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La Houille Blanche

ISSN: 0018-6368 (Print) 1958-5551 (Online) Journal homepage: https://www.tandfonline.com/loi/tlhb20

Les Principaux Aciers de Construction

P. Dejean

To cite this article: P. Dejean (1921) Les Principaux Aciers de Construction, La Houille Blanche,
18:4, 149-154, DOI: 10.1051/lhb/1921036
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Published online: 22 Jun 2011.

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LA HOUILLE BLANCHE — 149 —

LES PRINCIPAUX après trempe, o n leur fait subir u n revenu à diverses


températures.
Q u a n t à la température et au m o d e de trempe adoptés
ACIERS DE CONSTRUCTION pour chaque acier, ce sont ceux qui ont été indiqués a u
tableau I. T o u s ces traitements s'entendent sur pièces d e
LEURS C A R A C T É R I S T I Q U E S - L E U R S E M P L O I S petites dimensions : ronds de 1/1 à ) 6 millimètres de dia-
mètre. P b u r les aciers ayant u n p e u de tendance à la

Lorsqu'un constructeur veut établir u n e m a c h i n e , il est


souvent très embarrassé -pour choisir l'acier qui conviendra
le mieux à chacun des"organes qu'il, vient-d'étudier.
La lecture des catalogues "des firmes métallurgiques n'est
pas toujours faite pour le guider d'une manière bien nette
dans ses recherches. Aussi, en présence de l'incertitude dans
laquelle il se trouve après celte consultation, il e n revient
le plus souvent aux nuances d'acier qu'il a p u expérimenter
précédemment, renonçant à se lancer a u hasard dans le
dédale des aciers spéciaux qu'il n e connaît pas.

Késlstanccs en Kg. par


J
Nous avons déjà e u l'occasion d'insister sur ce point ( ),
mais nous croyons qu'il n e sera pas inutile d'y revenir ici.
Dans le but. d'éclairer ses adhérents, la C h a m b r e syndicale'
des Constructeurs d'automobiles a fait u n essai d e standa-
risation des principaux aciers d e construction. Elle a réuni,
dans u n tableau q u e n o u s reproduisons ci-après (tableau I),
les principales caractéristiques chimiques et mécaniques
des aciers ainsi choisis. C'est ce tableau qui va servir de
base à la petite élude qui suit.
Cet essai de standarisation, qui peut paraître assez préten-
tieux pour u n profane^ était d'autant plus justifié q u e les
aciers spéciaux les plus employés se r a m è n e n t à u n certain
nombre de nuances reproduites d'une manière à p e u près
identique par toutes les usines métallurgiques. Les m a r q u e s
seules les différencient et e n rendent la recherche u n p e u
RislUenCe en K£m par cm'

délicate. Aussi, croyons-nous rendre service aux lecteurs de


celte revue e n leur d o n n a n t u n tableau de correspondance
des différentes m a r q u e s d'aciers français pour les nuances
dont nous venons d e parler. Tel est l'objet d e notre
tableau II.
Il ne faudrait pas croire pourtant q u e les quatorze n u a n -
ces d'acier que n o u s venons d e signaler sont les seules qui
sortent de nos aciéries. U n simple coup d'œil sur u n cata-
logue permettra d e se rendre c o m p t e qu'il existe bien des
intermédiaires dont les qualités répondent à tous les desi-
derata ; mais ce sont les quatorze nuances fondamentales
auxquelles u n constructeur pourra toujours se reporter et
Allongements en ••/,.

parmi lesquelles il trouvera le plus souvent les caractéristi-


ques dont.il a besoin.
Ces caractéristiques, q u e n o u s avons données (Tableau I),
se rapportent généralement à d e u x états nettement dis-
tincts : l'un recuit, l'autre soit u n i q u e m e n t trempé, soit
trempé et revenu, la trempe elle-même étant u n e trempe Températures de revenu après trempe

à l'eau, à l'huile o u à l'air, suivant la n u a n c e de l'açicr. Les


Fig. 1..— Variation des caractéristiques mécaniques des principaux
chiffres d u tableau sont assez éloquents par e u x - m ê m e s aciers de construction en fonction de la température de revenu.
pour montrer l'influence d e ces traitements sur les caracté-
ristiques ; mais o n peut se d e m a n d e r pourquoi o n n'indique
que deux traitements et si leur choix a été.réellement bien trempe, le refroidissement après revenu a toujours été rela-
judicieux tivement lent (refroidissement dans la chaux à 3o°), sauf
pour l'acier K (auto-trempant), et pour les courbes pointil-
C'est pour répondre à cette préoccupation q u e nous avons
lées d e l'acier I, (Chrome-Nickel dur), qui correspondent
-établi les courbes de la figure i, qui indiquent les variations
à u n refroidissement à l'air après revenu.
des caractéristiques des principaux aciers étudiés lorsque,
Outre leur intérêt documentaire, nous' allons tirer d e ces
courbes, les bases d'une classification pour les aciers-
(0 Les Alpe$ Economiques, envisagés.
mais 1920.

