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Geneviève De Lacour

L’intestin

C’est la vie
© Éditions First, un département d’Edi8, Paris, 2017.

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ISBN : 978-2-412-02203-0
ISBN numérique : 9782412027943
Dépôt légal : avril 2017

Correction : Anne-Lise Martin


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1 - Petite histoire du ventre
« La panse, c’est la danse », disait Rabelais. L’écrivain humaniste de la
Renaissance est l’un des auteurs français qui ont le plus célébré le ventre. Il
écrivait aussi : « Il faut que le ventre soit heureux. »

La langue française possède de nombreuses expressions contenant les mots


ventre, estomac ou tripes. Ne dit-on pas : avoir la peur au ventre, faire
ventre, ventre à terre, ventre affamé n’a pas d’oreilles, avoir des papillons
dans le ventre, avoir une boule au ventre, avoir les yeux plus gros que le
ventre, se mettre à plat ventre (devant quelqu’un), prendre aux tripes, avoir
des tripes (ou ne pas en avoir…), avoir l’estomac à l’envers, avoir
l’estomac bien accroché… Quand quelque chose nous reste sur l’estomac,
que l’on n’arrive pas à digérer une nouvelle, là aussi, il est question de
l’appareil digestif.

Pourquoi cet intérêt pour le ventre ? Pourquoi tient-il une place si


importante dans les expressions françaises ? C’est peut-être parce que le
ventre est non seulement le lieu de notre digestion, mais aussi celui de nos
émotions.

Savez-vous par exemple d’où vient cette question qu’on vous pose :
Comment allez-vous ? À l’origine, il s’agissait de demander : Comment
allez-vous à la selle ? Comment se passe ce moment intime qui consiste à se
débarrasser du fruit de votre digestion ? En d’autres termes, avez-vous bien
déféqué aujourd’hui ? Il est vrai que la consistance de nos excréments est
souvent le reflet de notre santé. Il est vrai qu’en d’autres temps, lorsque la
médecine n’était pas aussi performante qu’aujourd’hui, une dysenterie
pouvait être fatale.

Le ventre au centre des médecines


traditionnelles
En Occident, dès l’Antiquité, le fonctionnement du ventre intrigue les
savants. Le praticien grec Hippocrate, père de la médecine moderne, fut le
premier à affirmer au ve siècle avant Jésus-Christ que l’« origine de toutes
les maladies se trouve dans l’intestin ».

Des médecines encore plus anciennes se sont intéressées, bien avant encore,
à nos entrailles. En ayurvéda, la médecine traditionnelle indienne, le bon
(ou le mauvais) fonctionnement de notre ventre peut expliquer de
nombreuses maladies. Tout comme en médecine traditionnelle chinoise,
pour laquelle une analyse des selles est exigée. En fait, ces deux cultures
placent au centre du corps le ventre, d’où irradie l’énergie. Les médecines
traditionnelles ont toujours été beaucoup plus à l’écoute de nos intestins,
qui tiennent pour elles une place essentielle et centrale. Au contraire, la
médecine occidentale ne s’est penchée que tardivement sur leur
fonctionnement.

Il faudra en effet attendre le xviiie siècle pour que la médecine européenne


s’intéresse véritablement à ce qui se passe dans nos tripes. C’est donc au
e
xviii siècle que les scientifiques essayent de décrypter les mécanismes de la
digestion. Une des théories de l’époque est celle de Giovanni Borelli, qui a
vécu au xviie siècle et pour qui la digestion était un phénomène purement
mécanique : les aliments seraient simplement broyés dans le tube digestif
avant de subir un phénomène de putréfaction.

Réaumur (1683-1757), célèbre physicien français, inventeur du


thermomètre, s’intéressa également à la biologie et plus particulièrement à
la digestion. Or il ne croit pas à cette théorie d’une digestion purement
mécanique. Il étudie la digestion sur des rapaces, qui sont des oiseaux ayant
la particularité de rejeter sous forme de pelote les parties de leurs proies
qu’ils ne digèrent pas (plumes, os, poils…). Il met pour la première fois en
évidence les sucs gastriques et prouve que la digestion est aussi un
phénomène chimique.

Comprendre le ventre et son fonctionnement


Lazzaro Spallanzani (1729-1799), abbé et professeur d’histoire naturelle à
l’université de Pavie, reprit les travaux de Réaumur en améliorant les
conditions expérimentales. Il émet l’hypothèse que la digestion est un
phénomène purement chimique : les aliments seraient rendus liquides par
des substances chimiques sécrétées par les organes. Après avoir récupéré un
peu de liquide contenu dans son estomac, il réalise l’expérience suivante :
« J’en fis entrer dans un tube en verre (…) ; je mis avec ce suc quelques
brins de chair (…). Je le plaçai dans un fourneau où on éprouvait à peu
près la chaleur de mon corps ; j’y mis aussi un tube semblable avec une
quantité d’eau qui était la même que celle du suc gastrique pour me servir
de comparaison (…). Voici les deux éléments que j’observai. La chair qui
était dans le suc gastrique commença à se défaire avant 12 heures et elle
continua insensiblement jusqu’à ce que, au bout de 35 heures, elle avait
perdu toute consistance (…). Il n’en fut pas de même dans le tube où j’avais
mis l’eau (…) : la plus grande partie des fibres charnues plongées dans
l’eau étaient encore entières au bout du troisième jour » (Opuscules de
physique animale et végétale, 1787).

William Beaumont (1785-1853), chirurgien militaire, mais sans véritable


formation en médecine, fera considérablement avancer les connaissances
sur la digestion en étudiant le cas d’Alexis Saint-Martin, un trappeur
canadien qui reçut en 1822 un coup de fusil au ventre. La blessure était si
grave que l’estomac dépassait de la plaie et laissait échapper de la
nourriture par une perforation. Le médecin se déclare alors impuissant à le
sauver. Mais, fait incroyable, Saint-Martin survit ! La plaie cicatrise par
soudure des bords du trou de l’estomac avec ceux du trou de la peau,
formant une fistule, c’est-à-dire un canal, faisant communiquer l’intérieur
de l’estomac avec l’extérieur du corps. Le contenu de l’estomac pouvait
ainsi être vu directement à travers la fistule.

Beaumont décida de garder le trappeur près de lui, en l’employant. Le


pauvre devint malgré lui un sujet d’expériences, et permit à Beaumont
d’étudier la durée de digestion de divers aliments, de montrer la présence
d’acide chlorhydrique dans l’estomac et de confirmer que la dégradation
des aliments dans l’estomac est un processus chimique. Le médecin
américain fit connaître ses travaux à travers diverses publications et écrivit
un livre sur le suc gastrique. Il fut sans doute le premier grand physiologiste
américain.

C’est le Français Claude Bernard (1813-1878) qui compléta ces travaux


pionniers en montrant que la digestion ne se limite pas à l’estomac mais
continue dans l’intestin. Considéré comme le père de la physiologie
expérimentale, il disait à ses étudiants : « Pourquoi penser quand vous
pouvez expérimenter ? Épuisez donc l’expérimentation et pensez ensuite ! »
Il fut lui-même un très grand expérimentateur et découvrit que le suc
sécrété par le pancréas dans l’intestin transforme l’amidon en glucose et
détruit les protéines.

Le caca, ce grand tabou


Déféquer, couler un bronze, faire caca, est un sujet tabou par excellence, ce
qui explique peut-être en partie pourquoi le ventre qui transforme nos
aliments en excréments n’a que récemment suscité autant d’intérêt. La
répulsion qu’inspire la matière fécale est en effet universelle. Le tabou se
traduit par de la pudeur et s’exprime dans les mots utilisés : aller à la selle,
en français, aller se repoudrer ou cueillir une rose en Grande-Bretagne, aller
voir John aux États-Unis, ou encore partir chasser le faisan au Japon. On ne
peut pas faire plus imagé !

Pourquoi un tel tabou autour de nos excréments ? Et que représentent nos


déjections dans l’esprit populaire ? Dans les religions monothéistes en
particulier, ce qui sort du corps est perçu comme impur. L’excrément est
symbole de putréfaction et de mort, repaire d’esprits maléfiques. Belzébuth,
prince des démons dans la Bible, signifie précisément « dieu de la souillure
et des excréments ». Et chez Dante (1265-1321), les damnés de La Divine
Comédie étaient souillés de matière fécale, condamnés à se noyer
éternellement dans un « fleuve de merde ».

Nos étrons ont-ils toujours suscité une telle réaction de pudeur et de gêne ?
Non, pas toujours. Car dans l’histoire de l’humanité, déféquer n’a pas
toujours été mal vu. Bien avant les cabinets privés, les cabinets d’aisances,
les besoins se faisaient aux latrines publiques, dans une ambiance
conviviale, propice à la conversation. Dans l’Antiquité romaine, par
exemple, déféquer se pratiquait en compagnie d’autres personnes. « Les
latrines étaient des lieux de sociabilité appréciés des classes moyennes, où
il était de bon ton de palabrer de l’actualité et des affaires de manière
décontractée », rappelle l’anthropologue Salvatore Bevilacqua interrogé par
un journaliste du quotidien vaudois 24 heures. Les Romains avaient même
un dieu des latrines publiques, Stercutius, divinité des lieux d’aisances, du
fumier et des excréments. C’est dire la valeur que les citoyens accordaient à
cet endroit.

Mais la chose devient taboue au Moyen Âge, que ce soit en Occident ou au


Moyen-Orient. À cette époque, faire ses besoins en public est extrêmement
mal vu. Il faut se rendre dans un endroit retiré et caché, loin des regards. De
nombreux témoignages de la fin du Moyen Âge ou de la Renaissance
montrent qu’hommes et femmes cherchent, à cette époque, la discrétion.

Aller à la selle, aux toilettes, ce moment est encore aujourd’hui considéré


comme un moment éminemment intime, un moment que même les couples
ne souhaitent pas partager. Toutefois, dans l’histoire de France, ce ne fut pas
toujours une chose privée. Lorsque le mot selle apparaît en français, il sert à
nommer une chaise percée, une de celles sur lesquelles certaines personnes
aisées s’asseyaient pour faire leur grosse commission, éventuellement
recueillie dans un pot placé dessous, chaise qu’on appellera successivement
« selle aisée », « selle nécessaire » et « selle percée ». D’ailleurs la selle des
cyclistes, ou des cavaliers, possède un lien étroit avec cette chaise percée.
La selle désignait un siège, plus précisément le « siège des artisans qui
travaillent assis » ou le « siège des professeurs », mais aussi le siège du
cavalier ou, autrement dit, la selle de cheval.

Déféquer en public redevient donc une mode au xviie siècle, mais reste
réservé aux nobles. La chaise percée est utilisée à la cour du Roi-Soleil.
C’est effectivement à cette période qu’apparaît la chaise aisée. C’est en tout
cas à cette époque que son utilisation publique est attestée.
Il faut dire qu’à l’époque, les recoins du château de Versailles sont souvent
pris pour des lieux d’aisances. Saleté, odeurs nauséabondes… certains
nobles commencent à vouloir faire leurs besoins sans se salir, sans les
inconvénients de ces toilettes improvisées. C’est donc à cette période de
l’histoire de France que la chaise percée connaît un réel engouement. Elle
est en fait typique de la période moderne. D’après l’historien allemand
Hans Peter Duerr (Nudité et pudeur, 1998), le fait d’utiliser une chaise
percée en public était une marque de puissance : « Il s’agissait, en fait,
d’une forme moderne d’affirmation de sa puissance, destinée à montrer à
son hôte le peu de cas que l’on faisait de lui. » L’historien cite le cas du duc
de Vendôme, décrit comme un personnage sale et répugnant mais dont les
manières sans-gêne alliées à son rang finissent par devenir un signe de
distinction.

Si depuis le xviiie siècle et l’avènement des cabinets d’aisances, les classes


aisées défèquent en privé, le malaise ressenti à se rendre aux toilettes
publiques devient courant un siècle plus tard. Pour Salvatore Bevilacqua,
« la séparation stricte a pour but de protéger les autres des désagréments
comme le bruit ou l’odeur, et aussi de protéger la face et l’identité du
“déféqueur” du regard dégoûté des autres ».

Au xixe siècle, à Paris, les personnes osaient encore couramment déféquer


sur la voie publique. Mais Louis Pasteur (1822-1895) va marquer un coup
d’arrêt à cette pratique. En établissant un lien de causalité entre les maladies
infectieuses, les bactéries et le manque d’hygiène, Pasteur incite à des
changements de pratique. La propreté devient alors un acte citoyen, « un
devoir moral », explique Salvatore Bevilacqua. « La relégation de la
défécation aux toilettes privées peut être vue comme une conséquence de la
politique hygiéniste due à cette découverte scientifique. »

Si le caca est sale, s’il est impur, alors il


convient de le purger
Se purger, purger une peine : la purge ou bien le purgatoire, lieu de
purification par excellence, les deux mots possèdent en fait la même
origine. Selon le Larousse, la purge permet de « débarrasser un lieu, un
milieu des éléments jugés dangereux ».

Les excréments seraient-ils dangereux pour l’homme ? Leur accumulation


serait-elle dangereuse pour sa santé ? De tout temps, nettoyer l’organisme a
été une préoccupation pour l’être humain, pour rester en bonne santé. Vrai
ou faux ? en tout cas l’idée est que des substances nocives peuvent
s’accumuler à l’intérieur du corps et être à l’origine de maladies ou de
sensations d’inconfort. Ces déchets s’accumuleraient dans les intestins, le
côlon et le corps tout entier. Selon la théorie de l’époque, les parasites
intestinaux se multiplieraient considérablement et se nourriraient peu à peu
de l’organisme humain.

« Mon lavement d’aujourd’hui a-t-il bien opéré ? » Telle est la


préoccupation centrale d’Argan dans Le Malade imaginaire, la célèbre
pièce de Molière. Au xviie siècle, le lavement était largement pratiqué pour
soigner toutes sortes de maladies, les médecins n’ayant, alors, pas beaucoup
de traitements à proposer à leurs malades. Le lavement consiste en fait à
introduire de l’eau ou tout autre liquide par l’anus dans le rectum, puis dans
la première partie du côlon. Si la pratique du lavement est bien antérieure à
l’époque de Molière puisqu’elle est attestée dès l’Antiquité dans de
nombreuses civilisations, son principe en est toujours resté le même. Mais
les techniques ont varié selon les époques.

C’est au temps des Égyptiens que l’on retrouve la première description d’un
lavement intestinal. Les hommes se seraient inspirés du comportement d’un
oiseau du Nil, l’ibis, qui, se sentant constipé, s’introduisait le bec chargé
d’eau du Nil dans le fondement.

Les Grecs et les Romains ont aussi utilisé cette technique. Hippocrate lui-
même en conseillait la pratique qui perdurera jusqu’au Moyen Âge.

C’est aux xviie et xviiie siècles que le lavement est le plus pratiqué en
France, parfois même plusieurs fois par semaine : ces lavements étaient
prescrits par les médecins. Le clystère (l’ancien nom pour le lavement) était
souvent administré par un garçon apothicaire. Les maîtres pouvaient aussi
se le faire administrer par leur serviteur.

Au xixe siècle, la pratique devient plus raisonnable et s’exécute désormais


en solitaire. Mais le célèbre vaudeville de Georges Feydeau, On purge bébé,
prouve qu’au début du xxe siècle, le lavement n’a pas encore disparu. En
effet, la première représentation de cette pièce date de 1910.

L’évolution humaine à l’origine de la relation


ventre-cerveau
De Lucy à Homo sapiens sapiens, l’anatomie du cerveau a beaucoup
changé, une évolution rendue possible grâce à l’accompagnement de
l’intestin.

« L’interaction entre le cerveau et le ventre, c’est une longue histoire dans


l’évolution humaine », affirme Jean-Jacques Hublin, paléoanthropologue.
L’évolution a apporté plus de complexité dans le comportement humain, par
exemple dans sa capacité à fabriquer des objets. Au final, pour faire toutes
ces nouvelles choses, pour développer son habilité, ses capacités de
compréhension, il a fallu un cerveau plus gros et très performant. Or,
l’intestin a joué un rôle primordial dans cette évolution. En effet, le cerveau
est très gourmand en énergie – il consomme 20 % de l’énergie produite par
notre corps, alors que cet organe ne représente que 2 % de notre masse
corporelle totale –, et encore plus chez les enfants en début de croissance,
au moment où le cerveau grandit très vite.

L’évolution du cerveau humain a donc posé un défi de taille : où et


comment se procurer plus d’énergie pour développer cet organe ? La
première évolution qui l’a permis, c’est le changement de régime
alimentaire passant d’une alimentation de type grand singe, c’est-à-dire une
alimentation végétarienne, donc peu riche en énergie, à une alimentation
omnivore, riche en énergie et qui inclut de la viande, des graisses. Cette
alimentation a donc procuré beaucoup d’énergie au cerveau mais a
également permis de réduire la taille des intestins, un organe qui lui aussi a
besoin, pour faire son travail correctement, de beaucoup d’énergie.

Résultat, grâce à cette collaboration entre le ventre et le cerveau, les


humains ont gagné sur les deux tableaux : nous avons perdu du ventre et
gagné du cerveau en améliorant notre capacité à extraire de l’énergie de nos
aliments. Après le changement de régime alimentaire, le mode de
préparation a également évolué avec la cuisson des aliments. Le feu a
permis d’alléger le travail de digestion du ventre. La cuisson a ainsi été le
sommet de cette évolution, mais ce fait nouveau est arrivé assez
tardivement dans l’évolution humaine.

Le fait d’avoir un cerveau et d’être très malin a permis aux hommes de


créer une panoplie d’outils pour acquérir de la nourriture de façon beaucoup
moins coûteuse en énergie, et ensuite notre intelligence a permis de préparer
cette nourriture et de rendre sa mastication et sa digestion beaucoup moins
coûteuses en énergie. La boucle est bouclée.
2 - Comment fonctionne notre
intestin ?
Le système digestif, rien de plus simple. Vous croyez ? Du moins en
apparence. Tous les livres l’expliquent : notre appareil digestif transforme
les aliments en carburant dont le corps a besoin pour fonctionner. La
digestion fractionne les aliments en parcelles plus petites, qui seront
dissoutes dans les liquides de l’intestin avant d’être absorbées. La bouchée
du sandwich jambon-beurre que vous venez d’avaler est ainsi broyée dans
votre bouche, dégradée dans l’estomac, puis glisse dans l’intestin grêle, qui
absorbe les nutriments nécessaires qui seront ensuite assimilés par
l’organisme. Le côlon en extrait l’eau, digère certaines fibres, puis élimine
le reste par l’anus sous forme de matière fécale. Fastoche !

Mais cette vision simpliste qui a influencé des générations de médecins


semble maintenant dépassée : l’intestin est beaucoup plus complexe,
beaucoup plus puissant mais aussi beaucoup plus fragile qu’on ne le pense.
C’est en tout cas le point de vue d’Emeran Mayer, gastro-entérologue
spécialiste de l’axe cerveau-intestin.

Pour comprendre un peu mieux la complexité de la digestion, suivons le


parcours de notre jambon-beurre et essayons de comprendre comment il se
transforme en nutriment, c’est-à-dire en petits éléments assimilables par
l’organisme. Des nutriments qui gagnent ensuite les tissus via la circulation
sanguine. À noter qu’il existe nutriments et nutriments. Il faut en effet
distinguer les macronutriments, c’est-à-dire les lipides (graisses), les
glucides (sucres) et les protéines, des micronutriments que sont les
vitamines, les oligoéléments et les sels minéraux.

