« Informer, c’est fournir des représentations pour résoudre
des problèmes ». Dans les organisations, on est constamment confronté à ce dilemme entre « améliorer sa représentation des états du monde » et « décider de fixer pour une certaine période les variables d’action ». « L’information est la rencontre d’un problème et d’un ensemble de données ». Il n’ y a pas information sans sujet agissant, qui juge la pertinence de l’information.
Ce qui nous amène à se poser la question suivante :
L’humain est-il partie intégrante ou non du système d’information ? Définitions et conceptions des SIC
Il y a six définitions du concept système d’information :
1- Un système intégré « utilisateur machine » qui produit de
l’information dans le but d’assister les êtres humains dans les fonctions de gestion et de prise de décision. Il utilise des équipements informatiques, des logiciels, des bases de données, des procédures manuelles et des modèles pour l’analyse, la planification, le contrôle et la prise de décision. 2- Une combinaison d’uses et de pratiques de travail, d’information, de personnes et de technologies de l’information en vue d’atteindre des buts prédéfinis.
3- Un système d’information est un ensemble organisé de
ressources, qui permettent d’acquérir, de traiter, de stocker, et de communiquer des informations.
4- Un système social de significations partagées.
5- Un Ensemble d’ échanges de significations.
6- Le système d’information est un langage de communication construit pour représenter, de manière rapide, économique, fiable et objective, certains aspects de l’activité passée ou à venir d’une organisation.
Les trois dernières définitions se différencient des premières
par l’affirmation qu’il n’ y a pas de système d’information sans communication entre les individus de l’organisation. On peut même utiliser alternativement, selon les conceptions 4 ou 5, les notions de système social, système de communication et système d’information. Nous notons qu’il faut faire la distinction entre : - Les systèmes informatiques ou de télécommunications, dont la combinaison n’utilise pas des bases de données, mais seulement des équipements, des logiciels et des procédures. - Les systèmes d’information qui donnent signification à des données ou à des échanges interpersonnels. - Les systèmes d’information informatisés : systèmes d’information qui s’appuient sur des systèmes informatiques. Enjeux et justification du SIC pour l’organisation Les systèmes d’information sont nécessaires pour maîtriser l’incertitude et l’ambiguïté des situations de gestion :
Maîtriser l’ambiguïté des représentations.
- Maîtriser l’incertitude à laquelle fait face l’organisation en
élaborant un système d’information et de communication à la mesure de la stabilité et de la complexité de l’environnement. Qualités de l’information
Elle est nécessairement exhaustive .
Elle est non bruitée. Elle est d’un certain degré de précision. Elle est actuelle. Elle est ponctuelle (apporte la bonne information au bon moment). Sa source est fiable. Elle a une forme. Elle est accessible. Le problème des représentations est également un problème collectif. La décision est un processus qui utilise souvent les connaissances de plusieurs personnes. La question de la répartition des connaissances, de la structure de l’information dans l’organisation est absolument centrale en analyse des organisations et pour les concepteurs de systèmes d’information. La qualité de l’information dans l’organisation est à la fois un problème de pertinence et de cohérence des représentations. Processus informationnel et fonctions du SI Un système d’information réalise les quatre fonctions suivantes : la collecte, la conservation, la transformation et la diffusion des informations. L’information est donc un processus grâce auquel l’entreprise s’informe sur elle-même et sur son environnement, et réciproquement informe son environnement sur elle-même. Ce processus informant et informés décompose en cinq sous-processus : la connexion, le filtrage, la cognition, l’action et la diffusion. Problématiques et cadre d’analyse des SI
Un système d’information peut être individuel, organisationnel
ou inter organisationnel.
