Vous êtes sur la page 1sur 11

See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/257699768

Rédaction et relecture d’un article

Article in Kinésithérapie la Revue · April 2008


DOI: 10.1016/S1779-0123(08)70545-X

CITATION READS

1 4,782

3 authors, including:

Pierre Trudelle Bernard Petitdant

103 PUBLICATIONS 64 CITATIONS


Institut Lorrain de Formation en Masso-Kinésithérapie
70 PUBLICATIONS 37 CITATIONS
SEE PROFILE
SEE PROFILE

All content following this page was uploaded by Bernard Petitdant on 04 April 2019.

The user has requested enhancement of the downloaded file.


Savoirs Kinesither Rev 2008;(76):48-57

Qualité
Rédaction et relecture d’un article
Un exemple concret pour promouvoir l’écriture et lecture
P IERRE T RUDELLE (1), C HRISTOPHE DE M ARCH (2), B ERNARD P ETITDANT (3)

La rédaction d’un article suit des règles internationales de forme MOTS CLÉS
et de fond. Nous vous proposons un exemple concret d’un article
soumis à « Kinésithérapie, la revue » avec les commentaires de Analyse critique
relecture. En espérant que cela aide les futurs auteurs dans leur Fond
écriture et les lecteurs dans leur lecture. Forme
Littérature scientifique
Qualité

I l y a tout juste 10 ans, nous écrivions avec Hervé


Maisonneuve deux articles sur la qualité de la rédac-
tion en kinésithérapie. Hervé Maisonneuve était à
lysé sont citées dans l’encadré 2 et appelées dans le texte
(réf. Suivi du numéro de la référence) pour ne pas les
confondre avec nos références bibliographiques. Le
l’époque directeur de l’évaluation à l’ANAES et Prési- texte a été adressé en relecture anonymement (ni les
dent de l’Association Européenne des éditeurs scienti- auteurs, ni les lecteurs ne se connaissent). Vous retrou-
fiques : EASE (http://www.ease.org.uk/). Ces articles verez les commentaires des relecteurs, ainsi que les
ont souvent été cités pour promouvoir la qualité de miens au cours du texte.
l’écriture et indirectement de la lecture. Ils sont dispo-
nibles gratuitement sur Internet dans les archives des
« annales de kinésithérapie » [1, 2]. D’autres articles Analyse d’un exemple concret
ont été publiés depuis [3, 4] et certains ouvrages récents
ont une présentation très pédagogique pour promou- Le titre
voir la qualité rédactionnelle [5-7]. De même des sites
Le titre du travail était : « Influence d’une hypoextensibilté
Internet [8-12] actualisent ces données ou les recom-
du muscle psoas-iliaque sur les dysfonctions sacro-iliaques de
mandations internationales de rédaction d’articles (ap-
sujets asymptomatiques ». Il pourrait être plus « informa-
pelée souvent « Normes de Vancouver »). Vous retrou-
tif » en donnant les résultats obtenus de l’étude comme
verez en encadré 1 les notions standards de forme et de
par exemple : « L’hypoextensibilté du muscle psoas-ilia-
fond.
que influence les dysfonctions sacro-iliaques de sujets
Cet article a pour objectif de citer brièvement les règles
asymptomatiques ». Le titre est en général choisi au dé-
de rédaction et, à travers un exemple concret, de com-
part et corrigé en fin de travail. Si l’auteur ne l’a pas
menter les points à améliorer.
fait, il y a souvent un décalage entre la lecture de l’ar-
Le texte analysé est un mémoire d’étudiant de l’IFMK
ticle et le titre. Regardez si vous pouvez lire le résultat
de Nancy qui a été réduit pour correspondre aux re-
principal dans le titre. Un bon titre, c’est un maximum
commandations de Kinésithérapie, la revue [13]. C’est un
de précisions, dans un minimum de mots, autrement
travail difficile de ré-écriture et, pour les auteurs, un
dit : « Faire court, précis et simple ».
temps important investi. Le texte soumis est présenté
ci-après en italique pour dissocier l’avis de relecture du Le résumé
texte lui-même. Les références citées par l’article ana-
Dans l’encadré 3, vous retrouverez le résumé de l’article.
Il reprend le plus souvent le plan IMRaD : Introduction :
qu’est-ce que je veux faire ? Méthode : comment j’ai
(1) Cadre de Santé Masseur Kinésithérapeute. Rédacteur en chef de fait ? Résultats : qu’est-ce que j’ai obtenu ? Discussion :
Kinésithérapie, la revue. p.trudelle@wanadoo.fr qu’est-ce que j’en pense ? Noter que le « a » de IMRaD
(2) Masseur Kinésithérapeute
(3) Cadre de Santé Masseur Kinésithérapeute, Institut Régional de
signifie « and » pour séparer les faits (IMR) des opinions
Réadaptation (Pr. J.M. ANDRE), Clinique de Traumatologie et ou avis de l’auteur (D). Le résumé « structuré classique »
d’Orthopédie (Pr. D. MOLE), 49 rue Hermite, 54052 Nancy Cedex. reprend souvent un style télégraphique. Chaque revue
E-mail : bpetitdant@sincal-cto.fr peut proposer des recommandations spécifiques qui sont
Remerciements aux auteurs d’avoir accepté que leur article serve de plus ou moins identiques au modèle proposé dans l’en-
modèle à cette analyse. cadré 4. Essayez de placer chaque phrase du résumé de

48
Rédaction et relecture d’un article Kinesither Rev 2008;(76):48-57

l’encadré 3 à la bonne place du plan proposé dans l’en- données (Medline utilise le Mesh). Associer les mots-
cadré 4. Vous pourrez essayer de faire le même exercice clés permet de localiser les articles recherchés précisé-
en reprenant les informations directement dans le texte. ment. Il peut exister des mots clés « majeurs » ou « mi-
neurs ». Ils sont présentés par ordre alphabétique ou
Les mots-clés par ordre d’importance. Chaque revue peut proposer de
Les mots-clés cités dans l’article sont : Articulation sacro- modifier les mots-clés en fonction de son Thesaurus. Ici,
iliaque, Muscle psoas iliaque, Hypoextensibilité. Les mots- les mots-clés sont laissés libres à l’auteur car le « mo-
clés servent à « indexer l’article » dans des bases de teur de recherche » du site Internet Elsevier-Masson

E NCADR E 1. QU E LQU E S NOTION S DE FOR M E ET DE FON D.