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- 150 • L A HOUILLE BLANCHE -

TABLEAU I

Compositions et Caractéristiques des principaux Aciers de Construction

Etabli par la Chambre syndicale des Constructeurs d'Automobiles

D É S I G N A T I O N D E L'ACIER C Si Mn S i> Ni Cr Tu Va É T A T DU MÉTAL ,R P A

0,10 0,40 S Recuit à 900" < 42 > 25 > 28 > 70 > 25 > 5 5
A CIAI BONE EXTRA-DOUX 0,10 0,035 0.035 > >
0,30 0,50 Trempé à l'eau à 900°. < 55 > 40 22 65 > 20
45
i Recuit à 850°........ > 28 > '24 > 65 > 11
52
0,15 0,40
B CARBONE MI-DOUX
0,25
0,10
0,60 0,50
0,035 0,035 — — — — Trempé à l'eau à 825°
65
et revenu à 600° .... > 50 > 16 > 60 > •12
75

55 > >
Recuit à 800"
05
> 35 20 50 > 11)
0,28 0,10 0,40
C CARBONE MI-DUR 0,035 0,035
0,34 0,60 0,50 Trempé à l'eau à 800°
75 > > >
et revenu à 650° ....
85
65 •15 55 > 10 -
Remit à 800» < 80 > 60 > 14 > 5C > h
1 Trempé à l'huile à 900»
0,40 1,60 0,30 140 >
F M A N G A N O SILICEUX 0,035 0,035 - — — — \ et revenu à-400° .... >125 0 > 35 > XJ -
0,45 2,00 0,50 150
/ Trempé à l'huile à 900°
100
^ et revenu à 550° .... > 85 > K, > 40 > 5
115

i Recuit à 9D0o < 45 > 30 > 28 > 70 > 25 > 53


00 > >
0,40 \ Trempé à l'eau à 900»
1 > 45 14 60 > 15
0,10 2,00 65
X NICKEL 2 % EXTRA-DOUX 0,10
0,30 0,60 0,035
0,035
2.25
- —
Trempé à l'eau à 900"
50 51
et revenu à 600°.... 35 26 65 25
60 47

Recuit à 850" 55 42 22
0,15 0,40 o a
D NICKEL 5 à 6 % D O i ; x

0,20 — 0,50
~ — — Trempé à l'eau à 800°
6 % et revenu à 650°.... 60 48 28

0,18 0,15 0,25 12 à 0,40 95


M NICKEL 12 %
0,22 0,35 0,45
0,02 0,02
13°/ 0
0,60
- Recuit à 500° 110
> 85 > 13 > 55 > 10

0,55 0,20 0,20 32,5 2à 85 45,5


0 NICKEL 33 °/ 0,02 0,02 — Trempé à l'eau à 900°.. > 50 > 35 > 55 > 19
0
0,60 0,40 0,40 33,5 3%, 90 43,5
(
j Recuit à 850° 55 40 22 75 36
CHROME-NICKEL 0,20 2.5 à 0,2 \ Trempé à l'huile à 925"
E
D E CÉMENTATION
0,15 — 0,40
— —
3 % 0,5
— et revenu à 500° .... 95 90 12 65 25 -
~i [
Trempé à l'huile à 925»

Recuit à 800» <


130

65 >
125

45 >
10

20 >
50

55 >
13

10 > ,43
0,30 0,15 0.25 2,60 0,65 1 Trempé à l'huile à 820°
H CHROME-NICKEL MI-DUR 0,02 0,02
0,35 0,30 0,45 2,80 0,85 85 37
et revenu à 625° .... > 75 > 14 > 60 > 15
( 95 39

Recuit à 780» .... < 80 > 60 > 12 > 45 > 6 42

0,40 0,25 2,60 0,65 Trempé à l'huile à 780° 165 îl


0,15 >
I CHROME-NICKEL D U R
0,45 0,30 0,45
0,02 0,02
2,80 0.85
— — < et revenu à 250° .... 180
>155 > 5 > 35 2-8

Trempé à l'huile à 780» 130 30


>115 > 8 > 45 >
et revenu à 475° .. I40 31

CHROME-NICKEL 0,35 0,15 0,25 4,00 1,00 Recuit à 650» (pendant


K
0<45 0,02 0,02 plusieurs heures) .... 85 > 60 > > > 8 40
TREMPANT A L'AIR 0,40 0,30 4,25 1/25 12 45
160 '28
Trempé à l'air à 800-825.° ">150 > 6 > 40 < 6
29
180
0,55" 0,20 0,20 1,25 13,5 0,30
P TUNGSTÈNE 14 °/ ' 0 Recuit à 800° < 80 > 50 > 15 > 45 > 5 > 38
0,65 0,40 0,40 1,50 14,5 0,50

L R O U L E M E N T S A BILLES
0,90 0,15 0,20
0,015 0,015
1,25 %
1,00 0,35 0,40 1,50 %

Les caractéristiques sont obtenues ivec V éprouve Lté i3.8 xioo.

