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AAC Colloque international - Call for Papers International Conference

Habiter le care
Le logement et ses abords au défi des gender studies
22, 23 et 24 novembre 2023, Bruxelles
UCLouvain, ULB, Angela.d

Mierle Laderman Ukeles, Washing/Tracks/Maintenance: Outside (July 23, 1973), Wadsworth Atheneum
Museum of Art ©Mierle Laderman Ukeles

Housing Caring Land


Housing through Gender Studies
22, 23 and 24 november 2023, Brussels

1
English below

En affirmant « le privé est politique », la deuxième vague féministe des années 1970 a consacré le lien
entre habitat et études de genre, ouvrant la voie à l’analyse des dimensions spatiales de « l’exploitation
domestique ». En conceptualisant le logement en tant que lieu par excellence du travail ménager et
de la domination masculine, les études de genre ont pu ouvrir la « boîte noire » que constituait alors
l’espace domestique, que la littérature francophone saisissait jusqu’alors essentiellement en termes
de classes sociales1. Cette perspective a pourtant permis de mettre au jour des mécanismes
d’exploitation et d’oppression entre les sexes aussi insidieux que discrets, car protégés de la sphère
publique : charge mentale des femmes, violence domestique, inégalités face à l’emploi dans un
contexte de difficile conciliation entre vie professionnelle et vie privée, dichotomie et hiérarchie entre
travail productif et travail reproductif, etc. (Friedan, 1963 ; Delphy, 1970 ; Franken, 1974 ; Oakley,
1975 ; Hayden, 1982 ; Haicault, 1984).

Près de cinquante années nous séparent de ces apports scientifiques, et les études de genre ont
largement été renouvelées par un ensemble de cadres théoriques, comme le postmatérialisme,
l’écoféminisme, les perspectives intersectionnelles et décoloniales, les théories queer ou encore les
perspectives du care. Or, force est de constater que l’habitat et le travail domestique restent les
parents pauvres de ce renouvellement théorique (Dussuet, 2017). Les théories du care ont pourtant
proposé de nouvelles grilles de lecture pour appréhender les modalités d’articulation entre sphère
publique et monde privé, lesquelles sont souvent envisagées de façon binaire. Non seulement, elles
nous apportent un cadre d’analyse incontournable pour penser les rapports de domination dans et par
le logement, mais elles permettent aussi d’envisager les dimensions anthropologiques des formes et
usages de l’espace et leurs déclinaisons – habiter, fonder, distribuer, transformer (Segaud, 2010).

Apparu dans la littérature féministe américaine à partir des années 1980 (Finch et Groves, 1983 ;
Gilligan, 1982 ; Tronto, 2015 ; Daly et Lewis, 2000), le concept de care permet d’envisager
conjointement l’ensemble du travail accompli, rémunéré ou non, pour répondre à nos vulnérabilités
réciproques comprises dans un ensemble d’interdépendances. Suivant la définition de Joan Tronto, le
care serait ainsi une « activité générique comprenant tout ce que nous faisons pour maintenir,
perpétuer et réparer notre “monde”, de sorte que nous puissions y vivre ensemble aussi bien que
possible » (Tronto, 2015, p. 13). Si le concept de care s’est d’abord imposé pour décrire une nouvelle
conception de la morale politique proposée par les théories rawlsiennes de la justice (Brugère, 2011),
la littérature francophone a rapidement associé cette notion au monde du sanitaire et du social, en la
cantonnant aux métiers de soin les plus faiblement professionnalisés ou à la sphère des « bons
sentiments ». La proposition de Tronto ouvre pourtant un chantier de recherche pour questionner des
problématiques contemporaines majeures : vieillissement de la population, crise sanitaire,
transformation des modèles familiaux, précarité énergétique, etc. Elle invite aussi à penser les
dimensions spatiales des relations sociales, tant pour envisager les pratiques résidentielles que pour
appréhender les logiques de production et de gestion du logement et de ses abords. En positionnant
la vulnérabilité et l’interdépendance au centre de l’analyse du monde social, la perspective du care
ouvre de nouvelles modalités pour penser la cohabitation entre les êtres, humains ou non humains,
mais aussi pour appréhender les processus d’assignation au « travail de production du vivre
ensemble » (Hirata et Zarifian, 2000). Dans une perspective intersectionnelle, cette ambition invite à
lire les rapports sociaux dans les espaces habités en ce qu’ils s’inscrivent dans des processus complexes
de division sociale, sexuelle et internationale du travail domestique (Avril et Cartier, 2019 ; Hirata,
2021). Il s’agit donc d’interroger les dimensions proprement spatiales de ces rapports de pouvoir, dans

1
C’est-à-dire, pour les classes populaires, comme un lieu de protection face aux rapports de domination exercés
dans les autres sphères de la vie sociale (travail, école, etc.) (Schwartz, 2012), ou à l’opposé de la hiérarchie
sociale, comme un espace de démonstration du pouvoir symbolique chez les classes supérieures (Pinçon et
Pinçon-Charlot, 1989).

2
la continuité des travaux qui appréhendent les rapports de genre qui se jouent et s’enracinent dans le
logement (en matière de comptabilité domestique, de statut d’occupation, d’usages, etc.) (Lambert,
Dietrich-Ragon et Bonvalet, 2018).

