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NUMÉRO 1

PARIS-PROJET
AMÉNAGEMENT
URBANISME - AVENIR

Revue bimestrielle préparée par


l'Atelier Parisien d'Urbanisme
(APUR), association déclarée.

Conseil d'Administration de l'APUR:


Président :

le Préfet de Paris
M. Marcel Diebolt
Peu de villes au monde
sans doute ont, autant que Paris, inspiré poèmes, littéra¬
Membres :
ture et couplets. Mais si l'on chanté Paris sur tous les tons, comme le dit un refrain, il
La Ville de Paris représentée par:
SOMMAIRE a
est un registre au moins, celui de l'urbanisme, plus austère certes mais combien essentiel à
le Préfet de Police M. Maurice —
la vie de chaque citoyen de la Cité, où le besoin d'une source d'informations, de commen¬
Grimaud taires, d'analyses, se faisait incontestablement sentir.
le Président du Conseil de Paris — PAGES
M. Etienne de Véricourt Les Parisiens aiment leur ville, les
Français rêvent de leur Capitale même s'ils la
Mme Launay, et MM. Berlemont, Cha- EDITORIAL 1 jalousent parfois, les étrangers la visitent et l'admirent. Bien peu en connaissent vraiment les
vanac, Frédéric Dupont, Seince,
Conseillers de Paris. problèmes, les projets d'aménagement, le projet d'avenir au sens le plus élevé de ce terme.
De là cette publication — Paris Projet — destinée à apporter aux responsables et aux ci¬
Le District de la Région de Paris
LES HALLES 2-3 toyens une documentation indispensable sur les questions essentielles de l'évolution de Paris
représenté par : et à leur permettre, par là même, une meilleure participation
à la vie de la Cité.
le Préfet de la région parisienne Les transformations à travers les siècles, F. Loyer 4-15
Délégué Général: M. Maurice Doublet C'est dire
qu'au-delà des seuls spécialistes et techniciens, qui fondent trop souvent
MM. Bernard Lafay et Pierre Bas,
Un marché disparu
a
16-20 leur puissance l'hermétisme de leur langage et le monopole qu'ils détiennent sur les
sur
membres du Conseil d'administration Schéma d'aménagement
du District, Conseillers de Paris.
21-34 sources d'information, cette revue vise à atteindre des cercles beaucoup
plus larges de l'opi¬
nion publique. Elle n'a par suite aucunement l'ambition de présenter le caractère d'une revue
Restauration et réhabilitation 35-39
l'Etat représenté par: scientifique servant à la diffusion par un organisme d'études et de recherches de ses travaux
le Ministre d'Etat chargé des Affaires propres sous leur forme brute. Elle doit tendre au contraire, dans un effort de vulgarisation
Culturelles ou son délégué, au meilleur sens de ce mauvais terme, à décrire de manière attrayante et accessible les
le Ministre de l'Intérieur LES BANQUES ET ASSURANCES DANS PARIS 40-45 grands problèmes de l'évolution et de l'aménagement de Paris.
ou son
délégué,
le Ministre de l'Economie et des Fi¬ L'Atelier Parisien d'Urbanisme constituait sans nul doute l'instrument le plus appro¬
nances délégué,
ou son
prié assurer la préparation d'une pareille publication. Créé en octobre 1967 à l'initia¬
pour
LA CIRCULATION EN 1990 46-53
le Ministre de l'Equipement et du tive du Conseil de Paris, avec le soutien de l'Etat et de la Région, cet organisme encore
Logement ou son délégué. très jeune a pour mission particulière de procéder aux études à long terme concernant l'ave¬
nir de la ville et d'élaborer, en fonction de cette vue prospective, un cadre de propositions
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION: BIBLIOGRAPHIE 54-56 devant guider la politique urbaine qu'il apparaît souhaitable et parfois indispensable de mener.
Pierre-Yves Ligen
assisté de :
Revêtant la forme juridique souple d'une association privée de la loi de 1901, cet
Marie-France Ménage Atelier est par suite indépendant de l'administration strictement entendue, tout en lui étant
Marie-Claude Bullot suffisamment relié sur de nombreux plans, pour que puisse s'instaurer une collaboration intime
collaboration artistique : qui est dans la nature des choses. Sans rien enlever en effet aux services de la préfecture
Catherine Le Berre de Paris de leurs responsabilités traditionnelles, aussi bien pour l'exécution et la gestion qu'en
mise ce qui concerne la conception elle-même, il s'efforce seulement
en
page : d'apporter à leur action, comme
Mario Passeri à leurs réflexions, un concours original et une dimension supplémentaire: le concours d'une
équipe pluridisciplinaire de spécialistes de formations très diverses: ingénieurs, statisticiens,
ADMINISTRATION géographes, économistes, architectes, sociologues, juristes, etc... mais qui doivent travailler en
ABONNEMENTS RÉDACTION - symbiose très étroite; la dimension d'une réflexion qui dégagée, parfois excessivement d'ailleurs,
Service de Documentation de l'APUR des contingences et des contraintes des problèmes immédiats, s'efforce de saisir et de préparer
17, Boulevard Morland Paris IVe -
les traits essentiels d'un avenir, difficile à discerner et à maîtriser, mais dont la prévision
tél. 887 98-24 Postes 203, 242, 243

Virement bancaire:
est indispensable malgré la part de pari qu'elle contient inévitablement, à la solution de tout
Atelier Parisien d'Urbanisme problème important d'urbanisme dans la Capitale.
Le numéro :
C'est à ce titre que l'Atelier Parisien d'Urbanisme, dès sa création, a dû affronter
3,00 F
1 an: 13 F
le plus redoutable des problèmes, celui de la préparation du schéma directeur de la ville.
C'est à ce titre aussi qu'il a été chargé, pour l'un des points les plus sensibles de la Capi¬
tale et l'une des opérations de plus grande envergure qui y soit tentée, de proposer succès-
Toute reproduction, même partielle, est in¬
terdite sans l'accord préalable de la Direc¬
tion de la revue.

Photo couverture
Doisneau-Rapho
sivement à l'approbation du Conseil de Paris une option générale d'urbanisme concernant
l'ensemble du centre rive droite, puis un Schéma d'aménagement de l'opération des Halles.
C'est enfin dans cet esprit qu'il doit contribuer, en 1970, à la préparation des futurs plans
d'occupation des sols prévus par la loi d'orientation foncière, en s'efforçant, notamment en
ce qui concerne les futurs pôles d'emplois prévus à l'emplacement des grandes gares pari¬

siennes, d'établir un lien direct entre les indications forcément vagues du Schéma directeur
et le contenu obligatoirement très précis des plans d'occupation du sol.

Le résultat de ces travaux et de ceux qui les expliquent ou les prolongent doit four¬
nir à la présente revue une part son contenu, à laquelle s'ajoutera bien évidem¬
essentielle de
ment la contribution des différents services de la préfecture de Paris en ce qui concerne les
problèmes d'aménagement qui se posent dans leurs secteurs respectifs. poles au monde vers lesquelles les hommes,
Paris-Projet possède de la sorte le caractère d'une revue consacrée à l'exposé et au quelle que soit leur
nationalité, se tournent
commentaire d'un effort de recherche et de réflexion et ne doit en aucun cas être regardée volontiers, auxquelles ils identifient une part
comme une sorte de « Journal Officiel de l'administration », dont chaque ligne ou chaque de leurs rêves, de leurs souvenirs, de leurs
conclusion définirait la position et engagerait la responsabilité. C'est dans cette mesure qu'elle
peut le mieux aider à réclament à chaque moment les espoirs. « Retrouvant Paris, c'est mon toit que
s'établir ce grand débat public que
décisions qui engagent l'avenir de notre Capitale. je crois retrouver » écrivait J. Steinbeck.
Le Préfet de Paris « Paris n'est pas une ville, c'est un monde. »
Pour cette raison, il nous a semblé, non seule¬
ment utile mais presque indispensable, qu'une
C'est en ces termes que François Ier parlait de revue rende compte de tout ce qui a trait à

h'
la Capitale. Des siècles se sont écoulés et la l'urbanisme, à l'aménagement, à l'avenir de la
remarque garde tout son sens. ville de Paris. Non que divers magazines spé¬
cialisés n'évoquent parfois ces problèmes,
Cependant, chaque jour ce monde se trans¬ mais le plus souvent, la technicité de l'exposé
forme et se remodèle. Sans renier son passé, rebute par son hermétisme et interdit au plus
MARCEL DIEBOLT Paris prépare son avenir.
grand nombre l'accès à cette information.
Des projets nombreux et ambitieux prennent
Même lorsque aucun parti pris n'altère la pré¬
naissance. Des chantiers s'ouvrent, des quar¬
sentation des faits, la presse quotidienne de
tiers sont restaurés, d'autres disparaissent.
son côté ne peut, du fait de ses contraintes

Paris n'est pas un simple ensemble de pierres, propres, traiter ce type de question, que de fa¬
de rues, de monuments, de ponts. C'est avant çon fragmentaire et trop succincte.
tout une vie intense que lui confèrent ses habi¬
C'est dans le répondre à ce besoin
but de
tants. Ce sont eux qui font la ville, tout comme
implicite d'informations que la revue « PARIS-
la ville les marque.
PROJET » a été créée.
Comment croire, alors, que les parisiens puis¬ Loin de considérer le terme de « projet » dans
sent rester indifférents aux transformations qui le sens restreint d'une étude précise en vue
s'accomplissent sous leurs yeux ? d'une opération concrète d'architecture et
d'urbanisme, c'est dans sa pleine signification
Il qu'une exposition concernant Paris
suffit
NOTA : Par une délibération en date du 11 juillet 1969, le Conseil de Paris a approuvé les projets d'aménagement du quartier des s'ouvre, pour qu'un grand nombre de per¬
d'ambition pour l'avenir de la ville tout entière
Halles, présentés dans les pages qui suivent. sonnes s'y rendent : près de 30.000 entrées, qu'il faut l'entendre ici.
Le Conseil a toutefois demandé : salle St-Jean, lors de l'exposition des ma¬
Essayant de nous pencher sur cet avenir, c'est

l'élaboration d'un schéma de secteur de l'ensemble du centre rive droite où ces plans d'aménagement viendraient s'insérer, quettes des Halles au Printemps 1968. aussi la réalité présente et toujours mouvante

l'augmentation de la part des équipements culturels et des logements sociaux dans le programme de l'opération.
Cet intérêt déborde les seuls habitants de la qu'il nous faudra décrire.
Depuis la mise sous presse de ce numéro, l'évolution des études de la R. A. T. P. conduit d'autre part à envisager, pour l'implantation La Rédaction.
des stations du R. E. R. et de la ligne de Sceaux, la solution de les juxtaposer plutôt que de les construire l'une sur l'autre, ainsi qu'il est ville. Paris est, en effet, une de ces rares métro¬
indiqué plus loin.
1
Au cours de la session de juillet
dernier, le Conseil de Paris a été saisi du projet
d'urbanisme concernant le quartier des Halles.
A nouveau, au-delà des cercles de spécialistes
et de responsables politiques ou administratifs,
au-delà même de la population du secteur
concerné, l'opinion publique s'est vivement
intéressée à ce problème si difficile. Rien de ce
qui doit se passer aux Halles ne peut être indif¬
férent à tous ceux, innombrables, en France
comme à l'étranger, qui aiment Paris, apprécient
son histoire, souhaitent son progrès.
Pour éclairer et prolonger ce grand débat, nous
avons jugé nécessaire de présenter dans les
pages qui suivent:
• Les transformations successives de ce qua-
tier à travers l'histoire (article de M. François
Loyer).

Quelques photos sur un marché qui a dis¬
paru.

• Le schéma d'aménagement de ce secteur


présenté au Conseil de Paris (article établi sur
le fondement des travaux menés par l'Atelier
Parisien d'Urbanisme).

• Les études de restauration et de réhabilita¬


tion concernant la partie de ce quartier qui doit
être conservée et mise en valeur.
qu'à cette époque, avec la construction et dans la Cité on édifie Notre-Dame et
d'une enceinte qui, reprenant le tracé la Sainte-Chapelle : nous avons vécu
LES HALLES de la muraille du bourg Saint-Germain
l'Auxerrois sur la place du Louvre et la
huit siècles sur ce schéma d'urbanisme
élaboré sous le règne de Philippe-Au¬
rue Perrault, remontait ensuite nettement guste et de Saint Louis.
plus au Nord jusqu'au niveau de la rue
Philippe-Auguste avait vu grand pour
les transformations du quartier
de la Ferronnerie et de la rue des Lom¬
bards. C'était le premier empiétement
son
époque : trois siècles plus tard, en
de la ville sur ses deux rives. 1543, le roi François Ier faisait revendre
les terrains libres du quartier pour
in¬
à travers l'histoire Mais les Halles, ni en tant que quartier,
ni en tant que fonction, n'existaient
citer à la reconstruction.
beaucoup de maisons s'étaient-elles écrou¬
Sans doute,

encore. On sait seulement qu'au début lées de vétusté (elles étaient aussi an¬
du XIIe siècle,
lieu-dit les Champeaux,
au ciennes pour les gens de la Renaissance
c'est-à-dire sur l'actuel carreau des Halles, que les plus vieilles maisons des Halles
il y avait un marché. Le tracé de la rue le sont aujourd'hui pour nos contem¬
Montmartre, celui de la rue Saint- porains) ou bien elles avaient pu être
Ilonoré et de la rue Saint-Denis délimi¬ détruites par les guerres. Quoi qu'il en
taient déjà les axes du futur quartier. soit,le développement de Paris s'était
C'étaient, des chemins de campagne ve¬ figé dans son enceinte depuis plus de
nant jusqu'aux portes des remparts. deux cent cinquante ans, et encore cette
enceinte n'était-elle pas toute bâtie.
La naissance des Halles, c'est à Philippe-
Auguste qu'on la doit. Sous son règne, La première grande transformation des
la prospérité agricole de la France en Halles date donc du XVIe siècle : après
fait l'un des plus puissants pays du la revente des terrains libres, il y a une
monde. Paris, capitale, se développe célèbre ordonnance de police qui interdit
brusquement dans une nouvelle enceinte de laisser apparents les pans de bois des
englobant cette fois tout le secteur des maisons ; on prescrivait de les recouvrir
Halles depuis la rue de l'Oratoire par la de plâtre pour éviter la propagation des
rue
Jean-Jacques-Rousseau et la rue incendies, dont les conséquences étaient
Tiquetonne jusqu'au niveau du n° 209 souvent catastrophiques. Ainsi Paris
de la rue St-Denis, où se situait la nouvelle ville de bois devint-elle Paris ville de
porte de 1a. ville. Tout le terrain compris plâtre. Les maisons colombage appar¬
en
entre l'ancienne et la nouvelle enceinte tiennent désormais répertoire folklo¬
au
sera loti en parcelles régulières
orientées rique. Seules les lourdes maisons de
sur un plan en éventail le long des axes maçonnerie, comme on en voit encore
convergents de la rue St-Denis, de la rue rue Saint-Denis, sont parvenues jusqu'à
Vieille maison à pans de bois. Montmartre et de la rue St.-Honoré. En nous, en lieu et place d'un quartier
plein cœur du quartier, à la pointe St- médiéval déjà totalement disparu au
Eustache, on installe sur un terrain XVIIe siècle. Les bâtiments des Halles

'
triangulaire l'ancienne Foire Saint-Ladre, eux-mêmes — deux grands abris de
A Le Plan Turgot montre Vaspect du quartier des
^ Halles en 1738. qui deviendra deux ans plus tard, en charpente qu'on avait édifiés en 1183
1183, le marché des Halles de Paris. lors de la fondation du marché — sont
C'est donc à la fin du XIIe siècle et au rebâtis entre 1551 et 1572. Et pour
début du XIIIe siècle que se définit le l'embellissement du quartier, plusieurs
La fontaine des Innocents se dressait autrefois à rôle commercial et l'existence même du monuments naissent simultanément : St-
Vangle de deux rues.
A la fin du XVIIIe siècle, elle fut transportée dans quartier. Presque en même temps, sur Eustache, d'abord, commencée 1532
en
le cimetière désaffecté et reconstruite sous la 1a. rivegauche, on fondera, la Sorbonne, et achevée en 1637 seulement ; la fon¬
forme d'un monument quadrifont. dont les statuts sont donnés en 1215, taine des Innocents, ensuite : ce ravissant

L'histoire du quartier des Halles, l'un est ainsi l'un de ceux qui ont le plus il n'y a là que des débris, des « lambeaux
des rares de Paris, avec leQuartier La¬ changé de visage de tissu urbain » ressoudés de génération
au cours de leur longue
tin, qui ait conservé la même fonction vie. On y trouve emmêlées des maisons en génération.
depuis le haut Moyen Age, est para¬ de tout âge et de toute espèce, dont la
doxalement celle de succession hasardeuse mille ci¬
L'origine du quartier est pourtant fort
multiples transfor¬ recouvre
claire. Jusqu'au XIe siècle, si l'on en
mations qui, à travers les siècles, ont catrices. C'est ce qui rend l'analyse de croit les historiens de Paris, il n'existait,
sans cesse réadapté à ses fonctions son histoire si confuse — on ne sait hors l'île de la cité, que quelques bourgs,
grandissantes un espace de plus en plus jamais si les édifices auxquels on fait clos de murs, dont le plus important sur
étroit, de plus en plus inadapté, qu'il référence sont encore existants ou s'ils la rive droite était le bourg Saint-Germain
fallait toujours remodeler, reconstruire, ont disparu sous la pioche de quelque l'Auxerrois. Ses murailles suivaient le
élargir en brisant l'étau des quartiers démolisseur du XVIIIe siècle ou du tracé de la rue Perrault, de la rue de
voisins qui étouffaient son développe¬ XIXe —et l'examen des témoignages Rivoli et de la rue Bertin-Poirée. Paris
ment : le plus vieux quartier de Paris qui nous en restent, si problématique : comme ville, ne prit vraiment figure Photo Françoise Masson

4
monument se situait à l'origine au par les chanoines de Saint-Germain-l'Au- aucune des grandes artères du quartier :
croisement de la rue St-Denis et de la xerrois, et de la rue du Roule, percée en avec sescinq toises de largeur (environ
rue Berger, sur ce carrefour un peu 1689. La rue de la Ferronnerie constitue dix mètres), « cette nouvelle rue, à
incertain où se retrouvaient les trois axes un ensemble encore presqu'intact, d'assez laquelle on a donné une largeur conve¬
principaux du quartier. belle allure avec son passage central sous nable, et bordée de maisons remplies de
portique et ses frontons rythmant une marchands de toute espèce, est à pré¬
De la fin du XVIe siècle au milieu du
élévation régulière à trois étages. D'un sent une des plus peuplées et des plus
XVIIIe, le quartier bouge peu. D'une
côté, elle donnait autrefois sur le cime¬ fréquentées de la ville » (Germain Brice :
part, les guerres de religion, celle de la tière des Innocents ; de l'autre, elle
Fronde, puis l'épopée de Louis XIV —
«
Description nouvelle de la ville de
faisait front sur la rue de la Ferronnerie, Paris... », Paris, 1698). C'est donc une
Louis-le-Grand, qui mangea la fortune
dont l'apparence avait beaucoup gagné rue très commerçante, venant rencontrer
de son royaume en guerres, en fortifi¬
à cette réalisation. la rue Saint-Honoré, qui remplissait
cations et en palais — ne laissèrent
alors le rôle actuel de la rue de Rivoli,
guère de place au développement de Quant à la rue du Roule, ainsi nommée
tout à la fois grande artère et voie com¬
la capitale. D'autre part, l'urbanisation parce queconstruite sur des terrains
de Paris, à partir du règne d'Henri IV, merçante de première importance. Le
appartenant au fief du Roule, son perce¬
s'est portée sur des secteurs nouveaux, ment répond aussi bien à des intentions percement de la rue du Roule relie cet
axe Est-Ouest déterminant avec le nou¬
à l'extérieur de l'enceinte de Philippe- monumentales qu'au besoin d'ouvrir vel axe Nord-Sud du
Pont-Neuf, clé
Auguste : le Marais, sur la rive droite : plus largement les Halles sur la Seine. des quartiers de la rive gauche. Placé à
l'île Saint-Louis, et le faubourg Saint- Il n'y avait pas en effet de communica¬
Germain sur la rive gauche. La construc¬ peu près dans la perspective (aussi bien
tion directe entre les Halles et le Pont-
tion du Pont-Neuf tend à souligner cette que la topographie du quartier le per¬
Neuf : le percement de la rue du Roule mettait !) il offre un arrangement d'allure
direction nouvelle. dans la suite de la rue de la Monnaie
monumentale, encore conservé de nos
Deux réalisations, pourtant, marqueront permet une montée directe dans l'axe jours, où la vue s'étend en droite ligne
les Halles de leur empreinte : ce sont du portail Sud de Saint-Eustache, à une du Pont-Neuf jusqu'au grand portail
celles de la rue de la Ferronnerie, dont époque où il n'existait ni la rue du Pont- du transept de Saint-Eustache.
une des rives est reconstruite en 1669 Neuf, percée sous le Second-Empire, ni De qui ont construit la rue : Jean-Perrault
Saint-Eustache au Pont-Neuf, c'est
une nouvelle direction qui s'offre au et Jean-Baptiste Prédot, connus par
Touchant le cimetière, ailleurs pour avoir travaillé sous la
quartier médiéval, dont le tracé s'orien¬ direction de Hardouin-Mansart au lotis¬
le côté Nord de tait précédemment tout entier vers le
la rue de la Ferronnerie
carrefour de la rue Saint-Denis et de la sement et à la construction des hôtels
fut rebâti de la place des Victoires. On sait égale¬
rue Saint-Honoré. L'organisation tradi¬
par les chanoines ment
tionnelle, où que, les capitaux manquants, ce
de Saint-Germain- lisait clairement la succes¬
se
sion des sont les entrepreneurs qui ont avancé les
T Auxerrois premières enceintes, est modifiée PAROISSIALE DE S .
Et'S'TACHE A PARIS.

