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Une Famille Qui S Aime-Gary Chapman - 240402 - 19180
Une Famille Qui S Aime-Gary Chapman - 240402 - 19180
5 caractéristiques
d’une famille en bonne santé
Une famille qui s’aime
BLF Europe • Rue de Maubeuge
59164 Marpent • France
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre :
The Family You’ve Always Wanted • Gary Chapman
© 1997, 2008 Gary Chapman
Publié par Northfield Publishing • 820 N. LaSalle Blvd. • Chicago, IL 60610
Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés.
Remerciements.................................................................................. 5
Introduction....................................................................................... 7
.
prologue.
Un étranger dans la famille....................................................... 11
.
première partie
Une famille qui sert..................................................................... 17
Chapitre 1 : de la peine au plaisir,.
un cheminement personnel................................................ 19
Chapitre 2 : qu’est-ce qu’une famille qui sert ?................. 25
.
Deuxième partie.
Des couples en pleine intimité............................................... 37
Chapitre 3 : notre soif de proximité.................................... 39
Chapitre 4 : cinq pas vers l’intimité.....................................51
troisième partie.
Des parents qui guident........................................................... 69
Chapitre 5 : parler, faire, aimer.............................................71
Chapitre 6 : le défi : enseigner.
de manière créative. .............................................................. 83
Chapitre 7 : le défi : enseigner.
de manière cohérente. ........................................................ 103
quatrième partie.
Des enfants qui obéissent à leurs parents
et les honorent. ........................................................................... 121
Chapitre 8 : pourquoi obéir est si important. ................. 123
Chapitre 9 : le don de l’honneur........................................143
cinquième partie.
Des maris qui aiment et dirigent.......................................... 151
Chapitre 10 : que signifie « diriger » ?................................. 153
Chapitre 11 : les pères, ce qu’ils font.
pour leur famille. .................................................................. 171
Chapitre 12 : pour les épouses seulement,.
l’art de l’encouragement..................................................... 187
épilogue........................................................................................205
un mot de la part de Shelley et Derek. ......................... 209
Autoévaluation
À votre tour. .................................................................................. 213
À votre tour.....................................................................................215
Développez une attitude de service................................. 216
Développez l’intimité. ........................................................ 225
Les langages d’amour de vos enfants.............................. 249
L’éducation créative..............................................................251
Apprenez aux enfants à respecter autrui........................ 261
Évaluez vos capacités de leader. ....................................... 272
Projet de croissance pour le père aimant....................... 280
Notes................................................................................................. 311
Remerciements I5
Remerciements
Introduction
P R O L O G U E
Un étranger dans la famille
P R E M I È R E P A R T I E
C H A P I T R E 1
De la peine au plaisir,
un cheminement personnel
C H A P I T R E 2
Qu’est-ce qu’une famille
qui sert ?
D E U X I È M E P A R T I E
Des couples
en pleine intimité
Chapitre 3 : notre soif de proximité I 39
C H A P I T R E 3
Notre soif de proximité
« Os de mes os »
Le mot intimité vient du latin intimus, qui signifie
« intérieur ». Il y a intimité entre deux êtres lorsque chacun
ouvre son intérieur à l’autre. C’est entrer en contact avec
la vie de l’autre sur les plans émotionnel, intellectuel, so-
cial, physique et spirituel. C’est se connecter l’un à l’autre
Chapitre 3 : notre soif de proximité I 41
au niveau le plus profond dans tous les compartiments de
la vie. L’intimité s’accompagne d’amour et de confiance.
Nous croyons que l’autre a le souci de notre bien suprême ;
nous pouvons donc nous dévoiler à lui sans craindre qu’il
se serve contre nous de ce que nous lui avons dit ou permis
de voir.
Le désir d’intimité entre un homme et une femme est
aussi vieux que la race humaine. Dans la Bible, le livre de
la Genèse décrit Dieu en train de créer la femme à par-
tir de la côte de l’homme. Lorsque l’homme se réveilla de
son profond sommeil et vit la créature que Dieu avait faite,
il s’écria : « Cette fois, c’est l’os de mes os, la chair de ma
chair. C’est elle qu’on appellera femme, car elle a été prise
de l’homme 1 ». Elle se tenait là, un vis-à-vis, une créa-
ture semblable à l’homme avec cependant des différences
uniques ; elle ressemblait davantage à lui que tout ce qu’il
avait vu jusqu’alors, et pourtant elle était si visiblement
différente ! Elle était distincte de lui et pourtant liée à lui.
Quelque chose de profond en lui correspondait à quelque
chose de profond en elle. Il ne s’agissait pas d’une ren-
contre superficielle. Le cœur d’un être humain répondait
au cœur de l’autre. La femme était plus proche de l’homme
que toute autre créature dans l’univers.
Ces deux réalités, similitude et différence, sont à la
base de l’intimité humaine. Sans elles, il ne pourrait y
avoir d’intimité. Les hommes et les femmes sont des indi-
vidus différents, mais ils sont cependant connectés l’un à
l’autre dans les domaines physique, affectif, intellectuel et
spirituel. Quelque chose en l’homme réclame la femme,
et quelque chose dans la femme soupire après la compa-
gnie de l’homme. Nier nos ressemblances, c’est nier notre
nature humaine fondamentale. Nier nos différences, c’est
vouloir vainement rejeter la réalité. Dans un mariage sain,
on ne recherche pas la compétition mais la coopération.
Chacun trouve en l’autre un lieu de repos, un foyer, un
42 I Une famille qui s’aime
proche avec lequel il entretient une relation profonde et
unique.
L’intimité sexuelle n’est qu’un aspect de l’unité. Mais
on ne peut séparer le domaine physique des domaines
émotionnel, intellectuel et spirituel. C’était justement
l’erreur commise par le jeune couple assis dans mon bu-
reau. Lui souhaitait l’intimité sexuelle, elle une étroite
communion affective, mais aucun des deux ne reconnais-
sait qu’ils recherchaient en fait la même chose. Chacun
voulait se sentir proche de l’autre, accepté et aimé par lui.
Ils insistaient cependant sur deux aspects différents de la
même réalité.
Des conjoints qui s’aiment doivent comprendre que
leur désir d’intimité fait partie de ce qu’ils sont. C’est la
raison qui les a poussés à s’unir par le mariage. La plu-
part des couples se souviennent avec émotion de cette
période de leur vie où ils étaient tendrement amoureux
l’un de l’autre. Ils étaient bien l’un contre l’autre. Tout a
commencé par une attirance physique et affective de l’un
pour l’autre. Quelque chose s’est mis en émoi en nous, et
nous a poussés à nous fréquenter. Le but des fréquenta-
tions c’est de nous permettre de mieux nous connaître,
ce qui est un autre aspect de l’intimité. Dans cette phase
amoureuse, nous avons le sentiment de nous appartenir
tout entier l’un à l’autre, d’avoir été faits l’un pour l’autre.
Nous sommes prêts à être transparents l’un avec l’autre, à
nous dire tous nos secrets. Notre cœur nous dit que nous
nous aimerons toujours, que nous désirons travailler au
bonheur de l’autre avant toute chose et que notre propre
bonheur dépend principalement de la présence de l’autre
à nos côtés. C’est ce profond sentiment d’intimité qui nous
donne le courage de nous engager pour la vie dans le ma-
riage (j’aborde plus en détail cette phase amoureuse dans
mon livre Les cinq langages de l’amour, au chapitre un 2).
