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A. Boudchichi El Kadiri
Informatiste spécialisé
Résumé
L’évaluation, en tant que processus de gestion, est un moyen
d’appréciation de la qualité d’une structure. Elle est par conséquent un
moyen de contrôle de la qualité des produits et des services offerts à la
clientèle. C’est un instrument de régulation, voire de contrôle qui détecte
les anomalies ou les déficiences d’un système.
L’évaluation des systèmes d’information et de documentation et plus
particulièrement des systèmes de recherche documentaire nécessite
l’emploi d’indicateurs de performance, et la crédibilité d’une évaluation de
ce type ne se fonde plus sur des opinions ou des impressions subjectives,
mais sur des évidences objectives tirées d’indicateurs quantifiables et
PREAMBULE
Dans ce contexte de mouvance technologique (Autoroutes de
l’information, Internet, W3, systèmes de communication, réseaux téléma-
tiques…), de globalisation et mondialisation de l’économie (libéralisation des
marchés et forte concurrence) qui accompagne ce nouveau «dés»-ordre
mondial, l’évaluation est devenue une condition de survie, pour toutes les
structures, petites ou grandes, simples ou complexes, nationales ou
internationales.
D’où le développement d’un corpus théorique considérable sur les
concepts, les méthodes et techniques d’évaluation des structures et
organisations d’une façon générale.
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– Y a-t-il des raisons pour croire que les ressources sont accessibles pour
des recommandations de mise en place, où le management serait prêt à faire
les modifications nécessaires, si l’évaluation le suggère ?
Si la réponse à ces trois questions est oui, l’évaluation est nécessaire
(Danald W. King & C.B. Edward, 1971, p. 6).
Une institution qui ne subit pas d’évaluations systématiques est aveugle. Il
n’y a rien de plus nuisible à l’image d’une profession que des praticiens qui
n’ont que des opinions sur l’efficacité des services à leur clientèle (Cossette
A., 1978, p.116).
Aussi, pour les spécialistes des sciences de l’information, ce phénomène
d’évaluation est au cœur de leurs préoccupations quotidiennes.
rôle ne se limite pas à cet aspect, car si elle est utilisée adéquatement, elle
permet de porter un jugement objectif sur la performance réalisée et facilite
le choix des correctifs les plus appropriés pour améliorer l’efficacité du
système d’information et de documentation (Lajeunesse M. ; L. Wilso, 1984,
p. 43).
Evidement, tous les systèmes ne se prêtent pas à l’établissement
d’indicateurs d’activité qui peuvent permettre d’obtenir des données
quantifiables (Fondin H., 1986, p. 57).
M. Lajeunesse (1978) détermine trois types d’indicateurs en sciences de
l’information, qui sont reliés à trois niveaux possibles d’évaluations des
services d’information.
1. L’évaluation de l’efficacité du système d’information, l’évaluation de son
efficience et l’évaluation de sa valeur.
Le premier type d’évaluation consiste à déterminer le degré de réalisation
des objectifs fixés pour le service ; elle requiert l’emploi d’indicateurs de
performance et d’indicateurs de résultats qui peuvent être internes et
externes. Les indicateurs de résultats internes s’identifient aux produits et aux
services offerts, les indicateurs de résultats externes révèlent dans quelle
mesure les produits et services offerts correspondent aux objectifs et satisfont
les besoins des usagers.
2. L’évaluation de l’efficience ou du coût-efficacité vise à calculer ce qu’il
en coûte en ressources à un service d’information pour atteindre ses objectifs.
3. L’évaluation de la valeur du service d’information ou du coût-bénéfice
de ses activités consiste à mesurer les résultats externes, c’est-à-dire les
avantages que les usagers retirent de son utilisation (Lajeunesse M., 1978,
p. 64).
J. Regazzi J. (1980), en citant Rutehnburg (1969) précise que l’ensemble
des techniques d’évaluation peuvent être classifiées dans l’une ou l’autre
catégorie, nommément « efficiency medels » ou « effectiveness medels ». La
première a pour effet l’évaluation de la valeur ou la performance du système
du point de vue coût. La seconde (mesure d’efficacité) a pour objet
l’évaluation de la capacité du système d’information à fournir des réponses
pertinentes mis à part les coûts.
L’efficacité étant définie par Page, Lucie (1992), comme les degrés de
réalisation des objectifs d’une organisation. Elle est une mesure des extrants,
alors que l’efficience calcule ce qu’il en coûte en ressources, pour atteindre
ces objectifs. Et l’évaluation des extrants présuppose l’existence d’objectifs
tangibles, opérationnels et mesurables.
Donc évaluer consisterait à mesurer les outputs en relation aux inputs,
c’est-à-dire les extrants d’une organisation par rapport aux intrants ou, plus
clairement, à mesurer la quantité de services produits par l’organisme, en
comparaison avec la quantité de ressources utilisées (Bonnly C., 1985). Mais
cette conception des choses inspirée de la recherche opérationnelle conduit
le plus souvent à assimiler les bibliothèques et les centres de documentation
à des usines de production ou des supermarchés (Cartier C., 1978), car
l’évaluation réduite à la seule mesure de la productivité pourrait susciter des
aberrations.
Mais quelle que soit la méthodologie d’évaluation choisie, on retrouve
toujours dans sa mise en application un certain nombre de traits communs.
H. Fondin (1986) nous en cite au moins neuf : la définition des objectifs, la
détermination des variables d’observation et l’introduction de ces variables
dans le système à évaluer, l’établissement des outils d’analyse, la collecte des
données et leur analyse, enfin la prise de décision, la mise en application et
le contrôle et, si nécessaire, le changement des variables, c’est-à-dire la
correction des anomalies.
La méthode d’évaluation la plus utilisée et la plus privilégiée dans les
bibliothèques et centres de documentation est celle dont F.W. Lancaster
(1977) est devenu l’ardent défenseur et qui consiste à comparer, à l’aide
d’instruments de mesure, la performance en relation avec les objectifs
poursuivis de façon à en vérifier le degré de réalisation.
Un telle méthode met en lumière la nécessité de réfléchir aux objectifs
fondamentaux du service, de définir, en conformité avec ces derniers, un
programme d’activité cohérent et d’en vérifier régulièrement l’évolution, afin
d’y apporter les ajustements nécessaires (Bonnely C., 1985).
fonction des buts et des objectifs qu’on se fixe (Lajeunesse M., Wilson L.,
1984).
Il reste que les deux mesures ou indicateurs de performance les plus
utilisés par les spécialistes des sciences de l’information, pour évaluer
l’efficacité de repérage des systèmes ou services de documentation sont donc
le rappel et la précision. Et ces deux critères sont très valables pour évaluer la
performance des recherches documentaires conduites même dans les
systèmes non automatisés tels les catalogues sur fichier bibliographique
manuel (Swanson R.W., 1975).
Dans l’évaluation de la qualité du système d’indexation et de recherche,
on fait appel à des notions de bruit, de silence, de rappel et de précision.
Rappelons que :