Le style de l’article thérapeutique, critères d’analyse des articles pour des revues do-
cumentaires). Pour un cas clinique, quelles techniques ont été ap-
Précision : dissocier les faits des opinions. Vérifier les chiffres/to- pliquées ?
taux, les illustrations, les références (citation, transcription). Evaluation : comment a t-il évalué son intervention ? (l’auteur a t-il
Clarté : placer les mots importants en début de phrase : c’est la cité les critères de jugement utilisés pour évaluer son interven-
« position forte » (idem pour les paragraphes) ; le temps des ver- tion ? L’objectif est le plus souvent une comparaison de données
bes est important, ce qui est fait est au passé (méthode et résul- dans le temps ; après la description de ces critères, a t-il expliqué
tats), ce que l’on pense est au présent (discussion) ; pas de varia- comment il a analysé ces données ?). Pour un cas clinique, l’au-
tion élégante (même mot utilisé pour décrire la même chose), pas teur a t-il cité comment il avait évalué son patient et les critères
d’expressions émotionnelles, ponctuation. retenus pour comparer le début et la fin de traitement ?
Brièveté : utiliser les abréviations connues (à définir dès la pre- Autres méthodes : l’auteur a t-il d’autres informations sur la mé-
mière apparition) ; supprimer les adverbes, attention aux ellipses thode utilisée ? (l’auteur a t-il cité ses méthodes de calculs statis-
(l’enchaînement des idées de votre texte doit être cohérent). tiques, les considérations éthiques, ?).
Lisibilité : se rapprocher de 1 idée = 1 phrase, 15 mots par phrase,
supprimer double négation. NB : Ces parties du chapitre « méthode » s’appliquent pour diffé-
rents types d’articles. Ce chapitre contient les informations néces-
Le plan IMRaD saires pour refaire le même travail. C’est là que la validité de
l’étude peut être remise en cause. Le temps utilisé est le passé.
Introduction L’auteur peut référencer des méthodes déjà publiées. Pour un cas
Le connu : que connaît-on sur le sujet ? (Citez quelques référen- clinique, il peut rédiger dans l’ordre où a été fait le travail. Les ré-
ces bien choisies) sultats apparaissent dans le chapitre suivant.
L’inconnu : quelles sont les incertitudes dans ce domaine ? (Expli-
quez avec des mots simples ce que vous allez explorer) Résultats
La question : quelles sont les questions que l’auteur se pose sur Le chapitre « résultats » comprend les résultats mais seulement
ces zones d’incertitude et quelles méthodes de travail va t-il utili- des résultats. Ce sont des faits et non des opinions. Les FAITS
ser ? (C’est la conclusion de son introduction. Formuler son ob- sont exposés de manière chronologique. Les principaux résultats
jectif). peuvent être exprimés en premier ou dans l’ordre de présentation
NB : l’introduction est faite avant d’effectuer le travail, elle donne de la méthode. Les résultats sont exposés une seule fois (ne pas
une idée de la recherche documentaire réalisée. L’introduction doit répéter ce qui apparaît dans une figure ou un tableau).
être courte (pas de question de cours !). Le temps employé est le
présent (données établies) ou le passé (résultats d’auteurs cités). Discussion
L’auteur doit faire converger le lecteur d’un exposé général vers L’auteur discute son travail (le résultat principal et son implication
une question simple et précise. majeure).
Forces et faiblesses du travail réalisé (biais de chaque chapitre,
Méthodes intro, méthodes, résultats).
Sélection : comment l’auteur a t-il sélectionné les patients ou les Forces et faiblesses de ce travail par rapport à d’autres auteurs
articles qui font l’objet de son travail ? (a t-il cité les critères qui (au lieu de faire une revue de littérature, l’auteur doit sélectionner
ont permis de retenir ou d’exclure les éléments de l’échantillon de 2 à 5 articles ou travaux semblables au sien).
son travail ?). Critères d’inclusion ou de non-inclusion s’appliquant Signification de l’étude : mécanismes (l’auteur propose un hypothèse
à tout type de travail (clinique, biologique, documentaire). Pour un explicative, comment il est possible d’interpréter ses résultats).
cas clinique, pourquoi ce patient ? Les changements observés depuis son travail (pour lui, le service,
Intervention et/ou observation : quelles sont les interventions et/ou ou son lieu d’exercice), ou les changements à proposer ; questions
observations que l’auteur a réalisées sur les patients ? (l’auteur sans réponses, idées nouvelles.
doit citer ce qui a été fait et qui a provoqué un résultat : protocole

49
P IERRE T RUDELLE ET AL . Kinesither Rev 2008;(76):48-57

utilise les synonymes pour localiser les textes. Les ba- Notre étude cherche à montrer qu’une hypoextensibilité d’un
ses de données qui indexent Kinésithérapie, la revue uti- des muscles psoas iliaques chez un sujet asymptomatique, fa-
lisent leurs propres mots-clés. voriserait une dysfonction de l’ASI homolatérale (NDR : sur
la forme, il faut placer l’objectif de l’étude en fin
Le texte d’introduction pas au milieu).
Voici le texte soumis en relecture. Vous pouvez essayer Classiquement, la littérature décrit les mouvements de nutation
de noter les éléments qui vous semblent améliorables et de contre-nutation autour d’un axe constitué par le ligament
sur la forme ou le fond. Le texte est en italique et nous axile. Lors du mouvement de nutation, le sacrum tourne autour
noterons les commentaires de la relecture dans le texte de cet axe, emmenant sa base vers l’avant et le bas et sa pointe
entre parenthèses « en caractères gras » précédés de vers l’arrière par rapport aux ailes iliaques (réf 3, 4). En même
NDR pour note de la relecture). temps, les ailes iliaques se rapprochent (en fermeture) pour di-
minuer le diamètre antéropostérieur du détroit supérieur du
Introduction bassin et les ischions s’écartent, augmentant le diamètre du dé-
Les articulations sacro-iliaques (ASI) sont considérées comme troit inférieur. La contre-nutation correspond au mouvement in-
un facteur potentiel de douleurs lombo-sacrées (réf 1), en par- verse (réf 3). Cependant, Paillex (réf 5) expose une autre théo-
ticulier chez le sportif. Ces douleurs proviendraient de dysfonc- rie reposant sur une association de deux types de mouvements :
tions de l’articulation. Ces dysfonctions sont mises en évidence Un mouvement de translation pure antéro-postérieure du sacrum
par les différents tests de mobilité de l’ASI. Elles sont considé- suivant l’axe de la partie inférieure de la surface auriculaire (lors
rées le plus souvent comme étant idiopathiques. du passage de la position décubitus à la position debout).
Les muscles péri articulaires de l’ASI ont une influence sur ces Un mouvement de rotation du sacrum par rapport à l’aile ilia-
dysfonctions, en particulier le muscle psoas iliaque qui est sys- que autour d’un axe transversal pré auriculaire situé en bas
tématiquement traité en première intention pour ne pas faus- et en avant du promontoire sacré (lors d’une flexion-extension
ser les tests de mobilité. Aucune étude statistique n’a encore du tronc) (NDR : sur la forme, lors d’une énuméra-
démontré l’intérêt de cette pratique. tion, il ne faut pas mettre de majuscules et placer
Une étude réalisée sur 101 sujets asymptomatiques (réf 2) met un point virgule en fin de chaque ligne).
en évidence qu’au moins 20 % de ces sujets présentent un ou Ces deux conceptions sont considérées comme complémentaires
plusieurs tests de mobilité positifs ; il peut donc exister une dys- (réf 5, 6). L’ASI permet donc deux types de mouvements ; la
fonction sacro-iliaque chez des sujets sains. translation et la rotation.

