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MINISTÈRE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
AB RÉ VIA TI ONS . . vi
INTRODUCTION !
1. GÉNÉRALITÉS 3
1.2. l. Climat 5
1.2.3. Hydrographie . . 5
1.2.4. Végétation 5
2.1. Matériel 8
2.2. Méthodes 8
3.1. Résultats 14
3.1.1. Perception du paludisme par les Agni, les Attié et les Ghwa 14
Étrule comparative des plantes utilisées e11 médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Attié et Ghwa du Dépanemenr d'Alépé
3.2. Discussion 29
CONCLUSION ET PERSPECTIVES 33
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 34
ANNEXES 39
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 11
AVANT-PROPOS
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme el symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé iv
LISTE DES TABLEAUX
Étude comparative des plantes utilisées e11 médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Ag11i, Allié el Ghwa du Département d'Alépé V
ABRÉVIATIONS
S: indice de Smith
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme el symptômes associés
chez les Agni, Attié et Ghwa du Département d'Alépé vi
INTRODUCTION
Les plantes médicinales constituent le moyen le plus utilisé non seulement en milieu
rural mais aussi en milieu urbain, pour résoudre les problèmes de santé publique (DRO et al.,
2013). Elles sont des ressources précieuses pour la majeure partie des populations rurales en
Afrique, où plus de 80% s'en servent pour assurer leurs soins de santé primaire (JIOFACK et
al., 2009 et 2010). Cela justifie l'intérêt accordé par la recherche dans le domaine du savoir
local (WEZEL, 2002).
L'ethnobotanique, est le domaine de la Botanique qui analyse les résultats des usages
traditionnels des végétaux ainsi que le contexte culturel dans lequel les plantes sont utilisées
(BALICK et COX, 1996). Aussi, cette science contribue-t-elle par ces diverses approches, à
préserver et à valoriser les connaissances locales (ALEXIADES, 2003). L'ethnobotanique est
le premier maillon d'un processus scientifique qui permet de passer de la connaissance
traditionnelle d'une plante à sa valorisation (MALAN, 2008). De ce fait, elle offre
l'opportunité de recueillir des informations à la fois fiables et honnêtes, permettant ainsi de
documenter, avant qu'elles ne se perdent à jamais, les connaissances et pratiques
traditionnelles qui s'érodent au fil des échanges culturels. Pendant longtemps, les approches
de l'ethnobotanique ont été descriptives, consistant à rapporter les noms vernaculaires et les
usages traditionnels des plantes par les communautés locales (HÔFT et al., 1999).
Cependant, peu de données existent sur la comparaison interculturelle de l'usage des
plantes. En effet, une plante connue par plusieurs peuples pour le même usage revêt plus
d'importance qu'une plante dont l'usage est communautaire. Pour mieux appréhender ce fait,
le paludisme est le prétexte selon lequel les enjeux de telles approches vont être évalués.
Le paludisme est l'endémie parasitaire la plus fréquente en Afrique tropicale. C'est
aussi, de toutes les affections parasitaires, celle qui est responsable de la plus importante
mortalité dans les pays en développement (OMS, 2014). En Côte d'Ivoire, le paludisme
représente 43% des motifs de consultations et 62% des hospitalisations d'enfants de moins de
cinq ans (FAKIH, 2014).
Diverses études (ethnobotaniques ou ethnophannacologiques) ont été consacrées aux
plantes entrant dans le traitement du paludisme. Ces études portent souvent sur les activités
pharmacologiques d'extraits de plantes (ZIRIHI, 2006 ; ZIRIHI et al., 2005 et 2007 ;
N'GUESSAN et al., 2009 ; TRAORÉ et al., 2013) ou sur des analyses intra-culturelles
(MALAN etNEUBA, 2011; ZERBO et al., 2011; DRO et al., 2013) n'offrant pas une vision
large de l'usage des plantes mentionnées. En effet, plusieurs peuples vivant dans le même
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 1
milieu naturel utilisent-ils les mêmes ressources pour traiter une même pathologie? Telle est
la question à laquelle cette étude veut apporter une réponse.
Le département d' Alépé situé au Sud-Est de la Côte d'Ivoire offre une composition
ethnique idéale pour une telle étude. En effet, il est composé de trois groupes ethniques que
sont les Agni, les Attié et les Ghwa. Ces communautés cohabitent le long du fleuve Comoé et
partagent les mêmes ressources.
Notre objectif général dans cette étude, est de connaître des plantes utilisées par les
Agni, les Attié et les Ghwa pour traiter le paludisme et ses symptômes associés.
De façon spécifique, ce travail vise à faire une analyse comparative de (i) la perception
du paludisme par les trois peuples et des (ii) plantes médicinales utilisées pour traiter les
différentes formes de paludisme par ces peuples.
Les communautés du département d 'Alépé cohabitent dans le même milieu naturel,
l'hypothèse de travail suivante peut être avancée: les trois peuples voisins ont la même
perception du paludisme et utilisent les mêmes plantes pour le traiter.
Le présent travail comporte, outre l'introduction, la conclusion et les perspectives, trois
parties. La première partie est consacrée aux généralités sur le milieu d'étude. La deuxième
partie quant à elle, traite de la description du matériel de travail et des méthodes utilisés.
Enfin, la dernière partie aborde les résultats et la discussion. Les références bibliographiques
et les annexes terminent ce mémoire.
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié el Ghwa du Département d'Alépé 2
I. GÉNÉRALITÉS
Notre étude s'est successivement déroulée dans trois villages du département d' Alépé.