La striction 2 par la formule — ^ — x ioo.

La riisilionec p au petit pendule Charpy avec barreau Mesnagcr G o x i o x i o civlaillc de H ! à rayon tic i millim.
A DianiM.ro de l'empreinte d'une bille de io, sous 3.ooû kilogs.
Le carbone est dosé par combustion sèche et absorption par de la chaux sodée contenue dans un tube laré.
Les compositions chimiques sont données à Litre d'indication et correspondent approximativement aux irincipales marques d'acier.
LA HOUILLE BLANCHE -151

TABLEAU II
C o r r e s p o n d a n c e a p p r o x i m a t i v e des différentes m a r q u e s d'aciers de construction

Compagnie Société
Compagnie Compagnie Société
des Forges de Anonyme do Société
des Forges el des Forges et Jacob HOLTZER SCHNEIDER Anonyme des
Chàtillon Commentry- Anonyme des
Aciéries Aciéries Hauts FournEaux
Commentry et C i 0
et C»- Fourchambaud Forges
électriques de la Marine Forges et
et et et Acièiies île
Paul GIROD et d'ilomécourt (Uuicux) ''(Le Creusot)
t Aciéries du
Neuves Maisons Decazeville Firminy
(Ugine) (St-Cliamoncl) Saut-du-Turii
(Montluçon) (Imphy)

N° 9
Soldat n° 8 el N« 10 FF Extra-doux et N" 7 extra-
A CARBONE EXTRA- DOUX C 0 extra-doux et A M 11 e t A M C
B F M B C M et C M « Perméa » doux el C T
C A D
N° G doux
B CARBONE MI-DOUX Soldat u° 7 C 2 - C 3 N° 6 doux A SI 8, A M 9 N° 8 D D Demi-doux
N° 5 mi-doux

N° 3 dur Dur-tenace
C CARBONE MI-DUR Soldat n° 6 C 4 A M G N° 5 D T N° 4 demi-dur
N ° 4 dur Dur

F MANGANO SILICEUX S E M S et J1SK S S P. S M L N O S et M W S M N S C H N

X NICKEL 2 % EXTRA- DOUX « Incassable » N 2 C 2 % de Ni doux D H C N C M e


« Perméa n 2 » C T N 2

5 àG % « Perméa n° 5 »
D NICKEL 5 à 6 °/o l ) 0 U X
S P n° 3 N 5 C N 0 5 DC et 5 D (i N 5 C M et N D CTN G
Ni doux et A N 5

.M NICKEL 12 % • 10àl2°/ deNi


o
N 27 12 D

0 NICKEL 3 3 % 30 o/0 de Ni N 32 33 B D F NJA S Chromé N 30

E CHROME-NICKEL DE CÉMENTATION G 1. N 2 + D F C N C R ,CT N V

II CHROME-NICKEL MI-DUR CR-NI n° 2 K N C N 4 C N 5 D F 5 S N C 3 il 1 E A M NC 3

1 CHROME-NICKEL DUR .CR-NI n° 1 K N H C N 5 D D F 3 S N C 3 H 2 E A D NC 2

K CHROME-NICKEL TREMPANT A L'AIR S P + K N A V I R C N C 4 D F 2 B Y F R n° 2 VDL et V D L D

Rapide S J Express E S 2 Extra-rapide Le Précieux Eclair


P TUNGSTÈNE 14 °/ 0 Mars Phénix D 2
n° 2

Acier pour F R T C i et T C 2 R B R 0 B
L ROULEMENTS A BILLES R B K S Spécial R
roulements

