n’est pas précisé étaient rangés dans
des coffres.
26. D. Nebbiai, « Classifications et classements… », art. cité, p. 385-388.
27. K. Rebmeister-Klein, Les livres des petits collèges…, op. cit., p. 216-217.
28. Paris, AN, M 194, no 5, p. 1-36, ibid., p. 762-805. L’inventaire ne donne ni les noms ni les
qualités de ceux qui l’ont effectué.
29. K. Rebmeister-Klein, Les livres des petits collèges…, op. cit., p. 218. La théologie représente
plus de 70 % du fonds des deux bibliothèques réunies, magna et parva.
30. Ibid., p. 219-220. On trouve par exemple dans la parva libraria 10 bibles, 8 exemplaires du
Livre des Sentences (en 9 volumes), 6 Expositiones sur les Évangiles de Marc et Matthieu, 5 Priscien…
et ainsi pour pratiquement chaque titre qui y est représenté.
31. Copié dans un registre de comptes du collège (Paris, AN, MM 356, f. 58-58v), ibid., p. 591-
600. Voir É. Pellegrin, « La bibliothèque de l’ancien collège de Dormans-Beauvais à Paris »,
Bulletin philologique et historique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1944-1945, p. 99-164,
repris dans Ead., Bibliothèques retrouvées : manuscrits, bibliothèques et bibliophiles du Moyen Âge et de
la Renaissance, Paris, 1988, p. 3-68. Sur l’état des sources de ce collège, voir K. Rebmeister-
Klein, Les livres des petits collèges…, op. cit., p. 87-88.
32. Dans l’ordre, les Libri facultatis theologie puis les Libri juris canonici, quelques ouvrages de la
faculté des arts mais qui ne sont pas distingués comme tels et enfin l’Inventarium librorum capelle.
medicos pertinentes tandis que la seconde abritait les libri logicales et philosophie et
mathematicales33. Elles se trouvaient dans deux bâtiments distincts.
Ces différents exemples permettent de voir que la plupart des collèges,
au cours du xive siècle, adoptèrent le principe d’une bibliothèque de livres
enchaînés, comme l’avait fait le collège de Sorbonne dès 1289. Leur a-t-elle
servi de modèle ? Il est très difficile de répondre à cette question car la pratique
se généralise à l’époque dans toutes les bibliothèques sans qu’il soit vraiment
possible de désigner un modèle unique. Par ailleurs, nous n’avons aucun
exemple avéré de bibliothèque de prêt, sur le modèle de la parva libraria du
collège de Sorbonne, à l’exception peut-être de celle du collège du Trésorier,
qui paraît bien s’inspirer directement de celle de la Sorbonne, jusque dans son
vocabulaire. Est-ce à dire que les collèges ne pratiquaient pas le prêt de livres ?
Non. Si l’on a peu d’exemples de bibliothèques de prêt structurées en tant que
telles, les exemples isolés de prêts de livres, eux, sont très fréquents34, et leur
réglementation présente des similitudes intéressantes avec celle du collège
de Sorbonne.
les « petits » collèges parisiens se trouve dans les statuts des collèges et ne
concerne que le prêt en interne aux membres du collège.
On l’a souvent écrit, les statuts des collèges, documents normalisés par
excellence, présentent beaucoup de similitudes entre eux et sont à interpré-
ter avec prudence car ils ne reflètent pas forcément la pratique en usage dans
les établissements36. Il est par ailleurs très difficile d’en trouver la source et
de savoir lequel a pu inspirer les autres – à l’exception de certains cas où la
chronologie ainsi que la connaissance des réseaux d’alliances entre fonda-
teurs de collèges permettent d’avancer quelques hypothèses37. Néanmoins,
étant donné l’antériorité des statuts du collège de Sorbonne et la notoriété de
l’institution, on a souvent pensé que celle-ci avait pu être à l’origine de cer-
tains passages qui se retrouvent dans d’autres statuts de collèges parisiens38.
C’est notamment le cas pour le passage des statuts relatif au prêt de livres
aux membres du collège, à l’intérieur de l’établissement. La nécessité d’en
prendre soin et l’interdiction de sortir les livres du collège se retrouvent dans
de nombreux statuts sous une forme identique à celle des statuts du collège
de Sorbonne.
Ainsi au collège de Sorbonne, vers 1270 :
Item nullus recipiatur in domo nisi fidem prestet quod si contigerit ipsum libros de communi
recipere, quod sicut suos ita fideliter observabit et nullo modo distrahet nec accommodabit
extra domum, et per integrum reddet eos quandocumque exigentur ab eo et quando contigerit
eum villam exire39.
Ce passage trouve son équivalent exact au collège des Cholets, vers la fin
du xiiie siècle ou au xive siècle (le texte nous est connu par une copie du
xive siècle) :
Item, quicumque receptus fuerit in domo, praestabit fidem quod si ipsum libros habere seu
recipere de communi, quod servabit eos fideliter sicut suos et nullo modo distrahet eos vel
accommodabit extra domum, et reddet eos perintegre quotiens ab eo exigetur, et quando
ipsum contigerit ire extra villam40.
On lit également les mêmes termes, dans une formulation très abrégée,
dans les statuts du collège d’Harcourt en 1311 :
Quilibet jurabit libros domus sicut suos fideliter custodire, nec extra domum alicui
commodare41.
Et dans ceux du collège de Justice en 1358 :
Item quilibet jurabit libros domus sicut suos fideliter custodire nec extra domum alicui
commodare42.
Si les correspondances entre ces passages des statuts sont évidentes, en
attribuer la paternité au collège de Sorbonne demeure hypothétique. En
revanche, il semble avéré que le collège de Sorbonne a initié plusieurs pra-
tiques catalographiques novatrices.
40. Paris, Archives de l’Université, carton 20, no 1 : Statuta magistrorum tenenda intus [collegio
Choleteo], § 54.
41. César Égasse Du Boulay, éd., Historia Universitatis Parisiensis a Carolo Magno ad nostra tem-
pora, t. IV, Paris, 1668, p. 152-162.
42. Paris, AN, M 137. Cité par A. Franklin, Les anciennes bibliothèques de Paris. Églises, monastères,
collèges, etc., t. II, Paris, 1870, p. 101.
43. Voir supra, n. 9.
44. Paris, BNF, lat. 16574, f. 1-23v. ; P. Glorieux, éd., Aux origines de la Sorbonne, op. cit., t. I,
no 22, p. 214-215 ; trad. française de J. Monfrin, Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de
Sorbonne, op. cit., p. 11. Sur les mots-repères au collège de Sorbonne, voir R. H. Rouse, « The
Early Library of the Sorbonne », Scriptorium, 21, 1967, p. 42-71 et p. 226-251 (ici p. 53-54) ; R. H.
et M. A. Rouse, « La bibliothèque du collège de Sorbonne », art. cité, p. 116.
45. Seuls 6 collèges, en dehors du collège de Sorbonne, ont conservé un ou plusieurs inven-
taires médiévaux de leur bibliothèque. Pour le détail, voir K. Rebmeister-Klein, Les livres des
petits collèges…, op. cit., p. 174 ; G. Fournier, « Listes, énumérations, inventaires… », art. cité,
p. 161 n. 26.
46. Voir par exemple le testament de Guillaume Vauchis (1414) ou l’inventaire après décès de
Nicolas de Gondrecourt (1418), K. Rebmeister-Klein, éd., Les livres des petits collèges…, op. cit.,
respectivement aux p. 693-695 et 707-718.
47. Pour la prisée au collège de Sorbonne, voir L. Grenier-Braunschweig, « La prisée des
manuscrits du collège de Sorbonne au Moyen Âge », art. cité, passim.
48. Voir supra, p. 103 sq.
49. Voir supra, n. 28. Une accolade réunit les titres d’un même volume.
50. Voir par exemple K. Rebmeister-Klein, Les livres des petits collèges…, op. cit., p. 372.
51. G. Fournier, Une « bibliothèque vivante », op. cit., p. 41-70.
52. Voir en particulier les exemples des collèges de Fortet (inventaire de 1412) et Harcourt (cata-
logue de 1696) dans K. Rebmeister-Klein, Les livres des petits collèges…, op. cit., respectivement
aux p. 651-652 et 664-666.
53. Voir en particulier les exemples des collèges de Maître Gervais et du Trésorier, dans ibid.,
respectivement aux p. 1094-1098 et 1165-1168.
54. Ibid., p. 194-202. Pour le collège de Dormans-Beauvais, voir É. Pellegrin, « La biblio-
thèque de l’ancien collège de Dormans-Beauvais à Paris », art. cité, p. 16-63.
55. K. Rebmeister-Klein, Les livres des petits collèges…, op. cit., p. 194-202. Sur la question de
la présence d’un scriptorium au collège de Dormans-Beauvais, voir É. Pellegrin, « La biblio-
thèque de l’ancien collège de Dormans-Beauvais à Paris », art. cité, en part. p. 25-37 et 49-59 ; et
au collège de Maître Gervais, voir J.-P. Boudet, « Charles V, Gervais Chrétien et les manuscrits
scientifiques du collège de Maître Gervais », art. cité, p. 31.
56. M.-H. Jullien de Pommerol, « Livres d’étudiants », art. cité, p. 95.
57. C. Angotti, « Les bibliothèques des couvents mendiants, un modèle pour les séculiers ?
L’exemple de deux premiers bienfaiteurs de la bibliothèque du collège de Sorbonne… », art. cité.
58. R. H. Rouse, « The Early Library of the Sorbonne », art. cité, en part. p. 58-59, 65-66, 227
et 242-243 ; R. H. et M. A. Rouse, « La bibliothèque du collège de Sorbonne », art. cité, en part.
p. 113-119.
59. Une mention apposée à la suite du catalogue de 1338 évoque la présence de 1 017 volumes
dans la bibliothèque en 1290. Voir L. Delisle, Le cabinet des manuscrits, op. cit., p. III, p. 71. Un
don comme celui de Gérard d’Abbeville en 1272 (300 volumes) avait doublé d’un coup la taille
de la bibliothèque, voir R. H. et M. A. Rouse, « La bibliothèque du collège de Sorbonne »,
art. cité, p. 115.
60. R. H. Rouse, « The Early Library of the Sorbonne », art. cité, p. 242 ; M.-H. Jullien de
Pommerol, « Livres d’étudiants », art. cité, p. 100 (lire 1338 au lieu de 1388).
61. K. Rebmeister-Klein, Les livres des petits collèges…, op. cit., p. 187.
62. G. Fournier, Une « bibliothèque vivante », op. cit., p. 40-41.
63. Ibid., p. 39 n. 121 ; K. Rebmeister-Klein, Les livres des petits collèges…, op. cit., p. 181-193.
Malgré tout, en essayant de comparer entre eux les dons de taille à peu
près équivalente et d’époques relativement proches, il s’en dégage quelques
constantes que l’on peut énumérer comme suit :
• les dons sont souvent adaptés aux enseignements en usage dans les
collèges : il s’agit des auteurs au programme, des œuvres complètes et
de leurs commentaires, dans les disciplines représentées au collège ;
• sans que cela entre en contradiction avec le point précédent, c’est aussi
souvent par les dons que les nouveautés entrent dans les collèges64 ;
• on note une forte présence du droit ;
• et, en lien avec le point précédent, on constate que les dons, très sou-
vent, reflètent la carrière des donateurs65 ;
• les dons peuvent être vendus par les collèges, leur contenu importe par-
fois moins que leur valeur financière, y compris dans l’esprit des dona-
teurs qui offrent un livre comme ils offriraient un capital en argent.
Moins que les contenus eux-mêmes, l’étude de leur répartition au sein du
collège apporte quelques éléments de rapprochement intéressants entre le
collège de Sorbonne et les autres collèges parisiens. Nous avons déjà abordé la
question de la répartition des contenus entre magna libraria et parva libraria : la
magna, fonds de référence, contient une sélection des textes les plus courants,
tandis que la parva, fonds de prêt et d’étude, contient des doubles et des textes
plus spécialisés. Sans que soit opérée une distinction géographique entre les
fonds, l’étude poussée du contenu de la bibliothèque du collège de Dormans-
Beauvais a amené Thierry Kouamé à mettre en évidence une spécialisation des
contenus étroitement liée aux disciplines privilégiées par le collège66. Dans cet
établissement, où les arts dominent, et en leur sein la philosophie, la majorité
des textes de philosophie sont des commentaires sur les œuvres (expositiones
et quaestiones) alors que, pour les autres disciplines, ce sont les auctoritates qui
l’emportent. Malheureusement, peu de collèges offrent des corpus suffisam-
ment étoffés pour permettre une analyse de leur contenu.
L’étude des annotations de manuscrits subsistants est également une
source intéressante pour connaître la réception des œuvres contenues dans
les bibliothèques des collèges et les pratiques de lecture qui y étaient en
67. K. Rebmeister-Klein, Les livres des petits collèges…, op. cit., p. 231-235. L’édition des anno-
tations en marge des manuscrits subsistants reste à faire.
68. Ibid., p. 134-147 et 233-235.
69. Voir infra, p. 115 sq.
70. Augustin Renaudet, Préréforme et humanisme à Paris pendant les premières guerres d’Italie, 1494-
1517, Paris, 1916, p. 45-46 ; Claire Angotti, « Présence d’un enseignement au sein du collège
de Sorbonne : collationes, disputationes, lectiones (xiiie-xve siècle). Bilan et hypothèses », Cahiers
de recherches médiévales, 18 (2009), p. 89-111 ; Z. Kaluza, « Les cours communs sur l’Éthique à
Nicomaque à l’université de Paris », dans Ad ingenii acuitionem. Studies in Honour of Alfonso Maierù,
S. Caroti, R. Imbach, Z. Kaluza, G. Stabile, L. Sturlese, éd., Louvain-la-Neuve, 200,
p. 147-181.
71. Le registre de prêt de la Sorbonne en mentionne quelques-uns, tels Hieronymus Pardo,
socius, cofondateur du collège de Montaigu, et Johannes Pulchripatris (Beaupère), socius, chargé
en 1411 de composer les statuts du collège de Tréguier. Voir Le registre de prêt de la bibliothèque du
collège de Sorbonne, op. cit., respectivement p. 605 et 636.
72. Voir supra, n. 62.
73. Paris, AN, M 111, no 2 ; A. Paravicini-Bagliani, éd., I Testamenti dei cardinali del Duecento,
Rome, 1980, p. 250-267 (en part. p. 261-262, où sont évoqués les legs aux collèges).
74. Beauvais, AD Oise, G 692 ; V. Leblond, éd., Testament et Inventaires des biens d’Eudes de Mareuil,
chapelain perpétuel de la cathédrale de Beauvais (1321-1324), Beauvais, 1913 ; K. Rebmeister-Klein,
Les livres des petits collèges…, op. cit., p. 489 (éd. partielle du seul legs au collège des Cholets).
75. N. Gorochov, Le collège de Navarre, op. cit., p. 553-554.
76. M.-H. Jullien de Pommerol, « Les origines du collège de La Marche à Paris », art. cité,
p. 185-186.
77. Paris, AN, X1 A 9807, f. 78-81v ; K. Rebmeister-Klein, éd., Les livres des petits collèges…,
op. cit., p. 742-746 (éd. des seuls legs de livres).
78. Paris, BNF, ms. Moreau 1161, f. 754v-756 ; K. Rebmeister-Klein, éd., Les livres des petits
collèges…, op. cit., p. 661 (éd. des seuls legs de livres).
79. Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 253, voir ibid., p. 1061 et 1063.
80. Paris, Bibl. Mazarine, ms. 3323, et supra, n. 35.
81. Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne, op. cit., p. 615.
82. Sur le prêt de Jean Boucard, voir G. Fournier, Une « bibliothèque vivante », op. cit., en part.
p. 527-529.
Karine Klein
Bibliothèque municipale d’Avignon
«
L e divorce de l’histoire et de la philosophie n’est pas une fatalité », selon
Alain de Libera2. Depuis plusieurs décennies, les tentatives de conci-
liation se sont multipliées en France ; un récit a été tissé, les coupables ont
été désignés, les hérauts loués. On doit à Marie-Dominique Chenu l’« intro-
duction résolue de la méthode historique dans l’étude des textes médiévaux »3
et « le mot “histoire” est sans doute ce qui caractérise le mieux la démarche
de [Paul] Vignaux4 ». Nul ne saurait sacrifier aujourd’hui sans quelques scru-
pules au « vain tournois des idées […] qui ne sont que des idées […] arrachées
hors de leur milieu […] sans racines, comme vidées de leur sève » pour le dire
avec les mots de Lucien Febvre5.
1. Je remercie chaleureusement Luca Bianchi (Università degli Studi del Piemonte Orientale,
Verceil) pour sa lecture et ses suggestions.
2. A. de Libera, Penser au Moyen Âge, Paris, 1991, p. 38-50 (cit. p. 38). Pour une histoire de la
philosophie médiévale dans la deuxième moitié du xxe siècle en France, voir en dernier lieu
C. König-Pralong, « L’histoire de la philosophie médiévale depuis 1950 : méthodes, textes,
débats », Annales. Histoire, Sciences sociales, 64, 2009, p. 143-169.
3. A. de Libera, Penser au Moyen Âge, op. cit., p. 42. Sur Marie-Dominique Chenu (1895-1990),
voir L.-J. Bataillon, « Le Père M.-D. Chenu et la théologie du Moyen Âge », Revue des sciences
philosophiques et théologiques 75, 1991, p. 449-456 ; J. Jolivet, « Les études consacrées par le Père
Chenu au Moyen Âge », dans Marie-Dominique Chenu. Moyen Âge et modernité. Colloque organisé
par le Département de la recherche de l’Institut catholique de Paris et le Centre d’études du
Saulchoir à Paris, les 28 et 29 octobre 1995, J. Doré et J. Fantino, éd., Paris, 1997, p. 67-83.
4. A. de Libera, Penser au Moyen Âge, op. cit., p. 46. Sur Paul Vignaux (1904-1987), voir
R. Imbach, « Paul Vignaux, syndicaliste et historien de la philosophie », dans P. Vignaux,
Philosophie au Moyen Âge, précédé d’une Introduction autobiographique et suivi de Histoire de la pensée
médiévale et problèmes contemporain, Paris, 2004, p. 9-30 (en part. p. 22-27).
5. L. Febvre, « Contre le vain tournois des idées : une étude sur l’esprit politique de la
Réforme » [1926], dans Id., Combats pour l’histoire, Paris, 1953, p. 75-79 (cit. p. 79). On lira des
réflexions analogues dans « Leur histoire et la nôtre » [1938], ibid., p. 276-283 (en part. p. 278-
279) et « Étienne Gilson et la philosophie du xive siècle » [1946], ibid., p. 284-288.
Les livres des maîtres de Sorbonne, sous la direction de Claire Angotti, Gilbert Fournier et Donatella Nebbiai,
Paris, Publications de la Sorbonne, 2017
12. B. Sère, Penser l’amitié au Moyen Âge, op. cit., p. 44. Pour une typologie des commentaires
médiévaux de l’Éthique, voir D. A. Lines, Aristotle’s Ethics in the Italian Renaissance (ca. 1300-1650).
The Universities and the Problem of Moral Education, Leyde-Boston-Cologne, 2002, p. 159-162 ;
O. Weijers, « Un type de commentaire particulier à la faculté des arts : la sententia cum questio-
nibus » [2003], dans Ead., Étude sur la faculté des arts dans les universités médiévales. Recueil d’articles,
Turnhout, 2011, p. 259-270 (ici p. 266-267) et 257-258 (Addenda et corrigenda) ; B. Sère, Penser
l’amitié au Moyen Âge, op. cit., p. 59-63. L’approche systématique, indépendante d’un texte auto-
ritatif, prévaudra dans le champ de la philosophie pratique jusqu’à l’orée du xviie siècle. Voir
L. Bianchi, « Renaissance Readings of the Nicomachean Ethics », dans Rethinking Virtue, Reforming
Society: New Directions in Renaissance Ethics, c. 1350-c. 1650, D. A. Lines et S. Ebbersmeyer, éd.,
Turnhout, 2013, p. 131-167 (ici p. 159-160).
13. Sur les commentaires sur l’Éthique d’Albert le Grand, voir parmi d’autres A. Pelzer, « Le
cours inédit d’Albert le Grand sur la Morale à Nicomaque recueilli et rédigé par S. Thomas
d’Aquin », Revue néo-scolastique de philosophie, 24, 1922, p. 333-361 (ici p. 348-352) et 479-520
(Appendice) [repris dans Id., Études d’histoire littéraire sur la scolastique médiévale. Recueil d’articles
mis à jour à l’aide des notes de l’auteur par A. Pattin et E. Van de Vyver, Louvain-Paris,
1964, p. 272-335 (ici p. 285-289)] ; J. Dunbabin, « The Two Commentaries of Albertus
Magnus on the Nicomachean Ethics », Recherches de théologie ancienne et médiévale, 30, 1963, p. 232-
250 (ici p. 234) ; R.-A. Gauthier et J. Y. Jolif, L’Éthique à Nicomaque. Introduction, traduction
et commentaire, I-1, Louvain-Paris, 1970, p. 122-124 (ici p. 123) ; Albertus Magnus. Zum Gedenken
nach 800 Jahren : Neue Zugänge, Aspekte und Perspektiven, W. Senner, éd., Berlin, 2001, 4e partie :
« Ethik und Politik », p. 275-373 ; J. Müller, Natürliche Moral und philosophische Ethik bei Albertus
Magnus, Munster, 2002, en part. p. 69-73 et 364-376 (où l’auteur s’interroge au sujet de la com-
plémentarité des deux commentaires albertiniens) ; M. Dreyer, « Die Aristoteles-Rezeption
und die Ethik-Konzeption Alberts des Großen », dans Albertus Magnus und die Anfänge der
Aristoteles-Rezeption im lateinischen Mittelelalter. Von Richardus Rufus bis zu Franciscus de Mayronis,
L. Honnefelder, R. Wood, M. Dreyer et M.-A. Aris, éd., Münster, 2005, p. 307-323.
Sur le « tournant » qu’aurait constitué le premier commentaire sur l’Éthique (1248-1252) dans
l’œuvre, sinon dans le projet intellectuel et institutionnel, d’Albert le Grand, voir les apprécia-
tions contrastées de L. Sturlese, Die deutsche Philosophie im Mittelalter von Bonifatius bis zu Albert
dem Großen (748-1280), Munich, 1993, p. 332-342, et J. Müller, Natürliche Moral…, op. cit.,
p. 360 sq. (qui privilégie l’hypothèse d’« une évolution continue »).
14. C. J. Nederman, « Aristotelian Ethics before the Nicomachean Ethics: Alternate Sources of
Aristotle’s Concept of Virtue in the Twelfth Century » [1989], dans Id., Medieval Aristotelianism
and its Limits. Classical Traditions in Moral and Political Philosophy, 12th-15th Centuries, Aldershot-
Brookfield/Vermont, 1997, no I, p. 55-75.
15. R.-A. Gauthier, Magnanimité. L’idéal de la grandeur dans la philosophie païenne et dans la théolo-
gie chrétienne, Paris, 1951, p. 302.
16. A. de Libera, Raison et foi. Archéologie d’une crise d’Albert le Grand à Jean-Paul II, Paris, 2003,
p. 268.
17. CUP, I, no 20, p. 78-80 (ici p. 78). Sur l’Éthique à Nicomaque dans le cursus de l’université de
Paris, voir en dernier lieu D. A. Lines, Aristotle’s Ethics in the Italian Renaissance, op. cit., p. 68-74 ;
B. Sère, Penser l’amitié au Moyen Âge, op. cit., p. 38-39 et 41. Sur la réglementation au xiiie siècle,
voir de surcroît R.-A. Gauthier, L’Éthique à Nicomaque, op. cit., I-1, p. 115-116 ; G. Wieland,
Ethica – Scientia practica. Die Anfänge der philosophischen Ethik im 13. Jahrhundert, Munster, 1981,
p. 40-44 ; C. Lafleur, « La réglementation “curriculaire” (de forma) dans les introductions à la
philosophie et les guides de l’étudiant de la faculté des arts de Paris au xiiie siècle : une mise
en contexte », dans L’enseignement de la philosophie au xiiie siècle. Autour du « Guide de l’étudiant » du
ms. Ripoll 109. Actes du colloque international, C. Lafleur, éd., Turnhout, 1997, p. 521-548
(ici p. 523, 525-526 et 544). Rappelons enfin que Robert de Courson est l’auteur d’une Summa
qui contient quelques rares références à l’Éthique. Voir D. Luscombe, « Ethics in the Early
Thirteenth Century », dans Albertus Magnus und die Anfänge der Aristoteles-Rezeption im lateinischen
Mittelelalter, p. 657-683 (ici p. 663 et n. 33).
dans le cadre des cours ordinaires18. De fait, plusieurs cours sur l’Éthique
donnés par les maîtres de la faculté des arts sont parvenus jusqu’à nous19,
et le texte d’Aristote fait son apparition dans la littérature didascalique qui
fleurit à la faculté des arts sensiblement à la même époque. Ainsi le De com-
munibus artium liberalium (début des années 1250), un abrégé des matières sur
lesquelles étaient tenus de répondre les candidats à la licence ès arts, précise-
t-il que seuls les trois premiers livres de l’Éthique à Nicomaque étaient de forma,
c’est-à-dire des textes prescrits par le programme d’étude20. Le statut rédigé à
l’instigation d’Urbain V par les cardinaux Jean de Blandy et Gilles Aycelin de
Montaigu, ancien proviseur du collège de Sorbonne, et publié à Avignon le
5 juin 1366 sanctionne, après un siècle et demi de lente et continuelle péné-
tration, l’adoption formelle et explicite de l’entière philosophie d’Aristote par
l’Église et a fortiori par l’université de Paris21. Il fait aux candidats à la licence
18. CUP, I, no 246, p. 277-279 (ici p. 278). Voir L. Bianchi et E. Randi, Vérités dissonantes.
Aristote à la fin du Moyen Âge, Fribourg-Paris, 1993, p. 2 ; L. Bianchi, Censure et liberté intellectuelle
à l’université de Paris (xiiie-xive siècle), Paris, 1999, p. 123-124 ; D. A. Lines, « Moral Philosophy in
the Universities of Medieval and Renaissance Europe », History of Universities, 20, 2005, p. 38-80
(ici p. 42).
19. R.-A. Gauthier, L’Éthique…, op. cit., I-1, p. 116-119 ; Id., « Le cours sur l’Ethica nova d’un
maître ès arts de Paris (1235-1240) », Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge, 50,
1975, p. 71-141 (ici p. 75-77) ; G. Wieland, Ethica – Scientia practica, op. cit., p. 44-51 ; Id.,
« L’émergence de l’éthique philosophique au xiiie siècle, avec une attention spéciale pour
le “Guide de l’étudiant parisien” », dans L’enseignement de la philosophie au xiiie siècle, p. 167-180 ;
I. Zavattero, « Le prologue de la Lectura in Ethicam ueterem du “Commentaire de Paris” (1235-
1240). Introduction et texte critique », Recherches de théologie et philosophie médiévales 77, 2010,
p. 1-33 ; Ead., « L’acquisition de la vertu morale dans les premiers commentaires latins
de l’Éthique à Nicomaque », dans Universalité de la raison. Pluralité des philosophies au Moyen Âge.
XII Congresso Internazionale di Filosofia Medievale. Palermo, 17-22 settembre 2007, II-1,
A. Musco, C. Compagno, S. D’Agostino et G. Musotto, éd., Palerme, 2012, p. 235-243
(ici p. 235-236).
20. C. Lafleur, « Les “Guides de l’étudiant” de la faculté des arts de l’université de Paris
au xiiie siècle », dans Philosophy and Learning: Universities in the Middle Ages, J. F. M. Hoenen,
J. H. J. Schneider et G. Wieland, éd., Leyde-New York-Cologne, 1995, p. 137-199 (ici
p. 157-169 ; la mention de forma est évoquée p. 165-166 et reproduite p. 198) ; Id., « La régle-
mentation “curriculaire”… », art. cité, p. 537, 544 et 546. Une indétermination demeure quant
au texte prescrit : dans la première contribution, l’auteur évoque la traduction intégrale de
Robert Grosseteste, dans la seconde l’Ethica vetus et l’Ethica nova.
21. CUP, III, no 1319, p. 143-148 (ici p. 145). Sur le statut d’Urbain V, voir B. Michael, Johannes
Buridan: Studien zu seinem Leben, seinen Werken und zur Rezeption seiner Theorien im Europa des späten
Mittelalters. Inaugural-Dissertation zur Erlangung des Grades eines Doktors der Philosophie
des Fachbereiches Geschichtswissenschaften der Freien Universität Berlin, Berlin, 1985,
p. 867-868 ; Id., « Buridans moralphilosophische Schriften, ihre Leser und Benutzer im späten
Mittelalter », dans Das Publikum politischer Theorie im 14. Jahrhundert, J. Miethke, éd., Munich,
1992, p. 139-151 (ici p. 141) ; A. Tuilier, Histoire de l’université de Paris et de la Sorbonne, I, Paris,
399 et 407-408, ces dernières à propos de la licence et de son programme de lectures qui com-
prend en particulier l’Éthique).
25. Z. Kaluza, « Les cours communs sur l’Éthique à Nicomaque… », art. cité, p. 149-154.
26. CUP, IV, no 2690, p. 713-734 (ici p. 729).
27. C. Thurot, De l’organisation de l’enseignement dans l’université de Paris au Moyen-Âge, p. 81 ;
Z. Kaluza, « Les cours communs sur l’Éthique à Nicomaque… », art. cité, p. 153-154. En 1499,
les statuts du collège de Montaigu, dont Jean Standonck fut le principal (1483-1504), men-
tionnent des « exercices philosophiques », sans plus de précision. Voir P. J. J. M. Bakker, « The
Statutes of the Collège de Montaigu: Prelude to a Future Edition », History of Universities, 22,
2007, p. 76-111 (ici p. 88-92).
28. E. Faye et J. Hirstein, « Metaphysica Collecta. Un cours de métaphysique fabriste pris en
note par Beatus Rhenanus. Présentation et édition partielle », dans Chemins de la pensée médiévale.
Études offertes à Zénon Kaluza, P. J. J. M. Bakker, éd., Turnhout, 2002, p. 169-191 (ici p. 169-170
au sujet du collège du Cardinal Lemoine).
29. Sur Louis Ber, voir infra p. 159-160.
30. C. Thurot, De l’organisation de l’enseignement…, op. cit., p. 81 ; M. Reulos, « L’enseignement
d’Aristote dans les collèges au xvie siècle », dans Platon et Aristote à la Renaissance. XVIe colloque
international de Tours, Paris, 1976, p. 147-154 (ici p. 150 ; les deux fois à la suite de Robert
Goulet, Compendium universitatis Parisiensis, Paris, Toussaint Denis, 1517).
31. A. de Libera, La philosophie médiévale, Paris, 1993, p. 363-367 ; L. Bianchi et E. Randi,
Vérités dissonantes, op. cit., p. 149-151.
32. A. de Libera, La philosophie médiévale, Paris, 1989, p. 122 (où l’auteur évoque la « réflexion
patristique sur le mal et le péché »). On trouvera une illustration dans Id., Penser au Moyen Âge,
op. cit., p. 187-188 et 227-235 (au sujet de l’éthique d’Abélard qui « est de part en part chré-
tienne » et de ses détracteurs). Au tournant du xiiie siècle, les théologiens parisiens héritiers
de Philippe le Chancelier et de son enseignement en matière de théologie morale privilégient
pareillement la tradition biblique et patristique, et ignorent l’Éthique à Nicomaque qui était pour-
tant connue. Voir D. Luscombe, « Ethics in the Early Thirteenth Century », art. cité, p. 662-
663. Cependant Philippe le Chancelier cite volontiers l’Ethica vetus « au point que sa Somme
36. Règlement (1321), dans P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, op. cit., I, no 22, p. 214-215
(d’après le recueil de statuts du collège ; ici p. 215) ; trad. fr. dans J. Monfrin, « Préface », dans
Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne. [1402-1536]. Diarium Bibliothecae Sorbonae.
Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 3323, J. Vielliard et M.-H. Jullien de Pommerol, éd.,
Paris, 2000, p. 9-19 (ici p. 10-11 ; cit. p. 11).
37. Sur le catalogue double de la bibliothèque commune ( 1321-1338), voir G. Fournier,
« Listes, énumérations, inventaires. Les sources médiévales et modernes de la bibliothèque du
collège de Sorbonne (Première partie : les sources médiévales) », Scriptorium, 64, 2011, p. 158-
215 (ici no 3.4.3, p. 187-193).
38. A. Derolez, Les catalogues de bibliothèques, Turnhout, 1979, p. 40.
39. L. Delisle, Cabinet, II, Paris, 1874, p. 183.
40. Paris, BNF, n. a. l. 99, p. 247a ; L. Delisle, Cabinet, III, p. 79-80 (ici p. 79) ; trad. fr.
J. Monfrin, « Préface », p. 12-13 (cit. p. 13).
41. L. Grenier-Braunschweig, « La prisée des manuscrits du collège de Sorbonne au
Moyen Âge », dans Mélanges offerts à Gérard Oberlé pour ses 25 ans de librairie. 1967-1992, s. l., 1992,
p. 327-341 (ici p. 329).
À ces trois témoins complets, il convient d’ajouter les deux exemplaires qui
contiennent des fragments, sententia (Zq) ou extractiones (ABh). Faute de place,
nous renonçons à produire le détail desdits manuscrits.
La rubrique des Libri morales Aristotelis contient enfin un exemplaire de la
Summa Alexandrinorum (Zf ), un abrégé arabo-latin de l’Éthique procuré par
Hermann l’Allemand (1243 ou 1244) et dont Albert le Grand fit usage dans
l’Ethica à peine postérieure44. Enfin, il n’y a nulle trace de l’Ethica vetus et de
42. Sur la datation de la traduction de Robert Grosseteste, voir D. A. Callus, « The Date of
Grosseteste’s Translations and Commentaries on Pseudo-Dionysius and the Nicomachean
Ethics », Recherches de théologie ancienne et médiévale, 14, 1947, p. 186-210 (en part. p. 207 sq.).
43. J. Brams, « The Revised Version of Grosseteste’s Translation of the Nicomachean Ethics »,
Bulletin de philosophie médiévale, 36, 1994, p. 45-55.
44. Sur la Summa Alexandrinorum, voir en dernier lieu R. Saccenti, « La Summa Alexandrinorum.
Storia e contenuto di un’epitome dell’Etica Nicomachea », Recherches de théologie et philosophie médié-
vales, 77, 2010, p. 201-234 (ici p. 209). Il s’agit du ms. Paris, BNF, lat. 16581, f. 1-94. Il constitue
l’un des rares témoins de la rédaction primitive de la Summa (f. 3r-50v). Il provient de la biblio-
thèque de Richard de Fournival († 1260) qui fut léguée au collège par l’entremise de Gérard
d’Abbeville († 1272). Voir R. H. Rouse, « Manuscripts Belonging to Richard de Fournival »,
Revue d’histoire des textes, 3, 1973, p. 253-269 (ici p. 265 [Biblionomia 78]). Il contient aussi
aux f. 52r-93r la compilation intitulée Moralium dogma philosophorum attribuée à Guillaume de
Conches ou Gauthier de Châtillon. Voir Aristoteles latinus, G. Lacombe, A. Birkenmajer,
M. Dulong et A. Franceschini, éd., I, Rome, 1939, no 691, p. 574 ; R.-A. Gauthier, « Les
deux recensions du Moralium dogma philosophorum », Revue du Moyen Âge latin, 9, 1953, p. 171-
258 (ici p. 223) et 258-260 (Addenda. Corrigenda), et infra n. 61. La bibliothèque de Gérard
d’Abbeville contenait un second exemplaire de cette œuvre dans le ms. Paris, BNF, lat. 15693,
f. 1ra-9va. Voir R.-A. Gauthier, « Les deux recensions… », art. cité, p. 222.
45. Sur l’attribution des traductions de l’Ethica vetus et nova à Burgundio de Pise, voir F. Bossier,
« L’élaboration du vocabulaire philosophique chez Burgundio de Pise », dans Aux origines du
lexique philosophique européen. L’influence de la « Latinitas ». Actes du colloque international organisé
à Rome par la FIDEM (Academia Belgica, 23-25 mai 1996), Louvain-la-Neuve, 1997, p. 81-116 ;
G. Vuillemin-Diem et M. Rashed, « Burgundio de Pise et ses manuscrits grecs d’Aristote :
Laur. 87.7 et Laur. 81.18 », Recherches de théologie et philosophie médiévales, 64, 1997, p. 136-198 (ici
p. 148-156). Sur leur diffusion dans l’Occident latin, voir D. Luscombe, « Ethics in the Early
Thirteenth Century », p. 660-668. Sur la tradition manuscrite de l’Éthique à Nicomaque au collège
de Sorbonne, voir A. D. Menut, « Latin Mss. of the “Nicomachean Ethics” at the Bibliothèque
nationale », Revue belge de philologie et d’histoire, 14, 1935, p. 1330-1340.
46. Sur Eustrate de Nicée et son commentaire de l’Éthique, voir H. P. F. Mercken, « The
Greek Commentators on Aristotle’s Ethics », dans Aristotle Transformed: The Ancient Commentators
and Their Influence, R. Sorabji, éd., Londres, 1990, p. 407-443 (ici p. 410-419) ; M. Trizio,
« Neoplatonic Source-Material in Eustratios of Nicaea’s Commentary on Book VI of the
Nicomachean Ethics », dans Medieval Greek Commentary on the “Nicomachean Ethics”, C. Barber et
D. Jenkins, éd., Leyde, 2009, p. 71-109. Sur la tradition du commentaire, voir D. A. Lines,
Aristotle’s Ethics in the Italian Renaissance, op. cit., no 6, p. 462.
57. Sur la fortune du commentaire de Thomas d’Aquin, voir C. H. Lohr, « Medieval Latin
Aristotle Commentaries », Traditio, 29, 1973, p. 93-197 (ici no 12, p. 168) ; D. A. Lines, Aristotle’s
Ethics in the Italian Renaissance, op. cit., no 11, p. 465 ; Id., « Sources and Authorities for Moral
Philosophy in the Italian Renaissance. Thomas Aquinas and Jean Buridan on Aristotle’s Ethics »,
dans Moral Philosophy on the Threshold of Modernity, J. Kraye et R. Saarinen, éd., Dordrecht,
2005, p. 7-29 (ici p. 14-22).
58. Catalogue de 1338 : 42. Summe morales, 51 (Paris, BNF, n. a. l. 99, p. 157b ; L. Delisle,
Cabinet, III, p. 45b ; commentaire sur les deux premiers livres ; provenance : Godefroid de
Fontaines) ; 54. Scripta et questiones super libros Aristotilis, 22 (Paris, BNF, n. a. l. 99, p. 206b ;
L. Delisle, Cabinet, III, p. 65a ; provenance : Pierre de Farbu ; identification : Paris, BNF,
lat. 16104 ; description : W. Senko, Repertorium commentariorum medii aevi in Aristotelem latinorum
quae in bibliothecis publicis Parisiis asservantur (Bibliothèque nationale, Arsenal, Mazarine, Sorbonne, Sainte
Geneviève) (désormais Répertorium), II, Varsovie, 1982, p. 4 ; H. V. Shooner, Codices manuscripti
operum Thomae de Aquino, III, Montréal-Paris, 1985, no 2432, p. 307-308) ; 54. Scripta et questiones
super libros Aristotilis, 51 (Paris, BNF, n. a. l. 99, p. 208b ; L. Delisle, Cabinet, III, p. 65b ; Étienne
de Genève ; identification : Paris, BNF, lat. 16105 ; description : W. Senko, Repertorium, II, p. 5 ;
H. V. Shooner, Codices manuscripti operum Thomae de Aquino, III, no 2433, p. 308) et 54. Scripta et
questiones super libros Aristotilis, 53 (Paris, BNF, n. a. l. 99, p. 208b ; L. Delisle, Cabinet, III, p. 65b ;
provenance : Gilles de Tillia). Hormis le ms. Paris, BNF, lat. 16105, ces volumes sont empruntés
à plusieurs reprises au cours du xve siècle. Voir à titre d’exemple Le registre de prêt de la bibliothèque
du collège de Sorbonne, op. cit., p. 732 (au sujet du ms. Paris, BNF, lat. 16104 ; il convient d’ajouter le
prêt consenti à l’hôte Jean Tinctor le 9 août 1428 ; voir ibid., no 48, 103, p. 244, et la contribution
de D. Nebbiai dans le présent volume). Les mss Paris, BNF, lat. 16104 et 16105 sont issus de la
pecia. Voir G. Murano, Opere diffuse per exemplar e pecia, Turnhout, 2005, no 890, p. 776.
59. Sur le catalogue de 1338, voir en dernier lieu G. Fournier, « Listes, énumérations, inven-
taires (Première partie) », art. cité, p. 193-195.
60. Paris, BNF, lat. 16106, f. 1 : Jste liber scilicet sentencia [suscrit d’un autre scribe : fratris thome]
super lib[rum ethi]corum est pauperum magistrorum de sorbona ex legato domini Stephani de abbatis villa
ca[nonis ambi]anensis LX. solidorum [ajout d’un autre scribe : et continet IX quaternos]. Une men-
tion autographe transcrite au f. 2v indique qu’Étienne d’Abbeville l’a acquis pour 45 sous
parisis. Le ms. a été modérément annoté par ses soins. Sur ce ms., voir M. Mabille, « Les
manuscrits d’Étienne d’Abbeville conservés à la Bibliothèque nationale de Paris », Bibliothèque
de l’École des chartes, 132, 1974, p. 245-266 (ici no 14, p. 257) ; W. Senko, Repertorium, II, p. 5 ;
H. V. Shooner, Codices manuscripti operum Thomae de Aquino, op. cit., III, no 2434, p. 308-309.
Il est issu de la pecia. Voir G. Murano, Opere diffuse per exemplar e pecia, op. cit., no 890, p. 776.
61. Catalogue de 1338 : 38. Originalia mixta sanctorum et philosophorum, 10. In vno uolumine conti-
nentur isti dogma moralium philosophorum […], ex legato domini Stephani de Abbatisuilla. Incipit in 2o fol.
Seneca, in pen. res intell. Precium viginti sol (Paris, BNF, n. a. l. 99, p. 145a ; L. Delisle, Cabinet,
III, p. 41b ; M. Mabille, « Les manuscrits d’Étienne d’Abbeville… », art. cité, p. 264) ; 49.
Libri morales Aristotilis., 9. Vetus ethica, ex legato domini Stephani de Abbisuilla [sic]. Incipit in 2o fol.
castus, in pen. dicitur. Precium quatuor sol (Paris, BNF, n. a. l. 99, p. 191a ; L. Delisle, Cabinet, III,
p. 60a ; M. Mabille, « Les manuscrits d’Étienne d’Abbeville… », art. cité, p. 266). Le premier
volume a été emprunté à plusieurs reprises au courant du xve siècle. Voir Le registre de prêt de la
bibliothèque du collège de Sorbonne, op. cit., no 12, 9, p. 147 ; no 45, 17, p. 224 ; no 90, 78, p. 350 ;
no 95, 19, p. 369 ; no 111, 21, p. 424 ; no 118, 6, p. 450 et no 120, 40, p. 455. Les deux volumes
appartiennent à la parva libraria. Sur le Moralium dogma philosophorum, voir R.-A. Gauthier,
« Les deux recensions du Moralium dogma philosophorum », art. cité, passim ; Id., « Un pro-
logue inédit du Moralium dogma philosophorum », Revue du Moyen Âge latin, 11, 1955, p. 51-58 ;
J. B. Williams, « The Quest for the Author of the Moralium dogma philosophorum, 1931-1956 »,
Speculum, 32, 1957, p. 736-747 (les deux fois, Gauthier de Châtillon a les faveurs des auteurs) ;
sur son influence, voir R.-A. Gauthier, Magnanimité, op. cit., p. 269-271, 279, 287 sq. et 311.
68. Sur Jean Gorre et son legs, voir A. Franklin, Les anciennes bibliothèques de Paris. Églises, monas-
tères, collèges, etc., I, Paris, 1867, p. 241-242 ; L. Delisle, Cabinet, II, p. 159 ; P. Glorieux, Aux
origines de la Sorbonne, op. cit., I, p. 315 ; W. J. Courtenay, éd., Rotuli Parisienses. Supplications to the
Pope from the University of Paris, I, Leyde-Boston-Cologne, 2002, p. 200 et 329 ; Id., « Collège des
Bons-Enfants de Saint-Victor at Paris », History of Universities, 20, 2005, p. 1-11 (ici p. 2 et 3-4).
69. Sur la tradition de la Tabula moralium Aristotelis, voir M. Grabmann, Methoden und Hilfsmittel
des Aristotelestudiums im Mittelalter, Munich, 1939, p. 140-145 ; C. Flüeler, Rezeption und
Interpretation der Aristotelischen Politica im späten Mittelalter, II, Amsterdam-Philadelphie, 1992,
no 29, p. 26-27. Sur le ms. Paris, BNF, lat. 16090, voir Aristoteles latinus, op. cit., I, no 665, p. 558 ;
W. Senko, Repertorium, I, p. 223-224.
70. Il s’agit des mss Paris, BNF, lat. 15885, f. 273r, 15976, contre-plat inférieur et 15977,
f. 130r. Voir C. Angotti, « Mort et vie du collège dit de la “Petite Sorbonne” », dans Universitas
scolarium. Mélanges offerts à Jacques Verger par ses anciens élèves, C. Giraud et M. Morard
éd., Genève, 2011, p. 171-199 (ici p. 196, nos 9-11 et 197, no 14).
71. Voir infra Illustrations no 1.
72. Sur Jean Bernier de Fayt et la Tabula moralium Aristotelis, voir B. Hauréau, Notices et extraits
de quelques manuscrits latins de la Bibliothèque nationale, V, Paris, 1892, p. 78 ; M. Grabmann,
Methoden und Hilfsmittel des Aristotelestudiums im Mittelalter, op. cit., p. 139-149.
73. La préface à la Tabula moralium Aristotelis est éditée dans M. Grabmann, Methoden und
Hilfsmittel…, op. cit., p. 145-146 (ici p. 146). Selon l’auteur (p. 148), il s’agirait de l’Ethica d’Albert
le Grand.
de Jean Bernier de Fayt. Il est vraisemblable qu’elle vit le jour au cours de ses
études parisiennes74.
Venons-en aux tables évoquées dans les annotations portées au recto du
premier feuillet du lat. 16090. On sait depuis les travaux pionniers de Martin
Grabmann que l’enseignement d’Aristote dans les universités médiévales a
suscité la composition d’instruments susceptibles de faciliter l’appréhen-
sion du texte du Stagirite75. Il s’agit, parmi d’autres, de tables qui produisent
de manière plus ou moins exhaustive la teneur d’une ou plusieurs œuvres
d’Aristote, le plus souvent dans l’ordre alphabétique. Nombre d’entre elles
sont consacrées à l’Éthique à Nicomaque. Tel est le cas de la Tabula ethicorum
enchaînée au pupitre AM d’après la note transcrite dans la marge inférieure
du manuscrit Paris, BNF, lat 16090. Son titre est attesté dans plusieurs pro-
ductions analogues76. En l’absence du manuscrit, nous ignorons bien évidem-
ment si son auteur joignit à la lettre aristotélicienne celle d’un ou plusieurs de
ses commentateurs, à l’instar de Jean Bernier de Fayt.
Le corpus réuni par Martin Grabmann permet en outre d’apprécier le
domaine de compétence de ces tables. Concernant l’Éthique à Nicomaque, il
n’excède qu’exceptionnellement la philosophie morale d’Aristote, à l’instar de
la table conservée dans le manuscrit Paris, BNF, lat. 16147 présenté plus haut
et qui provient du legs de Gérard d’Abbeville77. Son titre et sa teneur associent
78. M. Grabmann, Forschungen…, op. cit., p. 98-99 ; Id., Methoden und Hilfsmittel…, op. cit.,
p. 129-139.
79. Ibid., p. 149-151.
80. Pour des exemples parisiens, voir Aristoteles latinus, op. cit., I, no 656, p. 553 ; no 666, p. 558 et
no 696, p. 576.
81. Voir supra p. 134.
82. Paris, BNF, n. a. l. 99, p. 266 : Jtem postilla [Sapiencie] holcot. Bancha.am ; L. Delisle, Cabinet,
II, p. 93a. Dans la marge supérieure du début de la rubrique, une annotation transcrite selon
toute vraisemblance par le même scribe évoque une nouvelle fois l’Expositio in librum Sapientiae de
Robert Holcot enchaînée au pupitre AM : Et nota quod omnes iste postille conti[n]entur in banchis.c.d.f.
nisi forte vna super sapiencie que est.am (Paris, BNF, n. a. l. 99, p. 266 ; L. Delisle, Cabinet, II, p. 92
Les pupitres AM et à plus forte raison AL sont donc bel et bien attestés au
collège de Sorbonne. La mention du premier dans le répertoire méthodique du
catalogue double témoigne de surcroît qu’ils appartenaient à la bibliothèque
commune. Cette dernière se serait donc accrue de huit bancs supplémentaires
depuis la rédaction du catalogue double83. Leur existence est postérieure au
legs de Jean Gorre qui est intervenu en 1360 ou peu après84. Si tel devait être
le cas, la note concernant l’Expositio in librum Sapientiae de Robert Holcot serait
l’une des plus récentes transcrites dans le répertoire, dont on sait qu’il ne fut
plus guère actualisé au-delà du milieu du xive siècle85.
Quoi qu’il en soit, les annotations apposées dans le manuscrit Paris, BNF,
lat 16090 apportent la preuve du versement d’une table relative à la philoso-
phie morale d’Aristote dans la bibliothèque commune du collège de Sorbonne
après 1360, sous la cote AMh. La Tabula ethicorum était consacrée à l’Éthique à
Nicomaque. Nous ignorons si elle coïncide avec les Tabulae in Aristotelem (no 61)
de la rubrique dévolue aux Philosophici libri, Morales, Metaphysici, Naturales du
catalogue du milieu du xvie siècle86, et ceci d’autant plus que des instruments
analogues eurent les faveurs de l’imprimerie87. À l’inverse, il est plus que
vraisemblable que les Concordantiae super libros naturales (no 58) de la même
rubrique soient identiques avec le manuscrit Paris, BNF, lat. 16147 provenant
de Gérard d’Abbeville.
n. 3). Il n’est pas à exclure que cet ajout renvoie au manuscrit Paris, BNF, lat. 15885 qui provient
du legs de Jean Gorre. Il renferme l’unique exemplaire de l’Expositio in librum Sapientiae de Robert
Holcot († 1349) en provenance du collège de Sorbonne qui nous est parvenu. Sur la tradition
manuscrite de l’Expositio in librum Sapientiae de Robert Holcot, voir T. Kaeppeli, Scriptores Ordinis
Praedicatorum Medii Aevi, III, Rome, 1980, no 3497, p. 315-318 (où le ms. parisien est cité p. 317).
Sur le ms. Paris, BNF, lat. 15885, voir C. Samaran et R. Marichal, Catalogue des manuscrits en
écriture latine portant des indications de date, de lieu ou de copiste, III, Paris, 1974, p. 461.
83. Outre les cotes ALd et AMh, l’une des mentions transcrites dans la marge supérieure du
manuscrit Paris, BNF, lat. 16090, f. 1r évoque une nouvelle cote qui n’avait pas été attribuée :
Jtem bancha.z. volumine.e. tabulam librorum naturalium.
84. Paris, BNF, lat. 15885, f. 273r : Anno Mo CCCo 60 cuius anima in pace requiescat.
85. G. Fournier, « Listes, énumérations, inventaires (Première partie) », art. cité, p. 190-191
(à propos du catalogue double de la bibliothèque commune) et 194 (à propos du catalogue de
1338).
86. Sur ce catalogue, voir infra p. 160 sq.
87. Au sujet des Repertoria sive tabulae generalis auctoritatum Aristotelis imprimés, voir
C. B. Schmitt, « Auctoritates, Repertorium, Dicta, Sententiae, Flores, Thesaurus, and
Axiomata: Latin Aristotelian Florilegia in the Renaissance », dans Aristoteles Werk und Wirkung.
Paul Moraux gewidmet, II, J. Wiesner, éd., Berlin-New York, 1987, p. 515-537 (ici p. 518 sq. et
530-531).
88. Sur le ms. Paris, BNF, lat. 16681, voir W. Senko, Repertorium, II, p. 90 ; Aegidii Romani,
Opera omnia, I, Catalogo dei manioscritti (294-372), 1/3**, C. Luna, éd., Florence, 1988, no 360,
p. 272-274.
89. Paris, BNF, n. a. l. 99, p. 207b ; L. Delisle, Cabinet, III, p. 65a.
90. Paris, BNF, n. a. l. 99, p. 341 ; L. Delisle, Cabinet, III, p. 86.
91. Paris, BNF, n. a. l. 99, p. 243b ; L. Delisle, Cabinet, III, p. 78.
92. Sur la délicate question de la rédaction et donc de la datation des Quaestiones in Aristotelis
Ethicam de Jean Buridan, voir parmi d’autres B. Michael, Johannes Buridan, op. cit., p. 871-875 ;
B. Sère, « Liberté et lien social chez Buridan dans son commentaire sur l’Éthique (VIII-IX) »,
Recherches de théologie et philosophie médiévales, 74, 2007, p. 119-168 (ici p. 122-124). B. Michael
penche pour une rédaction unique qui aurait vu le jour vers 1339-1340 et serait demeurée ina-
chevée à sa mort entre 1358 et 1360. B. Sère privilégie une rédaction en deux temps : après 1332
(livres I-VI, voire VIII) et entre 1349 et 1360 (livres IX-X).
93. C. Flüeler, « Buridans Kommentars zur Nikomachischen Ethik : Drei unechte
Literalkommentare », Vivarium, 36, 1998, p. 234-249 (ici p. 248-249).