Chapitre 3 : notre soif de proximité I 43
Un mur de désillusions
Jennifer était en larmes. Je lui tendis la boîte de mou-
choirs : « Je ne comprends pas, me dit-elle entre ses san-
glots. Avant le mariage, je me sentais tellement proche de
Robert ! Nous partagions tout. Il était si gentil, si tendre
et si compréhensif. Il m’écrivait des poèmes et m’offrait
des fleurs. Maintenant, plus rien de tout cela ! Je ne le re-
connais plus. Ce n’est plus l’homme que j’ai épousé. Nous
ne pouvons même plus nous adresser la parole que déjà
le ton monte entre nous. Nous semblons si distants l’un
de l’autre ! Je suppose qu’il doit se sentir aussi malheureux
que moi. Je sais qu’il n’est pas heureux ».
Qu’est-il arrivé à l’intimité entre Jennifer et Robert ?
La réponse est aussi ancienne que la création du monde.
Le livre de la Genèse décrit les origines de la relation entre
nos premiers parents : « L’homme et la femme étaient tous
les deux nus et n’en avaient pas honte 3 ». L’homme et la
femme étaient nus sans en éprouver de la honte. C’est le
portrait de l’intimité conjugale. Deux êtres distincts de
même valeur, proches l’un de l’autre sur le plan affectif,
spirituel et physique ; totalement transparents l’un pour
l’autre sans crainte d’être connus. Tout couple aspire à ce
genre d’ouverture, cette acceptation, confiance et ardeur
dans la relation.
Mais quelques pages plus loin dans ce document an-
cien, nous lisons qu’après avoir désobéi à Dieu, le même
homme et la même femme se fabriquèrent des pagnes
en feuilles de figuier. Ils se cachèrent devant Dieu et l’un
devant l’autre. Ils avaient maintenant des raisons d’avoir
honte. Ils faisaient l’expérience de la peur ; l’homme et la
femme ne supportaient plus d’être nus. La culpabilité et
la honte étaient insupportables. L’intimité en avait pris
un coup. Adam commença par accuser Ève, laquelle s’en
prit au serpent. Avant la fin de la journée, Dieu leur fit
44 I Une famille qui s’aime
connaître les conséquences de leur péché, les revêtit de
peaux de bêtes sacrifiées, et les chassa hors du merveilleux
jardin. Le paradis n’est plus qu’un lointain souvenir, et la
souffrance une réalité constante.
La plupart des couples rêvent de vivre l’intimité
parfaite du paradis. Nous démarrons souvent notre vie
conjugale avec une grande mesure d’intimité ; puis, avec
le temps, il nous arrive de remplacer l’intimité par l’isole-
ment.
Comment se passe cette disparition plus ou moins
lente de l’intimité conjugale ? De nombreux conjoints ont
parlé d’un mur qui se dressait peu à peu entre eux. Sachez
qu’un mur se construit brique après brique. Peut-être
vous rappelez-vous un incident survenu dans votre vie de
couple, un incident semblable à celui que je vais raconter.
Marc et Isabelle étaient mariés depuis trois semaines. Tout
se passait très bien pour eux jusqu’à ce jeudi soir où Marc,
tout excité, raccrocha le téléphone et annonça brusque-
ment à Isabelle :
— Tu sais quoi, ma chérie ? C’était David. Je pars ce
weekend pêcher avec les copains. C’est pas formidable ? Ce
sont des mordus de pêche !
— Aller pêcher ? Avec des copains ? Mais je pensais
qu’on s’était mis d’accord pour travailler dans la maison ce
weekend.
— Mais…
— Mais, tu es marié ! Tu t’en souviens ? David, lui, ne
l’est pas. Ça lui est égal. Marc, tu ne peux pas juste décider
comme ça que tu vas sortir avec tes potes.
Cette expérience posa la première brique du mur qui
allait bientôt se dresser entre tous les deux. Mais comme
en ce temps-là, ils étaient encore très amoureux l’un de
l’autre, ils passèrent sur l’incident et oublièrent la blessure
Chapitre 3 : notre soif de proximité I 45
et la déception. Au bout de quelques jours, la situation
était presque redevenue normale. Ils avaient surmonté
l’obstacle, mais la brique était bel et bien là. Deux mois
plus tard, nouvel incident, et nouvelle brique sur le mur.
Avec le temps, un mur épais s’était érigé entre les deux
époux. Ils n’avaient certainement pas voulu le construire.
Leur intimité s’était envolée ; entre eux ne subsistait qu’un
mur de désillusion.
Comment retrouver l’intimité ? Si la réponse est
simple, elle n’est pas facile : il faut renverser le mur. Il faut
aller vers l’autre et lui dire : « J’ai bien réfléchi à ce qui nous
arrive, et je me rends compte que tu ne portes pas toute la
responsabilité de nos difficultés. J’ai pensé à notre mariage
et je reconnais que j’ai eu des torts envers toi. J’aimerais
t’en parler et te demander de me pardonner ».
Dès l’instant où vous êtes prêt à admettre vos fautes
et à demander pardon, le mur de votre côté commence à
se disloquer. Si votre conjoint accepte de vous pardonner
et reconnaît à son tour ses erreurs, le mur est ébranlé des
deux côtés, et l’intimité est presque aussitôt restaurée.
Pour que le mur reste démoli, vous devez reconnaître vos
échecs le plus rapidement possible. Personne n’est parfait.
Il nous arrivera de décevoir notre conjoint, mais si nous
acceptons de reconnaître nos fautes et de demander par-
don, nous pouvons maintenir le mur démoli.
C H A P I T R E 4
Cinq pas vers l’intimité
T R O I S I È M E P A R T I E
C H A P I T R E 5
Parler, faire, aimer
L’amour d’abord
Certains d’entre vous se demandent peut-être : « Est-
il possible que deux parents qui ont une approche très
différente en matière d’éducation trouvent un terrain
d’entente ? » Nous répondons « oui » sans la moindre hé-
sitation. Dans notre propre famille, nous avons constaté
que j’étais personnellement enclin à être un parent calme,
ouvert au dialogue, tandis que Karolyn était plus impul-
sive, et donc plus portée sur l’action. Il nous fallut quelque
temps pour nous rendre compte de cette situation, pour
analyser nos schémas, et accepter nos tendances person-
74 I Une famille qui s’aime
nelles. Une fois ce travail effectué, et après avoir examiné
ce qui était le mieux pour nos enfants, nous avons décou-
vert que nous pouvions travailler en équipe, et qu’il était
même indispensable que nous le fassions. Nos tendances
de base ne changèrent pas, mais nous avons appris à les
contrôler. J’appris à agir de façon responsable, et à asso-
cier paroles et actes. Karolyn apprit à réfléchir avant d’agir.
Dans les chapitres qui suivent, je vous indiquerai certaines
idées qui nous ont aidés dans ce processus. Mais d’abord
examinons le premier élément essentiel à tous parents qui
veulent bien guider leurs enfants.
Aucune méthode pédagogique et disciplinaire ne sera
efficace si l’enfant ne se sent pas aimé par ses parents. En
revanche, s’il se sent aimé, même des méthodes éduca-
tives médiocres feront de lui un adulte équilibré.
J’ai lu un jour l’histoire d’un homme ordinaire : il avait
une femme, deux fils, une maison confortable, un travail
valorisant. Tout allait bien jusqu’à une certaine nuit où
l’un des garçons tomba malade. Pensant qu’il ne s’agissait
pas de quelque chose de grave, les parents lui donnèrent
un cachet d’aspirine et retournèrent se coucher. Durant la
nuit, l’enfant mourut d’une crise aiguë d’appendicite. Le
chagrin et le sentiment de culpabilité incitèrent l’homme
à boire. Au bout de quelque temps, sa femme le quitta. Il
se retrouvait seul avec un fils, Matthieu, et sa dépendance
à l’alcool.
