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Paul Groussac

Paul-François Groussac (Toulouse, 15 février 1848 ― Buenos Aires,


1
24 juin 1929 ) était un écrivain, historien, journaliste, critique littéraire et Paul Groussac
bibliothécaire argentin d’origine française.

Biographie

Jeunes années
Paul Groussac, le deuxième des quatre fils de Paul Groussac et de Catherine
Piquemal, vit le jour à Toulouse, au sein d’une vieille famille
languedocienne, provinciale et catholique, aisée mais vivant sans luxe.

Durant sa jeunesse à Toulouse, il s’appliqua à étudier les auteurs classiques.


À la mort de sa mère en 1858, il fut envoyé pour quelques mois à la maison
de son grand-père à Sorèze, petite ville du Tarn, au collège de dominicains
de laquelle il poursuivit ses études et où il fit la connaissance, et subira
l’influence, du père dominicain et écrivain romantique Henri Lacordaire.
Victor Hugo sera cependant à cette époque son principal inspirateur.

En 1865, il s’inscrivit tout d’abord à l’École navale, près de Brest, mais peu
disposé à s’engager dans la carrière militaire, il entra à l’École des beaux- Paul Groussac.
arts de Toulouse, qu’il quitta cependant bientôt également, découragé par la Biographie
rigueur des études proposées. Mécontent en outre des secondes noces
contractées par son père, il sollicita de celui-ci, et obtint, la permission Naissance 15 février 1848
d'entreprendre un long voyage, mais une fois arrivé à Paris, s’aperçut qu’il Toulouse
n’avait que très peu d’argent pour continuer et, ne voulant pas retourner Décès 24 juin 1929 (à 81 ans)
dans ces conditions, décida de consacrer l’argent qui lui restait à un voyage Buenos Aires (Argentine)
de seconde main par le premier navire qui appareillerait. C’est ainsi qu’il prit Sépulture Cimetière de la Chacarita
passage, cette même année encore, sur le voilier Anita, en partance pour Nom de François Groussac
Buenos Aires. Il portait sur lui une lettre de recommandation du philosophe naissance
et ci-devant maire de Toulouse, Adolphe Gatien-Arnoult, à l’attention de Nationalité Argentin
son ancien collègue d’université Amédée Jacques (qui avait émigré en
Formation Colegio Nacional de Buenos
Argentine et y avait épousé l’aristocratique Benjamina Augier Echagüe).
Aires
Groussac allait ensuite rester en Argentine toute sa vie durant.
École navale
Activités Journaliste, historien,
Émigration en Argentine et carrière administrative bibliothécaire, critique littéraire

Après avoir débarqué à Buenos Aires, il erra par les rues sans savoir même Autres informations
un seul mot de castillan. Cela lui valut d’être mis un temps en détention, sur
Distinction Ordre national de la Légion
le soupçon de simuler sa condition d’étranger afin de se soustraire à la
d'honneur
conscription pour la guerre du Paraguay. Le malentendu put être rapidement
dissipé grâce à l’intervention du consul, lequel lui procura un emploi comme
gardien de moutons à San Antonio de Areco, jusqu’à ce qu’une lettre de son père le requît de retourner à la vie civilisée.

Au cours des dix-sept années suivantes, il donna des cours de mathématiques au Colegio Modelo, puis, ayant étudié en autodidacte
dans la bibliothèque, devint chargé de cours à l’école normale et au Collège national. Prenant un intérêt profond pour la langue
espagnole, il sut s’élever en grand spécialiste de cet idiome. Il publia dans la Revista argentina et se vit confier par le gouverneur
Federico Helguera la direction de La Unión, revue du gouvernement provincial de Tucumán, province dans laquelle il séjourna onze
ans. Il écrivit pour le journal La Razón ― dans lequel il fit paraître notamment une étude controversée qu’il avait réalisée au sujet
d’une possible implantation des Jésuites dans la province de Tucumán ― pour ensuite assumer lui-même la direction de ce journal.
Après avoir été directeur de l’école normale de Tucumán, il fut nommé en 1874 directeur de l’instruction publique de Tucumán et
Inspecteur national de l’Éducation, et prit part au premier congrès pédagogique, où il
s’érigea en défenseur de la laïcité, prononçant une conférence (qu’il publiera ensuite) sous le
titre Estado actual de la Educación primaria en la República Argentina (soit : État actuel de
l’enseignement primaire en Argentine). Lors de son bref séjour à Paris en 1883, il publia un
article dans le quotidien parisien le Figaro, et depuis Paris encore, envoya ses impressions
parisiennes, qui parurent dans El Diario.