C’est à partir de ces considérations que ce colloque entend nouer un dialogue entre les théories du
care, la sociologie du logement, l’anthropologie de l’habitat et les études de genre. En quoi les
perspectives du care permettent-elles de renouveler l’articulation entre genre et logement ? Quelles
sont les implications d’ordre éthique, épistémologique, méthodologique et théorique d’un tel
croisement disciplinaire ? En quoi le care permet-il de questionner la binarité d’espaces et d’activités
habituellement pensés comme relevant de deux sphères distinctes : le public et le privé ? L’analyse du
logement sous l’angle du care implique-t-elle nécessairement de « faire du terrain en féministe » (Clair,
2016) ? Dans quelle mesure l’application du cadre conceptuel du care au champ des housing studies
permet-elle de saisir les ressorts socio-spatiaux et transcalaires de l’articulation entre travail productif
et travail reproductif ? Quelle est la portée heuristique de penser les pratiques et modes de production
et de gestion du logement et de ses abords au prisme des processus de division sociale, sexuelle et
raciale du travail domestique ?

Ce colloque entend répondre à ces questions à partir de quatre grandes thématiques, présentées
séparément dans cet appel, mais que les contributeur·rices pourront bien entendu articuler.

1) Des caretakers aux producteur·rices du vivre ensemble dans l’habitat et ses abords : la
division sociale, sexuelle et raciale du travail du care

Ce premier axe propose d’appréhender les transformations du travail du care dans le logement et plus
largement en milieu habité, c’est-à-dire quelles que soient ses formes (logement ordinaire, habitat
mobile, de fortune, squat, etc.), à partir de la notion de caretakers. Alors que dans le monde
francophone, le travail du care est souvent confondu avec le « cure » dans le sens commun (Laugier,
Molinier et Paperman, 2009), les traductions offertes par le substantif anglophone de caretaker
rendent bien compte de ses dimensions relationnelle et interdépendante : caretaker signifie au sens
premier « concierge » ou « gardien·nes du soin » en français, et « vigilant » en espagnol. Cet ensemble
sémantique illustre combien le care se déploie à l’articulation des pratiques de soin aux autres et à
l’environnement – bâti ou non bâti, matériel ou immatériel, humain ou non humain – dans une forme
de continuum plus ou moins revendiqué et politisé comme tel. S’intéresser à qui fait et prend en charge
le care dans le logement, et dans ses abords immédiats (voisinage, rue, quartier), implique de
s’intéresser aux formes – profanes, institutionnelles ou professionnelles – de gestion de l’habitat à
toutes ses échelles. Dans cette perspective, les pratiques de gestion domestique des ressources
énergétiques au sein du logement (chauffage, eau, électricité…), en particulier dans des contextes où
elles sont fortement contraintes et/ou se raréfient (ménages modestes, ménages plus exposés aux
conséquences du dérèglement climatique, etc.), pourraient être étudiées en tant que forme centrale
de care (Perrin-Heredia, 2018). Il peut aussi s’agir de questionner, au-delà du groupe domestique et
des cohabitant·es, les formes d’entraide et les rapports de voisinage qui se jouent autour de ce travail
de care et de la gestion des ressources, ainsi que les modes et dispositifs d’encadrement des
populations logées, qui peuvent éventuellement contraindre ou soutenir leurs pratiques.

Cette section propose ainsi de questionner qui sont les caretakers aux différentes échelles de l’habiter,
et quels sont les supports spatiaux qu’iels mobilisent pour mettre en œuvre leurs pratiques. Observe-
t-on des récurrences sociales en termes de classe, de race, d’âge et de genre dans le travail consistant
à faciliter les modes de cohabitation et de coprésence dans les espaces du logement et de ses abords ?
Dans quelle mesure la gestion quotidienne et ordinaire des espaces de vie contribue-t-elle en retour à
la construction d’identité sociale et sexuée ? Quels rôles jouent les acteur·rices intermédiaires de

3
l’habitat ? Et comment prendre en compte les effets de conjoncture et historiciser les rapports de
pouvoir observés2 ?

La question pourrait également être posée à partir de considérations morales et éthiques. En quoi les
formes de cohabitation avec des personnes en situation de vulnérabilité peuvent-elles être le support
de pratiques attachées à une éthique de la responsabilité face aux besoins des autres ? Dans quelle
mesure cette éthique se confronte-t-elle à des conceptions instrumentales de la vie sociale, dans
laquelle les principes de « mérite », de « rendement » ou encore de « rentabilité », contribuent à
accroître encore davantage l’invisibilité du travail, gratuit ou quasi gratuit, des producteur·rices de
soin ? À l’inverse, si on entend le care par la négative (I don’t care), en quoi cette notion est-elle
heuristique pour appréhender des formes de négligence, d’indifférence et de maltraitance de
l’environnement résidentiel, dans ses dimensions à la fois humaine et écologique ?

La notion de coveillance, qui définit des formes de « prise en charge mutuelle des individus [d’un]
quartier » (Rosenberg, 1980, p. 80), peut également permettre d’appréhender les aptitudes
différenciées des individus à mettre en œuvre des pratiques de care, voire à mobiliser une éthique du
care, et ainsi à comprendre des formes de stratifications internes entre les populations d’un même
environnement. Là où certain·es peuvent mobiliser facilement des réseaux de parenté ou disposent
d’un capital d’autochtonie permettant d’accéder à certaines formes d’entraide et de reconnaissance à
l’échelle locale, d’autres peinent à trouver l’aide dont iels ont besoin pour faire face à leur dépendance
et/ou pour gérer les imprévus de la vie quotidienne. Dans cette perspective, l’analyse pourrait
appréhender en quoi l’inégale aptitude à recevoir et demander du care peut être un marqueur
d’inégalités dans l’espace habité. Elle pourrait également adopter une perspective géographique, en
s’intéressant aux mouvements pendulaires occasionnés par le care, notamment lorsque celui-ci est
externalisé. Si les conséquences de la mondialisation du marché du travail du care et des migrations
internationales qu’elle occasionne ont déjà été démontrées3 (Avril et Cartier, 2019), il reste à saisir les
effets des migrations de care à des échelles plus fines (échelles métropolitaines, communales,
infracommunales). Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité que les caretakers
professionnels occupent des métiers dits de « premières lignes » (travailleur·euse·s domestiques,
agent·es d’entretien, travailleur·euse·s sociaux…) ; et contrairement aux cadres ou aux professions
supérieures, iels disposent de faibles marges de manœuvre dans leur emploi du temps (Avril, 2018).
Ainsi, quelles sont les incidences des mouvements pendulaires des caretakers qui s’occupent d’autres
habitats et/ou d’occupant·es que ceux dans lesquels iels vivent ? Observe-t-on des « crises du care »
dans les pays du Nord, et notamment dans certains espaces métropolitains ?

