Vous êtes sur la page 1sur 96

Revue du génie militaire

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


. Revue du génie militaire. 1927-05.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart


des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le
domaine public provenant des collections de la BnF. Leur
réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet
1978 :
- La réutilisation non commerciale de ces contenus ou dans le
cadre d’une publication académique ou scientifique est libre et
gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment
du maintien de la mention de source des contenus telle que
précisée ci-après : « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale
de France » ou « Source gallica.bnf.fr / BnF ».
- La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait
l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la
revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de
fourniture de service ou toute autre réutilisation des contenus
générant directement des revenus : publication vendue (à
l’exception des ouvrages académiques ou scientifiques), une
exposition, une production audiovisuelle, un service ou un produit
payant, un support à vocation promotionnelle etc.

CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE

2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de


l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes
publiques.

3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation


particulier. Il s'agit :

- des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur


appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés,
sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable
du titulaire des droits.
- des reproductions de documents conservés dans les
bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont
signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque
municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à
s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de
réutilisation.

4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le


producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du
code de la propriété intellectuelle.

5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica


sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans
un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la
conformité de son projet avec le droit de ce pays.

6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions


d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en
matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces
dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par
la loi du 17 juillet 1978.

7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition,


contacter
utilisation.commerciale@bnf.fr.
La Revue du Génie Militaire laisse aux Auteurs
l'entière responsabilité de leurs opinions

ARCHITECTES MILITAIRES ITALIENS DE LA RENAISSANCE

SAMMICHELI
(Suite et fin) (1).

Porta del Palio.


Cette porte est aussi appelée « del Corso ». parce que
les athlètes prenaient le départ en cet endroit, ou « Porta
Stuppa », d'un mot lombard signifiant « inutile », parce
qu'elle donnait accès, au sud-ouest de Vérone, à des
routes abandonnées et impraticables, ne conduisant
à aucune ville. Elle a été fermée depuis. On lisait jadis
sur la façade extérieure la date 1557 (voir fig. 10 à 14
et photo. 3).
Les deux façades sont différentes. La façade exté-
rieure (fig. 10 et photo. 3) est décorée de huit hautes
colonnes doriques cannelées en saillie des deux tiers,
couplées sur un. mur de fond apparaissant dans l'inter-
valle. Elles se dressent au-dessus d'un soubassement en
pierres de taille, s'élevant dans le fossé. La porte centrale,
rectangulaire, encadrée par quatre de ces colonnes, était

(]) Voir la livraison d'avril 1927.


KEVUB DU GÉNIE MAI 1927 ' 25
Fig. 10..— Fayade extérieure de la Porta del l'alio, à Vérone.
K
<
G

3
a
A
s
\

>

O
fO

actuelle.
Façade extérieure de la Porta del Palio, construite à Vérone de 1542 à 1557, par Michel Sammicheli. Vue
3.
Fig. il. — Façadeintérieure
de la Porta del Palio, à Vérone.
ARCHITECTES MILITAIRES ITALIENS 395
surmontée, selon Vasari, des armes des gouverneurs de
Vérone. Les quatre autres colonnes placées par deux
aux angles, les extrêmes se transformant en pilastres,
encadrent deux petites portes latérales. Cette façade
imposante, d'un aspect calme et puissant, est formée
de bossages unis et de moulures d'un goût sobre et sûr.
L'imposte qui règne d'un bout à l'autre supporte une
architrave à grands claveaux, d'où sortent, sur l'axe
des portes et sans les alourdir, aux clefs de voûte d'ar-
chivolte, des bustes de guerriers d'une noble allure.
Un entablement dorique à triglyphes couronne l'en-
semble et Vasari affirme qu'on devait au-dessus élever
un attique destiné à servir de parapet à l'artillerie.
L'Arétin y ajoute un frontispice. On n'en peut aper-
cevoir aucune trace, car, d'une part, on n'y voit aucun-
escalier, comme à la Porte Neuve, pour monter les ca-
nons et, d'autre part, les voûtes.et substructions n'y
sont pas appropriées; enfin, un frontispice paraît diffi-
cilement applicable aux façades actuelles. Les armoiries '
vénitiennes qui ornaient cette façade ont été mutilées
par les Autrichiens en 1797.
La façade intérieure (fig. 11), plus étendue, apparaît
comme un haut portique d'ordre dorique à bossages
rugueux. Les colonnes, sans base, sortent d'un socle en
saillie, engagées du tiers de leur diamètre. Les puissants
claveaux de l'archivolte s'avancent sur l'architrave au
niveau du forjet des chapiteaux. L'entablement à tri-
glypes et bucrânes règne d'un bout à l'autre, formant un
beau couronnement. La corniche fait une saillie impres-
sionnante de près d'un mètre, décorée en dessous de
gouttes d'eau et de macarons.
L'intérieur (fig. 12 et 13), à piliers carrés, est aussi
imposant dans sa grandeur, sa hauteur, sa simplicité,
Les voûtes d'arêtes, très surélevées au-dessus des portes,
augmentent ainsi la clarté des locaux intérieurs. Ma-
jestueux comme les guichets du Louvre, cela paraît
00
CD
Cl

V
fil
e
M

c
Ci
H-
a
S
g
r

Fig. 12. — Plan de la Porta de Palio, à Vérone.


Fig. 13. — Coupe longitudinalede la. Porta del PatiOj à Vérone.-
398 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE

Fig. 14. — Détails des ornements de la Porta del Palio, à Vérone.


ARCHITECTES MILITAIRES ITALIENS 399
plus grandiose encore. Un splendide portique galerie
longe la façade intérieure.
L'ensemble forme une masse imposante et robuste,
en calcaire dur du Tagliaferro qui a résisté admirable-,
ment à quatre siècles. Seul le listel est en marbre. Les
reliefs successifs, habilement ménagés, produisent un"
effet saisissant. Les pierres sont encore intactes et d'un
blanc pur.
Mais cette hauteur, qui est un élément essentiel de la
splendeur architecturale, n'est point une qualité mili-
taire, car elle donne trop de prise aux coups. Les voûtes
d'arêtes en briques auraient sans doute mal résisté,
même aux canons de ce temps.
Ce chef-d'oeuvre est malheureusement resté inachevé.
Sammioheli mourut avant de l'avoir terminé, non sans
connaître les critiques des envieux, incapables de réaliser
la beauté dans la simplicité. Sforza Pallavicini, général
des troupes de Venise, disait, en ce temps, qu'on ne
pouvait trouver en Europe un plus magnifique monument,
que Vasari a baptisé le « miracle de Sammicheli ».

Porte San Zenone, à Vérone. '


Située à l'ouest de Vérone, elle donne passage à la
route de Brescia. C'est encore une masse quadrangu-
laire, de style dorique à bossages. La façade intérieure
(fig. 15) présente une porte principale en plein cintre
et deux petites portes latérales rectangulaires. Les bos-
sages de la grande porte embrassent l'inscription et
soutiennent la corniche sans besoin de colonnes. Les
petites portes, encadrées de bossages, sont surmontées
d'une corniche. Au-dessus court un bandeau décoré de
volutes, qui forme l'imposte de la grande arche. L'archi-
trave comporte un bandeau uni, surmonté d'une frise
à triglyphes et d'une corniche. Cette frise, représentée Sur
la figure d'après Albertolli, a disparu.
400 REVUE DU GENIE MILITAIRE
La façade extérieure (fig. 16) a un aspect moins guer:
rier. Des piliers carrés d'ordre composite, à oves et feuilles
sculptées, s'élèvent sur un haut soubassement à bossages
rugueux qui se prolongent sur les piliers. L'architrave
est semblable à la précédente, sauf le bandeau inférieur

Fig. 15- — Façade intérieure de la porte de San Xenone, à Vérone.

qui est ici mouluré. La porte centrale, relativement


basse, ne fait pas saillie sur la façade comme à la Porte
Neuve; les deux portes latérales sont aussi encadrées
de bossages rugueux et surmontées, au-dessus du ban-
deau à volutes, de médaillons à fronton destinés à des
inscriptions. Plus haut, un bandeau décoré de grecques
ARCHITECTES MILITAIRES. ITALIENS .401

soutient un médaillon en frontispice décoré du lion de


Venise au-dessus de la grande porte.
L'ensemble est en briques et pierres; en dehors des

Fig. 10. — Façade extérieure de la porte de San Zenone, à Vérone.

bossages, de la corniche et de la décoration qui sont en


calcaire dur de Saint-Ambroise, tout le reste est en bri-
ques. Les inscriptions ont disparu au début du xvme siè-
cle, mais les armoiries des gouverneurs et du doge Lando,
402 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
sculptées sur la clef de voûte du grand arc extérieur,
situent l'époque de la construction vers 1541-1542.
Un rang de pierres au bas de la façade intérieure la
soutient comme un piédestal.
Sammicheli a donné à cette porte un aspect moins
robuste et mis plus de fantaisie avec l'ordre composite.
Vasari a pu dire « qu'en toute autre ville, cette porte
passerait pour une merveille, mais à Vérone, elle est
éclipsée par les deux autres (la Porte Neuve et la Porta
del Palio) ».
Le rempart a été récemment démantelé le long du
côté sud de la porte, pour dégager l'entrée en ville.

Château de Saint-André du Lido, à Venise.

Sammicheli, qui avait déjà fait des travaux hydrau-


liques, notamment au port de Malamocco, suggéra l'idée
de rétrécir l'entrée du port du Lido constamment en-
sablée par les vents et les marées ; en la rétrécissant des
deux tiers, il réussit à la maintenir profonde et acces-
sible^ grâce aux courants.
Le château de Saint-André du Lido (fig. 17) se présente
sous l'aspect d'une façade basse à cinq pans dont un
en courbe, formant bastion sur la mer, dans un îlot isolé
près du port du Lido et commandant encore aujourd'hui
.
la passe de sortie de Venise (x). Elle est dotée tout au-
tour de 38 embrasures à canons, presque au niveau de
l'eau, desservies par une galerie voûtée en briques, avec
abris de repos à l'arrière. Ces embrasures sont ornées
de remarquables mascarons à la clef de voûte. Le bâ-
timent" central, tout en bossages rugueux, s'avance sur
la mer, décoré de colonnes à bossages et de pilastres
doriques couplés aux angles.
La porte de la citadelle est placée au milieu d'un bas-

t1) Aujourd'hui réservée à l'aviation maritime et inaccessible au public.


àl'entrée du port du Lido, à Venise.
Fig. 17. - Plan d'ensembledu Château de Saint-André,
Fig. 1S. — Porte du Châteaude Saint-André,à l'entrée du port du Lido, à Venise.
ARCHITECTES MILITAIRES ITALIENS 405

Fig. 10. — Détails des ornements de la porte du Château de Saint-André,


à l'entrée du port du Lido, à Venise.
406 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
tion, face à la mer; on n'y accède qu'en barque; à l'ex-
térieur, un abri voûté à l'épreuve des bombes commu-
nique avec une ancienne tour dominant une terrasse
qui sert de cavalier. Deux sorties réunissent, par des
escaliers, cet abri à des casemates couvertes faites au
début du xvme siècle. La façade (fig. 18 et 19), com-
portant trois arches en plein cintre, dont une formant
porte et les deux autres contenant deux embrasures à
canon, est ornée de grosses pierres calcaires à bossages
avec colonnes doriques faisant saillie d'environ les deux
tiers et surmontées d'une superbe corniche à triglyphes
et métopes décorées d'emblèmes maritimes. Les colonnes
ont 7 diamètres et demi; l'architrave a une hauteur
égale au tiers des colonnes; les décrochements, en plan
et en élévation offrent un plaisant et intéressant aspect.
Sur les clefs de voûtes des trois arcs en plein cintre sont
sculptés de splendides mascarons. Au-dessus de la cor-
niche, un haut entablement uni est décoré au centre
d'une inscription et du lion ailé de Venise, avec deux
échauguettes latéralement. La saillie de l'architrave
sur les colonnes produit le meilleur effet comme à la
Porte Neuve et à la Porta del Palio. Vasari déclare que
cet ensemble donne l'impression d'un bloc unique taillé
sous cette forme. Cette porte du Lido est une des plus
remarquables productions de- Sammicheli. Elle porte
la date de 1571, évidemment d'un travail postérieur.
Le donjon carré qui domine existait antérieurement.

Pointe de la Terre Ferme, à Zara.


Quoique la disposition générale de la façade de cette
porte soit semblable à celle de la porte de San Zenone
à Vérone, il est difficile d'établir si c'est l'oeuvre de
Michel Sammicheli ou celle de son neveu et élève Jean
Jérôme Sammicheli. Il est probable que le dessin peut
être attribué à l'oncle et l'exécution au neveu. Elle porte
ferme, à Zaro.
Fig. 20. — Façade extérieure de la Porte de la Terre
408 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
la date 1541, ce qui la rend contemporaine de la porte
de San Zenone. La décoration en est toutefois différente
dans le détail.
La façade extérieure (fig. 20), seule existante, est d'un
style plus militaire, avec ses quatre grandes colonnes
doriques et ses angles appuyés par deux pilastres sem-
blables et couplés aux colonnes extrêmes. Ces colonnes
jaillissent en quelque sorte d'un haut soubassement
en forme de pyramide contre l'escarpe; leur saillie est
des deux tiers. La porte voûtée centrale est surmontée
du lion ailé de Venise; deux petites portes latérales,
surmontées d'un médaillon à fronton et d'armoiries,
allègent les panneaux latéraux. Au-dessus du tout, un
bel entablement dorique à triglypb.es, métopes et bu-
crânes couronne ce' puissant édifice, admirablement
appareillé à sa destination. Les forts reliefs et les bossages
rustiques qui s'étendent sur l'ensemble lui donnent un
très grand air.

Citerne dite des Cinq Puits, à Zara.

La situation de Zara sur une presqu'île dans l'Adria-

Fig. 21. — Coupe transversale de la Citerne des Cinq Puits, à Zara.

tique ne lui permettait d'avoir que des puits^plus ou


moins salés.
t)
d

Fig. 22. — Coupe longitudinalede la Citerne des cinq puits, à Zara.


410 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
Sammicheli entreprit de lui donner de l'eau douce dans
de grandes citernes accolées aux remparts (fig. 21 et 22).
L'édifice forme un parallélogramme de 46 m sur 24 m,
avec 7 m de hauteur. L'eau de pluie tombant sur la sur-
face est recueillie le long des murs qui soutiennent deux
A'oûtes longitudinales divisées chacune en deux dans la
longueur; d'un GÔté, l'eau de réception, de l'autre, un
filtre à gravier; l'eau traverse ce filtre à gravier avant
d'aller vers cinq réservoirs ou puits axiaux, formant
voûtes d'arête avec les voûtes longitudinales précé-
dentes.
On peut, à l'aide d'une vanne, vider tout vers le fossé
du rempart pour nettoyer ou réparer. Un trop-plein y
rejette également les eaux en excédent.
Ce beau travail d'ingénieur indique la variété et la
solidité des connaissances de Sammicheli.

Porte du château de Saint-Nicolas, près de Sebenico.

Cette porte rappelle la Porte Neuve de Vérone; elle


n'a toutefois qu'une seule arche en plein cintre, au milieu
de bossages; même frise à triglyphes, mais pas de fron-
ton (voir fig. 23).
L'ordre dorique, à colonnes rondes et à pilastres
d'angles, se dresse sur'un soutènement en pyramide qui
s'élève du fond du fossé. Comme dans la Porte Neuve,
l'arc de l'entrée principale est assez petit, un peu écrasé,
ainsi qu'il convient pour une forteresse.
Une inscription, aujourd'hui disparue, portant la
date 11333, indiquait que ce travail avait été exécuté par
Jean Jérôme Sammicheli.
Le lion de Venise, enlevé en 1797, fut rétabli par
ordre de l'empereur d'Autriche en 1824, avec un attique
nouveau et une inscription moderne.
Fig. 23. — Porte du ch;Ucau de Saint-Nicolas, près de Sebenico.
412 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE

Porte Saint-Martin, à Legnago.


Sammicheli édifia deux très belles portes à Legnago,
aux dires de Vasari. Il n'en subsistait qu'une déjà au
début du xixe siècle et Albertolli expose (*) que vers
1804, le génie militaire, voulant ouvrir dans la forte-
resse de Legnago une nouvelle porte dans la direction
de Ferrare, jugea inutile la porte Saint-Martin, puis-
qu'elle était murée et sur une digue en bordure de l'Adige.
Il entreprit donc d'utiliser les matériaux de sa façade
extérieure pour décorer la nouvelle construction. La
porte resta de longues années à moitié démolie, l'inté-
rieur servant de magasin et la façade tournée vers la
ville demeurant seule intacte. Elle a aujourd'hui dis-
paru, avec le démantèlement de Legnago. Le lion de
Venise gisait encore à terre en 1830, où Girolamo la vit
à cette époque (2); il est actuellement englobé dans la
digue de l'Adige, au pied d'un escalier qui y donne
accès.
Cette porte pouvait servir de cavalier et un escalier
permettait de monter des canons sur la terrasse. La
façade extérieure était d'ordre dorique à bossages ru-
gueux. Colonnes et pilastres étaient d'un appareil ana-
logue à celui de la Porte Neuve de Vérone, avec saillie
de moitié et la même frise à triglyphes. La porto cen-
trale, en plein cintre, était flanquée de deux petites
portes latérales rectangulaires. Le lion ailé était plaqué
dans un médaillon en frontispice contre l'attique, au
lieu de couronner, celui-ci comme à la Porte Neuve.
Le tout était en marbre.
La façade intérieure, beaucoup plus simple, était

(*) ALBERTOLLI, Porta di cilla e jorlezze di Michèle Sammicheli Veronese


(Milan, 1815).
Le Fabriche civili, ccclesiastiche c militari di Michèle
( 2) GIROLAMO,
Sammicheli, architelto veronese (Venise, 1832).
ARCHITECTES MILITAIRES ITALIENS 413
construite principalement en briques, avec deux pilastres
carrés de faible relief au lieu de colonnes.
Une inscription latine rappelant les noms des magis-
trats vénitiens de l'époque portait la date 1535.

Fig. 24. — Plan de la forteresse de Legnano-Porto.

La forteresse elle-même, hexagonale, était très réussie


et dominait l'Adige (voir fig. 24). Tout en a disparu, sauf
les digues de l'Adige. Mais l'Hôtel de ville, qui porte
la date de 1780, possède un portique à six colonnes
doriques en façade et trois latéralement, avec pilastres
414 REVUE DU GENIE MILITAIRE
doriques aux angles, frise à triglyphes et métopes à
emblèmes militaires, corniches à forte saillie et gouttes
d'eau qui rappellent trop le style de Sammicheli pour
qu'il lui soit étranger. Le lion de Venise est en face. C'est
sans doute un remploi.

Fig. 25. — Bastion de Sainte-Croix, à Padoue.


ARCHITECTES MILITAIRES ITALIENS 415

Padoue.

« A Padoue, dit Vasari, Sammicheli construisit les


bastions de Cornaro et de Sainte-Croix, qui tous deux
sont d'une prodigieuse grandeur et construits à la mo-
derne, suivant la méthode dont il est l'inventeur. Le
système des bastions à flancs lui appartient... Ceci a
été imité par les ingénieurs venus après lui et l'on a
renoncé aux batteries souterraines appelées casemates,
où la fumée et d'autres embarras gênaient le service de
l'artillerie, sans compter que les décharges affaiblis-
saient souvent les fondations. »
.
Le bastion de Sainte-Croix (fig. 25) a deux batteries
de flanquement avec embrasures et chambres Ajoutées
à l'épreuve, mais l'emplacement de tir de la pièce est à
l'air libre. Ces deux batteries ont des accès distincts
et sont réunies entre elles par une communication cou-
verte. Le bastion de Cornaro ressemble à celui de San
Zenone à Vérone ; la courtine rentre légèrement en
dedans à la jonction des bastions.
Padoue n'est pas encore complètement démantelée
et le bastion de Sainte-Croix subsiste avec une porte
à côté.
Orzinuovi.