1669. fonds, se remboursant par la suite en ÛX. ,)c


en
par cette sorte de drain, venant jusqu'au
cœur du marché attirer flot de cir¬
nature (la méthode était courante à 0m- W 'Ûr/Mmi ,
un
l'époque dans Paris).
Une gravure culation vers
quartiers de la rive
les
r.ulunMv, /„■' ,

d'Israël Silvestre, gauche. C'est dire que l'extension de la L'opération d'urbanisme qui, du carre¬
au XVIIe siècle et four de Buci au portail de Saint-Eusta¬
capitale a une influence décisive sur la
une lithographie vie même des plus vieux quartiers, dont che, permet l'ouverture d'une grande
du XIXe siècle voie, dont la largeur régulière est inusitée
nous renseignent sur l'équilibre est transformé. Une savante
étude du C.N.R.S. sur « l'îlot de la rue pour l'époque, suffit au dégagement des La vieillefaçade de Saint-Eustache restée inache¬
la physionomie
halles pour près d'un siècle. Cependant, vée depuis 1637 après un siècle de travaux. Mansart
de l'ancien du Roule et ses abords » (Paris, Fédé¬
dès le milieu du XVIIIe siècle, des pro¬ de Jouy fut chargé en 1754 d'une reconstruction
cimetière ration des Sociétés archéologiques de qui s'inspire du projet de Servandoni pour Saint-
des Innocents
Paris et de l'Ile-de-France, tomes XVI- jetsnouveaux voient le jour. Ce ne sont
avec sa
chapelle et d'abord que des propositions d'embellis¬ Sulpice. Son projet fut repris et simplifié par
ossuaires XVII, 1965-66) l'a d'ailleurs fort bien More au.
ses
montré. C'est sement. En 1748, lors du concours pour
en
galeries grâce à elle qu'on connait la création de la
de cloître. même aujourd'hui le nom des architectes place Louis XV (con¬
cours qui aboutira à la construction de

(S Ucué de.. {
Sjlifc et
Xjf**ac1Ji{uefoe eUlin ct^/cu/p .
. ïfr CfK.Cum p nÀi.JR

Photo Marc Lavrillier Photos Françoise Masson


La Halle au blé
fut bâtie de 1765 à 1768.
Elle occupait remplacement
de Vhôtel de Soissons, dont elle garda Vétrange PHILIBERT DE LORME,
colonne astronomique.
De plan circulaire,
la Halle au blé comportait
CONSEILLER ET AUMÔNIER DE HENRI II,
un double anneau de galeries

au
intérieures
rez-de-chaussée et
GOUVERNEUR ET ARCHITECTE DU CHÂTEAU DES TUILERIES,
de vastes greniers
cintre brisé, ABBÉ DE S. ÉLOI DE NOYON ET DE S. SERGE
voûtés en
D'ANGERS, 6cc.
conception audacieuse pour Vépoque.
Plus tard
on imagina de couvrir CONÇUT L'AN MDXL L'IDÉE D'UNE CHARPENTE EN PLANCHES,
la cour d'un dôme
charpente de bois,
en SA MÉTHODE LONGTEMPS NÉGLIGÉE À PARIS,
remplacé
ans plus tard
trente
par une charpente de fer,
FUT EMPLOYÉE POUR LA PREMIERE FOIS
l'une des premières de Paris.
Incendiée par
la commune
À LA CONSTRUCTION DE CETTE COUPOLE,
la Halle au blé
perdit son anneau de galeries L'AN MDCCLXXXII.
mais garda sa coupole
lors de la reconstruction
effectuée
par Blondel en 1889.

Saint-Germain-l'Auxerrois était détruite vocabulaire très


au
contemporain en
et reconstruite sur un plan ovale dans 1782. Depuis 1769, en effet, d'immenses
l'axe de la Colonnade, à l'alignement travaux avaient été entrepris dans Paris :
de la rue de la Monnaie (pour tous ces le premier plan d'urbanisme de la
projets, voir l'article de Jean-Marie capitale avait été donné par Moreau-
Pérouse de Montclos et André Chastel :
Desproux en 1769, la même année où
«
l'aménagement de l'accès oriental du il commençait la construction des arca¬
Louvre », in Les Monuments Histori¬
« des du Palais-Royal. Dans ce plan d'ur¬
ques de la France », nouvelle série, vol. banisme étaient proposées la démolition
XII, fasc. 3, 1966). Rien n'a été fait, en des maisons construites sur les vieux
définitive, hors le dégagement de la Cour ponts de la Seine — démolition qui fut
Carrée du Louvre, remplie de masures effectivement réalisée — et la construc¬
qui seront détruites en 1755-59. tion de deux
places : le Palais-Royal,
La Guerre de
place en jardin fermé et la place de.
où la France
Sept ans, Saint-Eustache, dont l'architecture s'ac-
perdra ses colonies des Indes et du Ca¬ comodait à la nouvelle façade de l'église,
nada, épuise les ressources du pays. commencée par Mansart de Jouy en
Lorsqu'en 1765, l'architecte Patte pu¬ 1754 et restée inachevée. La construction
bliera ses « Monuments
érigés à la gloire fut bien reprise par Moreau de 1772
de Louis XV », les à
quelques quatre- 1778, mais ni la tour Sud ni les maisons de
vingt dix projets du concours de 1748 la place ne purent être réalisées, faute
n'auront plus guère de chance de voir
le jour, sinon sur le d'argent. Après tant de projets utopi-
papier : le Marquis ques, le projet de la place Saint-Eustache,
de Marigny, directeur des Bâtiments de
mieux appuyé, aurait dû voir le
la France, manque de crédits ! jour,
Concorde), plusieurs projets prévoient tout aussi bien que le Palais-Royal,
l'installation d'une grande place devant excellente affaire immobilière du Duc
Néanmoins, très vite les projets d'ur¬
Saint-Eustache, d'autres ont pour but le banisme réapparaissent. Ce ne sont plus d'Orléans. Mais rien ne fut fait en défi¬
dégagement de la Colonnade du Louvre : désormais des plans d'apparat mais des nitive et rien n'a été fait par la suite, la
l'architecte Luzy prévoyait une place études précises de fonctionnement qui reconstruction des Halles sous Napo¬
octogonale d'où partiraient huit rues, tiennent compte de l'accroissement de léon III ayant totalement négligé le
à la rencontre de la rue du Roule et de la ville, des nécessités de la circulation dégagement de Saint-Eustache.
la rue Saint-Honoré ; Mansart de Lévy et des impératifs financiers des promo¬
contentait teurs. En quelques années, la mentalité
Par contre, tout à côté, le lotissement
se
d'élargir la de la
rue des terrains de l'hôtel de Soissons devait
Monnaie autour d'une belle place ovoïde, a
profondément changé : la commande faire naître un ensemble important qui
tandis qu'un anonyme descendait jus¬ royale recule devant l'investissement im¬ a malheureusement totalement disparu
mobilier des grandes banques. Malgré la
qu'au quai où il installait une belle de nos jours, à la suite d'une succession
faillite de Law (qui s'est d'ailleurs
place en demi-rotonde, là où se trouve de circonstances malheureuses: l'opération
aujourd'hui le carrefour dissymétrique passée aux Halles mêmes, rue Quincam- de la Halle au Blé. Entre la rue Jean-
de la rue de la Monnaie et de la rue du poix), la puissance du grand capital de¬
vient énorme dans ce siècle de marchands Jacques Rousseau et Saint-Eustache,
Pont-Neuf, coincé entre les monuments l'hôtel de Soissons, construit à la Renais¬
et après une guerre qui fut plus encore
gigantesques de la Belle Jardinière et sancepour Catherine de Médicis, occupait
de la Samaritaine. Le
une guerre économique qu'une guerre
plus audacieux de de soldats. « La fureur de la bâtisse un vaste terrain. Il fut vendu en 1760 et
tous ces projets était celui de Paure qui démoli à l'exception d'une colonne
imprime à la ville un air de grandeur et —

reprenait l'idée d'une place circulaire au de majesté... Les spéculateurs ont appelé astronomique, construite en même temps
débouché du Pont-Neuf, en remblayant les entrepreneurs qui, le plan dans une que le palais par Jean Bullant en 1572
le quai pour obtenir un cercle parfait et et qui avait été rachetée par un gentil¬
main, le devis dans l'autre, ont échauffé
en associant ce projet à une grande
place l'esprit des capitalistes. » L'auteur du homme, Louis Petit deBachaumont, lequel
longue derrière la Colonnade. L'église « Tableau de Paris » écrivait ces phrases en fit don à la ville. Le lotissement
Photos Françoise Masson
était forme profondément la physionomie du
respecta donc la colonne, qui fut greffée au feu : déguisée par le dôme de la saturé, ses murs se rompirent et les
sur la façade de la Halle au Blé circulaire Bourse du Commerce, elle est parvenue ossements des morts envahirent le quar¬ quartier en modifiant le tracé des rues
tier. Il fallu le désaffecter et le démé¬ et en installant toute une série de nou¬
que construisait Le Camus de Mézières. jusqu'à nous. Mais les malheurs de l'an¬ L'intervention du
veaux monuments.
Une ruel'isolait des immeubles construits cienne Halle au Blé n'étaient pas ter¬ nager. On y installa un marché, les
sur le terrain restant et destinés à des minés : il a fallu qu'en 1936 on détruise Halles étant trop resseréesdans leur an¬ capitalisme permet désormais ces grandes
artisans du quartier. Un peu plus tard, l'autre moitié de l'enveloppe pour réa¬ cien espaceet dévorant maintenant tout opérations urbaines qui travaillent à vif
le quartier. dans la chair du vieux quartier : en 1689,
les architectes Legrand et Molinos eurent liser les deux vilains bâtiments des Au cœur du nouveau marché,
on avait avec peine réuni les fonds néces¬
l'idée de couvrir la vaste cour circulaire Halles dont le style s'inspire vague¬
— on transporta la vieille fontaine des saires au percement de la rue du Roule ;
de la Halle sous une voûte en charpente ment des pavillons de Ba.ltard — pour Innocents, sculptée par Jean Goujon en
au XVIIIe siècle, ce sont de « grands en¬
de bois, d'une rare audace. Sa dédicace qu'après moins de deux siècles d'exis¬ 1549. Il avait d'abord été question de
tence le lotissement du financier Oblin la détruire mais l'intervention de Quatre- sembles » qui sont bâtis, avec tout un
se référait à Philibert Delorme, qui fut
mère de Quincy auprès de l'Académie des réseau de rues nouveau et des édifices
lui-même à la Renaissance grand inven¬ achève de disparaître.
teur de charpente. Détruite Beaux-Arts sauva le monument. On le re¬ publics par surcroît.
par un Le lotissement de la Halle au Blé s'est
construisit d'une manière très différente,
incendie, la couverture de la Halle fut L'intervention de l'Empire néglige ap¬
refaite métal accompagné d'un grand nombre d'opé¬ en ajoutant un quatrième côté, que
en —
grande innovation
une
rations : percement de la rue d'Angivil- y paremment le quartier des Halles. Pour¬
le sculpteur Pajou, tant était grande son
l'architecte Bélanger, entre 1811 tant, dans la réorganisation du commerce

par liers en 1780, construction des immeu¬


et 1813. admiration pour Lescot, se contenta et des transports, l'empereur déleste les
bles de la Cour Batave et de la Cité
de copier d'après la statue de la Paix, halles de deux de leurs marchés : celui
L'ensemble de la Halle au Blé était des Halles (1785), reconstruction de la
intact au moment de la Commune : celle- Halle aux Poissons et de la Halle aux
sur la
façade de la Cour Carrée du Louvre. des vins et celui des cuirs, qui vont aller
A la Révolution, rive gauche. C'est le premier pas vers la
ci l'incendia. On démolit alors la moitié Draps en 1787 et 1794. Toutes ces réali¬ après la reconstruction
sations ont connu un sort identique à des bâtiments des halles et leur exten¬ désaffectation de la fonction originelle du
des immeubles d'enveloppe, pour per¬
mettre le celle de la Halle au Blé : elles ont disparu sion, ilne reste à peu près plus rien de quartier : le commerce des halles se
percement de la
du Louvre
rue
restreint,
(1888), le long de laquelle deux somp¬ dès le XIXe siècle, dans la plupart des l'ancien quartier de la Renaissance, lui- spécialise dans l'alimenta¬
se

tueux immeubles cas lors des travaux d'Haussmann. même rebâti sur le quartier médiéval. tion, en même temps qu'il connaît
ordonnancés furent
construits. Il fut aussi nécessaire d'abattre Mais si la seconde génération des mai¬ chaque jour un accroissement plus con¬
Enfin, en 1780, le déménagement de sidérable par le développement de la
l'anneau extérieur des constructions de l'ancien cimetière des Innocents fut sons des Halles s'était contentée de se
ville.
l'ancienne Halle au Blé, dont on ne con¬ décidé : affirme remonter sur les fondations de la pre¬
on
qu'il avait reçu les Sur le
serva que les arcades intérieures et la sépultures de plus d'un million de morts mière, en ne changeant que le matériau, plan matériel, deux opérations limi¬
fameuse charpente de fer, qui avait résisté depuis sa, fondation. Quoi qu'il en soit, il la troisième génération des Halles trans¬ trophes vont atteindre le secteur des
Halles : après l'attentat de la rue Saint-
Nicaise, en 1800, l'empereur décide
l'isolement du Palais du Louvre par la
construction de la rue de Rivoli. Un Pholo Roger Viollcl
bref tronçon, de grande largeur (douze Le marché des Prouvaires, l'un
blême est gestation depuis l'appari¬
en des plus grands
toises, soit vingt-quatre mètres) sépare tion du phénomène industriel, c'est la ajoutés aux anciennes Halles, fut installé devant
les
jardins des Tuileries de la ville, ren¬ question sociale, la situation économique
Saint-Eustache entre 1813 et 1822. Ses abris de
dant plus efficace la protection du palais. charpente ressemblaient à ceux de l'actuel marché
de l'ouvrier ne cessant de se dégrader.
Pendant ce temps, à l'autre bout du Saint-Germain sur la rive
gauche et préfigurent
L'ouvrier du XIXe siècle est comparable
déjà les vastes pavillons à lanternons que dessinera
quartier, l'ancien châtelet de Paris (cons¬ à l'ouvrier agricole ou au manœuvre Baltard. Dans une ville
truit Louis VI Gros la
en pleine extension la
sous le avec
étranger de notre époque, il n'a ni tra¬ surface du marché a démesurément grandi en un
première enceinte de la rive droite, au vail fixe ni domicile fixe. Il vit dans des demi-siècle, dévorant îlot par îlot le quartier médié¬
pied de la rue Saint-Denis) est démoli. conditions misérables, entre le bidonville val de Saint-Eustache.
Une place est aménagée entre 1802 et
de banlieue et l'îlot insalubre des vieux
1811, une fontaine construite. L'opéra¬
quartiers. Le quartier des Halles est
tion a un double rôle
policier — le quar¬ touché par cette dégradation. On n'y Louis-Philippe et celles de gouvernants
tier est insalubre et dangereux — et de la République se rejoignent : il s'agit
pensera guère jusqu'aux journées du de détruire tout lacis de ruelles
urbanistique — permettre le dégagement 13 et 14 avril 1834, où l'insurrection
un

de la rue Saint-Denis, unique axe Nord-


éclate à travers tout le quartier que la étroites, bordées de maisons élevées sur
Sud de Paris, aboutissant sur le carre¬ six ou huit étages, véritable « médina »
four troupe devra reconquérir rue par rue : ouvrière où les forces de police n'ont
trop étroit du quai et du pont. A l'affaire de la rue Transnonnain (rue
ces deux opérations s'ajoute enfin la pas le droit de cité. Le percement des
construction marché des Prou¬
Beaubourg) restera un épouvantable sou¬ voies nouvelles permet le quadrillage
du venir de massacre et de déportation,
vâmes : c'est le marché de l'alimentation, du quartier en cas d'émeute... Nul ne
poussant Haussmann à ce cri de satis¬
devant Saint-Eustache. On le construit faction : «j'ai supprimé la rue Trans¬ songe d'ailleurs à s'en cacher, les exi¬
sous forme de pavillons bas, en bois
nonnain de la carte de Paris ». Un peu gences de la stratégie étant parfaitement
couvert de petite tuile, avec de vastes en concordance avec les besoins de la
plus bas, le cloître Saint-Merri prend une circulation dans ville où aboutissent
places pour le parcage — le stationne¬ aussi triste célébrité.
une

ment devient un
problème tout autant depuis peu les « embarcadères » des nou¬
que la circulation dans cette grande La conséquence des émeutes de la rue velles lignes de chemin de fer.
ville qui comporte maintenant 700.000 Transnonnain ne se fait pas attendre :
en 1838, le préfet Rambuteau décide le
Aussi, dès l'installation du Prince-Pré¬
habitants.
percement de la rue qui porte son nom sident, le préfet Berger poursuit-il acti¬
Les travaux de la fin du XVIIIe siècle vement les travaux, en les augmentant
et la
pour « l'éventrement du quartier des du
réorganisation de l'Empire donne¬ émeutes, des barricades ». En 1842, une prolongement de la rue de Rivoli
ront un répit de vingt-cinq ans à ce
commission se réunit pour
jusqu'à la place de l'Hôtel de Ville et du
vieux quartier saturé. Répit fonctionnel étudier un
percement du boulevard de Sébastopol,
mais non répit social : un nouveau pro- projet de destruction et de reconstruc¬
tion du quartier entier. En 1845, le pre¬ large de 30 mètres, entre la Gare de
l'Est et la Seine. Arrivé en 1853, Hauss¬
mier projet de pavillons en pierre, par
Baltard et Callet, voit le jour. En 1847,
mann ne seral'inventeur de l'urba¬
pas
nisme auquel prête son nom mais
on
Le plan Vasserot, levé en 1830 donne cle Paris une la Chambre vote 80 millions pour son l'exécutant grandiose de projets nés
image précise, avant les travaux d'Haussmann. exécution, que n'interrompera pas la avant lui : à peine est-il là que l'opéra¬
Moins parlant que celui de Turgot, il nous apporte révolution de 48 : le gouvernement
ré¬ tion des Halles est interrompue, les nou¬
beaucoup de renseignements sur l'évolution des
Halles depuis 1738, avec le lotissement de la halle publicain décide la continuation des veaux pavillons détruits et l'affaire re¬

au Blé,
le marché des Innocents et les nouveaux opérations, pour lutter contre le chô¬ prise sur de nouvelles bases, en dou¬
marchés venus s'adjoindre au triangle primitif. mage. En fait, les motivations du roi blant sa surface et en remplaçant les

11
10
La construction des Halles de Baltard
a été décisif dans Vhistoire du quartier.
un moment

Après un premier projet datant de 1845 qui fut rejeté


Napoléon III chargea Haussmann des travaux.
Ce dernier imposa à Bal tard la construction métal¬
lique et lui donna pour modèle la gare de l'Est.
Il en sortit d'étranges pavillons de fer de fonte et
d'acier.
Sur les douze pavillons prévus,
les six premiers à l'Est furent achevés entre 1854
et 1858
et les trois suivants entre 1860 et 1866,
celui qui fait l'angle de la rue des Halles
n'ayant été terminé qu'en 1886.
Enfin les deux derniers datent de 1936.