Et puis qu’est-ce que l’appareil digestif ? Il s’agit d’une suite d’organes, qui
se succèdent et qui sont connectés les uns avec les autres. Au total, on
estime que l’intestin mesure, une fois qu’il est complètement déroulé, de 7 à
8 mètres de long.
Alors, suivez le guide et venez parcourir le long trajet de votre sandwich
jambon-beurre, avec ou sans cornichon, dans votre tube digestif.

Les différentes parties de l’intestin


La bouche, bien plus qu’une porte d’entrée
Tout le monde en a fait l’expérience une fois dans sa vie. Quand nous
avalons des aliments un peu trop rapidement, sans les avoir mâchés
correctement, nous remarquons immédiatement que cette bouchée passe
mal, qu’elle nous reste sur l’estomac, que la digestion semble plus difficile.
Car en termes de digestion, il faut être clair : tout commence par la bouche
et la cavité buccale. La bouche est en effet plus qu’une porte d’entrée vers
le grand voyage digestif. C’est à ce niveau que s’opère la première étape de
la transformation des aliments. La salive sécrétée par les glandes salivaires
se mélange aux aliments pendant que nous mastiquons. Cette étape est
indispensable au début du processus de digestion. La salive contient en effet
des enzymes, notamment l’amylase salivaire, qui a pour fonction de
découper l’amidon, un sucre contenu dans le pain, les pâtes, le riz, les
pommes de terre, les bananes… En fait, cette salive initie la digestion. Dans
la bouche, sur la langue, la population bactérienne représente un dix
millionième de la population bactérienne intestinale. Cela semble presque
rien, et pourtant cette faune travaille dur !

Prochaine station pour notre jambon-beurre, c’est l’œsophage. Ce tube relie


la bouche à l’estomac. Son rôle est de transporter les aliments déglutis,
qu’ils soient solides ou liquides. Un transport rendu possible par les
contractions des muscles lisses de sa paroi. Et non par la gravité. Ces
contractions ne sont pas contrôlées par la volonté mais sont totalement
réflexes. Le nom savant pour ce phénomène est le « péristaltisme
œsophagien », qui fait que les aliments migrent vers l’estomac même
lorsqu’on a la tête en bas. Pratique, non ?

Après avoir cheminé à travers l’œsophage, le bol alimentaire arrive enfin


dans l’estomac, une poche à la paroi épaisse, qui produit du suc gastrique.
Outre sa fonction digestive, l’estomac est également un lieu de stockage des
aliments notamment dans sa partie haute. C’est aussi cet organe qui
transmet au cerveau la sensation de satiété. Une sensation qui apparaît vingt
minutes après le début du repas. C’est pour cela que si vous mangez trop
vite, vous aurez tendance à manger trop, en tout cas plus que nécessaire. Ce
qui pourrait vous faire prendre du poids et augmenter vos risques d’obésité.

Mais revenons sur ce suc gastrique, essentiel à la digestion de notre


jambon-beurre. Notre estomac en produit 1 litre par jour. Ce liquide est
essentiellement composé d’acide chlorhydrique (un acide très corrosif
utilisé en bricolage pour décaper des métaux). Et ce fait est essentiel pour la
digestion des protéines. Si les aliments subissent une attaque acide en
arrivant dans l’estomac, ce dernier commence dans le même temps à
brasser et mélanger nos morceaux de sandwich pour en réduire leur taille et
favoriser leur digestion. Les contractions de l’estomac, au nombre de quatre
ou cinq par minute, permettent la progression du bol alimentaire et son
passage dans le duodénum.

Si tout se passe bien, alors le voyage de nos aliments peut se poursuivre.


Les liquides s’échappent en premier de l’estomac, les protéines et les
glucides sont évacuées plus vite que les graisses. Quant aux rôts, ils
correspondent à l’expulsion des gaz qui ont été avalés par l’estomac, car
celui-ci ne produit pas de gaz. Saviez-vous d’ailleurs qu’aérophagie, un mot
d’origine grecque, signifie littéralement « manger de l’air » ? Un
phénomène qui se passe lorsque l’on mange trop vite. Et voici une raison
supplémentaire pour essayer de manger plus lentement !

L’intestin grêle, la machine à absorption (des


nutriments)
L’intestin est l’organe le plus long du système digestif. Il mesure, selon les
personnes, entre 3 et 6 mètres de long et zigzague dans notre ventre. Il
commence avec le duodénum, se poursuit avec le jéjunum, se termine par
l’iléon, avant de déboucher dans le côlon. C’est dans l’intestin grêle que les
aliments sont absorbés, assimilés. Le bol alimentaire en cours de digestion y
est propulsé et brassé. La paroi interne de l’intestin grêle est un monde à
part, constitué de plis et de replis, qui, dépliés, couvrent une surface
comprise entre 300 et 400 mètres carrés. On les appelle des villosités. Sur
un seul millimètre carré, on compte une trentaine de villosités. Cette surface
est une interface d’échange entre les nutriments qui circulent à l’intérieur de
l’intestin et sa paroi. La forme des villosités, leurs multiples replis, permet
d’augmenter la surface de contact entre la partie interne de l’intestin et les
nutriments issus de la digestion, multipliant celle-ci par dix. La surface
offerte à notre digestion est ainsi 100 fois plus importante que celle de notre
épiderme.

L’intestin grêle joue également un rôle primordial pour notre santé puisque
c’est ici que sont absorbées de nombreuses vitamines : la vitamine A, la
vitamine des yeux, la vitamine D qui permet au calcium de se fixer sur les
os, la vitamine E qui joue un rôle d’antioxydant, la vitamine K qui aide à la
coagulation du sang, la vitamine B12 qui sert à la fabrication des globules
rouges. À l’entrée de l’intestin grêle, au niveau du duodénum, existe un
petit orifice par lequel les sucs digestifs sont projetés sur les aliments pour
les réduire en bouillie. La bile produite par le foie et stockée au niveau de la
vésicule biliaire et le suc pancréatique fabriqué par le pancréas sont libérés
dans des canaux qui débouchent directement dans le duodénum. Dès que
nous mangeons quelque chose, pancréas et foie commencent donc à
produire ces sucs : des enzymes digestives et des dégraissants.

Le pancréas assure par ailleurs la synthèse d’une hormone, l’insuline, qui


une fois dans le sang a pour rôle de contrôler le taux de sucre. En fin de
parcours, ces enzymes sont presque totalement recyclées. Après avoir servi
à digérer les graisses, 95 % des acides biliaires sont réabsorbés. Dans
chaque villosité intestinale, les molécules issues de la dégradation des
aliments alimentent un minuscule vaisseau sanguin. Et tous les vaisseaux de
l’intestin grêle convergent vers le foie, qui va filtrer les substances nocives,
des toxines, et ne laisser que les substances nutritives. Une fois nettoyé, le
sang nutritif circule du foie vers le cœur.

Le grand nettoyage après digestion, par la fée du logis


Après six heures de digestion dans l’estomac, cinq heures dans l’intestin
grêle, le grand nettoyage peut commencer. Le pylore, situé à la sortie de
l’estomac, envoie une onde puissante pour balayer tous les déchets présents
dans l’intestin grêle. D’ailleurs, les gargouillis que l’on peut entendre
parfois, et que l’on croit être des gargouillis d’estomac, n’indiquent pas que
notre estomac crie famine, mais sont plutôt des gargouillis de l’intestin
grêle. Ils signalent que le grand nettoyage entre deux cycles de digestion a
commencé. Autrement dit, à ce moment-là l’estomac et l’intestin sont vides.
Cette onde, ce grand coup de balai, que les spécialistes appellent « fée du
logis » n’opère que lorsque l’estomac est vide. Dès que nous mangeons à
nouveau, ce nettoyage s’interrompt. Mieux vaut donc ne pas grignoter entre
les repas, sinon impossible de passer ce grand coup de balai nettoyeur.

Le gros intestin termine le travail de digestion


Le côlon, aussi appelé gros intestin, mesure entre 80 et 150 centimètres.
C’est lui qui finalise la digestion en modifiant et en concentrant le contenu
provenant de l’intestin grêle. Notre gros intestin se charge de ce qui n’a pas
pu être digéré par l’intestin grêle. Il ne possède pas de villosités mais
contient de nombreuses bactéries intestinales, et digère ce qui ce qui ne l’a
pas été dans l’intestin. Lui, il prend son temps. Il lui faut seize heures pour
assimiler toutes les substances laissées pour compte par l’intestin. C’est ici,
dans ce côlon, que le calcium va pouvoir être résorbé, c’est-à-dire
disparaître par absorption. Le gros intestin, collaborant avec la flore
intestinale, fournit une dose supplémentaire d’acides gras, très énergétiques,
de vitamines K, de vitamines B12, B1 et B2. Le dernier mètre du côlon est
l’endroit où l’on vérifie la teneur en sel et eau de nos selles. Cette dernière
partie du côlon a également pour rôle de réabsorber l’eau présente dans les
résidus de la digestion et donc permet d’alléger les selles, d’en limiter leur
volume. Il déshydrate le contenu déversé par l’intestin grêle. Pourquoi ?
Pour espacer nos passages dans les toilettes. C’est aussi pour cette raison
que nos excréments contiennent toujours la même teneur en sel. Pour que
nos étrons ne soient ni trop mous ni trop durs, cet organe permet enfin
d’ajuster la consistance de nos excréments.
Le rectum et l’anus, essentiels pour évacuer les selles
Le rectum est la dernière partie du tube digestif, l’anus étant sa porte de
sortie. Situé dans la continuité de l’anus, le rectum mesure entre 13 et 15
centimètres de long et possède une forme d’ampoule. Son rôle est d’évacuer
les selles. Il est généralement vide entre deux missions, à part pour les
personnes qui sont constipées ! L’arrivée des selles crée une dilatation qui
déclenche la sensation de besoin et nous indique que trouver des toilettes va
devenir urgent. Le rectum se poursuit par l’anus, qui mesure environ 3
centimètres de long. Le rectum est fermé par deux sphincters
concentriques : un sphincter interne et un sphincter externe qui permettent
de retenir les selles. Si le sphincter interne est constitué de muscles lisses et
ne peut être commandé par la volonté – il réagit donc de manière réflexe –,
le sphincter externe est quant à lui constitué de muscles striés et peut
heureusement être commandé par la volonté. Ouf, nous sommes sauvés !
Les deux sont en tout cas sollicités lors de la défécation. Que se passe-t-il
lorsque nous déféquons ? Les muscles du rectum se contractent, le rectum
et l’anus se retrouvent alors dans le même axe, l’angle (présent en temps
normal entre ces deux parties) s’efface. Et les sphincters anaux se relaxent
pour faciliter la sortie des selles.

Le caca, indicateur imparable de l’état de nos intestins


Malgré ce que l’on pourrait penser, les excréments ne sont pas composés
des résidus de ce que nous avons mangé. Non, non ! La matière fécale est
composée aux trois quarts d’eau. Pour la partie solide, un tiers de ces
matières fécales est constitué de bactéries, un autre tiers de fibres non
digestibles. D’ailleurs, plus on mange de fruits et de légumes, et plus nos
excréments seront gros. Le dernier tiers est un grand mélange : on y trouve
toutes les substances dont notre corps veut se débarrasser, comme les
déchets médicamenteux, les colorants ou le cholestérol.

Entre diarrhées et constipation, l’aspect des selles varie beaucoup. Depuis


1997, les médecins disposent même d’une échelle pour classer nos
excréments en fonction de leur aspect et de leur texture. Il s’agit de
l’échelle de Bristol, mise au point par Ken Heaton, médecin anglais de
l’université de Bristol, d’où son nom. La forme des selles dépend en fait du
temps qu’elles ont passé dans le côlon.

Cette échelle répartit les selles en sept catégories selon leur consistance,
leur couleur. Et d’ailleurs pourquoi les classer ? Parce que nos excréments
nous renseignent sur la qualité de notre digestion. Si elle est saine, alors les
selles seront de type 3 ou 4. Ce qui signifie qu’elles présentent la bonne
proportion d’eau. Les selles sont alors dures, moulées, en forme de saucisse,
craquelées à la surface. Les selles de type 4 sont le nec plus ultra de l’étron :
des selles molles mais moulées en forme de saucisse ou de serpentin.
Celles-ci présentent le meilleur équilibre entre eau et substances solides.
Les selles de type 1 correspondent à des crottes en forme de noisette, c’est-
à-dire de petites boules dures qui n’adhèrent pas entre elles. L’émission de
ces selles est difficile et indiquent un état de constipation. À partir du type
5, les selles deviennent de plus en plus molles. Au stade 7 notre caca est
complètement liquide. C’est la courante, la diarrhée. Inutile de préciser que
nos intestins ne sont pas au mieux de leur forme.

Quant au temps de parcours, pour le type 1, les résidus ont besoin d’une
centaine d’heures pour être évacués. Et pour les selles de type 7, elles sont
évacuées en une dizaine d’heures.

La muqueuse intestinale, lieu de tous les échanges


La muqueuse intestinale est la surface d’échange la plus grande
du corps humain. Si on devait la dérouler, on estime que sa
surface serait comprise entre 300 et 400 mètres carrés, soit
l’équivalent de deux terrains de tennis ! La muqueuse de l’intestin
grêle est entièrement recouverte de villosités, de plis constitués de
microplis, qui servent à augmenter la surface d’absorption des
graisses, des nutriments, des vitamines, des sels minéraux et de
l’eau. Les villosités sont en fait couvertes de cellules intestinales
appelées « entérocytes ». Leur rôle est d’absorber notre repas
avant l’assimilation par les vaisseaux sanguins lymphatiques
(schéma) qui conduisent les nutriments jusqu’aux cellules de notre
corps qui en ont besoin. Les entérocytes sont très rapprochés les
uns des autres, l’espace minime qui existe entre eux est appelé
« jonction serrée ». Si tout va bien, seuls les nutriments peuvent
se faufiler dans ce minuscule couloir. Un poste de contrôle qui
bloque l’accès à des molécules qui ne sont pas suffisamment
digérées et qui stoppent les toxines.
Dans chaque villosité intestinale, les molécules absorbées
alimentent un minuscule vaisseau sanguin. Et tous les vaisseaux
de l’intestin grêle convergent pour passer dans le foie, qui va
ensuite détecter la présence éventuelle de substances nocives et
de toxines dans notre nourriture. Ce qui permet d’écarter
d’éventuels dangers avant qu’ils ne passent dans la grande
circulation, c’est-à-dire entre le cœur et les organes. Une fois le
sang nettoyé, il s’écoule directement du foie vers le cœur.
Mais parfois cette barrière filtrante devient poreuse. On parle alors
de perméabilité intestinale. C’est le cas lorsque les jonctions
serrées ne sont plus capables de bloquer les grosses molécules
ou les toxines. C’est alors au système immunitaire de prendre la
relève et de venir au plus vite détruire l’attaquant. Il y a urgence !
Le fait que des villosités soient endommagées peut avoir de nombreuses
conséquences. Cela peut générer une carence alimentaire, une perte de
poids, une fatigue physique ou nerveuse, car l’absorption est rendue plus
difficile. D’où, au mieux, une perte d’énergie et au pire le développement
de ce que l’on appelle la maladie cœliaque. Cette dernière est une
inflammation de la muqueuse intestinale qui détruit les villosités. Elle peut
être déclenchée par une allergie au gluten.
Le petit peuple de nos intestins : le microbiote
Le microbiote intestinal, que l’on nomme encore parfois flore intestinale,
est une vaste communauté de 100 000 milliards de bactéries. C’est
l’ensemble des micro-organismes qui vivent dans notre intestin et qui
pèsent au total entre 1 et 5 kg. Ils sont répartis sur une surface d’environ
400 mètres carrés (sur les villosités et les microvillosités). Parmi les
bactéries présentes dans notre intestin, 75 % sont anaérobies, c’est-à-dire
préfèrent vivre et fonctionner dans un environnement sans oxygène. Les
microbes intestinaux nous aident à digérer, ils fabriquent des vitamines et
d’autres substances dont nous avons besoin. Depuis quelques années, les
scientifiques ont commencé à penser que les bactéries intestinales influent
sur notre métabolisme et pourraient réguler notre poids. Les bactéries sont
très peu présentes dans la partie de l’intestin où nous décomposons nous-
mêmes notre nourriture (grâce aux sucs pancréatiques, à la bile et au mucus
intestinal transformant le bol alimentaire en nutriments). En revanche, elles
sont installées en fin de parcours digestif, vers la sortie de l’intestin, là où la
digestion est quasi achevée.

Pourquoi sont-elles donc si essentielles ? Les bactéries ne se contentent pas


de décomposer notre repas, mais elles fabriquent aussi de nouvelles
substances : des vitamines (B12, B9, H, B2 et B5 et K). Cette population
bactérienne produit en outre des acides gras, essentiels à notre santé. Le
microbiote joue même un rôle dans la maturation du système immunitaire
puisque la muqueuse intestinale permettrait la production de plus de 70 %
de nos anticorps. Mais nous parlerons de cet aspect dans le chapitre suivant.

La flore intestinale, carte d’identité de notre ventre


Chaque individu possède un intestin différent de son voisin, avec
une flore intestinale différente. Le tube digestif, notamment
l’intestin grêle et plus encore le côlon, renferme en effet un grand
nombre de bactéries : entre 500 et 1 000 espèces différentes.
Notre type d’intestin se définit donc en fonction de ces familles de
bactéries prédominantes, ou plutôt des assemblages de bactéries
prédominants. Des mélanges qui seraient différents selon l’origine
ethnique de l’individu, son âge ou son sexe. Un assemblage
d’espèces microbiennes qui ne se ferait donc pas par hasard mais
serait hérité de nos parents, de notre entourage et de notre
environnement. Parmi les communautés de bactéries, aussi
appelées entérotypes, les scientifiques estiment qu’il existe trois
familles prédominantes : les bactéroïdes, les prevotella et les
ruminococcus. Le premier groupe est essentiellement constitué de
bactéroïdes, c’est celui du régime occidental, riche en viandes. En
fait, les bactéroïdes sont génétiquement capables de fabriquer
n’importe quelle enzyme assimilatrice, mais elles apprécient tout
particulièrement la viande et les acides gras saturés. On les
suspecte de nous faire prendre du poids plus facilement. Elles
peuvent fabriquer un maximum d’énergie à partir de n’importe
quoi. Le deuxième type possède peu de bactéroïdes mais
beaucoup de prevotella et il est lié aux régimes riches en glucides.
Selon les études, prevotella est donc fréquent chez les
végétariens. La vitamine spécifique de cet entérotype est la
vitamine B1 ou thiamine, essentielle pour nourrir les cellules
nerveuses du cerveau. Et le troisième type correspond au groupe
des ruminococcus, mais son existence fait encore débat.

Quelques conseils simples


Vous l’aurez compris, mangez lentement en prenant votre temps
pour mastiquer votre jambon-beurre !
Que faire en cas de constipation ?
En cas de selles de type 1 ou de selles de type 2, vous êtes donc
constipé. Il convient alors de :

boire de l’eau ;
consommer des fibres (légumes verts, fruits, pain, céréales
complètes) ;
pratiquer une activité physique pour stimuler le transit intestinal (un
peu de marche à pied peut suffire).
Et en cas de diarrhée ?
En cas de diarrhée (selles de type 6 ou 7), il est recommandé
de bien veiller à boire de l’eau pour éviter un état de
déshydratation.
Et impérativement consulter un médecin lorsque la diarrhée est
accompagnée d’une forte fièvre ou que les selles sont accompagnées
de sang. En effet, ces symptômes sont souvent synonymes d’infections
plus graves qu’il faut traiter rapidement.

