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guerre la planification et l'organisation de l'ensemble du système productif, tant en

matière de production d'équipement et d'armement que pour l'ensemble de


l'économie. Au départ ce sont des méthodes d'organisation dérivées de la pratique
industrielle qui sont utilisées, mais il s'avère rapidement que la gestion d'ensemble
du système économique requiert des méthodes et des données beaucoup plus
précises et fiables.
Au sortir de la première guerre mondiale, un certain nombre de politiciens influents,
souvent liés aux milieux d'affaire, tentent d'inciter les économistes à s'intéresser à
ces questions. Rapidement deux pôles émergent, l'un centré en Angleterre autour de
la London School of Economics (LSE), l'autre sur la côte Est des États-Unis autour
d'Harvard, du Massachusetts Institute of Technology et du National Bureau for
Economic Research (fondé en 1920 dans ce but).
Le programme de travail de ces groupes va s'orienter selon cinq directions :

• Donner à l'analyse économique des fondements rigoureux, ce qui va


entraîner la naissance de l'économie mathématique et un regain d'intérêt
pour les approches de Walras et de Pareto ;
• Engager un vaste programme d'étude socio-économique quantitatif sur
l'histoire économique. Un exemple fameux en est le travail de Simon
Kuznets sur la dynamique des inégalités dans le système capitaliste
(Simon Kuznets a travaillé longtemps au NBER) ;
• Mettre en place et normaliser l'appareil statistique public, ce qui va
conduire à la naissance de la comptabilité nationale ;
• Engager un recensement statistique systématique de l'activité
économique : études d'industries, des marchés y compris financiers ;
• Tenter de mettre au point des méthodes mathématiques et statistiques de
prévision de l'évolution conjoncturelle.
Au cours des années trente ce courant va connaître une dynamique forte sous une
double impulsion. D'une part, les prévisions catastrophiques des premiers modèles
quant à la crise de 1929 vont faire prendre conscience de l'importance des efforts à
faire. Alfred Cowles, industriel et économiste, met sur pied en 1932 la Cowles
Commission dans ce but. C'est au sein de cette commission que l'économétrie
(ensemble des techniques statistiques de l'économie) va prendre son essor. La
Cowles Commission va également chapeauter le programme de recherches de
l'économie néo-classique des années 1940 et 1950, en particulier la théorie de
l'équilibre général. D'autre part, l'école quantitativiste va (comme la physique
théorique) bénéficier de l'apport d'intellectuels d'Europe Centrale chassés par le
nazisme ou les révolutions nationalistes ou communistes. Non économistes au
départ pour la plupart, ce sont plutôt des mathématiciens ou des physiciens brillants.
Ils vont importer dans l'analyse économique quantitative les techniques statistiques
et mathématiques les plus récentes, favorisant ainsi un bouleversement de
l'ensemble de la discipline économique.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le courant quantitativiste se spécialise en
sous-disciplines : économétrie, analyse statistique macroéconomique et
microéconomique, comptabilité nationale, économie mathématique, de pair avec la
sophistication et la complexité croissante des modèles et des techniques de
traitement des données utilisées. Il forme actuellement le cœur dur de la pensée
économique dominante, le "mainstream".

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