Photos Françoise Masson


pavillons de pierre par des pavillons de attendre 1888 pour voir s'achever la Halles et des multiples transformations
fer, dont la réputation se répand dans rue Etienne-Marcel et la rue du Louvre, qui l'ont marqué dans le cours des siècles
le monde entier. tandis que la rue de Turbigo, dont le est très nuancé.

C'est le coup de maître du grand préfet. prolongement devait être fait jusqu'à Il
la place du Palais-Royal, s'interrompt y a d'une part des transformations
Dès la fin de l'opération, il entreprendra très anciennes qui n'ont laissé de traces
à la pointe Saint-Eustache.
un
plan gigantesque de percements à que dans le dessin du parcellaire, mais
<44 travers toute la ville : boulevard Saint- Il est vain
de pleurer sur les méfaits sans nous transmettre aucun édifice :

Germain, boulevard Saint-Michel, ave¬ d'Haussmann : les vieux quartiers qu'il ainsi, les successives enceintes de la rive
nue de l'Opéra, dans les vieux quartiers ; a rasés, nul n'était en mesure de les droite sont-elles lisibles pour les yeux
Etoile, Bastille, République, Nation, sauver à son époque. Il aurait fallu une des seuls érudits, de même que les mai¬
le quartier dans les zones suburbaines qu'il couvre toute autre manière de concevoir l'ur¬ sons médiévales ne nous ont laissé que
remodelé au XIXe siècle d'un immense réseau de voies nouvelles, banisme, il aurait fallu aussi que d'autres leur souvenir, et encore fort imparfait.
qui se chiffrent par dizaines de kilomètres. moyens de transport soient au point — en D'autres époques nous ont légué des
L'opération des Halles, si difficile qu'elle particulier, le métro, qui a changé édifices dont les
ait pu être à réaliser par les expropria¬ l'échelle des circulations
uns forment des en¬
urbaines. Il
sembles cohérents — ordonnancés comme
tions nécessaires, n'était qu'une goutte aurait fallu enfin d'énormes ressources
la rue de la Ferronnerie et la rue du
d'eau dans lestravaux de la « trans¬ financières pour sauver une architecture
Roule ou spontanés comme la rue de
formation de Paris ». mineure modeste dès l'origine — dont

la l'Arbre Sec, la Saint-Honoré ou la


rue
Aussi Haussmann
n'hésite-t-il pas sauvegarde n'a pas paru importante
à rue
Quincampoix — et les autres sont
aux yeux des contemporains du Second
ajouter aux percements de la rue de profondément altérés — telle la rue
Rivoli et du boulevard de Empire.
Sébastopol Saint-Denis, où se lit encore, sous
ceux de la rue Etienne-Marcel, de la rue
Malgré tout, le résultat est là, extrême¬ quelques angles, la physionomie du
du Louvre, de la rue du Pont-Neuf, ment parlant : les Halles, cœur de Paris, Paris médiéval. De ces périodes égale¬
de la rue des Halles et de la rue de ont été rebâties en majeure partie sous ment, nombreux sont les édifices dis¬
Turbigo. Entre 1859 et 1861, il a mis le Second Empire. C'est la dernière et la parus ou les projets restés sans lende¬
par terre tout le quartier du Châtelet et plus profonde des mutations d'un quartier main.
reconstruit la place sur un plan nouveau. dont l'histoire fort ancienne a été chaque
Cette opération a été accompagnée du fois recouverte par l'apport des siècles, Enfin, le siècle dernier nous a légué l'en¬
semble le plus volumineux mais nulle¬
percement de l'avenue Victoria, qui qui en transformaient le visage. Dire que ment le plus complet : son analyse
devait réunir la Colonnade du Louvre à le quartier des Halles est un quartier du oblige
l'Hôtel du des distinctions entre des rues ou des
Louvre, mais Haussmann XIXe siècle où subsistent les restes
était ilôts dont la physionomie est parfaite¬
protestant et serviteur de l'Empire : épars d'une et même de plusieurs villes ment unifiée la place du Châtelet,

il respectera l'église de la royauté qui plus anciennes, c'est reconnaître une la rue des Halles, la rue du Pont-Neuf
est aussi celle de la vérité indéniable. Mais
n'estce sans
Saint-Barthélémy — entre la rue de Rivoli et la rue Berger,
trop d'ennemis pour un seul homme !
doute pas, comme on l'a trop fait, pré¬
la rue de Turbigo, la place et la rue des
En 1866-67, ce sont les rues des Halles, tendre que ce quartier « n'a aucun in¬
Halles et d'autres d'une architecture

du Pont-Neuf et de térêt » : aussi remarquables peuvent être


Turbigo qui sont ou¬ certaines fort incertaine, comme le bas de la rue du
vertes. L'opération aurait continué au réalisations, certains immeubles
du Second Empire que des œuvres plus Pont-Neuf, la rue Rambuteau, la rue
même rythme si l'opposition libérale à
anciennes mais de qualité plus médiocre. Berger, la rue Lescot... Un deuxième
l'Empire n'avait pas finalement pris le aspect de cette dernière question con¬
pouvoir et obtenu, en 1869, le départ du En définitive, le jugement qu'on peut cerne la relation entre les percées nou¬
«
préfet démolisseur ». Il faudra donc porter sur l'histoire du quartier des velles et les ensembles anciens — elle est
catastrophique entre la rue de Turbigo
et la rue Rambuteau, par exemple !
Les appréciations nuancées de la qualité
architecturale et urbanistique, marque
des opérations anciennes, font apparaître
par elles-mêmes que tout, dans ce
quartier, ne mérite pas au même degré
d'être sauvegardé et que des construc¬
tions nouvelles ou des reconstructions
sont possibles.
Le quartier des Halles n'est ni le Louvre,
ni l'île Saint-Louis, ni le Marais, ce
n'est pas un quartier de palais ni
d'hôtels, c'est un ensemble de maison¬
nettes et d'immeubles, que le XIXe
siècle, par ses grands percements, a tenté
d'aménager, en se trompant sans doute
dans les intentions qu'il aurait dû avoir
à l'égard d'un très vieux quartier.
aires reconstruites le long des grandes percées Dans ce monde hybride, de nouvelles
de la deuxième moitié du XIX?siècle
retouches sont envisageables, elles de¬
le côté nord de la Rue Rambuteau est antérieur,
viennent indispensables à l'heure d'un
(percée en 1838
grand changement de vocation.
100m F. Loyer

^ Démolition de plusieurs maisons près de la Bourse


| de Commerce pour permettre Védification, en 1936,
g des derniers pavillons.

Document tiré de l'article de F. Mailet. Annales de géographie n° 413. 15


14
les halles: un marché a disparu

Photo André Grassort

.
avec

...avec ses

son animation encom¬

commerciale brements
si particulière... nocturnes...

16 17
. . . SUIVIS ... rendant.
dans le courant indispensable
de la journée l'intervention en force
d'heures des équipes de nettoyeurs...
de léthargie
et

de torpeur...

...avec

son humanité
si variée,
vivant
en
marge de ce marché
ou
y
travaillant...

...avec

ses entassements
de cageots
même
aux abords
des
plus prestigieux WÊKÊÊÊKÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊIÊKÊÊÊÊIÊÊÊÊÊKÊÊÊÊÊÊÊÊ
monuments... Photos André Grassarl
Photo Dnisno.aii-Rapho

19
LES HALLES
le schéma d'aménagement
de la zone de rénovation
Les 4 et 5 mars dernier, avait lieu ce et enrichi par des compositions de qua¬

Sur un plan plus technique, il appa¬
que certains journalistes, non sans exa¬ lité ». raissait, en second lieu, que le programme
gération, présentaient comme « le plus prévu se révélait sans doute trop lourd
Programme bien vaste, comme on le
grand déménagement du siècle » : le trans¬ voit... et trop ambitieux et qu'il convenait de
fert à Rungis du marché de gros des On reprendre la réflexion à son propos.
Halles (où tout au moins d'une partie conçoit qu'il ait fallu, pour y satis¬
faire, de longs travaux préliminaires : Une nouvelle phase de travail s'ouvrait
de celui-ci, puisque le marché de la viande
donc. Pour en suivre le déroulement, le
doit attendre la fin des travaux à la Vil- —

DE LONGS TRAVAUX PRÉLI¬ Conseil de Paris décidait la création


lette pour quitter à son tour les pavil¬ d'une commission permanente des Halles,
MINAIRES :
lons qu'il occupe). dont la présidence était assurée par
L'opération était envisagée, préparée, Depuis plusieurs années, les réflexions, M. CAPITANT. Un schéma de secteur
décidée depuis longtemps. Y croyait-on les études n'ont pas manqué.
du centre rive droite était mis en chan¬
vraiment? Il a sans doute fallu la longue En juin 1963, le Conseil Municipal de tier, tandis que des consultations di¬
file des camions traversant Paris dans la Paris a décidé, pour y prendre part, la verses auprès de l'opinion publique,
nuit et prenant le chemin de l'autoroute création d'une Société d'études (la comme auprès des experts étrangers,
du Sud pour convaincre les derniers scep¬ S. E. A. H.) qui a donné une impulsion étaient entreprises.
tiques qu'une
étape irréversible était très importante à l'analyse des données Le 24 octobre 1968, le Conseil de Paris
franchie et que la réponse aux questions actuelles: sociales, démographiques, ar¬
donnait à cette nouvelle étape de la lente
posées par l'avenir du quartier des Halles chitecturales, financières, etc... du quar¬
élaboration d'un projet pour les Halles,
ne
pouvait plus être indéfiniment diffé¬ tier des Halles.
une conclusion positive :
rée. A partir de ce dossier, en 1967, six archi¬
Il est vrai que le problème est complexe tectes choisis en fonction de la diversité —

en souhaitant que se précise la mise


et que les impératifs à respecter pour le de leurs conceptions : MM. ARRETCHE, en forme du schéma de secteur du centre
résoudre sont, dans CHARPENTIER, FAUGERON, DE rive droite,
une large mesure,
contradictoires. MARIEN, MAROT, l'A. U. A. furent —

en définissant, dans
une longue déli¬
consultés par l'administration. Un cahier principes de l'aménagement
bération, les
Les Halles jusqu'à nos jours répondaient
à leur vocation de marché, mais dans des charges détaillé, portant sur la cons¬ des deux zones majeures qu'il définissait
truction d'environ 800 000 m2 de surface au sein du quartier :
quelles conditions ! Le quartier est saturé de plancher hors œuvre à
de circulation automobile, les rues ne l'intérieur des —
une zone de rénovation d'une
35 hectares qui faisaient l'objet de la
sont en qu'un lacis de ruelles tortu¬
fait
D. U. P., servit de base à
quinzaine d'hectares,
euses et étroites, les locaux que rien ne
leurs travaux. —

une zone de réhabilitation et de


prédisposait à un tel usage (il n'est qu'à Ceux-ci donnèrent lieu à l'établissement restauration d'une vingtaine d'hec¬
regarder leur qualité architecturale) sont de 6 maquettes entre lesquelles le Conseil tares.
anciens et subissent une dégradation de Paris refusa, en février 1968, d'exercer
inadmissible. un choix. L'opinion publique, très sensi¬ Il chargeait le Préfet de Paris :
Photo François Loyer Dès lors on comprend que le quartier bilisée sur ce problème et informée « d'établir et de lui soumettre le pro¬
des Halles doit recevoir, à notre époque, notamment par une exposition ouverte et le plan de cet ensemble ».
à l'Hôtel de Ville, Saint-Jean, gramme
de nouvelles fonctions découlant de sa Salle
prenait passionnément parti dans ce débat. En décembre 1968, l'Atelier Parisien
les situation exceptionnelle dans la Cité, d'Urbanisme était chargé de cette mission
Des controverses et des polémiques qui
sans cependant déterminer une nouvelle
forme d'engorgement des quartiers cen¬ se multiplièrent à cette époque, deux qu'il poursuivait en liaison étroite avec
Préfecture de
les services intéressés de la
grands
espaces traux. Offrant à notre génération
l'occasion de compositions d urbanisme
conclusions principales ressortaient :

Il apparaissait tout d'abord que de


Paris, sous la Direction successive de
M. DOUBLET, puis après la nomina¬
désormais libres sous la verrière, et de créations d'architecture qui soient manière générale, l'opinion publique très
tion de ce dernier à la Préfecture de
de notre époque, exigeant d'indispen¬ attachée, et souvent légitimement, à la la Région Parisienne, de M. DIEBOLT,
des pavillons de Baltard sables opérations d'assainissement, de
curetage, de modernisation, le quartier
conservation du passé et des traditions
de la Capitale, se refusait à une opération
nouveau Préfet de Paris.
des Halles ne doit pas perdre le charme,
constituent l'ambiance qui faisaient le prix de ses
de rénovation trop importante.
L'INSPIRATION GÉNÉRALE
Elle omettait toutefois de prendre suffi¬
vieilles ruelles aux façades harmonieuses DU PROJET
samment considération les conditions
aujourd'hui le symbole le plus visible
en
et variées.
de vie difficiles de ceux qui habitent,
Celle-ci découle de la vocation particu¬
Un élu de Paris résumait toutes ces vivent et travaillent quotidiennement
de la disparition des Halles de Fans ambitions légitimes pour un secteur si derrière les anciennes façades que l'on
lière reconnue au quartier des Halles
dans le centre de la Capitale et des déci¬
précieux : souhaite conserver et entre lesquelles il sions du Conseil de Paris prenant acte
et
appellent «

jour
Nous souhaitons
et
un quartier animé de
de nuit, populaire, culturel,
est si
Ces
agréable de temps à autre de flâner.
conditions sont pourtant con¬
de cette vocation et la concrétisant par
la définition d'un certain nombre de
pour ce quartier, la définition commerçant, touristique, embelli par la
restauration des ensembles historiques
nues :
principes fondamentaux d'aménagement
du

% des logements n'ont qu'une


40 secteur.
d'une nouvelle vocation pièce habitable, 1 - Fraction essentielle du centre de

30 % ont un surpeuplement cri¬ Paris, point travers


d'intersection à
Cet article a été rédigé à partir de l'étude tique, l'histoire des axes majeurs qui structurent
32 % n'ont pas l'eau courante. la capitale, les Halles se prêtent, du fait
effectuée par VAtelier Parisien d'Urbanisme —

21
réseaux. Cette solution, de très loin A l'équipement de transport
l'inverse, Plutôt qu'un condensé de Paris, où se
Le tracé du R. E. R., afin de créer les
de cette situation exceptionnelle, au siennes (gares de Lyon et d'Austerlitz, moins coûteuse que la liaison envisagée prévu Halles, rendant ce quartier
aux retrouvent tous les équipements qui
liaisons les plus directes possibles entre
croisement des grandes voies de commu¬ gares du Nord et de l'Est). avec Saint-Lazare, permet, si l'on se accessible rapidement de tous les points illustrent les fonctions majeures (poli¬
les zones urbanisées qu'il dessert à l'ex¬
nications modernes que constituent les Les contraintes de la géographie et du
place du point de vue de l'ensemble des
de la Région par des moyens ferrés, sans tiques, administratives, universitaires,
térieur de l'agglomération et les lignes de les limitations d'ordre social d'ordre culturelles, économiques) d'une Capitale,
puissantes infrastructures de transports site, celles qui résultent de l'équipement voyageurs, les gains de temps les plus
ou

ferrés prévues par les Schémas Directeurs existant, se rejoignent pour donner au
métro parisiennes, s'efforce en effet de pratique que comporte l'usage de l'auto¬ c'est cette très
large vocation de contact,
venir plus près des grands centres de importants, et avantage assez sensible¬
de la Région comme de la Ville elle-même. secteur des Halles, où se croisent déjà les
au
ment la diffusion, vers les zones Nord et
mobile, et amenant chaque jour un flot conforme quartier, qu'il convient de
au

Mais formant un lieu historique parti¬ deux principales voies de circulation en correspondance de ce réseau. Cet objectif Est de Paris, sans toutefois pénaliser à
très important de population à y tran¬ développer aux Halles.
culièrement. précieux et sensible, et de¬ le conduit tout naturellement, après être siter, doit fournir l'occasion d'offrir, à
surface dans les sens nord-sud (Boulevard l'excès la partie ouest. Elle aide de la 2 - La délibération du Conseil de Paris,
vant jouer à l'intérieur de la Ville comme passé au voisinage de Saint-Lazare et de cet endroit, aux habitants de la Ville et
Saint-Michel - Boulevard Sébastopol - sorte au rééquilibrage de la Capitale vou¬ en date du 24 octobre 1968, concrétisait
de la Région un rôle qui n'en déséqui¬ l'Opéra et avant de gagner la gare de de la Région, les services d'ordre excep¬
Boulevard de Strasbourg) et est-ouest lu par le Schéma Directeur de Paris. ce choix fondamental en définissant les
libre pas le développement, malgré le très Lyon et la Nation, à s'établir à proxi¬ tionnel que les centres périphériques ou
(rue de Rivoli -Champs-Elysées), une principes essentiels de l'aménagement du
fort pouvoir d'attraction que leur vaut mité immédiate du très important com¬
La situation exceptionnelle du secteur régionaux ne pourront que très difficile¬ secteur.
leur desserte actuelle et future, les Halles place privilégiée au plein cœur du réseau ment leur assurer, mais qu'ils sont en
de transports ferrés de Paris et de la plexe de stations existant déjà au Châ- des Halles qui résulte de ces nouveaux
La distinction effectuée entre une zone
ne doivent pas devenir une sorte de pôle telet. droit de trouver au cœur de l'agglomé¬
de création d'emplois du type de celui Région. Le plan de ce réseau prévoit en équipements s'ajoutant aux multiples ration. de rénovation et une zone de restauration-
effet le passage dans le quartier des Le prolongement de la ligne de Sceaux lignes de métro et d'autobus actuelles, ne réhabilitation, traduit tout d'abord la
qui prend naissance à Maine-Montparnasse les Halles constitue dès lors la ma¬ doit cependant pas être le prétexte à la Ainsi le centre de Paris restera-t-il fidèle
Halles du métro express régional et du vers volonté de respecter deux principes
ou de ceux qui
sont prévus à l'emplace¬ à vocation qui est, point de
ment de certaines des grandes gares pari¬ prolongement de la ligne de Sceaux. nière la plus immédiate de relier ces création de nombreux emplois nouveaux. sa non
complémentaires :
Plusieurs impératifs s'y opposent : il faut s'opposer,par une croissance excessive, à
la naissance et au développement des —
conserver la structure et le schéma
limiter au maximum le phénomène des
nouveaux centres urbains extérieurs à la général du centre rive-droite, afin de pré¬
migrations alternantes et les pertes de server les activités qui y sont implantées,
LIAISONS FERREES EXISTANTES temps considérables qu'elles entraînent
Ville, mais de recevoir les équipements de
haut niveau qui illustrent les fonctions les hommes qui y vivent, la valeur
pour le travailleur au détriment de ses
majeures de la Capitale.
ET PROJETEES Liaisons o)
loisirs et de son repos ; il ne peut être ■■■la PERIMETRE DE Z.A.O

PERIMETRES
R.E.R

question de ruiner complètement l'har¬ Fraction de ce centre, le secteur des [arrêté ministériel du 12 mal 19E7)

Halles
Lignes S.N.C.F. monie et le charme de ce quartier, si riche peut cependant, du fait de son
_
Stations R.E.R. ne
principales „ 'PERIMETRE DE D.U.P. D'ACQUISITION

d'histoire, par l'édification de grands en¬ exiguïté, prétendre accueillir chacune de DE L'OPERATION y/ [arrêté du 31 juillet 1367)

sembles de bureaux ; il convient d'éviter ces fonctions. Son histoire, sa situation SECTEUR DE RESTAURATION-

à ce secteur, autrefois si vivant, la forme dans la Ville, ses facilités d'accès, con¬ REHABILITATION
(délibération du Conseil de Parla
d'animation peu attrayante des centres duisent à y privilégier essentiellement les du 24 octobre 19BB]

d'affaires, limitée à certaines heures de activités de rencontre, de culture, d'échan¬ SECTEUR DE RENOVATION
du Conseil de
la journée où elle atteint un degré ex¬ ges commerciaux et d'accueil interna¬ [délibération
du 24 octobre 1968)
Paria

cessif, inexistante par la suite. tional.

