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Crédits
Recherche et rédaction : Louise Gaboury
Recherche et rédaction antérieures, extraits des guides Ulysse Escale à Rome, Escale à
Venise et Explorez Florence et la Toscane : Jennifer Doré Dallas, Claude Morneau, Caroline
Robert
Éditeurs : Pierre Ledoux, Claude Morneau
Adjoints à l’édition : Ambroise Gabriel, Annie Gilbert
Correction : Pierre Daveluy
Page couverture : Félix Crépeau
Mise en page et cartographie : Isabelle Lalonde, Philippe Thomas
Photographies : Première de couverture : Paysage de Toscane © iStockphoto.com/konradlew.
Page de titre : Panthéon, Rome © iStockphoto.com/TomasSereda. Tre Cime di Lavaredo,
Dolomites © iStockphoto.com/DieterMeyrl. Masque vénitien. © iStockphoto.com/Onfokus.
L’Ange au suaire de Cosimo Fancelli, sur le Ponte Sant’Angelo
© iStockphoto.com/Marco_Piunti.
Cet ouvrage a été réalisé sous la direction de Claude Morneau.

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Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada.
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pour l’édition de livres – Gestion SODEC.

Guides de voyage Ulysse est membre de l’Association nationale des éditeurs de livres.

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ISBN 978-2-76585-307-7 (version numérique ePub)
Camogli.
© iStockphoto.com/7maru
Classification des attraits et légende des cartes
Riviera di Levante, Ligurie.
© iStockphoto.com/StevanZZ
Le meilleur de l’Italie du Nord

Pour admirer de magnifiques églises


Le Duomo de Florence, symbole de la puissance de la capitale de la
Toscane et l’une des plus grandes églises de la chrétienté Cliquez ici
Le Duomo de Milan, chef-d’œuvre du style gothique flamboyant
Cliquez ici
La Basilica di San Marco, dont les influences byzantines et
occidentales témoignent de la puissance maritime et commerciale de la
République de Venise Cliquez ici
La Basilica di San Pietro de Rome, œuvre des plus grands artistes de la
Renaissance et de l’époque baroque Cliquez ici
La Cattedrale Metropolitana di Santa Maria Assuntade de Sienne, qui
abrite un nombre incroyable d’œuvres de génies tels que
Michelangelo, Donatello et Pinturicchio Cliquez ici

Venise.
© Shutterstock.com/canadastock
Pour parcourir de remarquables musées
La Galleria degli Uffizi (musée des Offices) de Florence, à voir pour sa
salle Botticelli et les œuvres de nombreux maîtres dont Léonard de
Vinci, Giotto et Michel-Ange Cliquez ici
Les Musei Vaticani (musées du Vatican) à Rome, notamment pour les
chambres de Raphaël et la chapelle Sixtine Cliquez ici
La Pinacoteca di Brera de Milan, qui possède la plus importante
collection de peintures vénitiennes du XIVe au XVIe s. hors de Venise
Cliquez ici
Le Museo Egizio de Turin, un des plus riches musées dédiés à
l’Égypte au monde Cliquez ici

Pour explorer de fascinants sites


archéologiques
Aquilée, en Frioul-Vénétie Julienne, pour son parc archéologique qui
dévoile des trésors de l’Empire romain Cliquez ici
Les Grotte di Catullo, aux abords du lac de Garde en Lombardie, pour
admirer les ruines d’une des plus imposantes villas romaines du nord
de l’Italie Cliquez ici
Rome, bien sûr, pour voir le Colisée (Cliquez ici), le Forum (Cliquez
ici), les appartements d’Auguste (Cliquez ici), l’Area Sacra di Largo
Argentina (Cliquez ici), la Via Appia Antica et ses catacombes
(Cliquez ici), ainsi que des sites moins fréquentés comme la Domus
Aurea (Cliquez ici)

Pour découvrir des vestiges du Moyen Âge


Bologne, pour son architecture de briques et ses arcades, son université
la plus ancienne d’Europe et son marché Cliquez ici
Bergame et sa Città Alta, perchée sur une colline entourée de remparts
du XVIe s. à l’intérieur desquels serpentent d’étroites ruelles Cliquez
ici
Sienne, si charmante avec ses venelles, sa magnifique Piazza del
Campo, dominée par la Torre del Mangia, et son ambiance d’un autre
temps Cliquez ici
Les Cinque Terre, longtemps coupés du monde, et dont Monterosso est
le plus ancien village Cliquez ici
San Gimignano, bourgade où le temps semble s’être arrêté, ceinte de
remparts et hérissée de 14 maisons-tours en pierre Cliquez ici
L’élégante ville de Pérouse, qui compte plusieurs superbes édifices
datant du Moyen Âge et de la Renaissance Cliquez ici

Parco Naturale Adamello Brenta.


© iStockphoto.com/katerinasergeevna

Pour admirer une architecture


exceptionnelle
Le Panthéon de Rome, édifié en 27 av. J.-C. puis complètement
restauré sous l’empereur Hadrien à partir de 118 apr. J.-C., est le
premier édifice religieux doté d’une coupole Cliquez ici
Le spectaculaire Museo Nazionale delle Arti del XXI Secolo
(MAXXI) à Rome, musée d’art contemporain aux formes avant-
gardistes, conçu par Zaha Hadid Cliquez ici
Les caves toscanes modernes, signées par de grands noms de
l’architecture comme Renzo Piano, concepteur du chai du domaine
Rocca di Frassinello, un plaisir pour les yeux et le palais Cliquez ici
Les villas d’Andrea Palladio, parsemées dans la campagne vénitienne
(Cliquez ici), et aussi son merveilleux Teatro Olimpico, construit en
1580 sur le modèle des théâtres antiques, à Vicenza (Cliquez ici)
Le Colisée carré de Rome, bel exemple de l’architecture rationaliste de
l’époque fasciste Cliquez ici
Le Bosco Verticale (Forêt verticale) de Milan, un étonnant complexe
architectural composé de deux immeubles plantés de près de 900
arbres et de milliers d’arbustes Cliquez ici

Pour tomber sous le charme des plus jolis


villages
Brisighella, en Émilie-Romagne, mignon village bâti sur trois collines
qui fait partie du réseau Cittaslow Cliquez ici
Cervo, en Ligurie, magnifique village construit en amphithéâtre
dominant la mer Cliquez ici
Apricale, également en Ligurie, bourg médiéval posé sur un pic
rocheux, dont le centre est inaccessible aux voitures Cliquez ici
Orta San Giulio, petit village du Piémont lové au bord du minuscule
lac d’Orta Cliquez ici
Sovana, village d’origine étrusque qui constitue une halte de charme
en Toscane Cliquez ici
Bard, un pittoresque village médiéval du Val d’Aoste, parcouru de
ruelles et d’arcades qui relient ses anciennes maisons en pierre Cliquez
ici

Duomo de Florence.
© Shutterstock.com/Catarina Belova

Pour découvrir des régions viticoles


remarquables
La Vénétie produit le Prosecco, roi des bulles italiennes, mais aussi le
Valpolicella, le Bardolino et l’Amarone Cliquez ici
Les Langhe, blotties entre deux fleuves du Piémont, et d’où viennent
notamment le Barolo, le Barbaresco et d’autres grands vins issus du
cépage nebbiolo local Cliquez ici
Les collines de Toscane qui donnent de si bons vins, comme les
Chianti (Cliquez ici), les Brunello (Cliquez ici) et les Montepulciano
(Cliquez ici), aux noms de villages qui font rêver…
Morgex, dans le Val d’Aoste, où un vignoble installé à plus de 1 000 m
d’altitude produit le Blanc de Morgex et de La Salle Cliquez ici

Pour fouler le sable des plus belles plages


Dans l’île du Lido, à quelques encablures de la Piazza San Marco à
Venise, le maillot de bain est roi Cliquez ici
Alassio, en Ligurie, jolie station balnéaire chic, riche d’une longue
histoire Cliquez ici
Les étendues sablonneuses sauvages du lac Majeur en Lombardie
Cliquez ici
Marina di Campo, sur l’île d’Elbe en Toscane, village reconnu pour sa
vaste plage de sable fin aux eaux limpides turquoise Cliquez ici
À deux pas du centre historique charmant de Rimini en Émilie-
Romagne, ville natale de Fellini, des kilomètres de plages illustrent
une certaine vision de la dolce vita Cliquez ici

Pour vivre des expériences inoubliables


Apprivoiser Venise un campo à la fois après avoir vogué sur le Grand
Canal Cliquez ici
Vivre la folie du Palio de Sienne, une fête équestre traditionnelle dont
les origines remontent au Moyen Âge (Cliquez ici), ou du coloré
carnaval de Venise, marqué par un spectaculaire « Vol de l’ange »
depuis le sommet du Campanile di San Marco (Cliquez ici)
Admirer la pluie de pétales de roses qui tombent de l’oculus du
Panthéon à Rome, le dimanche de la Pentecôte Cliquez ici
Marcher sur une ancienne voie romaine comme la Via Appia Antica à
Rome (Cliquez ici) ou la Via Francigena en Toscane (Cliquez ici) et en
Émilie-Romagne (Cliquez ici)

Via Appia Antica à Rome.


© Shutterstock.com/Stefano_Valeri
Le portrait

Escalier au Vatican.
© iStockphoto.com/Lukas Bischoff
Géographie et climat
La situation géographique de l’Italie, entre l’Europe et l’Afrique et entre
l’Occident et l’Orient, allait influer sur sa destinée. Le nord de l’Italie est
bordé par la France, la Suisse, l’Autriche et la Slovénie, et par les mers
Ligure et Adriatique. Dans sa partie la plus large, la région s’étire sur
630 km d’est en ouest. L’impressionnant paysage des Alpes, dont certains
sommets culminent à plus de 4 000 m du côté italien, marque la frontière
nord de l’Italie. À certains endroits, du côté des Dolomites, qui comptent
plusieurs pics de plus de 3 000 m, la frontière montagneuse mesure jusqu’à
150 km de largeur. Vers le sud, les lacs glaciaires laissent la place à la fertile
plaine du Pô, ou plaine padane, la plus grande d’Italie. Avec ses quelque
50 000 km2, elle s’étend jusqu’à l’Adriatique, englobant en partie le
Piémont, la Lombardie, la Vénétie, le Frioul-Vénétie Julienne et l’Émilie-
Romagne. La chaîne des Apennins, dont les sommets dépassent rarement
2 000 m (1 500 en Ligurie, 2 200 en Toscane), traverse la région du nord au
sud.

Alpes italiennes.
© iStockphoto.com/Massimo De Candido

Les principaux ports du nord de l’Italie sont Gênes, La Spezia, Livourne,


Civitavecchia (le port de Rome), Rimini, Trieste et Venise. Le réseau
hydrographique du Nord est impressionnant. La région renferme les plus
importants lacs du pays, le lac Majeur, le lac de Lugano (pour la plus
grande partie en Suisse), le lac de Côme, le lac de Garde, le lac d’Orta, le
lac Trasimène, le lac de Bolsena et le lac de Braciano; le Pô, long de
652 km, constitue le plus grand fleuve d’Italie. On trouve également des
canaux qui datent du Moyen Âge dans la région, notamment en Lombardie
et en Vénétie. Le plus beau est sans doute le Naviglio Grande, construit
pour relier Milan et le Tessin.
L’Italie du Nord jouit d’un climat continental plus rude dans les montagnes
et plus doux du côté des lacs. Les hivers peuvent être très froids et les étés
très chauds, souvent humides. La température annuelle moyenne à Rome
est de 15˚ et de 12˚ à Milan. Dans le Nord, la température moyenne est de
22˚ en été et de 2˚ en hiver. Elle est chaude et humide dans la plaine du Pô
en été. À Rome, la température maximale en hiver oscille autour de 12˚ et
de 30˚ en été. À Milan, elle varie de 5˚ à 29˚, à Venise, de 6˚ à 28˚, et à
Florence, de 9˚ à 30˚ pour les mêmes périodes. Les précipitations annuelles
varient de 1 000 à 2 000 mm dans les Alpes à 600 mm du côté de la côte
Adriatique. Le nombre de jours de gel dépasse 50 par année dans la plaine
padane, mais se limite à 10 à Rome.
La forte activité volcanique du pays se répercute jusqu’à sa région nord à
travers des canaux souterrains d’où surgissent les sources naturellement
chaudes, parfois sulfureuses. Les thermes sont utilisés depuis les Étrusques
et ont été institutionnalisés sous les Romains.

La faune et la flore
Les Alpes sont tapissées de forêts de conifères. Très fertile, la vallée du Pô
est propice à la culture des céréales. On y cultive également le peuplier. Les
oliviers, la vigne et les citronniers poussent ici et là dans cette région qui
compte même des palmiers.
Chèvre sauvage.
© iStockphoto.com/Tanja_G

Une variété de petits mammifères carnivores, d’oiseaux et de reptiles ont


élu domicile en Italie du Nord. Dans les montagnes, on pourra trouver lynx,
porcs-épics, loirs, lemmings, chèvres sauvages et chamois.

Histoire
Au temps des Étrusques
On s’accorde pour dire que les Étrusques ont façonné la plus brillante
civilisation préromaine de la péninsule. Ils ont été précédés par la
civilisation villanovienne, qui a fleuri à l’âge du fer en Toscane et en
Émilie-Romagne jusqu’à Rimini.
L’origine des Étrusques demeure un mystère. Les historiens anciens leur
attribuent une origine orientale, une hypothèse qui a pu être étayée par la
suite, même si le doute continue de persister. On a avancé l’idée qu’ils
auraient pu être autochtones, ou venir du nord, ou que, venus par petits
groupes, ils ont peu à peu influencé et modifié la civilisation villanovienne
et dominé une grande partie de l’Italie dès le VIIe s. av. J.-C.
Quoi qu’il en soit, ils ont occupé la Toscane actuelle à partir du VIIIe s.
av. J.-C., gagnant une importante façade sur la mer Tyrrhénienne, puis ont
poussé plus au nord, englobant dans leur territoire Bologne (en 525 av. J.-
C.) et la vallée du Pô et ouvrant ainsi une porte sur l’Adriatique, eux qui
étaient apparemment des marins redoutables, en plus d’être des agriculteurs
expérimentés et d’excellents artisans.
Au nord, les voisins des Étrusques sont les Ligures qui se soumettront plus
tard aux Romains. Les Gaulois d’origine celte, arrivés plus tard, envahiront
le nord de l’Italie au IVe s. av. J.-C. et s’empareront de Milan, puis de
Bologne et de Rome. Ces guerriers agriculteurs et éleveurs ne dédaignent
pas de piller leurs voisins quand le besoin s’en fait sentir. Les Vénètes
s’allieront aux Romains dès le IIIe s. av. J.-C.
Pendant ce temps, Rome est fondée en 753 av. J.-C. par Romulus, qui
assassine alors son frère Rémus. Le déclin de l’Empire étrusque s’amorce
aux VIe et Ve s. av. J.-C., mais pendant plus d’un siècle, Rome restera
soumise aux Étrusques.
Le gouvernement étrusque n’étant pas centralisé et les villes qu’ils ont
fondées (et dont le modèle a été repris par les Romains) étant relativement
indépendantes, les Étrusques n’ont pas su s’unir contre les Romains.

La République romaine
La République est proclamée en 509 av. J.-C. Elle durera près de cinq
siècles.
En 396 av. J.-C., les Gaulois celtes envahissent le nord de l’Italie et
s’emparent de Milan, puis de Rome. Il faudra attendre près de 1 000 ans
pour qu’une telle invasion se reproduise.
Après avoir vécu une sorte de coexistence pacifique, Rome et Carthage
s’affrontent pour la domination de la Méditerranée pendant une centaine
d’années au cours de ce qu’on a appelé les guerres puniques. La première a
eu lieu de 264 à 241 av. J.-C.; la deuxième, qui a opposé Hannibal et
Scipion, a duré de 218 à 201 av. J.-C. et a enlevé à Carthage sa flotte de
guerre, ses éléphants et son empire. La dernière guerre punique, de 149 à
146 av. J.-C., a abouti à la destruction de Carthage, une obsession de Caton
l’Ancien, mort avant d’avoir vu son vœu le plus cher se réaliser.
La voie est libre. Les Romains partent à la conquête du monde
méditerranéen et créent des routes pour faciliter les expédions militaires et
le commerce. Naissent ainsi la Via Aemilia (voie Émilienne), qui relie
Piacenza à Rimini, et la Via Domitia (voie Domitienne), qui va de
l’Espagne à l’Italie. À son apogée, l’Empire romain était parcouru par
400 000 km de routes, dont 80 000 km étaient pavés.
En 60 av. J.-C., un triumvirat formé de César, Crassus et Pompée se partage
le pouvoir. Crassus meurt en 53 av. J.-C. L’année suivante, Pompée est
nommé Consul unique. En 49 av. J.-C., César franchit le Rubicon avec son
armée. Il s’empare de l’Italie et Pompée s’enfuit. Après la soumission de la
Gaule, César est nommé dictateur à vie, puis assassiné en 44 av. J.-C.,
quatre ans après l’assassinat de Pompée. Octave et Antoine sont tous deux
candidats à la succession de César. En 31 av. J.-C., Antoine est battu au
cours de la bataille d’Actium. La place est libre pour Octave, qui triomphe à
Rome en 29 av. J.-C.
À la fin de la République, Rome domine un territoire qui va de la mer du
Nord à la Syrie, et de la vallée du Rhin au désert de Cyrénaïque. Rome
compte alors 14 provinces, dont 8 en Europe.
Empereur Jules César.
© iStockphoto.com/Hornet83

L’Empire romain
Pendant quelques siècles, l’Empire romain assurera la paix dans le monde
méditerranéen, étendant sa civilisation, son droit et son organisation
politique.
En 27 av. J.-C., Octave devient le premier empereur de Rome sous le nom
d’Auguste. On qualifie son époque d’Âge d’or parce que cet empereur a
favorisé la vie intellectuelle et le développement des arts. Il meurt en 14. La
dynastie des Julio-Claudiens durera jusqu’à la mort de Néron en 68. Elle
comprendra notamment Tibère (14-37), Caligula (37-41) et Claude (41-54).
Lui succède la dynastie des Flaviens, avec notamment Vespasien (69-79),
Titus (79-81) et Domitien (81-96). La dynastie des Antonins règnera
jusqu’en 192. En 117, l’Empire romain atteint sa taille maximale sous
Trajan. Viendront après lui Hadrien (117-138), Marc-Aurèle et Commode,
puis les Sévères, Septime (193-211) et Caracalla (211-217).
Le déclin de l’Empire romain s’amorce entre les IVe et Ve s. Les derniers
grands empereurs sont Valérien (253-260), Aurélien (270-275), Tacite (245-
276), Dioclétien (284-305) et Constantin (306-337). Une certaine stagnation
de la culture marque les deux derniers siècles de l’Empire.
En 312, Constantin se convertit au christianisme. L’année suivante, l’édit de
Milan accorde la liberté de culte et fait cesser les persécutions des chrétiens
qui devaient vénérer l’empereur comme un dieu. En 322 débute la
construction de la première basilique Saint-Pierre à Rome. Deux ans plus
tard, Constantin choisit Byzance comme capitale. Le christianisme devient
religion d’État. En 330, Constantinople est officiellement fondée sur le site
de Byzance.
À la mort de Constantin, ses fils Constant et Constantin II se partagent la
direction de l’Empire romain d’Occident jusqu’à ce que Constant devienne
le seul maître en 340, alors que Constance est à la tête de l’Empire romain
d’Orient. L’année 395 marque la fin de l’Empire romain unifié. À l’est
brille Constantinople; à l’est, Rome s’efface doucement devant Milan.
Forum de César, Rome.
© iStockphoto.com/Ekaterina Belova

Les invasions barbares et le Moyen Âge


La poussée des Huns vers l’ouest et le sud donna le coup d’envoi aux
invasions barbares. En 401, Alaric le Wisigoth entre pour la première fois
en Italie du Nord. En 410, il pénètre à Rome et ses troupes se livrent au
pillage. Pendant tout le Ve s., l’Empire subit les attaques des Barbares.
Après Alaric, ce fut le tour d’Attila et des Vandales. Les Huns menaceront
l’Empire à partir de 430. En 452, ils envahissent la plaine padane. Trois ans
plus tard, c’est au tour de Genséric, roi des Vandales, de prendre Rome.
Rome est encore prise en 472 et Ravenne, devenue capitale de l’Empire
romain d’Occident en 402, tombe en 476. Odoacre, roi des Hérules et
ancien ministre d’Attila, chasse le dernier empereur, Romulus Augustule, et
instaure le premier royaume barbare d’Italie.
En 488, l’Ostrogoth Théodoric envahit l’Italie, qui sera la pierre d’assise de
son empire jusqu’à sa mort en 526. Il installe sa cour à Ravenne. Sous son
règne, l’Italie rayonne de nouveau sur la Méditerranée. L’agriculture, le
commerce et la vie intellectuelle revivent. Les Ostrogoths détruisent Milan
en 539 et Rome sera reconquise par Justinien, empereur romain d’Orient,
entre 535 et 553. L’influence catholique croîtra sous son règne. C’est à cette
époque que naît le monachisme alors que saint Benoît rédige la règle qui
allait régir tous les monastères bénédictins.
En 568, les Lombards entrent en Vénétie par le Frioul, poussant les
habitants à fuir vers les îles de la lagune. Ils envahissent la plaine du Pô et
occupent les villes de Vicence, Milan, Vérone et Pavie. Moins de 30 ans
plus tard, ils domineront les deux tiers de l’Italie.
Le moine Grégoire est élu pape par le peuple et le clergé de Rome en 590, à
une époque troublée par le retour de la peste et les crues du Tibre. Il est
considéré comme un des quatre docteurs de l’Église avec Ambroise, Jérôme
et Augustin. Grégoire le Grand, 64e pape, serait à l’origine du chant
grégorien. Facteur d’intégration, la conversion des Barbares au catholicisme
est lente et ne se fait pas sans heurts.
Le roi des Francs, Pépin, attaque les Lombards pour une première fois en
755 à la demande du pape, première étape de la conquête de l’Italie. En
774, son fils Charlemagne conquiert l’Italie et devient roi des Lombards. En
800, il est couronné empereur d’Occident à Rome par le pape Léon III, un
des rares papes d’origine modeste.
Charlemagne meurt en 814. L’Empire carolingien éclate peu après la mort
de Louis le Pieux, fils de Charlemagne, qui, lui, ne s’est jamais rendu en
Italie. Au contraire, son fils Louis, couronné empereur en 850, se consacre à
la réfection des routes romaines, à la réparation des fortifications et à la
lutte contre les Sarrasins. Il connaît plusieurs victoires avant de mourir sans
descendance en 875. Les dernières années du règne des Carolingiens ne
sont pas très glorieuses. Au cours de la première moitié du Xe s., ils doivent
faire face aux invasions hongroises, notamment dans le Frioul, en
Lombardie et en Toscane.
Vainqueur des Hongrois en 955, Otton Ier, fils d’Henri Ier, est sacré
empereur à Rome par Jean XII en 962. À la tête du Saint-Empire romain
germanique, héritier d’un croisement entre l’Empire carolingien et l’Empire
romain, il s’était donné pour mission de protéger la chrétienté et de
contrôler la nomination des papes. La dynastie des Ottoniens est née. Elle
ne dure pas longtemps et s’éteint avec Henri II, successeur d’Otton III.
Sacré empereur en 996 par Clément II, premier d’une série de papes
d’origine germanique, il avait élu domicile à Rome.
En 990, Sigéric, archevêque de Cantorbéry, dans le sud-est de l’Angleterre,
parcourt les quelque 1 700 km qui le séparent de Rome en notant ses 80
étapes. La Via Francigena (voie des Francs) était née. Plaisance,
avantageusement située où la Via Francigena rencontre le Pô, saura tirer
parti de sa position exceptionnelle, alors que Milan exploite sa situation
entre les Alpes et le Pô et entre Gênes et Venise pour étendre son influence.
L’Italie de l’an 1000 est un modèle d’organisation féodale avec une
hiérarchie du clergé et de la noblesse. Les rapports avec l’Église sont au
cœur des conflits dans l’Empire.
Empereur Auguste.
© iStockphoto.com/Perseomed

Des croisades et des villes


Pendant ce temps, dans la continuité de l’époque romaine au cours de
laquelle l’urbanisation était très forte, les villes italiennes gagnent en
puissance. Leurs fortifications reconstruites, elles sont prêtes à profiter de la
conjoncture économique et de l’essor démographique (la population de
l’Italie double entre les Xe et XIVe s.) pour reconquérir la Méditerranée.
Pise vit son âge d’or au XIIe s. alors qu’elle compte autour de
20 000 habitants. À l’étroit entre mer et montagnes, Gênes connaît un
départ plus lent. Son activité commerciale bénéficiera finalement des
croisades.
Le premier doge de Venise est élu en 697. Les présumés restes de
l’évangéliste saint Marc, mort en martyr à Alexandrie, sont rapportés à
Venise vers 827-828. La basilique Saint-Marc, détruite par un incendie en
976, est reconstruite en 1094 et on y transporte les reliques de saint Marc,
patron de la ville. Soustraite à la domination des Francs qui reconnaissent
son autonomie, Venise ne tarde pas à posséder sa propre monnaie. Venise
échappe totalement à la féodalité, mais les croisades alimentent la rivalité
entre la Sérénissime et ses concurrentes. À la fin du XIIe s., elle s’impose
comme une grande puissance.
Pour leur part, Sienne et Florence connaissent la richesse grâce aux activités
bancaires, alors que Florence ajoute l’industrie drapière à son riche
portefeuille.
En 1095, le pape Urbain II prêche la croisade pour libérer les lieux saints
occupés par les musulmans et les chrétiens d’Orient persécutés. Moyennant
une promesse d’indulgence plénière, une troupe dépareillée et décimée de
pèlerins plus ou moins armés, pauvres paysans et riches nobles, prend
Jérusalem en juillet 1099 et pille ses trésors. Il y aura huit croisades
jusqu’en 1272. De guerre sainte, l’entreprise des croisades bifurquera vers
l’intérêt commercial après le début du XIIIe s. Bien positionnée entre
l’Orient et l’Occident, l’Italie sera aux premières loges pour en profiter. Les
croisades auront apporté la richesse et contribué à modifier la culture et le
mode de vie en Italie du Nord, notamment, et en Europe.
En 1155, Frédéric Ier Barberousse devient le nouvel empereur romain
germanique. Il veut renforcer l’autorité impériale en Italie et polarise ainsi
la noblesse entre les gibelins (ses partisans) et les guelfes, des anti-
impérialistes qui soutenaient le pape et la maison d’Anjou. En 1158,
Barberousse écrase Milan et l’incendie en 1162. En 1167, la Ligue
lombarde regroupe les villes du nord de l’Italie et le pape contre l’empereur.
En 1183, Barberousse se réconcilie avec les villes lombardes. Il reconnaît
leur autonomie en échange d’un impôt annuel de 2 000 livres et du
renouvellement de leur serment de fidélité à l’empereur tous les 10 ans.
Barberousse meurt en 1190 sur la route de Jérusalem.
Conséquence de l’opposition entre guelfes et gibelins et de l’insécurité qui
règne à Rome, l’archevêque de Bordeaux, devenu Clément V, décide de
déménager la papauté à Avignon en 1309, ce qui aura pour effet de modifier
le rapport de forces entre l’empereur et l’Église.
Basilique Saint-Marc, Venise.
© iStockphoto.com/catalby

L’affrontement entre l’empereur et la papauté et l’enrichissement éhonté de


ces deux pouvoirs entraînent un mouvement de contestation qui prône le
retour aux valeurs premières de l’Église et qui aboutit à la création d’ordres
monastiques comme celui fondé par le religieux qui deviendra saint
François d’Assise. Le développement de ce type de communautés mènera à
la création d’écoles puis d’universités. Fondée en 1088, l’ancienne école
épiscopale de Bologne devient la première université d’Italie. L’Italie en
comptera une quinzaine au début du XIVe s., la plupart situées dans le nord,
notamment à Padoue, Modène, Vicence, Rome, Sienne et Plaisance.
Louis de Bavière sera le dernier empereur allemand à vouloir dominer
l’Italie. Il ne survivra pas à la guerre ouverte qu’il a déclarée au pape
Jean XXII, l’un excommuniant l’autre, le second déclarant le premier
déchu. Il fait nommer un nouveau pape, mais l’antipape ne sera pas accepté
et, en 1328, il devra quitter Rome humilié. En 1377, Grégoire XI ramènera
la papauté à Rome, où on lui fait un accueil triomphal.
Les villes prennent de l’importance. De grandes familles les domineront.
C’est le cas notamment des Visconti, puis des Sforza à Milan et des Este à
Ferrare. Les Médicis règneront sur Florence. Du Xe au XIIe s., Pise est le
centre du commerce en Italie avec ses importantes foires. En 1252, le florin,
frappé à Florence depuis 1182, devient une pièce d’or de première
importance sur les marchés. En 1397, Jean de Médicis fonde la Banque
Médicis. En 1406, Florence annexe Pise.
Florence est du côté des guelfes, Milan prend parti pour les gibelins. Au
début du XVe s., Florence contrôle toute la Toscane, sauf Lucques et
Sienne.
Du XIIIe au XVe s., Venise constitue un puissant empire maritime. La
construction du palais des Doges commence en 1310. Au XIVe s., l’histoire
de Venise est marquée par les conflits avec une république maritime
concurrente, Gênes. Venise prend de l’expansion du côté de l’intérieur des
terres pour englober Vérone, Vicence et Padoue et protéger ainsi son
commerce avec l’Allemagne et la Suisse.
Le XIVe s. sera caractérisé par une série de crises. La croissance
démographique inouïe de l’Italie, qui comptait autour de 1300 plus de 11
millions d’habitants, soit presque deux fois plus qu’au XIIe s., allait
s’inverser. La malnutrition, les mauvaises récoltes et les épidémies de peste
allaient décimer les villes et les campagnes. La population de Florence
passe de 120 000 en 1338 à 40 000 habitants en 1353 et San Gimignano
perd les trois quarts de sa population en moins d’un siècle.
Les épidémies de peste sont dévastatrices dans le nord de l’Italie. Celle de
1348 frappe particulièrement la Toscane. Celle de 1477-1479 décime le
nord de l’Italie en causant plus de 40 000 morts. En 1575, Venise est
touchée, puis Milan l’année suivante. D’autres épisodes suivront en 1630 et
en 1656. À Venise, la construction de la basilique Santa Maria della Salute
débute en 1630 pour célébrer le recul (qui s’est avéré temporaire) de la
peste.
La chute de Constantinople en 1453, après 54 jours de siège, allait modifier
la donne en incitant les villes et républiques italiennes à s’unir dans un
mouvement commun, la Ligue italique, un pacte d’entraide en cas
d’agression. L’instauration de cette alliance apaise les tensions entre les
cités-États et assure une certaine paix qui allait durer jusqu’à la fin du
siècle.
On s’entend généralement pour dire que le Moyen Âge se termine en 1492
avec la découverte de l’Amérique qui bouleverse les routes économiques.
La Méditerranée perd de l’importance au profit de l’Atlantique. En 1494,
Florence et Rome accueillent en sauveur le roi de France Charles VIII. La
ligue de Venise et le duché de Milan finissent par en débarrasser l’Italie
l’année suivante.

La Renaissance italienne
Du XIIe au XVe s., le monde de l’art en Italie connaît une évolution
extraordinaire. On dit qu’elle a été rendue possible grâce aux richesses
générées par les croisades. Les villes du nord et du centre de l’Italie sont
devenues parmi les plus riches d’Europe. Les contemporains reconnaissent
cette petite révolution et parlent eux-mêmes de « rinascita ». C’est une
époque de foisonnement tant au chapitre de la connaissance de l’anatomie
et de la recherche scientifique que des arts, qui en constituent sans doute la
manifestation la plus durable.
La Renaissance, période intermédiaire entre le Moyen Âge et l’époque
moderne, est née en Toscane, surtout autour de Florence et Sienne, puis
s’est répandue à Rome, où les artistes et écrivains bénéficieront de la
protection des papes. Certains situent le début de la Renaissance en 1427
avec la fresque La Trinité de Masaccio à l’église Santa Maria Novella, à
Florence, qu’on considère comme le premier exemple de perspective.
C’est à la fin du Moyen Âge qu’on note les premiers éléments d’un
renouvellement dans la philosophie et les lettres, avec la fondation des
premières universités. Dante Alighieri est une figure marquante des débuts
de la Renaissance, Pétrarque et Boccace également.
En 1436, Brunelleschi achève la coupole du Duomo de Florence, dont la
construction avait commencé en 1296. L’architecte Bramante naît en 1444
et Léonard de Vinci en 1452, l’année où Ghiberti achève les portes du
baptistère de Florence. Michel-Ange voit le jour en 1475, Raphaël en 1483
et Le Titien en 1487. Botticelli peint La naissance de Vénus en 1484 et
Léonard de Vinci travaille sur La Cène entre 1495 et 1498.
La paix de Lodi, signée en 1454 par le pape, Florence, Venise et Milan,
instaure une « Ligue italienne pour la paix, la tranquillité de l’Italie et la
défense de la sainte foi chrétienne ». Elle introduit un certain équilibre entre
ces villes et constitue un lointain prélude à l’unification de l’Italie. La
stabilité se traduit par une croissance démographique et la péninsule
italienne commence à récupérer les pertes liées aux famines et aux
épidémies du siècle précédent.
En 1503, Giuliano della Rovere devient le pape Jules II, qui charge déjà
Bramante de reconstruire la basilique Saint-Pierre. Le chantier, inauguré en
1506, se poursuivra pendant tout le XVIe s. Y collaboreront notamment
Raphaël, Michel-Ange, Antonio da Sangallo et Giacomo della Porta. En
1505, Jules II commande son tombeau à Michel-Ange. En 1509, il demande
à Raphaël de réaliser la décoration des trois chambres de l’appartement
pontifical. En 1512, Michel-Ange achève le plafond de la chapelle Sixtine
et Raphaël terminera son travail en 1517. Jules II meurt en 1513.
La nouvelle cathédrale Saint-Pierre de Rome est consacrée en 1626. Vivaldi
naît en 1678, Tiepolo en 1691, Canaletto en 1697, Goldoni en 1707 et
Rossini en 1792. Quelques années auparavant, on avait inauguré La Scala
de Milan. Verdi naît en 1813 et Toscanini en 1867.
Monument à Dante Alighieri, Chiesa di Santa Croce, Florence.
© iStockphoto.com/sansa55

Au XVIe s., l’Espagne et la France se disputent la suprématie en Europe,


qui passe notamment par la conquête de l’Italie, très convoitée. La
deuxième phase des guerres d’Italie débute après la mort de Louis XII. En
1526, la défaite de François Ier à Pavie brise son rêve italien. En 1527, les
troupes de Charles Quint saccagent Rome. Pendant les guerres d’Italie, qui
dureront de 1494 à 1559 et se termineront par les traités du Cateau-
Cambrésis, l’art de la guerre s’est beaucoup raffiné avec l’avènement des
armes à feu. Au terme de ces guerres, la France renonce à l’Italie et
l’Espagne règne notamment sur le duché de Milan.
Le perfectionnement de l’imprimerie au XVe s. est suivi par l’implantation
d’imprimeries à Rome et à Venise, qui deviendra la capitale de l’imprimerie
européenne. On y produit la moitié des livres publiés en Italie. Le Prince est
publié en 1532, cinq ans après la mort de Machiavel. Née à Mantoue dans
la seconde moitié du XVIe s., la Commedia dell’Arte allait conquérir
l’Europe.
Vers la fin du XVIe s., des circonstances climatiques engendrent de
mauvaises récoltes et une pénurie de céréales, et le banditisme connaît une
recrudescence. Cela n’empêche pas la création des premiers jardins
botaniques à Venise, Padoue et Pise, où Galileo Galilei est né en 1564, alors
qu’à Rome on construit plus de 50 églises au XVIe s. L’architecte Andrea
Palladio, à qui on doit notamment la Basilica San Giorgio Maggiore et la
Chiesa del Santissimo Redentore de Venise, et plusieurs riches villas de la
campagne vénitienne, meurt en 1580.
Les Italiens « inventent » le baroque dans la seconde moitié du XVIe s. Le
style s’épanouira au siècle suivant. En 1600, Rome atteint les
100 000 habitants. Bernini et Borromini s’y affrontent avec style.
Le XVIIe s. favorise l’essor du duché de Savoie. Prise entre les Habsbourg
d’une part et les Turcs de l’autre, Venise stagne sur le plan économique. La
Toscane et Florence perdent de leur importance économique, mais
demeurent au centre de la production artistique, grâce notamment au
rayonnement de deux de ses fils, Léonard de Vinci et Michel-Ange. Même
si, après la Renaissance, l’Italie connaît un déclin au plan économique, elle
reste loin devant en ce qui a trait notamment aux arts et à la musique.
La campagne d’Italie de 1796-1797 a pour but de propager les idéaux de la
Révolution française, mais fournit accessoirement à Napoléon l’occasion de
piller des trésors artistiques. Quelques centaines de chefs-d’œuvre prennent
ainsi le chemin de la France. En 1797, Venise est cédée à l’Autriche alors
que le reste de l’Italie du Nord est sous domination française.
Après avoir conquis le pays, Napoléon promulgue en 1805 le royaume
d’Italie, dont il s’autoproclame roi. Le royaume vivra jusqu’à 1814 avec
pour capitale Milan. En 1809, les États pontificaux sont rattachés à
l’Empire français. Pie VII est fait prisonnier en France en 1812 et revient à
Rome deux ans plus tard.
Le congrès de Vienne de 1815 assure la prépondérance autrichienne sur le
territoire italien. La Vénétie devient autrichienne, comme la Lombardie, et
Gênes est rattachée à la maison de Savoie avec Nice et la Savoie. L’Italie
compte maintenant 10 États de taille inégale, plus l’État pontifical.

Vers l’unification de l’Italie


Machiavel en avait rêvé, Napoléon s’y est employé d’une certaine façon et
à son profit. L’unification de l’Italie devient peu à peu inévitable. Le
processus s’échelonnera sur quelques décennies. La conscience des valeurs
communes et le sentiment d’appartenance se sont doucement développés à
l’époque de la domination française.
En 1831, Giuseppe Mazzini fonde la Jeune Italie, prélude à l’unification du
pays. En 1848, la première guerre d’indépendance mène à l’abdication de
Charles-Albert de Savoie, roi de Sardaigne, qui avait pourtant promulgué
quelques réformes et mesures progressistes. En 1849, Victor-Emmanuel II
monte sur le trône du Piémont. Grâce au sens politique de son premier
ministre Camillo Cavour et à la participation du Piémont à la guerre de
Crimée en 1854, la question de l’unification de l’Italie s’impose dans le
pays et en Europe.
En 1847, Cavour fait son entrée en politique. Il n’a que 40 ans. Il allait
s’atteler à la modernisation du pays. L’année suivante, Manin proclame à
Venise la république de Saint-Marc. Une vague nationaliste et progressiste
déferle sur l’Italie.
En 1859, après la seconde guerre d’indépendance, Victor-Emmanuel II fait
une entrée triomphale à Milan avec Napoléon III. En 1860, Nice et la
Savoie sont cédés à la France. Le rattachement de la Toscane, des duchés
émiliens et de la Romagne au Piémont est proclamé en 1860. L’année
suivante, après la proclamation du royaume d’Italie, Turin est choisie
comme première capitale. Victor-Emmanuel II devient roi de l’Italie, qui ne
comprend encore ni Rome ni la Vénétie. En 1864, Turin perd son titre de
capitale. Deux ans plus tard, Venise devient italienne et, en 1870, à l’issue
de la troisième guerre d’indépendance, Rome est annexée et accède au titre
de capitale de l’Italie.
L’Italie s’est éveillée tardivement à la révolution industrielle.
L’industrialisation s’accélère à partir des années 1850-1860. C’est
l’industrie textile qui s’installe en premier, dans le Nord qui possède déjà
une tradition autour de la laine, de la soie et du coton. Elle prendra son
essor à partir de 1880, mais l’industrie lourde piétine.
L’Italie signe en 1882 son adhésion à la Triple Alliance, grâce à laquelle
l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie s’engagent à la défendre si elle était
attaquée par la France. Les relations avec la France se détériorent. Les
tensions sont politiques, mais également économiques avec l’imposition
réciproque de tarifs douaniers. Par ailleurs, la tentative de colonisation
italienne en Afrique n’est pas une réussite.
Un parti socialiste, le Parti ouvrier italien, est fondé en 1892. Il deviendra le
Parti socialiste italien en 1895. Après la mort de Victor-Emmanuel II en
1878, Umberto Ier lui succède. Il ne sera pas aussi respectueux que son père
des institutions démocratiques et voudra se mêler par exemple de la
nomination des ministres ou de la politique étrangère. Son fils, Victor-
Emmanuel III prend la relève après son assassinat par un anarchiste en
1900.
Piazza Cavour, Rome.
© iStockphoto.com/Leonid Andronov

L’émigration
La révolution industrielle a sonné le début de l’émigration italienne vers
1840, poussant l’exode des paysans sans terre. Ils mettent alors le cap sur
l’Europe ou l’Amérique. Le mouvement s’est intensifié après l’unification
du pays.
Dès 1882, on compte 135 000 départs et ils oscilleront autour de 250 000
jusqu’en 1900. Elle augmentera ensuite à 500 000 de 1901 à 1905 et à
650 000 de 1906 à 1911 pour atteindre un record de départs en 1913 avec
872 000.
Pendant les 150 années suivant l’unification, on estime que 29 millions
d’Italiens ont émigré, ce qui constituerait le plus grand mouvement
migratoire de l’histoire moderne. Les statistiques officielles ont commencé
à être compilées en 1876. On évalue à 40% la proportion des émigrés partis
du Nord. Plus de 3 millions de personnes auraient quitté la seule Vénétie.
La nouvelle Italie était sous-développée économiquement. La viande était
rare sur la table des paysans. De plus, ils étaient menacés par la malaria et le
choléra, et le taux de mortalité infantile était élevé. La majorité des
émigrants étaient des paysans illettrés; peu d’entre eux parlaient l’italien car
ils n’avaient appris que leur langue régionale.
Gênes était un point de départ important où convergeaient les habitants de
la Ligurie, de l’Émilie-Romagne, de la Toscane, du Piémont et de la
Lombardie.
Les habitants de la plaine du Pô vont surtout vers la France et la Belgique,
alors que les paysans du Frioul et de la Vénétie choisissent plus volontiers
l’Amérique du Sud, et les petits propriétaires, l’Amérique du Nord. Les
Italiens s’exilent temporairement comme travailleurs saisonniers ou le
temps d’un projet comme le canal de Suez ou, plus tard, le barrage
d’Assouan.
Parmi les avantages pour la mère-patrie, notons les transferts de fonds vers
les familles restées au pays, et l’ouverture de nouveaux marchés pour les
produits italiens.
En 1888, une loi vient empêcher les femmes de partir sans le consentement
de leur mari et les hommes de fuir le service militaire obligatoire. En 1901,
le gouvernement nomme des inspecteurs de l’émigration dans les ports et,
comme il s’intéresse aux conditions de vie de ses ressortissants, il crée des
bureaux de protection et de recherche de travail dans les pays d’accueil.
Devant la saignée, Mussolini adopte des mesures pour freiner l’exode,
favoriser les naissances et encourager le retour au pays. Le nombre de
départs baisse à 70 000 par année dans les années 1930.

Jeux olympiques de Rome en 1960.


© Alex Dawson (Flickr: Rome Olympics 1960 - Opening Day) [CC BY-SA 2.0
(https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0)], via Wikimedia Commons

Les XXe et XXIe siècles


Lors de la Première guerre mondiale, l’Italie se rallie tardivement, en mai
1915, du côté des Alliés. Mal préparée militairement et coupée de sa
principale source d’approvisionnement qu’est l’Allemagne, l’Italie peut
difficilement soutenir l’effort de guerre. Le bilan est lourd : 1,2 million de
pertes militaires et civiles, près d’un million de blessés et une économie en
ruine.
Le congrès de constitution du Parti national fasciste a lieu à Rome en
novembre 1921. Quelque 15 000 délégués qui représentaient plus de
300 000 membres y participent et approuvent son programme encore
relativement modéré. Benito Mussolini marche sur Rome en 1922. Victor-
Emmanuel III le nomme premier ministre. De 1929 datent les accords du
Latran : l’État du Vatican est créé.
En 1936, l’année du dévoilement de l’Axe Berlin-Rome, FIAT fabrique la
première 500. En 1938 sont promulguées les lois raciales contre les Juifs,
dans un pays qui ne connaissait pas l’antisémitisme. Malgré sa maigre
armée de 1,6 million d’hommes (moins qu’en 1915) et son artillerie
insuffisante et trop vieille, l’Italie déclare la guerre à la France et la Grande-
Bretagne en 1940.
L’espoir d’une guerre courte part en fumée et l’Italie devient de plus en plus
une sorte de colonie de l’Allemagne. En 1942, on commence à penser à un
après-Mussolini. En juillet 1943, le roi désigne un autre chef de
gouvernement à qui il confie les pleins pouvoirs militaires et fait destituer
Mussolini. Rome est en liesse.
Les alliés entrent à Rome en 1944. Mussolini est arrêté en avril 1945 et
exécuté. Le bilan de la guerre s’établit à 450 000 morts et 40 000 disparus
en déportation. Les dégâts matériels sont énormes et les infrastructures,
lourdement endommagées.
La République italienne est proclamée le 2 juin 1946 à la suite d’un
référendum, et la Constitution italienne actuelle est adoptée le 22 décembre
1947. On crée 19 régions, dont quelques-unes sont en attente d’un statut
particulier, dont le Val d’Aoste, le Frioul-Vénétie Julienne (1963) et le
Trentin-Haut-Adige.
En 1954, Trieste est rattachée à l’Italie et, en 1957, le traité de Rome crée la
Communauté économique européenne, dont l’Italie est un des six membres
fondateurs. De 1950 à 1963, l’économie de l’Italie connaît un essor
extraordinaire. L’Italie des années 1960 est le pays d’Europe occidentale qui
jouit de la plus forte augmentation du revenu par habitant. Les familles
italiennes sont de plus en plus nombreuses à posséder un réfrigérateur, un
téléviseur ou une voiture.
En 1960, Rome accueille les Jeux olympiques, et le film La dolce vita de
Fellini sort en salle. En 1966, l’Arno inonde Florence et menace
d’inestimables œuvres d’art.
En 1963, Aldo Moro prend la tête d’un gouvernement de coalition
Démocratie chrétienne–Parti socialiste italien. Cette année-là, cinq
ministres socialistes entrent au gouvernement. La plupart des
gouvernements seront appuyés par le Parti socialiste italien jusqu’en 1976.
De 1970 à 1980, le terrorisme secoue l’Italie. Le premier attentat a lieu à
Milan en décembre 1969. Renommé président du Conseil de 1974 à 1976,
Aldo Moro est assassiné par les Brigades rouges en 1978.
En mai 1974, 59,1% des Italiens refusent l’abrogation de la loi qui
permettait le divorce. Le résultat représente une victoire de la modernité sur
les forces conservatrices. La natalité connaît une baisse dramatique et
l’Italie devient un pays d’immigration. En 1995, le pays comptait environ
800 000 immigrés en situation régulière venant surtout d’Europe de l’Est,
d’Amérique latine et du Maghreb et quelque 300 000 clandestins. Les
Italiens émigrent moins. Au contraire, plusieurs de ceux qui sont partis
reviennent.
Le clivage Nord-Sud demeure. Fondée en 1989, la Ligue du Nord, parti
régionaliste ultraconservateur, séparatiste, commence à émerger en 1992.
Ses élus sont présents dans le premier gouvernement de Berlusconi.
Devenue la Ligue, elle sera un joueur important aux élections générales de
2018 en remportant 18% des votes.
Lancée en 1992, l’opération Mains propres, qui devait faire le ménage,
révèle l’ampleur de la corruption et du financement illicite des partis
politiques. Elle provoque la disparition de la Démocratie chrétienne, du
Parti socialiste démocratique italien, du Parti libéral italien et du Parti
socialiste italien, qui n’obtient que 2,5% des voix en 1994.
Cette année-là, Silvio Berlusconi accède au pouvoir en dirigeant une
coalition de droite. En 2001, lors d’un référendum, les Italiens approuvent
un projet de décentralisation. En 2002, le pays connaît sa première grève
générale depuis 20 ans. L’année suivante, l’Italie soutient Washington dans
sa guerre avec l’Irak. En 2008, Berlusconi remporte la majorité absolue
dans les deux chambres du Parlement et devient président du Conseil des
ministres. Il démissionne en 2011 quand il perd sa majorité absolue.
L’ancien maire de Florence, Matteo Renzi, du Parti démocrate, devient
président du Conseil des ministres en 2014 et le reste jusqu’en 2016. Il
démissionne comme secrétaire du Parti démocrate au lendemain des
élections catastrophiques pour son parti en 2018, lequel n’a obtenu que
18,7% des voix.
En 2018, on assiste à la victoire de la coalition populiste formée du
Mouvement 5 étoiles et de la Ligue, parti de droite eurosceptique et
séparatiste fondé en 1989 sous le nom de Ligue du Nord, et devenu tout
simplement la Ligue pour élargir son électorat. Le Mouvement 5 étoiles, un
parti antisystème fondé par l’humoriste Beppe Grillo en 2009, a recueilli
autour de 25% des voix aux deux chambres du Parlement en 2013 et
remporté les mairies de Rome et Turin en 2016. Avec plus de 30% des
votes, il devance largement les autres partis politiques aux élections de
2018.
Federico Fellini.
© Walter Albertin, World Telegram staff photographer - Library of Congress. New York World-
Telegram & Sun Collection. http://hdl.loc.gov/loc.pnp/cph.3c21239, Public Domain

Politique
La République italienne est une république parlementaire fondée sur la
Constitution promulguée en 1947. Dans son parlement bicaméral, les deux
chambres (la Chambre des députés et le Sénat) ont les mêmes pouvoirs. Le
système politique italien est considéré comme instable. Depuis 1948, le
pays a connu plus de 25 présidents du Conseil et plus de 70 gouvernements.
Le président de la République est élu pour un mandat de sept ans.
D’habitude, il n’exerce qu’un seul mandat. Il loge au palais du Quirinal et
son pouvoir est limité. Il nomme le président du Conseil des ministres,
habituellement choisi parmi les élus, qui réside au palais Chigi.
Les ministres peuvent être sans portefeuille ou titulaires d’un ministère.
Avant d’entrer en fonction, le gouvernement doit avoir la confiance des
deux chambres du Parlement qui peuvent le renverser si elles perdent cette
confiance.
Le pouvoir législatif se partage entre la Chambre des députés et le Sénat.
Les élections se tiennent théoriquement tous les cinq ans, mais les élections
anticipées pour cause de motion de censure ne sont pas rares. La Chambre
des députés se compose de 630 députés, et le Sénat, de 309 élus.
Les électeurs de la Chambre des députés doivent être citoyens italiens, bien
sûr, et avoir au moins 18 ans. Pour se présenter, il faut avoir au moins
25 ans. Les électeurs des sénateurs doivent avoir 25 ans et plus, et les
candidats, au moins 40 ans.
Au sommet du pouvoir judiciaire trône la Cour suprême de cassation, alors
que le Conseil d’État est l’instance suprême de l’ordre administratif.