Ce sont les villages d' Allosso, de Nianda et de Monga. Ces villages sont respectivement
composés de communautés Agni, Attié et Ghwa. Le village d 'Ali osso, est, délimité au Nord
par le village d'Egnembo-carrefour, au Sud, par le village de Koutoukro, à l'Ouest par le
village d'Anokro et enfin à l'Est par la commune d'Aboisso. Puis, le village de Nianda, qui
est délimité au Nord par le fleuve Comoé, au Sud, par la commune d' Alépé, à l'Ouest par le
village de Monnèkoi et à l'Est, par la commune d'Aboisso. Le village de Monga, enfin, est
délimité au Nord par le village d'Alépé, au Sud, par le village d'Ingrakon, à l'Est par le fleuve
Comoé et enfin à l'Ouest par le village de Montézo. La Figure 1 présente les villages dans
lesquels se sont déroulés nos travaux.
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 3
10
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Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié el Gliwa du Département d'Alépé 4
1.2. Caractéristiques physiques
1.2.1. Climat
Le climat de la zone d'étude est de type subéquatorial ou Attiéen, caractérisé par une
alternance de quatre saisons.
- La grande saison de pluie d'avril à juillet
- La petite saison sèche en août
- La petite saison de pluie septembre à novembre
- La grande saison sèche de décembre à mars
Les précipitations moyennes annuelles varient entre 1200 mm/an et 1600 mm/an mais
l'humidité relative en saison sèche reste élevée à environ 85% (GUILLAUMET et
ADJANOHOUN, 1971; OSZWALD, 2005). La température moyenne annuelle est de 26,4°C
avec une amplitude thermique moyenne de 3°C.
Le relief de notre zone d'étude est peu relevé, constitué d'un sol ferralitique
gravillonnaire. li est entretenu par une humidité et une chaleur constantes (V ANGAH, 1999).
Les sols ferralitiques sont fortement désaturés. Ils sont caractérisés par la présence d'un
horizon humifère peu épais et un horizon gravillonnaire peu développé (A VIT et al., 1999).
1.2.3. Hydrographie
D'une façon générale, la région est bien drainée. Le fleuve Comoé, l'un des plus grands
fleuves de Côte d'Ivoire, traverse chacun des villages Attié et Ghwa sauf celui des Agni,
concernés par notre étude. Ce fleuve est alimenté par plusieurs affluents et cours d'eau. Ce
sont entre autres, Adobli, Amoiloh, Assado, Asrê-bo, Dikéh et Koué-koué du côté du village
de Monga. Le village de Nianda quant à lui, est drainé par les cours d'eau Assaléh, M'gbo et
M'gbobê.
1.2.4. Végétation
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chez les Agni, Attié el Ghwa du Département d'Alépé 5
forêt à Diospyros spp. (Ebenaceae) et Mapania spp. (Cyperaceae)
forêt à Turraeanthus africanus (Meliaceae) et Heisteria parvifolia (Olacaceae)
forêt à Uapaca esculenta (Euphorbiaceae), Uapaca guineensis (Euphorbiaceae)
et Chidlowia sanguinea (Fabaceae).
Avec 125 877 habitants, le Département d'Alépé est composé majoritairement de trois
groupes ethniques (RGPH, 2014 ). Ce sont les Agni, les Attié et les Ghwa. Ces derniers
appartiennent au groupe A.kan. Ils ont une origine commune: le Bassin du Pra-Ofin dans
l'actuel Ghana (DIABATÉ, 2013). La marche migratoire de ces communautés dans Je
Département d' Alépé, fait suite à des guerres qu'elles se livraient pour la conquête de
nouveaux territoires. En effet, les Ghwa, produit de deux groupes ethniques (Krou et A.kan),
quittent leur te1Te d'origine (Gomon à Grand-Béréby), sous la direction du chef guerrier
Amoni Aghwa (BAMBA et al., 1989). Après plusieurs étapes dans leur migration vers le Sud-
Est, ils entreprennent une série de campagnes militaires contre les Attié Lépin. Ils s'installent
par la suite, sur les terres ainsi libérées et vont essaimer dans toute la région.
En outre, les Attié Lépin du Département d' Alépé dirigés par Allé, marchent en
direction du Sud, jusqu'à la lagune Potou (BAMBA et al., 1989). Une guerre contre les
Ghwa, les éloigne à Boshi-bedouè. Par la suite, ne leur laissant aucun répit, les Ghwa les
repoussent vers Moninlotoua où ils forment, sous le règne de Adjé Yapi, Memni, Montézo et
Grand-Alépé.
Enfin, les Agni ou Anyin du département d' Alépé, sont de la même filiation que les
Agni Sanwi d'Aboisso et sont dirigés par le roi de Krindjabo (DIABATÉ, 2013). Ils partent
de leur berceau primitif à la suite de discordes (KOUASSI et al., 2011 ). Le peuple était
conduit par Amalaman Ano et Aka Esoin, de la famille régnante des Aoukofowè, et de leurs
sœurs et reines Assamala Dihyè et Ago Dihyè. Les Indiénié, Bétié, Attié, M'batto (Ghwa) et
Abouré sont les groupes ethniques voisins aux Agni.
Ainsi, les Agni, les Attié et les Ghwa constituent les populations autochtones de notre
zone d'étude. Cependant, il existe des populations allochtones (Baoulé, Abouré, Alladian, ... )
et allogènes notamment dans les villages d' Allosso et de Nianda. Ces populations allogènes,
constituées de Burkinabés, de Ghanéens, de Maliens et de Togolais, vivent en harmonie avec
les populations autochtones. Par ailleurs, les Agni, les Attié et les Ghwa vivent pour la
plupart, de la chasse, de l'agriculture et de la pêche. Les cultures de palmier à huile, d'hévéa
et de cacaoyer sont les cultures prédominantes de notre zone d'étude. De plus, ces populations
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 6
cultivent le vivrier comme la banane, le manioc, l'igname. En revanche, les cultures
maraîchères sont presqu' inexistantes dans le Département d' Alépé.