Au fil des années, l’homme perdit son emploi à cause
de la boisson ; il perdit aussi sa maison, ses biens et son es-
time de soi. Il finit par mourir dans une chambre d’hôtel,
dans la plus triste des solitudes. Le fils devint cependant
un ouvrier hautement qualifié, équilibré, travailleur et gé-
néreux. Connaissant les circonstances dans lesquelles il
avait grandi, quelqu’un lui demanda un jour :
Chapitre 5 : parler, faire, aimer I 75
— Je sais que vous avez vécu plusieurs années seul
avec votre père. Je sais aussi que votre père avait un sérieux
problème d’alcool. Comment expliquer que vous soyez de-
venu un homme si bienveillant, si bon et si généreux ?
Le fils réfléchit un instant puis répondit :
— Aussi loin que remontent mes souvenirs d’enfant,
je me souviens que, jusqu’à l’âge de dix-huit ans, tous les
soirs mon père entrait dans ma chambre, déposait un bai-
ser sur ma joue et disait : « Je t’aime, fiston 1 ».
L’amour couvre une multitude de péchés. Visible-
ment, l’amour que Matthieu reçut de son père sur le plan
du toucher physique par le baiser et sur le plan des pa-
roles valorisantes remplit son réservoir émotionnel et lui
permit de cultiver une vision positive de la vie, malgré les
manquements de son père dans d’autres domaines. Mal-
heureusement, des paroles valorisantes et un baiser ne
suffisent pas pour que tous les enfants se sentent aimés.
Mon livre Langages d’amour des enfants 2 montre l’impor-
tance de bien connaître le principal langage d’amour de
l’enfant, et de s’en servir régulièrement. Je suis convaincu
qu’il existe cinq façons fondamentales d’exprimer l’amour,
et que l’une des cinq parle mieux au cœur de l’enfant que
les autres. Permettez-moi de les rappeler brièvement.
C H A P I T R E 6
Le défi : enseigner
de manière créative
Quel est le parent qui n’a pas été lassé par le flot inin-
terrompu de comment et de pourquoi jaillis de la bouche
de l’enfant curieux de savoir ? Tout enfant est curieux par
nature. Malheureusement, beaucoup de parents ont tué
cet esprit curieux en répondant : « Pas maintenant » et :
« Parce que c’est comme ça » !
Le parent qui enseigne est confronté à une rude tâche :
tenir compte du désir naturel de l’enfant d’apprendre, et le
faire de manière à maintenir son esprit ouvert pour ap-
prendre tout au long de sa vie. C’est pourquoi j’ai parlé d’un
84 I Une famille qui s’aime
enseignement favorisant la créativité. Il faut créer pour cela
un climat dans lequel le désir d’apprendre de l’enfant et le
désir d’enseigner des parents suivent un rythme normal.
L’expérience sera ainsi agréable et profitable autant pour
l’enfant que pour les adultes. La joie d’apprendre est une
source inépuisable de plaisir pour l’enfant qui bénéficie
d’un enseignement qui stimule l’imagination. Le parent
chargé de l’enseigner s’efforce de canaliser cette source.
Comme parents, nous devons accepter le fait que
l’enseignement prodigué à nos enfants dévorera une par-
tie non négligeable de notre vie. L’idéal serait que cet
enseignement se pratique de façon constante, sur une
base journalière. L’un des grands obstacles auxquels sont
confrontés les parents dans leur rôle d’éducateur est ce-
lui du temps. Avec une majorité de mères travaillant hors
de la maison, des temps de trajets travail-domicile sou-
vent très longs, et les nombreuses exigences du calendrier
auxquelles chaque famille doit faire face, le peu de temps
qui reste pour l’éducation des enfants rend difficile la re-
cherche de la créativité.
Les limites de cet ouvrage ne permettent pas de pro-
poser des solutions précises et spécifiques au problème
du temps. Mais j’ai la ferme conviction que nous devons
prendre le temps d’instruire nos enfants. Dans notre so-
ciété, nous ne disposons que de dix-huit années pour
conduire nos enfants d’une dépendance totale à une indé-
pendance relative, dix-huit années pour leur transmettre
les compétences qui, selon nous, doivent leur servir toute
la vie, pour leur communiquer notre savoir et nos valeurs
de telle manière qu’ils puissent les évaluer par eux-mêmes
et choisir celles qui correspondent à leur propre intérêt.
C’est une tâche gigantesque qui nous incombe ; elle mérite
que nous lui consacrions le temps nécessaire. Passons en
revue quatre domaines particuliers d’enseignement créa-
tif.
Chapitre 6 : le défi, enseigner de manière créative I 85
« C’est important »
Quand vous pensez enseignement, la première idée
qui vous vient à l’esprit est peut-être celle de l’instruction.
Instruire, c’est utiliser des mots pour communiquer à l’en-
fant quelque chose que le parent estime important. Il peut
s’agir de la transmission de l’histoire et des traditions fa-
miliales, de dire ce qui se fait et ce qui ne se fait pas dans
la société, de théories et de faits intellectuels, de valeurs
morales et spirituelles, de notions touchant à tous les do-
maines de la vie, qui rendront la vie de l’enfant plus pro-
ductive et plus intéressante. Le père apprendra à sa fille
que dans notre culture, nous roulons à droite, attachons
nos ceintures de sécurité et respectons les limitations de
vitesse. Il l’assure qu’en se conformant à ces règles, elle aug-
mente ses chances de parvenir à l’âge adulte. Les parents
parlent à leurs enfants de sexualité et de santé, des bonnes
camaraderies, des limites à se fixer et à respecter, d’ani-
maux et de plantes, d’attitudes et de comportements. C’est
ce que les anthropologues appellent le processus d’inté-
gration, qui montre à l’enfant comment vivre en harmonie
avec son milieu culturel. Pour cela, il faut lui apprendre
certains comportements sociaux, lui transmettre un en-
semble d’informations sur lesquelles il pourra construire
une vie réussie.
Dans notre société, cette tâche n’incombe pas seule-
ment aux parents. L’école, l’église, et d’autres organismes
sociaux assument une part de responsabilité dans le déve-
loppement de l’enfant et l’aident à trouver sa place dans la
société. Mais dans notre société extrêmement organisée et
de haute technologie, ce sont principalement les parents
qui sont responsables de former les enfants en vue d’une
croissance harmonieuse pour survivre dans le monde mo-
derne.
86 I Une famille qui s’aime
Quand ils pensent à l’instruction, beaucoup voient
un maître d’école debout devant ses élèves, en train de leur
expliquer comment additionner, multiplier, ou diviser.
En réalité, une bonne pédagogie ne se limite jamais à un
monologue. Elle inclut évidemment nécessairement une
instruction formelle, mais s’enrichit également de conver-
sations avec les élèves, par le biais du dialogue. Nous ne
faisons pas que remplir la tête de nos enfants d’un certain
nombre de données ; nous entrons en contact avec des
personnes qui éprouvent des sentiments, nourrissent des
pensées et font des choix. La meilleure façon d’enseigner
fait donc intervenir le dialogue entre parents et enfants.
Parfois, c’est le parent qui prend l’initiative : « Je voudrais
te dire ce que ma mère m’a appris ». À d’autres moments,
c’est l’enfant qui interroge : « Pourquoi l’ours hiberne-t-
il ? » Ce sont là deux éléments valables de tout enseigne-
ment. Notre défi consiste à rendre l’un et l’autre créatif et
original. Si le parent peut noter sur une fiche la maxime ou
le principe de vie que sa mère lui a appris et donner la fiche
à l’enfant en prenant un moment pour la commenter, l’en-
fant saisira mieux la valeur des propos de sa grand-mère.