Palais du Quirinal, Rome.


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Économie
L’Italie, qui a eu peine à se relever dans les premières années après la
Seconde Guerre mondiale, figure maintenant parmi les plus grandes
puissances économiques du monde. Malgré cela, très dépendante des
importations d’énergie, et à la traîne dans les transports ferroviaires, l’Italie
est fortement endettée. En 2018, sa dette est estimée à 132% du PIB, ce qui
est énorme.
Le secteur primaire est en perte de vitesse depuis plusieurs années.
L’agriculture, concentrée dans les plaines irriguées, produit fruits, légumes
et céréales. L’élevage bovin ne suffit pas à combler les besoins en viande et
fromage qui doivent être importés.
L’agriculture est partagée entre de petites entreprises familiales et de
grandes fermes qui sont surtout établies dans la vallée du Pô. Le maïs
hybride destiné à nourrir le bétail et le blé tendre y sont cultivés, ainsi que
dans les Marches. Le riz auparavant cultivé en Lombardie et au Piémont est
en perte de vitesse, remplacé par la betterave, le colza, le tournesol et le
soya.
L’Italie est le premier producteur de vin en volume au monde. Dans le
Nord, les principales régions productrices sont la Toscane, le Piémont, la
Vénétie et l’Émilie-Romagne. On cultive l’olivier en Ligurie et en Toscane,
les fruits en Vénétie et en Émilie-Romagne. La pêche se pratique
notamment à Chioggia, Livourne et Viareggio.
L’industrie est variée : électronique, bureautique, sidérurgie, construction
navale et automobile, raffinage et produits de luxe, confection et
maroquinerie. De grands noms ont jalonné l’histoire industrielle du pays
depuis le début du XXe s., dont ceux de Necchi, fabricant de machines à
coudre créé en 1919, et d’Olivetti, qui a commencé à fabriquer des
machines à écrire dès 1908.
L’industrie automobile italienne est née au tournant du XXe s. avec FIAT à
Turin, où est également née la marque Lancia en 1906. La même année,
Alfa Romeo voyait le jour à Milan, alors que la construction des Maserati
commençait à Bologne en 1914. Puis, ce fut le tour de Ferrari en 1929 et de
Lamborghini en 1963. Entre 1960 et 1973, l’industrie automobile italienne a
connu une croissance annuelle de plus de 8%. En 1973, elle a produit
1,8 million de voitures avant de décliner puis de connaître un sursaut de vie
avec 2 millions de voitures produites en 1989. Depuis, c’est la chute avec
un recul de plus de 80% entre 1989 et 2014. En 2013, FIAT a produit plus
de 1,5 million de voitures, dont seulement une fraction en Italie.
Autre visage du miracle économique italien, la mythique Vespa, créée par
Piaggio en 1946, a immédiatement séduit. Cette moto légère et facile à
conduire autant pour les hommes que pour les femmes, disponible dans une
gamme de couleurs attrayantes, est maintenant vendue dans une centaine de
pays. On en est à 20 millions d’unités écoulées.
Le design est un autre fleuron de l’économie du nord de l’Italie. Heureux
mélange de fantaisie et de savoir-faire, il a pris son essor dans les années
1960. Poltrona Frau fait figure de pionnier à sa fondation en 1912 et Kartell
a pavé la voie dans le domaine des objets de plastique à partir de 1951. La
Lombardie s’est spécialisée dans le mobilier et la Vénétie, dans le verre et
les luminaires. L’âge d’or du design italien s’est étiré du début des années
1950 à la fin des années 1980. Plusieurs pièces légendaires ont bien traversé
les décennies pour devenir des classiques.
La mode italienne a fait une percée sur la scène internationale dans les
années 1980 et a commencé à stabiliser son pouvoir au cours de la décennie
suivante. Les grands noms sont depuis cette époque Valentino, Armani,
Dolce & Gabbana, Prada, Gucci et Versace. Le prêt-à-porter n’est pas en
reste avec des marques comme Benetton et Diesel, nées en Vénétie. Le
secteur de la mode emploie près d’un demi-million de personnes et
représente 10% de la production industrielle italienne. Peu importe si les
Italiens ont diminué leurs dépenses vestimentaires, plus de 50% du chiffre
d’affaires lié à la mode est réalisé à l’étranger. Apparu en 1997, Geox a déjà
fabriqué 150 millions de paires de chaussures. On estime les exportations
de chaussures et de maroquinerie à 10,5 milliards d’euros.
Palais Montecitorio, siège de la Chambre des députés à Rome.
© iStockphoto.com/MasterLu

Très développé, le Nord-Ouest produit près de la moitié de la richesse


nationale. Ce pôle industriel se concentre autour des villes de Gênes, Milan
et Turin, auquel s’est ajouté le quatuor Venise, Bologne, Florence et Rome,
où se développe l’industrie et où le tourisme joue un rôle de premier plan.
Le Nord demeure la locomotive de l’économie italienne avec 60% de
l’activité industrielle du pays.
L’apport du tourisme est aussi très important. L’Italie a accueilli près de
60 millions de touristes en 2017. Riche d’un extraordinaire patrimoine
culturel et religieux, le pays, qui compte le plus grand nombre de sites
protégés par l’UNESCO au monde, arrive pourtant derrière la France, les
États-Unis, la Chine et l’Espagne en termes d’arrivées.
Vignoble de Toscane.
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Les attraits

Détail de la Torre dell’Orologio, Venise.


© Shutterstock.com/Viacheslav Lopatin
Rome et ses environs
Capitale et plus importante ville de l’Italie avec près de 3 millions
d’habitants, Rome est multiple. On y trouve des ruines
anciennes, quelques églises parmi les plus belles du monde, de
superbes œuvres architecturales et artistiques de la Renaissance et
du baroque, des quartiers grouillants de vie et une gastronomie
incomparable.

Ce qui fait de Rome une ville unique? Sa beauté parfois un peu


fanée, son chaos, la splendeur de ses façades écaillées, la silhouette
des cyprès qui se découpe sur le ciel bleu au sommet des collines,
et quoi encore! Au-delà du fantastique voyage dans le temps
proposé par les grands monuments de la Ville éternelle, il y a ses
rues biscornues qui invitent à la flânerie et à la photographie… On
s’y promène comme dans un décor de cinéma. Tant de films nous
l’ont fait connaître!

Rome, ce sont les trattorias d’où s’échappent des parfums de


cuisine et qui débordent sur les trottoirs, les places magnifiques
ponctuées de fontaines et d’obélisques, les églises anciennes ornées
de chefs-d’œuvre immortels. Tant de beauté émeut, malgré
l’incessant bourdonnement des scooters et des motos.
On dit que tous les chemins y mènent. Tant mieux, parce qu’en la
quittant, on n’a qu’une envie : y revenir!
La Rome antique
Le Colosseo , le plus universel emblème de Rome, était connu à
l’époque des Romains sous le nom d’amphithéâtre Flavien. Le Colisée a été
inauguré en 80 apr. J.-C. par des jeux qui ont duré 100 jours. Jusqu’à 70 000
spectateurs pouvaient y prendre place pour assister à des jeux plus ou moins
sanglants. Ingénieusement conçu, il permettait un accès et une sortie rapides
de ces milliers de spectateurs grâce à ses 76 entrées. On peut aujourd’hui
parcourir les gradins de l’amphithéâtre, et le dernier étage a été ouvert aux
visiteurs en 2017.
Colosseo.
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La maison de l’empereur Néron a été construite à partir de l’an 64, après le


grand incendie qui ravagea la ville. Le nom de l’endroit, Domus Aurea
, lui a été donné en raison des feuilles d’or qui ornaient certaines des
salles, et de la couleur de la lumière qui y pénétrait. Après la mort de
Néron, tombé en disgrâce, l’édifice est abandonné jusqu’à la Renaissance,
où les artistes, comme Raphaël, le redécouvrent.
L’Arco di Costantino a été érigé en 315 apr. J.-C. pour commémorer la
victoire de l’empereur Constantin lors de la bataille du pont Milvius
survenue trois ans plus tôt. Richement décoré, avec sa structure à trois
arcades, c’est le plus grand arc de Rome.
Le Palatino est l’un des premiers foyers de civilisation à Rome. La
légende raconte que la ville fut fondée sur cette colline par Romulus le
21 avril 753 av. J.-C. Quartier habité par les riches Romains à l’époque
républicaine, le Palatin devient le lieu de résidence de l’empereur à partir du
règne d’Auguste, qui y fit construire une première domus au Ier s. apr. J.-C.
Les fresques des maisons d’Auguste et de Livie , son épouse,
importants monuments historiques et archéologiques, sont exceptionnelles.

Palatino.
© iStockphoto.com/Giulio_dgr

Le Foro Romano était le cœur politique, commercial et religieux de


la Rome antique. Dès l’époque républicaine, on y construisit plusieurs
temples et édifices servant à l’administration de la justice et aux activités
commerciales. Le Forum est traversé par la Voie sacrée, la plus prestigieuse
des voies romaines, celle qu’utilisaient les généraux victorieux.
Érigée au milieu du Ve s., la magnifique Chiesa di Santa Maria Antiqua
est le plus ancien et le plus important monument chrétien du Forum
romain. Elle mérite bien le surnom de « chapelle Sixtine du Moyen Âge »
que lui ont valu ses peintures murales datant des VIe et VIIIe s.
Située sur l’une des sept collines de Rome qui accueillait un important
temple à Jupiter à l’époque romaine, la Piazza del Campidoglio
renferme aujourd’hui l’hôtel de ville et les musées capitolins. Elle fut
conçue par Michel-Ange, mais certaines de ses composantes ne furent
terminées qu’après sa mort. Il dessina notamment le grand escalier qui
pouvait aussi être emprunté par les chevaux.
Ayant pour origine le don d’un groupe de sculptures au peuple de Rome par
le pape Sixte IV en 1471, le Musei Capitolini revendique le titre de
premier musée public au monde. Ce complexe muséal est réparti dans trois
palais : le Palazzo Nuovo, le Palazzo Clementino Caffarelli et le Palazzo dei
Conservatori. Ce dernier possède une collection de peintures des XVIe et
XVIIe s., dont des chefs-d’œuvre de Caravaggio, de Titien et de Rubens.
Inaugurée en 113 apr. J.-C. et constituée de tambours de marbre, la
Colonna Traiana relate la campagne de l’empereur Trajan contre les
Daces avec ses bas-reliefs qui se présentent comme un livre antique
(volumen).
La zone des Fori Imperiali devient le cœur de Rome à l’époque
impériale. Le long de la Via Alessandrina et de la Via dei Fori Imperiali, on
peut voir le forum de Trajan (112 et 113 de notre ère) et le forum
d’Auguste (2 apr. J.-C.), avec les vestiges du temple de Mars vengeur,
édifié par Auguste pour laver l’outrage de la mort de César.

Un monument récent dans le secteur de la


Rome antique
Adoré par certains, détesté par d’autres, le Vittoriano, monument à
Victor-Emmanuel II, l’autel de la patrie parfois surnommé «
machine à écrire » ou « gâteau de noce », a été érigé à partir de 1885
en l’honneur du premier roi d’Italie, pour célébrer l’unification
italienne. Au centre du monument brûle la flamme du Soldat
inconnu. À l’intérieur se trouve un musée sur l’histoire de
l’unification italienne, le Risorgimento. Deux ascenseurs
panoramiques à paroi de verre conduisent au toit du monument,
d’où l’on jouit d’une vue spectaculaire sur Rome.

Vittoriano.
© iStockphoto.com/Elijah-Lovkoff

Le Vatican
Ce minuscule État, le plus petit du monde avec seulement 0,44 km2 de
superficie, est enclavé dans Rome. Le Vatican recèle des trésors
architecturaux et artistiques; il faut s’armer de patience pour les découvrir
tant leur popularité demeure grande.
Construite au XVIIe s., la Piazza San Pietro , de forme ellipsoïdale,
est une œuvre magistrale signée Bernini. La place est dominée au centre par
un obélisque d’origine égyptienne, transporté à Rome par l’empereur
Caligula et érigé ici en 1586.

Piazza San Pietro.


© iStockphoto.com/adisa

Vers 320 de notre ère, l’empereur Constantin fit construire la première


basilique sur le lieu où fut enterré saint Pierre. La démolition et la
reconstruction de la Basilica di San Pietro ont débuté en 1506
pendant le pontificat de Jules II, selon les plans de l’architecte Bramante.
Le chantier durera près d’un siècle et demi, et s’y succéderont les plus
grands artistes de la Renaissance et de l’époque baroque. La coupole fut
conçue par Michel-Ange, chargé du chantier à partir de 1546, mais ne fut
terminée qu’après sa mort. La façade, construite entre 1607 et 1614, est
l’œuvre de l’architecte Carlo Maderno, aussi responsable du portique
d’entrée. L’escalier, flanqué de part et d’autre d’une statue de saint Pierre et
de saint Paul, patrons de Rome, fut dessiné par Bernini. L’intérieur de la
basilique, grandiose, prend la forme d’une croix latine composée d’une nef
centrale et de deux nefs latérales, et abrite plusieurs chefs-d’œuvre, dont la
célèbre Pietà que Michel-Ange a réalisée à l’âge de 23 ans.

Basilica di San Pietro.


© Shutterstock.com/cge2010

L’origine des Musei Vaticani remonte au pontificat de Jules II, qui


installa quelques antiquités dans la cour du palais du Belvédère.
Aujourd’hui, cet ensemble de 11 musées possède une des plus importantes
collections d’art classique et Renaissance au monde et, surtout, abrite la
merveilleuse chapelle Sixtine . Les fresques de la voûte de la chapelle
présentent des scènes de l’Ancien Testament, de la Création du monde au
Déluge. Sur la paroi au-dessus de l’autel se trouve une fresque de Michel-
Ange représentant le Jugement dernier. Les fresques des parois latérales
racontent des scènes de la vie de Moïse et du Christ.
Parmi les autres incontournables de cet incroyable complexe muséal se
trouvent le Musée égyptien, le Musée Pio Clementino, consacré à l’art
antique grec et romain, la cour octogonale du Belvédère, avec ses statues
de Laocoon et d’Apollon, les chambres de Raphaël, décorées de leurs
célèbres fresques, et la Pinacothèque, avec ses peintures de Giotto,
Raphaël, Vinci et Caravaggio.
Mausolée de l’empereur Hadrien construit à partir de 123 apr. J.-C., le
Castel Sant’Angelo connut différentes fonctions à travers les années
: citadelle et prison au Moyen Âge, puis résidence des papes qui y ont
aménagé des appartements somptueux. Le château est dominé par une
statue de l’archange Michel qui, selon la légende, aurait fait fuir la peste en
136.

Le Champ de Mars
Très dense, le centre historique, ou Champ de Mars, s’étend de part et
d’autre du Corso Vittorio Emanuele II. Cet itinéraire propose des
expériences culturelles variées : des vestiges romains, des églises anciennes,
un des plus vieux ghettos du monde et un marché mythique, le Campo de’
Fiori.
La Piazza della Bocca della Verità est construite sur l’emplacement où
se tenait, à l’époque romaine, un grand marché aux bestiaux. Elle est
dominée par deux temples romains d’époque républicaine extrêmement
bien conservés : le Tempio di Ercole Vincitore et le Tempio di Portuno.
Bocca della Verità.
© iStockphoto.com/imv

La célèbre sculpture Bocca della Verità représentant un visage barbu se


trouve dans le portique de la Basilica di Santa Maria in Cosmedin . Il
s’agit peut-être d’une ancienne fontaine, mais plus probablement d’une
bouche d’égout de l’époque romaine qui fait maintenant office de détecteur
de mensonges (selon la légende, la « Bouche de la Vérité » mordra les
menteurs qui y mettent la main). La magnifique église, construite au VIe s.
sur les ruines d’un autel dédié à Hercule, fut modifiée plusieurs fois au
cours des années. Dans la crypte, on peut voir les vestiges de l’ancien autel,
de gros blocs de tuf volcanique. Le campanile, qui date du XIIe s., est un
des plus beaux de Rome.
La Chiesa di San Giorgio in Velabro daterait du VIIe s., mais elle a été
modifiée plusieurs fois depuis. La forme asymétrique de l’église s’explique
sans doute par le fait qu’elle est construite sur le site d’un édifice romain
plus ancien.
Teatro di Marcello.
© iStockphoto.com/TomasSereda

Le Teatro di Marcello était le deuxième théâtre en importance à Rome


après celui de Pompée, maintenant enfoui sous la ville moderne. Sa
construction fut entreprise à l’époque de César et terminée sous Auguste. Il
fut dédié à Marcellus, fils d’Octavie (sœur d’Auguste), héritier désigné
mais mort prématurément. Au Moyen Âge, il fut converti en forteresse, puis
en palais.
Au début des années 1980, la ville de Rome acquit un vaste complexe
immobilier autour de la Via delle Botteghe Oscure. Commença alors une
longue période de fouilles, encore actives aujourd’hui. Le Museo
Nazionale Romano – Crypta Balbi est consacré à l’histoire des
différentes phases de l’évolution et de l’urbanisation de la ville au cours
des siècles.
L’Area Sacra di Largo Argentina , une zone archéologique mise au jour
entre 1926 et 1928, comprend quatre temples de l’époque républicaine. On
croit que c’est à proximité de ce lieu que fut assassiné César en 44 av. J.-C.
Une colonie de chats squatte maintenant le lieu.
Le Campo de’ Fiori accueille tous les matins un très touristique marché
de fruits, légumes et souvenirs divers. La place est dominée par l’imposante
statue du moine Giordano Bruno, brûlé vif en 1600 pour hérésie.
Qualifié par certains de plus beau palais de Rome, le Palazzo Farnese
fut construit au XVIe s. pour la famille Farnese, dont l’ancêtre fut élu pape
en 1534 sous le nom de Paul III. Plusieurs artistes ont travaillé à sa
construction, parmi lesquels Antonio da Sangallo, Michel-Ange et Giacomo
della Porta. Le palais loge aujourd’hui l’ambassade de France.

La Rome juive
Présents à Rome depuis 2 000 ans, les Juifs ont été isolés dans le
Ghetto de Rome par le pape Paul IV au milieu du XVIe s. Le
quartier était muré, les portes, verrouillées la nuit et les habitants
n’avaient pas l’autorisation de sortir. Les murs furent démolis en
1888. Le Ghetto s’étend entre le Tibre, la Via delle Botteghe
Oscure, la Via Arenula et le théâtre de Marcellus. On y trouve des
plaques commémoratives témoignant des persécutions de l’époque
de Mussolini, notamment sur la Piazza 16 Ottobre 1943, date à
laquelle une centaine de Juifs, surtout des femmes et des enfants,
ont été déportés à Auschwitz. Le Tempio Maggiore di Roma a
été érigé au tout début du XXe s. Son dôme imposant est facilement
reconnaissable. Il se trouve dans une partie du Ghetto complètement
reconstruite au début du XXe s., qui comprend tous les immeubles
au sud de la Via del Portico d’Ottavia. La synagogue abrite le
Museo Ebraico di Roma , qui raconte l’histoire de la
communauté juive de Rome et ses relations avec la ville.

Le Palazzo Spada fut édifié au milieu du XVIe s. Le décor chargé de la


façade est composé de huit niches ornées de statues représentant des héros
de l’Antiquité romaine. La cour intérieure présente un décor similaire avec
des décorations en stuc. À travers une vitre, il est possible de voir la célèbre
perspective de Borromini, réalisée en 1653. Ce couloir ne mesure en
réalité que 9 m, mais l’architecte, en utilisant des colonnes de plus en plus
petites et serrées, donne l’illusion d’une galerie beaucoup plus profonde.
Un des symboles forts de la Rome baroque, la magnifique Piazza Navona
a été construite sur les ruines du stade de Domitien, d’où sa forme
oblongue. Elle est ornée de trois fontaines (voir l’encadré Cliquez ici). On
comprend bien d’où vient la forme de la Piazza Navona en visitant les
quelques vestiges encore visibles du Stadio di Domiziano, exposés dans un
espace en bordure de la place également dédié à l’histoire du sport et de la
pratique sportive durant l’Antiquité.
Piazza Navona.
© iStockphotocom/belenox

La légende veut que la Chiesa di Sant’Agnese in Agone , édifiée à


partir de 1652, ait été construite sur le site d’un ancien bordel où sainte
Agnès aurait été exposée nue. La façade concave, qui rappelle la forme du
cirque antique, est l’œuvre de Borromini. Sur un plan en croix grecque,
l’église renferme de beaux bas-reliefs en marbre blanc, ainsi que le
tombeau, plutôt modeste, du pape Innocent X.
La Chiesa di Santa Maria della Pace fut érigée à la Renaissance, mais
sa façade date de l’époque baroque. De forme circulaire, le portique frappe
par son originalité. À l’intérieur, on peut admirer Les Sybilles et les
Prophètes, un ensemble de fresques peintes par Raphaël en 1514.
Un très beau palais du XVe s. ayant appartenu d’abord à la famille Riario,
puis aux Altemps, abrite le Museo Nazionale Romano – Palazzo Altemps
, qui possède une magnifique collection de sculptures antiques,
restaurées par de grands artistes baroques comme Bernini ou Algardi.
Construite à partir de 1479, la Basilica di Sant’Agostino présente une
façade typiquement Renaissance. À l’intérieur, on peut admirer la Madone
des Pèlerins de Caravaggio et une fresque de Raphaël très imprégnée de
l’art de Michel-Ange, représentant le prophète Isaïe. La statue de la
Madonna del Parto de Jacopo Sansovino est un lieu de dévotion pour les
femmes ayant des problèmes d’infertilité.
La Chiesa di San Luigi dei Francesi est l’église nationale des
Français. Elle a été fondée en 1518 par le cardinal Jules de Médicis, futur
pape Clément VII. Les messes y sont célébrées dans la langue de Molière.
Sa façade est Renaissance et son intérieur, baroque. L’église est célèbre
pour la chapelle Contarelli, avec ses trois tableaux peints par Caravaggio.
Édifié en 27 av. J.-C., puis complètement restauré sous l’empereur Hadrien
à partir de 118 apr. J.-C., le Pantheon est connu pour sa coupole, une
sphère parfaite de 150 pieds romains de diamètre et de hauteur (43,3 m) en
« béton ». En 608, il devient une église. L’utilisation presque ininterrompue
de ce temple « de tous les dieux » explique son excellent état de
conservation. À l’intérieur sont enterrés les deux premiers rois d’Italie et le
peintre Raphaël. Le Panthéon est particulièrement évocateur le dimanche de
la Pentecôte, alors que tombe de l’oculus de sa coupole une avalanche de
pétales de roses.
L’obélisque et l’éléphant de Bernini trônent au centre de la Piazza della
Minerva devant la Basilica di Santa Maria Sopra Minerva . L’église,
construite au VIIIe s. sur les vestiges d’un temple à Minerve, fut remaniée à
plusieurs reprises.
La galerie du Palazzo Doria Pamphilj possède l’une des plus
importantes collections privées de Rome, dont le célèbre portrait du pape
Innocent X par Vélasquez, mais aussi des œuvres de Caravaggio, Tintoretto
et Tiziano.
Caractéristique des monuments de la Contre-Réforme, la Chiesa di
Sant’Ignazio di Loyola fut édifiée à partir de 1626. Elle est dédiée au
fondateur des Jésuites, saint Ignace de Loyola. Le peintre Andrea Pozzo,
lui-même jésuite, y réalisa la voûte et la coupole en trompe-l’œil au-dessus
du transept.
L’architecture particulière de la Piazza Sant’Ignazio en fait l’un des lieux
les plus charmants de Rome avec sa voisine, la Piazza di Pietra, où les
colonnes du temple d’Hadrien, consacré en 145 apr. J.-C., ont été intégrées
au mur de l’immeuble où logeait anciennement la Bourse de Rome.

Les plus belles fontaines de Rome


À l’origine, la fontaine de la Piazza Mattei devait être érigée sur
une autre place dans le Ghetto et servir à l’approvisionnement du
quartier en eau potable. Mais à la suite de l’intervention des Mattei,
la Fontana delle Tartarughe fut réalisée ici. Elle représente des
éphèbes sur des dauphins tenant dans leur main des tortues. C’est
Bernini qui aurait ajouté les tortues pour combler l’espace entre la
main des éphèbes et le bassin supérieur.

Trois fontaines ornent la Piazza Navona : la fontaine du Maure


représentant un Éthiopien luttant contre un dauphin, la fontaine de
Neptune et, au centre, la fontaine aux Quatre-Fleuves . Réalisée
par Bernini au XVIIe s., cette dernière fontaine est composée de
statues personnifiant les fleuves de quatre continents, le Nil pour
l’Afrique, le Río de la Plata pour l’Amérique, le Danube pour
l’Europe et le Gange pour l’Asie, le tout surmonté d’un obélisque
antique.

Située sur la Piazza di Spagna, la Fontana della Barcaccia,


représentant une barque, est signée Bernini père et fils.

De style baroque tardif, principalement conçue par Nicola Salvi


entre 1732 et 1751, la Fontana di Trevi est adossée au
Palazzo Poli. La fontaine prend la forme d’un arc de triomphe, au
centre duquel se trouve le dieu Océan sur un char guidé par des
chevaux marins et des tritons. Elle a été immortalisée dans le film
de Fellini La dolce vita. Aujourd’hui, des milliers de touristes
viennent y lancer une pièce pour s’assurer de revenir à Rome. Bon
an, mal an, ils y jettent plus de 1,5 million d’euros.

Fontana di Trevi.
© Shutterstock.com/S.Borisov

Œuvre de Bernini terminée en 1643 sur la Piazza Barberini, la


Fontana del Tritone représente un triton, dieu marin de la
mythologie grecque, mi-homme, mi-poisson, soufflant dans un
coquillage et soutenu par quatre dauphins.

La Fontana dell’Acqua Felice prend le nom de baptême du pape


Sixte V (Felice Peretti), qui la fit construire après avoir restauré un
aqueduc romain. Y sont illustrées des scènes de la vie de Moïse.

Dans le Trastevere, la Fontana dell’Acqua Paola, en forme d’arc


de triomphe, fut érigée au début du XVIIe s. Le belvédère en face
offre une vue magnifique sur Rome.
Installée en 1901 sur la Piazza della Repubblica, la Fontana delle
Naiadi a fait scandale à l’époque à cause des poses plutôt
provocantes des personnages féminins sculptés par Rutelli.

Le Trident
Le nom du quartier du Trident provient de l’ensemble formé par les trois
rues s’étirant au sud de la Piazza del Popolo (Via di Ripetta, Via del Corso
et Via del Babuino), qui rappelle la forme d’un trident, l’attribut associé à
Neptune dont la fontaine signée Giovanni Ceccarini trône sur la Piazza del
Popolo , aménagée entre 1811 et 1822 selon les dessins de l’architecte
Giuseppe Valadier. La place est dominée par une fontaine surmontée d’un
obélisque d’origine égyptienne.
Trois églises se trouvent sur la Piazza del Popolo : les églises presque
jumelles de Santa Maria di Montesanto et Santa Maria dei Miracoli,
ainsi que Santa Maria del Popolo , le bijou de la place. Reconstruite
à la Renaissance sur les lieux d’une petite chapelle du XIe s., c’est une des
plus belles églises de Rome. On y trouve notamment des œuvres
remarquables de Pinturicchio, Bernini et Caravaggio.
On a confié à l’architecte américain Richard Meier le mandat de construire
le Museo dell’Ara Pacis pour loger l’autel de la Paix (Ara Pacis) érigé
par l’empereur Auguste pour célébrer la Pax Romana, en 9 av. J.-C. Sur les
côtés du monument sont illustrées des scènes de la fondation légendaire de
Rome.
La Piazza di Spagna doit son nom à l’ambassade espagnole qui loge
dans le Palazzo di Spagna depuis le XVIIe s. La place est dominée par un
imposant escalier de 135 marches construit au XVIIIe s., la Scalinata di
Trinità dei Monti . L’escalier mène à la Chiesa della Trinità dei
Monti, dont la construction a débuté en 1502. À l’intérieur, les chapelles
affichent un bel exemple du courant maniériste.
La Scalinata di Trinità dei Monti et la Chiesa della Trinità dei Monti.
© iStockphoto.com/belenox

Transporté sur la Piazza della Trinità dei Monti en 1789, l’Obelisco


Sallustiano fut réalisé à l’époque romaine en imitant le style égyptien. Il
marque la fin de la Via Sistina, qui mène à la Basilica di Santa Maria
Maggiore (voir Cliquez ici).

Deux des plus jolies rues de Rome


L’historique Via Giulia , une des artères les plus charmantes de
Rome, ne fait qu’environ 1 km de long. Bordée d’élégants palais
aristocratiques, elle fut ouverte en 1508 par le pape Jules II de la
Rovere pour permettre aux pèlerins de se rendre plus facilement au
Vatican.

C’est dans la presque villageoise Via Margutta que résidait le


personnage incarné par Gregory Peck dans le film culte Vacances
romaines. La rue est reconnue pour ses nombreuses galeries d’art.
Au numéro 110, une plaque rappelle que le réalisateur Fellini et son
épouse, l’actrice Giulietta Masina, y ont habité.

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Une fontaine dans la Via Margutta.


© iStockphoto.com/ROMAOSLO

Le Quirinal
Le quartier du Quirinal propose quelques merveilles, dont la fontaine de
Trevi et la fontaine du Triton (voir l’encadré Cliquez ici), ainsi que des
musées importants et de jolies églises.
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Palazzo Barberini.
© iStockphoto.com/piola666

Le palais de la famille Barberini, auquel ont travaillé Bernini et Borromini,


abrite aujourd’hui la Galleria Nazionale d’Arte Antica – Palazzo
Barberini . Ce musée est dédié à la peinture de maîtres italiens et
étrangers du XIIIe au XVIIIe s., notamment Caravaggio (Judith décapitant
Holopherne) et Raphaël (Le Portrait d’une jeune femme). Le plafond du
salon principal, peint par l’artiste baroque Pietro da Cortona, illustre le
triomphe de la famille Barberini.
La Piazza del Quirinale est dominée par un obélisque romain érigé en
1783 pendant le pontificat de Pie VI à l’entrée du mausolée d’Auguste. S’y
trouve le Palazzo del Quirinale , dont la construction débuta sous le
pontificat de Grégoire XIII en 1578 et se termina sous celui de
Clément XII. D’abord résidence d’été des papes, elle devient après
l’unification italienne la résidence royale des Savoie jusqu’en 1944. Depuis
1946, le palais est le siège de la présidence italienne.
La petite Chiesa di Sant’Andrea al Quirinale est signée Bernini.
Réalisée dans la seconde moitié du XVIIe s., elle se distingue par son plan
particulier de forme elliptique. On raconte que l’artiste la considérait
comme sa plus grande création et venait souvent s’y recueillir vers la fin de
sa vie.
Le plan ingénieux de la Chiesa di San Carlo alle Quattro Fontane
permet de résoudre le problème de l’espace réduit que l’église occupe. Il
s’agit de la première commande personnelle de Borromini en 1634. La
façade fut terminée après sa mort.
La baroque Chiesa di Santa Maria della Vittoria a été érigée entre
1608 et 1620. Dans la chapelle Cornaro se trouve la sculpture de L’Extase
de sainte Thérèse, que Bernini réalisa en 1646 en s’inspirant des écrits de la
sainte.
La Basilica di Santa Maria degli Angeli e dei Martiri fut construite
e
au XVI s. dans les ruines des thermes de Dioclétien. La façade a été
détruite au début du XXe s. pour lui redonner son aspect antique. Depuis
l’unification italienne, l’église est utilisée pour les cérémonies d’État
importantes, comme le mariage des descendants de la famille de Savoie,
ancien roi d’Italie.
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Basilica di Santa Maria degli Angeli e dei Martiri.
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Le magnifique Museo Nazionale Romano – Palazzo Massimo alle


Terme est l’un des plus importants musées archéologiques d’Italie. Il
possède une remarquable collection de statues, mosaïques et peintures
antiques, entre autres les inoubliables fresques de la Villa de Livie et de la
Villa Farnesina.
Le Museo Nazionale Romano – Terme di Diocleziano est construit
dans les thermes de Dioclétien et le couvent fut bâti à partir du XVIe s. Le
cloître, œuvre de Michel-Ange, a été récemment ouvert au public. Le
complexe thermal, le plus grand de Rome, fut édifié entre 298 et 306 apr. J.-
C. pour accueillir jusqu’à 3 000 personnes.

L’Esquilin et Monti
Propriété du Vatican, la Basilica di Santa Maria Maggiore est l’une
des quatre basiliques majeures de Rome. Sa construction sur la colline de
l’Esquilin remonte au Ve s. À l’intérieur, on peut admirer des mosaïques
chrétiennes parmi les plus anciennes de Rome. À droite du baldaquin, une
modeste pierre tombale signale le lieu de sépulture de Bernini.
La fondation de la Basilica di San Pietro in Vincoli remonte
probablement au IVe s., mais elle fut complètement réaménagée au XVe s.
par Giuliano della Rovere, futur pape Jules II. Elle est située dans le
quartier de Monti et on y vient pour admirer la célèbre statue de Moïse de
Michel-Ange ou se recueillir devant les chaînes qui auraient entravé saint
Pierre.

Le Celio et le Latran
Le Celio est l’une des sept collines de Rome. Riche en ruines romaines et
parsemé de plusieurs églises intéressantes, son quartier constitue un lieu de
promenade agréable qui mène tout doucement vers la Basilica di San
Giovanni in Laterano, la cathédrale de l’évêque de Rome.
Construits par l’empereur Caracalla à partir de 212 apr. J.-C., les Terme di
Caracalla constituent le deuxième complexe thermal en importance
après celui de Dioclétien, et le mieux conservé de Rome. Ouvert à tous,
même aux esclaves, il pouvait accueillir environ 1 500 personnes. Il cessa
de fonctionner en 537 apr. J.-C., après le saccage des aqueducs par les
Barbares. À l’intérieur sont conservés de beaux pavements en mosaïque,
vestiges de la riche décoration des thermes.
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Terme di Caracalla.
© iStockphoto.com/DavidCallan

L’intéressante Basilica di San Clemente résume à elle seule plusieurs


siècles d’histoire, depuis le site romain et le mithraeum (sanctuaire du culte
de Mithra) jusqu’à la façade du XVIIIe s., en passant par la première
basilique du IVe s.
La Basilica di San Giovanni in Laterano est l’une des quatre
basiliques majeures de Rome. La basilique primitive érigée par l’empereur
Constantin au IVe s. a été le siège du Vatican jusqu’au départ de la papauté
pour Avignon en 1309. Modifiée à plusieurs reprises aux cours des siècles,
elle a conservé sa forme d’origine avec cinq nefs. L’aménagement intérieur,
réalisé par Borromini, est de style baroque. Le très beau plafond en bois
sculpté date du XVIe s. et les portes centrales de bronze de l’entrée
proviennent de la curie romaine. Édifié comme la basilique à l’époque de
Constantin, le baptistère fut remanié à plusieurs reprises au cours des
siècles. De forme octogonale et surmonté d’un dôme, il fut l’un des
premiers exemples de baptistères et servit de modèle pour des monuments
du même type.
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Basilica di San Giovanni in Laterano.
© iStockphoto.com/Phooey

Les 28 marches en marbre de la Scala Santa auraient été rapportées de


Jérusalem par sainte Hélène, mère de Constantin, en 326. Ce sont les
marches qu’aurait gravies Jésus avant son jugement par Ponce Pilate. À
l’époque où le pape résidait à Saint-Jean-de-Latran, le Sancta Sanctorum,
situé au bout des marches, était sa chapelle privée.

L’Aventin et le Testaccio
Situé au pied de la colline de l’Aventin, le Circo Massimo est
probablement la plus grande structure sportive jamais construite. Mesurant
600 m de long sur 140 m de large, cet hippodrome utilisé pour les courses
de chars à l’époque romaine pouvait accueillir 300 000 spectateurs.
Aujourd’hui, c’est un grand parc public utilisé comme lieu de
rassemblement et pour des spectacles.
La Basilica di Santa Sabina fut construite au Ve s. Elle a connu
plusieurs modifications au cours des années, pour finalement retrouver son
aspect original au début du XXe s. C’est l’un des plus beaux exemples
d’églises primitives de la ville. La scène de crucifixion sur une des portes
est probablement le plus vieil exemple d’une telle représentation.
La Piazza dei Cavalieri di Malta est la seule œuvre d’architecture du
célèbre graveur Piranèse. S’y trouve le complexe de la Villa del Priorato di
Malta, siège historique de l’Ordre souverain de Malte. À travers le trou de
la serrure du grand portail du prieuré, on peut voir le dôme de la basilique
Saint-Pierre.
Le quartier populaire du Testaccio , développé à l’origine pour héberger
les travailleurs des abattoirs, porte le nom de la montagne de tessons
d’amphores datant de la période romaine qui domine encore son paysage.
Au cœur du quartier, la Piazza Testaccio a été réaménagée après le
déplacement du marché Testaccio. En 2014, après les travaux de
restructuration de la place, la Fontana delle Anfore, qui se trouvait aux
abords du Tibre, a retrouvé son écrin d’origine au centre de la place, là où
elle avait été installée lors de sa construction en 1926.
Les anciens abattoirs de la ville, utilisés de 1890 à 1975, abritent
maintenant des organismes culturels, dont le complexe du MACRO
Testaccio , qui comprend notamment une annexe du Museo d’Arte
Contemporanea Roma (voir Cliquez ici).
Le Cimitero Acattolico di Roma est mieux connu sous le nom de «
cimetière protestant ». Y sont enterrés les non-catholiques ou encore les
exclus de l’Église catholique, dont les suicidés. Gramsci, Keats, Shelley et
le fils de Goethe y sont inhumés. C’est un lieu d’une grande quiétude, à
l’ombre des cyprès et des pins, avec vue sur la Piramide di Caio Cestio,
véritable curiosité, construite entre 18 et 12 av. J.-C.

Trastevere
Dominé par la colline du Janicule, le Trastevere, dont le nom signifie « au-
delà du Tibre », est un quartier populaire et vibrant qui s’est récemment
embourgeoisé, mais où on retrouve encore quelques cafés et trattorias
authentiques.
Datant du Ve s., la Basilica di Santa Cecilia in Trastevere fut refaite
pendant le pontificat de Pascal Ier au IXe s., et remaniée à plusieurs reprises
par la suite. On peut admirer dans l’abside de splendides mosaïques
d’inspiration byzantine datant du IXe s.
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Basilica di Santa Maria in Trastevere.
© Shutterstock.com/Catarina Belova

La Basilica di Santa Maria in Trastevere est considérée comme


l’un des premiers lieux de culte chrétien à Rome. La légende raconte que
l’église fut fondée au IIIe s. par le pape Calixte Ier sur un emplacement d’où
aurait surgi en 38 av. J.-C. une source d’huile nauséabonde, la fons olei, qui
était probablement du pétrole. Cette éruption aurait été interprétée plus tard
comme un signe de la venue du Christ. L’église connut plusieurs
modifications, mais son aspect actuel date essentiellement du XIIIe s. De
superbes mosaïques du XIIe s. de Pietro Cavallini représentant la vie de la
Vierge s’approchent du style des fresques de la Renaissance.
Construite à partir de 1506, la Villa Farnesina fut dessinée par
l’architecte Baldassarre Peruzzi. Plusieurs artistes de la Renaissance y ont
travaillé. On peut notamment y voir des œuvres de Raphaël et de Sebastiano
del Piombo, ainsi que la chambre d’Agostino Chigi, peinte par le Sodoma,
et la salle des perspectives de Peruzzi.
Au centre de la Piazza Giuseppe Garibaldi se dresse un imposant
monument représentant le général Garibaldi, l’une des figures importantes
de l’unification italienne. En contrebas, un peu plus loin, se trouve le
monument dédié à sa femme, Anita. De la terrasse de la Colle del
Gianicolo , on a une vue splendide sur Rome. C’est là qu’est tiré le coup
de canon du Janicule sur le coup de midi.

Gastronomie romaine
À Rome, on doit faire comme les Romains et manger leurs plats
préférés. Au chapitre des pâtes, les plus typiques sont les cacio e
pepe, à base de fromage pecorino et de poivre, tout simplement; les
spaghetti alla carbonara, où la guanciale (joue de porc) ou la
pancetta est mélangée avec des œufs et du fromage parmigiano; et
les bucatini all’amatriciana, de longues pâtes nappées d’une sauce à
base de tomates et de pancetta. Du côté des viandes, les Romains
apprécient la saltimbocca alla romana, une escalope de veau garnie
de sauge et de prosciutto et cuite avec un peu de vin blanc. Dans le
Ghetto juif, en saison, la grande vedette est le carciofo alla giudia,
un étonnant et délicieux artichaut frit. On accompagne ces plats du
vin blanc des Castelli Romani.
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Saltimbocca alla romana.
© iStockphoto.com/donstock

La Villa Borghese et ses environs


Le parc de la Villa Borghese est un splendide espace vert parsemé de
musées dont deux sont gratuits : le Museo Carlo Bilotti ,
particulièrement intéressant avec sa collection de tableaux de Giorgio De
Chirico, et le Museo Pietro Canonica, dédié au sculpteur et peintre italien
éponyme.
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Dans le parc de la Villa Borghese.
© iStockphoto.com/JayBoivin

Situé depuis 1889 dans la magnifique villa d’été que le pape Jules III fit
construire à partir de 1551, le Museo Nazionale Etrusco di Villa Giulia
est consacré à la civilisation étrusque. Fondée en 1883, la Galleria
Nazionale d’Arte Moderna est installée depuis 1915 dans un palais
néoclassique. Le musée possède une collection de peintures et de sculptures
d’artistes italiens et étrangers des XIXe et XXe s.
La villa qui donne son nom au parc fut édifiée à partir de 1613 par le
cardinal Scipione Borghese, grand amateur d’art. Acquise avec les jardins
par l’État italien en 1902, elle abrite aujourd’hui le Museo e Galleria
Borghese . Au rez-de-chaussée, on peut admirer les sculptures de
jeunesse de Bernini. À l’étage se trouve la superbe collection de peintures.
Installé dans une ancienne brasserie Peroni modernisée d’impressionnante
façon par l’architecte française Odile Decq, le Museo d’Arte
Contemporanea Roma (MACRO) est consacré à l’art contemporain,
de 1960 à nos jours.

San Paolo et Garbatella


La Basilica di San Paolo fuori le Mura est construite sur la tombe de
saint Paul, qui y fut enterré, près du lieu de son martyre. Lourdement
endommagée lors d’un incendie en 1823, elle fut reconstruite à l’identique
en employant les matériaux sauvés des flammes. Dans la crypte, on peut
voir le sarcophage de saint Paul en marbre non poli, et un morceau de
chaîne qui aurait servi à l’attacher à un soldat romain lors de son
emprisonnement.
Le quartier Garbatella a été conçu au début du XXe s. comme une cité-
jardin à l’anglaise. Il est divisé en lots et composé de villas avec des espaces
communs. Le pâté de maisons formé par la Via Carlo Randaccio et la Via
Domenico Chiodo représente bien le concept de la cité-jardin, havre de
paix.
L’annexe des Musei Capitolini – Centrale Montemartini , installée
dans une ancienne centrale électrique, constitue un bel exemple de
revitalisation d’un espace industriel. Le musée marie les époques sans les
opposer, et la juxtaposition des sculptures antiques et des turbines est
étonnante, mais extrêmement intéressante.

Le nord : la Rome contemporaine


Deux récentes institutions culturelles, le MAXXI et l’Auditorium Parco
della Musica, marquent l’entrée de Rome dans le XXIe s. et ont insufflé au
secteur nord de Rome une certaine jeunesse.
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Auditorium Parco della Musica.
© flickr.com/photos/robie06/6592999311/CC BY-SA 2.0/

L’Auditorium Parco della Musica , un complexe multifonctionnel


dédié à la musique, a été dessiné par l’architecte italien Renzo Piano.
Inauguré en 2002, il est rapidement devenu le lieu de rencontre des
Romains. S’y produisent notamment l’Orchestra Sinfonica di Roma et
l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia. Il comprend trois salles de
spectacle dans autant d’amphithéâtres en forme de scarabée, un espace
extérieur, l’agora, une librairie, des musées dédiés à l’archéologique et aux
instruments de musique et une « biblio-médiathèque ».
Inauguré en 2010, le spectaculaire Museo Nazionale delle Arti del XXI
Secolo (MAXXI) a été conçu par l’architecte britannique d’origine
irakienne Zaha Hadid. La collection permanente du MAXXI n’est pas très
élaborée, mais le musée présente beaucoup d’expositions temporaires. On
s’y rend également pour admirer l’édifice lui-même, aux formes avant-
gardistes.

La Via Appia Antica


Construite sous Appius Claudius Caecus au IVe s., la Via Appia Antica est
une des voies romaines les mieux conservées. On a surnommé la « Reine
des voies » ce chemin qui reliait Rome à Brindisi. Les attraits qui suivent
peuvent tous être visités en suivant la Voie appienne antique, qu’il est
agréable de parcourir à vélo.
Datant du milieu du IIe s., les Catacombe di San Callisto sont parmi
les plus vastes et les plus importantes de Rome. Elles portent le nom de
Calixte, le diacre responsable du cimetière qui devint par la suite pape avant
d’être sanctifié. Seize papes des IIe et IIIe s. y sont enterrés. C’est là que fut
retrouvée la tombe de sainte Cécile, transportée au IXe s. dans l’église qui
porte son nom dans le Trastevere.
Les Catacombe di San Sebastiano furent utilisées à partir de la fin
e
du II s. La légende veut que saint Pierre et saint Paul y aient été enterrés
avant la construction des basiliques majeures de Saint-Pierre et Saint-Paul.
En 1922, des travaux de restauration mirent au jour des mausolées romains
très bien conservés. On peut y voir différents exemples de sépultures, de
celles des Romains à celles des premiers chrétiens. Une belle statue de saint
Sébastien a été réalisée d’après un dessin de Bernini.
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Mausoleo di Cecilia Metella.
© iStockphoto.com/piola666

Le Mausoleo di Cecilia Metella date du Ier s. av. J.-C. C’est l’un des
monuments les plus célèbres et les mieux conservés de la Via Appia Antica.
L’excellent état de conservation du monument est dû à sa transformation en
forteresse au Moyen Âge.

Autour de Rome
Ostia, port de Rome à l’embouchure du Tibre, a probablement été fondée
au IVe s. av. J.-C. Le vaste site archéologique Scavi di Ostia Antica ,
qui s’étend à environ 25 km au sud-ouest de Rome, constitue une véritable
immersion au cœur de la vie quotidienne des habitants d’une cité antique.
On peut y admirer des monuments célèbres, comme le théâtre, la place des
Corporations, recouverte d’un beau pavement de mosaïques, ou encore le
Thermopolium, une taverne.
Un peu à l’écart dans la campagne de Tivoli, à environ 30 km à l’est de
Rome, se trouve la Villa Adriana , qui fut la résidence de l’empereur
Hadrien, grand admirateur de la Grèce antique, poète et architecte à ses
heures. Les historiens pensent qu’il a probablement conçu lui-même une
partie de la villa. Construite de 118 à 138 apr. J.-C., elle évoque les
souvenirs de voyages de l’empereur qui y a recréé des lieux marquants de
ses pérégrinations à travers l’Empire.
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Villa Adriana.
© iStockphoto.com/AZemdega

Le cardinal Hippolyte d’Este, fils de Lucrèce Borgia, un temps l’un des plus
riches hommes d’Italie, fut déçu dans ses aspirations à la papauté. Nommé
gouverneur de Tivoli en 1550, il décide de s’y retirer et emploie alors son
énergie à la construction de la somptueuse Villa d’Este sur les pentes
de la ville. Son jardin à l’italienne, orné de nombreuses fontaines, vaut à lui
seul le détour.
Situé à environ 25 km au sud de Rome, le domaine papal de Castel
Gandolfo a été acquis par le Vatican en 1596. En 1623, le pape
Urbain VIII y fit édifier un palais à proximité des ruines d’une villa de
l’empereur Domitien. Le palais servit jusqu’à récemment de résidence d’été
aux souverains pontifes. Le complexe de 55 ha comprend les Ville
Pontificie di Castel Gandolfo et les Giardini Barberini , qui
bénéficient d’un climat sec et frais. Le pape François, jugeant la résidence
trop imposante pour y habiter, a décidé d’ouvrir le « palais apostolique de
Castel Gandolfo » au public en 2014.
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L’Ange au suaire de Cosimo Fancelli, sur le Ponte Sant’Angelo.


© iStockphoto.com/Marco_Piunti
L’Ombrie
Paysage intact de collines et de vallées à l’ombre des Apennins,
l’Ombrie est une des rares régions de cette longue péninsule à
n’avoir aucune façade sur la mer. Jolie symphonie de verdure, elle
charme par son bel équilibre entre art et nature. Bornée par les
Marches, la Toscane et le Latium, elle est traversée par le Tibre,
recèle un des plus grands lacs d’Italie, le lac Trasimène, et des
cascades parmi les plus belles d’Europe, celles des Marmore, près
de Terni.

Lieu de passage historique entre le Nord et le Sud, et l’Est et


l’Ouest, l’Ombrie a été peuplée très tôt. Cette oasis de pâturages,
vignobles et oliveraies est parsemée de villes et villages médiévaux
comme Gubbio, Pérouse, Orvieto et Spoleto.
Une partie de la région a fait partie de l’Étrurie et été l’objet
d’âpres batailles entre les Ombriens et les Étrusques jusqu’à la
conquête romaine qui a entraîné la mise en place de colonies,
comme celle de Spoleto, et la construction de la Via Flaminia, qui
reliait Rome à la mer Adriatique en passant par l’Ombrie. Certaines
villes ont gardé une empreinte de la période étrusque, comme
Pérouse, probablement fondée par les Étrusques vers le VIe s. av.
J.-C.