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 7
TT. MATÉRIEL ET MÉTHODES
2.1. Matériel
matériel est ensuite composé d'étiquettes pour noter les informations sur l'échantillon, de
journaux pour la confection des herbiers et enfin d'un appareil photo numérique pour la prise
d'images.
2.2. Méthodes
Les investigations ont été menées successivement dans les villages Agni, Attié et Ghwa
et se sont déroulées de septembre à octobre 2015. Nos investigations concernaient, sans
distinction, aussi bien les femmes que les hommes. Dans chaque village, les entretiens ont été
abordés selon le mode semi-structuré.
L'entretien semi-structuré consiste à formuler de nouvelles questions à partir des
réponses obtenues à la suite des questions existantes sur un guide d'entretien (Annexe 1 ). Cet
entretien peut se faire de façon individuelle ou collective, lors d'un «porte-à-porte».
Le centre de santé du village a ensuite été visité, dans le but de recueillir des données
statistiques sur la prévalence du paludisme. Notre enquête a également permis d'interroger, à
l'aide d'un questionnaire, quelques patients rencontrés. Les renseignements ont porté sur les
différentes formes de paludisme, les noms locaux des plantes utilisées pour soigner les formes
de paludisme, les pratiques associées à l'usage des plantes mentionnées (préparation,
administration, etc.) et les spécialistes reconnus dans le village dans le traitement du
paludisme. Cette étape a permis d'obtenir des listes libres des espèces végétales employées
dans le traitement du paludisme ainsi qu'une liste de spécialistes.
Les listes libres ou ouvertes sont basées sur le principe que les plantes les plus connues
ou les plus utilisées dans la communauté, sont les plus mentionnées (QUfNLAN, 2005).
L'étape suivante a consisté à rencontrer les spécialistes, à domicile ou lors de randonnées dans
les brousses avoisinantes (Figure 2). Cette approche connue sous Je nom de « walk-in-the
woods » a permis de constituer un herbier déposé à l'Université Nangui Abrogoua pour
l'identification scientifique.
Êtude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans te traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Ag11i, Allié et Ghwa du Département d'Afépé 8
1
Au total, 51 personnes ont été interrogées dans le cadre de cette enquête. La répartition de
cette population d'enquête par sexe et classe d'âge est donnée par le Tableau 1 suivant.
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié el Ghwa du Département d'Alépé 9
Tableau 1: Répartition de la enquêtée par sexe et classe d'âge
classe d'âge
communautés sexe :S 25 26-40 41-55 56-70 71-100 Total
femme 3 2 4 3 0 12
Agni
homme 0 1 I 1 0 3
femme 0 2 3 2 2 9
Attié
homme 0 2 1 1 1 5
femme 0 0 4 2 8 14
Ghwa
homme 0 1 0 2 5 8
Total 3 8 13 11 16 51
Étude comparative des plantes utilisées e11 médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme cf symptômes associés
chez les Agni, Allié el Ghwa du Département d'Alép« 10
2.2.2. Système de nomenclature
La taxonomie des plantes suit le système APG (APG, 2009). Le système qui est à sa
troisième version, est la classification botanique des Angiospermes, la plus importante et la
plus régulière à être utilisée aujourd'hui (CHASE et REVEAL, 2009). Les noms de nos
espèces ont été actualisés grâce à la base de données APD (African Plant Database version
3.4.0.).
Il existe plusieurs méthodes pour évaluer scientifiquement les connaissances locales dans
les enquêtes ethnobotaniques (HOFFMAN et GALLAHER, 2007). Les plus utilisés sont ceux
basés sur le consensus des informateurs ou le niveau d'accord parmi les interviewés
(ALBUQUERQUE et al., 2006; TARDIO et PARDO-DE-SANTAYANA, 2008). Dans cette
étude, la fréquence de citation et l'indice de Smith ont été utilisés.
• Fréquence de citation
La fréquence de citation est le nombre de fois qu'un item (plante) apparaît dans des
listes de plantes données. La fréquence de citation permet d'estimer la crédibilité des
informations reçues et le niveau de connaissances des plantes de la communauté d'enquête
(SCHRAUF et SANCHEZ, 2008). Elle est la plus simple et la plus connue, cependant elle
prend en compte le rang d'apparition de la plante dans la liste des citations et la longueur des
listes. La fréquence de citation a été utilisée afin d'évaluer le nombre de fois qu'une espèce a
été citée dans chaque communauté.
L'indice de Smith est la moyenne de l'inverse du rang d'une plante entre plusieurs listes
libres, pondéré par le nombre de plantes par liste. En effet, les plantes citées en première
intention par les interviewés paraissent les plus importantes des listes de plantes. Or, le rang
d'une plante est conditionné par la longueur des listes. S varie entre de O à 1. Une valeur
proche de 1 indique que la plante est importante pour les personnes interrogées, tandis qu'une
faible valeur montre une connaissance faible de la plante par les personnes interviewées. Cet
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme el symptômes associés
chez les Agni. Allié et Ghwa du Département d'Alépé 11
indice a été utilisé afin de connaître les plantes les plus importantes dans chacune des
communautés.
L'indice de Smith se calcule suivant cette formule revue par SUTROP (2001):
S = { l' [ ( Li - Rj + 1) / Lj]} / N
où S est l 'importance d'une citation, L; la longueur d'une liste de citations et R, le rang d'une
citation dans la liste. L'indice de Smith et la fréquence de citation ont été calculés à l'aide du
logiciel ANTHROPAC version 1.0. (BORG A TTI, 1996).
Afin de comparer la perception du paludisme par les trois peuples étudiés ainsi que les
plantes qu'ils utilisent dans le traitement de cette maladie, un indice de similarité et un test
non paramétrique de Kruskal-Wallis ont été effectués.