E NCADR E 1. QU E LQU E S NOTION S DE FOR M E ET DE FON D (S U ITE).

Les illustrations
Quel est l’objectif de l’article ?
Le tableau est toujours le choix de la précision. Il comprend des Chercher à la fin de l’introduction ou au début du résumé.
lignes et des colonnes (les bordures du tableau sont souvent éli- De quel type d’étude s’agit-il ?
minées). Il existe différents types d’étude : étude comparative randomisée,
Les tableaux et les figures doivent pouvoir être compris sans lire cas clinique, série de cas, rapport de recherche (cf. cours magis-
le texte. tral 1). Est-ce adapté à la question posée ?
La légende du tableau est au-dessus. Des commentaires explica- Quel est le facteur étudié ?
tifs peuvent figurer en note de bas de tableau. La chronologie se Qu’est-ce que l’auteur évalue ou étudie ?
fait par ordre de citation dans le texte. Quel est le critère de jugement ?
Tout ce qui n’est pas un tableau (schéma, photos, dessins, histo- Sur quoi juge t-il ses résultats ?
grammes, courbes) est une figure. La légende est située en-des- Quelle est la population étudiée et de quel échantillon s’agit-il ?
sous. La numérotation est en général en chiffre arabe. La chrono- Y a-t-il des biais et des facteurs de confusion ?
logie se fait par ordre de citation dans le texte. Existe t-il des éléments qui remettent en cause l’évolution des ré-
sultats ?
Analyse du fond Quels sont les résultats ?
Sont-ils significatifs (test statistique adapté) ? La taille de l’effet
Sur le fond, c’est la section méthode qui est critiquable et c’est là est-elle abordée (effect size) ?
qu’il faut aller chercher en premier les biais, en reprenant les huit Synthèse des jugements ?
critères de Landrivon. Est-ce que l’auteur répond à la question posée de manière adap-
Pour chacune des questions suivantes, rechercher s’il existe dans tée ?
l’article l’information, si oui est-ce correct, si non est-ce que cela
remet en cause l’article ?

50
Rédaction et relecture d’un article Kinesither Rev 2008;(76):48-57

E N C A D R É 2 . R É F É R E N C E S C I T É E S D A N S L’ A R T I C L E A N A LY S É .

[1] Dreyfuss P, Michaelsen M, Pauza K. The value of medical [12] Monière J. Les techniques d’examen de l’articulation sacro-
history and physical examination in diagnosing sacroiliac joint iliaque : revue générale. Rev Méd Orthop 1997;47:21-9.
pain. Spine 1996;21:2594-602. [13] Fryette Harisson H. Quelques raisons pour lesquelles les
[2] Dreyfuss P , Dreyer S , Griffin J. Positive sacroiliac lésions sacro-iliaques se reproduisent. Ostéopathie
screening tests in asymptomatic adults. Spine 1994;19: Thérapies Manuelles, 1990, 36.
1137-43. [14] Van Der Wurf P. Clinical tests of sacro-iliac joints.
[3] Kapandji IA. Physiologie articulaire, fascicule III, tronc et Asystemic methodological review. Part 1: reliability. Man.
rachis. Paris, Maloine, 1972. Ther 5; 30-6.
[4] Rouvière H. Anatomie humaine descriptive et [15] Slipmann CW. The predictive value of provocative sacro-
topographique, tome1, tête, cou et tronc. 4e éd. Paris, iliac joints stress manoeuvre in the diagnosis of sacro-iliac
Masson, 1940. p.551-3, 590-4. 608-10. joint syndrome. Arch Phys Med Rehab 79;.288-92.
[5] Paillex R. Analyse biomécanique de l’articulation sacro- [16] Rontanen P, Airaksinen JM. Poor agreement between so-
iliaque. Ann Kinésithér 1996;23:231-40. called sacro-iliac joints test in ankylosing spondilitis
[6] Bardot D, Bardot P. Chirothérapie lombo sacro-iliaque. patients. J Man Med 4: 62-4.
Ann Kinésithér 1996;23:223-30. [17] Buyruk HM. The measurement of sacroiliac joints stiffness
[7] Dolto B. Le corps entre les mains. Paris, Hermann, 1976. with colour doppler imaging : study on healthy subjects.
p. 179-87, 221-7 Eur J Radiol1995; 15: 21-2, 117-21.
[8] Simon B, Gouilly P, Peverelly G. Le psoas : synthèse de 12 [18] Levangie PK. Four clinicals tests of sacro-iliac joint
actions musculaires. Kinésithérapie, les cahiers 2001;0:73-7. dysfunction: The association of tests results with
[9] Pierron G, Peninou G, Leroy A, Dufour M. Kinésithérapie, innominate torsion among patient with and without low
membre inférieur, bilans, techniques passives et actives. back pain. Phys Ther 1999;77:1943-57
Paris:Flammarion médecine science, 1984, p.38 [19] Carmichael JP. Inter- and intra-tester reliability of palpation
[10] Boussiet S. Biomécanique et Physiologie du Mouvement. for sacroiliac joint dysfunction. Manip Physiol Ther 1987;
Abrégé Paris, Masson, 2002. p.58-9. 10:164-71.
[11] Fantoni G. Corrélation entre la douleur à la palpation de [20] Potter NA, Rothstein JM. Intertester reliability for selected
l’articulation sacro-iliaque, le motif de consultation et les clinical tests of sacro-iliac joints. Phys Ther 1985;65:1671-4.
résultats du test de flexion debout ou assis. Travail de [21] McCombe PF, Fairbank JCT, Cockersole BG , Pynsent PB.
recherche pour l’obtention du diplôme d’ostéopathie. Reproductibility of physical signs in low back pain. Spine
Suisse 2003. 1989;14:908-18.