Vestiges romains, ruelles médiévales, chefs-d’œuvre de la


Renaissance, lieux saints et patrimoine immortel, voilà l’Ombrie,
un des joyaux méconnus de l’Italie qu’on peut découvrir
tranquillement à pied, comme les pèlerins le font depuis des siècles
pour s’imprégner de la tranquillité de ce haut lieu du tourisme
religieux en Italie. Ils viennent surtout en Ombrie pour explorer les
nombreux sites associés à saint François d’Assise, mais aussi à
sainte Claire, saint Benoît et saint Valentin.
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Pérouse
Important fief sous les Étrusques comme en témoignent les
impressionnantes murailles percées de plusieurs portes construites entre les
IVe et IIe s. av. J.-C., l’élégante ville de Pérouse (Perugia) compte plusieurs
superbes édifices datant du Moyen Âge et de la Renaissance.
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Bordée de bâtiments mythiques, la Piazza IV Novembre est une des
plus charmantes places d’Italie. Sa magnifique Fontana Maggiore , qui
date du XIIIe s., est spectaculaire avec ses 50 bas-reliefs et ses 24 statues
signés Nicola et Giovanni Pisano.
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Piazza IV Novembre.
© iStockphoto.com/bwzenith

Commencé au XIIIe s. mais agrandi ensuite, le Palazzo dei Priori


s’impose toujours dans le paysage de la ville. La Galleria Nazionale
dell’Umbria , qui possède une exceptionnelle collection d’œuvres d’art
ombrien du XIIIe au XVIIIe s., loge au dernier étage du palais. On peut
notamment y admirer des œuvres de Fra Angelico, de Piero della Francesca
et du Pérugin.
La Rocca Paolina , conçue par Antonio da Sangallo, était une
impressionnante forteresse qui fut construite à partir de 1540 à la demande
du pape Paul III, d’où son nom. Si sa construction a entraîné la destruction
de plusieurs maisons médiévales, elle en a aussi englobé plusieurs. La
forteresse a ainsi conservé en son sein une petite partie de la ville ancienne
avec des maisons datant du XIe au XVIe s.
Fondée en 1308, l’Université de Pérouse est une des plus anciennes et des
mieux cotées d’Italie. Alors qu’au XIVe s. elle ne comptait que deux
facultés, le droit et les arts libéraux, elle s’enorgueillit aujourd’hui de ses 16
départements fréquentés par plus de 23 000 étudiants.
À ne pas manquer aussi à Pérouse, la pittoresque Via Maestà delle Volte et
ses maisons médiévales.

Pietro Vannucci, dit le Pérugin


Né vers 1450 à Città della Pieve (qui s’appelait alors Castel della
Pieve), Pietro Vannucci est considéré comme le plus grand artiste
d’Ombrie. Il a d’abord été formé à l’école de Piero della Francesca,
puis à Florence, où il aurait été l’élève de Verrocchio, peut-être avec
Leonardo da Vinci. Il a surtout peint des tableaux religieux et fut
l’un des maîtres de Raphaël. Il fut nommé citoyen d’honneur de
Pérouse d’où son surnom, le Pérugin. Il est mort en 1523.
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Pietro Vannucci.
© Pietro Perugino [Public domain], via Wikimedia Commons

Assise
Figée dans le temps, encore entourée de ses remparts et fortement
imprégnée de saint François, la ville d’Assise (Assisi) est classée au
patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2000 avec sa basilique et ses
autres sites franciscains. Les pèlerins y affluent depuis le XIIIe s., mais
même les non-croyants apprécient sa beauté. Entourée des harmonieuses
collines d’Ombrie et des forêts du mont Subasio, Assise figure parmi les
villes médiévales les mieux conservées d’Italie. De la Rocca Maggiore,
cette forteresse érigée sur les hauteurs d’Assise au XIVe s., on peut voir
toute la ville à ses pieds et même apercevoir Pérouse au nord.
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Basilica di San Francesco, Assise.
© iStockphoto.com/bluejayphoto

La Basilica di San Francesco est la principale attraction de la ville et


son plus célèbre bâtiment. Entreprise dès 1228, son érection a été achevée
avec l’ajout de la basilique supérieure en 1253. C’est dans cette basilique
supérieure qu’on peut admirer les 28 fresques de Giotto qui relatent les
principaux épisodes de la vie de saint François. Dans la basilique inférieure
ont travaillé notamment Cimabue et Pietro Lorenzetti, tous deux influencés
par l’œuvre de Giotto. Plus sobre, cette basilique reflète bien l’esprit de
saint François et les principes de simplicité des Franciscains. C’est là que se
trouve la crypte de Saint-François . Un violent tremblement de terre a
ébranlé la région en septembre 1997 et causé de graves dommages à la
basilique et aux fresques de Cimabue.
Saint François d’Assise
Né à Assise en 1182 sous le nom de Giovanni di Pietro di
Bernardone, François d’Assise est l’un des saints patrons de l’Italie.
Fils de drapier, il connaît une jeunesse dissipée avant de passer de
fêtard à mystique. Il a soigné les lépreux, prêché la pauvreté et
fondé trois ordres : l’ordre des Frères mineurs en 1209, l’ordre
féminin des Clarisses (avec sainte Claire, également d’Assise) en
1212 et le Tiers-Ordre franciscain en 1221. On lui attribue plusieurs
miracles, dont moult guérisons et même des résurrections. Il meurt à
Assise en 1226 et est canonisé deux ans plus tard, l’année où débute
la construction de la basilique inférieure.

Consacrée à l’autre sainte de la ville, la Basilica di Santa Chiara honore


sainte Claire, une des femmes les plus importantes de l’Église catholique.
La fondatrice de l’ordre des Clarisses (ou ordre des Pauvres Dames) est
enterrée dans la crypte de cette église du XIIIe s. à la jolie façade rose et
blanche.
Par ailleurs, c’est dans la Cattedrale di San Rufino, cathédrale romane et
baroque dont la construction débuta en 1140 pour se terminer en 1571, que
les deux gloires locales, saint François et sainte Claire, ont été baptisés.
Le catholicisme a été présent à Assise dès le IIIe s., mais y subsistent des
traces de la civilisation romaine avec quelques monuments dont un temple
dédié à la déesse romaine de la sagesse, Minerve, sur lequel on a érigé une
église, Santa Maria Sopra Minerva.

Gubbio
Adossée au mont Ingino, cette ville fortifiée n’a pas beaucoup changé
depuis le Moyen Âge. Dominée par le Palazzo dei Consoli , un des plus
attrayants édifices publics d’Italie, et bordée de palais, la Piazza della
Signoria , d’où rayonnent des ruelles escarpées, fait rêver. C’est sur
cette place que la Corsa dei Ceri et le Palio della Balestra revivent chaque
année (voir encadré). Le Palazzo Ducale est doté de belles salles,
décorées de fresques, et d’une élégante cour.

Palazzo dei Consoli, Gubbio.


© iStockphoto.com/Massimo Merlini

À voir aussi, son Duomo, les églises San Francesco et Santa Maria
Nuova et son théâtre romain assez bien conservé datant de l’époque
d’Auguste.
Un sentier relie Assise à Gubbio, le Sentiero Francescano della Pace ,
un chemin que saint François a parcouru plusieurs fois à partir de son
engagement en 1206.

La Corsa dei Ceri et le Palio della Balestra,


deux fêtes traditionnelles à Gubbio
La Corsa dei Ceri (Course des cierges) est une fête religieuse
hautement folklorique qui a lieu le 15 mai de chaque année. Elle est
dédiée à Sant’Ubaldo Baldassini, patron de Gubbio mort en 1160, et
commémore un don de cire (ceri) que les corporations médiévales
offraient à leur saint patron. On pense également qu’il pouvait y
avoir un lien avec Cérès, déesse romaine de l’agriculture, liée à
l’arrivée du printemps.

Dans le cadre de cette célébration, on transporte trois immenses


cierges surmontés d’une statue d’un des trois saints concernés par la
fête, saint Ubald, saint Georges et saint Antoine, sur de grandes
plateformes portées par les ceraioli (des hommes habituellement, les
femmes n’étant autorisées qu’en de rares occasions, par exemple en
temps de guerre), généralement liés à l’un ou l’autre des saints par
leur métier. Les maçons et sculpteurs, par exemple, sont du côté de
Sant’Ubaldo, les commerçants, de celui de San Giorgio, et les
agriculteurs, propriétaires terriens et étudiants, de celui de San
Antonio. Les ceraioli sont vêtus d’un pantalon blanc, d’une chemise
aux couleurs du saint (jaune pour saint Ubald, bleu pour saint
Georges et noir pour saint Antoine) et d’une écharpe rouge nouée à
la taille ou au col. Il leur faut courir en évitant que le cierge ne
tombe ou ne courbe afin de l’acheminer intact à la basilique.

Le Palio della Balestra (Jeu de l’arbalète) a lieu le dernier


dimanche de mai. Les arbalétriers défilent en costumes d’époque
avant que ne commence le véritable défi : tenter d’atteindre le centre
d’une cible (tasso) avec cette arme médiévale. L’événement se
termine par un cortège historique dans le centre de la petite ville. Ce
tournoi folklorique a également lieu à Sansepolcro le deuxième
dimanche de septembre.
Città di Castello
Encore entourée d’une partie de ses murs médiévaux, Città di Castello a
conservé son charme au-delà des siècles. On peut notamment y admirer la
jolie façade baroque de 1686 du Palazzo del Podestà, le Palazzo
Comunale et son élégant portail gothique, le Duomo, construit sur
l’emplacement d’un ancien temple romain, la Chiesa di San Domenico de
1424 et la Chiesa di Santa Maria Maggiore, intéressante pour son style
gothique et sa façade Renaissance.

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Città di Castello.
© iStockphoto.com/ROMAOSLO
Lac Trasimène
Véritable paradis naturel, peuplé d’oiseaux et entouré de champs de
tournesols, de vignobles et d’oliveraies, le lac Trasimène (Lago
Trasimeno) comporte trois îles : Polvese, Minore et Maggiore.
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Maggiore, lac Trasimène.
© iStockphoto.com/argalis

Polvese est la plus étendue des trois îles. Elle fait partie du Parco del
Lago Trasimeno , qui a pour mission de protéger et mettre en valeur le
lac et ses communes voisines. Mais il n’y a pas que des merveilles
naturelles à admirer dans cette jolie île. Les vieilles pierres valent le détour,
comme la Chiesa di San Giulano du XIe s., le château médiéval du
XIVe s. et le Monastero di San Secondo, construit entre les Xe et XIVe s.
et abandonné au XVIIe s. À voir aussi, une curiosité beaucoup plus récente,
la Piscina Porcinai, belle réalisation de récupération d’une ancienne
carrière de grès située dans un magnifique jardin créé par l’architecte
paysagiste Pietro Porcinai à la demande du comte Giannino Citterio,
propriétaire de cet endroit qui a longtemps servi de réserve de chasse pour
sa famille.
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Polvese, lac Trasimène.
© iStockphoto.com/elleon

Sur l’île Maggiore, la Via Guglielmi a été reconstruite en briques rouges


dans les années 1950 comme elle était à l’origine. Les insulaires l’appellent
aussi la piazza. C’est l’endroit où ils se retrouvent pour la passeggiata, la
promenade traditionnelle de fin de journée qui permet de rencontrer les
amis et de s’ouvrir l’appétit avant le repas du soir. À voir notamment, le
palais du XIVe s. et les églises du Bon-Jésus et de la Bonne-Mort.
Couverte d’une forêt de pins et de chênes verts, la petite île Minore a été
habitée jusqu’au XVe s. et accueille aujourd’hui une colonie de cormorans.

La bataille du lac Trasimène


Cette bataille importante de la deuxième guerre punique (voir
Cliquez ici) a eu lieu le 21 juin 217 av. J.-C. Elle opposait les
troupes carthaginoises d’Hannibal Barca aux soldats romains de
Caius Flaminius et s’est soldée par une victoire d’Hannibal, qui a su
prendre les Romains par surprise. Résultat : Carthage perd 2 500
hommes sur 50 000, alors que Rome perd 19 000 hommes sur
40 000, en plus de voir 12 000 de ses soldats faits prisonniers.
Malgré cette victoire, Carthage finira par perdre son combat contre
Rome au terme de la troisième guerre punique en 146 av. J.-C.,
laissant le champ libre à Rome de partir à la conquête du monde
méditerranéen.

Autour du lac
La commune riveraine de Castiglione del Lago mérite une visite pour
son château et ses remparts médiévaux qui relient le Palazzo Ducale à la
Rocca del Leone.
On dit que le village médiéval d’origine étrusque Città della Pieve
renferme les plus étroites ruelles d’Italie. C’est le lieu de naissance de
Pietro Vannucci, dit le Pérugin, et on peut admirer certaines de ses œuvres
sur place, notamment dans la Cattedrale Santi Gervasio e Protasio et dans
le Palazzo della Corgna.
À Passignano , un autre village médiéval fortifié, la Chiesa di San
Cristofaro a été consacrée au patron du village, saint Christophe.
Du château de Castel Rigone , bâti vers la fin du XIIIe s., il reste les
murs, le donjon, trois tours et deux portes d’accès. On peut y visiter la
Chiesa della Madonna dei Miracoli, construite au XVe s. par un élève de
Bramante, et où se trouve une fresque de Giovanni Battiata Caporali, élève
du Pérugin.
Panicale figure au palmarès des plus jolis villages d’Italie, avec
Castiglione del Lago, d’ailleurs. On peut y admirer quelques trésors dont la
fontaine de travertin de la Piazza Umberto I, qui date de 1473, et la
Collegiata di San Michele Archangelo, petit musée de peintures datant
des XVe et XVIe s. Mais ce n’est pas tout, puisqu’on trouve également le
Palazzo del Podestà au point le plus haut de Panicale, ainsi que la Chiesa
di San Sebastiano, qui abrite une œuvre majeure du Pérugin, Le Martyre
de saint Sébastien.

Orvieto
Cette ancienne ville étrusque date du IXe s. av. J.-C. Sa prospérité au
Moyen Âge se traduit notamment par la majesté de son Duomo , dont la
construction a commencé en 1263. Sa splendide façade, avec ses marbres et
mosaïques, a la réputation d’en faire la plus colorée des églises gothiques
d’Italie.
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Orvieto.
© iStockphoto.com/PaoloGaetano

Le Pozzo di San Patrizio (puits de saint Patrice) est un ouvrage


d’envergure réalisé à partir de 1527 sur un projet d’Antonio da Sangallo le
Jeune, un des principaux architectes de la Renaissance, à la demande de
Clément VII, qui craignait pour l’approvisionnement en eau de la ville.
L’eau puisée à 62 m sous terre est d’une pureté exceptionnelle.

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Pozzo di San Patrizio, Orvieto.


© iStockphoto.com/PaoloGaetano
Narni
Déjà habitée au Néolithique, Narni a atteint son âge d’or entre les XIIe et
XIVe s. Parmi ses édifices religieux notables se trouvent la Concattedrale
di San Giovenale, qui abrite des œuvres de Rossellino, et la Chiesa di San
Francesco du XIIIe s. Sur la Piazza dei Priori se dressent le Palazzo dei
Priori et le Palazzo Comunale, construits tous deux dans les années 1270.
Au fond de la place se niche une fontaine érigée en 1303.
Un peu en dehors de la ville se dresse l’imposante forteresse Rocca
Albornoz , qui date de la fin du XIVe s., mais qui a été récemment
restaurée, alors que le Ponte di Augusto fut érigé vers 27 av. J.-C. Long de
160 m lors de sa construction sur la rivière Nera, il n’en reste qu’un seul arc
qui s’élève à 30 m au-dessus du sol.
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Rocca Albornoz, près de Narni.


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Terni
Terni, dont le nom antique était Interamna Nahartium, signifiant « terre
entre deux rivières », est située entre la Nera et la Serra. Malgré les traces
de la révolution industrielle qui lui ont valu le surnom de « Manchester
italienne », la ville a su conserver une partie de son centre historique et
quelques monuments importants. Parmi ceux-ci, la Chiesa di San
Francesco et son attrayante chapelle Paradisi ornée de fresques du XIVe s.,
la Chiesa di Sant’Alò, petit bijou roman, et bien sûr la Cattedrale di
Santa Maria Assunta, érigée au XVIIIe s. La Basilica di San Valentino,
dédiée à l’évêque de Terni au IIIe s., renferme les restes du saint, condamné
à mort le 14 février 273.

Cascade des Marmore


À quelques kilomètres de Terni se trouve une des incontournables beautés
naturelles de l’Ombrie, la cascade des Marmore (Cascata delle Marmore),
résultat d’un aménagement hydraulique datant de l’époque des Romains
pour permettre aux eaux de la rivière Velino, qui répandaient des eaux
stagnantes, marécageuses et malsaines, de s’écouler.

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Cascade des Marmore.


© iStockphoto.com/Flavio Vallenari
L’ouvrage s’est fait sous l’égide du consul romain Manio Curio Dentato,
qui avait décidé de creuser une voie pour canaliser ces eaux jusqu’au rocher
Marmore, et de les faire précipiter d’une hauteur de 165 m jusqu’au lit de la
rivière Nera. Les eaux de la cascade sont aujourd’hui utilisées pour
alimenter la centrale hydroélectrique de Galleto.

Montefranco
Dominant la vallée de la Nera, cette petite ville s’élève à plus de 400 m
d’altitude entre vergers d’oliviers et boisés de chênes et de pins. Dans sa
partie la plus ancienne, sur la colline du Bufone, s’élève la Chiesa di Santa
Maria Assunta, église médiévale dédiée à sainte Marie de l’Assomption en
hommage à la cathédrale de la ville de Spoleto.

Spoleto
Spoleto domine la campagne environnante et ses rues abruptes déboulent
vertigineusement vers la plaine. Elle est au centre d’une zone agricole qui
produit surtout des olives. Son Duomo, la Cattedrale di Santa Maria
Assunta , abrite de belles fresques de Filippo Lippi représentant la vie de
la Vierge. La Chiesa di San Salvatore, construite dès le IVe s., est l’une
des plus anciennes églises d’Italie.
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Ponte delle Torri, Spoleto.
© iStockphoto.com/ValerioMei

On trouve des ruines romaines ici et là en ville, et le plus spectaculaire


monument romain de Spoleto est sans doute l’ancien aqueduc sur lequel on
a construit au XIIIe s. le Ponte delle Torri . Il impressionne avec ses 10
arcs à 80 m de hauteur sur 230 m de longueur!
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Fresque de la Cattedrale di Santa Maria Assunta, Spoleto.
© iStockphoto.com/ROMAOSLO

Montefalco
Surnommée le « balcon de l’Ombrie », la ville niche au-dessus des vallées
des rivières Topino et Clitunno et jouit d’un point de vue unique sur les
terres environnantes. On y visite le Palazzo Comunale et la Chiesa di
Sant’Agostino du XIIIe s., ainsi que la Chiesa di San Bartolomeo, de style
roman. Dans le Complesso Museale di San Francesco, qui loge dans
l’église du même nom datant du XIVe s., on peut voir des fresques du
Pérugin.
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Montefalco.
© Shutterstock.com/Ivan Abramkin

Produit uniquement dans la région, le vin Sagrantino di Montefalco a


obtenu l’appellation DOGC (d’origine contrôlée et garantie) en 1992. Il est
fait à 100% de cépage local sagrantino. Intense et très tannique, il dégage
un arôme de fruits rouges et est reconnu pour ses capacités de
vieillissement. À goûter sur place!

Foligno
Établie sur les berges de la rivière Topino, Foligno est une des rares villes
ombriennes situées dans la plaine. La vie s’y organise autour de deux places
voisines, la Piazza della Repubblica, typique des places ombriennes des
XIIe et XIIIe s., et la Piazza del Duomo, dominée par la Cattedrale di San
Feliciano , le plus important monument de cette ville qui compte par
ailleurs quelques palais notables comme le Palazzo Pretorio, le Palazzo
Orfini et le Palazzo Trinci. Face à la Piazza San Domenico, la Basilica di
Santa Maria Infraportas abrite quelques jolies fresques des XVe et
XVIe s. Sa tour de clocher et son portique du XIe s. sont aussi remarquables.
À voir dans les environs, l’Abbazia di Sassovivo , une abbaye
bénédictine qui comporte un magnifique cloître roman doté de 128
colonnes.

Parco Nazionale dei Monti Sibillini


Créé en 1993 à cheval entre l’Ombrie et les Marches, le parc national des
Monts Sibyllins englobe le groupe de sommets le plus haut de l’Apennin
ombro-marchesan. Ils doivent leur nom à la sibylle de Cumes, qui, selon
Virgile, aurait accompagné Énée dans sa descente aux enfers et aurait
occupé une des grottes des monts Sibyllins, royaume des démons et des fées
où sorciers et devins se donnaient rendez-vous selon les légendes du Moyen
Âge. Le parc accueille aujourd’hui les randonneurs qui viennent
s’imprégner de la beauté des lieux et découvrir sa flore variée et sa faune
d’une grande richesse qui comprend des loups et des ours. Sauvage, vous
dites?

Norcia
Enclavée dans le parc national des Monts Sibyllins, la ville de Norcia
pouvait, jusqu’au destructeur tremblement de terre du 30 octobre 2016,
s’enorgueillir d’un magnifique centre historique. Sur la Piazza San
Benedetto se dressait la Basilica di San Benedetto, basilique du XIIIe s.
dédiée à saint Benoît, né ici. Celle-ci s’est effondrée ce jour-là comme
d’autres monuments de la ville – on prévoit la reconstruire dans les années à
venir.
La ville est célèbre pour un produit de son terroir, les lentilles de
Castelluccio di Norcia, titulaires du label IGP (indication géographique
protégée) de l’Union européenne. On y va pour un plat de lentilles?
Florence et la Toscane
Captivante, légendaire, la Toscane en fait rêver plus d’un. « Il y a
des villes comme Florence, les petites villes toscanes ou
espagnoles, qui portent le voyageur, le soutiennent à chaque pas et
rendent sa démarche plus légère », disait Camus. Entre les champs
de tournesols et les rangs de vignes, les allées bordées de cyprès
invitent aux lentes promenades, alors qu’ailleurs dans la région se
succèdent vallons fertiles, plages dorées et imposants sommets. La
variété des paysages se reflète aussi dans le terroir toscan, qui
profite d’un climat doux pour façonner des délices servis à la table
des meilleurs restaurants ou dans les somptueuses caves. Inspirés
par ces panoramas divins, les grands maîtres ont légué à Florence
et à la Toscane une importante collection de beaux-arts exposée
aussi bien dans les ailes des musées que dans les ruelles des
pittoresques villages. Après votre exploration des classiques de la
Toscane, ne manquez pas ses bourgs méconnus qui vous réservent
bien des surprises!
La région regroupe aujourd’hui une importante production de vins
d’appellation d’origine contrôlée. De riches familles telles que les
Médicis, Antinoris et Frescobaldis de Florence développèrent dans
leurs vignobles de mémorables élixirs qui contribuèrent à renforcer
l’attraction actuelle pour ces fertiles coteaux italiens au cœur des
plus remarquables itinéraires touristiques de Toscane. De la zone la
plus chaude et la plus aride de Toscane provient le Brunello di
Montalcino, l’un des plus rares et des plus prestigieux vins toscans.
Quant au Vino Nobile di Montepulciano, il est composé de 70% de
sangiovese et de 30% de canaiolo, mammolo, cabernet sauvignon
ou merlot. Le Chianti Classico, quant à lui, comprend 10% de plus
de sangiovese. Salute!
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Florence
Capitale de la Toscane, Florence (Firenze) dévoile d’inestimables richesses,
depuis les palais exubérants légués par de riches mécènes y ayant jadis fait
commerce jusqu’aux chefs-d’œuvre des grands maîtres de la Renaissance
qui peuplent ses galeries renommées. Sur les berges de l’Arno, le fleuve qui
scinde la Toscane d’est en ouest, de luxueuses boutiques côtoient d’humbles
ateliers d’artisans, tous gardiens d’un savoir-faire transmis de génération en
génération au fil des siècles.
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La vieille ville
Commencez votre visite sur la Piazza di Santa Maria Novella par la
basilique Santa Maria Novella, partie intégrante du complexe muséal
Santa Maria Novella , et poussez ensuite vers les multiples chapelles et
cloîtres remplis de fresques de grands maîtres avant de pénétrer dans le
réfectoire, le cimetière et la sacristie.
Construit sur la Piazza San Lorenzo, le saisissant Opera Medicea
Laurenziana (complexe et basilique San Lorenzo) se compose de la
basilique du même nom, de la chapelle du Trésor, des cloîtres et de diverses
annexes comme la bibliothèque Laurentienne et le musée des Chapelles
médicéennes.
Écrin du populaire David de Michelangelo, la Galleria dell’Accademia
s’avère un arrêt incontournable pour les amateurs d’art toscan. Le
temps d’attente pour entrer dans la galerie est vite oublié lorsque la statue
mythique se dresse enfin à l’horizon. Le musée renferme en outre d’autres
œuvres monumentales signées Michel-Ange.
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Duomo.
© iStockphoto.com/zorazhuang

Le complexe de Santa Maria del Fiore/Piazza del Duomo constitue


le cœur touristique de Florence, véritable musée à ciel ouvert. Art, histoire,
religion et culture se rencontrent sur la place publique la plus populaire de
la ville.
Depuis 1296, le patrimoine du complexe de Santa Maria del Fiore est
conservé dans le Museo dell’Opera del Duomo (musée de l’Œuvre de
la Cathédrale), qui possède une imposante collection d’œuvres d’art sacré.
Nommé en l’honneur de la fleur symbolique de Florence, le lys, le Duomo
(Cattedrale di Santa Maria del Fiore) fut érigé au XIIIe s., mais on
y apporta des modifications constantes jusqu’au XIXe s., ce qui explique
l’amalgame de styles architecturaux que vous apercevrez au cours de votre
visite. Gravissez ensuite les 463 marches de la Cupola (dôme de
Brunelleschi) afin d’être récompensé par un panorama spectaculaire sur le
complexe et les quartiers voisins.
En face de la cathédrale, le Battistero di San Giovanni est composé de
marbre blanc de Carrare et vert de Prato, avec des touches de rose à
l’extérieur. De forme octogonale, il abrite d’exceptionnelles mosaïques
byzantines. Remarquez les gigantesques portes en bronze recouvertes de
bas-reliefs.
Les grands maîtres italiens comme Michel-Ange, Donatello et les Della
Robbia vous donnent rendez-vous dans l’ancien palais du podestat, à
l’architecture médiévale, transformé en Museo Nazionale del Bargello
, lui-même consacré aux sculptures, médailles, tapisseries et autres arts
décoratifs.
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Réplique du David de Michelangelo, sur la Piazza della Signoria.
© iStockphoto.com/sumnersgraphicsinc

Vaste place publique populaire auprès des voyageurs, la Piazza della


Signoria (place de la Seigneurie) constitue le deuxième point de
confluence de la ville touristique après la Piazza del Duomo. À proximité
du Ponte Vecchio et au cœur de la Florence politique d’autrefois, elle fut le
théâtre d’abondantes manifestations. S’y tiennent encore des célébrations et
festivals en tous genres. Mais son principal attrait demeure toutefois son «
vieux palais ».
Très fréquenté pendant la haute saison, le musée du Palazzo Vecchio
n’en vaut pas moins le détour. Son nom remonte au transfert de la famille
Médicis vers le palais Pitti, moment à partir duquel on le qualifia de « vieux
palais ». Il perdit du même coup le titre de palais de la seigneurie. Le
somptueux édifice de la Piazza della Signoria recèle certaines des plus
précieuses œuvres de la Renaissance dans des salles richement décorées qui
contrastent avec l’extérieur austère, gothique, surmonté d’une remarquable
tour de 94 m de haut.
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Galleria degli Uffizi.
© Shutterstock.com/Ilia Baksheev

En forme de fer à cheval, la Galleria degli Uffizi (musée des Offices)


présente des milliers d’œuvres de grands artistes comme Giotto,
Michelangelo, Botticelli et Da Vinci sous forme de peintures, sculptures,
lithographies, dessins, livres et archives.
Enjambant l’Arno, fleuve de Florence, le Ponte Vecchio était bordé de
boucheries d’où émanaient des odeurs désagréables. La famille Médicis
ordonna qu’on les exproprie au profit des bijoutiers, qui y tiennent encore
boutique. Seul pont florentin sauvé de la destruction au cours de la Seconde
Guerre mondiale, il demeure aujourd’hui l’un des lieux les plus prisés de la
ville.

L’Oltrarno
Calme en journée, la Piazza Santo Spirito s’anime le soir venu grâce
aux nombreux cafés et trattorie qui la bordent. Sur la place, admirez à partir
des terrasses, un verre de chianti à la main, la sobriété de la Basilica di
Santo Spirito .
Racheté à un banquier florentin par les Médicis au XVIe s., le monumental
Palazzo Pitti fut agrandi et restauré pendant leur période de pouvoir. Il
abrite aujourd’hui des galeries d’art dans les anciens appartements de la
famille, où argenterie, orfèvrerie, porcelaine, œuvres d’art moderne et
costumes antiques garnissent les étages.
Symétrie et perfection caractérisent le Giardino di Boboli . Vaste
jardin à l’italienne, il est rempli de statues, de fontaines et de grottes, le tout
dans une verdure luxuriante offrant une bouffée de fraîcheur derrière le
palais des Médicis.
Tout Florence s’offre à vous à partir du Piazzale Michelangelo . Vous
aurez l’impression de vous retrouver au sein d’une carte postale.
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Vue de Florence depuis le Piazzale Michelangelo.
© iStockphoto.com/Travel and Still life photography

Sienne et ses environs


Ancienne colonie romaine, Sienne n’a cessé de se développer au fil des
batailles qui l’opposèrent notamment aux Florentins, léguant à la gracieuse
ville toscane un riche patrimoine étonnamment bien conservé. Architecture,
histoire et culture se rencontrent autour de la célèbre Piazza del Campo,
hôte du Palio di Siena, opposant ses enthousiastes paroisses deux fois par
année.

Sienne
En forme d’un immense coquillage, la Piazza del Campo , inclinée
comme un amphithéâtre, se dévoile en toute splendeur avec son pavage de
briques. Non seulement l’épicentre de Sienne (Siena), elle accueille aussi
les 2 juillet et 16 août le célèbre Palio di Siena, l’événement équestre à ne
pas manquer en Toscane.
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La Piazza del Campo constitue également l’une des plus imposantes places
médiévales au monde. Son populaire attrait construit en pierre et en brique,
le Palazzo Pubblico , figure quant à lui sur toutes les cartes postales
de la ville. Entrez dans la cour intérieure, nommée Cortile del Podestà, pour
admirer la dominante Torre del Mangia , coiffée d’un clocher blanc.
Contemplez la tour du dessous ou grimpez l’escalier de 400 marches qui
vous récompensera d’un tableau fabuleux de Sienne et ses collines.
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Cattedrale Metropolitana di Santa Maria Assunta.
© iStockphoto.com/Jesus Barroso

Une fois rendu sur la Piazza del Duomo, vous n’aurez qu’à poser un seul
regard sur la Cattedrale Metropolitana di Santa Maria Assunta ,
communément appelée le Duomo, pour tomber sous son charme. Longue de
90 m, la nef de la cathédrale recèle un nombre incroyable d’œuvres de
génies tels que Michelangelo, Donatello et Pinturicchio. Observez les
fresques de ce dernier dans la Libreria Piccolomini . Rendez-vous sous
les charpentes et les voûtes de la Porta del Cielo/Tetti del Duomo
(toit de la cathédrale), une tournée toute en hauteur!
Revivez l’histoire du Duomo par les artisans et artistes qui le conçurent au
cœur de ce qui aurait dû devenir sa nef droite : le Museo dell’Opera
Metropolitana del Duomo (musée de l’Œuvre de la Cathédrale). Des
œuvres de grands maîtres, dont le Maestà de Duccio exceptionnellement
préservé et des statues retirées de la façade, peuvent être admirées à loisir
du sous-sol jusqu’au troisième étage. C’est de là que vous monterez
jusqu’au panorama du Facciatone , qui dévoile l’entièreté de la Piazza
del Campo.
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Panorama du Facciatone.
© iStockphoto.com/lkonya

Pauvres, orphelins et pèlerins trouvaient jadis refuge à l’hôpital Santa


Maria della Scala , aujourd’hui situé sur la Piazza del Duomo, mais qui
se dressait à l’époque le long de la Via Francigena, route de pèlerinage
menant à Rome. Après avoir accueilli les malades sous d’imposantes
œuvres d’art, ses étages d’une ampleur colossale furent transformés au
tournant du siècle dernier en l’un des plus beaux musées de Toscane.

Le Palio di Siena
Deux journées d’été marquent l’apothéose du patriotisme siennois
alors que les contrade (quartiers médiévaux) de la ville s’affrontent
sur la Piazza del Campo, transformée alors en hippodrome festif! Il
s’agit du Palio di Siena, une fête équestre traditionnelle dont les
origines remontent au Moyen Âge. Dans sa forme moderne, on le
célèbre depuis le XVIIe s., d’abord en juillet, puis on ajouta une
seconde joute en août.
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Le Palio di Siena sur la Piazza del Campo.


© iStockphoto.com/occhetto

À chacune de ces occasions, 10 des 17 contrade, gérées comme de


véritables petits États au sein de la ville, glorifient un cavalier,
nommé pour les représenter pendant la course de chevaux. Les sept
absents de la précédente compétition à même date obtiennent
priorité, puis trois autres sont tirés au sort, tout comme pour
l’attribution des étalons. Puisque le tri garantit des droits de
vantardise pendant les 12 mois suivants, le rite de préparation prend
des proportions démesurées, allant même jusqu’à faire entrer
l’animal dans l’église du quartier pour le bénir en compagnie de son
cavalier. Toute Sienne se retrouve parée de couleurs locales, ce qui
ajoute à la déjà magnifique ville toscane des airs de fête inégalés.

Le jour du Palio, diverses épreuves ont lieu sur la Piazza del


Campo, remplie de résidents et de touristes venus vivre cette
expérience incomparable. S’ensuit le défilé coloré, pendant lequel
plus de 700 figurants déambulent bruyamment jusqu’au site de la
course. Porte-drapeaux, escouade de cavalerie, fanfares… on ne
ménage pas les efforts pour souligner l’événement. La fameuse
chevauchée est tenue en début de soirée, alors que 9 des 10 chevaux
s’alignent derrière une « corde de départ », le dixième trottant à la
suite. Au signal des jockeys, les bêtes s’élancent pour une course
folle pendant laquelle tous les coups sont permis. Ne clignez pas des
yeux; en moins de deux minutes, le sort est scellé pour les
spectateurs surexcités. En fait, la victoire revient au cheval,
puisqu’il n’est pas impératif pour les cavaliers de terminer le Palio
sur leur monture afin de recevoir le tant convoité drapeau de soie
victorieux.

San Gimignano
Sans les foules des visiteurs qui viennent admirer les 14 maisons-tours qui
la dominent, on pourrait croire que le temps s’est arrêté à San Gimignano,
figeant la bourgade au Moyen Âge. Jadis populaire auprès des pèlerins
rejoignant Rome par la Via Francigena, cette petite ville fortifiée conserve
encore aujourd’hui, sous des airs féodaux, son centre historique, inscrit au
patrimoine mondial de l’UNESCO.
Davantage consacrée aux festivités et au commerce que la Piazza del
Duomo, sa voisine qui fut le centre religieux de la ville, la Piazza della
Cisterna a été baptisée ainsi en raison de la citerne trônant en son
centre.
Site incontournable de San Gimignano, la Piazza del Duomo inclut
la Collégiale à laquelle elle doit son nom, le Palazzo del Popolo et plusieurs
tours emblématiques de la ville, dont la maison-tour Rognosa, étonnamment
bien conservée au-dessus du vieux Palazzo del Podestà.
Les Musei Civici comprennent la Torre Grossa, le Palazzo Comunale
et la Pinacoteca. Vous y découvrirez des chefs-d’œuvre des écoles
florentine et siennoise, des fresques et des scènes étonnantes de la vie
conjugale. C’est toutefois la Torre Grossa qui retient l’attention des
visiteurs venus contempler San Gimignano du haut de ses 54 m.

Volterra
D’origine étrusque bien que son nom, attribué par les Romains, provienne
de « Volaterrae », le bourg médiéval de Volterra a fait fortune grâce à
l’albâtre. Étonnamment bien conservé, il rivalise aujourd’hui avec San
Gimignano, offrant une oasis aux visiteurs fuyant les foules de sa voisine.
Épicentre de Volterra, la Piazza dei Priori s’entoure du Palazzo
Pretorio, demeure du « capitaine du peuple », ainsi que de l’office de
tourisme, de la poste et du Palazzo dei Priori , le plus ancien palais de
Toscane, dont on peut visiter la salle du Grand Conseil et l’antichambre, le
reste étant réservé à la mairie.
Le Palazzo Viti , construit au XVIe s. et acquis en 1850 par le négociant
Giuseppe Viti, abrite aujourd’hui un musée qui possède une riche collection
d’œuvres d’art, de la Renaissance jusqu’à nos jours.

Val d’Elsa
Tirant son nom de la rivière Elsa qui le fractionne, le Val d’Elsa recèle de
menus villages perchés, comme Certaldo, avec sa vieille ville sur une
colline et sa ville moderne sur la plaine, et Colle di Val d’Elsa, également
formé d’une ville haute et d’une ville basse. Quant à Monteriggioni, son
trésor fortifié, juché au sommet d’une colline, est demeuré presque intact au
fil des siècles. Depuis le Moyen Âge, le Val d’Elsa est réputé pour son
importante production de cristallerie et de safran.
Certaldo , ville natale de l’écrivain Boccaccio, est divisée en deux :
Certaldo Alto (ou « Castello » comme certains résidents l’appellent), perché
sur la colline dominante, et Certaldo Basso, situé en contrebas sur la plaine.
De Certaldo Basso, empruntez le funiculaire pour atteindre sans effort
Castello, qui s’articule autour d’une rue principale, la Via Giovanni
Boccaccio, et non d’une piazza traditionnelle.
Préparez-vous à remonter le temps dans la ville fortifiée de Monteriggioni
. Sa situation stratégique le long de la route de pèlerinage de la Via
Francigena lui a conféré des titres de noblesse depuis le Moyen Âge.
Intouchée, elle englobe entre ses remparts trois petites artères
parallèles et quelques ruelles transversales.

Le Chianti
Longtemps terre de conflits entre Sienne et Florence, le Chianti jouit
aujourd’hui d’une quiétude appréciée des visiteurs venus constater la
richesse de ses bourgs médiévaux, châteaux et adresses gourmandes, sans
oublier ses caves historiques où l’on déguste parmi les meilleures cuvées de
la planète. À l’ombre des grands chênes et châtaigniers, ou encore au fil des
emblématiques allées de cyprès, cette région rurale est une étape
incontournable d’un voyage en Toscane.

Badia a Passignano
Bien avant d’y parvenir, vous apercevrez au loin le village de Badia a
Passignano, méconnu des touristes, ce qui le rend davantage agréable!
L’Abbazia di San Michele Arcangelo a Passignano lui confère tout
son charme tant elle est entourée de kilomètres de vignes, impressionnantes
au lever du jour lorsque la brume s’en empare.
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Badia a Passignano.
© iStockphoto.com/FilippoBacci

Montefioralle
Situé à 2 km au-dessus de Greve in Chianti, le joli bourg fortifié de
Montefioralle a mérité sa place parmi les plus beaux villages d’Italie. C’est
dans cette localité que serait né le célèbre explorateur Amerigo Vespucci.
Essayez de repérer le blason familial constitué d’une abeille pendant votre
exploration de ces lieux photogéniques.
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Montefioralle.
© iStockphoto.com/clodio

Greve in Chianti
Reconnue comme la porte d’entrée du Chianti, Greve in Chianti gagna en
popularité grâce à son emplacement idéal, au croisement des routes
principales de la région. Commencez votre exploration sur la Piazza
Giacomo Matteotti , la place du marché de forme triangulaire.
Depuis le XVIe s., on y tient chaque samedi un marché de produits fermiers
régionaux.
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Piazza Giacomo Matteotti, Greve in Chianti.
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Au sud de la Piazza Matteotti, la Chiesa di Santa Croce , qui était


médiévale à l’origine, fut restaurée dans le style néo-Renaissance.
D’apparence simple, elle abrite toutefois un triptyque fabuleux de Bicci di
Lorenzo ainsi qu’un tabernacle en faïence d’Andrea della Robbia.

Castellina in Chianti
Entre les vals d’Arbia, d’Elsa et de Pesa, Castellina in Chianti fait partie des
quatre villages (Greve in Chianti, Gaiole in Chianti, Radda in Chianti et
Castellina in Chianti) les plus connus pour leurs vins du célèbre Chianti.
Détruit à de nombreuses reprises, il comprend aujourd’hui quelques legs
historiques, comme sa forteresse, la Rocca di Castellina in Chianti , et
une petite partie de ses murs défensifs, transformés en tunnel (Via delle
Volte ) où boutiques et restaurants accueillent les visiteurs.

Arezzo, le Val d’Orcia et le Val di Chiana


Plus timide que Florence ou Sienne, la cité étrusque d’Arezzo comprend
pourtant l’une des plus admirables places centrales d’Europe, connue dans
le monde entier pour son marché d’antiquités mensuel et la Giostra del
Saraceno (Joute du Sarrasin), un tournoi équestre qui s’y tient. Sa
contrepartie naturelle, le Val d’Orcia et le Val di Chiana, jouit d’un décor
romantique bordé de collines logeant en leurs sommets des villages
fabuleux. Il n’est pas étonnant que la région du Val d’Orcia ait été inscrite
au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2004.

Le coq noir et la légende du Chianti


Classico
Au XVIIIe s., le grand-duc de Toscane réglementa les limites
territoriales de la production du vin local, le fameux chianti que l’on
apprécie tant aujourd’hui, ce qui résulta en l’une des premières
appellations géographiques contrôlées à l’échelle mondiale.

Pour lutter contre les nombreuses imitations du délectable vin


rouge, on forma en 1924 une association pour sa défense et sa
protection, le Consorzio del Vino Chianti Classico, qui adopta le
gallo nero (coq noir) comme emblème de l’appellation d’origine
protégée.

L’origine du coq noir remonte à la rivalité entre Florence et Sienne,


jadis ennemies jurées, et à l’histoire selon laquelle les deux villes
auraient enfin déterminé le tracé de leur frontière commune. Les
représentants des villes convinrent d’une méthode plutôt originale :
au lever du jour, alors que le coq élu chanterait – les Siennois
choisirent un coq blanc reconnu pour chanter haut et fort le matin
venu, tandis que les Florentins optèrent pour un coq noir qu’ils
affamèrent dans l’espoir qu’il crierait plus tôt que celui de leur
opposant –, un cavalier nommé se précipiterait vers la contrée
voisine et le lieu de rencontre des deux cavaliers marquerait la
frontière entre les deux puissances toscanes.

La stratégie fructueuse de Florence lui mérita la plus grande portion


de la région du Chianti et c’est pourquoi le coq noir devint
l’emblème du Chianti Classico, un vin produit dans les quatre
communes historiques (Greve in Chianti, Gaiole in Chianti, Radda
in Chianti et Castellina in Chianti) qui forment le noyau dur de
l’appellation Chianti Classico.

Arezzo
Arezzo s’articule autour de la Piazza Grande , une immense place
inclinée, ceinte de prestigieux palais. Vous y reconnaîtrez peut-être des
lieux de tournage du film La vie est belle de Roberto Benigni, dont les
habitants ne peuvent être plus fiers. Chaque premier week-end du mois, elle
est l’hôte d’un des plus vieux marchés d’antiquités d’Europe.
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Piazza Grande, Arezzo.
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Du côté élevé de la place, au nord, se trouve le Palazzo delle Logge du


e
XVI s., qui doit sa renommée à Giorgio Vasari, l’architecte du musée des
Offices de Florence, qui a conçu ce chef-d’œuvre architectural juste avant
sa mort. Il fait bon prendre l’aperitivo sous ses immenses arcades et se
laisser impressionner par les jeux d’ombre créés par la lumière faiblissante
du jour.
À l’ouest de la place se dresse la Chiesa di Santa Maria della Pieve ,
reconnaissable à son campanile « aux cent trous ». Elle fut érigée au XIIe s.
et par la suite modifiée, reconstruite et rénovée à de nombreuses reprises.
Aujourd’hui nommée la Pieve par les habitants, elle arbore une architecture
atypique qui vous étonnera!
Construction défensive de forme pentagonale, bâtie par la famille Médicis
au XVIe s. pour se protéger des révoltes, la Fortezza Medicea fut
érigée en englobant des fortifications déjà établies sur le site, voisin du
Passeggio del Prato. Transformé en parc public, l’endroit offre un
panorama exceptionnel sur la vallée voisine.
Chef-d’œuvre de l’architecture gothique toscane, la Cattedrale dei Santi
Pietro e Donato , dont la construction débuta en 1278, ne fut achevée
telle qu’on la connaît que sept siècles plus tard, en 1937. Ornée d’une
fresque représentant Marie Madeleine, réalisée par Piero della Francesca, et
de somptueux vitraux de Guillaume de Marcillat, elle abrite aussi des terres
cuites précieuses d’Andrea della Robbia.
Découvrez dans la Basilica di San Francesco , qui se dresse sur la
Piazza San Francesco, les fresques de la Légende de la Vraie Croix de Piero
della Francesca, une œuvre majeure parmi les trésors artistiques de la
Toscane, ainsi que les vitraux de Guillaume de Marcillat.
La résidence de Giorgio Vasari (1511-1574), transformée aujourd’hui en
Museo di Casa Vasari , a été décorée avec finesse par son propriétaire.
Fresques et peintures tirées de la Bible ou de la mythologie et riches
ornements furent conservés jusqu’à ce jour, témoignant de la vie du célèbre
artiste.

Cortona
Redoublant de popularité depuis la sortie du film Sous le soleil de Toscane,
Cortona jouit d’un emplacement incomparable au sommet d’une colline du
Val di Chiana. Ses charmantes ruelles s’avèrent un défi pour les mollets,
mais elles n’en valent pas moins le détour, vous récompensant de scènes
bucoliques entre les immeubles historiques.
Malgré son nom, le Museo dell’Accademia Etrusca e della Città di
Cortona (MAEC) expose des objets de plusieurs époques, pas
seulement de la période étrusque. On y retrouve des pièces archéologiques,
de l’art médiéval et contemporain, ainsi que de nombreux artéfacts trouvés
lors de fouilles locales.

Montepulciano
Toute en hauteur à 605 m d’altitude, Montepulciano s’enorgueillit de ses
remparts et de ses fortifications du XVIe s., ainsi que des nombreux palais
de la Renaissance qui y subsistent encore. Elle est située au cœur d’une
région reconnue pour ses vins d’appellation d’origine contrôlée, dont le
Vino Nobile di Montepulciano, qui se retrouve sur toutes les tables de la
ville.
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La vue depuis les remparts de Montepulciano.
© Shutterstock.com/Shchipkova Elena

D’une saisissante ressemblance avec le Palazzo Vecchio à Florence, la


mairie de Montepulciano, logée dans le Palazzo Comunale , offre un
coup d’œil intéressant sur la ville depuis sa terrasse supérieure (terraza) et
sa tour municipale (torre).
Chef-d’œuvre de la Renaissance italienne, la Chiesa della Madonna di
San Biagio est l’œuvre de l’architecte Antonio da Sangallo il Vecchio,
à qui l’on doit aussi l’ancienne forteresse de Livourne.

Pienza
Dominant le Val d’Orcia, la minuscule Pienza est inscrite au patrimoine
mondial de l’UNESCO. Cette bourgade doit ses titres de noblesse à Enea
Silvio Piccolomini, mieux connu sous son titre religieux de « pape Pie II »,
qui tenta de faire de sa ville natale le symbole de la Renaissance italienne
après son élection à la tête de l’Église.
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Piazza Pio II, Pienza.


© iStockphoto.com/gehringj

Le village de Pienza s’articule autour du Corso Il Rossellino, son artère


principale, et de la Piazza Pio II, nommée ainsi en l’honneur d’Enea Silvio
Piccolomini. Résident de la ville devenu pontife, Piccolomini y entreprit un
imposant projet d’urbanisme afin de transformer Pienza en une cité modèle
de la Renaissance.
Conçu sur ordre papal par Bernardo Rossellino au XVe s., le Duomo
(cathédrale de Pienza) donne sur la place nommée en l’honneur du
souverain pontife, la Piazza Pio II. On peut y voir des œuvres d’art
précieuses qui n’ont pas encore été déplacées vers des musées, comme c’est
le cas dans d’autres édifices religieux.
Bagno Vignoni
Plutôt que d’y retrouver la traditionnelle piazza centrale de moult villages
toscans, vous remarquerez à Bagno Vignoni une tout autre disposition,
puisque cette commune paisible fut construite autour de sources chaudes
qui en firent la renommée. Pour profiter de sources thermales intactes,
dirigez-vous plutôt vers les chutes de Bagni San Filippo.
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Bagno Vignoni.
© iStockphoto.com/Creativaimage

Au centre de Bagno Vignoni, la piscine naturelle subséquemment entourée


de pierres remonte au XVIe s., alors que d’illustres personnages vinrent y
recouvrer la santé grâce à l’eau riche en minéraux volcaniques dont les
premières mentions remontent aux Étrusques.
Les chutes, piscines d’eau chaude et formations calcifères libres d’accès
invitent à la détente dans un cadre forestier enchanteur, à l’extérieur du
centre du village de Bagni San Filippo .

Montalcino
Comme ses voisines, Montalcino fut construite sur une colline, ce qui en
fait l’une des plus hautes villes de Toscane. De ses remparts, contemplez les
vignobles produisant le célèbre Brunello di Montalcino, un vin
d’appellation d’origine contrôlée et garantie faisant la renommée de la
commune. Pour une incursion apaisante dans son terroir brut, assistez au
glorieux chant des moines de l’abbaye Sant’Antimo, située à une dizaine de
kilomètres au sud.
Commencez votre promenade au pied de la Rocca di Montalcino ,
forteresse bâtie au XIVe s. en partie sur des murs préexistants. Une seule
porte d’accès en permet la visite; un rempart fut ajouté du côté ouest lors de
l’annexion de Montalcino à la république des Médicis au XVIe s.
Toujours active, l’Abbazia di Sant’Antimo , remarquable abbaye aux
couleurs mielleuses, offre une escapade reposante dans un décor digne
d’une carte postale, entre cyprès et oliviers dominés par son campanile en
travertin.

Pise et le nord-ouest de la Toscane


Quoique les cartes postales puissent suggérer le contraire, Pise a davantage
à offrir que l’occasion de prendre un égoportrait au pied de sa célèbre tour
penchée. Découvrez ses sites éblouissants et arpentez les ruelles qui ont vu
naître d’illustres Italiens. Puis, poursuivez votre exploration du nord-ouest
de la Toscane à Lucques, l’une des plus sympathiques villes de la région.
Quittez ensuite les grands centres pour rejoindre les hautes marbrières de
Carrara, afin de profiter de la beauté des paysages méconnus des Alpes
apuanes.