Cette forteresse quadrangulaire (voir fig. 26) était


dotée de quatre bastions aux angles et de bastions à
ornions ou demi-lunes au milieu des courtines, Le bas-
tion de la plus longue face donnait accès dans le fond
du fossé par une petite porte ronde à bossages. La con-
trescarpe était dotée de contremines.
Sur les deux autres faces, à côté d'un bastion ou dans
une demi-lune s'ouvrait une porte de ville.
La porte San Giorgio, à l'aspect sévère et classique
habituel à Sammicheli, élevait sur un soubassement
416 REVUE DU GENIE MILITAIRE
pyramidal ses trois ouvertures rectangulaires rétrécies
par des arcs en retrait. Son unique décoration consistait
en bossages et claveaux; l'attique fut sculpté d'un lion
ailé et la corniche qui le surmonte était en tous points
semblable à celui du palais Canossa de Vérone, autre
oeuvre de Sammicheli.

Fig. 2G. — Plan de la forteresse d'Orzinuovi

La porte Saint-Barthélémy (fig. 27) était décorée de


pilastres à bossages faisant saillie sur un fond également
à bossages.
Bases, chapiteaux et corniches, très simples, étaient
d'ordre^ toscan. Au-dessus de l'architrave régnait un
attique à balustres d'un goût plus raffiné, surmonté
d'une corniche.
Elle était semblable, jusqu'à la corniche, à la porte
de Peschiera, qui porte la date 1553.
Orzinuovi était déjà démantelée au début du xi.xe
siècle.
ARCHITECTES MILITAIRES ITALIENS 417

Fig. 27. — Plan et façade extérieure de la porte Saint-Barthélémy, à Orzinuovi.


418 REVUE DU GENIE MILITAIRE

Candie.
Candie fut la dernière forteresse levantine de Venise
que Sammicheli put terminer.
Le plan était irrégulier; la mer en baignait la plus
grande face.
Les bastions Vitturi, Sabionera et Martinengo pré-
sentaient deux étages de défense. Le bastion Paneggia
n'en avait qu'un, mais grâce au flanquement par le
canon il opposa, comme les précédents, une excellente
résistance aux armées ottomanes qui mirent vingt ans
à s'en emparer. Tous ces bastions étaient dotés d'orn-
ions, de communications couvertes pour les places
basses, de sorties secrètes et les défenses extérieures,
traitées avec autant d'art, en doublaient la valeur.

Autres travaux.
Sammicheli a encore coopéré à de nombreux autres
travaux de fortification à Brescia, Bergame, etc.. Pes-
chiera fut en grande partie son oeuvre. Il fit aussi des
travaux publics d'ordre plus général; il répara notam-
ment la Chiusa au-dessus de Vérone, taillant dans le
.

roc un chemin qui évitait la citadelle et- qu'un pont-


levis permettait de couper instantanément.
C'est lui qui construisit le magnifique pont de Vérone
sur l'Adige, appelé depuis ce jour Ponte Nuovo, ou Pont
Neuf.
Nous voyons qu'en pleine époque de la Renaissance,
où l'art est plus charmant et délicat que sévère et ro-
buste, Sammicheli, dédaignant l'ornementation chère aux
Vénitiens, préférant la force à la finesse, adopte l'appareil
rustique et l'ordre dorique qui se prêtent mieux, que
tous autres à la véritable architecture, contemptrice de
fioritures et de décoration, fière de la composition et
de ses grands effets. Aussi son style n'est-il pas du goût
ARCHITECTES MILITAIRES ITALIENS 419
de tous. Un artiste a écrit que « ses créations auraient
véritablement gagné à ne pas être propagées à l'envi
par le génie militaire et par les architectes des anciennes
barrières de Paris (*) », et encore : « On dirait parfois
un élèAre de l'École polytechnique s'ingéniant à jouer
le rôle d'architecte (2). » Boutade d'ailleurs contredite
dans d'autres pages du même auteur (3).
Souhaitons en effet que toute architecture militaire
affecte ce goût de simplicité et de force, cette rudesse
adoucie par la pureté des reliefs et la splendeur de l'or-
donnance. Sammicheli n'a pas besoin d'être défendu.
Sa renommée mondiale, sa réputation aussi grande de
son temps que de nos jours, le mettent à l'abri des
attaques et des critiques.
Il excelle aussi d'ailleurs dans l'architecture civile
et passe sans peine de la forteresse au palais. On admire
de lui notamment :
à Vérone, la chapelle Pellegrini (église SanBernardino),
les palais Canossa, Pompéi (aujourd'hui musée de la
Avilie), M al fat ti et BeAÙlacqua; les portes du palais des
gouverneurs et du palais du Podestat, l'église Notre-
Dame in Campagna, etc.;
à Padoue, dans la basilique de Saint-Antoine, le mau-
solée Contarini dont le caractère guerrier,imposant, cadre
bien aArec le soiwenir de cet ancien pourAroyeur de la
flotte A^ênitienne ; le buste de Contarini couronne un
ensemble où l'on remarque une Thétis, deux prison-
niers, des trophées, des emblèmes, monument honori-
fique contrastant avec l'habitude de l'époque de ne
penser qu'au côté funéraire;
(x) Eugène MUNTZ, membre de l'Institut, Histoire de l'Art pendant la
Renaissance, t. III, p. 346.
(2) ID., ibid., p. 347.
(8) « Il n'y-eut guère de grand architecte de ce temps — rappelons
Peruzzi, San Gallo, Michel-Ange, Sammicheli,Alessi, — qui n'excellât à
la fois dans les deux arts (civil et militaire) et, par une conséquence
facile à deviner, il y eut peu d'ouvragesmilitaires qui. ne fussent en même
temps des modèles de goût. » T. III, p. 324.
420 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
à Venise, les palais Corner, Mocenigo et Grimani, ce
dernier, un des plus magnifiques, altéré par des succes-
seurs ;
à Monte Fiascone, le dôme ;
près de Castel Franco (entre Padoue et TréAdse) le
célèbre palais Soranzo ;
à Piombino, le palais Cornaro.
Sammicheli ne se répète jamais.
Dans chacune de ses oeuvres, il modifie l'aspect,
l'ordre, le détail et présente une infinie A^ariété, sachant
allier la beauté du plan à l'harmonie des proportions
et consentant cependant un style A^raiment à lui.
Ses traAraux de fortification « ont contribué à donner
à son style ce trait de force et de rudesse que l'on re-
marque dans toutes ses constructions ciAdles. Il y a tou-
jours un lointain aspect de forteresse jusque dans ses
palais Arénitiens. Le caractère de son art se manifeste en
particulier par l'emploi de robustes bossages, par les
dimensions qu'il donne à ses ouArertures, par cette ma-
nière qui lui est toute particulière de disposer sur ses
façades des alternances de grandes et de petites fenêtres,
par sa prédilection pour les palais à un étage dans les-
quels il cherche à donner l'impression d'une solide assise,
d'une masse puissamment attachée au sol. De longs
pilastres cannelés, des colonnes torses, des balcons,
des corniches aux fortes saillies, mettent une vie singu-
lière dans ses oeuArres. Quand on en a vu une seule, on
ne peut plus le confondre avec personne. C'est un des
plus intéressants artistes de son époque et son originalité
même fit qu'il n'eut pas de successeurs » (1).
Sammicheli est enfin de ce petit nombre d'hommes
d'élite chez qui le caractère égale la Araleur. Ce grand
cerveau était doublé d'un grand coeur. Fidèle à sa reli-
gion, il n'entreprenait jamais un traA^ail sans faire chan-
(') Marcel REYMOND, V'Architecture italienne du XV0 siècle, dans
l'Histoire de l'Art d'André MICHEL.
ARCHITECTES MILITAIRES ITALIENS 421
ter une messe. Généreux, de moeurs irréprochables,
galant homme et courtois, il mourut à l'âge de soixante-
quinze ans, après avoir travaillé toute sa vie et produit
une oeuvre immense, le plus magnifique testament sus-
ceptible de nous inspirer.
Son neveu et élèA'e Jean Jérôme Sammicheli, également
très estimé, reçut du Gouvernement Arénitien comme
ingénieur militaire un traitement égal à celui de son
oncle. Il était en outre fort habile à établir des plans en
relief de forteresses qu'on plaçait dans le palais du
Doge. Il travailla à Zara, Sebenico, Corfou, Chypre, où
il mourut à la peine et fut enterré à Famagouste.
Son beau-frère Louis Brugnuoli termina les fortifica-
tions de Legnago.

A la même époque, Galéas Alessi, de Pérouse (1500-


1572), élève de Michel-Ange, est non seulement l'auteur
des fortifications de Gênes, mais aussi le créateur de la
nouvelle ville dont il établit le plan, où il crée la Strada
Nuova ornée de somptueux palais, parmi lesquels plu-
sieurs sont de lui et notamment les plus beaux, les palais
Grimaldi, Brignola, Lascari, Giustiniani, Sauli et l'an-
cienne Bourse, près du port (1). Gênes est ATaiment son
oeuArre. Il entoure le port d'une ligne de portiques, il
restaure le dôme de la cathédrale San Lorenzo, le port
et le môle dont il défend l'entrée par deux bastions entre
lesquels s'ouA7re une porte à colonnes rustiques.
La façade extérieure est demi-circulaire, aArec une
haute porte en plein cintre encadrée de deux niches;
l'immeuble est décoré de pilastres et colonnes doriques
à bossages carrés rustiques, alternant avec les pierres
unies du fût. Au-dessus règne une frise à métopes et
triglyphes; trois étages d'embrasures à canon, dont un
sur terrasse, deux en casemate.
(J) La nouvelle'Bourse est une énorme bâtisse, caractéristique de même
de l'architecture italienne moderne.
422 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
La façade intérieure est plane, aAreç trois arches égales,
dont une grande porte et deux grandes fenêtres éclai-
rant le corps de garde, qui sert encore aujourd'hui de
magasin à vivres (il est orné des armes de SaA^oie).
L'ensemble est défendu par deux bastions constitués
par la porte même. L'extérieur est en pierres de taille;
la façade intérieure a son cadre seul en pierres de taille,
le remplissage en briques. Sur l'extérieur se lit l'inscrip-
tion :
Aucta ex S. C. mole extructaq
Porta propugna columnata
TJrbem cingebant mcenibus
-
Quacumque alluitur mare
ANN. MDLIII

Cette porte du vieux môle est un ensemble d'archi-


tecture militaire digne de Sammicheli, dont elle a d'ail-
leurs à peu près le style, quoiqu'aArec une moindre
science des reliefs. Galéas Alessi refait aussi les fortifi-
cations de Pérouse, achève la .citadelle commencée par
Sangallo, élèAre de remarquables fontaines en diverses
Ailles et coopère même, très utilement, à l'Escurial de
Madrid.
Au milieu du xvie siècle la fortification bastionnée et
terrassée oblige à des formes nouvelles qui n'ont plus
aA^ec l'art que de lointaines attaches. Cependant les
portes, les bandeaux des murailles, les échauguettes,
permettent encore de faire du style.
Pellegrino Tibaldi (1527-1591), de Bologne, continue
la tradition de ces artistes à la fois peintres, sculpteurs,
architectes et ingénieurs. Il traAraille aux fortifications
d'Ancône et de RaA^enne.
ARCHITECTES MILITAIRES ITALIENS 42D

CONCLUSION

Certains, encensés de leur vivant,, tombent dans l'ou-


bli dès le lendemain de leur mort. D'autres, négligés
sur la terre, ne sont découverts et portés aux nues qu'une
fois montés au ciel. Les grands hommes dont il vient
d'être question ont été considérés comme d'illustres
génies de leur temps et la postérité a ratifié ce jugement.
Ces artistes de la Renaissance sont non seulement
doués d'un goût très sûr, qui peut rester en modèle,
ils remplissent en outre simultanément plusieurs pro-
fessions distinctes, de plus en plus séparées de nos jours.
Rien de ce qui constitue alors le métier d'architecte
et d'ingénieur ne leur échappe. Brunelleschi élève l'im-
mense dôme de Sainte-Marie aux Fleurs sans cintre,
organise ses chantiers, installe ses ouvriers à demeure
sur les toitures pour leur éviter d'inutiles déplacements,
est même, peut-on dire, l'inventeur de la perspective
linéaire. Michel-Ange aménage des carrières de marbre
pour bâtir l'église de San Lorenzo. Tous sont à la fois
architectes, ingénieurs des ponts, des routes, des canaux,
composent des échafaudages, tracent des jardins, orga-
nisent des fêtes, élèArent des forteresses. Génie militaire,
génie civil, génie rural, mieux qu'alliés, se confondent
dans leur personne en génie tout court. Aussi est-il
peu d'ouvrages militaires d'alors qui ne soient en même
temps des oeuvres de haut goût. A l'âge d'or de l'archi-
tecture, toutes les parties de l'art de bâtir ne font qu'un;
l'art consiste dans le maniement des lignes et des masses,
dans le respect des ordres et de l'ordre. Simplicité et
clarté dominent, déA^eloppées par l'étude et le goût des
mathématiques : règne de doctrine platonicienne, il
en sort du pur classique. Comme caractéristiques : le
plein cintre, la Ajoute en berceau, la voûte d'arêtes.
C'est le triomphe de la beauté par l'union sincère de
424 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
l'Art et de la Science; de l'agréable et de l'utile; de l'i-
déal et de la logique.
Et pourtant déjà Vasari déclare que de son temps
« l'architecture, soumise maintenant aux exigences
d'une bourgeoisie ignorante et corrompue, semble être
condamnée à ne satisfaire que les plus déplorables
caprices... Il en sort des monstres ». Que dire alors du
xxe siècle! Un abîme s'est creusé, grandissant de jour
en jour, entre la prose et la poésie. Au nom du prétendu
déAreloppement de la science, le progrès consiste à dis-
loquer les fonctions. Sans discuter certaines nécessités,
ni surtout certains bénéfices, de la spécialisation, consta-
tons que les uns, monopolisés dans la construction,
bâtissent sans goût, sans mesure, sans souci des pro-
portions, dans une simple pensée utilitaire où tout art
est absent; les autres, hypnotisés dans la décoration,
consacrent leurs pensées exclusiA^es à l'Art pour l'Art,
sans s'inquiéter des données positives de la construction
et de l'utilité. Un divorce d'ignorance s'est accompli
entre l'Art et la Science.
Or, en architecture, Art et Science doivent marcher
de pair. Lorsqu'ils sont tous deux concentrés dans le
même homme, comme chez ces artistes de la Renais-
sance, les édifices utilitaires eux-mêmes contribuent à
l'embellissement des villes. Il est à souhaiter que nous
reA^enions à cette saine tradition qui constituerait vrai-
ment une deuxième renaissance, plutôt que de chercher
le progrès dans une révolution. Contentons-nous d'une
simple évolution. Ce qui semble nouveau de nos jours
-paraîtra vieux dans vingt ans; éternelle querelle des
jeunes" et des anciens.
La question se pose même de savoir jusqu'à quel
point ceux qui construisent avec les deniers publics
ont le droit de faire laid (1). Du goût et des couleurs,
f 1) Le maréchal Lyautey veillait à ce qu'il n'en soit pas ainsi dans les
villes du Maroc; des mesures pratiques réalisaient cette volonté.
ARCHITECTES MILITAIRES ITALIENS 425
prétend-on, on. ne discute pas. Il est pourtant des beau-
tés naturelles ou humaines au sujet desquelles tout le
monde tombe d'accord; l'unanimité s'établit dès que la
raison, enfant de la Terre, s'accorde aArec l'Harmonie,
fille des Dieux. Il suffit pour cela, de se reporter aux lois
de la nature : « Jamais la nature n'est inférieure à l'art,
car l'art n'est que l'imitation de la nature. » (Pensée de
Marc Aurèle.)
Sammicheli nous rappelle la possibilité et la nécessité
de cumuler, tout comme Vauban y a réussi plus tard,
le savoir du constructeur avec le sentiment et la foi de
l'artiste dans le culte du beau, du vrai, 'del'utile. Simple
question de lignes et de proportions, pour lesquelles
l'emploi d'un matériau nouAreau, le béton armé, permet
de nouvelles audaces. Mais par éA^olution et non réAro-
lution.
Général R. NORMAND.