Les fonctions de l’intestin


À chacun son rôle…
Dans le chapitre précédent, nous avons découvert les différents organes
digestifs et les fonctions de chaque partie de ce système digestif. Les rôles
sont bien répartis. Si la bouche et l’œsophage servent à l’absorption,
l’estomac, l’intestin grêle et le gros intestin servent à la digestion. Le
rectum et l’anus jouent un rôle essentiel dans l’expulsion des selles. Quant à
l’intestin grêle, il permet l’absorption des macronutriments (glucides,
lipides et protéines) et les nutriments (vitamines, oligoéléments et sels
minéraux).

Mais qu’en est-il de notre flore intestinale ? 100 000 milliards de bactéries
qui pèsent au total entre 1 et 5 kilogrammes et sont réparties sur une surface
d’environ 400 mètres carrés. Le microbiote est l’ensemble des micro-
organismes qui vivent dans notre intestin : une communauté, un véritable
écosystème garant de notre système immunitaire. En effet, 80 % de nos
cellules immunitaires se situent dans notre intestin.

Les principales fonctions du microbiote


Les bactéries intestinales constituent un organe à part entière, aux fonctions
multiples.
La première fonction de la flore intestinale est de participer à la digestion et
à l’absorption des nutriments. Mais le microbiote forme également une
barrière protectrice repoussant les éventuels agents pathogènes, de grosses
méchantes molécules, néfastes pour notre organisme. Si cette barrière n’est
pas en bonne santé, si elle est altérée ou déséquilibrée, alors c’est le début
des ennuis, et des troubles peuvent survenir.

Mais la mission du microbiote ne se limite pas à ce simple rôle de


gendarme, de contrôleur des entrées. Il transforme également les éléments
qui n’ont pas été digérés dans l’intestin grêle et qui arrivent dans le côlon. Il
intervient donc dans la transformation métabolique des éléments arrivant
dans le côlon, et peut envoyer des signaux pour aider à l’exclusion des
micro-organismes pathogènes… les méchantes molécules. Il poursuit
également le travail de digestion non terminé dans l’intestin grêle et
participe au renouvellement cellulaire de l’épithélium (c’est-à-dire le
renouvellement des tissus de l’intestin grêle) et à la production de mucus. Et
enfin une des fonctions les plus essentielles assumées par ces micro-
organismes, ils dialoguent avec notre système immunitaire ! En fait, ils
influent profondément sur la réponse immunitaire. Contrairement à ce que
l’on pourrait penser, l’intestin est même le principal organe de notre
système immunitaire : il contient 80 % des cellules immunitaires.

Cerise sur le gâteau, le microbiote peut nous aider à gérer le stress en


agissant sur le système hormonal. Et il aide à bien dormir. Mais uniquement
quand cet écosystème, cette communauté bactérienne est riche et en bonne
santé.

Le rôle-clé de l’intestin dans le système immunitaire


L’immunité, c’est le capital protection de notre corps ! C’est notre capacité
à résister aux agressions extérieures, c’est-à-dire à tous les organismes
étrangers qui essaient de pénétrer à l’intérieur de notre corps et qui
menacent son bon fonctionnement. Dans notre environnement, le corps
humain est exposé à des micro-organismes très différents : des microbes,
des virus, des bactéries mais aussi d’autres corps étrangers comme le
pollen, les allergènes. Or, ces micro-organismes peuvent s’avérer dangereux
pour notre santé. Le corps humain étant un milieu propice à leur
prolifération, c’est donc tout naturellement qu’ils cherchent à s’y infiltrer et
à s’y développer. Notre corps met alors en branle, via son système
immunitaire, une série de mécanismes de protection pour contrer l’ennemi.

L’intestin renferme la majeure partie de notre système immunitaire.


Pourquoi ? Parce que 80 % de nos cellules immunitaires se situent dans
cette partie du corps. Les 100 000 milliards de bactéries présentes dans le
microbiote intestinal empêchent les bactéries pathogènes de coloniser
l’intestin. C’est ce qu’on appelle « l’effet barrière ».

Comment ? En fait, notre intestin possède son propre système immunitaire :


le tissu lymphoïde associé à l’intestin ou GALT (de l’anglais Gut
Associated Lymphatic Tissue). Ce système immunitaire intestinal représente
70 à 80 % du système immunitaire de notre corps. Pour quelle raison la
majeure partie de notre système immunitaire est-elle située dans notre
intestin ? Pour une raison simple : la paroi intestinale est la frontière avec le
monde extérieur. Avec la peau, c’est le lieu où l’organisme risque le plus de
faire de mauvaises rencontres, de se retrouver face à des substances et des
organismes étrangers, dont certains peuvent être très dangereux pour notre
santé. Ainsi, le GALT est en communication permanente avec le reste des
cellules immunitaires de notre corps. S’il rencontre une méchante molécule
dans l’intestin, il alerte le reste du système immunitaire pour qu’il se tienne
sur ses gardes. « Eh les gars, attention y’a un truc louche qui rôde ! Tenez-
vous prêts à riposter ! »

Ce fameux tissu lymphatique associé à l’intestin, ce GALT, est donc


essentiel pour maintenir un bon équilibre, pour maintenir l’organisme en
bonne santé. Quant à la paroi intestinale, elle est fragile puisqu’elle est
formée d’une seule couche de cellules. Elle assure un rôle très important
dans la réponse immunitaire. Elle doit rester intacte, car elle permet la
transmission des signaux entre le microbiote et les cellules immunitaires.
Ces cellules immunitaires qui reçoivent les signaux des bactéries
intestinales représentent la première réponse de l’organisme. En retour, les
bactéries intestinales aident le système immunitaire à rester vigilant sans
être en mode totalement défensif. Ces bactéries le contrôlent tout en
l’aidant, en l’assistant. Cela permet au GALT de ne pas surréagir aux
aliments, ou réagir de façon inappropriée, en déclenchant des réactions
auto-immunes. Ainsi, le système immunitaire ne rejette pas
systématiquement tout ce qui vient de l’extérieur et qui peut nous être
bénéfique : comme un bon sandwich jambon-beurre lorsqu’on est affamé !

Un système immunitaire hyperactif peut en effet entraîner des réactions


allergiques, ou pire, s’il est vraiment déséquilibré, il peut être à l’origine de
chocs encore plus sévères et mortels. Mais lorsque le système immunitaire
est mal dirigé, il n’est pas capable de reconnaître les protéines normales qui
appartiennent à l’organisme et il commence alors à se battre contre elles.
C’est ce qu’on appelle des réactions auto-immunes. Il se bat contre lui-
même.

Bonnes ou mauvaises bactéries ?


C’est la diversité des souches bactériennes présentes dans nos
intestins qui déterminent la (bonne ou mauvaise) santé de nos
intestins. Les deux groupes de bactéries les plus fréquentes dans
l’intestin sont les firmicutes et les bactéroïdètes, qui représentent
90 % des bactéries du côlon ; cette proportion est donc un critère
essentiel pour déterminer l’état de santé et les risques de
maladies.
Les mauvaises bactéries, ou bactéries pathogènes, peuvent nous
rendre malades. Ces bactéries pathogènes peuvent également
communiquer avec notre système immunitaire et le pousser à
libérer des molécules inflammatoires ou des hormones du stress.
Des études récentes tendent à prouver que ces bactéries
pathogènes peuvent influer sur notre perception de la douleur.
Nous y serions alors plus sensibles.
Quant aux bonnes bactéries, elles font tout le contraire : elles
améliorent le système immunitaire et le système endocrinien, en
contrôlant les deux hormones liées au stress, le cortisol et
l’adrénaline.
Mais heureusement, comme l’explique David Perlmutter dans son livre
L’intestin au secours du cerveau (Marabout, 2016), « il est possible de
restaurer l’équilibre d’un microbiote pathogène en le recolonisant par des
souches bactériennes bénéfiques ».
Le ventre, notre deuxième cerveau ?
Un chiffre a été avancé : les intestins compteraient 200 millions de
neurones, autant que dans le cerveau d’un chien ou d’un chat. Les neurones
de l’intestin sont si nombreux que beaucoup de chercheurs qualifient
l’intestin de « second cerveau ». On suppose d’ailleurs que les bactéries de
nos intestins ont une influence sur notre humeur.

Quand on pense au système nerveux, on pense au cerveau, à la moelle


épinière. Mais il s’agit là du système nerveux central. On oublie, ou on ne
pense pas, ou encore on ne sait pas qu’il existe un système nerveux
intestinal, un système entérique, étroitement lié au système digestif. Le
système nerveux central et le système entérique se forment à la même
période de la vie, au stade fœtal, dans le ventre de notre mère et à partir des
mêmes tissus. En fait, ils sont reliés par le nerf vague. Vague signifie
vagabond : un terme bien choisi pour ce nerf qui parcourt le système
digestif. Le nerf vague ou « nerf X », qui s’étend de la base de notre
cerveau à l’abdomen, a plusieurs tâches, et notamment celle de maintenir la
fréquence cardiaque et le contrôle de la digestion.

Or, les bactéries intestinales stimulent les cellules le long du nerf vague et
influent sur leur fonctionnement. L’ensemble des interactions du microbiote
avec le système immunitaire est appelé « axe cerveau-intestins-
microbiote ». Comprendre le fonctionnement précis de cet axe permettrait
de comprendre les causes et l’évolution des troubles psychiatriques et les
dysfonctionnements du système nerveux, selon certains chercheurs.
Ce deuxième cerveau produit également une substance importante pour
notre bien-être : la sérotonine. Celle-ci contribue à la sensation de bien-être
du cerveau. Or 80 % à 90 % de la sérotonine créée par le corps est produite
par les cellules nerveuses de nos intestins.

Le système nerveux intestinal, le système entérique, fonctionne


indépendamment du système nerveux central, tout en maintenant un contact
étroit avec le cerveau. Les microbes qui vivent dans notre intestin
n’interviennent pas seulement dans la digestion des aliments, la sécrétion de
vitamines ou de certaines hormones, ils interagissent également avec notre
système immunitaire. Et ils ont donc une influence sur notre cerveau. Et
vice versa ! Car l’échange d’information entre le ventre et notre tête se fait
dans les deux sens. Le dialogue entre le cerveau et l’intestin est en fait
bidirectionnel.

Le (mauvais) état du microbiote à l’origine de nombreuses


maladies ?
Pour Graham Rook de l’université de Londres, le fait ne plus être
en contact avec les microbes qui vivent dans la terre, et auxquels
les hommes ont toujours été exposés, et de se cantonner ainsi à
des milieux de plus en plus aseptisés, pourrait expliquer
l’augmentation constante du nombre de maladies liées à une
inflammation, comme le diabète, l’arthrite, voire la dépression.
L’autisme par exemple est souvent lié à des troubles intestinaux,
notamment des diarrhées qui modifient le microbiote. Il est encore
difficile de dire si ces modifications de la flore intestinale sont dues
à la maladie (autisme) ou au symptôme (la diarrhée). Très
récemment, des chercheurs ont établi une relation entre le
microbiote et la dépression chez les humains.
Une question se pose alors : pouvons-nous modifier notre
microbiote pour aller mieux physiquement et psychiquement ?
Les trois principaux facteurs de nuisance de notre microbiote
Il existe trois facteurs principaux qui influent sur la bonne santé de
notre flore bactérienne :

Premièrement, l’exposition à des substances qui tuent les colonies


bactériennes ou perturbent leur composition. Il peut s’agir de
molécules chimiques présentes dans notre environnement, certains
aliments tels que le sucre ou le gluten et enfin les médicaments
(notamment les antibiotiques).
Second facteur : le manque de nutriments capables de maintenir notre
microbiote en bonne santé, ce qui, au final, favoriserait les mauvaises
bactéries et aurait une influence sur la bonne santé de notre microbiote.
Mais il existe des aliments (prébiotiques, probiotiques) qui peuvent
réensemencer les bonnes bactéries intestinales.
Enfin, le stress induit un excès de production de l’hormone du stress,
le cortisol. Or l’excès de cortisol a des effets néfastes sur le ventre.
L’hormone modifie en effet la composition des bactéries intestinales.
De plus, elle accroît la perméabilité de la paroi intestinale. Et enfin, le
cortisol augmente la synthèse des substances inflammatoires produites
par les cellules immunitaires. Ces cytokines accélèrent l’inflammation
dans l’intestin, augmentent la perméabilité de l’intestin et stimulent
davantage le cerveau… mais de façon négative, le rendant plus
susceptible de présenter des troubles de l’humeur.
Ainsi, les scientifiques estiment qu’un stress chronique (c’est-à-dire
qui se répète dans le temps) est plus néfaste pour l’intestin qu’un stress
aigu, et tout particulièrement en ce qui concerne la perméabilité
intestinale et l’inflammation.

La santé du cerveau commence dans l’intestin


De l’œsophage à l’anus, le tube digestif est recouvert d’une simple couche
de cellules épithéliales. Cette barrière est essentielle puisqu’elle constitue
l’interface entre l’intérieur et l’extérieur. Elle participe à la réponse
immunitaire. Le revêtement intestinal est en fait la plus grande muqueuse
de l’organisme.
Les problèmes des intestins poreux sont liés à la qualité des jonctions
serrées (voir ci-dessus l’encadré « La muqueuse intestinale, lieu de tous les
échanges »). Si ces jonctions ne fonctionnent pas correctement, elles ne
contrôlent pas bien le passage des nutriments et ne bloquent pas bien ce qui
doit rester à l’extérieur du système (dans les intestins) pour être évacué plus
tard.

S’il n’existe actuellement aucun test pour évaluer avec précision l’état de
notre microbiote, en répondant à quelques questions simples, on peut
néanmoins dresser un tableau de l’état de nos intestins.

La santé et la diversité de notre microbiote dépendent de notre alimentation.


Les aliments riches en fibres et pauvres en sucres raffinés nourrissent les
bactéries intestinales. Ils entretiennent aussi un bon mélange de bactéries
qui aide à maintenir l’intégrité de la paroi intestinale, qui aide à contrôler le
taux de sucres dans le sang, à réduire l’inflammation, et à produire toutes
les substances et les molécules importantes pour la santé et le
fonctionnement du cerveau. Si les graisses de type oméga-6 favorisent
l’inflammation, celles de type oméga-3 contenues dans l’huile d’olive, le
poisson, les graines de lin et les viandes d’animaux nourris à l’herbe
stimulent le fonctionnement cérébral, réduisent l’inflammation et peuvent
même contrecarrer les effets négatifs des oméga-6.

Pour conserver un système immunitaire performant, l’alimentation est


également centrale. Le rôle des vitamines et minéraux dans le
fonctionnement des réponses immunitaires est décisif. Mais pas seulement.
Certaines souches probiotiques, en modulant la composition du microbiote
intestinal ou encore en interagissant avec les muqueuses et le système
immunitaire, contribuent également à rendre plus fortes les défenses
naturelles. Quelques pistes et recommandations pour améliorer la santé de
notre flore intestinale seront présentées en troisième partie d’ouvrage.

Quels liens avec la dépression ?


Depuis longtemps, les scientifiques s’interrogent sur le lien qui
pourrait exister entre la dépression et le fonctionnement de notre
intestin. Au début du xxe siècle, certains d’entre eux pensaient que
des substances chimiques toxiques produites dans l’intestin
pouvaient affecter l’humeur et le fonctionnement du cerveau. Dans
les années 1950, ces recherches ont été suspendues, car
considérées comme « non scientifiques ». L’idée que le contenu
de l’intestin puisse affecter le mental a été abandonnée au profit
de la théorie inverse qui est que la dépression et l’anxiété puissent
affecter le bon fonctionnement de l’intestin.
Or, les chercheurs s’intéressent à nouveau depuis quelques
années à l’axe « intestin-cerveau » et réfléchissent au lien entre le
microbiome intestinal et la santé mentale. Mais ce n’est que
récemment que les scientifiques ont imaginé la possibilité de
manipuler les bactéries intestinales pour améliorer la santé
mentale. En 2011, une étude d’une université canadienne a été
l’une des premières à montrer que l’intestin peut communiquer
avec le cerveau et influer sur le comportement. Au cours de leurs
travaux, les chercheurs ont comparé le comportement de souris
dont les intestins ont été nettoyés de leurs microbes avec celui de
souris normales. Résultat, les souris dépourvues de bactéries
prenaient plus de risques et présentaient des taux élevés de
cortisol, l’hormone du stress. Mais elles avaient également des
taux réduits d’une molécule du cerveau qui, lorsqu’elle présente
de faibles concentrations, est associée à de l’anxiété et à la
dépression humaine.
D’autres études ont montré qu’en remplaçant les bactéries
intestinales d’une souris, on modifie grandement son
comportement.
Dysfonctionnement intestinal et autisme
Nombre d’études montrent que les affections gastro-intestinales
sont des caractéristiques de l’autisme. Des parents d’enfants
autistes rapportent que leur enfant souffre régulièrement de
douleurs abdominales, de constipation, de diarrhées et de
saignements. En 2012, une étude de l’Institut américain de la
santé a montré que 85 % des enfants autistes ayant participé à
cette étude souffraient de constipation et 92 % de troubles gastro-
intestinaux. Or, les scientifiques ont souligné une forte corrélation
entre la constipation des autistes et les difficultés de langage.
Aujourd’hui, le Centre américain pour le contrôle et la prévention
des maladies (CDC) estime que les enfants autistes présentent
trois fois et demie plus de risques de diarrhées chroniques et de
constipation que les autres enfants. Autre constat réalisé, les
autistes possèdent un intestin poreux et leur microbiome est très
caractéristique avec des taux élevés de bactéries de l’espèce
clostridiale.
De là, certains chercheurs s’interrogent sur le lien qui existe entre
ces espèces de Clostridia et l’autisme. Pourraient-elles expliquer
le développement de la maladie ?
De récentes recherches soulignent qu’en agissant sur le microbiome et
notamment sur cette bactérie, on arrive à diminuer les symptômes de
l’autisme. Ils notent des résultats probants chez les malades.
L’évolution des intestins au fil des âges
Nous héritons du microbiote intestinal de nos parents mais surtout de notre
mère ! En effet, si tout ne se joue pas à la naissance, lors de
l’accouchement, c’est pourtant lors de ces tout premiers pas dans le vaste
monde que notre flore intestinale commence à se mettre en place. Ensuite,
sa composition va évoluer tout au long de notre vie et notamment lors des
trois premières années de notre existence. À l’âge adulte, il se stabilise
enfin… si le stress, la maladie et les médicaments ne viennent pas le
perturber !

La flore intestinale se construit donc pendant les trois premières années de


la vie. Voyons comment.

Les intestins du fœtus


Lorsque l’enfant est dans le ventre de sa mère, il n’est en contact avec
aucun germe, il flotte dans un milieu relativement stérile. Dans ce liquide
amniotique maternel, entouré d’un utérus protecteur, le bébé n’est exposé à
aucun virus, aucun parasite, aucune bactérie, aucun champignon. Nous
mangeons et nous respirons par l’intermédiaire du sang de notre mère
acheminé par le cordon ombilical. Et c’est le système immunitaire de la
mère qui garde le milieu stérile, pour l’enfant. Ses poumons et ses intestins
préfiltrent tout ce qui arrive au fœtus.