23
22
Concernant la zone de rénovation, le

moderniser les immeubles en


esthétique et historique de certains en¬
sembles et plus généralement la variété Conseil de Paris, en même temps qu'il respectant le patrimoine architec¬
des tissus urbains qui le composent et approuvait l'implantation, dans le sous- tural,
qui contribuent à l'atmosphère de la sol, des deux stations du R.E. R. et de —

créer des équipements sociaux de


la ligne de Sceaux, prenait position sur
Capitale ; quartier,
les principaux éléments du programme de
maintenir un équilibre sociolo¬
permettre l'évolution de ce centre,

l'opération :
d'une part en restaurant le tissu ancien gique,

une bibliothèque de lecture pu¬


et en y améliorant les conditions de vie, —

implanter des activités nouvelles


d'autre part en faisant naître, grâce à blique, dèstinées à remplacer celles qui
l'opération de rénovation, un ensemble —
un centre de commerce inter¬ doivent cesser par suite du transfert
urbain moderne et varié qui, bénéficiant national, des Halles.
d'une situation et d'une infrastructure —

des équipements commerciaux, sur cette base, des propo¬


exceptionnelles, peut devenir l'un des L'élaboration,
culturels, sociaux, sportifs et de sitions d'aménagement, nécessitait une
points les plus attractifs de la Capitale. loisir, étude précise des données et des con¬
Ces zones de rénovation et de restaura¬
des hôtels, traintes qui s'imposent en toute hypo¬
tion sont très précisément délimitées. —

thèse à l'opération.

des immeubles d'habitation de


la zone de rénovation couvre 15 hec¬


tares. Elle se répartit en deux secteurs catégories et de types divers, dont LES DONNÉES ET
certains logements sociaux, LES CONTRAINTES DÉTERMINANT
géographiques distincts :

des jardins. LE PARTI D'URBANISME —



secteur de 10 hectares compre¬
un
nant le carreau des Halles et quel¬ Pour éviter que ce programme ne se Elles concernent :

ques ilôts limitrophes. traduise par une densité excessive de



la structure géologique du sous-sol,
constructions en surface, dans un quar¬

un secteur de 5 hectares compre¬ les


tier qui mérite déjà d'être aéré et dégagé, —

grandes infrastructures souter¬


nant plateau Beaubourg et les
le
le Conseil de Paris recommandait une raines,
ilôts qui le prolongent vers le nord utilisation aussi intensive que possible du —
le réseau de circulation automobile,
jusqu'à la rue Etienne Marcel. sous-sol de la zone aboutissant à la créa¬ —
lesrapports de l'opération de réno¬

la zone de restauration-réhabilitation tion d'un grand « forum » souterrain sur vation avec le quartier avoisinant.
de 20 hectares comprise entre le périmètre lequel sebrancheraient des équipements
1. Le sous-sol du quartier de Halles se
commerciaux, culturels, sportifs et de
-

de la de rénovation et celui de dé¬


zone
caractérise :
claration d'utilité publique. loisir, qui composeraient une sorte de
petite ville souterraine.

par
une structure géologique qui
La délibération du Conseil de Paris, en
Pour la zone de « restauration-réhabili¬
comporte une couche uniforme, de 15
date du 24 octobre 1968, définit d'autre
tation » plusieurs objectifs étaient égale¬
mètres d'épaisseur de calcaire grossier
part, de manière schématique, le pro¬ solide. Cette couche se situe à une pro¬
ment définis :
fondeur au-dessous du sol variant de
gramme d'aménagement des deux zones
assainir et aérer les ilôts, moins 30 à moins 45 mètres et elle repose
l'opération.

de

RACCORDEMENT AN RESEAU CIRCULATION

«OIES A
EN SURFACE

SENS UNIQUE
CIRCULATION SOOTERRAINE

TRANSIT N.S.& E.O.

VOIRIE DE SURFACE VOIES A DOUBLE SENS RESEAO DESSERTE

I
métro express régional, ne permettent
sur des sables et des fausses glaises pré¬ à 20 % selon les solutions techniques en¬
sentant des caractéristiques défavorables ; visagées, à la condition toutefois que la guère de variantes pour leur implantation.
réalisation de l'opération puisse s'effec¬

par une nappe aquifère qui se situe


La mise en place précise de cette donnée
tuer par tranches de grande importance.
en période normale à 15 mètres de pro¬
essentielle du programme détermine une
fondeur, mais qui, en période de crues, 2 - Les grandes infrastructures du sous-sol, première conséquence fondamentale poul¬
est susceptible de remontées importantes. en dehors des collecteurs d'égouts situés ie parti d'aménagement. Les expériences
sous le boulevard Sébastopol, des rues étrangères de forum souterrain montrent,
Selon les hypothèses retenues sur le Saint-Honoré et de la Ferronnerie sont en effet,
que les chances de réussite d'une
niveau de remontée de cette nappe, lors telle opération reposent sur l'existence
essentiellement constituées par les instal¬
des crues exceptionnelles, les conditions d'une véritable continuité de circulation,
lations de la B. A. T. P.
et le coût de construction des ouvrages sans la rupture d'escaliers, même méca¬
souterrains se trouvent' évidemment for¬
Celles-cicomprennent essentiellement les
stations projetées du R. E. R. et de la niques, qu'il faut monter puis redes¬
tement modifiés. De toute façon, à par¬
cendre.
tir d'une profondeur supérieure à la cote ligne de Sceaux.
moins 20 mètres, l'implantation souter¬ Ces deux stations, qui seront superposées, Les deux stations nouvelles de la RATP
raine entraîne des charges de plus en plus doivent s'établir à grande profondeur formant, dans le sous-sol de l'opération,
onéreuses. sousle carreau des Halles, entre les cotes une sorte de barre infranchissable, entre
moins 28 et moins 13 mètres. les niveaux moins 28 et moins 13 mètres,
A l'inverse, en deçà de ce chiffre, le sup¬ il convient donc, pour maintenir cette
Les contraintes résultant de leur encom¬
plément de dépenses qu'entraînerait le
mètre cube construit souterrain, par
en brement et de leurs caractéristiques tech¬ indispensable continuité de cheminement,
de situer le niveau général du grand
rapport au même volume édifié en sur¬ niques et fonctionnelles, compte tenu
face, ne semble pas devoir dépasser 10 notamment de la vitesse des rames du forum, souhaité par la délibération du
25

24
avantages et du coût d'un tel aménage¬

le niveau du sous-sol doit être, dans 1° un ouvrage nord-sud, reliant la rue de
Conseil de Paris, à la cote moins 13 Le passage, à ce niveau, du forum sou¬ ligne de Sceaux, et le niveau inférieur de toute la du possible, réservé aux Turbigo à la rue des Halles et qui remplit
la station et de la ligne existantes. ment, de construire une nouvelle station mesure
mètres, passant en quelque sorte sur le terrain vers l'ouest, se heurte cependant essentiellement une fonction de transit
Halles sur la ligne n° 4. piétons,
toit des deux stations. à un obstacle formé par la station ac¬ afin dé5 diminuer le trafic de la rue Saint-
La diminution trop importante de la La dépense supplémentaire, résultant de

mais aucune transformation profonde
tuelle des Halles sur la ligne n° 4. hauteur du forum ou son rétrécissement Denis et de la rue Saint-Martin et de leur
Cette première conclusion ne signifie cette opération, ne semble pas en effet de l'organisation de la voirie dans le reste
provoquerait la création d'une sorte de du centre rive droite n'accompagnant restituer, dans la mesure du possible, un
évidemment pas que l'utilisation du Cette station, qui se situe au milieu du devoir être excessive : si la station est
goulot d'étranglement nuisible à la fré¬ caractère piétonnier.
sous-sol au-dessous de cette cote soit carreau des Halles, approximativement maintenue à son emplacement actuel, la l'opération des Halles, celle-ci ne peut se
sous la rue Baltard, à une profondeur quentation de la partie ouest de cet en¬ RATP devra engager de toute façon des traduire par une interruption brutale du La volonté d'établir, niveau du sol,
impossible. Elle définit seulement le semble souterrain. La rupture de la réseau actuel à la lisière de la zone de
au
niveau de circulation générale desservant de 11 mètres au-dessous de la surface, travaux importants, en particulier pour les meilleures liaisons possibles entre les
a été construite selon la technique clas¬ continuité des cheminements par des réaliser la correspondance avec le RER rénovation. deux secteurs de la zone de rénovation,
des équipements variés qui, en fonction escaliers obligeant à descendre et à re¬
de leurs besoins de surfaces et de volumes sique des souterrains voûtés. (passage-couloir en sous-œuvre, etc...). Si l'opération des Halles n'a pas pour conduit en effet à souhaiter que ne
monter, présenterait le même inconvé¬ Ces ouvrages d'intercommunication se¬ subsiste entre eux que le seul rempart
des considérations de coût et de cons- Il résulte de ce mode de construction nient. premier objectif d'améliorer de manière
ront nettement raccourcis dans l'hypo¬ de voitures formé par la circulation sur
tructibilité, pourront descendre à une qu'elle présente un encombrement impor¬ importante les conditions de circulation
tant et neutralise tous les volumes Cet obstacle qui s'oppose aux passages thèse de construction d'une nouvelle dans le centre, du moins ne doit-elle pas le Boulevard Sébastopol.
profondeur plus grande. Les conditions d'est en ouest risque donc de stériliser station, ce qui atténue sensiblement la conduire à les aggraver, mais au contraire,
techniques de réalisation des ouvrages inférieurs du terre-plein. La conservation des façades de la rue
des surfaces importantes du sous-sol, différence de coût entre les deux solu¬ dans la mesure du possible, y apporter
interdiront toutefois un fond de fouille Il devient, suite, très difficile de faire
par tions. Saint-Denis, souhaitée par le Conseil de
dans la partie occidentale de l'opération. des améliorations.
trop irrégulier et conduiront, par grandes passer le forum souterrain entre la cote Paris, moins pour leur qualité architec¬
Le léger déplacement de la ligne n° 4 Ces impératifs conduisent à proposer un
zones, pratiquement à un même degré moins 13 mètres, où il doit se situer du Il peut donc apparaître souhaitable, sous turale intrinsèque qu'en raison de l'inté¬
d'utilisation du sous-sol. fait des stations du R. E. R. et de la réserve d'une comparaison précise des permettrait en contrepartie de récupé¬ réseau de voirie souterrain dont les prin¬ rêt du cheminement qu'elles forment,
rer, pour le forum souterrain, un terre- cipaux éléments ne peuvent connaître plaide dans le même sens.
plein assez étendu. La nouvelle station, beaucoup de variantes et apparaissent Les études de circulation montrent
qui constituera le lien naturel entre le donc bien comme faisant partie des
d'autre part que, même dans l'hypo¬
LES DONNEES D'URBANISME Perimétre de rénovation
quartier des Halles et le réseau ordinaire
de la RATP, et par suite l'un des moyens
contraintes relatives du schéma d'amé¬
thèse de la réalisation de l'axe nord-sud,
nagement. Au contraire, le dessin précis doit rester très
DU QUARTIER d'accès les plus habituels à ce secteur, de ces voies, de leurs trémies d'accès le trafic du nord au sud
proche de la saturation (rues Saint-Denis,
pourrait de la sorte être parfaitement et de leurs galeries de desserte, doit
Saint-Martin et Beaubourg) parce qu'il
DIFFERENCIATION PAR ZONES intégrée au reste de l'opération dn point faire l'objet d'études plus précises d'exé¬
de vue architectural comme du point de cution qui peuvent conduire à certaines correspond à des relations inter-quartiers
vue fonctionnel. modifications et adaptations, mais ne importantes.
3. -Le réseau de circulation automobile remettront pas en cause les principes Un ouvrage permettant un transit facile
constitue également quoi qu'à un moindre essentiels. dans le sens nord-sud est donc indispen¬
titre une contrainte de l'opération. Le réseau projeté se décompose en trois sable, aussi bienpour l'organisation géné¬
Deux considérations essentielles en do¬ éléments qui se situeront en sous-sol à rale de la circulation dans le centre de
minent en effet l'étude et en déterminent une profondeur moyenne comprise entre Paris que pour le fonctionnement de la
moins 2.50 mètres et moins 5 mètres. zone de rénovation elle-même.
pour une très large part les éléments :

27
26
La n° 1, au nord du carreau des mesure du possible, suivies par l'orga¬
L'effet d'un tel ouvrage sera d'ailleurs zone

multiplié par l'élargissement de la rue Halles, à proximité des commerces quo¬ nisme chargé de la conduite de l'opéra¬
Beaubourg qui doit résulter du parti tidiens de la rue Montorgueil
et du quar¬ tion, notamment dans sa politique de
tier le plus dense en emplois du secteur revente des rez-de-chaussée commerciaux.
d'aménagement de cette fraction de
secondaire (artisanat, textile, presse, C'est à cette seule condition que seront
l'opération.
évitées de trop brutales ruptures dans
etc...) doit assurer la continuité entre
Le nouvel itinéraire passant par la rue cette vie de quartier très intense et la le nouveau centre urbain formé par
de Turbigo, empruntant cet ouvrage et future opération. Elle doit donc réserver l'ensemble du secteur et l'établissement,
débouchant la rue des Halles, néces¬
sur d'une sorte de frontière entre la zone
d'importants cheminements de piétons
sitera des aménagements à l'extérieur de de rénovation et le reste de l'ancien
permettant le passage nord-sud et pro¬
la zone de rénovation, tels que passages
longer l'activité de la rue Montorgueil le quartier.
souterrains aux carrefours (par exemple
plus loin possible vers le cœur de l'opé¬
passage inférieur du boulevard Sébasto- ration.
pol, sous la rue de Turbigo et éventuelle¬ LES PROPOSITIONS D'AMÉNAGE¬
ment sous la rue Etienne-Marcel) et une Les zones nos 2 et
3, au sud du carreau des MENT
amélioration raisonnable de la circulation Halles, se en bordure du prin¬
trouvent
place du Châtelet. cipal cheminement de liaison à caractère Un schéma d'ossature et non un parti
touristique, entre le Palais-Royal et le architectural ;
A cette fonction de transit pourrait Marais. Mais, tandis que la première de
s'ajouter une fonctionde desserte du ces zones setrouve à l'écart actuellement L'originalité de l'opération des Halles
interdisait l'élaboration d'un véritable
forum des moyens de
souterrain par de toute activité d'animation vers le sud,
transports collectifs (autobus ou taxis). la seconde, au contraire, est voisine du plan-masse, et plus encore la définition
Une sorte de petite gare routière pourrait de la forme architecturale de chacun des
petit centre de quartier qui s'est déve¬ bâtiments futurs.
s'établir, toujours en souterrain, à pro¬
ximité des sorties de métro et
loppé dans le tissu urbain ancien de
permettre valeur que forme la rue Saint-Honoré. Un plan-masse doit, en effet, définir
des correspondances croisées entre ces Si les principes d'aménagement consistent l'emprise exacte au sol des différents
divers moyens de transports collectifs. dans les deux cas à ménager ou à rétablir bâtiments dont la construction est pré¬
une continuité de cheminement d'ouest vue, ainsi que leur volume, compte tenu
2° une voie est-ouest, également en sou¬ des règles de prospect et des contraintes
terrain, longeant la frontière nord de
en est, les dominantes de programme
doivent tenir compte de cette différence de plafond qui résultent des règlements
l'opération, approximativement sous le de situation. Elles peuvent consister, dans d'urbanisme. VUE BE m SJllU BU FIHI
tracé de l'actuelle rue Rambuteau,
le premier cas, à développer des com¬
destinée à constituer une bretelle de Or, à l'exception de certains équipements,
liaison entre la rue du Renard et la rue
merces hebdomadaires et de qualité se
comme le centre de Commerce Interna¬
branchant sur le Châtelet et la rue de
du Louvre, à relier les deux fractions de tional ou comme la Bibliothèque de lec¬
Rivoli, et dans le second à installer
cas,
l'opération et à desservir l'ensemble. des commerces et petits équipements
ture publique, dont le programme est
d'ordre culturel, pour créer à cet endroit
établi et dont le principe avait été retenu
3° diverses voies de desserte des parkings,
une animation qui rappelle quelque peu
par les délibérations antérieures du
situés sur plusieurs niveaux dans le sous- Conseil de Paris, la plupart des autres
sol de l'opération, ainsi que des com¬ 1a, rue de Seine (antiquités, disquaires,
opérations susceptibles d'être réalisées
merces et magasins. galeries d'art, etc...). dans le secteur des Halles ne faisaient
Cet ensemble de circulations, établies à La zone n° frontière de la rue Saint-
4, en l'objet, ni d'une demande vraiment offi¬
Denis, est la zone de contact de l'opéra¬ cielle, assortie de moyens de financement,
moyenne profondeur dans le sous-sol, ne
ni d'une formulation précise du nombre
constitue évidemment pas un élément de tion avec le grand passage de piétons qui
parcourt le boulevard Sébastopol et les des mètres carrés souhaités et de la con¬
ce grand réseau souterrain que les besoins
sistance exacte de la construction, ni
accrus de la circulation et des améliora¬ rues adjacentes. Le principe d'aménage¬
ment consiste à ménager toute une série surtout d'un véritable choix de la part
tions technologiques décisives (voitures
de de l'Assemblée Municipale.
électriques, etc...) peuvent rendre un jour petits cheminements « en dents de
nécessaire. Mais il répond aux problèmes peigne », bordés d'activités attractives, Dans ces conditions, le schéma d'amé¬
à court et à moyen terme qui se trouvent telles que cinémas, cabarets, night-club,
nagement devait s'attacher à dégager,
posés par la rénovation du quartier des cafés, restaurants, rabattant vers l'opéra¬
compte tenu des infrastructures et du
Halles et ne forme pas obstacle à la tion et vers le forum souterrain le flot réseau de voirie, les surfaces et les vo¬
réalisation ultérieure des voies souter¬ des passants. lumes disponibles. Il devait s'attacher
raines de transit à grande profondeur,
Les zones n0B 5 et 6 sur le plateau Beau¬ également à définir, pour ces espaces,
quel qu'en soit le tracé. Il convient seule¬ les principaux types d'utilisation qui
ment, pour renforcer cette compatibilité bourg sont moins nettement caractéri¬
sées.- Elles conviennent aux implanta¬ paraissent souhaitables pour que le
de l'opération avec ces perspectives d'ave¬
tions qui y ont été décidées en principe,
quartier réponde à la vocation qui lui
nir, de veiller à ménager, lors de la cons¬ a été définie et qui résulte de son
truction des différents parkings prévus par le Conseil de Paris : la bibliothèque
de lecture publique au sud et un en¬
emplacement au cœur de la cité : équipe¬
dans l'opération, la possibilité de les ments culturels, commerces, équipements
relier, à leur base, à un éventuel réseau semble de logements et d'activités de
sportifs, logements, espaces libres, par¬
souterrain. quartier au nord. Elles demandent une kings, circulation piétonnière, etc...
mise en valeur du cheminement nord-sud
4° Ladernière catégorie de contraintes Le schéma d'aménagement pouvait sug¬
formé par la rue Saint-Martin, et le main¬
tient à la nécessité de greffer le nouveau tien, rue Rambuteau, dans les construc¬ gérer également la nature des pro¬
quartier des Halles aussi solidement que tions nouvelles, de la continuité commer¬ grammes particuliers correspondant le
possible au tissu urbain existant afin qu'il ciale ancienne.
mieux, fonction des données d'urba¬
en
ne fasse
pas figure de corps étranger dans
nisme du quartier et de la ville, à la vo¬
la ville. Si les principes d'aménagement dégagés cation générale ainsi définie pour les di¬
par cette étude peuvent être strictement verses zones : par exemple, piscine et
Ce souci a conduit à
analyse très
une
respectés par le parti d'organisation de patinoire en ce qui concerne les équipe¬
soignée des données les plus significatives l'espace qui est proposé, à l'inverse, les ments sportifs. Mais il ne pouvait pas
de l'environnement, qui a permis de dominantes de programme constituent un aller jusqu'à formuler le choix exact de
dégager, pour chacune des zones de cadre d'action plus qu'un impératif ab¬ chaque élément du programme et le
contact de l'opération avec le quartier solu. Il sera toutefois essentiel que ces chiffre précis des surfaces et des vo¬
voisin, de grands principes d'aménage¬ orientations ne soient pas perdues de vue lumes que chacune de ces constructions
ment ou des dominantes de programme : et soient, au contraire, dans toute la pourrait représenter.
29
28
Vue de la plate-forme vers St-Eustache