REVUE DU GÉNIE — MAI 1927


NOTE
AU SUJET DE L'EMPLOI DE LOCOTMCTEURS

POUR LE SERVICE DES EMBRANCHEMENTS

ET ÉTABLISSEMENTS MILITAIBES

L'utilisation d'embranchements de voie normale pour


la desserte de magasins ou d'établissement militaires
s'est fortement développée depuis une quinzaine d'an-
nées. En particulier la' dernière guerre aArait entraîné,
sur le front défensif et dans l'intérieur du territoire,
la création d'organisations de chemins de fer dont beau-
coup ont été conservées pour les besoins du temps de
paix; de divers corps et services. Le profil et le tracé des
lignes de raccordement, la disposition des soudures avec
les grands réseaux et l'implantation même des voies
réservées aux usagers n'ont d'ailleurs pas toujours été
conçus d'une manière rationnelle au point de vue de
l'exploitation et de la traction, le temps ayant manqué
pour faire intervenir dans les études des représentants
techniques, militaires ou civils, du service des chemins
de fer. Mais on pourra dans beaucoup de cas racheter
certaines défectuosités et surtout arriver à un fonction-
nement plus économique en étudiant de près le problème
de la traction. Pour celle-ci l'emploi de locomotiAres à
\Tapeur représentait antérieurement le seul procédé pra-
ticable. Les services intéressés font encore le plus souvent
effectuer leurs mouvements d'exploitation, à titre oné-
reux, par les réseaux contigus, qui facturent leurs ma-
noeuvres à un tarif horaire de plus en plus élevé, parfois
EMPLOI DE LOCOTRACTEURS "' 427
variable avec la distance que la machine doit parcourir
entre son dépôt d'attache et son point d'utilisation.
Par exemple, sur le réseau de l'État, la location d'une
machine nue coûte environ 150 francs .par jour; le per-
sonnel revient à environ 140 francs et le prix des matières
consommées est de l'ordre de 160 francs, ce qui aboutit
pour, l'heure de manoeuvres à un total de frais voisin
de 50 francs, non compris les majorations dues à la dis-
tance du dépôt. Sur le réseau du Nord, le minimum des
frais horaires de manoeuvres effectuées par une machine
de passage sur lés embranchements est supérieur à
32 francs.
Le développement des locotracteurs à combustion
interne est né de l'éléA^ation de ces prix. Le locotracteur
présente en effet, sur la locomotive, pour un fonction-
nement intermittent, divers avantages dont les plus
apparents sont :
— la dispense de mise en pression préalable;
— la proportionnalité de la consommation au service
réellement effectué (une locomotive à vapeur maintenue
en pression sans travail consomme facilement une tonne
de combustible par jour);
— la dispense de remise et de gardiennage ;
•—
la facilité de conduite par un seul homme de for-
mation technique rapide et aisée (les conducteurs de
moteurs à explosion étant beaucoup plus nombreux
actuellement que les mécaniciens de moteurs à va-
peur);
— la simplicité relatiA^e des réparations, due à l'ab-
sence de chaudière et la constitution des mécanismes
composés de pièces amovibles faciles à changer indivi-
duellement ;
•—
la suppression des postes d'eau.
Si l'on ajoute que beaucoup de serArices militaires
disposent maintenant d'ateliers susceptibles d'assurer
l'entretien de moteurs à explosion ou à combustion in-
428 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
terne, on reconnaîtra que la comparaison entre les
deux modes de traction s'imposera aA>-ant de faire un
choix. OrTa gamme des engins industriels automoteurs
pour voie-ferrée s'accroît tous les jours. Nous résumons
dans les quelques indications qui suiA^ent les caractères
des principaux d'entre eux, en nous limitant à la voie
normale et aux engins dont l'utilisation militaire nous
semble poiwoir être envisagée.
On comparera d'abord les modèles offerts au point
de Ame des Arariations de puissance permises. Il est
désaAràntageux en effet aA^ec les moteurs à combustion
de marcher à des régimes trop différents de ceux qui
ont servi de base à leur étude. Une source de A^apeur
ou d'électricité constitue un approAÙsionnement d'éner-
gie qu'on peut débiter assez économiquement en détail.
Pour le moteur à combustion au contraire, le régulateur
agit à chaque moment sur la production de l'énergie,
non sur la quantité préleArée, alors que toutes les pertes
et tous les frottements représentent au contraire une
dépense presque constante. Si la puissance produite est
faible, le rendement sera prohibitif, de même qu'une,
taxe forte et uniforme imposée à des contribuables rui-
nerait les plus indigents.
Matériel Baldwin. — Ce matériel a été importé par
les Américains, Il s'est construit surtout avec moteurs
de 50 CV, 2 essieux couplés et misé en marche élec-
trique. Les tracteurs sont rustiques mais d'usure assez
rapide. Des lots de rechanges sont à prévoir et à acheter
à l'avance par les usagers à cause des longs délais né-
1

cessaires aux fournitures importées sur commande. Le


prix de ces engins en 1925 était encore inférieur à
4.000 fr la tonne. On trouve sur le marché dés modèles
de 9 t et de 7 t 6. Les modèles de 9 t sont lents (5 km à
l'heure). Ceux de 7 t 6 s'établissent en deux types, l'un
faisant de 6 à 10 km à l'heure, l'autre de 9 à 17 km.
:
Là Société du Val de Maizet en livre avec moteurs
EMPLOI DE LOCOTRACTEURS - 429
de la « Minneapolis Steeland Machinery Company ».
,
Ils n'ont que deux vitesses avant et deux vitesses arrière,
.
ce qui est un inconvénient sérieux, à notre avis. La con-
sommation annoncée par heure est de 8 à 10 1 d'essence
lourde ou de benzol. Le fonctionnement est possible
avec un gazogène spécial au bois, pour lequel la Société
évalue l'économie de consommation à 70 %.
Matériel Baudet, Donon et Roussel. — Ce matériel
entièrement français s'établit en plusieurs types :
— le tracteur de 15 t, dit type « embranchement », a
6 vitesses comprises entre 2 et 12 km à l'heure, moteur
de 40 CV, modèle des autobus de la ville de Paris, 4 cy-
lindres; il est pourvu d'un cabestan;
— le tracteur de 22 t a 12 Adtesses comprises entre
2 et 36 km, moteur De Dioii, 4 cylindres, 50 CV; le A'-éhi-
cule pourvu d'un frein continu à air peut donc atteler
des rames de Avagons munis de ce frein et opérer des
mouA'-ements en Adtesse; il est pourAru également d'un
cabestan;
— le tracteur de 30 t a 12 vitesses comprises entre 2
et 60 km, moteur De Dion, 8 cylindres en V, frein
continu à air.
Ces trois appareils sont bien établis parce que le con-
structeur a tenu compte des appréciations et des avis des
grands réseaux. L'adoption de 12 AÙtesses a exigé une
boîte de transmission très étudiée, pour laquelle de nou-
A^eaux progrès nous paraissent encore désirables. Mais
les transmissions par chaînes qui sont adoptées ont un
caractère de simplicité et de rusticité appréciables pour
les usagers militaires. Le dispositif de tension des chaînes
par translation dans les plaques de garde est ingénieux.
Le type de 40 CV à 6 vitesses reste applicable aux éta-
blissements à faible trafic et à faibles charges. Il en existe
aux Entrepôts de Pantin, à la Société des métaux de
Rouen, à la sucrerie de Bourdon.
Le type de 50 CV à 12 Antesses répond aux mouve-
430 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
ments plus amples ou plus inégaux comme ceux des
ports. 11 en existe à la Compagnie Rousselot à Ribé-
court, à la Société Grande Carue à Rouen, à la Compa-
gnie rouennaise de déchargements au Grand-Quévilly,
au Comptoir flimal à Givet, à la Société du gaz de
Farciennes (Belgique). Les services de la Marine en ont
acquis un pour le centre de Cuers-Pierrefeù. Les chemins
de fer à A^oie normale du Maroc en emploient à Casa-
blanca et à Rabat.
Mais nous aArons surtout suiAà les résultats obtenus :
•— par
le réseau de l'Est, qui a 3 engins de 40 CV à
Saint-Dizier, Sedan et La Ferté-sous-Jouarre;
— par le réseau du Nord, qui a 2 engins de 40 CV à
Gorbie et à Sevran-Livry;
— par le réseau des Ceintures, qui a 4 appareils de
100 CV à Belleville-Villette, Charonne et auxGobelins;
•— par
le réseau de P.-O., qui a un appareil de 100 CV
à la gare d'Austerlitz ;
— par le réseau de l'État, qui a un engin de 40 CV à
Pont-Audemer et 10 engins de 100 CV dont 6 à la gare
Saint-Lazare.
Les; avis des usagers sont généralement faArorables.
D'après les essais de la gare Saint-Lazare, le réseau de
l'État estimerait la dépense horaire d'un engin de 100 CV
à 16 fr environ, non compris les frais de personnel, qui
ne figureraient pas dans les dépenses des établissements
employant des conducteurs militaires. La dépense ho-
raire de l'engin de 40 CV de Pont-Audemer serait de
13 fr 20 environ, dans les mêmes conditions. Les frais
d'entretien ramenés à l'heure de manoeuvres seraient
comprisxentre 1 fr et 2 fr.
Sur le réseau des Ceintures, particulièrement aux
Gobelins, où les opérations se font au lancer, les trac-
teurs ont un serA'ice très chargé pendant 20 heures au
moins par jour.
Actuellement le prix d'acquisition des appareils
EMPLOI DE LOCOTRACTEURS ...--. 431
B. D. R. est en moyenne de l'ordre de 7.000 fr la t,
pour les 3 catégories. L'appareil de 100 CV est celui
qui conviendrait le mieux aux embranchements mili-
taires complets, c'est-à-dire ayant à la fois des mou-
vements de rames lourdes et des mouvements de détail.
Matériel Berliet. — L'appareil Berlietpèse 10 t à vide
et se leste à 15 t. Il a 4 vitesses avant et 4 vitesses
arrière. Le moteur donne 30 CV environ, la transmis-
sion est à chaînes. Le réseau de P.-L.-M. en a essayé à
Villefranche-sur-Saône, à Digoin, à Louhans, à Saint-
Louis-les-Aygalades, à Salon et à Monaco. La dépense
horaire par engin a été évaluée à 17 fr emàron, en comp-
tant l'amortissement en 6 années. Si l'on en distrait les
frais de personnel, la dépense serait de 14 fr 50 enAdron
par heure de manoeuvres.
Les appareils n'ont pas d'équipe d'entretien, celui-ci
pommant être assuré par les garagistes des localités et
le constructeur fournissant les rechanges nécessaires.
En résumé les résultats de l'expérience ont été si-
gnalés comme très satisfaisants. L'engin de 15 t répond
néanmoins plutôt à des mouvements de détail qu'à la
circulation de rames lourdes. Il ne conviendrait guère
par exemple pour effectuer la traction des trains com-
plets entre une gare de soudure et un établissement mi-
litaire. La vitesse maximum réalisable est voisine de
26 km, à faible charge.
Matériel Campagne. — Les tracteurs Campagne uti-
lisables sont de 18 t. Le moteur est de 60 CV. La trans-
mission est à chaînes avec 3 vitesses (3, 6 et 12 km) ;
l'engin, est pourvu d'un treuil.
Ces tracteurs sont aptes à des mouvements de détail
plutôt qu'à la traction de rames complètes. Il en existe
en serAdce sur des embranchements particuliers. La
Centrale électrique de Gennevilliers en utilise pour le ser-
vice des charbons et scories. Nous n'avons pas obtenu de
renseignementsprécis sur les dépenses de fonctionnement.
432 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
Matériel Crochat. — Les plus connus de ces engina
sont ceux qui ont été fournis au service de l'artillerie
pendant la guerre par la Compagnie des Forges et Acié-
ries de la Marine et d'Homécourt. Cet établissement en
a livré 130 de 24 t, 120 CV et 90 de 46 t, 240 CV. La
transmission est électrique. Les engins de 240 CV se
composent de deux groupes identiques au groupe unique
des engins de 120 CV. Ces tracteurs passent dans la
courbe de 80 m. Ils ont en principe 4 Adtesses dans
chaque sens comprises entre 3 km, 6 km et 12 km.
Ces caractères sont ceux d'appareils pour manoeuvres
lentes et non pour traction de trains proprement dits.
Les moteurs Panhard qui ont été adoptés pendant la
guerre ne paraissent plus donner satisfaction. Mais la
partie mécanique et électrique de la transmission, sys-
tème Crochat-Collardeau, nous paraît à retenir comme
une excellente solution. Des tracteurs militaires Crochat
ont été loués au réseau du Nord en 1921 et 1922. Les
appréciations à cette époque ont été favorables. La dou-
ceur et la progressiAdté des efforts rendaient les manoeu-
vres sûres et évitaient les avaries par chocs Adolents,
si fréquentes dans les motwements de détail ordinaires.
Les dépenses fixes du réseau représentaient, pour chaque
tracteur :

— 80 fr par jour pour la location;


— 22 à 24 fr pour les salaires (les machines de 120 CV
peuvent fonctionner avec un seul conducteur).
Les dépenses A^ariables correspondaient à la consom-
mation de 10 1 d'essence et d'11 d'huile à l'heure, pour
un ser\àce de huit heures. Les pannes électriques étaient
excessivement rares; le moteur seul exigeait une sur-
veillance assez délicate. Le levage et la revision s'effec-
tuaient sur le réseau du Nord après 1.000 heures de
marche et coûtaient environ 1.500 fr. Cette location a
été abandonnée depuis.
Les expériences pratiquées par le Service de l'Aéro-
EMPLOI DE LOCOTRACTEURS, 433
..,
nautique au magasin de Pruniers avec ce matériel ont
confirmé la défectuosité du moteur proprement dit,
très coûteux d'entretien et de consommation. Nous pen-
sons qu'en changeant son type, en renonçant pour le
tracteur aux modèles blindés lourds et onéreux et en
améliorant quelques détails, on arriverait à un engin,
véritablement intéressant pour les embranchements
militaires ordinaires.
Matériel Deutz-Oberursel. — Le tracteur courant est
de 13 t, à. 4 vitesses inférieures à 10 km. La transmission
s'effectue par faux essieu et bielles. Le constructeur
applique à ces engins, tant pour la voie normale que pour
la voie étroite, le type ordinaire des moteurs industriels'
monocylindriques horizontaux, à faible vitesse et lourd
Allant (330 tours pour l'engin de 13 t). Nous aArons eu
l'occasion d'expérimenter sommairement ce matériel
de fabrication étrangère et peu répandu en France.
L'innovation consistant à renoncer au moteur routier,
léger par nature et destination et par conséquent à
rotation rapide, pour adopter un moteur lourd et lent,
de conduite facile, était logique et intéressante. Toute-
fois les applications nous paraissent devoir rester limi-
tées aux manoeuvres à très faibles vitesses et nous n'a-
vons pu obtenir de renseignements détaillés sur les frais
de fonctionnement, probablement plus faibles qu'avec
la plupart des autres systèmes.
Matériel De Dion-Bouton. — Le tracteur est de 15 t
à 3 vitesses inférieures à 12 km. Le moteur est de 45 CV,
4 cylindres. Les deux essieux sont accouplés par bielles.
La transmission est à chaînes. La partie mécanique de
ces engins est- soignée et robuste; mais ils ne sont pas
encore suffisamment répandus pour qu'on puisse re-
cueillir assez de renseignements statistiques sur leur
fonctionnement et leur dépense.
Matériel Uele-Shaw. — Cette désignation Arise. plutôt
un type de transmission qu'un constructeur déterminé.
434 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
La transmission Hele-Shaw fait partie de la série des.
systèmes à fluides comprimés, comprenant une pompe
réceptrice et une pompe génératrice, celle-ci à débit
Arariable, d'où possibilité d'obtenir à la réceptrice une
gamme de vitesse absolument continue. Le réseau du
Nord a expérimenté en 1921 et 1922 plusieurs modèles
fournis par la Société d'appareils de transmission, mais
en vue d'application aux mouvements de détail. Le type
dit CX 4 était de 9 t aA^ec moteur de 20 CV seulement
et accouplement par chaînes entre l'appareil à fluide
(huile comprimée) et les essieux. Le fonctionnement
était satisfaisant. La consommation n'était que de 4 1
d'essence à l'heure et l'engin opérait couramment sur
6 à 8 Avagons en, rame, mais la vitesse ne dépassait pas
6 km à l'heure. Le prix d'achat était de 5.000 à 6.000 fr
la tonne. Il a été construit un autre type dit D X 4 de 12 t
avec moteur de 40 CV susceptible de fonctionner à la
vitesse de 12 km. Le prix d'achat était de 5.000 fr la tonne
environ.
Les démarrages ont été trouvés très doux et le frei-
nage particulièrement rapide en renversant simplement
la marche.
Le serA'ice de l'exploitation du réseau du Nord n'em-
ploie plus de tracteurs Hele-Shaw qui ont été jugés jus-
qu'ici un peu lents.
Matériel Lavizari. — Ce matériel n'a pas été employé
en France. Il répond à la traction de trains lourds com-
plets. L'engin à transmission électrique pèse 105 t. Il
est pourvu de 2 moteurs Diesel à 6 cylindres donnant
au total 1.200 CV, avec mise en marche à l'air comprimé.
Ce qui paraît intéressant au point de vue de la techni-
r
que générale militaire, c'est l'adoption,., même pour ces
fortes puissances, de la transmission électrique, dont
la cause paraît plaidée également aA'ec succès en Suède
pour des applications à grande échelle, ainsi que nous
l'indiquerons plus loin.
EMPLOI DE LOCOTRACTEURS 435
,
Matériel Lentz. — Ce matériel de fabrication.étrangère
est caractérisé par une transmission analogue à la
transmission Hele-ShaAv. Nous ne connaissons pas d'usa-
gers ayant pu nous fournir des renseignements statis-
tiques et économiques sur son fonctionnement.
Matériel Moyse. — Nous nous étions intéressés en
1923 et 1924 à ce matériel équipé siwant les brevets
Crochat-Collardeau. Le tracteur pèse 20 t. Le moteur
est de 90 CV Panhard sans soupape, 4 cylindres. La
transmission est électrique mais les réceptrices action-
nent les essieux par l'intermédiaire de chaînes, de sorte
que toutes les parties mécaniques principales sont réu-
nies sous les yeux du conducteur. Nous aAÙons sollicité
des renseignements de plusieurs acquéreurs de loco-
tracteurs Moyse. La Société des Docks rémois en utili-
sait un qui donnait pleine satisfaction. Il montait jour-
nellement 120 t- sur les voies des Docks dont les rampes
atteignent 18 mm. Les consommations calculées sur une
année, avec service effectiA^ement réalisé de 7 heures par
jour, étaient de 121 d'essence et un litre d'huile par heure.
La Société du Gaz de Paris en employait à l'usine du
Landy, où nous avons assisté, sur l'engin même, à des
manoeuvres effectuées dans des conditions excellentes.
L'usine de la Société d'Électricité de Paris à Saint-
Denis en utilisait également. La conduite y était jugée
facile et simple. La consommation était de 50 1 d'essence
par jour pour des manoeuvres intermittentes pendant
seize heures. D'autre part, les Établissements Miellé
de Châlons nous aA^aient fourni des renseignements très
favorables. Un tracteur en service depuis dix-huit mois
assurait le trafic journalier de l'embranchement sans
panne ni ennui et l'achat d'un deuxième exemplaire
était effectué. Aux essais de réception l'engin avait
traîné sur double courbe 450 t en 40 wagons.
Le tracteur de Châlons ne consommait que .5 1 1/2 à
l'heure. Un autre tracteur en senùce à Vesoul aArec des
436 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
charges plus fortes dépensait 7 à 8 1. La consommation
en huile dans les deux cas était d'environ 12 % de celle
de l'essence. L'acquéreur ne s'était décidé qu'après
avoir consulté une série de constructeurs français ou
allemands et effectué des essais avec les types à trans-
mission hydraulique de Schneider, Weitz et Oléo.
Le prix du tracteur Moyse était encore en 1924 de
.
59.000 fr seulement, soit 3.000 fr la tonne environ. Ce
tarif aArantageux tenait sans doute à ce que l'équipe-
ment principal proArenait de matériels militaires neufs
liquidés.
Depuis cette date, le réseau du Nord a effectué des
expériences. Il a pris en location 2 tracteurs Moyse
dont l'un est en service au Bourget-Drancy, l'autre à
Noyelles.
La dépense horaire est éA^aluée à 16 fr 45 pour les frais
de personnel et de consommation et 2 à 4 fr pour l'en-
tretien, suiA'-ant l'intensité du service. On n'emploie
qu'un conducteur par engin en comptant 8 heures de
travail quotidien. Dans l'évaluation les frais de personnel
seuls représentent 30 à 35 fr par jour, soit 4 fr par heure
environ. Pour les usagers militaires, la dépense horaire
serait donc de l'ordre de 12 à 13 fr par heure, résultat
intéressant. Il n'a pas été constaté de pannes dans l'équi-
pement électrique, malgré le service intensif, ce qui
ajoute une référence à ce genre de transmission.
Matériel Naeder. — Il s'agit d'un type de transmission
à liquide, comprenant un système compresseur et un
système récepteur sur un même axe placés dans un carter
étanche et d'un emploi très simple; pour une certaine
Aritesse,.la transmission est directe.
Il a été fondé des espérances assez étendues sur ce
système, très étudié dans ses détails, qui fonctionne avec
de l'huile à haute pression (jusqu'à 170 kg) et a peu d'en-
combrement. Le réseau du Nord avait tenté des essais
auxquels il n'a pas été donné suite par le service de
EMPLOI DE LOCOTRACTEURS 437
l'exploitation. Le mécanisme aA^ait été trouvé très
bruyant. Il est Arrai que le moteur auquel on l'avait
adapté était imparfait. La question pourrait être suiArie,
mais elle n'intéresse que les changements de vitesse
des tracteurs et non leurs caractères généraux.
Matériel Renault. — Le tracteur courant pèse 19 t.
Le moteur est de 60 CV à 6 cylindres et commandé, par
faux essieux. Il y a 4 vitesses entre 4 et 19 km et un
treuil de manoeuA^re. Les conditions d'emploi nous pa-
raissent comparables à celles du matériel Moyse qui est
plus puissant. La discontinuité des Adtesses reste une
infériorité certaine par rapport à celui-ci. Le prix des
tracteurs Renault en 1924 était de 87.000 fr, soit environ
4,500 fr la tonne. '
Matériel Schneider. — Les matériels de cette marque,
sont assez diArers. Il aA^ait été fourni à l'artillerie pendant
la campagne 22 tracteurs sur rails dont 8 de 200 CV et
14 de 300 CV à transmission électrique. L'excitation
de la génératrice était indépendante, ce qui est une
complication, et un groupe auxiliaire de 3 kw avec accu-
mulateurs aArait dû être ajouté pour les manoeuvres
intérieures accessoires. Les moteurs étaient en étoile
à 10 cylindres 900 tours et 20 cylindres 800 tours!
Ces engins étaient puissants quoiqu'à Adtesse très
limitée (12 km environ). Mais ils ne nous semblent pas
répondre à des besoins du temps de paix, où nous appré-
cierions surtout la simplicité et l'économie.
En 1923 et 1924 le réseau du Nord expérimentait des
tracteurs Schneider à transmission-mécanique de 15 t.
Le moteur était de 55 CV avec 4 A'itesses, un inverseur et
un treuil. La vitesse obtenue aux manoeuATes atteignait
16 km 200 pour 60 t tirées.en palier. La consomma-
tion constatée était de 6 1 à l'heure et le prix de l'engin
90.000 fr, ce qui n'est pas excessif. Mais il y avait des
imperfections et la partie mécanique était ïnoins finie
que d'autres matériels fabriqués par la même' Société.
438 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
Le réseau du Nord a encore deux de ces engins, l'un à
Seclin, l'autre à Ham. Ils consomment dans ces gares
8 à 10 1 à l'heure et suffisent au service demandé. L'un
des essieux n'est.pas suspendu; cette disposition fati-
guerait certainement des voies principales pour un em-
ploi prolongé. j