Activités journalistiques et politiques ; Bibliothèque nationale


Une année plus tard, en 1884, il s’en revint avec sa famille à Buenos Aires, où il s’installa à
nouveau, pour mener désormais une vie plus sociale et plus publique, appuyant telle ou telle
candidature gouvernementale ou présidentielle, comme celle de Bernardo de Irigoyen ou de
Roque Sáenz Peña. Il avait en 1879 contracté mariage avec une jeune femme appartenant à
la haute société, originaire de Santiago del Estero, Cornelia Beltrán Alcorta, fille de José
Lino Beltrán Talavera et de Mercedes Alcorta Aranda, et apparentée aux musiciens Amancio
Alcorta et Alberto Williams. Il avait fait sa rencontre lors d’un de ses déplacements en
qualité d’inspecteur national de l’instruction publique.

À son retour à Buenos Aires, il fonda, conjointement avec Lucio V. López, Delfín Gallo, Paul Groussac.
Roque Sáenz Peña y Carlos Pellegrini, le journal Sud-América, attaché aux idées libérales et
opposé au gouvernement portègne. En 1885, année où il adopta la nationalité argentine, il
fut derechef désigné inspecteur de l’instruction publique, puis directeur de la Bibliothèque nationale d’Argentine, auparavant
Bibliothèque publique de Buenos Aires, sur ordre du président Julio Argentino Roca. Il occupera ce poste jusqu’à sa mort, c'est-à-
dire pendant 44 ans. C’est cette même année encore qu’à l’occasion du débat national sur la loi relative à l'Enseignement (Ley de
Educación), il eut de vifs désaccords avec la presse cléricale et avec les défenseurs de l’enseignement religieux.

En 1894, alors qu’il était un collaborateur régulier de La Nación et du Courrier du Plata, et qu’il y avait déjà publié nombre
d’articles relatant ses voyages à travers l’Amérique, il fonda encore un journal, en français, le Courrier Français, journal du matin,
politique, littéraire & commercial, avec le soutien financier de l’industriel Clodomiro Hileret, mais qui cessera de paraître au bout de
deux ans. Dans les années suivantes, il se vouera entièrement à la Bibliothèque, l’ordonnant, l’administrant et augmentant
considérablement son fonds par l’effet des grandes donations qu’il parvint à susciter.

À la suite d'une opération du glaucome en 1926, il perdit le peu qu’il lui restait de sa vue, quelque temps avant de s’éteindre, à l’âge
de 81 ans.

Œuvres
Ses ouvrages principaux sont La Biblioteca (1896) et Anales de la Biblioteca (1900), anthologies réunissant des essais critiques, des
récits historiques de la Bibliothèque et des documents se rapportant à l’histoire du Río de la Plata. Ses œuvres suivantes, comme
Estudios de historia argentina, Ensayo histórico sobre el Tucumán et Mendoza y Garay se distinguent par leur richesse factuelle, par
leurs descriptions vivantes des personnages et de leur milieu, et par un style limpide et raffiné. Parmi ses œuvres importantes sont à
signaler par ailleurs Fruto vedado (roman), Relatos argentinos, La divisa punzó, Crítica literaria, Las islas Malvinas et, avec
mention particulière, en raison de la passion qui s’en dégage, sa Biografía de Liniers, finalement publiée en volume en 1907, après
qu’en eurent déjà paru quelques chapitres par anticipation dans la revue de la Bibliothèque.

Relation avec Borges et hommages


Il fut donné à Groussac, en tant que rédacteur de la revue Sud-América, de se trouver au centre du monde littéraire argentin. Comme
critique, Groussac était redouté en raison de son caractère impitoyable et de son sarcasme fulminant, à telle enseigne que Jorge Luis
Borges entreprit d’analyser quelques-uns de ses éreintements littéraires dans un article intitulé Arte de injuriar (1933), paru dans Sur.
Le poète nicaraguayen Rubén Darío dédia à Groussac son œuvre intitulée Coloquio de los Centauros.

Sa réputation posthume fut nourrie par les fréquentes mentions de son nom dans les essais critiques de Borges, qui du reste consentit
à rédiger sa nécrologie. Dans l’essai autobiographique La ceguera, Borges évoque l’influence exercée par Groussac sur l’écrivain
mexicain Alfonso Reyes, qui avait pour lui une grande estime : « Alfonso Reyes, le meilleur prosaïste du castillan de tous les temps,
2
me dit : Groussac, qui était Français, m’a enseigné comment l’on doit écrire en castillan. »
Il y aurait à relever plusieurs parallélismes biographiques entre Groussac et Borges : entre 1955
et 1973, Borges occupa, comme Groussac, le poste de directeur de la Bibliothèque nationale
d’Argentine, et tous deux devinrent aveugles lors de l’exercice de cette fonction.