Éventuellement, la fillette pourrait même accrocher cette
carte à côté de son miroir et apprendre cette maxime par
cœur. De cette façon, elle appliquera à sa propre vie les
conseils de sagesse de son aïeule.
Le matin
En préparant le petit-déjeuner pour toute la famille,
Karolyn rendait un service très apprécié ; elle ne pouvait
donc pas consacrer ce temps à enseigner les enfants (sauf
par son exemple de service dans l’amour). Je me chargeais
donc de ce rôle. Nous ne consacrions que peu de temps
à l’enseignement. À la fin du petit-déjeuner, je lisais un
bref passage de la Bible, nous échangions quelques idées
sur la leçon qui se dégageait du texte, je donnais l’occasion
aux enfants de poser quelques questions ou de faire des
remarques. Puis nous avions un petit moment de prière.
L’enseignement prenait rarement plus de cinq mi-
nutes. Je ne dirais pas que c’était le meilleur moment de la
journée pour enseigner, mais il nous donnait l’occasion de
nous retrouver tous ensemble autour d’une idée centrale.
Nous pouvions ensuite vaquer à nos différentes occupa-
tions avec le sentiment d’avoir commencé la journée en
tant que famille unie. Si l’esprit de famille est cultivé dès le
matin, il nourrit toute la journée la pensée qu’il existe une
famille où les membres se retrouvent. Et même si on ou-
88 I Une famille qui s’aime
bliait le contenu de la leçon matinale, le simple fait d’avoir
été ensemble suffisait à rendre ces moments précieux.
Dans la maison
La famille moderne se retrouve-t-elle dans la mai-
son ? Certainement, lorsqu’elle regarde la télévision ou
pianote sur le clavier de l’ordinateur. Mais il est bien rare
que parents et enfants s’asseyent, les uns pour enseigner,
les autres pour apprendre. Nous sommes tous dans la
maison, souvent assis, mais nous ne nous parlons pas. Je
ne veux pas dire par là que la télévision ou l’ordinateur
ne sont pas des outils pédagogiques. Ils peuvent être très
utiles, à condition que les programmes soient bien choisis.
Autrement, ils risquent de communiquer des leçons que
les parents ne jugeraient pas sages. Si ces outils modernes
d’instruction ne sont pas utilisés par les parents pour en-
seigner de bonnes choses, ils risquent d’être des ennemis
de la pédagogie familiale et non ses alliés.
Dans notre famille, nous prenions le temps de nous
asseoir et de bavarder ; parents et enfants échangeaient
leurs idées, leurs sentiments et leurs expériences. Cela
se passait principalement au moment du repas du soir.
Il n’était pas rare que nous restions assis une heure après
le souper pour dialoguer. Au fur et à mesure que les en-
fants grandirent, ces moments s’allongèrent. Lorsqu’ils
rentraient de l’université, le week-end, nous arrivions à
bavarder pendant trois heures. Leurs amis que nous ac-
cueillions souvent avec eux étaient très surpris de voir
qu’une famille pouvait rester assise et discuter aussi long-
temps. Beaucoup de ces jeunes avaient grandi dans des fa-
milles dont les membres n’avaient jamais pris le temps de
s’asseoir ensemble pour dialoguer.
J’étais encore un jeune père, mais j’avais déjà été frap-
pé par la déclaration du Dr Graham Blaine, un professeur
de psychiatrie à l’université de Harvard. Il disait que le
Chapitre 6 : le défi, enseigner de manière créative I 89
grand problème avec la télévision n’était pas la pauvreté
de ses programmes, mais le fait qu’elle avait supprimé les
échanges entre les membres de la famille lors du souper.
Quand les gens sont pressés de regarder une émission té-
lévisée, ils mangent à toute vitesse. Ils ne prennent plus le
temps de se raconter leur journée, les petits détails comme
les grands sujets. Karolyn et moi avons perpétué la tradi-
tion des soupers familiaux et nous avons choisi ce moment
pour dispenser notre enseignement aux enfants.
Ceux-ci ne le percevaient pas comme un temps d’ins-
truction. C’était plutôt un temps de partage, de discus-
sion, d’écoute. Chacun faisait part des événements de la
journée, des sentiments qui les accompagnaient, des frus-
trations ressenties. C’était l’occasion de resserrer les liens
familiaux, de prouver que la famille s’intéressait à ce que
chacun de ses membres avait vécu durant la journée, aux
pensées qui avaient agité l’esprit, aux décisions qu’il fallait
prendre. Je dois reconnaître que lorsque nos enfants en-
trèrent dans l’adolescence, nous avons dû user d’habileté
et de fermeté pour maintenir cette bonne tradition. Il fal-
lut prendre le repas tantôt à quatre heures de l’après-midi,
tantôt à dix heures du soir ! Il fallait en effet tenir compte
des séances d’entraînement de basket, des répétitions de
théâtre, des leçons de piano. Mais le jeu en valait la chan-
delle, et nos enfants conservent un bon souvenir de ces
moments de partage.
En voyage
Quand Moïse donna ce conseil aux parents hébreux
de son temps, les gens se déplaçaient à pied : ils étaient
nomades. Aujourd’hui encore, ils sont constamment en
mouvement. Autrefois, ils allaient chasser, pêcher ou
cueillir des fruits sauvages ; aujourd’hui ils se rendent à
des réunions d’affaires aux quatre coins du monde. Seul
le moyen de transport a changé. À notre époque, c’est en
90 I Une famille qui s’aime
voiture qu’on se rend à l’école, à l’église, au supermarché
ou au terrain de sport. Ces déplacements constituent d’ex-
cellentes occasions de dialogues entre parents et enfants.
Tout en n’étant pas formel et systématique, l’enseignement
n’en est pas moins important. C’est souvent en voyage que
les enfants posent les questions qui les préoccupent.
Parfois, ils cherchent une information. Mais souvent,
ils donnent libre cours à leur curiosité et harcèlent les pa-
rents de « pourquoi ? ». Les adultes peuvent donc saisir
cette opportunité pour souligner les choses auxquelles ils
accordent de la valeur, et en discuter avec leurs enfants.
Les parents qui n’ont pas établi un système de valeurs qui
leur est propre sont souvent embarrassés par les questions
de leurs petits, et finissent généralement par ne pas y ré-
pondre. En revanche, ceux qui ont des principes auxquels
ils tiennent sont parfois enclins à les imposer à leurs en-
fants et à se montrer dogmatiques et intransigeants. Or,
on transmet les valeurs à la génération montante plus fa-
cilement par l’exemple et le dialogue que par la contrainte.
Laissez vos enfants observer votre façon de vivre ; ils ver-
ront tout seuls ce qui a de l’importance pour vous. Laissez-
les vous interroger et donnez-leur des réponses honnêtes.
Ils auront ainsi l’occasion de s’approprier personnellement
vos valeurs. En fin de compte, en grandissant, l’enfant
pourra rejeter ou accepter vos principes de vie. L’essentiel
aura été le dialogue entretenu avec lui. Ces questions se
discutent le plus souvent dans le cadre informel de nos
déplacements habituels.
Au coucher
Dans toutes les cultures, les hommes, les femmes et
les enfants dorment. Et dans de nombreuses cultures, les
moments qui précèdent le coucher sont perçus comme
des instants privilégiés pour enseigner les enfants. Dans
le cadre de mes voyages anthropologiques, j’ai pu obser-
Chapitre 6 : le défi, enseigner de manière créative I 91
ver les Indiens Tzeltal au sud du Mexique et les Indiens
caraïbes sur l’île de la Dominique. J’ai vu des mères cajo-
ler leurs petits enfants devant un feu en plein air et leur
chanter des berceuses, une façon de leur transmettre des
leçons. J’ai vu des pères rassembler des jeunes enfants au-
tour du feu et leur raconter des histoires de leurs ancêtres.