2) L’espace du care : l’architecture et la distribution sexuée du travail

Cet axe s’intéresse à l’espace du care et aux conditions matérielles qui le favorisent. Dans la littérature
francophone, le travail du care est souvent réduit à un ensemble de tâches ménagères ou de soin
apporté aux personnes considérées comme les plus vulnérables – notamment les enfants et les
aîné·es, que celui-ci soit assigné à une ou des personnes du ménage, ou qu’il soit externalisé auprès
d’aidant·es familiaux ou de travailleur·euses domestiques. Or, si on adopte une posture féministe,
cette circonscription du care à l’espace du logement est insuffisante, en ce qu’elle ne permet pas de
penser l’articulation des échelles entre espace public et espace privé. La notion de caresupport semble
dès lors heuristique. Elle permet de définir des espaces qui, à l’échelle du logement et de ses abords,

2
Comme nous invitent à le faire les travaux sur les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur
l’« enfermement domestique » des mères et le sur-travail de care que la politique de confinement a généré pour
elles (Lambert et al., 2021 ; Lambert, Girard et Guéraut, 2021).
3
Certains auteur·rices parlent ainsi de « crise du care » dans les pays du Sud occasionnées par les migrations des
pourvoyeur·euses du care (Borgeaud-Garciandía, Araujo Guimarães et Hirata, 2020 ; Ibos, 2020).

4
soutiennent la production de pratiques du care (Courbebaisse et Salembier, 2022, à paraître). Il peut
s’agir d’espaces communs de garde d’enfants, de cuisine, de commerces, d’activités sociales ou
médicales, de lavoirs, etc. Si l’on considère l’espace comme un vecteur majeur de la socialisation des
individus (Cayouette-Remblière, Lion et Rivière, 2019), il s’agit alors de saisir à la fois le logement et
ses abords en tant qu’ils sont façonnés par les caretakers, mais aussi comment ces espaces les
façonnent en retour (Courbebaisse, 2023). Autrement dit, l’architecture de nos espaces habités peut-
elle inciter, faciliter ou entraver le care ? Quels sont les processus spatiaux de l’assignation au travail
du care ? En quoi l’architecture de nos espaces habités peut-elle constituer un support pour effectuer
ce travail ? À l’inverse, le travail du care peut aussi contribuer à transformer l’espace. Quelles stratégies
d’appropriation spatiale les caretakers mobilisent-iels dans leurs pratiques ? Comment ces
pourvoyeur·euses de soin imbriquent-iels les différentes échelles de l’habiter, et comment
l’articulation de ces différentes échelles dans l’habitat impacte leur travail ? Dans une perspective
postmatérialiste, peut-on faire l’hypothèse que l’architecture, si elle ne détermine pas à elle seule les
pratiques, participe à la transformation des logiques de division sociale, sexuelle, raciale et
internationale du travail du care ? En quoi le care peut-il permettre de penser la manière dont
l’architecture véhicule (ou à l’inverse, amenuise) des stéréotypes de genre ?

Les propositions pourront également mobiliser une approche historique attentive à l’évolution
diachronique des conditions matérielles du care (Fleury, 2022). Existe-t-il des modèles ou des
typologies architecturales qui prennent en compte le care, et de quelles façons (familistère, habitat
partagé, squat, etc.) ? Comment les « besoins » de care ont-ils fait évoluer ces modèles et typologies,
et de quelles façons ? Peut-on proposer une histoire de l’architecture au prisme de l’assignation sociale
et spatiale à la production du vivre dans la quotidienneté ? Les perspectives postcoloniales,
décoloniales ou subalternes, qui interrogent l’histoire de l’architecture au prisme des épistémologies
du point de vue, seront particulièrement bienvenues.

3) Pour une politique du care : le problème public du logement sous l’angle du care

Un troisième axe portera sur les politiques publiques du logement à l’épreuve des théories féministes
du care. Rappelons en effet que ce colloque porte une double ambition : discuter d’une part de la
pertinence du concept de care en tant que grille d’analyse des rapports de genre dans et par le
logement ; débattre d’autre part de l’éthique du care en tant que projet politique, soit l’avènement
d’une société fondée sur la reconnaissance sociale et institutionnelle des pourvoyeur·euses du care
(Tronto, 2015 ; Brugère, 2011). Cette double ambition amène ainsi à questionner la fabrique des
politiques publiques du logement sous l’angle du care et du genre. Pour le dire autrement, est-il
possible de proposer une sociologie politique du logement au prisme de l’éthique du care ? Quelles
sont les implications théoriques, méthodologiques et épistémologiques d’une approche de l’action
publique à partir de cette éthique ? Dans une autre perspective disciplinaire, si on admet que le care
et l’habiter sont des invariants anthropologiques (Tronto, 2015 ; Segaud, 2010), peut-on envisager une
anthropologie politique de la maintenance ou de l’entretien de nos espaces de vie ?

