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REPUBLIQUE TUNISIENNE

MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DES RESSOURCES MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR


HYDRAULIQUES ET DE LA PECHE ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

INSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUE DE TUNISIE

Département Génie Halieutique et Environnement

PROJET DE FIN D’ETUDES


DU CYCLE INGENIEUR
Présenté par

TRABELSI Nidhal
Spécialité : Génie Halieutique et Environnement

Production d’alevins monosexes de Tilapia par


Hybridation.

Soutenu devant le jury :

M. CHAAR Hatem INAT Président du Jury


M. FASSATOUI Chiheb INAT Encadrant INAT
M. ROMDHANE Mohamed Salah INAT Examinateur
M. CHAABOUNI Mahmoud ingénieur principal Encadrant profession
Remerciement

“Rien de plus noble que la reconnaissance, rien de plus vil que l’ingratitude ; autant un
trait de reconnaissance touche l’âme, autant un trait d’ingratitude lui fait horreur.”
Hypolite de Livy

Ce modeste travail est le fruit de l’aide de plusieurs personnes à qui je suis reconnaissant.
Je tiens tout d’abord à remercier l’INAT représentée par ses cadres administratifs et ses
enseignants et spécialement Mr Fayçal Ben Jeddi (Directeur Général de l’INAT).

Je tiens à remercier Mr. Mahdi JARRAYA chef du projet de la Ferme Modèle d’Aquaculture
qui m’a ouvert ses portes et m’a donné la chance de faire un stage au sein de son organisme.

Je remercie chaleureusement mon encadrant de stage Mr. Mahmoud Chaabouni, ingénieur


principal à l’arrondissement de pêche, qui m’a proposé le sujet et m’a accompagné durant la
période de stage pour me donner des consignes lors de la manipulation.

Je tiens à remercier Mr. FASSATOUI Chiheb, maître assistant à l’INAT, d’avoir accepté de
m’encadrer. Je le remercie pour sa patience et pour sa bonne correction et son aide.

J’adresse mes sincères remerciements à Mr. Hatem CHAAR et Mr. Mohamed Salah
ROMDHANE d’avoir accepté d’évaluer mon travail.

Enfin, je veux remercier Mr. Azaiez (Père de Mr. Mahdi) et Mr. Hedi l’ouvrier qui m’ont
fournis le matériel nécessaire et m’ont aidé tout au long de mon stage.
Dédicace
Je dédie ce travail à :

A Mes chers parents Abd El Wahed et Nedia Pour leurs


sacrifices, leur affection, leurs conseils, leurs aides et leur
soutien moral, qui n’ont cessé de me faire afin de m’offrir
les conditions favorables à mes études.
J’espère qu’ils seront fiers de moi.

A mon frère Firas qui ne cesse jamais de me motiver

A mon oncle Lotfi et sa famille à qui je dois la gratitude


pour leur hospitalité.

A mes amis Sabri DAASSI, Mohamed Amine SAMET et


Nour DAMMAK pour leur encouragement continue
Liste des abréviations

CIJ: Croissance Individuelle Journalière


FAO: Food and Agriculture Organisation
FMA: Ferme Modèle d’Aquaculture
GMT: Genetically Male Tilapia
IC: Indice de Conversion
Liste des figures

Figure 1 : O. niloticus (présent travail, 2019) ........................................................................................ 5


Figure 2 : O. aureus (Roderick, 2015).................................................................................................... 6
Figure 3 : Les papilles génitales du Tilapia femelle (a) et mâle (b) (FAO, 1995) ................................. 7
Figure 4 : Répartition originelle et actuelle d’Oreochromis niloticus dans le monde. (Azaza et al.,
2011)........................................................................................................................................................ 9
Figure 5 : Cycle reproductif du tilapia du Nil (Oreochromis niloticus) en milieu naturel. (Ruwet et al.,
1976)...................................................................................................................................................... 12
Figure 6 : cycle de reproduction de l’O. niloticus ................................................................................ 13
Figure 7 : bassin en béton de la FMA .................................................................................................. 20
Figure 8 : bassin métallique de la FMA ............................................................................................... 20
Figure 9 : étang de la FMA .................................................................................................................. 21
Figure 10 : canaux d’évacuation .......................................................................................................... 21
Figure 11 : Forage pour l’alimentation des bassins .............................................................................. 22
Figure 12 : Hangar de fabrication de l’aliment .................................................................................... 23
Figure 13 : broyeur utilisé pour la fabrication de l’aliment à la FMA ................................................. 24
Figure 14 : mélangeur utilisé pour la fabrication de l’aliment à la FMA ............................................ 24
Figure 15 : Hachoir utilisé pour la fabrication de l’aliment à la FMA ................................................ 25
Figure 16 : Granulés semi-humides...................................................................................................... 25
Figure 17: Epuisette utilisée pour la collecte des échantillons de pré-géniteurs à la FMA ................. 26
Figure 18 : mesure du poids de pré-géniteurs de Tilapia ..................................................................... 27
Figure 19 : mesure de la longueur de pré-géniteurs de Tilapia ............................................................ 28
Figure 20 : Aquarium de suivi de la descendance ............................................................................ 29
Figure 21 : Variation de la température de l’eau .................................................................................. 32
Figure 22 : Variation de l’Oxygène dissous ......................................................................................... 33
Figure 23 : Courbe de Lt+1= f(Lt) pour O. niloticus ........................................................................... 35
Figure 24 : Courbe de Lt+1= f(Lt) pour O. aureus............................................................................... 36
Figure 25 : croissance en longueur d'O. niloticus et O. aureus ............................................................ 37
Figure 26 : Croissance en poids d’O. niloticus et d’O. aureus. ............................................................ 38
Figure 27 : Courbe logarithmique d’O. niloticus ................................................................................. 39
Figure 28 : Courbe logarithmique d’O. aureus..................................................................................... 40
Figure 29 : Courbe de croissance du poids en fonction de la longueur. ............................................... 41
Liste des tableaux