Mais lorsque le moment fatidique de retrouver le vaste monde arrive et que


la poche des eaux de la mère se rompt, lorsque le bébé progresse dans les
voies naturelles, il est alors exposé aux micro-organismes du vagin. Il est
colonisé par ces premières bactéries rencontrées au passage. Il s’agit du
premier contact avec la flore vaginale de la mère, mais aussi, il faut bien
l’avouer, du premier contact avec la flore anale, c’est-à-dire les résidus de
substances fécales autour de l’anus. Malgré tout ce que l’on pourrait penser,
toutes ces bactéries maternelles fournissent des microbes bénéfiques à la
santé du nouveau-né. La flore vaginale par exemple fabrique des acides qui
éloignent certaines bactéries et garantissent l’hygiène jusqu’à l’utérus.

Si la flore nasale compte 900 espèces de bactéries différentes, la flore


pelvienne est quant à elle beaucoup plus sélective. Elle n’est composée que
de quelques espèces de bactéries qui enveloppent le corps du bébé pour le
protéger. La moitié d’entre elles sont d’un seul genre : celui des
lactobacilles, dont l’activité principale est de fabriquer de l’acide lactique.
Au moment de l’accouchement, l’enfant est ainsi exposé aux bactéries
vaginales et fécales de la mère, jusqu’à ce que des mains vigoureuses du
médecin accoucheur s’emparent du corps du bébé. La première flore
microbienne du bébé né par voie basse se compose donc de la flore vaginale
et intestinale de la mère, de germes de la peau des médecins et infirmières
et d’une sélection des germes qui traînent à l’hôpital.

Pourquoi cette première exposition n’est-elle pas fatale à l’enfant ? Parce


qu’une série d’événements viennent à la rescousse du nourrisson : les acides
protègent le nouveau-né des méchantes bactéries, tandis que d’autres
commencent à proliférer renforçant le système immunitaire du bébé. De
plus d’autres germes commencent à décomposer les éléments non
digestibles du lait maternel. Des bactéries qui prolifèrent à vitesse grand V
puisqu’en à peine vingt minutes une nouvelle génération s’est installée dans
nos intestins de bébé. Les lactobacillus utilisent le sucre du lait, le lactose,
comme carburant pour proliférer.

Au final, il faudra trois années pour qu’une flore intestinale trouve un


certain équilibre dans l’intestin de bébé. Jusqu’à cet âge, le ventre est le
centre de luttes incessantes entre différentes souches de bactéries. Celles
que nous avons ingérées en portant à notre bouche ces délicieux graviers ou
bien en léchant cette vitre trop propre ou bien encore en suçant son doudou
qui a traîné par terre. Certains germes vont ainsi se développer très
rapidement pour disparaître aussi vite qu’ils sont apparus. D’autres
bactéries vont nous accompagner toute notre vie. Comment savoir alors si
ces micro-organismes sont nos amis ou nos ennemis ? Pas de panique.
D’abord parce que pendant toute la durée de l’allaitement par notre mère,
nous sommes protégés par son système immunitaire. Le lait maternel
contient en effet des anticorps capables de parer à la rencontre avec des
bactéries trop nuisibles.

Il favorise ainsi une partie de la flore intestinale, telles les bifidobactéries,


qui aiment tout particulièrement le lait maternel. Un enfant qui n’a pas
assez de bifidobactéries dans les intestins a toutes les chances de connaître
un problème de surpoids à l’âge adulte. En fait, les premières bactéries
intestinales du bébé préparent l’intestin à sa flore d’adulte.

Le microbiote des enfants nés par césarienne


Depuis la nuit des temps, la mère transmet à la naissance sa flore
bactérienne à son enfant. Mais avec la césarienne, cette
transmission est rompue. En France, les césariennes représentent
actuellement 21 % des naissances, un taux qui se stabilise depuis
2003. Pour le bébé né par césarienne, les choses sont un peu
plus compliquées du côté de la flore intestinale. En effet, les
premiers germes auxquels il sera exposé sont des germes de la
peau, l’épiderme de sa mère mais également des personnes
étrangères (l’infirmier, la sage-femme). Si les bébés nés par voie
vaginale hébergent surtout la souche lactobacillus (les
lactobacilles), qui est très bénéfique, les bébés nés par césarienne
présentent des colonies semblables à celles de la peau et surtout
des quantités importantes de bactéries potentiellement néfastes,
de type staphylococcus, qu’on appelle plus simplement
staphylocoques.
Leur flore intestinale n’est pas contrainte par celle de la mère, sa
flore pelvienne. Or, la flore cutanée n’est pas aussi strictement
contrôlée, pas aussi bénéfique que la flore pelvienne et reste plus
exposée aux influences de l’extérieur. Ainsi, pour les enfants nés
par césarienne, il faudra beaucoup plus de temps pour stabiliser
leur microbiote. Ces enfants ont d’ailleurs plus de risques de
développer des allergies ou de l’asthme. Au cours des dernières
années, les médecins ont constaté une explosion des allergies
chez les enfants. Dans le même temps, ils ont pu observer que la
flore intestinale des enfants asthmatiques est différente de celle
des enfants sains. Et il semble que l’accouchement de la mère par
césarienne soit un des facteurs favorisant ces problèmes
d’allergies, d’asthme. Par ailleurs, si la mère prend des
antibiotiques pendant sa grossesse ou lors des premières années
de la vie de l’enfant, les risques pour ce dernier de développer de
l’asthme sont accrus.
Heureusement, vers l’âge de 7 ans, plus rien ne distingue la flore intestinale
d’un enfant né par voie naturelle de celui né par césarienne. L’un a rattrapé
l’autre !
L’intestin à l’âge de 3 ans : la flore intestinale a trouvé
son équilibre
Tôt ou tard l’allaitement prend fin. Il le faut bien ! Et c’est à ce moment
précis du sevrage que l’univers microbien du bébé se transforme
profondément. Sa nourriture changeant du tout au tout, c’est une vraie
révolution qui s’opère dans son petit ventre. La nature a cependant prévu la
transition : les bactéries qui aiment bien le lait maternel ont également une
réelle appétence pour les glucides simples comme le riz. La tâche du bébé
est plus compliquée si on lui donne une nourriture riche, des végétaux
complexes par exemple, comme les petits pois. Son intestin aura besoin
d’aide. Selon le type de nourriture, le type d’alimentation de ses parents, de
son pays d’origine, il va acquérir des capacités différentes. Ainsi, les petits
Européens ont un intestin qui n’est pas prêt à une alimentation complexe ;
les petits Africains vont devoir rapidement être capables de digérer une
alimentation très riche en fibres et en végétaux ; les petits Japonais seront
capables de digérer des algues. Ces bactéries plus compétentes pour digérer
tel ou tel aliment se transmettent d’ailleurs de génération en génération,
d’où ces différences régionales.

Avant que notre population intestinale ne se stabilise, soit vers l’âge de 3


ans, nous explorons le monde avec notre bouche. La phase buccale est
primordiale, car elle nous met en contact avec des bactéries utiles et qui
nous sont adaptées. Au fur et à mesure de nos rencontres, nous construisons
ainsi un puzzle bien imbriqué de germes qui nous sont utiles. Et de la
centaine d’espèces de nos premiers mois, leur nombre passe à une centaine
de milliers de souches différentes.

Le microbiote à l’âge adulte


En matière de microbiote, l’être humain est précoce. Il est considéré comme
adulte à l’âge de 3 ans. S’il existe environ un millier d’espèces différentes
de bactéries participant à la composition du microbiote intestinal, chaque
individu en hébergerait environ 200. La proportion des deux groupes de
bactéries les plus fréquemment rencontrés dans l’intestin (les firmicutes et
les bactéroïdètes) est un critère de la bonne santé générale et du risque de
maladies.

Le système immunitaire de l’intestin doit assurer l’équilibre entre la défense


face aux éléments pathogènes et la tolérance face aux aliments. Un bon
dialogue entre le microbiote et le système immunitaire est donc essentiel
pour maintenir tout au long de la vie cet équilibre complexe et instable.

Si le microbiote est censé être stable à l’âge adulte, il est néanmoins affecté
par la prise d’antibiotiques, notre alimentation et notre environnement.
Comment notre mode de vie sédentaire et stressante influe-t-il sur notre
ventre ? Quel est l’impact d’une alimentation industrielle contenant des
pesticides ? Quelles maladies est-on susceptible de développer au cours de
notre vie ?

Intestin, tu me fais souffrir


Les maux du ventre sont multiples
Le syndrome de l’intestin irritable possède divers noms. Les médecins
l’appellent colopathie fonctionnelle ou maladie du côlon irritable ou encore
colite spasmodique. Dans les pays anglo-saxons, on la nomme : irritable
bowel systems ou IBS, ce qui se traduit en français par « syndrome de
l’intestin irritable » (SII). Ce syndrome revêt plusieurs formes et est associé
à divers symptômes : douleurs au ventre, troubles du transit, ballonnements,
gaz, diarrhées et constipation en alternance ou en même temps. La
colopathie fonctionnelle présente des symptômes très différents d’un
individu à l’autre et les degrés de gravité sont très variables.

Dans l’ensemble des pays industrialisés, le nombre de personnes adultes


atteintes par ces troubles intestinaux est de l’ordre de 15 %. En France, plus
de 9 millions de personnes souffrent de cette maladie. Les douleurs
représentent 50 % des causes de consultations en gastro-entérologie.

Si les troubles sont véritablement ressentis, les médecins peinent parfois à


en décrypter les causes et nombreux sont les patients à consulter et à se voir
rétorquer qu’en fait, ils n’ont rien. Le syndrome de l’intestin irritable est en
effet classé dans les troubles digestifs fonctionnels, c’est-à-dire que les
examens ne montrent aucun signe organique, aucune lésion des organes.
Pas d’anomalie de prise de sang non plus ou d’examen radiologique
montrant quoi que ce soit. On n’est pas loin de penser que ce ne sont pas de
vraies maladies ! Pourtant, pour beaucoup d’entre nous, la douleur est bien
présente et les conséquences sur notre vie quotidienne sont nombreuses.

Une étude française montre que devant la difficulté à poser un diagnostic, le


délai moyen entre les premiers symptômes et la détection par le médecin est
de deux ans pour une personne souffrant de douleurs abdominales.

Parmi les personnes atteintes par le syndrome de l’intestin irritable, 90 à


100 % souffrent de douleurs abdominales plus ou moins intenses. Des
douleurs ressenties de façon variable selon les heures mais aussi d’un jour à
l’autre. Des maux qui s’apparentent à des spasmes même s’il est difficile
pour les malades de les définir. Ils évoquent parfois des coups de couteau,
des brûlures, des torsions, une certaine pesanteur. La localisation de ces
douleurs n’est pas non plus spécifique : elle peut se situer dans différentes
parties de l’abdomen ou bien se déplacer. Mais une constante demeure, ces
maux s’atténuent quand on va à la selle, ou après l’émission de gaz.

Le transit étant modifié, les moyens d’expression de la maladie sont donc


variés : il peut s’agir de diarrhées, de constipation, une alternance des deux,
etc. Tous les cas de figure sont possibles. Les médecins s’appuient sur
l’échelle de Bristol (présentée dans « Les différentes parties de l’intestin »)
pour émettre un diagnostic. Cette échelle est utilisée par les
gastroentérologues avec leurs patients pour définir leur type de selles et
mettre un nom sur les symptômes.
La constipation
Comment définir la constipation ? Parlons concrètement. On est constipé
lorsque l’on va peu aux toilettes, moins de trois fois par semaine. Lorsqu’il
faut faire des efforts importants et pousser pour déféquer, et lorsqu’on a une
sensation d’évacuation incomplète après la selle, obligeant souvent à y
retourner peu de temps après une première fois.

Chez les patients très constipés, différentes manœuvres peuvent aider les
selles à sortir, cela peut aller jusqu’à s’aider de ses doigts pour extraire les
selles ou faire pression sur le ventre, autour de l’anus ou au niveau du vagin
pour les femmes.

La diarrhée
On souffre de diarrhées lorsque l’on va aux toilettes trop souvent (plus de
trois fois par jour), que les selles sont urgentes, mais aussi en fonction de
leur consistance (voir l’échelle de Bristol). Si l’envie ne peut attendre,
même quelques minutes, cela peut vite devenir une obsession. Et cette
obsession porte un nom : la laxophobie, c’est-à-dire la peur de ne pas
arriver à temps aux toilettes.

Il existe également un phénomène de « fausses diarrhées » : certaines


personnes qui disent souffrir de diarrhées, avec des selles fréquentes et
parfois liquides, souffrent en fait de constipation. Le phénomène s’explique
par une accumulation de selles molles au-dessus d’un bouchon de selles
dures.

Les ballonnements
Même s’ils ne sont pas inclus dans la liste des symptômes de la colopathie
fonctionnelle, nombreuses sont les personnes touchées par cette maladie à
souffrir également de ballonnements. Selon une étude américaine, 92 % des
personnes atteintes du syndrome de l’intestin irritable ont également le
ventre gonflé.
Ces ballonnements sont généralement plus importants après les repas, mais
leur intensité varie dans la journée. Ils peuvent vous obliger à desserrer
votre ceinture, voire donner l’impression que vous êtes enceinte, si vous
êtes une femme. Les ballonnements diminuent lorsqu’on arrive à évacuer
les gaz.

Les flatulences
Autre symptôme qui n’est pas officiellement compris dans la définition du
syndrome de l’intestin irritable : les flatulences, les pets, les gaz.

En fait, ces gaz correspondent à l’air avalé pendant le repas mais résultent
également du processus de digestion, résultat de l’activité microbienne. Ce
sont les gaz produits par l’activité de certaines bactéries de notre côlon qui
produisent du méthane (comme les vaches peuvent en produire), du sulfure
d’hydrogène mais aussi du dioxyde de carbone (CO2). Eh oui, nous
participons également, dans une moindre mesure toutefois, au
réchauffement de la planète ! Ces gaz sont régulièrement expulsés via le
rectum.

Des études indiquent que nous produisons en moyenne entre 12 et 25 gaz


différents par jour et que leur volume total est de 1 litre par jour.

En revanche, tout n’est pas syndrome de l’intestin irritable et il convient de


faire attention, et surtout de consulter son médecin lorsque l’on décèle du
sang dans les selles, en cas de pertes de poids ou d’antécédents familiaux de
cancers du côlon, ou de polypes.

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ou


MICI
Les maladies inflammatoires du tube digestif sont aussi appelées maladies
inflammatoires chroniques intestinales ou MICI. Elles comprennent deux
maladies qui seront détaillées ici : la maladie de Crohn et la rectocolite
hémorragique.
Entre 1945 et 1980, les maladies inflammatoires chroniques ont nettement
progressé dans les pays industrialisés, notamment en France et en Belgique.
On estime que ce nombre a été multiplié par 8 à 10 dans les pays
industrialisés (essentiellement en Europe et États-Unis). Ainsi, les maladies
inflammatoires du tube digestif toucheraient environ 2,5 millions de
personnes dans le monde. Plus d’un habitant sur 1 000 en est atteint dans les
pays industrialisés, et la France compte près de 200 000 malades : 120 000
de la maladie de Crohn et 80 000 de rectocolite hémorragique. Entre
5 000 et 6 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, ce qui
représente environ 17 nouveaux cas par jour.

Il faut noter que la maladie de Crohn a récemment connu une progression


importante, notamment chez les enfants. Alors que globalement le nombre
des malades de la maladie de Crohn s’est stabilisé, en France et en Belgique
la maladie continue à progresser, sans qu’on puisse réellement expliquer
l’origine de ce phénomène.

En France, les autorités sanitaires ont observé d’importantes disparités


régionales. La région du Nord-Pas-de-Calais est particulièrement touchée,
avec 15 000 patients. C’est beaucoup plus que pour le sud de la France.
Cette région cumule trois particularités : la persistance d’une augmentation
du nombre de cas alors qu’elle stagne ou diminue dans les autres pays,
l’existence de formes familiales plus fréquentes qu’ailleurs, et le fait qu’il
existe plus de nouveaux cas de maladie de Crohn que de nouveaux cas de
rectocolite hémorragique. « C’est la seule région à constater cette
distribution avec la Belgique », souligne le professeur Desreumaux, gastro-
entérologue à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale
(Inserm) de Lille.

Les MICI sont des maladies qui évoluent toujours par poussées, avec des
périodes de rémissions entre chaque épisode inflammatoire.

Ces inflammations chroniques du côlon et du tube digestif sont la


conséquence d’une réponse immunitaire intestinale inadaptée à l’encontre
des bactéries habituelles de la flore intestinale. Se sentant injustement
agressées, ces bactéries intestinales vont déclencher l’inflammation de la
muqueuse intestinale. Un mécanisme de défense qui, en l’absence
d’agresseurs, se révèle plus nocif que protecteur. Les médecins ont constaté
que le tabac est un facteur aggravant dans le cas de la maladie de Crohn,
alors que c’est l’inverse pour la rectocolite hémorragique.

La maladie de Crohn
Près de 10 % des patients atteints de la maladie de Crohn ont moins de 17
ans, ce qui représente environ 9 000 enfants ou adolescents en France.
L’incidence de cette maladie (nombre de nouveaux cas détectés par an) est
en très nette augmentation depuis quelques années. Pour les jeunes patients,
la maladie est souvent assez grave, notamment parce qu’elle a le temps de
se développer sur une longue durée. Elle pose des problèmes de prise en
charge spécifique, notamment parce qu’elle a un effet sur la croissance des
enfants et des adolescents.

La maladie de Crohn, qui correspond donc à une inflammation chronique


de la paroi du tube digestif, peut toucher n’importe quelle portion du tube
digestif depuis la bouche jusqu’à l’anus. Mais dans 95 % des cas, les zones
inflammatoires se situent préférentiellement dans l’iléon (partie terminale
de l’intestin grêle), le gros intestin (côlon), ou l’anus. L’inflammation est
segmentaire (des segments de tube digestif atteints alternent avec des
segments sains). Cette maladie inflammatoire débute préférentiellement
chez l’adulte jeune entre 20 et 30 ans, voire à l’adolescence ou dans
l’enfance (5 enfants sur 100 000 par an), mais elle peut aussi se déclarer
plus tardivement, chez l’adulte d’âge mûr. Son évolution par poussées
successives entrecoupées de rémissions de durées variables est
caractéristique. Environ 30 % des patients font une poussée unique. Chez
les autres, l’histoire naturelle de la maladie tend vers une aggravation des
lésions au fil des poussées, provoquant à la longue des dégâts définitifs des
intestins et des complications.

Comment poser un diagnostic sur la maladie de Crohn ?


Si votre état général s’altère, que vous maigrissez et que vous
souffrez de fatigue, de fièvre, ou que vous constatez chez votre
enfant une cassure des courbes du poids et de la taille, il est
recommandé de consulter votre médecin ou un pédiatre.
Quant aux signes digestifs, ils s’expriment par des maux de
ventre, des diarrhées qui traînent malgré l’absence d’infection
intestinale, de fausses envies de déféquer, des émissions de
glaires et de sang en cas d’atteinte du rectum. Il peut s’agir parfois
aussi de douleurs anales avec des saignements lorsque l’on va à
la selle, ces douleurs étant liées à une fissure anale. Bref, des
moments pas très agréables à vivre.
Si la maladie de Crohn peut toucher l’ensemble du tube digestif,
de la bouche à l’anus, il n’existe aucun traitement curatif, ni aucun
moyen de prévention. La réponse de la médecine est aujourd’hui
limitée à un contrôle des symptômes.