• Similarité floristique
La similarité est une mesure multivariée des similitudes qui existent entre plusieurs pools
de données (DUFRENE, 1997). Il existe plusieurs types d'indices selon que les données sont
binaires, ordinales ou quantitatives. Afin de comparer, les plantes similaires entre les
communautés, l'indice de communauté ou coefficient de JACCARD ( 1908) a été utilisé.
L'indice de Jaccard, utilise des données binaires qui se calculent selon la formule
suivante:
a
Si}= a+ b +c
où
./ Su est le Coefficient de Jaccard ;
./ a est le nombre d'espèces communes aux groupes i et);
./ b est le nombre d'espèces présentes uniquement dans le groupe i;
./ c est le nombre d'espèces présentes uniquement dans le groupe).
L'indice de Jaccard a été calculé avec EX CEL du logiciel OFFICE 201 O .
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d 'Alépé 12
• Test non paramétrique de Kruskal-Wallis
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié el Ghwa du Département d'Alépé 13
III. RÉSULTATS ET DISCUSSION
3.1. Résultats
3.1.1. Perception du paludisme par les Agni, les Attié et les Ghwa
Le paludisme est une maladie bien connue des populations locales. Il est connu sous le
nom générique de ébounou par les Agni, de chilo par les Attié et de djakouadjo par les Ghwa.
Le mal de tête, les courbatures, le manque d'appétit, l'insomnie, la fièvre et les vomissements,
sont les symptômes unanimement rapportés à travers les communautés.
Cependant, les trois peuples distinguent plusieurs formes du paludisme. Ainsi, les Attié
distinguent deux formes: jaune et blanche; les Agni, trois formes: blanche, jaune et noir ;
enfin les Ghwa observent cinq formes: blanche, jaune, noir, mystique et n 'kaka (Tableau 2).
Parmi les formes de paludisme citées par les communautés, les formes jaune et blanche
sont les plus fréquentes. Par ailleurs, les investigations dans les centres de santé des villages
d' Allosso et Monga, révèlent que 80% des patients sont atteints de paludisme. En outre, les
populations associent la médecine moderne et médecine traditionnelle pour le traitement du
paludisme.
Étude comparative des plantes utilisées en. médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 14
Tableau 2: Formes et symptômes de paludisme en médecine traditionnelle selon les Agni, Attié et
Ghwa du département d' Alépé
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Auié et Ghwa du Département d'Alépé 15
3.1.2. Plantes utilisées par les communautés
L'enquête a permis de recenser 64 plantes utilisées dans le traitement des différentes formes
de paludisme. Ces plantes se répartissent en 37 familles, 60 genres (Annexe 2). Parmi celles-
ci, 39 espèces (soit 60,94%), 13 espèces (soit 20,31 %) et 12 espèces (soit 18,75%) sont
respectivement spécifiques aux Ghwa, Attié et Agni. En revanche, 11 espèces sont communes
aux trois communautés. De plus, les Attié et Ghwa partagent huit espèces (12%); puis les
Agni et Ghwa trois espèces (04,69%) et enfin Agni et Attié une espèce (01,56%).
Toutefois, les familles les plus riches sont les Asteraceae (six espèces), les
Euphorbiaceae (quatre espèces), les Rubiaceae (trois espèces). Le Tableau 3 donne la liste
des plantes avec leurs indications.
~ Types morphologiques
60,00%
50,00%
40,00%
a Agni
30,00%
a Attié
aGhwa
20,00%
10,00%
0,00%
arbre herbe liane arbuste
Figure 3: Proportion des types morphologiques selon les Agni, les Attié et Ghwa du
Département d'A]épé
Ét11de comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 16
Tableau 3: Liste des plantes avec leurs indications
Éwde comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 17
Tableau 3 (suite)
Étude comporative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme el symptômes associés chez les Agni, Allié el Ghwa du Département d 'Alépé 18
-
Tableau 3 (suite)
Étude compara/ive des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 19
-
Tableau 3 (suite et fin)
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés chez les Agni, Attié et G/rwa du Département d'Alépé 20
3.1.3. Organes utilisés, modes de préparation et d'administration des recettes
médicamenteuses
Quatre types d'organes de plante sont utilisés dans le traitement du paludisme (Figure 4).
Ce sont les feuilles, les écorces, les fruits et les racines. Parmi ces organes, les feuilles et les
écorces sont les plus fréquents. Ces feuilles sont plus utilisées par les Agni (92,31 %, puis les
Attié (55,74%) enfin les Ghwa (49,61%). Tandis que, les écorces sont régulièrement utilisées
par les Ghwa (47,29%), les Attié (40,98%) et les Agni (07,69%).
100,00%
90,00%
80,00%
70,00%
60,00%
•Agni
50,00%
• Attié
40,00% •Ghwa
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
feuilles écorces -
fruit
Figure 4: Proportion des organes utilisés par les Agni, Attié et Ghwa
-
racines
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 21
~ M ode de préparation des recettes médicam enteuses
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
•Agni
20,00%
• Attié
10,00%
•Ghwa
0,00%
Étude comparative des plantes utilisées en médecine trudinonnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 22
>" Mode d'administration des recettes médicamenteuses
Les différentes drogues, sont administrées soit par lavement, par application cutanée,
par voie nasale, par voie orale, soit par voie oculaire. Au nombre de ces voies, les voies orale
et cutanée sont majoritairement utilisées, suivies du lavement pour se traiter du paludisme.
Tandis que, les voies nasale et oculaire ne sont pas toujours utilisées (Figure 6). La voie orale
est utilisée à 50% par les Agni, 33% par les Ghwa et 24,14% par les Attié. Cependant, le
lavement aussi bien utilisé par les Agni (31,25%), les Ghwa (28,30%) et les Attié (27,59%).