Tableau 1 : Qualité d’eau requise pour l’élevage du Tilapia du Nil (Suresh, 2003) ............................ 11
Tableau 2 : hybridation de différentes espèces de tilapia pour produire des populations exclusivement
masculines (El-Sayed, 2006) ................................................................................................................. 18
Tableau 3 : hybridation de différentes espèces de tilapia pour produire des populations exclusivement
féminines (El-Sayed, 2006) ................................................................................................................... 18
Tableau 4 : Composition de l’aliment .................................................................................................. 23
Tableau 5 : Paramètres zootechniques ................................................................................................. 34
Résumé

Le présent projet de fin d’études s’intitule « Production d’alevins monosexes de Tilapia par
hybridation ». Le travail de terrain est élaboré à la Ferme Modèle d’Aquaculture

Durant ce travail, un suivi des paramètres physico-chimiques de l’eau a été réalisé ainsi que la
mensuration des deux espèces des pré-géniteurs et des alevins hybrides et O. niloticus en vue
de comparer la croissance en longueur et en poids d’O. niloticus à celle d’O. aureus et de
déterminer l’espèce la plus résistante aux conditions d’élevage.

Cette étude a montré une croissance plus rapide en poids et longueur d’O.niloticus

Abstract

This graduation project is entitled "Production of monosex Tilapia fry by Hybridization".


Fieldwork is developed at the Model Aquaculture Farm

During this work, a monitoring of the physico-chemical parameters of the water was carried
out as well as the measurement of the two species of pre-breeders and hybrid fry and O. niloticus
in order to compare the growth of O. niloticus to that of O. aureus and to determine the species
most resistant to breeding conditions.

This study showed faster growth in weight and length of O. niloticus.


‫ملخص‬

‫عنوان مشروع التخرج هذا هو "إنتاج قلى بلطي أحادية الجنس عن طريق التهجين"‪ .‬تم تطوير العمل الميداني في الضيعة‬
‫المثالية لتربية األحياء المائية‪.‬‬

‫خالل هذا العمل‪ ،‬تم إجراء رصد للمعلمات الفيزيائية والكيميائية للمياه وكذلك قياس نوعي الفحول والقلي الهجينة ومن أجل‬
‫مقارنة نمو ‪ O. niloticus‬و ‪ O. aureus‬و تحديد األنواع األكثر مقاومة لظروف التربية‪.‬‬

‫أظهرت هذه الدراسة نمو أسرع في وزن وطول‪O. niloticus‬‬


Sommaire

Introduction ........................................................................................................................................... 1
I. Bibliographie.................................................................................................................................. 3
1) Présentation des espèces : ......................................................................................................... 4
2) Taxonomie .................................................................................................................................. 5
3) Morphologie ............................................................................................................................... 6
4) Distribution géographique ........................................................................................................ 8
5) Exigences écologiques : ............................................................................................................. 9
6) Cycle de vie............................................................................................................................... 11
7) Alimentation............................................................................................................................. 15
8) Croissance ................................................................................................................................ 15
9) Hybridation :............................................................................................................................ 16
II. Matériel et méthodes ............................................................................................................... 19
1) Présentation du site d’étude ................................................................................................... 20
2) Matériel et préparation de l’aliment...................................................................................... 22
a. Composition de l’aliment .................................................................................................... 23
b. Préparation de l’aliment ......................................................................................................... 23
c. Matériel biologique.............................................................................................................. 25
d. Capture et suivi de la croissance des pré-géniteurs .......................................................... 26
e. Suivi des paramètres physico-chimique ............................................................................ 28
f. Capture et suivi des alevins ................................................................................................ 28
g. Paramètres et indices calculés ............................................................................................ 29
III. Résultats et discussion ............................................................................................................. 31
1) Résultats ................................................................................................................................... 32
1.1. Paramètres physico-chimiques .......................................................................................... 32
1.1.1. La température ............................................................................................................... 32
1.2. Paramètres zootechniques ................................................................................................. 34
1.3. Croissance en longueur : ................................................................................................... 35
1.4. Croissance en poids ........................................................................................................... 37
1.5. Relation taille-poids : ........................................................................................................ 38
2) Discussion ................................................................................................................................. 41
Conclusion ............................................................................................................................................ 43
Références bibliographiques............................................................................................................... 45
Introduction

La pisciculture en Afrique est une technique d'introduction récente qui a connu ses premiers
balbutiements vers les années 1920 au Kenya, vers les années 1930 au Zaïre (POWLES, 1987).
Mais le véritable développement de la pisciculture (DE BONT, 1950 a, b; HALAIN, 1950;
HUET, 1957; MICHA, 1974; POWLES, 1987) démarre principalement après la seconde guerre
mondiale en Afrique de l'Est et en Afrique Centrale (Zaïre: 1946, Cameroun: 1948, Congo-
Brazzaville: 1949, etc...).

Elle est basée sur la tilapiculture notamment l’élevage de l’espèce Oreochromis niloticus.

Grâce à ses taux de croissance élevés, de son adaptabilité à un large éventail de conditions
environnementales et de sa capacité de croître et de se reproduire en captivité et de se nourrir à
de faibles niveaux trophiques.