E N C A D R E 3 . R E S U M É D E L’ A R T I C L E A N A LY S É E NCADR E 4. EXE M PLE D’U N R E S U M E STR UCTU R E

Existe-t-il une corrélation entre l’hypoextensibilité du muscle psoas Résumé structuré : Un style dit “télégraphique” avec des phrases sans
iliaque et une dysfonction de l’articulation sacro-iliaque chez des verbe peut être utilisé. Huit paragraphes avec un titre pour chacun.
sujets asymptomatiques ? Pour tenter de répondre à cette question, 1. But de l’étude. C’est la question principale de l’étude.
nous testons l’extensibilité du muscle psoas iliaque puis la mobilité 2. Protocole. Le type d’étude utilisé pour ce travail.
sacro-iliaque de 50 sujets asymptomatiques des 2 sexes. 77,8 % 3. Lieu de l’étude. Où a été effectué le travail pour pouvoir le ren-
des sujets présentant une hypoextensibilité du psoas iliaque ont une dre applicable à la pratique quotidienne.
dysfonction sacro-iliaque. La concordance entre les 2 facteurs tes- 4. Malades. Les participants de l’étude inclus, les perdus de vue
tés est vérifiée par un test de kappa de 0,78 avec un intervalle de ou ceux qui ont arrêté l’étude en cours.
confiance de 95 %. 5. Intervention. Caractéristiques essentielles des interventions
(durée, méthode).
6. Critère de jugement principal. Les méthodes d’analyse plani-
fiées avant la collecte de données sont exposées. Le critère de
jugement est défini avec précision.
7. Résultats. Présentés sous forme narrative. Tous les résultats
principaux sont exposés.
8. Conclusions. Seules les conclusions évidentes et sans ambi-
guïté sont exposés. Leur application clinique et les études com-
plémentaires concluent le chapitre.

51
P IERRE T RUDELLE ET AL . Kinesither Rev 2008;(76):48-57

La combinaison de ces mouvements, appliquée aux ailes ilia- bilité du psoas ?) et aucune différence de longueur des
ques, permet de décrire des mouvements de rotation antérieure membres inférieurs. Ces sujets, volontaires pour participer à
(l’épine iliaque antéropostérieur (EIAS) se déplace vers le bas une étude sur la validation d’un test d’extensibilité du psoas,
et l’avant) et de rotation postérieure, et des mouvements en ou- ont accepté de poursuivre immédiatement après avec la pré-
verture et en fermeture (les ailes iliaques s’éloignent ou se rap- sente étude (NDR : sur la forme, le nombre de sujet est
prochent) (réf 3). un « Résultat », il faut le placer au début du chapi-
Les blocages antérieurs et postérieurs sont dus à une mise en tre (en signalant combien ont été inclus, exclus, re-
tension exagérée du système capsulo-ligamentaire. Physiologi- tenus). Il faut expliquer comment l’échantillon a été
quement, lors d’une flexion du tronc, le sacrum effectue une construit et comment le nombre de sujets a été dé-
nutation, puis entraîne les deux ailes iliaques avec lui quand terminé dans la partie « Méthodes »).
la mobilité des ASI est épuisée.
Dans le cas d’un blocage unilatéral de l’ASI, le sacrum ne 2.2. Matériel et méthode
tourne pas autour de l’ilium. Sa base l’entraîne donc vers Le matériel comprenait :
l’avant et le bas dès le début de la nutation suivant l’axe de – une table électrique de kinésithérapie ;
rotation. Du côté sain, le mouvement de rotation dans l’ASI – un goniomètre de Labrique ;
est possible, le sacrum n’entraîne donc l’ilium que si la mobi- – un stylo dermographique.
lité sacro-iliaque est épuisée. Cela explique l’asymétrie de la Dans un premier temps, l’extensibilité des muscles psoas ilia-
course des épines iliaques postéro supérieures (EIPS) lors des ques droit et gauche du sujet a été testée par un test en décu-
tests de mobilité des ASI. bitus bout de table par un premier opérateur. Sa reproducti-
La réflexion des fibres du muscle iliaque sur l’os coxal au ni- bilité intra testeur a été démontrée (NDR : sur le fond,
veau de l’éminence ilio-pectinée lui donne une action synergi- résultat de son coefficient de corrélation intra-classe
que de celle du muscle obturateur latéral (réf 6, 7) à savoir : et référence non cités). Dans un second temps, la mobilité
une inclinaison du pubis en avant et vers le bas. Ce qui cor- des articulations sacro-iliaques est évaluée. Notre choix s’est
respond à une rotation vers l’avant de l’ilium homolatéral au- porté sur trois tests de mobilité : le test de flexion debout (TFD),
tour du sacrum. le test de flexion assis (TFA) et le test de Gillet qui ont les plus
Le psoas intervient indirectement sur le pelvis par sa « poulie hauts degrés de spécificité et de sensibilité parmi les tests de mo-
de réflexion » au niveau de l’éminence ilio-pectinée (réf 7- 9). bilité (réf 11). Si au moins deux tests sur trois sont positifs,
En station verticale, la résultante des forces du psoas tend à nous considérons que l’articulation sacro-iliaque est hypomo-
pousser l’éminence vers l’arrière. Le vecteur force (réf 10) passe bile et nous effectuons un test de Downing pour évaluer le sens
au-dessus de l’axe articulaire de la hanche ce qui rétroverse le de la lésion, c’est-à-dire une tendance à une position anté-
bassin en « roulant sur les têtes fémorales » (dans le cas d’une rieure ou postérieure de l’ilium par rapport au sacrum du côté
contraction bilatérale en chaîne fermée). Cette résultante de hypomobile. (NDR : sur le fond, l’auteur s’appuie sur
force passe sous l’axe de l’ASI ce qui tend à entraîner le pu- une référence non publiée, elle est de moindre va-
bis vers l’arrière donc l’aile iliaque vers l’avant. Le psoas joue- leur. La fidélité de ces tests de mobilité n’a que très
rait ainsi un rôle indirect dans l’antériorisation de l’aile ilia- peu été évaluée (par rapport à la reproductibilité)
que. par manque de référentiel standard (Van der Wurff,
(NDR : sur le fond, il faut citer des études scientifi- et al. Clinical tests of the sacro-iliaque joint. Part 2 :
ques autant que faire se peut pour que les informa- validity. Man Ther 2000;2:89-96). Seule une étude de
tions précédentes soient les plus fiables possibles. radiostéréométrie peut le faire (Sturesson et al. A radiostereo-
Limiter les « articles descriptifs » qui ne sont que metric analysis of movements of the sacroiliac joints during the
des opinions d’auteur sur cette partie. Existe-t-il standing hip flexion test. Spine 2000;25:364-8).
des études biomécaniques incontournables sur le 2.2.1 Mesure de l’extensibilité du psoas
sujet ? Est-ce que la recherche documentaire est à Pour la recherche de l’extensibilité du psoas, le sujet est en dé-
compléter ? Cette information serait utile pour que cubitus en bout de table, avec uniquement un coussin cunéi-
les lecteurs sachent que la recherche documentaire forme sous la tête. Les membres inférieurs sont complètement
a été exhaustive sur le sujet). détendus. Il tient son genou pour amener la hanche controla-
térale en flexion maximale ce qui entraîne une rétroversion de
2. Matériel et méthode bassin maximale et un effacement de la lordose lombaire
2.1. Population (NDR : sur la forme, la nouvelle nomenclature d’ana-
Notre étude porte sur une population asymptomatique de 50 tomie dit « lombale » et plus « lombaire ») mettant
sujets âgés de 19 à 25 ans (25 hommes et 25 femmes). Ces su- en tension le psoas iliaque homolatéral. Un assistant est placé
jets ne présentent aucune pathologie des hanches ou du com- en position controlatérale par rapport au membre inférieur à
plexe lombo-pelvi-fémoral (NDR : sur le fond, comment tester. Il place le genou controlatéral du sujet sous son aisselle
cela a été recherché ?), aucune rétraction du muscle droit pour s’assurer de la flexion maximale de hanche. Il place son
fémoral (NDR : sur le fond, comment différentier sa autre main sur le tiers inférieur de la cuisse homolatérale, pour
rétraction sans jouer un tant soit peu sur l’extensi- avoir une extension de hanche maximale qui se traduit par une