De plus, pour se traiter du paludisme, la voie cutanée très sollicitée par les Attié (48,28%),
puis les Ghwa (24,53%) et les Agni (18, 75%). Enfin, les voies nasale et oculaire son très
utilisées par les Ghwa.
50%
45%
40%
35%
30%
a Agni
25%
a Attié
20% aGhwa
15%
10%
5%
0%
orale lavement cutanée nasale oculaire
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 23
);> Importance culturelle des plantes entrant dans le traitement du paludisme chez les
Agni, Attié et Ghwa
Les listes des plantes citées spontanément, montrent que les trois communautés
connaissent des plantes médicinales traitant le paludisme. En effet, la longueur moyenne des
listes est de 03,64 pour Agni; 04,33 pour Attié et 05,48 pour Ghwa. Ces longueurs de liste
sont rangées de 1 à 5 plantes (Agni); 1 à 10 plantes (Attié) et enfin de 1 à 27 plantes (Ghwa)
(Annexes 3, 4,5, 6, 7 et 8).
Cependant, les indices de Smith demeurent globalement faibles. Parmi ces indices 0,35
est la valeur la plus forte (Tableau 4). Toutefois, six espèces ont obtenu chacune une valeur
proche et/ou égale à la valeur maximale des indices. Ces espèces prises deux à deux par
communauté sont, Ocimum gratissimum et Vernonia amygdalina pour Agni; Alstonia boonei
et Anthocleista nobilis pour Attié et Annickia polycarpa et Sarcocephalus pobeguinii pour les
Ghwa.
Pour traiter les différentes formes de paludisme notamment le paludisme blanc et le
paludisme jaune, les populations utilisent des plantes dont l'écorce est de couleur variant du
jaune au jaune-orangé. Ce sont: Annickia polycarpa, Harungana madagascariensis, Vismia
guineensis et Sarcocephalus latifolius. Parmi ces plantes, certaines ont un breuvage au goût
amer, à l'instar de Alstonia boonei, Vernonia amygdalina, Mangifera indica et Momordica
charantia, conformément à la « théorie des signatures ». Théorie selon laquelle l'aspect, la
couleur et le goût ou la saveur de chaque plante indiquent ses propriétés médicinales.
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié el Ghwa du Département d 'Alépé 24
Figure 7: Deux plantes médicinales utilisées par les Agni, Attié et
Ghwa du département d'Alépé a) Annickia polycarpa et
b) Anthocleistas nobilis
Étrrde comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 25
Tableau 4: Indices de Smith des espèces récoltées par communauté
Étude comparative des plantes utilisées eu médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 26
Tableau 4 (suite et fin)
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement d11 paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié el Gliwa d11 Département d'Alépé 27
3.1.4. Comparaison de la composition floristique entre les ethnies
Le test de Kruskal-Wallis fait avec les indices de Smith montre une différence
significative (x2 = 7,69 ; dl. = 2 ; p = 0,02) entre les plantes dites importantes selon les
communautés. En effet, les Attié ont une moyenne de 0, 121 suivi des Agni 0, 108 et enfin des
Ghwa 0,065.
Concernant, les plantes employées par ces trois communautés, la similarité floristique
entre ces communautés est faible (Tableau 5). Ainsi, les Attié partagent une similarité de
36, 11 % des plantes avec les Agni et 35, 71 % avec les Ghwa. Cependant, les Ghwa partagent
une similarité de 22,03% avec les Agni.
Tableau 5: Similarité entre les communautés concernant les plantes employées pour le traitement du
paludisme
Similarité
Agni Attié Ghwa
Agni
Attié 36, 11
Ghwa 22,03 35,71
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 28
3.2. Discussion
Les communautés Agni, Attié et Ghwa ont une perception des formes de paludisme. En
effet, elles distinguent six formes. Cette diversité des formes n'est pas un cas isolé. En réalité,
plusieurs études menées en Afrique ont montré que les communautés distinguent plusieurs
types de paludisme. Par exemple, les communautés mandingues de Sélingué distinguent cinq
forrnes (DIARRA et al., 2015): sumaya, nènèdimi, djontè, djokadjo es farigan. Au Zimbabwé,
dans le Chipingé NGARIVHUME et al. (2015), n'ont déterminé que deux formes de
paludisme (muswarara et ndangarangay. Par ailleurs, le tableau des symptômes varie d'une
communauté à une autre. En effet, cette variation du tableau des symptômes permet aux
communautés de distinguer les formes simples d'une part, des formes graves du paludisme
d'autre part. En effet, les symptômes comme les convulsions, l'évanouissement et la faiblesse
du corps sont aussi rapportés par les communautés. Par exemple, au Zimbabwé, les
communautés du Chipingé l'ont mentionné (NGARIVHUME et al., 2015). En plus, DIARRA
et al. (2015), ont rapporté que dans les communautés mandingues, le coma est considéré
comme symptôme du paludisme grave.
Selon les symptômes, la médecine traditionnelle distingue une variété de connaissances.
Ces symptômes évoluent d'un pays à l'autre. En effet, cette variation des symptômes est non
seulement fonction des pratiques mais encore du contexte culturel. Mieux, elle dépend de
l'accessibilité de la médecine conventionnelle (OMS, 2013). Par ailleurs, la médecine
conventionnelle, distingue deux grandes formes de paludisme avec de nombreuses variantes.
Les accès palustres simples et les accès palustres graves (AUBRY, 2015). Toutefois, la
médecine traditionnelle tout comme la médecine conventionnelle ne peut faire face à certaines
formes (paludisme mystique, neuropaludisme) et certaines conséquences de cette maladie
(insuffisance rénale). Ce qui témoignerait de la bonne intégration de la médecine
traditionnelle dans le système de santé de ces régions. C'est pourquoi, les différentes
communautés, allient les deux types de médecine pour le traiter le paludisme (DIARRA et al.,
2015; NGARIVHUME et al., 2015).