Il a une période de ponte étalée sur toute l'année. De même, cette espèce est connue par sa
résistance vis á vis des pathogènes, et sa capacité à supporter les situations de stress et les
différentes manipulations associées à l'aquaculture (Mary, 2006).

Le développement de la tilapiculture a permis la production de 1 500 000 tonnes de Tliapias en


2002.

Le tilapia a été introduit pour la première fois en 1966 dans les oasis de Kebilli (Dérouiche et
al., 2009) où l'aquaculture est souvent liée aux pratiques agricoles, afin de tirer profit du climat
chaud et des ressources hydriques en eaux géothermales fréquentes dans le sud tunisien. Par
ailleurs, sa survie et sa reproduction ont été bien étudiés (Zaouali, 1981). Cependant, l'idée de
l'élevage de cette espèce ne s’est poursuivie qu'en 1999, après la création de la station de
recherche expérimentale en pisciculture géothermale de Bechima dans le gouvernorat de Gabés,
par l'Institut National des Sciences et des Technologies de la Mer (INSTM). Depuis cette date,
plusieurs expériences ont mis en valeur la maîtrise et la réussite des différents cycles d'élevage
de cette espèce, depuis la reproduction jusqu'au grossissement (Dhraief, 2005).

En parallèle, divers essais d’acclimatation du tilapia ont été effectués au niveau des oasis du
sud, ainsi que dans les retenues de barrages au nord et au centre tunisien, où la basse température
hivernale constitue un facteur limitant à la croissance et à la survie de cette espèce. Ces

1
expériences d’acclimatation ont connu des résultats encourageants et ont abouti à la réussite de
l'élevage de cette espèce notamment au niveau des barrages de Lebna, de Lahma, de Ghezala
et de Sidi Saâd (Azaza, 2004 ; Derouiche et al., 2009).

Toutes ces caractéristiques ont encouragé l’installation de la ferme modèle d’aquaculture à


Sfax.

Les tilapias sont connus pour leur capacité à s’hybrider en captivité (Agnèse et al., 1998).
Selon Rieseberg (1995) et Van der Bank (2000), les performances des hybrides ne sont pas
toujours intermédiaires entre celles des souches parentales. Ces performances peuvent être
supérieures, lorsqu’elles sont gouvernées par des gènes favorables dominants issus de chaque
souche parentale (Wohlfarth, 1994 ; Mukherjee, 2001). C’est le cas par exemple du tilapia rouge
(hybride issu du croisement entre Oreochromis niloticus, Linnaeus, 1758 et O. mossambicus,
Peters, 1852) largement utilisé en pisciculture aux Philippines, à Taiwan et en Inde (Siddiqui et
Al-Harbi, 1995 ; Garduno-Lugo et al., 2003 ; Keshavanath et al., 2004). En dehors de
l’accroissement de la production, les croisements interspécifiques ont aussi été utilisés pour
l’amélioration de la coloration du corps et de la tolérance aux facteurs environnementaux tels
que la température et la salinité (Pillay, 1993).
De plus, l’hybridation est utilisée pour la production d’alevins monosexes.

Ainsi, pour les différents avantages des hybrides et vue que les mâles de Tilapia ont une
croissance plus vite que les femelles donc qui atteignent le poids commercial avant les femelles,
des GMT (Genetically Male Tilapia) d’Oreochromis aureus ont été importés à partir de la
société Fishgen pour les hybrider avec les femelles d’O. niloticus en vue d’obtenir des hybrides
mâles pour améliorer le cheptel et pour ne plus recourir au tris manuel du sexe donc minimiser
les erreurs et la reproduction anarchique.

Comme étant O. aureus est peu connue en Tunisie et l’espèce principalement élevée est O.
niloticus, ce travail présente une étude comparative des deux espèces ainsi que les hybrides.

2
I. Bibliographie

3
1) Présentation des espèces :

Le nom Tilapia est dérivé du mot Broussard Africain qui signifie ‘poisson’ (Trewavas, 1982).

Le tilapia représente un grand nombre d'espèces de poissons d'eau douce appartenant à la


famille des Clichlidae.

D’après Kaufman et Liem (1982), la famille des Clichlidae est l’un des quatre familles
appartenant au sous-ordre des Labroidei.

Le genre Tilapia a été décrit pour la première fois par Smith (1840). Il a d’abord été divisé sur
la base des différences morphologiques en trois sous-genres : Tilapia, Sarotherodon, RUPPEL,
1852 et Neotilapia REGAN, 1920. (FAO, 1989)

Suite à l’augmentation du nombre des espèces dont l’hybridation naturelle est l’une des causes,
la taxonomie est faite alors selon l’incubation buccale. Ainsi, le sous-genre Sarotherodon est
divisé en deux genres : Oreochromis et Sarotherodon.

Dernièrement, certains taxonomistes faisaient la classification selon les caractères anatomiques,


le comportement reproducteur et la nutrition (TREWAVAS, 1980, 1981, 1983):

- incubation des œufs sur substrat avec garde biparentale (couple), macrophytophages: Tilapia
- incubation buccale avec garde biparentale ou paternelle, planctonophages: Sarotherodon
- incubation buccale avec garde uniparentale maternelle, planctonophages: Oreochromis
- caractéristiques éco-morphologiques particulières: Danakilia

On s’intéresse dans ce travail au genre Oreochromis en étudiant les deux espèces Oreochromis
niloticus (Tilapia du Nil) et Oreochromis aureus (Tilapia bleu)

4
2) Taxonomie
❖ Oreochromis niloticus (figure 1)

Oreochromis niloticus appelé communément le Tilapia du Nil (figure 1), fait partie, comme
tous les autres tilapias de la famille des Cichlidae et l’ordre des Perciformes. Il présente la
taxonomie suivante : (Fisher et al., 1987)
Embranchement : Vertébrés
Sous-embranchement : Gnathostomes
Super classe : Poissons
Classe : Osteichtyens
Sous-classe : Téléostéens
Ordre: Perciformes
Sous-ordre: Percoïdés
Famille : Cichlidés
Sous-famille: Tilapinés
Genre et espèce : Oreochromis niloticus

Figure 1 : O. niloticus (présent travail, 2019)

❖ Oreochromis aureus

Faisant partie du même genre que le tilapia du Nil, le tilapia présente la même classification
avec une seule différence au niveau de l’espèce qui est aureus.

