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Traducteur: Anne-Sophie Matichard

Relecteur: eric vautier

Les 20 dernières années,

j'ai aidé des Malaisiens


et d'autres personnes d'Asie du Sud-Est

à améliorer leur anglais.

Et en aidant des milliers


d'Asiatiques du Sud-Est,

j'ai découvert une vérité surprenante.

J'ai découvert que la capacité


de quelqu'un à communiquer en anglais

a en fait très peu à voir


avec son véritable niveau d'anglais.

Ça a bien plus à voir


avec son attitude envers l'anglais.

Il y a des personnes
avec un niveau très basique,

qui communiquent bien, très bien.

Je me rappelle un de mes élèves, Faizal.

Il était directeur d'usine -

avec un niveau d'anglais


très très basique -

mais il pouvait s'asseoir


et écouter n'importe qui,

très calmement, clairement,

et il pouvait lui répondre,

exprimer joliment ses idées,

avec un niveau d'anglais très basique.

Donc aujourd'hui,
j'aimerais partager avec vous

ce qui est si différent


chez les personnes comme Faizal.

Comment font-ils ?

Et ensuite,

pourquoi c'est si important,


non seulement pour vous,
mais aussi pour vos enfants,

votre communauté
et le futur de la Malaisie ?

Et enfin,

ce que vous pouvez faire dès aujourd'hui,

si vous voulez parler avec


cette confiance tranquille et claire

qu'ont les gens comme Faizal.

D'abord,

qu'est-ce qui est si différent ?

Comment font les personnes comme Faizal ?

Pour répondre à cette question,

revenons 10 ans en arrière, d'accord ?

À cette époque,
j'étais formatrice du personnel,

et ma fille prenait des leçons de piano.

Et je me suis rendu compte


de deux fortes similarités

entre l'attitude de ma fille


envers le piano

et celle de bien des Malaisiens


envers l'anglais.

En premier lieu, je dois vous dire

que ma fille détestait le piano


au plus haut point,

elle détestait les cours,

elle détestait pratiquer.

Voici ma fille en cours de piano.

C'est le mieux qu'on pouvait avoir.

C'était la vérité.

Elle redoutait les cours de piano

parce que pour ma fille,


aller à des cours de piano
était un véritable cauchemar.

Parce que le plus important était


de ne pas tromper, n'est-ce pas ?

Parce que comme bien des élèves de piano,

pour ma fille et sa professeure,

son succès était basé


sur le peu d'erreurs qu'elle faisait.

En même temps,

je me suis rendu compte que les Malaisiens


commençaient des conversations en anglais

avec ce même sentiment de peur.

Ce sentiment qu'ils allaient être jugés

au nombre d'erreurs qu'ils feraient,

et si ou non ils allaient tout rater.

La seconde similarité dont je me suis


rendu compte était liée à l'image de soi.

Ma fille savait à quoi ressemblait


du piano bien joué, d'accord ?

Parce qu'on a tous entendu


du piano bien joué.

Et elle était consciente de son niveau,

elle savait combien de temps


elle devrait s'entraîner pour y arriver.

Et je me suis rendu compte


que bien des Malaisiens

avaient cette idée de ce à quoi


un bon anglais devait ressembler -

je vois que beaucoup


d'entre vous acquiescent -

et quel était leur niveau d'anglais réel

et à quel point ils allaient


devoir travailler pour y arriver.

Et ils pensaient qu'ils étaient mauvais,


comme ma fille, juste mauvais ;

mauvais pianiste,
mauvais niveau d'anglais.
« Mon anglais n'est pas bon.
Je peux pas. Désolé. Ah - »

Donc je voyais ces similarités

mais je n'arrivais toujours pas


à comprendre

ce que les gens comme Faizal


avaient pour être si différent,

pour parvenir à réussir


avec calme et confiance ?

Un jour, j'ai découvert la réponse,

un peu par hasard.

Mon ordinateur est tombé en panne

et j'ai dû aller dans un cybercafé.

Bon, c'était ma première fois

et j'ai découvert que les cybercafés


sont des lieux dégoûtants, non ?

Ils sont vraiment dégoûtants.

Ça sent fort et c'est rempli de garçons

qui jouent à des jeux bruyants


et violents.

Ce sont des lieux dégoutants.

Mais je devais y aller.

Donc je me suis assise

et j'ai commencé à remarquer


le gars à côté de moi.

Et il est très vite devenu


très intéressant pour moi.

Il était en train de jouer à un jeu

dont le but est simplement de tirer


sur des gens jusqu'à ce qu'ils meurent.

Et c'est tout.
(Rires)

C'était le jeu, n'est-ce pas ?

Et je me rends compte
qu'il n'est pas très bon.
En fait, il est nul.

Je regarde et je vois beaucoup de tirs

et... peu de morts, vous voyez ?