Cela permettait aux petits de s’endormir en sécurité et de
rêver aux lointaines années passées. La vie dans le monde
contemporain, bien que très différente de celle des tribus
autour du feu, offre, elle aussi, d’excellentes occasions
d’instruire les petits.
Comme les enfants font tout pour retarder l’heure du
coucher, ils sont souvent prêts à écouter n’importe quelle
forme d’instruction. Les chants, les prières et les histoires
sont de merveilleux outils pédagogiques avant l’heure d’al-
ler au lit. Dans notre foyer, Jean fut témoin du rite suivant.
Karolyn ou moi, nous nous asseyions avec les deux enfants
sur le divan, la télé éteinte (la cheminée allumée en hiver),
et nous leur lisions une histoire d’un des nombreux livres
que nous avions fini par accumuler au fil du temps. L’his-
toire était toujours suivie de questions. Celles-ci avaient
parfois un rapport avec le récit lu, mais parfois, c’était une
question qui avait subitement traversé l’esprit de l’enfant,
et qui ne pouvait attendre. Nous avions fixé l’heure du
coucher, mais nous acceptions parfois de la repousser un
peu si nous estimions le moment favorable pour une leçon
importante.
Puis, c’était le dernier petit tour dans la salle de bain,
le dernier verre d’eau avant de se glisser sous les couver-
tures. Lorsque les enfants étaient au lit, nous faisions une
prière. Les enfants ne se couchaient pas à la même heure.
Derek, le plus jeune, se couchait en premier ; Shelley, plus
âgée, allait au lit un quart d’heure plus tard. Cela nous
permettait de prier séparément avec chaque enfant. Les
petits priaient pour Zachée, le chien, pour l’instituteur et
92 I Une famille qui s’aime
l’institutrice, et pour bien d’autres sujets qui leur venaient
à l’esprit. Shelley ne manquait jamais de prier pour le Dr
Al Hood, un médecin missionnaire en Thaïlande. Au-
jourd’hui médecin elle-même, elle reconnaît que son in-
térêt et ses prières pour le docteur Hood ont façonné son
propre désir de devenir médecin. Assurément, l’heure du
coucher est un merveilleux moment où les parents peu-
vent communiquer de précieuses leçons à leurs enfants.
Chaque fois que les parents et les enfants se retrou-
vent, c’est une occasion à saisir pour enseigner. Une pé-
dagogie innovante met à profit les moments informels,
lorsque les parents et les enfants sont réunis, pour parta-
ger des idées, faire connaître des sentiments, évoquer des
souvenirs, bref pour exprimer tout ce que le parent consi-
dère comme important ou ce qui suscite l’intérêt de l’en-
fant. C’est au parent qu’il appartient de conduire l’enfant
dans la magie du dialogue.
C H A P I T R E 7
Le défi : enseigner
de manière cohérente
Lancez-vous !
Certains d’entre vous sont de jeunes parents. Vous
n’avez pas encore une grande expérience en matière de pé-
dagogie théorique et pratique. Votre métier ne fait pas ap-
pel à des compétences facilement transposables à la mai-
son. Vous reconnaissez honnêtement avoir peu d’idées sur
la manière dont les enfants apprennent. Vous vous sentez
incapables et même effrayés par la tâche qui vous attend.
J’ai une bonne nouvelle pour vous : vous pouvez vous faire
aider ! Cela demande évidemment du temps et un certain
investissement financier, mais des milliers de parents
peuvent attester aujourd’hui de l’efficacité des moyens mis
à leur disposition pour mieux s’acquitter de leur rôle d’en-
seignants et d’éducateurs de leurs enfants.
Il y a moyen de suivre des cours dispensés par diffé-
rents organismes laïques ou religieux. Ils permettent aux
jeunes parents ou aux parents inexpérimentés de mieux
comprendre le développement de l’enfant, de savoir com-
ment l’enfant apprend le mieux, comment se comporter
avec des adolescents, etc. La qualité de l’enseignement
dépend évidemment de la compétence de l’enseignant et
de la philosophie qui sous-tend le cours. Ces cours sont
cependant généralement bénéfiques pour les parents.
De nombreux mouvements religieux et organisa-
tions para-ecclésiastiques proposent aussi des cours sem-
blables, en insistant sur certains aspects particuliers de
l’enseignement et de la formation de l’enfant. Ce qui se fait
par exemple dans le cadre des classes d’école du dimanche
dans les églises peut facilement se transposer à la maison.
On tient généralement compte des classes d’âge : enfants
d’âge préscolaire, enfants d’âge scolaire, adolescents.
Chapitre 7 : le défi, enseigner de manière cohérente I 117
Certains cours visent à donner aux parents les moyens
de base pour enseigner et former, tandis que d’autres don-
nent des idées pratiques sur l’art et la manière d’enseigner
telle aptitude et de gérer certains problèmes particuliers
du développement de l’enfant. Une femme me dit un jour :
« Jamais je ne m’étais imaginé que des parents pouvaient
rencontrer des difficultés dans l’enseignement de leurs
bambins jusqu’au jour où j’ai assisté à une classe d’école du
dimanche pour enfants de maternelle. J’ai glané des idées
auprès des autres parents et du moniteur, je suis rentrée
chez moi, j’ai changé ma méthode et j’ai été émerveillée
par les résultats ».
C’est dans une classe de ce genre, qui insistait sur le
rôle de la musique pour les enfants, que ma femme fut
pour la première fois convaincue de la valeur que revê-
tait la musique comme outil pédagogique. Elle acheta de
nombreux disques et notre premier tourne-disque devint
le lieu de rassemblement où nos enfants reçurent maints
enseignements. Aujourd’hui, les parents possèdent des
cassettes et des CDs ; vous pouvez enseigner au moyen
d’une saine musique en roulant en voiture au lieu d’écou-
ter des nouvelles déprimantes ou de laisser certaines mu-
siques contemporaines remplir le cerveau des petits.
Je puis vous assurer que si, dans un domaine quel-
conque, vous souffrez d’un manque de formation ou de
compétence, il existe quelque part quelqu’un qui peut
vous apporter une aide concrète. D’autres parents parta-
gent vos luttes dans le domaine de l’enseignement de vos
enfants. Elles ne vous semblent uniques que si vous vous
débattez dans votre coin à vouloir instruire vos enfants.
Sachez que les universités, écoles bibliques, églises ou
groupements d’églises et autres associations comme Fa-
mille Je t’Aime (FJA) donnent des cours ou organisent des
séminaires à l’intention des parents. Demandez de l’aide !
Et lancez-vous !
118 I Une famille qui s’aime
Observer les autres
On peut apprendre beaucoup sur la manière d’ensei-
gner et de former les enfants en regardant faire des ensei-
gnants et des formateurs. Observez la manière de faire des
autres parents. Dans quelque endroit que vous vous trou-
viez, au supermarché, à la bibliothèque, à l’église, dans
un centre commercial ou au restaurant, vous pouvez voir
comment des parents réagissent avec leurs enfants. Prê-
tez attention aux aspects positifs et aux aspects négatifs
de ces interactions. Notez vos observations sur un carnet
que vous aurez toujours sur vous. Rappelez-vous que vous
pouvez aussi tirer des leçons utiles des exemples négatifs.