Le schéma d'aménagement préparé par tural et que l'aspect .plastique de ces communication tantôt visuelle, tantôt
fonctionnelle la surface.
l'Atelier Parisien d'Urbanisme présente, équipements sera défini, dans le cadre du avec

par suite, le caractère d'un schéma d'ossa¬ règlement d'urbanisme applicable dans Le cœur de ce forum, sur le toît des deux
ture et d'un plan de zonage, plutôt que chaque fraction de la zone et sous le stations de la K.A.T.P., est constitué par
contrôle des services de la Ville et de la
celui d'un véritable plan-masse. Il s'at¬ une vaste place circulaire, éclairée par des
tache à définir le squelette de l'opération : SEMAH, parles hommes de l'art choisis «
puits de jour », bordée d'équipements
réseaux d'infrastructures, volumes et sur¬ par les futurs maîtres d'ouvrages. commerciaux très divers (cafés, restau¬
faces capables, affectation de ces espaces rants, cinémas, boutiques de toute nature,
à certaines vocations préférentielles, prin¬ etc...) et où débouchent les différentes
cipes d'implantation des principaux équi¬
UN GRAND FORUM TRES ANIMÉ sorties du réseau ferré souterrain. For¬
mant une sorte de « petit forum dans le
pements envisagés, mode de fonctionne¬ La caractéristique la plus spectaculaire
ment du quartier, relations avec forum », cet espace devrait connaître une
l'envi¬ du schéma d'aménagement consiste dans animation particulièrement intense. Il a
ronnement. Mais il laisse à des études la création d'un vaste forum très animé.
ultérieures et aux négociations été calculé, avec toute l'imprécision qui
menées Situé niveau moins 13 mètres, en prise
au
affecte naturellement ce type de prévi¬
par l'organisme d'aménagement constitué directe sur le flot, des voyageurs emprun¬
par la Société d'Economie Mixte d'Amé¬ tant les diverses lignes de la R. A.T. P.
sion, qu'aux heures de « pointe » 80 000
nagement des Halles (SEMAH), avec les personnes au moins seraient amenées à
différents promoteurs intéressés, pour
ou
passant de l'une à l'autre, cette cir¬ «
intercommuniquer » entre les différentes
culation générale assure une continuité
chaque catégorie d'équipement, par cette de cheminement sans aucune rupture d'un
lignes de la R.A.T.P. situées dans le quar¬
sorte d'appel d'offres de volumes et de tier. Nombre d'entre elles seront évidem¬
bout à l'autre de l'opération. Elle dessert
surfaces disponibles, le soin de détermi¬ ment sollicitées et attirées par cet en¬
un complexe très diversifié d'équipements
ner, sur la base de ces principes, la semble de services et d'équipements, à
culturels, sportifs et commerciaux, sus¬ leur portée immédiate, sans problème
répartition détaillée des mètres carrés ceptibles de répondre aux besoins de ser¬ wmm
construits, l'emprise exacte de chaque vices de toute nature ressentis par la
d'accès ou parking, et viendront grossir
de
bâtiment, et a fortiori la forme archi¬ fortement la fréquentation que le forum
population et que le centre d'une grande engendrera par lui-même. Du fait même et des conditions dont elles
tecturale de ceux-ci. A cet égard, s'il sitions et de commerces, relierait cette équipements dont il convient dans le programmes,
agglomération est particulièrement apte de la densité de passage, le cœur du quartier des Halles, de faciliter au ma¬ s'assortiront.
a fallu, sur les plans présentés ci-contre, à leur fournir. place avecla surface. A cette lente mon¬
forum doit être traité dans un esprit assez ximum, l'accès au public : les équipements
donner une forme quelconque aux tée, un escalier en colimaçon, plus rapide, Dans le domaine
différents éléments du programme proposé Ce forum, s'il n'est à l'air libre, les
pas monumental, mettant en valeur un espace entouré par exemple d'une sorte de jardin culturels et sportifs. sportif, on peut songer
afin de concrétiser le lieu d'implantation conditions climatiques parisiennes ne et des volumes imposants. Une longue d'hiver, pourrait apporter un contre¬
à unepiscine et à une patinoire qui, bien
des différentes constructions, l'espace favorisant guère
l'adoption d'une pareille rampe hélicoïdale, menant progressive¬ point intéressant. Il va de soi, cependant, Si la réservation de cette zone privilégiée que situées en sous-sol, communique¬
ment et presque insensiblement du niveau à ce type de programme doit raient l'air libre et avec la surface
qu'elles occupent et le volume qu'elles solution, qui présente en outre, du point que ces diverses indications d'ordre archi¬ constituer avec

représentent, il va de soi qu'il ne de vue commercial, des inconvénients moins 13 mètres au niveau zéro, et où tectural restent soumises à des études un point fixe du parti d'aménagement, par un système de toit ouvrant. Dans le
sérieux, se trouve, à tout moment, en s'étageraient des espaces variés d'expo- plus poussées au moment de la mise en à l'inverse la nature exacte des équipe¬ domaine culturel, la grande salle formant
s'agit à aucun degré d'un parti architec¬
œuvre de l'opération. ments retenus dépend des demandes qui auditorium et théâtre lyrique populaire
Autour de ce point d'attraction central, seront effectivement présentées par les dont la Capitale éprouve le besoin et dont
le principe avait été retenu par le Ve Plan,
VOLUMES EN SURFACE i=™ les espaces disponibles sont destinés aux promoteurs, publics ou privés, de tels

Vue vers le Centre de Commerce International


conviendrait particulièrement à cet L'implantation d'un pareil équipement, quartier, comme extrêmement vraisem¬
emplacement. A son défaut, d'autres pro¬ dans le complexe des Halles, apparaît blable. Peut-être permettra-t-elle même
grammes, liés au spectacle et à la diffusion souhaitable pour fournir à la population d'offrir*à certains grands magasins actuels
culturelle, dans des domaines tradition¬ qui transite par cette opération, les ser¬ dont le développement est entravé par le
nels ou au contraire dans ceux très nou¬ vices commerciaux qu'elle est en droit tissu urbain qui les enserre, l'occasion
veaux, etqui ouvrent beaucoup de d'y trouver, sans pour autant faire double d'un transfert profitable pour eux-
perspectives de développement, de l'image emploi avec les grands points de vente mêmes comme pour l'aménagement géné¬
et du son, seraient, également parfaite¬ qui se développent à la périphérie de la ral du centre rive droite. Sur le chemine¬
ment bien adaptés à cette zone. Ville et qui s'attachent à satisfaire des ment conduisant vers ce grand magasin
A partir de ces éléments situés au centre besoins plus immédiats et moins rafinés. s'installe tout une file de commerces de
de l'opération, un premier cbeminement Elle apparaît également, compte tenu des toute qui renforcent cette im¬
nature
vers l'ouest aboutit à un grand magasin. infrastructures de transport du nouveau pression de grand « souk » moderne que

Ici s'élèvera, à l'emplacement du plateau Beaubourgt


la bibliothèque de lecture publique prévue au schéma d'aménagement.
doit donner cette partie de l'opération. galerie d'antiquaires, de commerces d'art, des Halles, centré sur une grande place
d'expositions. Une telle destination se publique comprise entre les deux sorties
Cet axe de circulation rejoint, tout à fait des stations de la RATP et immédiate¬
à l'extrémité ouest, les parties publiques
justifie en effet tout particulièrement
pour ce cheminement qui s'établit entre ment bordé, des équipements de loisirs,
du centre de commerce international de sports et de culture particulièrement
l'espace voisin du cœur du forum réservé
(hall d'exposition, etc...). Passant
au- justifiés en cet emplacement de la Cité,
dessus pour un équipement de nature culturelle,
de l'abri et traversant d'est en et les salles de la bibliothèque de lecture constitue-t-il un ensemble cohérent, ac¬
ouest le Centre de commerce internatio¬ cordé aux données générales de la Ville
publique qui seront installées à ce niveau.
nal, dont il dessert les bureaux et les Elle pourrait se trouver illustrée et ren¬ comme avec la vocation originale du
salles de cotation et d'informatique, il forcée par l'installation, au point de quartier.
vientaboutir à l'ancienne Bourse de
départ de la galerie, de l'Hôtel des
Commerce. EN SUBFACE UNE ZONE PEU
Ventes, s'il était donné suite à l'idée
d'un transfert de ce dernier, mal à l'aise DENSE COMPORTANT D'IMPOR¬
Vers l'est, ce forum, en raison du « bou¬
dans le bâtiment qu'il occupe actuelle¬ TANTS ESPACES LIBRES
chon » que forment entre les deux par¬
ties de la zone de rénovation les im¬ ment, vers les Halles. Les vitrines d'ex¬ L'importance même des équipements
meubles du bas du Boulevard de Sébas- position de l'Hôtel des Ventes, ou des prévus dans le sous-sol permet d'éviter
commerces d'antiquités, attirés par sa densification excessive surface,
topol, est contraint à se rétrécir. Pour une en
éviter pratiquement toute démolition, il présence, pourraient alors s'installer au peu souhaitable en raison des problèmes
s'établit en souterrain, toujours au niveau long de ce cheminement, lui donnant la difficiles que pose l'insertion de bâtiments
moins 13 mètres, approximativement physionomie d'une sorte de nouveau modernes dans un quartier ancien par¬
sous le tracé de la rue de la Cossonnerie, «Village Suisse». Des commerces de même ticulièrement sensible aux yeux de la
nature conviendraient tout particulière¬
puis après le passage du Boulevard population.
Sébastopol, sous une partie de l'ilôt ment aux immeubles anciens et de qua¬
L'animation de surface, sur les chemine¬
Quincampoix, en bordure de la rue de lité,susceptibles d'être restaurés, qui ments actuels du quartier ou aux divers
Venise où les immeubles sont détruits bordent la rue Quincampoix. L'aménage¬
ment de circulations verticales nom¬
points d'accès du forum souterrain, ne
ou, pour la plupart, doivent l'être. Cette peut d'autre part atteindre partout la
liaison souterraine, souhaitée par le breuses (escaliers mécaniques, etc...) per¬
même intensité que celle souhaitée pour
Conseil de Paris entre les deux parties de mettrait l'établissement, à cet endroit, ce dernier, sans lui porter gravement
l'opération, doit éviter le risque de ne d'un nouveau point de contact intense
concurrence.
constituer qu'un long couloir dépourvu entre la surface et le forum souterrain.
d'animation et d'intérêt. A cette fin, il
La surface se prête, par suite, à la créa¬
Ainsi, formé d'un cheminement commer¬ tion d'une zone de calme et d'espaces
est prévu de rythmer son parcours par libres, cherchant à dégager de belles per¬
cial vers l'ouest, vers le centre des
l'aménagement de quelques placettes aux
endroits où l'occupation du sol en surface activités et des affaires, et d'un chemine¬ spectives sur le grand élément monu¬
s'y prête (par exemple sous le boulevard ment d'ordre culturel et touristique vers mental que constitue l'église Saint
photographie de Véglise Saint Eustache et du marché des Prouvaires prise vers 1855 avant la construction des pavillons Baltard le nouveau projet
Telle cette
l'est, vers le quartier du Marais, le forum Eustache.
de Sébastopol), et d'en faire une sorte de
d*aménagement des Halles se propose de restituer à cet édifice, en dégageant ses abords, la place qui lui revient.
33
Photo d'après l'ouvrage de J.-P. Barblon, Fleury, J. de Sacy, Richesses d'art du quartier des Halles, Flammarion éd.
Afin d'éviter tout risque de monotonie, les divers services (bar, thé, salon de presse, équipements sociaux et culturels :
le parti d'aménagement
composition très variée, jouant sur plu¬
sieurs niveaux différenciés de jardins, de
propose une restaurants, etc...)l'on s'efforce
que
généralement, dans les constructions ana¬
logues en élévation, de placer en terrasse
par exemple Maison
rez-de-chaussée accueillent
de jeunes) et dont les
des com¬
merces de qualité (disquaires, librairies,
LES HALLES
plans d'eau, de places et de promenades. sur le toit. Face à Saint-Eustache, cette galeries d'art, commerces de luxe, etc...) ;
Au-dessus de la grande salle zone, tout à la fois animée et intime, à l'Est, derrière les façades mainte¬
du forum,

constitue un espace de flânerie, de


des circulations s'établissent
plans d'eau et des jardins, à partir des
entre des
menade, de repos. Tout à fait vers
l'ouest, elle se termine, encore plus en
pro¬ nues de la rue Saint-Denis et se raccor¬
dant à ces dernières, ce qui impose d'y les études de
sorties nord et sud des stations de la adapter la trame des constructions, un
contrebas, par une sorte de petite « cour
RATP, et font communiquer ce flux de
piétons
avec les espaces et les équipements
avoisinants.
anglaise » que bordent d'un côté les
façades du Centre de Commerce inter¬
nouveau groupe de logements qui doit
ménager de nombreux accès piétons vers
le forum souterrain, comme vers les équi¬
restauration-réhabilitation
national, et de l'autre celle du grand
pements de surface.
Approximativement sur le tracé de magasin.
l'actuelle L'échelle de la petite place des Innocents,
rue Baltard, une sorte de grande Autour de ces différents espaces s'im¬ avec sa célèbre fontaine, est respectée.
dalle, légèrement surélevée en raison
du croisement en sous-sol, en cet endroit, plantent les constructions des divers Une sorte de « fenêtre » étroite l'ouvre sur

de nombreuses voies de circulation ferrées éléments du programme : l'espace grandiose de jardins, de plans
et automobiles, constitue un grand pas¬ —

le centre de commerce international


d'eau, de constructions, que forme l'opé¬
ration et que domine la silhouette de
sage pour piétons entre les fractions nord à l'Ouest, qui laisse apparaître la Bourse
et sud de l'opération et du quartier du Commerce et la célèbre colonne astro¬ l'église Saint-Eustache.
avoisinant. Elle se termine par un esca¬ Sur le plateau Beaubourg, la bibliothèque
lier monumental qui descend lentement
nomique qui la jouxte ;
de lecture publique se trouve au Sud.
vers le chevet de vers le Nord du des Halles,
l'église Saint-Eustache. carreau L'environnement de cet équipement est

Plus
un
grand hôtel construitsur pilotis et dégagé le plus possible, afin de permettre
vers l'ouest et en contrebas, pour dont le rez-de-chaussée doit être réservé au créateur choisi
accentuer pour le réaliser, la plus
parti d'une composition
ce
à des équipements commerciaux qui
jouant sur plusieurs plans différents qui grande liberté d'expression et de mieux
prolongent, tête de pont
comme par une mettre en valeur, par la suite, l'œuvre
possèdent chacun leur fonction propre, s'enfonçant dans l'opération, l'intense d'architecture contemporaine qui doit
et pour dégager mieux encore l'église
activité de quartier qui règne dans la s'édifier à cet emplacement.
Saint-Eustache qui domine l'ensemble,
partie Nord de l'environnement ; Au Nord du plateau Beaubourg se situe
une place bordée de portiques et com¬

portant pelouses, bassins, arbres, s'ins¬


au Sud, le long d'un mail planté un ensemble d'habitations comportant


talle sur le toit du grand magasin, comme d'arbres, qui poursuit le cheminement des logements de catégorie intermédiaire
une sorte de petit jardin du Palais-Royal
touristique Est-Ouest, entre le Marais et et des logements sociaux.
« en creux ». Sous les portiques, des le Palais-Royal, plusieurs groupes de loge¬ Ce Faut-il « sauver » le quartier des Halles ? en fer forgé, portails, vantaux de portes façades jusqu'à la reconstitution com¬
groupe de constructions se prête à et heurtoirs remarquables, etc. plète de l'aspect extérieur des immeubles
espaces commerciaux sont ménagés. Le ments de la catégorie la plus élevée, qui
l'installation d'équipements de quartier à l'époque de leur construction, doublée
grand magasin, dont tous les autres respectent le « dimensionnement » des îlots et peut, éventuellement, servir au re¬ Entre ceux qui, à l'image de M. Guillaume
niveaux sont enterrés, peut, par exemple, anciens, qui peuvent comporter des acti¬
L'histoire du quartier des Halles démon¬ de l'apport des techniques les plus mo¬
vités diverses de taille réduite (centre de
groupement de certaines activités (tex¬ tre qu'à travers les siècles aucune géné¬ GILLET, pouvaient affirmer : « non, le dernes en matière de confort, en passant
en faire son dernier étage et y installer tile de gros) touchées par l'opération de ration n'a renoncé à apporter, à ce lieu quartier des Halles ne mérite pas d'être par la simple création de conditionsnor¬
rénovation. Les façades de cet îlot don¬ sauvé » et les amoureux du moindre des males d'habitabilité : eau courante, in¬
privilégié de la Capitale, les aménage¬ trésors » de ce quartier, la délibération
nant sur la rue Saint-Martin, bien qu'elles «
stallations sanitaires, etc.
ments que les besoins ou les ambitions
soient situées dans la zone de rénovation, de l'époque requéraient. du Conseil de Paris a pris une position
Les termes de restauration et de réhabi¬
pourraient, dans un premier temps tout moyenne : tandis qu'elle destinait à la
au moins, être maintenues, afin de con¬ S'il est,parfaitement légitime que prenne rénovation une zone d'une quinzaine litation couvrent tout cet éventail d'ac¬
naissance, après le départ devenu indis¬ d'hectares, elle faisait du reste des îlots tions, avec les infinies nuances de degré
unité à cheminement et
server son ce
pensable du marché de gros, le « grand couverts par la déclaration d'utilité pu¬ qui peuvent exister entre elles. Il est
d'éviter le contraste toujours délicat dessein » d'une profonde évolution de ce blique prise par l'arrêté du 31 juillet 1967,
dès lors facile de comprendre qu'à la
entre un côté de rue formé de façades quartier, si cette mutation doit d'autre soit une vingtaine d'hectares, une zone faveur de cette ambiguïté un très large
anciennes et celui qui lui fait face, bordé
part être l'occasion de créer, dans un de restauration-réhabilitation. accord puisse s'établir, dans les secteurs
de constructions modernes. les plus divers de l'opinion
esprit résolument moderne, un ensemble publique,
pour
Une sorte d'esplanade sera, au contraire, urbain de notre temps à Paris, du moins réclamer une politique désignée par ces
le patrimoine artistique que nous ont deux vocables mais à travers laquelle
dans la mesure du possible, dégagée sur Toute une gamme d'interventions conce¬
cherche en réalité à atteindre les objec¬
le versant Est de cet îlot donnant sur la légué les siècles passés ne doit-il pas être vables.
on