A — Carbone (extra-doux). dureté croissante des aciers spéciaux pouvant être employés
I. — Série des Aciers à la place des aciers au carbone toutes les fois o ù l'on a
B •— Carbone (mi-doux).
au Carbone. besoin de caractéristiques (limite élastique, allongements,
( C —• Carbone (mi-dur).
Les aciéries fabriquent jusqu'à dix o u douze nuances résilience, aptitude à la trempe en profondeur) supérieures
d'aciers au carbone, allant depuis u n e résistance de 3o à à celles q u e l'on obtient avec les aciers au carbone de m ê m e
35 kilos jusqu'à ioo kilos ; mais les trois nuances envisa- dureté, et q u e l'on n'est pas arrêté par le prix de revient
gées dans le tableau, A , B et G , sont, bien effectivement les plus élevé. E n outre, la nuance dure des aciers au carbone
plus employées pour la construction. V u leur importance, ne peut guère, à cause de sa fragilité, être utilisée c o m m e
nous avons d o n n é (figure i), les courbes complètes corres- acier d e construction ; elle est presque exclusivement réser-
vée aux pièces d'outillage et rie figure pas parmi les aciers
pondant à ces trois aciers. U n simple e x a m e n de ces courbes
de construction. Il n'en est pas de m ê m e des aciers spéciaux.
permettra de se rendre c o m p t e des propriétés respectives
N o u s citerons, à titre d'exemple, quelques-uns des emplois
de ces trois nuances. Elles sont, d u reste, trop connues pour
de ces différents aciers :
^'il y ait lieu d'insister.
Acier X . — A l'état recuit : spécial pour les emboutis à
X — Nickel 3 % (extra-doux). froid ; à l'état trempé : diverses pièces d'autos et de machi-
M- — Série des Aciers D — Nickel 5 à 6 % (doux). nes ; arbres, engrenages, bielles, crochets et tendeurs
spéciaux. H — Chrome-Nickel (mi-dur). d'attelage.
I — Chrome-Nickel (dur). Acier D . — L a dureté d e cet acier pouvant être déjà
N °us trouvons, dans cette série, u n e g a m m e complète à fortement a u g m e n t é e par trempe et recuit, sans qu'il
— 152- LA HOUILLE BLANCHE

devienne fragile, son emploi est r e c o m m a n d é pour les pièces qui, en raison de leur travail exceptionnel, exigent une
devant résister à de grands efforts, n o t a m m e n t à des vibra- rigidité spéciale telle q u e clavettes, boulons et écrous spé-
tions o u à des chocs : arbres à cames, bielles de moteurs ciaux, arbres, tiges de freins, etc.
rotatifs, essieux et trains d'atterrissage, tiges d e marteaux- O n doit signaler, e n outre, bien q u e cela sorte u n peu de
pilons, etc. notre sujet, la très grande résistance d e l'acier K aux pro-
Cet acier, qui n'est pas très différent c o m m e dureté de jectiles d'où son emploi c o m m e plaque d e blindage, soit à
l'acier C a u carbone, a des allongements et u n e résilience l'état naturel pour les blindages relativement minces contre
qui lui sont d e beaucoup supérieurs c o m m e o n peut s'en les petits projectiles, soit à l'état cémenté cl traité pour les
rendre c o m p t e par l'examen des ligures. blindages épais contre la grosse artillerie.
Acier II. — Cet acier, qui acquiert u n e très grande dureté
par trempe et recuit, ,sans fragilité, convient spécialement V. — Acier à grand allongement et ; (
O — Nickel 33 i
pour toutes les applications exigeant des garanties particu- très résistant à la corrosion.
lières de sécurité," tels les vilebrequins de moteurs d'auto- Le tableau I n e renferme qu'un seul acier de ce genre,
mobiles et d'aviation. l'acier O. S o n inoxydabilité le. désigne tout particulièrement
P o u r ne pas embrouiller la figure i, nous n'avons pas fait pour les pièces devant travailler à l'humidité et à la vapeur.
figurer les courbes correspondant à cet acier ; mais, bien 11 résiste également bien aux chocs répétés el à la corrosion
qu'ayant u n e dureté notablement supérieure à celle de C , par les gaz portés à haute température, c'est ce qui le fait
ses allongements et sa résilience sont très supérieurs. employer pour certaines pièces de moteurs, à explosion.
Acier L — Cet acier, intermédiaire entre les aciers à- . «- . , ,. ( F — Mangano-Siliceux.
trempe normale et les aciers auto-trempants (ou trempants VI. - Aciers, a emplo.s _ p T u n g s t ô n e l/( %

à l'air), c o m m e o n peut s'en rendre c o m p t e par l'examen spéciaux. j L _ R o u i e m e n t s à billes. .