Matériel suédois. —Ce matériel est fourni à divers


réseaux Scandinaves par la Diesel Electriska Vagn
Aktiebolaget en Suède. Les engins sont à transmission
électrique. L'énergie est fournie par des moteurs Polar
Diesel dont nous suivions les progrès jusqu'en 1914 pour
.
la défense terrestre des côtes. Les puissances Avarient
suivant les types de 75 à 250 CV, ce qui serait justement
l'échelle intéressante pour les applications militaires.
Les poids sont compris entre 30 et 50 t, pour 4 modèles
différents. Les Autesses atteignent celles des trains de
marchandises ordinaires.
La Société D. E. V. A. dispose d'une expérience assez
longue car certains de ces engins ont déjà parcouru
environ 500.000 km, trajet qui permet de tirer des con-
clusions. Un engin de 22 t, 120 CV est d'ailleurs en ser-
Aace en Tunisie sur voie métrique,.
Il à été publié sur le matérial D. E. V. A. des sta-
tistiques faisant ressortir des économies considérables,
de l'ordre de 200 à 300 % par rapport à la traction à
Arapeur. Mais ces constatations sont coutumières avec
le moteur Diesel dont le principe même les implique.
Il faudrait examiner les conditions spéciales des réseaux
suédois au point de vue des prix d'importation des huiles
lourdes. Des facteurs locaux entrent certainement enjeu.
Ce qui nous paraît mériter d'être suivi, au point de vue
de la technique militaire, c'est le résultat de la transmis-
sion électrique avec moteurs blindés simples, du type
analogue à ceux des tramways urbains, c'est-à-dire
rustiques pour l'usager. Nous signalerions entr'autres
la publication faite dans la Reçue des chemins de jer
EMPLOI DE LOCOTRACTËURS •-'"" 439
de septembre 1923 par l'ingénieur français Jourdin qui
a visité en Suède divers réseaux de voie normale et
de voie étroite. A Mellersta (voie normale) la revision
d'une automotrice n'a lieu qu'après un parcours de
50.000 à 65.000 km et l'immobilise un mois par an. Les
revisions ne nécessitent pas d'électricien. En dix ans, il
n'y a eu que deux interventions d'un ouvrier de cette
catégorie après plus de 400.000 km de parcours. Au
réseau N. V. A. à voie de 0,89, aucun électricien n'est
affecté à l'entretien; le recours exceptionnel à un ou-
Arrier de ville est seulement prévu et les trois tracteurs
en service ont parcouru plus de 270.000 km en charge.
A Vad-erstad, un tracteur fonctionne depuis 1916 sans
aucun personnel ayant des connaissances spéciales en
électricité. A Halmstad (voie normale) le service, de
3 engins n'a également exigé aucun électricien. Il en est
de même pour les 2 engins de Skane. A Angleholm
seulement, un électricien de la ville a initié quelques
ouATiers au début. Ces remarques vont à l'encontre des
objections faites parfois à la transmission électrique,
au point de vue du personnel spécialiste nécessaire et il
nous paraît possible d'adopter un matériel qui réponde
bien à cet égard aux circonstances de la guerre.
Matériel Sulzer. — Cette maison est surtout connue
par ses moteurs à huile lourde genre Diesel. Elle a cons-
truit des engins qui sont au point de vue de la puissance
de véritables locomotiAres aptes à la remorque de trains
complets. Le type de 1913 était de 1.000 CV à transmis-
sion mécanique avec Diesel en V. Il est à remarquer
que le constructeur revient à la transmission électrique.
Un type de 64 tonnes de 200 CV a été établi sur ce prin-
cipe. Nous n'avons pu nous procurer des renseignements
précis sur les dépenses de fonctionnement et les condi-
tions du serAÙce; mais l'engin est probablement plus
apte à la traction de rames lourdes qu'à des mouvements
de détail sur les embranchements militaires.
440 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
Matériel Weitz et Weitz-Leroux. — Il existe plusieurs
engins de cette marque. Le tracteur de 15 t de 55 CV
a 3 vitesses comprises entre 6 et 18 km. La transmission
est directe par faux essieu. D'autres modèles de 35 à
55 CV ont également 3 Adtesses plus faibles, ne dépas-
sant pas 10 km pour traction de charges lourdes. Ce
matériel nous paraît convenir plutôt aux entrepreneurs
qu'à des établissements militaires.
Wagons automoteurs divers. — Pendant la guerre, il aArait
été aménagé pour les besoins militaires, spécialement
ceux de l'artillerie lourde sur Aroie ferrée, des A^éhicules
automoteurs constitués par des wagons plates-formes
ordinaires équipés aArec un mécanisme d'automobile
et des chaînes de transmission. On utilisa même des châs-
sis de camions réformés des types Berliet (C. B. A.) et
Velie. Ceci donna des engins tracteurs de puissance
médiocre (effort inférieur à 500 kg) et de faible Adtesse
(moins de 15 km). Il en existe encore quelques exem-
plaires dont l'un au magasin d'aviation de Pruniers.
Après l'armistice divers constructeurs ont établi des
modèles analogues pour l'industrie, par exemple, la
société Berliet. Ce genre de matériel est léger et se leste
généralement jusqu'à 10 ou 15 t. Il se prête à l'adjonc-
tion de treuils et peut rendre certainement des services
dans les établissements militaires pour les manoeuvres
de Avagons isolés. Les pièces de rechange et l'entretien
sont en effet à peu près les mêmes que pour le matériel
automobile de l'armée. La précision des manoeuvres
est d'ailleurs considérable; elle permettait même directe-
ment le pointage des pièces sur les épis courbes de Calais
et de Dunkerque.
Ces engins ont le défaut de ne pas résoudre le problème
général de la traction étant insuffisamment puissants pour
les mouvements d'ensemble. Nous ne citerons pas le
petit tracteur Vernot qui soulève en même temps le
Avagon remorqué pour augmenter l'adhérence, parce que
EMPLOI DE LOCOTRACTEURS 441

son emploi ne serait pas recommandable aArec des wa-


gons quelconques.
En revanche les installations à câbles et tambours,
sans tracteur mobile, établis par la Société d'Entreprises
de l'exploitation des ateliers d'Arlod, peuvent s'en-
visager pour des mouvements intérieurs à des maga-
sins.

Orientation des progrès.


Indépendamment des progrès industriels généraux
qui intéressent indirectement l'armée et s'appliquent
actuellement aux détails des mécanismes moteurs ainsi
qu'à l'utilisation des carburants à bon marché, nous
pensons que le locotracteur militaire est encore à étu-
dier au point de Arue des qualités de simplicité d'emploi,
de facilité d'entretien et d'économie.
Des progrès sérieux sont réalisés déjà quant à la sim-
plicité d'emploi. Les plus appréciables actuellement
à notre avis sont ceux des engins Baudet Donon et Rous-
sel pour lesquels la collaboration des grands. réseaux
s'est trouvée assurée en fait. Lés leviers ou poignées de
commande par exemple sont en double jeu à droite
et à gauche, disposition judicieuse qui permet au con-
ducteur de suivre les signaux de l'exploitation des deux
côtés.
Le problème des transmissions tient de près à la sim-
plicité d'emploi. Les engrenages et boîtes de Aritesse sont
encore un pis aller. Les transmissions à fluides ont des
imperfections à atténuer. Un type nouveau que viennent
de lancer les établissements Schneider et qui appartient
à la fois aux deux catégories des transmissions directes ,

et à fluides serait à suivre s'il prend de l'extension;


mais nous pensons que la transmission électrique à
voltage variable offre actuellement les meilleures pers-
pectives d'applications militaires en temps de paix et
REVUE DU GÉNIE — MAI 1927 28
442 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
surtout en campagne, compte tenu de l'expérience des
réseaux suédois.
La facilité d'entretien s'obtiendra surtout dès qu'on
aura choisi, pour les besoins de l'armée, un petit nombre
de types industriels établis en grande série.
La question d'économie est subordonnée en grande
partie à celle des carburants. Pour la traction sur rails
nous avions suivi depuis 1923 les essais effectués sur la
ligne métrique de Bernay (Eure) avec le gazogène Fajole
au charbon, remplacé depuis par un gazogène G. P. A.
On Adent de'mettre à l'essai un gazogène au bois type
Imbert-Berliet pour l'École de traction de A^oie de 0,60 de
Toul, par adaptation à un locotracteur militaire Schnei-
der. Là pratique seule pourra donner des bases pour une
extension ultérieure et l'appropriation complète des
moteurs, s'il y a lieu.
L'adoption de moteurs basés sur des principes nou-
veaux est également à envisager. Le moteur Andreau à
essence, mais à cycle spécial est encore dans la phase
des études, au moins pour les puissances supérieures
à 3 CV. Le type de 60 CV ne consommerait à peu près
en essence que la moitié' de ce qui est nécessaire aux mo-
teurs d'automobiles actuels, soit 140 gr par cheval-
heure. Les coefficients d'usure seraient du même ordre
que ceux des moteurs d'autobus parisiens. Les moteurs
à huile lourde sont de principes variés quant au mode
d'introduction du combustible ou aux modes d'allumage.
La multiplicité actuelle des types montre précisément
que leur technique n'a pas franchi le pas principal, celui
de laxvulgarisation complète d'un modèle déterminé.
Sauf en ce qui concerne le Diesel intégral, qui paraît
devoir rester en dehors de la pratique pour les puissances
faibles ou moyennes des locotracteurs de manoeuvres,
l'expectative s'imposerait encore. On a parlé d'un modèle
auquel seraient parvenus récemment les services an-
glais de l'aéronautique. En France, nous connaissons
EMPLOI DE LOCOTRACTEURS 443
entr'autres comme appliqués déjà couramment à la
traction sur rails en voie étroite les moteurs Bull-Dog,
d'invention américaine, qui fonctionnaient déjà avec
succès pour la propulsion des péniches. Ils sont du sys-
tème à chambre auxiliaire ou à auget, sans injection
mécanique et n'ont en conséquence ni carburateur, ni
magnéto, ni pompe compresseur, ni boule d'allumage,
ni allumeur électrique. Le démarrage s'opère à froid
comme avec l'essence. Ils ne se font encore qu'en 4 puis-
sances, jusqu'à 30 CV, mais on expérimente au banc
des types de 125 et 160 CV à 1.000 tours, puissances et
vitesse tout à fait conA^enables pour des mécanismes
à fonctionnement prolongé.
Nous n'aA'-ons pas cité ce modèle pour attirer particu-
lièrement l'attention sur lui, mais comme caractérisant
bien l'orientation désirable au point de Ame des appli-
cations militaires.
Colonel GAUZENCE DÉ LASTOURS.
COUVERTURE DERRIÈRE LÀ PASSARGE
(Février-mai 1807)

AVANT-PROPOS

Tant que nous occupons la Rhénanie, le Rhin nous


fournit pour notre coiwerture un obstacle de même
Araleur que l'Elbe offrit à Napoléon en 1813, lorsque,
après la retraite de Russie, il s'occupa de réunir en Alle-
magne de nouvelles forces. Nous poiwons donc nous
inspirer des instructions données par l'Empereur au
prince Eugène pour couvrir sur l'Elbe aArec les débris
ramenés de Russie la réunion de ces nouAoelles forces.
Il lui prescrivit le dispositif suivant : Réunir le gros
de ses troupes dans un camp retranché organisé sur la
rive droite de l'Elbe en aA^ant de Magdebourg.
Ainsi placée, l'armée de couverture sera en mesure
de remplir sa double mission : couvrir la réunion des
forces, procurer des débouchés sur l'Elbe pour une offen-
sive ultérieure.
Elle couvrira tout le pays à l'ouest de l'Elbe, parce
que, menaçant Berlin, elle attirera sur elle, à la façon
d'un paratonnerre, les forces de l'ennemi. D'autre part,
si les coalisés, reculant à l'attaquer sur sa position,
essaient de franchir l'Elbe au nord et au sud d'elle,
l'armée de couverture pourra se jeter sur leurs derrières
pendant le passage et les prendre en flagrant délit (x).
Après l'évacuation de la Rhénanie, nous serons ra-
menés à notre frontière d'avant 1870 que ne borde aucun

j 1) Bibliographie. T. XIV et XV de la Correspondance de Napoléon.


COUVERTURE DERRIÈRE LA PASSARGE,---' 445
grand obstacle continu. Bien plus, les deux cours d'eau
principaux que nous y trouvons, la Moselle et la Meuse
se redressent vers le nord lorsqu'ils atteignent la frontière.
On ne peut donc envisager pour créer une barrière pa-
rallèle à la frontière et qui ne laisse pas à découvert
trop de terrain, que l'utilisation de leurs affluents ou
sous-affluents, faibles obstacles qu'on pourrait, il est
vrai, grossir en créant avec leur aide des blancs d'eau...
La réunion du gros des forces de couverture en une
seule masse n'est plus possible : il y a lieu de protéger
des points multiples; noeuds de voies ferrées, centres
industriels, grandes villes, etc.. Il y a par suite une
étude détaillée à faire des accidents du sol dans la zone
frontière, élude gui revient aux officiers du génie. Ceux qui
en seront chargés feront bien de méditer les dispositions
prises par Napoléon en février 1807 lorsque, après Eylau,
voulant reposer ses corps pendant la mauvaise saison,
il les établit derrière la Passarge, en larges cantonne-
ments pour qu'ils puissent dans ce pays pampre, trouver
en s'étendant plus de resssources en vivres et en abris.
Sans doute, sur notre frontière et à l'heure actuelle,
l'assaillant est favorisé par un réseau de routes autre-
ment développé que celui de la Passarge en 1807 ;
il disposerait en outre de moyens rapides d'approche :
motocyclettes et camions automobiles. Mais nous pour-
rions, nous aussi, utiliser avions, motocyclettes et trou-
pes camionnées pour éventer de très loin l'approche de
l'assaillant et avertir par radio les centres de forces d'où
on amènerait rapidement des secours aux points me-
nacés.
Quoiqu'il en soit, il m'a semblé que l'étude des pres-
criptions de Napoléon en 1807 pouvait être utile aux
officiers du génie qui auraient à faire en vue des dispo-
sitions à prendre pour la couverture une reconnaissance
détaillée de notre frontière. C'est la raison du présent
travail.
446 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE

I. — DISPOSITIF GÉNÉRAL DE COUVERTURE


SUR LA PASSARGE

Après Eylau (6.février 1807), notre armée se trompait


fort affaiblie. D'ailleurs des alternatives de gel et de
dégel rendent impraticables les routes, simples pistes
sablonneuses. Napoléon, pour couvrir le siège de Dantzig
confié au maréchal LefebArre,,établit ses troupes derrière
la Passarge de la façon suivante : A Braunsberg, près
de l'embouchure de la Passarge dans le Frisches Haff,
le 1er corps (Bernadotte); a Liebstadt, à 55 km au sud-
est de Braunsberg, le 4e corps (Soult) ; à se, droite, le
3e corps (DaArout) dont la di\usion Morand est détachée
plus à l'est à Allenstein sur l'Aile. Un peu en aA^ant de
la droite de notre ligne, le 6e corps (Ney) qui a moins
souffert à la bataille est à Gtittstadt sur l'Aile; ainsi le
segment de ce cours d'eau entre Guttstadt et Allenstein
assure le flanquement de notre ligne (1).
A Osterode, à 54 km au sud de Liebstadt, c'est-à-dire
derrière le 4e- corps, sont établies la Garde et les réserves.
Enfin le 5e corps (SaArary remplace temporairement
Lannés blessé) est à Pulstuck sur la NareAv où il coiwre,
Arers le nord-est, Varsovie.
Ainsi disposée, notre armée Y& se réorganiser en atten-
dant le retour du printemps.
Thorn est notre centre ou pivot d'opération, l'Empe-
reur y envoie comme gouverneur le général Rapp son
aide de camp (2).
Le 19, Napoléon écrit à Duroc : « L'armée entre en

Mon intention, écrit, le 28 février, Napoléon à Soult (11966), est


(*) «
d'occuper Guttstadt comme avant-poste et la ligne d'Ëdlitten à Gutt-
stadt jusqu'à Allenstein pour mon flanc droit. »
( 2) C'est une habitude de Napoléon de placer comme gouverneur
dans son centre d'opération un de ses aides de camp : « Aussitôt que Rapp
pourra être disponible, écrit, le 25 février, Napoléon à Duroc, haut gou-
verneur de Varsovie, je désirerais qu'il se rendît à Thorn, où il prendra le
COUVERTURE DERRIERE LA PASSARGE 447

quartiers d'hiver derrière la Passarge, mon quartier


général sera à Osterode... » (11934) (]).

commandement de la place. C'est là qu'est le pivot et qu'il faut un homme


de zèle et d'autorité. » (T. XIV, 11875).
Et le 26, il écrit à Rapp (11885) :
ci
L'ennemi manoeuvre comme s'il voulait s'avancer. Je suis résolu à
lui livrer bataille ici. La seule chose qui me donne un peu de sollicitude
ce sont les subsistances; procurez-vous en autant que vous pourrez.
N'épargnez pas l'argent pour les transporter... Je compte sur A'otre zèle
dans cette circonstance importante. »
f1) Lui-même ATa se loger au château de Finkelstein.
448 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE

,« ...l'arniée A7a se tromper ralliée à peu près sur la posi-


tion centrale d'Osterode; elle est éloignée de 30 lieues
de Pulstuck et d'autant de l'embouchure de la Vistule. »
(11821-du 17 février).
Le 19, Napoléon prescrit à Berthier de faire reconnaître
les différents cours d'eau qui peuArent couvrir les can-
tonnements (11832).
« Faites faire trois reconnaissances :

a 1° de tous les lacs et rivières qui environnent Oste-


rode et lient la position d'Holienstein avec Saalfeld et
Deutsch-Eylau;
« 2° celle de la rivière la Passarge depuis sa source
jusqu'à la mer;
« 3° celle de l'Aile depuis Guttstadt jusqu'à Neiden-
burg.
« On marquera les ponts, les gués, la profondeur et la
largeur des eaux. On fera connaître en quoi cette ligne
peut être bonne pour couvrir la ligne des cantonne-
ments. »
Un corps d'observation polonais, aux ordres du gé-
néral; Zayonchek AT.endra à Neidenburg; voici les ins-
tructions que Napoléon lui donnera le 6 mars (11958) :
« Le premier but du corps d'observation polonais est de
garantir les flancs de l'armée depuis Allenstein jusqu'à
Neidenburg et depuis Neidenburg jusqu'à POmuleAV, où
s'appuie la gauche du 5e corps dont le quartier général
est à Pulstuck. Il placera des postes de cavalerie le long
de la rivière de l'Aile, d'Allenstein à Neidenburg de ma-
nière que tous les ponts soient gardés. Il doit envoyer des
patrouilles sur Passenheim, Ortelsburg, pour éclairer
les mouvements de l'ennemi et connaître ce qu'ilfait
sur la droite de l'Aile. »
L'Empereur prescrit à. chacun de ses commandants
de corps d'avoir sur la Passarge au moins une tête de
pont fortifiée pour y concentrer leur corps en cas d'at-
COUVERTURE DERRIÈRE LA PASSARGE 449
,
taque et donner, par sa défense, à leurs voisins et à lui-
même le temps d'accourir.
Le 4 mars, il écrit à Soult (11926).
« Gardez une ou deux têtes de pont, faites-y tra-
vailler sur le champ. Choisissez la hauteur la plus favo-
rable et faites mettre AT>S ingénieurs à l'ouvrage. Une
tête de pont dans une bonne position, doit en peu de
jours être imprenable dans un pays où l'on a du bois
autant que l'on A^eut. »
Le 28 février, il lui a déjà écrit : « Il est très convenable
de remuer delà terre. C'est le cas des redoutes et des for-
tifications de campagne qui ont indépendamment de
leur A^aleur réelle, un avantage d'opinion. »
A Ney qui à fait un mouArement, il écrit le 6 mars
(11947) : « Je désire que Arous repreniez les cantonne-
ments que Arous deAnez occuper selon mes premières
instructions, la droite appuyée à Guttstadt, pour la
première ligne, s'étendant ensuite sur Deppen.
« Ce serait le cas de faire, sur une bonne position, à
la gauche de l'Aile quelques bonnes redoutes qui puis-
sent faAroriser la résistance des troupes que A^OUS y lais-
serez...; d'Edlitten à Guttstadt, il faut également re-
connaître des positions où l'on puisse faire des abatis
et quelques palissades, afin que Arotre première ligne
de postes se trouArât à l'abri des incursions de la cavalerie
ennemie... Je Arous répète que c'est sur Deppen qu'il
faut réunir vos parcs et A^OS magasins, car c'est sur là
rive gauche de la Passarge qu'il faut se retirer si Arous
étiez forcé. »
A Bernadotte (11961) du 6 mars : « Je Arois avec plaisir
par Arotre lettre du 5 que la tête de pont de Spanden
est déjà occupée, mais cela n'est pas suffisant, il nous
faut une tête de pont à Braunsberg. Si le faubourg de
Braunsberg ne gêne pas, qu'on traAraille sans délai à
cette tête de pont; s'il gêne et que la position ne soit pas
faA'orable, que le général Dupont choisisse sur la droite
450 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
de Braunsberg une position convenable pour qu'on tra-
A-aille sans délai à un pont et à une tête de pont. C'est
dans la défense d'un pont et d'une tête de pont que consiste
toute notre bonne position.
« Supposez que 25 ou 30.000 hommes se portent sur
Braunsberg et que vous Arous portiez aiveo Arotre corps
d'armée pour leur couper le passage et que, profitant
d'une opération si téméraire de la part de l'ennemi, un
ou deux corps débouchent par Spanden pour tomber sur
ses derrières; s'il n'y a pas de pont et une tête de pont,
vous ne pourriez pas participer au combat et nous aurions
un désaArantage marqué. Une rivière ni une ligne quel-
conque ne peuvent se défendre qu'en ayant des points offen-
sifs; car quand on n'a fait que de se défendre, on a couru
des chances sans rien obtenir; mais lorsqu'on peut com-
biner la défense avec un mouvement offensif, on fait
courir à l'ennemi plus de chances qu'il n'en a fait courir
au corps attaqué. Faites donc travailler jour et nuit à
la tête de pont de Spanden et à celle de Braunsberg;
quand je dis Braunsberg, j'entends à une lieue ou envi-
ron de cette ville, dans la position la plus coiwenable.
Une fois cela fait, faites bien reconnaître la nature du.
pays de Braunsberg à. Mehlsak et à trois lieues autour de
cette position, car, un peu plus tôt, un peu plus tard,
si l'ennemi prend l'offensive, je pense que c'est là qu'on
se battra... »
Le 20 mars, dans une note pour le Moniteur, Napo-
léon écrira : « Les ponts de Spanden, d'Edlitten sur la
Passarge sont fortifiés par des ouArrages de campagne
fraisés et palissades. On. construit des ouvrages sur les
hauteurs de Guttstadt. Ces positions couvrent les posi-
tions des Français. »
Une ligne d'eau, sans être un obstacle considérable,
a l'avantage de fournir une barrière contre les partis de
cavalerie, les espions. « J'ai vu avec peine, écrira le 15 fé-
vrier Napoléon à Bernadotte (11916), qu'un paysan était
COUVERTURE DERRIÈRE LA PASSARGE 451

venu d'Edlitten à Liebstadt. Ne saurons-nous jamais


servir ? Pas même un lièvre ne doit passer la ligne. Le
premier qui passera, faites-le fusiller, innocent ou cou-
pable. Cette terreur sera salutaire. Nous ignorons ce que
fait l'ennemi, il faut qu'il ignore ce que nous faisons. »
Si l'ennemi arrivait en grande force, de quelque côté
que ce soit, ce qu'on saurait par le combat livré par le
corps attaqué, toute l'armée se réunirait à Osterode.
C'est ce que l'Empereur confirme à Bernadotte le
18 fÔATier (11905) : « Si nous étions attaqués en grande
force d'ici à ce temps (3 ou 4 jours), il faudrait toujours
se rassembler, selon la première instruction,.à Osterode
où je commence à former quelques magasins d'eau-de-
Ade et de pain. »
Les maréchaux doivent s'efforcer de faire des pri-
sonniers pour savoir ce que fait l'ennemi et doivent
communiquer très fréquemment entre eux et avec l'Em-
pereur.

IL-—MOUVEMENTS OFFENSIFS DES RUSSES

Le 15 février, le général Essen, à la tête de 25.000 hom-


mes se porte sur les deux rives de la Nare-w sur Ostro-
lenka où est la tête du 5e corps. Savary le repousse et
le poursuit plusieurs heures.
« L'Empereur a ordonné au 5e corps de s'arrêter,
.écrit Napoléon le 21 février (11957), et de prendre ses
quartiers d'hiver. Le dégel est affreux. La saison ne
permet pas de rien faire de grand, c'est celle du repos. »
Le 18, Ney est attaqué à Guttstadt. 11 quitte ce point
« trop légèrement ». « Il A^a réoccuper Guttstadt comme
avant-poste », écrit l'Empereur à Bernadotte (11905).
Le 23, Ney subit à Guttstadt une nouvelle attaque
et repousse l'ennemi sur Heilsberg.
Le 26 féATier, d'Osterode, Napoléon écrit à Duroc
(11882) : « Il paraîtrait que l'ennemi s'aArance, l'engage-
452 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
ment aurait lieu dans deux ou trois jours. Ce matin à
PetersAvalde,- à 3 lieues en avant de Guttstadt, on a pris
un général major, baron de Korff, et 3 bataillons russes.
Ma plus grande inquiétude est pour les subsistances... »
« J'ai peine à penser, écrit Napoléon à Soult (11889),
que par l'horrible temps qu'il fait l'ennemi veuille engager
une affaire avec nous; ce serait un étrange aveuglement.
Toutefois, je suis décidé à tenir sur le plateau d'Osterode,
où je réunirai en un jour et demi plus de 95.000 hommes ;
mais il serait fâcheux qu'il nous laissât là, aj>rès avoir
logé quelques-uns de ses avant-postes dans nos canton-
nements. Il faut ne les quitter que quand il paraîtra en
forces et que la prudence le prescrira. S'il ne Arous pré-
sente que des forces inférieures, culbutez-le et que, par
A^otre contenance, l'ennemi soit préA^enu que nous ne
Avouions point abandonner la position et que nous sommes
bien décidés à nous défendre. Pour passer une rivière
et attaquer une ligne, il faut que l'ennemi démasqué ses
forces. Mais faites éAracuer A^OS malades; A'OS blessés et
A'os équipages inutiles. Correspondez aA^ec le prince de
Ponte-Corvo et écrivez-lui dans ce sens, en l'informant
de ce-qui s'est passé deA^ant AT>US et de ce que ATIUS faites. '
J'ai donné des ordres conformes au maréchal Ney. On
a toujours dû s'attendre que,'même en supposant que
l'ennemi n'eût pas l'intention de livrer une bataille, il
serait disposé à tâter notre résolution et à s'établir, s'il le
pouvait, sur la rive droite de la Vistule. »
« Voici ce que je sais des mouA'-ements de l'ennemi,
avait déjà, écrit Napoléon à Soult (10886), les Prus-
siens étaient à la gauche, du côté de Heilsberg; ils se
portent..devantvous pour gagner Bratinsberget reprendre
la droite. Vous voyez combien ce mouvement est faux
et comme, si nous avions du pain et de l'eau-de-A'ie, ils
pourraient s'en repentir... »
« ...Je ne pense pas que l'ennemi puisse mettre en
bataille, caA'alerie et infanterie prussiennes et russes,
COUVERTURE DERRIÈRE LA PASSARGE "" 453
plus de 55.000 hommes. Je puis en un jour et demi en
réunir plus de 90.000. »
Et comme la chose capitale dans une telle position
est de savoir à temps ce que fait l'ennemi et, inversement,
de l'empêcher de pénétrer ce qui se prépare, Napoléon
prescrit à Soult de faire des prisonniers et d'empêcher
qu'aucun agent de l'ennemi ne passe la rivière.
« ...Étudiez le pays, afin que lorsque Klein (avec la
cavalerie) sera arrivé et reposé et que vos gens auront du
pain assuré pour deux jours, vous puissiez sortir et faire
à l'improviste une belle expédition qui puisse Arous donner
500 ou 600 prisonniers.
« J'espère que vous aA'ez pris tellement Aros mesures
que personne ne passe la rivière et que l'ennemi ne peut
être préArenu de rien. Puisque lps Cosaques aiment les
parlementaires, envoyez-en tout autant qu'il faut pour
les faire jaser... »
Bernadotte aArait fait attaquer l'ennemi à Brauns-
berg :
Le 27 février, Napoléon écrit à Soult (11894.) : « Le
prince de Ponte-CorAro Arous aura sans doute instruit
du combat de Braunsberg. Le général Dupont s'y est
porté hier après-midi avec-sa division, a attaqué l'en-
nemi, l'a culbuté, lui a pris seize pièces de canon et fait
plusieurs milliers de prisonniers. Je n'ai point encore
la relation écrite ni les renseignements qu'il a dû prendre
des prisonniers et des habitants sur la position de l'en-
nemi; je n'ai été instruit que par un aide de camp parti
du champ de bataille. Nos troupes n'en ont point souf-
fert. On prenait position à la nuit à une lieue et demie
en avant de Braunsberg. S'il n'a pas été attaqué aujour-
d'hui, ce sera un signe que l'ennemi n'est pas en force, à
Mehlsack. Il paraît qu'il y aA'ait à Braunsberg 8 ba-
taillons russes formant une force de 2.500 hommes et
5 régiments prussiens; total, 8.000 à 10.000 hommes. Si
454 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
l'ennemi s'était dirigé sur l'Aile (1), il serait possible
que je me résolusse à faire quelques opérations sur sa
droite; cela nous donnera au moins la mesure de ses pro-
jets. Braunsberg nous garantit Elbing et le bas de la
Vistule et donne le temps au maréchel Lefebvre d'in-
vestir Dantzig. Jusqu'à cette heure, rien ne prouve que
l'armée ennemie ait marché en masse. Elle ne paraît
avoir encore agi sur nous que par des arrière-gardes et
dans ce cas, elle aurait voulu nous tàter... Il est 3 heures
après-midi, comme je n'ai point de nouvelles dé vous de
ce matin, j'en conclus que l'ennemi n'a fait aucun mou-
vement et qu'il n'y a rien de nouveau.
« Il est possible que l'ordre que j'ai envoyé au maréchal
Ney d'occuper Guttstadt ne lui arrive pas à temps et
qu'il ait éAracué ce poste important. Dans ce cas, je lui
donne l'ordre de se porter demain à Peterswalde et à
Alt Ramten, pour être à même de soutenir Deppen et
de se porter à Mohrungen ou à Liebstadt.
«Dans la journée de demain, je réunis ici le corps de
Davout, la division d'Oudinot et ma Garde et je -mets
.
en mouvement les trois divisions de cuirassiers... »
Et le même jour à 4h 30 du soir, Napoléon écrit encore
à Soult (11895) : « Le général baron de Koriï et son aide
de camp, qui ont été pris au combat d'hier, viennent d'ar-
river au Quartier général.
« J'ai interrogé l'un et l'autre assez longuement. Il
en résulte que ce général commandait cinq régiments de
chasseurs et n'avait cependant que 1.500 hommes sous
les armes; qu'il se plaint beaucoup de la mauvaise con-
duite dexson infanterie; qu'il paraît que les Russes sont
comme nous, qu'ils n'ont pas mangé depuis plusieurs
jours; qu'il fait partie de l'aArant-garde que commande
Platof et dont le quartier général était hier à Landsberg ;
qu'il croit toujours le grand quartier général à Kreuz-
C'est-à-dire sur notre droite pour la tourner, l'attaque sur Brauns-
f 1)
berg n'étant qu'une fausse attaque.-
COUVERTURE DERRIERE LA PASSARGE " 455
burg; que cette avant-garde est composée de trois bri-
gades sous les ordres de trois généraux-majors, formant à
peu près 4.000 à5.000hommesd'infanterie; que, comme il
formait la gauche, il est probable que AMDUS en avez une
devant A^OUS. Je suis dans l'opinion que, si la division
Klein vous: est arrivée et que vous puissiez réunir 6.000
hommes demain aA7ant le jour, en ne vous servant de
ces troupes que comme réserve et ne faisant donner
qu'une petite colonne, Arous pourriez très bien enlever
demain un bataillon, faire des prisonniers et avoir des
nouvelles positives de ce qu'il y a à Mehlsack. Ce général
Korff a dit positivement : « L'Empereur ne sait pas qu'il
« n'a plus d'armée tant
elle est délabrée et affaiblie. »
« Mais il faudrait aA^oir bien reconnu le local et l'at-
taquer aA^ant le jour. Ils se gardent extrêmement mal.
Vous sentez combien il serait précieux de faire quelques
prisonniers de marque et de bon sens. Vous ne manque-
rez pas de réunir une vingtaine de canons que vous pla-
cerez en deçà de la Passarge pour servir de protection
et rallier vos troupes, en cas qu'il y ait plus de forces
qu'on ne peut le supposer.
« Autant que je puis conjecturer, les Russes ont mis
en avant les Prussiens avec leur avant-garde d'infan-
terie légère; s'il était vrai que vous n'eussiez pas plus
de 1.500 à 1.800 hommes d'infanterie russe devant vous,
vous pourriez les culbuter. D'ailleurs, le jour venant
sur ces entrefaites, vous seriez toujours maître de Arous
replier sur votre batterie. Vous devez regarder ceci comme
un conseil et non comme un ordre, puisque tous les indices
que vous aurez reçus dans la journée avec ceux que je
vous donne là vous mettront à même d'avoir une idée.
Envoyez auprès du prince de Ponte-Corvo un aide de
camp qui pourra retourner dans la nuit, pour recueillir
les renseignements qu'il a eus à Braunsberg.
« Au moment même, 4h 30 du soir, je reçois votre lettrer
partie ce matin à 10 heures, où je vois que vous
456 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE

croyez aAroir des Prussiens en face; ce qui confirme l'idée


générale que j'ai de ce qui se passe. Si le maréchal Ney
a effectivement évacué Guttstadt, je lui envoie l'ordre
d'envoyer toute la division Lasalle et une brigade à
Deppen. D'ailleurs, vous avez vu que tout son corps
doit.être demain sous votre droite et Davout à Oste-
rode. Je suis dans la pensée que l'ennemi n'est pas en
mesure, qu'il fait des sottises. Il a déjà eu une bonne
leçon à Braunsberg; on peut lui en donner une autre. Si
le maréchal Ney, au lieu d'éAracuer Guttstadt eût atta-
qué vigoureusement ce qu'il aArait devant lui, il eût
eu une brillante affaire. Il n'aA^ait pas en face de lui plus
de 4.000 à 5.000 hommes. L'armée russe est considérable-
ment affaiblie et fatiguée; ce qui importe d'autant plus
que c'est la seule armée qu'ait la Russie. Dans le fait,
les troupes d'Essen se sont fait battre du côté d'Ostro-
lenka; ce sont presque toutes des recrues.
« Il me tarde d'apprendre ce que c'est que cette ca-
nonnade qu'on a entendue sur la droite. Ayez toujours,
sans les démasquer, plus de canons à portée que l'en-
nemi. »
A 5 h 30, il écrivait à Bernadotte àPreussich Holland
(11896) : « Le général russe que le maréchal Ney a fait
prisonnier hier à PetersAvalde vient d'arriver. J'ai causé
longtemps avec lui. Il en résulte que l'armée russe n'a
point fait de mouvement et qu'elle est encore en arrière ;
qu'elle est extrêmement fatiguée; qu'ils ont eu 23 géné-
raux tués et 900 officiers ; que les 5 régiments de chas-
seurs formant 10 bataillons qu'il commandait ne pré-
sentaient sous les armes que 1.500 hommes, 150 hommes
par bataillon, 35 hommes par compagnie; que le général
Bagration était parti pour Saint-Pétersbourg il y a huit
jours avec une lettre au nom de tous les généraux qui
déclaraient qu'on ne pouvait reprendre l'offensive de
" longtemps et qu'on ne pouvait plus faire la guerre ; qu'elle
n'était conseillée que par quelques grands seigneurs
COUVERTURE DERRIERE LA PASSARGE 457
achetés par l'Angleterre, — ce sont ses propres mots, —
que son opinion était que l'armée russe ne ferait aucun
mouvement et qu'elle prendrait ses quartiers aussitôt
que nous prendrions les nôtres ; qu'il n'y aArait devant nous
que de l'infanterie légère et des Prussiens ; que du reste,
ils étaient dans la'misère et niaient pas plus que nous
du pain.
« J'attends aArec impatience le récit de l'histoire de
Braunsberg. Demain, j'aurai ici le maréchal DaArout
et le maréchal Ney sera près de Liebstadt. Il faut nous
maintenir dans la situation où nous sommes puisque
c'est elle qui protège Dantzig, qui nous fournit des vivres
d'Elbing et nous donne une position formidable puis-
qu'elle conduira promptement à la paix. Si par des rai-
sons quelconques, Braunsberg aArait été éA^acué, mon in-
tention est de le reprendre. La division Oudinot et tous
les cuirassiers se mettent aussi en mouArement... Je A^ois
aArec peine que A^OUS n'avez pas assez d'artillerie. Faites
venir votre réserAre de Thorn : ce n'est qu'avec du canon
qu'on fait la guerre. J'ai dans ce moment 95.000 hom-
mes dans la main.
« ...On a entendu du canon aujourd'hui de v^otre côté;
je désire fort saA^oir ce que c'est. C'est une diversion .-que
l'ennemi aura voulu faire en faA^eur de Braunsberg. Je
ne pense pas qu'il puisse y avoir là des forces suffisantes
pour Arous en imposer. Si les indices que Arous ecvez sont
conformes aux notions générales que j'ai, culbutez tout
ce qui aurait passé la Passarge. »
L'Empereur aArait envoyé son aide de camp, le général
du génie Bertrand, à Guttstadt pour aA^oir des nouvelles.
Le 4 mars à 9 heures du soir il lui écrit (11929) : « Vos
lettres ne disent rien. Vous aurez pu cependant interroger
pour saAroir le nom des régiments et du général qui les
commandait et cent choses toutes très importantes :
l'aspect des troupes, la manière dont elles se nourrissent,
la force des différents corps. Je m'attendais à plusieurs
REVUK DU GÉNIE — MAI 1927 29
458 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE

pages et je n'ai que deux lignes. Réparez tout cela et


écrivez-moi longuement. »