rue Beaubourg. dilapidé ni laissé à l'abandon. tifs les plus contradictoires. On ne peut
Le fait même d'accoler lesdeux termes de en effet tout à la fois souhaiter que se
Un programme de logements sociaux Certes, le quartier des Halles, à l'excep¬ réalisent dans le capital immobilier exis¬
restauration et de réhabilitation révèle à
destinés à des « opérations-tiroirs » pour tion de certains édifices prestigieux, ne
tant les adjonctions les plus modernes
permettre le relogement de certains des comporte pas à première vue d'ensem¬ quel point les actions à entreprendre sont
nuancées et délicates à définir. en matière de confort, déterminant iné¬
habitants touchés par les démolitions bles monumentaux d'une qualité archi¬
vitablement de fortes hausses de loyer,
d'immeubles dans la de rénovation, tecturale exceptionnelle dont la conser¬
zone
L'inspiration dominante apparaît certes et préconiser le maintien sur place des
a enfin été localisé dans divers espaces vation et la mise en valeur s'imposent clairement : divers projets antérieurs actuels habitants qui appartiennent pour
actuellement libérés du quartier des de manière absolument indiscutable. Son avaient pu donner l'impression de traiter
la plupart à des couches déshéritées de la
Halles. intérêt réside dans dés caractéristiques ce quartier comme s'il s'agissait d'un
moins évidentes et plus subtiles : une population. On ne peut réclamer un cure¬
Tel est le nouveau visage proposé, sur véritable terrain nu, sans habitants, sur
tage étendu du quartier, débarrassant les
trame urbaine très ancienne qui déter¬ lequel il faudrait construire un peu
la base des travaux de l'Atelier Parisien cours des immeubles de toutes les cons¬
mine un parcellaire caractéristique ; des comme en rase campagne. La vocation de
d'Urbanisme, pour cet ancien quartier. tructions adventices et hétéroclites que
cheminements qui correspondent au tracé restauration et de réhabilitation donnée
Témoignage particulièrement précieux le marché de gros a amené à y proliférer,
des siècles passés, « lieu où sont nées et des grandes voies historiques de la à cette zone signifie au contraire qu'il
une amélioration poussée des conditions
où on prospéré, à partir des marchands, Capitale ; des suites de façades pleines de convient de respecter le patrimoine im¬
de confort de chaque bâtiment, la remise
toutes les activités de Paris » (Louis fantaisie et d'harmonie, formant une mobilier existant et d'aider à sa transfor¬
sorte de décor urbain raffiné et élégant ; mation, à la suite du départ du marché
en valeur complète de leur
aspect exté¬
Chevalier), les Halles acceuilleraient une rieur, et soutenir que ces interventions se
œuvre essentielle de notre génération et
des éléments de construction de grande de gros, et non de procéder à sa destruc¬
solderont par des dépenses de très loin
verraient s'affirmer cette fonction supé¬ valeur : très beaux escaliers en bois à tion sur une grande échelle. Mais, partir à
balustres tournés, carrés ou quadrangu- de cette idée centrale, toute une gamme inférieures à celles de la rénovation. On
rieure d'échange et de rencontre qui est
laires, sous-sols voûtés d'ogives, profu¬ d'interventions très diverses est conce¬ ne peut davantage se borner à entre¬
par excellence celle de toute Capitale, et
Ces encore davantage celle de Paris. sion d'appuis de fenêtres ou de balcons vable, depuis le seul ravalement des prendre de rétablir à moindres frais dans
façades de la rue Saint-Denis seront conservées.
35
34
petite placette, et des immeubles qui tation ne réclament pas des techniques
le quartier, des normes minimum d'hy¬ temporains dont l'échelle et la morpho¬
forment et soutenir qu'il convient de des engagements financiers résultant de font face à l'église Saint-Merri, qui de¬ d'aménagement aussi poussées que les
s'en remettre, pour accomplir les trans¬ logie soient en accord avec leur entou¬
giène et de salubrité, par l'apport d'eau l'opération de rénovation qui interdisent vraient faire l'objet d'une étude, afin parcelles à dominante de restauration, ces
formations souhaitables, à l'action spon¬ rage.
courante, de sanitaires et de salles de un effort
comparable sur la zone voisine, d'améliorer l'encadrement de ce monu¬ dernières, au contraire, pourraient ne faire
bains, et prétendre en même temps ren¬ tanée et dépourvue de toute contrainte et des problèmes que poserait l'éventuel Les parcelles du quartier des Halles ment et de la future bibliothèque de l'objet que de cette forme moins ambi¬
dre à cette part du patrimoine de Paris juridique des propriétaires individuels. relogement des habitants actuels du classées dans cette catégorie sont donc lecture publique voisine, tout en respec¬ tieuse de traitement si des considéra¬
sa «
spiritualité » qualité architec¬
et sa Tous ces objectifs ne pouvant être atteints quartier, notamment des personnes âgées celles qui justifient particulièrement d'é¬ tant l'échelle très intéressante de ce tions sociales ou financières s'opposaient
turale ancienne, tout en y faisant naître en même temps, il est clair que l'action (la population des Halles est composée ventuelles interventions soit d'orga¬ à la réalisation des opérations de qualité
secteur.
un point de rencontre privilégié des arts, de restauration-réhabilitation pour 14 % environ de personne» âgées nismes publics, soit d'associations pri¬
ne peut de plus qu'elles requièrent.
du spectacle, des activités de diffusion, éviter certains choix, dont la nécessité de 65 ans), semble incliner vées, tendant à une véritable remise en
est fréquemment plus plutôt vers une solution relativement valeur du tissu urbain ancien selon une 2° Parcelles à dominante de réhabilitation. Les parcelles à dominante de réhabilita¬
d'enseignement et de culture. On ne peut ou moins volon¬ tion
réclamer enfin, que les différentes par¬ tairement obscurcie. modeste dans un premier temps, s'ac- technique voisine de celle qui est appli¬ réhabilitation
présentent cependant une autre ca¬
La ne se distingue de la ractéristique qui, à l'inverse, ne pourrait
compagnant de contraintes juridiques quée dans les secteurs sauvegardés. restauration que
celles soient traitées en respectant l'unité La délibération du Conseil de Paris en
assez légères faisant appel à l'intervention
par des nuances de être étendue à la première catégorie de
des petits ensembles urbains qu'elles date du 24 octobre 1968, compte tenu
aussi large que possible d'associations de
A l'inverse, leur démolition leur trans¬
ou degré à la fois dans le traitement souhai¬ tissu : elles se prêtent en effet à des
formation radicale ne pourrait être envi¬ table et dans les transformations possibles modernisations éventuelles beaucoup plus
propriétaires. Mais on laisse le champ des immeubles en vue de leur remise en
ouvert à toutes les formules concevables sagée qu'à des conditions très strictes et poussées et plus complètes ; c'est dire que
après un examen approfondi du pro¬ état.
des démolitions, suivies de reconstruc¬
d'opérations. blème. tions ou des transformations très im¬
Les études de restauration-réhabilitation Appliquée à des édifices dont la qualité
La ligne séparant les parcelles appar¬ architecturale, quoique d'un bon niveau, portantes des immeubles existants pour¬
entreprises en application de cette déli¬ justifie pas une véritable restauration, raient, si elles étaient proposées ou
bération doivent donc avant tout con¬
tenant à cette catégorie et les autres, ne
n'est évidemment pas, dans tous les la réhabilitation appelle en effet des in¬ demandées, y être largement admises à la
duire à l'établissement d'un schéma condition toutefois que les nouveaux
cas, facile à tracer. Diverses parcelles, terventions moins onéreuses, portant
d'urbanisme très simple définissant pour essentiellement sur l'aspect extérieur et bâtiments soient en cohérence et en har¬
qui présentent un intérêt certain, sans
chaque parcelle le traitement qui s'y l'équipement minimum des immeubles monie avec le cadre urbain ancien et
adapterait le mieux et celui au contraire pour autant qu'une véritable action de
restauration s'impose à leur propos et (mise en état d'habitabilité, amélioration respectent l'équilibre du tissu environ¬
qu'il convient d'exclure. Ce schéma laisse¬ des conditions de confort). Elle permet nant.
rait aux études particulières le soin de pour lesquelles il importe de ménager des
d'assurer la conservation du cadre urbain,
déterminer exactement la nature des possibilités de remodelage, sont par suite Séparées par ces nuances délicates dans
seulement désignées comme des exten¬
en accompagnement des zones de res¬ les
opérations à entreprendre. Quant à ces degrés d'intervention admissible :
tauration, et de maintenir l'équilibre la
études elles seraient menées, soit dans le sions possibles de la restauration. Tel est le extensive pour reconstitution de
cadre d'un cas en particulier de certains immeubles
sociologique du quartier. l'état antérieur des immeubles et res¬
secteur sauvegardé s'il en
était institué un, soit à l'initiative de situés au Nord de l'église Saint-Eustache A cet égard, il convient de remarquer que trictive pour leur transformation et leur
la Ville, soit à celle d'associations privées où il serait souhaitable d'aménager une si les parcelles à dominante de réhabili¬ modernisation éventuelles en ce qui
de propriétaires.

Ainsi, comme pour la zone de rénovation,


le document soumis à l'examen du Con¬
seil de Paris en ce qui concerne la zone
de restauration-réhabilitation, ne cor¬
respond-il, du fait de l'originalité pro¬
fonde et de la difficulté particulière de
l'opération des Halles, à aucune catégorie
juridique précisément définie. Le schéma
d'urbanisme présenté dans ces pages,
constitue en fait une sorte de guide et de
cadre pour
les différentes initiatives
d'ordre public ou privé qui devront être
prises dans ce secteur.

Un guide pour des initiatives futures.


A cette fin, le schéma distingue essentiel¬
lement :


des parcelles à dominante de restau¬
ration ;

des parcelles à dominante de réhabi¬
litation ;

des parcelles susceptibles de moderni¬


sation.

1° Parcelles à dominante de restauration.

La restauration consiste en une remise en


état complète des immeubles, conservant
ou restituant leur aspect extérieur à
l'époque de leur construction et assurant
des normesde confort élevées, avec ou
sans modification de l'organisation in¬
térieure des édifices.

Appliqué aux bâtiments de qualité ar¬


chitecturale indiscutable, ce traitement
n'exclut pas, pour l'ensemble des par¬
celles, le curetage et, en des points
isolés, la réalisation d'espaces libres ou Rue St-Denis
5, rite Brantôme
14 à 26, rue des Lombards même la construction de bâtiments con¬

37
36
concerne les parcelles à dominante de
réhabilitation, ces denx catégories de
parcelles, voisines les unes des autres à
l'intérieur des mêmes îlots, déterminent
divers petits ensembles urbains qui doi¬
vent être traités de manière cohérente.

L'inspiration dominante y est en toute


hypothèse la conservation et l'amélio¬
ration du patrimoine immobilier existant.
Elle implique par là même l'abandon des
très anciennes mesures d'alignement
dont très peu ont été jusqu'à ce jour
réalisées et qui affectaient presque toutes
les voies historiques du quartier.

3° Secteurs susceptibles de modernisation.


Ces secteurs excluent toute nécessité de
restauration ou de réhabilitation et par
là même peuvent se prêter, dans le cadre
des règles d'urbanisme habituelles, à de
très larges évolutions. Celles-ci peuvent
se dérouler, soit de façon spontanée par

les mécanismes de la rénovation privée,


soit, à plus ou moins long terme, dans le
cadre d'une politique de restructuration
du tissu urbain. Dans l'un et l'autre cas
certains impératifs, affectant ces divers
secteurs, doivent orienter l'évolution :

dans le secteur de la rue du Pont-Neuf:
ouvrir l'opération des Halles vers la 9, rue de Montorgueil
Dans le périmètre d'une vingtaine d'hec¬
Seine ;
tares que constitue cette zone de restau¬
/• ue (J u l ricamp o i x —
dans le secteur du boulevard Sébas- relierl'opération de rénovation au reste
ration-réhabilitation, un véritable plan
rue Si-Denis topol, faciliter, par des aménagements du quartier à conduit à définir certaines
de zonage applicable aux activités n'est
limités, la liaison est-ouest entre le grandes orientations pour la revente des
rue Quincampoix guère concevable. Il peut simplement mètres carrés de rez-de-chaussée commer¬
carreau des Halles et le plateau Beau¬
être indiqué que les zones à dominante
bourg ; ouvrir la voie à une restruc¬
ciaux prévus dans les immeubles nou¬
de restauration et de réhabilitation sont
turation d'ensemble à long terme de veaux édifiés dans cette zone. Cette in¬
principalement destinées à l'habitation, dication d'ordre général (cf. l'article pré¬
la liaison nord-sud, entre la place du
aux équipements et commerces d'ordre cédent sur le schéma d'aménagement)
Cbâtelet et le futur pôle des gares et touristique (petits hôtels, li¬
culturel
du Nord et de l'Est; devrait, dans toute la mesure où cela
brairies, antiquaires, ateliers d'art, ci¬
s'avérerait possible malgré les obstacles
dans le secteur de la rue du Renard, némas d'essai, etc.) ainsi qu'à certains
juridiques et financiers qui s'y opposent,
permettre l'amélioration d'une liaison équipements de quartier ; tandis que les être également respectée en zone de
nord-sud, parallèle à celle du boule¬ zones susceptibles de retructuration con¬
réhabilitation - restauration, notamment
vard Sébastopol, faciliter la liaison de viennent aux activités tertiaires et aux

l'opération des Halles avec le quartier autres catégories de commerces. Il nous pour l'utilisation des locaux libérés par
du Marais. faut enfin rappeler que la volonté de le départ des grossistes.

39
DEVOLUTION
DES BANQUES ET DES ASSURANCES
A PARIS
Le secteur tertiaire financier subit ac¬ développer quelques grands groupes qui
tuellement une transformation profonde cherchent à avoir une place importante
sous le double effet de l'élargissement de sur le marché français et européen.
ses fonctions, des regroupements et Ces transformations dans l'activité et la
fusions que ces nouvelles tâches imposent; structure du secteur tertiaire financier
le tout dans un climat de concurrence
s'accompagnent de mutations dans l'em¬
renforcée.
ploi comme dans les techniques utilisées.
Devant cette activité financière sans
De plus en plus sollicitée, l'épargne des
particuliers est maintenant drainée par cesse grandissante, la place de Paris ne
de multiples canaux. Corrélativement le cesse de croître. Créateur de monnaie et
rôle de « transformation » de ces liquidités de crédit, Paris recueille les dépôts de
nouvelles a cessé d'être le privilège de province et décide de leur utilisation.
quelques secteurs spécialisés. Cette réno¬ L'information, les études, les décisions
vation des circuits financiers, sanc¬ sont prises à Paris aussi bien pour les
tionnée par de nombreux textes est sociétés financières que pour les assu¬
maintenant pratiquement accomplie. De rances.

nouveaux services comme le crédit-bail,


le marché hypothécaire, les livrets d'épar¬ PRÉÉMINENCE INCONTESTABLE
gne à capital variable, etc... encore DE PARIS
pour les assurances, la non imposition des
primes-vie et l'assurance retraite obli¬ Cette prééminence se constate à trois
gatoire ont donné à ce secteur une nou¬ niveaux :
velle impulsion. celui des

emplois,
Le secteur financier se transforme pour —

celui des établissements,


devenir un secteur commercial et pour

celui des activités financières.
attirer l'épargne, malgré la concurrence
de l'automobile et de la machine à laver Une rapide analyse de l'évolution de l'em¬
ou aucontraire pour développer cette ploi dans le secteur des banques et des
concurrence à son profit. Autrefois, ce assurances permet de déterminer aisément

secteur s'adressait surtout à une clientèle le rôle joué par la Capitale. Quelques
chiffres sont, à cet égard, très significatifs:
riche et peu nombreuse disposant a
priori de capitaux qu'il s'agissait de faire —
sur 320 000 emplois dans le sec¬

fructifier; maintenant le secteur financier teur tertiaire financier, Paris en


s'adresse à l'emprunteur-consommateur regroupe 140 000 soit 43.7 %.
qui est devenu le premier client. —

l'accroissement du nombre d'em¬


D'autre part, les regroupements et les plois dans ce secteur a été, pour la
alliances, la création de nouvelles sociétés, période 1954-1962, de 27,6 % dans
soit françaises, soit européennes, filiales la Région Parisienne alors qu'il
de différents groupes financiers, font cra¬ n'était que de 26,8 % pour l'en¬
semble de la France.
quer les anciennes structures.
Les verrous de la vieille orthodoxie des La croissance dans ce secteur est donc
banques ou des assurances sont en train rapide et se fait surtout au profit de
de sauter. Les anciens « empires » comme Paris, que ce soit pour les banques ou les
l'Union Européenne Industrielle et Finan¬ assurances. Cependant, il convient de
cière (Schneider), Worms, Rothschild, noter une évolution particulière dans le
secteur des assurances.
Louis Dreyfus ont pris la forme de sociétés
anonymes et partent à l'assaut de l'épar¬ A la différence des banques, celles-ci
gne individuelle... comptent un pourcentage de
faible
La concurrence entre banques et groupes cadres moyens puisqu'il est de l'ordre
financiers se renforce ainsi. Les sociétés de 9,8 % à 10,7 % selon le type d'assu¬
d'assurances, quant à elles, voient se rances considéré.
De 1954 à 1966, on observe que cette
proportion tend à diminuer au profit
Cet article a été rédigé d'après une étude de M. des employés. Cette diminution semble
ROCHEFORT pour le compte de l'Atelier Parisien
prouver que les décisions reviennent à un
d'Urbanisme; une étude du B.E.R.U. pour celui d'un
certain nombre de sociétés d'assuances et de banques. très petit nombre de cadres supérieurs et

41
L'univers financier se trouve donc par¬
Le tableau ci-dessous donne une image synthétique de la situation.

entre 1954-1958, l'augmentation


pour les assurances, enfin, il est plus
dans un espace aussi restreint que celui
ticulièrement bien délimité dans Paris.

du nombre d'établissements a atteint difficile de saisir les flux financiers. Seule de quelques quartiers.
Nombre Il est vrai que la recherche d'une localisa¬
20% à Paris alors qu'elle n'atteignait la comptabilité nationale, régionalisée en En effet, à l'heure actuelle, ce secteur
d'établissements Nombre de % de tion de prestige rejoint souvent la néces¬
% des que 9 % pour la France. 1962, donne un aperçu de la prééminence est très loin d'avoir une répartition har¬
des branches branches salariés salariés sité de maintenir la compétitivité inter¬
entre 1958 et 1962 cette augmen¬ parisienne: monieuse entre les différents arrondisse¬
nationale des entreprises.

83 et 84 * ments de Paris.
tation a été de 4 % à Paris et de —

les comptes d'exploitation par Telle est d'ailleurs la situation que révèle
1 % seulement pour la France. branche nous donnent les pour Le taux parisien pour le tertiaire finan¬
Paris 5 255 17,9
% 126 578 52,6 % assurances (Incendie,
I. A. R. D. cier est de 7,28 % de la population active l'examen des grandes places financières
Région Parisienne 7 037 27,1 % 133 337 55,4 % Accident, Risque divers) et opéra¬ totale au lieu de travail. Quatre arron¬ internationales. En Europe (Londres,
La concentration des emplois et celle des Francfort, Zurich) ou aux Etats-Unis
France entière 29 289 100,0 % 240 479 100,0 % tions diverses de répartition, 841 dissements seulement atteignent ce pour¬
établissements de quelque importance ex¬ (New York), les fonctions bancaires et
millions de francs (nouveaux) dans centage et trois d'entre eux ont même
pliquent que, dès lors, la prééminence de la région parisienne pour 3 milliards
d'assurances sont regroupées au sein de
Paris se marque fortement au niveau des
un pourcentage double, triple ou qua¬ cités très denses et souvent exiguës par
*
83 : Etablissements financiers, banques, bourses de valeurs. activités financières.
814 millions pour l'ensemble de la druple. Ce sont :
84: Assurances.
France, soit 22 %. —
le neuvième ardt avec 30,57 % qui les accueillent
rapport aux métropoles

Là encore, quelques chiffres donnent très concernant les comptes d'affec¬ le second ardt avec 22,95 % Malgré leur hétérogénéité, les chiffres
faible à première vue, il faut mentionner

leur exécution nécessite un personnel


que tation des ménages, ils donnent connus sont significatifs de la concen¬
peu qualifié. que : rapidement une idée de l'importance de —

le premier ardt avec 14,31 % tration des emplois et des établissements


Paris. 289 millions d'assurances LA. R. D. le huitième ardt avec 9,10 %
18 établissements de plus de

sur attachés à ces deux professions.