Cet axe propose ainsi de rassembler des propositions qui questionnent le problème public de l’habitat
sous l’angle du care et de l’imbrication des rapports sociaux. Par exemple, il pourrait s’agir de regarder
la manière dont le care est travaillé par les politiques publiques et par les acteur·rices qui les définissent
ou les mettent en œuvre, mais aussi comment ces acteur·rices s’approprient, traduisent, négocient et
transforment cette éthique dans leurs propositions ou leurs pratiques. Ainsi, qui sont les relais ou les
entrepreneur·euse·s de l’éthique du care dans les politiques du logement ? Quels rôles jouent les
chercheur·euses dans la diffusion, la promotion et l’actualisation de cette éthique, et quels dialogues
entretiennent-iels avec les acteur·rices de l’habitat ? Quel rôle joue le milieu associatif et militant de
la cause égalitariste ? Assiste-t-on à des formes de collusion ou de circulation – internationale et/ou

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multiniveaux – de cette éthique dans les différentes échelles de l’action publique ? Comment, et par
qui, cette éthique se traduit-elle opérationnellement ?

Les propositions pourront autant questionner les définitions juridiques et les traductions législatives
de l’éthique du care, que l’échelle méso des organisations ou celle des interactions entre
professionnel·les et usager·es. Ainsi, en quoi le care et l’éthique qui lui est associée peuvent-ils
constituer une grille d’analyse des politiques du logement ? Peut-elle constituer un outil de
planification territoriale pour faire face à la « crise » du logement, et notamment à la pénurie
structurelle de logements abordables dans les villes mondiales ? Les travaux qui s’inscrivent dans une
ethnographie « multi-située » (Marcus, 1995), ou encore dans une perspective comparative
internationale seraient ainsi particulièrement bienvenus.Il s’agit aussi de questionner les enjeux de
marchandisation dont les pratiques de care au sein du logement font de plus en plus l’objet (livraison
des repas, ménage, soins et toilettes corporels, loisirs et ambiance, etc.). Cette mise en marché du care
mérite d’autant plus l’attention qu’elle s’accompagne d’un développement de produits résidentiels
qui entendent répondre à ces « besoins » (résidence senior, coliving pour jeunes actifs aisés, etc.). Ces
produits proposent ainsi des logements à la location dont la tarification inclut un ensemble de services
intégrés au logement, ainsi privatisés et sous-traités (Casier, 2023). Ces nouveaux produits, pour
certains dérivés de la financiarisation du marché du logement, sont-ils « comptabiles » avec une
société fondée sur l’éthique du care ?

Une autre manière de questionner les relations entre politiques du logement et care peut revenir à
prendre l’économie du logement comme objet d’analyse. À l’articulation entre l’économique et le
social, les politiques du logement constituent un pilier des économies capitalistes (Zittoun, 2001 ; De
Keersmaecker et Zimmer, 2019), dont la définition et la mise en œuvre pourraient là encore être
interrogées sous l’angle du genre et du care. Quelles formes de soin les acteur·rices de l’économie du
logement accordent-iels aux modes de construction, aux matériaux qu’iels utilisent et aux conditions
de travail sur les chantiers (Fitz et Krasny, 2019) ? Comment raisonnent-iels ou non avec les enjeux de
justice environnementale portés par les tenants de l’éthique du care (Laugier, 2015) ? Est-il seulement
possible, à défaut d’être souhaitable, de promouvoir une éthique du care qui concilie les contraintes à
la fois techniques, règlementaires, temporelles et budgétaires dans la production des logements ?

Questionner les politiques du logement sous l’angle du genre et du care, c’est aussi questionner leur
articulation avec d’autres politiques publiques et sociales qui lui sont directement ou indirectement
rattachées. Les travaux pourraient ainsi porter sur les modes d’attribution des logements sociaux ou
aidés par la puissance publique, et interroger ce faisant les modes d’articulation entre politiques du
logement et politiques sociales et familiales. En quoi la prise en compte du care dans la politique du
logement peut-elle constituer une grille d’analyse pour appréhender les politiques sociales et
familiales (Letablier, 2001) ? En quoi cette analyse peut-elle conduire à repenser les conventions de
genre rattachées aux politiques publiques ?

Enfin, les propositions pourraient porter sur les effets des politiques de démocratie locale et de l’appel
au secteur associatif pour encadrer le cadre de vie des habitant·es, en ce que celles-ci produisent des
pratiques de care. Ainsi, l’entrée par le care peut-elle permettre de repenser le genre de « l’impératif
participatif et délibératif » qui jalonne nos démocraties contemporaines (Blondiaux et Sintomer, 2002 ;
Paoletti et Rui, 2015) ? Dans quelles mesures l’injonction participative contribue-t-elle à renforcer,
maintenir ou lutter contre l’inégale assignation à produire les conditions du vivre ensemble (Leclercq,
2021) ? En quoi ces pratiques de care conduites au nom de la « participation des habitant·es » se
situent à l’articulation entre travail gratuit et engagement citoyen (Simonet, 2010) ?

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4) Dire le care, c’est faire le care ? La performativité du care dans et par l’architecture de nos
habitats

Le quatrième axe propose de nourrir le dialogue entre care, genre et logement sous l’angle des
discours, des narrations et de la production discursive qui racontent le logement et ses abords. Cette
thématique peut se décliner sur plusieurs entrées.