III. :—
PROJETS DE MANOEUVRE PAR NOTRE GAUCHE
SUR LESJDERRIÈRES DE L'ENNEMI

Le 5 mars, voyant les Russes faire des mouA^ements


sur la droite, Napoléon projette de faire une manoeuvre
sur leurs derrières dans l'idée que Koenigsberg est leur
centre d'opération. Le 5 à 4 heures du soir, il écrit à
Soult (11939) : « ...Si l'ennemi continue à faire des mou-
vements en force sur ma droite, je marcherai sur Koenigs-
berg par ma gauche... Je désire (toutefois) rentrer dans
mes cantonnements, parce que dans peu de jours, mes
Aàvres seront tellement assurés et la saison tellement
aA^ancée (donc meilleure), que je pourrai manoeuvrer
avec aA^antage. Mais si l'ennemi s'obstinait dans un mou-
vement offensif sur sa gauche, je ne serais plus (pas)
maître de m'arrêter. »
Mais avertis de nos mouvements, les Russes se reti-
rent. Le 6 Napoléon écrit au ministre de la Guerre :
« L'ennemi était Arenu border la Passarge et avait fait
des mouvements sur ma droite comme pour m'envelop-
per; j'ai fait passer la Passarge à plusieurs corps à la
pointe du jour et je les ais poussés à 10 lieues; il a pré-
cipitamment rappelé ses colonnes et il a eu une peur mor-
telle que je n'arrivasse .avant lui à Koenigsberg. Mon
intention n'est pas de reprendre l'offensive, les vivres
sont trop rares et le temps trop mauvais. Je rentre dans
mes cantonnements et l'ennemi continue sa retraite. »
Le 9>Napoléon apprend une poussée de Cosaques sur
Wittemberg c'est-à-dire sur les derrières de notre droite.
IL.envoie aussitôt Murât avec 6.000 hommes de cava-
lerie et la division Oudinot de la garde : « Je suppose
qu'elle a ses 15 pièces d'artillerie; avec les 15 de votre
division de cavalerie, cela fera 30 pièces. Vous sentez
COUVERTURE DERRIÈRE LA PASSARGE _., '459
l'importance et la nécessité de vous servir d'une grande
quantité d'artillerie... Il est convenable d'arriver en
masse, le plus brusquement que possible, de manière
que l'ennemi ne découvre point la masse de cuirassiers
que vous avez et votre infanterie. »
En fait, Murât ne trouve là que 2.000 cavaliers et
cosaques.
Le 11, l'Empereur écrit à Davout (11995) : « Quant
à l'ennemi, il paraît qu'il ne Areut rien faire. Moi, je
vewx organiser mes vivres. C'est jouer à la loterie que de
faire quelque chose en mars et en avril... Reposez votre
GaA^alerie légère, ne lui faites pas faire de reconnaissances
et de courses inutiles. Le moyen que A^OUS employez est
le véritable : c'est tous les jours d'envoyer chercher
les baillis à une lieue. Je préférerais qu'au lieu de recon-
naissances qui sont souArent ramenées, on fît partir tous
les deux jours 200 ou 150 hommes sans porte-manteau
aA'-ec une compagnie de A^oltigeurs en croupe qui iraient
prendre des baillis. Il n'y aurait aucune chance à courir,
au contraire, on rosserait les cosaques. »
Le siège de Dantzig n'avançait pas. Le 29 mars,
l'Empereur écrivait à LefebA're (12213) : « Vous avez
plus de troupes qu'il ne Arous faut pour bloquer Dantzig et
pousser vigoureusement le siège. Ce qui est dans Dantzig
est un ramassis de mauvaises troupes, seraient-elles
bonnes, vous en aA^ez aussi de fort bonnes... »
Il lui envoie Savary (12212) : «Votre mission est à trois
buts : le premier de m'instruire de l'état réel des choses,
quand vous aurez bien vu et observé; le second, d'en-
courager ce pauvre maréchal LefebA're qui s'inquiète
et s'agite hors de mesure et cela n'aboutit pas à grand'
chose... Il faut que vous me rendiez compte des détache-
ments qu'il a faits pour protéger ses convois de Stettin. »
Le 6 avril, un ordre de l'Empereur à l'adjudant-gé-
néral Guilleminot du génie, lui prescrit l'étude d'une po-
sition pour une armée de 100.000 hommes près de Saal-
460 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
f eld. (A quel proj et de l'Empereur cet ordre se rapportet-il ?
Voulait-il en se retirant sur cette position y attirer l'en-
nemi que, faute de convois, il ne pouvait pas manoeu-
vrer ? Voulait-il recommencer Austerlitz ?) En tous cas,
voici cet ordre très instructif (]) (12321) : « L'adjudant
commandant Guilleminot se rendra à Saalfeld et y cher-
chera une bonne position militaire pour une armée de
100.000 hommes qui occupe la droite au lac de Saalfeld
et la gauche du côté de Christburg. Il fera ensuite les
courses et reconnaissances nécessaires pour traiter de
quelle manière l'ennemi pourrait agir pour obliger à
éA^actier cette position. L'ennemi le peut par la gauche et
par la droite : par la droite, il trouArera le lac de Saalfeld
et celui de Deutsch-Eylau, ce qui l'obligera de passer
du lac de Deutsch-Eylau au lac de DreAvenz, qui com-
munique avec Osterode. Il n'y a je crois qu'une petite
lieue coupée par une rivière. Il faudrait donc que l'en-
nemi tournât Osterode et alors on pourrait prendre la
position derrière le Drewenz.
« Par la gauche, il y a la petite rivière de Sorge qui
s'étend depuis Christburg jusqu'au lac Draussen. Cette
ligne 1 s'étend ensuite depuis le lac Draussen jusqu'à
Elbing et depuis Elbing jusqu'au Frisches Haff. Il faut
reconnaître toute cette position et le parti qu'on pourrait
tirer des marais et des obstacles naturels; c'est dans ce
cas que tout obstacle est bon puisqu'il tend à mettre un
corps moins nombreux à l'abri d'un corps plus nombreux
et oblige l'ennemi à faire des dispositions qui donnent
le temps d'agir. »
Le 11 aAuïl l'Empereur écrit à Masséna : « Le siège
de Dantzig se pousse avec Aagueur. J'ai déjà 60 pièces
en parc. Vous sentez qu'avant de rien-faire, je dois dési-
rer d'enleA'-er cette place importante qui me rendra 15 à
20.000 hommes disponibles et ôtera à l'ennemi un point

i1)' Voirla carie du royaume de Prusse au Dépôt de la Guerre (1808).


COUVERTURE DERRIÈRE LA PASSARGE 464.
.
d'appui sur le bas de la Vistule; je ne suis pas sans espoir
de l'avoir à la fin du mois. D'ailleurs j'aime à laisser la
saison deArenir belle. »
Le 26 mai, enfin, Dantzig capitulait.
Napoléon se disposait à reprendre les opérations
quand le 5;jùin, les Russes le préviennent. Ils paraissent
devant les têtes de pont du 1er corps, près du 4e. Re-
poussés, ils se dirigent vers Deppen où est Ney:
Quels sont leurs projets ? Napoléon ne le distingue
pas bien. Il fait avancer Davout à Osterode et lui pres-
crit d'y prendre une solide position et réunit toutes ses
réserves à Mohrungen.
Une seule chose lui paraît certaine, c'est que les
Russes ont Koenigsberg comme centre d'opération. Il
voudrait les en couper, c'est là-dessus qu'if va baser sa
manoeuvre.
Dès la nouvelle de l'offensive des Russes qui se pré-
sentent comme s'ils glissaient de la gauche vers la droite
de nos cantonnements, Napoléon écrit au maréchal
Davout : «Mon cousin, l'ennemi a été repoussé hier devant
le prince de Ponte-Corvo et devant le maréchal Soult. Il
a alors pris le parti de se dégarnir devant eux pour se
porter avec plus de forces sur le maréchal Ney. Le
maréchal Ney est vis-à-vis Deppen. Le prince de Ponte-
Corvo et le maréchal Soult occupent encore leurs têtes
de pont ordinaires. Dans cette situation de choses,vous
comprenez facilement qu'il est bien urgent. que vous
soyez réuni à Osterode avec toutes vos forces et les deux
divisions de dragons, à la rencontre desquelles il faut.
envoyer, et que veus puissiez appuyer ainsi la droite
du maréchal Ney.
« Que fera l'ennemi ? Continuera-t-il à marcher sur
Allenstein, quand nous occuperons encore Deppen et
Liebstadt ? Tout sela petit donner lieu à des éArénements
forts singuliers.
« Toute ma cavalerie et mon infanterie de réseive
462 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE

se réunissent de Saalfeld à Mohrungen; moi-même, je


serai à Saalfeld dans une heure, très désireux d'avoir
de vos nouA^elles, deux ou trois fois dans la nuit s'il est
possible. Il faut ne rien laisser à Allenstein et.faire tout
évacuer sur Marienwerder, car c'est par MarienAverder,
Marienburg et Dantzig qu'est ma ligne d'opérations.
L'ennemi manoeuvre comme si ma ligne était sur Thorn.
« Vous aurez choisi des positions à Osterode qui en
offre de si aA^antageuses pour retenir l'ennemi s'il avance
jusque-là. Vous êtes l'extrémité de ma droite; jusqu'à
cette heure, mon intention est de pivoter sur vous. Je
compte sur le courage de Arotre corps d'armée et sur
votre fermeté; mais beaucoup de canons et de bonnes
positions, afin, à tout événement, de gagner tout le
temps possible. »
Ainsi, dans la pensée que les Russes se ravitaillent
par Koenigsberg, Napoléon A^eut, par une conversion
à droite dont Davout serait le pivot, les couper de leur
centre d'opération.
Pour ne pas lui-même mettre en prise sa ligne, d'opé-
ration, il l'a reportée de Thorn sur Dantzig par Marien-
Averder et Marienburg.
En fait l'ennemi a un premier point d'appui plus
proche que Koenigsberg, c'est Heilsberg où il a créé un
puissant camp retranché.
Le 10 juin, les Russes qui s'y sont reportés y sont
attaqués par Murât et Soult. Le" 11, tandis que Napo-
léon peu désireux de s'attaquer aux retranchements
déploie ses troupes à la gauche de Soult pour menacer
les Russes de les tourner, ceux-ci passent sur la rive
droite de l'Aile.
Le 12 au matin, nous entrons dans Heilsberg. On
rattrappe les Russes à Domnau où on les coupe encore
de Koenigsberg. Le 14 juin, Napoléon finit par les écra-
ser à Friedland.
Général CAMON.
NOTE SUR UN APPAREIL
imaginé par le chef de bataillon PIERQUIN pour la prise
des diamètres des forages élargis

L'appareil présenté ci-après permet de mesurer les diamètres


des forages élargis aux diverses hauteurs du forage, même lorsque
des inégalités, qui semblent d'ailleurs être assez rares, ne permet-
tent pas l'introduction, jusqu'au fond, d'appareils rigides (cercle
de bois fixé normalement à une tige). Ces derniers appareils ont
d'ailleurs en général suffi à ces mesures (d'autant plus que pour
un forage; c'est la section minimum qui est la plus intéressante
et parfois la seule intéressante). Toutefois, l'appareil du chef de
bataillon Pierquin, modifié dans le sens indiqué au paragraphe
« Observations », de la présente note, pourrait être utilisé pour
obtenir les. sections horizontales aux diverses profondeurs des
chambres forées, au moins lorsque celles-ci sont assez régulières,
ce qui se présente notamment dans l'argile.
(N. d. I. R.)

L'appareil imaginé par le chef de bataillon Pierquin


chef du dépôt de matériel du génie de Metz, se compose
(A^oir photographie et figures 1 et 2) :
1° d'une tige de fer glissant à frottement doux dans
un tube métallique de 0 m 016 de diamètre extérieur;
2° de 8 triangles isocèles égaux, articulés, ayant une
base commune, de longueur variable, formée parla partie
de la tige qui dépasse le tube du côté opposé à la poignée,
et dont les deux autres côtés sont constitués, pour cha-
cun d'eux, par deux branches de compas articulées
respectivement aux extrémités du tube et de la tige
ci-dessus indiqués.
Fonctionnement. — Maintenir le tube -fixe. Tirer ou
tP»

V
M
<
m
a
a
o
M-
2
M
g
i—i

Appareildu chef de bataillonPierquin, pour la prise des diamètresdes forages élargis. Appareilferme.
LA PRISE DES DIAMÈTRES DES FORAGES
' 465

repousser la tige : la base commune des triangles se


raccourcit ou s'allonge; leurs sommets qui appartien-

Fig. 1. — Appareil mi-ouvert.

nent à une même circonférence située dans un plan per-


pendiculaire à la tige s'éloignent ou se rapprochent
de la tige; autrement dit, le diamètre de cette circon-
férence augmente ou diminue.

Fig. 3. -—
Appareil ouvert.

La tige porte une graduation permettant de lire les


•diamètres obtenus.
Observations. — Cet appareil simple et très portatif
(5 kg 300) permet de mesurer des forages de 0 m 10 à
0 m 50 de diamètre. Quelques modifications en feraient
engin susceptible d'assurer à de plus grandes profon-
un
deurs la prise de diamètres même inférieurs à 0 m 10 ou
supérieurs à 0 m 50.
NOTE SUR
UN SYSTÈME DE CHASSIS PLIANT
POUR SACS HABERT

En aArril 1926, lors d'un exercice de franchissement de l'Escaut


et du Jard, entre Condé et Mortagne, exécuté par le 3e régiment
du génie, des passerelles sur sacs Habert furent employées con-
curremment aArec des passerelles sur poutrelles et sur madriers.
La comparaison a été, au point de vue de la vitesse de lance-
ment comme au point de A'ue de la dissimulation aux vues de
l'ennemi, toute en faveur des passerelles sur madriers. Mais l'em-
ploi des sacs Habert n'en conserve pas moins un grand intérêt.
Si l'on prend la précaution de faire passer les premiers éléments
d'infanterie sur des passerelles en madriers invulnérables aux
balles et de ne lancer les passerelles sur sacs Habert que quelque
temps après, lorsque les abords du point de passage ont été
purgés de mitrailleuses ennemies, ces dernières passerelles ren-
dront d'excellents services; ne craignant plus d'être éventrés
par les balles, les sacs pourront sans inconvénient ne plus être
' bourrés de paille ou de fougères et le cadre en bois, qui fait
l'objet de la note ci-après, évite la réquisition de paille que l'on
ne trouve pas toujours en pays dévasté par la guerre (Extrait d'un
avis du général commandant le génie de la lxe région).

Les sacs Habert qui font partie du chargement des


voitures techniques, à raison de deux par voiture de
section, ont le précieux avantage de permettre à une
sectionxdu génie d'établir soit un radeau, soit une passe-
relle de 12 m de longueur, en réquisitionnant sur place
le matériel du tablier et la paille nécessaire au bourrage
des sacs. Une compagnie peut, avec ses sacs Ha
établir une passerelle de 36 m.
A la suite de la description parue dans la Revue du
UN SYSTEME DE CHASSIS PLIANT 4B7

Génie militaire (l) d'une passerelle sur sacs Habert dans


laquelle la paille du bourrage aArait été remplacée par
un châssis en bois, nous aArons fait l'essai du modèle de
châssis ci-après :
Ce châssis pliant est essentiellement composé d'un
cadre rectangulaire de 1,90 x 1,12 en chevrons de
0,04 X 0,08, dont les deux petits côtés, en deux pièces,
se réplient sur leurs charnières à l'intérieur du cadre,

Châssis pliant pour sac Habert.

et de deux 'triangles isocèles épousant la forme des ex-


trémités du sac Habert et dont la base en deux pièces
se replie à l'intérieur des deux autres côtés.
Ce châssis et le sac plies peuA^ent être chargés sur les
AT>itures techniques. L'ensemble, plié ou monté, peut
être porté par deux hommes qui, suivant leur habileté,
peuvent monter le châssis à l'intérieur du sac dans un
temps ne dépassant pas 4 minutes.
Le sac ainsi monté est mis à l'eau ou sorti de l'eau
par deux hommes et, grâce à sa forme plate, il acquiert
une plus grande stabilité qu'avec un bourrage de paille.
Groupés pour constituer>une passerelle, les sacs permet-
tent d'établir une passerelle légère, puisqu'il suffit de

(M Livraison de décembre 1923, l. LU!, p. 543.