des courbes pleines et pointillées, correspondant respective-
m e n t au refroidissement lent et.au refroidissement à l'air- Acier F. — N o u s attirons l'attention sur la dénomination
après revenu, a u n e très grande aptitude à prendre la u n peu défectueuse de cet acier, appelé silico-maganeux par
trempe en profondeur. P a r suite de sa grande dureté, il les uns, il est désigné par esprit d'imitation et d e contradic-
résiste fort bien à l'usure et convient particulièrement bien tion, également par d'autres, sous le n o m d e mangano-
pour les engrenages n o n cémentés à grande résistance. siliceux. Or, c'est tout simplement u n .acier a u silicium qui
est spécialement utilisé pour la fabrication des ressorts, en
Notablement plus dur q u e l'acier C au carbone, cet acier
raison de la limite élastique élevée qu'il peut atteindre à
n'en est pas m o i n s , dans la plupart des cas, sensiblement
l'étal trempé et recuit, sans que sa fragilité soit trop exagé-
m o i n s fragile.
rée. Cet acier est également utilisé pour les engrenages et
A — Carbone (extra-doux).
pour les pièces travaillant à la flexion, et à la torsion c o m m e
III. — Aciers X — Nickel 2 % (extra doux).
les vilebrequins..
dé Cémentation D — Nickel 5 à 6 % (doux).
E — Chrome-Nickel (de cémentation). Loin de favoriser la trempe, le silicium a plutôt tendance
à le rendre,plus difficile. O n n e doit d o n c pas craindre de
Les aciers A, X et D s'emploient suivant les cas, cémentés tremper énergiquemerit cet acier. O n préconise m ê m e sore
ou n o n cémentés ; toutefois, la plupart des aciéries ont vent u n e trempe beaucoup plus énergique q u e celle indi-
créé deux nuances très voisines, mais cependant différentes quée au tableau 1, c'est-à-dire trempe à l'eau à des tempé-
pour l'un et l'autre cas. L'acier de cémentation doit être, e n ratures pouvant «aller jusqu'à ioop". L e recuit est ensuite
effet, à teneur e n carbone aussi faible que possible ; c'est proportionné à la dureté finale q u e l'on désire : 200 à 30.0'
ainsi q u e l'acier D de cémentation n e devra pas contenir 0
pour les ressorts ; /ioo pour les engrenages, 65o° pour les.
plus de o,i5o de carbone au grand m a x i m u m . D a n s le vilebrequins.
tableau II, nous avons souligné les m a r q u e s spéciales de
11 n'est pas sans intérêt de signaler q u e cet acier, utilisé
cémentation.
cependant depuis fort longtemps, a reçu, pendant la guerre,
L'obligation d'avoir u n e teneur en carbone très faible n e
u n e application nouvelle qui lui a "donné u n regain d'actua-
permet d'obtenir des nuances diverses parmi ces aciers de
lité. Il s'agit de son emploi pour les cylindres de moteurs
cémentation qu'en agissant sur les constituants- spéciaux.
d'aviation. O n a reconnu, en effet, à l'usage, que les cylin-
L'acier de cémentation au carbone est d o n c unique (A). Les
dres ainsi constitués résistaient m i e u x a u x températures
aciers X , D el E nous représentant la g a m m e des aciers
élevées auxquelles ils travaillent, q u e lés aciers au carbone
extra-doux (X), m i - d o u x (D) et mi-durs (E) d e cémentation
de dureté correspondante.
sont d o n c forcément, pour les deux derniers a u moins, des
aciers spéciaux. C e u x dont nous parlons sont au nickel o u Acier P. — C o m m e , acier d e construction, o n utilise la
au nickel-chrome. propriété de cet acier (qui n'est autre qu'un acier à outil,
rapide) de conserver à température élevée des caractéristi-
L'emploi des pièces cémentées est trop c o n n u pour qu'il
ques mécaniques beaucoup plus élevées q u e les autres aciers.
soit nécessaire d'insister. Les considérations sur la dureté
Or, dans les moteurs à explosion,, très poussé, c o m m e c'est
respective et la composition de oes quatre aciers différents
le cas des moteurs, d'aviation, les soupapes d'échappement
suffit pour fixer le choix dans chaque cas particulier.
peuvent atteindre jusqu'à 8oo°. Cet acier est donc tout
i\r » s * _ xa•l
1»'ai M
f , — Nickel 12 %. indiqué.
IV. — Aciers trempant ir \ T '° ,
f i . * \ \ K —• Chrome-Nickel Acier L. — L e roulement à billes constitue u n e fabrica-
(auto-trempants). j , ^
t r e m p a n t
tion bien spéciale nécessitant u n acier trempant fortement-
U n e des caractéristiques les plus intéressantes de ce genre Cet acier au c h r o m e est universellernent adopté pour cet
d'acier est q u e sa dureté, à l'état trempé, est la m ê m e dans usage.
toute la profondeur d'une pièc'e, quelle que soit l'épaisseur. N o u s allons maintenant c o m m e conclusion résumer dans
La trempe de ces aciers n e les déforme nullement. 1c tableau III les principaux emplois des différents aciers,
L'acier M et l'acier K s'emploient pour toutes les pièces que nous venons d'envisager.
__—— jj\ H O U I L L E BLANCHE — • 153 —