Facteurs environnementaux ?
L’inflammation chronique du tube digestif qui caractérise les MICI
semble être la conséquence d’une anomalie de la réponse
immunitaire de l’intestin vis-à-vis de composants de la flore
intestinale pour des personnes génétiquement prédisposées.
C’est en tout cas la piste suivie par les médecins. L’épidémiologie,
qui est l’étude des facteurs environnementaux associés à une
maladie, montre une incidence plus élevée de cette maladie dans
les pays industrialisés et sa nette progression dans les pays en
voie d’occidentalisation. Ce qui peut laisser supposer que certains
facteurs environnementaux, probablement liés au mode de vie
occidental, pourraient avoir une influence importante sur
l’apparition des premiers symptômes. De très nombreux facteurs
de risque ont été évoqués. Les seuls qui soient clairement établis
sont le tabac (par des mécanismes encore inconnus à ce jour, non
liés à la nicotine), et l’ablation de l’appendice dans l’enfance,
lequel protège de la rectocolite.
Les recherches menées sur la maladie ont passé au crible les gènes de
dizaines de familles dans lesquelles la maladie de Crohn est fréquente. Elles
ont permis de découvrir plusieurs sites génétiques qui indiquent une
susceptibilité accrue de souffrir de cette maladie. Le rôle de ces gènes, leurs
interactions et les conséquences de leurs mutations font l’objet d’intenses
recherches.

La maladie cœliaque
La maladie cœliaque est une maladie fréquente. Elle est plus connue sous le
nom d’« intolérance au gluten », car c’est la consommation de gluten qui
provoque la réaction auto-immune. Elle ne doit pas être confondue avec la
« sensibilité au gluten », qui ne se traduit pas par une inflammation de
l’intestin.

Le nombre de cas de personnes souffrant d’intolérance au gluten dans la


population est estimée en Europe et Amérique du Nord à 1 %, ce qui
représenterait 600 000 cas en France. Pourtant, seuls 150 000 cas sont
répertoriés en France. Tous les experts s’accordent à dire que ce chiffre
sous-estime le problème, notamment parce qu’il semblerait qu’il existe des
formes silencieuses, atypiques.

La maladie cœliaque correspond à une intolérance permanente à une ou


plusieurs fractions protéiques du gluten. Elle se manifeste à la partie
supérieure de l’intestin grêle et provoque une destruction des villosités de
l’intestin. Il s’ensuit que les nutriments ne peuvent être absorbés
correctement (notamment le calcium, le fer et l’acide folique).

Le problème de la maladie réside essentiellement dans la difficulté du


diagnostic. La maladie cœliaque touche vraisemblablement 5 à 10 fois plus
de personnes que nous ne l’estimons aujourd’hui, laissant ainsi des milliers
de personnes en errance de diagnostic. Actuellement, il n’existe pas de
traitement curatif définitif ou préventif de la maladie. La seule thérapie
possible est de bannir le gluten de son alimentation.

Les patients atteints de la maladie cœliaque non diagnostiquée souffrent


essentiellement d’une diarrhée chronique, de douleurs abdominales
récurrentes, de ballonnements et d’une perte de poids. Ces symptômes,
relativement atypiques, peuvent s’accompagner de manifestations extra-
intestinales parfois révélatrices de la maladie : ostéoporose, arthrite
inflammatoire, dermatite herpétiforme, etc.

La maladie cœliaque, qui est responsable de lésions inflammatoires


chroniques de la partie supérieure de l’intestin grêle, est consécutive à une
réponse immunitaire anormale dirigée contre la gliadine : une protéine
présente dans les farines de seigle, blé et orge. Et cette réaction intervient
principalement chez des patients qui sont génétiquement prédisposés. Les
causes de cette maladie restent inconnues à ce jour. Les scientifiques
suspectent qu’une association de facteurs génétiques et environnementaux,
notamment liés aux habitudes alimentaires du début de la vie, pourrait en
être à l’origine.

Pourquoi de plus en plus de personnes sont-elles


intolérantes au gluten ?
D’abord, il faut distinguer l’intolérance au gluten, qui s’exprime par
des problèmes de digestion, de la maladie cœliaque à proprement
parler. Pourquoi cette allergie au gluten ? Le gluten est une
fraction des protéines contenues dans le blé, le seigle, l’orge, le
kamut, l’épeautre. Comme, en cinquante ans, on a multiplié par
trois les rendements de blé, la molécule de gluten a grossi. Dans
le même temps, le mode de fabrication du pain a évolué, il s’est
industrialisé. Rares sont les boulangers à laisser fermenter la pâte
à pain. Certains pensent que nous mangeons dorénavant un pain
indigeste.
En fait, la solution serait de laisser fermenter la pâte à pain beaucoup plus
longtemps, pour dégrader la molécule de gluten. Ainsi, elle serait beaucoup
plus facile à digérer pour notre intestin.

La rectocolite hémorragique
La « recto » – comme préfèrent la nommer les patients – est une maladie
invisible. Il s’agit pourtant d’une pathologie handicapante et douloureuse.
La rectocolite hémorragique fait partie des maladies inflammatoires
chroniques de l’intestin (MICI), dont l’incidence est en forte progression
chez les enfants.

Cette maladie touche uniquement le côlon et le rectum en provoquant les


mêmes symptômes que la maladie de Crohn (douleurs et diarrhées), mais
les patients présentent plus souvent du sang dans les selles. Méconnue du
grand public, elle suscite moins d’intérêt de la part de la recherche, qui se
concentre davantage sur la maladie de Crohn. Aussi, à moins qu’elle ne se
présente sous une forme d’emblée sévère, son diagnostic intervient souvent
après de longs mois, voire plusieurs années d’errance.

La rectocolite hémorragique correspond à une atteinte inflammatoire de la


muqueuse intestinale au niveau du rectum, qui peut s’étendre à tout ou
partie du côlon. L’étendue, associée à la sévérité de l’atteinte, va déterminer
sa gravité. On distingue ainsi trois formes : légère, modérée et sévère.

On recense environ 60 000 patients atteints de rectocolite hémorragique


(RCH) en France, dont 60 % d’hommes. Un nombre très certainement sous-
estimé, du fait d’une méconnaissance de cette maladie. S’il n’existe pas de
traitement capable de guérir les malades, ceux-ci peuvent néanmoins voir
leurs symptômes soulagés par une prise en charge adaptée. Chez certains
patients, l’inflammation peut être permanente ; chez d’autres, elle se
manifeste par poussées, alternant avec des périodes de rémission. Les
douleurs peuvent alors être insoutenables, confie Agathe, diagnostiquée à
18 ans et aujourd’hui âgée de 25 ans. « Quand je suis en phase de poussées,
je ne dirais pas que je vis mais que je survis. » Aux symptômes physiques
que sont les douleurs abdominales, les diarrhées, les rectorragies (présence
de sang dans les selles) et surtout l’extrême fatigue, s’ajoutent les douleurs
psychologiques liées à la gêne, voire à la honte, éprouvée par les patients.
« Les malades se sentent sales, ils ont une mauvaise estime d’eux-mêmes »,
confirme Chantal Dufresnes, présidente de l’association François Aupetit -
vaincre les MICI. Pour Bertille, « c’est encore plus dur d’en parler quand
on est une femme, quand on va 15 à 20 fois aux toilettes par jour en période
de crise ».

Les traitements possibles


Si vous souffrez de MICI, sachez qu’un diagnostic permettra de déceler des
lésions au niveau du côlon, des ulcérations plus ou moins profondes et de
taille variée, ainsi que des zones rouges séparées ou non par des zones
saines.

Dans le cas de la maladie de Crohn, l’intestin grêle peut également


présenter des anomalies : des zones d’inflammation, des ulcérations. Autre
effet de la maladie, le bilan sanguin va être modifié, mettant en évidence
soit une anémie, soit une inflammation.

En ce qui concerne les éventuels traitements, les médecins utilisent les


corticoïdes pour prévenir l’apparition de nouvelles poussées. Mais le
recours à la chirurgie est parfois nécessaire, surtout dans le cas de la
maladie de Crohn, en fonction de la longueur du tube digestif atteint et de la
durée de l’évolution. Une surveillance systématique s’avère nécessaire
(avec une coloscopie), car ces maladies sont associées à un risque augmenté
de cancer du côlon.

Découvertes récentes et recherches en


cours
Quel est le lien entre microbiote et obésité ? Les bactéries intestinales
seront-elles les médicaments de demain ? Quel est l’intérêt thérapeutique du
microbiote ?

En analysant l’état de nos intestins, arrivera-t-on un jour à prévoir le


développement futur de certaines maladies ? Pourra-t-on en savoir plus sur
son état, en réalisant par exemple une biopsie intestinale, c’est-à-dire un
prélèvement d’une très petite partie de cet organe ? Certains chercheurs en
rêvent, imaginant déjà pouvoir ainsi déceler les signes avant-coureurs de
l’obésité, de la maladie de Parkinson, de la maladie d’Alzheimer ou même
de la dépression. Autant de questions qui restent en suspens et qui montrent
qu’un monde reste à explorer et surtout à décrypter.

La plupart des recherches actuelles se focalisent sur un sujet particulier : le


microbiote. Pourquoi ? Parce qu’il est loin d’avoir livré ses secrets. En fait
nous n’en connaissons pratiquement rien. On le suspecte de faire le lien
entre nos deux cerveaux (le cerveau et l’intestin) et le reste de l’organisme
(voir la section « Le ventre, notre deuxième cerveau ? »). Si les outils qui
permettent d’analyser le microbiote ont évolué, on ne connaît pas encore les
fonctions de tous ces micro-organismes.

De nouvelles méthodes pour étudier le microbiote


Comment analyser les 100 000 milliards de bactéries qui peuplent notre
intestin ? Pour étudier le microbiote et comprendre son fonctionnement, on
peut utiliser des souris qui n’ont pas de microbiote intestinal et on les
compare à des animaux conventionnels qui ont une flore intestinale.
D’ailleurs, les scientifiques ont constaté que ces souris ont un système
immunitaire complètement immature, ce qui montre que le microbiote est
nécessaire à la maturation du système immunitaire.

Mais les deux tiers des bactéries du microbiote sont impossibles à cultiver
en présence d’oxygène, et encore moins dans une boîte de Petri en
laboratoire. Une fois sorties de leur milieu naturel, elles ne survivent pas.

Une deuxième méthode d’étude est donc utilisée depuis les années 2000,
une méthode moléculaire : la métagénomique. Elle consiste à extraire
l’ADN total des bactéries du microbiote et de séquencer l’ensemble des
bactéries, ce qui permet de détecter quelles sont les bactéries présentes et
comment elles fonctionnent.

Dernière invention, des scientifiques américains et des chercheurs français


du laboratoire nantais de l’Inserm ont réussi à recréer en laboratoire un
intestin humain fonctionnel, c’est-à-dire un intestin qui fonctionne en
dehors du corps.

Pour cela, ils ont développé une approche innovante d’ingénierie tissulaire
associée à l’utilisation de cellules souches, c’est-à-dire des cellules
indifférenciées capables de générer des cellules spécialisées. Ces cellules
peuvent recréer un intestin humain fonctionnant comme un vrai organe. Il
faut dire que, jusqu’à présent, il n’existait aucun modèle biologique pour
étudier le microbiote directement chez l’homme.

Cette découverte apporte deux grandes perspectives de recherche. La


première sera de modéliser et d’étudier les troubles intestinaux dans un tissu
humain tridimensionnel et fonctionnel, et ce, avec des cellules spécifiques
d’un patient. La seconde perspective consistera à tester les nouvelles
thérapies sur cet intestin humain fonctionnel avant de proposer des essais
cliniques chez l’homme.

Traiter le foie malade en agissant sur le microbiote ?


Anne-Marie Cassard, chercheuse à l’Inserm, coauteur avec
Gabriel Perlemuter du livre Les bactéries, des amies qui vous
veulent du bien (Solar, 2016), étudie les relations entre le
microbiote intestinal et l’inflammation du foie. Son travail a pour
objectif de comprendre comment ce microbiote intervient dans la
forte différence de sensibilité du foie à l’alcool. Elle a ainsi pu
constater que certaines personnes ont un « foie de bébé » malgré
une surconsommation d’alcool, d’autres à l’inverse développent
des pathologies malgré une consommation modérée. Nous ne
sommes pas tous égaux devant l’alcool !
Des études menées sur la souris montrent que l’on peut transmettre cette
sensibilité, par le transfert du microbiote des personnes dont le foie est lésé
par la consommation d’alcool. Des expériences ont donc été menées, avec
des bactéries associées à un effet protecteur ou nocif pour le foie en cas
d’exposition à l’alcool. Mais la chercheuse française estime qu’il est encore
trop tôt pour envisager de pouvoir protéger de la toxicité hépatique
provoquée par l’alcool en agissant sur le microbiote humain.
Cancer : le microbiote intestinal à la rescousse des
chimiothérapies
Des études récentes ont montré que certains microbes intestinaux favorisent
la croissance de tumeurs, tandis que d’autres contribuent à rendre plus
efficaces des traitements anticancéreux. Pour les chercheurs, il restait donc
à identifier la nature et le mode d’action des espèces bactériennes capables
d’optimiser le combat contre la tumeur, un combat mené par la
chimiothérapie.

Une récente étude menée par Mathias Chamaillard, Laurence Zitvogel et


leurs collaborateurs de l’Inserm, de Gustave Roussy, du CNRS, de l’Institut
Pasteur de Lille, et des universités Paris Sud et de Lille, a montré que deux
bactéries intestinales jouent ensemble un rôle qui permet de renforcer les
effets thérapeutiques anticancéreux du cyclophosphamide, une
chimiothérapie utilisée dans le traitement de nombreux cancers.

Comment ? La chimiothérapie entraîne différents effets secondaires, parmi


lesquels une plus forte porosité de la barrière intestinale et, par voie de
conséquence, le passage des bactéries constitutives du microbiote dans la
circulation sanguine. Pour lutter contre ce passage anormal des bactéries
dans la circulation, une réponse immunitaire se déclenche. Contre toute
attente, cette réponse est bénéfique pour les patients, car elle peut entraîner
aussi la destruction des cellules tumorales. La tumeur est donc attaquée
directement par le traitement de cyclophosphamide et indirectement par cet
effet « boostant » des bactéries.

Plusieurs modèles ont permis aux chercheurs de démontrer que la réponse


immunitaire anti-tumorale induite par le cyclophosphamide est plus efficace
après l’administration par voie orale de la première bactérie. Et un
traitement par voie orale par la seconde bactérie a permis d’obtenir un effet
similaire.

Ensuite, les chercheurs ont analysé le profil immunitaire des lymphocytes


sanguins de 38 patients atteints d’un cancer du poumon ou de l’ovaire à un
stade avancé et traités par chimio-immunothérapie. Ils ont découvert que la
présence de lymphocytes T, mémoires spécifiques de ces deux bactéries,
permet de prédire la période pendant laquelle un patient vit avec un cancer
sans qu’il s’aggrave, pendant et après un traitement.

« L’efficacité d’un médicament anticancéreux repose sur une interaction


complexe entre le microbiome du patient et sa capacité à élaborer une
mémoire immunitaire efficace contre certaines bactéries du microbiote
intestinal », explique Mathias Chamaillard, directeur de recherche à
l’Inserm.

La maladie de Parkinson en lien avec nos intestins ?


Selon un groupe de chercheurs, l’origine de la maladie de Parkinson ne se
situe pas forcément dans le cerveau. Elle pourrait se trouver dans l’intestin
en raison des bactéries qu’il contient. Des modifications du microbiome
intestinal pourraient en effet être un facteur de risque important.

La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative caractérisée par


la destruction d’une population spécifique de neurones, les neurones à
dopamine. Selon l’Inserm, elle constitue la deuxième maladie
neurodégénérative la plus fréquente en France après la maladie
d’Alzheimer, et elle est une cause majeure de handicap chez les personnes
âgées : 1 % des plus de 65 ans sont concernés.

Les causes exactes de cette dégénérescence neuronale sont incertaines :


même si l’âge reste le principal facteur de risque, il semblerait qu’un facteur
génétique entrerait en ligne de compte. Outre l’hérédité, de nombreux
scientifiques mènent des travaux pour établir si des facteurs
environnementaux peuvent intervenir. Mais « aucune substance présente
dans l’environnement ne peut être considérée comme à l’origine de cette
maladie », explique l’association France Parkinson qui souligne que
« l’hypothèse la plus plausible aujourd’hui est donc une combinaison de
facteurs environnementaux et génétiques prédisposant à la maladie ».

Des scientifiques du California Institute of Technology (Caltech) évoquent


dans une récente étude1 un facteur de risque jusqu’ici peu exploré : le
microbiote intestinal. Leurs travaux indiquent que des changements dans la
composition des populations de bactéries intestinales, ou peut-être les
bactéries intestinales elles-mêmes, peuvent contribuer à la détérioration des
capacités motrices du patient, principal symptôme de la maladie.

« L’intestin est le foyer permanent d’une communauté diversifiée de


bactéries bénéfiques et parfois nocives qui est importante pour le
développement et la fonction des systèmes immunitaire et nerveux »,
expliquent les chercheurs. « Le système nerveux de l’intestin est directement
relié au système nerveux central par le nerf vague. »

Pour cette raison, et parce que, chez les malades, les problèmes gastro-
intestinaux précèdent souvent les symptômes moteurs, les chercheurs ont
émis l’hypothèse que les bactéries de l’intestin contribuent à la survenue de
la maladie de Parkinson. Pour confirmer cette idée, ils ont utilisé des
souris qui produisaient en trop grande quantité une certaine protéine,
caractéristique de la maladie de Parkinson, et présentaient les symptômes de
la maladie.

Dans un premier groupe, les souris ont montré une population variée de
bactéries intestinales, celles du second groupe en étaient exemptes. Toutes
les souris ont dû réaliser plusieurs tâches pour révéler leurs compétentes
motrices : courir sur un tapis roulant, traverser une poutre et descendre
d’un poteau. Les souris exemptes de germes étaient significativement
meilleures que les souris avec un microbiome complet.

« Les souris étaient génétiquement identiques, les deux groupes produisant


trop de cette protéine. La seule différence était la présence ou l’absence de
microbiome intestinal. Une fois qu’on a retiré le microbiome, les souris ont
des capacités motrices normales, même avec la surproduction de la
fameuse protéine », affirme Timothy Sampson principal auteur de l’étude.

Dans la seconde partie de leur expérience, les chercheurs ont greffé des
échantillons de microbiote de patients atteints de maladie de Parkinson et de
personnes en bonne santé chez deux groupes de souris exemptes de germes.
Ils ont remarqué que les souris qui ont reçu les premiers échantillons ont
commencé à présenter des symptômes de cette maladie, contrairement aux
souris qui hébergeaient les bactéries intestinales de personnes en bonne
santé. « Le fait de pouvoir transférer les symptômes suggère que les
bactéries sont un facteur majeur de la maladie », complètent les
chercheurs.

Ces derniers ont également découvert que lorsque les bactéries intestinales
décomposent les fibres alimentaires, elles produisent des molécules
appelées acides gras à chaînes courtes. Des substances qui pourraient dans
certains cas favoriser une inflammation au niveau du cerveau et provoquer
des dysfonctionnements des neurones.