468 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
deux hommes par sac pour mettre la passerelle à l'eau,
soit 16 hommes pour une passerelle de 36 m.
Les expériences faites avec des sacs en très bon état
ont permis de faire les constatations suivantes :
1° Deux hommes peuArent naAriguer sur un sac.
2° Le sac placé en amorce de passerelle, c'est-à-dire
receA'-ant un élément de tablier de 4 ni de longueur re-
posant, d'une part sur un corps mort, d'autre part sur
un sac, a supporté six hommes en tenue de travail.
3° Trois sacs placés côte à côte, jumelés à la partie
inférieure par deux madriers et recouA^erts d'un tablier
de 4 m x 2 m 50 ont permis de passer une voiturette
de mitrailleuse chargée, les sentants et le chef de pièce,
soit une charge de 1.100 kg.
Si l'emploi du châssis est avantageux, notamment
dans le cas du franchissement de plusieurs ruisseaux
parallèles et peu distants l'un de l'autre, dans une région
marécageuse comme celle de l'Escaut et du Jard, entre
Vieux-Condé et Hergnies, où l'expérience a été faite,
il faut reconnaître qu'il est indispensable d'avoir à
mettre en oeuvre des sacs en très bon état. La moindre
déchirure sous la ligne de flottaison oblige le remplace-
ment jjresque immédiat du sac, remplacement qui peut
d'ailleurs se faire en quelques minutes sans grosses diffi-
cultés. Par contre, la toile n'atteignant jamais un degré
d'imperméabilité suffisant pour laisser la passerelle
lancée pendant plusieurs heures, il serait bon de la gou-
dronner, soit intérieurement, soit extérieurement.
En résumé, grâce à sa facilité de transport (sur voi-
ture à bras), à sa mise en oeuvre rapide, à sa stabilité,
le châssjs pliant pour sac Habert est susceptible de rendre
des services appréciables. Il n'exclut pas d'ailleurs la
possibilité d'employer le sac bourré de paille ou de ro-
seaux, quand la passerelle est susceptible d'être lancée
sous le feu.
Lieutenant LAMBERT, Capitaine JOSSERAND.
LIVRES

L'arrière aux armées sous Louis XIII. Crusy de Marcillac, évêque


de Mende (1635-1638), par le général Legrand-Girarde (l).
Le regretté général de division Legrand-Girarde, qui a été lui-
même, pendant une année, directeur des Étapes d'une armée au
cours de la grande guerre, aArait été amené, la guerre finie, à
rechercher comment fonctionnaient les services dé l'arrière au
temps où Turenne débutait dans sa glorieuse carrière. Il a eu la
bonne fortune de retrouver toute la correspondance de Richelieu
et du secrétaire d'État à la Guerre avec Crusy de Marcillac,
évêque de Mende, que le grand ministre de Louis XIII avait
employé aArec succès au raA'itaillement de ses armées pendant le
siège de La Rochelle et auquel il confia également, de 1635 à
1638, le soin de ravitailler les armées du Roi en Lorraine et en
Alsace.
Ces précieux documents lui ont fourni les éléments d'un ou-
vrage sur un sujet entièrement neuf. Il l'a traité avec une préci-
sion, une clarté, une élégance qui emporteront l'approbation una-
nime des spécialistes et des lettrés. « Ce liA're, dit M. Louis Ba-
tiffol, l'éminent historien qui en a écrit la préface, constitue cer-
tainement une très appréciable contribution à l'étude des guerres
du xArne siècle et surtout à celle des institutions.militaires-sous
Louis XIII. »

Le rattachement de l'Autriche à VAllemagne, par Bertrand Auer-


bach (2).
L'État autrichien s'intégrera-t-il dans l'État allemand? Pro-
blème des plus inquiétants pour la politique générale, parce qu'il
menace l'ordre et peut-être la paix de l'Europe.
Au moment même où s'effondrait la monarchie des Habsbourg,
les dirigeants de PÉtat autrichien,.non encore organisé, se sont
avisés d'en décréter l'incorporation à la République allemande,
à peine éclose. L'on troiwera dans ce volume l'histoire et l'expli-

l 1) Berger-Levrault. Prix : 20 fr.


(2) Berger-Levrault. Prix : 10 fr. 80.
470 REA7UE DU GENIE MILITAIRE

cation de cet acte primesautier dont les puissances de l'Entente


ont jusqu'ici empêché .l'effet, mais dont l'Allemagne s'apprête
à revendiquer l'application devant la Société des Nations.
L'essai historique de M. Auerbach est destiné à éclairer l'opi-
nion française sur cette question d'actualité.

Les opérations en Macédoine. L'épopée de Doiraii (1915-1918),


par le lieutenant-colonel Nédeff, traduit du bulgare par le
commandant Goetzmann (1).
Extrait de la préface :
« Entre le Vardar et le
lac de Doïi-an, une partie du peuple bul-
gare en armes a mesure ses forces aA'ecles armées delà France, de
l'Angleterre et delà Grèce.
« C'est là que se livrèrent les batailles
grandioses dans lesquelles
les adA'ersaires des Bulgares eurent une belle occasion de faire
connaissance de près avec les efforts, la vaillance, les facultés
créatrices d'un peuple peu nombreux, mais brave et fier, inspiré
parle pur. sentiment de l'amour pour la patrie et son attachement
s ses frères encore sous la domination étrangère.
«
Nous aA'ons exposé les faits d'après les documents recueillis
dans les dossiers d'opérations des unités, dans les relations des
combats qu'elles ont soutenus, ainsi que d'après ce que nous
avons entendu, observé et appris personnellement comme parti-
cipant à l'état-major de la 9e division de Pleven, pendant l'année
1918.:
« Enfin, nous nous en sommes tenus strictement à la descrip-
tion des événements, en cherchant à troiwer un enseignement
dans les opérations de guerre, afin de tirer parti des méthodes de
combat. »

La Librairie Charles-Lavauzelle A'ient de faire paraître :


L'Officier de réserve, ses droits, ses prérogatives, ses devoirs,
ses obligations, par M. Léon Vignal (Textes officiels avec com-
mentaires et développements judicieusement établis). Prix 18 fr.
Le Manuel de correspondance militaire pratique, à l'usage des
candidats aux écoles militaires d'aspirants et des commandants
de compagnie, par J.-B. Casalta. Prix : 6 fr.
Le Règlement provisoire du 7 .juillet 1926 pour l'enseignement
du français aux militaires indigènes (lre partie). Prix : 6 fr.

I1) Librairie française et étrangère Carasso, à Sofia, et Berger-Levrault.


BIBLIOGRAPHIE

Le génie civil. — 1er mai 1926. —Nouvelle grue Toplis à dépla-


cement horizontal de la charge. -— Les idées actuelles sur la
constitution de la matière. Électricité, énergie et- matière. —
Moteur Diesel à 4 temps à injection mécanique, système Hes-
selmann. — Abaque pour le calcul rapide des ponts routes.
19 juin 1926. — Les autobus pétroléo-électriques à 8 roues du
Chicago and Alton Railroad. — Les industries de France et
d'Allemagne. — La surproduction générale et ses conséquences
fâcheuses. — Le silicatage des chaussées en calcaire crayeux.
— Les ruptures accidentelles des rails, les causes et les remèdes.
9 octobre 1926. — Immeubles à loyer à bon marché de la Ville de
Paris (XVIIIe arr.). — Les radiogoniomètres et leur applica-
tion. — La signalisation des voies ferrées par signaux lumi-
neux jour et nuit. — L'essai des métaux à la pince de dureté.
16 octobre 1926, — Le XXe salon de l'automobile et du cycle
(A'éhicules de tourisme). — Rails-freins ou ralentisseurs de
wagons sur les Aboies de triage. — Les compresseurs d'air à
piston.
5 mars 1927. — Ponts en arc en béton armé système Ljungberg.
—: Causes d'explosion des bouteilles en acier contenant un gaz
comprimé. — L'emploi des turbines-hélices, système Th. Bell,
pour les basses chutes. — Calcul des cercles de réservoir en-
béton armé. Procédé assurant l'égalité du travail. — Les appli-
cations industrielles des trompes et des émulseurs d'eau. •—
Les alliages fer-nickel et leurs propriétés magnétiques.
26 mars. — La restauration de la cathédrale de Reims. — Les
extensions du chemin de fer métropolitain à Madrid. — Les
nouveaux accumulateurs de traction. — Le « glyptal », nouvelle
résine synthétique. — Les réseaux de chauffage dans les grou-
pes d'immeubles et la mesure des calories consommées.
La Construction moderne. —10 avril. — L'art décoratif. — L'ex-
position Louis XIV. — Cité-jardin à Lille. — La Délivrance.
17 avril..— Aménagement delà zone des forts. — L'ornementa-
tion architecturale en Amérique. — L'exposition Louis XIV.
24 avril. — L'évolution du goût. •— Théorie de l'élasticité. —
Palace-hôtel à Paris. — Interview de M. Le Corbusier (mé-
thodes modernes de construction).
472 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
1er mai. — La restauration de l'église collégiale de Saint-Quentin.
Revue des niatériaux de construction. — Avril. — La gaize em-
ployée comme matière pôuzzolanique. — Recherches sur le
plâtre. — Le ciment de laitier, propriétés et applications. •—:
L'adhérence du mortier aux briques silico-calcaires. — Pour
combattre les incrustations des chaudières. •— Tuiles en ciment
aArec panneaux de A'erre. •— La lithurine. — L'emploi des terres
diatomées.
Le constructeur de ciment armé. — Avril. — Note sur le calcul
des portiques dissymétriques encastrés ou articulés sur leurs
semelles. — Un nouAreau procédé de calcul des constructions
hyperstatiques (méthode du professeur Rieger). —. Calcul des
poutres continues à section constante. — Le cahier des charges
américain relatif aux traA-aux de béton et de béton armé. —
Essai de charge de pieux Franki. •— Le béton de sciure de bois.
— Construction de galeries souterraines par injection de mor-
tier.
Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences. —11 avril.
— Remarques au sujet des émissions hertziennes dirigées. —
Sur le durcissement des chaussées silicatées. — Utilisation
des réactifs colorimétriques de pli (coefficient déconcentration
des ions hydrogène ou acidité) pour la reconnaissance des
bois verts ou secs.
20 aArril. •— L'analyse thermique et la déshydratation du gypse.
25 avril. — Sur la détection par lampe.
Revue d'Optique. — Février. — Examen d'un miroir concave
non sphérique. — Rotation d'un arc entre électrodes de char-
bon. — L'emploi des écrans colorés en photométrie hétéro-
chrome. — Note sur les échelles d'acuité. — La mesure de la
.
brillance du ciel diurne.
Revue Générale de l'Électricité. — 9 aATil. — Machine d'extrac-
tion système Ward-Léonard, à démarrage et accélération %ra-
riables.—Notesur l'emploi delà distribution en haute tension
pour l'éclairage public. •— La technique moderne des câbles à
haute tension.
16 avril. — Mesure des valeurs maxima des tensions alternatives
inférieures à 10.000 volts. — Condensateurs statiques pour
l'amélioration des facteurs de puissance. -—Abaque pour déter-
miner les fondations des pylônes de lignes de transmission
d'énergie électrique. — Fonctionnement et propriétés de la
lampe luminescente au néon. — Sur les tendances actuelles
de l'éclairage. — Décret du 18 mars 1927 portant règlement
d'administration publique pour l'exécution de la loi du 16 oc-
BIBLIOGRAPHIE 473
tobre 1919 en ce-qii concerne la forme de la procédure d'ins-
truction des demandes d'autorisation d'usines hydrauliques.
23 avril. — Condensateurs statiques pour l'amélioration des fac-
teurs de puissance (suite et fin). — Essais contrôlés de chauffe-
eau électriques à accumulation. — Sur la production hydrau-
lique et la distribution de l'électricité et sur la production de
l'électricité au moyen des gaz de hauts fourneaux.
30 avril. — Application du calcul des probabilités à la détermi-
nation du nombre d'organes et de leur mode de connexion
dans un bureau de téléphonie automatique. — Les aménage-
ments hydro-électriques du lac Matese (Italie). — L'emploi du
charbon pulA'érisé pour le chauffage des chaudières à vapeur.
L'Industrie électrique. —10 avril. — Des récents progrès de l'in-
dustrie électrique (suite dans le numéro suivant). — L'industrie
de la radioélectricité. — Les accidents de l'électricité indus-
trielle et domestique (suite et fin). — Remarques sur la réversi-
bilité des rhéostats d'excitation du type potentiométrique.
25 avril. — Expériences récentes sur la téléA'ision. — Un nouveau
redresseur de courant alternatif à principe électronique.
L'Onde électrique. — Avril. — Sur les propriétés électriques des
gaz ionisés et la propagation des ondes électromagnétiques
dans la haute atmosphère. — L'amplification à résonance avec
les bigrilles. — Filtre thermoionique pour l'alimentation d'un
récepteur sur courant alternatif. — La notion expérimentale
d'une surface de référence dans la propagation des ondes
courtes. — Remarques sur la propagation des ondes courtes
à distance fixe.
Recherches e-t inventions. — Avril. — Tubes de plomb et tubes
d'acier. — Le tube d'acier et l'industrie nationale. — Le 4e salon
des Arts ménagers. — Décret du 23 janA'ier 1927 concernant
les secours aux électrocutés.
Bulletin de la Société des Ingénieurs civils de France. — Novembre
1926. — Aperçus sur la bakélite et ses applications. — Instal-
lations définitives des houillères sinistrées du Nord et du Pas-
de-Calais. — La production industrielle de la vapeur à haute
pression. •— L'ensilage des fourrages verts.
Procès-verbaux des séances de la Société des Ingénieurs civils de
France. — 25 mars. — La propriété élastique et A'isqueuse des
alliages. •— Les récents perfectionnements aux réfrigérants.
8 avril. — Les progrès récents des moteurs à huile lourde et leur
application. — Le moteur Diesel de faible puissance.
Arts et Métiers. — Février. — Quelques problèmes radioélectri-
ques. •—• Vérifications pratiques des formules et calculs de résis-
tance des matériaux.
KEVTJE BTT GENIE — MAI 1927 30
474 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
Revue de la Soudure autogène. — Avril. —- Concours général de
soudure autogène. — Soudure horizontale sur tôles verticales.
— Soudure des grands réservoirs. — La soudure autogène
dans le chauffage central.
Revue Générale des Chemins de fer. — Avril. — Électrification
partielle du réseau de la Compagnie d'Orléans. — Appareils
de tournage pour locomotives à grand empattement (réseau
P.-L.-M.). — Les boîtes d'essieux à roulements S. K. F. pour
\'éhicules de chemins de fer.
Annales des Ponts et Chaussées. — Janvier-février. — Note sur
les diArerses formules relatives à l'écoulement de l'eau dans les
conduites et les aqueducs de grandes dimensions. —Note sur
un procédé mécanique pour tracer les lignes d'influence des
moments ou des efforts tranchants dans les poutres à travées
solidaires et les poutres encastrées. — Alimentation en eau delà
Ville de Prague. — La navigation intérieure en Allemagne.
La Nature. — Avril. — Marcelin Berthelot (1827-1907). — La vie
dans les eaux douces de la Colombie septentrionale (Amérique
du Sud).— Le blé, il y a cinquante-cinq siècles. — Épuration
du gaz des hauts fourneaux par filtration à sec. — Le labourage
électrique.-—La remise à neuf des pneumatiques.
1er mai. — Les galets colorés du Mas d'Azil. — Le Yang-Tsé-
Kiang. —- La différenciation cellulaire. — L'extraction du sel
par les procédés Prache et Bouillon. — Les transmissions radio-
électriques par ondes dirigées. — La présence du corps humain
peut-elle influencer la conductibilité électrique de certaines
substances. — La traversée de l'Atlantique. — Moteurs à pis-
tons opposés.
Bulletin de la Société Française de Photographie. — Janvier. —
L'écran de vision photographique « Van der Pijl ».
La Géographie. — Janvier-février. — Les îles de Los (Guinée
française). — Notes sur là côte sud-ouest de Tamara. — La
tempête des « Travailleurs de la mer ». — Cartes types- des ré-
gions géographiques de Belgique. — L'Angleterre au Thibet.
— Conférence du général Gouraud au cinquantenaire de la
Société.de Géographie d'Anvers. — De Kaboul à Téhéran en
autochenille par le capitaine Bertrand.
L'Afrique Française. — Avril. — Les aspirations italiennes vers
le lac Tchad. — Poeymirau, tirailleur marocain. —- L'Espagne
au Maroc. — Pour le Transsaharien.— La France, l'Espagne
et le Rif.
L'Aéronautique. •— Mars. — La traversée aérienne de l'Atlan-
tique-Sud. — Quelques machines volantes possibles. — Les
BIBLIOGRAPHIE 475
avions ciA'ils aux États-Unis. •— L'aviation soviétique du cir-
cuit des capitales. •—La résistance du duralumin à la corro-
sion.
Avril. — Les grands voyages aériens transatlantiques. — La
suralimentation des moteurs d'a\'iation. — Les transports
aériens au Congo belge. •— Balisage lumineux des routes
aériennes aux États-Unis.
Revue d'Hygiène. — Mars. — Les foyers endémiques de la peste
en Transbaïkalie et les épidémies de peste pneumonique en
Mandchourie. — L'organisation des loisirs de l'ouvrier dans le
Hainaut. •— L'épuration des eaux d'égouts.
Avril. — Protection sociale de la santé des marins. — La purifi-
cation de l'approvisionnement en eau de Londres. •— Analyse
des effluents de fosses septiques.
La Navigation du Rhin. — 15 avril. •— L'utilisation des bois
coloniaux en matière de construction fluviale. — Les avan-
tages des barrages à hausse. — L'appareil de transbordement
du minerai au port de Strasbourg.
La Marche de France. — Février. — Nos richesses coloniales
(suite dans le numéro de mars). •— Le Rhin de Bâle à Mann-
heim.
Revues étrangères
Bulletin belge des Sciences militaires. — Mai. — Défense en pro-
fondeur. Répartition des moyens de feu principalement des
mitrailleuses. — L'instruction du tir contre avions avec mi-
trailleuses dans la Reichswehr.
Bellona. — Avril. — Les origines de l'art de la guerre. —La pré-
paration militaire de la nation armée. — Le problème de la
fortification permanente. — La lutte contre Budienny près
d'Usza.
Rivista di Artigliera c Genio. — Avril. — Le problème de la
poudre noire pour l'armée. — La vidange'des grands laCs arti-
ficiels dans les diverses régions militaires. — L'instruction sur
le tir (édition de 1927). — Les caractéristiques du terrain mon-
tagneux et son influence sur les opérations de guerre. — Me-
sure du débit dans les cours d'eau à caractère torrentiel. — Les
pompiers militaires.
Mémorial de Ingenieros del Ejercito. — Mars. -— Stations à ondes
dirigées pour les services radio.télégraphiques à grande distance.
Épuration des eaux résiduelles.
— — Le problème de la mobi-
lisation individuelle. — Augmentation de la résistanceà l'usure
•des métaux par la stellite.
476 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
Revista del Circulo Militar. — Février. — Notions de géodésie.
— Histoire critique militaire du Pérou. — LeA'er topographique
des rivières navigables.
Meinorial.idël Ejereito de Chile. — Février. — Mobilisation indus-
trielle. — La photographie aérienne appliquée à la cartogra-
phie. — Les transports en montagne. — Contribution au per-
fectionnement moral de la troupe.
Sclnveizcrische Monatsschrift fur Kriegswissenschaffc. — Avril.
— Le combat de rencontre de Neufchâteau entre la 5e brigade
coloniale française et le 18e corps de réserve allemand le 22 août
1914. — Les puissances militaires delà Suisse et del'Allemagne.
— Avance des puissances centrales à l'est et à l'ouest au début
de la guerre mondiale.
De Militaire Speçtator. — Avril. — Étude sur le désarmement
(suite en mai).— Le matériel de ponts métalliques des ponton-
niers et le problème de la liaison des rives de la Moselle à Rot-
terdam. — Défense antiaérienne. — Petites entreprises offen-
siA'es en guerre de position.
Tidskrift i Fortitikation. — 2e fascicule 1927. — La fortification
permanente dans la défense du pays.
Heerestechnik. — Avril. — Construction et effet des bombes
d'avion. — Idées russes sur les procédés de construction à
employer pour protéger les habitants des villes contre la guerre
aérienne.
Vojensko Technike Zpravy. — Mars. — Historique de la fabri-
cation des plaques de blindage. — Les passages du Danube
pendant la guerre. — Le problème des grandes routes en Tchéco-
slovaquie et à l'étranger.
Romania Militara. — Février. — La valeur militaire des grands
cours d'eau. — La ville de Tighina. — La fortification à
l'étranger. — La population civile et les gaz de combat.
Revista Geniului. — Mars. — Statuts de la Revista Geniului. —
Camouflage. — L'activité des unités électrotechniques austro-
hongroises pendant la grande guerre. — Notes pour les offi-
ciers du génie participant aux exercices tactiques ou d'êtat-
major. — Routes modernes. — La locomotive Lomonosofî à
moteur Diesel. — Les tuiles et la manière de les placer sur les
toits.