52
Rédaction et relecture d’un article Kinesither Rev 2008;(76):48-57

sensation de fin de course élastique molle (fig. 1). Il maintient 2.2.6. Évaluation de la position de l’ilium par le test de Dow-
la position jusqu’à l’arrêt de la mesure. Le testeur se situe en ning
position homo latéral par rapport au membre intérieur à tes- Le test de Downing joue sur les tensions capsulo-ligamentai-
ter sur un tabouret réglable en hauteur pour que la lecture de res et musculaires pour évaluer le mouvement de l’ilium. Une
la mesure articulaire se fasse à hauteur de ses yeux. Lorsque rotation latérale de hanche provoque le recul de la diaphyse
l’assistant annonce qu’il est prêt, le testeur vérifie que le droit fémorale (réf. 3) ce qui a pour effet de mettre en tension les
fémoral n’est pas rétracté en amenant le genou en flexion et adducteurs antérieurs (insérés sur le pubis) et le ligament de
place le goniomètre sur les repères osseux et effectue la lecture Bertin. Les adducteurs postérieurs (insérés sur l’ischion) sont
angulaire, en ayant le regard à l’horizontale (NDR : sur le relâchés. Ce qui amène l’ilium en rotation antérieure entraî-
fond, les repères osseux ne sont pas précisés. Pour- nant un « allongement » du membre inférieur. Une rotation
quoi pas un plurimètre ?). La lecture se fait au degré près médiale produit le phénomène opposé et amène l’ilium en ro-
(NDR : sur la forme, marge d’erreur de la mesure non tation postérieure, ce qui raccourcit le membre inférieur.
précisée. Quelle est la valeur normale, ou le seuil Le sujet est installé en décubitus dorsal strict. Au début du test
d’hypo-extensibilité ?) par rapport à la position de réfé- et entre chaque test, le patient fléchit les genoux en gardant les
rence qui est le plan de la table soit l’horizontale. pieds en appui sur la table et décolle les fesses du plan deux
L’extensibilité du psoas iliaque controlatéral est testée ensuite fois pour rééquilibrer les tensions musculaires et capsulo-liga-
de la même façon, puis une séance de retest a lieu en suivant mentaires. Le testeur trace un repère au crayon dermographi-
le même protocole. que au niveau des deux malléoles internes du sujet, puis pro-
cède au test d’allongement et de raccourcissement. Pour le test
2.2.2 Évaluation de la mobilité des articulations sacro-ilia- d’allongement, le testeur amène passivement le membre à tes-
ques : (réf 11, 12) ter en adduction et rotation latérale forcée et maintient la po-
sition 6 secondes. Il revient en position initiale passivement et
2.2.3. Test de flexion debout (TFD) compare la longueur des membres inférieurs au niveau des
Le sujet est debout, les pieds légèrement écartés (15 cm). Le tes- malléoles internes en se référant aux traits. Si le membre testé
teur se situe derrière le sujet. Il suit les crêtes iliaques vers l’ar- ne s’allonge pas ou s’allonge moins qu’il ne raccourcit, le test
rière jusqu’à sentir sous ses pouces les EIPS, il les place en des- est négatif. Cela signifie que l’ilium est postérieur. Pour le test
sous d’elles. En gardant les genoux tendus, le sujet effectue une de raccourcissement, le testeur amène passivement le membre
flexion antérieure du tronc en descendant aussi bas que possi- à tester en abduction et rotation médiale forcée et maintient la
ble. Le testeur évalue alors la symétrie des mouvements des position 6 secondes. Il vérifie de la même façon la longueur des
EIPS en fin de flexion (les EIPS sont censées effectuer un mou- membres inférieurs. Si le membre testé ne se raccourcit pas ou
vement ascendant de même amplitude). Le test est positif du
côté où l’EIPS effectue une ascension en fin de flexion. Il est
négatif si le mouvement est symétrique.

2.2.4. Test de flexion assis (TFA)


Pour ce test, le sujet est bien sûr assis, pieds à plat au sol écar-
tés, d’une largeur de 15 cm et les cuisses reposant sur le plan
de la table d’examen. Il place ses mains derrière la nuque,
doigts croisés. Le testeur se place derrière le sujet et place ses
pouces sous les EIPS. Le sujet effectue une flexion antérieure
du tronc en descendant aussi bas qu’il le peut. Le testeur éva-
lue la symétrie du mouvement des EIPS en fin de flexion. Le
test est positif du côté où l’EIPS effectue une ascension. Il est
négatif si le mouvement est symétrique.

2.2.5. Le test de Gillet Figure 1. Position du patient et de l’assistant.


Le sujet est debout, jambes légèrement écartées, mains en appui
contre un mur. Le testeur se place derrière le sujet et place un pouce
sous l’EIPI et l’autre au niveau de S2 à l’aplomb du second tuber- Tableau I. Répartition de l’hypoextensibilité du muscle psoas
iliaque et des dysfonctions sacro-iliaques.
cule sacré. Le sujet fléchit sa hanche et son genou du côté à tester.
Le testeur observe le mouvement de l’EIPI qui est censée descendre.
Fréquence Pourcentage
Si l’EIPI ne descend pas ou remonte, il y a une hypomobilité de
Hypoextensibilité oui 32/50 64 %
l’ilium du côté testé. Nous testons ensuite l’autre côté.
non 18/50 36 %
Une des articulations est considérée comme hypomobile quand au
moins deux tests sur trois sont positifs. Dans ce cas, nous poursui- Dysfonction oui 29/50 58 %
sacro-iliaque non 21/50 42 %
vons l’étude en évaluant la position de l’ilium du côté hypomobile.