Si d’autres études doivent être menées sur le sujet, les scientifiques estiment
que le microbiote pourrait être utilisé comme un biomarqueur pour
identifier les patients à risque et faire l’objet d’une nouvelle approche pour
traiter en amont la maladie de Parkinson.

Une relation entre obésité et microbiote ?


On estime qu’entre 20 et 40 % des personnes obèses ont un microbiote très
appauvri. En France, selon une étude menée en 2012 sur un échantillon de
26 000 individus, 32 % des adultes seraient en surpoids alors que 15 % sont
obèses. Or, il semble que le microbiote des patients obèses ait une plus
grande capacité à extraire de l’énergie des aliments. Ce sont en effet les
conclusions d’une étude américaine montrant que des souris dépourvues de
microbiote intestinal et maintenues dans un milieu stérile, une fois
colonisées par un microbiote issu de souris obèses, deviennent à leur tour
obèses. Au contraire, des souris sans germes qui reçoivent un microbiote de
souris minces restent minces.

Toutefois, même si les expériences de greffe de microbiote pour corriger le


diabète sont efficaces chez la souris, elles sont pour l’instant encore
difficilement envisageables chez l’homme.

La transplantation fécale
« Face à Clostridium difficile, les matières fécales sont plus efficaces que
les antibiotiques ». Ainsi titrait, en 2014, le célèbre journal anglais New
England Journal of Medicine.

La transplantation fécale ou bactériothérapie, qu’on appelle également


greffe fécale, est une thérapie encore jeune et toujours en cours
d’expérimentation mais pourtant pleine de promesses !

Elle consiste à transplanter le microbiote fécal d’un porteur sain vers un


patient souffrant d’une infection bactérienne sévère. Depuis 2014, le
microbiote fécal est d’ailleurs considéré par l’Agence nationale de sécurité
du médicament (ANSM) comme un médicament. La maladie liée à
Clostridium difficile caractérisée par de graves diarrhées provoque le décès
de près de 14 000 Américains par an. En France, chaque année, une
centaine de personnes en meurent.

Or les infections liées à cette souche ont brutalement augmenté au cours des
vingt dernières années. Le taux de mortalité a également explosé, en partie
à cause d’une souche mutante très virulente.

Nos intestins ont pourtant été colonisés par de grandes quantités de


Clostridium difficile au cours des premiers mois de la vie. On retrouve en
effet cette souche de bactéries dans les intestins de 63 % des nouveau-nés.
Mais notre environnement intestinal a été modifié par la prise
d’antibiotiques. Or, le plus souvent, les traitements antibiotiques sont
impuissants à éradiquer Clostridium.
La greffe fécale deviendra-t-elle monnaie courante dans les
années à venir ?
Quelques milliers de personnes dans le monde, et quelques dizaines en
France, subissent chaque année une greffe fécale. Purifiée après avoir été
collectée chez un donneur, la matière fécale est ensuite réintroduite par
coloscopie chez un receveur. Le plus souvent, ce dernier souffre d’une
infection récurrente causée par une bactérie sans pitié, telle que
Clostridium.
La solution ? Combattre le mal par le mal en faisant appel à d’autres
bactéries. En effet, les personnes souffrant d’une infection bactérienne à
Clostridium ont également une flore bactérienne appauvrie dans son
ensemble et incapable de prendre le dessus sur la bactérie envahissante.
D’où l’idée d’appeler en renfort le microbiote d’une personne saine.

Mais si le travail des chercheurs américains représente une éclaircie dans un


traitement encore expérimental, ils manquent bien souvent de recul sur cette
technique. Ainsi, une patiente américaine, ayant subi une transplantation du
microbiote fécal de sa fille pour lui permettre de lutter contre une infection
à Clostridium, s’est retrouvée obèse. Guérie de son infection, la patiente a
néanmoins grossi de 20 kilos en trois ans après l’intervention, avec un
indice de masse corporelle frôlant l’obésité sévère.

Actuellement, seule l’infection intestinale par la bactérie Clostridium


difficile, résistante à l’antibiothérapie, peut être traitée par un transfert de
microbiote chez l’homme. Mais ce transfert n’est pas une opération simple :
il faut d’abord totalement laver l’intestin avant d’introduire ces micro-
organismes, qui seront ensuite plus ou moins rapidement éliminés et
reconquis par le microbiote « d’origine » du patient, ce qui implique de
renouveler l’opération. Par ailleurs, les industriels doivent relever un défi
technique de taille avant de pouvoir proposer des microbiotes aussi
facilement qu’on propose aujourd’hui des médicaments. En effet, ces
bactéries sont anaérobies et elles ne peuvent être cultivées qu’en absence
d’oxygène.
« La soupe jaune »
La technique de la transplantation fécale ne date pas d’hier. Dès le
e
xvi siècle, le médecin et herboriste chinois Li Shizhen faisait

avaler à ses patients ce qu’il appelait « la soupe jaune ». Pour


autant, les autorités sanitaires n’avaient encore jusqu’ici jamais
encadré cette pratique en France, où chaque hôpital faisait un peu
« à sa sauce ».
L’Agence nationale de sécurité du médicament ne s’est penchée
que récemment sur la question. Pour la première fois, les
professeurs Beaugerie et Harry Sokol, qui ont lancé à Saint-
Antoine un essai clinique inédit pour évaluer l’efficacité de la
transplantation fécale sur la maladie de Crohn, ont dû établir des
règles strictes pour le choix du donneur, la liste des virus ou
parasites à rechercher, et cela afin d’éviter toute contamination.
Et d’ailleurs, quel est le statut des matières fécales ? Le débat
s’est propagé au Royaume-Uni, en Allemagne ou aux Pays-Bas.
Est-ce un produit biologique comme le sang ? Un médicament ?
L’Agence du médicament a opté pour le second choix, tout comme
la Food and Drug Administration aux États-Unis.

Le lancement de vastes programmes de recherche


Le gouvernement américain a annoncé en 2016 le lancement d’un grand
programme de recherche sur les populations de micro-organismes
(bactéries, levures, champignons, virus).

En octobre 2015, un groupe de microbiologistes américains avaient fait une


déclaration commune dans la revue Science, réclamant une unification des
recherches dans le domaine de la flore intestinale. « Sans une mise en
commun des données, nous n’avons qu’un patchwork d’études qui se
contredisent. Nous avons besoin d’une base solide plutôt que les sables
mouvants dans lesquels nous baignons actuellement », rapportait l’un de ses
auteurs au journal américain The Atlantic.

Leur appel a été entendu. En mai 2016, la Maison-Blanche annonçait le


lancement du National Microbiome Initiative (NMI), le premier consortium
américain sur le microbiote. « Nulle part ailleurs dans le monde, l’étude du
microbiote est soutenue à un niveau si élevé du gouvernement », a expliqué
Stanislav Dusko Ehrlich, directeur de recherche à l’INRA.

Le budget – qui doit encore être approuvé par le Congrès – consacré à cette
recherche, s’élève à un demi-milliard de dollars. Seulement un cinquième
de l’argent vient du gouvernement, le reste étant fourni par des universités
et des entreprises intéressées. Parmi elles, la fondation du milliardaire
américain Bill Gates, qui a d’ores et déjà investi 100 millions de dollars
dans le projet.

Avec le National Microbiome Initiative, le gouvernement américain


souhaite faire entrer la recherche sur le microbiote dans une autre
dimension. Il compte d’ailleurs ouvrir plusieurs dizaines de centres de
recherche sur le sujet à travers le pays.

En France, le projet Metagenopolis a développé une approche similaire.


Son objectif est de démontrer l’impact du microbiote intestinal humain sur
la santé et le rôle qu’il joue dans les maladies non infectieuses, en mettant à
la disposition des communautés médicales, académiques et industrielles les
outils les plus novateurs et performants dans le domaine.

Pour atteindre ces objectifs stratégiques, Metagenopolis développe quatre


plateformes technologiques, le but à terme étant d’analyser 7 000
échantillons par an. Démarré en 2013, il est soutenu par les investissements
d’avenir, un programme de financement du ministère de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche, et l’INRA pour un budget total d’environ
83 millions d’euros.
Le projet rassemble la communauté médicale, scientifique et industrielle.
Pour le moment, il a abouti à 15 publications dans des revues prestigieuses
telles que Nature et à 27 dépôts de brevets. En décembre dernier, ses
chercheurs ont mis en évidence les effets négatifs du Metformine, un
antidiabétique oral, sur le microbiote intestinal. Mais ce ne sont que les
premiers résultats.

1. « Microbiota Diurnal Rhythmicity Programs Host Transcriptome Oscillations », Cell, vol. 167,
n° 6, 2016, p. 1495-1510.
3 - Prendre soin de son intestin
Ce qui est bon pour l’intestin
La santé et la diversité de notre microbiote dépendent de notre alimentation.
Comment bien manger ? En matière de nutrition, la façon même dont nous
prenons nos repas est de la plus haute importance.

La bible du bien manger


Tout d’abord, il faut veiller à bien mastiquer les aliments. Lorsque l’on
prend le temps de bien mastiquer son repas, on évite d’avaler l’air qui peut
provoquer des gaz intestinaux, des ballonnements et la nausée.

Manger bien mais manger moins ! Lorsque l’on fait un repas trop
copieux, on risque d’imposer une pression sur le sphincter inférieur de
l’œsophage, c’est-à-dire le muscle qui empêche la nourriture de remonter
dans l’œsophage, et donc de déclencher des brûlures d’estomac. De plus, il
est recommandé d’avaler de petites portions des aliments les plus nutritifs,
en privilégiant les protéines maigres ainsi que les fibres provenant des fruits
et des légumes.

Manger moins mais manger plus souvent. Lorsque l’on suit le conseil de
manger moins en quantité, on doit forcément manger plus fréquemment
pour se procurer tous les nutriments dont on a besoin. C’est ainsi qu’on
parvient à réguler son taux de sucre dans le sang. Surtout, ne sautez pas de
repas et essayez de prendre le temps nécessaire pour manger – même
lorsque le temps vous est vraiment compté.

Une fois le repas terminé, il faut laisser la gravité faire son œuvre.
Résistez à la tentation de vous allonger après un repas copieux, car en fait,
la position horizontale nécessaire à une sieste annule les effets bénéfiques
de la gravité. Restez en position debout (ou assise) pendant environ trois
heures après avoir mangé pour que la nourriture se déplace vers le bas en
direction de votre estomac et de vos intestins. Si vous devez vous coucher
après un bon repas, assurez-vous d’élever la tête de votre lit de 15
centimètres environ.

Mangez des fibres ! Veillez à ce que votre régime alimentaire comporte des
aliments à forte teneur en fibres. Les fibres insolubles, c’est-à-dire celles
qui se retrouvent dans la pelure des pommes, dans les graines et les noix.
Ces fibres recherchent l’humidité, qu’elles absorbent pour prévenir la
constipation en donnant du volume à vos selles, qu’elles ramollissent. Ne
négligez pas les fibres solubles contenues dans les légumes, les fruits, les
haricots et les grains entiers, car elles constituent un agent de liaison
visqueux qui aide à réduire le cholestérol.

Évitez ce qui peut irriter vos intestins. Permettez à votre système digestif
de faire une pause, ne l’exposez pas aux aliments ni aux boissons qui
semblent le déranger particulièrement. Parmi les déclencheurs les plus
fréquents d’indigestion, on retrouve les produits épicés ou gras, le chocolat
et la caféine. Alcool et tabac n’arrangent rien non plus. L’alcool est en effet
un irritant gastrique. L’alcool affaiblit également le sphincter (la valve) de
la partie inférieure de l’œsophage (le SIO) – ce qui provoque le reflux
d’acide dans l’œsophage menant à une indigestion.

Même effet du tabagisme : il affaiblit la partie inférieure de l’œsophage et


permet aux acides de l’estomac de remonter dans l’œsophage et de
provoquer des brûlures d’estomac. Les fumeurs courent également un
risque accru d’ulcères et de maladie de Crohn.

Bougez davantage. L’activité et le mouvement favorisent les contractions


qui font avancer les aliments dans l’intestin. Intégrer de l’exercice régulier à
votre quotidien permet de faciliter la digestion, prévient la constipation et
réduit les risques de cancer du côlon.

Ne pas oublier d’écouter son corps et ses envies. Lorsque vous sentez le
besoin de vous rendre aux toilettes, allez-y ! N’empêchez pas votre corps de
fonctionner parce que vous avez un horaire chargé. Les selles que votre
corps retient trop longtemps deviennent de plus en plus sèches et solides, et
lorsque vous vous décidez enfin à les évacuer, leur passage est difficile et
susceptible de mener à des efforts intenses et prolongés qui provoqueront
peut-être des hémorroïdes.

Pourquoi les fibres sont-elles bénéfiques ?


Les fibres font du bien à notre intestin. Mangez de 30 à 35 grammes de
fibres par jour aident nos intestins à mieux digérer, à mieux assimiler les
aliments. Elles raccourcissent le temps de transit, fournissent une
impression de satiété plus longue et donnent du volume et une meilleure
consistance aux selles, ce qui permet de les évacuer plus facilement. Il
existe deux types de fibres : les solubles et les insolubles.

Brocoli, son, blé entier, petit pois, choux de Bruxelles, pommes, figue ou
les fameux pruneaux : nombreux sont les aliments connus qui contiennent
des fibres insolubles. Ces dernières ont l’habitude de se comporter comme
une éponge. En gonflant, elles stimulent le transit intestinal. Elles
augmentent le volume des selles et améliorent leur consistance, grâce
notamment à l’eau absorbée. Elles sont donc recommandées en cas de
constipation. Et puis ces fibres insolubles produisent moins de gaz.

Carotte, courgettes, céréales, avocat, navet, légumes secs, orange,


pamplemousse, sont des aliments qui contiennent des fibres solubles, elles
aspirent tout : les veilles cellules mortes, les déchets, les aliments pas assez
digérés et les éléments toxiques. Leur prise est conseillée en cas de selles un
peu molles, car elles ont la réputation d’agir en douceur.

S’il vous semble difficile d’ingérer toutes les fibres dont vous avez besoin,
il existe des produits à base de psyllium qui peuvent vous aider à augmenter
votre apport quotidien en fibres. Le psyllium est connu sous le nom de
plantain des Indes ou d’ispaghul. Cette plante est utilisée depuis longtemps
afin de traiter des problèmes de constipation, de dysenterie et de diarrhée.
C’est un laxatif mécanique efficace qui ne provoque pas d’irritations de la
muqueuse.

Qu’est-ce que les FOS ?


C’est l’autre nom des fructo-oligosaccharides. Les FOS appartiennent à la
famille des prébiotiques. Ce sont des fibres naturelles et solubles composées
de glucose et de fructose (deux sucres) que l’on trouve dans de nombreux
fruits et légumes. Elles résistent bien au transit, notamment dans l’intestin
grêle, et alimentent ainsi quelques souches de bonnes bactéries comme les
souches bifidus par exemple. Où trouve-t-on des FOS ? Dans l’artichaut,
l’asperge, la banane, l’oignon, le poireau contiennent. Mais si vos intestins
sont fragiles et produisent beaucoup de gaz en raison de phénomènes de
fermentation, mieux vaut éviter les FOS. Ils pourraient accentuer ces si
désagréables flatulences.
Le régime macrobiotique
Basé sur la philosophie du yin et du yang et très proche de la diète
végétarienne, le régime macrobiotique fait beaucoup parler. C’est le docteur
Christoph Wilhelm Hufeland qui évoqua en premier, en 1797, les bienfaits
du régime macrobiotique dans son ouvrage L’art de prolonger la vie, ou la
macrobiotique. Fervent défenseur de la médecine traditionnelle chinoise, le
Japonais Georges Ohsawa (1893-1966) est considéré comme l’inventeur de
la macrobiotique telle que nous la connaissons aujourd’hui. Décrié en
France, il connaît un vif succès en Allemagne et aux États-Unis (notamment
parmi les stars comme Madonna !).

Le terme « macrobiotique » vient du grec macro (grand) et bio (vie). La


macrobiotique est une philosophie orientale pratiquée à travers
l’alimentation : elle nettoierait le corps et la tête et nous permettrait de
retrouver la paix intérieure. Elle a pour but d’inciter l’être vivant à mieux se
comprendre pour être libre de se soigner seul et de prévenir d’éventuelles
maladies (coups de froid, microbes, problèmes digestifs par exemple).

La macrobiotique est à la fois une philosophie, un art de vivre et une


manière de se nourrir. Dans l’aliment, elle introduit le principe d’équilibre
du yin (féminin) et du yang (masculin).

Tout dans l’univers est régi par la loi du yin et du yang, qui sont à la fois
opposés et complémentaires : le ciel et la terre, le jour et la nuit, l’homme et
la femme. La macrobiotique nous invite à respecter l’équilibre du yin et du
yang dans notre organisme en nous alimentant plutôt yin ou plutôt yang
selon nos besoins.

Ainsi, les aliments sont classés dans l’une ou l’autre de ces deux catégories.
Il ne s’agit pas de manger plus yang que yin ou l’inverse. Il convient de
rechercher des aliments comportant l’équilibre yin et yang, ou de le rétablir
par la cuisson qui rend plus yang les aliments yin. La macrobiotique
considère le riz comme l’aliment parfait, parce que le yin et le yang y sont
en équilibre.

La cuisson à l’eau ou à feu vif est remplacée par la cuisson prolongée à


l’étouffée ou à la vapeur. On peut aussi faire revenir lentement les légumes
à la poêle à l’aide d’une huile riche en acides gras insaturés (méthode de
cuisson dite nituké). Il est fondamental de mastiquer longuement les
aliments.

En macrobiotique, on accorde toujours une grande attention aux


changements de saison et à leur influence sur notre organisme, en
consommant toujours des légumes et des fruits de saison.

L’équilibre dans l’alimentation macrobiotique est atteint avec un mélange


de : céréales complètes 50 à 60 %, légumes 25 %, légumineuses, algues
10 %, poissons, fruits 5 %.

Les avantages
Ce régime fait baisser le risque d’obésité et réduit également le taux de
cholestérol ainsi que la tension artérielle. Il protège de la constipation grâce
à son apport en fibres.

Les inconvénients
Ce plan minceur peut devenir difficile à suivre à court et long terme, car il
se révèle restrictif. Le choix d’aliments reste assez limité (riche en fibres et
pauvre en protéines). Ce régime est par ailleurs contre-indiqué chez les
enfants, les adolescents, les femmes enceintes et celles qui allaitent, les
personnes atteintes de cancer et bien sûr les personnes en dénutrition.

Il existe également des risques de carence en calcium, magnésium,


vitamines A, C, B12 et D, en calories, protéines et acides gras oméga-3. La
carence en fer et en vitamines B12 peut provoquer une anémie amenant un
rachitisme chez les enfants.

Le régime macrobiotique peut d’ailleurs affaiblir votre tonus musculaire et


vous faire grossir à cause d’une consommation excessive de céréales. La
consommation des aliments dans le cadre de ce régime reste insuffisante en
crudités, et au contraire parfois excessive en sel.

Georges Ohsawa nous avertit : « La pratique sans la théorie est dangereuse,


la théorie sans pratique est inutile. »

Le régime méditerranéen
Comme les bactéries intestinales se nourrissent de fibres, les prébiotiques,
augmenter l’apport en fibres sous forme d’aliments complets, de légumes et
de fruits est bénéfique. Les aliments riches en graisses animales font, quant
à eux, croître la proportion de bactéries Bacteroides et Firmicutes,
productrices de métabolites favorisant une inflammation locale.