Sans viser l’exhaustivité, on peut tout d’abord questionner les pratiques des architectes et des
acteur·rices de la fabrique de la ville, en ce qu’iels produisent des représentations et des projections
de la réalité susceptibles d’assigner des rôles sociaux et sexués différenciés aux individus, et conduire
à surdéterminer la répartition du travail du care. Ainsi, les modes de représentation et de projection
de la réalité inhérente à la production architecturale ont-ils un genre ? Comment les hommes et les
femmes sont représentés dans les projets d’architecture ? Quelles sont les performances de genre
véhiculées dans les récits ou les représentations des projets, et en quoi ceux-ci assignent-ils ou
prédéterminent-ils des rôles sociaux et sexués différenciés auprès des individus ? Pour le dire
autrement, le concept de care permet-il de « dénaturaliser » l’architecture ?

Une autre manière de poser ces questions revient à s’intéresser aux discours ou aux représentations
portées sur la ville et l’espace domestique, et à la manière dont ces productions discursives parlent ou
ne parlent pas du care. Ainsi, en quoi les discours des usager·es, des décideur·euses, des
concepteur·rices de l’aménagement de l’espace ou de toute autre personne ayant un accès facilité à
l’espace médiatique (in)visibilisent le travail du care ? Au fil de l’histoire de l’architecture et de la
professionnalisation de l’art de bâtir, quelles conceptions du care ont pu être défendues ou privilégiées
par les concepteur·rices, et comment les analyser ? Quelle place les médias accordent-ils ou ont-ils
accordée aux pourvoyeur·euses du care ? En quoi ce traitement est-il différencié en fonction de leur
genre, leur âge, leur « race » ou leur orientation sexuelle ? Si « dire la ville, c’est faire la ville » (Fijalkow,
2017), peut-on affirmer que « dire le care, c’est faire le care » dès lors qu’on étudie le logement en
féministe ? Observe-t-on des formes plus ou moins subreptices d’instrumentalisation des discours, de
« carewashing » ou « genderwashing » dans la manière de parler de l’espace domestique et de ses
abords ? À l’inverse, peut-on accéder au « texte caché » (hidden transcript) (Scott, 1992) des
pourvoyeur·euses du care, et à quelles conditions ? Quels outils et précautions méthodologiques peut-
on mobiliser pour recueillir leur parole ? Quels outils historiographiques peut-on mobiliser pour faire
une histoire de l’architecture au prisme du care et/ou du genre ? Le care permet-il d’écrire une
« histoire féministe de l’architecture » (Dadour, 2022) ?

Enfin, les propositions de cet axe pourront directement questionner la place des archives et de la
mémoire collective et/ou individuelle dans le monde social. Peut-on et doit-on appliquer une éthique
du care à nos façons de (ré)écrire l’histoire de l’architecture ? Quels soins, quelles formes de
maintenance et d’entretien peut-on accorder à nos archives et à la manière dont on les exploite dans
nos travaux académiques ou opérationnels ?

En pratique

Ce colloque s’adresse autant à un public académique – étudiant·es, doctorant·es, jeunes chercheur·es


ou expérimenté·es – qu’à un public militant ou opérationnel. Les propositions pourront être autant
d’ordre empirique, que théorique, épistémologique ou méthodologique. Les communications centrées
sur un récit d’expérience de projets de logements ou d’expériences d’habitats impliquant une
perspective féministe et/ou attentive au care seront également bienvenues. Quel que soit l’axe choisi,
les propositions pourront faire intervenir une perspective intersectionnelle ou imbricationnelle,
attentive à l’articulation des rapports de domination.

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Les propositions devront compter au maximum 3 500 signes espaces compris, hors bibliographie, et
pourront être envoyées en français et/ou en anglais. Un projet de publication à l’issue du colloque est
également envisagé. Les interventions orales devront être accessibles pour un public large et non
académique.

La date limite de soumission des propositions est le 20 août 2023.


Les propositions doivent etre adressées à l’adresse suivante : genre-logement@uclouvain.be
Les candidat·es recevront une réponse autour de la mi-septembre.

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English version

Housing Caring Land


Housing through Gender Studies
22, 23 and 24 november 2023
UCLouvain, ULB, Angela.d

The second wave egalitarian feminism established the link between housing and gender studies, by
claiming “the Private is Political” which allowed the spatial analysis of “domestic exploitation”. Thus,
gender studies were able to open up the “black box” of domestic space, by conceptualizing housing as
the place of household work and male domination, which until then had been limited in French-
language literature to social class4. This perspective brought to light mechanisms of exploitation and
oppression between the sexes that were otherwise protected from the public sphere some examples
include: women’s mental burdens, domestic violence, inequalities in employment in a context of
difficult reconciliation between professional and private life, the dichotomy and hierarchy between
productive and reproductive work, etc. (Friedan, 1963; Delphy, 1970; Franken, 1974; Oakley, 1975;
Hayden, 1982; Haicault, 1984).