TABLEAU III

Emplois des principaux Aciers de construction

^5 O

1/1 &
Ci
Etat non cémenté. — Acier pour tréfilage et étirage. — Con- — Tôles pour châssis rigides, Tubes spéciaux, pour trains
duite d'eau rivée (les conduites soudées nécessitent une nuance d'attérissage par exemple.
particulière ayant sensiblement la m ê m e composition chimique,
Etat cémenté et traité. — Possède une plus haute résistance
mais élaborée spécialement). — Jantes d'automobiles. — Maillon
après trempe que les aciers A et X. — S'emploie donc dans les
pour chaînes de Galle. — Rivets. — Tôles el pièces embouties à
m ê m e s cas où on a des pièces fatiguant beaucoup et devant résis-
froid, ou reppussées au marteau.
ter à l'usure par frottement. — Arbres de vilebrequins. •— Axes
de pistous. — Bielles diverses. — Champignons do soupapes. -—
Etat cémenté et traité. — Cet acier est spécialement fabriqué
Engrenages. — Essieux A V el A R d'automobile. —• Fusées d'es-
en vue de la cémentation pour toutes les pièces destinées à tra-
sieux. — Pignons.
vailler au frottement. •— Arbre de trains baladeurs. .— Arbres,
bielles et axes divers. — Axes de pistons. — Cames. — Cônes.
— Couronnes de 'différentiels. — Cuvettes. — Engrenages. —
M Clavettes, boulons et écrous spéciaux. — Arbres. •— Profilés
pour construction très résistante. — Tiges de freins de canons
Mouvements de pédaliers. — Pignons. — Poussoirs. — Pièces
diverses pour automobiles et bicyclettes.
O Acier inoxydable -spécialement désigné pour pièces devant tra-
vailler à l'humidité el à la vapeur et la corrosion par les gaz
B Arbres de transmission. — 1
Arbres divers. — Barres d'excen- chauds. — Clapets, soupapes de moteurs. •— Tiges de pompes
triques. — Bielles, diverses. — Boulons ordinaires. — Cadres de
tiroirs. — Colliers d'excentriques. — Crosses de pistons. — • Es- E Etat cémenté et traité. — Présente après cémentation et traite-
sieux droits de locomotive. — Essieux de wagons et de tramways. ment (Irempe et revenu) non seulement une très grande dureté
— Ferrures diverses. — Longerons. — ~ -Pistons.. — Plaques de rfuperlicielle ; mais la partie intérieure elle-même a nue très
garde. — Poinçons à chaud. — Profilés et tôles pour châssis d'au- grande résistance et une limite élastique élevée. —- Axes de pis
tomobile, ppur ponts et charpentes. — Tiges de pistons. — Tôles tons. — Boulons spéciaux. — Champignons de soupapes. •—
pour coques. — Vis. — Pièces diverses pour machines. Engrenages. — Tubes spéciaux pour trains d'atterrissage, etc

C'est le plus employé des aciers pour pièces do machines déli-


Cet acier est très employé pour la. construction mécanique géné H
cates. II joue u n grand rôle dans la construction automobile,
raie et pour la construction automobile. — Arbres. — Axes. —
l'aviation, les organes les plus essentiels des torpilleurs à grande
Moyeux. — Essieux. — Bielles. — P i è c e s de châssis. — Carters.
vitesse, etc. — Arbres de dynamos, de turbines. — Arbre vile
— Clavettes. — Crochets d'attelage. — Cylindres de moteurs. — brequins. — • Boulons spéciaux. — Disques de turbines. — Essieux
Disquesi de turbines. — Etampes à chaud. — Ferrures diverses. — droits pour locomotive, wagons, tramways.— Manivelles. — Tige
Fusées d'essieux. -— Glissières. — Outils agricoles : pelles, bêches, de pistons. — Tôles pour usages spéciaux, etc., etc.
socs et verspirs de charrues, etc. — Ressorts. — Tendeurs d'atte
lage. — Pièces d'armes. — Boulons, vis, écrous. Acier' extrêmement dur après traitement (trempe à l'huile avec
revenu à :>.5o° ou m ê m e sans revenu), résiste particulièrement
Acier supérieur pour lames de ressorts el ressorts de toute: bien à l'usure par frottement. Il est donc l'acier idéal pour les
sortes. — ' Engrenages. — Pièces travaillant à la flexion Ou à la engrenages n o n cémentés à haute résistance.
torsion c o m m e les arbres-vilebrequins. — Cylindres de moteurs
d'aviation. K Cet acier donne par simple trempe à l'air des résultats analo-
gues à ceux du précédent trempé à l'huile. Il convient donc i
des emplois du. m ê m e genre et. n'a pas à craindre les defor
Etat non. cémenté. - - Pièces d'altelagc de chemin de fer. —
mations de Irempe. — Engrenages. — Arbres à cône. •—• Matrices.
Essieux d'automobile- -— Fusées, boulons, écrous. — Rivets pour
•— Tôles de masque.
construction supérieure . — Tiges de pilons.— Leviers de direction
Acier spécial pour pièces devant travailler à des températures
Etat cémenté et iraitfi.— L'emploi dans les m ê m e s conditions élevées c o m m e soupapes d'échappement des moteurs d'aviation.
que J'acier A cémenté, mais pour^des fabrications plus soignées,
car il donne une sécurité- plus grande que ce dernier. Acier ayant une très grande résistance à l'usure et â l'écrase,
ment. — S'emploie spécialement pour tubes, barres, galets pour
Etat non cémenté. •— Ailettes de turbines à vapeur. — Soupa roulements à billes. — Billes. — Grains de butée. — Qrapau
pes de moteurs. — Profilés pour châssis rigides.— Tiges de pilons dines, etc.