94. Sur le ms. Paris, BNF, lat. 16128, voir W. Senko, Repertorium, II, p. 22-24 ; B. Michael,
Johannes Buridan, op. cit., p. 850. La tradition paraît l’attribuer à Henri Pistor de Lewis. Ainsi
dans le catalogue de Henri-Michel Guédier de Saint-Aubin (Paris, BNF, n. a. l. 100, f. 183r-v)
où l’ex-legato a été barré ultérieurement. La datation du ms. (fin du xive siècle) suffit en effet à
invalider cette hypothèse.
95. Sur le ms. Paris, BNF, lat. 16129, voir C. Samaran et R. Marichal, Catalogue des manuscrits
en écriture latine, op. cit., III, p. 700 ; W. Senko, Repertorium, II, p. 24-27 ; B. Michael, Johannes
Buridan, op. cit., p. 850-851.
96. Le ms. Paris, BNF, lat. 16128 n’est pas mentionné dans C. Angotti, « Mort et vie du col-
lège dit de la “Petite Sorbonne” », art. cité, passim.
97. Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne, no 139, 16, p. 489 : Item habuit Ethicas
Buridani precii XIIII scutorum, cujus 2um folium mali 3o thorum, et penultinum ymo etiam. Sur Jean
Dumont, voir Z. Kaluza, « Les débuts de l’albertisme tardif (Paris et Cologne) », dans Albertus
Magnus und der Albertismus. Deutsche philosophische Kultur des Mittelalters, M. J. F. M. Hoenen et
A. de Libera, éd., Leyde-New York-Cologne, 1995, p. 207-295 (ici no 122, p. 291) ; Le registre de
prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne, op. cit., p. 632-633 ; T. Sullivan, Parisian Licentiates in
Theology, A.D. 1373-1500. A Biographical Register, II, Leyde-Boston, 2011, p. 379-380.
98. C. Angotti, « Mort et vie du collège dit de la “Petite Sorbonne” », art. cité, p. 179-180. Les
mss du collège dit de la « Petite Sorbonne » ont intégré la parva libraria du collège de Sorbonne
au plus tard en 1438.
99. Sur le sens de cette expression, voir B. Michael, Johannes Buridan, op. cit., p. 871.
100. Sur Adam Carnificis, licencié en théologie en 1395, voir G. Ouy, « Simon de Plumetot
(1371-1443) et sa bibliothèque », dans Miscellanea codicologica F. Masai dicata, P. Cockshaw,
M.-C. Garand et P. Jodogne, éd., Gand, 1979, p. 353-381 (ici p. 370) ; B. Michael, Johannes
Buridan, op. cit., p. 325 n. 118 ; T. Sullivan, Parisian Licentiates in Theology, A.D. 1373-1500,
op. cit., II, p. 138-139.
donc pas tout à fait à exclure qu’il puisse s’agir de l’exemplaire des Quaestiones
in libros Ethicorum évoqué dans la note apposée sur le manuscrit Paris, BNF,
lat. 16681, f. 126r et à proximité duquel ce dernier volume aurait été enchaîné.
Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’un Buridanus in ethica figure au nombre
des Philosophici libri, Morales, Metaphysici, Naturales du catalogue du milieu du
xvie siècle, dont il sera encore question101.
105. Sur le manuscrit Paris, BNF, lat. 16110, voir Aristoteles latinus, op. cit., I, no 671, p. 561-563 ;
W. Senko, Repertorium, II, p. 7-14 ; H. V. Shooner, Codices manuscripti operum Thomae de Aquino,
op. cit., III, no 2436, p. 310 ; W. A. Duba, « The Authenticity of Francis of Marchia’s Quodlibet… »,
art. cité, p. 94-97 (où l’on lira le contenu précis du volume).
106. Ce qui était une probabilité dans C. Samaran et R. Marichal, Catalogue des manuscrits
en écriture latine, op. cit., III, p. 699, est devenu une certitude à la vue de l’ensemble des mss en
provenance de la bibliothèque personnelle de Jacques de Padoue.
107. G. Murano, Opere diffuse per exemplar e pecia, op. cit., no 890, p. 776.
108. Voir en dernier lieu I. Costa, « Il problema dell’omonimia del bene in alcuni commenti
scolastici all’Etica Nicomachea », art. cité, p. 194-196 (où se sont glissées quelques erreurs de
détail) et 220-230 (édition) ; B. Sère, Penser l’amitié au Moyen Âge, op. cit., p. 159-165. I. Costa
identifie une compilation, là où l’on perçoit en règle générale plusieurs séries de questions, dont
l’une peut selon toute vraisemblance être attribuée à Pierre d’Auvergne. Voir R.-A. Gauthier,
« Deux témoignages sur la date de la première traduction latine des Économiques », Revue
philosophique de Louvain, 50, 1952, p. 273-283 (ici p. 276 n. 5) ; Id., « Les Questiones supra librum
Ethicorum de Pierre d’Auvergne », Revue du Moyen Âge latin, 20, 1964, p. 233-260 (ici p. 241) ;
dont le nom aurait été gratté au feuillet 282v109, cette dernière témoigne d’une
curiosité certaine pour l’éthique. Sa bibliothèque personnelle comprend
encore un bonum principium super libro Ethicorum au feuillet 130r-v du manuscrit
Paris, BNF, lat. 15669110. Le manuscrit Paris, BNF, lat. 16110 invite cependant
à la prudence. La Sententia de Thomas d’Aquin et les questions sur l’Éthique
n’ont guère suscité d’annotations111. Aucune ne peut être attribuée à Jacques
de Padoue. Hormis les mentions « hors la teneur », sa main est absente
du manuscrit.
Toujours sur le verso du premier feuillet du manuscrit Paris, BNF, lat. 16110,
une nouvelle annotation produit le titre de propriété du collège de Sorbonne
et la prisée :
Jste liber est collegij pauperum magistrorum de sorbona ex legato magistri Jacobi de padua
in arcium medicine ac theologie facultatibus professoris socij huius domus precij 6 librarum.
Enfin dans la marge inférieure du second feuillet (le premier qui accueille
du texte), le versement du manuscrit à la « grande » bibliothèque (main 1 ;
encre brun foncé), l’indication du pupitre et une nouvelle fois la prisée
(main 2 ; encre brun clair) sont signifiés par deux scribes distincts :
Jncatenetur in [un grand pli dans le parchemin empêcha le scribe de poursuivre]
t Jncatenetur in magna li[une tâche voile partiellement : br]aria sorbone
6 librarum112.
Le prix d’estimation du volume est encore une fois mentionné au feuillet
282v (VJ. librarum).
À ce jour, quatorze manuscrits en provenance du legs de Jacques de Padoue
et deux volumes d’une autre provenance partagent à notre connaissance cette
combinaison de mentions « hors la teneur ». Identiques dans leur formulation
à deux exceptions près qui privilégient la variante : Ligetur et incatenetur in magna
libraria sorbone, elles sont proposées toujours dans le même ordre, transcrites
toujours par les mêmes scribes et insérées toujours au même endroit, c’est-à-
dire dans le ou les premiers feuillets du manuscrit. La répétition des mentions
et l’électisme des volumes qui ressortissent aux quatre facultés de l’université
de Paris trahissent une entreprise massive et concertée d’enrichissement de la
bibliothèque de présence et de référence du collège de Sorbonne. Ces circons-
tances n’en donnent que plus de prix au versement du manuscrit Paris, BNF,
lat. 16110 et des commentaires sur l’Éthique à Nicomaque de Thomas d’Aquin et
de l’Anonyme dans la bibliothèque commune.
116. Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 3323, f. 75r ; Le registre de prêt de la bibliothèque du collège
de Sorbonne, op. cit., no 68, 16-18, p. 292. Sur Jean Germain, voir Z. Kaluza, « Les débuts de
l’albertisme tardif », art. cité, no 50, p. 265-266 ; Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de
Sorbonne, op. cit., p. 624.
117. Ibid., no 68, 33, p. 294.
118. Paris, BNF, lat. 16582, f. 2ra et 328ra (mots-repères). Le ms. est dénué de mentions « hors
la teneur » médiévales et en conséquence d’indications relatives à sa provenance.
119. Paris, BNF, lat. 16127, f. 3ra et 168ra (mots-repères). Le ms. est dénué de mentions
« hors la teneur » médiévales et en conséquence d’indications relatives à sa provenance. Au
plus tard lors du prêt de Jean Germain, il appartient au collège de Sorbonne. É. Pellegrin et
K. Rebmeister-Klein l’attribuent sans autre forme de procès au collège de Dormans-Beauvais.
Les prêts des sorbonistes Jean Germain, Jean Hochet et Alard Palenc, antérieurs à 1431, excluent
qu’il y fut « reli[é] de cuir blanc vers 1448 ». Voir É. Pellegrin, « La bibliothèque de l’ancien
collège de Dormans-Beauvais à Paris » [1947], dans Ead., Bibliothèques retrouvées. Manuscrits,
bibliothèques et bibliophiles du Moyen Âge et de la Renaissance. Recueil d’études publiées de 1938 à 1985,
Paris, 1988, p. 3-68 (ici p. 9 n. 4) ; K. Rebmeister-Klein, Les livres des petits collèges à Paris aux
xive et xve siècles, thèse de doctorat, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2005, en part. p. 596,
no 39. Outre le commentaire (f. 2ra-168rb), il comprend une Tabula lectionum et quaestionum
(f. 168rb-169rb) qui s’interrompt en IX, 9. Sur le ms. Paris, BNF, lat. 16127, voir W. Senko,
Repertorium, II, p. 19-21 ; C. Porter, « Gerald Odonis’ Commentary on the Ethics: A Discussion
of the Manuscripts and General Survey », Vivarium, 47, 2009, p. 241-294 (ici p. 254 [B]).
120. Voir supra Tableau 1.
121. Voir supra p. 137-138.
122. Sur le commentaire de l’Éthique de Guiral Ot et sa fortune, voir en dernier lieu C. Porter,
« Gerald Odonis’ Commentary on the Ethics… », art. cité, passim.
123. Voir supra Tableau 4.
124. Le livre des prieurs de Sorbonne, op. cit., no 5, p. 28-29.
125. Sur l’organisation du cours commun sur l’Éthique, voir Z. Kaluza, « Les cours communs
sur l’Éthique à Nicomaque à l’université de Paris », art. cité, p. 149-154, 164-166 et 172-177
En janvier 1432, le collège incite ses membres à suivre la leçon d’Éthique, après
celles de Métaphysique et de Physique, et ceci d’autant plus qu’un sorboniste en
était titulaire, en l’occurrence ledit Alard Palenc126.
C’est à Zénon Kaluza que revient le mérite d’avoir mis en évidence les
emprunts successifs de Jean Germain, Jean Hochet et Alard Palenc, et de les
avoir considérés sous l’angle de l’office de lecteur de l’Éthique127. Ces emprunts
inspirent deux observations à l’auteur. La première, à laquelle nous souscri-
vons pleinement, constate que l’« on associe à Paris la lecture d’Eustrate de
Nicée, de Guiral Ot et de Thomas d’Aquin128 ». De fait, les trois sociétaires
empruntent la Sententia libri Ethicorum de l’Aquinate, successivement le 13 avril
1425 pour Jean Germain129, le 31 octobre 1430 pour Jean Hochet130 et le 7
octobre 1431 pour Alard Palenc131. Bien qu’il ne soit pas fait état de la magna
libraria, le manuscrit emprunté par Jean Hochet était bien enchaîné dans la
bibliothèque commune, comme l’attestent la mention de la demande préa-
lable au conseil et au sous-proviseur (ex consensu et deliberacione aule et licencia
domini subprovisoris)132 et l’histoire du volume. Il s’agit du manuscrit Paris,
BNF, lat. 16106 qui était selon toute vraisemblance enchaîné dans la magna
libraria depuis la rédaction du catalogue double (1321-1338), sinon de celle du
catalogue de 1338133.
Toute proportion gardée, il en va de même de la Seconde partie de la Somme
de théologie, contemporaine et complémentaire du commentaire sur l’Éthique
de Thomas d’Aquin : la première fournit le commentaire par questiones qui
devait normalement compléter l’expositio littere du second, selon René-Antoine
(Appendice 1 : « Liste des Lectores Ethicorum connus », qui ne compte pas moins de quinze sorbo-
nistes sur les trente-quatre lecteurs répertoriés).
126. Le livre des prieurs de Sorbonne, op. cit., nos 35-36, p. 33-34 ; et Z. Kaluza, « Les cours com-
muns sur l’Éthique à Nicomaque… », art. cité, p. 153.
127. Z. Kaluza, « Les cours communs… », art. cité, p. 158-159 et 166-167.
128. Ibid., p. 166.
129. Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne, op. cit., no 68, 14, p. 292. Cet exem-
plaire du commentaire de Thomas d’Aquin était conservé dans la parva libraria du collège de
Sorbonne.
130. Ibid., no 81, 6, p. 325.
131. Ibid., no 77, 35, p. 314. Le 29 octobre 1428, Alard Palenc avait déjà emprunté un exemplaire
distinct du commentaire sur l’Éthique de Thomas d’Aquin. Voir ibid., no 77, 6, p. 312. Les deux
fois, les volumes proviennent de la parva libraria du collège de Sorbonne.
132. Ibid., no 81, 6, p. 325.
133. Voir supra p. 140-141.
141. G. Fournier, Une « bibliothèque vivante », op. cit., p. 377-387 ; Id., « Une bibliothèque en
temps de crise. Lecteurs étrangers et désenchaînements de manuscrits au collège de Sorbonne
dans le second quart du xve siècle », dans Savoir/Pouvoir. Les bibliothèques, de l’Antiquité à la moder-
nité, Turnhout, 2017 (à paraître).
142. Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne, op. cit., no 68, 22, p. 292-293 (20 sep-
tembre 1426 ; deux volumes pour Zénon de Castiglione), 27, p. 293 (3 octobre 1427 ; le volume
est restitué l’année suivante, voir ibid., 30, p. 293), 33, p. 294 (30 octobre 1428 ; un volume) et
34-35 (7 novembre 1428 ; deux volumes).
143. G. Fournier, Une « bibliothèque vivante », op. cit., p. 131-133.
144. K. Rebmeister-Klein, Les livres des petits collèges à Paris aux xive et xve siècles, op. cit., p. 125-
126, 179 sq. et 290-300.
145. Voir infra Tableau 5.
146. Z. Kaluza, « Les cours communs sur l’Éthique à Nicomaque… », art. cité, p. 161.
147. Ibid., p. 168 et 170-171.
148. Ibid., p. 170, et infra p. 176-177.
149. Colmar, BM, 12, f. 1 : Jn hoc libro continetur [suscrit de la même main de Louis Ber : Partim]
lectura ethicorum quam fecit magister Ludouicus Ber basiliensis publicus ethicus [sic] Lector parisius Anno
domini 1508 […]. La provenance du ms. figure sur le contre-plat supérieur : Est Ludouici Ber basi-
liensis socij Sorbonici, et au f. 1, on lit sa devise : Domat omnia virtus. Sur ce ms., voir P. Schmitt,
Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, LVI, Paris, 1969, p. 146 (qui
est entaché de quelques erreurs). Sur Louis Ber, voir A. Kimmenauer, « Colmarer Beriana.
Zu Ludwig Ber’s Bibliothek und Papieren », dans Festschrift für Josef Benzing. Zum sechzigsten
Geburtstag. 4. Februar 1964, E. Geck et G. Pressler, éd., Wiesbaden, 1964, p. 244-251 ;
J. K. Farge, Biographical Register of Paris Doctors of Theology. 1500-1536, Toronto, 1980, no 22,
p. 23-26 ; P. G. Bietenholz, « Ludwig Baer », dans Contemporaries of Erasmus. A Biographical
Register of the Renaissance and Reformation, P. G. Bietenholz, éd., I, Toronto-Buffalo-Londres,
1985, p. 84-86 ; Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne, op. cit., p. 648.
150. Voir à titre d’exemple Colmar, BM, ms. 12, f. 3v : […] plerique Aristotelis expositores Vt Eustra.
b. tho. Geraldus Burleius dicunt […]. Jean Buridan est cité parmi d’autres aux f. 2r, 5r, 27r, 81r, 88v,
92r et 100v. Sur le commentaire de Gauthier Burley et sa fortune, voir C. H. Lohr, « Medieval
Latin Aristotle Commentaries », Traditio, 24, 1 968, p. 1 49-245 (ici n o 36, p. 1 85- 1 86) ;
R.-A. Gauthier, L’Éthique à Nicomaque, op. cit., I-1, p. 136-137 et 158-159 ; G. Wieland, « The
Reception and Interpretations of Aristotle’s Ethics », art. cité, p. 667 ; O. Weijers, Le travail
intellectuel à la Faculté des arts de Paris, III, Paris, 1998, p. 37-62 (ici p. 58) ; D. A. Lines, Aristotle’s
Ethics in the Italian Renaissance, op. cit., no 15, p. 468-469 ; I. Costa, « Il problema dell’omonimia
del bene nell’esegesi dell’Etica Nicomachea (1300-1345 ca.) », Documenti e studi sulla tradizione filo-
sofica medievale, 23, 2012, p. 429-473 (ici p. 446-447).
151. Sententia et Expositio cum questionibus Geraldi Odonis super libros Ethicorum Aristotelis cum Textu
eiusdem, Venise, Simone da Lovere pour Andrea Torresani de Asula, 14 juillet 1500 (Colmar,
BM, CG 11646 ; d’après une mention autographe apposée sur le contre-plat supérieur, Louis
Ber a fait relier en 1507 le volume qui associe le commentaire de Guiral Ot à celui de la Politique
de Thomas d’Aquin, imprimé chez le même éditeur le 31 octobre 1500) ; Expositio Gualteri Burlei
super decem Libros Ethicorum Aristotelis, Venise, Simone da Lovere pour Andrea Torresani de Asula,
4 septembre 1500 (Colmar, BM, G 787 ; payé en sous parisis d’après une mention autographe
transcrite sur la page de titre, l’ouvrage a été acquis selon toute vraisemblance lors du séjour
parisien de Louis Ber, soit au plus tard au début de l’année 1513). Les deux volumes produisent
la traduction de Robert Grosseteste et sont inégalement annotés de la main de Louis Ber.
152. Voir infra Tableau 5.
153. Voir Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne, op. cit., no 200, 79, p. 536.
154. Sur ce qui suit, voir G. Fournier, « Livre après livre. Un catalogue inédit de la biblio-
thèque du collège de Sorbonne (milieu xvie siècle) », Scriptorium, 67, 2013, p. 184-217 et pl.
23-24 ; Id., « Le plus ancien catalogue imprimé d’une bibliothèque institutionnelle (vers
1550) », dans De l’argile au nuage : une archéologie des catalogues. IIe millénaire av. J.-C.-xxie siècle,
[Catalogue des expositions organisées par la Bibliothèque Mazarine et la Bibliothèque de
Genève], Paris-Genève, 2015, p. 196-198.
155. Sur le ternaire stoïcien, voir parmi d’autres G. Dahan, « Les classifications du savoir
aux xii e et xiii e siècles », L’enseignement philosophique, 40, 1 990, p. 5-27 (ici p. 1 4- 1 5) ;
D. Schioppetto, « Inutilis est logica si it sola. L’organizzazione del sapere in Giovanni di
Salisbury », dans La Divisione della Filosofia e le sue Ragioni. Lettura di testi medievali (vi-xiii secolo).
Atti del Settimo Convegno della Società Italiana per lo Studio del Pensiero Medievale (SISPM) (Assisi,
14-15 novembre 1997), G. d’Onofrio, éd., Cava de’ Tirreni, 2001, p. 79-105 (ici p. 87) ; G. de
Callatay, « Trivium et quadrivium en Islam : des trajectoires contrastées », dans Une lumière
venue d’ailleurs. Héritages et ouvertures dans les encyclopédies d’Orient et d’Occident au Moyen Âge. Actes
du colloque de Louvain-la-Neuve, 19-21 mai 2005, G. de Callatay et B. Van den Abeele,
éd., Louvain-la-Neuve, 2008, p. 1-30 (ici p. 4).
156. Sur l’harmonisation du classement boétien, d’inspiration aristotélicienne et donc dual,
avec le ternaire stoïcien, voir G. d’Onofrio, « La scala ricamata. La philosophiae divisio di
Severino Boezio, tra essere e conoscere », dans La Divisione della Filosofia e le sue Ragioni, op. cit.,
p. 11-63 (en part. p. 31-33, 46 sq. et n. 60 et p. 60 [Tavola II]).
157. C. H. Lohr, Latin Aristotle Commentaries, II, Florence, 1988, no 1, p. 46, et no 1, p. 106 ;
J. Kraye, « Renaissance Commentaries on the Nicomachean Ethics », art. cité, p. 98.
158. Sur Jérôme de Hangest et ses Moralia (Paris, Jean Petit, 1519), voir J. K. Farge, Biographical
Register of Paris Doctors of Theology, op. cit., no 234, p. 217-221 (en part. p. 220).
159. C. Flüeler, Rezeption und Interpretation der Aristotelischen Politica im späten Mittelalter, op. cit.,
I, en part. p. 150-155.
160. Ibid., p. 146-147. L’attribution à Jean Buridan est attestée dans quelques catalogues de
bibliothèque à la fin du Moyen Âge. Cependant elle ne s’appuie pas sur des informations préle-
vées dans les livres décrits. Voir ibid., p. 148-149 et n. 56.
161. Les éditions de 1500 et de 1530 paraissent reposer sur des erreurs. Voir ibid., p. 146 n. 51.
162. Sur les commentaires aristotéliciens de Jacques Lefèvre d’Étaples, en particulier de
l’Éthique, voir en dernier lieu D. A. Lines, « Lefèvre and French Aristotelianism on the Eve of the
Sixteenth Century », dans Der Aristotelismus in der Frühen Neuzeit – Kontinuität oder Wiederaneignung?,
G. Franck et A. Speer, éd., Wiesbaden, 2007, p. 273-289 ; L. Bianchi, « Renaissance
Readings of the Nicomachean Ethics », art. cité, p. 140-143, et infra p. 164.
163. Sur l’édition de Leonardo Bruni, voir D. A. Lines, Aristotle’s Ethics in the Italian Renaissance,
op. cit., p. 49 et no 26, p. 483-484. Sur la traduction de Leonardo Bruni et les controverses qu’elle
suscita, voir J. Hankins, « Notes on Leonardo Bruni’s Translation of the Nicomachean Ethics
an its Reception in the Fifteenth Century », dans Les traducteurs au travail, leurs manuscrits et leurs
méthodes. Actes du colloque international organisé par le « Ettore Majorana Centre for Scientific
Culture » (Erice, 30 septembre-6 octobre 1999), Turnhout, 2001, p. 427-447 ; Id., « Traduire
l’Éthique d’Aristote : Leonardo Bruni et ses critiques », dans Penser entre les lignes. Philologie
et philosophie au Quattrocento, F. Mariani-Zini, éd., Villeneuve-d’Ascq, 200 1, p. 133-159 ;
L. Bernard-Pradelle, Leonardo Bruni Aretino. Histoire, éloquence et poésie à Florence au début du
Quattrocento. Textes choisis, édités et traduits, Paris, 2008, en part. p. 57-62 ; S. Ebbersmeyer,
Homo agens. Studien zur Genese und Struktur frühhumanistischer Moralphilosophie, Berlin-New York,
2010, p. 150-185. (Sur cette dernière publication, on lira le compte rendu de G. Guldentops,
« Kritische Studie. Die frühhumanistische Moralphilosophie: Anfang der Moderne? », Recherches
de théologie et philosophie médiévales, 77, 2010, p. 391-413, et la réponse d’E. Kessler, « Ethik im
Mittelalter und im frühen Humanismus. Kritische Studie über eine “Kritische Studie” », ibid.,
78, 2011, p. 481-505.)
164. Sur l’édition de Joachim Périon, voir R.-A. Gauthier, L’Éthique à Nicomaque, op. cit.,
I-1, p. 174 sq et n. 256 ; C. B. Schmitt, « Aristotle’s Ethics in the Sixteenth Century : Some
Preliminary Considerations » [ 1 979], dans Id., The Aristotelian Tradition and Renaissance
Universities, Londres, 1984, no VII, p. 87-112 (ici p. 99-102) et [338] (Addenda et corrigenda) ;
C. H. Lohr, Latin Aristotle Commentaries, op. cit., II, no 9, p. 323-324 ; C. Schmitt, Aristote et la
Renaissance, Paris, 1992, p. 88-92. Sur l’intérêt porté à Aristote par Joachim Périon et son cicé-
ronisme, voir A. Stegmann, « Les observations sur Aristote du bénédictin J. Périon », dans
Platon et Aristote à la Renaissance, op. cit., p. 377-389 (ici p. 378 et 382-384).
165. Sur l’édition de Jean Argyropoulos, voir D. A. Lines, Aristotle’s Ethics in the Italian Renaissance,
op. cit., p. 50-51 et nos 35-37, p. 487-489.
166. Z. Kaluza, « Les cours communs sur l’Éthique à Nicomaque… », art. cité, p. 161 (au sujet de
la traduction de Leonardo Bruni).
167. A. Pelzer, « Les versions latines des ouvrages de morale conservés sous le nom d’Aristote
en usage au xiiie siècle », p. 406 [repris dans Id., Étude d’histoire littéraire sur la scolastique
médiévale, op. cit., p. 181] ; Z. Kaluza, « Les cours communs sur l’Éthique à Nicomaque… », art.
cité, p. 163.
168. Colmar, BM, ms. 12, f. 5r (Leo. Are. / quemadmodum in his [sic] que appelantur scientie), 8r et
62r-v.
169. Sur les Decem librorum Moralium Aristotelis tres conuersiones de Jacques Lefèvre d’Étaples,
voir R.-A. Gauthier, L’Éthique à Nicomaque, op. cit., I-1, p. 157-158 ; C. H. Lohr, Latin Aristotle
Commentaries, op. cit., II, nos 10-11, p. 140-141 ; J. Kraye, « Renaissance Commentaries on the
Nicomachean Ethics », dans Vocabulary of Teaching and Research Between Middle Ages and Renaissance.
Proceedings of the Colloquium London, Warburg Institute, 11-12 March 1994, O. Weijers, éd.,
Turnhout, 1995, p. 96-117 (ici p. 104-105). Le volume comprend en particulier les commen-
taires de Lefèvre d’Étaples (1497) et de Lorenzo Valla (1421-1424). L’exemplaire de Louis Ber
est conservé à Colmar, BM, V 12142. D’après une mention autographe apposée sur la page de
titre, il a été relié en 1510.
170. Voir A. Kimmenauer, « Colmarer Beriana. Zu Ludwig Ber’s Bibliothek und Papieren »,
art. cité, p. 248 et 251 n. 18.
171. Z. Kaluza, « Les cours communs sur l’Éthique à Nicomaque… », art. cité, p. 163-164.
172. C. Schmitt, Aristote et la Renaissance, p. 95 : « […] bien qu’on ait souvent réimprimé les
traductions de Périon, elles semblent avoir été rarement utilisées dans un contexte d’enseigne-
ment universitaire ».
L’archive dévoilée
Tirons quelques conclusions des pages qui précèdent. Elles concernent
pour l’essentiel la contribution de l’histoire du livre et des bibliothèques à
l’histoire intellectuelle. Au sujet des listes des articles condamnés, auxquelles
nous avons consacré notre thèse, nous observions que les bibliothèques et
leurs catalogues étaient absents des débats184. Le sort qui leur fut réservé dans
certains dossiers évoqués au cours de nos investigations paraît plus enviable.
Ainsi Zénon Kaluza puisa-t-il aux ressources du registre de prêt du col-
lège de Sorbonne pour apprécier parmi d’autres la transmission matérielle
180. Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 4204, f. 16r : Scholastici doctores. […] 34 Opuscula Almain,
in sententias, moralia, de potestate Ecclesiastica. 35 Moralia eiusdem [Almain ; …]. L’édition princeps
des Opuscula et des Moralia datent respectivement de 1512 (Paris, Gilles de Gourmont) et de
1510 (Paris, Henri Estienne). Sur Jacques Almain et ses œuvres, en part. les Moralia, voir
A. Renaudet, Préréforme et humanisme à Paris pendant les premières guerres d’Italie (1494-1517), 2e éd.
revue et corrigée, Paris, 1953, en part. p. 592 et n. 6 et p. 656 et n. 2 ; J. K. Farge, Biographical
Register of Paris Doctors of Theology, op. cit., no 10, p. 15-18. Selon ce dernier, les Moralia de Jacques
Almain aurait été a standard text à la factulté des arts au lendemain de son décès prématuré. Voir
ibid., p. 16.
181. D. A. Di Liscia, « Kalkulierte Ethik : Vives und die “Zerstörer” der Moralphilosophie
(Le Maistre, Cranston und Almain) », dans Ethik-Wissenschaft oder Lebenskunst? Modelle der
Normenbegründung von der Antike bis zur Frühen Neuzeit, S. Ebbersmeyer et E. Kessler, éd.,
Berlin, 2007, p. 75-105 (ici p. 92-97).
182. Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 4204, f. 24r : Accessio […] 1 Dogma moralium philosopho-
rum cum michaele ritio de regibus. Ces annotations sont propres à l’exemplaire de la Bibliothèque
Mazarine.
183. Sur les éditions du Moralium dogma philosophorum, voir R.-A. Gauthier, « Les deux recen-
sions du Moralium dogma philosophorum », art. cité, p. 177 et 181.
184. G. Fournier, Une « bibliothèque vivante », op. cit., p. 21.
185. Z. Kaluza, « Les débuts de l’albertisme tardif », art. cité, p. 214-216 et 246-293 (Appendice
2 : « Thomas d’Aquin et Albert le Grand lus par les théologiens de Sorbonne au xve siècle) ; Id.,
« Les cours communs sur l’Éthique à Nicomaque… », en part. p. 156-160.
186. D. A. Lines, « Moral Philosophy in the Universities of Medieval and Renaissance Europe »,
art. cité, p. 42-43 et 64 ; L. Bianchi, « Renaissance Readings of the Nicomachean Ethics », art.
cité, p. 141.
187. F. Hildesheimer, « Une archivistique des manques ? », Bibliothèque de l’École des chartes,
138, 1980, p. 231-235 (cit. p. 235).
188. J. B. Korolec, « Le commentaire d’Averroès sur l’Éthique à Nicomaque », Bulletin de philo-
sophie médiévale, 27, 1985, p. 104-107 (qui réévalue l’importance du commentaire d’Averroès).
Plus des deux tiers des 10 mss proviennent d’Italie. Voir D. A. Lines, « Sources and Authorities
for Moral Philosophy in the Italian Renaissance », art. cité, p. 16. Le manuscrit Vatican, BAV,
Borghese 57, f. 1-55 (xiiie s.) a été acquis à Paris par Pierre Roger, le futur pape Clément VI,
lors des années passées à la faculté des arts, en 1312. Voir A. Maier, Codices Burghesiani
Bibliothecae Vaticanae, Cité du Vatican, 1952, p. 75-76. Ultérieurement, la bibliothèque de Pierre
Roger s’enrichit de tables anonymes et de Jean Bernier de Fayt (Vatican, BAV, Borghese 247,
f. 209v-217r et catalogue de la bibliothèque de Peñiscola) et du commentaire sur l’Éthique de
Gauthier Burley (Vatican, BAV, Borghese, 129). Sur la bibliothèque de Pierre Roger, voir Ead.,
« Der literarische Nachlass des Petrus Rogerii (Clemens VI.) in der Borghesiana » [1948], dans
Ead., Ausgehendes Mittelalter. Gesammelte Aufsätze zur Geistesgeschichte des 14. Jahrhundert, II, Rome,
1967, p. 255-315 ; É. Anheim, « La bibliothèque personnelle de Pierre Roger/Clément VI »,
dans La vie culturelle, intellectuelle et scientifique à la cour d’Avignon, J. Hamesse, éd., Turnhout, 2006,
p. 1-48 ; J. Hamesse, « Les instruments de travail utilisés par Jean XXII et Clément VI, témoins
de leurs intérêts scientifiques », dans Per perscrutationem philosophicam. Neue Perspektiven der mit-
telalterlichen Forschung. Loris Sturlese zum 60. Geburtstag gewidmet, A. Beccarisi, R. Imbach et
P. Porro, éd., Hambourg, 2008, p. 333-347 (ici p. 341-343) ; É. Anheim, Clément VI au travail.
Lire, écrire, prêcher au xive siècle, Paris, 2014, p. 89-109 (ici p. 90, 93 et 108).
189. Voir supra p. 127-128.
190. Sur la tradition manuscrite de l’Ethica d’Albert le Grand, en particulier le ms. Paris, BNF,
lat. 16608, voir C. H. Lohr, « Medieval Latin Aristotle Commentaries », Traditio, 23, 1967,
p. 313-413 (ici nos 29-31, p. 344-345) ; W. Fauser, Die Werke des Albertus Magnus in ihrer hand-
schriftlichen Überlieferung, I, Münster, 1982, no 33, p. 174-180 et 477 (Nachtrag) ; W. Senko,
Repertorium, II, p. 70.
teneur ». Les anciennes gardes des plats supérieur et inférieur portent des
traces d’enchaînement. Ce qui ne dit encore rien de l’époque où cette opéra-
tion est intervenue et du dépôt qui l’accueillit. En conséquence, aucun élément
objectif ne permet d’affecter le manuscrit Paris, BNF, lat. 16608 à la biblio-
thèque commune. Le manuscrit Paris, BNF, lat. 15791 (xiiie s.), qui provient
du legs de Godefroid de Fontaines et qui fut enchaîné au vingt-cinquième
pupitre de la bibliothèque commune au début du second quart du xive siècle,
contient deux modestes extraits de l’Ethica dans les marges inférieures des
feuillets 80v et 89v191. Sa contribution à la réception du commentaire alberti-
nien est pour ainsi dire insignifiante.
L’un d’entre eux a été emprunté à une seule reprise, entre 1427 et 1445,
par un dénommé magister Bernardus192. Le manuscrit était conservé dans la
parva libraria. Ces faits corroborent le constat formulé par Zénon Kaluza : au
xve siècle, les ouvrages d’Albert le Grand sont fort peu empruntés, sinon fort
peu lus, au collège de Sorbonne193.
Le commentaire sur l’Éthique de Louis Ber ignore pareillement les commen-
taires albertiniens. Or le sociétaire du collège de Sorbonne était sensible à
l’Expositio super libros Ethicorum de Gauthier Burley. Ce dernier peut être consi-
déré comme un puissant vecteur de la pensée albertinienne. Albert de Saxe
et Donato Acciaiuoli parmi d’autres prennent connaissance de l’Ethica par le
truchement de l’Expositio194. Louis Ber n’est pas en reste : il ponctue volontiers
201. Voir à titre d’exemples les listes d’emprunts de Jean Germain : Le registre de prêt de la biblio-
thèque du collège de Sorbonne, op. cit., no 68, 5, p. 291 (12 juillet 1424) et 15, p. 292 (24 avril 1425)
pour le Textus Aristotelis (il s’agit de deux exemplaires distincts) et 14, p. 292 (13 avril 1425) pour
le commentaire thomasien, et d’Alard Palenc : ibid., no 77, 48, p. 315 (7 mai 1432) pour le Textus
Aristotelis et 6, p. 312 (24 octore 1428) et 35, p. 314 (7 octobre 1431) pour le commentaire tho-
masien (il s’agit de deux exemplaires distincts, voir supra n. 131). Il n’est pas rare que l’Éthique
et le commentaire de Thomas d’Aquin soient empruntés le même jour. Voir ibid., no 91, 8-9,
p. 351, et 20-21, p. 352 (respectivement les 18 août et 26 décembre 1441 pour Ursin Thibout ;
il s’agit les deux fois d’exemplaires distincts) et no 120, 43-44, p. 456 (13 décembre 1473 pour
Jacques Bacler).
202. D. A. Lines, « Sources and Authorities for Moral Philosophy in the Italian Renaissance »,
art. cité, p. 21.
203. M. Grabmann, Forschungen über die lateinischen Aristoteles-Übersetzungen des XIII. Jahrhunderts,
p. 251 (Ergänzungen und Berichtigungen) ; Id., Der lateinische Averroismus des 13. Jahrhunderts
und seine Stellung zur christlichen Weltanschauung. Mitteilungen aus ungedruckten Ethikkommentaren,
Munich, 1931, p. 68. G. Heidingsfelder, Albert von Sachsen, op. cit., p. 98, renvoie explicite-
ment à M. Grabmann.
204. R.-A. Gauthier, L’Éthique à Nicomaque, op. cit., I-1, p. 122-124 (cit. p. 124).
205. B. Sère, Penser l’amitié au Moyen Âge, op. cit., p. 49 (où il est question d’Albert le Grand
et de Thomas d’Aquin) et 60 (cit.) ; M. Dreyer, « Die Aristoteles-Rezeption und die Ethik-
Konzeption Alberts des Großen », p. 307 (cit.). D. A. Lines, Aristotle’s Ethics in the Italian
Renaissance, op. cit., p. 164 surestime pareillement la fortune des deux commentaires alberti-
niens en Italie. Aucun n’égale celle du commentaire de Guiral Ot, par exemple, dont l’impor-
tance est pourtant qualifiée de moyenne (middling importance). Voir ibid., p. 165. Pour une appré-
ciation de l’influence contrastée des commentaires sur l’Éthique d’Albert le Grand et de Thomas
d’Aquin en Italie à la fin du Moyen Âge, voir L. Cova, « Felicità e beatitudine nella Sententia Libri
Ethicorum di Guido Vernani da Rimini », Documenti e studi sulla tradizione filosofica medievale, 17,
2006, p. 363-404 (en part. p. 379 n. 57).
206. I. Costa, « Il problema dell’omonimia del bene nell’esegesi dell’Etica Nicomachea ( 1300-
1345 ca.) », art. cité, p. 454-455.
207. Id., « L’Éthique à Nicomaque à la faculté des Arts de Paris avant et après 1277 », Archives
d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge, 79, 2012, p. 71-114 (ici p. 79-80, 86-92 et 102-104).
L’auteur reprend diverses hypothèses énoncées par R.-A. Gauthier, « Trois commentaires
“averroïstes” sur l’Éthique à Nicomaque », ibid., 22-23, 1947-1948, p. 187-336 (en part. p. 334
et n. 2 au sujet de la postérité de Thomas d’Aquin), qui adopte une position plus équilibrée au
sujet des héritages d’Albert et de Thomas, sinon promeut la primauté de celui d’Albert, sur la
« famille des Commentaires “averroïstes” sur l’Éthique à Nicomaque ».
208. Ibid., p. 273 n. 1 (à propos des Questiones supra decem libros Ethicorum de Gilles d’Orléans).
209. I. Costa, « Le théologien et l’Éthique à Nicomaque. Sur les usages théologiques de la
morale aristotélicienne au xive siècle », Médiévales, 63, 2012, p. 75-89. Cette contribution ne
nous convainc pas tout à fait, en raison notamment de la labilité des notions de « théologie » et
« théologiens », de leur adéquation plus ou moins nette avec l’œuvre de Thomas d’Aquin et en
définitive de la proximité de certains de ces commentaires avec l’Ethica d’Albert le Grand. Pour
ce dernier point, voir ibid., p. 79 (à propos de la seconde rédaction du commentaire de Raoul le
Breton) et 84 (à propos de Gui Terrena).
210. S.-T. Bonino, « Le thomisme parisien au xve siècle », Revue thomiste, 107, 2007, p. 625-
653 (en part. p. 637-638), et infra p. 178-179. Ailleurs Jean Le Tourneur adopte des positions
albertiniennes. Voir E. P. Bos, « John Versor’s Albertism in his Commentaries on Porphyry and
the Categories », dans Chemins de la pensée médiévale, op. cit., p. 47-78. Pour une synthèse de l’in-
fluence intellectuelle des théories éthiques d’Albert le Grand, voir J. Müller, Natürliche Moral
und philosophische Ethik bei Albertus Magnus, op. cit., p. 378-392.
211. G. Heidingsfelder, Albert von Sachsen, op. cit., p. 95-98 ; R. Saarinen, « Weakness of
Will in the Renaissance and the Reformation », dans Das Problem der Willensschwäche in der mitte-
lalterlichen Philosophie, T. Hoffmann, J. Müller et M. Perkams, éd., Louvain-Paris-Dudley,
2006, p. 331-353 (ici p. 334-336).
n’ont aucun égard au fait que l’Église catholique avait approuvé la doctrine
d’Aristote. En effet, nul étudiant ne pouvait obtenir un grade universitaire à la
faculté des arts, sinon en jurant d’avoir assisté aux cours sur ces livres, encore
que, évidemment, il ne contredisait pas Aristote, pour autant qu’Aristote ne soit
pas incompatible avec la foi. Car, assurément, si ses paroles sont convenable-
ment examinées, il n’est alors aucunement contraire à la foi […]216.
Parmi les propositions énoncées par Jean de Maisonneuve, l’interprétation
erronée des textes d’Aristote, l’affranchissement à l’égard des autorités et la
violation des règlements universitaires ou ecclésiastiques alimenteront long-
temps encore l’argumentaire des réalistes217.
Le texte et la carrière de Jean de Maisonneuve témoignent aussi, et peut-être
surtout, de la mutation dont la faculté des arts est le théâtre au tournant du
xve siècle, en d’autres termes le déclin de l’école buridaniste et le triomphe
imminent du courant réaliste 218. Rénovateur de l’albertisme et chef de file
des modistes à Paris, Jean de Maisonneuve professa en effet dans la rue de
Fouarre à partir de 1395-1397. Parmi ses continuateurs, on ne compte guère
que Lambertus de Monte, étudiant en théologie et sociétaire du collège de
Sorbonne219. Quelques faits viennent corroborer cette appréciation : les
sources émanées de l’université de Cologne220, la désaffection des derniers
216. Le témoignage du Commentum aureum de Jean de Maisonneuve (peu après 1405), rénovateur
de l’albertisme et chef de file des modistes à Paris, est reproduit et commenté dans Z. Kaluza,
Les querelles doctrinales à Paris. Nominalistes et réalistes aux confins du xive et du xve siècles, Bergame,
1988, p. 99-105 (texte latin p. 116 n. 47 ; trad. fr. p. 99) ; Id., « Les débuts de l’albertisme tar-
dif », art. cité, p. 210 sq. et 232 n. 14 (quelque peu plus nuancé). Sur la datation du Commentum
aureum, voir Id., Les querelles…, op. cit., p. 91 et 111 n. 17. Selon L. Bianchi, l’allusion au statut
édicté le 5 juin 1366 par Urbain V serait à peine voilée dans le passage cité. Voir Id., Censure et
liberté intellectuelle, op. cit., p. 162 et 310 n. 129.
217. Voir M. J. F. M. Hoenen, « “Secundum vocem concordare, sensu tamen discrepare”. Der
Streit um die Deutung des Aristoteles an der Universität Ingolstadt im späten 15. und frühen
16. Jahrhundert », dans Politischer Aristotelismus und Religion in Mittelalter und Früher Neuzeit,
A. Fidora, J. Fried, M. Lutz-Bachmann et L. Schorn-Schütte, éd., Berlin, 2007,
p. 67-87.
218. Z. Kaluza, Les querelles doctrinales à Paris, op. cit., p. 100 ; Id., « Les débuts de l’albertisme
tardif », art. cité, en part. p. 207, 211 et 214.
219. M. Meliadò et S. Negri, « Neues zum Pariser Albertismus des frühen 15. Jahrhundert.
Der Magister Lambertus de Monte und die Handschrift Brussel, Koninklijke Bibliotheek, ms.
760 », Bulletin de philosophie médiévale, 53, 2011, p. 349-384 (ici p. 354-359). Les annotations
apposées dans les marges de son commentaire des Sentences après 1423 circonscriraient « d’une
certaine manière les frontières d’une tradition académique », une « tradition albertiste propre à
l’université de Paris ». Voir ibid., respectivement p. 372 (nous soulignons) et 366.
220. Pour le détail, voir Z. Kaluza, « Les étapes d’une controverse. Les nominalistes et les réa-
listes parisiens de 1339 à 1482 », dans La controverse religieuse et ses formes, A. Le Boulluec, éd.,
Paris, 1985, p. 297-317 (ici p. 306-307 et n. 19-20). Il s’agit respectivement du protocole d’une
réunion du 1er octobre 1414 et de la réponse de l’université au prince électeur de 1425.
221. Pour le détail, voir Z. Kaluza, « Le De universali reali de Jean de Maisonneuve et les epicuri lit-
terales », Freiburger Zeitschrift für Philosophie und Theologie, 33, 1986, p. 469-516 (ici p. 494 et n. 56).
Il n’est pas à exclure que l’un d’entre eux, en l’occurrence Jean Dorp, qui a quitté la capitale en
1403, ait été visé dans la critique du nominalisme formulée dans le De universali reali, dont la
rédaction se situe entre 1406 et 1418. Voir ibid., p. 506.
222. B. Michael, Johannes Buridan, op. cit., p. 328 et n. 130.
223. Sur la foi d’indications explicites, 5 témoins des Quaestiones in libros Ethicorum de Jean
Buridan proviennent ou ont transité par Paris. Outre les 2 témoins légués au collège de
Sorbonne (Paris, BNF, lat. 16128 et 16129, voir supra p. 148-150), il s’agit des mss Chartres, BM,
283 (1381 et 1389), Paris, Bibliothèque Mazarine, 3515 (1385) et Reims, BM, 889 (fin xive s.).
Faute de place, nous renonçons à détailler leur description. Voir B. Michael, Johannes Buridan,
op. cit., respectivement p. 834-835, 847-848 et 852-853. Aucun n’est postérieur au tournant
du xve siècle. L’affirmation selon laquelle le manuscrit Paris, BNF, lat. 17831 (xive s.) serait
attesté au collège de Navarre dans les années 1380 est infondée. Voir J.-B. Korolec, « Le com-
mentaire de Jean Buridan sur l’Éthique à Nicomaque et l’université de Cracovie dans la première
moitié du xve siècle », Organon, 10, 1974, p. 187-208 (ici p. 191 et n. 43) ; B. Michael, Johannes
Buridan, op. cit., p. 326-327 et n. 124, 825 et 856. Exempt de mentions « hors la teneur », son
origine et son histoire sont tout bonnement inconnues.
224. L. Bianchi, « Un commento “umanistico” ad Aristotele », art. cité, p. 53 ; D. A. Lines,
Aristotle’s Ethics in the Italian Renaissance, op. cit., p. 166 et n. 51 ; Id., « Sources and Authorities
for Moral Philosophy in the Italian Renaissance », art. cité, p. 17. Dans une lettre adressée au
professeur siennois et commentateur de l’Éthique, Francesco Casini, datée de 1404, Coluccio
Salutati compte Jean Buridan au nombre des principaux commentateurs de la philosophie
morale du Stagirite, ce qui ne signifie pas nécessairement qu’il était entré en possession
d’un exemplaire de son commentaire. Voir L. Bianchi, « Un commento “umanistico” ad
Aristotele… », art. cité, p. 53-54 ; D. A. Lines, Aristotle’s Ethics…, op. cit., p. 111 et n. 1. Sur le
commentaire de l’Éthique de Francesco Casini (v. 1340-v. 1410), qui est aujourd’hui perdu, voir
ibid., en part. no 24, p. 482.
225. B. Michael, Johannes Buridan, op. cit., p. 328.
226. Dans une littérature abondante, voir S. Müller, « Wiener Ethikkommentare des 15.
Jahrhunderts », Documenti e studi sulla tradizione filosofica medievale, 17, 2006, p. 445-467 (en part.
p. 452 : Dies hat zu der zutreffenden Bemerkung geführt, dass in Wien im 15. Jahrhundert Buridan den
Aristotelestext praktisch ersetzt hat).
227. Le catalogue de la faculté des arts de l’université de Cologne est édité dans H. Keussen,
« Die alte Kölner Universitätsbibliothek », Jahrbuch des Kölnischen Geschichtsvereins E. V., 11, 1929,
p. 129-190 (ici Anlage I, p. 163-183). Sur le commentaire de Jean Buridan, voir p. 169 (V, 16),
173 (VIII, 31), 174 (IX, 12) et 180 (XIII, 8) ; d’Albert le Grand, voir p. 166 (II, 18) et 176 (X, 7), les
deux fois sans précision quant au commentaire dont il s’agit ; de Thomas d’Aquin, voir p. 176
(X, 2), et de Gauthier Burley, voir p. 173 (VIII, 33) ; et le Textus Aristotelis, voir p. 176 (X, 14) et
177 (X, 24).
228. Au ms. Paris, Bibliothèque Mazarine, 3515 qui est attesté au collège de Navarre au
xvie siècle, on ajoutera les exemplaires mentionnés dans les catalogues de bibliothèque du
collège de Dormans-Beauvais (vers 1380-1382) et de l’abbaye de Saint-Victor (1514), et dans le
testament de Guillaume Vauchis, dressé le 1er septembre 1414, destiné à la libraria theologorum
du collège de Maître Gervais. Voir respectivement É. Pellegrin, « La bibliothèque de l’ancien
collège de Dormans-Beauvais », art. cité, nº 87, p. 14 ; G. Ouy, Les manuscrits de l’abbaye de Saint-
Victor. Catalogue établi sur la base du répertoire de Claude de Grandrue (1514), I, Turnhout, 1999, p. 583
(LLL 16), et K. Rebmeister-Klein, Les livres des petits collèges à Paris aux xive et xve siècles, op. cit.,
p. 694 (no 12).
229. Sur les « nominalistes » cités dans l’ordonnance du 1er mars 1474, voir Z. Kaluza, « La
crise des années 1474-1482 : l’interdiction du nominalisme par Louis XI », dans Philosophy and
Learning, op. cit., p. 293-327 (ici p. 307-308) ; W. J. Courtenay, « Was There an Ockhamist
School? » [1995], dans Id., Ockham and Ockhamism, op. cit., p. 371-401 (ici p. 371-374).
L’archive
La bibliothèque commune du collège de Sorbonne constitue donc un pré-
cieux indicateur de la fortune des commentaires sur l’Éthique à Nicomaque à la
fin du Moyen Âge et à la Renaissance. Mais il y a plus. Les versements suc-
cessifs de quelques-uns des principaux d’entre eux témoignent de l’assimila-
tion de la philosophie morale d’Aristote à l’université de Paris. Égrenant des
noms d’auteurs et des titres d’œuvres, les sources relatives à la bibliothèque
commune ne pallient pas seulement l’absence de programmes universitaires ;
elles dessinent les contours d’une pratique, ou mieux : elles lèvent un coin
du voile du « système général d’archive dont il[s] relève[nt]232 ». L’« archive »,
telle qu’elle est conçue par Michel Foucault, articule des institutions, en
l’occurrence le collège de Sorbonne et la faculté des arts, qui confèrent aux
discours leur autorité et une mémoire233. Ce que la bibliothèque commune
transmet, ce ne sont donc pas des effigies ou des postures individuelles, c’est
une mémoire et un élan collectifs, pour paraphraser Alain de Libera234.
Indescriptible dans sa totalité, l’archive « se donne à voir par fragments,
régions et niveaux235 ». La bibliothèque du collège dit de la « Petite Sorbonne »
et les commentaires issus du cours communs sur l’Éthique à Nicomaque, qui
entretiennent tout deux d’étroites relations avec la faculté des arts236 et le col-
230. Sur le commentaire de Pierre Foliot et le Textus Ethicorum, voir Z. Kaluza, « Les cours com-
muns sur l’Éthique à Nicomaque… », art. cité, p. 168-171. Sur le Textus, voir de surcroît A. Pelzer,
« Les versions latines des ouvrages de morale conservés sous le nom d’Aristote en usage au
xiiie siècle », Revue néo-scolastique de philosophie, 23, 1921, p. 378-412 (ici p. 406-407) [repris
dans Id., Étude d’histoire littéraire sur la scolastique médiévale, op. cit., p. 120-187 (ici p. 180-181)].
231. Voir supra p. 159-160, 164 et 169-170. Nous reviendrons ailleurs plus en détail sur ces deux
commentaires.
232. Sur la notion d’« archive », voir M. Foucault, L’archéologie du savoir, Paris, 1 969,
p. 169-173.
233. D. Maingueneau, L’analyse du discours. Introduction aux lectures de l’archive, Paris, 1992,
p. 22-24 ; P. Charaudeau et D. Maingueneau, éd., Dictionnaire d’analyse du discours, Paris,
2002, en part. p. 62 (D. Maingueneau).
234. A. de Libera, Penser au Moyen Âge, op. cit., p. 67.
235. M. Foucault, L’archéologie du savoir, op. cit., p. 171.
236. Pour la bibliothèque, voir C. Angotti, « Mort et vie du collège dit de la ‘Petite Sorbonne’ »,
art. cité, p. 177 (à propos d’une délibération du collège de Sorbonne qui évoque la libraria parve
Serbone artistarum en 1438).
237. Paris, BNF, lat. 16090, f. 61ra-108rb. Sur ce ms., voir supra p. 142 sq., et C. Angotti, « Mort
et vie du collège dit de la “Petite Sorbonne” », art. cité, no 14, p. 197. Jusqu’au début du livre III,
au moins deux scribes ont joint un commentaire au texte d’Aristote qui s’autorise nommément
d’Eustrate de Nicée (f. 61r-v). Un second exemplaire de la traduction de Robert Grosseteste
provenant de la bibliothèque du collège dit de la « Petite Sorbonne » est mentionné dans Le
registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne, op. cit., no 200, 18, p. 528. Voir Z. Kaluza,
« Les cours communs sur l’Éthique à Nicomaque… », art. cité, p. 157-158 ; C. Angotti, « Mort
et vie… », art. cité, p. 184 et n. 51. Il a été emprunté encore à deux reprises en 1470 par Jean de
Lapide et en 1473 par Jacques Bacler, les deux fois sans que la provenance soit précisée. Voir
Z. Kaluza, « Les cours communs… », art. cité, en part. p. 158 n. 25.
238. Au moins deux exemplaires du commentaire thomasien sont attestés dans la bibliothèque
de la Parva Sorbona. Le premier est consigné dans le ms. Paris, BNF, lat. 16612, f. 54va-135rb
qui provient du legs d’Henri de l’Église, dont on ne sait rien. L’appartenance à la bibliothèque
de la Parva Sorbona est attestée à deux reprises, sur le contre-plat supérieur et au f. 165 sur un
grattage. Sur le legs d’Henri de l’Église, voir L. Delisle, Cabinet, II, p. 154 ; sur le ms. Paris,
BNF, lat. 16612, voir W. Senko, Repertorium, II, p. 74-75 ; V. Shooner, Codices manuscripti ope-
rum Thomae de Aquino, op. cit., III, no 2449, p. 321-322 ; C. Angotti, « Mort et vie… », art. cité,
p. 189 et n. 79 et 199 no 37. Le second est extrait de archa librorum parve Sorbone le 21 décembre
1427 et mis à la disposition d’un emprunteur anonyme qui sollicita en même temps le texte
d’Aristote d’après Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne, op. cit., no 200, 18, p. 528.