Les lieux évoqués plus haut vous permettent d’obser-
ver le comportement des parents vis-à-vis de leurs enfants
dans les situations les plus variées. Même si les parents
sont toujours en train d’éduquer et d’instruire leurs en-
fants, ils n’en ont pas toujours conscience. Vous pouvez
également apprendre en vous rendant dans des lieux où
se pratique un enseignement systématique. Demandez à
assister à un cours dispensé dans la classe de votre enfant.
Si votre enfant n’est pas encore en âge d’aller à l’école, de-
mandez à accompagner l’enfant d’un(e) ami(e). Observez
l’instituteur en action. Prêtez attention aux échanges ver-
baux entre lui et les élèves. Notez les actions entreprises
par l’enseignant. Vous pouvez demander à assister une fois
par mois à la classe maternelle que suit votre petit, ou à la
classe d’école du dimanche de votre enfant.
Si vous êtes encore à l’université ou si vous suivez des
cours dispensés par des organismes sociaux dans votre
ville, soyez attentif à la façon de faire de vos enseignants.
Vous ne pourrez probablement pas transposer intégra-
lement leurs méthodes à votre situation de parent, mais
vous pourrez vous en inspirer moyennant quelques modi-
fications et adaptations. Et vous découvrirez certainement
Chapitre 7 : le défi, enseigner de manière cohérente I 119
ce qu’il ne faut pas faire ! L’un de mes souvenirs les plus
nets de mes études universitaires concerne un professeur
qui s’asseyait à l’extrémité d’une longue table, devant la-
quelle avaient pris place sept étudiants qui l’écoutaient
lire ses notes griffonnées sur un papier jauni par l’âge.
Pendant toute la durée du cours, il parlait d’un ton mono-
tone ; au début du cours, il lui fallait souvent cinq bonnes
minutes avant de retrouver l’endroit où il s’était arrêté de
lire la fois précédente. Il ne me fallut pas longtemps pour
comprendre que ce n’était pas la bonne méthode pour en-
seigner quoi que ce soit à quelqu’un.
Il est intéressant également d’observer les animateurs
d’émissions télévisées pour les enfants. Ils disposent cer-
tainement d’une gamme plus étendue et plus variée d’ou-
tils que vous à la maison, mais vous pourrez certainement
apprendre en prêtant attention à leur style d’éducation et
à la manière dont ils jonglent avec les mots et les gestes
pour inculquer des leçons aux enfants. Certaines émis-
sions de télévision destinées aux enfants permettent de
glaner beaucoup d’idées nouvelles et pertinentes. Vous
pouvez d’ailleurs inclure certaines de ces émissions ins-
tructives et culturelles dans votre propre programme d’en-
seignement pour vos enfants, mais dans ce cas, faites-le de
façon délibérée et n’utilisez pas la télévision comme « ba-
by-sitter ». Assurez-vous de plus que l’enfant tire un réel
profit de l’émission.
Efforcez-vous de vous renseigner auprès d’autres pa-
rents sur leur manière d’enseigner leurs enfants. Si vous
avez parmi vos amis personnels des enseignants ou des
moniteurs d’école du dimanche, sachez que ceux-ci sont
généralement très intéressés à comparer leurs idées à
celles des parents pour pratiquer une pédagogie favorisant
l’éveil et la créativité de l’enfant. Vous donnerez encore
plus de poids à vos observations si vous notez ce que vous
voyez et les idées qui vous viennent à l’esprit. Il se peut que
120 I Une famille qui s’aime
vous ayez glané une idée intéressante applicable à l’ensei-
gnement et à la formation d’un enfant de douze ans, mais
le vôtre n’en a que trois. Si vous ne la consignez pas par
écrit, elle vous sortira de la tête d’ici à ce que votre petit ait
douze ans.
Lire un livre
La lecture d’un livre ou la consultation de sites Inter-
net constituent d’autres façons efficaces d’améliorer vos
aptitudes en matière d’enseignement et de formation. Il
existe une grande quantité de bons ouvrages et sites dans
ce domaine. Certains s’appliquent à l’éducation d’enfants
d’une certaine tranche d’âge, par exemple les petits de trois
à cinq ans. D’autres énoncent des principes plus généraux.
Les deux sont utiles. Faites un tour à la bibliothèque muni-
cipale ou à celle de votre église ; vous y découvrirez certai-
nement de nombreux ouvrages qui traitent l’un ou l’autre
sujet vous intéressant directement. Ils ne sont certes pas
tous de même valeur ; c’est pourquoi il serait sage de de-
mander conseil à un enseignant. Il est bien rare que les en-
seignants ne soient pas disposés à discuter avec les parents
d’un sujet qui leur tient à cœur comme celui de l’éducation
de leurs enfants.
Je mets cependant en garde : ne soyez pas obsédé par
la lecture d’ouvrages sur la manière d’éduquer les enfants
au point de n’avoir plus le temps de vous consacrer à votre
tâche de pédagogue ! J’ai constaté que certains parents sont
si soucieux d’apprendre à être de meilleurs parents qu’ils
négligent leurs enfants. Au moment où l’enfant quitte le
foyer, les parents sont devenus d’excellents pédagogues,
malheureusement ils ont laissé passer l’occasion d’ensei-
gner leurs enfants. Il faut donc former les enfants tout en
se formant soi-même.
Quatrième partie : des enfants qui obéissent à leurs parents et les honorent I 121
Q U A T R I È M E P A R T I E
C H A P I T R E 8
Pourquoi obéir est si important
Amour et obéissance
À l’instar d’une société ou d’une nation qui a besoin
de règles et de lois pour fonctionner, toute famille doit
mettre en place et respecter certaines règles. Notre amour
envers les autres, notre souci du bien-être de chacun et
notre crainte des conséquences fâcheuses nous motivent
à leur obéir. Toutefois, l’obéissance doit s’apprendre. Nous
ne naissons pas avec ; au lieu de cela, il semblerait plutôt
que nous naissions avec une propension naturelle à mettre
les règles à l’épreuve et à franchir les limites établies. Qui
n’a jamais vu un bambin de deux ans tendre sa main vers
un objet défendu et regarder si ses parents vont réagir ?
L’obéissance s’apprend, et elle s’apprend mieux si l’enfant
se sait authentiquement aimé de ses parents, quand il est
profondément convaincu qu’ils se soucient de son bien-
être. Si l’enfant est persuadé que ses parents ne l’aiment
pas, qu’ils pensent avant tout à leur propre intérêt et ont
décidé de le rendre le plus malheureux possible, il se sou-
mettra certainement à leur autorité, mais par pure forme,
car la révolte grondera en lui. Avec le temps, il entrera en
rébellion ouverte contre eux.
Pour apprendre l’obéissance, il faut aussi bien se
rendre compte que tout comportement entraîne des
conséquences. L’obéissance a des effets positifs, la déso-
béissance des effets négatifs. C’est cette réalité pratiquée
de façon cohérente et persévérante qui enseigne à l’enfant
la valeur de l’obéissance. Par conséquent, dans une famille
où l’amour n’est pas un vain mot, les parents insisteront
sur ces deux aspects : d’un côté, ils aimeront l’enfant et fe-
ront tout pour qu’il en soit persuadé, de l’autre, ils veille-
126 I Une famille qui s’aime
ront à ce qu’il subisse les conséquences de son comporte-
ment. Tout cela exige trois choses : d’abord fixer les règles,
ensuite prévoir les conséquences (bonnes et mauvaises),
enfin appliquer la sanction. Passons en revue ces trois as-
pects.
Et la fessée ?
On me demande souvent : « Que penser des fessées
pour punir la désobéissance ? » Le châtiment corporel est
souvent infligé par des parents qui n’ont pas pris le temps
de réfléchir à des sanctions en rapport avec la faute com-
mise. À mon avis, il vaut mieux infliger une sanction qui
a un rapport avec la désobéissance. La fessée n’est pas le
meilleur moyen de dissuader l’enfant de mal se conduire.
