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Mise en Œuvre des Procédures d'Extinction de droits miniers et Suspension des travaux de

la mine en République Démocratique du Congo


Par Me NKANGA AMBA Deborah, Expert Juridique en Droit Minier

O. Introduction
La République Démocratique du Congo (RDC) dans le souci de garantir un cadre juridique
robuste dans le secteur minier a mis en place des mécanismes formels via des procédures claires
régissant l'extinction et la suspension des droits miniers.
Cette analyse approfondie explore ces procédures, examinant les conditions, les parties prenantes
et les implications juridiques associées.

1. Les Procédures d'Extinction des Droits Miniers

Le code minier définit l’extinction comme la fin de la validité d’un droit minier ou de carrières du
fait de la caducité, de l’annulation, du retrait, de la renonciation et de l’expiration du droit.
Les détaille les divers mécanismes par lesquels les droits miniers et/ou de carrières peuvent
prendre fin sont la caducité, l'annulation, l'expiration, la renonciation et le retrait.

1. Caducité
Les droits miniers et/ou de carrières deviennent caducs de plein droit par défaut de paiement des
droits superficiaires annuels par carré pour la première année soit au plus tard trente jours
ouvrables à compter de la notification de l’octroi du droit sollicité et des notes de débit afférentes
aux droits superfi ciaires annuels par carré. Passé ce délai, le droit accordé devient d’office caduc.

2. Annulation
Les droits peuvent être annulés rétroactivement par décision du juge administratif. Le délai pour
introduire une demande d'annulation est de trois mois suivant la publication de la décision d'octroi
au Journal officiel ou, à défaut, trois mois après la prise de connaissance de son existence. Les
motifs d'annulation incluent l'illégalité, l'incompétence de l'autorité d'octroi, le vice de forme ou le
détournement de pouvoir.

3. Expiration
Les droits miniers et/ou de carrières prennent fin à l'échéance de leur durée soit:
- Pour le Permis de Recherche au dernier jour de sa dernière période de validité, la
cinqui_me année ou lorsqu’il n’a pas été renouvelé à la fin des premières périodes de
validité, ni transformé en Permis d’Exploitation ou en Permis d’Exploitation de Petite
Mine.
- Pour le Permis d’exploitation, le permis d’exploitation de Rejets, le Permis d’Exploitation
de petite Mine , à la fin de la période de validité non suivie de renouvellement
4. Renonciation :
L'extinction peut résulter de la renonciation totale ou partielle des titulaires. En cas de
renonciation partielle, seules les parties du périmètre renoncé sont concernées.

I. Les causes de renonciation


La renonciation peut découler d’une disposition légale, on parle de cause légale de renonciation (A)
soit résulter de la volonté du titulaire, c’est la renonciation volontaire (B).

A. Les causes légales de renonciation

Le Code minier prévoit la renonciation d’office dans les hypothèses suivantes :

a. La renonciation d’office en cas de décision réputée accordée

Prévue à l’article 43 du Code minier, cette renonciation d’office sanctionne la négligence d’un
titulaire bénéficiaire d’un droit minier réputé accordé 1 mais qui ne mène pas la procédure requise dans
le délai lui imparti pour obtenir l’inscription de son droit et la délivrance de du titre y afférent.

b. La renonciation d’office en cas renouvellement d’un permis de recherches

La durée d’un permis de recherches est de cinq ans renouvelables une fois, à l’occasion du
renouvellement d’un permis de recherche, le titulaire est astreint à renoncer d’office à au moins la
moitié du périmètre couvert par son permis objet du renouvellement. Cette renonciation est consacrée
à l’article 62 du Code sous examen.

c. La renonciation en cas d’empiètement

L’empiètement d’une zone d’exploitation artisanale sur le périmètre d’un droit minier ou de carrières
est autorisé par la loi sous réserve de l’autorisation expresse et écrite du titulaire. En pareille
hypothèse, le titulaire est tenu de déposer concomitamment une demande de renonciation sur la partie
du périmètre empiétée par la zone d’exploitation artisanale 2.

B. La renonciation volontaire

Le Code Minier de 2018 confère au titulaire d'un titre minier la faculté de renoncer volontairement à
tout ou partie de son périmètre, que ce soit dans le cadre d'un Permis de Recherches (PR), d'un Permis
d'Exploitation (PE), ou d'un Permis d'Exploitation de Recherches (PER). Cette démarche, régie par les
dispositions respectives des articles 60, 79 et 96 du Code, est soumise à un formalisme rigoureux dicté
par le Code minier. La renonciation est donc totale ou partielle, elle est faite à tout moment par
déclaration du titulaire auprès du Cadastre minier.

La notification de la renonciation, adressée au Ministre, doit préciser les coordonnées de la partie


renoncée ainsi que celles maintenues. L'entrée en vigueur de cette renonciation, consignée par le
Ministre, intervient au jour de l'acte ministériel ou, au plus tard, dans les trois mois suivant le dépôt de
la déclaration. Il est impératif que la partie renoncée du périmètre soit constituée de carrés entiers,
tandis que la portion restante doit adhérer à la configuration définie par l'article 28 du Code en matière
de périmètre minier.