NOTA. — Les chiffres d e résilience indiqués dans le tableau entaille. E n outre, la force vive absorbée par la rupture d u
de la C h a m b r e syndicale des Constructeurs d'automobiles barreau caractérise n o n seulement son aptitude à la rupture
et ceux ,que nous d o n n o n s e n courbes dans notre figure, par> fragilité, mais encore bien souvent, son aptitude à la
ont été obtenus e n cassant a u m o u t o n pendule C h a r p y déformation, car les barreaux entaillés d'acier d o u x se défor-
de 3o kilogrammèlres des barreaux d u type Mesnager (le m e n t notablement pendant l'essai de choc. Les ruptures
6ox IOXJO, entaille d e a x 2 à rayon de 1 m / m (voirfig.2). accidentelles dites ruptures par fragilité, auxquelles ces
O n sait c o m b i e n les essais dits essais de fragilité sont m ê m e s aciers sont parfois sujets lorsqu'ils sont utilisés dans
quelque chose d'artificiel. L e chiffre d e résilience ( n o m b r e la pratique, accusent, au contraire, des déformations très
de kilogrammètres nécessaires p o u r obtenir par choc la faibles.
1
rupture de la section n o n entaillée d'un barreau ; section Cet essai, tel qu'il est actuellement pratiqué, est donc très
rapportée à r c m ) , n e dépend pas seulement, c o m m e les imparfait, tout le m o n d e est d'accord sur ce point ; mais
2

autres constantes d'essais, d e la nature d u métal ; il dépend il d o n n e cependant des renseignements intéressants qui,
«ssi, dans'de fortes proportions, de l'appareil'd'essai el sur- faute de m i e u x , n e doivent pas être négligés. Il faut seule-
a

d des dimensions, du barreau et de la forme de son m e n t se bien persuader q u e les résultats de l'essai n e signi-
i0l
454 LA HOUILLE BLANCHE

fient rien en valeur absolue, et qu'ils ne peuvent donner des


indications susceptibles de guider, m ê m e à titre comparatif,
LÉGISLATION
q u e s'ils sont obtenus dans des conditions e n tous points
identiques.
Ces considérations cl d'autres d'un ordre peut-être u n peu LE RACHAT
m o i n s élevé, avaient rendu les industriels très circonspects DES
relativement à ce genre d'essai. Toutefois, à la suite d'une
sorte d'entente tacite, les métallurgistes avaient fini par
accepter l'essai d e fragilité tel qu'il est défini dans le ta-
CONCESSIONS DE CHUTES D'EAU
bleau I : barreau Mesnager(fig. 2) cassé au pendule Charpy.
On nous a demandé à plusieurs reprises de préciser
les conditions dans lesquelles doit, ou peut être opér
le rachat d'une concession hydraulique, donnée d'après
la loi du 16 octobre 1919 el en conformité du cahier
type approuvé par décret du 5 septembre 1920 (voir
le texte à mon M a n u e l sur la Législation Nouvelle
des Chutes d'Eau, page 219). " " '
Nous reconnaissons qu'il y a sur ce point certaines
Fig. 2. — Barreau Mesnager. obscurités à éclaircir el nous avons l'intention dan
le présent article de nous y employer de notre mieux,

C'est ainsi q u e nos courbes (fig. 1) ont été obtenues.