Almost fifty years separate us from these scientific contributions, and since then, gender studies have
largely been renewed by a whole range of theoretical frameworks, such as postmaterialism,
ecofeminism, intersectional and decolonial perspectives, queer and care theories. However, it is
necessary to recognize that housing and domestic work remain poorly studied within these theoretical
renewal (Dussuet, 2017). Care theories have filled this gap by proposing new ways of understanding
the ways in which the public sphere and the private world are linked, which have often been
considered as two separate elements. On the one hand, these theories provide us with an essential
analytical framework for thinking about relations of domination in and through housing. And on the
other hand, care theories enable us to consider the anthropological dimensions of the forms and uses
of space and their variations - inhabiting, founding, distributing, transforming (Segaud, 2010).

the concept of care appeared in American feminist literature from the 1980s onwards (Finch and
Groves, 1983; Gilligan, 1982; Tronto, 2015; Daly and Lewis, 2000). It allows us to jointly consider all the
work performed (paid or unpaid) and to respond to our reciprocal vulnerabilities understood within a
set of interdependencies. Based on Joan Tronto’s definition, care is “a species activity that includes
everything that we do to maintain, continue, and repair our ‘world’ so that we can live in it as well as
possible” (Tronto, 2015, p. 13). While the concept of care first emerged to describe a new conception
of political morality proposed by the John Rawls’ theory of justice (Brugère, 2011), French-language
literature quickly linked this notion to elements of health and social care. This new perspective allowed
confining the concept of care to the poorest professionalized care professions or to the sphere of
“good feelings”. Tronto’s contribution allows questioning major contemporary issues, such as
population aging, health crisis and transformation of family models, energy precariousness. It also
invites us to think about the spatial dimensions of social relations, both in terms of residential practices
and the logic of production and management of housing and their surroundings. By focusing our
attention on vulnerabilities and interdependencies to analyze our societies, the care perspective opens
up new ways of thinking about cohabitation between beings (whether human or non-human), and of

4
Schematically, housing has been thought of above all as a protective space for the working classes in the face
of the relationships of domination exercised in other spheres of social life (work, school...) (Schwartz, 2012), or
at the opposite end of the social hierarchy, as a space of symbolic power demonstration for the upper classes
(Pinçon and Pinçon-Charlot, 1989).

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apprehending the processes of “work of producing living together” (Hirata and Zarifian, 2000). From
an intersectional perspective, this invites us to read social relations in inhabited spaces as complex
processes of social, sexual and international division of domestic labor (Avril and Cartier, 2019; Hirata,
2021). The challenge, then, is to examine the spatial dimensions of these power relations, following on
from the work on the gender relations at play in and rooted in housing (in domestic accounting,
occupancy status, uses, etc.) (Lambert, Dietrich-Ragon and Bonvalet, 2018).

To address those gaps, this conference intends to establish a dialogue between care, housing and
gender studies. We try to answer, how do the perspectives of care allow us to renew the relations
between gender and housing? What are the ethical, epistemological, methodological and theoretical
implications of this inter-disciplinary approach? How does care challenge the binary between public
and private? Does analyzing housing from a care perspective necessarily involve “doing fieldwork as a
feminist” (Clair, 2016)? To what extent does the application of care to housing studies make it possible
to grasp the socio-spatial and trans-scalar roots of the articulation between productive and
reproductive tasks? What do we learn by thinking about the practices and modes of production and
management of housing and its surroundings through the prism of processes of social, sexual, racial
and international division of domestic labor?

This colloquium aims to answer these questions through four main themes, presented separately in
this call for papers, but which contributors will, of course, be able to articulate.

1) From caretakers to producers of living together in and around the home: the social, sexual
and racial division of care work

This first section looks at transformations in the work of care in the lived environment, based on the
notion of caretakers. While in the French-speaking world, care work is often confused with "cure" in
the common sense (Laugier, Molinier and Paperman, 2009), the translations offered by the English
noun caretaker capture the relational and interdependent dimension of inhabitation: caretaker
literally means “concierge” or “guardians of care” in French, and “vigilant” in Spanish. This ensemble
illustrates the extent to which care unfolds at the interface between practices of caring for others and
the environment - built or unbuilt, tangible or intangible. Looking at who provides care in and around
the home implies an interest in the forms – lay, institutional or professional – of habitat management
at all these levels. This may involve questioning the social meaning of forms of mutual aid,
neighborhood social relations and the ways in which housing populations and their environment are
managed, or any social or political activity contributing to the maintenance of collective life.

This section looks at the different caretakers that operate at different scales of inhabitation, and which
spatial supports they mobilize to implement their practices. Do we observe recurring identities in terms
of class, race, age and gender in the work of facilitating modes of cohabitation and co-presence in the
spaces of housing and its surroundings? To what extent does the day-to-day, ordinary management of
living spaces contribute to the construction of social and gendered identity? What roles do
intermediary housing players play? Can we question the effects of the current situation and historicise
the power relationships observed, as the research on the consequences of the Covid-19 pandemic in
terms of the “domestic confinement of mothers” invites us to do (Lambert et al., 2021; Lambert, Girard
and Guéraut, 2021)?

Questions could also be raised from moral and ethical considerations. In what way can forms of
cohabitation with people in vulnerable situations support practices based on an ethic of responsibility
in the face of the world’s needs? To what extent does this ethic clash with a rational and logical
conception of social life, in which items such as “social success” or the “merit” of a few are achieved
10
at the cost of the invisible, gratuitous or quasi-gratuitous work of care producers? Conversely, if we
look at care from a negative perspective (I don’t care), what do we learn in terms of neglect,
indifference and mistreatment in the residential environment?

The notion of coveillance, which is defined as “mutual care of individuals [in a] neighborhood”
(Rosenberg, 1980, p. 80), can also be used to understand the differentiated abilities of individuals to
mobilize care practices. It even allows us to understand forms of internal stratification between
populations in the same environment. Some people can easily mobilize kinship networks or have a
capital of autochthony to get help, others struggle to find the help they need to cope with their
dependency. Based on this, the analysis could consider how the unequal ability to receive and request
care can be a marker of inequalities in the inhabited space. It could also take a geographical
perspective, by looking at the commuting involved in providing care, particularly when this is
outsourced. While the consequences of the globalization of the care labor market and the international
migrations, have already been demonstrated5 (Avril and Cartier, 2019), the effects of care migrations
at finer scales (metropolitan, communal, infra-communal) remain to be grasped. This question targets
professional caretakers also referred to as “front-line” occupations (domestic workers, cleaners, social
workers...). Unlike executives or senior professions, these professions have little room for maneuver
in their time use (Avril, 2018). What are the implications of caretakers who look after habitats and/or
occupants other than those in which they live? Are we seeing “care crises” in Northern countries, and
particularly in certain metropolitan areas?