5
Figure 2 : O. aureus (Roderick, 2015)

3) Morphologie
❖ Oreochromis niloticus

L’espece Oreochromis niloticus se distingue des autres espèces de tilapia par les
caractéristiques suivantes :
• Corps comprimé latéralement et couvert principalement d'écailles cycloïdes et parfois
d'écailles cténoïdes.
• Tête portant une seule narine de chaque côté.
• Os operculaire non épineux.
• Longue nageoire dorsale (formée d'une seule pièce) à partie antérieure épineuse (17-18
rayons dures) et à partie postérieure molle (12-14 rayons mous).
• Nageoire anale avec au moins les 3 premiers rayons épineux.

6
• Sa coloration :
- Grisâtre sur la poitrine
- Rosâtre sur les flancs
- une alternance de bandes verticales claires et noires nettement visibles sur la
nageoire caudale et la partie postérieure de la nageoire dorsale.
• Un nombre élevé de branchiospines fines et longues (18 à 28 sur la partie inférieure du
premier arc branchial, et 4 à 7 sur la partie supérieure).
• Une ligne latérale supérieure qui couvre 21 à 24 écailles alors que la ligne latérale
inférieure ne couvre que 14 à 18 écailles.
• Un liséré noir en bordure de la nageoire dorsale et caudale chez les mâles (Trewavas,
1983).
On note que chez cette espèce le dimorphisme sexuel est très marqué, surtout au moment de la
reproduction (coloration rosâtre et vive sur le corps des mâles préféconds).
Au niveau des caractères sexuels primaires on peut facilement distinguer entre les deux sexes
par observation directe de la papille génitale du poisson (figure 2) après avoir atteint au moins
un poids de 25 à 30 g et une taille de 10 à 12 cm. La papille des mâles est plus allongée et
pointue en forme de cône et porte un seul pore urogénital à l'extrémité alors que chez les
femelles elle est courte et présente une fente transversale en son milieu (l’oviducte) située entre
l’anus et l’uretère. (Rakotomalala, 2004).

Figure 3 : Les papilles génitales du Tilapia femelle (a) et mâle (b) (FAO, 1995)

❖ Oreochromis aureus

7
Oreochromis aureus est un cichlidé de couleur bleue et argentée avec 18 à 26 branchies, 16
épines dorsales et 3 épines anales. La nageoire caudale présente un large bord distal rose à
rouge. Les mâles sont nettement plus grands que les femelles avec une longueur maximale de
50,8 cm. Les mâles reproducteurs présentent un bleu métallique brillant intense sur la tête, un
bord vermillon sur la dorsale et un rose plus intense sur la caudale. Les femelles reproductrices
présentent des bords plus pâles et orange sur leurs nageoires dorsale et caudale. (GSMFC, 2003;
FishBase, 2007)

4) Distribution géographique
❖ Oreochromis niloticus

L’Oreochromis niloticus, communément appelé Tilapia du Nil, est un poisson d’eau douce
relativement chaude, d’origine strictement africaine.

Il est distribué en Afrique tropicale et subtropicale, mais pas dans la vallée du Jourdain du
Moyen-Orient; plusieurs sous-espèces sont reconnues. Il est largement répandu en Afrique
occidentale dans les bassins de la Volta, de la Gambie, du Sénégal et du Niger, mais est absent
de la Sierra Leone, du Libéria, du Zaïre et d'une grande partie de la Côte d'Ivoire et du
Cameroun. Il est présent dans le bassin du Nil. Il est originaire du bassin du lac Tchad et des
lacs Tanganyika, Albert, Edward et Kivu. (Trewavas 1983).

A partir des années 1960, le Tilapia du Nil a été exporté vers environ 46 pays hors d’Afrique et
11 pays d’Afrique (Pullin et al. 1997).

De nos jours, le tilapia du Nil présente une distribution écologique mondiale (figure 3). Il est
potentiellement utilisé en pisciculture et dans des études d’hybridation. Il est élevé dans les pays
tropicaux et subtropicaux, dans les lacs et les fleuves d'Amérique et d'Asie et même en Europe
(Mélard et Philippart, 1981).

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Figure 4 : Répartition originelle et actuelle d’Oreochromis niloticus dans le monde. (Azaza et al.,
2011)

❖ Oreochromis aureus

Il est originaire de l’Afrique tropicale et subtropicale et d’Eurasie: Vallée du Jourdain, Bas-Nil,


Bassin du Tchad, Bénoué, Niger moyen et supérieur, Fleuve Sénégal. (Trewavas, 1983;
Skelton, 1993).

Introduit dans l'oasis d'Azraq (Jordanie) ainsi que dans les bassins d'eau chaude des États-Unis,
d'Amérique du Sud et centrale et d'Asie du Sud-Est.

5) Exigences écologiques :
Les tilapias sont généralement cultivés de manière semi-intensive ou intensive, dans des
conditions, des densités de stockage et des stratégies de gestion différentes. Il est très probable
que la qualité de l’eau soit soumise à des changements continus, en particulier dans les systèmes
de culture intensifs ou super intensifs.