Pise
Base navale importante, Pise (Pisa) connut jadis son lot de conquêtes,
guerres, croisades, pirates et colonies. Même si les fondements de la
populaire ville de Pise demeurent incertains, son pouvoir dans la
Méditerranée, et même au-delà, marque l’histoire de la région. Pour panser
l’égo des Pisans tombés sous le joug des Médicis, les régents investissent
d’importantes sommes dans des projets artistiques, ainsi que dans le
système universitaire, qui deviendra l’un des plus réputés d’Italie.
D’ailleurs, Pise a vu naître d’illustres savants et notoires artistes, comme
Fibonacci, Galilée, les Pisano, Lomi et Brunelli.
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Piazza dei Miracoli, Pise.
© iStockphoto.com/Mustang_79

Point focal de Pise, la Piazza dei Miracoli (place des Miracles)


(également connue sous le nom de Piazza del Duomo) est classée au
patrimoine mondial de l’UNESCO, non seulement en raison de sa célèbre
tour penchée, mais aussi grâce à l’ensemble des attraits qu’elle comporte.
Derrière les centaines de visiteurs dispersés sur la pelouse d’un vert
éclatant, affairés à créer des photos amusantes, la célèbre Torre di Pisa
(tour de Pise), en marbre de Carrare, apparaît surréaliste. À son pied,
devant l’ancestrale porte de bois ou près de ses multiples colonnes,
l’inclinaison du monument emblématique de Pise prend des proportions
mystiques. Après une montée abrupte de près de 300 marches dans un
escalier qui n’est pas pour les claustrophobes, le visiteur est récompensé par
un panorama inédit sur la Piazza dei Miracoli en contrebas, d’une
immaculée blancheur.
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Cattedrale di Santa Maria Assunta, Pise.
© iStockphoto.com/FrankvandenBergh

Au cœur de la Piazza dei Miracoli, à quelques pas de la tour penchée qui lui
sert de campanile, se dresse le Duomo (Cattedrale di Santa Maria
Assunta) , qui fut fondé au XIe s. et consacré au cours du siècle suivant.
La cathédrale compte quatre galeries à colonnettes superposées sur sa
façade, un point de vue parmi les plus photographiés d’Italie.
Bien que d’autres artistes y aient contribué au fil des siècles, on doit les
croquis du Battistero di San Giovanni à l’architecte Diotisalvi, qui
élabora ce qui allait devenir l’un des plus importants baptistères d’Europe.
En marbre veiné comme la cathédrale voisine, cet édifice religieux possède
une acoustique exceptionnelle, surtout dans la galerie supérieure. Les
quelques notes entonnées à l’occasion par les gardiens vous en
convaincront.
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Détail du Battistero di San Giovanni, Pise.
© iStockphoto.com/Borisb17

Lieu de sépulture de grands personnages pisans depuis la fin du XIIIe s., le


Camposanto (cimetière) ne fut transformé en « musée » que six siècles
plus tard. Aujourd’hui, les visiteurs y déambulent en silence, dans les vastes
galeries du cloître décorées de fresques monumentales, sous lesquelles
reposent sarcophages et urnes anciennes.

Lucques
Même lorsque Lucques (Lucca) connaît de grandes périodes d’affluence,
elle demeure l’une des plus agréables villes de Toscane. Ses tranquilles
ruelles pavées, bordées de palais ancestraux, s’ouvrent sur d’effervescentes
places publiques, de somptueuses églises et d’inestimables trésors
architecturaux.
Parmi les fortifications les mieux conservées d’Europe, les Mura di Lucca
définissent l’identité locale depuis leur construction au XVIe s.
Démilitarisés et transformés en parc public, où cyclistes et piétons se
côtoient le long d’un sentier de plus de 4 km, les remparts de l’enceinte,
aujourd’hui dotés d’un aménagement moderne et novateur, ont mérité une
inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO.
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Mura di Lucca, Lucques.
© iStockphoto.com/FrankvandenBergh

Sur la place du même nom (Piazza San Michele), qui servait jadis de forum
romain, se dresse la Chiesa di San Michele in Foro , un remarquable
exemple d’art roman pisan adoptant un plan en croix latine. Au sommet de
sa façade du XIIIe s., on remarque une statue de saint Michel Archange
flanquée de deux anges, et sous les hautes arches qui entourent l’église, du
côté droit, se niche une Vierge à l’Enfant.
Pénétrez dans la Piazza dell’Anfiteatro (place de l’Amphithéâtre) par
une de ses quatre portes voûtées et rendez-vous au-dessus de la croix
centrale afin de vous imprégner de l’immensité de ce lieu historique à
l’écart des artères courues de Lucques.
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Piazza dell’Anfiteatro, Lucques.
© iStockphoto.com/Knaupe

Vous avez sans doute aperçu la curieuse Torre Guinigi lors de votre
balade le long des remparts ou entre les édifices de Lucques. On identifie
sans difficulté cette maison-tour grâce au jardin qui trône au-dessus de ses
44 m de pierres et de briques. On atteint son belvédère après avoir gravi un
escalier de 230 marches, un effort gratifié par la vue panoramique sur la
ville fortifiée. La tour Guinigi demeure l’unique maison-tour qui subsiste à
Lucques.

Au nord-ouest de Pise : de Carrara à Collodi


Depuis les routes vertigineuses des Alpes apuanes, ponctuées de carrières
de marbre, jusqu’au territoire sauvage de la Garfagnana, le moins que l’on
puisse dire est que la région se distingue des collines bordées de cyprès de
la Toscane plus touristique. Véritable éden pour les randonneurs, les forêts
de châtaigniers et la nature alpine vous feront vivre une expérience de plein
air inoubliable.

Carrara
Bien que l’extraction de marbre des montagnes qui entourent Carrara soit
contestée par les environnementalistes, les entreprises poursuivent leur
travail dans les marbrières qui accueillaient autrefois de grands artistes
comme Michelangelo, venus choisir des blocs bruts pour leurs sculptures.

Castelnuovo di Garfagnana
Au confluent du fleuve Serchio et de la rivière Turrite Secca, le calme
hameau de Castelnuovo di Garfagnana présente peu d’attraits touristiques,
mais une pause dans la région de la Garfagnana s’impose pour tous les
amateurs de plein air, surtout de randonnée. De nombreux sentiers de
longueur variée y convergent.

Collodi
À Collodi se trouve un parc qui titillera votre imaginaire d’enfant et vos
souvenirs de Pinocchio : le Parco di Pinocchio . Carlo Lorenzini, le
créateur de Pinocchio, a passé son enfance à Collodi, un village de
montagne qui lui a inspiré son nom de plume, Carlo Collodi. Le parc lui
rend hommage et propose aux petits comme aux grands des parcours
d’aventure, manèges antiques, ateliers ludiques, sculptures, labyrinthes,
fontaines, mosaïques, ainsi que d’autres activités divertissantes.

Pistoia
Entre les sempiternelles rivales Florence et Pise, Pistoia jouit d’un
emplacement de choix, à la jonction d’historiques routes marchandes, voies
de pèlerinage et chemins d’échanges, qui ont contribué à son essor au fil
des siècles. De nos jours oublié par les voyageurs au profit de ses
populaires voisines, ce joyau toscan regorge de merveilles architecturales et
d’attraits culturels qui justifient qu’on s’y attarde.
Centre névralgique politique et religieux, la Piazza del Duomo de
Pistoia comprend certains des plus beaux attraits architecturaux de la ville.
La Cattedrale di San Zeno arbore une façade à portiques et arcades de
style roman inspirée de l’école pisane.
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Battistero di San Giovanni in Corte, Pistoia.
© iStockphoto.com/Alberto Masnovo

Le photogénique Battistero di San Giovanni in Corte , baptistère de


style gothique, fut construit sur les ruines d’une église datant du XIVe s.
À vocation marchande depuis l’époque lombarde, la Piazza della Sala
incarne aussi l’épicentre de la vie nocturne de Pistoia. Le jour, on y tient le
marché local alors que des dizaines d’étals de produits frais débordent de
marchandises odorantes entre les immeubles aux façades ambrées.

L’île d’Elbe et la côte des Étrusques


Il n’y a rien d’étonnant à ce que Napoléon Ier ait jadis choisi comme lieu
d’exil l’île d’Elbe, considérée comme le joyau de la côte des Étrusques
grâce à ses dégradés infinis de turquoise et à son centre encore sauvage.
Depuis ses villages pittoresques jusqu’à ses montagnes intouchées, elle
propose une grande variété d’activités sportives et de lieux de villégiature
pour profiter du chaud soleil toscan. Regagnez ensuite la terre ferme afin de
déguster les réputés vins de la côte des Étrusques, avant d’explorer
Livourne, troisième ville en importance de Toscane.

Île d’Elbe
Plus grande île de l’archipel toscan, l’île d’Elbe (Isola d’Elba) est, par le
fait même, la plus vaste étendue de terre du Parco Nazionale
dell’Arcipelago Toscano , une réserve de biosphère de l’UNESCO
incluant sept îles au large de la côte toscane. La mission du parc est de
préserver l’écosystème marin autour des îles autant que dans les
profondeurs de la mer Tyrrhénienne.

Portoferraio
Portoferraio constitue la principale agglomération de l’île. Jadis baptisé
Cosmopolis par Cosme Ier de Médicis, le petit port est doté de fortifications
reliant ses deux forts. Aujourd’hui bondée en haute saison, la vieille ville de
Portoferraio, avec son enceinte médiévale, mérite qu’on s’y arrête,
notamment pour visiter les deux résidences d’époque de Napoléon Ier.
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Portoferraio.
© iStockphoto.com/StevanZZ

Entre les bastions de la ville, la Villa dei Mulini doit son nom aux
moulins à vent qui parsemaient la région. Napoléon y élut domicile en
raison de sa position stratégique au-dessus de la mer et de la ville en
contrebas. Visitez le luxuriant jardin ainsi que les pièces meublées d’objets
de l’époque napoléonienne, dont la bibliothèque qu’il apporta en exil.
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Villa dei Mulini, Portoferraio.
© Shutterstock.com/FotoMonkey

De style néoclassique, la villa qui loge le Museo Villa Napoleonica di San


Martino servit de résidence d’été à l’empereur français. Elle abrite
maintenant des souvenirs de son exil et des œuvres d’art conservées par le
comte Anatolio Demidoff. Ne manquez pas l’exubérante salle égyptienne
avec ses trompe-l’œil.

Marina di Campo
Reconnu pour sa vaste plage de sable fin, le village de Marina di Campo
jouit d’un emplacement de villégiature de choix, protégé du vent par le
golfe du même nom, doté d’eaux limpides turquoise.

La côte des Étrusques


Castagneto Carducci
Sur la côte des Étrusques (Costa degli Etruschi), Castagneto Carducci se
nommait Castagneto Marittima jusqu’en 1907. On lui attribua ensuite le
nom du fameux poète récipiendaire d’un prix Nobel de la littérature, Giosuè
Carducci, qui y avait passé une partie de son enfance. Perché sur une
colline, le village présente un entrelacs de ruelles médiévales escarpées qui
serpentent autour du Castello della Gherardesca des nobles Della
Gherardesca, aujourd’hui transformé en manoir.

Livourne
Souvent oubliée au profit de ses voisines toscanes plus célèbres comme Pise
et Lucques, Livourne (Livorno) s’avère pourtant des plus surprenantes
lorsqu’on s’attarde à son marché dynamique, à ses lieux de culte ainsi qu’à
ses romantiques canaux d’inspiration vénitienne.
Symbole du Livourne médicéen, la Fortezza Vecchia (Ancienne
forteresse) fut construite, au port de Livourne, par la famille patricienne sur
l’emplacement d’un fort médiéval pisan. C’est en ces lieux que Livourne
fut élevée au rang de ville (città) par Ferdinand Ier, grand-duc de Toscane,
au début du XVIIe s.
Les marécages de Livourne furent jadis asséchés et des canaux, creusés afin
de faciliter le travail des marchands. Ils purent ainsi transporter leurs
produits en barque dans les canaux, du port jusqu’à leurs commerces du
quartier, une tâche moins fastidieuse qu’avec leurs chevaux. On surnomme
ce joli secteur le Quartier vénitien ou la « Petite Venise », dont les
ponts et canaux rappellent la Sérénissime.
Reliée à l’Ancienne forteresse par un réseau de canaux, la Fortezza Nueva
(Nouvelle forteresse) fut construite selon les plans du célèbre architecte
Buontalenti comme système défensif. Elle servit de caserne puis d’entrepôt,
avant qu’on aménage au sein de ses fortifications un parc public.

La Maremme et le sud de la Toscane


Souvent délaissés des voyageurs venus lever le voile sur les populaires
attraits classiques toscans, les marais verdoyants, territoires protégés,
villages pittoresques et vastes côtes de la Maremme et du sud de la Toscane
proposent pourtant une diversité de panoramas incomparable. Le calme
dans lequel nous plongent ces contrées sauvages sert de ressourcement
après avoir goûté aux foules plus au nord.

Sorano
Il fait bon se perdre dans le dédale de ruelles de Sorano, alors que vous
serez spontanément récompensé par des points de vue pittoresques entre les
maisons décorées de fleurs.
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Sorano.
© iStockphoto.com/gehringj

Grimpez jusqu’au Cortilone , un espace utilisé pour des expositions


culturelles et artistiques variées et pour le marché annuel estival tenu au
mois d’août. Empruntez ensuite le petit escalier jusqu’au sommet du Masso
Leopoldino/Rocca Vecchia , d’où vous jouirez d’un panorama
imbattable sur tout Sorano.

Sovana
Lieu de naissance du pontife Ildebrando Aldobrandeschi de Soana, dit
Grégoire VII, Sovana s’est taillé une place de choix dans l’histoire de la
Maremme malgré la petitesse de son enceinte médiévale accueillante.
Au centre de Sovana, sur la Piazza del Pretorio, trône fièrement la Chiesa
di Santa Maria Maggiore , revêtue de tuf. En face de l’église se dresse le
Palazzo Pretorio, qui loge aujourd’hui le centre d’accueil des visiteurs du
Parco Archeologico Città del Tufo . Cette zone d’intérêt historique se
divise en plusieurs secteurs : la nécropole étrusque de Sovana, les grottes de
San Rocco et Vitozza, l’agglomération de Sorano et les Vie Cave , un
réseau routier mystérieusement sculpté par les Étrusques dans les masses de
tuf.

Pitigliano
Surnommée la Petite Jérusalem, Pitigliano se voit de loin, alors qu’en
chemin vers son centre on l’aperçoit accrochée à une crête de tuf
volcanique. Elle revêt ses plus beaux atours au coucher du soleil, quand les
jeux de lumière dansent sur ses immeubles ancestraux en les colorant de
teintes dorées. On s’y sent comme enveloppé dans un cocon quand on
arpente ses rues étroites jusqu’à la Piazza San Gregorio VII et la Via
Roma.

Saturnia
Près du village de Saturnia, immergez-vous dans les Cascate del Mulino
(cascades du Moulin), des cascades naturelles d’eau chaude (37,5ºC)
devenues un incontournable de la région.

Capalbio
Chef-d’œuvre de l’art moderne conçu par l’artiste française Niki de Saint
Phalle, élève de Gaudí, Il Giardino dei Tarocchi (le jardin des Tarots),
un parc de sculptures bizarroïdes, est basé sur les cartes du Tarot. Ses
couleurs vives raviront petits et grands.

Parco Regionale della Maremma


La zone marécageuse protégée du parc régional de la Maremme s’avère un
paradis pour les ornithologues et les amateurs de plein air, grâce entre autres
à sa grande variété de sentiers pédestres et de pistes cyclables.

Grosseto
Passez de la nature à la civilisation au milieu des six bastions de l’enceinte
de la ville, pour une balade au fil des remparts de Grosseto.
Dans le centre-sud de l’enceinte de la ville, sur la Piazza del Duomo, trône
le Duomo (San Lorenzo nella Cattedrale) , soit la cathédrale dédiée à
saint Laurent, patron de la ville. La façade en marbre bicolore surplombe
l’immense parvis et les terrasses logées sous les arcades voisines.

Massa Marittima
Pôle minier au temps des Étrusques, Massa Marittima fut dévastée par des
épidémies de malaria causées par la présence de moustiques anophèles qui
provenaient de ses marécages, décimant presque toute la population au
XVIe s.
Au centre de la petite ville d’aujourd’hui, vous vous retrouverez sur la
spectaculaire Piazza Giuseppe Garibaldi , où se côtoient culture,
histoire et religion. Le Museo Archeologico Civico di Massa Marittima
consacre ses étages à l’archéologie de la préhistoire à l’Antiquité (période
étrusque), des époques importantes pour le développement de la Maremme
que l’on connaît de nos jours.
Au fond de la place Giuseppe Garibaldi, le Palazzo Comunale (mairie)
arbore une façade particulière, ornée d’armoiries des Médicis et composée
de trois parties construites pour s’amalgamer au fil des siècles. L’édifice-
vedette de la place est sans conteste la Cattedrale di San Cerbone ,
l’un des plus beaux exemples d’art roman en Italie.
Bologne et l’Émilie-Romagne
Nichée entre la Toscane, la Vénétie et la Lombardie, l’Émilie-
Romagne s’étend depuis les plages de l’Adriatique et la plaine du
Pô jusqu’aux Apennins du Sud. Les paysages sont variés dans cette
région, entre plaines, collines, vallées, ravins, villes d’art et
réserves naturelles. Sa partie ouest, l’Émilie, s’apparente plus au
nord de l’Italie, alors que la Romagne, plus tournée vers la mer,
affiche des similitudes avec le sud du pays.

L’Émilie-Romagne est une des régions les plus prospères d’Europe,


et la plus riche d’Italie après la Lombardie. Ses terres fertiles
alimentent une industrie agroalimentaire dynamique. On y cultive
céréales, betteraves à sucre, pommes et vignes et on y élève des
porcs et des bovins, auxquels on doit les délicieux fromages et les
fabuleuses charcuteries qui ont fait sa réputation. L’industrie
automobile contribue également à son économie florissante.
La richesse de la région ne date pas d’hier. Déjà importante à
l’époque romaine, elle a pu bénéficier, pour son commerce, du
passage de la Via Aemilia (voie Émilienne), construite au IIe s.
avant J.-C., qui reliait Piacenza à Rimini, en passant par Parme,
Modène et Bologne. Le Moyen Âge a aussi vu la croissance de ces
villes qui protègent jalousement le patrimoine exceptionnel hérité
de cette période. Quelques-unes de celles-ci, Modène, Ravenna et
Ferrara, figurent sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Tourisme culturel et gastronomique dans les villes, vacances


actives dans les parcs et farniente sur les plages parmi les plus
grandes d’Europe, l’offre de l’Émilie-Romagne est à la fois variée
et complète.
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Bologne
L’importance de Bologne (Bologna) date de l’époque des Étrusques alors
qu’elle portait le nom de Felsina, mais elle a connu son âge d’or au Moyen
Âge. Siège de la plus ancienne université d’Europe, fondée en 1088, la ville
est connue pour son intense vie culturelle. Dotée d’un patrimoine historique
unique, Bologne a d’ailleurs été capitale européenne de la culture en 2000.
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Ses surnoms – la grasse, la savante, la rouge – font référence à sa
gastronomie, à son université et à la couleur de ses briques et de son
penchant politique. À gauche, Bologne a été la plus importante ville
occidentale à être gouvernée par une administration communiste au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Par ailleurs, elle est le fleuron
de la gastronomie régionale et son rayonnement culturel a transcendé les
siècles.
Bologne compte une cinquantaine de musées. Parmi les plus importants se
trouvent la Pinacoteca Nazionale , qui couvre l’art bolognais du XIIIe
au XVIIIe s. et fait la part belle à Carrache et Guido Reni, et le Museo
d’Arte Moderna di Bologna (MAMbo) , qui figure parmi les plus
importants musées d’art contemporain d’Italie.
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Bologne.
© iStockphoto.com/bernotto

Plus de 35 km d’arcades courent dans le centre historique de la ville. Ces


galeries couvertes, un des signes distinctifs de Bologne, ont été construites à
partir du XIe s. L’histoire raconte que la prospérité de la ville ayant entraîné
une situation de surpopulation, on aurait décidé de bâtir au-dessus des rues,
ce qui s’est traduit par cette particularité architecturale qui a également
l’avantage de protéger les promeneurs des intempéries. Le Portico di San
Luca est le plus long portique au monde avec ses quelque 3,8 km et ses
666 arches, et celui de la Casa Isolani, le plus ancien, date du XIIIe s. et est
supporté par des poutres de hêtre de 9 m. Le plus large est celui de la
Basilica di Santa Maria dei Servi avec sa quadruple arcade.

Bologne la grasse
Pour découvrir les meilleurs produits de Bologne, il faut aller du
côté de la Basilica San Petronio, notamment entre la Via
Drapperie, la Via Caprarie et la Via Pescherie, où les étals
croulent sous des montagnes de fromages, saucissons, pâtes, fruits
et légumes. On trouve aussi une abondance de bons produits au
Mercato delle Erbe.
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Via Pescherie.
© https://www.flickr.com/photos/121083587@N03/ [CC BY-SA 2.0
(https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0)], via Wikimedia Commons

Dans un tout autre cadre, FICO Eataly World , un immense «


parc thématique » dédié à la cuisine italienne, a ouvert en novembre
2017 à Bologne. Son nom vient de Fabbrica Italiana COntadina, qui
signifie « fabrique italienne paysanne ». Le complexe s’inspire du
concept « de la ferme à la table ». Sur 10 ha, les visiteurs peuvent
voir 200 animaux et 2 000 espèces de plantes, s’initier au jardinage
ou à l’apiculture, apprendre les secrets de la fabrication de l’huile
d’olive, du parmesan, des pâtes ou du gelato, et goûter des produits
et spécialités italiennes dans une quarantaine de restaurants.

Les tours médiévales constituent une autre des curiosités du paysage urbain
de Bologne. De la centaine de tours qui symbolisaient la richesse et la
puissance des familles bolognaises au Moyen Âge, il n’en reste plus qu’une
vingtaine dont les deux plus célèbres sont les Due Torri (deux tours) : la
Torre degli Asinelli et sa voisine, la Torre della Garisenda. La plus
haute, la Torre degli Asinelli, construite entre 1109 et 1119, mesure 97 m
(pour sa part, la Torre della Garisenda fait 48 m). Après avoir grimpé ses
498 marches, les visiteurs essoufflés accèdent à un panorama incomparable
sur Bologne.
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Fontana del Nettuno.
© iStockphoto.com/eddygaleotti

La Piazza Maggiore est au centre de la vie bolognaise depuis le début


e
du XV s. La place avoisine la Piazza del Nettuno, dominée par la
Fontana del Nettuno entourée de sirènes, et la Basilica di San
Petronio , la plus imposante église de la ville et une des plus grandes
d’Europe, nommée d’après Petrone, huitième évêque de Bologne au Ve s.
La façade de la basilique affiche un premier niveau de marbre rose et blanc,
surmonté d’un second niveau de briques. L’église abrite de nombreux
chefs-d’œuvre (entre autres de Lorenzo Costa le Jeune et d’Amico
Aspertini) et la plus longue méridienne intérieure au monde (66,8 m),
conçue par l’astronome et ingénieur Cassini en 1656.
Le Basilica di Santo Stefano regroupait autrefois sur un même site
sept églises romanes. La Basilica del Sepolcro , église de forme
polygonale d’abord érigée au Ve s. puis reconstruite au XIe s., est la plus
intéressante des quatre qui restent aujourd’hui. La Piazza Santo Stefano ,
sur laquelle le complexe religieux est construit, est l’une des plus
charmantes places de la ville.
Érigée entre 1267 et 1315, la Basilica di San Giacomo Maggiore
domine la Piazza Rossini. Elle renferme la Cappella Bentivoglio ,
achevée en 1468 et décorée d’œuvres majeures de Lorenzo Costa et
Francesco Francia.

Bologne la musicale
En 2006, Bologne a été déclarée « Ville créative de la musique » par
l’UNESCO, qui reconnaissait ainsi la contribution de la ville à la
musique classique, à l’opéra, à la danse et, plus récemment, à la
musique pop.
Son Museo Internazionale e Biblioteca della Musica loge
dans le Palazzo Aldini-Sanguinetti, qui date du XVIe s. et est situé
près d’un palais ayant déjà appartenu au compositeur Rossini, initié
à la musique à Bologne. Le musée est bâti autour de la collection du
franciscain Padre Giovanni Battista Martini. Malgré sa petite taille,
il retrace cinq siècles d’histoire de la musique. On peut y admirer
des instruments anciens, des feuilles de musique arborant des
signatures célèbres, des livrets d’opéra et des portraits d’une
centaine de musiciens. La salle Rossini renferme le piano Pleyel du
compositeur, datant de 1844, et d’autres objets personnels.
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Museo Internazionale e Biblioteca della Musica.
© Jdk at it.wikipedia [GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html), CC-BY-SA-3.0
(http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/)], de Wikimedia Commons

Ferrara
Inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1995 pour son
remarquable paysage culturel, Ferrara s’est imposée comme foyer
intellectuel et artistique pendant la Renaissance, alors qu’elle était sous la
houlette de la famille d’Este. La ville constitue un exemple parfaitement
conservé de la planification urbaine de la Renaissance qui a influencé
l’urbanisme des siècles suivants.
Le Castello Estense a été construit en 1385 comme château fort avec
fossés, pont-levis et tours pour protéger la famille d’Este contre le risque de
révoltes populaires. Quand la situation sociale s’est améliorée, il fut
transformé en résidence. De cette époque datent notamment les élégants
balcons de marbre et les terrasses au sommet des tours.
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Castello Estense, Ferrara.
© Dreamstime.com/Leonid Andronov

Le Duomo , dont la construction date du XIIe s., raconte toutes les


époques de son histoire. Au départ de style roman, sa façade grandiose à
trois flèches est terminée quelques décennies plus tard dans le style
gothique. Le clocher est achevé à la Renaissance, alors que l’intérieur est
refait au XVIIIe s. Sur le côté, la Loggia dei Merciai (loggia des Merciers)
a abrité des boutiques à partir de la fin du Moyen Âge.
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Détail de la façade du Duomo de Ferrara.
© iStockphoto.com/seraficus

Construit aux XVe et XVIe s., le Palazzo dei Diamanti doit son nom à sa
spectaculaire façade de marbre rose taillée en milliers de pointes de
diamants. Il abrite les Gallerie d’Arte Moderna e Contemporanea , qui
présentent des expositions intéressantes.
Également inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO avec Ferrara, le
Parco Delta del Po (parc du Delta du Pô) protège des paysages variés
(marais, lagunes, etc.), qui ont l’eau comme dénominateur commun. Cet
écosystème particulièrement riche se découvre à vélo ou en bateau.

Le patrimoine juif de Ferrara


Les Juifs ont commencé à s’installer à Ferrara dès le XIIIe s. Sous le
règne de la famille d’Este, la ville a été très ouverte, accueillant
autant les Ashkénazes et les Séfarades persécutés en Allemagne et
en Espagne que les Juifs italiens venant de Bologne, Milan et
Naples. Ferrara est alors un des grands centres du judaïsme italien.
Les Juifs sont prêteurs sur gages, imprimeurs, fripiers et bijoutiers,
puis drapiers, orfèvres et médecins.

Quand la papauté prend le contrôle de la ville en 1598, la famille


d’Este se replie sur Modène, suivie par plusieurs membres de la
communauté juive. Les libertés des Juifs qui demeurent à Ferrara
sont restreintes et la communauté est confinée dans un ghetto.

Quelques siècles plus tard, les lois raciales fascistes surprennent les
Juifs en 1938, alors que plusieurs d’entre eux, dont le maire juif
fasciste de l’époque, Renzo Ravenna, appuyaient le parti de
Mussolini.
La synagogue, le musée et le cimetière juif permettent d’apprivoiser
le sujet par ailleurs évoqué dans l’œuvre de Giorgio Basani, auteur
juif qui a passé son enfance à Ferrara, à qui on doit notamment Le
Jardin des Finzi-Contini et Les lunettes d’or, deux de ses romans
adaptés au cinéma.

Le respect des prescriptions religieuses a donné naissance à une


cuisine locale originale. Parmi les spécialités, on retrouve le hamim
(boulettes de viande servies avec des œufs durs et des haricots
blancs) et les burriche (feuilletés farcis).

Comacchio
Il y a un peu de Venise ici, avec toute cette eau, ces canaux surmontés de
petits ponts et ce superbe Trepponti , l’emblème de la ville! Construit en
1638 dans le but de connecter le réseau de canaux à celui qui menait à la
mer, ce pont est constitué de cinq escaliers arqués surmontés de deux tours.
Les origines de la première église remontent au VIIIe s., mais la Cattedrale
di San Cassiano , de style baroque, a été construite entre 1694 et 1720.
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Museo Delta Antico, Comacchio.


© iStockphoto.com/deimagine

Dans un ancien hôpital du XVIIIe s., le Museo Delta Antico raconte


l’histoire des différentes civilisations qui se sont établies dans le delta du Pô
depuis l’âge du bronze; il expose notamment la cargaison d’un navire
romain qui a fait naufrage à la fin du premier siècle avant J.-C. et qu’on a
découvert en 1981.
Aujourd’hui un musée, la Manifattura dei Marinati (Manufacture des
produits marinés) est consacrée à la transformation de l’anguille, un des
produits phares de la ville.
Ravenne
Les traditions orientale et occidentale sont harmonieusement combinées à
Ravenne (Ravenna), qui fut la capitale de l’Empire romain au Ve s., puis de
l’Italie byzantine jusqu’au XVIIIe s. La ville est inscrite sur la Liste du
patrimoine mondial de l’UNESCO pour son impressionnante collection de
mosaïques réparties dans une poignée édifices construits aux Ve et VIe s.
Somptueusement décoré de mosaïques composées sur un fond bleu foncé
dans la plus pure tradition romaine occidentale, le Mausoleo di Galla
Placidia constitue un monument incontournable malgré sa petite taille,
alors que la Basilica di San Vitale s’impose comme un des plus
importants exemples de l’architecture byzantine en Italie.
Des mosaïques de style roman traditionnel décorent la Basilica di
Sant’Apollinare Nuovo .
Le Mausoleo di Teodorico est l’unique exemple parvenu jusqu’à nous
d’une tombe de roi barbare, alors que la Cappella Arcivescovile est le
seul monument orthodoxe construit sous le règne de Théodoric le Grand.
Avec ses ornements de marbre incrustés de stuc et de mosaïques
multicolores, le Battistero Neoniano (baptistère des Orthodoxes)
constitue un très bel exemple de baptistère paléochrétien. Pour sa part, le
Battistero degli Ariani (baptistère des Ariens) est décoré de mosaïques
représentant le baptême du Christ.
Située dans la campagne, la Basilica di Sant’Apollinare in Classe est
ornée d’une profusion de marbres et de mosaïques qui témoignent d’une
étape importante dans le développement artistique de l’Europe.
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Basilica di Sant’Apollinare in Classe.
© iStockphoto.com/Gim42

Arrivé à Ravenna en 1317 pour enseigner, le poète florentin Dante


Alighieri y meurt de la malaria quatre ans plus tard. Les visiteurs peuvent
se recueillir sur sa tombe et visiter un petit musée aménagé dans un ancien
monastère voisin.

Rimini
Cette populaire station balnéaire qui a vu naître le cinéaste Federico Fellini
cache, dans sa vieille ville, non loin de la plage mais à des années-lumière
des rangées de parasols, de beaux monuments anciens. Le Tempio
Malatestiano , soit la cathédrale de Rimini, une merveille de la
Renaissance, célèbre la grandeur de la famille Malatesta. Elle abrite une
superbe fresque de Piero della Francesca, un Giotto et un Vasari.
L’impressionnant Arco di Augusto , qui date de la fin du Ier s. av. J.-C.,
témoigne de l’importance du lieu à l’époque romaine.

San Marino, plus vieille république


d’Europe
À une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Rimini se trouve
San Marino (Saint-Marin), la plus ancienne république
d’Europe. Micro-État de 61 km2 fondé en 301 et aujourd’hui
enclavé au sein de l’Italie, la république de Saint-Marin compte
quelque 33 000 habitants et constitue le troisième État parmi les
plus petits d’Europe, après le Vatican et Monaco. On s’y rend pour
flâner dans les rues médiévales de sa capitale éponyme, située au
sommet du mont Titano, et pour admirer ses trois majestueuses
citadelles haut perchées.
Modène
Le splendide Duomo de Modène (Modena), son campanile de 87 m, la
Torre Civica, aussi appelée Ghirlandina), et la Piazza Grande, datant des
XIe et XIIe s., ont été inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de
l’UNESCO en 1997. Signée Lanfranco et Wiligelmo, la cathédrale constitue
un extraordinaire exemple de l’art roman primitif. La crypte renferme la
dépouille de San Geminiano, le saint patron de Modène dont la fête est
célébrée le 31 janvier. L’ensemble témoigne de la puissance de la dynastie
des Canossa qui l’ont financé.
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Duomo de Modène.
© iStockphoto.com/biriberg

Le riche Palazzo dei Musei (palais des Musées) est logé dans un ancien
hospice pour indigents du XVIIIe s.; il abrite notamment la Galleria
Estense , qui expose quelques chefs-d’œuvre de peintres italiens et
espagnols, dont Velázquez. On peut entre autres y admirer La Vierge à
l’Enfant de Botticelli.
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Museo Casa Enzo Ferrari, Modène.
© Morio [CC BY-SA 3.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], from Wikimedia
Commons

Gastronomie d’Émilie-Romagne
En Émilie-Romagne bat le cœur de la gastronomie italienne. On y
trouve notamment les meilleures charcuteries d’Italie : prosciutto de
Parme, mortadella de Bologne, culatello de Zibello, zampone de
Modène, etc. Certaines de ces spécialités font l’objet d’une
appellation d’origine protégée (DOP) qui reconnaît le processus de
fabrication autant que la qualité des porcs utilisés et celle de leur
alimentation.

Également protégé, le parmigiano reggiano ne peut être produit que


dans certaines provinces (Parme, Reggio Emilia, Modène, Mantoue
et Bologne). Le vinaigre balsamique vient bien évidemment de
Modène. Une DOP identifie le véritable aceto balsamico
tradizionale di Modena produit à base de moût de raisin et vieilli
pendant au moins 12 ans. La fabrication du vinaigre balsamique
date du Moyen Âge; il était à l’époque connu comme médicament et
on se le procurait chez les apothicaires.

Fast-food romagnol
La piadina romagnole est le casse-croûte local qu’on déguste sur le
pouce à l’heure du midi. Même si elle est mentionnée dans un
document datant de 1371, la piadina comme nous la connaissons
aurait vu le jour dans les années 1900. Cette galette traditionnelle à
base d’un mélange de farine et de saindoux travaillé à la main est
cuite sur une plaque très chaude. On la farcit ensuite de légumes
grillés, de charcuteries ou de fromage. La piadina romagnole a
gagné ses lettres de noblesse en novembre 2014, date depuis
laquelle elle est protégée par une indication géographique. N’est pas
piadina romagnole qui veut. Elle doit impérativement être cuisinée
dans la région.

Inauguré en 2012 en face de la maison natale du constructeur Ferrari et de


son ancien atelier, le Museo Casa Enzo Ferrari possède une collection
de voitures mythiques. Un autre Museo Ferrari se trouve près de l’usine
à une vingtaine de kilomètres de là. Avis aux amateurs de bolides italiens,
Modène compte également un musée dédié à la marque Maserati, le CUP
Collezione Umberto Panini Motor Museum.
Côté gastronomie, Modène est bien évidemment connue pour son vinaigre
balsamique traditionnel, ainsi que pour ses zamponi, des pieds de porc
farcis.

Pavarotti, l’enfant du pays


Né et mort à Modène, Luciano Pavarotti, le plus grand chanteur
d’opéra de son temps, a entamé sa longue carrière en 1961 au
théâtre de Reggio Emilia dans sa région natale, en chantant le rôle
de Rodolfo dans La Bohème de Puccini.

Tout n’aura pas été facile pour ce chanteur issu d’une famille
modeste, mais Pavarotti aura finalement la chance de chanter les
plus grands airs de Verdi et Puccini sur les scènes les plus
prestigieuses du monde. Sa dernière apparition publique a lieu lors
de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Turin
en 2006. Il a alors chanté Nessun Dorma, un air tiré de l’opéra
Turandot de Puccini.
En septembre 2007, ses obsèques sont célébrées dans la cathédrale.
Il est enterré au cimetière Montale Rangone, près de la ville.

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Luciano Pavarotti.
© ANSA [Public domain], via Wikimedia Commons

Reggio Emilia
Il est agréable de flâner quelques heures autour de ses jolies places, comme
la Piazza Prampolini, où se trouve le Duomo , construit entre les XIIIe et
XVIIe s., et la charmante Piazza San Prospero à l’ombre de la Chiesa di
San Prospero, sous le vocable du saint patron de la ville, et où se tient un
petit marché le matin.
La Collezione Maramotti loge dans l’ancien siège de la maison Max
Mara. On peut y voir quelque 200 œuvres acquises entre 1945 et 2000 par
Achille Maramotti, fondateur de la marque de vêtements.

Parme
Connue pour son jambon et son fromage, Parme (Parma) est également la
patrie du chef d’orchestre Arturo Toscanini. Cette ville d’art, qui a bénéficié
de l’apport de nombreux mécènes sous les Farnese, a été reconnue comme «
Ville créative de gastronomie » par l’UNESCO, ce qui ne l’empêche pas de
faire la part belle à la musique.
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Dans les rues de Parme.
© iStockphoto.com/Iryna1

Construit en bois et inauguré en 1628, le Teatro Farnese , doté de


5 000 sièges, a longtemps été le plus grand du monde. Il demeure un des
plus importants théâtres historiques. C’est au Teatro Regio , construit
entre 1821 et 1829, que Giuseppe Verdi, un autre enfant du pays, a présenté
quelques-uns de ses grands opéras. Il s’y tient tous les ans un festival
consacré au grand compositeur. Plus récent et de facture résolument
moderne, l’Auditorium Paganini a été conçu par l’architecte Renzo Piano
et fut inauguré en 2001.
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Teatro Farnese.
© www.bestofcinqueterre.com [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)],
from Wikimedia Commons

Le Museo Casa Natale Arturo Toscanini a été inauguré dans le quartier


Oltretorrente à l’occasion du 100e anniversaire de naissance du chef
d’orchestre. Verdi est plutôt présent du côté de la commune de Busseto,
avec un musée, sa maison natale, l’église où il a été baptisé et où il a été
organiste, et la Villa Verdi , qu’il a fait construire plus tard.
Le Palazzo della Pilotta , érigé au XVIe s. pour la famille Farnese,
domine la jolie place du même nom qui fait référence au jeu de la pelote.
C’est là que loge la Galleria Nazionale . Fort de la collection amassée
depuis la Renaissance par les Farnese, c’est un des plus riches musées de
peintures d’Italie. Des œuvres de deux peintres de l’École de Parme,
Correggio et Parmigianino, ainsi que de Fra Angelico, de Canaletto, du
Tintoret et de Léonard de Vinci, y sont accrochées.
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Duomo de Parme.
© iStockphoto.com/bbsferrari

Le Duomo , qui date du XIe s., affiche un harmonieux mélange de styles


où priment l’art roman et le style Renaissance. On peut y admirer le
Battistero , petit bijou de marbre rose de Vérone, et des fresques de
Correggio, qui a également décoré la Camera di San Paolo , située dans
l’ancien couvent San Paolo, construit entre 1519 et 1521.

Des musées consacrés aux produits phares


de la région
Les Musei del Cibo (Musées de la nourriture) de Parme
témoignent de la qualité des produits locaux et du mode de vie qui
leur est associé. Ils regroupent quatre musées consacrés
respectivement au parmigiano reggiano dans une ancienne
fromagerie à Soragna, au prosciutto dans l’ancien Foro Boario («
marché aux bœufs ») de Langhirano, à la tomate à Collecchio et au
salami à Felino.

Fidenza
Ville d’art et de culture située sur la Via Francigena, le « Chemin des Francs
» qu’empruntaient les pèlerins français pour se rendre à Rome, Fidenza
s’est fait une spécialité de l’accueil des pèlerins, dont ceux, nombreux,
attirés par le culte de San Donnino, martyr décapité en 291. Ses reliques se
trouvent dans la crypte du Duomo , dont la construction s’est étendue
du XIe au XVIe s. Ce chef-d’œuvre d’architecture romane est un des plus
remarquables édifices religieux de la région. Fidenza a aussi son théâtre, le
Teatro Magnani, une salle de 425 places inaugurée en 1861 avec Il
trovatore de Verdi.
Castell’Arquato
C’est un des plus jolis villages de la région, et son centre médiéval est on ne
peut plus romantique. La Rocca Viscontea, une forteresse qui illustre bien
la position de défense du village, a été érigée entre 1342 et 1349.
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Castell’Arquato.
© iStockphoto.com/zodebala

Le Museo Geologico Giuseppe Cortesi met en lumière la région comme


elle était il y a 3 millions d’années, alors qu’elle était presque entièrement
recouverte d’eau. Le Museo Luigi Illica , consacré au librettiste Luigi
Illica, né ici en 1857, et qui a notamment travaillé pour Puccini (La
Bohème, Tosca, Madame Butterfly), intéressera les mélomanes.

Piacenza
Fondée sous les Romains, Piacenza (Plaisance) connaît son heure de gloire
en 1095 quand s’y tient le concile à l’origine de la première croisade.
Ballottée entre la France et l’Autriche, Piacenza fut la première ville
italienne à demander, en 1848, son annexion au royaume d’Italie. Située sur
la Via Francigena, la ville a bénéficié de l’afflux des pèlerins et des
marchands qui l’empruntaient.
Parmi les monuments à voir, figurent le Palazzo Farnese , qui abrite le
Museo Civico , le Duomo , de style roman, et la Chiesa Santa Maria
di Campagna , une merveille de la Renaissance. Pour sa part, le Teatro
Giuseppe Verdi rend hommage au célèbre enfant du pays qu’est Verdi.
Autres villes et villages d’Émilie-Romagne
à découvrir
Entre Bologne et Rimini
Riche d’une longue tradition de céramique qui remonterait au
XIIIe s., Faenza a donné son nom à la faïence. Elle est l’hôte du
Museo Internazionale delle Ceramiche , qui possède une des
plus importantes collections de céramiques au monde, dont de jolies
faïences de la Renaissance italienne. Sa cathédrale de style
Renaissance romagnole est une des plus belles de la région.

Dovadola est habité depuis l’époque romaine, mais son centre


historique date du XIIIe s. Ce petit village rural, perché sur une
falaise au-dessus du fleuve Montone, est renommé pour sa truffe
blanche célébrée en octobre lors d’un festival. À voir, l’Eremo de
Montepaolo, ermitage voisin du site d’un ancien monastère qui
aurait accueilli saint Antoine de Padoue pendant quelques mois vers
1221-1222, et la Chiesa di Sant’Andrea, qui renferme le
sarcophage de Benedetta Bianchi Porro. Née ici, cette fervente
catholique a été atteinte de poliomyélite, puis a perdu l’usage de ses
sens. Reconnue « vénérable » en 1993, elle est en processus de
béatification depuis 1975, soit une dizaine d’années après sa mort.

Datant du Moyen Âge, Brisighella , bâti sur trois collines, figure


parmi les plus charmants villages d’Italie. Située entre Ravenne et
Florence dans un paysage intact, cette Cittaslow (« ville lente »,
mouvement inspiré de la philosophie Slow Food appliquée à la
qualité de la vie urbaine), renommée pour son huile d’olive et son
vin, est également une station thermale très prisée.
Brisighella.
© iStockphoto.com/GoneWithTheWindStock

Surnommé le « balcon de Romagne » pour sa vue imprenable,


Bertinoro tire ses origines de la préhistoire, mais son
développement date du Moyen Âge. Reconnu pour son sens de
l’hospitalité, ce village viticole constitue un exemple typique de
citadelle médiévale avec ses murs, ses tours et ses vieilles maisons.

Un petit bijou du côté de Parme


Fondé par les Lombards au VIIIe s. autour d’un monastère
bénédictin, Berceto , lieu d’échanges et halte sur l’historique Via
Francigena, est le point de départ de belles randonnées. Le Moyen
Âge y est toujours présent grâce à la présence de ses vieilles
maisons en pierre et des ruines du château du XIIe s. qui domine la
ville. Son Duomo roman est dédié à saint Moderanus, et le
Santuario della Madona delle Grazie, un sanctuaire baroque situé
un peu à l’écart du village, a été érigé au début du XVIe s. sur les
ruines d’un ancien refuge pour pèlerins.
Gênes et la Ligurie
La région doit son nom aux Ligures, le peuple qui occupait le
territoire avant sa conquête par les Romains. La Ligurie se présente
comme un étroit croissant de terre sur la Méditerranée, au cœur
duquel domine Gênes, avec la Riviera di Ponente à l’ouest et la
Riviera di Levante à l’est. Bordée par la France, le Piémont,
l’Émilie-Romagne et la Toscane, la Ligurie déploie ses 300 km de
littoral sur fond d’imposantes montagnes et de douces collines.
Résolument tournée vers la mer, la région est divisée en quatre
provinces : Imperia, Savona, Genova et La Spezia. Son arrière-pays
savoureux recèle des coins secrets à découvrir impérativement.
Sur la côte très découpée et parfois abrupte, on va de Riviera en
Riviera, celle des fleurs, plus près de la France, puis celle des
palmiers, et plus loin, on se promène de stations balnéaires en ports
mythiques.
Gênes, sa capitale, a écrit plusieurs pages de la grande histoire.
Explorateurs et marchands ont assuré la fortune et la puissance de
l’ancienne république maritime pendant quelques siècles, au temps
où une poignée de villes se partageaient le monde.

La Ligurie compte une vingtaine de charmants villages membres de


l’association I borghi più belli d’Italia (« Les plus beaux bourgs
d’Italie »), répartis sur tout son territoire, au niveau de la mer ou en
montagne, villages de plage ou villages perchés où le temps semble
s’être arrêté.
Facile d’accès depuis Nice, la Ligurie plaît autant aux amoureux de
la nature qu’aux amateurs d’activités de plein air. Les gourmands
se régalent des produits de son riche terroir : huile d’olive, basilic,
citrons, vins, et tutti quanti, issus de la culture en terrasses,
géographie oblige… L’architecture colorée, les trompe-l’œil et les
musées combleront les voyageurs en quête d’art et de beauté.

De Ventimiglia à Gênes : la Riviera di Ponente


La Riviera des fleurs
La Riviera des fleurs commence à Ventimiglia (Vintimille), à quelques
kilomètres de la frontière française. Les Français s’y pressent d’ailleurs tous
les vendredis, jours de marché, à l’affût de bonnes affaires. Lieu de passage,
Ventimiglia mérite quand même qu’on y passe quelques heures une fois les
achats effectués, le temps de flâner dans la ville médiévale.
Situés un peu avant Ventimiglia à partir de la France, les Giardini Botanici
Hanbury , créés par le jeune marchand britannique à la retraite Thomas
Hanbury, ont fêté en 2017 leur 150e anniversaire. Hanbury s’est retrouvé
assez riche à 35 ans pour consacrer son temps à créer ce jardin aménagé sur
le site d’une ancienne villa romaine. Le climat doux de la région
l’émerveillait, d’autant plus qu’il lui permettait d’y faire pousser des
espèces tropicales qu’on ne pouvait cultiver qu’en serre en Angleterre.
Beaucoup de ses compatriotes ont, comme lui, été séduits par le climat des
environs.
C’est à quelques kilomètres de la mer, dans l’arrière-pays, blotti à l’ombre
du Castello Doria, qu’on découvre le charmant village de Dolceacqua ,
dont le délicat pont de pierre, construit sur la Nervia au XIIIe s., a été
immortalisé par Monet en 1884. Un peu plus haut, on arrive à un des plus
jolis villages d’Italie, Apricale , un bourg médiéval resté pratiquement
intact, avec ses ruelles en pente, impraticables pour les véhicules motorisés.
Le petit musée du château, consacré à l’histoire du village, raconte
notamment l’histoire d’Emma Bellomo, la Mata Hari d’Apricale.

Apricale.
© iStockphoto.com/Freeartist

Ici, la vie se concentre sur la Piazza Vittorio Emanuele , où les


villageois se rencontrent après la messe, le matin pour le café et le soir pour
l’apéro. La place accueille tous les ans l’événement théâtral Teatro della
Tosse, la fête de la Pansarola (beignet traditionnel) et le tournoi de balum,
jeu typique de la province d’Imperia et du Piémont.
Plus loin, de retour sur la côte, on voit apparaître Bordighera , qui se
présente comme une jolie station balnéaire fleurie dont la vieille partie n’est
pas sans charme.
Sanremo , reconnue pour son climat qui serait le plus ensoleillé de la
Ligurie, dit-on, se définit comme la capitale du commerce des fleurs et est
également le cadre d’un important concours de chanson italienne. On peut
aussi y observer de très beaux exemples du style Liberty, la version
italienne de l’Art nouveau. Trop souvent ignoré, son centre historique se
laisse facilement apprivoiser avec ses ruelles menant à de jolies placettes.
Un petit détour par Bussana Vecchia permet ensuite d’admirer un lieu
insolite. Ce village perché, abandonné à la suite du tremblement de terre de
1887, a été repeuplé par des artistes à partir des années 1960. Ils exposent
leurs créations dans les petites boutiques qui bordent les rues étroites.
Imperia est reconnue pour son huile d’olive exportée dans le monde entier
depuis le XIXe s. Ce précieux nectar doré est fait à partir de toutes petites
olives, les olives taggiasca, introduites par les frères bénédictins, et qui lui
donnent un goût doux et délicat. Le Museo dell’olivo propose un voyage au
pays de l’olive, de sa culture à sa transformation. On peut en outre acheter
sur place d’excellentes huiles d’olive.
Cervo.
© iStockphoto.com/PK-Photos

Un arrêt s’impose ensuite à Cervo pour contempler son église colorée


qui domine la mer, la Chiesa di San Giovanni Battista . Cette église
baroque du XVIIIe s. en mettait plein la vue aux navires qui passaient
devant elle, illustrant la richesse du village.

La Riviera des palmiers


Sur la route d’Alassio , une petite halte s’impose à Laigueglia pour
admirer sa jolie plage et ses maisons colorées. La station balnéaire
d’Alassio a été envahie par le jet-set international après la Seconde Guerre
mondiale. Derrière la plage et les terrasses se dresse un muret de pierres qui
délimite le jardin public et dont le peintre Mario Berrino a fait quelque
chose d’unique à l’instigation d’Ernest Hemingway, un habitué du bar
voisin, le Caffè Roma. Il aurait eu l’idée de décorer le muret de tuiles
personnalisées signées par les célébrités qui fréquentaient la ville. La tuile
signée Hemingway a été l’une des trois premières à orner le mur en 1951.
On peut aujourd’hui voir près de 1 000 tuiles autographiées rappelant le
passage de Jean Cocteau, Jacques Prévert, Vittorio de Sica, Ugo Tognazzi,
Anita Ekberg et bien d’autres personnages.
Au milieu de ces tuiles se trouve une mosaïque mettant en vedette Les
amoureux de Peynet, qui rappelle qu’Alassio est placée sous le signe de
l’amour. La légende veut en effet qu’Alassio doive son nom à Adelassia,
fille de l’empereur Othon Ier, qui se serait enfuie avec un simple garçon
d’écurie pour sceller leur union sur les collines. Leur effigie trône sur le
muret. Les amoureux s’y donnent rendez-vous à la Saint-Valentin. Par
ailleurs, la friandise locale au chocolat, inventée ici au début du XXe s., a
été baptisée baci, qui signifie « baiser » en italien.
Bien conservée, la ville fortifiée de Finalborgo est le rendez-vous des
randonneurs, grimpeurs et cyclistes qui explorent activement les environs.
Ils s’y arrêtent le temps de manger une glace. Le gelato est délicieux, mais
ne doit pas faire oublier la visite de la Basilica Collegiata di San Biagio,
qui abrite un tableau du XVIe s. représentant justement son saint patron,
saint Blaise. Plus loin, voici enfin Noli , ancienne république maritime,
toujours accueillante.