Elle reflète souvent plutôt le refus des parents de prendre
le temps d’enseigner l’obéissance à leur garnement.
Je ne veux pas dire qu’il n’y a jamais lieu de donner une
fessée pour sanctionner un mauvais comportement. Il me
semble qu’un enfant qui bat physiquement un autre enfant
mérite une correction physique à son tour. Il ressent ainsi
les souffrances physiques qu’il inflige à l’autre. Une telle
fessée ne doit cependant pas être administrée sous le coup
de la colère, mais dans le calme et avec amour. L’enfant qui
s’est mis à frapper l’autre l’a sans doute fait en ayant perdu
le contrôle de lui-même ; il ne faut pas que l’adulte répète
la même erreur. L’adulte qui le corrige doit être maître de
ses émotions et de ses réactions ; il doit le faire avec amour
en faisant bien comprendre à l’enfant coupable que son
attitude vis-à-vis de l’autre était inacceptable et entraîne
pour lui des conséquences douloureuses.
Il est également préférable d’infliger un châtiment
corporel s’il a été indiqué comme sanction avant que l’en-
fant ne se conduise mal. L’enfant doit savoir ce qui l’attend
s’il transgresse le règlement. Il doit aussi ne pas douter de
l’amour de ses parents, et se rendre compte que la fessée
136 I Une famille qui s’aime
n’a pas pour but premier de le faire souffrir, mais de lui
apprendre à obéir.
La fessée peut aussi être de mise si l’enfant va seul
dans la rue, ou s’approche trop près d’un feu ou d’un autre
danger physique. S’il n’obéit pas à l’interdiction verbale,
alors la fessée lui fera comprendre que chaque fois qu’il va
seul dans la rue ou s’approche du feu, il devra souffrir phy-
siquement. À mon avis, le châtiment corporel doit être ré-
servé à des actes de rébellion ou de défiance, et être infligé
à l’enfant quand il est encore petit. Donner une fessée à un
enfant plus âgé peut le rendre encore plus rebelle, surtout
s’il estime qu’il ne méritait pas la fessée. L’essentiel est que
la fessée soit administrée avec amour et dans l’intérêt de
l’enfant.
Malheureusement, la fessée traduit plus souvent la
colère mal contenue du parent que la réaction juste et ré-
fléchie à l’inconduite de l’enfant. C’est le moment de nous
interroger : « Avons-nous abusé de la fessée comme moyen
disciplinaire dans notre famille ? » Si c’est le cas, convenez
d’appliquer dorénavant la fessée si vous êtes tous les deux
d’accord pour reconnaître qu’elle est, dans la situation pré-
sente, le meilleur moyen d’inculquer l’obéissance à l’en-
fant. Elle sera d’autant plus efficace que vous aurez précisé
d’avance dans quel cas il conviendra de l’administrer.
Si vous n’avez jamais défini les cas dans lesquels le
châtiment corporel s’applique, vous agissez de manière
impulsive et constatez que parfois votre conjoint vous dé-
sapprouve. Il vaut mieux prévoir ensemble les cas où ce
châtiment s’impose et ne pas attendre de se trouver dans
le feu de l’action. Une fois que vous avez bien précisé la
nature des conséquences que l’enfant devra subir, assu-
rez-vous que tous les membres de la famille les ont bien
comprises. Cela rend la sanction disciplinaire plus accep-
table pour l’enfant et entraînera moins de conflits entre les
Chapitre 8 : pourquoi obéir est si important I 137
parents. Vous avez défini le genre de sanction pour telle
infraction au règlement ; quel que soit le parent présent
à la maison, l’enfant coupable sait qu’il aura la sanction
prévue.
Lorsqu’une règle familiale a été transgressée et que
l’enfant mérite d’être châtié, le parent chargé de le punir
devra communiquer une bonne dose de tendresse avant
et après le châtiment. Cela se fera d’autant mieux qu’il
parlera le premier langage d’amour de l’enfant. Prenons
un exemple. Disons que l’enfant a joué au ballon dans le
salon, ce qu’il savait être interdit. La sanction prévue dans
ce cas est la confiscation du ballon pendant deux jours. De
plus, si en jouant au ballon, l’enfant a brisé un objet, il est
chargé de payer la réparation ou son remplacement avec
son argent de poche.
Tristan a enfreint la règle. En jouant au ballon dans le
salon, il a brisé un vase. Supposons que le langage d’affec-
tion que Tristan comprend le mieux est celui des paroles
valorisantes. La maman le prendra à part et lui dira :
— Tristan, tu sais que je t’aime beaucoup. En général,
tu respectes les règles établies. Je suis fière de toi, de tes ré-
sultats scolaires et de ton travail à la maison. Tu fais de moi
une mère heureuse. Mais tu sais que si tu ne respectes pas
une règle, tu dois en subir les conséquences. Tu connais le
règlement et la punition. Je vais donc te confisquer le bal-
lon pendant deux jours. Nous avions décidé que tu devrais
payer la réparation ou le remplacement de tout objet brisé
par ta faute. Le vase que tu as fait tomber en jouant au
ballon dans le salon ne peut se réparer. L’achat d’un nou-
veau coûte trente euros. Cette somme viendra donc en dé-
duction de l’argent de poche que nous te donnons tous les
mois. Je sais que cela t’empêchera de faire ce que tu avais
prévu avec ton argent de poche, mais nous devons tous
apprendre à assumer les conséquences de nos erreurs.
138 I Une famille qui s’aime
— Mais maman, Noël approche ! J’ai besoin de mes
trente euros pour acheter des cadeaux, proteste l’enfant.
— Mon fils, je te comprends fort bien, et je sais que tu
auras plus de mal à acheter tes cadeaux avec ces trente eu-
ros en moins. Mais nous nous étions mis d’accord sur les
conséquences en cas de désobéissance aux règles fixées.
Je dois être conséquente avec ce que nous avions décidé.
Sache cependant que je t’aime ; c’est pourquoi il est de ma
responsabilité de t’aider à observer le règlement.
La maman peut alors s’avancer et donner un baiser à
son fils. Si avant de lui appliquer la sanction décidée d’un
commun accord et après, le parent exprime son amour
pour l’enfant dans le langage que celui-ci capte le mieux, il
adopte la façon la plus efficace pour lui enseigner l’obéis-
sance. Même dans les circonstances pénibles pour lui,
l’enfant est assuré de l’amour de ses parents.
Comparez cette approche avec la suivante : le père en-
tend le vase tomber de son support et se briser en mille
morceaux. Il se précipite dans le salon et hurle : « Je t’ai
déjà dit mille fois de ne pas jouer au ballon dans le salon.
Regarde ce que tu viens de faire ! Ce vase nous a été offert
par grand-mère ; il a plus de trente ans, il est donc d’une
valeur inestimable. Contemple ton œuvre ! Quand ap-
prendras-tu donc à obéir ? Tu te conduis comme un enfant
de deux ans. Je me demande ce que je vais faire de toi ! Al-
lez, disparais de ma vue ». Et au moment où l’enfant passe
devant lui pour sortir, le père lui administre une tape re-
tentissante sur les fesses. Laquelle des deux méthodes est
plus à même d’enseigner l’obéissance à l’enfant ?