9
D’autre part, le tilapia a été introduit dans de nombreux pays du monde, principalement pour
l'aquaculture.
Ces pays présentent des conditions environnementales en dehors de sa limite de tolérance.

Ainsi, la connaissance des paramètres du milieu permettra aux aquaculteurs et aux exploitants
agricoles de déterminer les processus chimiques, biologiques et physiques mis en œuvre dans
les exploitations de tilapia.

❖ Oreochromis niloticus :
5.1. La température :
Le Tilapia du Nil vie dans des régions dont la température de l’eau varie entre 14°C et 33°C
mais elle peut tolérer dans des conditions de laboratoire des températures extrêmes entre 7°C
et 41°C (Mélard, 1986).
Il présente un intervalle de tolérance pour la reproduction plus restreint (entre 22°C et 30°C)
(Huet, 1970 ; Freyer et Iles, 1972).
Il cesse de s’alimenter à une température au-dessous de 16°C.
5.1.Salinité :
Le tilapia du Nil présente une capacité d’adaptation à différentes salinités remarquables. En
effet, il peut vivre dans des eaux de salinité comprise entre 15psu et 30psu. Mais à partir
d’une salinité 20‰, il devient sensible à une série de maladies (Rakomalala, 2004) et il
devient incapable de se reproduire lorsque la salinité dépasse 15‰ (Balarin et Hatton,
1979).

5.1.Oxygène dissous :
Le tilapia peut tolérer les déficits aussi bien que les sursaturations en Oxygène. Elle peut vivre
dans des eaux avec des teneurs en Oxygène qui atteignent 3ppm mais en dessus de cette
valeur, un stress respiratoire est remarquable. . Il n'empêche que, grâce à son hémoglobine
particulière à haute affinité pour l'oxygène dissous (0.12 ppm), cette espèce peut supporter,
sur de courtes périodes, des concentrations aussi faibles que 0.1 ppm d'oxygène dissous.
(FAO, 1989).
Le tableau 1 résume tous les intervalles de tolérance des paramètres physico-chimiques pour
O. niloticus

10
Tableau 1 : Qualité d’eau requise pour l’élevage du Tilapia du Nil (Suresh, 2003)

Paramètre T (°C) Salinité Alcalinité Dureté Ammoniac Oxygène pH


(psu) (mg/L) (mg/L) (mg/L) dissous
(mg/L)
Intervalle 26 – 32 0 – 20 > 20 < 50 < 0,1 3-5 6,5– 8,5

❖ Oreochromis aureus :

Oreochromis aureus est benthopélagique et potamodrome. Il préfère le climat tropical mais


tolère assez le froid. Il se produit à des températures comprises entre 8 et 30 ° C et dans des
salinités d’eau douce à saumâtre. O. aurues est considéré comme résistant et tolérant à un large
éventail de conditions de qualité de l'eau et d'habitat (McKaye et al. 1995; FishBase, 2007).

6) Cycle de vie
❖ Oreochromis niloticus
Lorsque les conditions abiotiques deviennent favorables, température supérieure à 22°C, les
mâles se parent d'une robe nuptiale caractéristique où le rouge est prédominant. Ils creusent un
nid dans le substrat meuble (gravier, sable, argile) et défendent leurs territoires. Les femelles
courtisées par ces derniers se déplacent d'un nid à l'autre avant de s'arrêter sur l'un d'eux.
Commence alors une parade nuptiale de synchronisation sexuelle, au bout de laquelle chaque
femelle dépose un lot d'ovules que les mâles s'empressent de féconder. (Rothbard et al., 1997).
L’Oreochromis niloticus fait partie des incubateurs buccaux uniparentaux maternels. Ainsi,
après la fécondation des œufs, la femelle les récupère dans sa bouche. L’incubation dure 4 à 5
jours et l’éclosion a lieu dans la cavité buccale. Durant cette période les femelles sont
reconnaissables par un écartement entre les opercules, à la bande noire entre les yeux et sur les
flancs, mais surtout au gonflement de sa bouche. Elles ne s’alimentent plus durant les 3-4
premiers jours (Rothbard et al. 1997).
Les larves restent 11 à 12 jours dans la cavité buccale jusqu’à la résorption de la réserve
vitelline.

11
A une taille de 1 cm, les larves sont capables de mener une vie autonome. Elles quittent alors
définitivement leur mère et vivent en petits bancs pendant plusieurs jours (Soula, 2004). Ce
cycle est présenté par les figures 5 et 6.

Figure 5 : Cycle reproductif du tilapia du Nil (Oreochromis niloticus) en milieu naturel. (Ruwet et al.,
1976).

12
Figure 6 : cycle de reproduction de l’O. niloticus

Maturité sexuelle :
Selon Ruwet et al. (1975), la taille de première maturité sexuelle dans le milieu naturel varie
entre 14 et 20cm.

Elle varie selon les fluctuations du milieu (alimentation, dimensions du milieu..). En effet, dans
des conditions de pisciculture stressantes, elle peut se reproduire dès l’âge de trois mois, à un
poids inférieur à 50 g (Kestement et al., 1989).

13
Fécondité :

On peut définir la fécondité absolue et la fécondité relative.

La fécondité absolue comme étant le nombre d’œufs fraîchement récupérés de la cavité buccale
d’une femelle. Elle augmente avec la taille de la femelle.

Ainsi, pour Oreochromis niloticus, la fécondité absolue minimale observée est 340 ovules pour
une femelle de 26g et 3500 ovules pour une femelle de 550g (Mélard, 1986).