2) The space of care: the architecture and gendered distribution of work

This section looks at the space of care and the material conditions that make it possible. In French-
language literature, care work is often reduced to a set of household tasks or care for those considered
most vulnerable - notably children and the elderly, whether assigned to one or more people in the
household, or outsourced to family carers or domestic workers. However, from a feminist point of
view, this definition of care to the space of the home is insufficient because it does not allow us to
consider the articulation of scales between public and private space. The notion of caresupport allows
to fill this gap. It enables us to define spaces which, on the scale of the home and its surroundings,
support the production of care practices (Courbebaisse and Salembier, 2022, forthcoming). This
includes communal spaces for childcare, cooking, shopping, social or medical activities, laundries, and
so on. If we consider space as an element that allows indivisuals to socializem (Cayouette-Remblière,
Lion and Rivière, 2019), then we need to grasp both the dwelling and its surroundings as shaped by
caretakers including how these spaces shape them in return. In other words, can the architecture of
our living spaces encourage, facilitate or hinder care? What are the spatial processes of care work?
How can the architecture of our living spaces support care work? Conversely, care work can also help
to transform space. What strategies of spatial appropriation do caretakers mobilize in their practices?
How do these care providers experience the different scales of inhabitation, and how do these
different scales impact their work? From a post-materialist perspective, can we hypothesize that
architecture influences or transforms the logics of social, sexual and racial division of care work? How
can care help us to think about the way in which architecture conveys (or, conversely, diminishes)
gender stereotypes?

5
Some authors speak of a “care crisis” in the South countries caused by the migration of caretakers (Borgeaud-
Garciandía, Araujo Guimarães et Hirata, 2020 ; Ibos, 2020).

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Proposals may also draw on a historical approach that focuses on the diachronic evolution of the
material conditions of care (Fleury, 2022). Are there architectural models or typologies that take care
into account, and in what ways? How have the “needs” of care made these models and typologies
evolve, and in what ways? Can we propose a history of architecture through the prism of social and
spatial assignment to the production of everyday life? Postcolonial, decolonial and subaltern
perspectives, which question the history of architecture through the prism of the social and spatial
assignment to the production of everyday life, are also of interest.

3) For a politics of care: the public housing problem seen through the lens of care

This third theme will examine public housing policies within theories of feminist care. This conference
has two main goals: the first goal is to discuss the relevance of the concept of care as a grid for analyzing
gender relations in and through housing; and the second goal is to debate the ethics of care as a
political project, i.e. the advent of a society based on the social and institutional recognition of care
providers (Tronto, 2015; Brugère, 2011). This dual ambition leads us to question the creation of public
housing policies from the perspective of care and gender. To put it another way, is it possible to
propose a political sociology of housing through the prism of the ethics of care? What are the
theoretical, methodological and epistemological implications of public actions based on this ethic?
From another disciplinary perspective, if we accept that care and inhabitation are anthropological
invariants (Tronto, 2015; Segaud, 2010), can we envisage a political anthropology of the maintenance
or upkeep of our living spaces?

This theme proposes to bring together proposals that question the public problem of housing and
housing policies from the angle of care and its connection with social relationships. For example, we
could look at the way in which care is addressed by public policies and by the actors who define or
implement it, and also at how these actors appropriate, translate, negotiate and transform this ethic
in their proposals and practices. So, who are those actors or entrepreneurs of the care ethic in housing
policies? What role do researchers play in disseminating, promoting and updating this ethic, and what
dialogue do they maintain with housing stakeholders? What role do associations and egalitarian
activists play? Are we witnessing any forms of collusion or circulation – international and/or multi-level
– of this ethic in the various levels of public action? How, and by whom, is this ethic translated
operationally?

Proposals may question legal definitions and legislative translations of the ethic of care, as well as the
meso-scale of organizations and interactions between professionals and users. For example, how can
care and its associated ethics be used to analyze housing policies? Can it constitute a territorial
planning tool for tackling the housing “crisis”, and in particular the structural shortage of affordable
housing in the world’s cities? Work that takes a “multi-sited” ethnography approach (Marcus, 1995),
or an international comparative perspective, would thus be particularly welcome.

It also involves questioning the commodification issues to which care practices within the home are
increasingly subject (meal delivery, cleaning, body care and toileting, leisure and ambience, etc.). This
marketing of care is all the more worthy of attention because it is accompanied by the development
of residential products that aim to meet these 'needs' (senior residences, coliving for affluent young
professionals, etc.). These products offer rented accommodation, the price of which includes a range
of services integrated into the accommodation, which are then privatised and outsourced (Casier,
2023). Are these new products, some of which stem from the financialisation of the housing market,
'compatible' with a society based on the ethic of care?