Borgio Verezzi.
© iStockphoto.com/claudio.arnese

Derrière la Riviera des palmiers, il faut céder à l’appel de Borgio Verezzi


, qui regroupe quelques bourgs d’origine arabe éparpillés sur une colline
en surplomb sur la mer. On doit laisser sa voiture et gravir à pied l’espace
qui nous sépare des bourgs battus par les vents, mais le panorama se révèle
remarquable de là-haut.

Gênes
Entre mer et montagnes, Gênes (Genova) s’étire sur une trentaine de
kilomètres de long, et sept sorties d’autoroute y donnent accès. Gênes est
pourtant une ville verticale, toute en hauteur. Plusieurs édifices sont
accessibles grâce à des escaliers, des ascenseurs et des funiculaires et même
des passerelles privées sur les toits, qui permettent de passer d’un palais à
l’autre, sans descendre dans la rue.

Enrichie par les croisades, Gênes a connu son âge d’or au XVIIe s. La
richesse de la ville est exposée dans toute sa splendeur sur les Strade
Nuove, où, à partir du milieu du XVIe s., quelques familles richissimes
décident de se faire construire de superbes palais à l’écart du centre
historique. C’est l’architecte Galeazzo Alessi (parfois comparé à Andrea
Palladio) qui conçoit ce quartier résidentiel. La première Strada Nuova est
maintenant devenue la Via Garibaldi. La seconde s’appelle aujourd’hui la
Via Balbi, et la troisième, qui visait à relier les deux précédentes, la Via
Cairoli.
En 2006, l’UNESCO a inscrit sur sa Liste du patrimoine mondial les trois
Strade Nuove, plus quelque 42 palais d’époque du quartier, dont 12 ont
pignon sur la Via Garibaldi, ainsi que le « système des palais des Rolli ». Ce
système, typique de l’hospitalité génoise, est voté dans la seconde moitié du
XVIe s. Il institue alors l’obligation d’héberger les visiteurs de marque de
passage dans la ville. Un système de classification des palais permettait de
diriger les têtes couronnées et leurs représentants vers les palazzi les plus
prestigieux.

Via Garibaldi
Cette rue, qu’on dit une des plus belles d’Europe, recèle une exceptionnelle
concentration de palais de la Renaissance. Il convient de la parcourir en
s’attardant sur les détails. À visiter, deux des palais transformés en musées
dans les années 1950 : le Palazzo Bianco et le Palazzo Rosso . Le
premier, appartenant à la famille Grimaldi, a été cédé à la ville qui en a
rapidement fait un musée. Récemment restauré, il est consacré à la peinture
européenne du XVe au XVIIIe s. Construit en 1675, le Palazzo Rosso reflète
quant à lui le faste de la décoration des palais de l’époque. Un ascenseur
panoramique permet de découvrir la superbe vue qu’on a du toit.
Voisin du Palazzo Bianco, le splendide Palazzo Doria Tursi abrite la
mairie de Gênes. C’est un des plus jolis palais de la Via Garibaldi. Les
jardins et certaines pièces sont ouverts au public. Dans la salle Paganini,
dédiée au célèbre violoniste et compositeur génois, on peut admirer, entre
autres trésors, son violon.

Via Balbi
Cette artère a été ouverte au début du XVIIe s. sur ordre de la famille Balbi,
qui devait sa fortune au commerce des tissus de luxe. Le Palazzo Reale a
été construit pour la famille Balbi sur cette élégante rue avant de devenir
une résidence des Savoie en 1824. Dans cette même rue, le Palazzo
dell’Università logeait jadis un ancien collège des Jésuites.
À voir aussi, le Palazzo del Principe, commencé au début du XVIe s., où
l’on peut contempler une intéressante collection de toiles, fresques et
sculptures, ainsi qu’un superbe jardin à l’italienne.

Cattedrale di San Lorenzo.


© iStockphoto.com/PARNTAWAN

La vieille ville
La Cattedrale di San Lorenzo , qu’on dit édifiée sur le lieu même où
saint Laurent se serait arrêté en chemin entre Rome et l’Espagne, est surtout
connue pour le Trésor qu’elle renferme. Saint Graal ou pas, le Sacro
Catino (bassin sacré), qui aurait selon la tradition contenu l’agneau pascal
lors de la Cène, est impressionnant.
Non loin de là, la Piazza De Ferrari , entourée d’immeubles
monumentaux et ornée d’une emblématique fontaine, mérite un coup d’œil.

Piazza De Ferrari, Gênes.


© iStockphoto.com/marako85

La maison natale de Christophe Colomb a été détruite, mais il est


possible d’en voir la réplique réalisée au XVIIIe s. Les visiteurs qui désirent
faire un pèlerinage sur les pas du découvreur de l’Amérique pourront par
ailleurs se recueillir dans la Chiesa di Santo Stefano, où il a été baptisé et
qui est demeurée intacte.
Ne manquez pas de vous perdre dans le labyrinthe des caruggi, ces ruelles
typiquement génoises. On dit qu’il y en a près de 1 000. Elles révèlent des
coins secrets de la ville.
Le Porto Antico
Dans le vieux port, auquel le « starchitecte » Renzo Piano a donné une
seconde vie (voir l’encadré), est amarré le galion Neptune, qui symbolise la
flotte génoise ayant fait la fortune de la ville, mais qui est en fait le bateau
bâti pour le film Pirates de Roman Polanski.

Aux environs de Gênes


Boccadasse, ce village de pêcheurs accolé à Gênes, est complètement
inattendu si près d’une grande ville. Avec sa petite plage et ses maisons
colorées, il respire le calme et la beauté. Le nom est familier aux lecteurs de
l’auteur sicilien Andrea Camilleri. C’est là qu’habite Livia, l’éternelle
fiancée de son héros, Salvo Montalbano.

Renzo Piano à Gênes


Né à Gênes en 1937, l’architecte de renommée internationale Renzo
Piano a été invité à réhabiliter la zone du Porto Antico (le vieux port
datant du XIe s.) de la ville en prévision des célébrations du 500e
anniversaire de la découverte de l’Amérique par Christophe
Colomb, un autre enfant de Gênes, en 1992.
Acquario di Genova.
© iStockphoto.com/PARNTAWAN

Piano a réussi à créer non seulement une attraction touristique, mais


aussi un lieu de rencontre pour les Génois dans la zone autour de
l’Acquario di Genova , le plus grand aquarium d’Italie et l’un
des plus importants d’Europe. Se trouvent à proximité de
l’aquarium la Biosfera, une sphère vitrée abritant une forêt tropicale
reconstituée dessinée par Piano lui-même, et le Galata Museo del
Mare , une splendeur qui insiste sur l’étroite relation entre la
ville et la mer, et sur le lien entre l’ancienne Gênes et la nouvelle.
Quant au Bigo , une étrange structure signée Piano qui évoque
une grue géante et constitue un clin d’œil à la façon dont on
déchargeait les navires, il est doté d’un ascenseur panoramique qui
offre une vue imprenable sur les environs à une quarantaine de
mètres du sol.
Avec ces « nouveautés », la table était mise pour que Gênes reçoive
le titre de capitale culturelle de l’Europe en 2004.

De Gênes à La Spezia : la Riviera di Levante


En saison, plusieurs bateaux d’excursion partent du port de Gênes pour
voguer vers Portofino ou Portovenere. Ils s’arrêtent fréquemment du côté
de Camogli. Devant l’Abbazia San Fruttuoso di Capodimonte , un
monastère bénédictin construit autour de l’an 1000, on a immergé en 1954,
à une quinzaine de mètres sous l’eau, une statue du Christ les bras tendus
vers le ciel : le Christ des Abysses . Fabriquée dans une fonderie de
Milan, elle fait 2,5 m de haut et pèse plus de 250 kg. Cette curiosité attire
les plongeurs du monde entier. Chaque année en juillet, on honore la
mémoire de ceux qui ont péri en mer.

Christ des Abysses.


© Shutterstock.com/Lawrence Cruciana
Portofino
Portofino tiendrait son nom des dauphins qui fréquentaient sa baie (Porto
Delfino, port des dauphins). On dit que le mètre carré se détaille autour de
10 000 euros dans ce village d’à peine 500 habitants permanents, un des
plus riches d’Italie. Il suffit de voir le luxe inouï des hôtels et des bateaux
amarrés dans son port de plaisance et de flâner dans les rues étroites
bordées de boutiques arborant de prestigieuses enseignes (Dior, Vuitton,
Armani, Missoni) pour s’en convaincre.

Portofino.
© iStockphoto.com/Olena_Znak

Sur la côte, les stations balnéaires se suivent, certaines plus chics comme
Santa Margherita Ligure , où Vivien Leigh et Sir Laurence Olivier ont
passé leur lune de miel, d’autres, moins, comme Rapallo. À Rapallo, par
contre, on peut admirer, ou emprunter, le Ponte di Annibale, qui n’aurait
pas été traversé par Hannibal durant la seconde guerre punique, mais aurait
plutôt été construit au Xe s. puis reconstruit en 1733.
Cinque Terre
C’est le success story de la Ligurie. On a en effet réussi à attirer le monde
entier sur un territoire pratiquement inconnu il y a 30 ans qui ne comprenait
que cinq villages accessibles longtemps seulement par la mer et des sentiers
de montagne. Il fallait le faire! Aujourd’hui, le sentier qui relie
Riomaggiore, Manarola, Corniglia, Vernazza et Monterosso al
Mare en saison est parfois beaucoup trop fréquenté, et les plages sont rares
ici.

Manarola, l’un des villages des Cinque Terre.


© iStockphoto.com/StevanZZ

Les Cinque Terre ont été inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO


avec Portovenere et les îles Palmaria, Tino et Tinetto en 1997. Le Parco
Nazionale delle Cinque Terre, le plus petit parc national d’Italie, permet
de faire de belles randonnées dans ce paysage de cultures en terrasses.
Certains itinéraires sont faciles, comme celui qui va de Riomaggiore à
Manarola, surnommé Via de l’Amore (sentier de l’amour). Cette promenade
d’environ 1 km n’est pas la plus belle, mais c’est la seule qui peut se faire
avec une poussette. Un sentier de grande randonnée (no 1) relie Portovenere
à Levanto, au nord des Cinque Terre.

Le pesto, un peu de l’âme de la Ligurie


L’authentique pesto génois est à base d’un basilic local à petites
feuilles, écrasé et mélangé à de l’ail, des pignons de pin (héritage
des croisades), de l’huile d’olive et du fromage parmesan ou
pecorino. On le sert sur des trofie, de petites pâtes courtes et
tordues, avec des cubes de pommes de terre et des haricots verts ou
des courgettes.

Méfiez-vous des imitations!

Portovenere aurait été bâtie sur le site d’un ancien temple dédié à Vénus
(Venere). C’est un endroit agréable pour flâner quelques heures à admirer
ses maisons anciennes, sa petite église du XIIIe s. et son cimetière avec vue
sur la mer.
Pour découvrir le coin, on peut se poser à La Spezia, d’où partent trains et
bateaux vers les Cinque Terre. Cette ville industrielle n’a pas tellement de
charme, mais elle s’anime agréablement à l’heure de la passeggiata.

Le jeans : de Gênes ou de Nîmes?


On fabriquait en Italie du Nord un tissu qui mélangeait le coton avec
le lin ou la laine. Baptisé « futaine », il était exporté un peu partout
dans le monde. Sur place, dès le XVIe s., on se servait de ce tissu
résistant pour habiller les marins. À force d’être trempé d’eau de
mer, le bleu original se serait délavé et on l’aurait baptisé « bleu de
Gênes ».

À plusieurs centaines de kilomètres de là, un tissu semblable qu’on


appelait « denim » sortait des ateliers de Nîmes. Alors, jeans (de
Gênes) ou denim (de Nîmes)? On s’entend plus ou moins pour dire
que le bleu est génois (blue jean) alors que le tissu est nîmois. On
dit aussi que le tissu de Nîmes pourrait avoir transité par Gênes en
route vers l’Amérique…

Quoi qu’il en soit, c’est aux États-Unis que le pantalon lui-même fut
développé grâce à Levi Strauss en 1873.
Le Val d’Aoste et le Piémont
Les deux régions voisines du Val d’Aoste, la plus petite région
d’Italie et la moins peuplée, et du Piémont, une des plus grandes et
des plus populeuses, modulent leurs différences et leurs
ressemblances sur fond de hautes montagnes. Le Val d’Aoste et le
Piémont ont vu leur destin croiser celui de la famille de Savoie à un
moment ou l’autre de leur histoire, avant l’unification de l’Italie.

Au cœur des Alpes et entouré des plus hauts sommets d’Europe, le


Val d’Aoste est parcouru par une douzaine de vallées sculptées par
les glaciers, piquetées de maisons traditionnelles en pierre et en
bois, et ponctuées de centaines de châteaux médiévaux, tours et
forteresses. Très fréquenté en hiver pour le ski, notamment à
Courmayeur et à Breuil-Cervinia, et en été pour la randonnée, le
Val d’Aoste est toute l’année une destination gastronomique.

Les Romains ont vite saisi l’importance stratégique de la région.


Plus de 20 siècles plus tard, plusieurs vestiges témoignent toujours
de leur passage, notamment à Aoste. Après plusieurs épisodes
d’invasions et de dominations, la région est finalement liée à la
maison de Savoie et le demeure pendant des siècles. C’est
d’ailleurs un édit du duc Emmanuel-Philibert de Savoie qui prescrit
l’emploi de la langue française dans le Val d’Aoste en 1561.

Depuis 1948, après la politique d’italianisation de Mussolini, la


région jouit enfin d’une autonomie administrative et législative. Le
français est une des deux langues officielles du Val d’Aoste, mais
on y parle aussi encore d’anciens dialectes franco-provençaux.
Pays de montagnes, qui couvrent le tiers de son territoire et qui ont
permis à Turin d’accueillir les Jeux olympiques d’hiver de 2006, le
Piémont est majoritairement agricole, même si la prestigieuse
industrie automobile italienne y est née. Sur fond de montagnes
enneigées, des collines déroulent leurs courtepointes de vignes, et
dans la plaine du Pô se concentre la culture du riz, dont la région
est la première productrice de l’Italie.

Le plaisir de bien manger est inscrit dans l’ADN du Piémont, qui


aligne plus de 350 spécialités sur la liste de ses produits
agroalimentaires traditionnels (viandes, condiments, boissons,
fromages, produits végétaux, pâtisserie, boulangerie). À Turin se
trouve le plus grand marché alimentaire à ciel ouvert d’Europe, le
Mercato Porta Palazzo, et c’est là qu’a ouvert le tout premier
supermarché Eataly en 2007, après que Bra eut vu naître le
mouvement Slow Food.
Le Val d’Aoste
Pont-Saint-Martin
Le voyage commence à Pont-Saint-Martin, que les Romains appelaient Ad
pontem. Le pont qui donne son nom au village, érigé vers 25 av. J.-C. et
utilisé jusqu’au milieu du XIXe s., se trouvait sur la route romaine menant à
la Gaule. À quelques kilomètres à l’ouest, le village de Donnas est connu
pour sa section de route romaine presque intacte surmontée d’une arche
creusée dans le roc.
Donnas.
© Shutterstock.com/Tatsuo Nakamura

Bard
Le bourg médiéval de Bard, bâti sur l’ancienne voie romaine qui contrôlait
l’entrée et la sortie du Val d’Aoste, regroupe des dizaines de maisons
typiques datant des XVe et XVIe s. Le village est dominé par le Forte di
Bard , un spectaculaire ouvrage de fortification du XIe s. Son
architecture était particulièrement ingénieuse puisque chacune de ses trois
parties pouvait être défendue séparément. Le fort est tout de même conquis
en 1242 par Amadeo IV de Savoie, puis détruit par Napoléon lors de son
passage en 1800. Désaffecté, il servit de prison et de dépôt d’armes, avant
d’être magnifiquement restauré par Giuseppe Cacozza et rouvert au public
en 2006. On y a aménagé un très intéressant musée des Alpes, le Museo
delle Alpi . L’endroit est un lieu culturel très vivant.
Forte di Bard.
© iStockphoto.com/argalis

La vallée de Champorcher
En poursuivant vers l’ouest, on arrive ensuite à la vallée de Champorcher, le
temps au moins d’admirer sa beauté sauvage. Ici, le chanvre est cultivé pour
ses fibres, toujours tissées sur place à la main, de la manière traditionnelle.
Les châteaux du Val d’Aoste sont d’abord construits autour du XIe s.
pour la collecte des péages. Ce n’étaient alors que de modestes tours
encerclées de remparts. Au fil des siècles, gagnant en confort, ils se sont
transformés pour devenir de luxueuses résidences. Plusieurs châteaux sont
visibles de la route. Quelques-uns se visitent, comme ceux d’Issogne, de
Fénis, et de Sarre.
Cuisine montagnarde : les délices du Val
d’Aoste
La fontina, un fromage au lait entier de vache, est un des fleurons de
la gastronomie valdôtaine. Elle entre notamment dans la
composition de la fondue valdôtaine, de la soupe alla Valpellinentze
et de la polenta au fromage.

La réputation des charcuteries du Val d’Aoste n’est plus à faire.


Parmi les plus connues figurent le jambon de Bosses et le lard
d’Arnad, bénéficiant tous deux d’une appellation protégée, ainsi que
la motsetta, viande séchée de chamois ou de bouquetin.

Le Val d’Aoste produit en outre des vins d’appellation contrôlée,


dont certains proviennent de vignobles parmi les plus hauts
d’Europe. À déguster, l’Enfer d’Arvier, l’Arnad-Montjovet et le
Torrette dans les rouges et, pour les blancs, le Nus Malvoisie et le
Blanc de Morgex et de La Salle. Il faut aussi goûter le génépi, une
liqueur digestive à base de la sève de la plante du même nom, une
armoise qui pousse en haute montagne.

Issogne et Montjovet
Le Castello di Issogne , construit sur le site d’une ancienne villa romaine,
subit plusieurs transformations avant d’être plus ou moins abandonné. Un
peintre turinois l’achète en 1872 pour lui redonner sa splendeur d’antan. Il
est cédé à l’État au début du XXe s. En passant par Verres, que les Romains
appelaient Vitricium en raison de la présence d’une fabrique de verre, on
arrive au village médiéval de Montjovet, qui s’est enrichi au Moyen Âge
avec la gabelle, une taxe imposée sur les denrées alimentaires qui y
transitaient. À voir, la Chiesa di San Rocco , de style roman, et le
Castello di Saint-Germain , tous deux témoins de cette époque.
Fénis
Fénis a été développée par les Romains pour ses gisements de pyrite. Le
Castello di Fénis , qui n’était à l’origine qu’une simple forteresse, a été
transformé en manoir par la famille Challant en 1340. Considéré comme la
quintessence des châteaux médiévaux de la région, c’est le plus connu et
l’un des plus beaux du Val d’Aoste. Il loge maintenant un musée de
l’ameublement traditionnel valdôtain. À environ 35 km au nord de Fénis se
trouve Breuil-Cervinia, niché à plus de 2 000 m d’altitude et plus grand
domaine skiable du Cervin.

Aoste
Capitale de la région, Aoste (Aosta) a été fondée par les Romains sous le
nom d’Augusta Praetoria Salassorum à l’endroit où la rivière Doire Baltée
(Dora Baltea) rencontre le ruisseau Buthier, à l’ombre du mont Émilius, où
convergent les vallées de Cogne et du Grand Saint-Bernard. Surnommée la
Rome des Alpes, Aoste conserve jalousement son plan d’ancien castrum
romain et de très beaux vestiges de l’époque. Parmi ses monuments
romains, mentionnons l’arc de triomphe d’Auguste, le théâtre romain ,
la porte prétorienne, le cryptoportique du forum et le pont romain.
On peut également apercevoir ici et là en ville des vestiges de l’enceinte
romaine.
Théâtre romain, Aoste.
© iStockphoto.com/IrinaSen

La Cattedrale di Santa Maria Assunta et la Collegiata di Sant’Orso et


son cloître datent du Moyen Âge. À ne pas manquer, le Museo
Archeologico Regionale (MAR) , un musée d’archéologie dont la
collection éclectique comprend autant des tablettes sumériennes que des
témoignages préhistoriques de la vallée d’Aoste et de l’époque romaine.

Saint-Pierre
À l’ouest, la commune de Saint-Pierre est connue pour ses deux châteaux,
dont l’un est maintenant converti en Museo Regionale di Scienze
Naturali . L’autre accueille des expositions temporaires.
Museo Regionale di Scienze Naturali, Saint-Pierre.
© Dreamstime.com/Freesurf69

Sarre, Saint-Nicolas et La Salle


Bâti en 1710, le Castello Reale di Sarre est racheté par Victor-Emmanuel
II, premier roi d’Italie, pour en faire un pavillon de chasse. Il témoigne de la
présence des Savoie dans le Val d’Aoste. De là, en grimpant jusqu’à Saint-
Nicolas, on jouit d’une très belle vue sur la vallée.
Comme Saint-Pierre, La Salle compte également deux châteaux, le
Castello di Châtelard, datant du XIIIe s., et le Castello di Écours,
construit au XIIe s. et, selon certains, le lieu de naissance du pape Innocent
V.

Morgex
À Morgex, ancien important lieu de marché de la vallée de Valdigne, sont
situés deux monuments dignes de mention, la Chiesa di Santa Maria
Assunta et le Castello de l’Archet , tous deux vieux de plus de
1 000 ans.

Pré-Saint-Didier
Au temps des Romains, Pré-Saint-Didier était une importante base militaire
sur la route de la Gaule. Ses thermes ont toujours été très fréquentés.

Le Val d’Aoste a le sens de la fête


Le deuxième dimanche d’octobre, Bard accueille le Marché au
Fort, une belle fête œno-gastronomique qui met en valeur les
produits valdôtains, et s’illumine pendant tout le mois de décembre
jusqu’au début de janvier pour accueillir un marché de Noël, des
concerts et une exposition de crèches en bois créées par des artisans
locaux.

À la fin de janvier, Aoste est pour sa part envahie par les visiteurs
venus participer à la Sant’Orso, une fête millénaire qui met en
vedette les créations des artisans locaux, principalement en bois.

En février, des carnavals colorés, sinon carrément extravagants, se


déroulent dans les vallées. Les déguisements de la Coumba Freida,
par exemple, rappellent les uniformes napoléoniens, objets de
moquerie.

Fin septembre, la Désarpa célèbre la descente des alpages alors que


les vaches, moutons et bouquetins décorés de fleurs quittent les
alpages, où ils ont passé l’été, pour regagner la vallée.

Courmayeur
De Courmayeur part le téléphérique Skyway Monte Bianco , qui
franchit 2 000 m en 10 min pour emmener ses passagers sur le toit de
l’Europe. Également connue pour les propriétés de ses sources thermales,
l’élégante Courmayeur reçoit depuis longtemps des vacanciers. Les
Romains y ont exploité des mines d’argent; grâce aux skieurs et aux
alpinistes, le tourisme est maintenant sa mine d’or.

Terrasse à l’une des stations du téléphérique Skyway Monte Bianco.


© Shutterstock.com/Venturelli Luca

Parco Nazionale Gran Paradiso


À cheval sur les régions du Val d’Aoste et du Piémont, le Parco Nazionale
Gran Paradiso est devenu en 1922 le premier parc national italien. Ancienne
réserve de chasse royale, le territoire du parc a été cédé par Victor-
Emmanuel II en 1856 dans le but d’en protéger la population de bouquetins.
C’est un des plus beaux parcs nationaux d’Europe.
Le Piémont
Turin
Turin (Torino) a connu son heure de gloire comme capitale du duché de
Savoie pendant quelques siècles après le transfert de Chambéry en 1563, et
avant d’être pour très peu de temps, de 1861 à 1865, la première capitale de
l’Italie finalement unifiée. Les Jeux olympiques de 2006 ont réveillé la
belle endormie qu’était Turin depuis lors.

Les retombées des Jeux ont fait de Turin la coqueluche des escapades
urbaines européennes. Les visiteurs aiment se promener sous ses kilomètres
d’arcades, prendre l’apéro sur l’une ou l’autre de ses jolies places, visiter
ses exceptionnels musées ou boire un bicerin (voir l’encadré Cliquez ici), la
typique boisson turinoise, dans l’un de ses cafés historiques où s’est tramée
le processus d’unification de l’Italie. Comme les Turinois, ils aiment aussi
flâner le long du Pô dans le Parco del Valentino.
Deuxième musée égyptologique en importance au monde après celui du
Caire, le Museo Egizio étale ses précieuses collections d’antiquités
égyptiennes dans le Palazzo dell’Accademia delle Scienze, récemment
restauré. Le musée est issu des collections « rapatriées » d’Égypte par
l’archéologue Schiaparelli au début du XXe s. et s’est sans cesse enrichi
depuis.

Mole Antonelliana.
© iStockphoto.com/pcruciatti

Construit en 1863 pour devenir une synagogue, le Mole Antonelliana a


radicalement changé de vocation. Il abrite depuis l’an 2000 le fascinant
Museo Nazionale del Cinema , plus grand musée européen dédié au
cinéma, avec une riche collection de photos, matériel promotionnel,
équipement cinématographique et autres objets liés à l’histoire du septième
art en Italie et ailleurs.

Palazzo Carignano.
© iStockphoto.com/Sabinoparente

Le Palazzo Carignano , un des plus beaux palais baroques de Turin, a


logé le premier Parlement du nouvel État italien de 1861 à 1865. Il a
appartenu à la famille Carignan, une branche de la maison ducale, puis
royale, de Savoie, liée au régiment de Carignan, levé en 1644 dans le
Piémont et envoyé en Nouvelle-France de 1665 à 1668 (il portait alors le
nom de « régiment de Carignan-Salières »). L’architecte Guarini, qui a
dessiné le palais en 1679, a fait graver des personnages ornés de plumes
pour représenter les Amérindiens combattus par le régiment de Carignan-
Salières. Le palais a vu naître Victor-Emmanuel II, premier roi d’Italie. Il
abrite le Museo Nazionale del Risorgimento Italiano , consacré à
l’unification de l’Italie. C’est également Guarini qui a signé le riche
intérieur de la Chiesa di San Lorenzo, promise par Emmanuel-Philibert de
Savoie à la suite de la victoire de Saint-Quentin le jour de la Saint-Laurent.

Et le Saint-Suaire?
Fondé en 1936, le Museo della Sindone raconte l’histoire du
Saint-Suaire, conservé dans le Duomo de Turin, dédié à saint Jean
le Baptiste. Endommagé par le feu à Chambéry, raccommodé par la
suite et corrompu par toutes les mains qui l’ont manipulé, il s’agirait
bien de la représentation d’un homme crucifié, mais des tests au
carbone 14 ont estimé que le tissu datait plus ou moins du XIVe s.,
ce qu’on ne vous dira pas nécessairement à Turin.

Le monumental Palazzo Reale a été la résidence royale des rois


d’Italie jusqu’en 1865.
La façade du superbe Palazzo Madama est un véritable livre
d’architecture, avec ses éléments de style roman, Renaissance et baroque. Il
doit son nom à deux nobles dames qui y ont résidé successivement au
XVIIe s., Christine de France et Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours.
Son Museo Civico d’Arte Antica expose des œuvres allant du Moyen
Âge au XIXe s.
Palazzo Madama.
© iStockphoto.com/kasto80

Construit en 1740, soit presque 40 ans avant la Scala de Milan, le Teatro


Regio fut détruit par un incendie en 1936 et rebâti sur le même
emplacement devant la Piazza Castello en 1973. C’est là qu’a eu lieu la
première de La Bohème le 1er février 1896. À remarquer, le portail moderne
signé par le sculpteur Umberto Mastroianni, oncle de l’acteur Marcello
Mastroianni.

Turin, capitale du chocolat


Turin doit au duc Emmanuel-Philibert de Savoie sa passion pour le
chocolat. C’est lui qui rapporta de la cour d’Espagne des grains de
cacao. On dit qu’au moment du transfert de la capitale de Chambéry
à Turin au XVIe s., le duc aurait fait servir à toute la population
turinoise une tasse de chocolat chaud.

Quelques siècles plus tard naissait le célèbre bicerin. Cette boisson


typiquement turinoise est composée de café noir, de chocolat
onctueux et de crème qu’il ne faut surtout pas mélanger pour bien
goûter les trois ingrédients superposés.

Le chocolat se consomme sous forme de boisson jusqu’au début du


XIXe s. Le premier chocolat à croquer aurait été fabriqué à Turin par
Pier Paul Caffarel dans les années 1820. Le cioccolatino était né. En
1865, l’ajout de noisettes des Langhe au cacao a créé le gianduiotto,
premier chocolat en papillote. C’est aussi à Turin que Pietro Ferrero
aurait inventé le Nutella, fabriqué par la suite à Alba.

Aux limites de Turin


La Reggia di Venaria Reale , ancien pavillon de chasse bâti selon le
désir de Charles-Emmanuel II, date de 1659. Au XVIIIe s., on a ajouté une
aile en brique au palais baroque. On doit à Filippo Juvarra la splendeur de la
Grande Galerie et de l’église de Saint-Hubert.
Reggia di Venaria Reale.
© Shutterstock.com/Paolo Gallo

L’ensemble comprend le palais de 80 000 m2, les 60 ha de jardins à la


française et la forêt protégée de La Mandria, qui couvre 3 000 ha. Après le
passage de Napoléon, le château est pillé. Comme il n’est pas intégré au
circuit des demeures impériales napoléoniennes, il est plus ou moins
abandonné. Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1997, il est
l’objet de restaurations qui dureront huit ans et rouvre en 2007. L’UNESCO
a ainsi reconnu les résidences de la famille des Savoie situées à Turin et aux
alentours comme exemples de l’architecture monumentale européenne des
XVIIe et XVIIIe s.
Un peu excentré, le Museo Nazionale dell’Automobile (MAUTO) a été
fondé en 1932 et fut complètement rénové en 2011. Avec sa collection de
près de 200 voitures de 80 marques différentes, il raconte toute l’histoire de
l’automobile depuis la première voiture à vapeur, conçue en 1769.
Dans le même secteur au sud du centre de Turin, le tout premier Eataly ,
temple de la gastronomie italienne, a ouvert en 2007 dans une ancienne
distillerie de vermouth. Y sont rassemblés les meilleurs produits régionaux
selon les hauts standards de qualité de l’idéologie du mouvement Slow
Food (voir l’encadré Cliquez ici).

Les Langhe
Les Langhe sont blotties entre deux rivières au sud de Turin, le Tanaro et la
Bormida. Pour les amateurs de vin, les Langhe font figure de petit paradis
avec leurs collines tapissées de vignes à perte de vue et leurs villages de
carte postale aux noms aussi évocateurs que Barolo et Barbaresco
, deux jolis bourgs à ne pas manquer, notamment pour faire une petite pause
dégustation à l’Enoteca Regionale del Barbaresco.

Les Langhe.
© iStockphoto.com/StevanZZ
Les Langhe déroulent leurs paysages de vignes au sud d’Asti, entre le Pô et
les Apennins de Ligurie. Une partie de la région a été inscrite au patrimoine
mondial de l’UNESCO en 2014 avec les secteurs voisins de Roero et
Monferrato. Cette distinction témoigne des traditions viticoles
caractéristiques de la région depuis des siècles, et constitue un bel exemple
d’interaction de l’homme avec son environnement naturel.

Alba
Alba renferme une usine de Nutella dont le parfum se répand parfois sur la
ville. Mais ce n’est pas le seul atout de cette ancienne cité romaine. Si la
ville moderne est plutôt quelconque, le centre historique est on ne peut plus
charmant. Ses hautes tours témoignent de l’importance qu’elle a eue au
Moyen Âge. De plus, Alba accueille chaque automne le plus ancien marché
de la truffe blanche au monde, la Fiera Internazionale del Tartufo Bianco
d’Alba . Le parfum de la truffe embaume alors la ville, remplaçant
avantageusement celui du Nutella. L’événement annuel est précédé par le
Palio degli Asini , une course où les ânes remplacent les chevaux, un clin
d’œil moqueur au populaire Palio d’Asti, sa voisine.
Palio degli Asini, Alba.
© flickr.com/photos/novecentino/21786330930/CC BY-SA 2.0

Autour d’Alba, les Langhe comprennent un chapelet de jolis villages à


inscrire comme haltes sur la route du vin, comme Neive, La Morra et
Cherasco.

Asti
Une promenade dans cette autre capitale régionale du vin nous plonge à
l’époque médiévale, autour de la Piazza San Secondo, où on peut admirer
les belles maisons et la Collegiata di San Secondo , construite entre les
XIIe et XVe s.
On dit que le Palio d’Asti est plus ancien que celui de Sienne (voir Cliquez
ici). Son origine remonterait au XIIIe s. La fête automnale implique 21
cavaliers et un millier de figurants costumés.
Bra
À peine en dehors des Langhe, le centre historique de Bra permet d’admirer
une belle palette de styles architecturaux, de la Renaissance au baroque en
passant par le XIXe s. La Piazza Rocca et la Via Cavour sont de véritables
salons bordés d’édifices charmants et de cafés. Située sur les hauteurs de la
ville, une curieuse villa octogonale du XVIIIe s., baptisée Zizzola, est
devenue le symbole de Bra.

Slow Food
Le mouvement Slow Food a été fondé par Carlo Petrini en 1986 à
Bra, à la suite de l’ouverture d’un restaurant McDonald’s sur la
Piazza di Spagna, à Rome, et de la mort par empoisonnement d’une
vingtaine de personnes après avoir bu du vin de piètre qualité
mélangé à du méthanol.

Aujourd’hui, le mouvement s’est enrichi de dizaines de milliers de


membres en Italie et à l’étranger. Slow Food soutient un modèle
d’agriculture durable, défend la biodiversité et protège des produits
locaux (miel de haute montagne, notamment dans le Val d’Aoste et
le Piémont, d’anciennes variétés de pommes du Piémont, etc.) et des
plats traditionnels qui pourraient être menacés par la rationalisation
et la mondialisation.

« Nourrir la planète » a d’ailleurs été le thème de l’Expo 2015, qui


s’est tenue à Milan.

Le mouvement Slow Food a son université, l’Università degli Studi


di Scienze Gastronomiche, établie à Pollenzo, à côté de Bra.

Les lacs
Le Piémont compte deux très beaux lacs, le minuscule lac d’Orta, et un des
plus grands d’Italie, le lac Majeur, qu’il partage avec le canton suisse du
Tessin et la province de Lombardie.
On ne dira jamais assez la beauté et le calme de la petite ville d’Orta San
Giulio , située en bordure du lac d’Orta. Son charmant centre
historique, composé de palais de styles baroque et Renaissance, a été
jalousement préservé. Sur la place centrale se trouve un petit bijou décoré
de fresques qu’on ne se lasse pas de photographier, le Palazzo della
Communità della Riviera , aussi appelé Palazzotto, construit en 1582.
Sur l’Isola San Giulio, en face, s’élève une basilique romane fondée par
saint Jules au VIe s. L’île a eu un rôle défensif au Moyen Âge.

Isole Borromee.
© iStockphoto.com/Max Labeille

Le lac Majeur (voir aussi Cliquez ici) est connu pour ses belles villas
riveraines et ses stations de villégiature, comme la chic Stresa , d’où
partent les excursions vers les Isole Borromee . Les îles Borromées
sont cinq, on ne peut en visiter que trois et une seule d’entre elles est
habitée toute l’année.

Isola Bella.
© Shutterstock.com/LaMiaFotografia

L’Isola Bella tient son nom de l’une des anciennes maîtresses des
lieux, Isabella d’Adda, épouse de Charles III Borromée. Construit à partir
de la première partie du XVIIe s., le Palazzo Borromeo est une véritable
splendeur baroque, richement décorée et bordée de jardins en terrasses. Les
visiteurs restent bouche bée devant tant de faste : les immenses salons sont
décorés de toiles de maîtres, de meubles précieux, de tapisseries flamandes,
de verre de Murano, de marbres et de sculptures antiques. Napoléon y a
séjourné en 1797. Mussolini y a accueilli la conférence de Stresa en avril
1935; y participaient notamment le premier ministre britannique Ramsay
MacDonald et Pierre Laval, alors ministre des Affaires étrangères français.
L’Isola Madre constitue un immense jardin enchanteur planté
d’espèces rares et peuplé de faisans, de perroquets et de paons qui circulent
en liberté. Son nom rendrait hommage à la mère du comte Renato
Borromeo.
L’Isola dei Pescatori , seule île de l’archipel habitée toute l’année,
renferme un village de pêcheurs très pittoresque avec ses ruelles bordées de
maisons traditionnelles, dont plusieurs ont été reconverties en restaurants.
C’est la halte où les hordes de touristes venus visiter les îles font
quotidiennement leur pause déjeuner.
Propriété privée, l’Isola San Giovanni compte également son château
Borromée, qui a été un temps la résidence du musicien Toscanini.
Finalement, le Scoglio della Malghera (rocher de Malghera) n’est
accessible qu’aux bateaux privés.

Gastronomie piémontaise
La variété des paysages du Piémont se traduit par un grand éventail
de produits et de plats.

Dans les restaurants, on propose toujours des grissini, ces petits


pains minces et croustillants d’origine piémontaise. Servis avec
l’apéritif ou remplaçant le pain, ils sont cuisinés à base de farine,
d’eau d’huile et de sel, mais le goût et la forme de ces longs
bâtonnets varient d’un endroit à l’autre. La légende veut qu’ils aient
été inventés pour Vittorio Amedeo II de Savoie au XVIIe s. Quand il
était bébé, son estomac délicat l’empêchait d’avaler quoi que ce
soit. Un boulanger aurait eu l’idée de lui concocter ce pain dur avec
lequel il pouvait jouer, avant de le dévorer avec plaisir…

On mange évidemment des pâtes ici. Des agnolotti, sorte de


raviolis, mais aussi, dans les Langhe, des tajarin, ces pâtes
mythiques fabriquées avec 40 jaunes d’œufs par kilo de farine.
Autrement, on déguste volontiers le vitello tonnato et la saucisse de
Bra, bien sûr, et on ne boude surtout pas la truffe blanche en
automne.

Par ailleurs, la motsetta et le génépi qu’on retrouve dans le Val


d’Aoste sont également dégustés dans le Piémont.
Milan, la Lombardie et les lacs
italiens
Au cœur de la grande vallée du Pô, la Lombardie s’impose comme
une des plus grandes régions d’Italie. Située tout au nord du pays,
elle est voisine de la Suisse. Elle tient son nom des Longobards, un
peuple germanique qui a conquis au VIe s. un territoire beaucoup
plus vaste qui comprenait presque tout le nord de l’Italie et dont
Pavie était la capitale. La Longobardie s’est ensuite rétrécie et son
nom s’est contracté pour devenir la Lombardie (et ses habitants
sont devenus les Lombards). Le roi franc Charlemagne conquit
Pavie et mit fin au règne des Lombards sur cette région en 774.

À partir du XIIIe s., les Visconti dominent le duché de Milan, et les


Sforza, notamment Ludovic le More, contribuent également à lui
donner du panache. Espagnole, française puis autrichienne au cours
des siècles suivants, la Lombardie a traversé toutes les dominations
en tirant son épingle du jeu. Elle est finalement annexée à l’Italie
en 1859 après l’entrée triomphale de Napoléon III et de Victor-
Emmanuel à Milan.

Pays de plaines fertiles, de montagnes et de vallons, la Lombardie


est baignée par des dizaines de rivières et de lacs. Très riche,
l’économie de la région est extrêmement diversifiée. L’agriculture
et l’élevage (céréales, fruits, légumes et bovins, entre autres),
l’industrie (agroalimentaire, pharmaceutique, électronique) et la
finance et les banques sont les principales activités économiques de
la région. Près de la moitié des entreprises lombardes sont
concentrées à Milan, cœur industrieux de l’Italie et destination
élégante, chic et gourmande.

Milan
Deuxième ville d’Italie après Rome avec ses quelque 1,3 million
d’habitants, Milan (Milano) aurait été fondée par les Gaulois avant d’être
conquise par les Romains en 222 av. J.-C. et de se développer sous le nom
de Mediolanum, qui signifierait « centre de la région ».
La ville connaît son âge d’or sous les Visconti et les Sforza entre les XIIIe et
XVIe s. Bramante et Léonard de Vinci y viennent travailler, et saint Charles
Borromée met en branle un train de réformes. Passée d’une domination à
l’autre (française, espagnole puis autrichienne) avant de rejoindre le
royaume d’Italie en 1859, elle est maintenant résolument italienne dans sa
manière d’être et son art de vivre.
Milan a récemment attiré l’attention du monde entier lors de l’Exposition
universelle de 2015, accueillant plus de 20 millions de visiteurs. Tenue sur
le thème « Nourrir la planète, énergie pour la vie », l’exposition a donné
une belle visibilité à la gastronomie régionale.
Certains des trésors artistiques de la capitale lombarde sont plus évidents
que d’autres, comme le Duomo, la Scala et la Galleria Vittorio Emanuele II
qui les relie. Il y en a d’autres qu’il faut mériter : c’est le cas notamment de
la Basilica di Sant’Ambrogio, de La Cène de Léonard de Vinci, de la Pietà
Rondanini de Michel-Ange et de quelques maisons-musées.

Architecture milanaise moderne


Hôte de spectaculaires monuments anciens, Milan est pourtant
résolument tournée vers l’avenir, à preuve les deux tours
d’habitation voisines qui constituent l’ambitieux Bosco Verticale
(Forêt verticale), l’un des plus beaux complexes architecturaux du
monde. Construits dans le quartier de Garibaldi-Repubblica par
Stefano Boeri, les deux immeubles de 18 et 26 étages sont plantés
de près de 900 arbres et de milliers d’arbustes, l’équivalent d’un
hectare de forêt.
Bosco Verticale.
© iStockphoto.com/Federico Rostagno

Parmi les autres impressionnantes réalisations modernes, notons la


Torre Isozaki, un bâtiment étroit et haut de 209 m conçu par Arata
Isozaki, et la Torre UniCredit de César Pelli, plus haut édifice
d’Italie avec ses 231 m.

La plus récente addition au paysage architectural de Milan,


inaugurée à la fin de 2017, est le complexe CityLife , qui
comprend des bureaux, des appartements et un centre commercial,
le tout sur 366 000 m2. Signé Zaha Hadid, Daniel Libeskind et Arata
Isozaki, le complexe se trouve en périphérie de la ville sur l’ancien
site des halls d’exposition de Fiera Milano, déménagés en 2005.

Entre les flamboyants symboles du passé milanais et ces


constructions futuristes, il y a d’autres agréables découvertes à faire.
Sur l’itinéraire des maisons-musées milanaises, on trouve la Villa
Necchi Campiglio , un des chefs-d’œuvre de l’architecte Piero
Portaluppi (1888-1967), qui fut pendant une cinquantaine d’années
l’architecte de la grande bourgeoisie milanaise. Lors de sa
construction entre 1932 et 1935, l’architecte a eu carte blanche et
disposa d’un budget illimité. Les sœurs Nedda et Gigina Necchi,
héritières de la fortune engendrée par les machines à coudre Necchi,
et Angelo Campiglio, l’époux de Gigina, gynécologue non
pratiquant ayant plutôt opté pour les affaires, jouissaient de revenus
suffisants pour se payer cette petite excentricité lovée dans un écrin
de verdure qui accueillait la première piscine chauffée de Milan. Si
la maison reflète bien le style de l’architecte, son œuvre épurée a été
un peu dénaturée par les Necchi-Campiglio, qui ont finalement eu
envie d’un peu plus d’ostentation, question d’impressionner les têtes
couronnées qu’ils recevaient chez eux.
Autre curiosité, la Ca’ Brütta (« maison laide »), baptisée ainsi
parce que mal reçue à l’époque. Bâtie après la Première Guerre
mondiale par Giovanni Muzio, un des architectes du mouvement
Novecento, à qui l’on doit également la basilique de l’Annonciation
à Nazareth et le Palazzo dell’Arte à Milan, elle a bien traversé le
temps.

Le Duomo et ses environs


D’abord, il y a le Duomo , un incroyable exemple du gothique
flamboyant. La construction de cette incontournable splendeur a commencé
en 1386 sous le règne des Visconti, puis s’est poursuivie au cours des
siècles suivants, alors que ses derniers détails seront finalisés en 1965. On
doit sa façade de marbre gris rosé à Giuseppe Zanoia et Carlo Amati qui
l’achevèrent entre 1805 et 1813 à la demande de Napoléon. Cette cathédrale
est la troisième d’Europe par sa taille, après Saint-Pierre de Rome et celle
de Séville. Pour jouir d’une vue imprenable sur la cathédrale, il faut
s’installer sur la terrasse du grand magasin Rinascente, situé tout à côté.
Duomo.
© iStockphoto.com/ventdusud

Œuvre maîtresse de l’architecte Giuseppe Piermarini, le Teatro alla Scala


, érigé sur le site de l’ancien théâtre ducal à la demande de Marie-
Thérèse d’Autriche, est inauguré le 3 août 1778. Son nom vient de l’église
Santa Maria alla Scala. On y a présenté les premières de quelques-unes des
œuvres les plus célèbres du XIXe s., dont Norma de Bellini et Otello de
Verdi. Lourdement endommagé par un bombardement en 1943, il est
inauguré une seconde fois en 1946 par un concert dirigé par Toscanini.
Maria Callas, Luciano Pavarotti, Placido Domingo, Balanchine, Noureev et
Renata Tebaldi y ont tenu l’affiche. Depuis 1951, la saison s’ouvre le
7 décembre, jour de la Sant’Ambrogio, patron de Milan.

Navigli
Les navigli sont un réseau de canaux creusés à partir de la fin
du XIIe s. pour relier Milan au Pô, au Ticino et aux lacs Majeur et
de Côme. Le Duomo a été construit avec du marbre acheminé par
ces canaux. Aujourd’hui bordés de bars et de restaurants, les canaux
et le quartier où ils se trouvent sont un haut lieu de la vie nocturne
milanaise.

Naviglio Grande.
© iStockphoto.com/titoslack

Construite dans l’esprit des prestigieuses galeries marchandes européennes


comme les Galeries royales Saint-Hubert à Bruxelles, la magnifique
Galleria Vittorio Emanuele II relie deux emblèmes de Milan, la Scala
et le Duomo. Sa construction s’est étirée de 1867 à 1878. Son architecte
Giuseppe Mengoni a imaginé un plan cruciforme avec un vaste espace
octogonal au milieu qui lui a valu le surnom de « salon de Milan ». Bordée
de boutiques de luxe, de restaurants et de cafés, elle a été endommagée par
le bombardement de 1943, reconstruite après la guerre et récemment
restaurée. Elle est chaque jour traversée par une foule élégante, des
banquiers pressés aux touristes émerveillés. Les mosaïques de son
pavement attirent l’attention; y sont notamment reproduites les armoiries de
la Maison royale de Savoie, celles des quatre villes qui ont été les capitales
du royaume d’Italie, les 12 signes du zodiaque et les quatre continents. On
dit que piétiner du talon les attributs du taureau qui représente Turin,
historique rivale de Milan, après avoir tourné sur soi-même, permet de
réaliser un vœu ou de revenir à Milan, c’est selon…

Galleria Vittorio Emanuele II.


© iStockphoto.com/scaliger

Les environs du Duomo sont d’une très grande richesse culturelle. Le


Palazzo Reale (Palais royal), siège du gouvernement de la ville au Moyen
Âge avant d’accueillir le faste de la cour autrichienne sous l’occupation,
puis Napoléon et la famille de Savoie, présente aujourd’hui des expositions
temporaires d’art tant ancien que contemporain. Son voisin, le Museo del
Novecento (Musée du XXe siècle), loge dans le Palazzo
dell’Arengario, un palais des années 1930 revu par les architectes Italo
Rotta et Fabio Fornasari. Inauguré en 2010, le musée propose un tour
complet de l’art italien du XXe s.

La mode à Milan
Capitale de la mode italienne et internationale, Milan offre une mine
de possibilités aux fashionistas. Pendant les deux semaines de la
mode, l’une au printemps, l’autre à l’automne, le monde a les yeux
tournés vers les passerelles milanaises. Autrement, les plus jolies
vitrines peuvent être admirées dans les rues du Quadrilatero della
Moda : Via Montenapoleone, Via Manzoni, Via Sant’Andrea et Via
della Spiga. On trouve également de belles enseignes dans le cadre
magnifique de la Galleria Vittorio Emanuele II.

Autour du château des Sforza


Le Castello Sforzesco (château des Sforza), une impressionnante
forteresse bâtie au XVe s. qui a servi de résidence à la famille des ducs de
Milan, abrite maintenant plusieurs musées dont une pinacothèque, un musée
des meubles et sculptures de bois, une collection d’arts appliqués, un musée
des instruments de musique, un musée de la préhistoire, un musée égyptien
et un musée d’art antique où on peut notamment admirer la Pietà
Rondanini, une émouvante œuvre inachevée de Michel-Ange.

Manger alla milanese


On ne compte plus les plats typiquement milanais. Ces mets sont
liés à l’histoire, à la géographie et au climat de la ville. Dans cette
région du Nord, on ne ménage pas la viande, le beurre, le fromage et
la crème. Il faut bien se réchauffer pendant l’hiver!

Le risotto alla milanese est un des plats les plus emblématiques de la


ville. Il doit sa belle couleur jaune aux filaments de safran qu’on y
ajoute. Le safran serait originaire de Grèce, d’où il aurait voyagé au
Moyen-Orient. Le goût de la cuisine colorée viendrait des Arabes;
on dit que les plats étaient souvent colorés au jaune d’œuf, ce qui
témoignait d’une certaine richesse. Introduite par les Arabes en
Sicile, la culture du riz s’est implantée près de Naples, et s’est bien
acclimatée à la plaine du Pô, qui est devenue un des plus importants
producteurs de riz d’Europe. Jusqu’au XVIIe s., on se contentait de
cuire le riz dans l’eau bouillante. On a ensuite commencé à le faire
cuire lentement avec de la moelle de bœuf, du beurre, de l’oignon,
du safran, de la muscade et du fromage râpé. Une légende veut que
ce soit un juif venu de Sicile qui aurait inventé le risotto par erreur,
en ne trouvant pas de quoi farcir l’arancino qu’il se préparait à
confectionner… Une autre légende veut qu’on retrouve dans le
Duomo de Milan des vitraux dans lesquels on aurait utilisé du safran
pour obtenir un pigment jaune parfait.