Voir C. Angotti, « Mort et vie… », art. cité, p. 184 et n. 52. Il ne correspond pas au ms. précité.
239. Voir supra p. 148-149 au sujet du ms. Paris, BNF, lat. 16128.
240. Voir supra p. 142 sq. au sujet du ms. Paris, BNF, lat. 16090.
241. Voir supra n. 231.
242. Pour le détail, voir supra p. 156-157.
243. Sur l’« aristotélisme chrétien », voir S. Swiezawski, « Les débuts de l’aristotélisme chré-
tien moderne », Organon, 7, 1970, p. 177-194 (en part. p. 191-194 ; cit. p. 180) ; S.-T. Bonino,
« Le thomisme parisien au xve siècle », art. cité, p. 634 sq. Notons toutefois que l’« orientation
vers Aristote » de l’Église est antérieure au milieu du xve siècle. Voir supra p. 129-130.
244. S.-T. Bonino, « Le thomisme… », art. cité, p. 636.
245. Sur le thomisme de Jean Le Tourneur, voir B. Sère, Penser l’amitié au Moyen Âge, op. cit.,
p. 347-364 (cit. p. 361).
246. Voir M. J. F. M. Hoenen, « Thomismus, Skotismus und Albertismus. Das Entstehen und
die Bedeutung von philosophischen Schulen im späten Mittelalter », Bochumer philosophisches
Jahrbuch für Antike und Mittelalter, 2, 1997, p. 81-103 (en part. p. 92-94) ; Id., « Late Medieval
Schools of Thought in the Mirror of University Textbooks. The Promptuarium argumentorum
(Cologne, 1492) », Philosophy and Learning, p. 329-369 (ici p. 330-334).
247. Z. Kaluza, « La crise des années 1474-1482 : l’interdiction du nominalisme par Louis XI »,
art. cité, p. 311-315.
248. B. Michael, Johannes Buridan, op. cit., p. 330.
249. Voir supra n. 97, 150 et 232.
250. Sur Gilles de Delft et son œuvre, voir H. Elie, « Quelques maîtres de l’université de
Paris vers l’an 1500 », Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge, 25-26, 1950-1951,
p. 193-243 (ici p. 200) ; A. Renaudet, Préréforme et humanisme à Paris pendant les premières guerres
d’Italie (1494-1517), op. cit., p. 129-130 ; R.-A. Gauthier, L’Éthique à Nicomaque, op. cit., I-1,
p. 154 ; A. L. Gabriel, « Via antiqua and via moderna and the Migration of Paris Students
and Masters to the German Universities in the Fifteenth Century », dans Antiqui und Moderni.
Traditionsbewussstsein und Fortschrittsbewusstsein im späten Mittelalter, A. Zimmermann, éd.,
Berlin-New York, 1974, p. 439-483 (ici p. 454-455) ; J. K. Farge, « Gillis van Delft », dans
Contemporaries of Erasmus. A Biographical Register of the Renaissance and Reformation, op. cit., I, p. 382-
383 ; C. H. Lohr, Latin Aristotle Commentaries, op. cit., II, p. 124 ; T. Sullivan, Parisian Licentiates
in Theology, A.D. 1373-1500, op. cit., II, p. 192-195 ; L. Bianchi, « Renaissance Readings of the
Nicomachean Ethics », art. cité, p. 141.
251. Z. Kaluza, « Les cours communs sur l’Éthique à Nicomaque… », art. cité, p. 177.
252. E. Ornato, « Les humanistes français et la redécouverte des classiques », dans Préludes à
la Renaissance. Aspects de la vie intellectuelle en France au xve siècle, C. Bozzolo et E. Ornato, éd.,
Paris, 1992, p. 1-45 (ici p. 40-41).
253. Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne, op. cit., no 147, p. 497-498.
254. M. Foucault, L’archéologie du savoir, op. cit., p. 171.
255. A. de Libera, La querelle des universaux. De Platon à la fin du Moyen Âge, Paris, 1996, p. 15.
Gilbert Fournier
CNRS-IRHT, Biblissima
ANNEXE
Le tableau qui suit résume les versements successifs des commentaires sur
l’Éthique à Nicomaque et des tables dans la bibliothèque commune du collège
de Sorbonne à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance. Pour ne pas alourdir
inconsidérément le tableau, nous nous contentons de la première mention
des commentaires dans le registre de prêt (entre 1425 et 1431). La dernière
ligne est consacrée à l’identification des manuscrits. Les informations conjec-
turales sont livrées entre parenthèses. Pour le détail, on se reportera au texte
qui précède.
Lat. 16110 in in
après 1391 magna magna
libraria libraria
Registre de (2.XI. (31.X. 2.XI.
prêt 1425) 1430) 1425
1425-1431
Catalogue (24.11) (24.11) (24.13) (24.13) (24.58) (24.15) (24.15) (24.61) (24.14) 24.17
après 1549 (24.12) (24.12) (24.18) (24.18) (24.19) (24.19)
1. C’est à l’invitation des organisateurs de la journée d’étude, et avec leur aide, que je me suis
livrée à cette mise au point sur ce qu’on pouvait savoir des manuscrits français du collège de
Sorbonne au début du xive s. ; sans leur soutien, je courais le risque de passer à côté de l’une ou
l’autre de ces traces infimes, en dépit des pages de L. Delisle sur les premières générations de
la bibliothèque (Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale. Étude sur la formation de ce dépôt
comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure, et du commerce des
livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, tome II, Paris, 1879, p. 142-199) et de P. Glorieux,
Aux origines de la Sorbonne, Paris, Vrin, 1966, et malgré la parution à point nommé de l’article
de G. Fournier actualisant nos connaissances sur les documents disponibles : « Listes, énu-
mérations, inventaires. Les sources médiévales et modernes de la bibliothèque du collège de
Sorbonne (Première partie : Les sources médiévales) », Scriptorium, 65/1, 2011, p. 158-216.
2. Nous citons ces documents d’après l’édition qu’en a donnée L. Delisle, Le Cabinet des manus-
crits…, op. cit., t. III, p. 9-114.
3. La bibliothèque du collège était scindée en deux : d’un côté, la parva libraria, bibliothèque
de prêt conservant en réalité la grande majorité des volumes ; de l’autre, la libraria communis,
bibliothèque commune, bibliothèque de travail, où les ouvrages considérés comme usuels
sont enchaînés sur des pupitres, devant lesquels les lecteurs peuvent venir les consulter et
prendre des notes. Il ne sera peut-être pas inutile de rappeler que la bibliothèque de Sorbonne
a été considérablement enrichie au xviie siècle de l’héritage du cardinal de Richelieu, puis est
entrée, à la période révolutionnaire, dans les fonds de la Bibliothèque nationale. On évitera
toute confusion entre les manuscrits disponibles aujourd’hui dans le fonds de la bibliothèque
Les livres des maîtres de Sorbonne, sous la direction de Claire Angotti, Gilbert Fournier et Donatella Nebbiai,
Paris, Publications de la Sorbonne, 2017
de l’université de la Sorbonne et ceux du collège médiéval (sauf retour tout à fait fortuit au terme
de longues pérégrinations). Sur toutes ces questions, nous renvoyons à L. Delisle, Le Cabinet
des manuscrits, op. cit., et à A. Franklin, Les anciennes bibliothèques de Paris. Églises, monastères, col-
lèges, etc., Paris, Imprimerie impériale, 1867, t. I, p. 221-318.
4. L. Delisle, Le cabinet des manuscrits, op. cit., t. III, p. 71.
5. Ibid., p. 107.
6. Aucun des manuscrits de Raymond Lulle répertoriés n’est signalé comme écrit en catalan ;
ceux aujourd’hui identifiés sont latins, et les seuls incipit donnés par les catalogues le sont
également.
7. Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne, 1402-1536. Diarium Bibliothecae Sorbonae,
Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 3323, J. Vielliard et M.-H. Jullien de Pomerol, éd., Paris,
CNRS Éditions, 2000 (Histoire des bibliothèques médiévales, 57).
8. G. Fournier, « Livre après livre. Un catalogue inédit de la bibliothèque du collège de
Sorbonne (milieu xvie siècle) », Scriptorium, 67/1, 2013, p. 185-217.
Même ainsi, on ne peut être sûr d’avoir tout glané : faut-il rappeler que
l’inventaire général ne fournit le titre et l’incipit-repère que si le manuscrit
était présent dans la bibliothèque de prêt au moment de la rédaction en 1338,
c’est-à-dire ni enchaîné dans un autre dépôt de livres ni prêté ; le catalogue
double de la bibliothèque commune fournit systématiquement le titre et l’in-
cipit. Toutefois, comme nous le verrons, il n’est pas certain que ce dernier ait
relevé absolument tous les textes de chaque volume.
9. G.d. Hystoria Josaphat abbreviata. Fuit in India rex (L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, op. cit.,
t. III, p. 106), Vita beati Pauli primi heremite. Inter multos sepe dubitatum est, ainsi que de nombreuses
vies de saints, et les Vitae Patrum (ibid.), Item miraculum de resuscitato et aliud desperato in morte secun-
dum Bedam in gestis Anglie (ibid.), etc. Pour le détail, voir P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne,
op. cit., I, p. 253-254.
10. Voir la reproduction de cette page à l’adresse : http://gallica.bnf.fr/ark :/ 1 2 1 48/
btv1b9009472z/f107.image.r=24402 (consultation en date du 11/12/2013).
croiz. » Ce n’est pas un des livres in gallico. Il ne trouve pas non plus place dans
la rubrique que le catalogue méthodique réserve aux Libri Raymundi philosophi
barbati11…, ce qui nous incite à rester prudente quant à l’exhaustivité du cata-
logue raisonné. Le livre est encore enchaîné dans la libraria nova au xvie siècle,
désigné sous le titre de « Roman des cinq estatz »12.
Il reste donc un livre enchaîné en français sans correspondance dans l’in-
ventaire général.
À ces premiers éléments, il convient d’ajouter des textes français mention-
nés dans l’inventaire en dehors de la rubrique dédiée aux Libri in gallico, tels un
algorismus in gallico13 et une géométrie (cote B.b.)14 ou encore un traité ophtal-
mique (B.f.)15. Nous y reviendrons.
Le registre de prêt
Quels enseignements peut-on tirer du registre de prêt ? Bien peu, à dire vrai,
si ce n’est qu’un certain Jacobus Berthelemy emprunte au début du xvie siècle
deux volumes en français. Du premier, nous sommes condamnés à ne jamais
savoir grand-chose si ce n’est qu’il est en français16. Du second, nous avons la
chance que le registre donne le titre, les incipit- et explicit-repères : en 1501,
Jacobus Berthelemy recipit quendam librum et commentum in gallico « De quinque
precibus Cristi »17. L’incipit-repère en est : « Jhesu Crist homme et Dieu » ; l’ex-
plicit-repère – tel que transcrit par le bibliothécaire –, « nos greigneur leri ».
Nous avons pu identifier le volume, qui nous est d’ailleurs déjà bien connu ; il
n’est autre que la copie d’Evast et Blaquerne conservée dans le manuscrit Paris,
11. L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, op. cit., t. III, p. 114 : B.e. Liber Raymundi philosophi de
disputatione fidelis contra infidelem. deus omnipotens cujus nomen benedictum in eternum. Item com-
pendium artis demonstrative ejusdem Quoniam omnis sciencia est de universalibus ut per ia sciamus.
Item de commendacione antiquorum sapientum et artificum et de compoto. Testante Vegecio.
/// Ah. Liber Raymondi de adventu Messye. Duo viri mire sciencie. Ejusdem compendium de arte
medicine. Cum super quodam altissimo. De arte jure compendium. Quoniam vita homini svrevis.
Liber amici et amati Blaquerna igitur insistebat.
12. Voir G. Fournier, « Livre après livre », art. cité, p. 199.
13. « Algorismus in gallico. Ceste science » (L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, op. cit., t. III,
p. 88).
14. « Item alia practica geometrie in gallico. Nous commençons » (ibid., p. 90)
15. « Item alius tractatus de eodem in gallico. Contre toute maladies » (ibid., p. 91), après la men-
tion contra infirmitates oculorum tractatus.
16. Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne, op. cit., no 163, 37, p. 520.
17. Ibid., n, 26, p. 519. Les éditeurs du registre de prêt placent un sic après le titre. D’un point de
vue strictement grammatical, il n’est pourtant pas nécessaire, et l’on aurait très bien pu dispo-
ser d’un texte sur « cinq prières du Christ », de même que circulent dans les livres d’heures de
nombreuses copies des « Sept paroles du Christ en croix ».
BNF, fr. 24402. Par un curieux glissement, les plagis qui traduiraient le début
du texte français (« En senefiance des.v. plaies que Nostre Sires Dieus Ihesu
Criz reçut en la sainte vraie croiz ») sont devenues des precibus. Le haut du
feuillet 2 a subi également une déformation (la leçon exacte est « Jhesu Crist
honoré Dieu »), de même que le haut du recto de l’avant-dernier feuillet, dont
le « nous gregnieur l’en » n’a pas davantage été correctement lu. Ces petites
erreurs de déchiffrage n’en permettent pas moins de reconnaître en Evast et
Blaquerne le manuscrit emprunté par Berthelemy. Tout est bien ou presque,
car faut-il rappeler qu’en 1338 le manuscrit fr. 24402 est enchaîné dans la
bibliothèque commune et le sera encore dans la libraria nova du xvie siècle ? La
mention d’emprunt est accompagnée de la formule item restituit clavigero, qui
rend compte de la restitution de l’ouvrage emprunté, sans nulle preuve quant
à sa place dans le fonds.
Les ex-libris
À ces témoignages aléatoires et souvent imprécis des documents de biblio-
théconomie, on peut enfin adjoindre le manuscrit Paris, BNF, fr. 24276, iden-
tifié comme un manuscrit du collège de Sorbonne par L. Delisle grâce à ses
anciennes cotes18, et le renvoi à la 74e entrée des Libri quadriviales de l’inventaire
général, entrée où il était simplement noté manquant. D’autres trouvailles
surgiront peut-être à l’avenir de recherches en bibliothèques. En attendant
des preuves décisives, nous aimerions ajouter à notre réflexion deux manus-
crits du xiiie siècle actuellement à la Bibliothèque nationale et provenant à
une date indéterminée du collège de Sorbonne : les manuscrits Paris, BNF,
fr. 24766, manuscrit anglo-normand contenant une traduction des Dialogues
de saint Grégoire19, et Paris, BNF, fr. 24870, recueil bilingue « didactique »
embrassant des enseignements pieux, l’hagiographie et la science20.
18. Parmi les Libri quadriviales (L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, op. cit., t. III, p. 69),
Léopold Delisle ne donne pas les raisons de ce rapprochement, qui se lisent sur le recto de la
page de garde du début, où sont notées les cotes modernes et contemporaines (900, 1265 et
1825) accompagnées de l’estampille de la bibliothèque du collège de Sorbonne. Voir la notice
de ce manuscrit rédigée par la section romane de l’IRHT (http://gallica.bnf.fr/ark :/12148/
bpt6k1404673, consultation du 11/12/2013)
19. Il porte au f. 2r la cote Sorbonne 1382 (xixe s.), et aux f. 2r et 173v l’estampille du collège
de Sorbonne (voir http://gallica.bnf.fr/ark :/12148/btv1b8452207n/f15.item.r=24766, consul-
tation du 05/02/2014) ; pour une analyse minutieuse, voir R. Orengo, Les dialogues de Grégoire le
Grand traduits par Angier, publiés d’après le manuscrit Paris, BNF fr. 24766, unique et autographe, Paris,
Société des anciens textes français, 2013.
20. À la p. 3 se lisent les cotes modernes et contemporaines (Sorbonne, 1682, 851 et 854) ;
les estampilles du collège sont portées aux p. 3 et 113 (voir http://gallica.bnf.fr/ark :/12148/
btv1b72000256/f5.item.r=24870, consultation du 05/02/2014).
21. Parmi les éditions disponibles, la plus accessible est celle, avec traduction, d’A. Strubel,
Paris, Livre de poche, 1992 (Lettres gothiques).
Le Livre roiaus des vices et des vertus est un titre très courant pour désigner un
autre bestseller de la littérature française médiévale, la Somme le Roi de frère
Laurent, confesseur royal dominicain24. Parfois en recueil, l’œuvre a aussi
amplement circulé seule. C’est le cas dans le manuscrit Paris, BNF, fr. 24780,
et sans doute aussi de A.n., qu’il s’agisse ou non d’un seul et même volume.
Evast et Blaquerne est également bien connu. Il s’agit d’une traduction ano-
nyme de l’œuvre de Raymond Lulle, traduction faite non sur l’original cata-
lan, mais sur un intermédiaire occitan. Notons pour mémoire que le volume
provient du legs d’un fidèle soutien de Raymond Lulle, Pierre de Limoges25,
qui d’après les spécialistes ne saurait toutefois être l’auteur de la traduction,
22. Ce calcul, qui ne cherche à donner qu’un ordre de grandeur, a été fait à partir des témoins
enregistrés dans la base Jonas (M.-L. Savoye, notice de « Roman de la rose, Guillaume de
Lorris et Jean de Meun » dans la base Jonas-IRHT/CNRS [permalink : http://jonas.irht.cnrs.fr/
oeuvre/3970]. Consultation du 11/12/2013).
23. Nous n’avons pas pu voir le manuscrit avant la publication de notre communication. La
description disponible sur Internet ne relève pas d’ex-libris du collège de Sorbonne : http://
corsair.morganlibrary.org/msdescr/BBM0372a.pdf, consultation du 11/12/2013.
24. La Somme le Roi par Frère Laurent, É. Brayer et A.-F.Leurquin, éd., Paris, Société des anciens
textes français, 2008 ; A.-F. Leurquin et A. Sulpice, notice de « Somme le Roi, Laurent
(frère) » dans la base Jonas-IRHT/CNRS (permalink : http://jonas.irht.cnrs.fr/oeuvre/2201 ;
consultation du 11/12/2013).
25. Sur le legs de Pierre de Limoges, voir L. Delisle, Le cabinet des manuscrits, t. II, p. 142-208 ;
R. H. Rouse, « The Early Library of the Sorbonne », Scriptorium, 21, 1967, p. 42-71 et 227-251,
part. p. 227.
26. Voir R. Brummer, « Zu einer frühen französischen Ubersetzung des katalanischen Libre
de Blaquerna von Ramon Lull », dans Interlinguistica. Sprachvergleich und Übersetzung. Festschrift
zum 60. Geburtstag von Mario Wandruszka, Tübingen, Max Niemeyer, 1971, p. 639-647. Édition
du texte en ancien français par A. Llinarès, Raymond Lulle. Livre d’Evast et de Blaquerne, Paris,
Presses universitaires de France, 1970.
27. Nous renvoyons à la notice détaillée dans D. Stutzmann et P. Tylus, Les manuscrits médié-
vaux français et occitans de la Preussische Staatsbibliothek et de la Staatsbibliothek zu Berlin preussischer
Kulturbesitz, Wiesbaden, Harrassowitz, 2007, p. 253-254.
28. « Par grace du souverain Seigneur qui est adrecement, lumiere et parfection de toutes
choses, s’apensa Evast que tens estoit que il entrast en relygion… » (citation d’après Paris, BNF,
fr. 24402)
Le Romantium quod incipit « Miserere mei Deus » est le Roman de miserere du Reclus
de Molliens, daté de 123031. Il s’agit d’un long poème moral en strophes héli-
nandiennes. Contrairement à l’hypothèse formulée pour les œuvres précé-
dentes, il convient ici d’envisager plutôt un recueil de plusieurs textes, dont
seul le premier serait décrit dans le catalogue méthodique. Sur 34 manuscrits
médiévaux transmettant le Miserere, 28 sont des volumes à textes multiples32 ;
le long poème du Reclus de Molliens y est le plus souvent accompagné de son
œuvre sœur, le Roman de carité. On ne s’étonnera pas qu’il s’agisse de recueils
plus didactiques que littéraires, une didactique au sens large qui couvre aussi
bien la spiritualité que les savoirs du quadrivium.
Avec les Precepta de date Moysi, nous voici confrontés à une véritable énigme,
ne serait-ce qu’en raison du problème morphosyntaxique posé par le titre
apparaissant dans le catalogue : date ne saurait être un ablatif ; y aurait-il une
lacune dans le titre, lacune d’un ablatif et du substantif d’un complément
du nom dont date, génitif, serait le participe ? Nous pensons bien entendu à
legis date Moysi. Devant cette impasse morphosyntaxique, nous avons fait le
choix d’oublier un instant les documents « fiables » et de suivre la piste d’une
flânerie littéraire. Le terme de precepta et le nom de Moïse évoquent en effet
un recueil pieux conçu à Paris, sans doute pour la comtesse de Saint-Pol,
Marie de Bretagne, au premier tiers du xive siècle. La critique le dénomme
Legiloque, du titre du premier élément du recueil, un commentaire des Dix
Commandements, dont l’ouverture est : « Audi Israel precepta et judicia que doceo
te, ut faciens ea vivas (Deuteronomii IIII). Ceste parole dist Nostre Seigneur a
son peuple par Moyse son deciple. » Cet incipit peut-il avoir inspiré l’étrange
37. R. et M. Rouse, « French Literature and the Counts of Saint-Pol ca. 1178-1377 », Viator 41/1,
2010, p. 101-140 ; A. Sulpice, « L’histoire de la fondation de l’ordre des Chartreux dans deux
récits anonymes français du xive siècle : Le Tombel de Chartrose et le Legiloque », dans Les Chartreux
dans l’Europe médiévale et moderne : histoire, spiritualité et liturgie, communication faite au colloque
international de Liège (6-7-8 octobre 2010), organisé par F. Timmermans, à paraître dans la
série Studia cartusiana aux éditions Peeters à Louvain, 2014.
38. Trois copies datent des décennies 1320-1350 : Chantilly, bibliothèque du château, 137 ;
Paris, BNF, fr. 1136, et Paris, BNF, naf. 4338 ; la dernière, qui intègre de nouveaux textes, est du
xve s. (Chantilly, bibliothèque du château, 138).
39. A. Birkenmajer, « Henri Bate de Malines, astronome et philosophe du xiiie siècle »
(1923), dans Études d’histoire des sciences et de la philosophie du Moyen Âge, t. I, Cracovie, 1970,
p. 105-115.
40. G. Fournier, Une « bibliothèque vivante », la Libraria communis du collège de Sorbonne, xiiie-
xve siècle, thèse de l’École pratique des hautes études, Paris, 2007, p. 253-256.
41. Notons simplement que le catalogue méthodique indique comme incipit « ceste science »,
alors que les deux témoins conservés donnent « ceste segnefiance ».
42. Pour une reconstitution du volume B.b., voir P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, op. cit.
t. I, p. 249.
43. Les Dialogues viennent d’être édités par R. Orengo, Les dialogues de Grégoire le Grand, op. cit.
44. B.b. qui contient l’algorithme a entre autres un liber de spera de Johannis de Bosco, une
theorica planetarum dont l’incipit est circulus excentricus dicitur… Nous avons donné plus haut une
grande partie du contenu de B.f.
45. Nous citons la traduction publiée par Armand Strubel, op. cit., p. 881-883.
47. Voir « Notice de Paris, Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, fr. 0 1444 » dans la
base Jonas-IRHT/CNRS (permalink : http://jonas.irht.cnrs.fr/manuscrit/45609 ; consultation
du 07/02/2014).
48. Voir M.-L. Savoye, « Notice de Paris, bibliothèque de l’Arsenal, 3 142 » dans la base
Jonas-IRHT/CNRS (permalink : http://jonas.irht.cnrs.fr/manuscrit/42943 ; consultation du
07/02/2014).
49. Sur la réception du premier, voir P.-Y. Badel, Le Roman de la rose au xives. Étude de la réception
de l’œuvre, Genève, Droz, 1980 ; sur les publics de la seconde, voir A.-F. Leurquin, « La Somme
le Roi : de la commande royale de Philippe III à la diffusion sous Philippe IV et au-delà », dans La
moisson des lettres : l’invention littéraire autour de 1300, Turnhout, Brepols, 2011, p. 195-212 (Texte,
Codex et Contexte).
parcours a montré que l’enquête menée sur les manuscrits pouvait encore
faire resurgir des volumes méconnus, et nous appelons de nos vœux les ins-
tants de chance qui permettront peut-être de réunir un jour l’ensemble de ce
menu mais signifiant fonds vernaculaire.
Marie-Laure Savoye
CNRS-IRHT
L e 1er juillet 1427, Jean Beert, socius du collège de Sorbonne (sans doute un
proviseur de la province d’Allemagne)1, emprunte la clé de la bibliothèque
pour la remettre à Jean Tinctor, alors hôte du collège, et deux manuscrits : une
Bible et un exemplaire de la deuxième partie du commentaire de saint Thomas
sur les Sentences2. Tinctor est un jeune et brillant théologien belge, né à Tournai
dans les premières années du xve siècle3. Immatriculé en 1423 à l’université
de Cologne, il est élu maître ès arts en 1426, puis, en 1433, doyen de la faculté
des arts. En 1442, il devient doyen de la faculté de théologie de l’université
allemande. Il occupe la charge de recteur, successivement en 1440, 1455 et
1456. Rentré à Tournai en 1457, il est nommé chanoine de la cathédrale et s’y
éteint quelques années plus tard, le 3 juin 14694.
Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne offre la pre-
mière attestation des liens que Jean Tinctor va entretenir avec le collège pari-
sien, tout en poursuivant sa carrière à Cologne. Ces liens vont se prolonger
pendant plusieurs années. D’après le registre de prêt, il a fréquenté, outre Jean
Les livres des maîtres de Sorbonne, sous la direction de Claire Angotti, Gilbert Fournier et Donatella Nebbiai,
Paris, Publications de la Sorbonne, 2017
Beert, d’autres personnalités du collège. Jean Tinctor est aussi élu au rang
de socius, à une date que nous ignorons. Il est mentionné sous cette qualité
dans l’Ordo scriptorum sorbonicorum (Paris, bibliothèque de l’Arsenal, ms. 1228,
f. 458v)5, et surtout dans les ex-dono de deux manuscrits du xve siècle de la
Summa de bono d’Ulrich de Strasbourg, qu’il offrit au collège à la fin de sa vie,
en 1469. Ces volumes nous sont parvenus : ce sont les actuels Paris, BNF, latin
15900 et 159016.
Que signifie ce legs et que savons-nous, par ailleurs, des œuvres de Jean
Tinctor, ce représentant bien connu de la vie intellectuelle et doctrinale de
son époque ? En quoi a-t-il contribué au rayonnement international du col-
lège et à l’évolution des doctrines qui y sont enseignées ? Voici quelques-unes
des questions auxquelles je souhaiterais répondre, partant de l’étude que
M. Grabmann a consacrée à ce théologien et des recherches qui ont suivi7. Le
5. Pour une évaluation du témoignage offert par le ms. Arsenal 1228 sur les protagonistes
de la vie intellectuelle du collège à la fin du Moyen Âge, voir Z. Kaluza, Thomas de Cracovie.
Contribution à l’histoire du collège de Sorbonne, Wroclaw-Varsovie-Cracovie-Gdansk, 1978, surtout
p. 11-12 ; sur les sources pour l’histoire du collège, voir désormais G. Fournier, « Listes,
énumérations, inventaires. Les sources médiévales et modernes de la bibliothèque du collège
de Sorbonne », Scriptorium, LXIV, 2011, 1, p. 158-213 ; Id., « Livre après livre. Un catalogue iné-
dit de la bibliothèque du collège de Sorbonne », Scriptorium, LXVII, 1, 2013, p. 184-217.
6. Voici le texte des ex-dono : Paris, BNF, latin 15900, f. 1 : Iste liber est pauperum magistrorum et
scolarium collegii Sorbone in theologica / facultate Parisius studentium, ex legato magistri Johannis Tinctoris
doctoris Coloniensis et quondam socii huius domus de Sorbona ; latin 15901, f. 1v : Iste liber est paupe-
rum magistrorum et scolarum collegii Sorbone in theologica / facultate Parisii studentium ex legato magistri
Johannis Tinctoris doctoris in theologia Coloniensis et socii dicte domus de Sorbona qui obiit et in suo obitu
hoc volumen cum precedente legavit anno Domini 1469.
7. M. Grabmann, « Der belgische Thomist Johannes Tinctoris († 1469) und die Entstehung
des Kommentars zu Summa theologica des Hl. Thomas von Aquin », dans Studia medievalia
in honorem R. P. Raymundi Joseph Martin OP, Bruges, 1948, réimpr. dans Id., Mittelalterliche
Geistesleben. Abhandlungen zur Geschichte des Scholastik und Mystik, III, Munich, 1956 (réimpr.
Munich, Olms, 1983), p. 411-432. Les autres travaux ici consultés sont d’E. Van Valberghe,
« Les théologiens et la Vauderie au xve siècle. À propos des œuvres de Jean Tinctor à la biblio-
thèque de l’abbaye du Parc », dans Miscellanaea codicologica F. Masai dicata, II, Gand, 1979, p. 392-
411 ; Id., Les manuscrits médiévaux de l’abbaye du Parc, Bruxelles 1992, p. 123-153 (« Les œuvres du
théologien Jean Tinctor » ; désormais cité : « Les œuvres… »), et de F. Duval, « Jean Tinctor.
Auteur et traducteur des Invectives contre la secte de Vauderie », Romania, 117, 1999, p. 186-218, qui
donne, p. 187-188, note 3, le point le plus récent sur la bibliographie concernant notre per-
sonnage. Cependant, F. Duval ne cite pas ses relations avec le collège de Sorbonne, pas plus
qu’E. Van Valberghe. Z. Kaluza a consacré une brève note à Jean Tinctor dans son article
« Nouvelles remarques sur les œuvres de Gilles Charlier », Archives d’histoire doctrinale et littéraire
du Moyen Âge, 38, 1971, p. 149-191 (ici p. 176). En revanche Z. Kaluza ne fait aucune référence
à Jean Tinctor dans « Les débuts de l’albertisme tardif. Paris et Cologne », paru dans Albertus
Magnus und der Albertismus. Deutsche philosophische Kultur des Mittelalters, M. J. F. M. Hoenen et
A. de Libera, éd., Leyde-New York-Cologne, Brill, 1995, p. 207-242. J’ai cependant largement
parcours de Jean Tinctor, attesté dans au moins trois villes d’Europe, appa-
raît riche et complexe ; ses lectures et son œuvre, telles que nous avons pu
les retracer (voir la liste de ses œuvres en annexe I et la référence aux manus-
crits consultés et possédés, annexes II et III), renvoient à ses intérêts pour les
domaines de la théologie spéculative, de la pastorale et de la mystique.
L’universitaire
Après Jean Beert, le deuxième socius du collège auquel Tinctor s’adresse,
quelques mois plus tard, le 9 août 1428, pour obtenir en prêt des volumes
de la bibliothèque, est Josse de Liza. La biographie de ce docteur, qui semble
avoir effectué toute sa carrière à Paris, demeure en grande partie obscure.
Cursor à la faculté de théologie, Josse en devient régent autour de 1430. Il a
assisté au concile de Constance et sans doute aussi à celui de Bâle. Josse de
Liza a régulièrement consulté la bibliothèque du collège8. Sous son couvert9,
Jean Tinctor a emprunté six manuscrits de commentaires de saint Thomas sur
Aristote, plus un exemplaire des Sentences de Pierre Lombard10.
Ces emprunts s’effectuent au sein d’un « réseau » flamand : ainsi, le
manuscrit des Sentences (Paris, BNF, latin 15721) est celui même qui avait
été légué au collège par l’évêque de Tournai Michel de Warenghein à la fin
du xiiie siècle et qui était depuis réservé à l’usage des lecteurs d’origine fla-
mande11. L’exemplaire de la Physique d’Aristote (Paris, BNF, latin 15452) est,
quant à lui, très probablement originaire des Pays-Bas d’après la décoration,
bénéficié de cette étude, qui porte sur divers aspects de la réception des textes philosophiques
au collège de Sorbonne et à Paris au cours du xve siècle.
8. Registre de prêt, op. cit., p. 645 ; dossier 48 et passim.
9. Item habuit eodem anno [1428 IX 8], die nona h. mensis augusti, clavem pro magistro Johanne Tinctoris,
hospite, etc. ; voir Registre de prêt, op. cit., p. 244.
10. Ce sont les manuscrits correspondants aux nos LIIII, 41, LIIII, 45, XLVII, 35, XLVII, 39,
XXII, 14 et LIIII, 22 du catalogue de 1338. L’exemplaire correspondant au commentaire de
saint Thomas sur la Physique et la Métaphysique, deuxième manuscrit emprunté, en revanche,
ne semble pas pouvoir être identifié dans le catalogue. Nous avons conservé les manuscrits
correspondants aux nos LIIII, 45 (Paris, BNF, latin 16144, 2, xiiie s., voir L. Delisle, Inventaire,
p. 41, et Cabinet, III, p. 65), XLVII, 39 (Paris, BNF, latin 15452, xiiie s., voir Id., Inventaire, p. 12,
et Cabinet, III, p. 59), XXII, 14 (Paris, BNF, latin 15721, xiiie s., voir Id., Inventaire, p. 22-23,
et Cabinet, III, p. 24) et LIIII, 22 (Paris, BNF, latin 16104, xiiie s., voir Id., Inventaire, p. 39, et
Cabinet, III, p. 65).
11. Voir, sur ce manuscrit, la notice de C. Angotti en ligne, site de la BNF Archivesetmanuscrits.
Pour les lectures des Sentences au collège de Sorbonne, voir la thèse de doctorat de C. Angotti,
« Lectiones sententiarum ». Étude des manuscrits de la bibliothèque du collège de Sorbonne. La formation des
étudiants en théologie de l’université de Paris à partir des annotations et des commentaires sur le livre des
Sentences de Pierre Lombard (xiiie-xve siècle), Paris, EPHE, IVe section, 2008.
tandis que le Commentaire des Sentences de Thomas d’Aquin (Paris, BNF, latin
15764) était entré au collège grâce au legs d’un autre maître belge, Bernier
de Nivelle, chanoine de Saint-Martin de Liège. Cette provenance, non men-
tionnée dans le catalogue de 1338, se déduit d’un ex-dono inscrit au f. 220.
Quelques mois plus tard, en juin 1429, c’est encore par l’intermédiaire de
Josse de Liza que Jean Tinctor emprunte deux autres volumes : ce sont les
mêmes qu’il avait déjà eus deux ans plus tôt par l’entremise de Jean Beert,
à savoir la Bible (I, 24) et le commentaire sur les Sentences de saint Thomas
d’Aquin (XXIII, 100, actuel Paris, BNF, latin 15764). Globalement, ces choix
de lecture ne se démarquent pas de ceux des autres maîtres qui fréquentent
alors la bibliothèque ; les Sentences de Pierre Lombard et surtout les commen-
taires de saint Thomas confirment l’orientation de la collection au service de
la théologie spéculative.
On peut se demander dans quelle mesure les œuvres de Jean Tinctor
reflètent ces lectures. Ses écrits sont attestés par des témoignages divers et
souvent fragmentaires. À la liste établie en 1956 par M. Grabmann sur la base
de manuscrits conservés (elle concerne exclusivement des œuvres latines),
s’ajoutent en effet le témoignage de son contemporain Gilles Charlier, doyen
du chapitre de Cambrai († 1472)12, ainsi que la brève notice de l’Ordo scriptorum
sorbonicorum déjà mentionnée plus haut13.
À partir des manuscrits conservés principalement à Vienne, Munich et
Bâle (certains proviennent de couvents dominicains), M. Grabmann restitue
notamment à Jean Tinctor des œuvres qui se rattachent à ses études théolo-
giques et renvoient donc, ne serait-ce qu’indirectement, à ses lectures pari-
siennes. Il cite un commentaire sur les Sentences et un autre commentaire sur
la Somme de théologie de saint Thomas d’Aquin. Mais il signale également une
série tout à fait considérable de commentaires sur Aristote qui confirment
la formation philosophique de Jean Tinctor. D’après les indications de l’un
d’entre eux, conservé à Munich (Bayerische Staatsbibliothek, Clm 3600),
ces commentaires, qui sont plutôt courts et ont été visiblement conçus pour
l’enseignement (ils sont désignés sous le titre particulier de copulata), ont
été produits pour l’essentiel autour de 1440-1445, donc à l’époque où notre
théologien exerçait la responsabilité de recteur de l’université de Cologne.
12. Voir N. Gorochov, Le collège de Navarre de sa fondation (1305) au début du xve siècle. Histoire de
l’institution, de sa vie intellectuelle et de son recrutement, Paris, Honoré Champion, 1997, p. 609 (avec
bibliographie).
13. Voir note 5.
quelques années plus tard, alors qu’il était établi à Tournai, Jean Tinctor va
aussi être impliqué dans des questions de sorcellerie. Il participe en effet acti-
vement au procès contre les adeptes de ces pratiques qui se déroule à Arras
dans les années 1460. Ce sera l’occasion pour lui d’élargir et de diversifier son
public, et d’assurer une plus large diffusion à ses positions doctrinales18.
L’activité pastorale
Jacques Du Clercq, chroniqueur du règne de Philippe le Bon, dit à propos de
Jean Tinctor qu’il était un « tres notable clercq et moult renommé en sens et en
clergie19 ». Ainsi, des personnalités célèbres lui ont fait confiance. C’est le cas
de Jean Jouffroy, évêque d’Arras (1453), conseiller de Philippe le Bon. Ce grand
humaniste et orateur, élève à Pavie de Lorenzo Valla et spécialiste de l’œuvre de
Quintilien20, a sans doute été déjà en relation avec Jean Tinctor à Cologne. Or
notre théologien est précisément convié à prononcer un discours devant lui21,
à l’occasion de la venue à Tournai de Louis XI en 1464. Quant au mémoire que
Jean Tinctor rédige contre les Vaudois, à la suite paraît-il de la dénonciation de
quelques-uns de ses concitoyens par des habitants d’Arras22, il serait, lui aussi,
issu de la mise au propre de matériaux initialement destinés à la diffusion
orale23. Rappelons que, dans le nord de la France et dans les Flandres, le terme
de Vaudois était alors attribué aux adeptes de la sorcellerie, à la suite d’une
assimilation indue avec les disciples de Valdo. L’historiographie protestante
a insisté sur le rôle que le mémoire de Jean Tinctor aurait joué dans la féroce
répression alors engagée par les autorités, les confessions ayant été arrachées
sous la torture et de nombreux suspects ayant été condamnés au bûcher24.
Le théologien commence par dénoncer la gravité de la Vauderie, qui est pire
que l’idolâtrie et que l’infidélité des adeptes de Mahomet. Il incite les autori-
tés religieuses et civiles à lutter contre cette plaie. Dans une seconde partie,
plus axée sur l’argumentation doctrinale, Jean Tinctor traite du démon, des
pouvoirs magiques qu’il confère aux Vaudois, capables selon lui de transférer
les corps et de jeter des sorts. Il y explique également les limites de la puis-
sance des anges et comment on peut discerner un maléfice. Ses sources sont
bibliques et patristiques (saint Augustin et Grégoire le Grand pour l’essen-
tiel), mais les emprunts sont nombreux aussi à Denys l’Aréopagite (Hiérarchie
céleste), à saint Thomas d’Aquin (Somme de théologie), ainsi qu’à Aristote
(Physique et De divinatione) et à Tertullien. Relevons aussi un emprunt, plus
rare, au passage de l’un des sermons sur le Cantique des cantiques du cistercien
anglais Henri de Ford († vers 1220)25.
Le mémoire, tantôt attesté sous le titre de Sermo, de Tractatus et de Speculatio,
a connu une bonne diffusion, et l’auteur y a personnellement participé.
Toujours d’après Jacques Du Clercq, Jean Tinctor « publia et envoya [le texte]
en plusieurs lieux26 ». On en conserve quelques exemplaires, les plus complets
provenant des abbayes belges du Parc et du Val Saint-Martin de Louvain27.
Jean Tinctor a aussi traduit cette œuvre en français28. Si cette version est
moins marquée par la spéculation que le texte latin, le raisonnement abstrait
et les déductions logiques ainsi que les citations savantes y gardent une place
importante. Certains passages d’intérêt moral, à propos des vices et des vertus
par exemple, apparaissent plus développés que dans le texte latin, tandis que
d’autres, ceux qui présentent les pratiques de sorcellerie par exemple, sont
omis car l’auteur les juge scabreux et en déconseille la lecture aux « simples
gens ». Si la version française témoigne du succès de l’œuvre et de l’ampleur
du public qui s’intéressait alors à ces problématiques, les destinataires
24. E. Balmas, « Le Traictié de Vauderie de Johannes Tinctor », Protestantesimo, 34, 1979, p. 1-26.
25. Sermon 118 : Corpus christianorum. Continuatio medievalis, XVIII, Turnhout, 1970, p. 799,
l. 167-170.
26. Cité par E. Van Valberghe, « Les œuvres… », art. cité, p. 127.
27. Pour la composition du manuscrit et pour la bibliothèque de l’abbaye du Parc, voir
E. Van Valberghe, « Les œuvres… », art. cité, en part. p. 127-137. Sur la bibliothèque du Val
Saint-Martin de Louvain, voir l’étude de W. Lourdaux et M. Haverals, Bibliotheca Vallis Sancti
Martini in Lovanio. Bijdrage tot de studie van het geestesleven in de Nederlanden. A Contribution to the Study
of Intellectual Life in the Netherlands (15th-18th Century), Louvain, 1978, 2 vol.
28. On doit cette attribution à F. Duval, « Jean Tinctor… », art. cité, en part. p. 201-217, pour
l’analyse linguistique de la traduction.
privilégiés de ce traité sont néanmoins les prélats, ainsi que les princes,
garants de l’équilibre et de la paix publique. Du coup, la version française a
été transmise en particulier dans des copies de luxe enluminées. L’une d’entre
elles fut ainsi réalisée pour la bibliothèque du duc de Bourgogne, une autre
pour Louis de Bruges, seigneur de Gruuthuse29.
Jean Tinctor a composé une autre œuvre pastorale, qui renvoie à l’intro-
duction de l’observance dans les monastères de Belgique. Il s’agit du Contra
defendentes aperturam claustrorum. Ce traité ne nous est pas parvenu, mais
Sanderus en signale la présence au sein d’un recueil d’écrits sur la ques-
tion de la propriété monastique, décrit dans le catalogue de la bibliothèque
du monastère de Saint-Martin de Tournai30. C’est vraisemblablement Gilles
Charlier, chanoine de Cambrai et membre du collège parisien de Navarre, qui
en a inspiré la rédaction. Dans une lettre adressée à l’abbé de Hasnon, celui-
ci cite en effet le nom de Jean Tinctor, avec ceux de quelques autres théolo-
giens, qu’il a invités à tenir des conférences aux religieux de l’abbaye, pour
les préparer à la réforme31. La notice consacrée à Tinctor dans l’Ordo scriptorum
sorbonicorum mentionne ces conférences sous le titre : Collationes contra vitium
29. Bruxelles, BR, 11209. Sur la diffusion et la réception du texte français à la cour de Bourgogne
et les exemplaires enluminés, voir F. Mercier, « Un trompe-l’œil maléfique. L’image du sab-
bat dans les manuscrits enluminés de la cour de Bourgogne. À propos du traité du crisme de
Vauderie de Jean Taincture, vers 1460-1470 », Médiévales, 44, printemps 2003, p. 97-116 ; du
même auteur, voir aussi désormais : La Vauderie d’Arras. Une chasse aux sorcières à l’automne du Moyen
Âge, Rennes, 2006, et le compte rendu de J. Véronèse, « Frank Mercier et Martine Ostorero.
L’énigme de la Vauderie de Lyon. Enquête sur l’essor de la chasse aux sorcières entre France et
Empire (1430-1480) », dans Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 2015 (http://
crm.revues.org/13544).
30. Références citées par U. Berlière, « Deux écrivains de l’abbaye de Florennes au xve siècle »,
Revue bénédictine, 15, 1898, p. 495. Je reproduis ici la notice d’A. Sanderus, Bibliotheca belgica,
Insulis, MDCXLI, p. 133, d’après le catalogue de la bibliothèque de Saint-Martin de Tournai :
35. Contra monachos proprietarios plurimi egregiorum virorum tractatus impressi Parisii. Primus
Magistri Iohannis Currificis canonici regularis primo, deinde Monachi Cisterciensis in Villari, demum
Confessoris Monialium de Reformatione eiusdem Ordinis in Monasterio de Marts. Sicut modicum fermento-
rum totam massam, etc. Secundum Magistri Ioannis de Bomalia S. Theol. Doctoris Ordinis Praedicatorum
Utrum Praelatus alicuius religionis. Tertius Magistri Petri Damiani de contemptu seculi huius, Fratres
carissimi. Quartus Magistri Petri Cantoris Parisiensis Judas qui fur et loculos habens. Quintus cuiusdam
alterius viri docti, Novi quendam qui a multis suspectus. Item Tractatus Magistri Ioannis Tinctoris contra
defendentes aperturam Claustrorum. Adsunt ni fallor novissimi illi dies, de quibus etc. Item Ioannes Climacus.
Item Testamentum cuiusdam Monachi Cartusiensis in extremis laboratis Gratias age tibi domine Jesu Christe.
Item tractatus de arte bene vivendi et bene moriendi. Cum de presentis exilii miseria mortis transitus.
31. U. Berlière, « Deux écrivains… », art. cité, p. 539-540 ; la lettre n’est pas datée mais,
d’après U. Berlière, elle a été écrite avant février 1471 car à cette date Jean de Eecoute, trésorier
de Lille, qui y est mentionné, partit pour la Terre sainte. Elle est aussi antérieure au 3 juin 1469,
date de la mort de Jean Tinctor, également mentionné.
32. Bruxelles, BR, 20929-20930, f. 124-128v : Queritur utrum abbas potest et debet suos religiosos ex
consuetudine aliter quam secundum eorum statutum et regulam viventes ad regulam et primevam institu-
tionem ordinis eorum reducere eors ad hoc ortando et contradicendo si necesse fuerit non obstante illo quod
dicunt se non vovisse aliud quam observabatur tempore ingressus eorum.
33. X. Hermand, « Réformes, circulation de scribes et transferts de manuscrits dans les
abbayes cisterciennes du diocèse de Liège. À propos de l’abbaye du Jardinet », Scriptorium,
LXIV,1, 2010, p. 3-80.
34. Au f. 1, une note du xve siècle précise : Iste liber pertinet monasterio beate Marie de Gardineto ; et
au f. 367 : Ex dono domicelle Anne sororis magistri Johannis Tinctoris advenit iste liber huic monasterio.
Orate pro ea ex caritate et propter gratiam ipsius. Voir P. Faider et al., Catalogue des manuscrits conservés
à Namur : Musée archéologique, Évêché, Grand Séminaire, Museum Artium S. J., etc., Gembloux, 1934,
p. 225-229 ; F. Dolbeau et P. Petitmengin, « Les vies latines de sainte Pélagie. Inventaire
des textes publiés et inédits », Recherches augustiniennes, 12, 1977, p. 1-29 (cité p. 21).
39. La bibliographie sur la question de l’Immaculée Conception (dogme nié par les thomistes)
est vaste ; pour une présentation d’ensemble des aspects doctrinaux et historiques, voir
X. M. Le Bachelet, « Immaculée Conception », Dictionnaire de théologie catholique, VII, 1912,
col. 845-1218, et surtout M. Lamy, L’Immaculée Conception. Étapes et enjeux d’une controverse au
Moyen Âge, xiie-xve siècle, Paris, Institut des études augustiniennes, 2000 (Moyen Âge et Temps
modernes, 35).
40. Nicolas Bonet est notamment l’auteur d’un dialogue De conceptione Beatae Mariae Virginis
composé à l’instance de Clément V ; voir pour ses autres œuvres O. Brian, « Nicolas Bonet »,
Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique, IX, 1937, col. 849-852.
41. E. Van Balberghe, « Les œuvres… », art. cité, p. 146.
42. Voir Arsenal 1228, f. 458v : Contra Bonetum et Franciscum Maronis assertiones s. Johannem
Evangelistam fuisse verum ac naturalem filium B. Virginis.
43. E. Van Balberghe, « Les œuvres… », art. cité, p. 144-147 ; Gilles Charlier a active-
ment participé aux débats sur ce dogme ; Z. Kaluza, « Nouvelles remarques… », art. cité,
p. 151 ; V. Doucet, « Magister Aegidius Carlerii († 1472) eiusque Quaestio de Immaculata
Conceptione B. Mariae Virginis », Antonianum, 5, 1930, p. 405-442 (cit. p. 409).
catalogue de Rouge Cloître, qui contenait aussi des œuvres d’Henri Pomerius
et de Gilles Charlier (0 33)44.
Revenons aux manuscrits subsistants. Parmi les sources principales de son
commentaire sur saint Thomas d’Aquin, Jean Tinctor cite, aux côtés d’Hugues
de Saint-Victor et d’Henri de Gand, la Summa de bono d’Ulrich de Strasbourg
(Reverendus Ulricus de Argentina), une œuvre dont il a fait don à sa mort, nous
l’avons rappelé plus haut, à la bibliothèque du collège de Sorbonne45. Ulrich
est un théologien dominicain, élève d’Albert le Grand, contemporain et
confrère de saint Thomas. Lecteur au couvent de Strasbourg (1272) et prieur
de la province de Teutonie de 1272 à 1277, Ulrich de Strasbourg meurt à Paris
en 127846. Auteur de plusieurs traités et questions théologiques, de lettres,
ainsi que d’un commentaire sur les livres des Météores d’Aristote47, Ulrich
aurait composé la Summa entre 1262, date à laquelle son maître Albert le
Grand, comme il l’indique lui-même dans un passage, n’était déjà plus évêque
de Ratisbonne, et 1272, juste avant d’être élu provincial48. L’œuvre occupe une
place considérable dans l’histoire de la théologie dominicaine, et même si
elle n’atteint pas la cohésion et l’exhaustivité de la Somme de saint Thomas,
elle est indéniablement beaucoup plus mûre et achevée que d’autres sommes
théologiques circulant à cette époque, celle de Guillaume d’Auxerre ou celle
44. Z. Kaluza, « Nouvelles remarques… », art. cité, p. 176 et 157, à propos du catalogue de
Rouge Cloître. Pour ce catalogue (ms. Wien, ÖNB, MS Series Nova 12694 ; la Tabula alphabetica
décrivant les manuscrits par cote, se trouve aux f. 26-41v), voir à présent l’édition du catalogue
et la bibliographie dans Corpus catalogorum Belgii, IV, Bruxelles, 2001, p. 182-209.
45. Voir note 6.
46. T. Kaeppeli, Scriptores OP Medii Aevi, Rome, 1975, IV, p. 418-423 ; voir aussi M. Grabmann,
« Studien über Ulrich von Strassburg. Bilder wissenschafltichen Lebens und Strebens aus der
Schule Alberts des Grossen », dans Mittelalterliche Geistesleben. Abhandlungen zur Geschichte der
Scholastik und Mistik, I, Munich, 1926, p. 147-210 (réimpr. Munich, Olms, 1984). Pour l’édi-
tion du texte, voir J. Daguillon, La Summa de bono d’Ulrich de Strasbourg, Paris, Vrin, 1930
(seulement la table et les deux premiers livres) et B. Mojsisch, F. Retucci et L. Sturlese,
éd. Ulrich von Strassburg, De summo bono. Hamburg, Meiner, 2005-2008 (Corpus philosophorum
Teutonicorum medii aevi) ; voir en outre A. de Libera, Introduction à la mystique rhénane d’Albert
le Grand à Maître Eckart, Paris, 1984 (chapitre IV : « Ulrich de Strasbourg », p. 99-162).
47. Un traité sur l’homme, qui lui est également attribué, est en réalité d’Henri de Malines.
Voir pour cette œuvre, qui aurait été conçue comme un complément de la Summa d’Ulrich de
Strasbourg, A. Pattin, Le Tractatus de homine de Jean de Malines. Contribution à l’histoire de l’alber-
tisme à l’université de Cologne, Louvain, 1977 (paru dans Tijdschrift voor filosofie, 1977).
48. J. Daguillon, La Summa, op. cit., p. 30* : voici le passage concernant Albert le Grand, qui
fut évêque de Ratisbonne entre 1260 et 1262, qui permet de dater l’œuvre : Aliter autem ab omni-
bus premissi sentit doctor meus dominus Albertus, episcopus quondam Ratisponensis, vir in omni scientia
adeo divinus ut nostri temporis stupor et miraculum congrue vocari possit et in magicis expertus ex quibus
multum dependet hujus materiae scientia. Voir Summa, lib. IV, tract. III, cap. 9.
attribuée à Alexandre de Halès par exemple. Son plan comporte huit livres,
annoncés dans une table en ouverture. Seuls six livres nous sont parvenus
dans les manuscrits conservés49. Marquée par une forte orientation néo-pla-
tonicienne, la Summa de bono apparaît nettement influencée par l’œuvre du Ps.
Denys l’Aréopagite : ses deux premiers livres sont d’ailleurs un commentaire
du De divinis nominibus.