Cette constatation est en effet impor¬


salariés en France dans pour la Région Parisienne soit
1 000 ce
dans le secteur bancaire, stricto-sensu, A l'intérieur même de ces arrondisse¬
tante car elle doit être prise en considé¬ respectivement 75 % des

%.
21,8 Londres abrite
ration pour expliquer le phénomène secteur, 17 sont localisés à Paris. alors que la population parisienne ne ments, intervient une spécialisation par
de Ainsi, capitale administrative, Paris est sièges sociaux d'assurances du Royaume-
la localisation des établissements comme —

sur 112 établissements de 201 à représente que 5,8 % de la population aussi une capitale financière. Et cer¬
quartier. Trois quartiers atteignent le Uni et 80 % des sièges des banques ; plus
nous le verrons ultérieurement. 1 000 salariés 84 sont également française, le total des dépôts à vue et à tainement plus que dans les autres pays,
plus fort taux de spécialisation dans le de la moitié des uns et des autres sont
localisés à Paris. court terme couvre 34 % des dépôts et secteur du tertiaire financier : situés dans le secteur de la « City ».
La concentration constatée de l'essentiel des activités financières est lié
au niveau 39,1 % des crédits à court, moyen et Gaillon dans le 2e ardt 47,35 %
Si l'heure est à la décentralisation dans à cette capitale, que l'on se place du

New York rassemble 31,3 % des emplois


l'emploi se retrouve à celui des établis¬ de nombreuses l'évolution long terme. L'évolution accentue encore Chaussée d'Antin dans le 9e 40,77 %
branches, point de vue du volume des capitaux de sièges sociaux des compagnies amé¬

sements, à quelques nuances près. constatée dans le secteur tertiaire finan¬ le poids parisien... La part de la Région
traités, du rôle d'information ou du pou¬ —

Fg Montmartre dans le 9e 40,48 % ricaines d'assurances personnelles, avec


Parisienne apparaît à elle seule aussi
17 % (soit 5 255) des établissements cierindique que celui-ci reste à l'écart voir de décision. Ainsi les trois quarts de la population une polarisation dans la pointe de Man¬
bancaires ou d'assurances sont situés à de ce grand mouvement. En effet, selon importante que l'ensemble des 20 autres active du secteur financier travaillent hattan où sont installés 9 des 50 plus
Paris. Si ce pourcentage peut paraître des statistiques de l'I. N. S. E. E. : régions de programme. CAPITALE FINANCIERE DE LA dans quatre arrondissements : le 9e, le grandes banques américaines.
CAPITALE :
2e, le 8e et le 1er. Le seul 9e arrondisse¬ A Zurich, moyennant une assez forte dis¬
ment groupe 35 % des emplois de cette persion des sièges sociaux d'assurances
QUELQUES ARRONDISSEMENTS
'jzmwH De nombreux impératifs exigent, ou
branche.
L'enquête du BERU permet d'établir
et des banques sur le territoire helvé¬
tique, ce sont pourtant 40 % des uns et
une certaine distinction dans la localisa¬ 25 % des seconds qui y sont installés
exigeaient jusqu'alors, le regroupement
des activités de banques et d'assurances tion de ces deux catégories d'activités : groupant 70 % des emplois correspon¬
dans une même « cité ». —

En ce qui concerne les Assurances,


dants.

Ce sont les principes de contrôle, d'or¬ leur centre de gravité se trouve 11, Bd Le phénomène parisien est donc loin
ganisation, d'action concertée et de hié¬ Haussmann. Dans un rayon de 500 d'être unique.
rarchisation stricte des pouvoirs et des mètres se situent 45 % des sièges sociaux du secteur financier
Cette concentration
décisions qui dominent l'exercice de ces des Assurances Parisiennes, et 35 % des dans un quartier de la capitale est
même
deux professions. Pour les assurances, autres sociétés installées en France. Si
cependant de nature à entraîner cer¬
l'association quotidienne des interven¬ cette zone d'influence est portée à un taines difficultés.
tions, et notamment les phénomènes de kilomètre autour du boulevard Hauss¬
co-assurance et de réassurance mutuelle, mann, ce sont 80 % des emplois de Elle peut d'abord présenter certains
fondent la sécurité attendue des services l'assurance parisienne, 82 % de l'ensem¬ inconvénients du point de vue d'un amé¬
de la branche. En outre, les nécessités du ble des primes émises en France et 76 % nagement harmonieux du territoire.
courtage (3 000 courtiers à Paris), des des superficies de planchers occupées par La branche des banques et des assurances
recours contentieux, et des contrôles ce type d'établissements qui y sont ne représentait en 1962 que 1,7 % de la
anqu exercés par les pouvoirs publics ou les concentrés. population active totale du pays.
organismes professionnels militent en —
En ce qui concerne la Banque, le Ce n'est donc pas du point de vue de
faveur d'une concentration des entre¬ centre de gravité se situe 6, rue Gliick, l'équilibre de la répartition des emplois
prises. à 300 mètres du noyau précédent. Six sur l'ensemble du territoire que le rôle
Les impératifs du secteur bancaire dans arrondissements (les 1er, 2e, 8e, 9e, 16e prédominant de Paris dans le fonction¬
le sens d'un regroupement en cité sont et 17e) rassemblent 96 % des sièges nement du secteur financier pose les plus
peut-être moins accusés, dans la mesure sociaux parisiens, 92 % des emplois ban¬ graves problèmes. La difficulté réside
où la distribution des crédits et des dépôts caires, et 99 % du montant global des plutôt dans le monopole, sans doute
suppose une répartition géographique bilans parisiens. excessif, des centres de décision finan¬
optimale des établissements parmi la Ainsi se dessine la configuration des ciers au profit de la Capitale.
clientèle. les responsabilités
Toutefois, activités financières parisiennes : un quar¬ Le développement économique régional
économiques immédiates des banques tier central, le « cœur » autour de la Chaus¬
implique en effet l'existence sur place de
impliquent, au moins pour leurs sièges sée d'Antin, qui comprend aussi bien les structures financières plus autonomes et
sociaux, une information et une action banques que les assurances, avec un plus puissantes, capables de susciter et
communes, et des rapports très fréquents étirement vers l'Ouest (Europe, Made¬
des finances, les
de soutenir l'expansion des activités lo¬
avec l'administration leine, Champs-Elysées) et vers l'Est cales de toute nature. Mais la solution
responsables de la Banque de France, (Vivienne, Gaillon) surtout orienté vers de ce problème dépend moins d'un éven¬
les institutions de contrôle du crédit, les l'activité bancaire, et un autre étirement tuel éclatement du secteur financier
dirigeants des organisations profession¬ vers le Nord dans les quartiers Saint- concentré à Paris que d'une certaine
nelles, les principaux chefs d'entreprises, Georges, Rochechouart et Faubourg redistribution du pouvoir dans son fonc¬
la Bourse, etc... Montmartre, tourné essentiellement vers
tionnement : il est évident que le montant
fonctionnelles interdisent les activités de l'assurance. Une spéciali¬
Ces contraintes limité en droit ou en fait des emprunts
sation tend de la sorte à apparaître entre
une trop grande dispersion hors de la négociables sur place sans recours à la
le 8e, où la concentration des banques
capitale. Néanmoins, elles ne semblent Capitale, interdit à Lyon, Marseille, Bor¬
pas justifier une telle concentration des
se renforce, et le 9e, qui accueille surtout deaux ou toute autre ville de France, de
établissements financiers et des emplois les assurances.

Document extrait de Vetium effectuée par le B.E.R.U. 43


de cette branche viennent de l'extérieur à ne connaître qu'une forme bien parti¬ d'acceuil destinées à l'implantation d'acti¬
de la. Capitale apparaît plus critiquable culière d'animation, essentiellement diur¬ vités tertiaires de haut niveau, la politique
jouer le rôle de Liverpool, Manchester, lisation des divers établissements finan¬ et convergent en un point très limité de
et mériterait au cours des années futures la capitale, y accroissant et les condamne le reste du temps à des Pôles est susceptible de répondre aux
Hambourg, Munich, Gênes, Turin, An¬ ciers, à proximité immédiate les uns des les problèmes ne
vie très réduite et peu attrayante. besoins du secteur tertiaire. En effet les
vers, Rotterdam, par rapport à leurs d'être progressivement atténuée. autres. de trafic, d'encombrement, etc. en par¬ une

capitales respectives. Ces difficultés ticulier aux heures de « pointe ». L'aug¬ Tel est le cas, par exemple, des quartiers Banques et les Assurances ressentent la
peuvent exister tout A l'inverse, cette concentration présente de Gaillon dans le 2e arrondissement, de nécessité de moderniser leur installations,
d'abord niveau des branches elles- mentation prévue par l'I.A.U.R.P. du
Sans se perdre enfin dans l'analyse for¬ au
pour ces établissements des inconvénients du leurs équipements, leur système de ges¬
mêmes. nombre d'emplois de cette branche éva¬ laChaussée d'Antin et Faubourg
cément stérile des causes initiales de la de plus en plus marqués : difficultés de
luée à 20 % de 1965 à 1985 amènerait, Montmartre, où le secteur financier tion, actions qu'elles
ne peuvent entre¬
centralisation, il est certain que la recrutement en raison du temps de trajet
S'il est dit que dans la cité de Londres si les localisations du secteur financier regroupait respectivement en 1962 prendre faute de place dans le centre
concentration des centres de décision « tout
doit pouvoir se que la localisation dans le centre impose traditionnel des affaires. La situation de
faire en cinq minu¬ restent absolument inchangées, une ag¬ 47,35 %, 40,77 % et 40,48 % des emplois.
administratifs, politiques et industriels, tes et à pied », une pareille exigence qui, à personnel recruté, surtout en ce qui
un
La distinction essentielle à cet égard ces pôles auxprincipaux terminus des
va de pair avec celle des structures dans la ville moderne, s'apparente à la concerne les catégories de travailleurs gravation de cette situation. s'établit entre les activités voies ferrées permettrait en outre au
d'encadrement
financières et qu'il ne peut être aisément revendication du luxe le plus rare, ne peu qualifiés, en banlieue de plus en En second lieu, l'exiguïté du centre tra¬ secteur bancaire d'améliorer ses services
et de décision qui devront dans la mesure
porté atteinte à l'une, sans qu'il soit peut valablement exister qu'au niveau plus lointaine et mal desservie par les ditionnel le contraint à s'élargir en tache du possible rester concentrées dans l'ac¬ vis-à-vis de la clientèle des zones péri¬
touché à l'autre.
d'états-majors de très haut niveau et moyens de communication, en particulier d'huile, surtout en direction de l'Ouest, tuelle cité financière de Paris, et les acti¬ phériques de l'agglomération.
de nombre très réduit. Les à l'Estdifficultés d'extension et d'amé¬ contribuant ainsi à renforcer une ten¬
Mais la vocation de Paris à devenir une assurances ; vités degestion et les services secondaires Plusieurs grandes banques envisageai
par exemple ne comptent qu'unassez nagement des locaux, ce qui conduit les dance fondamentale que le schéma qui peuvent connaître une implantation
grande place financière internationale Directeur d'Aménagement de Paris d'ailleurs la projection des structures de
faible pourcentage de
cadres moyens. banques et à connaître fré¬
assurances s'ef¬ nettement plus diversifiée. Ce clivage
susceptible de rivaliser avec ces métro¬ province sur la région parisienne. Dans
quemment des densités d'occupation force précisément de combattre, en entre les fonctions recoupe celui que le
poles étrangères implique la nécessité de On constate d'autre part que les ces conditions, il n'est pas exclu de pré¬
maintenir les conditions de concentra¬
excessive ; éloignement de la clientèle organisant le recentrage vers l'Est des Schéma Directeur établit entre deux
banques de dépôts étaient plus concen¬ activités. coniser une installation de ces organismes
potentielle à une époque où les exigences
tion propres au développement de ces trées dans la cité financière tradition¬
de la concurrence imposent de ne plus
grandes aires urbaines : celle du centre dans les pôles de favoriser ainsi
et
fonctions. dont le caractère historique réclame le
Ainsi, le desserrement des nelle que ne le sont les banques d'affai¬
laisser venir cette clientèle, mais d'aller
Cette expansion sur les axes privilégiés l'irrigation tant des arron¬
bancaire,
du développement spontané de l'agglo¬ maintien de fonctions de haute qualité
emplois, la déconcentration des décisions res pour lesquelles les contraintes fonc¬ la chercher soit dans les zones résiden¬ dissements périphériques de Paris que
et des établissements hors de la cité, s'ils tionnelles invoquées pour justifier le mération détermine une pression sur les susceptibles • de s'y intégrer harmonieu¬ de la couronne dense des communes de
tielles, soit dans les zones d'activités coûts fonciers dont la hausse paralyse sement ; celle des quartiers périphéri¬
répondent à des impératifs plus généraux, maintien d'une forte centralisation de ce banlieue.
industrielles ou autres. les opérations d'équipement public et de ques qui se prêtent au contraire à une
ne peuvent-ils être envisagés qu'avec secteur ne sont pourtant pas moins puis¬
prudence et doivent-ils préserver les santes. Mais c'est essentiellement au niveau de la construction résidentielle. Elle accentue restructuration plus profonde et, par Cette redistribution des activités finan¬
fondements professionnels d'une saine ainsi le déséquilibre entre les diverses suite, à l'implantation d'établissements cières à l'intérieur de l'agglomération
Il est
certain enfin que les nouvelles ville elle-même phénomène deque ce
modernes.
expansion des secteurs bancaires et de concentration présente les inconvénients fonctions de la cité. contribuerait au recentrage vers l'Est,
l'assurance. techniques de gestion et d'information
et les possibilités d'introduction progres¬ les plus marqués. Il renforce tout d'abord La spécialisation de certains quartiers Décidée elle aussi par le Schéma Directeur des emplois et de l'animation, indis¬

A l'inverse, l'insuffisante dispersion sive, malgré son coût, du « télé-proces- l'importance des migrations alternantes. dans ce type d'activités les conduit enfin et consistant à créer des structures pensable à l'a venir de Paris.
de ces deux branches à l'intérieur même sing » réduisent la nécessité d'une loca¬ A l'heure actuelle, 50 % des travailleurs

NEW YORK
ZURICH LOCALISATION
SOCIAUX
DES PLUS
DU
IMPORTANTS
N.Y.M.R.
SIEGES

Localisation des ---• MANHATTAN CENTRAL BUSINESS DISTRICT


ASSURANCES SUR LA VIE

sièges sociaux
O
primes >
primes de
5
1 à
billon
5
dollars

A primes de 5 millon à 1 billon

a ASSURANCES "matérielles"

■ BANQUE FEDERALE

O N.Y. Stock Exchange


Il m mat

o
siège social des
compagnies d '
assurances

• s iège socia I des


compag nies
bancaires

bahnhof strasse

limites des
quartiers
Photo Jorge CaVe

44
LA
CIRCULATION
EN 1990
étude comparée de voies nouvelles
Dans le centre de Paris, malgré un effort transit Nord à travers les 9e et 10'
La circulation dans la Capitale est un
arrondissement, ainsi que les ra¬
problème crucial. Cette affirmation ne exceptionnel en faveur des transports en
afin qu'ils assurent toujours diales Denfert et Bagnolet.
peut surprendre car elle ne fait qu'énon¬ commun,

cer une réalité ressentie chaque jour 90% des déplacements, il faut prévoir Les hypothèses suivantes introduisent
davantage. Les données sont simples.
une augmentation de 40% du trafic des projets qui ne sont pas, à l'heure
depuis 1964. Dans ces conditions la actuelle, envisagés explicitement dans
Paris compte : vitesse moyenne de parcours sera infé¬ le cadre du Schéma Directeur.
million de véhicules ; rieure à celle du piéton (3 km/heure).

un Reprenant la deuxième hypothèse :


220.000 places de stationnement Ainsi, sauf intervention de mesures dra¬ la quatrième y ajoute trois sou¬

autorisé le long de 1.100 kilomètres coniennes, qui limiteraient le trafic terrains à grande profondeur à
de voierie ;
automobile à moins de 10% des déplace¬ double sens et è forte capacité
ments —ce qui serait alors un handicap (3.100 véhicules par heure et par

250.000 places dans les parkings sérieux pour le caractère attractif de sens) ;
publics et privés. Paris dans tous les domaines — la cré¬ —

l'un allant de la gare Mont¬


ation de voies rapides constitue le seul
Dès lors on comprend que 500.000 véhi¬ parnasse à l'Opéra,
cules doivent stationner soit hors de remède pour assurer l'écoulement de
un autre allant de la Bastille à

ce trafic dans de bonnes conditions.


Paris, soit dans les cours d'immeubles la Concorde,
ou de façon illégale le long des trottoirs.
Plusieurs situations sont concevables. On —

le troisième partant de la place


A cet égard une constatation est par¬ peut en effet construire les voies rapides Saint-Michel et arrivant à la
lante ; sur un parcours de 700 mètres de prévues au Schéma Directeur, soit dans gare de l'Est.
voies unilatérales, un contractuel sur¬ leur totalité soit en partie. Ainsi, les hypo¬ —
La cinquième hypothèse ne com¬
veille 100 places réglementaires et un thèses ci-dessous sont susceptibles d'être
porte que l'addition d'un seul
nombre égal de places interdites. envisagées :
souterrain reliant Montparnasse à
L'acuité du problème est renforcée par La première, la plus modeste, com¬ la Gare de l'Est.

le fait que chaque matin 800.000 ban¬ prend la voirie actuelle à laquelle Avant de porter un jugement quel qu'il
lieusards viennent travailler à Paris. s'ajoutent les voies sur berges et soit différents projets, il convient
sur ces
Entre 10% et 15% d'entre eux utilisent le boulevard périphérique achevés. d'introduire la notion de «taux de char¬
une automobile. Or ce seul pourcentage —

La deuxième retient l'hypothèse ge». En effet, ces voies rapides n'auront


porte au point de saturation le trafic précédente en y ajoutant un axe d'efficacité que dans la mesure où elles
parisien. Nord-Sud et la radiale Vercingé- ne seront pas trop fréquemment saturées.
D'années en années, la circulation dans torix. Nous entendons par «taux de charge»
la Capitale devient plus difficile. Au —
La troisième complète la précé¬ le rapport du débit horaire des automo¬
dente en y greffant une liaison biles au débit maximum théorique. Ce
rythme actuel de croissance du trafic
rapide à travers les 14, 15 et 16e taux (C) indique la saturation lorsqu'il
(4% par an) Paris sera totalement con¬ est égal à I.
gestionné avant vingt ans. arrondissements et une voie de

47
LA CIRCULATION EN 1990

Hypothèses nos 4 et 5

^ souterrains hypothèse n° 4


souterrain hypothèse n° 5

Le tableau ci-dessous donne à cet égard


quelques indications.

Etat
Taux de charge de la circulation

Fluide
0,40
0,60 Normal

0,80 Chargé
1,00 Très chargé
i,3° Saturé
Bouché

(Il n'est pas besoin de rappeler qu'à ce


«taux de charge» est liée la vitesse.
Plus le premier est élevé moins la se¬
conde est grande.)
Grâce à certains modèles mathématiques
il a été possible d'effectuer différentes
prévisions concernant les hypothèses
envisagées précédemment. Ces prévi¬
sions concernent l'année 1990.
Il est possible notamment de définir un
coefficient de charge moyenne pour la
zone.

Article rédigé à partir de l'étude de M. Luc Tessier.


LA CIRCULATION EN 1990
*

Degré Degré
d'amélioration d'amélioration
créée créée

par par
l'utilisation l'utilisation
des souterrains du souterrain
de l'hypothèse de l'hypothèse
n° 4 n° 5

51
50
LA CIRCULATION EN 1990

Centre Rive droite


Centre (Rive gauche + Rive droite)
CHARGE VITESSE CHARGE

Hypothèse î i,°5 3 km /h 1.14

2 0,92 9 0,98

3 0,81 14 0,90

o,79 16 o,75
4
5 0,87 11 0,88

On remarque que le centre rive droite qu'ils provoquent à leurs jonctions avec
sera totalement paralysé si aucune amé¬ la voirie secondaire.
lioration n'intervient. De plus, on constate Quelques pourcentages indiquent l'amé¬
que quelle que soit l'hypothèse envisagée, lioration due à la construction de ces
le centre rive droite sera plus chargé souterrains :
que le centre rive gauche de 15% sauf —

dans l'hypothèse 5 elle diminue¬


dans les hypothèses 4 et 5 qui favorisent rait de 6% le nombre des véhi¬
la rive droite, cules sur la voirie de surface.
Les cinq hypothèses affectent différem¬ —
dansl'hypothèse 4 cette diminution
ment le trafic parisien. serait de 13%, mais ces allége¬
Le centre rive droite étant très peu pourvu ments s'accompagnent d'une con¬
d'artères Nord-Sud, l'intérêt de l'axe centration de trafic aux abords des
Nord-Sud est double : extrémités, ce qui diminue leur
intérêt.