Autrichienne ou italienne, la cotoletta alla milanese? Parente de la


Wiener Schnitzel, aurait-elle été rapportée de Milan à Vienne ou de
Vienne à Milan, qui a été occupée par l’Autriche de 1706 à 1796?
Les Milanais en revendiquent bien évidemment la paternité, et
tiennent mordicus au fait qu’une première mention du plat
remonterait au XIIe s. Elle met d’ailleurs en vedette deux
ingrédients certifiés locaux, le veau et le beurre.

L’origine de l’osso buco, un morceau de veau avec l’os, braisé avec


de la tomate, de l’oignon et du vin, n’est pour sa part pas contestée.
Risotto alla milanese et osso buco.
© iStockphoto.com/valeriopardi

On trouve également au menu à Milan la polenta, la cassoeula (un


plat costaud à base de porc et de chou), le vitello tonnato (tranches
de veau servies avec une sauce à base de mayonnaise, thon, huile
d’olive et citron), les cannoncini (gâteaux à la crème) et le panettone
(brioche aux raisins secs, fruits confits et zeste d’agrumes).

Fondée à la fin du XVIIIe s., la Pinacoteca di Brera possède


notamment une collection de peintures vénitiennes du XIVe au XVIe s.
qu’on dit la plus importante hors de Venise. Véronèse, Piero della Francesca
et Raphaël y sont notamment représentés.
Pinacoteca di Brera.
© iStockphoto.com/Manakin

C’est dans le cenacolo (réfectoire) du couvent de la Chiesa di Santa Maria


delle Grazie , érigée par les Dominicains à la fin du XVe s., que l’on
peut admirer la célèbre Cène peinte par Léonard de Vinci à la toute fin du
XVe s. sur une commande de Leonardo Sforza, duc de Milan. La peinture,
qui a beaucoup souffert au fil des ans, a été restaurée pour la dernière fois
entre 1978 et 1999. Remise à la mode par le succès du roman et du film
Da Vinci Code, la peinture illustre le moment ou le Christ apprend aux
apôtres que l’un d’eux le trahira. L’église est inscrite sur la Liste du
patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1980.
Basilica di Sant’Ambrogio.
© Shutterstock.com/marcociannarel

La Basilica di Sant’Ambrogio a été construite au IVe s. par saint


Ambroise, qui fut nommé évêque de Milan avant même d’avoir été baptisé.
Même si elle a été modifiée au fil des ans, elle ne renie pas son style
résolument roman. Ses deux campaniles datent des IXe et XIIe s. Le corps
de saint Ambroise, patron de Milan, repose dans la crypte.
De style Renaissance, la Chiesa di San Maurizio al Monastero Maggiore
abrite de superbes fresques de Bernardino Luini relatant la vie de sainte
Catherine. Récemment restaurée, l’église mérite bien son surnom de «
chapelle Sixtine milanaise ».
Fresque à l’intérieur de la Chiesa di San Maurizio al Monastero Maggiore.
© Dreamstime.com/Maria Czepulonis

Pavie
Le Naviglio Pavese, un canal artificiel qui naît au cœur de Milan à partir du
Naviglio Grande, mène à Pavie (Pavia), ville d’art et d’histoire, dotée d’un
riche patrimoine architectural et artistique. Pavie, baptisée Ticinum à
l’époque romaine, a été longtemps le centre du commerce entre la plaine du
Pô et les grands fleuves, ce qui a fait d’elle un des centres névralgiques de
l’Italie septentrionale.
Érigé en 1488, le Duomo est un chef-d’œuvre de la Renaissance
lombarde. Léonard de Vinci et Bramante auraient contribué à l’élaboration
des plans de cette cathédrale en forme de croix grecque surmontée d’une
coupole hexagonale, une des plus volumineuses d’Italie. D’autres églises
retiennent l’attention : la Basilica di San Pietro in Ciel d’Oro et sa
remarquable façade, la Chiesa di San Teodoro , église romane du XIIe s.,
et la Basilica di San Michele Maggiore , chef-d’œuvre du style roman
lombard.
Le Castello Visconteo , une ancienne forteresse carrée bâtie au XIVe s.,
abrite maintenant les musées civiques, la pinacothèque et un musée
archéologique particulièrement riche.
Ponte Coperto, Pavie.
© iStockphoto.com/bdsklo

L’historique Ponte Coperto (pont couvert) qui datait du XIVe s. a été


détruit pendant la Seconde Guerre mondiale et reconstruit entre 1949 et
1951 comme il était. Il mène à Borgo Ticino, un quartier de pêcheurs où se
dresse la Chiesa di Santa Maria in Betlem, église romane érigée au XIIe s.
Située à quelques kilomètres au nord de Pavie sur les bords de la rivière
Ticino (Tessin), la Certosa di Pavia (chartreuse de Pavie) est l’un
des plus importants monastères d’Italie. Sa construction a été entreprise en
1396 par Jean Galéas Visconti, seigneur de Milan, et s’est échelonnée sur
plus de 100 ans. L’église est en brique, mais sa spectaculaire façade,
richement décorée, est en marbre. Les deux cloîtres sont magnifiques.

Crémone
Le monument le plus emblématique de Crémone (Cremona) est le
Torrazzo (112 m), le plus haut campanile d’Italie. Construit en quatre
étapes entre 1230 et 1309, il figure parmi les plus hautes tours de brique au
monde. Nous ne sommes pas au bout de nos superlatifs. Le Torrazzo
renferme la plus grande horloge astronomique au monde, installée au
XVIe s. Pour jouir de l’extraordinaire vue qu’offre le sommet du campanile,
il faut grimper près de 500 marches. Une galerie Renaissance relie le
Torrazzo au Duomo , construit entre 1107 et 1332 et considéré comme
un des beaux exemples de transition entre le roman et le gothique en Italie
du Nord.
Au Museo Civico Ala Ponzone , logé dans un palais du XVIe s., on peut
notamment admirer un Caravaggio (Saint François en méditation) et un
Arcimboldo (L’Ortolano).

Crémone, la ville des violons


Antonio Giacomo Stradivari, dit Stradivarius, a vécu ici, dans cette
petite ville de la rive gauche du Pô, où il est né en 1644 et mort en
1737. On dit qu’il aurait fréquenté l’école de luthiers fondée au
XVIe s. par Andrea Amati, à qui on attribue l’invention du violon.
Stradivarius aurait alors été l’élève de Niccolò Amati, petit-fils
d’Andrea et véritable maître de la famille. Stradivarius aurait
fabriqué plus de 1 000 violons et on peut aujourd’hui en retracer
environ 600 en parfait état qui rendent toujours ce son magique. Ces
violons signés Stradivarius peuvent valoir plusieurs millions
d’euros.
Luthier au travail.
© iStockphoto.com/zodebala

Et la tradition se poursuit. Il reste encore à Crémone quelque


70 ateliers où travaillent environ 140 luthiers. La ville accueille
également un Museo del Violino , où les visiteurs pourront
apprendre tout ce qu’il y a à savoir sur la fabrication de
l’instrument. Certains violons qui y sont exposés ont plus de
400 ans.

Brescia
Brescia renferme deux cathédrales : l’ancienne, le Duomo Vecchio (fin
e
XI s.), et la nouvelle, le Duomo Nuovo (commencé en 1604 et terminé
en 1825). Ces deux beautés à l’architecture très différente illustrent bien la
richesse du patrimoine de Brescia, ancienne ville romaine et duché
lombard, avant de tomber sous la coupe de Venise de 1426 à 1797.
Le complexe monumental de San Salvatore-Santa Giulia et la zone
archéologique monumentale de Brescia ont été inscrits sur la Liste du
patrimoine mondial de l’UNESCO en 2011 avec le site en série « Les
Lombards en Italie. Lieux de pouvoir (568-774) ».
Le Complesso Monumentale di San Salvatore-Santa Giulia
comprend le couvent des femmes construit pour le duc de Brescia
Desiderius et sa femme Ansa en 753, l’église San Salvatore, important
exemple de l’architecture religieuse au Moyen Âge, l’église romane de
Santa Maria in Solario et l’église Renaissance de Santa Giulia, achevée en
1499. Aujourd’hui l’ensemble loge le Museo della Città , où sont
exposés les témoignages les plus importants de la longue histoire de
Brescia.
Le Castello di Brescia , une des forteresses les mieux conservées
d’Italie, a été construit par les Visconti en 1343. On y trouve maintenant
une collection d’armes et d’armures.

Castello di Brescia.
© Dreamstime.com/Artem Bolshakov
Brescia est agréable à découvrir à pied. par exemple en flânant sur ses
charmantes places. Aménagée au Moyen Âge, la Piazza del Mercato
accueillait alors le marché des draps et du lin. La plupart des maisons et
ateliers qui l’entourent datent de la fin du XVe s., mais elle est dominée par
le Palazzo Martinengo Palatini, élégant palais érigé en 1675 et siège
actuel du rectorat de l’Université de Brescia. Joyau Renaissance, la Piazza
della Loggia constitue l’ensemble monumental le plus harmonieux de la
ville, avec le Palazzo della Loggia, les palais des Monti di Pietà, la Torre
dell’Orologio et les Portici (Portiques). Plus moderne, la Piazza della
Vittoria, inaugurée en 1932, occupe l’emplacement d’un ancien quartier
médiéval démoli à l’époque fasciste.

Bergame
Ville au riche passé partagée entre une ancienne ville fortifiée située en
hauteur (Città Alta) et une ville basse plus moderne (Città Bassa) qui
constitue son centre économique et administratif, Bergame (Bergamo) a
d’abord été ligure, gauloise, romaine puis lombarde, avant de passer tour à
tour sous l’emprise de la République de Venise puis de l’Autriche et d’être
finalement libérée par Garibaldi et devenir italienne.
Città Alta, Bergame.
© iStockphoto.com/sedmak

Entourée de murailles qui courent sur plus de 5 km, et dont la construction a


commencé en 1561 à l’époque vénitienne, Bergame est une des rares villes
italiennes dont les remparts sont demeurés intacts. Ils protègent la vieille
ville et ses trésors, dont le Palazzo della Ragione (palais de la Raison).
Construit à la fin du XIIe s., c’est un des plus anciens palais d’Italie. Son
beffroi est doté d’une horloge du XVe s. La Basilica di Santa Maria
Maggiore a été érigée sur le lieu où s’élevait un temple païen à
l’époque romaine, pour remercier la Madone d’avoir protégé les
Bergamasques de la peste. Elle renferme le tombeau du célèbre compositeur
Donizetti, né et mort à Bergame. La splendide façade de la Cappella
Colleoni , chapelle décorée de marbre rouge et blanc, est un chef-
d’œuvre de la Renaissance italienne.
Le vieux quartier de la ville basse a également son charme avec les palais et
les églises qui bordent la Via Pignolo .
Les lacs
La Lombardie partage le lac Majeur, le plus long des lacs italiens, avec le
Piémont et la Suisse, et le lac de Garde, le plus grand, avec la Vénétie et le
Trentin-Haut-Adige. Le lac de Côme, le plus profond, est tout entier
lombard.
Fréquentés par les amateurs de sports nautiques et de plein air, ces lacs
paradisiaques s’ouvrent sur des paysages époustouflants et une végétation
luxuriante, variée et colorée. Bordés de splendides villas et d’églises
anciennes veillant sur des villages historiques, dominés par des châteaux et
des monastères, ils recèlent de grandes richesses culturelles.

Le lac Majeur
La petite ville d’Angera , située sur le côté lombard du lac Majeur
(Lago Maggiore), est dominée par une superbe forteresse, la Rocca
Borromeo , qui date du XIe s. La forteresse abrite l’impressionnant
Museo della Bambola e del Giocattolo , un musée de la poupée bâti
autour de la collection d’une princesse Borromeo.
De l’Eremo di Santa Caterina del Sasso , ermitage dont la chapelle date
du XIIe s., on jouit d’une vue spectaculaire sur le lac Majeur. Un peu à
l’écart du lac, sur lequel on trouve par ailleurs de très attrayantes plages
sauvages, le petit village d’Arcumeggia , qui revendique le titre de
première galerie de fresques en plein air d’Italie, mérite le détour.
Le lac Majeur s’étire vers le sud jusqu’à la région du Piémont (voir Cliquez
ici).

Côme et le lac de Côme


Le lac de Côme (Lago di Como) prend la forme d’un Y inversé, et la ville
de Côme est située tout en bas de son bras occidental. Cette ancienne ville
fortifiée, dont les remparts du XIIe s. ont en partie résisté au temps,
comprend un charmant centre historique piétonnier où il fait bon flâner dans
les ruelles médiévales ou sur les jolies places comme la Piazza di San
Fedele, admirer les murs ornés de trompe-l’œil ou prendre un café sur une
terrasse ouverte sur le lac.

Lac de Côme.
© Dreamstime.com/Marco Saracco

La construction du Duomo , chef-d’œuvre de la Renaissance lombarde,


a duré près de quatre siècles (1396 à 1770). L’ensemble mélange les styles
gothique et Renaissance, et le résultat est éblouissant.
Le textile a fait la réputation et la richesse de Côme, qui loge un musée de
la soie, le Museo Didattico della Seta. Un musée scientifique, le Tempio
Voltiano , est consacré à Alessandro Volta, l’illustre citoyen de Côme qui
a inventé la pile électrique.
De Côme partent des bateaux qui sillonnent le lac et permettent d’admirer
la nature et les belles constructions du point de vue de l’eau. De la Piazza
de Gasperi, on peut également prendre un téléphérique jusqu’à Brunate ,
surnommée le « balcon sur les Alpes » pour la vue qu’on y a sur les
montagnes par temps clair. De là, un sentier de randonnée d’une
quarantaine de kilomètres mène au village de Bellagio (voir plus loin).
Les rives du lac se sont peuplées de riches villas dès le XVIe s., au moment
où la noblesse lombarde a commencé à y venir en villégiature. On en trouve
un bel exemple à Cernobbio : la Villa d’Este, depuis transformée en
hôtel de luxe, où Hitchcock a tourné son premier film The Pleasure Garden
(Le Jardin du plaisir) en 1925.
À Tremezzo, il est possible de visiter la Villa Carlotta , construite en
1745, qui porte le nom de Charlotte de Prusse. Elle est connue pour ses
jardins en terrasses et son musée qui renferme des œuvres d’Antonio
Canova, Bertel Thorvaldsen et Francesco Hayez.
De la charmante commune de Sala Comacina , on peut prendre le bac qui
mène à la seule île du lac, l’Isola Comacina , où trônait autrefois une
forteresse, qui fut détruite par les troupes de Frédéric Barberousse en 1169.
Un impressionnant spectacle pyrotechnique a lieu tous les ans à la Saint-
Jean pour commémorer la destruction de la forteresse.
Jolie halte en bordure du lac, Menaggio dispose de charmantes terrasses
avec vue. De l’autre côté du lac, Bellagio , célébré notamment par
Stendhal et Flaubert, en mène large et haut avec ses ruelles bordées de
boutiques de luxe ou de souvenirs qui grimpent à flanc de colline.

Les vins de Lombardie


Moins connue que les régions vinicoles du Piémont ou de la
Toscane, la Lombardie produit chaque année quelque 1,3 million
d’hectolitres de vin. Le paysage viticole lombard se compose de
trois régions distinctes. D’abord, Valtellina au nord, avec ses
vignobles en terrasses qui donnent au Nebbiolo un goût différent de
celui du Piémont, et sa tradition vinicole qui date de l’époque des
Étrusques. S’y distinguent le Valtellina Superiore et le Sforzato di
Valtellina. L’appellation de ce dernier, vinifié à partir de raisins
séchés, date de 2003. L’Oltrepò Pavese, au sud près de Pavie,
produit des rouges légers et des blancs effervescents, alors qu’on
trouve au centre, entre Bergame et le lac de Garde, la majorité des
22 DOC (appellation d’origine contrôlée) et des 5 DOCG
(appellation d’origine contrôlée et garantie).

La grande vedette des vins lombards est le Franciacorta, élaboré


dans la province de Brescia, qu’on compare de plus en plus au
champagne. La région produit des mousseux depuis le XVIe s., mais
l’enthousiasme pour le Franciacorta est né dans les années 1950 et
prit son essor à partir des années 1970. À base de chardonnay et de
pinot noir auquel on peut ajouter jusqu’à 50% de pinot blanc et 10%
d’erbamat, le Franciacorta connaît une seconde fermentation en
bouteille et un vieillissement de 18 mois. La route touristique du
Franciacorta traverse le vignoble situé au sud-est du lac entre les
rivières Mella et Oglio.

Le lac d’Iseo
Plus petit, plus secret, le Lago d’Iseo est situé entre Bergame et Brescia et
entre les lacs de Côme et de Garde. Dans sa portion sud, Iseo est un
village sympathique et sans prétention où il fait bon s’attabler à l’heure de
l’apéro pour voir le soleil descendre les montagnes. De là comme de
Sarnico, agréable avec ses ruelles médiévales, et Lovere, on peut prendre
le bac pour se rendre à Monte Isola , la plus grande île lacustre habitée
d’Europe.

Le lac de Garde
Grâce à son climat doux à l’ombre des Alpes, le lac de Garde (Lago di
Garda) est entouré d’une végétation unique. Ses rives sont plantées de
palmiers, lauriers, vignes et oliviers et parsemées de sites préhistoriques,
ruines romaines, châteaux, forteresses, églises, palais et jardins.
Vue depuis la tour de la Rocca Scaligera, Sirmione.
© Dreamstime.com/Wieslaw Jarek

Sur une étroite péninsule qui s’avance dans le lac, Sirmione s’impose
comme un incontournable petit bijou. On surnomme d’ailleurs cette
commune la « perle du lac de Garde ». L’endroit est un très ancien lieu de
villégiature. La famille du poète romain Catulle y possédait une villa au
Ier s. av. J.-C. La beauté du lac a été chantée notamment par Dante, Goethe
et Lord Byron, et Maria Callas y a vécu.
La Rocca Scaligera , érigée à la fin du XIIIe s., est considérée comme
une des forteresses les mieux conservées d’Italie. Elle souligne
l’importance stratégique de Sirmione dans le passé. Après avoir gravi les
46 marches de sa tour, on est récompensé par une vue magnifique sur la
ville et le lac. La forteresse constitue le seul point d’accès à la petite ville
presque entièrement piétonne de Sirmione.
Ce qu’on appelle les Grotte di Catullo (grottes de Catulle) est en fait un
site archéologique où on peut voir les ruines d’une ancienne villa romaine.
On trouve sur place une église ancienne, Santa Maria Maggiore, des
thermes aux vertus thérapeutiques et des plages, dont celle de Giamaica,
une des plus agréables du lac. Il fait bon s’y promener en s’arrêtant pour
manger une glace sur une des terrasses aménagées sur de jolies places en
bordure du lac.
De Sirmione, on peut gagner Gargnano en bateau. La petite ville ouverte
sur le lac se niche dans un écrin de cyprès, de citronniers et d’oliviers. La
Chiesa di San Giacomo a été érigée ici au XIIe s. et le palais qui sert
d’hôtel de ville date, quant à lui, de la fin du XVIe s.
Venise
Cité improbable construite en pleine mer sur des millions de pilotis,
Venise (Venezia) constitue un lieu unique, comme hors du
temps et du monde réel, qui répond à ses propres codes, à un
vocabulaire qui lui est exclusif. Jadis puissant État souverain, elle
tire aujourd’hui sa force, et ses malheurs diront certains, dans son
extraordinaire pouvoir d’attraction. Chaque année, des millions de
visiteurs envahissent son centre historique, là où ne vivent plus que
quelques dizaines de milliers d’habitants.
Sorte de Disneyland pour les uns, inestimable joyau du patrimoine
mondial pour les autres, Venise demeure une ville à la théâtralité
éblouissante. Son somptueux décor de canaux, de ponts, de
gondoles, de palais et de basiliques soutient le jeu d’acteurs dans
leurs rôles de gondoliers héréditaires, d’amoureux romantiques, de
marchands rusés, de garçons de café bourrus ou de festivaliers
masqués. Pour bien l’apprécier toutefois, il convient de faire plus
que de s’en tenir à ce cadre, aussi splendide soit-il. Il faut aussi
pousser la porte de ses musées, scuole et églises, gardiens de sa
riche histoire artistique, arpenter ses sestieri (quartiers) sans
craindre et même en souhaitant s’y perdre, fréquenter ses marchés
et savourer cicchetti et ombra avec les Vénitiens au comptoir de ses
bàcari. C’est au fond cette Venise-là, plus authentique, qui laisse le
plus de traces et vous habite ensuite pour longtemps, pour toujours.
Titre honorifique que l’on donnait à des princes ou à des membres
de familles royales, le mot « Sérénissime », qui signifie par ailleurs
« très serein », est devenu le surnom de la ville : Venise la
Sérénissime.

Le Grand Canal
Parcourir en vaporetto le Grand Canal permet d’assister à l’un des
spectacles les plus extraordinaires qui soient. Vous voilà au cœur même
d’une scène dont la théâtralité est unique au monde. La balade permet
d’abord de contempler le sublime décor composé d’une improbable
succession d’exubérantes façades de palazzi élevés entre les XIIIe et
XIXe s., qu’il est difficile dans bien des cas d’apprécier autrement tant le
nombre de voies piétonnes bordant le cours d’eau est limité. Puis, le Grand
Canal serpente à travers la ville historique sur près de 4 km en offrant aux
yeux des visiteurs éblouis le ballet incessant des gondoles, traghetti,
barques, bateaux-taxis, vaporetti et autres embarcations qui se croisent à
tout moment sans se heurter dans une chorégraphie qui semble réglée au
quart de tour.
Ponte di Rialto.
© iStockphoto.com/csakisti

Pont emblématique de Venise en pierre d’Istrie, et plus ancien des quatre


seuls à franchir le Grand Canal, le Ponte di Rialto est en fait le sixième
construit ici, dans la partie la plus étroite de la voie navigable. Œuvre
d’Antonio da Ponte (ça ne s’invente pas…), qui remporta un concours
d’architecture auquel participèrent de grosses pointures comme Palladio,
Sansovino et même Michel-Ange, le pont du Rialto fut achevé vers 1590.
Le fait que deux rangées de commerces le couvrent constitue l’une de ses
particularités.
Plus loin se dessine la silhouette caractéristique du Ponte dell’Accademia
. À l’origine, un pont en fer fut construit ici par les Autrichiens en 1854,
le seul à cette époque qui permettait de franchir le Grand Canal à part celui
du Rialto, bâti plusieurs siècles auparavant. Il fut remplacé par un pont en
bois, œuvre d’Eugenio Miozzi en 1932 (restauré en 1985). Depuis le pont,
une vue magnifique s’offre sur le Grand Canal, en particulier en direction
de La Salute (voir plus loin). À son pied, sur la rive droite, s’étendent les
Gallerie dell’Accademia (voir plus loin).
Grand Canal.
© iStockphoto.com/RudyBalasko

Très beau palais jaune et blanc, situé littéralement au pied du pont de


l’Académie, le Palazzo Cavalli Franchetti fut édifié au XVIe s., mais
son aspect néogothique actuel lui a été donné lors de restaurations
effectuées au XIXe s. Il renferme aujourd’hui un centre des congrès et est
utilisé par l’Istituto Veneto di Scienze Lettere ed Arti (Institut vénitien des
sciences, des lettres et des arts) pour la tenue d’expositions temporaires.
Le Palazzo Barbarigo est un palais du XVIe s. dont la façade se
distingue nettement grâce à ses spectaculaires mosaïques de verre réalisées
à la fin du XIXe s. par des artisans de Murano.
Étroite maison datant du XVe s., et petit bijou gothique finement ouvragé, le
Palazzo Contarini Fasan aurait jadis été habité par celle de qui
s’inspira William Shakespeare pour créer le personnage de Desdémone dans
la pièce Othello.
La place Saint-Marc
Personne ne peut résister au charme de la Piazza San Marco (place Saint-
Marc), l’une des plus célèbres places urbaines au monde. Oui, l’endroit est
fréquenté par des masses quasi insoutenables de touristes en certaines
périodes de l’année; oui, les prix pratiqués par les restaurants et boutiques
des environs sont abusifs; oui, les files d’attente pour en découvrir les
monuments peuvent s’étirer indûment, mais l’ouverture de la place vers la
lagune par la Piazzetta San Marco , son prolongement bordé par le
palais des Doges et la bibliothèque Marciana, l’équilibre parfait des divers
bâtiments qui la bordent et qui forment ainsi un ensemble architectural
exceptionnel, et les terrasses de ses cafés historiques animées par des
musiciens font en sorte que la magie opère malgré tout, particulièrement de
bon matin, avant l’arrivée des foules, et à la tombée du jour, féerique.

Piazzetta San Marco.


© iStockphoto.com/DuchesseArt
Lorsque le corps de l’évangéliste saint Marc fut ramené d’Égypte en 828,
on érigea un premier sanctuaire pour abriter les précieuses reliques, mais il
fut assez vite la proie des flammes. Une seconde église, qui est celle que
l’on connaît aujourd’hui, fut élevée en 1094. Ses concepteurs s’inspirèrent
alors fortement de la basilique des Douze-Apôtres de Constantinople,
aujourd’hui Istanbul. L’extérieur de la Basilica di San Marco
(basilique Saint-Marc), avec ses dômes byzantins et ses cinq portails
surmontés d’arcs recouverts de fabuleuses mosaïques, rappelle d’ailleurs les
liens importants entretenus par Venise avec l’Orient à cette époque. À
l’intérieur, vous serez renversé par les innombrables mosaïques à fond d’or
qui recouvrent murs et plafonds sur plus de 4 000 m2.

Basilica di San Marco.


© iStockphoto.com/AleksandarGeorgiev

Le Campanile di San Marco , soit le campanile de la basilique Saint-


Marc, fait 96 m de haut. La tour originale fut construite entre les IXe et
XVIe s. Après son effondrement dramatique et soudain en 1902, il fut
décidé de la reconstituer à l’identique. C’est par une loggia en marbre
richement décorée située à sa base, œuvre de Jacopo Sansovino (milieu du
XVIe s.), qu’on accède aujourd’hui à l’ascenseur qui permet de rejoindre
l’observatoire aménagé dans la salle des cloches. De là-haut, c’est sur le
nord de la ville et, surtout, sur les basiliques San Giorgio Maggiore et Santa
Maria della Salute que la vue se révèle la plus saisissante.
Autre structure emblématique de la ville qui s’élève au nord de la place, la
Torre dell’Orologio (tour de l’Horloge) fut dessinée à la fin du XVe s.
par Mauro Codussi. Outre sa grande horloge, on remarque la représentation
du lion ailé de saint Marc, surmonté de la cloche sur laquelle deux
automates viennent frapper pour marquer l’heure.

Détail de la Torre dell’Orologio.


© iStockphoto.com/mychadre77

On nomme procuratie les bâtiments à arcades qui entourent la place Saint-


Marc, car ils logeaient à l’origine les procurateurs de Saint-Marc,
prestigieux magistrats chargés notamment de l’administration de la
basilique. Ceux qui longent le nord de la place sont les plus anciens (XVIe
s.), ce qui explique qu’on les désigne du nom de Procuratie Vecchie («
vieux » en italien). À l’opposé, les Procuratie Nueve, au sud de la place,
sont les plus récentes (XVIIe s.). À l’ouest, l’Ala Napoleonica (Aile
napoléonienne), construite au début du XIXe s. pour servir de palais royal à
Bonaparte, devenu roi d’Italie, les relie les unes aux autres.
Musée éclectique (arts, histoire, archéologie) nommé en l’honneur de
Teodoro Correr, collectionneur membre d’une riche famille vénitienne dont
le legs permit sa création, le Museo Correr est accessible par l’Aile
napoléonienne et s’étend jusque dans les Procuratie Nueve. La visite débute
dans les salles impériales, accessibles au public depuis 2012 seulement. On
y découvre les appartements tels que réaménagés pour l’impératrice
Élisabeth d’Autriche, mieux connue sous le nom de Sissi, qui y séjourna en
quelques occasions entre 1856 et 1862.

Le carnaval de Venise
Célèbre pour ses costumes et ses masques à la fois élégants et
colorés, le carnaval de Venise débute une dizaine de jours avant le
Mardi gras. Son histoire remonterait aussi loin qu’au XIe s. C’est le
spectaculaire « vol de l’ange », depuis le sommet du Campanile di
San Marco jusque sur la place, qui marque le début des festivités.
Masque vénitien.
© iStockphoto.com/Onfokus

Il faut consacrer au moins deux heures à la découverte du fantastique


Palazzo Ducale (palais des Doges), dont la construction remonte au
XII s., mais qui a été grandement remodelé par la suite jusqu’au XVIe s. À
e

la fois résidence du doge, siège du gouvernement de la République et de


l’appareil judiciaire de l’État jusqu’en 1797, le Palazzo Ducale est constitué
d’appartements et de salles d’assemblée à la décoration fastueuse, œuvre
des plus grands artistes de la Sérénissime.
Détail du Palazzo Ducale.
© iStockphoto.com/wjarek

Prenez d’abord le temps d’apprécier l’aspect extérieur de ce chef-d’œuvre


du gothique vénitien. Flânez ensuite un moment dans la cour intérieure, tout
aussi exceptionnelle. Les salles du palais vous réservent ensuite
d’innombrables coups de cœur. Le clou de la visite est toutefois l’immense
salle du Grand Conseil, dont le mur avant est recouvert de la grandiose
fresque Le Paradis, chef-d’œuvre du Tintoret (1590). La dernière partie de
la visite permet d’explorer les lugubres cachots des Prigioni Nuove
(Nouvelles Prisons), après avoir franchi le fameux pont des Soupirs.
Ponte dei Sospiri.
© iStockphoto.com/anshar73

Célèbre pont en pierre construit au début du XVIIe s., le Ponte dei Sospiri
(pont des Soupirs) est en fait un passage couvert reliant le palais des
Doges et les Nouvelles Prisons. La légende veut que son nom lui vienne des
soupirs de découragement des prisonniers lorsqu’en le traversant pour se
rendre à leurs cellules, ils apercevaient pour la dernière fois la lagune…

La Fenice et San Marco


À l’ouest de la place Saint-Marc s’étend le sestiere San Marco,
probablement le quartier le plus affairé de la ville. Visiteurs et Vénitiens s’y
bousculent le long d’étroites calli et ruelles bordées d’innombrables
restaurants, souvent chers et « attrape-touristes », et commerces en tous
genres, depuis le magasin de souvenirs bon marché jusqu’aux plus grandes
enseignes de la mode. Mais San Marco a aussi à offrir ses nombreux campi
à la fois chics et pleins de vie, son magnifique Gran Teatro La Fenice, ainsi
que quelques joyaux architecturaux, dont certains logent aujourd’hui des
institutions culturelles remarquables.
Une splendeur que ce prestigieux théâtre lyrique qu’est le Gran Teatro La
Fenice, reconstruit à l’identique, ou presque, au début des années 2000
après l’un des incendies qui ont ponctué son histoire dont les origines
remontent au milieu du XVIIIe s. L’opulente salle principale vous séduira
avec ses stucs, ses dorures, ses loges et autres éléments qui en font un
véritable bijou. Accès à la suite, qui fut d’abord impériale lorsque construite
pour Bonaparte, puis à l’époque des Autrichiens, avant de devenir enfin
royale lors de l’intégration de Venise à l’Italie. Visite aussi des salles
secondaires, dont la splendide salle de bal.

Gran Teatro La Fenice.


© Youflavio [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)], from Wikimedia
Commons

Vaste et élégante place, peut-être l’une des plus appréciées de la ville, le


Campo San Stefano s’étend entre le Grand Canal, au pied du Ponte
dell’Accademia, au sud, et l’église qui lui a donné son nom, au nord. Parmi
les beaux édifices qui la bordent, mentionnons le Palazzo Cavalli Franchetti
(voir précédemment), la Chiesa di San Vidal, le Palazzo Pisani (côté est),
qui abrite le conservatoire de musique Benedetto Marcello, et le Palazzo
Loredan (côté ouest), bâtiment vénéto-byzantin, siège de l’Institut vénitien
des sciences, des lettres et des arts.

San Polo et Santa Croce


D’abord résidentiels, les sestieri de San Polo et Santa Croce n’en présentent
pas moins un intérêt certain pour les visiteurs, qui en apprécieront les
agréables campi, les ruelles plus tranquilles et les nombreux bars de quartier
et restos fréquentés par les Vénitiens. À travers tout cela, ces deux quartiers
qui se fondent l’un dans l’autre comptent quelques attraits majeurs, tels les
marchés du Rialto, l’impressionnante Basilica di Santa Maria Gloriosa dei
Frari, l’exceptionnelle Scuola Grande di San Rocco, ainsi que des musées
consacrés à l’histoire naturelle, à l’art moderne et à l’art oriental.

Mercati di Rialto.
© Didier Descouens [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)], from
Wikimedia Commons
Pratiquement toutes les marchandises, dont certaines rapportées d’Orient,
transitaient jadis par les célèbres Mercati di Rialto (marchés du
Rialto), situés à deux pas du non moins célèbre Ponte di Rialto. Ils
présentent aujourd’hui des aspects authentiques (marchés maraîchers et aux
poissons fréquentés par les Vénitiens) et d’autres très touristiques
(boutiques de souvenirs bas de gamme). Il faut y venir dans l’avant-midi
pour profiter de son côté « vie quotidienne », marqué par l’animation des
marchés de denrées alimentaires et les couleurs des étals de fruits et
légumes.
Deux musées cohabitent dans la Ca’ Pesaro , ce splendide palais
e
baroque (XVII s.) de Baldassare Longhena qui donne directement sur le
Grand Canal, l’un consacré à l’art moderne et l’autre à l’art oriental. Ainsi,
aux premier et second étages, une collection d’œuvres réalisées de la fin du
XIXe s. jusqu’à aujourd’hui attend d’abord le visiteur à la Galleria
Internazionale d’Arte Moderna. Plusieurs maîtres y sont représentés :
Auguste Rodin (Les Bourgeois de Calais, Le penseur), Andy Warhol, Roy
Lichtenstein, Claes Oldenburg, Max Stern, Gustav Klimt. Puis, à l’étage
supérieur, une mise en scène élaborée entoure armes blanches, vases,
porcelaines, bijoux et autres objets du Japon, principalement de l’époque
d’Edo (1600-1868), de Chine et d’autres pays asiatiques dans le Museo
d’Arte Orientale. La plus grande partie des collections de ce musée, le
plus important du genre en Italie, est constituée de pièces rapportées d’Asie
à la fin du XIXe s. par le prince Henri de Bourbon-Parme, comte de Bardi.

Les scuole, institutions typiquement


vénitiennes
Les scuole (scuola au singulier) étaient des institutions uniques
qu’on ne retrouvait nulle part ailleurs qu’à Venise. Il s’agissait de
confréries laïques, même si elles étaient nommées en l’honneur d’un
saint protecteur, vouées à des œuvres caritatives souvent à
l’intention des plus démunis mais dont, paradoxalement, les locaux
étaient la plupart du temps somptueux, les meilleurs architectes,
sculpteurs et peintres étant invités à prendre part à leur construction
et à leur décoration.

À partir du début du XVe s., elles furent subdivisées en scuole


grandi (San Rocco, San Marco, San Giovanni Evangelista, Santa
Maria della Carità, San Teodoro et Misericordia) et en scuole
minori. Au total, Venise en comptait alors environ 400. Après avoir
pris possession de Venise, Napoléon Bonaparte abolit les scuole,
sauf quelques rares exceptions, dont celle de San Rocco, toujours en
activité aujourd’hui.

Basilique gothique (XIVe et XVe s.) en brique, posée sur le grand Campo
dei Frairi (frères franciscains), la Basilica di Santa Maria Gloriosa dei
Frari en impose par ses dimensions impressionnantes et son haut
campanile. L’intérieur, tout aussi remarquable, abrite de nombreux
mausolées de doges ou autres acteurs de l’histoire de Venise, ainsi que des
chefs-d’œuvre artistiques exceptionnels. Dès l’entrée, vous remarquerez
ainsi le mausolée du peintre Titien, sur la droite, et celui du sculpteur
Antonio Canova, à l’étonnante forme pyramidale, juste en face.
Basilica di Santa Maria Gloriosa dei Frari.
© Didier Descouens - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?
curid=59561451

Si vous ne deviez visiter qu’une scuola grande, il faudrait que ce soit la


Scuola Grande di San Rocco . Installée dans un remarquable édifice
de Pietro Bon, Sante Lombardo, Antonio Scarpagnino et Giangiacomo dei
Grigi (XVIe s.), elle jouit d’un décor absolument somptueux composé de
pas moins de 65 tableaux du Tintoret, qui était lui-même membre de la
fraternité. Dès le rez-de-chaussée, l’empreinte de l’artiste se fait sentir grâce
à une impressionnante série de peintures sur la vie de la Vierge et du Christ,
alignées de chaque côté d’un vaste hall, la Sala Terrena, décorée entre 1583
et 1587 et dernière réalisation du Tintoret en ces murs. Elle ne constitue
qu’un avant-goût de ce qui vous attend au premier étage, dans la fastueuse
Sala Superiore, dont la décoration fut élaborée entre 1575 et 1581. Plusieurs
autres œuvres du peintre en ornent le plafond et sont délimitées par des
caissons.

Scuola Grande di San Rocco.


© Didier Descouens [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)], de Wikimedia
Commons

L’Accademia et le Dorsoduro
Le sestiere du Dorsoduro possède une double personnalité. Dans sa partie
est, le long du Grand Canal, il est le rendez-vous des amateurs d’art et
d’architecture du monde entier, grâce non seulement à des institutions
culturelles de grande notoriété comme les Gallerie dell’Accademia, bien
sûr, mais aussi à l’ancienne demeure devenue musée de Peggy Guggenheim
et à la Punta della Dogana, transformée en un vaste écrin de l’art
contemporain. C’est aussi dans cette partie du quartier que s’élève l’un des
chefs-d’œuvre de l’architecte Longhena : l’emblématique Basilica di Santa
Maria della Salute. Dans sa portion occidentale toutefois, le quartier se fait
plus résidentiel, alors que jolies églises, paisibles canaux, petites places
invitantes et cafés fréquentés par des Vénitiens de tous âges, y compris de
nombreux étudiants, prennent le devant de la scène.
Aménagées dans l’ancienne Scuola Grande della Carità, dans une église du
XVe s. et dans un ancien couvent, les Gallerie dell’Accademia forment
l’un des plus prestigieux musées d’art d’Italie. Plusieurs des salles
d’exposition de cette incontournable institution jouissent de vastes
dimensions, permettant ainsi de mettre en valeur de façon spectaculaire des
œuvres de taille monumentale réalisées à l’origine pour des églises et des
scuole par les maîtres de la riche histoire de la peinture vénitienne du XIVe
au XVIIIe s.
Musée inauguré en 1980 dans un palais inachevé, le Palazzo Venier dei
Leoni, dont seul le rez-de-chaussée fut construit au milieu du XVIIIe s., la
Collezione Peggy Guggenheim constitue l’un des faits saillants
d’une visite à Venise. Au programme, la collection personnelle de
sculptures et d’œuvres picturales des grands noms de la première moitié du
XXe s. assemblée par Peggy Guggenheim (1898-1979), riche héritière
américaine qui s’était portée acquéreur de ce palais en 1949 pour en faire sa
demeure, à laquelle collection s’ajoutent des acquisitions effectuées (après
sa mort) par la Fondation Solomon R. Guggenheim de New York, qui gère
les lieux depuis lors.
Collezione Peggy Guggenheim.
© Peter Haas [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)], de Wikimedia
Commons

La collection permanente d’origine, que la fondation new-yorkaise s’est


engagée à maintenir ici dans son intégralité, est composée de nombreux
tableaux de Max Ernst, second mari de Peggy Guggenheim, d’une série de
toiles de Jackson Pollock réalisées à ses débuts, de stabiles et mobiles
d’Alexander Calder, de même que d’une étonnante « tête de lit » qu’il
réalisa sur commande pour la propriétaire des lieux, et d’œuvres de Vassily
Kandinsky, Salvador Dalí, Pablo Picasso, René Magritte, Joan Miró, Jean
Paul Riopelle et plusieurs autres. À l’extérieur, ne manquez pas de flâner
dans le jardin de sculptures Nasher. De l’autre côté de l’édifice, une terrasse
donnant sur le Grand Canal est pour sa part ornée d’un stabile de Calder (La
vache) et de la surprenante (et provocante…) sculpture L’Angelo della città
(L’Ange de la ville) de Marino Marini.
Basilique baroque, chef-d’œuvre de l’architecte Baldassare Longhena, la
Basilica di Santa Maria della Salute fut élevée aux abords du Grand
Canal afin de remercier la Vierge d’avoir mis fin à l’épidémie de peste de
1630. La première pierre fut posée dès l’année suivante, mais la basilique
ne fut inaugurée que 50 ans plus tard. Le massif édifice, devenu l’un des
emblèmes de Venise, présente un plan octogonal symbolisant la couronne
de la Vierge et est caractérisé par ses grandes volutes, que l’on désigne en
italien du nom d’orrechionni (grandes oreilles), qui délimitent les huit
façades, sous le dôme principal.

Punta della Dogana.


© iStockphoto.com/ChiccoDodiFC
Étonnant édifice triangulaire qui, comme son nom l’indique, se trouve à la
pointe du sestiere du Dorsoduro, là où se rejoignent le Grand Canal et le
canal de la Giudecca, la Punta della Dogana (Pointe de la Douane),
construite entre 1677 et 1688, occupe un emplacement géographique on ne
peut plus stratégique et abritait jadis la douane de mer. Aujourd’hui, la
petite place sur laquelle elle donne constitue un poste d’observation
exceptionnel sur la place Saint-Marc et le Grand Canal d’un côté, la lagune
vénitienne et l’île de San Giorgio Maggiore d’un autre, et celle de la
Giudecca du côté sud. L’édifice a été restauré par l’architecte japonais
Tadao Ando pour le compte de François Pinault et est voué à la présentation
d’expositions d’œuvres d’art contemporain provenant de l’imposante
collection personnelle du mécène français.
Un musée des arts décoratifs du XVIIIe s. vénitien (Settecento en italien) est
installé dans la Ca’ Rezzonico , un fort beau palais baroque entrepris
par Baldassare Longhena en 1667, mais achevé au milieu du siècle suivant
par Giorgio Massari après son acquisition par la riche famille Rezzonico. Il
recèle une impressionnante quantité de fresques signées par Tiepolo. Les
collections du musée, réparties sur trois niveaux, comprennent du mobilier
d’époque, des porcelaines, des lustres et autres objets en verre de Murano.
Le Campo Santa Margherita est l’un des campi les plus animés de la
ville grâce aux nombreux cafés, restaurants et bars qui le bordent, que
fréquentent habitants du quartier, touristes et étudiants de l’université
voisine, l’Università Ca’ Foscari Venezia.
Belle église construite aux XVe et XVIe s., la Chiesa di San Sebastiano
est réputée pour les nombreuses œuvres de Paolo Caliari, dit Véronèse,
qui y consacra une partie importante de sa carrière et demanda à y être
inhumé (un buste, près de l’orgue, indique où se trouve sa sépulture). Le
spectaculaire plafond de la nef, restauré en 2012, met d’ailleurs bien en
valeur plusieurs toiles du maître, insérées dans des encadrements
somptueusement sculptés. La sacristie, sur la gauche, abrite quant à elle Le
Couronnement de la Vierge, une autre de ses œuvres majeures.

Le Castello
Vaste sestiere qui s’étend à l’est de la place Saint-Marc, le Castello présente
le visage calme et serein d’un quartier résidentiel populaire empreint
d’authenticité. Au-delà des environs immédiats du palais des Doges, où il
s’avère encore très affairé, ruelles paisibles au-dessus desquelles sèchent
draps et vêtements, canaux sans gondoles touristiques, placettes où
conversent riverains et travailleurs, et même des espaces verts en
composent le décor. Malgré sa tranquillité, le quartier n’en renferme pas
moins d’importants témoins de l’histoire de la ville, ainsi que des lieux de
diffusion de l’art contemporain reconnus mondialement.
Large promenade, la Riva degli Schiavoni longe la lagune et permet de
profiter d’une magnifique vue sur l’île de San Giorgio Maggiore, en face.
Elle s’étend sur environ 2 km, quoiqu’en changeant de nom en quelques
occasions, jusqu’aux Giardini Pubblici.
Des concerts sont fréquemment présentés dans la Chiesa della Pietà ,
église remaniée par Giorgio Massari entre 1745 à 1760. Quelques fresques
de Giambattista Tiepolo y sont conservées, de même qu’un maître-autel
sculpté par Giovanni Maria Morlaiter. L’église faisait partie d’un orphelinat
créé au XIVe s., où l’on enseignait notamment la musique aux enfants.
Antonio Vivaldi en fut d’ailleurs lui-même le maître de chœur de 1704 à
1740.
La Scuola di San Giorgio degli Schiavoni est une ancienne confrérie
dalmate fondée en 1451, à voir pour son cycle dédié à ses saints protecteurs
(saints Georges, Tryphon et Jérôme), composé de neuf tableaux de Vittore
Carpaccio (1502-1507), dont son remarquable Saint Georges terrassant le
dragon. La gracieuse bien que sobre façade de l’édifice, réalisée lors d’un
agrandissement au XVIe s., est l’œuvre de Sansovino.
Arsenale di Venezia.
© iStockphoto.com/sansa55

L’Arsenale di Venezia , ce vaste site fortifié fondé au début du XIIe s.,


abritait jadis un important chantier naval qui contribua au développement
de la puissante flotte marchande et militaire de la Sérénissime. À son
apogée, au XVIe s., 16 000 personnes y travaillaient. On y bâtit des navires
jusqu’à la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, une partie importante
des lieux sert de base à la marine italienne, alors qu’une autre appartient à la
municipalité et ouvre ses portes au public lors de la Biennale. Ne manquez
pas de jeter un coup d’œil à sa monumentale entrée principale (1460),
surmontée du lion ailé de saint Marc et de part et d’autre de laquelle
reposent de belles sculptures de lion rapportées de Grèce.
La Via Garibaldi est la plus large artère de la ville, et s’y tient un
marché de fruits et légumes le matin. Au début de la via, sur la droite, une
plaque indique la maison de Giovanni Caboto et de son fils Sebastiano,
Vénitiens qui découvrirent Terre-Neuve au nom du roi d’Angleterre.
L’artère, bordée de commerces et de cafés, permet ensuite de s’offrir une
balade sympathique jusqu’au Ponte di Quintavalle, un pont en bois récent
qui donne accès à l’Isola di San Pietro.
La Basilica di San Pietro di Castello , qui semble aujourd’hui si loin
de tout, fut néanmoins la cathédrale de Venise de 1451 à 1807, avant que le
titre ne revienne à la basilique Saint-Marc. Bien que ses origines remontent
aussi loin qu’au VIIe s., ce n’est que dans la seconde moitié du XVIe s. et au
début du XVIIe s. qu’elle prit son apparence actuelle. Sa façade fut ainsi
dessinée par Andrea Palladio et réalisée par Francesco Smeraldi (1556). Le
beau campanile en pierre d’Istrie, étonnamment très éloigné de l’église,
date toutefois du XVe s. et fut l’œuvre de Mauro Codussi.
Grands jardins que fit aménager Napoléon Bonaparte après avoir fait raser
un quartier entier, les Giardini Pubblici (jardins de la Biennale)
représentent aujourd’hui un havre de paix plus que bienvenu dans une ville
où les espaces verts font cruellement défaut. Au cours des mois de l’été, la
plus grande partie du site constitue le quartier général de la Biennale d’art
contemporain (années impaires) ou d’architecture (années paires). Les pays
participants y présentent alors les œuvres et projets de leurs artistes ou
architectes dans les pavillons permanents construits par chacun à partir de
1907. Hors Biennale, on ne peut qu’en apprécier l’aspect extérieur.

Pavillon de la France, Giardini Pubblici.


© flickr.com/photos/dalbera/35556157731/CC BY 2.0

Basilique aussi connue sous le nom de San Zanipolo en vénitien, la Basilica


dei Santi Giovanni e Paolo a des origines qui remontent au XIIIe s.
L’imposante structure gothique en brique actuelle, œuvre de Bartolomeo
Bon et de Domenico Fiorentino, date toutefois du XVe s. Son intérieur
présente des proportions grandioses, tant en longueur qu’en largeur et en
hauteur. Il s’agit de fait de la plus grande église de Venise, devenue une
sorte de panthéon de la République où reposent pas moins de 25 doges.
Située du côté gauche, la splendide chapelle du Rosaire, ornée de plusieurs
tableaux de Véronèse, mérite qu’on s’y attarde.

Basilica dei Santi Giovanni e Paolo.


© Tango7174 [GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html) CC BY-SA 4.0], de Wikimedia Commons

Le Cannaregio et le Ghetto
Le Cannaregio dessine un grand arc de cercle entre le Grand Canal et la
lagune, délimitant ainsi le quartier historique de Venise au nord. Si dans sa
portion sud la Strada Nova et quelques autres artères qui suivent le tracé du
Grand Canal s’avèrent des plus achalandées, ce sestiere forme pour tout le
reste un quartier populaire dans lequel peu de touristes se rendent. Il y a
bien le Ghetto, l’ancien quartier juif aujourd’hui délaissé par cette
communauté bien qu’elle y ait préservé ses institutions religieuses, ainsi
que quelques églises exceptionnelles pour attirer l’attention des visiteurs,
mais l’essentiel du charme de cette partie de la ville réside dans son
authenticité.
Le Museo Ebraico di Venezia (Musée juif) présente de nombreux objets
de culte en métaux précieux, mais fait surtout un survol éclairant de
l’histoire des différentes communautés juives qui se sont installées dans le
Ghetto de Venise au fil du temps, en provenance de différentes parties
d’Europe. Le musée est aussi le point de départ des visites guidées des
synagogues du Ghetto.
D’abord une église dédiée à saint Christophe au milieu du XIVe s., la
Chiesa della Madonna dell’Orto changea de nom au siècle suivant
lorsque fut trouvée une statue dite miraculeuse de la Vierge (aujourd’hui en
montre dans une chapelle à droite du chœur) dans un jardin potager (orto en
italien) des environs. Son élégante façade en brique découpée par des
sculptures et décorations en pierre blanche, qui mêle d’heureuse manière les
styles roman, gothique et Renaissance, est notamment ornée de statues des
12 apôtres. Le Tintoret, qui vivait tout près de l’église et y fut inhumé,
réalisa entre 1552 et 1569 une dizaine de toiles qui en décorent l’intérieur,
dont les monumentales Adoration du veau d’or et Jugement dernier, de part
et d’autre du chœur.
Chiesa di Santa Maria dei Miracoli.
© iStockphoto.com/Gabri90

Pas facile à repérer, la Chiesa di Santa Maria dei Miracoli , bijou


Renaissance unique en son genre à Venise, mérite le détour. Dessinée et
décorée par Pietro Lombardo, cette église construite entre 1481 et 1489
possède une unité exceptionnelle. L’extérieur du bâtiment, avec sa façade
recouverte de panneaux de marbre polychrome, se révèle déjà remarquable.
Coquette et romantique, cette église est souvent choisie pour la célébration
de leur mariage par les couples vénitiens.
Ca’ d’Oro.
© iStockphoto.com/Vladislav Zolotov

La façade de marbre finement travaillée telle une dentelle de la Ca’ d’Oro


, un palais gothique flamboyant, et l’un des plus emblématiques de
Venise, séduit dès le premier coup d’œil. Construit au milieu du XVe s.,
l’édifice était à l’origine recouvert de feuilles d’or, ce qui explique le nom
qu’on lui a attribué : la « maison d’or ». Il abrite aujourd’hui la Galleria
Giorgio Franchetti alla Ca’ d’Oro , du nom d’un riche mécène qui
en avait fait l’acquisition à la fin du XIXe s., la restaura de fond en comble
et la légua à l’État italien avec la fabuleuse collection d’œuvres d’art qu’il y
avait installée. Dès le rez-de-chaussée, vous serez ébloui par le carrelage de
marbre polychrome du sol et la jolie cour intérieure ornée d’un puits sculpté
par Bartolomeo Bon et d’un splendide escalier baroque qui fut reconstruit
dans le cadre de la restauration patronnée par Franchetti. Quelques chefs-
d’œuvre vous attendent ensuite à l’étage.