Œuvre éminemment mystique, la Summa a été considérée comme le
« trait d’union entre la doctrine albertienne et les grands mystiques rhénans
du xve siècle50 ». Aussi la question de sa réception, aussi bien du temps de
son auteur que par la suite, est-elle importante. L’œuvre semble en effet
avoir connu une assez large diffusion manuscrite (vingt-quatre manuscrits
conservés sont connus à ce jour), mais principalement au xve siècle et dans
des bibliothèques ecclésiastiques (individuelles ou institutionnelles) et non
pas « universitaires ». À titre d’exemple, une attestation significative de sa
réception est offerte par le manuscrit Paris, bibliothèque de l’Arsenal, 248. Ce
recueil d’œuvres patristiques et théologiques du xiie siècle, d’origine cister-
cienne, contient des textes de controverse de saint Augustin (Retractationes et
Ad Quodvultdeum), ainsi que les Errores Petri Abailardi51. Un maître du xve siècle
y a inscrit des notes, au début et à la fin. Le personnage n’a pas été identifié à
ce jour mais, de l’avis de T. Kouamé, il pourrait s’agir du procureur en charge
des finances d’un grand collège du Quartier latin52. Ses notes se réfèrent en
effet aux collations de plusieurs prélats importants, auxquelles il a assisté ;
il a inscrit également les sommes perçues d’un certain nombre de boursiers.
Ce maître inconnu a aussi recopié, à la fin du manuscrit, la table de la Summa
d’Ulrich de Strasbourg53.
Dans son étude sur les débuts de l’albertisme tardif, Zénon Kaluza a observé
que la Summa a été amplement consultée et citée au xve siècle, ce qui atteste
le renouveau d’intérêt que la doctrine d’Albert le Grand connaît, aussi bien à
Paris qu’à Cologne, dans le milieu des clercs séculiers et principalement des
49. Les livres abordent successivement les thèmes suivants : 1. La Connaissance de Dieu. 2.
L’Être de Dieu. 3. La Trinité. 4. La Création. 5. L’Incarnation. 6. Le Saint-Esprit. 7. et 8. (les
livres non écrits, ou non parvenus jusqu’à nous) les Sacrements et la Béatitude.
50. J. Daguillon, La Summa, op. cit., p. XII
51. H. Martin, Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de l’Arsenal, I, Paris, 1885, p. 137-138 ;
selon C. Mews, « Guibert of Nogent’s Monodiae », Revue des études augustiniennes, 33, 1, 1987,
p. 125-127, il serait originaire d’Ourscamp.
52. Communication par courrier électronique (en décembre 2013).
53. L’une des notes (f. 76v), en grande partie effacée, concerne l’achat du manuscrit. On lit :
Hunc librum habui a Dionisii (?) […]llerii precie unius libre Parisiensis.
artiens54. C’est aussi sans doute dans ce cadre que l’on peut inscrire le don par
Jean Tinctor au collège de Sorbonne, et ce même si tout au long du xve siècle,
les lecteurs de la bibliothèque, marqués par la suprématie intellectuelle de
Thomas d’Aquin et fidèles à un réalisme « à l’ancienne », ne semblent avoir
porté qu’un intérêt limité à l’œuvre d’Albert le Grand55.
Donatella Nebbiai
CNRS-IRHT
ANNEXES
Consultatio super duabus quaestionibus ad instantiam domini Petri de Vaucello sacre theologie
professoris egregii. Conclusiones asserte per quendam minorem doctorem in theologie : cum
confessionis integritate diversis confessoribus possunt penitentes quandoque de diversis confiteri
reatibus.
Attesté dans la Sportula fragmentorum, Bruxelles, Frères de la Vie Commune, 1479, f. 29
d’après le ms. Bruxelles, BR 11492-11513 (E. Van Balberghe, « Les œuvres… »,
art. cité, p. 144).
Mentionné dans Paris, Bibl. de l’Arsenal 1228.
Contra propositiones, quarum prima fuit : Homo potest aliquam creaturam meritorie plus diligere
quam Deum ; Secunda : Deus potest acceptare odium sui ad vitam aeternam.
Attesté dans la Sportula fragmentorum, Bruxelles, Frères de la Vie Commune, 1479,
f. 114-115, d’après le ms. Bruxelles, BR 11492-11513 (E. Van Balberghe, « Les
œuvres… », art. cité, p. 145)
De somnio
Ms. Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 3600, f. 71v-74 (M. Grabmann,« Der
belgische Thomist Johannes Tinctoris… », art. cité, p. 416).
Invectives contre la secte de Vauderie (trad. française du Contra sectam Valdensium, cf. supra)
Ms. Paris, BNF fr. 961 ; Bruxelles, BR 11209 ; Oxford, Bodleian Library, Rawlinson
D 410, f. 1-59 ; édition : Bruges, Colard Mansion, entre 1476 et 1484, 58 ff. (E. Van
Balberghe et F. Duval, Jean Tinctor († 1469), Invectives contre la secte de Vauderie,
Tournai-Louvain la Neuve, 1999, p. 11-18).
Tractatus de sabbato
Ms. Bamberg, Stadtbibl., Patr. 84 (B V 42), f. 85-86 (Grabmann, « Der belgische
Thomist Johannes Tinctoris… », art. cité, p. 420).
Ce bref texte sur le sabbat et la démonologie renvoie au Contra sectam Valdensium,
cf. supra.
101. Item habuit pro eodem textus Naturalis physice, scilicet Physicarum cum aliis,
precii 4or lib., 2o folio quia multum, penultimo equales enim (XLVII, 39, lat. 15452).
[102. Item habuit textum Sentenciarum precii XL s., 2o [folio] in tabula quare non,
penultimo omnes communiter (XXII, 14 ; lat. 15721)]
103 (57). Item habuit pro eodem, eodem die Scriptum (au-dessus : sive commen-
tum) Thome Ethycorum precii iiii lib. X s., 2o folio sint ipsa opera, penultimo et hoc
ideo quia virtuosus (LIIII, 22 ; lat. 16104).
1429 2 VI
109. Item eodem anno (exponctué) anno Domini 1429 habuit pro Tinctoris Bibliam
precii x lb., 2o folio verba, penultimo in tabula Thob oblacio (I, 24)
110 (11). Item pro eodem, eodem die scilicet 2a junii, habuit 2m scripti Thome,
precii lx s., 2o folio sciciam, penultimo quando virtus (XXIII, 100, latin 15764).
[…]
1429 19 VI.
120. Anno Domini Mo CCCCo XXIXo, die XIX mensis junii, reddidit clavem suam et
libros suos preter claves et libros Tinctoris et de Veterifolio (I, 11).
1 2 1 . Item eodem anno et eadem die reddidit clavem et libros Tinctoris non
cancellatos.
1. M. Hossfeld, « Johannes Heynlin aus Stein. Ein Kapitel aus der Frühzeit des deutschen
Humanismus », Basler Zeitschrift für Geschichte und Altertumskunde, 6 (1907), p. 309-356, et 7
(1908), p. 79-219 et 235-431 ; B. von Scarpatetti, « Johannes Heynlin de Lapide (von
Stein) », dans Die deutsche Literatur des Mittelalters. Verfasserlexikon, III, Berlin-New York, 1981,
col. 1213-1219 ; Id., « Scholastiker versus Humanisten », dans R. Surbeck, éd., Humanismus.
Annäherungen an einen lebendigen Begriff, Bâle, 2000, p. 170-173 ; Id., « Heynlin von Stein », dans
H. J. Martin et J.-D. Mellot, éd., Dictionnaire encyclopédique du livre, II, Paris, 2005, p. 475 sq. ;
Id., « Die Bibliothek des Johannes Heynlin von Stein (ca. 1430-1496) und ihre Hintergründe »,
actes du colloque « Buchkulturen des deutschen Humanismus (1430-1530). Netzwerke und
Kristallisationspunkte » à la Freie Universität Berlin, mai 2011 (sous presse).
2. Voir CMD-CH I (1977), les notices nos 145-150, les planches 353-356, pour une glose pl. 453.
On trouvera aussi des illustrations dans les études citées supra n. 1.
3. Voir Z. Kaluza, Les querelles doctrinales à Paris. Nominalistes et réalistes aux confins du xive et du
xve siècles, Bergame, 1988.
4. Voir B. Ullman, The Origin and Development of Humanistic Script, Rome, 1960 ; A. de la Mare
et A. Garzelli, New Researches on Humanistic Scribes in Florence, Florence, 1985 ; J. Autenrieth,
éd., Renaissance- und Humanistenhandschriften, Munich 1988, en part. le résumé de P. Gumbert,
Italienische Schrift – humanistische Schrift – Humanistenschrift, p. 64-70 ; S. Zamponi, « La scrittura
umanistica », Archiv für Diplomatik, 50, 2004, p. 467-505.
Les livres des maîtres de Sorbonne, sous la direction de Claire Angotti, Gilbert Fournier et Donatella Nebbiai,
Paris, Publications de la Sorbonne, 2017
Cette dualité devait marquer toute sa vie, qui a été également influencée par
une autre tendance culturelle, la vocation à la prédication de pénitence, alors
largement répandue dans le sud-ouest de l’Allemagne.
Durant ces dix dernières années, l’auteur de ces lignes a reconstitué le
catalogue de la bibliothèque de Jean Heynlin. Celle-ci est conservée à la
Bibliothèque universitaire de Bâle, où elle est parvenue à la suite de la sécu-
larisation de la chartreuse de Bâle, fameuse depuis le concile pour ses tré-
sors livresques. La collection englobe 283 volumes, dont une soixantaine de
manuscrits. Les autres livres sont des incunables, datant de 1459 jusqu’à 14925.
Ils témoignent d’un choix de tout premier rang, tant au plan des contenus que
des supports, témoins de l’imprimerie naissante et de la bibliophilie. Si les
titres et les thèmes en disent long sur la personnalité de l’érudit, ses annota-
tions, inscrites de façon soigneuse et méticuleuse, pendant trois décennies au
moins, en marge d’un grand nombre de volumes, témoignent de ses intérêts
et des débats spirituels qui l’ont concerné. Nous avons relevé quelque mille
gloses de la main de Jean Heynlin, apposées en marge ou au bas des colonnes.
L’ensemble constitue une source inédite pour reconstituer le profil intellec-
tuel et spirituel de cette personnalité entre deux époques. L’enrichissement
de sa bibliothèque et ses annotations sont cohérents. Heynlin a voué un zèle
extraordinaire à la préparation matérielle de la majorité des volumes, traçant
la réglure, apposant les intitulés, les index et surtout les gloses.
Biographie
Peu de documents subsistent sur la vie de ce clerc, dont on ignore s’il était
prêtre ou seulement érudit et théologien. Johannes « de Lapide » ne dit rien
sur lui-même. Aucune mention claire n’est faite non plus de son origine. On le
dit originaire du diocèse de Spire, et « de Lapide » pourrait aussi bien être son
nom de famille que son lieu de naissance. Pourtant, les « Johannes a Lapide/
de Lapide » sont nombreux dans les matricules de l’Empire. Au xixe siècle, les
recherches ont désigné un village, Stein, situé tout près de Pforzheim dans le
diocèse de Spire. À l’université de Paris, Heynlin passe pour un ressortissant
du comté de Bade, mais la mention de la marchio Badensis est uniquement citée
dans le Livre des receveurs6. Pour sa jeunesse et sa scolarité, la seule et maigre
source provient d’une série d’inscriptions dans les matricules des universités
5. B. von Scarpatetti, Die Bibliothek des Heynlin von Stein. Vollständiger Katalog, Nr. 1-283, Bâle,
2014-2015 (à paraître).
6. Auctarium Chartularii Universitatis Parisiensis, VI, A. L. Gabriel, éd., Paris 1964, en part.
col. 310 : natus ex marchionatu Badensi. Pour les mentions nombreuses relatant les diverses fonc-
tions et charges de Heynlin, voir ibid., col. 250, n. 7 et p. 795 (Index personarum).
7. J. Verger, « Les universités françaises au xve s. Crise et tentatives de réforme », dans Les
universités françaises au Moyen Âge, Leyde-New York-Cologne, 1995, voir l’entière et sévère fus-
tigation de la « décadence » intellectuelle dans les p. 228-252, déjà sous le cancellariat de Jean
Gerson, p. 190-195.
8. Liber Receptorum, A. Gabriel, éd., col. 249 et 266. Dans la n. 7, col. 249 sq., contrairement
à ce qui est dit, Heynlin n’était pas étudiant à l’université de Heidelberg : on trouve au moins
une demi-douzaine de Johannes de Lapide (sans Heynlin) dans les matricules des universi-
tés allemandes de ce temps ; l’erreur concernant Heidelberg est reprise dans J. Vielliard et
M.-H. Jullien de Pommerol, Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne, Paris,
2000, p. 629, où l’on rectifiera également l’année de la mort de Heynlin, survenue en 1496.
9. Liber Receptorum, op. cit., col. 282, 293, 308-310.
16. Le Livre des prieurs de Sorbonne (1431-1485), R. Marichal, éd., Paris, 1987, nos 504-506,
p. 144-145.
17. Ibid., no 519, p. 147-148.
18. W. Vischer, Geschichte der Universität Basel… ( 1 460- 1 529), Bâle, 1 860, p. 1 43 ; H. G.
Wackernagel, Die Matrikel der Universität Basel, I, Bâle, 195 1, p. 46 ; Schatzkammer der
Universität Basel: die Anfänge einer 550-jährigen Geschichte : Katalog zur Austellung, M. Wallraff et
S. Stöcklin-Kaldewey, éd., Bâle, 2010, p. 79.
19. Voir G. Durandus, Rationale divinorum officiorum, imprimé sur parchemin chez Jean Fust et
Pierre Schoeffer à Mayence en 1459, Bâle, BU, Inc. 1.
20. Pierre Schöffer séjournait à partir de 1440 à Paris et fut vers 1450 le premier collaborateur de
Gutenberg, ensuite en 1452 avec Jean Fust copossesseur de l’officine, et après la mort de Fust
en 1466 son seul patron. Sur Pierre Schöffer, voir infra n. 35.
21. Paris, Bibl. Mazarine, ms. 3323, f. 126r ; J. Vielliard et M.-H. Jullien de Pommerol,
Le registre de prêt…, op. cit., p. 450.
époque, nous devons nous pencher sur le Registrum priorum collegii Sorbonae22.
Jean Heynlin est élu prieur en 1468, mais il doit renoncer à cette charge, en
raison d’une maladie oculaire ; Michel Petit (diocèse de Rouen) le remplace23.
Il devient recteur de l’université de Paris en 1469, sommet d’une carrière riche
en consécrations. En cette même année, le Livre des prieurs fait état d’une camera
iuxta cameram Johannis de Lapide24. C’est donc qu’il habite toujours au collège. Il
va encore en assurer la direction en 1470, tandis que son ami Guillaume Fichet
est bibliothécaire. Au cours de cette même année, les deux sociétaires auraient
contribué à installer un atelier typographique au collège de Sorbonne, le pre-
mier du royaume de France.
22. Le Livre des prieurs de Sorbonne, op. cit., p. 284 (Index des noms propres).
23. Ibid., no 608, p. 170.
24. Ibid., no 617, p. 173.
25. Ibid., no 660, p. 180.
26. J. Monfrin, « Les lectures de Guillaume Fichet et de Jean Heynlin, d’après le Registre de
prêt de la bibliothèque de la Sorbonne », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, 17, 1955, p. 7-23 et
145-153.
27. J. Vielliard et M.-H. Jullien de Pommerol, Le registre de prêt de la bibliothèque du collège
de Sorbonne, op. cit., no 118, p. 450-452. La liste contient 39 entrées, de 1467 à 1473. Les numéros
cités dans le texte renvoient à cette édition.
Boèce, puis toute une série d’œuvres de Thomas d’Aquin. De fait, les indi-
cations du registre de prêt concernant les auteurs et les œuvres sont très
sommaires. La présence du Liber de miraculis patrum italicorum (no 18) semble
attester ses intérêts à venir pour la prédication, tandis que le Bellum civile de
Lucain ouvre une perspective sur l’humanisme (nos 23 et 27). On est presque
surpris de trouver les Satires de Juvénal (no 24) et une œuvre de l’historien et
poète Martianus Capella (no 25), mais ces titres ont sans doute été retenus en
raison de leur intérêt pour l’étude du latin classique. À partir de 1470, appa-
raissent aussi, parmi les emprunts, un Bréviaire, les Évangiles et un Psautier
(nos 31, 33, 36). Le dernier livre rendu à l’automne 1473 est le traité De la trinité
d’Augustin (no 39). Avec ses 39 emprunts, Jean Heynlin apparaît comme l’un
des lecteurs les plus zélés parmi les 172 mentionnés dans le Registre de prêt.
Encore faut-il tenir compte du fait qu’il était lui-même propriétaire de très
nombreux livres, qui constituent le noyau de sa future bibliothèque bâloise.
28. Cinq volumes de sa bibliothèque portent des armes, toutes en allure solennelle : Bâle, BU,
ms. F I 12 (Cicéron e.a), Inc. 27 et 28 (Biblia, Partes I et II), Inc. 80 (Astesanus de Astis), Inc.
397 (Hieronymus, Epp). Voir aussi les planches dans B. von Scarpatteti, « Weltverachtung
an der Schwelle der Neuzeit: zu den Glossen in der Bibliothek Heynlins von Stein (ca. 1430-
1496) », Basler Zeitschrift für Geschichte und Altertumskunde, 110, 2010, p. 107- 126 (ici p. 112, pl. 2) ;
Id., « La stessa mano? Casi attinti dal catalogo dei manoscritti datati della Svizzera (CMD-CH) »,
Medioevo e Rinascimento, NS XXIII, 2012, p. 291- 298 (ici tav. VIII, fig. 20) ; Id., « Die Bibliothek
des Johannes Heynlin von Stein (ca. 1430-1496) und ihre Hintergründe » (n. 1), pl. 31.
est censé s’accoupler par le bec pour engendrer sa descendance. Cette perdrix
pratiquerait donc le coït d’une façon plus chaste que les autres oiseaux et ani-
maux. La fécondation se ferait idéalement par la voix, ce qui est aussi une façon
d’exalter le rôle du prédicateur. Par ailleurs, nous savons que Jean Heynlin fut
un partisan très zélé de la doctrine de l’Immaculée Conception de la Vierge
Marie. L’iconographie de ses manuscrits, sur laquelle des recherches plus
approfondies restent à effectuer, refléterait ainsi une adhésion à ces théories.
Seules des origines princières et une aisance financière évidente peuvent
expliquer la brillante et rapide carrière de Jean Heynlin à l’université de Paris.
S’il a été le bâtard d’une famille princière, il doit avoir été doté d’un important
revenu. Nous avons essayé de calculer la valeur monétaire de ses 283 volumes.
Plusieurs ouvrages spécialisés ont été consacrés à la question de la valeur des
livres à la fin du Moyen Âge29. Calculée sur la base des prix du xve siècle, la
valeur de la collection de Jean Heynlin est estimée à un million d’euros 30.
Heynlin doit avoir fait travailler pendant des mois et des années les meilleurs
enlumineurs des ateliers parisiens. Il est à noter que, dans les matricules de
toutes les universités qu’il a fréquentées, il paye toujours le tarif maximum.
Enfin la présence de la « pierre » dans les armoiries laisse à penser qu’il
provenait du village de Stein près de Pforzheim, que nous avons évoqué plus
haut31. Nous ignorons cependant s’il s’agissait du village d’origine de sa
famille, ou si Jean Heynlin y est né et y a fait une partie de ses études, par
exemple à l’école de Pforzheim, ville voisine, qui jouissait d’une bonne réputa-
tion. Quant à son père, il pourrait avoir été membre de la Maison du Margrave
de Bade ou du prince-évêque de Spire. On pourrait avancer l’hypothèse d’une
naissance « illégitime » (aucune source n’indique qu’il ait été prêtre), mais il
n’y a pas de trace de la dispense qu’il aurait éventuellement pu demander à
la curie romaine afin d’accéder aux ordres sacrés (à l’inverse d’Érasme par
exemple)32. Jean Heynlin semble donc avoir préféré garder intact le secret de
ses origines, que toute démarche de sa part aurait contribué à révéler.
29. Voir R. Hirsch, Printing, Selling and Reading 1450-1550, Wiesbaden, 1967, p. 68-72 ;
U. Neddermeyer, Von der Handschrift zum gedruckten Buch, II, Wiesbaden, 1998, p. 831-862
(tab. XII) ; K. Fianu, « Métiers et espace : topographie de la fabrication et du commerce du
livre à Paris », dans G. Croenen et al., éd., Patrons, Authors and Workshops. Books and Book
Production in Paris around 1400, Louvain, 2006, p. 21-45. Sur les enlumineurs parisiens, voir R. H.
et M. A. Rouse, Manuscripts and their Makers. Commercial Book Producers in Medieval Paris 1200-1500,
Turnhout, 2000, I, en part. p. 303-327 ; II, en part. p. 217-224 (Appendix 12A).
30. En résumé, le calcul se fait sur la base d’une valeur sommaire autour de 100-150 euros pour
une livre d’argent, un florin et un ducat, alors les monnaies les plus courantes.
31. Voir supra p. 226.
32. Dans les sources de la curie romaine concernant les dispenses du xve s., Heynlin ne semble
pas figurer. Voir Repertorium Poenitentiariae Germanicum, H. et L. Schmugge (éd.), I-VIII,
Tübingen, 1998-2012.
33. Paris, Archives nationales, ms. H 2587, f. 116v ; Auctarium Chartularii Universitatis Parisiensis,
op. cit., col. 308.
[Quaestio] Sorbonica quinta Anni 1467. Ad quam respondi ego Johannes de Lapide pro
temptativa. Sub Venerabili viro magistro Henrico de Quesnayo tunc priore famosissimi
collegii Sorbonensis.
Cette quaestio quinta discute l’état du corps humain lors de la résurrection
des morts (in novissima die) : les humains, demande-t-on, seront-ils alors dans
l’état de jeunesse ou dans celui d’avant leur mort ? Le premier argument s’op-
pose à l’hypothèse de l’état de jeunesse, alors que, in oppositum, au deuxième
alinéa, on argumente que la résurrection doit se faire dans l’état le plus parfait
de l’être humain, donc celui de la jeunesse.
Dans le même recueil, une autre question illustre la position de notre érudit.
Elle traite, selon une méthode strictement scolastique, d’une problématique
qui peut paraître bien moderne, car on y demande si l’acte purement moral de
la contrition peut remplacer le sacrement de la confession (Vtrum videlicet, vtilis
ac necessaria sit ad Salutem confessio sacramentalis ; non obstante quod per contritionem
prius deleta sit tota culpa mortalis). Si la réponse est négative, on est pourtant
surpris qu’une telle question puisse avoir été soulevée34. Le traité est intro-
duit par un discours solennel et rhétorique en présence des plus importantes
personnalités de l’université, rédigé en latin humanistique. La thématique et
la méthode relèvent de la théologie médiévale, puisqu’elles traitent de l’acte
de confession et soulignent son caractère indispensable. Dans les papiers
de Jean Heynlin, le thème de la confession apparaît souvent traité dans des
contextes délicats et problématiques. Il en est de même de la communion et
des conditions pour y avoir accès.
Passons à un autre manuscrit significatif de la production de Jean Heynlin.
Il s’agit d’un exemplaire de la Somme de théologie de Thomas d’Aquin. Il illustre
l’intérêt qu’il a porté à l’œuvre de ce théologien, auteur de prédilection des
partisans de la Via Antiqua (ill. 4). Le manuscrit est une production de l’atelier
d’écriture que Jean Heynlin aurait entretenu. Il rassemble plusieurs typologies
graphiques (gothiques livresques ou semi-cursives, bâtarde et gothique de
style bourguignon) mais demeure néanmoins très homogène. L’écriture prati-
quée de préférence par Jean Heynlin est une semi-cursive très régulière et dis-
ciplinée, de sorte qu’il est souvent difficile de distinguer la main du comman-
ditaire de celle de ses scribes supposés amanuenses, qui étaient tenus de suivre
strictement les consignes du maître. On connaît quelques traits spécifiques de
sa main, mais il est difficile de l’identifier avec certitude. Vu l’ampleur de ses
activités, il est peu probable qu’il ait copié l’intégralité du volume ou même
qu’il ait ajouté le décor secondaire, toujours très soigné.
34. Bâle, BU, ms. A VI 12, f. 108r : Varia scholastica, Quaestio theologicalis pro magna ordinaria. Un
texte plus long que les questions usuelles forme un traité au f. 108r-125v.
35. H. Lehmann-Haupt, Peter Schöffer aus Gernsheim und Mainz. Übersetzung und Vorwort von
M. Estermann, Wiesbaden, 2002, p. XX sq. (tributaire de l’étude de F. Stock, Die ersten deutschen
Buchdrucker in Paris um 1500, Fribourg, 1940 [repr. Paderborn 1992]), et 18-35.
36. Bâle, BU, Inc. 700 : Gasparinus Barzizius, Epistolae, J. de Lapide, éd., G. Fichet, annexe ;
Paris, imprimé par U. Gering, M. Crantz et M. Friburger [été ou automne 1470]
italiens d’une grande beauté. Ce traité italien sur le style épistolaire, ouvrage
pleinement humaniste, est le premier livre imprimé en France37. C’est aussi
un pur produit allemand d’importation, car Jean Heynlin avait amené ses
trois compagnons-imprimeurs (Martin Crantz, Michael Friburger et Ulrich
Gering) du comté de Bade à Paris, où les trois artisans ont continué à œuvrer
ensuite pendant plusieurs années, sans le concours de Jean Heynlin.
Le tournant pastoral
En 1473, Jean Heynlin s’apprêtait à quitter Paris, l’université et ses méthodes
scolastiques. Le registre de prêt note : Anno domini mo cccco lxxiiio, xiii a octo-
bris restituit omnes libros […] [et] […] clavem librarie restituit38. Plusieurs facteurs
ont déterminé ce choix. De l’extérieur, les querelles interminables, vaines et
stériles des factions réalistes et nominalistes, devenues de plus en plus viru-
lentes, aboutissent à l’interdiction de l’enseignement nominaliste par décret
du roi de France en 1474. Dans la bibliothèque du collège de Sorbonne, les
volumes contenant des traités nominalistes durent donc être interdits d’accès.
Quelle ingrate tâche pour un bibliothécaire, quelle censure absurde dans un
haut lieu d’érudition ! De l’intérieur, le choix de Jean Heynlin de se détourner
de l’université de Paris et du collège de Sorbonne pourrait avoir des raisons
plus personnelles. Aucune explication pourtant de sa part. Dans l’élégie qu’il
compose à l’occasion de sa mort en 1496, le moraliste Sébastien Brant, grand
ami de Heynlin, nous livre un témoignage rare en lui attribuant un change-
ment d’orientation radical, qui aurait motivé l’abandon de la Sorbonne. Le
clerc zélé aurait été fatigué des sophistications, des divisions et des querelles
universitaires, qu’il aurait jugées dépassées39.
37. J. Veyrin-Forrer, 1470-1970. Hommage aux premiers imprimeurs de France, Paris, 1970 ; Ead.,
« Aux origines de l’imprimerie française. L’atelier de la Sorbonne et ses mécènes (1470-1473) »,
dans L’art du livre à l’Imprimerie nationale, Paris 1973, p. 32-53 [repris dans Ead., La lettre et le texte.
Trente années de recherches sur l’histoire du livre, Paris, 1987, p. 161-187]. La vingtaine d’ouvrages
sortis de ces presses ne figurent pas dans le Registre de prêt. En ce qui concerne les ouvrages en
tant que tels, les éditrices du Registre de prêt (op. cit.), affirment p. 42 : « […] Les ouvrages impri-
més par Guillaume Fichet et Jean Heynlin sur les presses nouvellement installées à la Sorbonne
n’ont pas été retrouvés. » En France, des exemplaires de ce premier incunable français sub-
sistent à Paris (deux à la BNF), Besançon, Chantilly, etc. Voir GW III (1928), no 3675, col. 552.
L’exemplaire conservé à la BU de Bâle porte la cote Inc. 700 et provient de la bibliothèque de
Heynlin. Sur cet incunable et ses trois imprimeurs allemands, voir l’étude fondamentale de
F. Stock, Die ersten deutschen Buchdrucker in Paris um 1500, op. cit., p. 36-81.
38. Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne, op. cit., p. 452.
39. T. Wilhelmi, Sebastian Brant. Kleinere Texte, Stuttgart 1998, no 150, p. 226 sq.
40. Bâle, BU, Inc. 394 : Augustinus, Civitas Dei, glose de Heynlin dans le livre XIII, chap. 10, le
volume n’est pas folioté.
41. Bâle, BU, Inc. 1 : Guilelmus Durandus, Rationale divinorum officiorum, f. xliiiir.
42. Resolutorium dubiorum circa celebrationem missarum occurrentium, Bâle, Froben, 1492, suivi de
très nombreux tirages.
43. Au sujet de l’humanisme rhénan, entre affirmation et négation de « Madame Monde », voir
B. von Scarpatetti, « La question de l’environnement à la Renaissance. L’humanisme rhé-
nan à cheval entre affirmation et négation de “Frau Welt” (xve-xvie siècle) », dans C. Maurer
et A. Starck-Adler, éd., Espace rhénan, pôle de savoirs, Strasbourg, 2013, p. 37-50 (ill.).
44. Bâle, BU, Inc. F J VI 5 : Johannes Chrysostomus, Homeliae super Johannem, Cologne, 1486, f. 69r.
Ill. 1. Bâle, BU, Inc. 397, f. 1r. Hieronymus, Epistolae, Pars II. Rome: [Sweynheim et
Pannartz], 1470. Les armes de Heynlin en bas de la page-titre.
Ill. 2. Bâle, BU, ms. A VI 12. Varia scholastica. « Positio mei Jo. de Lapide pro tunc prioris »,
f. 56r.
Ill. 4. Bâle, BU, ms. A I 14, f. 1r. Thomas de Aquino, Summa Theologiae.
Parchemin et papier (se relayant à l’intérieur de chaque cahier).
Ill. 5. Bâle, BU, Inc. 10. Thomas de Aquino, Summa theologiae, 2a/2ae, Mayence 1467,
typographie Peter Schöffer, la rubrique de la main de Heynlin.
Les livres des maîtres de Sorbonne, sous la direction de Claire Angotti, Gilbert Fournier et Donatella Nebbiai,
Paris, Publications de la Sorbonne, 2017
6. C’est, à terme, ce vers quoi tend le projet « Sorbonne » piloté par D. Nebbiai, dans le cadre
de l’Équipex Biblissima dirigé par A. M. Turcan-Verkerk.
7. Ces nuances chronologiques sont fondamentales : en effet, s’il semble évident qu’une collec-
tion tend à croître, il en va de même pour le développement de l’organisation des collections,
des méthodes de fonctionnement (modalités de prêt, périodicité du récolement, élaboration
des catalogues…). Par exemple, si les modalités du prêt sont bien connues pour la fin du Moyen
Âge, elles le sont moins pour la seconde moitié du xiiie siècle : le prêt de livres ne concer-
nait-il que les seuls sociétaires ? S’étendait-il aux hôtes du collège, ou même à l’ensemble de la
faculté de théologie, voire aux maîtres de la faculté des arts ? Quelles en étaient les modalités :
un gage était-il réclamé à tous ou aux seuls étrangers ? À la fin du Moyen Âge, des gages étaient
réclamés surtout lors de prêts extraordinaires, ceux des manuscrits habituellement enchaînés.
Voir J. Vielliard, éd. et annot., M.-H. Jullien de Pommerol, collab., Le registre de prêt de
la bibliothèque du collège de Sorbonne (1402-1536), Paris, 2000, p. 28-36. Voir aussi G. Fournier,
Une « bibliothèque vivante ». La libraria communis du collège de Sorbonne (xiiie-xve s.), thèse dac-
tyl., EPHE (Ve section), 2007, p. 354-371. La situation semble plus complexe dans les premières
années du collège. Voir L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale. Étude sur la
formation de ce dépôt comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure,
et du commerce des livres à Paris avant l’invention de l’imprimerie, II, Paris, 1874, p. 176 et p. 194-195.
temps et clos sur lui-même. Les collections de livres qu’il possède contri-
buent, au contraire, à ouvrir le collège sur la vie de l’Université8. C’est en effet
probablement grâce à ses différentes collections, à l’usage qu’il en a permis,
que le collège de Sorbonne a su trouver sa place au sein de l’Université puis
devenir un acteur important de la faculté de théologie9.
8. Voir J. Verger, « La faculté des arts : le cadre institutionnel », L’enseignement des disciplines
à la faculté des arts (Paris et Oxford, 13e-15e siècles), O. Weijers et L. Holtz, éd., Turnhout, 1997,
p. 17-42, précisément p. 34-35, et aussi Id., « Rapport de la Table ronde : le cadre institution-
nel », ibid., p. 91-92.
9. Voir C. Angotti, « Présence d’un enseignement au sein du collège de Sorbonne : collationes,
disputationes, lectiones (xiiie-xve s.). Bilan et hypothèses », Cahiers de recherches médiévales, 18 (2009),
p. 89-111.
10. BNF lat. 15362, f. 234v : Iste liber est pauperum magistrorum de Sorbona ex legato magistri Petri
de Lemovicis quondam socii domus hujus. In quo continentur : 1. Quodlibeta magistri Jacobi de Viterbio ;
item Tacuimus cum quibusdam suppositionibus et additionibus magistri Dudonis super Tacuimum ;
item Tacuimus ; item liber Serapionis ; item liber Avicenne de viribus et medicine cordis ; item glose super
Antidotarium a Johanne de Sancto Amando ; item practica geometrie ; item Joachim super Apocalypsim ;
item tabula super totam logicam ex legato magistri Petri de Lemovicis. Precii C sol., suivi de la cote 36us
inter mixta philosophorum ; ce manuscrit n’est pas décrit dans le catalogue de 1338, il est sim-
plement signalé comme enchaîné (voir L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., III, p. 64
(sous la cote Libri mixti philosophorum LIII/36). Voir annexe 4, photographie 1.
11. BNF lat. 15362, f. 69v : <Quodlibeta ?> magistri Jacobi de Viterbio precii XL sol. ; inter scripta et
questiones <super Sentencias> 79us inter summas questionum 69 (voir annexe 4, photographie 2). Le
volume figurant dans la section XXIV Summe questionum sous le numéro 69 n’est malheureuse-
ment pas décrit mais il est signalé comme enchaîné (voir L. Delisle, Le Cabinet des Manuscrits…,
op. cit., III, p. 31).
12. BNF lat. 16170, f. 127v : Iste liber est pauperum scolarium de Sorbona cujus medietas est ex legato
magistri Gerardi de Trajecto et altera medietas ex legato magistri Conradi. Pretii XXX solidorum.
13. Voir B. Bazàn, Trois commentaires anonymes sur le traité de l’âme d’Aristote, Louvain-Paris,
1971 ; C. Luna, Aegidii Romani opera omnia, t. I, Catalogo dei manoscritti, 1. 3**, Francia (Parigi),
p. 232-239.
14. Le 4 octobre 1336, plusieurs sorbonistes acceptent d’exécuter le testament de Conrad de
Bonnersheim (sic). Voir P. Glorieux, Aux origines…, t. 2, n. 2, p. 557-559.
15. BNF lat. 16144, f. 34v : ex-libris Philosophia Aristotilis ex legato magistri Guillelmi de Feuqueriis,
precii x sol., suivi de la cote inter libros naturales non commentatos, 34, ce qui correspond au
34e volume de la section XLVII du catalogue de 1338 ; l’autre ex-libris est f. 85v : Iste liber est pau-
perum magistrorum de Sorbona Parisius studentium in theologica facultate ex legato magistri Stephani de
Gebennis. 45us. Inter scripta et questiones super libros Aristotilis. In quo continentur scripta fratris Thome
super librum celi et mundi. Precii XII sol., cette cote correspond au 45e volume de la section LIIII du
catalogue de 1338.
16. Le legs de Thomas d’Irlande correspond aux f. 1-18v du lat. 16397. L’ex-libris figure f. 18v
(voir n. 106 pour le détail).
17. Le legs de Gérard d’Abbeville correspond aux f. 19-59 du lat. 16397. L’ex-libris, accompagné
de l’estimation du volume, se trouve au f. 57v : Iste liber est collegii pauperum magistrorum studencium
Parisius in theologia ex legato magistri Guerroudi de Abbatis Villa precio XX sol.
18. Le legs de Pierre de Limoges correspond aux f. 59-154 du lat. 16397. La table et l’ex-libris
puis l’estimation et la cote du catalogue de 1338 sont soigneusement mis en page (réglure) et
rédigés par la même main, tout comme l’indication d’enchaînement, un peu plus bas, f. 154v :
In hoc volumine continentur extractiones librorum Joachim et extractiones de evangelio eterno et reproba-
tiones eorumdem. Quod volumen est pauperum magistrorum de Sorbona ex legato magistri [add. marg.
sup. Petri] de Lemovitis quondam socii domus hujus. Pretii 20 solid. 39us inter originalia mixta sanctorum ;
chatenabitur.
19. Les BNF lat. 15685 et lat. 16207 correspondent à un volume ayant appartenu à Gérard de
Reims (avec ajout d’un cahier ayant appartenu à Pierre de Limoges et qui correspond aux f. 3-18
du lat. 16207). Voir lat. 15685, f. 47v : Iste liber est pauperum magistrorum de Serbonia in theologia
Parisius studentium ex legato magistri G. de Remis precii XX den. precii XX sol., suivi de la précision
Folia scripta 161, tandis que le BNF lat. 15685 ne comporte que 45 feuillets. Une autre main a
indiqué f. 47v du lat. 15685, la cote du catalogue général de 1338, Inter quadriviales XXus. La des-
cription très complète fournie par le catalogue de 1338 (voir L. Delisle, Le Cabinet des manus-
crits…, op. cit., III, p. 67) permet de constater que plusieurs des œuvres signalées figurent dans
le lat. 16207 (voir M. Mabille, « Les manuscrits de Gérard Bruine, dit de Reims, conservés
à la Bibliothèque nationale de Paris », Bibliothèque de l’École des chartes, 131 (1973), p. 198-208,
précisément p. 204-205).
20. Voir M.-H. Jullien de Pommerol, « Livres d’étudiants, bibliothèques de collèges et
d’universités », art. cité, rééd. 2008, p. 122-149, précisément p. 128
21. Nota quod omnes libri in registro isto sunt quotati secundo et penultimo foliis fuerunt inventi in parva
libraria anno Domini Mo CCCo XXXVIIIo ; illi vero ubi scribitur « defficit » non fuerunt inventi. Cette note
figure à la fin du catalogue de 1338, c’est la première occurrence de l’expression parva libraria
(L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, op. cit., III, p. 71, d’après BNF n. a. l. 99, p. 223).
22. Voir C. Angotti, « Bonum commune divinius est quam bonum unius. Le collège de la Sorbonne
et sa bibliothèque, place et rôle dans l’Université de Paris au xive siècle », dans A. Sohn et
J. Verger, éd., Les collèges universitaires en Europe au Moyen Âge et à la Renaissance/Die universitären
Kollegien im Europa des Mittelalters und der Renaissance, Actes du colloque international organisé à
Paris les 12 et 13 décembre 2008, Bochum, 2011, p. 91-105.
23. Voir les statuts primitifs du collège (avant 1274) : Item nullus recipiatur in domo nisi fidem prestet
quod si contigerit ipsum libros de communi recipere, quod sicut suos ita fideliter observabit et nullo modo
distrahet nec accomodabit extra domum, et per integrum reddet eos quandocumque exigentur ab eo et quando
contigerit eum villam exire (P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, t. 1, Paris, 1966, p. 194). Le
soin des livres appartenant au collège (libr[i] de domo) est aussi exigé dans le serment prêté
par les sociétaires (vers 1280-1290) mais l’expression libri communes ou de communi n’est pas
employée (voir ibid., p. 203). En revanche, il est question, dans une note probablement issue
du catalogue perdu de 1290, d’une « bibliothèque instituée pour l’“utilité commune” des socié-
taires » : Nota etiam quod anno Domini Mo CCo LXXXo IXo fuit primo institutum librarium in domo ista pro
libris cathenatis ad communem sociorum utilitatem (L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, op. cit., III,
p. 71 d’après BNF n. a. l. 99, p. 223).
24. Voir la décision relative à la réorganisation de la bibliothèque, à son règlement, et à son
catalogue (1321) : Item quod de omni scientia et de libris omnibus in domo existentibus saltem unum
volumen, quod melius est, ponatur ad cathenas in libraria communi ut omnes possint videre etiamsi unum
tantum sit volumen, quia bonum commune divinius est quam bonum unius ; et ad hoc adstingatur quili-
bet habens hujusmodi librum ponendum in libraria quod sine contradictione eum tradat (P. Glorieux,
Aux origines de la Sorbonne, op. cit., t. 1, p. 215). Voir aussi l’introduction à la tabula du répertoire
méthodique élaboré au collège entre 1321-1338 : Quod ego Johannes, presentis collegii de Sorbona
quondam inter ejus cetera membra unum de minimis ac minus utile ad officia corporis exsequenda, in presenti
domo videns accidere, et quod minus tolerabile erat in libraria communi, in qua, licet multitudo librorum
quasi de qualibet sciencia esset omnibus exposita ad studendum, difficile tamen quilibet invenire potuit quod
querebat, huic difficultati vel defectui remedium desiderans adhibere et viam ad inveniendum in dicta libraria
cuilibet librum vel scienciam de qua quereret cupiens si quoque modo fieri posset comode preparare, non veritus
utilitatem propriam communi utilitati postponere, sciens quod bonum quanto communius tanto divinius
[…] (L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, op. cit., III, p. 79 d’après BNF n. a. l. 99, p. 247) ; voir
aussi la première rubrique du répertoire topographique : Isti sunt libri venerabilis collegii pauperum
magistrorum de Sorbona de libraria communi, etc. (L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, op. cit., III,
p. 72 et BNF n. a. l. 99, p. 287).
25. Sur l’enchaînement des manuscrits, on trouvera une réflexion stimulante et une biblio-
graphie exhaustive dans P. Cordez, « Le lieu du texte : les livres enchaînés au Moyen Âge »,
Revue Mabillon, 78 (2006), p. 75-103. Voir aussi C. Angotti, « Naissance des bibliothèques
universitaires », dans E. Vallet, S. Aube et T. Kouamé, éd., Lumières de la Sagesse. Écoles médié-
vales d’Orient et d’Occident, Paris, 2013, p. 239-245.
26. D. Nebbiai-Dalla Guarda, « La bibliothèque commune des institutions religieuses »,
Scriptorium, 50 (1996), p. 254-270 ; G. Fournier, Une « bibliothèque vivante », op. cit.
27. Ordonnance relative aux clés de la bibliothèque (1391) : Anno Domini 1391, die 16 novembris,
Gaufrido Latanchier priore existente de Sorbona, deliberavit societas dicte domus quod sera et claves de libraria
magna mutarentur propter nimiam multitudinem clavium in diversis locis dispersarum […] (P. Glorieux,
éd., Aux origines de la Sorbonne, op. cit., t. 1, p. 233.)
28. Ibid., p. 233-234 : […] et pro remedio in futurum fuit tunc ordinatum quod fierent solum XXti claves que
sociis presentibus traderentur sub tali conditione quod quilibet socius juraret quod si contingeret ipsum exire
villam Parisiensem, ipse reponeret clavem [magne librarie] in parva libraria, cum libris si quos haberet, pres-
entibus librariis […]. Item quod exemplar sere de magna libraria ponatur et remaneat in parva libraria […].
29. D. Nebbiai-Dalla Guarda, « La bibliothèque commune… », art. cité, p. 254-270, préci-
sément p. 261 ; Id., « Classifications et classements », Histoire des bibliothèques françaises, op. cit.,
p. 491-521, précisément p. 497.
30. Ordinatum fuit ad tuitionem et custodiam meliorem fiendam librorum magne librarie, quod parvi libra-
rii sub pena unius burse, haberent infra octo dies, mundare et scobare libros et librariam et omnes libros
claudere et inferre statum librorum communitati ut ipsa provideat de aliquibus cooperturis et ligaturis
(R. Marichal, éd., Le livre des prieurs de Sorbonne (1431-1485), Paris, 1987, p. 33).
sous le nom du défunt maître Alard Palenc31 et qui, de plus, n’avait pas rendu
le volume dans les temps32.
Outre ces deux fonds principaux et permanents dans l’histoire de la biblio-
thèque, il existe à l’époque médiévale d’autres collections de livres : enchaînés
dans la chapelle, placés dans l’aula du collège33, ou aux mains du prieur – ces
derniers demeuraient probablement dans la parva libraria quand le prieur ne
les empruntait pas et ne semblent pas avoir eu d’emplacement spécifique34.
Il existe aussi une autre collection, éphémère, s’adressant à un groupe d’étu-
diants membres de la faculté des arts : ce groupe d’étudiants, dont les liens
avec la Sorbonne demeurent difficiles à saisir faute de sources, semble avoir
occupé, un temps du moins, des locaux distincts de ceux du collège – appelés
« Petite Sorbonne » ou parva Sorbona – et avoir eu une bibliothèque particu-
lière35. Nous y reviendrons plus loin (voir point 2.2.1.2. et point 4.2.2) car ce
sont précisément les mentions figurant dans les manuscrits subsistants qui
nous permettent de reconstituer cette bibliothèque éphémère.
31. Alard Palenc est mort le 30 août 1433. Le registre de prêt confirme que Jean de Ponte avait
la Prima secunde enregistrée sous le nom d’Alard Palenc. Il s’agit de l’actuel BNF lat. 15345
(XXIV/109 dans le catalogue de 1338). Voir J. Vielliard, éd. et annot., M.-H. Jullien de
Pommerol, collab., Le registre de prêt…, op. cit., p. 313 et n. 6 puis p. 316. Jean de Ponte rend
effectivement le volume en 1433 pour le réemprunter, cette fois sous son nom, en 1437. Voir
ibid., p. 290.
32. Item die nona Octobris, potus fuit magister Johannes de Ponte quia portaverat, contra statuta collegii
ad domum suam Primam secunde que in parva libraria erat, scripta sub defuncto magistro Alard Palenc ac
eciam quia dictum librum non reddidit tempore debito insuper et fuit conclusum quod redderet infra […] dies.
(R. Marichal, éd., Le livre des prieurs de Sorbonne (1431-1485), op. cit., p. 58).
33. Voir L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, op. cit., II, p. 184-185.
34. Les manuscrits réservés au prieur sont signalés par une note marginale dans le catalogue de
1338 : voir ibid., III, p. 51 (BNF n. a. l. 99, p. 167). La situation a peut-être changé au xve siècle.
35. Voir C. Angotti, « Mort et vie du collège dit de la “Petite Sorbonne” », dans C. Giraud et
M. Morard, éd., Universitas scolarium. Mélanges offerts à Jacques Verger, Genève, 2011, p. 171-199.
36. L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, op. cit., II, p. 179 et n. 3. Voir aussi Catalogue des manuscrits
datés, t. III, p. 447 qui date cette indication de la fin du xive siècle.
37. Sur ce sociétaire du collège, voir J. Vielliard, éd. et annot., M.-H. Jullien de
Pommerol, collab., Le registre de prêt…, op. cit., p. 623.
38. Voir L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 167 ; D. Gid et M.-P. Laffitte, Les
reliures à plaques françaises, Turnhout, 1997, cité p. 95 (notice de la plaque no 65).
39. BNF lat. 15892, f. 174v : Iste liber est de magna libraria et fuit extractus in aprili anno millesimo
CCCCLXXII ante Pascha et fuit tunc traditus in manibus domini primi presidentis, consequenter recupera-
vimus… Fuit ordinatum per collegium quod poneretur in archa thesauri que est in parva libraria, donec
fuerit aliter ordinatum, circa libros nominalium ; et erat in magna libraria in banca supra vicum, ante
fenestras propinquiores camere magistri nostri Iohannis Chiennart. Hoc factum fuit XXIX augusti anno
LXXIIII (voir annexe 4, photographie 3). Sur l’archa thesauri, et ses différentes désignations, voir
J. Vieilliard, « Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne au xve siècle »,
dans J. Ijewijn et J. Paquet, éd., The Universities in the late Middle Ages, Louvain, 1978, p. 276-
293, précisément p. 281. On trouvera le détail de la condamnation dont le nominalisme fait
l’objet à Paris à la fin du Moyen Âge chez R. Paqué, Le statut parisien des nominalistes. Recherches
sur la formation du concept de réalité de la science moderne de la nature, Paris, 1985 (pour la traduc-
tion française). Pour une mise au point et la description des positions des uns et des autres,
voir Z. Kaluza, « Les étapes d’une controverse. Les nominalistes et les réalistes parisiens de
1339 à 1482 », dans A. Le Boulluec, éd., La controverse religieuse et ses formes, Paris, 1995, p. 297-
317 ; Id., « La crise des années 1474-1482 : l’interdiction du nominalisme par Louis XI », dans
J. F. M. Hoenen, J. H. J. Schneider et G. Wieland, éd., Philosophy and Learning : Universities
in the Middle Ages, p. 239-327, précisément p. 307-308. Voir aussi L. Bianchi, Censure et liberté
intellectuelle à l’Université de Paris (xiiie-xive siècles), Paris, 1999, p. 129-159 ; A. Renaudet,
Préréforme et humanisme à Paris pendant les premières guerres d’Italie (1494-1517), Paris, 2e éd., 1953,
précisément p. 91-94 ; A. L. Gabriel, « Via antiqua and via moderna and the Migration of Paris
Students and Masters to the German Universities in the xvth century », A. Zimmermann, éd.,
Antiqui und Moderni Traditionsbewusstsein und Fortschrittsbewusstsein im späten Mittelalter, Berlin-
New York, 1974, p. 439-483 ; F. Ehrle (éd.), Der Sentenzenkommentar Peters von Candia des Pisaners
Papstes Alexanders V, Münster, 1925. F. Ehrle édite l’ordonnance du 1er mars 1474, p. 305-316.
40. Lettre de Robert Gaguin à Guillaume Fichet éditée dans Auctarium Chartularii Universitatis
Parisiensis, t. III : Liber procuratorum nationis alemanniae, C. Samaran et E. A. Van Moé, éd.,
Paris, 1935, p. 259-260.
41. Voir BNF lat. 16618, f. 165 : De parva Sorbona. Durandus compilavit ; voir aussi BNF lat. 16271,
f. 107v : Iste liber est scolarium de parva Sorbona ex legato magistri Ulrici Keller de Constancia in Suevia.
Orate pro eo etc. Socius hujus domus ; ce premier ex-libris est suivi des précisions suivantes, moins
lisibles, Incathenatur in libraria pro parve Sorbone ; Iste est liber pauperum scolarium de parva Sorbona ex
legato magistri Ulrici Keller de Constantia in Alemania […] socius hujus domus ; BNF lat. 16156, f. 1 : Iste
liber est parvorum scolarium de Parva Sorbona (ce dernier exemple est aussi cité par L. Delisle, Le
Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 185 et n. 1.)
42. Il faut corriger sur ce point les conclusions d’O. Weijers à propos de Durandus, auteur connu
seulement par la compilation de logique contenue dans le BNF lat. 16618. Ce volume figurait
dans la parva Sorbona, dans le collège destiné aux artiens et chapeauté par la « grande Sorbonne »
et non dans la « bibliothèque de prêt » autrement dit la parva libraria du collège de Sorbonne. Il
était très certainement enchaîné dans une pièce destinée à la consultation des volumes choisis
pour servir d’usuels aux membres de la « Petite Sorbonne ». Voir O. Weijers, Le travail intel-
lectuel à la faculté des arts de Paris : textes et maîtres (ca. 1200-1500), t. 2 : C-F, Turnhout, 1996, p. 51.
43. Sur l’histoire de la bibliothèque de la « Petite Sorbonne », voir C. Angotti, « Mort et vie du
collège dit de la “Petite Sorbonne”… », art. cité, passim.
44. Cet ex-libris est cité par L. Delisle, Le Cabinet des manucrits…, op. cit., II, p. 154 n. 8. Voir
aussi BNF lat. 16612, f. 161 : Iste liber est [pauperum scolarium de Sorbona, sur grattage] ex legato
magistri Henrici de Ecclesia […] professoris sacre theo[logie] quondam socii Magne Sorbone. Orate pro eo et
probenefacientibus […]. Voir annexe 4, photographie 6.
45. Outre les trois volumes cités n. 41, on peut mentionner par exemple BNF lat. 15530, f. 1v : Iste
liber est pauperum magistrorum et scolarium parve Sorbone Parisiensis, voir annexe 4, photographie 5.
On trouve dans le même manuscrit un autre ex-libris, n’employant pas l’expression parva
Sorbona, au f. 123v ; voir aussi BNF lat. 16409, f. 247v : Iste liber est pauperum scolarium de parva
Sorbona ex ordinatione bone memorie magistri Thome de Cracovia quondam socii dicti collegii et doctoris in
theologia. Quicumque intus legerit oret pro anima ejus ; BNF lat. 16170, f. 130v : Iste liber est magistrorum
et scolarium de parva Sorbona.
46. On remarque ainsi n. 41 les ex-libris associant scolares et Parva Sorbona. Par exemple, BNF
lat. 16156, f. 1 : Iste liber est parvorum scolarium de Parva Sorbona.
47. Sur les difficultés des maîtres à récupérer les locaux de la Parva Sorbona, voir les délibéra-
tions des sociétaires du collège : R. Marichal, éd., Livre des prieurs de Sorbonne…, p. 172 n. 616
et p. 251-252 n. 946.
48. C’est à l’occasion d’un inventaire des livres du collège de Sorbonne entrepris en 1438 que
l’on apprend que les livres de la « Petite Sorbonne » étaient alors dans un coffre dans la parva
libraria, voir ibid., p. 107 et infra, n. 264.
49. Les premiers emprunts de livres présentés comme issus de la Parva Sorbona sont attestés dès
1426. Voir J. Vielliard, éd. et annot., M.-H. Jullien de Pommerol, collab., Le registre de
prêt…, op. cit., p. 225.