(Rires)

Ce qui m'intéressait vraiment,

c'était que derrière ce joueur assez nul


se trouvaient trois de ses amis,

qui le regardaient jouer.

Ce qui a vraiment attiré mon attention,

c'est que même si ce garçon était nul,

même si ses amis le regardaient,

il n'avait pas honte.

Il ne se sentait pas jugé.

Il n'était pas timide.

En fait, c'était tout le contraire.

Il était totalement concentré


sur les méchants,

souriant.

Tout ce à quoi il pouvait penser,


c'était tuer ces gars, n'est-ce pas ?

Et donc je le regarde.

Et soudain, je réalise : « C'est ça. »

C'est la même attitude

que les gens comme Faizal ont


quand ils parlent anglais,

comme ce garçon.

Quand Faizal se lance


dans une conversation en anglais,

il ne se sent pas jugé.

Il est absolument concentré


sur la personne à qui il parle

et le résultat qu'il veut obtenir.

Il n'a pas de conscience de lui-même,


il ne pense pas à ses erreurs.

Je veux vous donner


un vrai exemple pour faire le portrait

de quelqu'un qui parle anglais


comme on joue du piano

et de quelqu'un qui parle anglais


comme on joue aux jeux vidéo.

Et c'est une histoire vraie.

Ça m'est arrivé.

Il y a peu, j'étais à la pharmacie.

Il fallait que j'achète des omégas ;

mon médecin m'avait conseillé


d'en acheter.

Et j'arrive au rayon en question,

il y avait des milliers d'omégas,

il y a du oméga à haute teneur en DHA,

des omégas à haute teneur en EPA

et je ne savais pas lequel acheter.

Il se trouve que la vendeuse


n'était pas loin.

Et j'ai vu qu'elle était bien habillée,


très professionnelle.

Je me suis dirigée vers elle,


et j'ai vu son regard en m'apercevant,

cette sorte de - c'est un regard


que je reconnais très bien :

les yeux grand ouverts ;


c'est une sorte de panique :

« Mon Dieu ! Je vais devoir parler


à une anglophone ;

elle va me juger
et remarquer mes erreurs. »

Je m'approche
et lui explique ma situation :

« Quel type d’omégas dois-je acheter ? »


Et elle commence à m'expliquer

tout ce que vous pouvez imaginer


sur le DHA et l'EPA.

Elle parle très vite, fait les cent pas.

Et quand elle a fini,

je ne sais toujours pas quoi acheter.

(Rires)

Donc je me tourne vers la fille


derrière le comptoir.

La fille derrière le comptoir,

Je l'ai déjà entendue,


son niveau d'anglais est très faible.

Mais alors que je m'approche d'elle,

de cette fille,

il n'y a pas de peur.

De fait, elle me regarde dans les yeux.

Vous connaissez ce regard ?

« Oui ? Ok... Donc, comment ? »

(Rires)

Oui, j'ai vécu en Malaisie


pas mal de temps.

(Rires)

Donc je vais vers elle et je lui explique


mon problème, les EPA et les DHA.

Elle me regarde et me dit :

« Ok, d'accord

EPA pour cœur.

DHA pour cerveau. »

(Rires)

« Votre cœur ok ou pas ? »

(Rires)

Donc j'ai dit :


« Oui, oui »

J'ai dit : « Mon cœur va très bien. »

Elle a dit :

« Votre cerveau ok ou pas ? »

(Rires)

J'ai dit : « Non. Mon cerveau


ne va pas aussi bien qu'avant. »

Elle m'a regardée et m'a dit :

« D'accord, vous devez prendre


des omégas DHA ! »

(Rires)

Problème réglé, non ?

Donc, il y a deux différents types


de communicants.

Il y en a une qui a un très bon niveau,

mais qui est totalement concentrée


sur elle-même à vouloir avoir tout bon,

et donc, très inefficace.

Et l'autre type de personne,

dont le niveau est faible,

est totalement concentrée sur la personne


à qui elle parle et obtient un résultat.

Efficace.

Et c'est là que réside la différence.

Pourquoi cette différence


est-elle si importante,

non seulement pour vous,


mais pour vos enfants,

mais pour l'avenir de la Malaisie


et des pays comme la Malaisie ?

Pour y répondre,

regardons qui parle anglais dans le monde


aujourd'hui.

Donc, si on regarde toutes les discussions


en anglais à travers le monde,
qui se passent en ce moment sur Terre,

on verrait que pour une native, comme moi,

il y a cinq non-natifs.

Et si on écoutait chaque conversation


en anglais sur Terre maintenant,

on constaterait que 96 % d'entre elles

impliquent des personnes dont


l'anglais n'est pas la langue natale -

seulement 4 % de ces conversations


sont faites uniquement entre natifs.

Ce n'est plus ma langue,

c'est une langue qui vous appartient.

Ce n'est pas un art à dominer ;

c'est un outil pour obtenir un résultat.