Les systèmes d’information se caractérisent par trois
dimensions :
conceptuelle, technique et pratique
Types de SI et niveaux d’utilisation une typologie distinguant trois niveaux d’activités dans les organisations. La gestion stratégique se préoccupe des objectifs de l’entreprise et des moyens nécessaires à la réalisation de ces objectifs. Le contrôle de gestion s’assure que les ressources nécessaires à la réalisation des objectifs sont obtenues et utilisées de manière efficace et rentable. La gestion opérationnelle concerne les activités courantes de l’entreprise ; les rythmes de temps sont au jour le jour ; la portée des décisions prises à ce niveau est en général à très court terme. On peut proposer une présentation des systèmes d’information par niveaux, et selon qu’ils intègrent totalement ou partiellement les décisions. On distingue les systèmes informatisés de gestion des opérations, de contrôle de gestion et de gestion Stratégique. Chaque niveau dispose par ailleurs de systèmes d’aide à la décision et d’outils bureautiques. Partie II: L’ingénierie des Systèmes d’Information et de Communication (SIC)
L’ingénierie, c’est à dire la réalisation efficiente des
produits, consiste en un savoir-faire incorporant des méthodes, des outils et des démarches. Il s’agit d’un ensemble de moyens pour raisonner (méthodes et outils) et progresser (démarches) afin d’atteindre un objectif spécifique. Le cycle de vie d’un système d’information informatisé comprend un certain nombre de phases : La phase préliminaire consiste à réaliser une étude de faisabilité La phase conception est elle-même décomposée en deux sous phases de conception, technique et fonctionnelle. La phase de réalisation comprend les activités de codage et de tests (unitaires et d’intégration). La phase de validation du système doit conclure à son acceptation par le client, et à sa mise en œuvre opérationnelle. La phase de maintenance a trait aux modifications apportées au système après livraison, Les méthodes et les outils du développement logiciel
Une méthode est le fruit d’une réflexion permanente ; elle
est construite selon une démarche à la fois rationnelle et empirique, déductive et inductive. Les méthodes de conception, Les méthodes structurées, Les méthodes de conception de systèmes, Les méthodes systémiques, 1- Les outils du génie logiciel
Ce sont des moyens techniques, logiciels et/ou matériel,
destinés à aider les concepteurs et développeurs dans la réalisation de leurs tâches. 2- La gestion de projet :
Un projet se définit comme une action spécifique, nouvelle,
de durée limitée, qui structure méthodiquement et progressivement une réalité à venir.
Le projet est un système complexe d’intervenants, de
moyens et d’actions, constitué pour apporter une réponse à une demande élaborée pour satisfaire au besoin d’un maître d’ouvrage. Le pilotage temporel du projet : la durée d’exécution minimale du projet dépend des durées des tâches et de leurs relations d’antériorité. Le pilotage économique du projet : en amont, lors de la définition du projet, l’estimation économique porte sur le ciblage de la valeur et du coût. Le pilotage des modifications du projet : l’analyse des causes de dépassement des coûts et des délais des projets passés met en évidenc e le rôle essentiel de la maîtrise des modifications dans le contrôle des projets. 3- Les projets systèmes d’information informatisés
Les arguments développés à propos de la spécificité des
projets systèmes d’information informatisés peuvent être regroupés en quatre classes : la jeunesse et la turbulence de l’informatique, le caractère immatériel du logiciel, le statut particulier de l’information, et enfin la variété des modes du développement informatique. Tout projet informatique constitue un système de rapports entre acteurs : les acteurs appartiennent à des groupes, utilisateurs, informaticiens, direction…maître d’ouvrage, maître d’œuvre, fournisseurs,…et développent des capacités d’action orientées conjointement par des objectifs, individuels et/ou collectifs, et par la présence d’autres partenaires. Partie III: Évaluation des SIC et design de l’organisation L’évaluation des SIC : 1- L’évaluation ex-ante : Trois axes Les méthodes d’évaluation sont en plein développement. Elles portent en général sur trois axes : l’évaluation financière ; l’évaluation des risques ; l’évaluation stratégique. L’évaluation d’un projet est dite stratégique lorsque le projet est évalué par rapport au plan stratégique de l’entreprise. Il s’agit d’examiner si la finalité du projet correspond bien aux objectifs de l’entreprise. Les méthodes retenues par les entreprises dans l’évaluation financière sont essentiellement basées sur les techniques d’évaluation suivantes : Techniques n’utilisant pas d’actualisation
Le délai de récupération (DR) est la durée nécessaire pour
que les flux de bénéfices dégagés par le projet finissent par compenser les dépenses. Cette technique, la plus simple de toutes, s’apparente à un critère de solvabilité. Le retour sur investissement (ou ROI en anglais) : rapporte la moyenne annuelle des recettes, nettes des dépenses, non actualisées à l’investissement initial. Il s’agit d’un critère de rentabilité. Techniques utilisant l’actualisation
La Valeur Actuelle Nette (VAN) est la somme des flux nets
actualisés de liquidité engendrés par le projet sur son cycle de vie.