La création du premier ghetto d’Occident


Le 29 mars 1516, le Sénat décida de confiner la communauté juive
de Venise dans une partie du sestiere de Cannaregio auparavant
occupée par des fonderies, que l’on désignait du mot geti (geto au
singulier) en vénitien, créant ainsi le premier ghetto d’Occident. Les
Juifs de Venise, qui vivaient jusque-là dans divers quartiers, furent
ainsi contraints d’aller s’installer d’abord dans un îlot qui sera
bientôt appelé le Ghetto Novo, puis à partir de 1541 dans le Ghetto
Vecchio, plus récent donc malgré son nom, et enfin dans le Ghetto
Novissimo à compter de 1633. Tout le secteur était contrôlé par des
guérites et ses résidents étaient autorisés à n’en sortir que le jour à
condition de porter un signe distinctif (un chapeau jaune). Cette
ségrégation systématique perdura jusqu’à la chute de la République,
en 1797.

Les îles de la lagune


La Giudecca
La longue île de la Giudecca est facilement accessible en vaporetto. Une
balade sur les fondamente, ces avenues piétonnes dont le nom change à
quelques reprises le long du canal séparant cette île tranquille d’avec le
Dorsoduro, permet d’apprécier d’un autre point de vue les bâtiments qui
s’alignent sur l’autre rive.
La Casa dei Tre Oci , un splendide palais néogothique (1913), doit son
nom aux « yeux » que dessinent ses trois grandes fenêtres. Elle abrite
aujourd’hui des salles d’exposition consacrées à la photographie.
Œuvre marquante d’Andrea Palladio, conçue pour être appréciée depuis
l’autre rive du canal de la Giudecca et dont la façade classique porte
clairement la signature, la Chiesa del Santissimo Redentore fut
commandée à l’architecte par le doge Alvise Mocenigo en remerciement au
Christ Rédempteur d’avoir mis fin à l’épidémie de peste qui décima la ville
en 1575-1576. À l’intérieur, plusieurs toiles représentent des épisodes de la
vie du Christ, dont Le Baptême du Christ, de Paolo Veronese et de ses fils
Carlo et Gabriele, La Flagellation, de l’école du Tintoret, et la Déposition
du Christ dans le sépulcre, de Palma le Jeune.

San Giorgio Maggiore


Île voisine de la Giudecca, San Giorgio Maggiore n’en est distante que de
quelques mètres, mais n’y est pas reliée par un pont. Il faut donc prendre un
vaporetto pour y accéder.
Basilica San Giorgio Maggiore.
© iStockphoto.com/scaliger

L’un des emblèmes de Venise, la Basilica San Giorgio Maggiore ,


magnifique basilique érigée par Andrea Palladio, éblouit littéralement
lorsque les rayons du soleil illuminent sa façade en pierre d’Istrie d’une
blancheur saisissante. L’intérieur, sobre, dégagé et baigné de lumière, abrite
entre autres chefs-d’œuvre trois remarquables toiles réalisées en fin de vie
par le Tintoret, dont deux se trouvent de chaque côté du chœur : La Cène
(côté droit), peinte l’année même de sa mort (1594), et La Manne dans le
désert (côté gauche). Plus loin sur la gauche, vers l’accès du campanile, la
sacristie abrite La Déposition, qui date aussi de 1594.
Ne manquez surtout pas de vous rendre au sommet du Campanile de la
basilique, accessible facilement par ascenseur dans l’église (côté gauche).
Haut de 63 m, il permet d’embrasser du regard un panorama exceptionnel
dans toutes les directions. Les vues sur la Giudecca, la Punta della Dogana,
le Grand Canal et le palais des Doges s’avèrent particulièrement
spectaculaires.
L’industriel Vittorio Cini fit, au début des années 1950, l’acquisition du
monastère bénédictin voisin de la basilique et entreprit de le restaurer. Il le
convertit ainsi en un centre culturel (expositions, concerts, bibliothèques)
géré par la fondation qu’il créa à la mémoire de son fils Giorgio : la
Fondazione Giorgio Cini . Des visites guidées permettent notamment de
découvrir les cloîtres et les jardins remis à neuf de l’ancien monastère.

Le Lido
Reconnue pour ses plages et comme lieu de présentation du célèbre festival
du cinéma de la ville, cette île fait office de barrière naturelle face à la mer
Adriatique. On y trouve une autre Venise, dont l’ambiance tient davantage
d’une station balnéaire que d’une capitale culturelle. Le décor se révèle
d’ailleurs bien différent, avec ses grandes avenues bordées d’arbres… et sa
circulation automobile.
Agréable rue principale bordée d’arbres, le Gran Viale Santa Maria
Elisabetta traverse l’île sur toute sa largeur à la hauteur du débarcadère
des vaporetti. On trouve de nombreux restos, bars, cafés et boutiques de
luxe tout au long de cette artère, de même que le splendide Grande
Albergo Ausania & Hungaria , construit en 1907 dans le style Liberty,
variante locale de l’Art nouveau, utilisé aussi dans la construction de
nombreuses villas privées de l’île. Sa façade ornée de majoliques colorées
est à ne pas manquer.

Plusieurs plages se succèdent tout au long de la côte est de l’île. La plupart


des plages du Lido sont payantes, mais il y a aussi quelques plages
publiques, dont la plage Blue Moon, qui se trouve au bout du Gran Viale
Santa Maria Elisabetta. Toutes s’avèrent idéales pour les familles : peu de
houle, descente graduelle dans la mer.
C’est au Palazzo del Cinema di Venezia que sont projetés les films
participants à la Mostra de Venise, le célèbre festival international créé en
1932. Il fut construit en 1937, puis agrandi en 1952. Les premières éditions
du festival avaient été tenues près d’ici, à l’Hotel Excelsior , bâti au
début du XXe s., dont l’architecture exubérante étonne encore aujourd’hui.

San Michele
Dans la lagune nord, l’île de San Michele est la plus rapprochée du quartier
historique de la ville de Venise. Surnommée « l’île des morts », elle est
presque entièrement recouverte d’un cimetière. San Michele peut constituer
une première halte lors d’une excursion d’un jour permettant aussi la
découverte des îles de Murano, Burano et Torcello.
Créé au début du XIXe s., le Cimitero di San Michele , soit le cimetière
de Venise, permet de s’offrir une retraite paisible de quelques minutes, hors
du temps. Il est subdivisé en fonction des confessions (secteurs catholique,
orthodoxe…), mais le cimetière juif ne s’y trouve pas puisqu’il est plutôt
établi dans l’île du Lido. Parmi les célébrités qui y reposent, mentionnons le
compositeur Igor Stravinsky et le récipiendaire du prix Nobel de littérature
Joseph Brodsky.

Murano
Cette île est célèbre à travers le monde grâce à ses artisans du verre,
héritiers d’une tradition ancestrale qui remonte au XIIIe s. Il vaut la peine
d’aller s’y balader pour découvrir cette industrie unique ou, simplement,
pour profiter de l’ambiance détendue des lieux.
Bien conçu, le Museo del Vetro (Musée du verre) rend compte
habilement des différentes techniques de fabrication des sculptures et objets
utilitaires de verre auxquels l’île doit sa renommée. Sa collection permet
aux visiteurs d’apprécier un exhaustif panorama de l’évolution de la
production locale du XVe au XXe s.
Magnifique église vénéto-byzantine dont les origines remontent au Xe s., la
Basilica dei Santi Maria e Donato est à voir pour l’impressionnante
mosaïque sur fond d’or de la Vierge (XIIe s.) qui orne la demi-coupole que
forme son abside, ainsi que pour son remarquable pavement de mosaïques
en marbre polychrome.
Burano
Si le travail de la dentelle a contribué à façonner la réputation de l’île de
Burano et y attire toujours les foules malgré son éloignement relatif, les
façades colorées des maisons qui bordent ses canaux frappent probablement
aujourd’hui encore davantage l’imaginaire des visiteurs. N’hésitez pas
d’ailleurs à vous balader dans les mignonnes et tranquilles calli qui
s’étendent de part et d’autre des canaux de l’île – vous y trouverez des
maisons aux couleurs tout aussi vives et échapperez aux foules qui
envahissent les boutiques des artères plus touristiques.

Burano.
© iStockphoto.com/StevanZZ

Modeste musée installé dans un palais gothique qui donne sur la grande et
animée Piazza Baldassare Galuppi, le Museo del Merletto (Musée de
la dentelle) raconte l’évolution de cet art pratiqué à Burano depuis le
XVIe s. et expose vêtements, nappes et napperons délicatement ouvragés,
anciens autant que contemporains.
Torcello
Vous voici en pleine Venise rurale. Jadis peuplée de quelque
20 000 résidents (Xe s.), cette île ne compte aujourd’hui qu’une poignée
d’habitants. On y va pour son cadre champêtre, mais surtout pour son
exceptionnel ensemble d’édifices religieux byzantins.
Les origines de la Basilica di Santa Maria Assunta , basilique vénéto-
e
byzantine, remontent aussi loin qu’au VII s., ce qui en fait l’un des édifices
les plus anciens de toute la Vénétie. Si l’extérieur se révèle sobre, voire
austère, l’intérieur recèle quelques merveilles, telle l’étonnante iconostase
supportée par une rangée de colonnes, qui sépare la nef du chœur. De
spectaculaires mosaïques sur fond d’or sont également à signaler.
Petit musée, le Museo Archeologico di Torcello renferme quelques
objets gréco-romains, mais surtout des vestiges et artéfacts d’anciennes
églises et palais qui s’élevaient sur l’île au Moyen Âge, à l’époque de son
apogée.
Vérone et la Vénétie
La Vénétie sans Venise? Pourquoi pas? La région est si riche! La
Vénétie (Veneto) s’étire du massif des Dolomites à la mer
Adriatique et déroule ses paysages variés de montagnes et de
collines au-delà de la plaine du Pô. Elle comprend les provinces de
Belluno, Padova, Rovigo, Treviso, Verona et Vicenza ainsi que la
ville métropolitaine de Venise (anciennement une province),
territoire qui correspond plus ou moins aux Domaines de la Terra
Ferma sur lesquels régnait Venise à son apogée.

La Vénétie rassemble des villes d’art aux richesses inestimables, et


des joyaux inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, dont
Vérone, Vicenza, Peschiera del Garda et deux douzaines de villas
palladiennes. Des stations de ski aux stations thermales en passant
par les plages, la région ne cesse de surprendre.

Historiquement, le développement de la Vénétie a été étroitement


lié à la prospérité de la Sérénissime, qui éclipse encore souvent la
région dont elle fait partie. Peuplée à l’origine par les Vénètes qui
seraient venus de la côte nord de la Turquie, la Vénétie a connu
plusieurs dominations après la chute de l’Empire romain et son
rattachement à l’Empire byzantin. Gouvernée par les doges de
Venise jusqu’en 1797, elle fit ensuite partie de l’empire d’Autriche
puis du royaume d’Italie avant de retomber sous l’emprise de
l’Autriche, puis redevenir italienne en 1866.

Italienne, elle l’est jusqu’au bout des ongles, dans sa beauté, son art
de vivre et sa gastronomie. Oui, il existe une Vénétie autour de
Venise et oui, elle vaut la peine d’être découverte. Faciles d’accès,
plusieurs des villes de la Vénétie sont directement reliées par train
à Venise.

Vérone
Deuxième ville de Vénétie après Venise, Vérone (Verona) ne manque pas
d’attraits, de l’infiniment triste et romantique histoire de Juliette et Roméo
que Shakespeare a située dans cette ville aux splendides vestiges romains
tels que les Arènes, en passant par les trésors médiévaux et les chefs-
d’œuvre de la Renaissance.
Les premières mentions de la ville dateraient du IVe s. av. J.-C. Vérone
devient romaine trois siècles plus tard. Après la chute de Rome, elle devient
la première capitale du royaume lombard avant de passer sous la
domination carolingienne et de devenir vénitienne entre deux épisodes de
peste et avant l’arrivée de Napoléon. Toute une histoire... qui a laissé des
traces.
Les Arena di Verona et la Piazza Bra.
© iStockkphoto.com/xbrchx

Un des plus grands amphithéâtres romains, et sans doute le mieux conservé,


les Arena di Verona (Arènes de Vérone) ont été construites au début
du Ier s. Elles pouvaient à l’époque accueillir jusqu’à 30 000 spectateurs. Au
Moyen Âge, les arènes ne servent plus qu’à abriter une réserve de pierres.
Restaurées à la Renaissance, elles retrouvent en 1913 leur vocation de salle
de spectacle avec le coup d’envoi du très célèbre Festival d’opéra de
Vérone. Leur capacité est maintenant limitée à 15 000 spectateurs.

À boire!
Nous sommes dans le pays du Prosecco, le roi des bulles italiennes,
qu’on boit ici pratiquement comme de l’eau, du matin au soir! On le
produit de Conegliano à Valdobbiadene et on le boit dans toute
l’Italie, ou presque. Autour de Vérone, on déguste le Soave, un vin
blanc sec, le Valpolicella à la fois corsé et fruité dont le nom est
connu depuis le XIIe s., le Bardolino, plus léger, et l’Amarone, plus
structuré.

Comme son nom l’indique, Bassano del Grappa est la capitale de


la grappa, cette eau-de-vie de marc de raisin. La petite ville est
également reconnue pour ses céramiques; le besoin créant l’organe,
il faut bien boire sa grappa dans quelque chose! Un petit musée de
la ville explique tout sur ce nectar. Grappa ou pas, la ville est
charmante avec son attrayante Piazza Garibaldi, ses rues étroites,
ses arcades et son spectaculaire pont couvert sur la rivière Brenta, le
Ponte Vecchio, maintes fois démoli et reconstruit depuis le XIIIe s.
Sa version actuelle est basée sur un projet de Palladio.

Le Castelvecchio date de 1354. C’est un des plus importants


monuments de l’architecture civile médiévale de la ville. Même s’il a gardé
son apparence de forteresse, il a servi de caserne avant de devenir un riche
musée à la fin des années 1920. Le Museo di Castelvecchio possède
e e
une belle collection de peintures du XIII au XVI s. On peut notamment y
admirer des œuvres du Tintoret et de Paolo Caliari, dit Véronèse.
Des Arènes, la Via Giuseppe Mazzini, une artère piétonnière bordée de
boutiques, mène jusqu’à la très jolie mais très encombrée Piazza delle
Erbe , aménagée sur le site de l’ancien Forum romain. Ornée d’une jolie
fontaine datant de 380 et entourée de superbes palais du Moyen Âge et de la
Renaissance (hôtel de ville, palais de justice et siège de la Banque populaire
de Vérone), dont plusieurs sont décorés de fresques, la place est très
touristique avec son marché de souvenirs et ses terrasses hors de prix et de
piètre qualité. La Piazza dei Signori , sa voisine, est plus discrète et
plus charmante. On l’appelle aussi Piazza Dante, à cause de la statue du
poète qui fut installée sur la place en 1865 pour marquer le 600e
anniversaire de sa naissance.
Statue de Dante, Piazza dei Signori.
© iStockphoto.com/deimagine

La Basilica di San Zeno Maggiore , bâtie à partir du XIIe s., est un


superbe exemple d’architecture romane italienne, ainsi qu’un très bel
hommage au saint patron de Vérone, saint Zénon. D’origine africaine, il fut
le huitième évêque de la ville.
Parmi les autres attraits de Vérone se trouvent le Palazzo della Ragione
(palais de la Raison), qui abrite la Galeria d’Arte Moderna Achille
Forti , et la Torre dei Lamberti , érigée à partir de 1172. Plus haute
tour de Vérone, de son sommet on jouit d’une vue imprenable sur la ville. À
voir aussi, les Arche Scaligere , ensemble funéraire gothique réalisé au
e
XIV s. pour y disposer les dépouilles de la famille Scaligeri, qui régna sur
Vérone de 1262 à 1387.
Détail des Arche Scaligere.
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Roméo et Juliette, les amants de Vérone


Shakespeare a planté à Vérone le décor de la mythique histoire de
Roméo et Juliette, inspirée d’histoires d’amour tragiques datant de
l’Antiquité. Construite au XIIe s., la Casa di Giulietta (Maison de
Juliette) appartenait en fait à la famille Dal Capello, mais on a vite
confondu Dal Cappello et Capulet (nom de famille de Juliette) pour
en tirer profit. Cette maison est devenue un musée en 1907 et ce
n’est que plus tard, dans les années 1930, qu’on a ajouté le fameux
balcon qui orne sa façade. À l’intérieur, le musée présente des
œuvres d’art et les costumes du film Roméo et Juliette de Franco
Zeffirelli, tourné en 1968. Objet de superstition, la statue de Juliette
est une attraction en elle-même. Toucher le sein droit de la statue
assurerait l’amour éternel. Rien de moins.
Casa di Giulietta.
© iStockphoto.com/alxpin

La « maison de Roméo » ne se visite pas. Il s’agit en fait de la Casa


dei Montecchi, et non Montaigu; on a donc ici aussi usé de
raccourcis. C’est dans l’ancien Convento di Francesco al Corso,
datant de 1230, que les amants seraient morts. Quant à la Tomba di
Giulietta qui s’y trouve, ce sarcophage de marbre rouge vide n’est
qu’une mise en scène datant de 1937.

Vicenza
Fondée entre le IXe et le VIIe s. av. J.-C., Vicenza (Vicence) a survécu aux
différentes dominations qui se sont succédé sur le territoire. C’est une des
plus attrayantes villes de Vénétie, et c’est surtout la ville du légendaire
architecte Andrea Palladio, à qui on doit les proportions harmonieuses de
plusieurs édifices publics. Il mérite tout à fait la statue que la ville lui a
élevée sur la Piazzetta Palladio. Réalisée par le sculpteur romain Vincenzo
Gajassi en 1859, la sculpture a été restaurée en 2012.

Vicenza.
© iStockphoto.com/ChiccoDodiFC

On doit à Palladio les arcades de la Loggia del Capitaniato (1571-


1572) et la colonnade de la Basilica Palladiana , un édifice public
gothique (et non religieux, malgré son nom) qui domine la superbe Piazza
dei Signori . Le Teatro Olimpico , dessiné par Palladio mais
construit après sa mort en 1580, est le plus ancien théâtre couvert d’Europe.
Palladio s’est inspiré des théâtres romains décrits par l’architecte romain
Vitruvius, dont il avait étudié les œuvres. Le théâtre est inauguré le 3 mars
1585 avec une représentation d’Œdipe roi de Sophocle. Le décor, conçu par
Vincenzo Scamozzi pour cette pièce, représente la ville de Thèbes et ses
sept rues qui composent une illusion parfaite. Le décor a subsisté jusqu’à
nos jours. Le Teatro Olimpico accueille toujours des représentations
théâtrales. Le nombre de spectateurs est limité à 400 pour éviter
d’endommager ce monument unique.
Basilica Palladiana.
© iStockphoto.com/VvoeVale

Le Palazzo Chiericati , dessiné par Palladio en 1550, abrite le Museo


Civico , où sont notamment exposées des œuvres de Hans Memling et
Bartolomeo Montagna. Pour sa part, le Palladio Museum , consacré à
l’œuvre du grand architecte, est installé dans le Palazzo Barbaran da
Porto , conçu par Palladio et érigé entre 1570 et 1575.

Palladio et la Vénétie
Andrea di Pietro della Gondola, dit Palladio, est né à Padoue en
1508 et mort à Vicenza en 1580. Cet architecte, qui a commencé
modestement comme maçon, a laissé une profonde empreinte en
Vénétie. Il a écrit un traité qui résume les principes qui le guident, I
quattro libri dell’Architettura (Les Quatre livres de l’architecture).
Ses œuvres, toujours élégantes et bien équilibrées, s’inspirent de
l’Antiquité. Son style à la fois classique et moderne aura connu un
immense rayonnement dans le monde. Il a notamment influencé
Thomas Jefferson dans la conception de sa demeure virginienne,
Monticello.

Après la mort de Jacopo Sansovino en 1570, Palladio devient


architecte en chef de la Sérénissime. Il aura signé deux églises à
Venise : la Basilica San Giorgio Maggiore (voir Cliquez ici) et la
Chiesa del Santissimo Redentore (voir Cliquez ici).

C’est à Vicenza que son génie est le plus présent, avec de splendides
édifices publics, dont le spectaculaire Teatro Olimpico, et également
dans les magnifiques villas qu’il a conçues ici et là en Vénétie pour
les nobles familles vénitiennes. Vingt-quatre d’entre elles ont été
inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO avec la ville de
Vicenza.

Construite entre 1566 et 1571, la Villa Rotonda , située sur une


colline à l’extérieur de Vicenza et ouverte aux visiteurs, est une
merveille de proportions harmonieuses et de communion avec la
nature avec ses quatre façades. On y a tourné le film de Joseph
Losey Don Giovanni en 1979. Elle est aussi connue sous le nom de
Villa Valmarana, du nom de la famille à laquelle elle appartient
depuis deux siècles.

Padoue
Autre ville d’art, Padoue (Padova), ancienne capitale de la Vénétie, a gardé
des airs de noblesse provinciale. C’est une ville agréable à parcourir
tranquillement à la recherche de ses trésors. Commençons par la Piazza dei
Signori de style Renaissance, dominée par le Palazzo del Capitanio
, où logeait le gouverneur vénitien, un palais remarquable par sa tour ornée
d’une horloge astrale datant du XIVe s. Cette magnifique horloge ne se
contente pas de donner l’heure, elle révèle aussi la position du Soleil dans le
zodiaque et les phases lunaires.
Tour de l’horloge, Piazza dei Signori.
© iStockphoto.com/Emmeci74
La vie urbaine s’organise autour de quelques places comme celle du
Duomo , où se trouve la cathédrale érigée au XVIe s. selon des plans de
Michel-Ange. C’est pourtant le Battistero dédié à saint Jean-Baptiste
qui vole la vedette avec ses fresques uniques signées par le peintre florentin
Giusto de Menabuoi. Le Palazzo Vescovile (palais de l’Évêque) voisin
renferme également de superbes œuvres de Bartolomeo Montagna.
La Piazza delle Erbe et la Piazza dei Frutti sont depuis toujours des
places de marché et des lieux de rencontre des habitants. Entre les deux
places s’élève le Palazzo della Ragione du XIIIe s., qui abrite des
commerces au rez-de-chaussée et un immense salon à l’étage, orné de
fabuleuses fresques de Nicolò Miretto et Stefano da Ferrara ajoutées en
1420 pour remplacer des murales de Giotto détruites dans un incendie.
Padoue peut s’enorgueillir d’être l’hôte d’une des plus anciennes universités
du monde, et la deuxième d’Italie après celle de Bologne. Fondée en 1222,
l’Université de Padoue a accueilli Galilée comme professeur et Copernic
comme étudiant. L’université loge depuis des siècles dans le Palazzo Bo
. À voir lors de la visite guidée du palais, le Teatro Anatomico , dont la
forme rappelle les amphithéâtres romains, où on a procédé aux dissections
des cadavres de 1595 à 1872.
Compliquée à visiter, la Capella degli Scrovegni , la chapelle privée de
la famille Scrovegni, vaut l’effort d’y réserver sa place. On peut y admirer
39 superbes fresques de Giotto relatant la vie de la Vierge, celle du Christ,
et le Jugement dernier.
La ville est aussi connue comme lieu de pèlerinage, grâce à saint Antoine,
saint patron de Padova. Ce franciscain y est mort à l’âge de 36 ans et a été
canonisé moins d’un an après par le pape Grégoire IX. Ses reliques se
trouvent dans la petite Chiesa di Santa Maria Mater Domini, voisine du
monastère qu’il avait fondé en 1229. Elle fait partie de la Basilica di
Sant’Antonio , dont la construction a débuté au XIIIe s., mais dont les
rénovations et les changements se sont poursuivis jusqu’au siècle dernier.
Basilica di Sant’Antonio.
© Dreamstime.com/Sven Hansche

À voir dans le même secteur, le célèbre Orto Botanico di Padova , le


plus ancien jardin botanique au monde. Inscrit au patrimoine mondial de
l’UNESCO, il a été créé en 1545 pour l’étude des plantes médicinales.

Les villas de la Riviera del Brenta


Au départ de Padoue, on propose des excursions en burchiello (bateau de
passagers qui transportait à l’époque les riches villégiateurs de Venise vers
leurs villas) sur la rivière Brenta à la découverte des fabuleuses villas qui la
jalonnent. À partir du XVe s., les plus riches Vénitiens qui possédaient des
terres dans les provinces de Padova et Trévise ont commencé à faire
construire des villas entourées de jardins souvent immenses, et à exploiter
les terres attenantes. On en trouve des dizaines le long de la rivière Brenta.
Certaines d’entre elles abritent de petits musées; d’autres sont passées à
l’histoire pour avoir été associées à des personnages célèbres.
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Villa Pisani.
© Dreamstime.com/Andrea Mangoni

Bâtie en 1721 à Stra, la Villa Pisani est la plus grande villa de la


Riviera del Brenta à l’époque, avec 114 pièces. L’intérieur a été décoré par
les meilleurs artistes du moment, la fresque du plafond étant signée Tiepolo.
Napoléon y a été reçu en 1807 et a ensuite acheté la propriété. La première
rencontre entre Hitler et Mussolini y eut lieu, et Pasolini y a tourné
quelques scènes de son film Porcile (Porcherie) en 1969. La villa est
aujourd’hui un musée national.
Également située à Stra, la Villa Foscarini Rossi , achevée en 1635,
loge aujourd’hui un joli musée de la chaussure, le Museo Rossimoda della
Calzatura .
Construite entre 1555 et 1560 près de Mira, la Villa Foscari , aussi
connue sous le nom de La Malcontenta, est une des plus célèbres villas de
Palladio. Son surnom fait référence à une femme de la famille Foscari qui
aurait été enfermée dans cette villa pour expier les torts faits à son mari,
d’où son mécontentement…
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Villa Foscari.
© Dreamstime.com/Albmex

Trévise
La jolie ville de Trévise (Treviso) est souvent comparée à Venise. Comme
elle, elle est parcourue de canaux, mais à la différence de la Sérénissime,
elle est aussi traversée par un très long fleuve, le Sile, qui coule doucement
jusqu’aux îles vénitiennes.
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Trévise.
© iStockphoto.com/PM78

Comme Venise, Trévise recèle des palais aux façades peintes dans sa vieille
ville qui est, contrairement à celle de Venise, entourée de remparts. Trévise
était déjà fortifiée à l’époque romaine, mais la structure actuelle, une
épaisse muraille de briques qui court sur près de 4 km, est plus tardive et
date du XVe s. Après avoir été violemment bombardée par les Allemands
en 1944, puis reconstruite dans les années 1950, la ville préserve
jalousement quelques maisons datant de la Renaissance.
Ici, tous les chemins mènent à la Piazza dei Signori , un « salon en
plein air » entouré de palais au cœur de la vieille ville. Parmi les curiosités
de Trévise, on découvre au détour d’une ruelle une fontaine originale, la
Fontane delle Tete (fontaine des Seins), aménagée en 1559. Lors de
grandes célébrations, on faisait couler du vin rouge et du vin blanc de ses
seins. Dans la salle capitulaire du cloître de la Chiesa San Nicolò , on
peut voir une fresque de Tommaso da Modena où figure ce qui serait la
première représentation connue d’un humain avec des lunettes, un moine en
l’occurrence… Finalement, si vous visitez Trévise un samedi, ne manquez
pas son marché matinal géant, on y trouve de tout!

Villes fortifiées
Conçues pour la guerre, les villes fortifiées de la Vénétie respirent la paix.
Si elles ont pu être ennemies, ces villes ne rivalisent plus maintenant que
par le charme. Enceintes, tours, châteaux forts, leurs monuments sont tous
plus beaux les uns que les autres. Quelques-unes de ces petites villes
figurent parmi les plus jolis villages d’Italie.
Déjà bénie par son écrin de verdure, sa grande place aux façades colorées,
ses arcades et sa magnifique Torre Civica della Porta Vecchia (XVIIe s.),
Este se distingue également par son château des Carraresi, construit en
1339, dont les 12 tours ponctuent ses remparts et sa tour de l’horloge du
XVIIe s.
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Montagnana.
© iStockphoto.com/Fantomas70

L’enceinte médiévale de Montagnana , qui s’étire sur près de 2 km


autour du cœur de la cité, est l’une des mieux préservées de la région. On
dit même que c’est la plus belle d’Italie avec ses 24 tourelles et ses quatre
portes. Son Duomo , achevé en 1502, est spectaculaire tant de
l’extérieur qu’à l’intérieur. À ne pas manquer également, la visite du
Castello di San Zeno (XIIIe s.) et de la Rocca degli Alberi (XIVe s.).
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Cittadella.
© iStockphoto.com/boerescul

La bien nommée commune de Cittadella est remarquable pour son


chemin de ronde qui court sur les remparts et pour ses splendides portes, la
Porta Padovana, la Porta Vicentina et la Porta Trevisana. Cette ville
médiévale fondée en 1220 accueille aussi un petit bijou de théâtre qui date
de la première moitié du XIXe s., le Teatro Sociale . Les fresques de la
salle sont signées Francesco Bagnara, à qui est attribuée la décoration
originale du Gran Teatro La Fenice (voir Cliquez ici) à Venise.
À Castelfranco , ville natale du peintre Giorgione, une de ses œuvres,
exposée dans le Duomo, ferait presque de l’ombre à la beauté des
fortifications. On peut également visiter la maison du peintre.
Marostica attire l’attention avec son centre médiéval à l’abri d’une
colline fortifiée où de spectaculaires remparts relient le château supérieur à
celui du bas. S’y tient tous les deux ans en septembre une étonnante partie
d’échecs, la Partita a Scacchi di Marostica, où des personnages en chair et
en os se déplacent sur un échiquier géant, aménagé devant le château.
Dominées par un château fort, les romantiques ruelles d’Asolo , un des
plus charmants villages d’Italie, ont été immortalisées par le poète Robert
Browning. La cathédrale médiévale sert d’écrin à la très belle Assomption
de Lorenzo Lotto.
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Asolo.
© iStockphoto.com/GitoTrevisan

Située à l’extrême limite ouest de la Vénétie actuelle, Peschiera del Garda


revêtait une importance stratégique dans la province de Vérone. Ses
fortifications témoignent de la puissance de Venise encore aux XVIe et
XVIIe s. Elles ont ensuite servi au système défensif de l’empire d’Autriche
en formant un quadrilatère avec les villes de Vérone, Mantova et Legnano.
Elles sont maintenant inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Aux confins de la Vénétie, Cortina d’Ampezzo et


Belluno
Loin au nord et tout près de la région du Trentin-Haut-Adige, Cortina
d’Ampezzo , établie à plus de 1 200 m d’altitude, est surnommée la
reine des Dolomites. La petite ville a acquis ses titres de noblesse au
XIXe s. quand elle est devenue la station de montagne favorite des
Britanniques pour leurs vacances d’été. Son statut privilégié a été renforcé
quand elle s’est imposée comme le rendez-vous d’hiver des riches et
célèbres après avoir accueilli les Jeux olympiques de 1956. À preuve, la
brochette d’hôtels de luxe et de restaurants étoilés, et les grands noms de la
mode qui s’affichent sur le Corso d’Italia.
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Cortina d’Ampezzo.
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Les skieurs apprécient l’accès à 1 200 km de pistes dans les 12 vallées


environnantes. En été, on peut également pratiquer l’alpinisme, le vélo de
montagne et la randonnée, en plus de profiter des avantages du Parco
Naturale delle Dolomiti d’Ampezzo . Curiosité locale, la Muraglia
del Giau , un mur de pierres construit en 1753 entre les vallées de San
Vito di Cadore et Cortina pour mettre fin aux incertitudes territoriales entre
l’Empire austro-hongrois et la République de Venise.
Entre Préalpes et Dolomites, Belluno a fait son nid dans un lieu de
passage très ancien. Son charmant centre historique compte plusieurs jolis
monuments architecturaux des siècles passés. La Porta Rugo date du
Moyen Âge, alors qu’on trouve autour de la Piazza del Mercato de belles
maisons Renaissance.

Gastronomie de Vénétie
Parmi les produits typiques de la région, notons le radicchio di
Treviso, les cerises de Marostica, le prosciutto Veneto Berico-
Euganeo produit dans une douzaine de villes, dont Montagnana,
Este et Vicenza, et l’Asiago, un fromage au lait de vache des
environs d’Asiago, une petite ville de la province de Vicenza.

Ici on mange de la polenta, des gnocchis et du riz plus souvent que


des pâtes. Les pâtes les plus caractéristiques sont les bigoli, en
forme de long tube épais. La façon traditionnelle de les apprêter est
« in salsa », avec des anchois et de l’huile d’olive. Le fegato alla
veneziana, foie de veau à la vénitienne préparé avec beaucoup
d’oignons, ne se mange pas qu’à Venise, il est populaire dans toute
la Vénétie. À essayer aussi!
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Radicchio de Treviso.
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Le Frioul-Vénétie Julienne et le
Trentin-Haut-Adige
Ces noms à rallonges révèlent le passé complexe de ces régions
méconnues situées dans le nord-est de l’Italie. Les destins du
Frioul-Vénétie Julienne et du Trentin-Haut-Adige, bordés par
l’Autriche, la Suisse, la Slovénie et la mer Adriatique, allaient
dépendre de leur situation géographique, ouverte sur la mer et sur
l’est de l’Europe pour l’un, et sur l’Europe centrale pour l’autre.
Passées sous la coupe des Habsbourg, ces deux régions ne sont pas
les plus purement italiennes.

Relativement petit, le Frioul-Vénétie Julienne regroupe deux


anciennes régions, le Frioul et la Vénétie Julienne, qui ont chacune
leur histoire. Après qu’elles eurent fait partie de l’Empire romain,
subi les invasions barbares et été intégrées au Saint-Empire romain
germanique, l’une a été annexée à la République de Venise, l’autre
pas. Le Frioul s’est plutôt jeté dans les bras des Autrichiens, mais
pas sa voisine, même si elle est brièvement devenue elle aussi
autrichienne. Le Frioul a rejoint le nouveau royaume d’Italie avant
la Vénétie Julienne, et cette dernière a été envahie par Tito après la
Seconde Guerre mondiale. Bref, difficile de parler d’unité dans
cette région tiraillée par l’histoire où on parle l’italien, le frioulan,
le slovène et l’allemand, en plus des différents dialectes, et où les
points de divergences semblent aussi nombreux que les points
communs.
Divisée en deux provinces, Trente et Bolzano, la région du Trentin-
Haut-Adige jouit d’un statut spécial. La province de Trente est plus
italienne, alors que celle de Bolzano est majoritairement
germanophone. Le Haut-Adige porte également le nom évocateur
de Südtirol en allemand. La région s’étend du groupe Adamello-
Brenta et des sommets de l’Ortles et du Cevedale jusqu’aux
Dolomites de Val di Fassa, Brenta, Val Gardena, Val di Fiemmme
et Pale di San Martino. Ce pays de montagnes attire non seulement
les skieurs, alpinistes et randonneurs, mais également les assoiffés
de culture puisque le Trentin-Haut-Adige recèle une belle brochette
de châteaux et de villes d’art et d’histoire.
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Le Frioul-Vénétie Julienne
Trieste
Fondée par les Romains qui la baptisent Tergeste, Trieste devient un
important carrefour commercial au Moyen Âge. Rivale de Venise, elle veut
échapper à sa coupe et se place sous la protection de l’Autriche en 1382, lui
donnant en contrepartie une façade maritime. La ville connaît la prospérité
sous le règne de Marie-Thérèse. Après la Première Guerre mondiale, elle
devient italienne et sa population cosmopolite souffre des politiques
d’italianisation de Mussolini. Après la Seconde Guerre mondiale, Tito
l’occupera avant qu’elle ne redevienne officiellement italienne en 1954. La
région devient autonome en 1963, en raison de ses particularités
linguistiques. Malgré la bora, un vent du nord-est qui peut être très violent,
on trouve malgré tout à Trieste la même douceur de vivre qu’ailleurs en
Italie.
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Il y a un peu de Prague, et un peu de Vienne aussi, dans cette ville si peu
italienne. Trieste a gardé de jolies traces de l’époque romaine, entre autres
son Teatro Romano datant du IIe s., qui pouvait accueillir 6 000
personnes et qui est toujours utilisé aujourd’hui, et l’Arco di Riccardo
du IIIe s. av. J.-C., tous deux situés dans le cœur de la vieille ville.

Trieste et le café
Grâce à son statut de port franc obtenu en 1719, au moment où le
café conquérait l’Europe, Trieste est devenue la capitale du café,
denrée qui y transitait notamment vers Vienne et l’Europe centrale.
Quelques millions de sacs de café sont encore déchargés dans le
port chaque année.

L’entreprise Illy, fondée par un immigrant hongrois en 1933, a


toujours son siège social à Trieste. L’endroit se visite et on peut
même suivre un cours de barista à son Università del Caffè.

Comme Vienne, Trieste comporte son lot de cafés historiques. Le


Caffè Tommaseo et le Caffè degli Specchi ont été fondés dans la
première moitié du XIXe s., alors que l’Antico Caffè San Marco
date de 1914. Ils sont toujours très fréquentés.

À Trieste, le cappuccino s’appelle « capo in b » pour cappuccino in


bicchiere (verre), puisqu’il est servi dans un verre.

La nature cosmopolite de Trieste, entre Orient et Occident, se révèle dans


les lieux de culte divers qui coexistent dans la ville : la Cattedrale di San
Giusto, la Basilica di San Silvestro, le Tempio Serbo-Ortodosso della
Santissima Trinità e di San Spiridione (temple serbo-orthodoxe de la
Sainte-Trinité-et-Saint-Spiridon) et la Sinagoga di Trieste (synagogue de
Trieste).
Le Canal Grande a été creusé au XVIIIe s. pour permettre aux navires
d’arriver en plein cœur de la ville. Aujourd’hui, ses abords constituent un
joli endroit où flâner, prendre un verre ou manger.
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Canal Grande.
© iStockphoto.com/repistu

La splendide Piazza dell’Unità d’Italia , qui date du milieu du XIXe s.,


est la plus vaste place à façade maritime d’Europe. Elle est bordée de
superbes palais des années 1900 qui abritent des bureaux gouvernementaux
et des sièges sociaux de sociétés d’assurances.
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Piazza dell’Unità d’Italia.
© Dreamstime.com/Flaviu Boerescu

Les plus belles vues sur Trieste? On les découvre depuis les hauteurs du
quartier d’Opicina, qu’on rejoint en tram au départ de la Piazza Guglielmo
Oberdan.

À boire et à manger, entre Europe de l’Est


et Italie
Sommes-nous vraiment en Italie? Les influences de l’Empire
austro-hongrois ont la vie dure. À preuve, à Trieste, on peut
facilement trouver un restaurant qui sert de la choucroute. À l’heure
de la très italienne passeggiata par contre, les Triestins se
retrouvent, comme à Venise, pour l’apéro devant un Spritz Aperol,
cocktail à base d’Aperol, de Prosecco et d’eau de Seltz, garni d’une
tranche d’orange. Ce Spritz pourrait être l’héritier du Spritzer
apparemment inventé par les Autrichiens qui, habitués au vin léger
de leur pays, auraient commencé à mettre de l’eau de Seltz dans
celui, plus costaud, qu’on leur servait à Trieste.

Autour de Trieste
Situé à une dizaine de kilomètres au nord de Trieste, le Castello di
Miramare fut construit au milieu du XIXe s. pour l’archiduc
Maximilien, fusillé au Mexique quelques années plus tard. C’est un des
sites historiques les plus visités d’Italie. Les meubles et la décoration sont
d’origine et les jardins du château, magnifiques.
James Joyce a aimé Trieste, mais pas Stendhal, qui y fut nommé consul en
1830. Un autre écrivain, le Pragois Rainer Maria Rilke, a séjourné au
Castello di Duino , aujourd’hui situé dans la Riserva Naturale delle
Falesie di Duino (réserve naturelle régionale des Falaises de Duino), à
environ 20 km au nord de Trieste. Le sentier de 2 km qui va de Duino à
Sistiana, au-dessus de la mer, a été baptisé en son honneur le Sentiero
Rilke.
Comme son nom l’indique, la Grotta Gigante est immense. Les
premières explorations connues de cette grotte située au nord-est de Trieste
commencent vers 1840 et elle est ouverte au public au début du XXe s. Les
turbulences des deux guerres mondiales mettent un frein à son
développement. En 1995, Guinness la certifie « grotte touristique la plus
grande du monde ». L’année suivante, on inaugure le nouveau parcours qui
permet de la découvrir en profondeur.
Muggia , située au sud de Trieste, pratiquement sur la frontière italo-
slovène, et seule ville istrienne d’Italie, vit de la pêche et du tourisme. À ne
pas manquer, sa charmante Piazza Marconi , quelques vestiges de
fortifications romaines et son église romane.

Les foibe de l’arrière-pays triestin


Les mouvements ethniques ne se font pas toujours sans heurts. La
coexistence pacifique peut se révéler fragile, surtout quand la
politique s’en mêle. Mussolini a voulu italianiser le pays, ce qui a
entraîné des persécutions, envers les Slaves notamment. Après la
Seconde Guerre mondiale, Tito a vu l’heure de la vengeance et
celle-ci s’est révélée particulièrement cruelle dans les territoires
italiens annexés.

L’arrière-pays de Trieste est percé de cavités naturelles appelées


foibe dans lesquelles des milliers de personnes (entre 5 000 et 10
000) ont été jetées, parfois encore vivantes, entre 1943 et 1947. Ce
massacre a été longtemps occulté jusqu’à ce qu’une loi institue en
Italie un jour du souvenir des victimes des foibe (Giorno del
ricordo), fixé au 10 février.

Aquilée
Cette ville de la province d’Udine a connu son heure de gloire sous
l’Empire romain. Elle fut rasée au moment des invasions barbares avant de
renaître comme important patriarcat tout au long du Moyen Âge. Aquilée
(Aquileia) constitue par ailleurs le but d’un chemin de pèlerinage très
ancien, le Chemin Céleste, qui relie des sanctuaires de villes en Autriche et
en Slovénie où elle a fait rayonner le christianisme.
Un parc archéologique a été créé pour protéger les vestiges découverts
dans les années 1930, et son port antique se révèle fort bien conservé. Les
extraordinaires mosaïques du IVe s. de l’émouvante Basilica Patriarcale di
Santa Maria Assunta méritent quant à elles qu’on s’y attarde. La zone
archéologique et la basilique sont inscrites au patrimoine mondial de
l’UNESCO.
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Basilica Patriarcale di Santa Maria Assunta, Aquilée.
© Dreamstime.com/Roberto Maggioni

Grado
Grado, un ancien village de pêcheurs, a pris le virage balnéaire sans trop
perdre son âme. Les mosaïques qui recouvrent le sol de la Basilica di
Sant’Eufemia datent du VIe s.

Udine
Cette petite ville provinciale garde les traces de la domination vénitienne,
d’abord dans son élégance, puis dans son architecture, ses rues étroites et
ses petites places. C’est l’endroit où admirer quelques œuvres de
Giambattista Tiepolo, notamment dans la Cattedrale di Santa Maria
Annunziata , dont la partie la plus ancienne date du XIVe s.
Udine est une ville où flâner, notamment sur la très jolie Piazza Libertà ,
bordée des plus beaux palais de la ville, et sous les arcades de la Piazza
Giacomo Matteotti , où se tient le marché. Du Castello di Udine, on
jouit d’une belle vue sur la ville et le Frioul.
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Piazza Libertà, Udine.
© Dreamstime.com/Milosk50

À Passariano, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest d’Udine, on peut


visiter la Villa Manin , érigée au XVIe s. puis reconstruite un siècle
plus tard dans l’esprit de Versailles. La propriété de la puissante famille
vénitienne a été cédée à la région Frioul-Vénétie Julienne, qui en a mené la
restauration dans les années 1960. Elle accueille aujourd’hui un centre d’art
contemporain.

Le Trentin-Haut-Adige
Trente
Le centre historique de la capitale du Trentin se souvient de l’époque des
princes-évêques qui ont régné sur la cité pendant presque huit siècles. Le
concile de Trente, qui s’y est tenu entre 1545 et 1563, visait à contrer la
montée du protestantisme.
Aujourd’hui, Trente (Trento) est une petite ville universitaire animée où les
étudiants partagent les terrasses avec les alpinistes venus gravir les sommets
environnants.
Le Duomo , construit aux XIIe et XIIIe s. dans le style roman lombard,
domine une vaste place où trône une fontaine du XVIIIe s. dédiée à
Neptune. Les princes-évêques ont vécu dans le Castello del Buonconsiglio
, érigé entre le XIIIe s. et le début du XIXe s. Plus récente, la Galleria
Civica di Trento , ouverte par la municipalité en 1989, présente de belles
expositions d’œuvres d’artistes contemporains, italiens et étrangers.
Conçu par l’architecte italien Renzo Piano, le Museo delle Scienze
(MUSE) a ouvert ses portes en 2013 dans une ancienne zone
industrielle de Trente. Ce spectaculaire édifice à structure d’acier et de verre
évoque le profil des Dolomites, et le musée utilise la métaphore de la
montagne pour illustrer l’histoire de la vie sur Terre et aborder les thèmes
de la biodiversité, du développement durable et de l’évolution.
Les Dolomites
Ces magnifiques montagnes doivent leur nom à un Français, Déodat
Dieudonné Sylvain Guy Tancred de Gratet de Dolomieu, né en 1750
et mort en 1801. Voyageur, aventurier et spécialiste des volcans et
des tremblements de terre, il a été professeur de géologie à l’École
des mines de Paris. Intrigué par la couleur rosée que prennent les
montagnes, alors appelées Alpes vénitiennes, au coucher du soleil, il
envoie un échantillon de pierre au chimiste suisse Nicolas-Théodore
de Saussure. Pour le remercier de son analyse, Dolomieu propose de
baptiser la pierre « saussurite ». De Saussure le devance en publiant
un article sur la pierre qu’il nomme « dolomite ».

Inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2009, les


Dolomites englobent 18 sommets de plus de 3 000 m. Ces
montagnes qui couvrent quelque 1 400 km2 composent un paysage
unique avec leurs murailles verticales et leurs falaises vertigineuses.
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Tre Cime di Lavaredo, Dolomites.


© iStockphoto.com/DieterMeyrl

Autour de Trente
Le Parco Naturale Adamello Brenta est la plus grande aire protégée du
Trentin. On y trouve les sommets les plus occidentaux de la chaîne des
Dolomites et plus de 1 500 espèces d’arbres et de plantes. Le parc, dont la
forêt couvre le tiers de la superficie, compte pas moins de 48 lacs, en plus
du glacier de l’Adamello, l’un des plus grands d’Europe. Il est peuplé par
des chamois, des cerfs, des chèvres, des renards et des aigles. Parsemé
d’églises et de châteaux, le territoire couvert par le parc a conservé son
antique tradition agricole. On y produit du miel, des noix (noci del Bleggio),
des pommes (mele del Val di Non), des saucissons et une gamme de
fromages alpins (formaggi di malga).
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Parco Naturale Adamello Brenta.
© Dreamstime.com/Alberto Masnovo

Bolzano
Nichée dans un écrin de vignobles et de vergers, Bolzano conserve
jalousement son passé autrichien, visible notamment dans son architecture.
Son Duomo affiche un mélange de styles et d’époques, entre le
paléochrétien et le gothique, en passant par le carolingien et le roman.
Intéressante curiosité, le petit « portail du vin », décoré d’éléments
évoquant la vigne, rappelle que l’endroit avait à l’époque le droit exclusif
de vendre du vin. Les transactions se faisaient ici. À l’intérieur, il faut
prendre le temps d’admirer la chaire et le maître-autel.
Par ailleurs, le Museo Archeologico dell’Alto-Adige est consacré à
l’histoire de la région. C’est un incontournable pour comprendre la
complexité du Haut-Adige.

Autour de Bolzano
Le Südtirol (Sud-Tyrol) renferme plus de 800 châteaux, manoirs et
forteresses, et la plupart sont situés près de Bolzano. On doit cette
abondance au fait que la route des Dolomites a longtemps été la seule voie
reliant le nord et le sud de l’Europe. Elle a été parcourue autant par les
légions romaines que par les hordes barbares et les troupes napoléoniennes
et autrichiennes. On trouve encore aujourd’hui des remparts, tours de guet
et donjons ici et là.
Le Castel Tirolo , situé près de Merano, fut le berceau des comtes du
Tyrol. Érigé avant 1100, le château a connu une deuxième phase de
construction vers 1139-1140 et une troisième dans la seconde moitié du
XIIIe s. En 2003, il est devenu un musée consacré à l’histoire et à la culture
du Südtirol.
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Castel Tirolo.
© iStockphoto.com/Tinieder

De style gothique, le Castel Roncolo , bâti à Renon en 1234, abrite le


plus grand cycle profane de fresques médiévales, une source unique pour
comprendre les mœurs de la noblesse et la mode au Moyen Âge tardif.
Au carrefour des vallées de l’Isarco et de Pusteria, la bien nommée
commune de Fortezza comprend la plus grande forteresse austro-
hongroise de l’ancien Tyrol. Construite entre 1833 et 1838 en réponse à la
politique d’expansion napoléonienne, elle ne subit jamais d’attaque. On dit
que les Allemands y ont fait construire un bunker pour y stocker l’or
provenant de la Banque d’Italie, « l’or nazi ». En 2005, la forteresse a
rouvert après un programme de restauration.
Il n’y a pas que de vieilles pierres dans le Südtirol. À preuve, le sixième et
dernier musée de montagne Messner, signé Zaha Hadid, le refuge Oberholz
et le complexe de la Cantina Tramin, œuvre d’architectes sud-tyroliens.
Ouvert en 2015, le Messner Mountain Museum Corones (MMM
Corones) est sans doute le plus spectaculaire des six musées consacrés à
l’alpiniste Reinhold Messner, qui fut le premier à grimper les 14 montagnes
du monde s’élevant à plus de 8 000 m. Le MMM est perché à 2 275 m au
sommet du Kronplatz, d’où on jouit d’un magnifique panorama qui s’étend
des Dolomites aux Alpes autrichiennes. Le musée raconte l’évolution de
l’alpinisme, son histoire parsemée de triomphes et de tragédies. Creusé dans
le roc, il dispose de trois ouvertures et d’un belvédère orientés vers les
sommets qui ont particulièrement influencé la vie de Messmer.