Étude comparative des plantes utilisées e11 médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Ag11i, Allié et Ghwa du Déportement d'Alépé 29
3.2.2. Plantes utilisées par les communautés
Les plantes médicinales utilisées pour traiter les différentes formes de paludisme, ont
montré que les Asteraceae (six espèces), les Euphorbiaceae (quatre espèces) et les Rubiaceae
(trois espèces) sont les familles les plus sollicitées. Cette représentativité a été observée, à
quelques différences près, par N'GUESSAN et al. (2009) chez les communautés Abbey et
Krobou d 'Agboville. Cependant, au Mali, DIA RRA et al. (2015), ont rapporté que les
Leguminosae, les Malvaceae, les Combretaceae, les Moraceae, les Lamiaceae et les
Apocynaceae sont les familles les plus sollicitées par les communautés. Ces observations
différentes, pourraient s'expliquer par l'efficacité que ces familles ont montrée dans le
traitement du paludisme. Par ailleurs, les familles comme les Euphorbiaceae, Asteraceae,
Rubiaceae, Fabaceae et Apocynaceae sont réputées pour leurs propriétés anti-malariques. En
effet, ces espèces font partie des plus nombreuses et des plus importantes de la flore
ivoirienne (AKÉ-ASSI, 1984; N'GUESSAN et al., 2009).
Toutefois, les arbres et les herbes sont les types morphologiques, majoritairement
sollicités par les communautés pour traiter du paludisme. Les observations de BEKALO et al.
(2009) et MEGERSA et al. (2013) en Ethiopie, ont montré que les herbes sont les plus
utilisées. Cette différence s'expliquerait par ! 'environnement dans lequel évolue ces
communautés.
Les organes des plantes médicinales, utilisées pour traiter les différentes formes de
paludisme, sont les feuilles et les écorces. Les mêmes observations ont été faites par MALAN
et al. (2015), dans la communauté Éhotilé. Par contre au Zimbabwé, les communautés du
Chipinge préfèrent utiliser les racines (NGARNHUME et al., 2015). Cette différence
pourrait s'expliquer par le fait que ces communautés évoluent dans un contexte culturel
différent.
Par ailleurs, la décoction et la macération sont les modes de préparation les plus utilisés.
DIARRA et al. (2015) au Mali et N'GUESSAN et al. (2009) à Agboville, ont fait les mêmes
observations. En revanche, les observations de MEGERSA et al. (2013) en Éthiopie, ont
montré que le broyage ou la réduction en pâte est le mode de préparation le plus utilisé dans la
communauté éthiopienne.
En outre, la voie orale et la voie cutanée sont les voies d'administration les plus
récurrentes dans le quotidien des communautés. Selon MALAN (2008) en Côte d'Ivoire, la
Étude comparative des plantes utilisées e11 médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié el Ghwa du Département d'Alépé 30
communauté Éhotilé utilisait préférentiellement, Je lavement pour administrer leur
médicament. Cette différence pourrait s'expliquer par 1 'absorption rapide des drogues par
l'organisme. En outre, DIARRA et al. (2015) ont fait des observations différentes. En effet,
l'administration orale et le bain sont les modes indiqués par ces communautés. De même, les
travaux de MALAN et al. (2015), ont indiqué que le lavement, l'administration orale et Je
badigeonnage sont fréquemment utilisés par les Éhotilé. Ces différences pourraient
s'expliquer par le fait que ces usages font partie intégrante de la culture de ces communautés.
Par ailleurs, les plantes dites importantes chez les communautés du Département
d' Alépé, ont trouvé un écho ailleurs en Afrique, dans le traitement du paludisme. Par
exemple, au Nigéria, Ocimum gratissimum est utilisée contre la diarrhée, le mal de tête et la
fièvre (PRABHU et al., 2009).
Selon JENSEN et SCHRIPSEMA (2002), Anthocleista nobilis dont le décocté de
l'écorce ou la fumigation de l'écorce est utilisée, en Sierra Leone contre la fièvre. En Côte
d'Ivoire, les Oubi utilisent l'écorce de la tige associée aux feuilles de Thaumatococcus
daniellii comme gouttes nasales pour traiter le mal de tête.
Alstonia boonei est très utilisée en médecine traditionnelle. En effet, selon SIEPEL et al.
(2004), sur les marchés locaux de l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale, la décoction de
l'écorce est largement utilisée pour traiter le paludisme, la fièvre typhoïde, le pian, l'asthme et
la dysenterie.
Vernonia amygdalina s'emploie couramment en médecine traditionnelle. Des
décoctions des feuilles sont utilisées pour traiter la fièvre, le paludisme ainsi la constipation.
Au Zimbabwé, des infusions d'écorce sont utilisées pour traiter la fièvre et la diarrhée. La
décoction de feuilles est utilisée pour traiter la fièvre, le paludisme (BEENT JE, 2000).
Annickia polycarpa, est une plante dont l'écorce est très employée en Afrique de
l'ouest. Par exemple, en Sierra Leone, l'écorce est utilisée en décoction pour traiter la
jaunisse. En règle générale, la décoction de l'écorce sert à traiter la fièvre, en particulier le
paludisme (VERSTEEGH et SOSEF, 2007).
Toutefois, l'utilisation des plantes par les communautés, pour traiter les différentes
formes de paludisme, est guidée par la théorie des signatures. En effet, 1 'écorce de couleur
jaune d'Annickia polycarpa ou de Harungana madagascariensis ou encore le goût amer du
breuvage de Vernonia amygdalina indique que cette plante est utilisée pour traiter Je
paludisme. Cette théorie est très utilisée dans la médecine traditionnelle ivoirienne
(BOUQUET et DEBRA Y, 1974). La communauté Oubi, par exemple, de l'ouest de la Côte
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa d11 Département d 'Alépé 31
d'Ivoire, récolte Je miel en utilisant un liquide de couleur rouge qui exsude de Manniophytum
fulvum. L'aspect et la couleur de cet exsudat rappellent le miel (MALAN, 2002).