La fécondité relative est le nombre d’œufs fécondés ou d’alevins produits par kilogramme de
femelle. Elle est inversement proportionnelle au poids moyen.

❖ Oreochromis aureus :

La nidification se fait habituellement dans les zones de mauvaises herbes d’eaux peu profondes
(Payne et al., 1983). Les mâles établissent un territoire et creusent un nid (Trewavas, 1983 ; De
Moor et al., 1988 ; Ben-Tuvia, 1978), à l'aide de la bouche et des nageoires (Trewavas, 1983),
jusqu'à 60 cm de profondeur et 4 à 6 m de diamètre; un certain nombre de territoires peuvent
souvent être regroupés (Lamboj, 2004). Les territoires sont défendus au moyen d'un
comportement agressif (De Moor et al., 1988), y compris l'affichage latéral, les morsures
latérales et les combats bouche à bouche (Trewavas, 1983). La reproduction est stimulée par
des longues photopériodes et inhibée par des courtes journées (Baroiller et al., 1997). La
reproduction nécessite une température minimale d’environ 20 ° C (Trewavas, 1983). Les mâles
visitent des écoles de femelles et tentent d'attirer une partenaire reproductrice (Trewavas, 1983 ;
Lamboj, 2004). La parade nuptiale dans le nid consiste en un affichage latéral par les deux sexes
avec un pincement et un battement de la queue (Trewavas, 1983). Les œufs sont pondus par
ponte, de quelques dizaines à 100 œufs (Lamboj, 2004), et sont introduits dans la bouche de la
femelle dès leur fécondation (Trewavas, 1983 ; De Moor, 1988, Lamboj, 2004), avec une
fréquence de frai maximale autour des 9 -11 heures de lumière (Marshall et al., 1996 ; Baroiller
et al., 1997). Une femelle peut contenir jusqu'à 2 000 œufs dans la bouche (Trewavas, 1983).
La femelle nage vers une eau plus profonde avec la couvée une fois le nid terminé (Trewavas,
1983, Lamboj, 2004), tandis que le mâle reprend ses activités de frai avec une autre femelle.
L'éclosion a lieu environ 3 jours après la ponte (Trewavas, 1983). La durée d'incubation varie
avec la température : 13-14 jours à 25-27 ° C (Trewavas, 1983 ; Lamboj, 2004) ou 8-10 jours à
29 ° C (Dadzi, 1970), et les juvéniles quittent la bouche de la mère lorsqu'ils ont environ 1,1
14
cm en longueur. Le juvénile passe près de la tête de ses parents pendant quelques jours et
réintègre la bouche à tout signe de danger ou à tout geste de la part de la femelle ; la relation
parent-enfant cesse après 5 jours.

7) Alimentation

❖ Oreochromis niloticus
En milieu naturel, l’Oreochromis niloticus est principalement phytoplanctonophage à tendance
omnivore puisqu'elle consomme aussi le periphyton, les détritus, et même des
bactéries dont elle est capable de détecter la présence dans le milieu (Beveridge et al.,1991).

Il consomme de multiples espèces de Chlorophycées, Cyanophycées, Euglenophycées, etc...;


ce qui ne l'empêche pas également d'absorber du zooplancton ( fAO, 1989)

En milieu d’élevage, cette espèce est omnivore qui peut valoriser divers déchets agricoles et
ménagers, et elle peut accepter facilement les aliments composés sous forme de granulés. (FAO,
1989).

❖ Oreochromis aureus :
Oreochromis aureus se nourrit principalement de phytoplancton et d'algues épiphytes, mais a
un régime alimentaire varié comprenant des insectes, du zooplancton, des plantes vasculaires
ainsi que des poissons larvaires et juvéniles. Les jeunes ont un régime alimentaire plus varié
comprenant de grandes quantités de copépodes et de cladocères (McKaye et al. 1995; GSMFC,
2003).

8) Croissance

❖ Oreochromis niloticus
Le Tilapia du Nile a une croissance rapide (LOWE-McCONNELL, 1982) et connu par un
indice de croissance plus performant (PAULY et al, 1988).

Il présente une durée de vie relativement courte (4 à 7 ans) et peut atteindre une longueur de 64
cm (TREWAVAS, 1982).

La vitesse de croissance est dépendante des facteurs génétiques, environnementaux,


nutritionnels, comportementaux mais aussi des conditions d'élevage (Low-McConnel, 1982).

15
En effet, les facteurs qui font diminuer la taille de maturation sont :
- la mauvaise condition relative, - les dimensions réduites du milieu (confinement),
- le déficit alimentaire qualitatif et quantitatif.

On constate, en effet, que les populations de tilapia, qui vivent en milieu lacustre stable,
présentent une stratégie démographique de type K : faible fécondité par ponte, maturité tardive,
forte compétition intraspécifique et croissance rapide. Lorsque le milieu devient instable
(plaines inondées) et qu'il présente des variations fréquentes (T, niveau d'eau, nourriture, etc...)
ces poissons adoptent une stratégie de type r: fécondité élevée, maturité précoce, croissance
lente. Ce problème connu sous le terme de nanisme, est plutôt un phénomène de néoténie
(FRYER et ILES, 1972 ; NOAKES et BALON, 1982) car il s'agit d'une réponse adaptative aux
fluctuations d'environnement, par accélération de l'ontogenèse. C'est pourquoi en conditions
optimales dans les lacs T. nilotica commence à se reproduire en général vers l'âge de 2 à 3 ans
alors qu'en conditions stressantes de pisciculture rurale mal conduite, il peut déjà se reproduire
vers l'âge de 3 mois (FAO, 1989).
En effet, la taille de première maturité sexuelle varie entre 14 et 20 cm et peut atteindre 28 cm.
Par ailleurs, il existe chez O.niloticus., un phénomène de dimorphisme sexuel de croissance qui
apparaît très rapidement en élevage, les mâles ayant de meilleures performances de croissance
que les femelles.