I
L'obtention de telles courbes, o n le c o m p r e n d r a facilement,
nécessitent u n n o m b r e considérable ^d'essais très coûteux. D'une façon générale, l'autorité administrative n'admet
Or, la documentation très péniblement établie jusqu'ici va plus aujourd'hui qu'elle puisse donner u n e concession, pour
devenir, à peu près inutilisable, car la C o m m i s s i o n P e r m a -u n t e m p s assez long, sans prévoir à son profit le droit
nente de Standarisation a rendu officiel, pour cet essai, u n absolu de reprendre ce qu'elle a d o n n é , ou... pour parler
type de barreau différent de celui qui avait été accepté plus exactement, de prendre pour la première et denùèn
officieusement jusqu'ici. fois, ce q u e le concessionnaire a'établi.'En effet, u n ama-
C e n o u v e a u type dont o n trouvera le croquis (figure 3) teur de précision dans le stylé, se d e m a n d e p o u r quel motif
est u n c o m p r o m i s entre le barreau Mesnager et le barreau o n parle d u « rachat » des concessions : pour « racheter »,
Charpy. il faut avoir v e n d u u n e première fois. Je dis couramment,
par exemple, qu'après avoir aliéné m o n i m m e u b l e , je l'ai
« racheté » parce qu'à la suile d'un regret, j'ai voulu m'en
rendre à n o u v e a u propriétaire. M o n acquéreur en avait, fait
« l'achat », je procède à u n e seconde opération « d'achat»
el, bie,n que les rôles aient c h a n g é puisque je suis acheteur'
de ce q u e j'ai vendu, o n peut dire qu'il y a « rachat » parce
Fig. 3. — Barreau de la Commission Permanente de standardisation. qu'en réalité, il y a u n d e u x i è m e « achat ». Mais quand
l'autorité supérieure m ' a d o n n é , dans u n cahier des charges
approuvé par décret, u n titre n u grâce auquel j'ai eu le
N o u s n'avons pas l'intention de critiquer, ici, la décision
droit de faire des travaux pour mettre e n valeur la puis-
de ia C o m m i s s i o n P e r m a n e n t e d e Standardisation qui a
adopté ce nouveau barreau sur la proposition des savants sance de l'eau, et q u a n d elle m e d e m a n d e e n cours de con-
les plus compétents et les m i e u x qualifiés, qui avaient été cession d'abandonner la jouissance des travaux' que j'ai
spécialement chargés d'étudier cette question ; mais nous faits, de m e s propres deniers, o n cherche c o m m e n t il peut
tenons à souligner la répercussion assez considérable que va être parlé de « rachat », puisque ces ouvrages'ne m'ont
r

avoir celle décision et les travaux importants qui devront jamais été A endus, ni achetés.
être faits pour mettre la documentation sur la fragilité e n Quoi qu'il e n soit, le terme est bien ancré dans nos usa-
concordance avec le n o u v e a u type d'épreuve. O n n e peut ges et il y restera d'autant plus sûrement qu'il est faux.
espérer, e n effet, passer des essais anciens aux nouveaux, en L a première loi qui a affirmé l'intention d u Gouverne-
appliquant u n simple coefficient. D e s éludes récentes de m e n t de n e plus donner o u laisser donner de concession,
M . Guillcl ( ) d'une part et de M . Lcgrand ( ) d'autre part, de peu d'mporlance, sans permettre à l'autorité concédante
a 1

montrent que, pour les aciers doux, la résilience observée de la r o m p r e , est la loi d u onze juin 1880 Q-) sur les
avec le n o u v e a u barreau est égale environ aux 2/3 de celle c h e m i n s de fer d'intérêt local, o ù n o u s lisons ce qui suit :
que donnait le barreau Mesnager ; quant aux aciers durs, il « à toute époque, u n e voie ferrée peut être distraite
y a à p e u près identité. « d u d o m a i n e public, départemental o u c o m m u n a l et
Ces quelques réflexions suffisent à montrer la complexité « classée par u n e loi dans le d o m a i n e de l'Etal. Dans ce
d u problème de la fragilité des m é t a u x et l'intérêt que pré- « cas, l'Etat est substitué aux droits et obligations d u dépar-
sentent les études qui tendent à- éclaircir u n peu celte ques- <( lemenf et de la c o m m u n e à l'égard des entrepreneurs et
tion fort délicate. « des concessionnaires tels q u e ces droits et obligations rcsul-
P. DEJEAN, <( tent des conventions légalement autorisées. E n cas d'évjc-
!

Directeur du Laboratoire des Essais Mécaniques cl « lion d u concessionnaire, si.ces droits n e sont pas régies.
Métallurgiques de l'Institut Polytechnique de « soit par u n accord préalable, soit par le cahier des char-
riJnivei-siié de.Grenoble.
] K
( ) La loi de 1880 a laissé la place à une loi nouvelle d u i3 juill. 10 '
n
dont le texte se trouve à la Revue des Concessions, Volume N" <
(1) Revue de Métallurgie, avril 1921. année JQI3.

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