50. Voir C. Angotti, « Mort et vie du collège dit de la “Petite Sorbonne”… », art. cité, p. 196-
199 : à la liste des 40 manuscrits qui ont été identifiés comme ayant appartenu à la Petite
Sorbonne, il convient d’ajouter le manuscrit BNF lat. 16128 signalé par G. Fournier dans sa
contribution au présent volume, p. 149 ainsi que le BNF lat. 16099 qui comporte l’ex-libris sui-
vant, f. 235v : Iste liber est pauperum scolarium collegii Sorbone ex legato magistri Petri de Limovicis socii
predicti collegii. Incathenetur in capella collegii. Precii C sol. par. L’emploi du terme scolarium laisse en
effet supposer que le volume était destiné aux membres du collège de la « Petite Sorbonne ».
Voir infra, point 4. 2. 2.
51. Je n’ai relevé pour l’instant qu’une seule attestation de cette forme dans BNF lat. 15589,
f. 116v, d’une main différente de celle de l’ex-libris. Il est difficile d’affirmer que le manuscrit a
été enchaîné car les feuillets de garde (f. 115-116) ont été rognés ; la marge inférieure du f. 114
comporte toutefois une déchirure de forme rectangulaire qui n’est pas sans évoquer celles pro-
voquées par le frottement de l’attache de la chaîne fixée sur l’ais. Voir infra, point 6. 2.
52. Cette expression apparaît dans certains ex-libris de manuscrits donnés à la « Petite
Sorbonne » pour signaler l’appartenance du bienfaiteur à la communauté des sociétaires du
collège de (la grande) Sorbonne. Voir par exemple BNF lat. 16425, f. 1v : Istud volumen Summa
de casibus Raymundy continens 17 sisternos est pauperum scolarium de Parva Sorbona ex legatione magistri
Stephani Galdeti eximii doctoris in sacra pagina quondam socii de Magna Sorbona. Orate pro anima ejus.
Voir aussi d’autres exemples d’ex-libris signalés dans C. Angotti, « Mort et vie du collège de
la “Petite Sorbonne”… », art. cité, p. 189-190 et n. 79, n. 82.
53. L’attribution du volume à Godefroid de Fontaines est fondée sur l’identification de la
main ayant copié les f. 85-114 du volume ; le copiste a beaucoup travaillé pour Godefroid de
Fontaines ; voir C. Samaran et R. Marichal, dir., Catalogue des manuscrits…, op. cit., p. 431.
L’ex-libris, en partie déchiré, ne permet toutefois pas de déchiffrer le nom du bienfaiteur. Voir
BNF lat. 15580, f. 116v : [Pos]tilla est precii sexaginta solidorum fortis monete et est […] Sorbone Parisius.
54. Sur la bibliothèque de Gérard d’Utrecht, voir M. Mabille, « Les manuscrits de Gérard
d’Utrecht à la Bibliothèque nationale de Paris », Bibliothèque de l’École des chartes, 129 (1971),
p. 5-25, précisément p. 16-17 ; sur celle d’Henri Pistor de Lewis, C. Angotti, « Henricus
Pistor de Lewis, ses lectures, ses livres et sa bibliothèque. Portrait d’un passeur de textes », dans
C. Angotti, M. Brînzei et M. Teeuwen, éd., Portraits de maîtres offerts à Olga Weijers, Porto,
2012, p. 241-257 précisément p. 252-257.
55. Ainsi, BNF lat. 15322, f. 3v : [1]0, Sentencie, répétée plus bas.Xus. (voir annexe 4, photogra-
phie 7) ce qui correspond à la cote figurant dans le catalogue de 1338, BNF n. a. l. 99 p. 63 :
Sentencie 22 […] 10. Sentencie incipit in secundo folio quare [f. 5ra] in penultimo igitur [f. 149ra] Precium
sex libr (L. Delisle, éd., Le Cabinet des manuscrits, op. cit., III, p. 24 : XXII/10) ; BNF lat. 15702,
f. 2 : Inter Sententias 2 (voir annexe 4, photographie 8) ce qui correspond à la cote figurant dans
le catalogue de 1338, BNF n. a. l. 99 p. 63, Sentencie 22 […] 2. Item Sentencie incipit in secundo folio
interdum [f. 5ra] in penultimo quam con [f. 185ra]. Precium quadraginta sol (ibid., p. 23 : XXII/2). On
pourrait multiplier les exemples.
56. Pour une discussion et une mise au point sur les hypothèses concernant la forme que revê-
tait le catalogue de 1290, voir G. Fournier, « Listes, énumérations, inventaires… », art. cité,
précisément p. 168-169 puis p. 186.
57. J. Vielliard, éd. et annot., M.-H. Jullien de Pommerol, collab., Le registre de prêt…,
op. cit., p. 25.
58. BNF lat. 15795, f. 1v ; BNF lat. 16096, f. 1v ; BNF lat. 16297, f. 262v ; BNF lat. 15355, f. 251v ;
BNF lat. 15791, f. 283v. Cette liste n’est pas exhaustive et elle procède en partie du dépouillement
de C. Samaran et R. Marichal, dir., Catalogue des manuscrits en écriture latine…, op. cit., t. 3.
59. BNF lat. 16407, f. 237v ; BNF lat. 15279, f. 230v ; BNF lat. 16122, f. 166v ; BNF lat. 16119,
f. 136v ; BNF lat. 15362, f. 234v (voir annexe 4, photographie 1) ; BNF lat. 16184, f. 196v ; BNF
J’ai été amenée à étudier d’autres legs dont quelques volumes semblent
avoir bénéficié d’une cote de la parva libraria et avoir, aussi, été dotés d’une
indication d’enchaînement : legs de Gérard d’Abbeville († 1272), de Durand
de Saint-Pourçain († 1334)60, de Bernier de Nivelles († 1307-1310)61, ou de
Nicolas de Bar-le-Duc († 1310)62 par exemple. En l’absence de description
exhaustive de tous les manuscrits subsistants, de tout relevé systématique des
cotes anciennes et d’une datation fine des mains intervenant sur les volumes
pour y indiquer la cote et l’enchaînement, il est difficile de tirer des conclu-
sions définitives : on remarquera toutefois que la plupart des volumes combi-
nant cote de la parva libraria et mention d’enchaînement correspondent à des
legs parvenant au collège au début du xive siècle (Bernier de Nivelles, Nicolas
de Bar-le-Duc, Pierre de Limoges, Godefroid de Fontaines) – exceptions faites
de Gérard d’Abbeville et Durand de Saint-Pourçain. Certaines des indications
d’enchaînement semblent avoir été concomitantes à la cotation dans la parva
libraria. D’autres, en revanche, semblent tracées de mains différentes de
celles qui ont indiqué la cote d’un volume dans la parva libraria et paraissent
plus tardives.
Deux exemples permettront d’illustrer les difficultés auxquelles on peut se
heurter : d’abord, le manuscrit BNF lat. 16407, recueil constitué par Pierre de
Limoges en vue d’assembler des matériaux pour préparer son propre com-
mentaire des Sentences, qui, à la mort de ce fameux sorboniste, est doté d’un
ex-libris et estimé63. La même main mentionne alors qu’il sera enchaîné (inca-
thenabitur). Pourtant, le livre légué par Pierre de Limoges est intégré à la parva
libraria : il est aussi doté d’une cote et figure dans le catalogue de 133864. Il est
d’ailleurs emprunté par deux membres du collège, qui ont inscrit leurs noms
sur le dernier feuillet du volume, Adalbert Ranconis et Georges Rain65. Ainsi,
lat. 15863, f. 1v ; BNF lat. 16157, f. 298v ; BNF lat. 16114, f. 74v. Cette liste n’est pas exhaustive
et elle procède en partie du dépouillement de ibid.
60. BNF lat. 15877, f. 137v.
61. BNF lat. 15611, f. 122v.
62. BNF lat. 15351, f. IIv ; BNF lat. 16086, f. 177v ; lat. 16160, f. 1v.
63. Voir lat. 16407, f. 273v : Iste liber est pauperum magistrorum de Sorbona ex legato magistri Petri
de Lemovicis quondam socii domus hujus, in quo continentur questiones super Sententias. Precii.XXX. sol.
Incathenabitur.
64. Voir lat. 16407, f. 273v : 73us inter Summas theologie questionum. Cette cote correspond à la
section XXIV du catalogue de 1338, 73e volume (voir L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, op. cit.,
III, p. 31).
65. Voir lat. 16407, f. 273v : Iste liber fuit ad usum Adalberti Rankonis de Ericinio in Bohemia, scolastici
Ecclesie Pragensis, magistri in artibus et in theologia Parisius, socii hujus domus Sorbone. Cette inscription
précède une autre mention, biffée à l’encre rouge et qui lui est antérieure : Est ad usum Alberti
de Bohemia, socii domus hujus de Sorbona Parisius. Ce premier emprunteur est Adalbert Ranconis,
sociétaire du collège de Sorbonne en 1352, qui obtient la dignité d’écolâtre du chapitre de
Saint-Veit en 1369. La seconde mention a probablement été apposée lorsqu’il était « simple »
socius du collège de Sorbonne. À l’occasion d’un second séjour à Paris entre 1371-1372 et 1374-
1375, il réemprunte vraisemblablement cet ouvrage, mentionnant cette fois son appartenance
au chapitre de Prague. Sur la carrière et les écrits d’Adalbert Ranconis, voir Kadlec, J., Leben
und Schriften des Prager Magisters Adalbert Rankonis de Ericinio, aus dem Nachlass von R. Holinka und
J. Vilikovsky, Münster, 1971. Voir aussi Lehmann, P., Miteillungen aus Handschriften, VII, Heft 10,
Munich, 1942, p. 1-25. L. Delisle signale un certain nombre de manuscrits que maître Adalbert
a empruntés (voir Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 185-186), ouvrages auxquels on peut
rajouter un exemplaire des Sentences (BNF lat. 15728). La mention de Georges Rain est la suivante
(BNF lat. 16407, f. 237v) : Et postea ad usum magistri Georgii Rayn de Sclavonia. Ab anno Domini 1390
usque ad annum 1401. Georges Rain figure au registre de prêt du collège jusqu’en 1406. Voir la
notice qui lui est consacrée dans J. Vielliard, éd. et annot., M.-H. Jullien de Pommerol,
collab., Le registre de prêt…, op. cit., p. 595-596, ainsi que l’article de G. Hasenhor, « Georges
d’Esclavonie », dans G. Hasenohr et M. Zink (dir.), Dictionnaire des Lettres françaises, Paris,
1992, p. 512. Le manuscrit est enfin emprunté par Jacques Petit, avant 1404, nous apprend le
registre de prêt du collège. Voir J. Vielliard, éd. et annot., et M.-H. Jullien de Pommerol,
collab., op. cit., p. 736, et la notice qui lui est consacrée p. 609.
66. Voir lat. 15341, f. 234v. Voir aussi H. F. Dondaine, et H. V. Shooner, Codices manuscripti
operum Thomae de Aquino, t. 3, Montréal-Paris, 1985, précisément p. 265.
67. BNF lat. 15341, f. 234v : Inter scripta super Sententias LVIIus 87us.
68. Voir lat. 15341, f. 235v, voir infra, annexe 2 et J. Vielliard, éd. et annot., et M.-H. Jullien
de Pommerol, collab., Le registre de prêt…, op. cit., p. 711.
69. Les ais de bois du manuscrit ne comportent aucune marque d’enchaînement (voir infra,
point 6.1).
70. Voir G. Fournier, « Listes, énumérations, inventaires… », art. cité, précisément p. 186-
187 (catalogue perdu de 1290), p. 195 (catalogue perdu de la « petite » bibliothèque, composé
peu après le 1er avril 1438), p. 195-196 (catalogue perdu de la « grande » bibliothèque composé
après le 1er avril 1438), p. 196 (catalogue perdu composé au plus tard le 17 octobre 1515), p. 196
(catalogue perdu composé au plus tard le 29 décembre 1518).
71. Voir Id., « Livre après livre. Un catalogue inédit… », art. cité, p. 184-217.
72. Il s’agit, de manière certaine, des deux premiers catalogues signalés n. 70, et, peut-être, des
deux derniers catalogues signalés n. 70. Le sixième catalogue, signalé n. 71, concerne plutôt la
libraria communis.
73. On remarquera que le nombre de pages réservées en fin de chacune des 59 sections varie :
ainsi pour la plupart des sections est réservée une seule page (voir par exemple BNF n. a. l. 99,
p. 32, 34, 48 etc.), certaines sections se voient toutefois réserver plusieurs pages blanches :
par exemple, la section Scripta et questiones supra Sentencias, où les p. 74-76 du BNF n. a. l. 99 sont
blanches, de même la section Sermones (ibid., p. 173-174).
74. Voir BNF n. a. l. 99, p. 224-236.
75. Il y a deux copistes principaux, l’un responsable de la copie des p. 3 à 199, l’autre des pages
200 à 223. On remarque l’intervention ponctuelle d’autres mains : voir BNF n. a. l. 99, p. 7a
(volume I/62, dans L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, op. cit., III, p. 11) ; BNF n. a. l. 99 p. 19b
(volume IV/15, p. 13) ; BNF n. a. l. 99, p. 22b (V/28, p. 14) ; BNF n. a. l. 99, p. 113a (XXXI/2,
p. 35) ; BNF n. a. l. 99, p. 121a (XXXV/2, p. 36) ; BNF n. a. l. 99, p. 143a (XXXVIII/4, p. 41) ; BNF
n. a. l. 99, p. 151b (XL/18, p. 44) ; BNF n. a. l. 99, p. 154a (XLI/20, p. 44) ; BNF n. a. l. 99, p. 159b
(XLII/89, p. 46) ; BNF n. a. l. 99, p. 180b (XLV/37, p. 56) ; BNF n. a. l. 99, p. 189a (XLVIII/5,
p. 60) ; BNF n. a. l. 99, p. 210b (LV/28, p. 66). Ces mains interviennent ponctuellement pour
ajouter des éléments au catalogue. Dans le cas des annotations figurant dans BNF n. a. l. 99,
p. 166a (XLIII/109, p. 50) et BNF n. a. l. 99, p. 195b (LI/12, p. 51), il s’agit de corrections.
Signalons aussi l’accolade, accompagnée de la mention pro priore sunt dans BNF n. a. l. 99,
p. 167a et b (XLIII/130 à 134, p. 51), qui réserve l’usage de certains volumes au prieur.
76. On ne connaît pas bien ce maître qui semble originaire du Pas-de-Calais. Voir F. Avril et
P. Stirnemann, dir., Manuscrits enluminés d’origine insulaire, Paris, 1987, no 200, p. 161.
77. Cet exemple est déjà cité par L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 145 et n. 4
puis p. 184 et n. 2. Le contenu du volume, Euclide, Geometria cum commento Campani ; Miscellanea
astronomica explique son classement parmi les livres de mathématiques. Voir annexe 4, photo-
graphie 9.
78. C. Angotti, « Henricus Pistor de Lewis… », art. cité.
79. BNF lat. 16095, f. 1v : Iste liber est collegii de Serbona ex legato magistri Henrici pistoris dicti de Lewis
magistri in theologia canonici Leodensis quondam socii domus. In quo continetur Averoys De anima cum
comento. Precii unus floren..4us.
80. BNF lat. 16130, f. Iv : Iste liber est collegii de Serbona ex legato magistri Henrici Pistoris dicti de Lewis
magistri in theologia canonici Leodinensis quondam socii dicte domus. In quo continentur que sequntur :
primo questiones determinate super 12 Metaphysice ; item lectura Buridan super tercium de anima ; item
summa brevis totius libri Physicorum et propositiones notabilis ; item […] diversarum propositionum et
dubiorum in logica occultorum ; item Zigerius de Colteracto super Priorum ; item declaratio propositionum
diversarum in philosophia ; item quedam experimenta ; item logica Burlay ; item obligationes ei ; item
insolubilia ; item tractatus Ocham de successivis. Cette table est suivie de l’estimation du volume et
d’une cote : Precii trium florenorum. 9us (voir annexe 4, photographie 10) ; BNF lat. 15843, f. 1v :
Iste liber est collegii de Serbona ex legato magisri Henrici Pistoris dicti de Lewis magistri in theologia canonici
Parisiensis quondam socii dicte domus. In quo continentur Quodlibeta Gaufridi de Fontibus ; puis, d’une
autre main, Precium [unum f, eras.] 4or florenorum. 6 ; pour l’ex-libris, l’estimation et la cote du
BNF lat. 16193, voir infra n. 156.
le cas des manuscrits d’Henri Pistor de Lewis, la section du catalogue n’est pas
indiquée et seul un chiffre indique probablement le numéro d’ordre du volume
à l’intérieur de la section : dans le premier cas (BNF lat. 16095 qui contient le
De anima d’Averroès commenté), le chiffre 4us demeure difficile à interpréter
puisque la section libri naturales commentati du catalogue de 1338 atteint les
11 volumes81. De même, dans le deuxième cas (BNF lat. 16193, contenant plu-
sieurs traités de médecine), la cote 10 ne peut correspondre au numéro d’ordre
du volume dans le catalogue de 1338 puisque, à cette date, les libri medicinales
recensés sont au nombre de 2882. Dans le troisième cas (BNF lat. 16130, qui
contient des œuvres en rapport avec la logique comme avec les livres naturels
d’Aristote commentés), la cote 9us est probématique : les libri loycales du cata-
logue de 1338 s’élèvent à une vingtaine de volumes et le lat. 16130 aurait pu
être coté 9 en remplacement du 9e volume83 ; quant au 9e volume de la section
des libri naturales commentati, il est signalé comme enchaîné en 1338 et n’a pas
été identifié. Dans le quatrième et dernier cas (BNF lat. 15843, contenant les
Quodlibeta de Godefroid de Fontaines), le chiffre 6, qui fait suite à l’estimation,
ne peut correspondre au volume 6 figurant dans la section XXIV Summe ques-
tionum dans laquelle on trouve des exemplaires des quodlibets de Godefroid
de Fontaines84, puisque le volume XXIV/6 est un exemplaire de la Summa aurea
de Guillaume d’Auxerre, actuellement conservée sous la cote BNF lat. 1574485.
L’interprétation de ces chiffres est donc problématique. Cette numérota-
tion semble ne pas correspondre au système de cotes de la parva libraria :
révèle-t-elle l’élaboration d’un nouveau catalogue ? Ou le dénombrement des
livres légués au collège par Henri Pistor de Lewis ?
Quant aux volumes légués par Guillaume de Salvarvilla, ils contiennent
des œuvres historiographiques : le Chronicon de Martin de Troppau (BNF
lat. 16017) et les Annales ab origine mundi de Nicolas Trivet (BNF lat. 16018).
81. Le 4e volume de la section des libri naturales commentati n’est toutefois pas décrit en 1338. Il
est signalé comme cathenatus et n’a pour l’instant pas été identifié avec un manuscrit subsistant
(voir L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., III, p. 60).
82. Ibid., p. 66. Le 28e volume semble avoir été ajouté par une main plus tardive : voir BNF
n. a. l. 99, p. 210b.
83. Le volume signalé comme le 9e de la section Libris loycales en 1338 est décrit comme suit :
9. Communia logice. Incipit in 2o fol. est difficile in pen. quo in tuto. Precium X sol. Ce volume ne
nous est pas parvenu et son contenu tel qu’il est décrit dans le catalogue de 1338 ne correspond
en rien à celui du BNF lat. 16130.
84. Voir par exemple, ibid., p. 32 : XXIV/110, 110. Item quodlibet magistri Godefridi de Fontibus. Incipit
in 2o fol. ergo prelatus, in pen. duodecimo quo ar.18. Precium C sol., ce manuscrit nous est parvenu : il
s’agit du BNF lat. 15844.
85. Ibid., p. 29.
86. C’est ainsi que l’interprète aussi le rédacteur de la notice détaillée des manuscrits BNF
lat. 16017 et lat. 16018 dans C. Samaran et R. Marichal, dir., Catalogue des manuscrits en écri-
ture latine…, op. cit., t. 3, p. 481.
87. Voir BNF lat. 16018, f. 2 : Guillelmus de Salvarvilla ; BNF lat. 16017, f. 303v : Liber est G
[grattage].
88. Voir BNF lat. 16018, f. Iv : Istum librum atque plurima alia bona […] legavit pauperibus [scolar]
ibus collegii de Sorbona Parisius reverendus doctor in theologia [sur grattage : magister Guillelmus de
Salvarvilla, cantor ecclesie Parisiensis atque canonicus Rothomagensis et curatus Rothomagensis […].
89. Je prépare une étude approfondie sur les volumes ayant appartenu à la bibliothèque de la
Parva Sorbona.
90. Signalons quand même l’existence en place II/24 : 24. Historie seculares. Incipit in 2o fol. vidit
in pen. multi. Precium XX sol. (aujourd’hui BNF lat. 16560). Voir ibid., p. 12. Il s’agit en réalité
toujours de la même œuvre, un exemplaire de l’Histoire scolastique de Pierre le Mangeur, légué
par Gérard d’Utrecht (pour une description, voir M. Mabille, « Les manuscrits de Gérard
d’Utrecht… » art. cité, p. 19).
91. Le seul autre exemplaire de l’œuvre de Nicolas Trevet qui nous soit parvenu a été légué
au collège par Jacques de Padoue (BNF lat. 16019). Quant à l’œuvre de Martin de Troppau, la
Sorbonne en possédait deux autres exemplaires (BNF lat. 16552 et lat. 16553) mais ils semblent
être parvenus très tardivement dans les collections du collège.
92. Voir L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., III, p. 43.
93. On peut éliminer l’hypothèse d’un dénombrement des volumes propre à Henri Pistor de
Lewis puisque la plupart de ces cotes semblent être attribuées par la main responsable de l’ex-
libris du collège et/ou de l’estimation du volume.
94. Le BNF lat. 15843 comporte des traces d’enchaînement sur le plat supérieur ; BNF lat. 16130,
légères marques de la chaîne en haut et en bas du f. I. Les manuscrits lat. 15843, 16095, 16130
et 16193 donnés par Henri Pistor de Lewis et le BNF lat. 16198 par Gilles Gossuin de Harmies
ne figurent pas dans J. Vielliard, éd. et annot., et M.-H. Jullien de Pommerol, collab.,
Le registre de prêt…, op. cit. Le BNF lat. 16198 est doté d’une reliure moderne, les f. de garde du
manuscrit actuel (f. A et 1) présentent des traces d’enchaînement. L’ensemble des gardes (f. A
et 1, f. 199-B) sont toutefois des remplois d’un manuscrit différent. L’enchaînement n’est
donc pas avéré. Le lat. 16095 est doté d’une reliure moderne, aucune marque de chaîne n’a
pu être repérée. La pratique de remplacer un volume manquant par un autre est attestée dans
un cas au moins, évoqué par L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 143, à propos
d’un manuscrit donné par Pierre de Limoges († 1306) et perdu par Alain de Penrith (prieur de
Sorbonne en 1318) : ce dernier remplace le volume qui est ainsi enregitré puis enchaîné, ou,
littéralement, « prend la place de celui de Pierre de Limoges dans le registre, le 8e parmi les
romans. Il sera enchaîné » (BNF manuscrit fr. 24780, f. 210v : Iste liber est pauperum magistrorum
de Sorbona, quem dedit eis Alanus de Penreth’, anglicus, socius hujus domus, in quo continetur tractatus
quidam in gallico de X mandatis, de XII articulis, de VII peccatis, et vocatur in gallico li livres roiaux de
vices et de vertus ; dedit eis, inquam, pro quodam tractatu consimili, licet non tantis valoris, per defectum
ejusdem alienato, pretii xx solidorum, ex legato Petri de Lemoviis, quondam socii hujus domus, et tenebit
locum ejus in registro. Inter romancia octavus. Cathenabitur. Precii XL solidorum. Voir, sur le manuscrit
BNF fr. 24780, la contribution de M. L. Savoye dans le présent volume.
95. On sait, par l’obituaire du collège, que ce maître avait donné huit volumes à la maison
dont il était sociétaire (Anno Domini Mo CCCo XLIo venerunt ad socios domus de Sorbonna VIIIo volu-
mina sancti Thome ex legato magistri Sigeri de Cortraco decani Sigeri de Cortraco, decani ecclesie beate Marie
Cortracensis et condam socii hujus domus, P. Glorieux, éd., Aux origines de la Sorbonne…, op. cit.,
t. 1, p. 166), mais trois seulement nous sont parvenus (BNF lat. 15352, lat. 15787 et lat. 15790).
des achats auxquels se livre le collège ne sera pas ici abordée96. Une collec-
tion paraît concernée par ce développement, dans la continuité de la renovatio
décidée par les membres du collège en 1321, celle de la libraria communis.
96. Quelques éléments peuvent être glanés chez L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II,
p. 178-179, mais la « politique d’achats » à laquelle se livre le collège mérite d’être approfondie.
97. Sur Jacques de Padoue, voir la bibliographie exhaustive donnée par W. Duba, « The
Authenticity of Francis of Marchias’s Quodlibet: The Testimony of Paris, BNF ms. lat. 16110 »,
Bulletin de philosophie médiévale, 49 (2007), p. 91-102, précisément p. 93 n. 26.
98. BNF lat. 16643, f. 196v : Iste liber est pauperum magistrorum et scolarium in theologia studencium
Parisius in Sorbona ex legato magistri Johannis dicti Resdail de Aquis Grani, canonici quondam ibidem ut
orent pro eo vel pro salute anime ejus. In quo libro continetur rosa medicine in Anglia compilata et incathena-
bitur in magna libraria ad usum communem. [puis, d’une autre main] Anno 1359, tertia feria post Pasca
[…] Incathenetur. La date que comporte cet ex-libris est déjà signalée par L. Delisle, Le Cabinet
des manuscrits…, op. cit., II, p. 161.
99. BNF lat. 15864, f. 58vb : Hic est primus de Hugonis de Castronovo ex legato magistri Hugonis de
Durso. Precii.IIII. fl. de Florencia. Incathenetur in majori libraria et est pauperum magistrorum de Sorbonna.
Voir aussi BNF lat. 15878, f. 115.
100. Ibid., t. 2, p. 155, situe ce legs dans la seconde moitié du xive siècle, probablement (mais
il ne le dit pas explicitement) parce que la prisée des volumes qui nous sont parvenus est
effectuée en florins. Il propose aussi d’assimiler Hugues de Daours et Hugues de Granville.
P. Glorieux, Aux origines…, op. cit., t. 1, p. 332, indique qu’il serait sociétaire du collège avant
1338 et p. 310 reprend les informations données par Delisle.
101. BNF lat. 15372, f. 1 : Incatenetur in magna libraria Sorbone ; BNF lat. 16528, p. 527 : Precii XL
solidorum ; incathenetur in magna libraria. Ces deux exemples sont signalés par C. Samaran et
R. Marichal, dir., Catalogue des manuscrits en écriture latine…, op. cit., t. 3, respectivement p. 421
et p. 547.
102. Il s’agit du BNF lat. 15607, f. 2v : Precii XL solidorum ; incathenetur in magna libraria. Ce
manuscrit a appartenu à Godefroid de Fontaines († 1306). La mention in magna libraria date du
xive siècle pour le rédacteur de la notice du manuscrit, dans ibid., p. 686. Le Città del Vaticano,
BAV Reg. lat. 1572, f. 86v comporterait la mention suivante : Iste liber est collegii [pauperum] magis-
trorum in theo[logi]ca facultate studencium ex legato magistri Geroudi de Abbatisvilla. XXX s. (xive s.)
suivi de la cote cathenetur in magna libraria. Voir E. Pellegrin, « Possesseurs français et ita-
liens de manuscrits latins du fonds de la Reine à la Bibliothèque Vaticane », Revue d’histoire des
textes, 3 (1973), p. 271-297, précisément p. 285. Enfin, le troisième volume (BNF lat. 16388,
f. 346, contenant la secunda pars du L. II de la Summa halensis), parvenu au collège à une date
indéterminée, comporte la mention suivante : precii quatuor librarum. Ponatur in magna libraria ;
d’après les pères de Quaracchi, éditeurs de la Summa halensis, la main responsable de la prisée
comme de l’indication d’enchaînement daterait du xiiie siècle. Voir Alexander de Hales ordinis
Minorum. Summa theologica, P. Bonaventura Marrini, dir., t. 3 : Secunda pars secundi libri,
Florence, 1930, p. XIV.
103. É. Pellegrin, « Possesseurs français et italiens de manuscrits latins du fonds de la Reine
à la bibliothèque vaticane », art. cité, identifie en effet le manuscrit Città del Vaticano, BAV Reg.
lat. 1572 au manuscrit Z. s. enchaîné dans la libraria communis. Voir L. Delisle, Le Cabinet des
manuscrits…, op. cit., III, p. 87, et P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne…, op. cit., t. 1, p. 281.
104. Dans le cas du manuscrit BNF lat. 15607, cité n. 102, si l’on parvient à déterminer que la
mention incathenetur in magna libraria est contemporaine au legs de Godefroid de Fontaines, cela
signifie que l’expression magna libraria aurait pu être en usage dès les débuts du xive siècle, au
collège.
105. Voir L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., III, p. 71 : Nota etiam quod anno Domini
Mo CCo LXXXo IXo fuit primo institutum librarium in domo ista pro libris cathenatis ad communem socio-
rum utilitatem. Je n’aborde pas ici la question de l’influence éventuelle des recommandations
figurant dans le testament de Gérard d’Abbeville. Voir sur ce point, et pour une bibliographie
exhaustive concernant les positions des différents spécialistes, G. Fournier, « Listes, énumé-
rations, inventaires… », art. cité, p. 173-174, et C. Angotti, « Les bibliothèques des couvents
mendiants, un modèle pour les séculiers ? L’exemple de deux premiers bienfaiteurs de la biblio-
thèque du collège de Sorbonne (Robert de Sorbon, Gérard d’Abbeville) », dans N. Bériou,
D. Nebbiai et M. Morard, éd., Entre stabilité et itinérance. Livres et culture des ordres mendiants,
Turnhout, 2014, p. 29-70, précisément p. 44-50.
106. Le BNF lat. 16397, dont la première partie (f. 1-18) est léguée au collège par Thomas d’Ir-
lande († après 1316-1329) et contient deux de ses œuvres, le De tribus punctis religionis christianae et
le De tribus sensibus sacrae scripturae, comporte un ex-libris (f. 18v) et une mention d’enchaînement
écrits de la même main : Iste liber est pauperum magistrorum de Sorbona Parysius, in quo continentur tres
tractatus quos compilavit magister Thomas Hybernicus, compilator Manipuli florum, quondam socius hujus
domus […]. Precii XV solidorum parisiensium. Cathenatus. Il est aussi enregistré dans le catalogue de
1338 : XLII/83 (voir BNF lat. 16397, f. 18v : Inter summas morales LXXXIIIus).
107. C. Angotti, « Bonum commune divinius est quam… », op. cit., p. 9 1 - 1 05 ; voir aussi
G. Fournier, Une bibliothèque vivante, op. cit., p. 87-141 ; Id., « Listes, énumérations, inven-
taires… », art. cité, p. 187-193.
108. P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne…, op. cit., t. 1, p. 215 : Item quia multi libri qui ali-
quando fuerant intus, inventi non sunt modo, fuit ordinatum ut fieret novum registrum super libris nunc
existentibus, ut diligentius custodiantur in posterum.
109. Ibid., p. 215 : Item quod de omni scientia et de libris omnibus in domo existentibus saltem unum
volumen, quod melius est, ponatur ad cathenas in libraria communi ut omnes possint videre etiamsi unum
tantum sit volumen, quia bonum commune divinius est quam bonum unius ; et ad hoc astringatur quilibet
habens hujusmodi librum ponendum in libraria quod sine contradictione eum tradat.
110. Ainsi, dans le cas de la bibliothèque donnée par Gérard d’Utrecht († 1326-1338) : pour
les 18 manuscrits qui nous sont parvenus, un au moins semble avoir été immédiatement versé
dans la parva libraria (BNF lat. 16560, XII/24), deux autres le sont au xve siècle (BNF lat. 15268 et
BNF lat. 15782), mais ils n’apparaissent pas dans le catalogue de 1338, un manuscrit appartient
à la magna libraria au xve siècle, le BNF lat. 15364, comme en atteste son prêt exceptionnel à Jean
Rivière, le 13 novembre 1433 : Anno quo supra die 13a novembris, habuit ex deliberatione aule primum
Durandi de magna libraria precii IIII lib. 2o fol. quantum ad primum notandum, penultimo in tabula volun-
tas quando ceteris (voir J. Vielliard, éd. et annot., et M.-H. Jullien de Pommerol, collab., Le
registre de prêts…, op. cit., p. 281) ; d’autres volumes portent la marque de la chaîne mais l’on ne
peut dire à quelle date ils ont été enchaînés (par exemple BNF lat. 15949 ; BNF lat. 15962 ; BNF
lat. 15966 ; BNF lat. 16244). Sur les manuscrits de Gérard d’Utrecht, voir M. Mabille, « Les
manuscrits de Gérard d’Utrecht… », art. cité, p. 5-25.
111. Pour une liste des tout premiers bienfaiteurs du collège, voir C. Angotti, « Les bibliothèques
des couvents mendiants, un modèle pour les séculiers ? … », art. cité, précisément p. 50-51.
112. Voir par exemple le BNF lat. 15573, f. 191v qui comporte d’abord un ex-libris : Iste liber est
collegii pauperum magistrorum Parisius studentium, ex legato magistri Geroudi de Abbatisvilla ; precii VIII
librarum, puis, d’une autre main, l’enregistrement dans le catalogue et l’indication du projet
d’enchaînement, Inter postillas super sapientiales 7. Incathenabitur. Le volume coté XIV/7 dans le
catalogue de 1338 est signalé cathenatus (voir L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., III,
p. 19 ; BNF n. a. l. 99, p. 45a).
113. Voir par exemple, BNF lat. 15795, f. 1v comportant la mention de la cote du catalogue de
1338 puis cathenatus ; BNF lat. 16096, f. 1v ex-libris, estimation puis l’indication cathenatus suivie
de la cote du catalogue de 1338 (voir annexe 4, photographie 11) ; BNF lat. 16297, f. 262v com-
portant la mention de la cote du catalogue de 1338 puis l’indication cathenathus ; BNF lat. 15945,
f. 319v comportant la mention de la cote du catalogue de 1338 puis l’indication incathenatus.
114. Voir par exemple BNF lat. 16482, f. 359v comportant l’ex-libris du collège, l’estimation,
l’indication d’enchaînement cathenatur. Ces trois élément semblent avoir été écrits par la
même main.
115. BNF lat. 15863, f. 1v : mention cathenabitur suivie de la cote du catalogue de 1338 ; BNF
lat. 15791, f. 283v : mention cathenabitur suivie de la cote du catalogue de 1338 ; BNF lat. 15362,
f. 234v : mention cathenabitur précédée de la cote du catalogue de 1338 ; BNF lat. 15279, f. 230v :
mention incathenabitur puis cote du catalogue de 1338.
116. BNF lat. 15877, f. 137v : mention incathenetur ; BNF lat. 16157, f. 298v : mention incathenetur
suivie de la cote du catalogue de 1338.
117. Voir par exemple, BNF lat. 15355, f. 251v, mention cathenandus est puis cote du catalogue de
1338 ; BNF lat. 16119, f. 136v, mention cathenandus et cote du catalogue de 1338.
118. Voir BNF lat. 16681, f. 126, Incathenari debet in banca contra parietem contra prope ethicam
Buridani. Pour le commentaire de cette indication voir la contribution de G. Fournier dans le
présent volume.
119. Voir BNF lat. 16437, f. 1v : Ego Ursinus Tibout volo quod liber iste detur post decessum meum col-
legio Sorbone, tali pacto quod inchatenabitur in magna libraria. [Signature :] Ursinus. (voir annexe 4,
photo 12). Ce manuscrit, qui contient l’œuvre de Jean Tigart, De conflictu vitiorum et virtutum a été
copié en 1455 pour Ursin Thibout, membre du collège de Sorbonne, usager puis bienfaiteur de
la bibliothèque. Le volume est parvenu au collège probablement à la fin du xve siècle. Sur Ursin
Thibout, voir J. Vielliard, éd. et annot., et M.-H. Jullien de Pommerol, collab., Le registre
de prêts…, op. cit., p. 687-688.
120. Voir par exemple BNF lat. 16111 (f. Iv) : In isto volumine continentur isti libri qui hic nominantur
[…] precii XXX solidorum. Libros prenominatos ponit magister Raymundus Lul. in custodia domus Sorboni
Parisius cathenatos.
121. Voir C. Angotti, Lectiones Sententiarum…, op. cit., vol. 1, p. 365-367.
122. Voir L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 184 n. 3, à propos des manuscrits
BNF lat. 16316 (f. 1v) et BNF lat. 16567 (f. 66v) qui portent la mention Incathenetur in capella,
et p. 185 à propos du manuscrit BNF lat. 16099 (f. 235v) qui porte l’indication Incathenetur in
capella collegii. Voir aussi BNF lat. 16663, f. 95v (p. 190) : Iste liber est pauperum magistrorum de
Sorbona, ex legato magistri Petri de Lemovicis quondam socii domus hujus in quo continetur musica fratris
Ieronimi ; precii xx solidorum. Incathenabitur in capella. 64us inter quadruviales.
123. Les manuscrits y étaient enchaînés puisque, lorsqu’ils sont entreposés dans la parva libra-
ria – de manière temporaire, espèrent alors les sorbonistes –, ils sont encore équipés de leurs
chaînes. Voir supra n. 50 et 51. Voir aussi la mention relevée dans le BNF lat. 16271 (f. 107v),
supra n. 41.
124. Sauf évidemment les lettres J et U ; signalons aussi la mention, par une main plus récente,
d’un banc AM dans le répertoire topographique (voir ibid., III, p. 92 et n. 3, et BNF n. a. l. 99,
p. 266, dans la marge supérieure). Voir, sur l’accroissement du nombre de bancs dans la libraria
communis, la contribution de G. Fournier dans le présent volume.
125. Voir P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne…, op. cit., t. 1, p. 248-289. Cette reconstitu-
tion est à manier avec prudence car il existe un certain nombre d’incohérences entre l’inven-
taire topographique et le répertoire méthodique, tout comme des oublis au sein du répertoire
méthodique (par exemple, un unique texte, très bref, signalé pour un volume ou encore des
indications de texte sans indication d’emplacement) dont P. Glorieux ne rend pas (ou insuffi-
samment) compte.
126. Voir L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., III, p. 105 (répertoire méthodique) ;
ibid., p. 76 (inventaire topographique : Decimi octavi scamni S, signalé sous le titre Flores paradysi).
127. Voir ibid., p. 42.
Flores paradysi, ainsi que quelques extraits d’œuvres de saint Augustin (lettres,
Retractationes, sermons)128. La seule cote que comporte le volume est l’indica-
tion secundus129, ce qui correspond à son enregistrement dans le catalogue de
1338. Ce manuscrit est représentatif des volumes enchaînés dans la libraria
communis : la cote alphabétique caractéristique de ce fonds ne figure jamais sur
les volumes qui comportent seulement une cote numérique – celle du cata-
logue de 1338, quand le volume a été l’objet d’un enregistrement130. Quelques
manuscrits comportent toutefois des lettres dont le statut reste d’interpréta-
tion difficile : a-t-on affaire à des cotes ? à des essais de plume ? C’est le cas de
trois manuscrits : le BNF lat. 16194 (f. 195v) comporte l’indication F. F., le BNF
lat. 15362 (f. Av), l’indication F. F. F. et le BNF lat. 15867 (f. 208), l’indication
F. 10 qui pourraient être des cotes131, mais qui ne peuvent renvoyer à un banc
de la libraria communis, du moins telle qu’elle était organisée en 1321-1338.
D’autres manuscrits comportent des lettres dont je n’ai pu déterminer le sta-
tut : lettre M132, lettre R133.
128. BNF lat. 15982, f. 3ra à 178rb (Flores Paradysi), f. 179ra à 179va (tabula des Flores Paradysi),
f. 182ra à 184va pour les extraits d’Augustin.
129. BNF lat. 15982, f. 185v.
130. Signalons tout de même l’indication figurant dans la marge supérieure du commentaire
de Pierre de Jean Olieu, Postillae super Mattheum, super Epistolam ad Romanos et super Cantica canti-
corum, BNF lat. 15588, f. 1 : Postille fratris Johannis Petri et hujus postillis ponitur tabula questionum
a d. de Lemovicis ; bancha AD volumen q [dans C. Samaran et R. Marichal, dir., Catalogue des
manuscrits en écriture latine comportant des indications de date, de lieu ou de copiste…, op. cit., t. 3, p. 685,
le rédacteur de la notice lit bancha ad volumen 9]. La tabula questionum correspond à une table
effectivement rédigée par Pierre de Limoges figurant au f. 89v du BNF lat. 15588. La fin de cette
mention semble bien renvoyer à une cote de la libraria communis. L’inventaire topographique
de cette dernière collection indique au banc AD des ouvrages forts différents (voir L. Delisle,
Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., III, p. 78-79). Quant au répertoire méthodique de la libraria
communis, il renvoie au commentaire de Thomas sur l’Éthique (voir P. Glorieux, Aux origines
de la Sorbonne…, op. cit., p. 287.)
131. La cote alphabétique du BNF lat. 16194 est signalée par C. Samaran et R. Marichal,
dir., Catalogue des manuscrits en écriture latine comportant des indications de date, de lieu ou de copiste…,
op. cit., t. 3, p. 702.
132. BNF lat. 16648, f. 95v. La deuxième partie de ce manuscrit correspond au volume LVI/21,
In uno volumine extractiones quedam astronomie, equata et conjuncta de ascencionibus signorum, ex legato
magistri G. de Abbatisvilla. Incipit in 2o fol. Cumque den., in pen. Super pu[n]ctum. Precium X sol (BNF
n. a. l. 99, p. 213b ; L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., III, p. 67) mais ce dernier
n’est pas signalé comme enchaîné dans le catalogue de 1338. Il comporte toutefois des traces
d’enchaînement sur le plat inférieur. En revanche, l’inventaire topographique comme le réper-
toire méthodique de 1321-1338 ne signalent aucun volume enchaîné au banc M qui pourrait
correspondre au manuscrit LVI/21.
133. BNF lat. 16648, f. 1v. La première partie de ce manuscrit correspond au volume LVI/8,
Geometria Euclidis, ex legato magistri G. de Abbatisvilla. Incipit in 2 ofol. Sicut, in pen. G. punctus.
Precium XVI sol (BNF n. a. l. 99, p. 212a ; ibid., p. 67) mais ce dernier n’est pas signalé comme
enchaîné dans le catalogue de 1338. Il comporte toutefois des traces d’enchaînement en haut
du plat supérieur. En revanche, l’inventaire topographique comme le répertoire méthodique de
1321-1338 ne signalent aucun volume enchaîné au banc R qui pourrait correspondre au manus-
crit LVI/8. Un autre volume comporte la lettre R : BNF lat. 15362, f. 234v.
134. BNF lat. 16609, f. 1 : cette indication date du xve siècle d’après le responsable de la rédac-
tion de la notice du manuscrit dans C. Samaran et R. Marichal, dir., Catalogue des manuscrits
en écriture latine…, op. cit., t. 3, p. 551
135. BNF lat. 15837, f. Iv. Ce volume, qui contient le commentaire d’Albert le Grand sur les
Sentences a été donné par Gérard de Perfontibus. Il a été copié en 1410. On peut supposer,
d’après cette mention, que le volume a été donné peu après. Ce donateur ne figure pas dans la
liste dressée par L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 143-178.
136. Il s’agit par exemple des manuscrits BNF lat. 15365 (f. 1) ; lat. 15374 (f. 1v) ; lat. 15390
(f. 1v) ; lat. 15866 (f. 82v) ; lat. 15882 (f. 3v) ; lat. 15883 (f. 151). La plupart des volumes portent
les marques d’un enchaînement.
137. Voir ibid., p. 200-201 ; pour les délibérations des sociétaires qui emploient tantôt l’expres-
sion nova libraria, tantôt simplement le terme libraria nostra et une fois le terme nostra bibliotheca,
voir R. Marichal, Le livre des prieurs de Sorbonne…, op. cit., p. 233 (no 874 : nova libraria), p. 214
(no 879 : nova libraria), p. 247 (no 922 : nostra libraria), p. 249 (no 933 : nova libraria), p. 270
(no 1030 : nostra bibliotheca), voir aussi p. 233-234 (no 875-876, no 878), p. 235 (no 880), p. 245
(no 915), p. 248 (no 930), p. 249-250 (no 936-937, no 939).
138. Le règlement de la bibliothèque est édité par L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit.,
II, p. 201. Sur la nova libraria, voir aussi G. Fournier, « Livre après livre… », art. cité, p. 188-
193 : ce dernier remarque (p. 193) le maintien de l’expression magna libraria pour désigner la
nova libraria dans le registre de prêt jusqu’aux années 1530 à 1536.
139. Cet ex-libris est signalé dans C. Samaran et R. Marichal, dir., Catalogue des manuscrits
en écriture latine…, op. cit., t. 3, p. 711, à propos du BNF lat. 16660, f. 1 : Illustrissimus ac doctissimus
vir dominus Martineau, abbas de Valloris, in senatu Parisiensi conciliarius regis christianissimi dono dedit
bibliothecae Sorbonicae, anno reparatae salutis humanae 1663.
140. Sur la manière de désigner la bibliothèque à l’époque moderne, voir aussi A. Franklin,
La Sorbonne, ses origines, sa bibliothèque…, op. cit., p. 216-217.
141. Dès 1275, dans le catalogue dont R. H. Rouse a étudié les fragments figure une esti-
mation. Voir R. H. Rouse, « The Early Library of the Sorbonne », rééd. dans M. A. Rouse et
R. H. Rouse, Authentic Witnesses: Approaches to Medieval Texts and Manuscripts, Notre Dame, 1991,
p. 341-408, précisément p. 399-408.
142. Deux listes de prêts, l’une datée d’après 1274, l’autre vers 1282-1290, comportent pour
des manuscrits donnés par les premiers bienfaiteurs du collège, outre le titre et la mention de
l’auteur de l’ouvrage, le nom du légataire et l’estimation du volume. Voir pour une présenta-
tion et une bibliographie exhaustives, G. Fournier, « Listes, énumérations, inventaires… »,
art. cité, p. 198-199.
143. Une note, biffée dans le catalogue de 1338, indique la valeur totale des manuscrits du
collège en 1292, à l’exception des manuscrits non décrits : Summa valoris omnium librorum
hujus domus, preter libros intitulatos, anno Domini Mo CCo nonagesimo secundo, tria milia octingente
duodecim libre decem solidi octo denarii (BNF, n. a. l. 99, p. 223b ; L. Delisle, Le Cabinet des manus-
crits…, op. cit., III, p. 71-72). Le terme intitulatus est difficile à traduire ; il ne peut s’agir ici d’un
emploi au sens de « qui a reçu un titre » (voir J. F. Niermeyer, Mediae Latinitatis Lexicon Minus,
« Intitulare », p. 552), on peut comprendre « non décrits » en s’appuyant sur l’emploi signalé
par A. Blaise, Lexicon Latinitatis, Medii Aevi, intitulatus, p. 502 : « sans titre (prêtre, évêque), non
affecté à une église ». Contra, P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne…, op. cit., t. 1, p. 243,
lisant […] preter libros incathenatos.
144. Le BNF lat. 16374, est un exemplaire du Livre des Sentences de Pierre Lombard laissé en gage
par deux membres du collège de Sorbonne, Christian de Montrouge et Thomas d’Irlande,
sociétaires. Thomas d’Irlande était socius le 9 juillet 1295 et il a probablement quitté le col-
lège avant 1306 (voir M. A. Rouse et R. H. Rouse, Preachers, Florilegia and Sermons: Studies on the
“Manipulus Florum” of Thomas of Ireland, Toronto, 1979, p. 93-99.) Voir BNF lat. 16374, f. 1 :
Memoriale magistri Christani de Rubeo Monte pro duabus summulis sermonum, altera quarum est precii.X.
sol. et altera precii.XX. sol. Prima erat inscripta magistro Thome de Hybernico, secunda sibimet (voir aussi
f. 155v). Le volume est estimé 40 sous (BNF lat. 16374, f. 1), il remplace les deux volumes de
sermons perdus d’une valeur totale de 30 sous.
145. P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne…, op. cit., t. 1, p. 215 : Item non sufficit scribere : talis
habet talem librum.vi. librarum, vel hujusmodi, nisi scribat etiam sic in registro : incipit secundo folio sic vel
sic ; ne fiat fraus in commutando librum majoris precii in librum ejusdem speciei, minoris tamen precii ; vel si
perderetur unus ne restitueretur pejor.
146. Lorsque les responsables de la bibliothèque ne la trouvent pas, ils en proporent une nou-
velle. Ainsi, la mention figurant dans le BNF lat. 16605, f. 1v : Precium hujus libri non invenimus sed
appreciati sumus eum.XX. sol. Ce manuscrit appartenait pourtant au legs de Gérard d’Abbeville, il
contient plusieurs œuvres d’Al-Gazel et correspond au volume LIII/4, signalé comme cathenatus
dans le catalogue de 1338 (voir BNF, n. a. l. 99, p. 199a ; L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…,
III, p. 63). Pour d’autres exemples de prisée, voir ibid., II, p. 183 n. 3.
147. L. Braunschweig, « La prisée des manuscrits du collège de Sorbonne », Mélanges offerts
à Gérard Oberlé pour ses 25 ans de librairie (1967-1992), s. l., 1992, p. 327-341.
148. Voir par exemple, BNF lat. 15829, prisée figurant au f. 19 recto et verso ; elle est répétée
au f. 182v.
149. L. Braunschweig, « La prisée des manuscrits… », art. cité, p. 330. Tout legs antérieur
au milieu du xive siècle n’est jamais estimé en florins ; il faut ainsi corriger la transcription de
l’ex-libris du lat. 16681 (f. 125v) donnée dans C. Samaran et R. Marichal (dir.), Catalogue des
manuscrits portant des indications…, op. cit., p. 712, puisque le volume a été donné au collège par
Pierre de Limoges († 1306). Il convient donc de lire : Iste liber est pauperum magistrorum de Sorbona
ex legato m[agistri] Petri de Lemovicis, quondam socii domus hujus, in quo continentur scripta fratris Egidii
super rhetoricam. Pretii XL sol. Cathenabitur. 39us inter scripta Aristotelis.
150. Citons par exemple l’estimation donnée par L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, II,
p. 193 n. 3 pour le BNF lat. 15952 : 2 francorum, secundum taxacionem librariorum, 19 die mensis
octobris anno 1375. Il s’agit là d’une réévaluation car le BNF lat. 15952 au moment du legs, vers
1290, avait été évalué 60 sous d’après L. Braunschweig, « La prisée des manuscrits… », art.
cité, p. 334.
151. Voir par exemple, BNF lat. 15880, f. 199v : Iste liber est pauperum magistrorum collegii Sorbone
ex legato magistri Stephani de Calvomonte, magistri in theologia et socii hujus domus. In quo continentur
questiones Eliphat et quidam tractatus de philosophia naturali. Anno domini 1399o die penultima februari
obiit dictus magister et voluit quod in cathenaretur in magna libraria Sorbone. Precii IIII. lib. par.
152. L. Braunschweig, « La prisée des manuscrits… », art. cité, p. 330 signale la prisée de
volumes légués par P. Plaoul en 1415 (BNF lat. 16260, BNF lat. 15253), celle du volume de
Guillaume Cerveau, la même année (BNF lat. 15839).
153. Ibid., p. 330.
154. Ibid., p. 340 n. 10.
155. Ibid., p. 330.
156. Il s’agit du BNF lat. 16095, f. 1v : l’ex-libris est suivi de l’estimation puis de la cote, une
seule main pourrait être responsable de ces indications. Iste liber est collegii de Serbona ex legato
magistri Henrici pistoris dicti de Lewis magistri in theologia canonici Leodensis quondam socii domus. In
quo continetur Averoys De anima cum comento. Precii unus floren..4us ; on trouve une autre estimation
au f. 68v :.I. scutum. Sur l’explication du chiffre 4us, voir supra, point 2.2.1 et n. 79. Voir aussi
BNF lat. 16193, f. collé au contreplat supérieur contenant une estimation en florins : Iste liber est
domus de Serbona Parisius ex legato magistri Henrici de Pistoris dicti de Lewis doctoris in theolologia canonici
quondam Leodiensis et socii dicte domus. Precii duorum florenorum. [suivi d’une cote] 10us, et f. 168v,
une estimation en écus : 2 scuta. Voir annexe 4, photographies 13 et 14.
157. Voir par exemple BNF lat. 15640, f. 112v : Scriptus fuit hic liber de pecuniis librarie anno Domini
1415. Precium eius est VI scutorum.
158. Voir BNF lat. 15864, f. 58v : Hic est primus Hugonis de Castro Novo ex legato magistri Hugonis de
Durso precii.IIII. flor. de florencia. Incathenetur in majori libraria et est pauperum magistrorum de Sorbona,
puis, f. 58v dans la marge supérieure : Iste est primus Hugonis de Castro novo et est magistri Hugonis de
Granvilla memoriale pro uno scuto (il pourrait toutefois s’agir aussi d’une mise en gage du volume,
antérieure au legs du collège).
159. Voir par exemple BNF lat. 15862, f. 69v, […] precii 20 solidorum fortis monete, ou encore BNF
lat. 15589, f. 116v : sexaginta solidorum fortis monete.