53
P IERRE T RUDELLE ET AL . Kinesither Rev 2008;(76):48-57

se raccourcit moins qu’il ne s’allonge, le test est négatif. Cela de Pearson (degré d’association). L’auteur doit jus-
signifie que l’ilium est antérieur. tifier ces choix car les statistiques permettent d’af-
firmer et d’infirmer l’hypothèse. Idem plus loin
2.3. Résultats dans le texte). Cette concordance peut être définie ainsi :
Notre étude porte sur 50 sujets volontaires asymptomatiques, concordance observée = concordance réelle + concordance aléa-
25 hommes et 25 femmes. Les mesures d’extensibilité du psoas toire
iliaque ont toutes été réalisées par un même examinateur et Dans ce test, nous soustrayons l’accord du hasard pour obte-
les tests de mobilité des ASI ont été réalisés par un autre exa- nir la concordance réelle. Soit P0 la concordance observée et Pc
minateur mais toujours le même également (NDR : sur la la concordance aléatoire calculée sous l’hypothèse H0 d’indé-
forme, compréhension de la dernière phrase diffi- pendance de l’hypoextensibilité du psoas iliaque et de la dys-
cile). fonction SI :
64 % de la population étudiée présentent une hypoextensibi- kappa = P0 – Pc (concordance réelle)
lité d’un muscle psoas iliaque avec une prédominance du côté 1 – Pc (concordance non aléatoire)
droit (28 %) par rapport au côté gauche (8 %). (réf. Nous obtenons un kappa = 0,54 ce qui indique une bonne
Tableau I) (NDR : sur la forme, ne pas commencer une concordance entre les deux paramètres testés. Avec un inter-
phrase avec un chiffre). valle de confiance de 95 %, nous obtenons un kappa = 0,78.
Deux tests de mobilité sacro-iliaques sur trois donnent des ré- Il existe donc une concordance entre l’hypoextensibilité du
sultats positifs pour 58 % de la population étudiée et nous ob- psoas iliaque et une dysfonction sacro-iliaque. (NDR : sur le
servons une prédominance du côté droit (30 %) par rapport fond, il y a une petite erreur sur la formule du
au côté gauche (12 %). Notons que chaque test utilisé séparé- Kappa. C’est la concordance observée moins la
ment n’arrive pas au même pourcentage de positivité. Le TFD concordance liée au hasard qui est divisée par 1
donne 50 % de résultats positifs contre 36 % pour le TFA et moins la concordance liée au hasard. Voir le site :
34 % pour le test de Gillet. http://kappa.chez-alice.fr/Kappa_cohen.htm).
Dans la population présentant une hypomobilité sacro-ilia-
que, nous notons que les lésions antérieures prédominent 2.3.2. Étude de la discordance entre les résultats par un test de
(85 %). McNemar :
Par un test de McNemar, nous cherchons s’il existe une diffé-
2.3.1. Corrélation entre une hypoextensibilité du psoas iliaque rence significative entre les résultats. Les résultats ayant été dé-
et une hypomobilité SI du même côté montrés concordants par le test du kappa, les valeurs ne sont
Dans la population ayant une hypoextensibilité du psoas-ilia- pas indépendantes, on utilise pour le test de McNemar les ré-
que un 77,8 % de tests de mobilité SI sont positifs. Il existe- sultats discordants c’est-à-dire extensibilité normale du psoas
rait donc une corrélation entre ces deux facteurs. 21,88 % de iliaque avec dysfonction sacro-iliaque et hypoextensibilité du
tests de mobilité sont positifs chez les sujets ne présentant pas psoas iliaque avec mobilité normale de l’ASI. Nous obtenons
d’hypoextensibilité du psoas iliaque (réf. Tableau II). un p = 0,37 ; il n’existe pas de différence significative donc pas
Le test de kappa nous permet de savoir s’il existe une concor- de discordance entre les résultats observés.
dance entre l’hypoextensibilité du psoas iliaque et une dysfonc- 2.3.3. Recherche du sens prédominant de lésion en cas d’hy-
tion sacro-iliaque homolatérale (NDR : sur le fond, le poextensibilité du psoas iliaque :
choix du test statistique doit être expliqué et justi- Dans le cas des sujets présentant une hypoextensibilité du
fié dans la partie « méthode ». Le test de Kappa éva- psoas iliaque associée à une dysfonction SI, 92,9 % de lésions
lue la reproductibilité de données qualitatives. Il sont antérieures au test de Downing ce qui montre une très
pouvait être accompagné d’un test de corrélation r forte influence de la rétraction du psoas sur le sens de la lé-
sion sacro-iliaque. (NDR : sur le fond, l’auteur ne pré-
cise pas que dans bien des cas, les psoas sont hypo-
Tableau II. Corrélation entre déficit d’extension du muscle extensibles des 2 côtés. Dans ce cas, que penser des
psoas iliaque et dysfonction sacro-iliaque. prédominances des ASI unilatérales ?).

Hypoextensibilité Extensibilité normale 2.4. Discussion


Articulation 22,20 % 78.12 % 2.4.1. Fréquence de tests positifs dans les tests de mobilité SI :
sacro-iliaque Notre étude montre un taux de tests positifs de 42 % chez des
normale sujets sains, bien supérieur au taux retrouvé dans la littéra-
Dysfonction 77,80 % 21.88 % ture (réf 2) qui est de 20 % environ sur un ou plusieurs de
sacro-iliaque ces tests chez 101 sujets asymptomatiques. Il ne faut également
Kappa 0,54 pas oublier le caractère subjectif de ces tests cliniques. Le taux
Kappa IC 95 % 0,78 de positifs chez les sujets ne présentant pas d’hypoextensibilité
du psoas iliaque est de 21,9 %, très proche des 20 % de Drey-
Mc Nemar 0,37
fus (réf 2).