9) Hybridation :

L'hybridation de deux espèces différentes a été appliquée de manière extensive et avec succès
pour produire des populations monosexes. Plusieurs conditions affectent le succès de
l'hybridation de taxons de poissons apparentés, y compris fécondation externe, abondance
inégale de deux espèces parentales, faibles mécanismes d'isolation bêta-vitale, la concurrence
pour un habitat de frai limité et diminution de la complexité de l'habitat (Scribner et al., 2001).
Ces facteurs sont très probablement compatibles avec la plupart des tilapias. C'est pourquoi le
tilapia a fait l'objet de beaucoup d'attention et est devenu le meilleur exemple connu de
production hybride en aquaculture, car ils se caractérisent par des cycles de vie courts et une
fraie fréquente.

16
Une quantité importante d'informations est maintenant disponible sur les hybrides de tilapia
exclusivement masculins et féminins (tableau 2 et 3). La plupart des croisements effectués pour
la production de tilapia monosexe ont été réalisés entre des bouche-bouche maternels
(Wohlfarth et Hulata, 1983 ; Beardmore et al., 2001). La plupart des croisements entre des
tilapias purs à la bouche donnent des hybrides entièrement masculins ou presque exclusivement
masculins (Lovshin, 1982 ; McAndrew, 1993 ; Penman et McAndrew, 2000). Des
descendances entièrement masculines ont été produites à partir des croisements suivants; mâle
O.hornorum × femelle O.niloticus (Lee; 1979), mâle O.aureus × femelle O.niloticus
(Wohlfarth, 1994), mâle O. mossambicus × femelle O. aureus (Pierce, 1980), mâle O. hornorum
× femelle o.mossambicus (Hickling, 1960) et mâle O. mossambicus × femelle O. spilurus niger
(Pruginin, 1967). D'autres croisements ont donné 50 à 98% de mâles. L'absence de progéniture
entièrement masculine, dans de nombreux cas, a été attribuée à la faible ségrégation des
géniteurs par sexe et par espèce, ainsi qu'à l'introduction d'hybrides dans les étangs de géniteurs
(Beardmore et al., 2001). Les Tilapiatrains peuvent également influer sur les résultats de
l'hybridation du tilapia, comme indiqué par Marengoni et al. (1998). Ces auteurs ont constaté
que, lorsque les femelles de tilapia du Nil étaient élevées avec le tilapia bleu, seule la souche
Stirling de tilapia du Nil produisait 100% de mâles tandis que la souche japonaise n'en
produisait que 91%.

17
Tableau 2 : hybridation de différentes espèces de tilapia pour produire des populations exclusivement
masculines (El-Sayed, 2006)
Espèces hybridées
Mâle Femelle % Mâle Référence
O. niloticus O. aureus 75-95 Pruginin (1967)
O. spilirus niger 93-98 Pruginin (1967)
O. homorum 75 Pruginin (1967)
O. aureus O. niloticus 50-100 Lee (1979), Wohlfarth (1994)
O. niloticus 100 Marengoni et al. (1998)
(souche stirling)
O. niloticus 96-100 Pruginin et al. (1975)
(souche ougandaise)
O. mossambicus 100 Beardmore et al. (2001)
Tilapia vulcani 93-98 Pruginin et al. (1975)
O. mossambicus O. aureus 89 Pierce (1980)
O. homorum O. niloticus 100 Lee (1979), Wohlfarth et al.
(1990)
O. mossambicus 100 Hickling (1960)
O. aureus 90-100 Pruginin (1967), Lee (1979)
O. spilurus 100 Pruginin (1967)
O. macrochir O. mossambicus 100 Majumdar et al. (1983)
O. spilurus 97.9 Majumdar et al. (1983)
O. niloticus 100 Pruginin (1967)

Tableau 3 : hybridation de différentes espèces de tilapia pour produire des populations exclusivement
féminines (El-Sayed, 2006)

Espèce hybridées
Mâle Femelle % Femelles Référence
O. mossambicus S. melanotheron 100 Peters (1963), Bauer (1968)
T. tholloni 100 Peters (1963), Bauer (1968)
O. niloticus S. melanotheron 100 Peters (1963), Bauer (1968)
T. tholloni 100 Peters (1963), Bauer (1968)

18
II. Matériel et méthodes

19
1) Présentation du site d’étude

La ferme modèle d’aquaculture est située Zaaibat (Menzel Cheker) à 38km de la ville de Sfax.
Elle contient 4 bassins en béton d’une superficie de 90m2 pour l’élevage larvaire et le pré-
grossissement, 7 bassins en métal de 4 mètres de diamètres et de volume 12m3 pour l’élevage
et 7 bassins implantés en terre (étang) d’une superficie de 400m2 pour le grossissement. (fig.7,
8 et 9).

Figure 7 : bassin en béton de la FMA

Figure 8 : bassin métallique de la FMA

20
Figure 9 : étang de la FMA

Les bassins en béton sont vidés par un trop-plein, pour les bassins en métal, l’évacuation se
fait par une vanne et pour les bassins implantés en terre, elle se fait à l’aide d’une pompe.

L’eau est évacuée vers Sebkhet Bou Jemel. (Figure 10)

Figure 10 : canaux d’évacuation

21
L’alimentation en eau se fait par un forage (fig.11)

Figure 11 : Forage pour l’alimentation des bassins

Les bassins en béton et en métal sont nettoyés une fois par semaine par une brosse avec un tri
et comptage des poissons.