Cependant, la longueur des listes des communautés montre une connaissance variée des
plantes. En effet, les communautés Ghwa ont cité beaucoup plus de plantes que les autres
communautés du département. Des observations semblables ont été faites par MALAN et al.
(2015). Ces auteurs ont montré que la communauté Éhotilé avec une moyenne de 7, 1 plante
par personne interrogée, a une grande connaissance des plantes médicinales. Cette
connaissance serait influencée par la composition floristique du milieu local.
Les plantes médicinales utilisées pour traiter les différentes formes de paludisme sont
faiblement réparties entre les conununautés. Par exemple, TORRES-A VILEZ et al. (2015),
ont montré, dans les Caraïbes que la migration influençait la connaissance des plantes
médicinales. La faible composition floristique pourrait également expliquer Je fait que les
communautés ne partagent pas leur connaissance. Par ailleurs, la destruction de la végétation
implique la disparition des espèces végétales mais aussi diminue la variété d'espèces
végétales utilisées par les conununautés pour se soigner. En outre, l 'endémisme d'une
maladie pourrait également favoriser une bonne connaissance des végétaux par la
communauté (YETEIN et al., 2013).
Étude comparative des plantes utilisées e11 médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Attié el Ghwa du Département d'Alépé 32
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
En définitive, cette étude a permis de connaître les plantes utilisées par les
communautés Agni, Attié et Ghwa, du département d' Alépé. Ce sont 64 plantes qui ont été
récoltées, réparties entre 37 familles, 60 genres. En outre, les Asteraceae, Euphorbiaceae et
Rubiaceae sont les familles les plus sollicitées. Par ailleurs, les feuilles et les écorces sont les
organes les plus cités. Ensuite, les modes de préparation que sont la décoction et la macération
sont utilisées majoritairement. Enfin, la voie orale et l'application cutanée sont
préférentiellement utilisées. Cependant, le paludisme est différemment perçu à travers
chacune des communautés.
Cette étude a montré que l'usage des plantes est communautaire bien que les
communautés partagent aussi bien le même environnement que les ressources naturelles. Il
serait souhaitable:
d'approfondir en comparant les connaissances des communautés avec d'autres
maladies parasitaires.
déterminer la corrélation entre l'âge et le sexe dans la connaissance des plantes
élargir cette étude dans d'autres régions de la Côte d'Ivoire
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié el Ghwa du Département d 'Alépé 33
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Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 38
ANNEXES
Annexe 1:
QUESTIONNAIRE
Fiche d'enquête pour la communauté villageoise
Date, village
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 39
d. C4 : La plante est en voie de disparition, dans la région, à l'état naturel, les
organes recherchés n'ont été aperçus que de longue date.
Date, village
Étude comparative des plantes utilisées e11 médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 40
Annexe 2: Inventaire des espèces végétales
type
Nom scientifique Famille nom local morphologique
Agni Attié Nghlwa
Adenia lobata (Jacq.) Engl. Passifloraceae n'nouhoubè liane
Adenostemma perrottetii DC. Asteraceae bôbi arbre
Ageratum conyzoides L. Asteraceae mpi souin herbe
Albizia adianthifolia (Schum.) wight Fabaceae gbèlin gblè arbre
Alchornea cordifolia (Schum. et Thonn.) Müll. Arz. Eunhorbiaceae diéca n'dzè adjèguè arbuste
Alstonia boonei De Wild. Apocynaceae èmian kokpè obiayé arbre
Ananas comosus (L.) Merr. Bromeliaceae n'drachi herbe
Annickia polycarpa (DC.) Setten & Maas Annonaceae tsin opoudin arbre
Anthocleista nobilis A. Chev. Gentianaceae zbro-ebro anongbé n 'douyoukou arbre
Bambusa vulgaris Schrad. ex J.C. Wendel. Poaceae camboni bomblo herbe
Canna indica L. Cannaceae akounouzbou herbe
Carica papaya L. Caricaceae m'bomonté ablè herbe
Senna alata L. Fabaceae nian-moua herbe
gongon
Cassia occidentalis L. Fabaceae ékindébalouba kanga monin djronmié herbe
Chromolaena odorata (L.) R.M. King & H. Rob. Asteraceae indépendanci andependant herbe
Citrus aurantiifolia (Christm.) Swingle Rutaceae m'gbébié arbuste
Citrus aurantium L. Rutaceae gué-gué arbuste
Cleistopholis patens (Benth.) Engl. & Diels Annonaceae drèdrèbouè arbre
Cocos nucifera L. Arecaceae ochibouodé herbe
Coelocaryon preussii Warb. M yristicaceae adiogo arbre
Cola gigantea A. Chev. Malvaceae tongbaplè arbre
Dacryodes klaineana (Pierre) H.J.Lam. Burseraceae n'gbinyé arbre
Entandrophragma angolense (Welw.) C. DC. Meliaceae n'dzapéchi arbre
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 41
Funtumia africana (Benth.) Stapf Apocynaceae adiagoanô arbre
Gouania longipetala Hemsl. Rhamnaceae djombè arbre
Hallea ledermannii (K. Krause) Verde. Rubiaceae so(o ozoayé arbre
Harungana madagascariensis Lam. ex Poir. Hypericaceae essoubo kokolè m'gbouanan mgbamlin arbre
odufa non-
Hoslundia opposita Vahl Lamiaceae anoumaliè non herbe