Sur le plan procédural, dès réception de la déclaration de renonciation, le Cadastre minier (CAMI)
procède à une vérification de sa recevabilité. En cas de recevabilité, un récépissé est délivré au
titulaire, suivi de l'instruction de la déclaration dans un délai de dix jours ouvrables. Après cette
1
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instruction, si toutes les conditions sont remplies, le CAMI transmet la déclaration au Ministre
conformément aux délais prescrits.

Le Ministre prend acte de la renonciation par un arrêté qu'il communique au CAMI. En l'absence
d'acte ministériel dans un délai de trois mois à partir du dépôt de la déclaration, cette dernière est
considérée comme acceptée, sauf disposition contraire des articles 119 et 120 du Règlement minier.
Le CAMI procède ensuite à l'affichage de l'arrêté ministériel ou de la déclaration de renonciation
réputée acceptée, et notifie le titulaire sans frais, par le moyen le plus rapide et fiable. En fin de
procédure, le CAMI modifie l'inscription du permis dans le registre des droits octroyés, effectue le
report du périmètre sur la carte des retombées minières, et ajuste le Certificat en conséquence.

En cas de renonciation partielle, le CAMI adapte l'inscription du permis dans le registre des droits
octroyés, ajuste le report du périmètre sur la carte des retombées minières, et procède à la
modification du Certificat en y consignant la renonciation partielle, tout en retournant ce dernier au
titulaire dans un délai de cinq jours à compter de l'inscription.
5. Retrait
En cas de déchéance du titulaire, les autorisations, y compris le Permis de recherches, le Permis
d'exploitation, le Permis d'exploitation des rejets et le Permis d'exploitation de petite mine, peuvent
être retirées par le ministre et le ministre provincial des mines, conformément à l'article 290 du Code
Minier.

6. Retrait ou Rapport sans Effet Rétroactif


Les droits miniers et/ou de carrières peuvent être retirés ou rapportés par l'autorité d'octroi en cas
d'illégalité lors de l'octroi. Ce retrait peut être initié dans les trois mois suivant la publication de la
décision d'octroi au Journal officiel ou, à défaut, dans les trois mois suivant la prise de connaissance
de son existence. La démarche peut être engagée soit à la demande d'un tiers lésé, soit à l'initiative de
l'autorité d'octroi.

2.Procédure de Suspension
La suspension temporaire des droits miniers peut être déclenchée par des violations temporaires des
lois minières, des manquements aux normes environnementales, ou en raison de circonstances de
force majeure.

En cas de violation grave des dispositions du Règlement Minier par le titulaire, celui-ci est
passible d'une suspension immédiate des travaux, décidée par le Ministre après une mise en
demeure préalable. La durée de cette suspension est déterminée par voie réglementaire, tenant
compte de la gravité de la faute et de son impact sur l'environnement, la santé et la sécurité
publiques.

Pour remédier à cette faute grave, l'Administration des Mines peut, de sa propre initiative ou
sur demande des autorités locales, imposer au titulaire les travaux jugés nécessaires pour
protéger la santé publique, l'environnement, les travailleurs ou les mines avoisinantes. En cas
de défaillance du titulaire, l'Administration des Mines peut confier l'exécution de ces travaux
à des tiers, aux frais du titulaire.

Par ailleurs, en présence d'une tenue irrégulière des documents obligatoires prescrits par le
Code minier, l'Administration des Mines adresse un avertissement écrit à l'opérateur minier
concerné, sauf si cette irrégularité constitue une infraction.

En cas de récidive, après mise en demeure, les activités de l'opérateur minier peuvent être
suspendues par le Ministre pour une durée de trois mois. À la fin de cette période,
l'Administration des Mines procède à une vérification. Si l'irrégularité constatée est corrigée,
la suspension est levée. Dans le cas contraire, elle est reconduite pour une nouvelle période
de trois mois.

Si la mise en demeure reste sans effet à l'expiration de la deuxième période de suspension, le


titulaire est passible d'une astreinte, équivalant à 500 USD par jour en francs congolais,
jusqu'à la régularisation, chaque jour commencé étant dû en entier.

En conclusion, La République Démocratique du Congo, consciente des enjeux liés à


l’industrie minière, a établi des mécanismes clairs et formels pour régir les procédures
d’extinction des droits miniers et de suspension, garantissant ainsi la légalité et la
transparence dans l'exploitation des ressources minérales du pays.

Les deux mécanismes ne sont pas à confondre. Alors que l’extinction touche à la validité d’un droit
minier ou de carrières, la suspension lui affecte plutôt les travaux opérées sur la mine, couvrete poar un titre.

L'analyse détaillée des procédures d'extinction a mis en lumière les différentes voies par
lesquelles les droits miniers peuvent prendre fin, que ce soit par caducité, annulation,
Les cas de renonciation aux permis enregistrés en 2018, 2019 et 2020 sont exposés dans la section
synthétique traitant des droits valides au cours de ces exercices, avec la confirmation du CAMI quant
à leur conformité aux dispositions légales.

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