Tout d'abord, il prend en charge
d'importants flux Nord-Sud dans
Devant de telles perspectives il est
des conditions satisfaisantes. difficile de montrer optimiste.
se

La construction de voies rapides ne laisse


Par là-même, il soulage les artères


actuellement saturées qui lui sont pas entrevoir d'améliorations notables
Tout
affec+ant la circulation dans Paris.
parallèles.
juste peut-on dire que pour conserver la
moindre
Par contre l'utilité de cet axe est possibilité à 10% des déplacements de
lorsque l'on considère la rive gauche. s'effectuer en automobile sans charger
Les liaisons à travers les 14e et 15e arron¬ le réseau des rues de Paris plus qu'il ne
dissements déchargeant les boulevards l'est actuellement et en permettant au
Est-Ouest, cela ne lui confère qu'un rôle contraire une certaine remise en ordre
secondaire. du trafic par des réservations de voies
ou de rues à la circulation des piétons
Quant à la construction de souterrains
(hypothèses 4 et 5), elle déchargerait le ou des transports en commun, il faut
trafic defaçon sensible sur la rive droite. compléter le réseau actuel par un réseau
de voies rapides comprenant certaine¬
En effet, le kilométrage total des sou¬
ment l'axe Nord-Sud, mais aussi d'autres
terrains rive droite est largement supé¬ voies de pénétration en surface ou en
rieur à celui de la rive gauche, que ce sous-sol.
soit dans les hypothèses 4 ou 5.
Il estévident que seule une politique fer¬
A l'inverse, sur la rive gauche, ces sou¬ mement orientée vers l'adoption massive
terrains n'offrent que peu d'intérêt car des transports en commun permettrait
l'avantage qu'ils seraient en mesure de résoudre en partie le problème de
d'apporter en décongestionnant la voirie l'accroissement massif et inévitable des
voisine se trouve annihilé par la saturation déplacements dans Paris.
Photo Préfecture de Police.
ra7ï^7 VTnYr^ M "

r^ Y D If M ^.V? V \ j^ Y l

M. Ledrut livre ensuite à lièrement accusée dans la capitale inférieur pour la banlieue proche fait qu'aucun « terroir » ne possède se poursuit ainsi jusqu'au milieu du
défini les grandes lignes de planifica¬ se une
suivant un rythme
L'espace social tion urbaine Toulousaine, M. Ledrut étude sur la décentralisation des française puisque 1 /6 de la popula¬ comme
pour la banlieue éloignée. par lui-même une sorte de puissance
de détermination.
XVIIIe
régulier
siècle
par l'élargissement progres¬
tion nationale s'y rassemble. L'ex¬
consacra la lre partie de son ou¬ équipements urbains en se fondant Un fait est à noter : Paris concilie
de la Ville plication en est simple : Paris étant
sif d'un périmètre conditionné par
RAYMOND LEDRUT vrage à l'étude des grands ensembles sur
l'exemple de la décentralisation un taux de vieillesse élevé et un taux Le problème la génération
pour des fortifications.
du bureau payeur de la caisse pri¬ une Capitale politique, par une sorte
de Toulouse. Si le contenu de cette relativement faible de mortalité. actuelle n'est pas de s'approprier un
est intéressant, mais il va de maire de Sécurité Sociale de Haute- d'effet cumulatif tout ce qui touche
Problème de Sociologie étude
héritage mais plutôt de savoir si Quant au XIXe siècle il est marqué
l'espace social soi fort spécifique, la démarche qu'il Garonne. La démarche méthodolo¬ de près ou de loin au pouvoir ou à Quant au taux d'activité profession¬ elle est capable d'ajouter à son tour par des grands travaux d'IIauss-
appliqué la vie politique (information, presse, nelle il est très élevé puisque sur un
a suivi présente un intérêt incon¬ gique est moins rigoureuse que pré¬ de nouvelles valeurs valeurs mann
qui furent exécutés en à
de la ville testable en tant que démarche cédemment (l'auteur s'en explique partis politiques, sièges des diverses peu plus de 5 millions de personnes culturelles du
aux
peine quinze ans et qui transformè¬
à l'aménagement urbain. so¬ passé sans ignorer les
ciologique. lui-même) et permet de conclure organisations, etc.) se regroupe d'âge actif 4 millions exercent une expériences des générations précé¬ rent profondément la Capitale.
problèmes de sociologie dans la Capitale.
appliquée à l'aménagement urbain qu'il ne suffit pas de faire éclater une activité profesionnelle. Il est à dentes.
Raymond LEDRUT
Clairement représentée, l'enquête organisation centrale pour réussir remarquer que le taux d'activité L'aperçu donné dans ces quelques
fort détaillée et illustrée d'un nombre une décentralisation car tout un Si d'autres pays connaissent une atteint 60 % pour les jeunes alors Paris n'est pas une œuvre de la lignes reflète bien mal le raffinement
éditions anthropos Paris
très important de tableaux et de certaine concentration, c'est à un nature mais une œuvre de l'homme. de l'essai de M. Francastel. L'objet
ensemble de conditions intervient. qu'au niveau national il est de 44 %.
359 pages graphiques, ne laisseaucun élément
degré moindre. Seule la Randstad Cette importance numérique est En tant que telle cette ville a rempli de cette étude, selon son auteur,
dans l'ombre. Suivant par là De différentes études M. Ledrut
ces Holland s'apparente au phénomène liée à la prolifération des activités plusieurs fonctions. est « de montrer le lien qui a uni
tire des conclusions plus générales parisien en groupant 1 /4 de la popu¬ les hommes et ville
la méthode prônée Georges
par tertiaires. En effet les emplois de sans cesse une
sur
l'aménagement de l'espace ur¬ lation des Pays-Bas. A l'oppidum gaulois abrité dans qu'ils
Cet ouvrage écrit par M. R. Ledrut,
Gurvitch (dont il fut un des colla¬
bain. Contrairement au passé, la
bureau et de magasins représentent
l'île, à la fois point stratégique et ont modelée et remodelée
professeur de sociologie à la faculté borateurs) dans ce qu'il appelait Peut-on attribuer d'autres causes à pour les hommes 50 % des emplois marché local, a succédé la ville ro¬
sur un même sol depuis deux mille
« la sociologie en profondeur », M. ville moderne est composée d'une et 58 % pour les femmes. En y ajou¬ ans d'histoire en s'adaptant toujours,
des lettres et sciences humaines de cette concentration ? L'auteur pense maine avec ses monuments publics,
Ledrut effectue son analyse suivant multitude de types de groupements tant le personnel de Service on atteint à la fois aux limites fixées par la
Toulouse porte plus spécialement intermédiaires entre la collectivité qu'on peut les trouver dans un ses
temples, ses bains, ses quartiers
la ville de Toulouse. Si l'on est différents paliers en profondeur qui pour les femmes 73 % d'occupations nature et aux principes théoriques
sur
le conduisent du « plus accessible urbaine et l'individu mais aucun
certain déterminisme géographique, extérieures à l'industrie.
résidentiels, ses artisans, ses mar¬
empiriquement dégagés en fonction
tenté de lui trouver un caractère dans un héritage lointain dans les chands, ses nautes. Ensuite les grou¬
au moins accessible ». En effet n'assume un rôle social fondamental d'équilibres politiques, sociaux et
avant tout monographique, le but circonstances de la révolution indus¬ La majeure partie des activités ter¬ pes locaux dressés contre des
de l'auteur est en fait plus vaste partant d'une étude qui vise à sur le plan urbain. trielle et aussi dans une attitude technologiques nécessairement remis
les
tiaires est concentrée dans un certain barbares serepliés dans l'île
sont
puisqu'il s'agit pour lui d'étudier
donner caractéristiques tant Ainsi l'individu et levoisinage sont psychologique qui associe Paris et jusqu'au jour où l'établissement des
en cause ».

sur l'âge des habitants que sur leur


nombre de quartiers de l'agglomé¬
l'aménagement global de l'espace structure sociale, sur la dimension
plus intégrés à la société globale promotion. ration qui
se trouvent surchargés Francs de Clovis a créé de nouvelles
dans les grands ensembles et les qu'à la société urbaine. C'est donc aux heures de travail mais qui ne conditions d'organisation.
des ménages, etc., l'auteur est con¬
villes en général à partir d'un exem¬ une rupture
avec le passé. Après avoir montré a quel point le
duit à s'interroger sur les relations nom de Paris comporte
peuvent assurer le logement. Ainsi, De Clovis aux Capétiens non seule¬
ple : celui de Toulouse. une ambi¬ alors que pour la majorité des ou¬ Paris :
sociales et les organisations dans ces D'autre part la ville est réduite guïté croissante par le fait qu'il vriers lieu de travail et lieu de rési¬
ment les dimensions de la ville chan¬
Les mutations provoquées
par l'in¬ grands ensembles. Les résultats révé¬ petit à petit à un ensemble de com¬ recouvre une réalité disparate et gent mais assiste à une plus grande
on
dustrialisation croissante des socié¬ lés par ces enquêtes sont très signi¬ modités utilisées par la population,
dence sont proches, pour la quasi le Problème
fragmentée, M. P. George présente totalité du personnel du secteur ter¬ complexité des activités.
tés ont conduit à une urbanisation ficatifs car ils permettent d'évaluer commodités qui lui confèrent un fonc¬ Paris sous son aspect démographique.
tiaire lieux sont très souvent fort des
si poussée que la ville de nos jours se le degré « d'ajustement » de la popu¬ tionnement de caractère mécanique.
éloignés.
ces
A la fin du XIIe siècle apparaît le Transports
détermine de moins en moins par lation à ce style d'habitat. Plusieurs Or celui-ci tend à abolir la totalité La révolution démographique du style gothique, transformant les
et dans sa relation avec la campagne de ces résultats vont à l'encontre des urbaine, c'est-à-dire la ville comme XIXe siècle a pour conséquence
eu
Toutes ces données conduisent à données anciennes. Le principe fon¬
damental de l'urbanisme gothique
P. MERLIN
idées toutes faites attribuées aux phénomène social total. En effet un de faire absorber par Paris, en un certain nombre de
et de plus en plus par rapport à déterminer un
La documentation
elle-même. grands ensembles car il est démontré bon fonctionnement urbain exige demi-siècle, plusieurs millions de est d'être non seulement communau¬ française
grandes unités dans l'agglomération taire mais aussi relationnel. La ville
que le temps exerce une action plus une composition homogène et des provinciaux (surtout des jeunes). parisienne : quartiers dits fonction¬ 102 pages — n° 3517-3518
Ces mutations morphologiques, con¬ caractéristique que la nature de relations organiques. Ainsi quatre habitants sur dix de nels et quartiers dits résidentiels. gothique est donc conçue non en
séquences de l'urbanisation, déter¬ l'habitat la formation des rela¬ l'agglomération parisienne sont nés Cette fonction la résidence mais en
de
sur différenciation se retrouve
minent elles-mêmes des transfor¬ tions sociales.
Ainsi l'aménagement urbain ne sera en Province. fonction de l'efficacité et de la parti¬
aussi au niveau de la banlieue.
mations d'ordre collectif, social, possible que si de nouvelles formes cipation. Chacun des trois princi¬
C'est à un problème aigu auquel
culturel. C'est ici le thème que l'au¬ Quant à la pression sociale, on voit de la vie collective, adaptées à la Si au XIXe siècle cette immigration M. Merlin consacre son éLude puis¬
paux groupes d'individus rassem¬
teur s'efforce de développer tout au que ce n'est pas la réunion dans de société nouvelle, apparaissent. se faisait à partir des départements blés sur le territoire de Paris va qu'il traite du problème des trans¬
long de cet ouvrage. grands ensembles ou le rassemble¬ limitrophes, il est loin d'en être de développer certaines formes d'urba¬ ports à Paris et dans la région
ment dans des ensembles d'habita¬ même aujourd'hui. Ce phénomène parisienne.
Paris: nisme. Les seigneurs ont créé « l'hô¬
A époque où le laisser-faire n'ap¬
une tions très denses qui exercent l'effet est inséparable de l'attraction pro¬ tel », les clercs ont créé les « collèges » Non seulement ce problème est très
paraît ni possible ni souhaitable, il le plus défavorable pour l'indépen¬ fessionnelle exercée par l'agglomé¬
convient d'avoir recours à un nou¬ dance personnelle mais le manque Paris: ration parisienne et par l'effet mobi¬
un héritage culturel et commandé le développement
architectural de leur temps, les
important en lui-même mais il con¬
ditionne les solutions d'autres pro¬
veau mode de régulation de l'exis¬ d'isolement du logement dans l'im¬ lisateur joué par les différences de
Présentation et monumental bourgeois ont déterminé pour un blèmes qui viennent se greffer à celui
tence spatiale des collectivités. Ce meuble et dans l'ensemble, prouvant salaires enregistrées.
long avenir le partage en zones des transports.
nouveau mode de régulation a pour par là que le rôle essentiel est joué
d'une d'occupation différenciée.
nom l'aménagement. Celui-ci est par l'aménagement de la cellule Capitale Il est à noter que
encore la
l'Ouest demeure P. FRANCASTEL Près de trois millions de personnes
une œuvre continue qui consiste en d'habitation. principale région de recru¬ La documentation française A cet âge des « communautés urbai¬ utilisent chaque jour, dans la région
fait GEORGE tement de la population parisienne. succédera celui du corps
à organiser le changement : démarche
P.
58 3483
nes » «
parisienne, un moyen de transport
«il s'agit plus de faire l'avenir que
Une analogue est suivie Par cet apport d'éléments jeunes on pages — n°
social hiérarchisé Trois siècles
La documentation française ».
pour aller de chez elles à leur lieu de
de le prévoir ». Tels sont les termes par l'auteur lorsqu'il étudie la vie serait tenté de déduire que le taux seront nécessaires pour que s'accom¬ travail. Pour ne donner qu'un chiffre
des quartiers de Toulouse et les rela¬ 49 pages n° 3463 de fécondité parisien est élevé. Il n'en
de M. Ledrut. Cet aménagement
tions de leurs habitants avec le centre

plisse cette évolution. Paris va significatif on a pu calculer qu'au
urbain doit tendre vers un opti¬ est rien.
Rejetant la conception selon laquelle prendre sa dimension de « ville repré¬ total, pour chaque année, les pari¬
de la ville. La conclusion à laquelle sentative » Trois
mum
qui sera le parfait ajustement Par la ville serait assimilable à un orga¬ et va s'étendre. siens passent plus de 3 milliards
M. Ledrut aboutit est bien le signe L'élude de M. le Professeur P. George rapport au taux national, le
ou
«l'adaptation des parties sociales taux de natalité est inférieur à Paris
nisme humain (ceci comporterait la étapes marqueront le XVIe siècle d'heures dans leurs déplacements.
de la ville ».
d'une évolution importante : malgré est une point et, une ré¬
mise au notion de déterminisme et de fina¬ et détermineront pour plusieurs
et dans la proche banlieue, alors
son importance dans la vie quo¬ capitulation d'un certain nombre de lité M. Francastel pro¬
absolue), siècles un certain nombre de traits Après avoir passé en revue la voirie
Après avoir fait une rapide analyse tidienne, la réalité d'un quartier faits et de données souvent mal qu'il est largement supérieur dans encore familiers : la transformation ainsi que les moyens de transport
la banlieue plus éloignée. pose plutôt
de reconstituer pour
des différentes transformations qui manque de force, sa signification connues. des monuments du passé les du Louvre, la transformation du tant individuels que collectifs en
chacun
ont affecté cette ville croissance tend de plus en plus à devenir instru¬

En ce qui concerne le taux de morta¬ rapports véritables qui ont existé style et de la disposition des hôtels, soulignant l'influence qu'ils avaient
mentale et mécanique car il n'y a Traitant tout d'abord du « Phéno¬
démographique (20,4 % de 1954 à lité à Paris, il est inférieur d'un point à chaque étape entre l'œuvre et le enfin la réorganisation du cadastre eu sur l'extension des villes, M.
1962, développement des quartiers plus de « communauté locale » de mène Parisien », l'auteur met l'ac¬ Merlin examine le phénomène des
et demi au taux national et il reste milieu humain, soulignant ainsi le Parisien. Le développement de Paris
périphériques) — et après avoir quartier. cent sur la concentration particu¬
55
54
des différents moyens de transport
migrations alternantes et le com¬ coup plus forte pour les utilisateurs
de transports en commun que pour tant individuels que collectifs. Cette
portement des usagers. Ces mi¬
grations jouent un rôle particuliè¬ ceux des transports individuels. partie est illustrée par de nombreux
rement important par leur concen¬
tableaux et figures qu'il est in¬
A la suite de ces constatations M. téressant de consulter.
tration dans le temps et dans l'espace
Merlin est amené à dégager la
et par leur caractère répétitif et très Toute cette étude débouche sur
notion de coût généralisé du dépla¬
contraignant. l'évolution future des besoins. Posant
cement, celui-ci se calcule en fonc¬
Pour se rendre compte de leur tion de hypothèse la croissance
la dépense monétaire, du comme

ampleur il n'est qu'à regarder les temps perdu et des éléments d'in- démographique de la région de
distorsions qui apparaissent dans le confort. On peut ainsi établir des Paris (15 millions d'habitants à la
rapport entre l'emploi offert dans courbes représentant la proportion
fin du siècle) et l'élévation du niveau
un secteur géographique et la popu¬ de vie, l'auteur s'interroge sur les
d'usagers choisissant un moyen de
lation active résidant dans ce sec¬ répercussions de ces deux éléments
transport en fonction de la diffé¬
teur. Ces distorsions sont cause de rence de coût généralisé entre deux sur les transports.
70 % du total des temps de dépla¬ moyens de transport possibles.
cement. Devant la croissance des besoins dont
Ces migrations affectent différem¬
M. Merlin ne se contente pas d'é¬ il est possible de prévoir qu'elle fera
ment les diverses catégories socio¬ tudier les déplacements occasion¬ plus que doubler, l'auteur part à la
nés recherche de solutions techniques
professionnelles : les non salariés se parces migrations alternantes
mais aussi ceux qui sont dus aussi allant de la voiture banalisée au
déplacent peu alors que les « cols tube sous vide en passant par les
blancs » se déplacent énormément. bien aux loisirs, aux achats, aux
affaires et qui viennent grossir les taxis collectifs, l'aérotrain et l'héli¬
Quant à la longueur et la durée des coptère.
effectifs des transports et plus par¬
déplacements ils sont étudiés à l'aide ticulièrement celui des transports
de nombreux tableaux et cartes qui Après avoir insisté sur l'influence
individuels. des transports dans la croissance de
tiennent compte des transports
utilisés. Toutes ces enquêtes font
la banlieue, M. Merlin tire de son
On remarque que les déplacements étude des conclusions pessimistes
ressortir des chiffres particulière¬ d'affaires sont concentrés dans l'es¬
ment frappants concernant les temps tout en soulignant que, quelles
de trajet.
pace mais beaucoup moins dans le que soient les solutions adoptées,
temps alors que la remarque con¬ elles engageront l'avenir pour plu¬
L'importance du phénomène de traire s'impose pour les déplacements sieurs décennies sur le plan des
pointe est elle aussi étudiée. On de loisirs.
transports et pour plusieurs siècles
remarque que ces pointes varient
sur celui du cadre de la vie des pari¬
d'un moyen de transport à l'autre, Après avoir traité du coût des trans¬
siens.
la concentration apparaissant beau¬ ports M. Merlin traite de l'utilisation

Dépôt légal : 3° trimestre 1969 Numéro d'inscription Imprimé en France


Directeur de la publication : Pierre-Yves Ligen à la Commission Paritaire : 47.785 Istra Strasbourg

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