Et je vais vous donner


un exemple véridique

de ce qu'est l'anglais aujourd'hui


dans le monde,

l'anglais réel aujourd'hui.

C'est une autre histoire vraie.

J'étais à un barbecue récemment -

c'était un barbecue pour des ingénieurs,

des ingénieurs du monde entier.

Et ils faisaient des hot-dogs.

Certains hot-dogs étaient


des hot-dogs normaux,

et d'autres étaient des hot-dogs


avec du fromage par-dessus.

Un ingénieur français préparait


des hot-dogs

et il s'est tourné vers


cet ingénieur coréen

et lui a dit : « Tu veux un hot-dog ? »

Et le Coréen lui a répondu :


« Oui, merci ! »

Il a dit : « Avec le fromage ? »

Et le Coréen regarde autour de la table

et dit : « Je vois pas fromage. »

Le Français a dit :
« Le hot-dog est contenant fromage. »

(Rires)

Le Coréen ne le comprend pas.

Donc l'ingénieur français


essaye à nouveau.

« Le hot-dog est.... faire à partir...


avec du fromage. »

Le Coréen ne comprend toujours pas.

Il essaye encore,

il dit : « Le hotdog vient de -

non, le fromage vient du hot-dog. »

(Rires)

Le Coréen ne comprend pas.

Alors un ingénieur japonais,


qui a entendu la conversation,

se tourne vers l'ingénieur coréen

et dit : « Ah ! Le fromage...
intégrateur ! »

(Rires)

Il a compris, ok.

(Rires)

Tout le monde comprend.

Ça, c'est l'anglais d'aujourd'hui.

C'est juste un outil


pour obtenir un résultat,

comme un jeu sur ordinateur.

Donc le défi est que nous avons


dans toutes les écoles du monde,
c'est que l'anglais n'est pas enseigné
comme un outil avec lequel jouer.

Il est encore enseigné


comme un art à maîtriser.

Et les élèves sont jugés


sur l'exactitude et non la clarté.

Certains d'entre vous se rappellent


peut-être le test de compréhension.

Est-ce que vous vous souvenez


lorsqu'à l'école

on avait des questions sur un texte


que vous aviez lu,

vous deviez avoir le texte, n'est-ce pas ?

Et puis répondre à une question pour


montrer que vous aviez compris le texte ?

Et il vous est peut-être arrivé de montrer


que vous aviez compris le texte,

mais vous aviez obtenu un grand X


à cause d'une petite erreur de grammaire.

Comme cet élève.

Cet élève avait compris


le quatrième paragraphe.

Mais non, ce n'est pas correct !

Parce qu'il avait oublié un N


dans le mot « environnement ».

Mais dans le monde réel,


cela importe-t-il ?

Dans le monde réel, ce qui est important,


c'est que vous ayez compris l'email,

ou que vous ayez compris votre client


afin d'avancer et d'agir ?

Donc le problème que je vois,

encore et toujours,

ce que les gens ont l'attitude

qu'ils ont développée


sur l'anglais à l'école,

et ils l'emmènent dans


leur vie adulte et leur travail.
Et si vous êtes dans
une situation stressante,

que vous avez une conversation

et que vous essayez de donner


des résultats

à quelqu'un et le dire correctement,

votre cerveau fait du multi-tâche,

il ne peut pas faire deux choses


en même temps.

Et ce que je vois,
c'est le cerveau qui s'arrête.

Et vous pouvez reconnaitre trois symptômes


du cerveau qui s'arrête.

Le premier,
c'est que vous arrêtez d'écouter.

Quelqu'un vous parle


et vous êtes si occupé à penser

à votre réponse
et à vous exprimer correctement

que vous n'écoutez pas ce que l'autre dit.

Et je vois beaucoup de personnes


acquiescer dans le public.

Le second, c'est votre parole.

Votre esprit s'éteint,

et ce vocabulaire que vous connaissez


disparaît tout à coup,

et les mots ne sortent pas.

La troisième, c'est votre confiance.

Le pire dans tout ceci,

c'est que vous manquez peut-être


de confiance

parce que vous ne parvenez pas


à vous exprimer,

et les personnes qui vous parlent

peuvent mal comprendre cela et le voir


comme un manque de confiance
en votre capacité

pour faire le travail, pour performer.

Donc si vous voulez parler comme


Faizal, avec cette grande confiance,

voici la seule chose à faire.

Quand vous parlez, ne pas vous concentrez


pas sur vous-même.

Concentrez-vous sur l'autre personne


et le résultat que vous voulez obtenir.

Imaginez la prochaine génération


de Malaisiens,

avec cette merveilleuse confiance


en la communication qu'a Faizal,

peu importe le niveau d'anglais.

Parce qu'il faut se rappeler

qu'aujourd'hui l'anglais
n'est pas un art à maitriser,

c'est un outil que l'on utilise


pour obtenir un résultat.

Et cet outil vous appartient.

Merci.

(Applaudissements)

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