Revues militaires
Revue Militaire Française, — Mars. — L'art de la guerre, époque
contemporaine (suite en aA'ril). — Les étapes de guerre d'une
BIBLIOGRAPHIE 477
division d'infanterie (suite en avril et en mai). — L'emploi du
canon de 75 comme canon d'accompagnement.
Avril. — Avant l'offensive allemande sur. Verdun. — La manoeu-
vre offensive (suite en mai).
Mai. — Points d'appui et centres de résistance, — La catastrophe
de Tannenberg.
Revue d'Artillerie. — Avril, — Le combat de Guise, les 28, 29,
30 août 1914, au 10e corps d'armée. — Évaluation des pentes
à coups de canon. •— Les carburants nationaux. — Fusil mi-
trailleur Fiat de 7 mm, mod. 1924. —Nouveau type de paque-
bots rapides à hélices centrales.
Revue des Troupes coloniales. — Premier trimestre 1927. — Histo-
rique des unités du 1er régiment de tirailleurs sénégalais du
Maroc (Maroc septentrional, 1925;. — La bataille des frontières
et la bataille de la Marne vues par un chef de section. — Races
de l'Afrique occidentale française.
Archives de Médecine et de Pharmacie militaires. — Février. —
La chirurgie gastro-intestinale. — Traitement de la tubercu-
lose pulmonaire double par l'hyposulfite double d'or et de
sodium.
Mars. — Études préliminaires au captage d'une eau d'alimenta-
tion. — État actuel de la question des formes filtrantes du
bacille de Koch et de l'hérédité tuberculeuse. — Les princi-
paux colorants employés en thérapeutique. — Intoxication
par la cyanamide calcique. — Statistique ophtalmologique
du centre de Lyon pendant la grande guerre.
Revue Maritime. — Avril. — L'arrêt des marchandises. — Les
attaques des torpilleurs à la bataille du Jutland. — La marine
à l'exposition du siècle de Louis XIV (Bibliothèque Nationale).
— Le port du Havre. — Le phare ultra-sonore de Calais.
DOCUMENTS OFFICIELS
ET ADMINISTRATIFS

Voir au Bulletin officiel :

PARTIE SEMI-PERMANENTE
Instructions spéciales du 22 avril 1927 sur les prestations en nature
concernant, l'une, les immeubles occupés par l'armée du Rhin,
l'autre le service télégraphique et téléphonique de l'armée du
Rhin.
PARTIE PERMANENTE
Décret du 26 mars 1926 portant modification au décret du 14 oc-
tobre 1921 relatif au temps de commandement auquel sont
astreints les colonels, commandants et capitaines.
Décret du 15 mars 1927 modifiant l'article 18 du décret du 30 mai
1924 portant règlement du service dans l'armée (règles concer-
nant;le salut pour les élèves officiers).
Circulaire du 30 mars 1927 fixant les conditions dans lesquelles
doit s'effectuer le contrôle en cas de maladie des employés
et agents placés sous le régime de la loi du 14 avril 1924.
Décret du 18 mars 1927 instituant des aA'ances trimestrielles aux
militaires admis à faire valoir leurs droits à pension d'an-
; cienneté ou proportionnelle et aux veuves et orphelins de mili-
taires pouvant prétendre à une pension réversible d'ancien-
neté ou proportionnelle.
Instruction n° 0267/AD du 31 mars 1927 pour l'application de ce
décret.
Arrêté du^ 9 avril 1927 portant création d'une inspection tech-
nique des travaux de fortification.
Circulaire du 11 avril 1927 concernant là création d'organes
chargés des travaux de fortification.
Instruction n° 13952-2/4 du 13 avril 1927 pour l'application du
décret du 28 janvier 1927 confiant au service du génie la ges-
tion domaniale de tous les immeubles militaires.
Décret du 2 avril 1927 modifiant le décret du 18 novembre 1882
PARTIE OFFICIELLE ' 479
relatif aux adjudications et marchés passés au nom de l'État
(maxima des dépenses qui peuvent être réglées par marchés
de gré à gré ou sur simple facture). ;"

PROMOTIONS, MUTATIONS ET RADIATIONS


du 1« au 30 avril 1927

ÉTAT-MAJOR GÉNÉRAL
GÉNÉRAL DE BRIGADE. —Mutation : M. Birchler, inspecteur tech-
nique des travaux de fortification, adjoint au général ins-
pecteur général du génie (1er mai).

ARMÉE ACTIVE
COLONELS
. — Mutation : M. Thiriot, directeur des travaux de
fortification de la 6° région, à Metz (1er mai).
Radiation : M. Beyer, retraité.
LIEUTENANTS-COLONELS. — Mutations.
— MM. Hatt, directeur à
Metz (6 avril). -^ Herbillon, à l'inspection technique des tra-
vaux de fortification. — Frossard, directeur des travaux de
fortification de la 20e région, à Strasbourg. — Grenet, com-
mandant le 17e rég. (1er mai).
CHEFS DE BATAILLON.
— Mutations : MM. Leclère (A..C E.),
à Paris-Sud. — Piraud, chef du génie de.Lille (6 avril).
Radiation : M. Pyat, retraité.
CAPITAINES. — Mutations : MM. Sabathié, au Levant. —Drecq,
au ministère de la guerre, 4e direction, 2e bureau. —Lassus,
à-Toulouse,--— Prévost, à Rennes. — Colomb (C. L. A. M.),
à Briançpn (6 avril). — Coumes, chef du génie de Rochefort.
— Béraud, à Gap. — de Solère, professeur adjoint de construc-
tion à l'É-M. G. — Sévenier, au 42e bat.— Métier, maintenu
provisoirement au 12e rég.— Claisse, au 18e rég., à Nancy.'
— Millot, professeur adjoint de fortification à. l'É. M. G.
(21 avril). — Furnari, à Sarrebourg (15 mai).
Nominations : Officiers d'infanterie passés dans le génie :
MM. Paré, du 8e R. I., au 41e bat. (rang du 25 mars 1921).
— Clairambault, du 8e rég. de tirailleurs tunisiens, au 31e bat.
(rang du 25 septembre 1921).—Papùt, du 15e rég. de tirail-
leurs algériens, au 41e bat. (rang du 25 mars 1927). — Fajol,
480 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
du 6e rég. de tirailleurs algériens, au 8e rég., à Tours (rang
du 17 aA'ril 1927).
Radiations : MM. Maire, Vergnaud, retraités.
MM. Coquand, Gaillard, décédés.
LIEUTENANTS. •—- Mutations : MM. Vidieu, p. o. au 6e rég., dé-
taché à la cheffêrie de Limoges. — Debrun, du 5e rég., remis
à Versailles. — Henry (J. S. M.), maintenu au 5e rég. —
Chéoux-Damas,^. o. au 1er rég., affecté à la S. T. G., détaché
à Bourges. — Guy (L. F.), du 5e rég., détaché au 8e rég., au
Mont-Valérien. — Le Bras, remis au 18e rég.. à Grenoble. •—
Hasse, remis au 7e rég. — Penaud, du cadre latéral, au 6e rég.
(21 avril).
Nominations : Officier de réserve passé dans l'active : M. Per-
ron, au 9e rég. (13 avril). — Officiers d'infanterie et de cava-
lerie admis dans le génie (prises de rang aux dates indiquées) :
MM. Mounier (E. G. A. L.), du 513e rég. de chars de combat,
au 18e rég., à Nancy. — Portron, du 5e bat. alpin de chasseurs
à pied, au 8e rég., au Mont-Valérien. — Ambroise, du 507e rég.
de chars de combat, au 9e rég. — Gradet, du 16e rég. de ti-
railleurs tunisiens, au 10e rég. (6 mai 1921). — Renaudin,
du 8e rég. de tirailleurs tunisiens, au 34e bat. (12 mai 1921).
— Darchis, du 90e R. L, au centre de mobilisation n° 8, à
Tours, p. Oi au 8e rég. (12 juin 1921). — Brocherez, du 21e rég.
de dragons, au 15e rég. (4 septembre 1921). — Chadeville,
du 19e bat. de chasseurs à pied, au 52e bat. (18 septembre
1921). — Joubert, du 2e rég. de zouaves, au 8e rég., à Tours
(23 juin 1922). '— Bar, du 1er rég. étranger, au 1er rég.
(6 août 1922). •— Redouiez, du 9e rég. de zouaves, au 1er rég.
(6 septembre 1922). — Ferrand, du 21e rég. de dragons, au
18e rég., à Nancy (24 septembre 1922). — Pipait, du 8e rég.
de tirailleurs tunisiens, au 5e rég. (1er octobre 1922). —Dur-
fort, du 9e rég. de zouaves, au 45e bat. (7 octobre.1922). —
Piïlet, du 511e rég. de chars de combat, au 5e rég. (31 oc-
tobre 1922). — Durand (O. J. A.), du 4e rég. de zouaves, au
1er rég. (6 novembre 1922). — Olivier (M. G.), du 506e rég.
de chars de combat, au 10e rég. (10 octobre 1923). — Robert
(R. G. E.), du 1er rég. de zouaves, au 41e bat. (17 septembre
1924). — Pruvot, du 16e rég. de tirailleurs tunisiens, au
33e bat. (1er octobre 1924). — Bonin, du 521e rég. de chars
de combat, au 5e rég. (27 octobre 1924). — Graillât, du
511e rég. de chars de combat, au 4e rég. (1er. octobre 1925).
— Chevallier (R. E.), du 10e bat. de mitrailleurs, au 42e bat.
— Pons, du 21e rég. dé tirailleurs algériens, au 33e bat. —
PARTIE OFFICIELLE 481
,
Brin, du 65e rég. de tirailleurs marocains, au 33e bat. —
Estoup, du 61e rég. de tirailleurs marocains, au 31e bat. —
La Roche, du 551e rég. de chars de combat (en congé jusqu'au
25 avril), au 5e rég. — Maisier, du 1er rég. de tirailleurs algé-
riens, au 32e bat. — Legay, du 124e R, L, au 5e rég. — Cari-
cand, du 171e R, T., au 42e bat. — Riouallon, du 152e R. I.,
au 1er rég. — Tardieu, du 14e bat. de chasseurs à pied, au
52e bat. (17 avril 1927).
SOUS-LIEUTENANTS. — Nominations : Officiers d'infanterie admis
dans le génie. — MM. Leroux (A. F. M.),, du 90e R, L, au
8e rég., à Tours. —- Estiemie, lieutenant à T. T. du 134e R. I., -

au 1er rég. — Juramy, du 5e R. L, au 5e rég. —Dessolles, du


8e bat. de mitrailleurs, au 12e rég'. — Devilîas, du 12e bat.
de mitrailleurs, au 52e bat. —Legoy, du 8e rég. de tirailleurs
tunisiens, au 32e bat. (17 avril 1927).
OFFICIER D'ADMINISTRATION PRINCIPAL. — Radiation : M. Bri-
deau, retraité.
OFFICIERS D'ADMINISTRATION DE l 10 CLASSE. — Mutations :
MM. Chambeurlant, au ministère de la guerre, 4e direction.
2e bureau (6 avril). — Brehon, à la direction de Metz. — Dé-
sirand, à la direction des travaux de fortification de Stras-
bourg. •—• Brelle, à la direction des travaux de fortification
de Metz. — Erdozain, à Metz. — Parmentiùr, à Strasbourg
(21 avril).
OFFICIER D'ADMINISTRATION DE 2° CLASSE. — Mutation :
M. Duran, à Vincennes (6 avril)..
.

RESERVE
COLONEL. — Nomination : retraité, à la 18e région.
M. Marche,
LIEUTENANTS-COLONELS. — Nominations : officiers retraités :
MM. Wilhelm, à la 5e région. — Riocreux, à la 16e région. —
Bonnet (A.), à la direction du matériel de chemins de fer. —
Tisserand, au G. M. P., — Vavon, à la 20e région, service
d'état-major.
CHEFS DE BATAILLON. — Nominations : officiers retraités :
MM. Virlet, du service d'état-major du G. M. P. •— Robiony,
de la direction de Nice. — Bouyssou, au 5e rég. — Thévenin,
du 2e rég. — Souaille, du 10° rég. — Hyon, de la S. T. G.
CAPITAINES. — Mutations : MM. Thiriet, réintégré dans les cadres
à la 6e région (26 mars). — de Gaalon, h. c. au G. M. P. (assi-
milation spéciale) (Il avril). — Blosset, au 8° rég. -— Bonel,
au 6e rég. —.Dumont., en Afrique occidentale française. —
François, au 6e rég. -— Grosdemontagne, aux Antilles. —
482 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
Grosse, Lenoir, Perraud, en Indochine. — Lamorre, au 2e rég.
— Payan, à Marrakech. — Roux (E. J. E.), p. o. au 5e rég.
— Roffast, en Afrique occidentale française (13 avril). —
Verdière, h. c. affectation spéciale, à la 7° région (14 aA'ril).
Nominations : (Officiers retraités ) : MM. Maire, du 3e rég. —
Jarrassier, Fournier (P. L. U.), au Maroc. —- Sauvelet, de
l'E. C. M. T. M. .
Radiation : M. de Broutelles.
MM. Abraham, Gasnier, Pinaud, sont nommés capitaines hono-
raires.
LIEUTENANTS. —.'Mutations : MM. Tuja, h. c. au G. M. P. (assi-
milation spéciale) (11 avril). — Arnaud, en Afrique orientale
française. — Aton, Bouchot, en Indochine. — Babinet, La-
coste, Marthoud, Perrin, Picrredon, en Afrique occidentale
française. — Balazard, au 2e rég. — Capiez, aux troupes du
Pacifique. — Durandeau, au 45e bat. — Helme-Guizon, au
31e bat. — Jean, au 6e rég. —- Lacombe, p. o. au 15e rég. •—
Lizouhat, au 31e bat. — Montereau, p. o. au 12e rég. — Pauty,
au 4e rég. — Ramone, en Afrique équatoriale française. —
Riçou, aux Antilles. — Salle (H. S. R.), p. o. au- 4e rég. —
Segond, au 34e bat. (13 avril). — Roederer, Dupaquier, Du-
foùr ( J. J.), h. c. (affectation spéciale), à la 7e région (14 avril).
Nominations : Officiers démissionnaires : MM. Locherer, du
8e rég. — Maisonobe, au 7e rég.
-

Officiers de réserve d'autres armes admis dans le génie : MM. Au-


bril, du 401e rég. de D. C. A., en Afrique occidentale fran-
çaise (12 avril). — Buzenac, du 4° rég. de tirailleurs tuni-
siens, au 10e rég. — Colin (P. A.), du 16e rég. de tirailleurs
tunisiens.au 11e rég. — Gesnel, du 38e rég. d'artillerie colo-
niale, au 15e rég. (17 avril).
Radiations : MM. Ferron, passé dans l'active, MM. Henriot,
Frotey, Boistel.
Sont nommés lieutenants honoraires : MM, Olivier (N. P. E. E.
R. R.), Sicard (H.).
SOUS-LIEUTENANTS. — Promus lieutenants (prises de rang à des
dates diverses) : MM. Mansard, Delong, h. c. au G.-M. P. —
Mathis, Depret, h. c. à la lre région. — Frontard, h. c; à la
6e région. — Fourgeot, h. c. à la 14° région. — Lavie, Labvunie,
h. c. à la 15e région. — Guin, h. c. à la 16e région. —Barthe,
h. c. à la 20e région. — Gaudry, du 8e rég., détaché à la direc-
tion du matériel de la. télégraphie militaire. — Bètbeder-
Matibet, Le Ménestrel, Lagrange, Brugnon, Chirol, Fauge,
du 1er rég. — Baillard, du 3° rég. —• Mirabel, Nain, Thiraut,
PARTIE OFFICIELLE ; -
383
du 4e rég, — Ogé, Lafont, Turban, du 5e rég. — Durepaire,
Niveault, Joulin, Festy, du 6e rég. Ruaud, Vergnaud
(P. R.), Simonelti, du 7e rég. — Le Bihan, Pinard, du 9e rég. '
~—
Fourtane, du 10e rég. — Louer, Chrétien, Wisner, du
11e rég. — Gereau, Euverte, du 15e rég. '•— Fourt, Rabourdin,
Lévy ( J. H. L.), du 17e rég.
Mutations : MM. Soots, au 51e bat. (6 avril). — Le Fustec,
h. c. (assimilation spéciale) au G. M. P. (11 avril). — Ascher,
au 8e rég. — Augier, au 32 e bat. — Maréchal, Bouïhol, Ca-
diot, au 10e rég. — Cattelain, Delaire, Samie, au 3e rég. —
Barray, au 18e rég. — Bommel, Bus, au 45e bat. — Pageard,
au 31e bat. — Ducos, p. o. au 2e rég. — Fatoux, p. o. au
1er rég. — Balp, Gayraud, au 2e rég. — Guichard, au 32e bat.
— Imbault, au 45e bat. — Jacqueminet, p. o. au 1er rég. —
Jonathan, au 8e rég. — Kessler, au 18e rég. — Marcoz, en
Afrique équatoriale française. — Pénicaut, au 51e bat. —
Vinçonneau, au 11e rég. — Perroud, Hourst, au 15e rég.
(13 avril).
Nominations : Officiers démissionnaires : MM. Leguillochet,
du 15e rég. •— Lévy, du 9e rég.
Radiation : M. Poitevin.
OFFICIERS D'ADMINISTRATION PRINCIPAUX. — Nominations :
(Officiers d'administration principaux retraités) : MM. Rivot,
de l'artillerie coloniale, à la 17e région. — Brideau, au G. M. P.
— Desbois, à la 9e région. — Lambert, à la 7e région. — Roux
(G. E. E.), au Maroc.—Lemaire, en Algérie.
Radiation : M. Lahure, décédé.
Sont nommés officiers d'administration principaux hono-
raires : MM. Beaucamps, Blanchard, Pajot, Peyronil.
OFFICIERS D'ADMINISTRATION DE lre CLASSE. — Mutations :
-.
MM. Chauvet,^. o. à la 14e région.—Dupré, à la 10e région. —
Gros-Long, à l'armée française du Rhin (13 avril).
Nominations : (Officiers d'administration retraités) : MM. De-
paris, à la 16e région. — Leguay, au G. M. P. — Mercier, en
Afrique occidentale française. •— Boiteau, à la 20e région. —-
Lafon, en Algérie. — Bouchon, de l'artillerie coloniale, à la
18e région. — Musté, à la 7e région.
Radiation : M. Quélen, décédé.
OFFICIERS D'ADMINISTRATION DE 2e CLASSE — Mutations :
MM. Deguillaume, en Algérie. — Girardot, en Afrique occi-
dentale française.
Radiations : MM. Lièvre, nommé officier d'administration de
2e classe honoraire..— Soucaret, Albaret.
484 REVUE DU GÉNIE MILITAIRE
Est nommé officier d'administration de 2e .classe honoraire :
M. Rubinstein.
OFFICIERS D'ADMINISTRATION DE 3e CLASSE. — Promus à la
2e classe (prises de rang à des dates diverses) : MM. Ro-
billard,àu G. M. P.— Thovert, de l'E. C. M. R. — Février,
du 9e rég. — Goetz, Garcin, en Indochine.

Radiation : Est nommé officier d'administration de 3e classe
honoraire : M. Quéron.

Le Gérant: R. WALTHER

IMPEIUIBII HSQIB-LITX1CLT, MNOr-FlEIS-STEiSDOCBO- 1927

Vous aimerez peut-être aussi