L’inflammation engendre une perte de sensibilité du nerf vague aux signaux


de satiété envoyés vers le cerveau. Il est donc préférable de consommer des
aliments pauvres en graisse (poisson, volaille, etc.).

De plus, la surconsommation d’acides gras saturés, que l’on trouve dans les
graisses animales (beurre, fromage, viande, charcuterie) mais aussi dans les
plats cuisinés, les pâtisseries, les viennoiseries, augmente le risque de
cancer colorectal.

Différentes études scientifiques ont montré qu’un régime méditerranéen,


constitué principalement de céréales, de légumineuses, de fruits et légumes,
permet de moduler la composition du microbiote et de produire ainsi un
taux élevé d’acides gras à courte chaîne au rôle indéniablement protecteur
vis-à-vis du cancer.

Le jeûne
Le jeûne a le vent en poupe. La preuve, 5 000 Français chaque année s’y
adonnent en s’élançant sur les chemins de randonnée le ventre creux et
l’esprit alerte. Le succès des rando-jeûnes ne faiblit pas. Réflexe naturel
d’autoguérison chez les animaux malades, le jeûne était recommandé par
Hippocrate. Pratique courante dans de nombreuses religions, il est aussi un
outil de protestation. Mais le jeûne est-il vraiment une cure permettant de
détoxifier l’organisme ? Quel est son effet sur les intestins et sur le corps en
général ?

Pendant le jeûne, l’intestin grêle et le côlon sont totalement au repos. Cela


leur permet de restaurer leurs tissus abîmés.

En France, globalement, le corps médical ne croit guère aux vertus du


jeûne. Le corps humain est conçu pour recevoir de la nourriture toutes les
quatre heures, sinon l’organisme est stressé et va avoir tendance à vouloir
faire des réserves. Mais, si un jeûne total n’est pas recommandé, de courtes
cures, durant lesquelles on met de côté le sucre et les graisses saturées, par
exemple, peuvent faire du bien à l’organisme. C’est une manière de
compenser le fait qu’en général, en Occident, on mange beaucoup trop ! Et
déjà stopper le grignotage entre les repas constitue une forme de jeûne
régulier salutaire. Jeûner permet en effet de débarrasser le système nerveux
intestinal des métabolites indésirables. Le nerf vague, notamment, retrouve
sa sensibilité aux signaux de satiété.

Pour être le roi du trône


La défécation est contrôlée par deux sphincters, l’un interne, qui
laisse tout passer en communiquant la qualité de la substance au
cerveau, et l’autre externe, qui ne laisse passer qu’à condition que
l’environnement soit favorable. En réunion avec ses collègues de
travail ? Mauvais moment. Chez soi, seul ? C’est parti !
Pour faciliter la défécation, il existe une position optimale pour que
tout s’en aille faire le grand plongeon. Le côlon est en effet
ceinturé par une sorte de corde qui fait faire un angle à l’intestin,
ce qui empêche de déféquer debout ou assis sans pousser. Pour
bien détendre cette ceinture, il suffit de relever un peu les jambes,
en installant un petit tabouret par exemple sous les pieds. Ou
alors de faire installer des toilettes turques chez soi. Cette astuce
permet de ne pas forcer, car pousser trop fort comporte des
risques : malaise, crise cardiaque ou accident vasculaire cérébral.
Et quand cela ne veut pas sortir ? Plutôt que de prendre des laxatifs ou une
salade de pruneaux et de figues, mieux vaut tenter une technique sur le
trône : la balançoire. Rien à voir avec le jeu pour les enfants. Il s’agit d’un
mouvement d’avant en arrière pour stimuler la défécation. Il suffit de se
pencher de quelques centimètres et de revenir à la position initiale plusieurs
fois de suite. Une étudiante en médecine l’a testé sur un patient, et cela a
fonctionné. Pour le médecin généraliste, cette découverte est très
intéressante, car le patient peut être actif dans son traitement, évitant ainsi la
fatigue et la lassitude engendrées par la prise récurrente de laxatifs.
Les diètes

Les FODMAP
C’est une diète mise au point par une nutritionniste australienne. Les
FODMAP sont des hydrates de carbone à chaîne courte dont l’acronyme
signifie : F pour Fermentescibles (rapidement fermentés par les bactéries du
côlon) ; O pour Oligosaccharides (fructanes et galacto-oligosaccharides ou
GOS) ; D pour Disaccharides (lactose) ; M pour Monosaccharides (fructose
en excès du glucose) ; A (And) et P pour Polyols (sorbitol, mannitol, xylitol
et maltitol).

La diète FODMAP limite les aliments contenant des glucides ou sucres


qu’on dit « fermentescibles ». Ces glucides sont fermentés par les bactéries
du côlon et provoquent les symptômes de ballonnements, de gaz et de
douleurs abdominales caractéristiques du syndrome de l’intestin irritable.
Le régime sans gluten
3 % de la population serait intolérante au gluten. Mais nombreuses sont les
personnes, chez qui le gluten provoque des dérangements, des
fermentations avec remontées acides sans montrer pour autant une
intolérance sévère. De plus en plus de personnes se disent hypersensibles à
cette protéine, présente dans certaines céréales. Le régime est surtout
indispensable chez les personnes souffrant d’une véritable intolérance au
gluten (ou maladie cœliaque – voir dans la partie 2 la section sur les MICI).

Cette pathologie chronique de l’intestin déclenchée par le gluten entraîne


une inflammation de l’intestin et empêche une bonne absorption des
nutriments, minéraux et autres vitamines.

Pour manger sans gluten, il faut donc éliminer les aliments à base de blé,
d’orge, sigle, épeautre, kamut, c’est-à-dire le pain, les pâtes, la farine et les
produits qui en contiennent (pizzas, tartes, gâteaux, pâtisseries, biscuits
salés et sucrés…) : omniprésents dans notre alimentation, ils regorgent de
gluten.

Conserver un apport suffisant en féculents reste nécessaire. En effet, les


féculents sont certes assez caloriques, mais ils apportent des glucides
complexes, indispensable carburant de l’organisme.

On consomme donc à chaque repas un féculent ne contenant pas de


gluten : riz, sarrasin, maïs et ses dérivés (farine, polenta), quinoa, légumes
secs, pommes de terre, pain sans gluten… Mais en quantités limitées (100 g
poids cuit, 15 g si c’est du pain).

Préférez les repas préparés à la maison aux produits industriels tout


préparés. En effet, la plupart des produits transformés – notamment les
allégés, gavés d’additifs – contiennent du gluten, sous différentes formes.

En sélectionnant ses ingrédients et en préparant ses repas soi-même, non


seulement on évite de consommer du gluten, mais en plus on gère beaucoup
mieux les apports en sucre et en graisse, donc la valeur calorique.
Quelle est la meilleure position aux toilettes ?

Les meilleures graines pour l’intestin


Les graines de fenouil : Légères et piquantes, les graines de
fenouil ont des propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes.
Elles améliorent les fonctions digestives. Utilisées dans les
médecines traditionnelles, elles n’ont plus à faire leur réputation.
On les consomme également sous forme d’infusion ou de
décoction après un repas. Elles ont aussi des actions diurétiques
et drainantes. Idéales donc après des périodes d’excès
alimentaires.
Les graines de sésame : Riches en fibres, les graines de sésame
améliorent le transit intestinal et jouent un rôle dans l’absorption
des glucides et des lipides, souvent consommés en excès dans le
cas de repas festifs.
Les graines de coriandre : Les graines de coriandre ont un léger
goût amer et piquant. Comme les autres graines, elles renferment
des antioxydants et stimulent l’appétit ainsi que la digestion.
Les graines de cumin : Connu depuis l’Antiquité, le cumin est une
plante curative qui soigne principalement le système digestif.
Grâce à ses propriétés carminatives, il élimine les ballonnements
et gaz intestinaux. Comme les autres plantes carminatives
(gingembre, ail, menthe poivrée, fenouil, aneth, anis), le cumin
soulage également les troubles gastriques et la constipation.
Les graines d’anis : L’anis vert est utilisé depuis l’Antiquité pour ses
propriétés digestives. Cette plante a des effets apaisants sur le système
digestif grâce à ses propriétés stomatiques, antispasmodiques et
carminatives.
Se soigner en douceur
Comment remettre en forme sa flore intestinale ? Pour remettre son
microbiote d’aplomb, rien de mieux que de faire une cure de probiotiques
sous forme de compléments, de consommer des aliments prébiotiques, des
aliments riches en fibres solubles et insolubles et de boire beaucoup d’eau,
surtout entre les repas. Oubliez alcool, aliments épicés, café et tabac !

Les probiotiques
Ce sont en fait des souches de bactéries bienveillantes, les bonnes bactéries
de notre intestin. Dans ce véritable écosystème qu’est notre flore intestinale,
les bonnes bactéries côtoient les mauvaises. Et la constitution de notre
microbiote peut se dégrader après une maladie. C’est le cas également
lorsque l’on prend des antibiotiques, que l’on suit une chimiothérapie, ou
après une gastroentérite qui peut éradiquer les bonnes bactéries intestinales.
La plupart des probiotiques sont des bactéries lactiques comme les
lactobacilles ou les bifidobactéries : Lactobacillus rhamnosus GG,
Lactobacillus plantarum, Bifidobacterium infantis, mais aussi
Streptococcus faecium, Streptococcus thremophilus, Saccharomyces
boulardii. Vous reconnaîtrez souvent ces noms sur les boîtes de
probiotiques.

Les prébiotiques
Les prébiotiques sont ces aliments qui encouragent la croissance des
probiotiques. Ce sont des sortes d’engrais qui fournissent à nos microbes
des nutriments dont ils ont besoin en privilégiant les microbes qui nous sont
les plus bénéfiques.

Des plantes et des baies bénéfiques


La myrtille est parfaite pour calmer les diarrhées. Les baies en décoction,
ou le fruit en jus, resserrent les tissus et enrayent rapidement l’emballement
intestinal. On en trouve aussi en gélules. La propolis forte ou, si vous ne la
supportez pas, la propolis de romarin ou encore le célèbre extrait de pépins
de pamplemousse renforcent la flore intestinale et stomacale (et la
purifient). Le psyllium, également connu sous le nom de plantain des Indes
ou d’ispaghul, est une plante utilisée depuis longtemps afin de traiter des
problèmes de constipation, de dysenterie et de diarrhée. C’est un laxatif
mécanique efficace qui ne provoque pas d’irritations de la muqueuse. Le
psyllium est un excellent régulateur de la fonction intestinale, il adoucit en
fait la muqueuse intestinale par son apport en fibres bien toléré, comme les
graines de lin (également reconnues pour leur effet calmant) et leurs fibres
solubles, douces.

Qu’est-ce que le kéfir ?


Le kéfir est une boisson fermentée à base de grains de kéfir, un
agglomérat de plusieurs bactéries et levures, en d’autres termes
un probiotique.
Cette boisson apparue dans le Caucase aurait été découverte
lorsque les nomades transportaient du lait de chèvre, de renne ou
encore de brebis, dans des sacs de peau. Le lait s’est transformé
en un breuvage épais, capable de se conserver. Bu régulièrement,
le kéfir vous aidera à remettre en ordre votre système digestif et à
fortifier votre flore intestinale. Il améliore aussi la tolérance au
lactose des adultes.
Il renforce ensuite le système immunitaire, diminue la tension artérielle,
régule le taux de cholestérol, et contient des vitamines A, E et B. Simple
mais efficace ! On trouve ce breuvage prêt à consommer en magasin ; vous
pouvez aussi le préparer chez vous.
Les médecines douces
Naturopathie, réflexologie, homéopathie, huiles essentielles soignent
l’intestin sans l’agresser.

En cas de ballonnements : l’acupuncture rééquilibre l’énergie


Les ballonnements chroniques ne sont bien souvent qu’un des multiples
symptômes de la colopathie, la fameuse « maladie du côlon irritable ».
L’acupuncture, en rééquilibrant le potentiel énergétique, permet une prise en
charge globale de cette maladie. Elle s’adapte aux besoins de chaque
patient : un malade n’est pas traité de la même façon s’il a un tempérament
lymphatique, apathique, nerveux… Le médecin prend en compte les
réactions de chacun.

Certains ont impérativement besoin de desserrer leur ceinture pour se sentir


mieux, alors que d’autres seront soulagés par une pression sur leur
abdomen. Certains voient leurs symptômes améliorés par la chaleur,
d’autres par le froid. Enfin, l’acupuncture agit sur l’anxiété et le stress, qui
la plupart du temps favorisent les ballonnements. Il est généralement
conseillé de faire deux à trois séances durant le premier mois, puis de
consulter une fois par mois pendant le trimestre qui suit. Ensuite, en
traitement de fond, deux séances par an suffisent généralement à calmer les
côlons irritables.

La phytothérapie ou les plantes au secours de nos intestins


La phytothérapie désigne les soins par les plantes. Il s’agit de l’ancêtre des
médicaments de synthèse. Les plantes carminatives (fenouil, cumin,
coriandre, etc…) réduisent les flatulences par absorption des gaz
intestinaux. Le fenouil ou le cumin peuvent être consommés sous forme de
graines (1 à 2 grammes, 3 fois par jour) ou en infusion (une cuillère à café
de graines, à laisser infuser dix minutes dans une petite théière d’eau
bouillante). Pour un meilleur fonctionnement intestinal global, Laurent
Chevallier, nutritionniste et auteur de Moins de médicaments, plus de
plantes (Fayard, 2015), conseille une tisane à base de menthe poivrée qui
améliore la digestion, de thym qui réduit les ballonnements et de mélisse
qui est un antispasmodique. Mettez une pincée de chaque plante dans un
bol, versez l’eau frémissante et laissez infuser dix minutes. Filtrez et buvez
deux bols par jour en dehors des repas. Contre la constipation, plusieurs
plantes peuvent aussi être efficaces en tisane : le psyllium, la guimauve, la
bardane, le pissenlit, l’artichaut.

L’ostéopathie calme les tensions


La bonne santé de notre colonne vertébrale et celle de notre système
digestif sont étroitement liées. D’où l’intérêt de l’ostéopathie dans le
traitement des ballonnements ou de l’aérophagie. Par des tests manuels,
l’ostéopathe va rechercher les tensions anormales des fascias et des
ligaments qui « accrochent » les viscères à l’appareil squeletto-musculaire.
Par de très fins mouvements indolores et non agressifs, il va libérer ces
tissus de leurs surtensions afin de restaurer leur souplesse, ce qui amène
généralement un soulagement.

L’ostéopathe s’assure que les symptômes présentés ne sont pas en rapport


avec une maladie relevant d’un traitement médicamenteux ou chirurgical.
Généralement, il va obtenir des résultats en une à trois séances, espacées
d’au minimum trois semaines.

La réflexologie
Inspirée de la médecine chinoise, cette technique passe par le toucher de
zones réflexes situées sous la voûte plantaire. Le mot « pied » pour les
Chinois signifie littéralement « partie du corps qui sauvegarde la santé. »
L’objectif est donc ici de mobiliser le processus d’autoguérison du corps en
exerçant du bout des doigts une pression soutenue sur ces points réflexes
qui utilisent les terminaisons réflexes situées sous la peau.

La réflexologie soulage et apaise mais ne soigne pas. Elle apaise le système


nerveux, digestif et hormonal. Elle stimule les fonctions d’autorégulation, la
digestion.

L’aromathérapie
Certaines huiles essentielles permettent de réduire une désagréable
sensation de ventre gonflé et les crampes douloureuses. Mais attention, les
huiles essentielles ne sont pas à appliquer n’importe comment. Elles ne sont
pas seulement des concentrés de plantes dont elles sont extraites mais sont
souvent bien plus toxiques. Toutes les huiles sont donc à utiliser avec
précaution. Les huiles essentielles de basilic tropical, d’estragon ou de
cumin peuvent être très efficaces. Versez quelques gouttes diluées dans une
huile végétale neutre (huile de jojoba ou huile d’olive) et massez le ventre
avec de larges mouvements circulaires. Détente abdominale garantie ! Les
huiles essentielles qui favorisent la digestion sont les huiles d’estragon ou
de laurier noble. Mettez une goutte d’huile essentielle de votre choix sur
une boulette de pain ou un petit sucre, à prendre au milieu du repas. Vous
pouvez aussi vous masser le ventre dans le sens inverse des aiguilles d’une
montre avec deux gouttes d’huile essentielle de votre choix, diluées dans
une huile végétale.

Pour apaiser un intestin irritable, les huiles essentielles de basilic exotique


et d’estragon calment les spasmes douloureux. Et sur le plan émotionnel,
elles ont un effet relaxant et apaisant. Versez une goutte d’huile essentielle
de votre choix sur de la mie de pain ou sur un sucre, trois fois par jour
pendant sept jours. Posez deux gouttes de l’huile essentielle de votre choix
sur la zone douloureuse de votre ventre et massez doucement.
Pour calmer les nausées, l’huile essentielle de menthe poivrée stimule la
digestion. Posez deux gouttes sur un demi-sucre, à avaler toutes les quinze
minutes jusqu’à amélioration.

Les médecines les plus anciennes

La médecine ayurvédique
Toutes les médecines traditionnelles défendent l’idée selon laquelle les
maladies ont pour causes principales la rupture des équilibres et la perte
d’harmonie entre notre corps et notre esprit. Il en est de même de la
médecine ayurvédique. Tout est une question d’équilibre.

Ces thérapies s’appuient sur l’observation des grands rythmes de l’univers


dans lequel l’être humain est au centre. La médecine ayurvédique ou
ayurvéda, originaire de l’Inde, est sans doute le plus ancien système de
médecine du monde. Pourtant elle est reconnue par l’Organisation mondiale
de la santé. C’est avant tout une science de la vie. En sanskrit, ayurvédique
signifie la « science de la vie et de la longévité ». Elle essaie de donner un
sens à la vie en l’harmonisant avec la nature. C’est aussi la seule médecine
traditionnelle fondée sur des principes scientifiques. Elle utilise des
remèdes à base de plantes depuis des milliers d’années et possède des
banques de données sur leurs mécanismes d’action, leurs effets toxiques à
court ou long terme, les interactions médicamenteuses ou alimentaires.

La médecine ayurvédique agit sur la cause de la maladie, toujours vue


comme un dérèglement énergétique. Le praticien travaille sur le terrain
plutôt que sur les symptômes, c’est-à-dire sur la personne plus que sur la
maladie.

Grâce à un traitement individualisé, elle rééquilibre les humeurs du corps


ou doshas, les trois énergies fondamentales dont l’équilibre assure la santé.
En médecine ayurvédique, la digestion est le fondement d’une bonne santé.
Les doshas produisent un feu métabolique appelé agni, qui transforme les
aliments absorbés, des sensations et des pensées en une forme que le corps
peut utiliser. Si le feu digestif ne fonctionne pas correctement, vous
produisez des toxines, appelées ama. Celles-ci vont obstruer les canaux
physiques comme les intestins ou les artères, mais aussi non physiques
comme l’énergie du corps.