160. L. Braunschweig, « La prisée des manuscrits… », art. cité, p. 331. On remarquera que
l’ancienneté d’un volume n’est pas un critère dans l’estimation du volume au Moyen Âge :
ainsi, le BNF lat. 15685 (f. 1-14v), qui comporte plusieurs cahiers du ixe siècle contenant le de
natura rerum et le de temporibus de Bède, n’est estimé que 20 sous. Le dernier bibliothécaire de
on recourt aux estimations figurant dans les manuscrits : en effet, leur prix est
en général volontairement surestimé, comme en témoigne Richard de Bury
dans son Philobiblon161. Ce n’est donc pas tant la valeur absolue du manuscrit
qui est véritablement exploitable – d’autant plus qu’il n’y a jamais eu de réac-
tualisation systématique des prisées162. C’est la valeur « relative » d’un manus-
crit par rapport aux différents exemplaires d’une même œuvre qui peut être
exploitée, tant est cohérente la prisée des volumes au sein d’une section du
catalogue163. On peut ainsi essayer de saisir l’aspect de manuscrits pourtant
aujourd’hui disparus, comme c’est le cas de l’exemplaire du Livre des Sentences
Sorbonne, Gayet de Sansale, qui décrit le volume sur un f. papier collé au contreplat supérieur
du volume en 1784, signale, à l’inverse, « ce ms. est très précieux ».
161. Voir E. Wolff, trad., Richard de Bury. Philobliblon ou l’amour des livres, Paris, 2001, p. 126 :
« Donc quand un étudiant, séculier ou religieux – nous les traitons à égalité dans notre faveur
présente –, demande à emprunter un livre, que les gardiens considèrent avec soin s’ils pos-
sèdent un double de cet ouvrage. Si c’est le cas, qu’ils le prêtent après avoir reçu une caution qui
dépasse, selon leur estimation, la valeur du livre […] ; Igitur cum scholaris quicunque saecularis vel
religiosus, quos in presenti favore ad paria judicamus, librum aliquem commodandum petiverit, considerent
diligenter custodes, an librum talem habuerint duplicatum, et si sic, commodent ei librum cautione recepta,
quae librum traditum in valore trancendat, judicio eorum […] (H. de Cocheris [éd.], Philobiblon.
Excellent traité sur l’amour des livres, Paris, 1856, p. 16 ; on lui préférera l’édition plus récente et
plus fiable de A. Altamura, Philobiblon, Naples, 1954, mais la traduction d’E. Wolff est fondée
sur l’édition de de Cocheris). On peut mentionner quelques exemples de ce phénomène de
surévaluation des volumes : ainsi, le BNF lat. 15796, f. 202 comporte le prix de la copie d’un
volume de la Somme théologique (Secunda pars) de Thomas d’Aquin : Iste liber est magistri Gaufridi
de Limoges, clerici. Natalis de Restolio, clericus, scripsit librum istum pro magistro Gaufrido de Limogiis.
LV s., ce même volume, parvenu au collège avant 1290, est estimé 10 livres dans le catalogue de
1338 (XXIV/2 dans L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, op. cit., III, p. 29 ; voir BNF n. a. l. 99,
p. 77a). L. Braunschweig donne plusieurs exemples de volumes où il existe un écart entre
l’estimation globale du legs (basse) et la prisée des volumes issus du même legs (haute) par les
différentes autorités du collège. Voir « La prisée des manuscrits… », art. cité, p. 334.
162. Il existe toutefois quelques exemples de réévaluation, par exemple dans le BNF lat. 15211,
f. 147v : Epistole Pauli incomplete pretii quadragenta solidorum parisiensium, sed valens bene centum soli-
dos parisienses (mention datée de la première moitié du xive siècle selon l’auteur de la notice
du volume dans Manuscrits enluminés d’origine insulaire, F. Avril et P. Stirnemann, dir.,
Paris, 1987, no 153, p. 113). Le catalogue de 1338 reproduit l’évaluation de 40 sous (voir BNF
n. a. l. 99, p. 39a et L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, op. cit., III, p. 18, volume XI/4 : 4. In uno
volumine continentur ista : quedam pars psalterii glosati, usque ad « Diligam te », epistole Pauli incomplete,
Lucas glosatus incomplete, ex legato magistri Poncardi. Incipit in 2 o fol. beatus, in pen. que est. Precium
XL sol). Dans le Registre de prêt…, respectivement p. 186 (Gerardus Dumiere, 24, 3) et p. 341 (Petrus
Corii, 89, 12) le volume est estimé vers 1404 100 sous et estimé 40 sous en 1439.
163. Sur la façon dont la prisée a dû être organisée au sein du collège, voir les hypothèses très
intéressantes de L. Braunschweig, « La prisée des manuscrits… », art. cité, p. 333 et p. 335.
164. L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., III, p. 24 : il s’agit du manuscrit coté XXII/33
dans le catalogue de 1338. Il est décrit ainsi : 33. Sentencie, ex legato magistri Godefridi de Fontibus.
Incipit in 2o fol. in textu De Trinitate, in pen. justitia. Precium XII l.
165. Plus précisément 4 livres 18 sous. Voir C. Angotti, Lectiones Sententiarum…, op. cit., vol. 1,
p. 435.
166. Il s’agit en effet du volume conservé sous la cote XXII/22 dans le catalogue de 1338 : 22.
Sentencie, ex legato magistri de Castro Radulphi. Incipit in 2o folio dicuntur, in pen. hic queri. Precium X l.
(BNF n. a. l. 99, p. 63b, et L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., III, p. 24).
167. À ma connaissance, le manuscrit bénéficiant de l’estimation la plus haute qui ait été don-
née par les responsables de la bibliothèque du collège est une œuvre de Thomas Le Myésier,
socius du collège et disciple de Raymond Lulle, l’Electorium. Voir BNF lat. 15450, f. collé au
contreplat supérieur (notes de Gayet de Sansale, sur ce personnage voir infra, point 7). Sur le
caractère exceptionnel de ce manuscrit, son histoire et son contenu, voir J. N. Hillgarth,
Ramon Lull and Lullism in fourteenth century France, Oxford, 1979, p. 348-397. L’estimation médié-
vale du volume est aussi confirmée par une copie du manuscrit réalisée au xviie siècle, voir ibid.,
p. 349 ; L. Braunschweig, « La prisée des manuscrits… », art. cité, p. 331-332, signale une
Postille de Nicolas de Lyre en trois volumes (BNF manuscrit lat. 15257, lat. 15258, lat. 15259),
ensemble d’une valeur totale de 100 livres. Elle cite d’autres prisées, très élevées (entre 50 et 20
livres), ibid., p. 332.
168. Voir L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 187. La liste figure dans le BNF
lat. 16505, f. 2r. Voir l’analyse de G. Fournier, « Listes, énumérations, inventaires… », art.
cité, p. 206.
169. Une partie de la liste figure dans le BNF lat. 16545, f. 89v (22 manuscrits mentionnés),
elle daterait de 1311 environ ; une autre liste, concernant toujours Larcher, figure dans le BNF
lat. 15411, f. 107v (19 manuscrits mentionnés), elle serait un peu antérieure à la première
(v. 1307-1310). Seule la première a été l’objet d’une édition par L. Delisle, Le Cabinet des manus-
crits…, op. cit., II, p. 187. Voir l’analyse et la datation de G. Fournier, « Listes, énumérations,
inventaires… », art. cité, respectivement p. 201 et p. 202.
170. L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 187-188, et R. H. Rouse, « The Early
Library… », art. cité, p. 57-58 ; voir l’analyse de G. Fournier, « Listes, énumérations, inven-
taires… », art. cité, p. 199.
171. Voir L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 188-191. Pour le prêt accordé
à Henri Pistor de Lewis, dont on n’a probablement qu’un fragment, on se reportera aussi à
C. Angotti, « Henricus Pistor de Lewis, portrait d’un passeur… », art. cité, p. 243-244.
172. J. Vielliard, éd. et annot., et M.-H. Jullien de Pommerol, collab., Le registre de
prêts…, op. cit., passim. Ceci explique pourquoi, quand une estimation manquait en raison de la
mutilation d’un volume, les bibliothécaires du xve siècle n’hésitaient pas à procéder à une nou-
velle évaluation. Voir L. Braunschweig, « La prisée des manuscrits… », art. cité, p. 336-337.
173. Ibid., p. 339.
174. Certain noms ou prénoms, très abrégés, restent difficiles à interpréter. C’est leur récur-
rence dans plusieurs volumes du collège qui pourra permettre de corriger cette liste provisoire.
Il faudra ensuite essayer d’identifier et dater les personnages qui ont eu ces volumes entre les
mains.
175. BNF lat. 15961, f. A : Istum librum habuit magister Albertus de Bohemia, socius domus de Sorbona ;
BNF lat. 15346, f. 2 : Iste liber fuit ad usum magistri Adalberti Rankonis de Ericinio in Bohemia ;
BNF lat. 15608, f. 53v : Iste liber est m[agister] A…[Eri]cinio in Bohemia quo ad usum solum. Voir
P. Lehmann, Mitteilungen aus Handschriften, op. cit., p. 1-25.
176. Voir BNF lat. 16407, f. 273v : Iste liber fuit ad usum Adalberti Rankonis de Ericinio in Bohemia,
scolastici Ecclesie Pragensis, magistri in artibus et in theologia Parisius, socii hujus domus Sorbone. Cette
inscription précède une autre mention, biffée à l’encre rouge, et qui lui est antérieure : Est ad
usum Alberti de Bohemia, socii domus hujus de Sorbona Parisius. Adalbert Ranconis est sociétaire du
collège de Sorbonne en 1352 puis obtient la dignité d’écolâtre du chapitre de Saint-Veit en 1369.
La seconde mention a probablement été apposée lorsqu’il était « simple » socius du collège de
Sorbonne ; à l’occasion d’un second séjour à Paris entre 1371-1372 et 1374-1375, il réem-
prunte vraisemblablement cet ouvrage, mentionnant cette fois son appartenance au chapitre
de Prague.
177. C’est la cas par exemple du BNF lat. 15325, f. 1 : Iste est liber Sententiarum Johanni Hally. Le
manuscrit lat. 15325 a été donné au collège par Raoul de Châteauroux en 1286, Jean de Hayllis
est simplement un lecteur du xve siècle qui figure au Registre de prêts…, op. cit., p. 625.
178. Voir M. A. Rouse et R. H. Rouse, Preachers, Florilegia and Sermons…, op. cit., p. 111 : cette
attribution est difficile à expliquer ; son origine semble être une indication erronée des respon-
sables de la bibliothèque au xviiie siècle (f. 1), qui ont vu le nom de Thomas d’Irlande (f. 192)
sur des Questiones super primum et secundum Sententiarum de Richard Fitzralph données au collège
par Jean Gorre et conservées dans le manuscrit BNF lat. 15853, f. 192. Un problème reste pen-
dant : le legs de Jean Gorre († 1360) est bien postérieur à la présence de Thomas d’Irlande au
collège. Voir aussi G. Leff, Richard Fitzralph, Commentator of the “Sentences”. A Study in Theological
Orthodoxy, Manchester, 1963.
179. Ce maître ne figure pas dans la liste des « premiers sociétaires » donnée par P. Glorieux
dans Aux origines de la Sorbonne…, op. cit., t. 1, p. 295-329. Voir H. Denifle et E. Châtelain,
éd., Chartularium Universitatis Parisiensis, t. 1 [désormais abrégé : CUP I], Paris, 1889, no 511,
p. 599.
180. L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 186 et n. 4 ne signale que deux volumes.
181. Voir A. Lecoy de la Marche, La chaire française au Moyen Âge, Paris, 1868, p. 515 (Jean
Colonna ou Romain, sermon sur Hauri tibi aquam contra obsidionem…) ; cette attribution est
reprise dans Archivum Franciscanum, 26 (1933-34), p. 211 (2 sermons de Jean de Rome) pour
être corrigée par S. L. Forte, « John Colonna O. P., Life and Writings », Archivum Fratrum
Praedicatorum, 20 (1950), p. 369-414, précisément p. 409.
182. Voir annexe 2, le cas du nom Ph. Flam. figurant dans deux volumes. Cet emprunteur n’a
pu être identifié.
183. Il s’agit du BNF lat. 15721, f. 241 : on relève la mention de ponte. Ce volume ne figure
pourtant pas parmi les volumes empruntés par Johannes de Ponte lorsqu’il fréquentait
la bibliothèque entre 1422 et 1438. Il est vrai que ce socius a été pénalisé une fois, en 1433,
pour l’emprunt irrégulier d’un livre. Voir J. Vielliard, éd. et annot., et M.-H. Jullien de
Pommerol, collab., Le registre de prêts…, op. cit., p. 635-636 (notice biographique), p. 288-291
(livres empruntés).
184. Voir H. Denifle et E. Châtelain, éd., Chartularium Universitatis Parisiensis, op. cit., t. IV,
no 2294, p. 485, et no 2419 n. 1
185. Le premier emprunteur enregistré est Petrus de Nogento qui l’a emprunté avant 1404 (voir
J. Vielliard, éd. et annot., et M.-H. Jullien de Pommerol, collab., Le registre de prêts…,
op. cit., p. 107) ; on constate alors qu’il circule déjà entre différents sociétaires : Item textum
Sententiarum, precii 10 lib., 2o fol. dicuntur, penultimo hic. puis sur la marge de gauche du registre,
l’indication Reddidit Martinus, sur la marge de droite du registre, Beaumont habet ; Petrus Parvi
habet in concesso ; Molet habet textum dictum ; le dernier emprunteur est probablement Derianus
Petri junior en 1506 (voir ibid., p. 370 et n. 3) : Magister Derianus Petri habuit textum Sentenciarum
pro legentibus deputatum ex concessione collegii.
186. BNF lat. 15325, f. 1 : Textus Sententiarum ad usum lectoris Sententiarum in collegio Sorbone deputa-
tus (main de la deuxième moitié du xive siècle). Voir annexe 4, photographie 15.
187. J. Vielliard, éd. et annot., et M.-H. Jullien de Pommerol, collab., Le registre de
prêts…, op. cit., p. 571-690.
savoir le collège) mais mentionnent souvent le donateur, parfois ses liens avec
la Sorbonne, la date du don. On trouve évidemment d’autres informations
concernant le contenu même du manuscrit qui a été versé aux collections de la
Sorbonne : titre et nom de l’auteur de l’œuvre, parfois une énumération plus
ou moins détaillée dans le cas de manuscrits comportant plusieurs œuvres
(qui peut parfois prendre la forme d’une table des matières), indication du
nombre de cahiers, mention des incipit-repères du volume.
188. BNF lat. 15347, f. 173 v : Iste liber est magistri Berneri de Nivella ; BNF lat. 15254, f. 337 : Iste
liber est magistri Gerardi de Traiecto studentis Parisius in domo de Sorbonia (voir aussi BNF lat. 15966,
f. 216v) ; BNF lat. 15850, f. 1v : Iste liber est magistri N. de Barroducis (voir aussi BNF lat. 15985,
f. 1v) ; BNF lat. 16196, f. 81 : In isto volumine continentur isti libri qui sunt Jacobi de Padua (voir aussi
BNF lat. 15805, f. 67v ; BNF lat. 16110, f. 1v).
189. Voir en particulier l’exemple de Jean d’Essomes dont les manuscrits ont été étudiés par
M. Mabille, « Les manuscrits de Jean d’Essomes conservés à la Bibliothèque nationale de
Paris », dans Bibliothèque de l’École des chartes, 130 (1972), p. 231-234. Cet écusson figure en début
et en fin de plusieurs volumes (BNF lat. 16395, f. 5 et f. 94v) mais parfois aussi sur chaque
cahier constituant le volume (BNF lat. 16496 ; BNF lat. 16498 ; BNF lat. 16499 ; BNF lat. 16516).
190. C’est le cas de quelques manuscrits d’Henri Pistor de Lewis : voir par exemple BNF
lat. 15530, f. 1v ; BNF lat. 16126, f. 90v ; BNF lat. 16219, f. 233v ; BNF lat. 16601, f. 84v.
191. Voir par exemple BNF lat. 15837 commandité – et dont la table a été élaborée – par Gérard
de Préfontaine (f. 147v : G. de Perfontibus me fieri fecit anno Domini 1410, et f. V : G. de Perfontibus
[…] explicit tabula presentis libri completa in die Michaelis, anno 1410, Parisius) ; ce même maître est
le copiste du BNF lat. 15838, f. 125 : G. de Perfontibus Cameracensis dyocesis [signature en lettres
bleues suivie, dessous, du colophon :] Explicit summa super secundum sentenciarum […] scripta
Parisius et completa XI januarii anno Domini 1409, per manus Gerardi de Perfontibus, dyocesis Cameracensis.
192. Voir par exemple le manuscrit BNF lat. 16107 dont certains feuillets ont été copiés par
Guillaume Fichet lui-même (f. 1-37v) ou par des copistes travaillant pour lui (f. 38-80v,
f. 82-86v, f. 165v-177v et f. 192-205v) ; on trouve ainsi une signature rubriquée au f. 17v :
Guillemus Ficheti, et un colophon au f. 37v : Explicit Yconomica Aristotelis scripta [pro magistro, sur
grattage] Guillelmo Ficheto (le manuscrit contient un colophon presque identique au f. 208v
accompagné de la date).
193. C’est du moins l’hypothèse de L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 178.
Voir annexe 4, photographie 16. On trouve toutefois dans le BNF lat. 15242, f. 222 un ex-libris
indiquant à la fois le nom du bienfaiteur et une formule d’anathème : Epistole Pauli glosate precii
centum solidorum ex legato magistri Guillelmi de Feucheris ; inter epistolas predictas 14. Qui fraude hic fura-
tur de libro vite deleatur.
194. Ainsi, le BNF lat. 15713 exemplaire du Livre des Sentences de Pierre Lombard, comporte un
ex-libris avec anathème au f. 4 ; on relève au f. 5v la note suivante : Sentencie que habent.XVIII.
caternos et.II. foliis et in principio secundi folii scribitur facimus utilitatem eamque intuemur et in penultimo.
VII. dierum quia quantum luxit sol in prima condicione VII dierum ante peccatum primi hominis. Precium.C.
sol. Nessio qui legavit.
195. Voir par exemple BNF lat. 15701 (f. 1v), manuscrit probablement parvenu au collège avant
1290 (cote de 1338 : XXII/26, non identifié par L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit.,
III, p. 24 ; voir BNF n. a. l. 99, p. 64a [non décrit]) ; BNF lat. 15829 (f. 19v pour l’ex-libris), les
f. 19-182 du manuscrit parvenu au collège avant 1290 (cote de 1338 : XXXVII/24 ; BNF n. a. l. 99,
p. 135a) ; BNF lat. 15722 (f. 2r), manuscrit parvenu au collège avant 1290 (cote de 1338 : XXII/6 ;
BNF n. a. l. 99, p. 63a) ; BNF lat. 15713 (f. 4), manuscrit parvenu au collège avant 1290 (cote de
1338 : XXII/19 ; BNF n. a. l. 99, p. 63b) ; trois volumes contenant les deux premiers livres de la
Summa halensis : BNF lat. 15751 (f. 2v), lat. 15334 (f. 1v), lat. 15336 (f. 1v) ; tous trois semblent
figurer dans les collections du collège dès 1290 en raison de leur numéro d’enregistrement dans
le catalogue de 1338 (respectivement cotes XXIV/39, XXIV/43 et XXIV/32 ; voir BNF n. a. l. 99,
respectivement p. 79a, p. 79a [non décrit] et p. 78b) ; BNF lat. 15299 (f. 1v), manucrit proba-
blement entré au collège avant 1290 (cote de 1338 : XXV/2 ; BNF n. a. l. 99, p. 85b) ; signalons
aussi le BNF lat. 15657 (f. 3), qui comporte un anathème légèrement différent, Quicumque librum
istum celaverit anathema sit, et contient plusieurs œuvres d’Augustin. Ce volume figure dans le
catalogue de 1275 (voir R. H. Rouse, « The Early Library… », art. cité, rééd. p. 402) : une main
postérieure a précisé in Sorbona, au-dessus de Parisius in theologica facultate.
196. Voir les exemples donnés par L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 178-179.
Ainsi le manuscrit BNF lat. 16052, parvenu au collège après 1320 et avant 1338 (cote catalogue
1338 : XL/20 ; BNF n. a. l. 99, p. 152a [non décrit]) qui comporte la précision (f. 3) : Iste liber est
pauperum magistrorum de Sorbona Parisius quem fecerunt scribi de propria pecunia. Precii VIII librarum.
Voir aussi le lat. 15924 parvenu au collège entre 1318 (date de sa copie) et 1338 (cote du cata-
logue de 1338 : LVIII/52 ; BNF n. a. l. 99, p. 220b [non décrit]), f. 287 : Summa confessorum precii
XX libr. pauperum magistrorum de Sorbona. Inter libros juris. 52us.
197. La valeur mémorielle des ex-libris du collège et, plus largement, la question de la memoria
au sein du collège sont l’objet des travaux de G. Fournier.
198. Voir BNF lat. 15457, f. 239v : Iste liber est pauperum magistrorum de Sorbona studencium in theolo-
gica facultate ex legato magistri Tydemanni Lancghe magistri in artibus Traiectensis dyocesis. Orate pro eo ut
anima ejus in pace requiescat. Amen. Precii IIII librar. parisensis. Precii quatuor libra. parisen. Incathenetur
in magna libraria Sorbone intra alios libros medicinales ; ou BNF lat. 15382, f. collé au contreplat
inférieur, don de Guillaume Pommier : Anno Domini M. CCCC LXI vir digne recordationis magister
Guillelmus Pommier sacre theologie doctor scientissimus. Istud sermonum volumen famosissimo collegio de
Sorbona legavit. Orate ergo pro eo.
199. Voir par exemple, pour l’indication du nombre de cahiers : BNF lat. 15993, f. 125v : [à la
suite de l’ex-libris] […] continet XVI quaternos ; BNF lat. 16544, f. 229v : […] continet XXVI quater-
nos ; BNF lat. 15641, f. 1v : […] et sunt quinque sexterni ; BNF lat. 5838, f. 1 : […] continet libros IX
[…]. Tous ces volumes ont appartenu à la collection de Gérard d’Abbeville († 1272). Voir aussi
BNF lat. 16079, f. 89 : […] [d’une autre main que celle ayant écrit l’ex-libris] continet XI quaterni,
lat. 15959, f. 592v : In isto volumine sunt [grattage] octoginta quaterni, lat. 16471, f. 457v : In toto
isto volumine sunt quinquies centum seu quingenta folia et LII, ces volumes ont été légués au collège
par Robert de Sorbon († 1274). BNF lat. 16106, f. 1 : […] et continet [IX, corr.] quaternos ; BNF
lat. 15608, f. 1 : […] continet VII quaternos. Ces deux volumes ont appartenu à Étienne d’Abbeville
(† 1288). Pour les incipit-repères, voir par exemple : BNF lat. 15921, f. 432v et BNF lat. 15954,
f. I (manuscrits ayant appartenu à Robert de Sorbon, † 1274) ; BNF lat. 16500, f. 323v et BNF
lat. 15469, f. 2v (manuscrits ayant appartenu à Étienne d’Abbeville † 1288) ; BNF lat. 15972,
f. 155 (manuscrit ayant appartenu à Pierre de Limoges, † vers 1306) ; BNF lat. 16530, f. 179v
(manuscrit ayant appartenu à Godefroid de Fontaines, † 1306) ; voir enfin la mention figurant
dans le lat. 15713, f. 5v, citée n. 194 qui combine indication du nombre de cahiers et mention
des incipit-repères. Signalons enfin que, dans les fragments du catalogue de 1275, c’est parfois
que dans des volumes parvenus au collège avant 1290200 ; la pratique de l’indi-
cation des incipit-repères dans les ex-libris paraît se prolonger un peu plus,
jusqu’aux legs de Godefroid de Fontaines et Pierre de Limoges, vers 1306201.
Dans tous les cas, il ne s’agit pas de mentions systématiques, mais elles
semblent bien être toujours le fait de la main responsable de l’ex-libris ; cette
méthode singulière d’enregistrement des livres serait donc la marque d’un
bibliothécaire particulier du collège, remplissant l’office de bibliothécaire
encore au début du xive siècle et qu’il est, pour l’instant, impossible d’identi-
fier ; toutefois, l’écart entre les dates des legs fragilise cette hypothèse puisque
l’on sait que cette charge n’était pas occupée très longtemps par les membres
du collège, même s’il demeure envisageable qu’un sociétaire ait rempli cette
charge à plusieurs reprises202.
On est donc conduit à s’interroger sur les rapports entre ces indications
et les modalités de traitement, par les responsables de la bibliothèque,
l’incipit du troisième et/ou celui du dernier feuillet qui servent de repères (voir R. H. Rouse,
« The Early Library… », art. cité, p. 400, p. 404, p. 406, p. 407, p. 408).
200. Signalons par exemple le BNF lat. 15702, f. 2, et sunt in isto libro XXII quaterni : on ne connaît
pas le nom du donateur de cet exemplaire du Livre des Sentences (voir annexe 4, photographie 8).
Ce volume est d’un très grand intérêt car, outre le texte du Lombard, il témoigne (avec le BNF
lat. 15652), par les reportationes qu’il contient en marge, de la lectio des Sentences dans les années
1240 à l’université de Paris. Voir M. D. Chenu, « Maîtres et bacheliers de l’université de Paris
v. 1240 », Études d’histoire littéraire et doctrinale du xiiie siècle, Paris-Ottawa, 1932, p. 11-39, et
P. Glorieux, « Les années 1241-1247 à la faculté de théologie de Paris », Recherches de théologie
ancienne et médiévale, 29 (1962), p. 234-249. La datation de la mention du nombre des cahiers
d’un volume dans les ex-libris permettra d’affiner la date d’entrée du volume dans les collec-
tions du collège : on sait pour l’instant qu’il est présent dans la bibliothèque avant 1290. Il serait
à l’heure actuelle téméraire de supposer qu’il a été donné par Gérard ou Étienne d’Abbeville
dont plusieurs volumes comportent ces indications : il convient, avant d’avancer une telle pro-
position, de se livrer à un travail systématique de repérage et de datation des mentions de cette
sorte dans l’ensemble des manuscrits subsistants, d’autant plus que le décompte du nombre de
cahiers figurant dans un volume semble être une technique d’identification des ouvrages dans
les débuts de la bibliothèque, comme le prouvent certains des livres de la liste d’emprunts de
J. d’Auxy (datée vers 1282-1290 par G. Fournier, « Listes, énumérations, inventaires… », art.
cité, p. 199). Pour une édition de la liste figurant dans le BNF lat. 15655 (f. 1), avec quelques
identifications des manuscrits subsistants, voir L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit.,
II, p. 187-188.
201. Par exemple, les manuscrits BNF lat. 15322 (Liber Sententiarum) et lat. 15982 (Flores Paradysi)
dont on ne connaît pas le donateur. Tous deux comportent la mention des incipit-repères du
volume dans leur ex-libris (voir f. 3v pour BNF lat. 15322, photographie 7 de l’annexe 4, et
f. 185v pour BNF lat. 15892). Tous deux figuraient dans le collège avant 1290 en raison de leur
ordre d’enregistrement dans le catalogue de 1338 (lat. 15322 : XXII/10 et lat. 15982 : XXXIX/2),
mais peut-être sera-t-il possible d’avancer un nom de donateur une fois le relevé systématique
de telles mentions accompli.
202. R. H. Rouse, « The Early Library… », art. cité, p. 228
203. Ainsi dans le cas du BNF lat. 15982, f. 185v : une première main (xiiie siècle) s’est char-
gée d’indiquer le titre principal de l’œuvre, son estimation et ses incipit-repères : Flores paradysi
pretium LXX sol. in secundo folio pererogatus, penultimo -mus ; une deuxième main (fin xiiie siècle-
début xive siècle ?) a rédigé, au-dessus de ces indications, l’ex-libris – on notera la précision
de l’adresse du collège – suivi de l’estimation puis a indiqué le contenu du volume, à nouveau
suivi de la prisée : Iste liber est pauperum magistrorum in theologica facultate studencium Parisius in vico
ad duas portas ante palatium de Termis. Precium LXX sol. Excerpta quorumdam originalium Augustini,
Bernardi, Cassiodori, Johannis, Crisostomi, Hylarii et quedam alia. [plus bas] Precium LXX sol. ; une
troisième main (xiiie siècle ?) indique le numéro d’ordre du volume dans la section XXXIX :
secundus. Signalons la mise en page soignée qui préside parfois à l’indication du contenu du
volume, de l’ex-libris et du prix (voir par exemple BNF lat. 15848 au f. 266, une réglure à la mine
de plomb a précédé l’apposition de ces différents éléments).
204. Ainsi, le BNF lat. 15702 comporte effectivement 22 cahiers, comme l’indique son ex-
libris : les feuillets I à 1 étaient collés au contreplat supérieur (traces de colle), les feuillets 2-3
sont des feuillets de garde ; 18(4-11) ; 28(12-19) ; 38(20-27) ; 48(28-35) ; 58(36-43) ; 68(44-51) ;
78(52-59) ; 88(60-67) ; 98(68-75) ; 108(76-83) ; 118(84-91) ; 128(92-99) ; 138(100-107) ; 148(108-
115) ; 158(116-123) ; 168(124-131) ; 1712(132-143) ; 188(144-151) ; 198(152-159) ; 208(160-167) ;
218(168-175) ; 2211 (6+5)(176-186) ; les f. 187 et II sont des feuillets de garde, le f. II était collé au
contreplat inférieur (traces de colle). On peut imaginer que ce volume est parvenu au collège
sous forme de cahiers grossièrement assemblés dont certains feuillets comportaient en marge
les cours en théologie d’un étudiant dans les années 1240-1245. Ce dernier a d’ailleurs presque
intégralement écrit les f. 3 et 142-143. Il était plus commode pour ce dernier d’emporter pour
ses reportationes l’un ou l’autre des cahiers du volume que le manuscrit entier. De même, plu-
sieurs volumes issus du legs de Pierre de Limoges comportent des cahiers de formats variés
(voir par exemple BNF lat. 15362), certains portent dans leurs marges le nom P. de Lemovicis
(voir annexe 2), à tel point que l’on peut se demander si les œuvres possédées par Pierre de
Limoges n’ont pas été versées au collège non reliées. Sur les manuscrits constitués de cahiers
aux formats variés, voir supra point 1 et n. 10 et 11.
205. BNF lat. 15469, f. 2v : Ista biblia est pauperum magistrorum de Sorbona ex legato domini Stephani
de Abbatisvilla, canonici Ambianensis et fuit asportata ad domum anno Domini Mo CCo LXXXo VIIIo circa fes-
tum beati Martini hyemalis, cum aliis libris nomine ipsius intitulatis, precium XXVI libr. Incipit in secundo
Malgré ces petites variations, il n’en reste pas moins vrai que les ex-libris
les plus fréquents dans les volumes comportent une formule récurrente, que
l’on retrouve dans la plupart des livres ayant appartenu au collège médiéval de
Sorbonne. Certains des volumes ayant appartenu à Robert de Sorbon († 1274)
et Gérard d’Abbeville († 1272), principaux bienfaiteurs de la bibliothèque
primitive du collège, comportent des ex-libris élaborés dans le dernier quart
du xiiie siècle : L. Braunschweig signale celui du BNF lat. 15315, volume
ayant appartenu à Gérard d’Abbeville206, qui serait écrit par la main aussi
responsable de la rédaction du fragment du catalogue de 1275 qui nous est
parvenu207 ; si les deux écritures sont proches, il semble que plusieurs autres
volumes de Gérard d’Abbeville comportent des ex-libris qui peuvent être datés
vers 1275 : par exemple, celui du BNF lat. 15302208, du BNF lat. 15734209. Les
mains responsables des ex-libris de ces deux volumes présentent quelques
traits communs avec celles du catalographe de 1275 et de l’ex-libris du
lat. 15315, sans que l’on puisse affirmer qu’elles sont identiques. Ces deux
volumes sont en outre l’objet d’une description dans le fragment du catalogue
de 1275, ce qui renforce la proposition de datation210. Quelques ex-libris, figu-
rant dans les volumes ayant appartenu à Robert de Sorbon, semblent pouvoir
être, eux aussi, datés vers 1275 : celui du BNF lat. 15959, qui présente des
folio sic stulticia predicationis et in penultimo Thibaath forum ; BNF lat. 15429, f. 205v : Iste histo-
rie sunt pauperum magistrorum magistrorum [sic] de Sorbonio studentium in theologia ex legato magistri
Guillelmi quondam succontoris Parisius et provisoris secundi domus de Sorbonio, precium C solidos quas
recepimus anno Domini MCCLXXXVI die sabbati, precii C solidos, post ephiphaniam domini epiphaniam
domini ; voir BNF lat. 15325, f. 1 : Iste liber Sententiarum est pauperum magistrorum domus de Sorbonis
in theologia studencium ex legato magistri Radulphi de Castro Radulphi precii X librarum anno Domini Mo
CCo LXXXo VIo in adventu Domini. Signalons que ces trois volumes constituent en quelque sorte la
« Trinité » des études théologiques : Bible (lat. 15469), Histoire scolastique (lat. 15429), Livre des
Sentences (lat. 15325).
206. Ce volume contient plusieurs œuvres d’Hugues de Saint-Victor (cote du catalogue de
1338 : XXXV/7 ; L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., III, p. 36 ; BNF n. a. l. 99, p. 121a
[signalé comme cathenatus]).
207. Voir L. Braunschweig, « La prisée des manuscrits… », art. cité, p. 328. BNF lat. 15315,
f. 217v : Iste liber est collegii pauperum magistrorum studentium Parisius in theologia. Ex legato magistri
Gerodi de Abbatisvilla. Precium libri hujus XVI lib. Voir annexe 4, photographie 17.
208. BNF lat. 15302 (f. 1) : Iste liber est pauperum magistrorum de Sorbona ex legato magistri Gerodi de
Abbisvilla [sic]. Precii XXX lib. Voir annexe 4, photographie 18.
209. BNF lat. 15734 (f. 282v) : Iste liber est collegii pauperum magistrorum Parisius in theologica facul-
tate s[tu]dencium ; ex legato magistri Geroudi de Abbatisvilla. Precium VI lib.
210. Le BNF lat. 15302 correspond à l’entrée 4 dans l’édition du catalogue de 1275 donnée par
R. H. Rouse, « The Early Library… », art. cité, p. 400 ; le BNF lat. 15734 correspond à l’entrée
18, ibid., p. 407-408.
traits communs avec le BNF lat. 15315211, celui du BNF lat. 15756 qui présente
des traits proches de ceux du lat. 15302212, enfin le BNF lat. 2996, proche de
l’ex-libris du lat. 15734213. Cette liste n’est évidemment pas exhaustive214 : elle
permet toutefois de souligner combien semble précoce la formule mise au
point pour signaler les volumes constituant la collection du collège (« Iste liber
est collegii pauperum magistrorum Parisius in theologia (ou in theologica facultate) stu-
dentium ex legato… [suivi du nom du donateur, de ses titres universitaires et/ou
ecclésiastiques, la mention de ses liens éventuels avec le collège ; puis vient
la prisée du volume (voir points 3.1 et 3.2)] »). La formule ex legato… permet
d’introduire le nom du donateur et les circontances dans lesquelles le volume
est parvenu au collège215.
L’expression par laquelle débutent la plupart des ex-libris désigne d’abord
le légataire216. Si l’expression pauperum magistrorum in theologia studencium ou
in theologica facultate studentium est antérieure aux ex-libris les plus anciens,
puisqu’elle apparaît dès les années 1260 dans les sources diplomatiques du
collège217, il n’en reste pas moins que tous les termes employés dans ces ex-
211. Voir BNF lat. 15959 (f. 592v) : Iste liber est collegii pauperum magistrorum Parisius in theologia
studentium ; ex legato magistri R. de Sorbon ; precium centum sol.
212. Voir BNF lat. 15756 (f. 230v) : Iste liber est collegii pauperum magistrorum Parisius ; in theologia
studencium ; ex legato magistri R. de Serbonio. Precium IIII lib.
213. Voir BNF lat. 2996 (f. 104v) : Iste liber est collegii pauperum magistrorum Par[isius in] theologica
facultate studencium [ex] leg[ato] magistri R. de Sorbonio ; precium II s.
214. Les rédacteurs des notices des volumes BNF lat. 16334 (f. 1 et f. 2) et BNF lat. 15993
(f. 220v) dans C. Samaran et R. Marichal, dir., Catalogue des manuscrits portant des indica-
tions…, op. cit., respectivement p. 521 et p. 695, signalent, sur des critères strictement paléo-
graphiques, les ex-libris du collège de Sorbonne figurant dans ces volumes, qui datent du
xiiie siècle. Plusieurs autres volumes de Robert de Sorbon et Gérard d’Abbeville sont dotés
d’ex-libris copiés vers 1275 ; l’étude des origines de la bibliothèque de la Sorbonne a fait l’objet
d’une exploration dans le cadre du projet ANR Biblifram : je donnerai les résultats de cette
étude dans une monographie, en cours de rédaction.
215. Quelques mentions permettent ainsi de nuancer la manière dont un ouvrage est devenu
propriété du collège : par un don et non un legs (voir BNF lat. 15870, f. 129 : Istum librum concessit
[corr. al. man. legavit] nobis magister Jacobus dictus Caper de Gandavo, ex-libris suivi de l’estimation
rédigée de la main du responsable de la correction Precii IIII libr., pour remplacer un ouvrage
perdu (voir BNF lat. 16374 signalé n. 144), parce que le donateur joue le rôle d’exécuteur tes-
tamentaire (BNF lat. 16147, f. 2v : Iste liber est collegii pauperum magistrorum Parisius in theologica
facultate studentium ex donatione inter vivos magistri G. de Abbatisvilla).
216. Il arrive parfois que, au lieu de l’expression habituelle : Iste liber est…, le rédacteur de l’ex-
libris indique la forme ou le genre littéraire auquel l’œuvre appartient, parfois le nom de l’au-
teur de l’œuvre principale. Voir les exemples donnés supra n. 205.
217. Voir P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne…, op. cit., t. 2 : [Avril 1260], […] in utilitatem
pauperum magistrorum studencium Parisius in theologia […] (p. 217, C 189) ; [Décembre 1263] : […]
[ad opus congregationis] pauperum magistrorum Parisius in theologia studentium […] (p. 260, C 231) ;
libris ont un sens et ont été pesés par les responsables de la bibliothèque, tout
particulièrement lorsqu’il s’agit de désigner le (ou les) légataire(s) du volume :
l’emploi du terme collegium, comme le souligne T. Kouamé218, insiste sur le
corps collectif que représentent les sociétaires de Sorbonne (au détriment
du mot domus désignant plutôt la maison abritant ces mêmes sociétaires)219.
Le sens du terme collegium est précisé – et peut-être même compliqué220 – par
le mot magistrorum qui le complète : seuls les étudiants séculiers inscrits à la
faculté de théologie et ayant donc accompli leur cursus en arts, autrement
dit ayant obtenu la maîtrise ès arts, peuvent être membres du collège de
Sorbonne221. Je me demande si l’ex-libris du collège ne joue d’ailleurs pas sur
la polysémie de l’expression collegium magistrorum pour signifier et l’ensemble
[Juillet 1264] : […] [provisor […] congregationis] pauperum magistrorum studentium Parisius in theologica
facultate […] (p. 267, C 237)
218. Voir en dernier lieu, l’article de T. Kouamé dans le présent volume.
219. Voir M. Teeuwen, The Vocabulary of Intellectual Life in the Middle Ages, Turnhout, 2003,
p. 57-60, précisément p. 58 et n. 116. Voir aussi O. Weijers, Terminologie des universités au
xiiie siècle, Rome, 1987, p. 80-84. Signalons le cas du manuscrit BNF lat. 15982, qui comporte
au f. 185v, non la mention du collegium mais l’adresse de la domus, « dans la rue aux deux portes
avant le palais des Termes » : Iste liber est pauperum magistrorum in theologica facultate studencium
Parisius in vico ad duas portas ante palatium de Termis. Precium LXX sol. Excerpta quorumdam origina-
lium Augustini, Bernardi, Cassiodori, Johannis, Crisostomi, Hylarii et quedam alia. Precium LXX sol. On
ignore qui a donné (ou légué) ce volume au collège : R. H. Rouse et M. A. Rouse ont toutefois
repéré dans les marges du volume des annotations de Thomas d’Irlande (sociétaire du col-
lège avant 1306, † après 1329) ce qui permet de dire que l’ouvrage a pu être la propriété de
Thomas d’Irlande ou bien qu’il figurait déjà dans les collections du collège lorsqu’il en était
sociétaire. J’aurais tendance à penser, en raison de l’ex-libris atypique que porte ce volume, que
ce dernier est parvenu tôt dans les collections du collège. Voir M. A. Rouse et R. H. Rouse,
Preachers, Florilegia and Sermon…, op. cit., p. 97-98. On trouve parfois des ex-libris employant
le terme domus : voir par exemple BNF lat. 15874, f. 140v (Iste liber est fratris Durandi de Sancto
Porciano episcopi Meldensis, legatus collegio de Sorbona. Iste liber est pauperum magistrorum domus de
Sorbona Parisius studencium in theologia ex legato reverendi patris domini Durandi de Sancto Porciano bone
memorie quondam episcopi Meldensis, doctoris in theologia ab eodem reverendo patre compilatus ordinis
fratrum predicatorum. Precii sexaginta sol. Incathenabitur).
220. O. Weijers souligne en effet que ce terme peut certes évoquer une maison destinée à
accueillir les « pauvres étudiants », mais désigne aussi l’association des enseignants d’une
faculté. On emploie alors l’expression collegium magistrorum. Voir Id., Terminologie des universi-
tés…, op. cit., p. 70-75. L’emploi en ce sens de l’expression collegium magistrorum apparaît à Paris
dans les années 1250. Voir aussi M. Teeuwen, The Vocabulary of Intellectual Life…, op. cit., p. 58.
221. Signalons que l’obligation d’être maître ès arts ne figure pas dans les statuts de Robert de
Sorbon. Le document qui désigne les sorbonistes comme étant une communauté de maîtres
artiens date de 1317. Voir P. Glorieux, Aux origines…, op. cit., t. 1, p. 210-211. En revanche, les
dispositions testamentaires de Robert de Sorbon désignent bien le collège comme l’« associa-
tion (congregatio) de pauvres maîtres étudiant à Paris dans la faculté de théologie ». Voir ibid.,
t. 2, p. 325.
222. Ainsi, dans le catalogue de 1338 on lit, section XXII/14 : 14. Sentencie ad usus Flamingorum
ex legato episcopi Tornacensis incipit in secundo folio est in penultimo omnis. Precium sexaginta sol. (voir
L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., III, p. 24 ; BNF n. a. l. 99, p. 63). Cet « usage
réservé » figure non pas dans l’ex-libris du volume subistant mais dans une note indiquant les
circonstances d’achat du volume : voir BNF lat. 15721, f. 240v : Hec sententie empte sunt per manus
magistri Arnulphi de Hasnede ad usus magistrorum [Flamingorum ex parte episcopis Tornacensis in domo]
de Sorbone. On note que ce qui est entre crochets a été gratté, la restriction d’usage du volume au
sein du collège n’a probablement pas eu cours. On trouve la même indication dans le manuscrit
BNF lat. 16263 (f. 563v).
223. Voir annexe 4, photographie 19 (BNF lat. 16116, f. 1).
224. BNF lat. 16116 (f. 1) ; BNF lat. 16156 (f. 260) ; BNF lat. 16176 (f. 229) ; BNF lat. 16589
(f. 205v).
225. Voir C. Angotti, « Mort et vie… », art. cité, p. 180-183.
226. Voir BNF lat. 16116, f. 1 : Iste liber est pauperum scolarium… [le terme magistrorum a été gratté
ainsi que le terme benefic[iatorum ?] qui le surmontait] ; BNF lat. 16156, f. 260, ex-libris inachevé :
Iste liber est beneficiorum [sic, pro beneficiarorum ?] pauperum scolarium de par[va Sorbona ?] ; BNF
lat. 16176, f. 229 : Iste liber est scolarium [sur grattage ; on lit aux ultraviolets le terme benefici[ar ?]
orum au-dessus du mot scolarium] de Sorbona ex legato magistri… ; BNF lat. 16599, f. 205v : le terme
magistrorum semble avoir été gratté pour être surmonté du mot benefici[ar ?]orum, lui aussi gratté
et remplacé par le terme scolarium.
227. Voir M. Teeuwen, The Vocabulary of Intellectual Life…, op. cit., p. 43. Les beneficiarii et leur
statut apparaissent dans une disposition datant de 1329. Voir P. Glorieux, Aux origines…,
op. cit., t. 1, p. 219.
228. Voir O. Weijers, Terminologie des universités…, op. cit., p. 266-268, et Id., « Le vocabulaire
du collège de Sorbonne », p. 12. Il existe en effet une domus beneficiatorum au sein du collège
attestée dès 1271 : voir P. Glorieux, Aux origines…, op. cit., t. 2, p. 337. Plus important encore,
il existe, à l’occasion de la célèbre délibération de 1321 portant sur la réorganisation des collec-
tions du collège, la rédaction d’un nouveau catalogue (voir supra n. 107-109 et n. 145), une dis-
position prévoyant de donner aux beneficiarii du collège des « livres de peu de valeur qui traînent
dans la bibliothèque, non reliés, qui prennent de la place, comme des reportationes et de vieux
sermons dont ils pourraient avoir l’usage […] », d’autres seront vendus et l’argent ainsi amassé
pourra être employé à l’achat des livres qui manquent au collège. Voir P. Glorieux, Aux ori-
gines…, op. cit., t. 1, p. 215 : Item quia multi ibi jacent libri parvi valoris, non ligati, occupantes locum,
sicut reportationes et antiqui sermones, fuit ordinatum quod darentur beneficiariis nostris qui possent esse ad
usum eorum, et alii juxta ordinationem sociorum ad hoc deputatorum venderentur sociis de domo vel aliis si
quid offerretur pro eis ; et de illa pecunia emerentur alii libri deficientes nobis.
229. Voir par exemple BNF lat. 16399, f. 118v : Iste liber est domus magistrorum et scolarium de
Sorbona […] anno 1374 (achat du collège).
230. Ce maître est l’objet d’une notice biographique dans Le registre de prêt…, op. cit., p. 626.
tout sociétaire soit gradué de l’université de Paris et soit (ou ait été) enseignant
dans la faculté des arts231. Or Jean Hueven souhaitait que soient sociétaires des
étudiants qui n’étaient pas étudiants de l’université de Paris. Les responsables
du collège semblent s’appuyer sur une disposition ancienne peut-être mise en
place par Robert lui-même232. La précision « de Paris, à Paris », qui figure dans
les ex-libris mais aussi dans les formules employées dès les premières années
de la Sorbonne pour désigner le collège et ses membres, témoignerait donc de
l’existence de ce véritable critère de sélection. Contrairement à d’autres col-
lèges, ce n’est donc pas l’origine géographique des maîtres qui conditionne
leur entrée dans la maison de Sorbonne233, mais bien les seuls critères de com-
pétences (garanties par un cursus ès arts parisien).
Quant au critère de « pauvreté » des sociétaires, invoqué dès les premières
années de fondation du collège 234, il est tout relatif 235. Il est indéniable
qu’étudier à l’Université nécessitait des moyens financiers et que les condi-
tions de travail des étudiants et des maîtres les plus modestes étaient parfois
231. R. Marichal, Le Livre des prieurs…, op. cit., p. 137-138. Voir aussi ibid., n. 523, n. 749,
n. 754, n. 948, ainsi que A. L. Gabriel, « The Foundation of Johannes Hueven of Arnhem
for the College of Sorbonne (1452) », Garlandia. Studies in the History of the Mediaeval University,
Notre-Dame-Francfort/Main, 1969, p. 135-145, et Z. Kaluza, compte rendu de R. Marichal,
éd., Le Livre des prieurs de Sorbonne (1431-1485), Revue des sciences philosophiques et théologiques, 79
(1995), p. 115-117.
232. Un des indices d’une telle sélection figure dans une bulle de Clément IV (23 mars 1268)
adressée à Robert de Sorbon, réglant l’élection du proviseur et précisant ses charges. Voir
CUP I, no 421 : […] Ideoque provisor in congregatione vestra pauperes magistros et ydoneos qui rexerint in
artibus de quacumque natione possit admittere ac exinde minus ydoneos amovere […].
233. Dès 1258, le testament de Robert de Douai témoigne que la sélection en fonction des ori-
gines géographiques n’a pas cours au collège. Voir P. Glorieux, Aux origines…, op. cit., t. 2,
p. 182 : […] lego ad opus quorumdam novorum scolarium, quod intendo facere de consilio magistri Roberti
de Sorbona, in theologia studentium, qui boni et ydonei inventi fuerint vel inveniri poterunt, de quacunque
natione fuerint […].
234. Voir par exemple le bref d’Urbain IV recommandant, dès 1262, le collège (consortium) des
« pauvres maîtres demeurant à Paris » à la charité de tous les fidèles. Voir ibid., t. 1, p. 230.
235. Voir M. Mollat, « La notion de pauvreté au Moyen Âge : position de problèmes », RHEF,
1966-1967, p. 8-23
236. Voir L.-J. Bataillon, « Les conditions de travail des maîtres de l’université de Paris au
xiiie siècle », Revue des sciences philosophiques et théologiques, 67 (1983), p. 417-433, notamment
p. 419-424 ; voir aussi J. Paquet, « Recherches sur l’universitaire “pauvre” au Moyen Âge »,
Revue belge de philologie et d’histoire, 56, 1978, p. 301-353 ; Id., « L’universitaire “pauvre” au Moyen
Âge : problèmes, documentation, questions de méthode », The Universities in the Late Middle Ages,
J. Ijsewijn et J. Paquet, dir., Louvain, 1978, p. 399-425 ; Id., « Coût des études, pauvreté et
labeur : fonctions et métiers d’étudiants au Moyen Âge », History of Universities, 2 (1982), p. 15-52.
237. N. Gorochov, « La notion de pauvreté dans les statuts de collèges fondés à Paris de
Louis IX à Philippe le Bel », dans Fondations et œuvres charitables au Moyen Âge, J. Dufour et
H. Platelle, dir., Paris, 1999, p. 119-128, précisément p. 120-121.
238. Un passage du testament de Robert de Sorbon semble aller dans ce sens : il demande au
collège d’accueillir « son clerc », Jean de Castellare, jusqu’à ce qu’il soit pourvu d’un bénéfice.
Il paraît même demander aux responsables du collège de faire une entorse aux principes de
l’établissement, puisque Jean sera sociétaire, qu’il suive des cours de logique ou de théologie.
Voir P. Glorieux, Aux origines…, op. cit., t. 2, p. 326.
239. G. Naudé, Advis pour dresser une bibliothèque, Paris, 1627, p. 108-109.
reliures plus modestes240. Les reliures des ouvrages scolaires (au sens large)
permettent de saisir l’attitude des responsables de bibliothèques à l’égard des
volumes dont ils avaient la garde241. L’examen systématique de l’ensemble des
reliures anciennes des manuscrits du collège de la Sorbonne apporterait des
informations précieuses ; je me limiterai ici à souligner d’abord que la pro-
portion de volumes dotés de reliures anciennes est plus importante qu’on ne
le pense ; je présenterai ensuite les étiquettes anciennes qui figurent souvent
sur les plats ou contreplats de plusieurs volumes et qui peuvent être exploitées
pour mieux comprendre l’histoire de la bibliothèque.
240. La récente collection Reliures médiévales des bibliothèques de France publiée par l’IRHT témoigne
de l’intérêt que conservateurs et chercheurs portent désormais aux reliures.
241. Voir F. Damongeot-Bourdat, « Les reliures médiévales de l’abbaye de Cîteaux :
quelques points de méthode pour l’histoire d’une bibliothèque », La reliure médiévale. Pour une
description normalisée, G. Lanoë et G. Grand, éd., Turnhout, 2008, p. 267-275. Le travail de
F. Cuisance, sous la direction de Jean Vezin, restauratrice à la BNF, portant sur les reliures de
Saint-Victor apportera certainement de passionnantes informations. Un autre exemple pour-
rait être les reliures de la bibliothèque capitulaire de Reims : l’intérêt des chanoines pour leurs
livres, installés dans de nouveaux locaux en 1412, est manifesté par l’accroissement du nombre
de reliures du début du xve siècle ; l’ampleur du nombre de reliures effectuées entre 1450-1520
est mise en rapport avec la rédaction d’un inventaire des livres (1456), de deux récolements (en
1470 puis 1477) conduits par les membres du chapitre. Voir J. L. Alexandre, G. Grand et
G. Lanoë, Bibliothèque municipale de Reims (Reliures médiévales des bibliothèques de France,
vol. 4), Turnhout, 2009, p. 26-27.
242. Pour un exemple de reliure verte typique du collège, voir BNF lat. 15429, Histoire scolastique
de Pierre le Mangeur, numérisé sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark :/12148/btv1b52502303h.
r=latin+15429.langFR (consulté le 15/12/2014).
antérieurs, étaient parmi les livres les plus empruntés dans la bibliothèque
(un Livre des Sentences figure en effet presque systématiquement en compagnie
d’une Bible parmi les premiers emprunts de tout nouveau sociétaire). L’état
de la reliure de ces volumes a probablement conduit les responsables de la
bibliothèque à changer les reliures au cours de l’époque moderne : 21 d’entre
elles sont en parchemin vert, 11 présentent des couvrures de couleur variée.
En revanche, parmi les 117 volumes de commentaires des Sentences du collège
qui sont conservés à la BNF, 30 sont dotés d’une reliure ancienne (antérieure
à 1500) ce qui représente un peu plus de 25 % du corpus. Ce meilleur état
de conservation des reliures anciennes pourrait être lié au fait que, même
si certains commentaires des Sentences étaient extrêmement empruntés (le
commentaire des Sentences de Thomas d’Aquin l’était tout particulièrement),
nombreux étaient aussi ceux qui étaient enchaînés. Même si les chaînes
endommageaient parfois les ais, même si quelques commentaires pouvaient
être l’objet de prêts exceptionnels, les volumes de la libraria communis étaient
vraisemblablement moins abîmés que les volumes de la parva libraria.