54
Rédaction et relecture d’un article Kinesither Rev 2008;(76):48-57

2.4.2. Latéralité prédominante observée test a été évaluée en comparant les résultats avec ceux d’un test
La latéralité des lésions prédomine du côté droit tant pour l’hy- positionnel effectué par un appareil de mesure (réf. 18) ce qui a
poextensibilité du psoas iliaque que pour les dysfonctions sa- permis de trouver une sensibilité de 17 % et une spécificité de
cro-iliaques. Cette prédominance a été décrite par Fryette (réf. 79 %. De plus il y aurait 0,77 fois plus de TFD positifs chez les
13) comme étant courante pour le psoas, mais idiopathique. sujets symptomatiques que chez les sujets asymptomatiques.
Dreyfus a mis en évidence une prédominance de faux positifs Pour le test de flexion assis (TFA), la littérature donne une pré-
des tests de mobilité sacro-iliaque à droite (réf. 1). Nos obser- valence de faux positifs de 8 % chez des sujets asymptomati-
vations concordent donc avec la littérature. ques avec une prédominance du côté droit (réf 1). Les études
menées quant à la fiabilité de ce test donnent un coefficient de
2.4.3. Conditions de réalisation du protocole concordance de 50 % et un score de kappa à 0,03 (réf. 11). La
Les mesures d’extensibilité des muscles psoas-iliaques ont tou- validité de ce test a été évaluée de la même façon que celle du
jours précédé les tests de mobilité des ASI pour un même su- TFD (réf. 18) et annonce une sensibilité de 9 % et une spéci-
jet. Ce qui nous a amené à connaître à l’avance le côté des ré- ficité de 93 %. On observe 1,52 fois plus de TFA positifs chez
tractions. Nous pouvons envisager que certains résultats soient les sujets lombalgiques que chez les non lombalgiques.
faussés par la connaissance préalable des rétractions. Pour Pour le test de Gillet, Dreyfuss observe une prévalence de 16 %
améliorer la rigueur du protocole, il faudrait procéder aux tests de faux positifs chez une population asymptomatique ; prédo-
de mobilité SI sans avoir connaissance des mesures d’extensi- minante chez les femmes (réf. 1). Nous retrouvons dans la lit-
bilité des muscles psoas iliaques. Cette démarche diminuerait térature des coefficients de corrélation variant de 46,7 % à
le risque d’être orienté même inconsciemment. 85 % (réf. 19, 20) et des scores de kappa compris entre 0,02
et 0,4 (réf. 1, 19, 21). La fiabilité inter testeur de ce test est
2.4.4. Fiabilité des tests utilisés donc douteuse. Cependant, l’étude de Carmichael (réf. 19) sur
2.4.4.1. Le test d’extensibilité du psoas iliaque la fiabilité intra testeur suggère que le test est utile clinique-
Notre population est un sous-groupe de 65 sujets sains, ayant ment pour un examinateur unique dans le cadre de la recher-
participé par une session de test-retest à la validation en intra che d’une dysfonction de mobilité des ASI. Ces résultats sont
testeur du test d’extensibilité du psoas. confirmés par l’étude d’Herzog qui a démontré une fiabilité
intra testeur statistiquement significative. La validité de ce test
2.4.4.2. Les tests de mobilité sacro-iliaque : (réf. 14) a également été évaluée par Levangie qui retrouve une sensi-
La validité des tests de mobilité pour identifier une lésion sa- bilité de 8 % et une spécificité de 93 %. Il trouve également
cro-iliaque reste contestable car aucun score à test multiple n’a qu’il y a 4,57 fois plus de tests positifs chez les sujets lombal-
encore été validé (réf. 15) (NDR : la référence 15 n’est pas giques que chez les non lombalgiques (réf. 18.)
valable car Slipman n’évalue que des tests de repro-
duction de douleur et aucun test de mobilité. Idem 2.4.5. L’association des trois tests
plus loin avec la référence 18 de Levangie qui com- Les tests de mobilité utilisés individuellement ne sont pas sta-
pare des tests de mobilité à un test positionnel pris tistiquement significatifs pour montrer avec précision une dys-
comme référence. Ce n’est pas comparable). Les étu- fonction de l’articulation sacro-iliaque. Pour affiner le diag-
des de la fiabilité individuelle de ces tests montrent un nom- nostic des lésions, il serait alors nécessaire d’associer ces tests
bre important de faux positifs chez une population asympto- entre eux. Une étude de Levangie (réf. 18) testant l’associa-
matique (réf. 2) ce qui remet en cause leur fiabilité. Une étude tion de quatre tests (TFA, TFD, Gillet et « supine-to-sit-test »)
effectuée sur des patients atteints de spondylarthrite ankylo- pour évaluer une torsion iliaque ne permet pas de les exclure
sante a même démontré qu’il y avait une mauvaise concor- dans la recherche des hypomobilités sacro-iliaques (NDR :
dance entre le tableau clinique et les résultats des tests de mo- sur le fond, l’étude de Levangie est une étude sur la
bilité (réf. 16). Enfin, plusieurs études mettent en évidence une fidélité et non la reproductibilité. Voici 2 références
possible latéralisation à droite de faux positifs (réf. 1,11) alors analysant la reproductibilité : Fransoo et al. Etude de
que la rigidité des articulations sacro-iliaques chez une popu- fiabilité inter-examinateur de tests cliniques sacro-
lation asymptomatique semble symétrique (réf. 17). Nous iliaques. Kinésither Ann 2004;31:33-8 et Cibulka et
avons utilisé trois tests de mobilité dont la fiabilité individuelle al. Clinical usefulness of a cluster of sacroiliac joint
a été évaluée dans la littérature. tests in patients with and without back pain. JOSPT
Une étude menée par Dreyfuss (réf. 2) a démontré une prévalence 1999;29:83-9). Une étude menée par Dreyfuss suggère
du test de flexion debout (TFD) positifs de 13 % chez une popu- qu’une asymétrie de mouvement des ASI provoquée par une
lation asymptomatique. Cette prévalence prédominerait à droite hypomobilité déterminée par ces tests (TFA, TFD, Gillet)
comme l’a démontré une autre étude incluant également des su- puisse se produire dans des articulations asymptomatiques
jets symptomatiques. La fiabilité de ce test est mise en évidence par (réf. 1).
un coefficient de concordance compris entre 55,4 % et 74 %, avec
un score de kappa compris entre 0,09 et 0,32. La concordance in- 2.4.6. Le test de Downing
tra testeur du TFD a été évaluée entre 0,16 et 0,72 sur une popu- L’utilisation du test de Downing est décrite dans la littérature
lation asymptomatique par dix testeurs (réf. 11). La validité de ce comme étant le moyen pour évaluer le sens des dysfonctions sa-