Soyez honnête. Quelle méthode se rapproche de votre
réaction quand l’enfant a enfreint les règles ? Laquelle es-
timez-vous la plus productive ? Je pense que la plupart des
parents seront d’accord avec moi : la méthode qui consiste
à bien expliciter les règles, à indiquer clairement les sanc-
Chapitre 8 : pourquoi obéir est si important I 139
tions avant que l’enfant ne les transgresse, puis, en cas de
désobéissance, à appliquer fermement la sanction prévue
en l’ayant fait précéder d’un geste d’affection, est de loin
la plus efficace pour enseigner l’obéissance à l’enfant et
conserver la santé mentale aux parents.
L’exercice de la discipline
Une fois que les règles ont été clairement définies et
les sanctions en cas de désobéissance communiquées à
l’enfant, il est de la responsabilité des parents de s’assu-
rer que le coupable subira bien la sanction prévue pour
son inconduite. Si le parent se montre magnanime et per-
missif un jour en ne sanctionnant pas une faute, et que
le lendemain il fasse preuve d’une sévérité extrême pour
la même faute, il se prépare à coup sûr à élever un enfant
désobéissant et irrespectueux. Les mesures disciplinaires
inconstantes constituent le piège le plus courant dans le-
quel tombent les parents qui s’efforcent de faire de leurs
enfants des êtres responsables. Il faudrait appliquer la
sanction aussi près que possible de la faute, mais l’appli-
quer avec fermeté et amour.
« Il y a des jours où je suis fatigué, me dira un parent.
Je n’ai alors pas envie de réagir à la désobéissance de mon
enfant ». Mais nous sommes tous sujets à la fatigue. Quel
parent n’a pas été au bout du rouleau à cause du stress de
la vie courante ? Or, rien n’importe plus que nos enfants.
Dans les cas de grande lassitude, nous devons puiser dans
nos réserves et tout de même réagir avec amour et fermeté
à la transgression de nos enfants.
Le fait d’avoir clairement fixé d’avance la nature des
sanctions en cas de désobéissance empêche que vous soyez
sous l’emprise des émotions du moment. Si vous avez déjà
décidé quelle serait la punition infligée à l’enfant pour sa
désobéissance, votre responsabilité consiste uniquement
140 I Une famille qui s’aime
à vous assurer que le châtiment lui est bien appliqué. Vous
n’avez pas à décider la punition qu’il mérite : vous mettez
simplement en pratique ce qui a été décidé d’un commun
accord. Vous n’avez pas besoin de hurler ou de crier après
l’enfant, ni de le rosser sous le coup de la colère si vous
avez décidé à l’avance des conséquences à prendre.
Marie rentre de l’école en fin d’après-midi. Sa mère
l’embrasse, lui donne son goûter et l’interroge sur le dé-
roulement de sa journée. Puis elle ajoute :
— Marie, tu sais que tu dois faire ton lit et ranger ton
pyjama tous les matins avant d’aller à l’école. Or ce matin,
ton lit n’était pas fait et ton pyjama traînait par terre. Tu te
souviens que nous avions fixé une punition pour cet oubli :
la privation de télé le soir. Fais tes devoirs, ensuite joue si
tu en as envie, mais sache que tu ne pourras pas regarder
la télévision ce soir. Je t’aime, et je sais que tu apprendras
très vite à faire régulièrement ton lit et à ranger tes affaires.
— Mais maman, ce soir, c’est mon programme pré-
féré. Toutes mes amies en parleront demain à la récréa-
tion, et je ne pourrai pas participer à la conversation. S’il
te plaît, maman, laisse-moi regarder l’émission ce soir, et
je te promets que je ne la regarderai pas demain soir. Allez,
maman s’il te plaît !
— Je comprends très bien que tu veuilles voir ton
émission favorite, mais je me souviens que nous nous
étions mises d’accord sur les sanctions à appliquer en cas
de désobéissance. Je regrette, mais tu ne regarderas pas la
télé ce soir.
La maman reste douce mais ferme, en dépit des sup-
plications de sa fille. Celle-ci se souviendra que ses actions
ont des conséquences.
Si la maman reste logique avec elle-même et avec le
règlement défini, fait preuve d’amour et de fermeté, elle
Chapitre 8 : pourquoi obéir est si important I 141
constatera rapidement que sa fille fera systématiquement
son lit avant de quitter la maison le matin. En revanche, si
elle cède ou renonce à faire subir à Marie les conséquences
de sa désobéissance, il se pourrait fort bien que lorsque
Marie aura quinze ans, ce soit sa mère qui fasse réguliè-
rement son lit et range son pyjama. Cet exemple indique
quelles sont les différentes étapes d’une saine discipline
appliquée de façon conséquente. (1) Nous exprimons à
l’enfant que nous l’aimons et que nous prenons soin de
lui. C’est ce que la maman de Marie a fait en l’embrassant à
son retour de l’école, en lui donnant un gâteau et en lui de-
mandant des nouvelles de sa journée. (2) Nous indiquons
à l’enfant qu’une règle claire a été violée et lui rappelons la
sanction qui avait été prévue dans ce cas. (3) Nous veillons
à ce que l’enfant subisse les conséquences de sa transgres-
sion. Nous écoutons les supplications de l’enfant, mais
nous lui répétons qu’il doit assumer les conséquences de
sa désobéissance ou de sa négligence.
Le fait de punir l’enfant est souvent pénible et doulou-
reux pour le parent. Voici un exemple. Maman et Thomas
avaient convenu que si le garçon ne faisait pas ses devoirs
scolaires, il n’aurait pas le droit de participer à la séance
d’entraînement de basket le lendemain après-midi. Un
soir, Thomas néglige de faire ses devoirs d’école. Le père
l’informe qu’il sera privé de la séance d’entraînement du
lendemain.
— Papa, c’est un match important ce samedi. Si je ne
participe pas à l’entraînement, je ne serai pas sélectionné
dans l’équipe. S’il te plaît, papa, laisse-moi aller à l’entraî-
nement !
— Fiston, je n’y suis pour rien. C’est toi qui t’es
mis dans cette fâcheuse posture. Tu connaissais la règle
concernant le travail scolaire. Tu avais largement le temps
de le faire. Tu as préféré regarder la télévision et jouer avec
142 I Une famille qui s’aime
Michel. Je regrette, mais nous étions bien d’accord sur le
règlement et sur les sanctions à appliquer.
— Papa, tu sais tout ce que cela représente pour moi.
Interdis-moi les séances d’entraînement de la semaine
prochaine, mais pas celle de demain ! S’il te plaît !
Que devrait faire tout père ? La réponse est simple
mais pas facile. Soyez gentil, aimable, mais ferme. Le fait
de rater le match ne supprime pas les chances de votre fils
de faire partie de l’équipe universitaire quelques années
plus tard, mais il lui fera certainement mieux prendre
conscience des conséquences douloureuses entraînées par
la désobéissance. Voilà ce qui pousse l’enfant à choisir la
voie de l’obéissance.
De telles sanctions doivent toujours être appliquées
dans un esprit d’amour. Le parent directement concerné
doit rester maître de lui-même, et ne pas se laisser entraî-
ner à hurler et à crier. Il doit plutôt faire comprendre qu’il
éprouve beaucoup de sympathie pour son enfant puni.
Celui-ci doit voir que le parent aussi souffre de ce qu’il ne
peut pas figurer dans l’équipe qui jouera le match. Mais
c’est la réalité de la vie. Quand une personne désobéit,
d’autres aussi en subissent les conséquences. Ce sont ces
souffrances, ainsi que l’honneur dû à ses parents, qui ap-
prennent à l’enfant à obéir.
Interrogez votre entourage : la famille
reste, envers et contre tout, une valeur
fondamentale. Alors, pourquoi tous ces foyers
piégés par leurs dysfonctionnements, entraînés
parfois jusqu’au point de rupture ? Au fond,
à quoi ressemble une famille saine ?