La caractéristique principale des reliures anciennes des manuscrits du col-
lège de Sorbonne que j’ai pu observer me paraît être la variété, contrairement
par exemple à ce qui se pratique à Saint-Victor dont les volumes possèdent
des couvrures médiévales ayant une grande ressemblance. Ceci est proba-
blement dû à la fois à l’histoire de la constitution de la collection, tributaire,
dans sa majeure partie, des legs des bibliothèques personnelles des maîtres
bienfaiteurs du collège, et à la conception de la charge de bibliothécaire au
sein du collège qui, contrairement à un établissement régulier comme Saint-
Victor, était occupée de manière assez brève par les sociétaires. Ainsi, parmi
les exemplaires du Livre des Sentences, peu de reliures manifestent un véritable
souci esthétique, hormis une reliure à plaque en basane brune, estampée à
froid, datant de 1500 (BNF lat. 16386)243 ; dans l’ensemble, les reliures sont
plus simples : reliure en peau beige comprenant des traces de boulons sur le
plat inférieur et de fermoirs sur le plat supérieur (BNF lat. 15716), ou reliure
en parchemin sur ais de bois pour laquelle on devine la trace d’une double
couvrure (BNF lat. 15701). Ce dernier volume porte des traces de fermoirs en
haut, en bas et sur le côté ainsi que des traces de boulons aux angles et au
milieu, sur le plat supérieur comme sur le plat inférieur. Enfin deux volumes
laissent apparaître les ais nus (le BNF lat. 15322 est par exemple doté d’une
demi-reliure sur ais de bois portant un titre à l’encre au dos et porte les traces
243. Voir D. Gid et M.-P. Laffitte, Les reliures à plaques françaises, Turnhout, 1997, cité p. 95
(notice no 65). La reliure du BNF lat. 16386 témoigne de l’activité du relieur parisien Toussaint
Denis.
244. Sur le statut de 1321, voir supra n. 107-109, n. 145 et n. 228 ; sur le statut de 1438, voir
n. 47-48 et n. 70.
245. L. Delisle rapporte quelques décisions de changement de reliures pour quelques manus-
crits : elles semblent le plus souvent le fait de sociétaires. La reliure du BNF lat. 16386 est due
à Jean Gaiszer, sociétaire du collège mais aussi bibliothécaire à la date à laquelle il commande
la reliure. Voir ibid., p. 95.
5.2. Les étiquettes apposées sur les plats : situation, forme et problèmes de datation
De nombreuses étiquettes sont collées sur les plats246. Dans la majorité des
cas, elles sont situées en tête du plat inférieur247. Quelques étiquettes men-
tionnent l’auteur et le titre de l’ouvrage, suivant la même formule que celle
figurant parfois dans les feuillets de garde (voir infra, point 7). Les étiquettes
les plus anciennes semblent ne comporter que le nom et le titre de l’ouvrage248.
Plusieurs étiquettes comportent des chiffres seuls, qui sont probablement des
cotes249, ou associés à la mention abrégée du titre et de l’auteur250, d’autres
enfin combinent une lettre et un chiffre251. Aucune de ces étiquettes ne cor-
respond aux cotes alphabétiques que l’on pourrait attribuer aux volumes de la
libraria communis (combinant la mention du banc puis une lettre indiquant la
place du volume sur ce même banc), ou aux cotes numériques des volumes de
246. Irrémédiablement perdues lorsque les volumes ont bénéficié d’une nouvelle reliure, elles
ont parfois seulement laissé des traces sur les reliures anciennes, hautes d’environ 4,8 cm et
longues d’environ 6 cm. On les devine sur plusieurs reliures (voir par exemple BNF lat. 16482
ou lat. 16018 qui comportent trois traces d’étiquettes de différents formats), plusieurs d’entre
elles sont toujours en place mais illisibles (voir par exemple BNF lat. 15861, commentaire des
Sentences de Gilles de Rome comportant sur le plat inférieur des chiffres écrits à l’encre mais non
lisibles). Signalons les cas du BNF lat. 15419, f. 7, qui comporte une étiquette, insérée entre les
deux premiers feuillets du texte (elle porte la mention Institutiones et libri codicis 15), et du BNF
lat. 15417, qui comporte une étiquette en parchemin collée sur le f. 5 : Inventarium speculi Bernardi
de Montaniana 12. Ces deux volumes ont appartenu à la collection du cardinal de Richelieu et
leurs étiquettes datent du xviie siècle. Voir C. Samaran et R. Marichal, dir., Catalogue des
manuscrits en écriture latine…, op. cit., t. 3, p. 425 (datation de l’étiquette du BNF lat. 15417).
247. Signalons le BNF lat. 15570, contenant une postille sur les Psaumes. Il porte sur le plat
inférieur une étiquette ainsi rédigée : 31./ Postille in Psalterium. Le plat supérieur comporte aussi
une trace d’étiquette qui n’est plus lisible. Voir d’autres exemples, cités infra n. 254.
248. Le format des étiquettes les plus anciennes (xve siècle ?) est différent des autres : le plus
souvent en tête du plat inférieur, elles sont longues (environ 114 mm) et étroites (environ
23 mm). Voir par exemple BNF lat. 15833 (plat inférieur). Sur la première étiquette, une autre a
été collée qui comporte un chiffre 39 sous lequel est repris le contenu : Petrus de [apposition de
l’étiquette plus récente : de Tarentasia in 4um] Sententiarum. Le manuscrit comportait une troisième
étiquette dont on voit encore la trace, au milieu du plat inférieur. On voit encore sur le plat infé-
rieur du BNF lat. 15277 la trace d’une étiquette plus longue (voir annexe 4, photographie 20).
249. Par exemple BNF lat. 15778, commentaire de Thomas d’Aquin sur le L. IV des Sentences :
étiquette collée sur le plat inférieur 594.
250. Par exemple BNF lat. 15833, commentaire de Pierre de Tarentaise sur le L. IV des Sentences.
Voir n. 248 supra.
251. Voir par exemple BNF lat. 15921, Summa de casibus de Raymond de Peñafort avec l’appa-
rat de Guillaume de Rennes, étiquette collée sur le plat inférieur de la reliure G. 70, ou BNF
lat. 15874, commentaire de Durand de Saint-Pourçain sur le L. I des Sentences, une étiquette
collée au centre du plat inférieur mentionne V. 13.
la parva libraria252. Plusieurs volumes comportent des plats ne portant pas une
seule étiquette mais deux, voire trois253, sans compter les mentions inscrites à
l’encre directement sur le plat, qu’il s’agisse du nom de l’auteur et du titre de
l’ouvrage, ou seulement de chiffres254.
Les étiquettes semblent tantôt reprendre ce qui était indiqué à l’encre sur la
couvrure du plat, tantôt proposer une autre cotation. Dans le cas des manus-
crits comportant plusieurs étiquettes, il reste difficile de savoir s’il s’est agi
de coller une deuxième ou une troisième étiquette pour faciliter la lecture
des précédentes indications qui tendaient à s’effacer, ou de corriger une cote
devenue obsolète à la suite d’une nouvelle organisation de la collection. Faute
d’un relevé systématique des étiquettes qui permettrait d’en fixer la date et
d’établir une chronologie relative de ces dernières, on peut signaler que celles
combinant un chiffre et un titre abrégé paraissent dater du xve siècle255, cer-
taines probablement de la fin de ce même siècle256 ; les autres, plus brèves,
252. Ainsi le BNF lat. 15921 (voir supra n. 251), issu du legs de Robert de Sorbon, figurait dans
le catalogue de 1338 sous la cote : LVIII/4, comme le confirme la cote, figurant au f. 432v (quar-
tus). Ce manuscrit est signalé comme enchaîné (4. Defficit quia cathenatus ; voir L. Delisle, Le
Cabinet des manuscrits…, op. cit., III, p. 70). Il pourrait correspondre au volume f signalé comme
enchaîné dans le répertoire méthodique de la libraria communis en 1321-1338, voir ibid., p. 112 :
L. f. Summa Raymundi de casibus. Quoniam, ut ait Jeronimus, secunda post naufragium tabula. [Une
autre main a précisé ensuite] Et in hujusprincipio invenies quandam determinacionem de modo trandendi
pecuniam mutuo, quando est usura et quando non. L’étiquette G. 70 ne correspond à l’évidence ni à la
cote du catalogue de 1338 ni à celle de la libraria communis.
253. Par exemple BNF lat. 15867, commentaire de Pierre Auriol sur le L. II des Sentences : une
étiquette sur le plat inférieur donnant le chiffre 13 accompagné du titre et de l’auteur de l’œuvre,
chiffre écrit aussi à l’encre sur la couvrure, ainsi que le chiffre 33 ; ces chiffres figurant sur la
couvrure ont probablement remplacé deux étiquettes dont on devine encore la marque sur le
plat inférieur.
254. Par exemple BNF lat. 15277, Postille de Nicolas de Gorran sur les Épîtres pauliniennes
dotée d’une étiquette (erronée quant au nom de l’auteur) collée sur le plat inférieur, 35./ De
Tarentasia ad Romanos/ad Corinthios. Cette étiquette semble reprendre des indications à l’encre
figurant directement sur la peau beige de ce même plat : on devine encore le 3[5]. Voir photo-
graphie 20 en annexe 4. Le BNF lat. 15804 mentionné infra n. 256 porte aussi une inscription à
l’encre tracée directement sur la couvrure.
255. Voir BNF lat. 16210, étiquette collée sur le plat inférieur : 30 tabulis astronomicis (voir
aussi C. Samaran et R. Marichal, dir., Catalogue des manuscrits en écriture latine…, op. cit., t. 3,
p. 515 : l’auteur de la notice qualifie l’étiquette de « morceau de papier collé à l’extérieur du plat
inférieur »). On devine la trace d’une seconde étiquette.
256. Le manuscrit BNF lat. 15804 a été copié en 1476, Tertia pars de la Somme théologique de
Thomas d’Aquin, il comporte une étiquette collée sur le plat inférieur malheureusement dif-
ficile à lire : il est probablement parvenu au collège entre cette date et 1481, date de la mort de
Luc des Moulins, sociétaire du collège, qui a rempli à plusieurs reprises la charge de biblio-
thécaire (1456, 1462, 1463, 1464 et 1466) et est un des bienfaiteurs de la bibliothèque (legs
de 40 écus d’or en faveur de la réparation de la libraria et dons de différents livres). Voir, sur
Luc des Moulins, Le registre de prêts…, op. cit. (notice biographique et renvois bibliographiques
complets), p. 647-648. L. Delisle dresse la liste des manuscrits qui lui ont appartenu et qu’il a
vraisemblablement donnés au collège (voir Cabinet des manuscrits, op. cit., II, p. 162.) L’apposition
de l’étiquette sur le BNF lat. 15804 ne peut donc avoir eu lieu avant 1476-1481. On serait tenté
de lier ces étiquettes à la construction de la nouvelle bibliothèque du collège, en 1481. Le BNF
latin 15926, aussi donné au collège par Luc des Moulins, a fait l’objet d’une restauration : les
plats médiévaux ne nous sont pas parvenus et l’on peut difficilement étayer cette hypothèse.
257. C’est le cas des étiquettes n’indiquant qu’un chiffre ou combinant une lettre et un chiffre.
258. Il s’agit de la section XXIII : Scripta et questiones supra Sentencias. Voir infra, annexe 1.
259. Le BNF lat. 15778, commentaire de Thomas d’Aquin sur le L. IV des Sentences : 594 ; BNF
lat. 15875, commentaire de Durand de Saint-Pourçain sur le L. II des Sentences : 3 puis 25 écrits
directement sur le plat ; BNF lat. 15867, commentaire de Pierre Auriol sur le L. II des Sentences :
13 puis 33.
260. Voir BNF lat. 15833, commentaire de Pierre de Tarentaise sur le L. IV des Sentences, cité
supra n. 250.
261. Voir BNF lat. 15874, commentaire de Durand de Saint-Pourçain sur le L. I des Sentences,
cité supra n. 251.
262. Voir G. Fournier, « Listes, énumérations, inventaires… », art. cité, p. 196-197 : une
tabula librorum est attestée lors d’un prêt de 1515 sans que l’on sache si cette tabula concernait
les livres du collège (prêt anonyme du 17 octobre 1515 ; voir Le registre de prêt…, op. cit., p. 538) ;
Pierre Richard, à une date non indiquée sur le registre (avant 1522, d’après G. Fournier,
« Listes, énumérations, inventaires… », art. cité, p. 196), a lui aussi emprunté une tabula libro-
rum en papier dont l’incipit-repère (à la 2e ligne du 2e feuillet) était Johannes Damascenus ; voir
Le registre de prêt…, op. cit., p. 523. Cette tabula est encore différente du catalogue du milieu du
xvie siècle récemment retrouvé par G. Fournier, voir Id., « Livre après livre… », art. cité, passim.
263. Voir Le registre de prêt…, op. cit., p. 524 : Jean de Quintina a emprunté deux catalogues.
Le premier, qui est registrum librorum bibliothece cujus secundum folium scriptum incipit libri Dyonisii
[n. a. l. 99, p. 239a], et penultimum scriptum incipit libri juris [n. a. l. 99, p. 347] in superiori parte, est
en fait le répertoire méthodique de la libraria communis de 1321-1338, comme le prouve la coïn-
cidence des incipit-repères avec le contenu du BNF n. a. l. 99 ; le second n’a pas été identifié avec
les catalogues subsistants : Item alium librum papireum qui est aliud registrum, incipit Item quidem liber
et penultimum item summa de vitis sanctorum.
264. R. Marichal, éd., Le Livre des prieurs de Sorbonne (1431-1485)…, op. cit., p. 106-107 : […] et
ita omnes libri parve librarie sunt positi in inventario et distincti per materias et loca, exceptis quibusdam
libris cum cathenatis pendentibus existentibus in quadam archa qui solebant esse de libraria parve Serbone
Artistarum : positi eciam sunt omnes libri magne librarie in inventario et libri capelle, libri aule et libri
prioris. […]
265. G. Fournier, « Listes, énumérations, inventaires… », art. cité, p. 195, considère que l’in-
ventaire de la parva libraria comme celui de la magna libraria, évoqués en 1438, ont été menés à
leur terme. S’il n’est pas douteux qu’ils ont vraiment été rédigés, remarquons toutefois qu’une
des mesures envisagées (la vente des livres jugés superflus afin d’effectuer plusieurs répa-
rations dans le collège) ne semble pas avoir été acceptée par le proviseur. Voir C. Angotti,
Lectiones Sententiarum…, op. cit., vol. 1, p. 378.
266. Il semble y avoir plus d’étiquettes pour les manuscrits enchaînés, mais cela est probable-
ment dû au délabrement des reliures des volumes de la parva libraria, évoqué supra (point 5. 1).
267. BNF lat. 16593 contenant Liber Plutarchi de liberis educandis, cum prefatione Guarini Veron ; Petri
Pauli Vergerii de ingeniis, moribus et studiis liberalibus adolescentie ; Prefatio Leonardi Aretini in librum
Basilii. Signalons que ce même volume porte l’étiquette 49 collée sur le plat supérieur et men-
tionnant le titre d’au moins l’une des œuvres (on lit encore de liberis) ; voir la numérisation
du volume sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6001284c/f1.image.r=latin%20
16593.langFR (consulté le 15/12/2014).
268. La notice biobibliographique de ce maître figure dans Le registre de prêt…, op. cit., p. 671.
Le contenu du don fait à la bibliothèque de la Sorbonne est tout à fait intéressant et j’en ferais
ailleurs une analyse approfondie (article à paraître).
269. Ainsi, BNF lat. 15390, Somme de Thomas Bradwardine, De causa Dei contra Pelagianos, f. collé
au contreplat inférieur : Invent. LXIX ; BNF lat. 15374, commentaire des Sentences de François
Bacon, f. collé au contreplat inf. Invent. LXVIII ; BNF lat. 15365, commentaire des Sentences de
Durand de Saint-Pourçain, f. précédant le f. collé au contreplat inférieur : Invent. LXVI ; BNF
lat. 15882, commentaire de Jean de Mirecourt sur le L. I des Sentences, f. 186r (autrefois collé au
contreplat inférieur) : Invent. VIIIxx XVI ; BNF lat. 16593 (pour le contenu de ce volume, voir supra
n. 267), f. 1 (collé au contreplat supérieur) : Invent. XIII.
270. La mention figurant dans le BNF lat. 15390 est signalée par l’auteur de la notice dans
C. Samaran et R. Marichal, dir., Catalogue des manuscrits en écriture latine…, op. cit., p. 423,
mais aucune datation n’en est proposée.
271. Ce constat coïncide avec la mise au point de G. Fournier sur la bibliothèque du collège à
la fin du xve siècle et sur l’usage des manuscrits au cours du xvie siècle, comme en témoigne
le catalogue récemment retrouvé. Voir Id., « Livre après livre… », art. cité, passim. Voir aussi
A. Franklin, La Sorbonne, ses origines, sa bibliothèque…, op. cit., p. 77-135.
272. Voir R. Chartier, L’ordre des livres : lecteurs, auteurs, bibliothèques en Europe entre xive et
xviiie siècle, Aix-en-Provence, 1992.
273. C. Angotti, « Bonum commune divinius… », op. cit., p. 93-94.
274. Ces chiffres sont des chiffres moyens, pris sur quelques manuscrits.
275. Pour une présentation générale du mobilier des bibliothèques au Moyen Âge et son évo-
lution, voir J. Vezin, « Le mobilier des bibliothèques », dans Histoire des bibliothèques françaises,
t. 1 : Le Moyen Âge, A. Vernet, dir., Paris, 1989, p. 364-372.
276. Signalons par exemple l’un des volumes du commentaire des Sentences de Pierre de
Tarentaise comportant l’imitation maladroite, sur le dernier feuillet, d’une image figurant
l’auteur à sa table de travail rédigeant son œuvre, image qui illustre communément le début
d’une œuvre. Voir BNF lat. 15830, f. 115r. Voir annexe 4, photographie 23.
277. Il y a cependant de nombreuses exceptions : par exemple, la reliure de l’un des volumes
enchaînés dans la chapelle du collège, le BNF lat. 16099, porte une marque d’enchaînement
en queue du plat inférieur. Celle-ci a même abîmé l’ais. Voir aussi BNF lat. 16219, annexe 4,
photographie 21.
278. À titre d’exemple, considérons les volumes du chapitre cathédral de Reims comportant
des traces d’enchaînement : 50 % de ces traces sont situées en tête du plat, 12,5 % en queue de
plat et, de façon tout à fait originale, 37,5 % semblent avoir porté une chaîne placée en gout-
tière du plat supérieur. Voir J. L. Alexandre, G. Grand et G. Lanoë, Bibliothèque municipale
de Reims…, op. cit., p. 30.
279. La description que fournit Héméré de la méthode d’enchaînement des livres dans la nou-
velle bibliothèque du collège au xve siècle n’est pas tout à fait claire. Voir annexe 3.
280. Voir l’entrée, « Scamnum » dans M. Morard, « Terminologie ancienne du livre »,
dans Libraria, Terminologie, Paris, IRHT, 2013 (Ædilis, Sites de programmes scientifiques, 4)
[En ligne] http://www.libraria.fr/fr/terminologie/editer-un-inventaire-médiéval (consulté le
15/12/2014).
281. Voir par exemple L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., III, p. 80, p. 92 n. 1-3,
p. 106 n. 1 et 2 ; voir aussi BNF n.a. l. 99, p. 249, p. 265-266, p. 314. Pour J.-F. Genest, « Le
mobilier des bibliothèques d’après les inventaires médiévaux », dans Vocabulaire du livre et de
l’écriture au Moyen Âge, O. Weijers, éd., Turnhout, 1989, p. 136-154, précisément p. 152, scam-
num comme bancus renvoient plutôt à la fonction siège des meubles de bibliothèque.
282. Voir annexe 3.
283. Voir annexe 3.
rend plus solide l’hypothèse d’un enchaînement. Ces indices sont classés par
ordre décroissant d’importance :
(1) le premier indice sûr et solide est la mention de l’enchaînement du
volume dans les catalogues du xive siècle. Cet indice peut être renforcé par le
fait que le volume ne figure ni dans les fragments de registre(s) du xive siècle
ni dans le registre de prêt du xve siècle, et que ce dernier ne signale pas que
le volume a fait l’objet d’une procédure particulière de désenchaînement afin
d’être prêté ;
(2) un autre indice relativement sûr et solide de l’enchaînement consiste
dans la mention explicite dans les feuillets de garde (souvent avec l’ex-libris)
de l’appartenance à la libraria communis ou de l’enchaînement du volume dans
un fonds particulier (chapelle, aula, Parva Sorbona…). Répétons toutefois que
la mention incathenetur, incathenabitur peut parfois révéler un projet d’enchaî-
nement, auquel les responsables de la bibliothèque, pour des raisons qui
peuvent nous échapper, ont parfois renoncé284 ;
(3) l’examen des premiers feuillets (ou des feuillets de garde) du volume
doit révéler une marque (voire une déchirure) rectangulaire, comportant des
traces de rouille, correspondant à la fixation de la chaîne – sans qu’on les
confonde avec les traces de fermoirs et de boulons dont étaient équipés la
plupart des volumes du collège285 ;
(4) ces mêmes feuillets peuvent comporter des traces de rouille situées
en haut et/ou en bas du feuillet286, traces dues aux rivets fixant l’attache de la
chaîne ;
(5) l’examen des derniers feuillets du volume révèle la mention de l’auteur
et du titre (souvent abrégés) de l’ouvrage (voir infra, annexe 4, photogra-
phie 23), ce qui correspond à l’usage du collège consistant à présenter à la vue
du lecteur le plat inférieur des volumes enchaînés sur le pupitre : la présence
du titre et du contenu en « fin » de volume révèle que c’est par là qu’étaient
ouverts les ouvrages. Toutefois il existe des manuscrits dont l’enchaînement
a été fait sur l’ais inférieur (et non supérieur) : les traces de rouille peuvent
se trouver sur les derniers feuillets du volume, le titre et le contenu sur les
premiers feuillets.
Ces indices permettent certes parfois de savoir si le volume incriminé a
été l’objet d’enchaînement, mais ils peuvent difficilement préciser la date à
287. En 1542, A. Franklin signale que les sociétaires délibèrent pour procéder à l’achat de
nouvelles chaînes pour la bibliothèque. Voir A. Franklin, La Sorbonne, ses origines, sa biblio-
thèques…, op. cit., p. 126.
288. Ibid., p. 131.
289. Voir annexe 3 : « Ils [les pupitres] étaient chargés de volumes qui étaient tous enchaînés
[…] étant facilement placés sur l’un et l’autre plats pour une lecture commode, ils pouvaient
s’ouvrir et se fermer sans effort. » Il me semble possible de comprendre qu’Héméré souligne
qu’une place suffisante était faite aux volumes placés enchaînés sur les pupitres. La place de
la chaîne sur le codex peut donc varier, mais l’espace est tel sur le pupitre que l’on peut ouvrir
complètement le volume et le refermer sans peine (sans avoir à déplacer ou à décaler les autres
volumes enchaînés).
290. Voir par exemple BNF lat. 16681 (double marque sur le plat supérieur du volume) ;
BNF lat. 15924 (double marque sur le plat supérieur du volume) ; BNF lat. 16118, f. 1-2 (voir
annexe 4, photographie 22).
291. Le terme qu’emploie Héméré pour décrire les meubles de la bibliothèque du xve siècle
est pulpitum (voir annexe 3). Soulignons toutefois que ce terme pouvait renvoyer à des réalités
bien différentes, qui pouvaient aller du simple plan incliné perpendiculaire au mur au pupitre
– simple ou double – disposant de planches au niveau inférieur sur lesquelles étaient rangés,
à plat, les volumes. La hauteur de chaque pupitre indiquée par Héméré (« cinq pieds ») laisse
penser que les pupitres n’étaient pas parmi les plus complexes. Voir J. W. Clark, The Care of
Books, Cambridge, 1901, p. 147-159 et p. 164-165, qui souligne la ressemblance entre la des-
cription d’Héméré et la bibliothèque de l’église Sainte-Walburge de Zutphen aux Pays-Bas, y
compris dans les dimensions des fameux pupitres.
292. Voir par exemple B. H. Streeter, The Chained Library, Londres, 1931.
293. Voir A. Franklin, La Sorbonne, ses origines, sa bibliothèque…, op. cit., p. 196.
294. Sur Guédier de Saint-Aubin, voir infra, point 8. 1.
295. Voir A. Franklin, La Sorbonne, ses origines, sa bibliothèque…, op. cit., p. 217-218. Les manus-
crits portent en général deux à trois estampilles du collège, souvent en début et en fin de volume.
Voir par exemple annexe 4, photographie 23, comprenant deux estampilles différentes.
296. Ibid., p. 216-217.
297. Ibid., p. 218. Voir aussi H. Jadart et P. Pellot, « Robert de Sorbon et le village de
Sorbon », Travaux de l’Académie nationale de Reims, 80, 1885-1886, t. 2, 1888, p. ix-xiv et p. 1-82,
précisément p. 15 : « Une roue d’or à rais fleurdelisés se détachant dans un médaillon sur fond
7.2. Les cotes modernes figurant sur les feuillets des volumes
Tous les volumes manuscrits du collège comportent plusieurs cotes
modernes qui peuvent être datées des xviie et xviiie siècles. Elles sont une
indication précieuse pour retracer les modalités de conservation du volume
à l’époque moderne, permettant parfois de préciser les transformations dont
un codex a été l’objet302.
Les cotes les plus récentes sont celles commençant par l’indication Sorb.
suivie d’un numéro : elles correspondent aux cotes inscrites sur les volumes
versés à la Bibliothèque nationale, à partir de 1796. Elles ont eu cours jusqu’en
1868, date à laquelle ont été distingués le fonds français et le fonds latin.
Il existe une concordance entre ces cotes anciennes et les cotes actuelles
de la BNF303.
d’azur, au-dessous de la foudre qui déchire la nue, avec une devise tirée du psaume 76, verset
19 : Vox tonitrui tui in rota. »
298. P. Josserand et J. Bruno, « Les estampilles du département des imprimés de la
Bibliothèque nationale », dans Mélanges d’histoire du livre et des bibliothèques offerts à Monsieur Franz
Calot, Paris, 1960, p. 261-298 et pl. XXIII-XXIV, précisément p. 277 pour les estampilles datant
de 1792-1802 : il s’agit le plus souvent du type 17.
299. Ibid., p. 289, type 36. Voir par exemple BNF lat. 15702, f. 5, f. 139v, f. 143v, f. 144, f. 187v.
300. Ibid., p. 289, type 37. Voir par exemple BNF lat. 15705, f. 1, f. 162v.
301. Voir par exemple BNF lat. 15703, f. 3, 79v, 111v (estampille de la bibliothèque de la
Sorbonne), f. 3, 112v (estampille de la Bibliothèque nationale datant des années 1792-1802),
f. 2, 82v, 111v (estampilles de la Bibliothèque impériale datant des années 1865-1870).
302. Ainsi dans le cas du BNF lat. 16648 dont on a établi voir supra n. 132 et n. 133 qu’il est
né de la réunion de deux volumes issus du legs de Gérard d’Abbeville. Cette réunion est tar-
dive puisque le lat. 16648 comporte deux cotes du xviie siècle, respectivement 911 (f. 2) et 906
(f. 96).
303. H. Omont, Concordance des numéros anciens et des numéros actuels des manuscrits latins de la
Bibliothèque nationale, s. l., 1887, p. 146-179. Pour un exemple de cote, voir annexe 4, photogra-
phie 27 (BNF lat. 15194, f. 1).
8. Les notes sur papier figurant dans les contreplats des volumes
Les volumes du collège comportent des notes manuscrites le plus sou-
vent inscrites sur une feuille de papier – d’un format modeste, proche du A5
308. Par exemple la note figurant dans le BNF lat. 15920 (f. collé au contreplat supérieur) : « Ce
manuscrit du 14e siècle contient les questions théologiques d’un anonyme sur la différence de
l’ancienne et de la nouvelle Loi. » Le manuscrit date du xiiie siècle.
309. Voir A. Franklin, La Sorbonne, ses origines, sa bibliothèque…, op. cit., p. 205-207. Aux p. 207-
214, l’auteur transcrit quelques lettres ou documents qui illustrent l’activité de bibliothécaire de
Gayet de Sansale avant et pendant la Révolution.
310. Voir ibid., p. 206 et n. 1, à propos des notes figurant sur le BNF lat. 16542, BNF lat. 16268
et BNF lat. 16265.
311. Il est en particulier l’auteur d’une Histoire sainte des deux alliances, composée du seul texte des livres
historiques, prophétiques et moraux de l’Écriture d’où l’on a tiré ce qui a rapport à l’histoire pour le mettre dans
8.2. L’apport des notes de Gayet de Sansale à l’histoire du volume et à son usage
Ces deux critères (histoire du volume et usage du manuscrit dans la biblio-
thèque) permettent de proposer une typologie du contenu des notes de Gayet
de Sansale.
l’ordre naturel et chronologique, en se servant uniquement des paroles de l’Écriture même, avec des réflexions en
forme de dissertation sur chaque livre de l’Ancien et du Nouveau Testament, Paris, 1741.
312. L. Delisle, Le cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 206-207.
313. Ibid., p. 207.
314. Voir BNF n. a. l. 101, p. 441.
315. L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 207.
316. Certaines notes ont en effet été abîmées : BNF lat. 15903, f. 1v, note de Gayet de Sansale
grattée ; ou BNF lat. 16385, note de Gayet de Sansale découpée et collée au contreplat supérieur
lors d’une reliure postérieure.
317. Voir BNF lat. 15829, f. 182v : table des matières médiévale suivie de la mention par Gayet
de Sansale : « Cette table est peu d’accord avec celle de M de St Aubin. » Cela s’explique proba-
blement parce que la table de Saint-Aubin tient compte des deux premiers cahiers du lat. 15829
(f. 2-18v) ajoutés postérieurement à 1338, alors que la table médiévale (f. 182v) ne rend compte
que des œuvres réunies au moment de la description du volume d’abord en 1275 puis encore en
1338 (voir R. H. Rouse, « The Early Library… », art. cité, p. 250 a-b ; L. Delisle, Le Cabinet des
manuscrits…, op. cit., III, p. 39).
318. Voir dans lat. 15739, f. 70 : Istud volumen comparavi mihi per commutationem quorumdam alio-
rum librorum ex collegio Sorbone. Volo tamen quod redeat ad collegium et quod expensis meis reddatur col-
legio quia ipsum dedi et do ad ad usum pauperum scolasticorum famosissimi collegii Sorbone in quo ego Jo.
de Monte resedi per longa tempora et bina vice gessi prioratum in honorem et gloriam Dei ; cette note est
accompagnée d’aides à la lecture faites par Gayet de Sansale avec appels de notes sur les mots
difficiles à lire et la transcription de deux mots.
319. Voir par exemple BNF lat. lat. 16393 au f. 1 : « Ce ms. sur papier a été écrit le 8 avril 1447
et a été légué à la bibliothèque de Sorbonne par m. Jean Royer de la société de Sorbonne,
chancelier de l’Église d’Amiens : il contient […]. » Il n’y a aucun ex-libris médiéval ; voir aussi
BNF lat. 15467 au f. I : « 1270. Gothique. Cette Bible bien complette fut donnée par S. Louis
à Robert Sorbon. Elle fut elegamment écrite. Elle est citée avec éloge par le P. Lelong p. 549.
Au commencement 1o elle contient la chronologie et les généalogies de l’Ecriture Sainte ; à la
fin 2o l’interprétation des mots hébreux qu’on lit p. 498 du tom. 3 des œuvres de Bede à qui
elles sont faussement attribuées ; 3o la formule du serment que prêtaient ceux qui étaient admis
dans la maison et société de Sorbonne, ce qui fait croire que l’on pretait le serment sur cette
Bible. Ce manuscrit est un des premiers qu’il y ait eu en la Sorbonne. On voit encore l’endroit
ou était la chaine qui le fixait au banc de la 1re bibliotheque de Sorbonne. [Signature] G. de S.
biblioth. 1782 » (aucun ex-libris médiéval, le colophon qui accompagne cette Bible mentionne
la date de la copie – 1270) ; voir encore BNF lat. 16171, f. 1v : la note de Gayet de Sansale permet
d’affirmer que le volume a appartenu à Gérard d’Abbeville (ex-libris médiéval gratté au f. 1v).
320. Ainsi dans le cas du BNF lat. 15450, Electorium de Thomas Le Myésier, note de Gayet de
Sansale indiquant le nom du donateur (Thomas lui-même) et l’estimation du volume (f. collé
au contreplat supérieur). L’ex-libris ancien n’a pas été conservé, mais des notes d’érudit,
aujourd’hui conservées à Munich et prises au xviie siècle, confirment que l’ex-libris comportait
bien le nom du bienfaiteur et l’estimation donnés par Gayet de Sansale, voir J. N. Hillgarth,
Ramon Lull and Lullism in Fourteenth Century France, Oxford, 1979, p. 60 : Iste liber est pauperum magis-
trorum de Sorbona in theologia studentium Parisius, ex legato Thomae le Miesier canonici Atrebatensis in
medicina magistri, pretii centum librarum turonensium, anno Domini Mo CCCo XXXVIo mense septembris.
Anima ejus requiescat in pace.
Plusieurs notent insistent en effet soit sur l’histoire du volume dans la biblio-
thèque, soit sur le rôle du donateur (ou de l’auteur) au sein de l’université
de Paris321. Elles tendent à ne prêter qu’aux riches et à mettre en valeur l’une
ou l’autre des célébrités du collège : c’est par exemple le cas avec Guillaume
Fichet, considéré par Gayet de Sansale comme le donateur du volume alors
qu’il n’en a été que l’emprunteur322. Ces notes historiques demeurent tout à
fait importantes, en particulier comme preuves de la perpétuation, au travers
des manuscrits, de la mémoire du collège, de la construction de son histoire
et des formes littéraires spécifiques qu’ont adoptées, pour ce faire, les sorbo-
nistes du xvie au xviiie siècle323.
321. Par exemple BNF lat. 16580 manuscrit attribué à Guillaume Fichet, f. collé au contreplat
supérieur : « Ce ms. du 15e siècle contient les lettres de Platon traduites du grec en français
par Léonard Aretin. Le docteur Guillaume Fichet, prieur de Sorbonne, recteur de l’Université,
celui qui fit venir les imprimeurs allemands en France fit transcrire ces lettres et les envoya a
Jean [Choard], chancelier de Calabre. Le premier feuillet est écrit de la main de Fichet » ; BNF
lat. 16593, f. 3v : « Ce ms. partie sur parchemin, partie sur papier est du 15e siècle puisqu’il
vient de Guillaume Fichet, prieur de Sorbonne à la fin du 15e s. Il contient : 1o un commentaire
de Guarin de Véronne sur le traité de Plutarche de l’art d’élever les enfants ; 2o traité de Pierre
Paul Verger né à Austinopolis ou à Capo d’Istria dans le golphe de Venise, qui mourut en 1431
agé de 80 ans De ingeniis moribus adolescentium. princip. Franciscus senior avus ; 3o la préface de
Léonard Aretin mort en 1444 âgé de 74 ans sur le livre de Bazile philosophe. Princip. His hunc.
Elle est imparfaite » ; BNF lat. 15467 au f. I, voir n. 319 supra.
322. Voir BNF lat. 16218.
323. Sur la pratique historiographique du collège et les œuvres anciennes qui en découlent, voir
P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne…, op. cit., t. 1, p. 71-73, et O. Gréard, Nos adieux à la
vieille Sorbonne, Paris, 1893, p. VII-XI.
324. Pour un aperçu du travail des érudits sur les manuscrits dans les bibliothèques et le tra-
vail qu’ils pouvaient effectuer sur les volumes, voir par exemple P. Gasnault, « Bernard de
Montfaucon codicologue. La Bibliotheca bibliothecarum manuscriptorum nova », dans L’érudition mau-
riste à Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1999, p. 243-263, précisément p. 255-256 ; R. Creytens,
« L’œuvre bibliographique d’Échard, ses sources et leur valeur », Archivum fratrum Praedicatorum,
14 (1944), p. 43-71 ; C. Angotti, « Les manuscrits du studium des Ermites de Saint-Augustin à
Paris d’après les sources médiévales et modernes », dans J. Verger et A. Sohn, éd., Die regu-
lierten Kollegien im Europa des Mittelalters und der Renaissance, op. cit., p. 49-86, précisément p. 57-60
(sur les méthodes de travail de Jacques Échard).
325. Voir BNF lat. 15655, f. collé au contreplat supérieur : la note de Gayet de Sansale renvoie à
la table médiévale dont est équipé le volume.
326. Voir BNF lat. 15277, étiquette papier collée au f. 1v : « Ce manuscrit du 13e siècle contient
les Postilles sur l’Épître aux Romains et aux Corainthiens. Dans le ms. de la bibliothèque de
Navarre on les attribue à Nicolas de Gorran Vidi angelum. Elles n’ont point été imprimées, il ne
faut pas les confondre avec les explications (Elucidationes) sur les Épîtres de S. Paul composées
par Pierre de Tarente qui ont été imprimées sous le nom de Gorran. Elles commencent par ces
mots Dedi vero in Lucam gentium. Voyez le P. Échard tom. 1 pag. 440 ss. » Voir annexe 4, photogra-
phie 28. Cette note reprend des informations figurant au f. 223, données en latin par une main
plus ancienne (xviie siècle), peut-être rédigées par le bibliothécaire Berthe, aidé précisément
de Jacques Échard.
327. Par exemple pour le BNF lat. 16551, f. papier collé au contreplat supérieur : la note de
Gayet de Sansale discute l’attribution du texte à Augustin (en reprenant des notes érudites
médiévales figurant au f. 4v puis f. 13v) ; ou plus simplement, BNF lat. 16171, f. 1v note signa-
lant que l’on ne connaît pas l’auteur du volume.
328. Voir par exemple BNF lat. 16031, f. 1v : « Ce ms. du 14e siècle a été légué à la maison de
Sorbonne par m. Martin prevost de l’Eglise de Phalaris de Gand. Prix 15 florins de Florence.
Il contient un mélange assez bizarre des deux ouvrages de Flavius Joseph, les Antiquités et La
guerre des Juifs. Les douze premiers chapitres de ce ms. sont les douze premiers des Antiquités,
les 13 14 15 16 17 18 et 19 sont tirés de La guerre des Juifs et ne contiennent que les six premiers
livres de cet ouvrage quoiqu’ils soient énoncés par leur nombre différent parce que le 16 et le 17
de ce ms. forment le 4e de La guerre des Juifs ; les livres 20, 21, 22 de ce ms. sont des Antiquités
judaiques et renferment les livres 18, 19 et 20 de ce dernier ouvrage. On voit par là qu’il manque
à ce ms. pour être complet : 1o le 7e livre de La guerre des Juifs, 2o les cinq livres des Antiquités
13, 14, 15, 16 et 17, 18. Le fameux texte de Joseph, concernant Jésus Christ se trouve au livre 20,
chapitre 8. [signature : ] G. de Sansale. Biblioth. de S. 1783 » ; ou BNF lat. 16170, f. Av, exemple
de travail important sur le contenu complexe du manuscrit.
329. Voir supra n. 326. Il s’agit d’un renvoi aux Scriptores Ordinis Praedicatorum publié sous les
noms de Quétif et Échard, en 1719.
Claire Angotti
Université Reims Champagne Ardenne-CERHIC EA 2616
ANNEXE 1
Tabula super registrum Titre courant du catalogue Correspondance Éd. L. Delisle, Le p. (éd.
de 1338 avec les pages du Cabinet des manuscrits Delisle)
catalogue de 1338
Biblie 1 Biblia 1 p. 1 (essai)
Biblia 1 p. 3-10 I. – Biblia p. 9-11
Historie 2 Historie 2 p. 11-14 II. – Historie p. 11-
12
Libri legales glosati 3 Libri legales glosati 3 p. 15-18 III. – Libri legales glosati p. 12
Libri historiales glosati 4 Libri historiales glosati 4 p. 19-20 IV. – Libri historiales p. 12-
glosati 13
Psalteria glosata 5 Psalteria glosata 5 p. 21-22 V. – Psalteria glosata p. 13-
14
Libri sapienciales glosati 6 Libri sapienciales glosati 6 p. 23-24 VI. – Libri sapienciales p. 14
glosati
Libri prophetales glosati 7 Libri prophetales glosati 7 p. 25-28 VII. – Libri prophetales p. 14-
glosati 15
Ewangelia glosati 8 Ewangelia glosata 8 p. 29-32 VIII. – Ewangelia glosata p. 15-
16
Epistole Pauli glosate 9 Epistole Pauli glosate 9 p. 33-34 IX. – Epistole Pauli glosate p. 16-
17
Job, actus apostolorum, Job, actus apostolorum, X. – Job, Actus p. 17-
epistole canonice, apocalipsis 10 epistole canonice, Apocalipsis p. 35-38 Apostolorum, Epistole 18
glosati glosati 10 canonice, Apocalipsis,
glosati
Libri glosati mixti 11 Libri glosati mixti 11 p. 39-40 XI. – Libri glosati mixti p. 18
Postille super libros legales 12 Postille super libros legales 12 p. 41-42 XII. – Postille super libros p. 18
legales
Postille super psalteria 13 Postille super Psalterium 13 p. 43-44 XIII. – Postille super p. 18-
Psalterium 19
Postille super libros 14 Postille super libros Salomonis p. 45-46 XIIII. – Postille super libros p. 19
Salomonis 14 Salomonis
Postille super libros 15 Postille super libros p. 47-48 XV. – Postille super libros p. 19-
prophetales prophetales 15 prophetales 20
Postille super Ewangelia 16 Postille super Ewangelia 16 p. 49-50 XVI. – Postille super p. 20
Ewangelia
Postille super epistolas Pauli 17 Postille super Epistolas Pauli p. 51-52 XVII. – Postille super p. 20-
17 Epistolas Pauli 21
Tabula super registrum Titre courant du catalogue Correspondance Éd. L. Delisle, Le p. (éd.
de 1338 avec les pages du Cabinet des manuscrits Delisle)
catalogue de 1338
Postille super Iob, actus Postille super Iob, actus XVIII. – Postille super p. 21
Apostolorum, Epistolas 18 Apostolorum, epistolas p. 53-54 Job, Actus Apostolorum,
canonicas, Apocalipsim canonicas, Apocalipsim 18 Epistolas canonicas,
Apocalipsim
Postille mixte 19 Postille mixte 19 p. 55-58 XIX. – Postille mixte p. 21-
23
Postille super historias 20 Postille super historias 20 p. 59-60 XX. – Postille super p. 23
Historias
Concordancie super Bibliam 21 Concordancie super bibliam p. 61-62 XXI. – Concordantie super p. 23
21 Bibliam
Sentencie 22 Sentencie 22 p. 63-66 XXII. − Sentencie p. 23-
25
Scripta et questiones super 23 Scripta et questiones supra XXIII. – Scripta et p. 25-
Sentencias Sentencias 23 p. 67-76 questiones supra 29
Sentencias
Summe questionum 24 Summe questionum 24 p. 77-84 XXIV. – Summe p. 29-
questionum 32
Originalia Augustini 25 Originalia Augustini 25 p. 85-100 XXV. – Originalia p. 32-
Augustini 34
Originalia Ambrosii 26 Originalia Ambrosii 26 p. 101-102 XXVI. – Originalia p. 34
Ambrosii
Originalia Ieronimi 27 Originalia Ieronimi 27 p. 103-106 XXVII. − Originalia p. 34
Jeronimi
Originalia Gregorii 28 Originalia Gregorii 28 p. 107-108 XXVIII. – Originalia p. 34-
Gregorii 35
Originalia Bernardi 29 Originalia Bernardi 29 p. 109-110 XXIX. – Originalia p. 35
Bernardi
Originalia Dyonisii 30 Originalia Dyonisii 30 p. 111-112 XXX. – Originalia Dyonisii p. 35
Originalia Bede et Anselmi 34 Originalia Bede et Anselmi 34 p. 119-120 XXXIV. – Originalia Bede p. 36
et Anselmi
Originalia Hugonis 35 Originalia Hugonis 35 p. 121-124 XXXV. – Originalia p. 36
Hugonis
Originalia Richardi 36 Originalia Richardi 36 p. 125-126 XXXVI. – Originalia p. 36-
Richardi 37
< add. interlin. : Originalia <add. Originalia mixta sanctorum p. 127-142 XXXVII. – Originalia mixta p. 37-
mixta sanctorum> interlin. : 37 sanctorum 41
37>
Originalia mixta sanctorum Originalia mixta sanctorum et XXXVIII. – Originalia p. 41-
et philosophorum 38 philosophorum 38 p. 143-148 mixta sanctorum et 42
philosophorum
Tabula super registrum Titre courant du catalogue Correspondance Éd. L. Delisle, Le p. (éd.
de 1338 avec les pages du Cabinet des manuscrits Delisle)
catalogue de 1338
Flores originalium 39 Flores originalium 39 p. 149-150 XXXIX. – Flores p. 42-
originalium 43
Cronice 40 Cronice 40 p. 151-152 XL. – Cronice p. 43
Libri Tulii et Boecii 51 Libri Tulli et Boecii 51 p. 195-196 LI. – Libri Tullii et Boecii p. 61-
62
Libri Socratis, Platonis, Libri Socrati Platonis LII. – Libri Socratis, p. 62
Ciceronis, Velerii, Solini 52 Ciceronis Valerii Solini Platonis, Ciceronis, Valerii,
Cassiodori Plini et aliorum p. 197-198 Solini, Cassiodori, Plini et
actorum 52 aliorum actorum
Plini aliorumque libri mixti Libri mixti philosophorum 53 p. 199-203 LIII. – Libri mixti p. 62-
philosophorum 53 philosophorum 64
Scripta et questiones super Scripta et questiones super LIIII. –Scripta et questiones p. 64-
libros Aristotelis 54 libros Aristotilis 54 p. 204-209a super libros Aristotilis 66
Libri medicinales 55 Libri medicinales 55 p. 209b-211a LV. – Libri medicinales p. 66
ANNEXE 2
NB : Les noms et les manuscrits précédés par une astérisque sont ceux déjà indi-
qués par L. Delisle dans Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 185-186. Les points
d’interrogation qui suivent les noms signalent que le statut d’emprunteur est demeuré
douteux.
Adamus de Dyanuda ?
BNF lat. 16092 (f. 3r), signalé par C. Luna, Aegidii Romani Opera omnia. Catalogo di
manoscritti, t. 1/3** (Francia), Florence, 1988, p. 204-206
*Albertus de Bohemia/de Rankon
*BNF lat. 16407 (f. 237) ; *BNF lat. 15608 (f. 53v et f. 1) ; *BNF lat. 15346 (f. 2v) ; BNF
lat. 15961 (f. 1v) ; BNF lat. 15728 (f. 2)
Barneby
BNF lat. 16154 (f. 203v), signalé par H. V. Shooner, Codices manuscripti operum Thome
de Aquino, t. 3, Montréal-Paris, 1985, p. 313-314.
*Briquebec
BNF lat. 15197 (f. Av) ; *BNF lat. 15917 ; *BNF lat. 15993 (f. 1) ; *BNF lat. 16041 ;
*BNF lat. 16334.
Col’ ?
BNF lat. 15892, f. 174v.
Cussigny
BNF lat. 15793 (f. 296v), signalé par H. V. Shooner, Codices manuscripti operum Thome
de Aquino, op. cit., t. 3, p. 288.
Denis Montlonget
BNF lat. 15202 (f. Bv, main du xve siècle ?)
Fernandus
Il s’agit peut-être de Franciscus Petri (alias Fernandus Perez) figurant dans Le registre de
prêts…, op. cit., p. 592
BNF Lat. 16144 (f. 85v), signalé par H. V. Shooner, Codices manuscripti operum Thome
de Aquino, op. cit., t. 3, p. 311-312.
*Gerardus de Trajecto
*BNF lat. 16496 (f. 207) ; *BNF lat. 16355 (f. 205v) ; *BNF lat. 16395 (ces trois
manuscrits sont signalés par L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II,
p. 147 ; voir aussi M. Mabille, « Les manuscrits de Gérard d’Utrecht conservés à
la bibliothèque nationale de Paris », art. cité, p. 5-25, précisément p. 19-20).
Guerinet
BNF lat. 15322 (f. 150v)
G. de Lcin ?
BNF lat. 16359 (f. 259v)
G. Pont Audely
BNF lat. 15719 (f. 205)
Guill
BNF lat. 15663 (f. 1)
*Guillelmus Larcher
BNF lat. 15719, f. 2 (on a conservé une liste des manuscrits qu’il a empruntés dans
le BNF lat. 16545 (voir éd. L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 187
mais le manuscrit lat. 15719 estimé 60 sous, ne correspond pas aux Sentencie prisées
IIII. l. X. s. dans la liste) ; il existe une autre liste mentionnée par ibid., p. 187 n. 4 ;
voir G. Fournier, « Listes, énumérations, inventaires… », art. cité, p. 201-202).
Guillelmus de Porta
BNF lat. 15716 (f. 1)
Hannibalaque ?
BNF lat. 15325 (f. 245v)
Henricus Pichardi ?
BNF lat. 15215 (f. 1)
Hieronimus Parent ?
BNF lat. 15613 (f. 1v, précisant Hieronimus Parent, Parisinus doctor et socius Sorb[onicus]
legavit et 12 decembris 1637 obiit)
Holvoët
BNF lat. 16703 (f. 178v) : on a conservé une liste des manuscrits qu’il a empruntés
dans le BNF lat. 16505 (voir L. Delisle, éd., Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II,
p. 187, mais le manuscrit lat. 16703 n’y apparaît pas ; G. Fournier, « Listes, énu-
mérations, inventaires… », art. cité, p. 206.) ; BNF lat. 15707 (f. 1)
I. Solerii
BNF lat. 15956 (f. 7, main du xve s.)
J. de Malliaco
BNF lat. 15716 (f. 1)
*J. de Murris
*BNF lat. 16646 (f. 1).
Johannes de Lignetort
BNF lat. 16374 (f. 1)
Johannes Panzor
BNF lat. 15202 (f. Bv) avec une date anno 1528
Johannes de quercu…
BNF Lat. 15341 (f. 235v) signalé par H. V. Shooner, Codices manuscripti operum Thome
de Aquino, op. cit., t. 3, p. 265
*Johannes Romanus
*BNF lat. 15750 (f. 2 et 254v) ; *BNF lat. 15431 ; BNF lat. 15296 (premier et dernier
feuillets) ; BNF lat. 15728 (f. 2)
*Johannes de Rua
*BNF lat. 16380 (f. 132v) signalé par L. Delisle, Le cabinet des manuscrits…, op. cit., II,
p. 161, à propos d’un bienfaiteur homonyme du collège ; BNF lat. 16476 (f. 151v)
sous le nom Johannes Radulphi de Rua d’une main du xive siècle, d’après C. Sama-
ran et R. Marichal, dir., Catalogue des manuscrits en écriture latine portant…, op. cit.,
p. 707
Jossef Bolez
BNF lat. 15702 (f. 186v)
Lorconies ?
BNF lat. 15706 (f. 1v) ; BNF lat. 15245 (f. 1).
Marinote ?
BNF lat. 15319 (f. 241v)
*Nicolaus de Courchieles
*BNF lat. 15191 (f. 178v) ; *BNF lat. 15192 (f. 183v) ; *BNF lat. 15202 (f. Bv) ;
*BNF lat. 15646
Nicolaus Dentis ?
BNF lat. 15365 (verso du dernier f. de garde)
Nicolaus Quoquerel
BNF lat. 15325 (f. 1), voir annexe 4, photographie 15.
Pauxu ?
BNF lat. 15933 (f. 221)
*P. de Lemovicis
*BNF lat. 16390 (f. de garde) ce manuscrit est signalé par L. Deslisle, Le Cabinet des
manuscrits…, op. cit., t. 2, p. 169 à la suite de la liste des volumes légués par Pierre
de Limoges au collège ; BNF lat. 15362 (f. 171v) ; BAV, Reg. lat. 1554, f. 109-166.
Les manuscrits BNF lat. 16482 (f. 284v et f. 329v) et BNF lat. 15362 (f. 171v) com-
portent le nom de Pierre de Limoges, qui est le donateur de ces deux volumes.
*P. de Provincia
*BNF lat. 16467 ; BNF lat. 15702 (f. 2), voir annexe 4, photographie 8 ; BNF lat. 16516
(f. 2v et f. 196v) ; BNF lat. 16499 (f. 1)
Parisecus de vitello
BNF Lat. 15341 (f. 235v) signalé par H. V. Shooner, Codices manuscripti operum Thome
de Aquino, op. cit., t. 3, p. 265
Petrus de Ne…
BNF Lat. 15341 (f. 235v) signalé par H. V. Shooner, Codices manuscripti operum Thome
de Aquino, op. cit., t. 3, p. 265. Il pourrait s’agir de Petrus de Nogento, qui a effective-
ment emprunté ce volume avant 1404 (voir Le registre de prêts…, op. cit., p. 666.)
Ph. Flam.
BNF lat. 15714 (f. 2v) ; BNF lat. 15206 (f. 185v)
Philippus (Phus) ?
BNF lat. 15921 (f. collé au contreplat supérieur)
Planque ?
BNF lat. 15605 (f. 278v)
Quintini
Ce maître figure dans Le registre de prêts…, op. cit., p. 637
BNF lat. 15767 (f. 127) ; BNF lat. 15802 (f. 2v) ; signalés par H. V. Shooner, Codices
manuscripti operum Thome de Aquino, op. cit., t. 3, p. 277 et p. 292
R. de Hartene
BNF Lat 15780 (f. 344v et f. 345v), signalé par H. V. Shooner, Codices manuscripti ope-
rum Thome de Aquino, op. cit., t. 3, p. 282.
Radulfus Burnouf
Lat. 15897 (f. 289)
*Rogerus de Roseto
*BNF lat. 15299 (f. 1v)
Rogerus Derbi
BNF lat. 15429 (f. 205v)
S. Gael
BNF lat. 16209 (f. 1v)
Sagalonis de Fontaines ?