12
Another way of looking at the relationship between housing policy and care is to take the economics
of housing as the object of analysis. Therefore, housing policies become a pillar of capitalist economies
(Zittoun, 2001; De Keersmaecker and Zimmer, 2019), whose definition and implementation could
again be questioned from the perspective of gender and care. What forms of care do players in the
housing economy assign to construction methods, the materials they use and working conditions on
building sites (Fitz et Krasny, 2019)? How do they reason, or not, within environmental justice issues
raised by advocates of the ethic of care (Laugier, 2015)? Is it even possible, to promote an ethic of care
that reconciles technical, regulatory, temporal and budgetary constraints in housing production?

Questioning housing policies from the perspective of gender and care also means questioning their
articulation with other directly or indirectly related public and social policies. For example, research
could focus on the allocation of social housing or housing subsidized by public authorities, hence they
can question the ways in which housing policies are linked to social and family policies. How can using
care in housing policy provide a framework for analyzing social and family policies (Letablier, 2001)?
How can this analysis lead to a rethinking of the gender conventions associated with public policies?

Finally, proposals could focus on the effects of local democracy policies and the use of the voluntary
sector to manage residents’ living environments and produce care practices. Can the care approach
help us rethink the gender of the “participatory and deliberative imperative” that marks out our
contemporary democracies (Blondiaux and Sintomer, 2002; Paoletti and Rui, 2015)? To what extent
does the participatory injunction contribute to reinforcing, maintaining or combating unequal
conditions for living together (Leclercq, 2021)? In what way do these care practices, carried out in the
name of “resident participation”, lie at the crossroads between free work and civic engagement
(Simonet, 2010)?

4) Saying care is doing care? The performativity of care in and through the architecture of our
homes

The fourth theme explores the dialogue between care, gender and housing from the angle of the
discourses, narratives and discursive production that tell the story of housing and its surroundings.
This theme can be broken down into several entries.

We start by questioning the practices of architects and those involved in the making of the city, as they
produce representations and projections of reality that are likely to create different social and
gendered roles to individuals, and lead to an over-determination of the division of care work. Do the
modes of representation and projection of reality inherent in architectural production have a gender?
How are men and women represented in architectural projects? What gender performances are
conveyed in project narratives or representations, and how do they assign or predetermine
differentiated social and gendered roles for individuals? To put it another way, does the concept of
care make it possible to “denaturalize” architecture?
Another way of posing these questions is to look at the discourses and representations of the city and
domestic space, and how these discursive productions do or do not speak of care. So, how do the
discourses of users, decision-makers, spatial designers or anyone else with easy access to media make
the work of care visible (or invisible) ? Throughout the history of architecture and the
professionalization of the art of building, what conceptions of care have been defended or favored by
designers, and how can we analyze them? What role do or did the media give to care providers? How
does this treatment differ according to gender, age, “race” or sexual orientation? If “saying the city is

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doing the city” (Fijalkow, 2017), can we say that “saying care is doing” when studying housing as a
feminist point of view? Do we observe any surreptitious forms of instrumentalization of discourse, of
“carewashing” or “genderwashing” in the way we talk about domestic space and its surroundings?
Conversely, can we access the “hidden transcript” (Scott, 1992) of care providers, and under what
conditions? What methodological tools and precautions can be mobilized to capture their words?
What historiographical tools can be mobilized to make a history of architecture through the prism of
care and/or gender? Does care make it possible to write a “feminist history of architecture” (Dadour,
2022)?

Finally, proposals may directly question the place of archives and collective and/or individual memory
in the social world. Can and should we apply an ethic of care to the way we (re)write architectural
history? What kind of care, maintenance and upkeep can we give to our archives and the way we
exploit them in our academic or operational work?

Practical information

This conference aims to integrate academic audience – students, doctoral students, young or
experienced researchers – activist and general audience. Proposals may be empirical, theoretical,
epistemological or methodological. Papers focusing on the experience of housing projects or
experiments involving a feminist and/or care-aware perspective will also be welcomed. Proposals may
include an intersectional or l overlapping perspective, attentive to the articulation of relations of
domination.
Proposals should not exceed 3,500 characters including spaces, excluding bibliography, and may be
submitted in French or/and English. We also foresee a publication project following the colloquium.
Presentations should be accessible to a broad, non-academic audience.

The deadline for submission of proposals is 20 August 2023.


Proposals should be sent to the following address: genre-logement@uclouvain.be
Applicants will receive a reply around mid-September.

Comité scientifique-Scientific Committee :


- Nele Aernouts (VUB, Cosmopolis)
- Jean-Didier Bergilez (ULB, Hortence)
- Audrey Courbebaisse (UCLouvain, LAB-Uses&Spaces)
- Stéphanie Dadour (ENSAPM, AUSser-ACS)
- Sylvette Denèfle (CITERES)
- Marie Durand (U. Strasbourg, LinCS)
- Annie Dussuet (U. Nantes, CeNS)
- Pierre Gilbert (Paris 8, CRESPPA-CSU)
- Hilde Heynen (KUL, LUSI)
- Anne Lambert (INED, LIST)
- Joanne Le Bars (U. Gustave Eiffel, ACP)
- Benjamin Leclercq (UCLouvain, LAB-Uses&Spaces)
- Emmanuelle Lenel (USL, Césir)
- Corinne Luxembourg (Paris 13, Pléiade)
- Chloé Salembier (UCLouvain, LAB-Uses&Spaces)
- Christine Schaut (USL, Césir)
- Lidewij Tummers (Utwente, CSTM)

14
Comité d’organisation-Organisation Committee : Chloé Salembier (UCLouvain), Benjamin Leclercq
(UCLouvain), Magali Verdier (Angela.D), Chris Thiry (Angela.D), Marina Bigaignon (Angela.D), Jean-
Didier Bergilez (ULB), Apolline Vranken (ULB), Audrey Courbebaisse (UCLouvain)

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