Le Taux de Rendement Interne (TRI) est le taux
d’actualisation qui annule la VAN du projet. La mesure des coûts et des bénéfices
L’évaluation des bénéfices est encore plus difficile que
celle du coût des projets et de l’exploitation, à tel point qu’il est usuel de distinguer entre bénéfices tangibles et intangibles. Les bénéfices ne peuvent être imputés à la seule réussite technique du projet. L’évaluation des risques : en raison de l’évolution de la technologie et de l’environnement de l’entreprise, les moyens utilisés pour développer un projet et ses spécifications détaillés sont incertains. Dés le début du projet, en même temps que l’on cherche à l’évaluer financièrement, on doit en contrepartie effectuer une analyse de risques que l’on peut considérer à la fois comme une mesure de l’incertitude de l’évaluation financière et comme une aide au pilotage du projet.
Une intégration possible des trois axes stratégie,
finance et risques : peu d’entreprises effectuent une évaluation ex-ante complète de leurs projets.
Les nouvelles réglementations comme les plans
stratégiques laissent toujours une marge de manœuvre à la Direction Générale pour choisir un ordonnancement des projets. 2- L’évaluation ex-post
Recette technique et post-évaluation : Ce n’est pas parce
qu’un projet est bien conçu et bien justifié à priori économiquement, qu’il se révèle finalement justifié. Aussi, il convient de l’évaluer a posteriori. Il faut alors distinguer entre la recette technique d’un projet et la post-évaluation. La recette des travaux par la maîtrise d’ouvrage consiste à vérifier que les caractéristiques fonctionnelles et les performances techniques du système réalisé atteignent bien le niveau des spécifications demandées. La post-évaluation consiste non seulement à apprécier les coûts, les délais et la qualité de la réalisation, mais de les rapporter à l’utilité du projet. Le faux paradoxe de la productivité : on évoque aujourd’hui souvent le « paradoxe de la productivité de l’informatique ». D’un côté, les budgets consacrés à l’informatique, et plus encore aux systèmes d’information deviennent conséquents; de l’autre la productivité n’augmente pas vraiment. Les liens entre systèmes d’information, organisation et changement
Compte tenu de la conception de la nature d’un système
d’information, on peut aussi bien dire qu’une organisation est un système d’information, même lorsqu’elle ne dispose d’aucun système informatique, d’aucun support documentaire et d’aucun téléphone, les femmes et les hommes ont une mémoire, réfléchissent, décident et communiquent entre eux. C’est pourquoi, l’organisation et les SI entretiennent des rapports extrêmement étroits. 3- L’adaptation locale des S.I à l’entreprise
Un système d’information commercial ou administratif doit
être adapté aux caractéristiques des individus, de leurs activités, aux règles de gestion, à la stratégie et à la structure de l’organisation. L’entreprise sélectionne les technologies après avoir choisi ses modes d’organisation. - L’adaptation à l’organisation formelle , - L’adaptation aux tâches du poste de travail, - L’adaptation aux connaissances de l’entreprise et aux cultures des individus Bien rares sont les entreprises qui peuvent se targuer de posséder une culture d’entreprise. En fait, on trouve souvent autant de cultures que de métiers ou de Directions dans une organisation. Une culture est un ensemble d’hypothèses développées par un groupe au fur et à mesure qu’il append à s’adapter à son environnement et à intégrer des membres en son sein- qui a assez bien marché pour être considéré comme valide. La culture peut donc être approchée comme un ensemble de normes sociale Mesurer les cultures n’est pas chose facile. Afin de montrer les liens potentiels avec les télécommunications, quatre approches sont possibles :
Analyser la satisfaction des utilisateurs par famille de métiers ;