La médecine chinoise
Quel est le rôle des organes de la digestion dans la médecine chinoise ? Ils
sont considérés comme des zones énergétiques et chaque organe est associé
à une saison, une saveur, un élément et une qualité. Ainsi, l’estomac est un
lieu de transformation, l’intestin grêle un lieu de réception et de purification
et le gros intestin un lieu de transmission et d’élimination. Ces processus ne
sont pas purement chimiques, mais avant tout, énergétiques. Chaque
aliment nourrit ainsi un organe particulier à travers ses saveurs (acide pour
le foie, doux pour la rate, amer pour le cœur, etc.) ou sa nature (humide,
frais, chaud, sec). D’où l’importance d’une alimentation variée, mais aussi
adaptée aux saisons, aux terrains ou aux pathologies en diététique chinoise.

Comment la médecine chinoise interprète-t-elle les pathologies digestives ?


L’intestin grêle récolte, fait prospérer ce qui vient de l’estomac sous l’action
du feu du cœur : sans cela, on assiste à des angoisses, des insomnies, des
problèmes de concentration et des difficultés digestives. La rate joue un rôle
important et régit les passages à l’acte reliant la pensée, le sens et
l’intention. Sa défaillance, reflet de ruminations, peut entraîner des
lourdeurs, des ballonnements ou des brûlures digestives. Foie et vésicule
biliaire forment un couple à part. La vésicule biliaire est l’organe de la
décision, à l’origine du commencement et de l’action. Les personnes qui ont
des problèmes de vésicule ont souvent du mal à démarrer le matin. Le foie
est quant à lui le général des armées et régule les agressions digestives. Il
est associé à la colère, mais aussi à la lumière et à la possibilité d’ascension
spirituelle. Organe du printemps, de l’extériorisation, de l’ascension et de la
créativité, il joue un rôle important dans les troubles digestifs. Les médecins
chinois constatent fréquemment que les gens bloqués dans leur imaginaire
présentent des troubles du foie avec des reflux, des nausées, des
vomissements ou des crises de foie. Enfin, le gros intestin est, lui, associé
aux poumons, et un déséquilibre de ces deux organes peut se manifester par
de la tristesse. En ce sens, la médecine chinoise confirme d’une certaine
manière les récentes découvertes sur les liens qui existent entre émotions et
intestins.

Le massage abdominal pour les intestins paresseux


Quand on se sent ballonné, on appuie instinctivement sur son
ventre pour se soulager. Le premier constat est que le massage
circulaire tout simple, dans le sens des aiguilles d’une montre,
procure un réel bien-être. Mais il existe d’autres mouvements très
spécifiques pour stimuler les transits intestinaux un peu
paresseux. Tous se font allongés sur le dos, genoux fléchis, un
coussin posé sous les fesses.
Avant tout massage, installez-vous dans un endroit calme,
suffisamment chauffé, car la température du corps baisse au
repos. N’oubliez pas de frictionner vos mains pour les réchauffer
et les assouplir.
Premier massage, en cas de pesanteur gastrique : essayez de
repérer la zone la plus gonflée dans la partie du ventre sous le
nombril. Posez les mains sur cette zone et commencez à faire
d’amples mouvements respiratoires. À l’expiration, ramenez cette
partie du ventre le plus haut possible en direction de la cage
thoracique. Cela va soulager la pesanteur gastrique.
Autre technique, pour aider l’expulsion des gaz : allongez-vous sur le dos et
pliez vos genoux. Relevez votre bassin en plaçant un coussin sous vos
fesses. Dans cette position, placez chacune de vos mains à côté de votre
nombril, le bout des doigts situé à environ 5 centimètres en dessous de votre
nombril. Tout en inspirant lentement, ramenez progressivement vos doigts
vers l’extérieur en appuyant sur votre ventre, expirez et recommencez trois
fois.
Le sport, les bénéfices du yoga et autres pratiques
douces
L’activité physique
Tout le monde connaît la publicité pour la célèbre eau minérale : « Bougez,
éliminez. » Mais ce que peu de gens savent, c’est que bouger, faire une
activité physique, permet d’éliminer les gaz accumulés dans le ventre.
L’activité physique est également très efficace pour combattre la
constipation. Globalement, l’exercice physique peut faciliter la digestion
s’il est pratiqué au bon moment de la journée, c’est-à-dire longtemps après
le repas. Les activités sportives peuvent aider votre système digestif à
mieux fonctionner. En effet, lorsque vous bougez, vous sollicitez vos
abdominaux, ce qui permet le bon maintien des organes digestifs, et
favorise l’évacuation des selles. Vous retendez également les muscles
intestinaux, favorisant l’assimilation des nutriments.

Si l’activité physique dévie la circulation sanguine vers les extrémités du


corps (bras, jambes), elle permet toutefois d’alimenter le corps en oxygène,
ce qui favorise la détente. Le stress peut en effet avoir un effet néfaste sur la
digestion. Décontracté, votre corps fonctionne mieux, et votre transit est
stimulé.

La constipation est favorisée par la sédentarité. Si vous n’avez vraiment pas


le temps ou l’envie de faire du sport, préférez la marche aux transports en
commun.

Après un repas, le corps a besoin d’énergie pour brasser et assimiler les


aliments. Une activité trop intense peut nuire à ce processus et provoquer
l’effet inverse à celui que vous recherchez. Prudence, donc !

Privilégiez les activités qui font travailler les abdominaux sans les
« traumatiser » : la marche est évidemment conseillée. Ce n’est pas pour
rien qu’on parle de promenade digestive ! Il n’est pas nécessaire de se
lancer dans des activités extrêmes. Pensez également aux sports doux,
mouvements simples de gymnastique, vélo, natation, ou même jardinage :
cette activité est excellente pour les abdominaux. Au travail, si vous n’avez
pas le temps d’aller marcher, pensez aux couloirs, dans lesquels vous
pouvez vous promener pendant quelques minutes, aux escaliers, à préférer
aux ascenseurs.

Le yoga, prolongement de la médecine ayurvédique


Le yoga considère que l’intestin est la porte d’entrée des maladies et que la
bonne santé commence par un bon fonctionnement intestinal. Le yoga porte
ses fruits, et procure un réel bénéfice pour la santé si on le pratique
régulièrement et sur le long cours. Le yoga est également un excellent
moyen pour améliorer son transit.

Les postures de torsion sont particulièrement efficaces pour masser les


organes internes. La respiration abdominale appelée pranayama est
également très efficace, car elle opère un massage en profondeur. La
position du cobra est aussi excellente pour lutter contre la constipation.
Pratiquer la respiration abdominale profonde quand on est allongé sur le dos
dans la position shavasana, la position du cadavre, facilite la détente.

Si vous avez des douleurs d’estomac et des gaz dans le ventre qui vous font
vous sentir ballonné comme un ballon plein d’air, ou si vous avez des
douleurs abdominales liées à ces gaz, n’hésitez pas : bougez ! Votre
digestion a besoin d’aide pour se débarrasser des gaz coincés dans le
système digestif. En essayant les postures de yoga, vous bougerez vos
intestins, ce qui vous apportera un soulagement immédiat. Si vous les
pratiquez régulièrement et que vous changez votre alimentation, vous
réussirez peut-être à vous débarrasser de ces douleurs récurrentes.

Redresse-toi !
Qui n’a pas entendu ses parents prononcer ces mots quand, enfant, il était
attablé le dos voûté ? Pour fonctionner au mieux, les organes de la
digestion, et en particulier l’estomac, doivent être détendus. La posture
assise favorise ce relâchement.

D’une façon générale, évitez de manger en marchant, ou même simplement


debout. Oubliez les sandwichs avalés à la hâte entre deux rendez-vous !
Prenez le temps de vous installer le dos bien droit, les genoux au même
niveau que votre bassin, les pieds bien à plat sur le sol.

Ce sont les aliments qui montent à votre bouche, pas le contraire. Restez
bien droit, ne descendez pas « chercher » les aliments. Attention de ne pas
voûter le dos. Cela comprimerait vos organes. Il faut également éviter de
porter des vêtements trop serrés, qui entravent, eux aussi, le bon
fonctionnement de votre appareil digestif.

Comment bien digérer ?


Oubliez la croyance selon laquelle le fait de s’allonger juste après un repas
copieux faciliterait la digestion. Il n’en est rien ! C’est même plutôt le
contraire. En effet, la position couchée nuit au transit. Votre système
digestif est aidé par la gravité. Inévitablement, à l’horizontale, il
fonctionnera moins bien. Aussi une sieste éloignée de l’heure des repas
réduit le stress et peut faciliter la digestion.

Par ailleurs, la position allongée peut favoriser le reflux gastro-


œsophagien : ce terme désigne la remontée du contenu de l’estomac vers
l’œsophage. Le reflux gastro-œsophagien peut être à l’origine de nombreux
troubles : brûlures de la gorge, mauvaise haleine. Ainsi, si vous ressentez
vraiment le besoin de vous allonger après manger, faites attention à toujours
surélever le haut de votre corps, en vous appuyant sur des coussins par
exemple.

En cas de digestion difficile, recourez plutôt à la marche, un remède naturel


et efficace. Les meilleures solutions sont parfois les plus simples. Ainsi,
pensez aller vous promener après manger. En marchant, vous retendez vos
muscles intestinaux, vous les aidez à mieux fonctionner. La marche sollicite
les muscles en douceur. Elle peut donc être effectuée sans danger juste
après un repas. Attention, toutefois : pas d’exercice trop violent. Brusqué,
votre système digestif risquerait de mal réagir.

Si vous avez toujours du mal à digérer, vous pouvez « aider » votre estomac
à récupérer en effectuant des mouvements simples d’étirement. Attention
toutefois, ces exercices doivent être faits au moins une heure après chaque
repas.

Bon à savoir : la position accroupie peut, elle aussi, être bonne pour la
digestion. En effet, elle ne contraint pas le système digestif. Ainsi, en Asie,
manger accroupi est tout à fait courant.

Ce qu’il faut éviter


Les médicaments
Les traitements allopathiques, les médicaments, ces molécules chimiques
mises au point pour combattre la maladie ne sont pas sans effet sur la flore
intestinale. On le sait, certains médicaments ne font pas que du bien à nos
intestins. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est fortement recommandé
de les absorber au milieu d’un repas, et de protéger ainsi son estomac.

Les médicaments agressent les intestins en détruisant le microbiote avant de


s’attaquer à la muqueuse intestinale qui est enflammée, et donc fragilisée.
Parmi toutes les molécules chimiques censées nous soigner, les
antibiotiques sont les médicaments les plus destructeurs de la flore
intestinale. En effet, ces substances, capables de sauver nos vies lorsqu’une
méchante bactérie nous attaque, ne font pas la différence entre les bonnes
bactéries de nos intestins et celles qui sont pathogènes. Ainsi, dans 30 %
des cas, la prise prolongée d’antibiotiques provoque l’apparition de
mycoses, c’est-à-dire des champignons ou de levures parasites. Ce n’est pas
grave, mais cela peut-être handicapant si elles s’installent.

Outre les antibiotiques, les anti-inflammatoires, les laxatifs, les


immunosuppresseurs perturbent également le bon fonctionnement de nos
intestins. La radiothérapie n’est pas non plus sans effet, même si elle est
parfois indispensable bien entendu. Ses conséquences sur le microbiote et la
muqueuse intestinale sont aussi destructrices que celles d’un traitement en
chimiothérapie.

Les dangers des antibiotiques


Les antibiotiques peuvent agir de deux façons sur le tube digestif. D’une
part, certains d’entre eux ont un effet direct sur son fonctionnement, en
provoquant des nausées, des vomissements ou des diarrhées, car ils
accélèrent le transit intestinal.

D’autre part, tous les antibiotiques perturbent la flore intestinale, qu’ils


détruisent de manière plus ou moins accentuée. L’équilibre de cette flore
étant modifié, la digestion et le fonctionnement de l’intestin sont perturbés.
Cela peut provoquer des maux de ventre, des diarrhées ou des
ballonnements. Les troubles digestifs peuvent apparaître immédiatement
après la prise des antibiotiques ou après quelques jours de traitement. Ainsi,
nos « gentilles » bactéries, notre microbiote intestinal, hébergé dans notre
côlon, est partiellement décimé lors d’un traitement antibiotique. Chacun se
rend compte que quelque chose se passe dans ses intestins après la prise
d’antibiotiques. Très souvent, ce n’est qu’une impression de
gargouillements sans douleur ni symptôme particuliers. Mais parfois, les
troubles sont plus accentués, allant des plus communs tels que des diarrhées
aux plus préoccupants, comme des colites (inflammations du côlon), du fait
de la prolifération de certaines bactéries telles que Clostridium difficile. Ces
colites sont responsables aux États-Unis de 25 000 décès par an, environ
autant en Europe (voir la section sur les MICI dans la partie 2).

Autre effet pervers de la prise d’antibiotiques, ou plutôt de ses excès, à


peine soixante-dix ans après la mise au point de ces médicaments
révolutionnaires qui ont permis de sauver des millions de vies, de
nombreuses bactéries pathogènes sont devenues super-résistantes.
Rappelez-vous : « Les antibiotiques, c’est pas automatique ! »

La première chose à faire est donc de ne prendre des antibiotiques que


lorsqu’on en a réellement besoin ! Ils ne servent à rien contre les maladies
virales comme c’est le cas de la plupart des infections respiratoires et
saisonnières. Évidemment, il y a des cas où les antibiotiques sont
absolument indispensables, car on souffre d’une authentique infection
bactérienne. Si c’est le cas, après une prise prolongée d’antibiotiques, il est
fortement recommandé de réensemencer sa flore intestinale en faisant une
cure de prébiotiques et de probiotiques.

Une nouvelle piste de recherche pour lutter contre les


infections
Lorsqu’une cure d’antibiotiques s’impose, comment protéger son
microbiote intestinal ? C’est le défi de la recherche actuelle. L’une des
pistes sur laquelle planchent des équipes internationales est la conception
d’un traitement à prendre en même temps que l’antibiothérapie. Un
programme de recherche teste chez l’homme un produit qui neutralise
l’antibiotique en l’absorbant (c’est-à-dire un produit qui le neutralise une
fois qu’il a atteint le côlon, lorsqu’il a joué son rôle et n’est plus utile). Il
s’agirait alors d’un moyen de se soigner en préservant le microbiote. Si les
premiers résultats se confirment, on pourrait ainsi minimiser l’impact des
antibiotiques sur la flore intestinale au cours des traitements. Cela pourrait
également empêcher les bactéries intestinales de devenir résistantes aux
antibiotiques ou permettre d’éviter les troubles intestinaux, y compris les
colites à Clostridium difficile après une antibiothérapie. L’idée des
chercheurs est en fait d’utiliser des bactériophages, c’est-à-dire des virus
n’infectant que les bactéries, pour contrer les bactéries résistantes aux
antibiotiques.

Les dangers des anti-inflammatoires sur nos intestins


Aspirine et ibuprofène sont des médicaments couramment utilisés mais qui
peuvent entraîner des lésions de notre estomac avec possibilité d’ulcération,
d’hémorragie, voire de perforation. Quant aux anti-inflammatoires non
stéroïdiens (c’est-à-dire sans cortisone) comme l’aspirine, ils inhibent la
production de prostaglandines, des métabolites qui interviennent dans la
protection de la muqueuse gastro-intestinale.

Les dangers des laxatifs


Les laxatifs irritent la paroi intestinale en contraignant les muscles du côlon
à des mouvements forcés, et cela pour faciliter l’évacuation des selles. Le
problème est qu’un usage fréquent de laxatifs affaiblit le tonus musculaire
du côlon. À terme, le côlon devient paresseux et ses contractions naturelles
se produiront moins fréquemment, puis cesseront rapidement. C’est ainsi
que l’on devient dépendant aux laxatifs ! Impossible de s’en passer, car
l’organisme s’est habitué à leurs effets et ne peut plus fonctionner sans eux.
De plus, pour maintenir l’efficacité des laxatifs, il faut constamment
augmenter les doses. Pour la majorité des personnes, résoudre le problème
impliquera donc l’augmentation des quantités.

Les effets du stress ou de l’anxiété sur notre ventre


Un choc émotionnel intense, un stress aigu peut non seulement désorganiser
le milieu intestinal mais également entraîner des lésions de sa muqueuse.
En cause, une montée trop importante de cortisol, l’hormone du stress.

Le stress provoque des troubles de la motricité digestive, c’est-à-dire une


dérégulation du transit intestinal. Généralement, le stress inhibe la vidange
de l’estomac, ralentit la motricité de l’intestin grêle et accélère le transit au
niveau du côlon. Mais il provoque également des troubles de la sensibilité
digestive accompagnés de douleurs. Autrement dit, en cas de stress, on
perçoit davantage son tube digestif.

Lorsque le stress devient récurrent, c’est-à-dire chronique, le cortisol


sécrété en excès entraîne une diminution des défenses immunitaires, un
milieu intestinal plus acide (lorsqu’il passe de 7,4 à 7,38, c’est le chaos
intégral !), mais aussi une destruction des protéines au niveau des
muqueuses digestives et une augmentation de la pression artérielle.

En favorisant la production de cortisol, le stress inhibe celle de sérotonine,


l’hormone du bien-être. Or cette hormone est vasodilatatrice, elle dilate les
vaisseaux sanguins. À l’inverse donc, le stress va augmenter la tension
artérielle. Et les muqueuses intestinales qui sont fortement vascularisées
vont donc être limitées dans leur capacité à assimiler les nutriments.

Le corps réagit au stress en perdant le contrôle de tout ou partie de ses


fonctions digestives. Un stress chronique peut également avoir des effets à
long terme sur nos intestins et sur les substances nutritives qu’ils absorbent,
ce qui peut causer un reflux gastrique, des ballonnements, la diarrhée et
parfois même la perte complète du contrôle intestinal. Un stress ou une
anxiété à long terme peut également avoir un impact sur notre métabolisme,
ce qui peut causer de l’embonpoint, voire de l’obésité. Une étude a
démontré que la sécrétion constante de cortisol, hormone du stress, peut
entraîner une perte de sensibilité à l’insuline, tandis qu’une autre étude a,
quant à elle, établi un lien, chez les adultes, entre l’anxiété et la présence
d’ulcères diagnostiqués par un médecin.

Les techniques antistress


Pour arriver à mieux appréhender son stress, différentes
techniques sont assez efficaces. Tout d’abord il faut essayer de
reconnaître les moments où l’on se sent stressé, reconnaître le
cœur qui bat, les mains moites, les tensions musculaires dans le
dos, le mal de ventre. Puis apprendre à le gérer en l’apprivoisant.
Car les situations de stress sont inévitables dans la vie. Toutes les
techniques de relaxation (méditation, cohérence cardiaque,
hypnose) peuvent considérablement soulager les douleurs. De
même que la pratique de gymnastiques douces orientales comme
le yoga, le tai-chi ou encore le qi gong.
S’aider du traditionnel magnésium et de la vitamine B6 permet de
gagner en sérénité.
Les naturopathes recommandent également de faire une cure de
millepertuis. Une récente étude chinoise a mesuré le rythme
cardiaque au repos et en situation de stress de 30 femmes
souffrant du syndrome de l’intestin irritable en le comparant à celui
de 20 femmes en bonne santé. Elle a ensuite renouvelé les
contrôles après huit semaines d’un traitement au millepertuis.
Résultat, les variations cardiaques des malades ont eu tendance à
se normaliser grâce à la prise de millepertuis. Parallèlement, les
symptômes gastro-intestinaux se sont améliorés. Un complément
alimentaire à base de probiotiques semble également réduire les
effets pervers du stress.
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