BNF lat. 16465 (f. 1) ; d’après M. Mabille, il pourrait s’agir de l’ex-libris d’un précé-
dent propriétaire et non d’un emprunteur (voir Id., « Les manuscrits d’Étienne
d’Abbeville conservés à la Bibliothèque nationale de Paris », dans Bibliothèque de
l’École des chartes, 132 (1974), p. 245-266, précisément p. 259)
(de) Sardolio
BNF lat. 15764 (f. 162 v) signalé par H. V. Shooner, Codices manuscripti operum Thome
de Aquino, op. cit., t. 3, p. 276
Sepr ?
BAV, Vat reg lat. 1623 (f. 59v)
Stephanus
BNF lat. 15238 (f. 289v)
Th. de Mansterolo
Lat. 15613 (f. 484)
Thome de Nogento
BNF lat. 15775 (f. 1v), signalé par H. V. Shooner, Codices manuscripti operum Thome de
Aquino, op. cit., t. 3, p. 280.
ANNEXE 3
Une partie de ce passage est transcrite dans L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits,
op. cit., II, p. 200 n. 2, et dans A. Franklin, La Sorbonne, ses origines, sa bibliothèque…,
op. cit., p. 98. Le BNF lat. 5493 fait l’objet d’une « mise au propre » au cours du
xviiie siècle aujourd’hui conservée dans le manuscrit Arsenal 1166 (le passage qui
nous intéresse figure aux f. 162-163) : cette « mise au propre » est parfois fautive.
Sur l’histoire du BNF lat. 5493 et du Arsenal manuscrit 1116, voir C. Angotti, « Les
bibliothèques des couvents mendiants, un modèle pour les séculiers ? », Entre stabilité
et itinérance…, Turnhout, 2014, précisément p. 44-45.
In alto enim silentio legisse scripsisse librosque En effet, il fallait lire, écrire et manipuler
tractasse oportuit pro lege antiqua bibliothecae, les livres dans un profond silence selon la
et siquidem inciderimus in mentionem legum vieille règle de la bibliothèque. Et puisque
earum, quibus constitit semper apud sorbonistas nous sommes tombés sur la mention de ces
libraria disciplina, has a maioribus acceptas sola règles dans lesquelles a toujours consisté
traditione paucissimas eas quidem sed minus chez les sorbonistes le règlement de la
sancte numero augescente sociorum tandem bibliothèque, ces règles reçues des anciens,
custoditas quo rediret vetus illa maiorum transmises en très petit nombre par la
religio et inviolatae legis observantia, visum est seule tradition, même quand augmentait
universae sodalitati scriptis ante aliquot annos, de manière moins juste le nombre de
me bibliothecario comendari hoc verborum sociétaires, pour que se renouvelle le soin
tenore. Quas hoc loco ne repetitio nonnullarum antique des anciens et le respect d’une règle
nauseam afferat uno ductu de tabella inviolable, il a paru bon à l’ensemble de la
recitavimus : Leges bibliothecae sorbonicae ab compagnie de les mettre par écrit quelques
annis ipsis primis institutae religiosissime semper années auparavant, alors que j’étais
observatae […]. bibliothécaire, selon cette teneur : nous les
rapportons d’un seul jet à partir du tableau
en ce passage pour éviter que la répétion ne
cause de dégoût.
Lois de la bibliothèque de Sorbonne
instituées depuis ses premières années et
à observer toujours avec le plus grand soin.
[…] »
[à la suite de ce passage figure le Voir la traduction du réglement chez
règlement de la bibliothèque en 13 points A. Franklin, La Sorbonne, ses origines, sa
que L. Delisle lie à la construction de la bibliothèque…, op. cit., p. 99-101.
bibliothèque du xve siècle ; voir L. Delisle,
Le Cabinet des manuscrits…, op. cit., II, p. 201]
ANNEXE 4
Photographies
Photographie 1
Photographie 2
BNF lat. 15362, f. 69v : ex-libris à la mine de plomb, signalant le contenu des cahiers
précédents et fournissant une cote.
Photographie 3
Photographie 4
Photographie 5
BNF lat. 15530, f. 1v : Ex-libris indiquant que le volume appartient aux pauvres
maîtres et écoliers de la Parva Sorbona.
Photographie 6
Photographie 7
BNF lat. 15322, f. 3v : les deux encadrés signalent la cote du catalogue de 1338
Encadré du haut : « [1]0 Sentencie »
Encadré du bas : « Xus »
On remarquera aussi l’ex-libris, mentionnant les incipit repères
du deuxième et du pénultième feuillets.
Photographie 8
Photographie 9
Photographie 10
Photographie 11
BNF lat. 16096, f. 1v : Le rédacteur de l’ex-libris semble avoir aussi rédigé la table
indiquant le contenu du volume. L’estimation et la mention cathenatus accompagnent
la table (angle supérieur droit de la photographie). L’estimation est répétée
(angle inférieur gauche de la photographie).
Photographie 12
Photographie 13
Photographie 14
BNF lat. 16193, f. 168v : estimation en écus d’un manuscrit aussi estimé en florins
(cf. photographie précédente).
Photographie 15
Photographie 16
Photographie 17
BNF lat. 15315, f. 217v : ex-libris écrit dans le dernier quart du xiiie siècle
(vers 1275).
Photographie 18
BNF lat. 15302, f. 1 : ex-libris écrit dans le dernier quart du xiiie siècle (vers 1275).
Photographie 19
Photographie 20
Photographie 21
Photographie 22
Photographie 23
BNF lat. 15830, f. 114v-115r : on note (f. 114v) la présence du titre du volume, abrégé
« de Tarentasia. Super primum Sententiarum » et (f. 115) le dessin maladroit de
l’auteur à sa table de travail en train de rédiger œuvre. On remarquera aussi les deux
estampilles : l’une caractéristique du collège de Sorbonne ; l’autre correspondant
aux estampilles de la Bibliothèque nationale employées entre 1792 et 1802
(voir supra, point 7.1).
Photographie 24
Photographie 25
Photographie 26
Photographie 27
Photographie 28
Les livres des maîtres de Sorbonne, sous la direction de Claire Angotti, Gilbert Fournier et Donatella Nebbiai,
Paris, Publications de la Sorbonne, 2017
XIXe siècle
1838
Petit-Radel (Louis-Charles-François), « Robert de Sorbon », Histoire littéraire de
la France, XIX, Suite du treizième siècle. Années 1256-1285, Paris, p. 291-307, en part.
p. 297-298 et 300-301 [entaché d’anachronisme].
1847
Le Clerc (Joseph-Victor), « Guillaume de Saint-Amour et Gérard d’Abbeville », His-
toire littéraire de la France, XXI, Suite du treizième siècle, depuis l’année 1296. Suppléments,
Paris, p. 468-499, en part. p. 478.
1862
Le Clerc (Joseph-Victor), « Discours sur l’état des lettres en France au xive siècle »
[Première partie], Histoire littéraire de la France, XXIV, Quatorzième siècle, Paris,
p. 1-334, en part. p. 314-319 [le premier exposé digne de ce nom sur la biblio-
thèque du collège qui recourt à plusieurs sources : les catalogues médiévaux, les
statuts et l’obituaire].
1867
Franklin (Alfred), Les anciennes bibliothèques de Paris. Églises, monastères, colléges, etc.,
I, Paris, p. 221-317 [la première étude sur les livres et les bibliothèques du collège
de Sorbonne, des origines jusqu’au xvie siècle ; elle constitue la matrice de toutes
les études à venir, jusqu’à celle de R. H. Rouse (voir infra 1967), et produit, en
extraits ou en fac-similé, plusieurs documents relatifs à l’histoire des collections].
1874
Delisle (Léopold), Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale. Étude sur la
formation de ce dépôt comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie,
de la miniature, de la reliure, et du commerce des livres à Paris avant l’invention
de l’imprimerie, II, Paris, p. 142-208 [précise sur de nombreux points l’étude
d’A. Franklin (voir supra 1867)].
1875
Franklin (Alfred), La Sorbonne, ses origines, sa bibliothèque. Les débuts de l’imprimerie à
Paris et la succession de Richelieu d’après des documents inédits, 2e éd. corrigée et augmen-
tée, Paris [les corrections restent limitées et proviennent souvent (muettement) de
L. Delisle (voir supra 1874].
1881
Delisle (Léopold), Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale. Étude sur la
formation de ce dépôt comprenant les éléments d’une histoire de la calligraphie,
de la miniature, de la reliure, et du commerce des livres à Paris avant l’invention de
l’imprimerie, III, Paris, p. 8-114 [édition de deux catalogues médiévaux du collège,
1321-1338 et 1338].
1890
Gottlieb (Theodor), Über mittelalterliche Bibliotheken, Leipzig ; éd. anastatique,
Graz, 1955, nos 347-355, p. 126-127 et 457-458 (Anhang) [un répertoire des sources
remplacé par G. Fournier (voir infra 2011)].
1893
Gréard (Octave), Nos adieux à la vieille Sorbonne, Paris, en part. p. 57-63 [une histoire
à grandes enjambées du collège de Sorbonne, de l’origine jusqu’à la Révolution
française, qui évoque en passant la bibliothèque et les livres, le plus souvent à par-
tir du récit de Claude Héméré (début second tiers du xviie siècle)].
XXe siècle
1921
Birkenmajer (Aleksander), « Deux écrits inconnus de Witelo », repris dans Id.,
Études d’histoire des sciences en Pologne, Wroclaw-Varsovie-Cracovie-Gdansk,
1972, p. 97-255, en part. p. 101-105.
1922
Birkenmajer (Aleksander), « La bibliothèque de Richard de Fournival, poète et éru-
dit du début du xiiie siècle , et son sort ultérieur », repris dans Id., Études d’histoire
des sciences et de la philosophie du Moyen Âge, Wroclaw-Varsovie-Cracovie, 1970,
p. 117-210, en part. p. 129-139 [concordance des mss de l’inventaire sommaire
et du répertoire méthodique du catalogue double de la bibliothèque commune :
p. 132-136].
1927
Bonnerot (Jean), La Sorbonne. Sa vie, son rôle, son œuvre à travers les siècles, Paris ; nou-
velle édition, Paris, 1935, en part. p. 5-6 [description de la libraria nova d’après
A. Franklin, voir supra 1867 ; de peu d’intérêt].
1942
Lehmann (Paul), « Mitteilungen aus Handschriften. VII », Sitzungsberichte der Bayeri-
schen Akademie der Wissenschaften. Philosophische-historische Abteilung, Munich, p. 3-28
[la liste de mss conservés dans la bibliothèque du collège de Sorbonne transcrite
par les soins d’Adalbert Ranconi de Ericinio († 1388) ; édition : p. 18-25].
1953
Gabriel (Astrik L.), « Robert de Sorbonne », Revue de l’université d’Ottawa, p. 473-514 ;
repris dans Id., The Paris Studium, Notre Dame-Francfort/Main, 1992, p. 63-111,
en part. p. 486.
Ullmann (Berthold L.), « The Library of the Sorbonne in the xivth century », The Sep-
ticentennial Celebration of the Founding of the Sorbonne College in the University of Paris.
Chapel Hill, February 1953. Proceedings and Papers, Chapell Hill, p. 33-47 ; repris sous
le titre « The Sorbonne Library and the Italian Renaissance », dans Id., Studies in
Italian Renaissance, Rome, 1973, p. 41-53.
1955
Monfrin (Jacques), « Les lectures de Guillaume Fichet et de Jean Heynlin d’après
le registre de prêt de la bibliothèque de la Sorbonne », Bibliothèques d’Humanisme et
Renaissance, 17, p. 7-23 et 145-153, en part. p. 7-10 [les registres de prêt conservés
dans le manuscrit Paris, Bibliothèque Mazarine, 3323].
1956
De Vleeschauwer (Herman Jean), « Libraria magna et libraria parva dans la Biblio-
thèque universitaire au xiiie siècle », Mousaion 7, p. 1-60 [qui est consacré en
grande partie à la bibliothèque du collège de Sorbonne ; peu documenté].
1959
Duin (Jean Joseph), « La bibliothèque philosophique de Godefroid de Fontaines »,
Estudios Lulianos 3, p. 21-36 et 137-160 [qui reproduit et interprète les mentions
hors la teneur apposées dans les manuscrits de Godefroid par les bibliothécaires
du collège].
1960
Marichal (Robert), éd., Registrum Autographum Priorum Collegi Sorbonae. Codex Paris.
Nat. Lat. 5494 A. Introduction par R. Marichal, Amsterdam [fac-similé du Livre
des prieurs de Sorbonne précédé de la Description du manuscrit (p. V-XII) qui
sous-estime grandement la portée des renseignements contenus dans le Livre des
Prieurs, et d’une bibliographie (p. XIII)].
1965
Glorieux (Palémon), Aux origines de la Sorbonne, II, Le Cartulaire, Paris [édition de
quelques testaments et de documents relatifs à leur exécution utiles pour la consti-
tution de la bibliothèque du collège des origines au milieu du xive siècle].
Rouse (Richard H.), « The List of Authorities Appended to the Manipulus Florum »,
Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge, 32, p. 243-250, en particulier
p. 246-249 [sur l’usage que fait Thomas d’Irlande des originalia présents dans la
parva libraria en 1306].
1966
Glorieux (Palémon), Aux origines de la Sorbonne, I, Robert de Sorbon. L’homme – Le collège
– Les documents, Paris [outre une présentation des catalogues de la bibliothèque dont
la datation est parfois inexacte, cette publication livre un rappel des sources princi-
pales sur la bibliothèque du collège (p. 82-83) et quelques éléments sur son histoire
(p. 84-145) ; les « documents et pièces justificatives » (p. 151-236) sont précieux
mais doivent être utilisés avec prudence ; la 3e partie intitulée « La bibliothèque »
(p. 239-289) comporte d’abord une mise au point sur l’histoire de la bibliothèque
(p. 239-247) qui doit une fois encore être consultée avec prudence, puis un essai de
reconstitution du contenu des volumes de la libraria communis (p. 248-289) ; enfin
le volume s’achève sur une liste des premiers sociétaires parmi lesquels de nom-
breux bienfaiteurs de la bibliothèque (p. 293-333). L’ouvrage de P. Glorieux couvre
le premier siècle de l’établissement dont il a exagéré l’importance].
1967
Seidler (Eduard), Die Heilkunde des ausgehenden Mittelalters in Paris. Studien zur Struktur
des spätscholastischen Medizin, Wiesbaden, p. 54-63 [les livres médicaux dans les
catalogues médiévaux et dans certains manuscrits conservés ; nombreuses erreurs,
notamment au sujet des sources de la bibliothèque du collège].
Rouse (Richard H.), « The Early Library of the Sorbonne », Scriptorium, 21, p. 42-71
et 227-251 et pl. 5, 17-18 ; repris dans Rouse (M. A. et R. H.), Authentic Witnesses:
Approaches to Medieval Texts and Manuscripts, Notre Dame, 1991, p. 341-408 [l’étude
fondamentale des sources et de l’histoire de la bibliothèque au cours du premier
siècle de l’établissement].
1968
Gabriel (Astrik L.), compte rendu de Glorieux, P., éd., Aux origines de la Sorbonne,
vol. 1 : Robert de Sorbon. L’homme – Le collège – Les documents, vol. 2 : Le cartulaire, Paris,
1965-1966, dans The Catholical Historical Review, 54, p. 487-489.
1970
Mabille (Madeleine), « Pierre de Limoges, copiste de manuscrits », Scriptorium, 24,
p. 45-47 et pl. 10-13 [en part. p. 47 à propos d’indications dues à un bibliothécaire].
1971
Hillgarth (Jocelyn Nigel), Ramon Lull and Lullism in Fourteenth-Century France, Oxford,
en part. p. 156-157 [le don de Raymond Lulle], 158 [les manuscrits lulliens de
Pierre de Limoges], 186-198 et 321-334 [les manuscrits de Thomas le Myésier et
de Henri Pistor de Lewis qui furent légués au collège de Sorbonne ; les descriptions
sont synthétiques et relèvent les ex-libris du collège, les marques de possession et
les annotations].
Mabille (Madeleine), « Les manuscrits de Gérard d’Utrecht conservés à la Biblio-
thèque nationale de Paris », Bibliothèque de l’École des chartes, 139, p. 5-25, en part.
p. 12 et 24-25.
1972
Mabille (Madeleine), « Les manuscrits de Jean d’Essomes conservés à la Biblio-
thèque nationale de Paris », Bibliothèque de l’École des chartes, 140, p. 231-234 [avec
un relevé des cotes du catalogue de 1338, p. 232-234].
1973
Obbema (Petrus Folquinus Johan), Een Deventer bibliotheekcatalogus van het einde der
vifftiende eeuw. Een bijdrage tot de studie van laat-middeleeuwse bibliotheekcatalogi, I,
Bruxelles, en part. p. 88-89 [au sujet du catalogue collectif de bibliothèques du
troisième tiers du xiiie siècle].
Mabille (Madeleine), « Les manuscrits de Gérard de Bruine, dit de Reims, conservés
à la Bibliothèque nationale de Paris », Bibliothèque de l’École des chartes, 141, p. 198-
208 [en part. p. 202-208 pour les ex-libris du collège et les cotes du catalogue de
1338].
1974
Mabille (Madeleine), « Les manuscrits d’Étienne d’Abbeville conservés à la Biblio-
thèque nationale de Paris », Bibliothèque de l’École des chartes, 142, p. 245-266 [en
part. p. 249-262, relevé des ex-libris du collège et des cotes du catalogue de 1338
pour les manuscrits subsistants].
Samaran (Charles), Marichal (Robert), éd., Catalogue des manuscrits en écriture
latine portant des indications de date, de lieu et de copiste, t. III, Paris [en part. p. XIV-XVI
présentant les spécificités des volumes du « fonds Sorbonne » et de nombreuses
notices détaillées ou sommaires de manuscrits possédés par le collège].
1976
Rouse (Richard H.), « La diffusion en Occident au xiiie siècle des outils de travail
facilitant l’accès aux textes autoritatifs », Revue des études islamiques, 44, p. 115-147 ;
repris sous le titre « L’évolution des attitudes envers l’autorité écrite : le dévelop-
pement des instruments de travail au xiiie siècle », dans Culture et travail intellectuel
dans l’Occident médiéval, Paris, 1981, p. 115-144, en part. p. 132 [au sujet du cata-
logue collectif de bibliothèques].
1978
Vielliard (Jeanne), « Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne
au xve siècle », dans Les universités à la fin du Moyen Âge. Actes du Congrès interna-
tional de Louvain, 26-30 mai 1975, J. Paquet et J. Ijsewijn, éd., Louvain, p. 276-
298 [le registre de prêt et le prêt au collège de Sorbonne].
Kaluza (Zénon), Thomas de Cracovie, contribution à l’histoire du collège de la Sorbonne,
Wroclaw [qui comprend notamment de précieuses remarques sur les sources
modernes de la bibliothèque p. 11 sq.].
1979
Derolez (Albert), Les catalogues de bibliothèques, Turnhout, en part. p. 20 n. 17 [au
sujet de l’auditoire des catalogues de bibliothèque] et p. 46 [au sujet du catalogue
collectif de bibliothèques qui est dit improprement « catalogue collectif des col-
lèges de l’université de Paris »].
1980
Besson (Alain), Medieval Classification and Cataloguing. Classification Practices and Cat-
aloguing Methods in France from the 12th. to 15th. Centuries, Biggleswade, chap. 5 :
« Catalogues of the Sorbonne », p. 36-48 et 90-93 (notes) [au sujet des catalogues
de bibliothèque de 1274-1275, 1321-1338 et 1338].
Bozzolo (Carla) et Ornato (Ezio), « La production du livre manuscrit dans la
France du Nord », Pour une histoire du livre manuscrit au Moyen Âge. Trois essais de codi-
cologie quantitative, Paris, p. 15-121, en part. p. 26, p. 76-80, p. 82 n. 115, p. 96 et
n. 142, p. 113-117 et tableau A [utilisation des catalogues et des manuscrits du
collège à des fins de codicologie quantitative].
1981
Tuilier (André), « La bibliothèque de la Sorbonne médiévale et ses livres enchaî-
nés », Mélanges de l’université de la Sorbonne, 2, p. 7-41 [perspective cavalière du pre-
mier siècle de l’histoire des bibliothèques du collège, notamment sous l’angle de
la querelle des réguliers et des séculiers].
1987
Genevois (A.-M.), Genest (Jean-François) et Chalandon (Anne), Bibliothèques de
manuscrits médiévaux en France. Relevé des inventaires du viiie au xve siècle, Paris, nos 1433-
1440, p. 257-258 [un répertoire des sources remplacé par G. Fournier (voir infra
2011)].
Marichal (Robert), Le Livre des prieurs de Sorbonne (1431-1485). Texte critique avec
introduction, notes et index, Paris [édition du registre de délibération du conseil
du collège de Sorbonne d’après le manuscrit Paris, BNF, lat. 5494 A ; l’introduction
sous-estime l’intérêt du document pour l’histoire des bibliothèques du collège.
Voir infra 1995 le compte rendu de Z. Kaluza qui est le complément indispensable
à l’édition].
1988
Nebbiai-Dalla Guarda (Donatella), « Les inventaires des bibliothèques médié-
vales », dans Le Livre au Moyen Âge, J. Glénisson, éd., Paris, p. 88-91, en part.
p. 90-91.
1989
Jullien de Pommerol (Marie-Henriette), « Livres d’étudiants, bibliothèques de
collèges et d’universités », dans Histoire des bibliothèques françaises, I, Les bibliothèques
médiévales. Du vie siècle à 1530, A. Vernet, éd., Paris, p. 93-111 [qui a le mérite
de placer la bibliothèque du collège dans le contexte universitaire, notamment
parisien].
Rouse (Marie A. et Richard H.), « La bibliothèque du collège de Sorbonne, » dans
Histoire des bibliothèques françaises, I, Les bibliothèques médiévales. Du vie siècle à 1530,
A. Vernet, éd., Paris, p. 112-123 [résumé de l’étude antérieure, voir supra 1967,
et quelques considérations sommaires sur la fin du Moyen Âge].
Nebbiai-Dalla Guarda (Donatella), « Classifications et classements », dans
Histoire des bibliothèques françaises, I, Les bibliothèques médiévales. Du vie siècle à 1530,
André Vernet, éd., Paris, p. 373-393, en part. p. 384-385 et 388 [table de classe-
ment des « petite » et « grande » bibliothèques : p. 384-385, tableaux 2 et 3].
1991
Weijers (Olga), Dictionnaires et répertoires au Moyen Âge. Une étude du vocabulaire, Turn-
hout, en part. p. 145 [sur l’usage du mot registrum pour désigner les catalogues de
bibliothèque du collège].
1992
Grenier-Braunschweig (Laurette), « La prisée des manuscrits du Collège de
Sorbonne au Moyen Âge », Mélanges offerts à Gérard Oberlé pour ses 25 ans de librairie
1967-1992, s. l., p. 327-341 [outre le prix d’estimation, l’article contient de nom-
breuses considérations sur les bibliothèques et les livres du collège puisées aux
catalogues et aux manuscrits médiévaux].
1993
Weijers (Olga), « Le vocabulaire du collège de Sorbonne », dans Vocabulaire des
collèges universitaires (xiiie-xvie siècles). Actes du colloque Leuven 9-11 avril 1992,
O. Weijers, éd., Turnhout, p. 9-25, en part. p. 16-18 ; repris dans Ead., Étude
sur la faculté des arts dans les universités médiévales. Recueil d’articles, Turnhout, 2011,
p. 39-55 [au sujet du vocabulaire relatif à la bibliothèque].
1995
Kaluza (Zénon), « Les débuts de l’albertisme tardif (Paris et Cologne) », dans
Albertus Magnus und der Albertismus. Deutsche philosophische Kultur des Mittelalters,
M. J. F. M. Hoenen et A. de Libera, éd., Leyde-New York-Cologne, p. 207- 295
1996
Nebbiai-Dalla Guarda (Donatella), « La bibliothèque commune des institutions
religieuses », Scriptorium, 50, p. 254-268 et pl. 22-23, en part. p. 260-261.
1998
Jullien de Pommerol (Marie-Henriette), « Le prêt des livres à la fin du Moyen Âge
(xiiie-xve siècles) », dans Du copiste au collectionneur. Mélanges d’histoire des textes
et des bibliothèques en l’honneur d’André Vernet, D. Nebbiai-Dalla Guarda
et J.-F. Genest, éd., Turnhout, p. 339-374, en part. p. 363-367 [les registres de
prêt conservés dans le manuscrit Paris, Bibliothèque Mazarine, 3323 et le prêt au
collège de Sorbonne].
XXIe siècle
2000
Angotti (Claire), Les manuscrits de Bernier de Nivelle, Nicolas de Bar-le-Duc et Siger de Cour-
trai légués au collège de Sorbonne (xiiie-xive s.), mémoire de DEA, EPHE (IVe section),
dactyl., en part. p. 139-157 [sur l’intégration de ces trois bibliothèques magistrales
à la bibliothèque du collège].
Monfrin (Jacques), « Préface », dans Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de
Sorbonne [1402-1536]. Diarium Bibliothecae Sorbonae. Paris, Bibliothèque Mazarine,
ms. 3323, Paris, p. 9-19 [vue cavalière sur la bibliothèque du collège de Sorbonne
et traduction française des principaux statuts relatifs à la bibliothèque].
Vielliard (Jeanne) et Jullien de Pommerol (Marie-Henriette), « Introduction »,
dans Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne [1402-1536]. Diarium
Bibliothecae Sorbonae. Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 3323, Paris, p. 21-50 [sous
couvert d’étudier le registre de prêt et l’enregistrement et les modalités du prêt au
collège de Sorbonne, l’étude embrasse plusieurs sujets connexes : parmi d’autres,
l’institution du libraire, la fréquentation de la bibliothèque, les lecteurs et enfin les
principaux auteurs empruntés].
2001
Meyer (Christian), Les traités de musique, Turnhout, p. 134-135 [les traités de musique
dans les deux catalogues médiévaux].
2005
Rebmeister-Klein (Karine), Les livres des petits collèges à Paris aux xive et xve siècles,
thèse de doctorat, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, tome I, passim [où les
pratiques bibliothéconomiques en usage au collège de Sorbonne servent souvent
d’élément de comparaison].
2006
Kaluza (Zénon), « Les cours communs sur l’Éthique à Nicomaque à l’université de
Paris », dans “Ad Ingenii Acuitionem”. Studies in Honour of Alfonso Maierù, S. Caroti,
R. Imbach, Z. Kaluza, G. Stabile et L. Sturlese, éd., Louvain-la-Neuve,
p. 147-181 [sur les libri Ethicorum et les commentaires évoqués dans le registre de
prêt en part. p. 155-161 et 166-167].
2007
Fournier (Gilbert), Une « bibliothèque vivante ». La libraria communis du collège de
Sorbonne (xiiie-xve siècle), thèse de doctorat, École pratique des hautes études, Ve sec-
tion, Paris.
2008
Angotti (Claire), Lectiones Sententiarum. Étude de manuscrits de la bibliothèque du collège de
Sorbonne : la formation des étudiants en théologie à l’Université de Paris à partir des annota-
tions et des commentaires sur le Livre des Sentences de Pierre Lombard (xiiie-xve siècles), thèse
de doctorat, École pratique des hautes études, IVe section, Paris.
2009
Angotti (Claire), « Présence d’un enseignement au sein du collège de Sorbonne :
collationes, disputationes, lectiones (xiiie-xive siècle). Bilan et hypothèses », Cahiers de
recherches médiévales 18, p. 89-111.
Perraut (Aurélie), L’architecture des collèges parisiens au Moyen Âge, Paris, en part. p. 143-
145 [au sujet des bibliothèques des collèges, dont celles du collège de Sorbonne,
où l’auteur travaille de seconde main, en l’occurrence avec l’aide d’O. Gréard,
voir supra 1893].
2011
Angotti (Claire), « Mort et vie du collège dit de la Petite Sorbonne », dans Mélanges en
l’honneur de Jacques Verger, M. Morard et C. Giraud, éd., Paris, p. 171-199.
Angotti (Claire), « Bonum commune divinus est quam bonum unius. Le collège de la Sor-
bonne et sa bibliothèque, place et rôle dans l’Université de Paris au xive siècle »,
dans Les collèges universitaires en Europe au Moyen Âge et à la Renaissance, A. Sohn et
J. Verger, éd., Bochum, p. 91-105.
Fournier (Gilbert), « Listes, énumérations, inventaires. Les sources médiévales et
modernes de la bibliothèque du collège de Sorbonne (Première partie : Les sources
médiévales) », Scriptorium, 65, 2011, p. 158-215.
Gabriel (Denis), Robert de Sorbon et son œuvre (1201-1274), thèse de doctorat, univer-
sité d’Aix-Marseille [en part. p. 235-263 sur les dons et legs de livres des premiers
bienfaiteurs du collège].
Miolo (Laure), Reconstitution du fonds des manuscrits scientifiques, astronomiques et astro-
logiques, de la bibliothèque du collège de Sorbonne, mémoire de 2e année, université
Lumière-Lyon 2, Lyon [la science astronomico-astrologique d’après les legs, les
catalogues et le registre de prêt].
2012
Angotti (Claire), « Henricus Pistor de Lewis, ses lectures, ses livres et sa biblio-
thèque personnelle. Portrait d’un passeur de textes », dans Portraits de maîtres offerts
à Olga Weijers, C. Angotti, M. Brînzei et M. Teeuwen, éd., Porto, p. 241-277.
2013
Fournier (Gilbert), « Livre après livre. Un catalogue inédit de la bibliothèque du
collège de Sorbonne (milieu xvie siècle) », Scriptorium, 67, 2013, p. 184-217 et pl.
23-24.
2014
Angotti (Claire), « Les bibliothèques des couvents mendiants, un modèle pour les
séculiers ? L’exemple de deux premiers bienfaiteurs de la bibliothèque du collège
de Sorbonne (Robert de Sorbon, Gérard d’Abbeville », dans Entre stabilité et itiné-
rance. Livres et culture des ordres mendiants. xiiie-xve siècle, N. Bériou, M. Morard et
D. Nebbiai, éd., Paris, p. 29-70.
Gabriel (Denis), La « Maison des pauvres maîtres » de Robert de Sorbon. Les débuts de la
Sorbonne (1254-1274), Paris [issu de la thèse, voir supra 2011 ; sur les testaments en
faveur du collège, p. 162-195].
2015
Fournier (Gilbert), « Ouvrir la bibliothèque. Lecteurs étrangers et lectures étran-
gers au collège de Sorbonne au xve siècle », dans Les manuscrits témoins de lectures.
Études recueillies par C. Croizy-Naquet, L. Harf-Lancner et M. Szkilnik,
Paris, p. 17-45 [en particulier sur les lectures politiques de Simon de Plumetot et la
survivance de Richard Fitzralph au collège de Sorbonne].
2016
Fournier (Gilbert), « Contra Erasmum. Nouveaux indices de la réception parisienne
et universitaire d’Érasme », dans Paris, carrefour culturel autour de 1500, O. Millet
et L.-A. Sanchi, éd., Paris, p. 205-222 [édition et identification des occurrences
érasmiennes dans le catalogue de la bibliothèque commune du collège de Sor-
bonne (vers 1549), p. 216-222].
Fournier (Gilbert), « Le registre de prêt du collège de Sorbonne (1403-1530) dans
tous ses états », Annuaire de l’École pratique des hautes études, Sciences historiques et philo-
logiques, 147, p. 146-154.
2017
Fournier (Gilbert), « Une bibliothèque en temps de crise. Lecteurs étrangers et
désenchaînements de manuscrits au collège de Sorbonne dans le second quart du
xve siècle », dans Savoir/Pouvoir. Les bibliothèques, de l’Antiquité à la modernité, Turnhout
(à paraître).
Fournier (Gilbert), « Listes, énumérations, inventaires. Les sources médiévales
et modernes de la bibliothèque du collège de Sorbonne (Deuxième partie : Les
sources modernes) », Scriptorium (à paraître).
Miolo (Laure), « Liber de causis in libraria. Pour une mise en perspective du Liber de
causis dans la bibliothèque du collège de Sorbonne », dans Unpublished Commentaries
on Liber de causis and on Elementatio theologica, D. Calma, éd., Turnhout (à paraître).
Miolo (Laure), Le fonds scientifique d’un collège de théologie : le cas de la bibliothèque du collège
de Sorbonne (1257-1500), thèse de doctorat, université Lumière-Lyon 2, Lyon.
141, 153, 205, 218, 247, 253, 270, 350, Parkes, M. B. : 67
351, 352 Paris : 9, 10, 14, 27, 33, 34, 38, 49, 54, 69, 97,
Neddermayer, U. : 232 107, 117, 156, 162, 163, 165, 171, 174,
Nederman, C. J. : 128 175, 195, 207, 216, 217, 218, 227, 228,
Negri, S. : 174 229, 235, 236, 237, 296
Nicolas / Nicolaus / Nicole – Abbeville (collège) : 98
– d’Amiens : 84 – Autun (Ostun, collège) : 35, 36, 39, 41,
– Bar-le-Duc : 21, 260, 286 48, 49, 50, 103, 104, 117
– Bonet : 215 – Ave Maria (collège) : 48
– de Cogno : 151 – Bayeux (Baiocensis, collège) : 41, 46, 47,
– Coquerel (Quoquerel) : 285, 325, 336 57, 59
– Courchieles : 325 – Béguines : 195
– de Cues : 218 – Boissy (collège) : 35, 48, 50
– Dentis : 325 – Boncourt (collège) : 48, 50
– de Gondrecourt : 108 – Bons-Enfants Arras (collège) : 98
– de Gorran : 302, 317 – Bons-Enfants Saint-Honoré (collège) : 98,
– de Lyre : 281 114
– Oresme : 52, 165 – Bons-Enfants Saint-Victor (Boni Pueri de
– Trivet : 265 Porta S. Victoris, collège) : 36, 98, 114
Nicoud, M. : 343 – Bourgogne (collège) : 50, 53, 114, 162
Niermeyer, J. F. : 276 – Calvi (remplace la Petite Sorbonne,
Nolet : 257 collège) : 98, 114
Norris, D. M. : 70 – Cardinal Lemoine (collège) : 48, 52, 53,
Notre-Dame (Indiana, université) : 55 106, 114
– Cholets (collège) : 38, 39, 41, 51, 52, 75,
O 102, 106, 107, 114, 116
Obbema, P. F.J. : 348 – Constantinople (collège) : 98
Oliva, A. : 209 – Cordeliers (couvent) : 54
Omont, H. : 64, 311, 312 – Coupe-Gueule (rue) : 37
Onofri, L. : 210 – Dacie (collège) : 115
Onofrio, G. d’ : 161 – Dainville (collège) : 41, 114
Orengo, R. : 190, 198 – Dix-Huit (collège) : 98, 114
Origenes : 92 – Dormans-Beauvais (collège) : 16, 40, 41,
Orléans : 96 48, 49, 50, 51, 52, 53, 104, 110, 112,
Ornato, E. : 180, 349 115, 117, 173, 176
Oudard de Moulins : 36 – Fortet (collège) : 39, 41, 109
Ouy, G. : 7, 149 – Fouarre (rue) : 174
Oxford : 5, 6, 9, 10, 162, 198 – Harcourt (Harcuria, collège) : 38, 46, 47,
– Merton (collège) : 39, 43 48, 49, 51, 52, 56, 57, 58, 59, 107,
– Oriel (collège) : 39 109, 115
– Hôtel-Dieu : 38
P – Hubant (collège) : 102
P. de Provincia : 325 – Justice (collège) : 41, 46, 47, 57, 58,
Pamphilus : 91, 92 107, 115, 116, 117
Papias : 80 – La Marche (collège) : 102, 112
Paqué, R. : 255 – Laon (collège) : 16, 41, 47, 49, 52
Paquet, J. : 255, 297 – Le Plessis (collège) : 39
Paravicini Bagliani, A. : 68, 114 – Lisieux (collège) : 51
Parc, Notre-Dame (abbaye) : 211 – Lombards (collège) : 46, 47, 48, 58
– Maître Gervais (collège) : 14, 16, 35, 41, – Université : 11, 23, 47, 50, 51, 53, 54,
46, 47, 51, 52, 53, 58, 104, 109, 110, 56, 57, 68, 97, 101, 104, 129, 130,
112, 115, 176 132, 134, 153, 175, 177, 225, 226,
– Mignon (collège) : 50 232, 233, 253, 289, 296 ; Faculté des
– Montaigu (collège) : 35, 113, 131 Arts : 82, 128, 131, 177, 196, 230
– Narbonne (collège) : 102 – Vauvert (chartreuse) : 25, 194, 196
– Navarre (collège) : 14, 16, 22, 38, 47, Parisecus de Vitello : 325
50, 51, 52, 53, 56, 106, 114, 115, Paschasius : 92
116, 175, 176, 212, 245 Pattin, A. : 127, 216
– Notre-Dame (cathédrale) : 14, 39, 114 Pauxu : 325
– Notre-Dame des Victoires (Augustins, Pays-Bas : 207
couvent) : 46 Pedersen, F. S. : 44
– Parlement : 42, 114, 256 Pellegrin, É. : 7, 8, 104, 110, 155, 173, 176,
– Petite-Sorbonne (collège) : 142, 149, 177, 270
178, 254-268, 273, 278, 294, 295, Pellot, P. : 310
304, 331 Pelzer, A. : 12, 164, 177
– Presles (collège) : 41, 53, 115 Peñiscola : 168
– Saint-Augustin (couvent) : 14 Perion, Joachim : 160, 163, 164, 167
– Saint-Maturin : 114, 233 Perraut, A. : 353
– Saint-Michel (collège) : 35 Perkams, M. 172
– Saint-Nicolas de Soissons : 115 Petit, Jean : 162
– Saint-Nicolas du Louvre (S. Nicolaus de Petit-Radel, L. C.F. : 344
Lupara, collège) : 36, 98, 114 Petitmengin, P. : 8, 213
– Saint-Thomas du Louvre : 114 Pétrarque : 84
– Saint-Victor (abbaye) : 14, 176, 298, Petrus : v. Pierre/Petrus
299 Peyrafort-Huin, M. : 7, 8, 9
– Sées (collège) : 46, 47, 59 Pforzheim : 226, 232
– Sorbonne (collège) : 8, 9, 14, 15, 16, 19, Ph. Flam. : 326
20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, Philippe VI : 279
33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, Philippe Auguste : 69
43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 52, 54, Philippe le Bon : 210
55, 56, 57, 58, 59, 63, 65, 66, 67, 74, Philippe le Chancelier : 131
75, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 85, Phillipps (collection) : 40
87, 89, 90, 91, 92, 93, 94, 95, 96, 97, Philippus : 326
98, 99, 102, 103, 104, 105, 106, 107, Pic de La Mirandole, Jean : 54-55
108, 109, 110, 111, 112, 113, 114, Picardie : 195
115, 116, 117, 118, 127, 129, 132, Pierre / Petrus
133, 134, 136, 137, 138, 139, 141, – d’Ailly : 52
143, 145, 146, 149, 150, 152, 153, – Auriol : 302, 303
155, 156, 158, 160, 165, 167, 168, – d’Auvergne : 151, 173
169, 170, 174, 175, 176, 177, 182, – Bertrand : 35
185, 190, 193, 194, 195, 196, 197, – Corii : 28
198, 199, 201, 205, 207, 209, 218, – de Farbu : 139
222, 225, 229, 230, 233, 235, 237, – Foliot : 177
245-355. – de Fontaines : 200
– Tours (collège) : 41, 46, 47, 57 – de Jean Olieu : 274
– Tréguier (collège) : 41, 52, 114 – Lecomte : 36
– Trésorier (collège) : 34, 38, 51, 52, 98, – Le Mangeur : 266, 298
103, 104, 105, 107, 109, 115
77, 80, 97, 127, 258, 288, 291, 292, Scarpatetti, B. von : 26, 27, 225, 226, 231,
294, 295, 296, 297, 302, 315, 343 238, 239
Robinet, A. : 126 Schabel, Ch. : 10
Roger de Fournival : 69 Schefer, B. : 55
Rogerus Derbi : 326 Schmitt, C. B. : 132, 146, 159, 163, 164
Rogerus de Roseto : 326 Schmugge, H. et L. : 232
Romanus : v. Jean Romain Schneider, J. H.J. : 129, 255
Rouen : 50 Schorn-Schütte, L. : 174
– Diocèse : 230 Scott-Fleming, S. : 67
– Notre-Dame (cathédrale) : 69 Sedulius : 92,
Rouge-Cloître (abbaye) : 216, 221 Seidler, E. : 72, 347
Rouse, R. H. : 18, 42, 65, 66, 74, 86, 87, 100, Seneca, Sénèque : 78, 84, 230
102, 108, 110, 111, 132, 136, 137, 192, Senko, W. : 139, 140, 141, 142, 147, 148,
196, 232, 276, 282, 284, 287, 289, 291, 151, 155, 168
293, 314, 343, 347, 349, 350 Senlis : 116
Rouse, M. A. : 18, 42, 65, 66, 87, 102, 108, Senner, W. : 127
11, 111, 196, 232, 276, 284, 293 Sens : 50
Roy, B. : 71 Sepr. (?) : 327
Roze, l’abbé : 66 Serapion : 249
Ruch, M. : 87 Sère, B. : 126, 127, 148, 151, 171, 179
Russell, B. M. : 70 Sharpe, R. : 6, 7
Sforza : 7
S Shooner, H. V. : 139, 151, 152, 169, 178, 261,
S. Gael : 326 326, 327, 343
Saarinen, R. : 139, 172 Siger de Courtrai : 21, 267
Sabbadini, R. : 85 Simon de Compiègne : 197
Saccenti, R. : 135 Simone da Lovere : 159, 170
Sagalonis de Fontaines (?) : 326 Smith, M. : 5
Saint-Amand (abbaye) : 144 Socrate : 78, 84, 85
Saint-Denis en France (abbaye) : 8 Sohn, A. : 11, 53, 106, 252, 316
Saint-Quentin : 5 Soissons : 5
Saint-Riquier (abbaye) : 197 Solinus, Solin : 78, 80, 84, 85
Saint-Trond (abbaye) : 219 Sorabij, R. : 90, 136
Saint-Veit : v. Prague Sordet, Y. : 13
Salman, D. : 137, 138 Speer, A. : 162
Salter, H. E. : 39 Spire (diocèse) : 117
Samaran, C. : 148, 151, 256, 258, 259, 266, Spire : 226, 232
269, 274, 275, 276, 277, 292, 301, 302, Stabile, R. : 24, 113, 126, 352
305, 325, 349 Starck-Adler, A. : 238
Sanderlin, D. : 35, 47, 48, 49, 50 Stegmüller, F. : 220
Sanders, Antoine (dit Sanderus) : 212 Stein (village) : 232
Sanford, E. M. : 92 Stephanus : 327
Sardolio (de) : 326 Stephanus Galdeti : 258
Sauval, H. : 57 Stephanus de Gebennis : 250
Savini, A. : 33 Stephanus : v. aussi Étienne
Savoye, M.-L. : 23, 25, 185, 192, 201, 202, Stirnemann, P. : 67, 93, 94, 95, 264, 280
267 Stock, F. : 235
Scarcia Piacentini, P. : 85 Stöcklin-Kaldewey, S. : 229
F O
Frankfurt am Main, Stadt-und Oxford, Bodleian Library
Universitätsbibliothek – Rawlinson D 410 : 221
– Praed. 113 : 219, 220
P • Latin
Paris, Archives de l’Université – 2996 : 292 • 5493 : 54, 328 • 5494A :
– Carton 20, no 1 : 107 43 • 5838 : 288 • 6602 II : 78 • 7422 :
Paris, Archives nationales 44, 45, 46 • 7775 : 84 • 8260 : 84
– H 2587 : 233 • H3 2566 : 39 • 9961 : 43 • 10983 : 46 • 14065 : 93
• H3 2633 : 41 • H3 2736-2737 : 41 • 15191 : 325 • 15192 : 325 • 15194 :
• H3 2803 2 : 103 • L 614, no 8 : 36 340 • 15197 : 322 • 15202 : 322,
• L 614, no 11 : 36 • L 614, no 12 : 36 324, 325 • 15206 : 326 • 15211 : 280
• M 74 : 40, 41 • M 75 : 40 • M 80, • 15215 : 323 • 15238 : 327 • 15242 :
no 13 : 36 • M 80, no 28 : 103 • M 80, 287 • 15245 : 325 • 15253 : 278
no 101 : 36 • M 131, no 4 : 39 • M 137, • 15254 : 286 • 15257 : 281 • 15258 :
no 8b : 58 • M 171, no 35 : 102 281 • 15259 : 281 • 15268 : 271
• M 183, no 7 : 39 • M 194, no 5 : 103, • 15277 : 301, 302, 317, 337, 341
119-122 • M 801a : 14 • MM 112 : • 15279 : 272 • 15296 : 284, 324
41 • MM 278 : 41 • MM 337 : 41 • 15299 : 287, 326 • 15302 : 281,
• MM 346 : 41 • MM 356 : 41, 104 291, 292, 337 • 15315 : 291, 292,
• MM 374 : 41 • MM 406 : 102 336 • 15319 : 325 • 15322 : 259, 289,
• MM 416 : 41 • MM 418 : 41 • S 6211- 299, 323, 332 • 15325 : 284, 285,
6229 : 40 • S 6346 A, no 1 : 117 • X1A 291, 323, 324, 325, 336 • 15334 : 287
9807 : 115 • 15336 : 287 • 15341 : 261, 324, 326
Paris, Bibliothèque de l’Arsenal • 15344 : 223 • 15345 : 324 • 15346 :
– 145 : 53 • 248 : 217 • 257 : 53 • 1021 : 322 • 15347 : 286 • 15748 : 223
228 • 1116 : 328 • 1223 : 42 • 1228 : • 15351 : 260 • 15352 : 267 • 15355 :
41, 206, 214, 219 • 2058 : 199 259, 272 • 15362 : 249, 259, 272,
• 3142 : 201 • 6264 (olim Hist 56B) : 274, 290, 325, 330 • 15364 : 271
312 • 6268 : 312 • 15365 : 275, 305, 325 • 15371 :
Paris, Bibliothèque de l’Université de Paris 339 • 15372 : 269, 269 • 15374 :
– 177 : 41 • 966 : 41 • 1577 : 41 305 • 15382 : 288 • 15390 : 275, 305
Paris, Bibliothèque Mazarine • 15411 : 282 • 15417 : 301 • 15419 :
– 89 : 53 • 253 : 115 • 943 : 209 • 985 : 301 • 15429 : 291, 298, 323, 326
53 • 1713 : 53 • 1717 : 53 • 3323 : • 15431 : 284, 324 • 15450 : 281,
115, 133, 154, 186, 229 • 3515 : 175, 315 • 15452 : 207, 223 • 15457 : 288
176 • 3797 : 14 • 4204 : 165, 166, • 15467 : 31, 316 • 15469 : 141, 288,
312 • 4205-4217 : 312 • 4219 : 312 290, 291 • 15530 : 256, 286, 331
• 4221 : 312 • 15570 : 301 • 15580 : 258 • 15588 :
Paris, Bibliothèque nationale de France 274 • 15589 : 257, 258 • 15605 :
• Archives modernes 326 • 15607 : 269 • 15608 : 288,
– 4921 : 46 322 • 15611 : 260 • 15613 : 323, 327
• Français • 15615 : 41 • 15641 : 288 • 15646 :
– 763 : 193 • 961 : 221 • 1136 : 196 325 • 15652 : 289 • 15655 : 289, 317
• 1444 : 201 • 2021 : 197 • 12555 : • 15657 : 287 • 15663 : 323 • 15685 :
193 • 24276 : 190, 191, 196 • 24402 : 251 • 15669 : 152 • 15693 : 136
188, 190, 191, 193 • 24766 : 190, • 15701 : 287, 299 • 15702 : 259,
191, 197 • 24780 : 187, 188, 191, 289, 290, 311, 325, 332 • 15703 :
192, 200, 267 • 24870 : 191, 198 300, 311 • 15705 : 311 • 15706 : 325
• Nouv. acq. françaises • 15707 : 324 • 15713 : 287, 288, 324
– 4338 : 196 • 21285 (olim Phillipps • 15714 : 326 • 15716 : 299, 323, 324
2975) : 40 • 28513 : 64 • 15719 : 323, 323 • 15721 : 207, 223,
224, 285, 294, 324 • 15722 : 287,
336 • 15728 : 284, 322, 324 • 15734 : • 16130 : 264, 265, 267, 333 • 16144 :
291, 292 • 15744 : 265 • 15750 : 207, 222, 224, 322 • 16147 : 141,
284 , 324 • 15751 : 287 • 15756 : 292 144, 182, 292 • 16154 : 322 • 16156 :
• 15762 : 223 • 15764 : 205, 208, 223, 257, 294 • 16157 : 260, 272 • 16160 :
224, 326 • 15767 : 326 • 15774 : 223, 260 • 16164 : 256 • 16170 : 250, 257,
224 • 15775 : 327 • 15778 : 301, 303 317 • 16171 : 315, 317 • 16176 : 294
• 15780 : 326 • 15782 : 271 • 15787 : • 16184 : 259, 274 • 16193 : 264, 265,
267 • 15790 : 267 • 15791 : 169, 259, 267, 279, 335 • 16194 : 274 • 16196 :
272 • 15793 : 322 • 15795 : 259, 271 286 • 16198 : 267, 333 • 16204 : 71,
• 15796 : 280 • 15797 : 157 • 15802 : 78 • 16207 : 251 • 16208 : 71 • 16209 :
326 • 15804 : 302 • 15829 : 277, 287, 83, 326 • 16210 : 302 • 16218 : 316,
314 • 15830 : 306, 339 • 15833 : 338 • 16219 : 286, 307, 338 • 16244 :
301, 303 , 308 • 15837 : 275, 286 271 • 16260 : 278 • 16263 : 294
• 15838 : 286 • 15839 : 278 • 15843 : • 16265 : 313 • 16268 : 313 • 16271 :
264, 265, 267, 325 • 15844 : 265 256, 273 • 16297 : 259, 271 • 16316 :
• 15848 : 290 • 15850 : 286 • 15853 : 273 • 16334 : 292, 322 • 16355 : 323
284 • 15861 : 301, 322 • 15863 : 260, • 16359 : 323 • 16374 : 276, 277,
272 • 15864 : 269, 279 • 15866 : 275 292 • 16380 : 325 • 16386 : 255,
• 15867 : 274, 302 • 15870 : 292 299, 300 • 16388 : 269 • 16390 : 325
• 15874 : 293, 301, 303 • 15875 : • 16393 : 315 • 16395 : 286 • 16397 :
303 • 15877 : 260, 272 • 15878 : 269 196, 250, 251, 270 • 16399 : 295
• 15880 : 278 • 15882 : 305 • 15883 : • 16407 : 260, 261, 283, 322 • 16409 :
275 • 15885 : 142, 146 • 15892 : 255, 257 • 16425 : 258 • 16437 : 272, 334
289, 290, 322, 330, 331 • 15897 : • 16465 : 326 • 16467 : 325 • 16471 :
326 • 15900 : 206, 218, 224 • 15901 : 288 • 16476 : 323, 325 • 16481 : 195
206, 218, 224 • 15921 : 288, 301, 302, • 16482 : 272, 301, 325 • 16496 : 286,
313, 326 • 15926 : 303 • 15945 : 271 323 • 16498 : 286 • 16499 : 286, 325
• 15949 : 271 • 15952 : 278 • 15954 : • 16516 : 286 • 16528 : 269 • 16542 :
288 • 15956 : 324 • 15959 : 291, 292 313 • 16545 : 282 • 16500 : 288
• 15961 : 283 • 15962 : 271 • 15966 : • 16505 : 324 • 16516 : 325 • 16551 :
271, 286 • 15972 : 288 • 15982 : 273, 317 • 16552 : 266 • 16553 : 266
274, 293 • 15985 : 286 • 15993 : 288, • 16554 : 288 • 16599 : 294 • 16560 :
292, 322, 325 • 15997 : 142 • 16011 : 266, 271 • 16567 : 273 • 16574 : 38,
305 • 16017 : 265, 266 • 16018 : 265, 39, 40, 41, 54, 106, 108 • 16580 : 316
266, 301 • 16031 : 317 • 16041 : • 16581 : 84, 93, 135, 165 • 16581
322 • 16052 : 195, 287 • 16069 : II : 84 • 16582 : 155, 182 • 16583 :
40 • 16070 : 43 • 16079 : 92, 288 169 • 16589 : 294 • 16593 : 304, 305,
• 16086 : 260 • 16090 : 141, 142, 316, 324 • 16598 : 94 • 16601 : 286
143, 144, 146, 178, 183 • 16092 : 322 • 16602 : 95 • 16604 : 94 • 16605 :
• 16095 : 264, 265, 267, 279 • 16096 : 137, 277 • 16608 : 168, 169 • 16609 :
137, 259, 271, 334 • 16099 : 273, 306 275 • 16612 : 178, 256, 331 • 16618 :
• 16104 : 139, 207, 223, 224 • 16105 : 256 • 16646 : 324 • 16648 : 274,
140 • 16106 : 140, 182, 288 • 16107 : 311 • 16652 : 93, 94 • 16660 : 276
286 • 16110 : 150, 151, 152, 153, 167, • 16662 : 94 • 16663 : 273 • 16681 :
182, 183, 286 • 16111 : 272 • 16114 : 24, 147, 148, 149, 150, 272, 277, 309
260 • 16116 : 294, 337 • 16119 : • 16703 : 324 • 16716 : 268 • 16944 :
259, 272 • 16122 : 259 • 16126 : 286 53 • 17831 : 175 • 17975 : 53
• 16127 : 155, 182 • 16128 : 148, 149,
175, 178, 257 • 16129 : 149, 175
Préface
Jean-Philippe Genet 5
Introduction
Claire Angotti 13
Chapitre 1
La place de la Sorbonne au cœur de l’institution collégiale
Chapitre 2
Des bibliothèques des maîtres séculiers aux bibliothèques des collèges
Chapitre 3
Développement des bibliothèques et pluralité des textes au collège
Chapitre 4
Lecteurs de la fin du Moyen Âge, des portraits contrastés
Chapitre 5
Enquêter sur les collections de la Sorbonne