Jatropha curcas L. Euphorbiaceae ploplo popro arbuste
Kalanchoe crenata (Andrews) Haw. Crassulaceae tôgbô herbe
Khaya ivorensis A.Chev. Meliaceae noukoumlin arbre
Kigelia africana (Lam.) Benth. Bignoniaceae gbaloumè arbre
Lophira alata Banks ex C. F. Gaertn. Ochnaceae odôyé arbre
Macaranga spinosa Müll. Arg. Euphorbiaceae zôzôblin arbre
Maesobotrya barteri (Scott-Elliot) Keay Phyllanthaceae abiyokou arbuste
Mangifera indica L. Anacard iaceae mango mangoté mongodé arbre
Microdesmis keavana J. Léonard Pandaceae kpanzan alipion arbuste
Microglossa pyrifolia (Lam.) Kuntze Asteraceae sôya djon-nonnon herbe
Momordica charantia L. cucurb i taceae obiépon herbe
Monanthotaxis capea (E.G. Camus & A. Camus) Verde. Annonaceae n'grépié arbuste
Moringa oleifera Lam. Moringaceae moringa molinga arbuste
Musa paradisiaca L. Musaceae banan va domoté ngôkoadé herbe
parassolier
Musanga cecrooioides R.Br. Urticaceae indépendance m'mové arbre
Newbouldia laevis (P. Beauv.) Seem. ex Bureau Bignoniaceae ogoaton arbre
Ocimum americanum L. Lamiaceae n 'gontia moi herbe
Ocimum gratissimum L. Lamiaceae amangniné non-non herbe
odjêtin-
Paullinia pinnata L. Sapindaceae trô n'di mêzô liane
Pentaclethra macrophylla Benth. Fabaceae blégbavé arbre
Éwde comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés chez les Agni, Allié el Ghwa du Département d'Alépé 42
Phaulopsis ciliata (Willd.) Hepper Acanthaceae adrè mpi herbe
Physalis angulata L. Solanaceae n'tototé pôpô-mpi herbe
Platostoma africanum P.Beauv. Lamiaceae oyô pôpon herbe
Rauvolfia vomitoria Afzel. Apocynaceae baka-kpégbé chinchébi n'gobiavé arbre
Ricinodendron heudelotii (Baill.) Pierre ex Heckel Euphorbiaceae bôbôchidé arbre
Sarcocephalus latifolius (Sm.) E. A. Bruce Rubiaceae cossoua mou/eu odoukwè arbre
olémlé
Sarcocephalus pobeguinii Pobeg. Rubiaceae dassin arbre
otchon
Sparganophorus sparganophora (L.) C. Jeffrey Asteraceae mpi herbe
Spondias mombin L. Anacardiaceae trôman n'magadé arbre
Tectona grandis L.f. Verbenaceae teck teck teck arbre
Terminalia ivorensis A.Chev. Combretaceae kohoulin arbre
Trema orientalis (L.) Blume Cannabaceae anacha arbre
Vernonia amygdalina Délile Asteraceae abôwoui tôzô mlipo herbe
Vismia guineensis (L.) Choisy Lamiaceae baba gamanô arbuste
Vitex grandifolia Gürke Lamiaceae n'kobi arbuste
djidji
Zanthoxylum gilletii (De Wild.) P. G. Waterman Rutaceae hokoyé arbre
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 43
Annexe 3: indice de Smith chez les Ghwa
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 44
Ricinodendron heudelotii 0,048 27 0,002
Sarcocephalus latifolius 0,19 2,5 0,134
Sarcocephalus pobeguinii 0,429 4,78 0,312
Sparganophorus sparganophora 0,095 3,5 0,06
Spondias mombin 0,095 8,5 0,038
Tectona grandis 0,238 9,2 0,079
Terminalia ivorensis 0,095 15,5 0,023
Vernonia amygdalina 0,238 3,6 0,167
Vitex grandifolia 0,048 4 0,019
Zanthoxylum gilletii 0,048 7 0,012
Étude comparative des plantes utilisées e11 médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 45
Annexe 4: indice de Smith chez les Attié
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni. Allié el Ghwa du Département d'Alépé 46
Annexe 5: indice de Smith chez les Agni
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Auié et Ghwa du Département d'Alépé 47
Annexe 6: longueur de liste chez les Attié
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Ag11i, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 48
Annexe 7: longueur de liste chez les Ghwa
Étude comparative des plantes utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Auié et Ghwa du Département d'Alépé 49
Annexe 8: longueur de liste chez les Agni
Étude comparative des piailles utilisées en médecine traditionnelle dans le traitement du paludisme et symptômes associés
chez les Agni, Allié et Ghwa du Département d'Alépé 50
RÉSUMÉ
Le Département d'Alépé est situé au Sud-Est de la Côte d'Ivoire. Il est composé de trois
groupes ethniques (Agni, Attié et Ghwa), vivant tous à proximité du fleuve Comoé, et
partageant les mêmes ressources naturelles. Cette élude a pour objectifs de comparer la
perception du paludisme, par ces peuples ainsi que les plantes qu'ils utilisent pour traiter les
différentes formes de cette maladie. Les investigations montrent que ces communautés
distinguent six formes de paludisme. Pour le traitement de ces formes, 64 plantes ont été
répertoriées. Les familles les plus sollicitées sont les Astcraccac (six espèces), les
Euphorbiaceae (quatre espèces) et les Rubiaceae (trois espèces). Les feuilles et les écorces
sont tes organes les plus utilisées de même que la décoction et la macération. Les plantes dites
importantes ainsi que la composition floristique ont montré de faibles valeurs, dans chacune
des communautés. Par ailleurs, une différence significative entre les plantes dites importantes
dans le traitement du paludisme, a été observé à travers les différentes communautés.
Mots clés: médecine traditionnelle, paludisme, étude comparative, Agni, Attié, Ghwa,
Département d 'Alépé, Côte d'Ivoire.