Gastronomie locale du Trentin-Haut-Adige


Cette cuisine de montagne est concoctée à partir des produits
locaux. Du côté des charcuteries, le Speck arrive en première place,
suivi du Kaminwurz. Parmi les fromages, le Trentingrana, la tomme
de montagne et le Casolet sont parmi les plus typiques.

Ici, on mange de la polenta et une variété de soupes, dont la soupe à


l’orge, ainsi que le Bro brusà, une préparation typique à base de
farine, d’huile d’olive, de beurre, de pancetta fumée et d’eau, qu’on
sert avec du fromage râpé. On mange aussi de la truite et on termine
le repas par un strudel fait avec les pommes du Val di Non, le tout
arrosé de vins locaux (Merlot, Cabernet, Pinot, Chardonnay) et
d’étonnants mousseux.

Juché à 2 096 m et accessible en téléférique, le refuge Oberholz possède


une structure de bois qui ressemble à un arbre inversé. Ses trois ouvertures
donnent sur autant de massifs des Dolomites. La façade extérieure est en
mélèze, alors que la structure portante et le revêtement extérieur sont en
épicéa.
Située dans la plus grande zone viticole du Südtirol, la Cantina Tramin
produit un exceptionnel gewurztraminer. Construite en 2010, cette nouvelle
œnothèque résolument moderne, avec sa structure en acier vert, est l’œuvre
de l’architecte Werner Tscholl. Le rez-de-chaussée, où se tiennent les
dégustations, s’ouvre sur le lac de Caldaro, le lac de baignade le plus chaud
des Alpes, et sur les montagnes environnantes.
Les grands thèmes
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Torre di Pisa.
© iStockphoto.com/sedmak

Parcs
Les parcs nationaux
L’Italie compte 25 parcs nationaux dont nous décrivons ci-dessous les 10
situés dans le Nord. Tous ces parcs protègent des paysages variés dont
certains ont retenu l’attention de l’UNESCO.
Situé entre la plaine du Pô et la mer Ligure, le Parco Nazionale
Appennino Tosco-Emiliano (Émilie-Romagne et Toscane) préserve depuis
2007 une extraordinaire variété de milieux naturels (forêts, lacs, prairies,
chutes d’eau, etc.), fréquentés notamment par des loups, des mouflons, des
chevreuils et des aigles royaux.
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Parco Nazionale Arcipelago Toscano.


© iStockphoto.com/robertonencini

Parc de 747 km2 créé en 1996, le Parco Nazionale Arcipelago Toscano


(Toscane) est reconnu par l’UNESCO depuis 2003 comme Réserve de la
biosphère des îles toscanes. Il protège des aires marines et comprend sept
îles : Elbe, la plus grande de l’archipel et la troisième de la Méditerranée;
Capraia, paradis de la plongée; Pianosa, qui renferme les restes de la villa
romaine d’Agrippa; Montecristo, la plus sauvage; Giglio, tristement célèbre
pour le naufrage du Costa Concordia en janvier 2012; Gorgone, la plus
petite et la plus septentrionale des îles toscanes; et Giannutri, la plus
méridionale.
À la lisière des Alpes sud-orientales, le Parco Nazionale Dolomiti
Belunesi (Vénétie) date de 1990. Il englobe les monts Vette Feltrine, les
plus au sud et les moins fréquentés des Dolomites. Ils étaient déjà connus
au XVIIIe s. pour les espèces rares de leur flore. Le parc se déploie en arc de
cercle au-dessus de Val Belluna entre Feltre et Belluno. Son intérêt est
d’ordre botanique, géologique et historique.
Depuis 1934, le Parco Nazionale del Circeo (Latium) protège la
biodiversité de son territoire de 84 km2. Il s’étend le long de la côte
tyrrhénienne à une centaine de kilomètres au sud de Rome. Dans l’Odyssée,
c’est au mont Circeo que la magicienne Circé retient Ulysse.
Le Parco Nazionale Gran Paradiso (Val d’Aoste et Piémont) était le
premier parc national d’Italie lors de sa création en 1922. Il couvre un vaste
territoire montagneux de 700 km2 qui s’étend des hauteurs vertigineuses du
sommet du Grand Paradis (4 061 m) jusqu’à ses profondes vallées. La zone
protégée comprend forêts de mélèzes et de sapins, prairies alpines, rochers
et glaciers, et accueille une faune riche et variée.
Le Parco Nazionale Foreste Casentinesi, Monte Falterona e Campigna
(Émilie-Romagne et Toscane), zone protégée depuis 1993, permet de
reconstituer la culture matérielle de la région habitée par les Étrusques dans
l’Antiquité et traversée par les pèlerins au Moyen Âge. À travers ses sites
archéologiques, on peut retracer les liens anciens entre l’homme et la
nature.
À cheval sur deux régions (Marches et Ombrie), le Parco Nazionale dei
Monti Sibillini, créé en 1993, inclut les plus hauts sommets de l’Apennin
ombro-marchesan, dont le plus élevé, le mont Vettore, atteint 2 476 m. Ses
montagnes mystérieuses ont donné naissance à des légendes fantastiques.
Avec ses 1 307 km2, le Parco Nazionale dello Selvio (Lombardie et
Trentin-Haut-Adige) est le plus grand des parcs historiques italiens. Fondé
en 1935 au cœur des Alpes centrales, il comprend plusieurs vallées creusées
par les glaciers et les eaux qui ruissèlent du massif de l’Ortles-Cevedale.
Crêtes, forêts et prairies composent l’impressionnant paysage de ce parc qui
recèle également des musées, châteaux et bâtiments religieux.
Avec ses 146 km2, le Parco Nazionale della Val Grande (Piémont) couvre
la zone naturelle sauvage la plus étendue d’Italie. Depuis la disparition des
alpages et la fin du déboisement, le territoire de ce parc créé en 1992 est
redevenu le royaume exclusif de la nature. Une végétation riche et colorée y
pousse maintenant librement.
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Parco Nazionale delle Cinque Terre.
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Inscrit au patrimoine naturel et culturel de l’UNESCO en 1997, le petit


Parco Nazionale delle Cinque Terre (Ligurie) protège depuis 1999 des
paysages côtiers époustouflants composés de falaises, de baies et de petites
plages, de kilomètres de murets de pierres sèches qui délimitent des cultures
en terrasses, de maisons typiques, de villages médiévaux et de sentiers de
randonnée balisés pour admirer toutes ces splendeurs.
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Dolomites
© iStockphoto.com/Janoka82

Les parcs régionaux


Le nord de l’Italie est aussi doté d’un beau réseau de parcs régionaux qui
chantent, chacun à leur façon, les beautés locales. Parmi ceux-ci, en voici
quelques-uns choisis ici et là.
En Vénétie, le Parco Regionale dei Colli Euganei comprend une centaine
de collines pointues créées par un phénomène volcanique très ancien.
En Émilie-Romagne, le riche écosystème du Parco del Delta del Po est un
hymne au réseau hydrographique de ce grand fleuve.
Le Parco Regionale del Lago Trasimeno protège le fameux lac Trasimène
et ses villages riverains, un endroit magique pour observer les oiseaux dans
la région d’Ombrie.
Premier parc d’Europe enregistré selon la certification environnementale
EMAS, le Parco Naturale Mont Avic est l’hôte de la plus vaste forêt de
pins de montagne du Val d’Aoste (plus de 980 ha). Créé en 1989, il a été
agrandi en 2003.
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Parco Naturale Mont Avic.


© iStockphoto.com/AlexD75

Situé en Toscane et déjà fréquenté durant la préhistoire, le Parco Naturale


della Maremma a été habité par les Étrusques, et l’occupation humaine
s’est prolongée à l’époque romaine, au Moyen Âge et sous les Médicis.
Symphonie d’écosystèmes, il comprend les monts de l’Uccellina, une zone
littorale, des forêts, des pinèdes, des terres agricoles, des grottes et des
marais qui rappellent le temps où ils formaient l’essentiel du paysage de la
Maremma.

Gastronomie
Reconnue mondialement, la cuisine italienne n’est pas uniforme dans tout le
pays, ni d’ailleurs dans le Nord. Elle se décline différemment selon les
régions, les climats, la géographie, les terroirs et les influences étrangères.
Dans le Frioul-Vénétie Julienne et dans le Trentin-Haut-Adige, par
exemple, on mange encore un peu comme chez le voisin teuton : saucisses,
pommes de terre, chou et même choucroute. Dans le Val d’Aoste, une
fondue inspirée de celle de la Savoie figure au menu.
Selon l’environnement, on mange poissons de lac, fruits de mer,
charcuteries et viandes, mais partout la cuisine a comme dénominateurs
communs l’attachement à la qualité des produits et le respect des traditions.

Produits
Les Italiens du Nord se sont approprié quelques produits typiques qui
transcendent les disparités régionales : le maïs, la tomate, le café, le
chocolat, les pâtes, le pain, l’huile d’olive et le riz.
Originaire d’Amérique latine, le maïs est importé par les marchands
vénitiens dès le XVIe s. Apprivoisé par les Vénitiens habitués à préparer des
bouillies avec des légumineuses, il finira par être l’ingrédient principal d’un
plat mythique, la polenta. La Vénétie est le plus grand producteur de maïs
d’Italie, suivie par le Frioul-Vénétie Julienne, la Lombardie et le Piémont.
Arrivant aussi de l’Amérique du Sud, la tomate a fait son entrée en Italie
par Naples.
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Oliviers et champs de céréales, Toscane.
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On conteste de plus en plus l’idée que Marco Polo ait rapporté les pâtes de
Chine au XIIIe s. Apparemment, les pâtes sèches étaient connues des
Arabes qui les auraient introduites en Italie dès le IXe s., mais c’est à Venise
que naît en 1740 la première usine de pâtes.
Venant des pays arabes, le café arrive à Venise en 1615. En Italie, il se boit
sous forme d’espresso, lungo (allongé), doppio (double), macchiato (avec
un soupçon de lait), latte macchiato (avec plus de lait que de café), latte
(avec du lait), cappuccino (avec du lait chaud mousseux), con panna (avec
une cuillère de crème fouettée), americano (auquel on ajoute de l’eau
chaude), corretto (avec un alcool, généralement de la grappa ou de la
sambuca), freddo (froid) ou shakerato (mélangé avec des glaçons dans un
shaker à cocktails).
Également originaire d’Amérique latine, le chocolat est introduit en Italie
via l’Espagne et la France, où il avait pénétré par Bayonne avant de gagner
l’Italie à l’occasion du transfert de la capitale royale des Savoie de
Chambéry à Turin. Turin est aujourd’hui la capitale italienne du chocolat,
avec une production de 80 000 tonnes par an, soit 40% de la production
italienne.
Le fruit de l’olivier est utilisé depuis des millénaires. Dans le Nord, l’huile
d’olive est produite notamment en Ligurie, de façon plutôt artisanale, avec
seulement quelques milliers de tonnes par an. On en fabrique également en
Lombardie, à partir de la variété locale Casaliva, en Toscane et en Ombrie
avec les variétés Frantoio, Leccino, Moraiolo et quelques autres.
Comme son nom l’indique, le vinaigre balsamique de Modène, qui jouit
d’une indication géographique protégée (IGP), est produit à Modène, mais
aussi à Reggio Emilia sur un territoire qui correspond à peu près à l’ancien
duché de la maison d’Este. Il tire ses origines de l’époque romaine. On le
confectionne à partir du moût de raisin des vignobles environnants auquel
on ajoute du vinaigre de vin. Il doit ensuite reposer au moins 60 jours dans
des contenants de bois. Le vinaigre vieilli, plus goûteux mais aussi plus
coûteux, doit patienter au moins trois ans. Pour en apprécier toute la saveur,
on en sert une goutte sur un cube de parmesan.
Pour mériter l’appellation parmigiano reggiano, le fromage parmesan doit
être fabriqué dans les régions de Modène, Parme et Reggio Emilia. Il doit
être préparé à partir du lait de vaches de la région nourries exclusivement
d’herbes et de foin de la région, et toutes les étapes de transformation
doivent se dérouler sur place. Il faut 550 l de lait pour fabriquer une seule
meule de parmesan. Seulement trois ingrédients entrent dans la recette : le
lait, le sel et la présure. La région produit chaque année plus de 3 millions
de meules dont environ 40% sont exportées. Parmi les autres fromages
emblématiques de l’Italie du Nord : la fontina du Val d’Aoste, la ricotta et
le pecorino, un fromage de brebis. Le pecorino de Pienza, en Toscane, est
particulièrement apprécié.
Produit dans le Frioul, le prosciutto di San Daniele est le fruit d’une
tradition plusieurs fois millénaire. Fabriqué à partir de cuisses de porcs nés,
élevés et abattus en Italie, nourris de lactosérum et de céréales, ce jambon
jouit d’une appellation d’origine protégée. Dans le cas du prosciutto di
Parma, son goût singulier viendrait du fait que les porcs utilisés sont
nourris en partie avec le surplus du lait employé pour faire le parmesan.
Quelques centaines de producteurs situés dans l’est de la province de
Parme, en Émilie-Romagne, se chargent de le produire.
Les origines de la mortadelle de Bologne, qui jouit également d’une IGP,
remonteraient à la Renaissance. Sa recette aurait été conçue par Cristoforo
di Messisbugo, employé à la cuisine de la famille d’Este. La recette a
évolué depuis, mais elle n’intègre toujours que de la viande de porc. La
mortadella est préparée avec des viandes sélectionnées, hachées et
transformées en pâte fine, ensuite enrichie de morceaux de lard blanc
provenant de la gorge du porc, le plus noble de ses tissus adipeux. Le gras
est ensaché dans le saucisson, cuit dans de grands fours puis rapidement
refroidi. L’Italie produit chaque année 1,8 million de tonnes de mortadelle.
La truffe est connue depuis l’Antiquité. On raconte qu’elle était très
appréciée des Romains qui avaient appris des Étrusques à la cuisiner.
L’Italie en est un important producteur et exportateur. On trouve la
précieuse truffe blanche autour d’Alba, dans le Piémont et également en
Toscane du côté de San Miniato, alors que la truffe noire prolifère en
Ombrie.
Connu depuis plus de 400 ans, le lard d’Arnad, le seul lard DOP
(denominazione di origine protetta ou appellation d’origine protégée)
d’Europe, est un produit emblématique du Val d’Aoste. Il est fabriqué avec
la viande de porcs de la région engraissés naturellement, sans nourriture
industrielle.
Le riz était-il déjà connu au temps des Romains ou est-il arrivé à Venise en
provenance d’Asie? Originaire des environs d’Arborio, dans le Piémont, le
riz Arborio était déjà cultivé au XVe s. Avec ses gros grains blancs et sa
haute teneur en amidon, il est idéal pour faire le risotto, un plat qui existe
comme nous le connaissons depuis le XIXe s.
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Piazza Navona, Rome.
© iStockphoto.com/kirkandmimi

Le pain toscan possède la particularité de ne pas être salé. Est-ce pour


mieux accompagner les fromages et charcuteries déjà salés, ou pour mieux
le conserver et éviter que le sel n’attire l’humidité, comme il n’était souvent
cuit qu’une fois la semaine au forno du village? Ce pain se présente sous
plusieurs formes. Au Piémont, on le mange souvent sous la forme de
grissini. Fabriqués dans de petites boulangeries locales qui rivalisent pour
leur donner le meilleur goût, les gressins peuvent atteindre 77 cm de
longueur.
La chianina, une race bovine connue depuis des siècles (on parle même du
temps des Étrusques) est surtout présente en Toscane. C’est la plus
imposante race de bovins domestiques au monde (le mâle peut peser près de
1 300 kg). Avant la mécanisation, on les utilisait comme bêtes de somme.
Ils sont reconnaissables à leur robe blanche et à leurs cornes courtes à
pointes noires. Leur viande est l’ingrédient essentiel pour cuisiner la
bistecca alla fiorentina.
Il y a tant de produits locaux, de l’artichaut violet de Sant’Erasmo, une île
de la lagune de Venise qui est depuis longtemps son potager, à la cerise de
Marostica, en passant par le radicchio de Trévise, les asperges de Bassano
et les lentilles de Castelluccio. Et tant d’autres délicieux fruits et légumes
locaux et régionaux…
Connu des Romains sous une forme plus ou moins semblable, le gelato (de
gelare qui signifie « geler ») a fait les délices de la cour des Médicis après
sa réinvention à Florence au XVIe s.
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Mortadella.
© iStockphoto.com/ROMAOSLO

Chaque région a ses dolci. En Toscane, on finit le repas avec des cantucci,
biscuits trempés dans le vinsanto (vin doux). Datant du Moyen Âge, le
panforte de Sienne, comme son cousin, le panpepato de Ferrare, était
associé au repas de Noël, mais on consomme maintenant les deux toute
l’année.

Plats
Tous ces bons produits se retrouvent à la base des plats les plus exquis. La
mortadelle sert notamment à farcir les délicieux tortellini servis à Bologne,
où les viandes se marient pour napper les pâtes alla bolognese. L’huile
d’olive, le basilic, les haricots et les trofie, pâtes typiques de Ligurie,
composent les pâtes au pesto. Combiné au safran, le riz devient le risotto
alla milanese. Plusieurs plats portent d’ailleurs la mention « alla milanese
». C’est notamment le cas de l’osso buco et de la cotoletta. À Venise, on
mange les pâtes locales (bigoli) in salsa, avec des anchois.
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Tortellini.
© flickr.com/photos/149561324@N03/28110973997/CC BY 2.0

Le pain non salé, si important dans la culture toscane, trouve sa place sur la
table sous forme de crostini et bruschette, mais également dans la ribollita
et la pappa al pomodoro (soupes traditionnelles) et la panzanella (une
salade). Plusieurs des plats de la région mélangent harmonieusement,
tomates, huile d’olive et pain, les incontournables de la cuisine toscane.
Un repas italien traditionnel se compose d’antipasti (entrée), d’un primo
piatto (du riz ou des pâtes) d’un secondo piatto (viande ou poisson), suivi
d’un dessert (dolce) ou de fromage.

Sur le pouce
La gastronomie italienne ne se limite pas aux repas servis dans les
restaurants. On peut manger de grands classiques dans la rue, au
marché ou au comptoir d’un forno. Inventée à Naples, la pizza se
mange partout en Italie. On peut l’acheter en tranches (al taglio)
pour un repas rapide. Originaire d’Émilie-Romagne, la piadina, une
sorte de crêpe farcie de fromage, de prosciutto et de légumes grillés,
peut également se déguster debout, au comptoir, comme la
mozzarella in carozza (mozzarella et pain frits, parfois avec des
anchois) ou les suppli, cousins romains des arancini siciliens
(boules de riz frites farcies de viande et de mozzarella), ou plus
simplement un panino (sandwich) ou encore des tramezzini
(sandwichs de pain de mie coupés en triangles), très populaires à
Venise, où on grignote aussi des cicchetti (petites bouchées
apéritives). Au marché, on apprécie toujours la porchetta, un
sandwich de porcelet bien relevé.
Vins
En Italie, on cultive la vigne depuis l’Antiquité. L’Italie, qui compte plus de
cépages plantés que n’importe quel autre pays, figure parmi les plus
importants producteurs et exportateurs de vins au monde. Dans toute
l’Italie, 2 millions de producteurs s’activent dans 200 zones viticoles
officielles. En 1963, le pays créait le label DOC (denominazione di origine
controllata) qui assurait le lieu d’origine, la qualité, la méthode de
production et le type de raisin utilisé. On compte maintenant plus de 300
crus certifiés DOC. Depuis 1980, les meilleurs vins bénéficient d’une
DOCG (denominazione di origine controllata e garantita), certification
accordée à moins de 20% de la production. On trouve neuf de ces vins dans
le Piémont et sept en Toscane. La certification IGT (indicazione geografica
tipica) se situe entre la DOC et le vin de table.
On distingue trois régions viticoles dans le nord de l’Italie : le Nord-Ouest,
le Nord-Est et le Centre.
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Vignoble du Piémont.
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Le Nord-Ouest comprend le Piémont, le Val d’Aoste, la Ligurie, la


Lombardie et une partie de l’Émilie-Romagne. Le vignoble du Piémont est
un des plus prestigieux du pays. Le cépage nebbiolo est à la source des
appellations comme le Barolo et le Barbaresco, deux DOCG. Asti produit
60 millions de litres par année. Le Val d’Aoste est connu pour ses vignes
cultivées sur des terrasses rocheuses. Il compte 23 DOC, dont le Blanc de
Morgex, le vignoble le plus haut d’Europe continentale (entre 900 et
1 200 m d’altitude). La Lombardie s’enorgueillit de produire le
Franciacorta, le prince des vins mousseux.
Dans le Nord-Est domine le Valpolicella, qui fait la renommée de la
Vénétie, comme le Prosecco, dont le nom fait référence à un cépage et à
une méthode de vinification. Créé par hasard au XIXe s. quand le but avoué
du producteur était de faire du champagne, il résulte d’une deuxième
fermentation du vin dans de grosses cuves sous pression. Il bénéficie d’une
DOC. Font également partie de cette région les vins du Frioul et du Trentin
Haut-Adige.
Au Centre se trouvent les vins de Toscane, du Latium (dont le Frascati), de
l’Ombrie, qui produit l’excellent Torgiano Riserva, et des Marches, région
reconnue pour son sympathique Verdicchio. Le Chianti, sans doute le vin
italien le plus connu, est produit autour de Florence.
Un des meilleurs vins italiens, le Brunello di Montalcino est produit sur le
territoire de la commune de Montalcino, inscrite au patrimoine mondial de
l’UNESCO depuis 2004. Ce village d’origine étrusco-romaine, conçu selon
un plan médiéval, est entouré de remparts et dominé par une forteresse du
XIVe s. Au sud, le mont Amiata, haut de 1 740 m, contribue à créer un
climat doux favorable à la vigne. Le choix des bourgeons les plus
appropriés, le confinement de la végétation, l’éclaircissage manuel des
grappes et la qualité du raisin contribuent à la production d’un vin unique
d’un beau rouge grenat au parfum intense de sous-bois et de vanille.

Le Grand Tour
Bien avant Erasmus, à partir du XVIIe s. et tout au long des XVIIIe
et XIXe s., les jeunes gens des classes aisées de la bonne société
européenne vont parfaire leur éducation lors d’un long voyage qui
pouvait durer jusqu’à cinq ou six ans.

L’Italie est une destination de prédilection pour ces jeunes


aristocrates qui viennent admirer l’architecture, les ruines et les
œuvres d’art italiennes, et approfondir leurs connaissances en
histoire, en musique et en art, accompagnés ou non d’un tuteur.
Dans un second temps, ce seront les amateurs et les collectionneurs
d’art qui seront attirés par l’Italie, et les écrivains aussi, comme
Goethe et Alexandre Dumas.

Art et société
Le patrimoine culturel italien est d’une immense richesse. Hérité des
Étrusques, des Grecs et des Romains, il a été, au fil des ans, coloré par les
influences étrangères des envahisseurs ou des alliés de pays lointains. Avec
le plus grand nombre de sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de
l’UNESCO (54 : 49 sites culturels et 5 sites naturels), dont 60% sont situés
dans le Nord, et un portfolio de chefs-d’œuvre immortels tant en musique
qu’en peinture, en littérature et en architecture, l’Italie est un musée à ciel
ouvert. Le Bel Paese nage dans la beauté. Attention au syndrome de
Stendhal!

Architecture
Les réussites architecturales de la Rome antique sont nombreuses, mais le
Panthéon est sans doute l’exemple le plus éloquent de l’avancement de la
technique à l’époque. Datant de 27 av. J.-C., il est reconstruit par Hadrien
entre 117 et 125. Le mieux conservé des monuments romains est
remarquable par sa coupole, dont le diamètre égale sa hauteur, et par son
oculus, qui produit un éclairage sans cesse changeant et laisse passer la
pluie.
L’influence byzantine est par ailleurs très présente, notamment à Ravenne,
qui a été un temps la capitale de l’Empire romain d’Occident et le siège
d’un exarchat byzantin, où les principaux trésors sont la basilique San
Vitale, consacrée en 547, et le mausolée de Galla Placidia, qui date du Ve s.
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Panthéon, Rome.
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L’art roman s’est également concentré sur les édifices religieux. L’église
Sant’Ambrogio à Milan, construite entre 379 et 389 et modifiée jusqu’en
1099, en est un exemple éloquent. Avec l’essor des villes, on a commencé à
construire des palais communaux et des tours fortifiées, comme celles de
Bologne.
L’art gothique brille de tous ses feux dans le Duomo de Milan, flamboyant
chef-d’œuvre. La cathédrale, commencée à la fin du XIVe s., est consacrée
en 1572 même si elle n’est pas achevée. Sa somptueuse façade est plus
tardive. On trouve également de beaux exemples du style gothique à Venise
: le palais des Doges, la basilique Santi Giovanni e Paolo et le Ca’ Foscari.
D’abord sculpteur, puis devenu architecte, Brunelleschi (1377-1446) a
modifié le paysage architectural de Florence. On lui doit la coupole du
Duomo, une prouesse technique amorcée en 1420 et terminée en 1436,
l’hôpital des Innocents, la vieille sacristie de la basilique San Lorenzo et la
reconstruction de cette église, la chapelle des Pazzi de la basilique Santa
Croce et les plans du Palazzo Pitti.
La Renaissance explose à Florence et continuera de se développer à Rome.
Considéré comme le plus grand architecte de la Renaissance, Bramante
(1444-1514), d’abord peintre, arrive à Rome en 1499 après être passé par
Milan. Il bâtit le Tempietto San Pietro in Montorio en 1503 et signe les
plans de la basilique Saint-Pierre, dont la construction commence en 1506.
Raphaël, Sangallo et Michel-Ange participent également à ce qui fut le plus
grand chantier de la Renaissance.
Plus tard, au milieu du XVIe s., Andrea Palladio (1508-1580) s’inspire de
l’Antiquité pour exercer son art. Il laisse son empreinte à Venise, où il a été
architecte en chef, le temps de construire les églises de San Giorgio
Maggiore et Redentore, et à Vicenza, notamment avec le spectaculaire
Teatro Olimpico. Il conçoit également de riches villas dans la campagne
vénitienne, comme la splendide Rotonda.
Au XVIe s., le baroque émerge à l’époque de la Contre-Réforme. Deux
grands maîtres du baroque s’affrontent à Rome : Borromini (1599-1667),
qui dessine notamment l’église Sainte-Agnès-en-Agone (1653-1657), sur la
Piazza Navona, et l’église Saint-Charles-aux-Quatre-Fontaines commencée
en 1634; et Bernini (1598-1680), à qui on doit l’église Saint-André-du-
Quirinal (1670) et la magnifique place Saint-Pierre (1658-1667).
Le style de vie « villégiature » migrera vers le nord du pays avec la
construction du palais des Borromée sur le lac Majeur au XVIIe s. où le
baroque triomphera. De facture néoclassique, la Scala de Milan est
inaugurée en 1778.
Avec ses 167,5 m de hauteur, le Mole Antonelliana, à Turin, a un temps été
le plus haut édifice du monde. Sa construction s’est échelonnée de 1863 à
1897. Conçu par Alessandro Antonelliana comme lieu de culte pour la
communauté juive de Turin, il abrite maintenant le Musée national du
cinéma. Contemporaine, la Galleria Vittorio Emmanuelle II de Milan
(1865), symphonie de verre et d’acier, a été dessinée par Mengoni. Le
cimetière monumental de Milan a ouvert en 1866, alors que celui de Turin
l’avait précédé de quelques décennies.
Le style Liberty correspond à ce qu’on a appelé « Art nouveau » ailleurs en
Europe. On en trouve de beaux exemples à Viareggio. L’architecture de
l’époque mussolinienne donne ensuite la gare Santa Maria Novella à
Florence et, à Rome, le quartier EUR (avec entre autres son intéressant
Colisée carré), construit dans les années 1930 pour accueillir l’Exposition
universelle de 1942 qui n’eut jamais lieu pour cause de guerre. Parmi les
autres réalisations du Duce, figurent le complexe sportif Foro Italico et le
quartier de Garbatella, sorte de cité-jardin que Mussolini avait voulu
aménager pour loger les ouvriers romains.
Parmi les grandes vedettes de l’architecture contemporaine de l’Italie, on ne
saurait négliger l’apport de Renzo Piano, à qui on doit les auditoriums du
Lingotto, à Turin, et de Niccolo Paganini, à Parme, ainsi que le Parco della
Musica à Rome, l’aménagement du port de Gênes, sa ville natale,
l’impressionnante cave du domaine Rocca di Frassinello, en Maremme
toscane, et tellement d’autres œuvres à l’étranger, dont le Centre Pompidou
à Paris.
L’industrieuse Milan s’est distinguée dès les années 1950 avec l’érection de
la tour Pirelli de l’architecte milanais Gio Ponti, mais c’est sans aucun
doute l’époustouflant Bosco Verticale (Forêt verticale) qui a retenu
l’attention ces dernières années. La construction de ces deux tours
résidentielles végétalisées, conçues par une équipe d’horticulteurs et de
botanistes sous la direction de l’architecte milanais Stefano Boeri, a
commencé en 2009 pour se terminer en 2017. On y a intégré quelques
centaines d’arbres et des milliers d’arbustes et de plantes vivaces. L’effet est
saisissant et l’environnement en profite.
Les édifices modernes ne sont pas légion à Rome, mais le Museo Nazionale
delle Arti del XXI Secolo (MAXXI), établi dans le quartier populaire de
Flaminio et presque voisin de l’Auditorium Parco della Musica, attire les
regards. Œuvre de la regrettée Zaha Hadid, il a été livré en 2010.

Peinture
Déjà remarquable dès le XIIe s. par son sens de l’harmonie empreint
d’émotion, avec comme précurseurs Pietro Cavallini (1250-1330), Cimabue
(1240-1302) et surtout Giotto (1267-1337), dont le réalisme a été une
inspiration pour ses successeurs, l’art italien prend vraiment son essor à la
Renaissance. Durant cette période, on commence à utiliser la perspective,
on redécouvre l’Antiquité et on ose les sujets profanes et le nu, dans une
recherche de reproduction la plus fidèle possible du corps humain.
La Renaissance s’étend sur deux siècles et se divise grossièrement en trois
phases. La première, la Renaissance proprement dite, va de 1400 à 1500; la
deuxième, la Renaissance classique ou Haute Renaissance, se limite à une
vingtaine d’années à partir de 1500; et la dernière, axée sur le maniérisme,
prend place des années 1520 à 1600. On attribue à l’influence de Bellini le
passage de la première à la seconde Renaissance. Florence est le berceau de
cette période incroyablement fertile. Rome est ensuite séduite. Un troisième
pôle s’installe autour de Venise.
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Le Prophète Isaïe, Raphaël.


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Masaccio (1401-1428) perfectionne les jeux d’ombre et de lumière, alors


que Piero della Francesca (1415-1492) et Paolo Ucello (1397-1475) se sont
intéressés à la perspective d’après les études de Brunelleschi.
Maître de la composition et de la transparence, Sandro Botticelli (1444-
1510) marque son époque. Léonard de Vinci (1452-1519), Raphaël (1483-
1520) et Michel-Ange (1475-1564) s’imposent comme les figures de proue
de l’art italien du XVIe s. Ces grandes vedettes de la Renaissance auront
une influence durable sur l’art. La Renaissance se termine avec le
maniérisme qui survient après la mort de Raphaël et le sac de Rome. Les
peintres essaient de dépasser l’art du grand peintre dans le raffinement,
comme Giorgio Vasari (1511-1574), ou de se distinguer comme
Arcimboldo (1527-1593).
Le peintre baroque Caravage (1573-1610), maître des violents contrastes
entre l’ombre et la lumière, opère une petite révolution dans le monde de
l’art. Célèbre, mais paria en son temps, il est redécouvert au XXe s. On dit
qu’il a même influencé le cinéma néoréaliste italien.
L’École vénitienne naît au XIVe s. et atteint sa pleine maturité au XVIe s.
Ses maîtres sont Giorgione (1478-1510), Titien (1490-1576), Le Tintoret
(1518-1594) et Véronèse (1528-1588). De la représentation des
personnages et du corps humain, on passe aux magnifiques paysages de
Venise avec Canaletto (1697-1768). Le rattachement de la République de
Venise à l’Autriche en 1797 marque la fin de l’École vénitienne.
Le XIXe s. renoue avec le classicisme et l’Antiquité avec la redécouverte
d’Herculanum et Pompéi et le début des fouilles au siècle précédent. Après
avoir quitté le devant de la scène, la peinture italienne retrouve sa superbe
au XXe s.
Prôné par le poète Filippo Tommaso Marinetti, le futurisme, influencé par
le cubisme, naît à Milan au début des années 1900. Il rejette l’ancien
esthétisme et embrasse le modernisme urbain. Plus tard, il flirtera avec le
fascisme, à cause des liens entre Marinetti et Mussolini. Giacomo Balla
(1871-1958) est un des peintres qui emboîtent le pas au mouvement dont
l’influence se fera sentir sur certains courants européens d’après-guerre.
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Statue de Léonard de Vinci, Milan.


© iStockphoto.com/HildaWeges

Giorgio De Chirico (1888-1978) invente ensuite le concept de peinture


métaphysique. Le peintre cubiste Sergio Ceccotti, né en 1935, peut être vu
comme un de ses héritiers. Bien qu’ayant surtout vécu en France comme
beaucoup d’autres peintres italiens, Modigliani est considéré comme le
peintre italien le plus connu du début du XXe s.
Entre les deux guerres, fascisme oblige, on revient à l’art classique dans le
cadre du mouvement Novecento. Après la Seconde Guerre mondiale, on
passe à l’art informel avec notamment l’œuvre d’Alberto Burri (1915-
1995). Alternativement peintre abstraite et figurative, Titina Maselli (1924-
2005) peut être classée dans la mouvance du pop art, comme une autre
femme, Giosetta Fioroni, née en 1932. Valerio Adami, né à Bologne en
1935, passe du pop art à la figuration narrative qui évoque la bande
dessinée.
Le groupe ZERO a rassemblé des groupes d’artistes activistes européens.
Piero Manzoni (1933-1963) en était, même s’il fut identifié à l’Arte Povera.
Le mouvement artistique contestataire Arte Povera (art pauvre) fait son nid
à la fin des années 1960. Son nom, qui fait référence à l’utilisation des
matériaux naturels de la vie quotidienne (pour Michangelo Pistoletto, ce
sera notamment le chiffon), lui a été donné par le critique d’art Germano
Celant. Un des piliers de cette pratique artistique sera Alighiero Boëtti
(1940-1994), associé à l’avant-garde italienne. Mario Merz (1925-2003),
Emilio Primi (1943-2016) et Giovanni Anselmo (né en 1934) en seront
également.
Le mouvement Trans-avant-garde, qui peut s’apparenter au néo-
expressionnisme, est apparu en Italie à la fin des années 1970. Parmi ses
têtes d’affiche, on retrouve Sandro Chia et Enzo Cucchi, tous deux nés au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Établi à Paris depuis 1966, le Florentin Sergio Birga donne dans le réalisme
magique, tout comme Giovanni Tommasi Ferroni, né à Rome en 1967. Le
cœur de Valerio Berruti, né à Alba en 1977, balance entre la sculpture, la
peinture et le dessin.

Littérature
Dans la Rome antique, la poésie était à l’honneur. Les noms de Lucrèce,
Tibulle, Virgile et Horace sont parvenus jusqu’à nous. Pétrone et son
Satyricon sont passés à l’histoire. Au XIIIe s., saint François d’Assise écrit
son Cantique des créatures en dialecte ombrien. Le XIVe s. est celui de
Dante, Pétrarque et Boccace. Machiavel arrive au XVIe s. et le Vénitien
Goldoni invente son monde de comédie en dialecte vénitien au XVIIIe s.
Alessandro Manzoni (1785-1873) écrit trois versions de Les Fiancés entre
1821 et 1842. Ce roman, le premier écrit en italien populaire, deviendra un
classique de la littérature italienne. Pinocchio naît de l’imagination de Carlo
Collodi en 1881. Son roman Les aventures de Pinocchio connaîtra un
succès planétaire.

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Détail de la statue de Dante sur la Piazza Santa Croce à Florence.


© Shutterstock.com/Gabriele Maltinti

Le XXe s. voit s’épanouir le talent d’une foule d’écrivains italiens. On


crédite Gabriele D’Annunzio (1863-1938) du passage réussi de la littérature
italienne du XIXe au XXe s. Son contemporain, le Triestin Italo Svevo
(1861-1928), publie tardivement La Conscience de Zeno en 1923. Cesare
Pavese (1908-1950) décrit la société turinoise et Giorgio Bassani (1916-
2000), celle de Ferrare, notamment dans Les Lunettes d’or et Le Jardin des
Finzi-Contini.
Dino Buzzati publie Le Désert des Tartares en 1940, le Toscan qu’on dit fils
spirituel de Boccace, Curzio Malaparte (1898-1957), Kaputt en 1943 et La
Peau en 1949. Le Turinois Carlo Levi (1902-1975) est l’auteur de Le Christ
s’est arrêté à Eboli, qui dénonce les conditions de vie inhumaines des
habitants de Matera, en Basilicate, où il avait été exilé par Mussolini en
1935.
La carrière d’Alberto Moravia (1907-1990) débute avec la publication de
Les Indifférents en 1929 et se prolongera jusqu’à sa mort. Il a été marié
pendant une vingtaine d’années avec Elsa Morante (1912-1985), auteure de
La storia et d’Aracoeli, qui lui a valu le prix Médicis étranger en 1984.
Italo Calvino (1923-1985) publie son premier roman en 1947. Sa
production très riche comprend notamment Le Baron perché et Si par une
nuit d’hiver un voyageur. La collaboration de Carlo Fruttero (1926-2012) et
Franco Lucentini (1920-2002) s’est échelonnée sur plus de quatre
décennies. Ils ont signé plusieurs romans à quatre mains, dont La Femme du
dimanche, L’Amant sans domicile fixe et Place de Sienne, côté ombre.
On n’a pas tardé à qualifier de chef-d’œuvre le premier roman du
philosophe, essayiste et écrivain Umberto Eco (1932-2016) Le Nom de la
rose, paru en 1980. Eco reçoit le prix Médicis étranger en 1982 et son
roman est classé par le journal Le Monde parmi les 100 livres les plus
représentatifs du XXe s.
Quelques titres se détachent de l’œuvre du prolifique Antonio Tabucchi
(1943-2012), dont Nocturne indien, Pereira prétend et Tristano meurt.
L’œuvre d’Alessandro Baricco, né en 1958, est impressionnante. Son
premier roman, écrit à l’âge de 33 ans, Châteaux de la colère obtient le prix
Médicis étranger en 1995 et Soie, publié l’année suivante, fait le tour du
monde.
Parmi les auteurs contemporains, quelques noms se démarquent, dont ceux
de Francesca Melandri, qui a publié son premier roman, Eva dort, en 2010.
D’acier, le premier roman de Silvia Avallone, remporte le Prix des lecteurs
de L’Express. Il est suivi du très puissant Marina Bellezza en 2013 et de La
vie parfaite en 2018.
Cinéma
Réalisé par Filoteo Alberini et paru en 1905, La Prise de Rome, qui relatait
les événements de 1870 qui ont mené à l’annexation de Rome au royaume
d’Italie, est le premier film sorti des studios italiens. Le cinéma italien
donne ensuite dans les fresques historiques (Quo vadis en 1912, Les
derniers jours de Pompéi en 1913) et le burlesque, avant d’être idéologique
pendant la période fasciste. L’ouverture des studios de Cinecittà date de
1937.

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Pier Paolo Pasolini.


© flickr.com/photos/smalloranges/16518398567/CC BY 2.0
Les années 1940-1945 voient poindre les premiers balbutiements du néo-
réalisme italien avec Les enfants nous regardent de Vittorio De Sica et Les
Amants diaboliques de Luchino Visconti. À partir de 1945, le néoréalisme
explose avec Rome, ville ouverte, réalisé par Roberto Rossellini et mettant
en vedette Anna Magnani. Dans les années 1950, on assiste au triomphe des
acteurs comme Totò, Alberto Sordi et Vittorio Gassman.
Le cinéma d’auteur naît avec L’Avventura de Michelangelo Antonioni
(1959) et La dolce vita de Federico Fellini (1960). Ils récidiveront
notamment l’un avec La nuit, l’autre avec Juliette des esprits et Satyricon.
Avec les débuts d’Ettore Scola, on assiste à l’éclosion du cinéma engagé et
à la critique sociale, comme le cinéma de Pier Paolo Pasolini. L’Affaire
Mattei de Francesco Rosi est présenté à Cannes en 1972. Signé Bernardo
Bertolucci, Le Dernier Tango à Paris fait scandale à sa sortie en 1972. Les
frères Paolo et Vittorio Taviani réalisent Padre Padrone en 1977 et La nuit
de San Lorenzo en 1982.
C’est l’époque des grands acteurs italiens, Marcello Mastroianni, Gianmaria
Volontè, Claudia Cardinale, Anna Magnani, Stefania Sandrelli, Nino
Manfredi et Sofia Loren, parmi d’autres.
Pendant ce temps-là, Sergio Leone fait sa petite révolution avec ses «
westerns spaghettis », appuyés par la musique d’Ennio Morricone.
L’expérience se poursuit du milieu des années 1960 au début des années
1980.
Les années 1990-2000 continuent de faire la part belle aux films italiens
avec Cinema Paradiso de Giuseppe Tornatore, Mediterraneo de Gabriele
Salvatores et La vita è bella de Roberto Benigni respectivement,
récipiendaires de l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1990,
1992 et 1999, tout comme La grande belezza de Paolo Sorrentino en 2013.
La fresque Nos meilleures années de Marco Tullio Giordana fait un retour
sur quelques décennies d’histoire de l’Italie. D’abord conçu pour la télé
mais porté au grand écran en deux épisodes de trois heures, il a marqué
l’année 2003.
À travers ce palmarès, il ne faut pas oublier l’immense talent de Nanni
Moretti, récompensé à Cannes pour La Chambre du fils en 2001, et son
satyrique Habemus papam de 2011. Plus récemment, Dopo la guerra, signé
Annarita Zambrano, a obtenu six nominations à l’édition 2018 du festival
de Cannes.

Musique
Les Italiens sont un peuple de musiciens. Du chant grégorien à l’opéra en
passant par la musique polyphonique sacrée et profane, ils ont maîtrisé cet
art. C’est en Italie qu’a été inventée la notation musicale par le moine
bénédictin Guido d’Arezzo au XIe s. Quelques siècles plus tard, les Italiens
sont à la source de progrès techniques qui chambouleront les instruments à
cordes. Stradivarius, mort en 1739, est considéré comme le plus grand
luthier d’Europe.

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Antonio Vivaldi.
© UnknownUnidentified painter18th-century (Old image: Taken from the en.wikipedia), Public
Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10678

L’Italie s’éveille à la musique aux XVIIe et XVIIIe s. Inlassable


compositeur, le Vénitien Antonio Vivaldi (1678-1741) est toujours joué
dans sa ville natale et partout dans le monde. Les Quatre Saisons, œuvre
baroque par excellence, se classe parmi les concertos pour violon les plus
célèbres de l’histoire de la musique.
L’opéra occidental est né en Italie dans les années 1600. On rêvait depuis
longtemps d’harmoniser la voix et la musique en une seule œuvre. Il y avait
bien eu au XVIe s. quelques représentations d’ébauches de théâtre musical à
l’occasion de grandes fêtes princières en Toscane, et à Venise au temps du
carnaval, mais c’est à Mantoue en 1607 que fut joué le premier opéra, Orfeo
de Claudio Monteverdi.
L’âge d’or de l’opéra italien a lieu à partir de la fin du XVIIIe s. Le Teatro
Regio de Turin ouvre en 1740, La Scala de Milan est inaugurée en 1778 et
La Fenice en 1792 à Venise. La table est mise pour que l’opéra prenne son
envol et l’emporte sur les autres genres musicaux. La popularité de l’opéra
se répand rapidement dans toute l’Italie au XVIIIe s.
L’apogée du bel canto a lieu entre 1815 et 1840 avec le trio Rossini (1792-
1868), Bellini (1801-1835) et Donizetti (1797-1848). Le Barbier de Séville
de Rossini, chef-d’œuvre de l’opéra-bouffe italien, est créé à Rome en
1816, alors que la première de Norma de Bellini a lieu à La Scala en 1831,
et Lucia de Lamermoor, de Donizetti, en 1835 à Naples.
Le prolifique Giuseppe Verdi (1813-1901) prend le relais et devient le plus
grand compositeur de son époque. Sa production phénoménale comprend
notamment Nabucco (1842), Ernani (1843), Il trovatore (1853), La traviata
(1853), Rigoletto, (1869) Aida (1871), Otello (1897) et Falstaff (1893).
Puccini (1858-1924) lui succèdera avec Tosca, Madame Butterfly, La
Bohème et Turandot.
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Giuseppe Verdi.
© Giovanni Boldini [Public domain], via Wikimedia Commons

Du côté des chanteurs d’opéra italiens, Enrico Caruso est toujours considéré
comme le plus grand de tous les temps, et Luciano Pavarotti, comme le plus
grand après Caruso. Ces deux ténors auront fait l’histoire.
Pour présenter des opéras et des concerts de musique populaire ou
classique, le nord de l’Italie possède des cadres magiques, comme les
Arènes de Vérone et les thermes de Caracalla, à Rome. La musique
populaire italienne a aussi sa Mecque, Sanremo sur la Riviera ligure, où se
déroule chaque année depuis 1951 un festival qui lance les meilleures
chansons pop. Parmi les titres primés, plusieurs ont fait le tour de la terre.
C’est notamment le cas de Nel blu dipinto di blu (Domenico Modugno),
connu en français sous le nom de Volare, qui a remporté le grand prix du
festival en 1958 avant d’être récompensé l’année suivante aux Grammy
Awards. Piove (Ciao ciao bambina) du même chanteur a remporté le grand
prix en 1959, de même qu’Al di là, chanté par Betty Curtis (née Roberta
Corti) en 1961.
Entre les années 1960 et 1970, tout gravite autour de Sanremo. C’est
l’époque de Gino Paoli, Luigi Tenco, Bruno Lauzi et Sergio Endrico. Lucio
Battisti, mort en 1998, est un peu à la pop italienne ce qu’ont été les Beatles
et Simon and Garfunkel à la musique populaire britannique et américaine.
Parmi ses chansons les plus populaires, La canzone del sole et Il mio canto
libero. Fabrizio De André a plus ou moins été le Bob Dylan italien,
notamment avec La guerra di Piero.
Autrement, parmi les vedettes de la chanson populaire, figurent
l’octogénaire engagé Adriano Celentano; Lucio Dalla, qui a connu son
heure de gloire avec sa chanson Caruso; le rockeur Vasco Rossi, qui a
chanté en 2017 devant 225 000 spectateurs à Modène; l’éternelle Patty
Pravo, qui a chanté avec Robert Charlebois La solitudine; Gianna Nanini,
un avocat devenu chanteur; Paolo Conte, un chanteur et musicien né à Asti,
qui a connu une grande carrière internationale; Gianmaria Testa, un chef de
gare chantant disparu trop tôt en 2016; Andrea Bocelli, qui joue également
sur le tableau du bel canto, tout comme le trio Il volo; et Eros Ramazzotti,
qui a vendu plus de 55 millions de disques dans le monde.

Langue
L’italien est une langue romane indo-européenne issue du latin. L’étrusque
qui était parlé en Toscane et dans le nord du Latium sous la République de
Rome a influencé le latin, notamment par son alphabet.
C’est le dialecte toscan qui s’est imposé dans toute la péninsule grâce à son
utilisation par Dante, Pétrarque et Boccace, les trois plus grands écrivains
du Moyen Âge. Ils ont donné ses lettres de noblesse à une langue jusque-là
dite vulgaire. Dans sa Comedia, Dante écrit en langue toscane, qu’il enrichit
de mots provençaux et latins. Pétrarque, qui admirait les auteurs antiques,
dont Cicéron et Virgile, écrit d’abord en latin avant de choisir le toscan pour
son recueil de nouvelles Canzoniere. On le considère comme le pionnier de
la prose italienne. Au XIXe s., c’est Alessandro Manzini qui achèvera le
travail avec son populaire roman Promessi Sposi (Les fiancés), qui
deviendra un modèle du genre. L’italien, cette langue de culture liée à la
poésie et à l’opéra, deviendra la langue officielle avec l’unification de
l’Italie dans la deuxième moitié du XIXe s.
L’italien est écrit depuis le XIVe s. Pour la codification de ses règles de
grammaire, il faut attendre la Renaissance. Le français doit beaucoup à
l’italien. On estime à près de 700 le nombre de mots italiens intégrés à la
langue de Molière.
Plus de 60 millions de personnes ont l’italien comme langue maternelle
dans le monde. Ils sont surtout concentrés en Italie, bien évidemment, mais
également dans la région du Tessin, en Suisse, à Saint-Marin, à Malte, en
Istrie, même en Libye, et un peu partout où les Italiens ont émigré.

Italien 101
L’italien n’a gardé que 21 des 26 lettres de l’alphabet latin. Les
lettres « j », « k », « w » et « y » ne sont utilisées que dans les mots
empruntés aux autres langues.

Les voyelles « a » et « i » se prononcent comme en français. Le « e


» n’est jamais muet, mais il peut être ouvert ou fermé. L’accent
grave accentue la voyelle (caffè). L’accent aigu signifie que la
voyelle est fermée. Le « u » se prononce « ou ». Il n’existe pas de
phonème nasal en italien et les voyelles italiennes sont moins
fermées que les voyelles françaises.

Le « c » se prononce « tch » s’il est devant un « i » ou un « e », ou «


k » devant un « a », un « o » ou un « u ». Le « g » se prononce « dj
» devant un « i » ou un « e », et « gu » suivi d’un « a », d’un « o »
ou d’un « u ». Le « sc » se prononce « ch ». Le « z » se prononce «
dz ». Le « r » est roulé.

En règle générale, les mots féminins se terminent en « a » au


singulier et en « e » au pluriel, et les mots masculins en « o » au
singulier et en « i » au pluriel. La grammaire italienne a de
nombreux points communs avec la grammaire française, mais
l’orthographe est plus simple.

Quelques particularités
Pour la formule de politesse, on n’utilise pas le « vous », mais plutôt
la troisième personne, comme « elle est fatiguée? », plutôt que «
vous êtes fatiguée? ».

On place généralement un article devant l’adjectif possessif, sauf


quand il s’agit d’un membre de la famille immédiate (on dira « il
mio libro » pour « mon livre », mais « mia sorella » pour « ma sœur
»).

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