Analyser la perception par les utilisateurs de l’influence d’une politique en matière d’usage des télécommunications, Ensuite, croiser ces deux premières approches en analysant Les réponses obtenues dans la seconde approche par grandes familles de métiers ; Enfin, on peut recourir à l’analyse psychosociologique de la culture que nous avons adaptée au problème du choix des outils de télécommunications. En conclusion, les outils de télécommunications sont des moyens essentiels de différenciation et d’intégration sociale dans l’entreprise. Les traiter, même en temps de crise, comme de simples moyens techniques qu’on peut éliminer facilement est très dangereux. Car c’est bien de culture qu’il s’agit. 4- La transformation délibéré
Informatique stratégique et re engineering :
contrairement au schéma de l’adaptation des SI à une organisation qu’on ne souhaite pas remettre en cause, certaines entreprises utilisent l’implantation des systèmes pour reconcevoir tout ou partie de leur organisation. A la fin des années 1980 « l’informatique stratégique », beaucoup d’entreprises se sont lancées dans la ré ingénierie des processus d’affaires. Le re engineering est une remise en cause fondamentale et une redéfinition radicale des processus opérationnels pour obtenir des gains spectaculaires dans les performances critiques que constituent aujourd’hui les coûts, la qualité, le service et la rapidité. La définition de la ré ingénierie permet de tirer quelques leçons : Principe n° 1 : Abandon de la structure cloisonnée par service au profit de la fluidité du processus. Principe n° 2 : Abandon de la spécialisation du travail au profit de l’enrichissement des tâches et de l’utilisation de généralistes. Symptômes et leviers technologiques Pour des processus à repenser : des symptômes et des maladies permettent de voir quels processus doivent faire l’objet d’une reconception. Les technologies de l’information sont considérées comme le principal levier pour briser les règles inefficaces sur lesquels sont basés les processus anciens. La règle ancienne « l’information n’est disponible qu’en un seul endroit » doit être remplacée par « l’information est disponible partout où l’on en a besoin ». De la même façon on proposent quelques nouvelles règles : « Grâce aux systèmes experts, un généraliste peut faire le travail d’un expert » ; « Grâce aux réseaux de télécommunications » « Grâce aux outils d’aide à la décision » « Grâce au vidéodisque interactif » « Grâce aux technologies de reconnaissance et du suivi automatique» « Grâce aux ordinateurs de grande puissance les plans donnent lieu à révision immédiate» « Grâce à la radio transmission et aux portables » Les impacts organisationnels des mobiles perçus dans les grandes entreprises sont :
Une forte accélération du processus de décision ;
Une autonomie renforcée des ingénieurs commerciaux ;
Une légère décentralisation des décisions.
5- La transformation déterminée par la technologie :
On peut considérer que l’évolution technologique
contraint, voire détermine, l’évolution de certaines entreprises vers certains modes d’organisation. Des réorganisations réactives ou plus radicales peuvent s’inscrire dans des tendances de long terme. L’impact sur la taille, l’internationalisation et la spécialisation des entreprise. L’impact sur les processus organisationnels internes. 6- L’émergence des transformations
La perspective de l’émergence considère avant tout que la
question véritable n’est pas celle d’une direction unique entre l’organisation et la technologie. Les utilisateurs interagissent avec la technologie et l’organisation : Leurs caractéristiques personnelles, leurs perceptions des outils, les influences sociales qu’ils ressentent et exercent, jouent de façon systémique et difficilement contrôlable sur les choix d’équipements, les usages associés et les transformations organisationnelles. Conclusion Finalement, l’analyse peut suivre les perspectives décrivant les rapports entre systèmes d’information et organisation de l’entreprise en répondant aux deux questions : La direction anticipe-t-elle correctement et de façon précise les effets des systèmes d’information sur l’organisation ? Quelle latitude perçoit-elle par rapport à son environnement ?