Il fut inhumé au cimetière de la Recoleta, dans le caveau des familles Macías-Soria, mais ses
cendres furent transférées quelques années plus tard vers un mausolée érigé en son honneur au
cimetière de la Chacarita. Un passage du quartier Monte Castro, le pasaje Paul Groussac, dans
la ville autonome de Buenos Aires, a été nommé à sa mémoire.

Notes et références
1. « Paul Groussac (1848-1929) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale
de France (http://data.bnf.fr/13001779/paul_groussac/) », sur data.bnf.fr (consulté
le 1er novembre 2016)
2. Siete Noches. Fondo de Cultura Economica, Mexico, 1980, p. 156.
Buste de Groussac dans le parc
Voir aussi Tres de Febrero à Buenos Aires.

Bibliographie
Bruno, Paula, Paul Groussac. Un estratega intelectual, Buenos Aires, Fondo de Cultura Económica, 2005.
Bruno, Paula (étude préliminaire et sélection de textes), Travesías intelectuales de Paul Groussac, Buenos
Aires, Editorial de la Universidad Nacional de Quilmes, 2005.
Bruno, Paula, Pioneros culturales de la Argentina. Biografías de una época, 1860-1910, Buenos Aires, Siglo XXI
Editores, 2011.

Liens externes

Ressource relative à la vie publique : base Léonore (https://www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr/ui/


notice/173172)

Notices d'autorité : VIAF (http://viaf.org/viaf/106964814) · ISNI (https://isni.org/isni/0000000077252207) ·


BnF (https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb130017791) (données (https://data.bnf.fr/ark:/12148/cb130017791)) ·
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GND (http://d-nb.info/gnd/140547649) ·
Espagne (http://catalogo.bne.es/uhtbin/authoritybrowse.cgi?action=display&authority_id=XX954596) ·
Pays-Bas (http://data.bibliotheken.nl/id/thes/p069227489) ·
Pologne (https://dbn.bn.org.pl/descriptor-details/9810548128705606) ·
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NUKAT (http://nukat.edu.pl/aut/n%202011306029) ·
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Tchéquie (http://aut.nkp.cz/jx20080317005) · Portugal (http://urn.bn.pt/nca/unimarc-authorities/txt?id=40278) ·
Brésil (http://acervo.bn.br/sophia_web/autoridade/detalhe/000609502) ·
WorldCat (https://www.worldcat.org/identities/lccn-n82000769)
(es) Paula Bruno, « Paul Groussac en la cultura », Criterio, Buenos Aires, no 2321,‎79 (lire en ligne (https://www.acade
mia.edu/17159009/_Paul_Groussac_en_la_cultura_))
(es) Paula Bruno, « Paul Groussac. Un articulador cultural en el pasaje del siglo XIX al XX argentino »,
Araucaria. Revista Iberoamericana de Filosofía, Política y Humanidades, Séville, université de Séville, no 15,‎8,
p. 176-186 (lire en ligne (https://www.researchgate.net/publication/26485872_Paul_Groussac_Un_articulador_cultural_en_el_pasaje_del
_siglo_XIX_al_XX_argentino))
(es)Demarchi, Rogelio, "¿Estratega o piola? Un atractivo ensayo sobre el siempre atractivo Groussac" (http://ww
w.pagina12.com.ar/diario/suplementos/libros/10-1658-2005-07-20.html)
(es)"Groussac en Letras Libres" (http://www.letraslibres.com/index.php?sec=25&qry=groussac&opciones=ALL&
bussec1=1&bussec2=2&bussec3=3&bussec4=4&bussec5=5&bussec6=6&bussec7=7&bussec8=8&bussec9=9
&bussec10=10&bussec11=11&bussec12=12&bussec13=13&bussec14=14&bussec15=15&bussec16=16&sibu
scar=1&totalsec=16&Submit=Buscar.)
(es)Biografía breve (http://www.todo-argentina.net/Literatura_argentina/Biografias_de_literatura/paul_groussac.h
tm)
(es)Otra biografía (https://web.archive.org/web/20070313003227/http://www.houssay.org.ar/hh/bio/groussac.htm)

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