55
P IERRE T RUDELLE ET AL . Kinesither Rev 2008;(76):48-57

cro-iliaques. Une étude menée par Dreyfuss (réf. 1) pour éva- La connaissance de la rédaction scientifique aide à la
luer la fiabilité intra et inter-testeur de ce test montre un coef- réalisation d’études plus rigoureuses. Les lecteurs des
ficient de corrélation intra-classe de 0,47 pour l’allongement revues professionnelles devraient passer plus de temps
et de 0,37 pour le raccourcissement, inférieur à ce qui est ac- à analyser la méthode de travail et repérer les faits plu-
ceptable (0,75). En conclusion, cette étude ne justifierait pas tôt que de ne regarder que les résultats obtenus par les
l’utilisation du test de Downing dans le diagnostic clinique des auteurs. Cela permettrait de pondérer la portée de cer-
restrictions de mobilité sacro-iliaque (réf. 1). Cependant, il tains articles qui ont des résultats « populaires » mais
nous semble que tous les éléments pouvant parasiter le test de avec une méthode de faible qualité. Rendez-vous dans
Downing n’ont pas été pris en compte. Ces éléments, cités dans 10 ans pour voir si la rédaction en kinésithérapie fran-
la littérature et influant le résultat de ce test, sont : une rétrac- cophone a progressé. La recherche de l’excellence est
tion du muscle carré de lombes, une dysfonction de la sym- un but inaccessible mais une démarche continue
physe pubienne, une diminution de la liberté articulaire de la d’amélioration.
hanche (évaluée par le test de FABRE ou test de Flexion Ab-
duction Rotation Externe), une rétraction et/ou une hyperto- RÉFÉRENCES
nie du psoas iliaque, ce qui expliquerait une grande partie des
résultats observés dans notre étude pour ce test (NDR : sur la [1] Maisonneuve H, Trudelle P. Neuf propositions pour
forme, difficile de comprendre où veut en venir améliorer la qualité rédactionnelle des articles scientifiques.
l’auteur, si ce test est aussi « parasité » pourquoi Ann Kinésithér 1998;25:193-6.
l’utiliser ? NDR : sur le fond, pourquoi les référen- [2] Trudelle P, Maisonneuve H. Comment sélectionner
ces du dossier sur les sacro-iliaques publiées dans l’information validée de la pseudoscience par la sélection
Kinésithérapie, les annales (juillet 2004) n’ont pas des articles de qualité en masso-kinésithérapie. Ann
été citées et utilisées dans cet article ?). Kinésithér 1998;25:253-8.
[3] Gedda M. Quelques règles de composition typographique.
3. Conclusion Kinésithér (annales) 2003:20-21:60-2.
Il existe bien des dysfonctions SI liées à l’hypoextensibilité du [4] Dufour M. La rédaction en kinésithérapie. Kinésithér
psoas iliaque chez des sujets asymptomatiques. Pour éviter des (annales) 2003:17-18:58-61.
désagréments au niveau des ASI, le masseur-kinésithérapeute [5] Maisonneuve H. Le guide du thésard. Edition scientifique
doit proposer un programme d’étirement spécifique des mus- L&C 3e édition. 2003. 80 pages.
cles psoas iliaques surtout s’ils sont sollicités asymétriquement. [6] Huguier M. Apprendre la lecture critique d’un article
Inversement les mêmes causes produisant les mêmes effets, ré- médical. Elsevier 2004. 83 pages.
harmoniser les ASI sans ajouter un programme d’étirement [7] Bergmann JF, Chassany O, Fauvel JP, Queneau P. Lire et
du muscle psoas–iliaque hypoextensible conduira à la récidive. critiquer un article médical. Expansion scientifique française
Pour affiner ces programmes d’étirements, notre étude pour- 2003. 268 pages.
rait être complétée par la recherche des rétractions asymétri- [8] PEDro. Physiotherapy Evidence Database.
ques des autres muscles péri articulaires et vérifier leur in- http://www.pedro.fhs.usyd.edu.au/ (accédé le 28/01/08)
fluence sur les dysfonctions sacro-iliaques (NDR : sur le [9] SFK : Société Française de Kinésithérapie.
fond, les conclusions ne peuvent pas être aussi tran- http://sfk.kinemedia.fr/Pages/formations.html (accédé le
chées par un nombre de biais important. Par contre, 28/01/08).
il y a un domaine à explorer). [10] ICMJE. « Norme de Vancouver ». http://www.icmje.org/
(accédé le 28/01/08).
[11] Université Bordeaux 2. Traduction des règles de rédaction
Conclusion de l’analyse des références dans une liste bibliographique)
http://www.isped.u-bordeaux2.fr/CDD/GUIDES/FR-CDD-
Au-delà des commentaires dans le texte, les relecteurs RedactionReferences.htm (accédé le 28/01/08)
remplissent une grille de lecture. Voici une synthèse des [12] ISPJE. International Society of Physiotherapy Journal Editors
résultats (encadré 5). Dans moins de la moitié des cas, (site disponible prochainement sur le site de la
les avis sont, comme ici, divergents. Dans certains cas, Confédération Mondiale des Kinésithérapeutes :
les relecteurs demandent des modifications majeures http://www.wcpt.org/) (accédé le 28/01/08).
qui sont impossibles à réaliser car il faudrait refaire [13] Recommandations d’un article original disponibles sur :
l’étude. Les auteurs peuvent aussi répondre aux relec- www.masson.fr/revues/kin.
teurs pour justifier ou adapter certains points. Ce tra-
vail était un travail d’étudiant de 3e année de kinési-
thérapie. Il était excellent pour ce niveau. En revanche,
en comparaison d’études plus pointues sur le sujet, les
critiques le rendent difficilement exploitable au niveau
de ses conclusions.

56
Rédaction et relecture d’un article Kinesither Rev 2008;(76):48-57

E NCADRÉ 5. AVI S DE S R E LECTE U R S

Questions Lecteur n° 1 Lecteur n° 2

Le titre de l’article vous semble t-il adapté à son contenu ? Oui La tâche semble difficile au vu du
nombre d’éléments subjectifs
évoqués

L’introduction présente-t-elle l’ensemble du sujet dans Oui Oui


son contexte, et précise-t-elle les objectifs ?

Ce type d’article vous semble-t-il correspondre aux objectifs Oui Pas dans cette forme
de la revue ?

La lecture en est-elle aisée et agréable ? Oui Non

Le contenu vous paraît-il clair (apporte t-il la (les) réponse(s) Oui Non
à la (aux) question(s) posée(s) ?

L’argumentaire vous paraît-il objectif ? Autres références Impression de lire un travail


bibliographiques pour valider une « formation
ostéo »

Les tableaux ou figures ou photos sont-elles explicites ? Oui Les légendes ne nous disent
pas comment lire les tableaux

Les conclusions s’appuient-elles sur des données fiables Non adaptées Non adaptées
et référencées dans le texte ?

Les références sélectionnées et adressées sont-elles pertinentes ? Non. Cibler plus sur Seules 2 références ont moins
des études scientifiques de 5 ans
et moins sur des études
descriptives

L’auteur commente t-il la validité des études sur lesquelles Oui Il essaye…
il fonde ses arguments ?

Les conclusions sont-elles applicables en pratique ? Oui Impression que dans le doute,
il faut étirer le psoas

L’auteur confronte-t-il ses réflexions et propositions à celles Pas assez


d’autres auteurs (proposition d’anti-thèse ou d’auto-critique) ?

Neutralité des propos : absence de propos polémiques Oui


ou diffamatoires

Décision Accepté sous réserve Éventuellement acceptable


de révisions mineures sous réserve de révisions majeures

Commentaires généraux du relecteur n° 2 : Article relativement difficile à lire avec une conclusion qui ne nous avance guère par rap-
port à la problématique posée au départ. Ce travail semble destiné à finaliser un cursus d’ostéo, mais qui faute de temps et de rigueur
scientifique au départ s’est laissé embarquer dans des difficultés qui ont abouti à un résultat qui nous laisse sur notre faim. Pour sau-
ver tout ce travail, les différents tests évoqués (TFD, TFA, Gillet, Downing, etc) pourraient être développés en donnant leurs avantages
et limites (références biblio à l’appui). Puis pour ne pas jeter le travail sur l’extensibilité, il pourrait servir de cas d’étude destiné à ana-
lyser tous les biais d’expérimentation pour ainsi préparer le terrain à une autre expérimentation tenant compte de tout cela.

57

View publication stats

Vous aimerez peut-être aussi