Les poissons prêts à la vente sont déplacés vers une bassine de vente.

2) Matériel et préparation de l’aliment


Un hangar est implanté pour la fabrication de l’aliment. (fig. 12)

22
Figure 12 : Hangar de fabrication de l’aliment

a. Composition de l’aliment
L’aliment utilisé doit assurer un apport important en protéines et répondre aux exigences
alimentaires de l’espèce.

Le tableau 4 montre la matière première utilisée pour la fabrication de l’aliment.

Tableau 4 : Composition de l’aliment

Ingrédient Teneur (%)


Tourteau de Soja 24
Semoule 16
Maïs 16
Farine 16
Orge 16
Farine de poisson 10
CMV 2

b. Préparation de l’aliment
La préparation de l’aliment se fait comme suit :
- broyage du tourteau de soja, du maïs de l’orge (fig.13)

23
Figure 13 : broyeur utilisé pour la fabrication de l’aliment à la FMA

- Pesage des quantités d’ingrédients à l’aide d’une balance numérique.


- mélange de tous les ingrédients avec l’ajout de l’eau pour l’homogénéisation et de l’huile
végétale. (fig. 14).

Figure 14 : mélangeur utilisé pour la fabrication de l’aliment à la FMA

- transfert de l’aliment vers un hachoir à viande pour obtenir des granulés avec le diamètre
souhaité. (fig.15).

24
Figure 15 : Hachoir utilisé pour la fabrication de l’aliment à la FMA

- mise de l’aliment au soleil pour le séchage. (fig.16)

Figure 16 : Granulés semi-humides


c. Matériel biologique
L’étude est faite sur deux espèces de Tilapia :

- Tilapia du Nil (Oreochromis niloticus) : 215 pré-géniteurs de poids moyen 8g


provenant de la reproduction des individus de la ferme et 200 larves de leur
descendance

25
- Tilapia bleu (Oreochromis aureus) : 150 pré-géniteurs de poids moyen 2g dont les
mâles sont des supermâles (YY) provenant de la société Britannique Fishgen située à
l’université de Swansea en Pays de Galles spécialisée en GMT (Genetically Male
Tilapia) et 200 larves de leur descendance.

GMT (Genetically Male Tilapia) :

Ces mâles sont obtenus par l’utilisation de l'androgénèse pour produire des mâles YY.Les
tilapias androgéniques sont produits en traitant des œufs non fertilisés avec différentes
intensités et durées de lumière ultraviolette afin de tuer le matériel chromosomique. Les œufs
traités sont fertilisés avec du sperme non traité et soumis à un choc de pression avant le
premier clivage pour obtenir des zygotes diploïdes. Les embryons résultants ont un génotype
féminin XX ou masculin YY.

d. Capture et suivi de la croissance des pré-géniteurs


Chaque stock de pré-géniteurs est placé dans un bassin métallique circulaire.
La mensuration se fait d’une façon hebdomadaire avec un échantillonnage d’une vingtaine
d’individus.
L’échantillonnage se fait à l’aide d’une épuisette à faible maillage. (fig.17)

Figure 17: Epuisette utilisée pour la collecte des échantillons de pré-géniteurs à la FMA

26
Les individus capturés sont pesés par une balance numérique et la longueur de chaque
individu est mesurée par un papier millimétré. (fig.18, 19)

Figure 18 : mesure du poids de pré-géniteurs de Tilapia

27
Figure 19 : mesure de la longueur de pré-géniteurs de Tilapia

e. Suivi des paramètres physico-chimiques


Les deux paramètres mesurés sont l’oxygène dissous et la température de l’eau. La mesure est
faite à l’aide d’un multi paramètre.

f. Capture et suivi des alevins


Pour que les alevins soient dans les mêmes conditions, ils sont placés dans un aquarium divisé
en deux compartiments avec un filtre pour la propreté de l’eau et un siphonage tous les deux
jours. (fig.20)

28
Figure 20 : Aquarium de suivi de la descendance

Comme pour les pré-géniteurs la mensuration se fait à l’aide d’une balance et d’un papier
millimétré.

g. Paramètres et indices calculés


Pour estimer la croissance des poissons au cours de cette étude et caractériser l’efficacité de
l’aliment utilisé, les différents paramètres zootechniques et indices ont été calculés :

✓ Gain en masse corporelle

Appelé couramment gain de poids moyen, ce critère permet d’évaluer la croissance pondérale
des poissons pendant un temps donné. Il est calculé à partir de la formule ci-dessous :

Gain de poids moyen (g) = Poids final (g) – Poids initial (g)

✓ Croissance individuelle journalière (CIJ)


Appelé encore gain de poids quotidien (GPQ), cet indice permet d’apprécier le gain de poids
journalier des poissons en élevage. Il est déterminé à partir de la relation ci-dessous :

CIJ (g/j) = Poids final (g) – Poids initial (g) / Durée d’élevage (j)

29
✓ Indice de conversion

Ce coefficient couramment utilisé par les zootechniciens pour caractériser l’efficacité


d’utilisation de l’aliment est un rapport entre l’aliment distribué et le gain de masse
corporelle. En effet, le gain de masse corporelle est proportionnel à l’ingéré au-dessus du
besoin d’entretien. La croissance n’est possible que lorsque les nécessités principales du
métabolisme sont satisfaites, c'est-à-dire quand l'énergie introduite est supérieure aux besoins
pour les activités fondamentales des animaux, telles que la respiration, le mouvement et
l'excrétion.
IC= quantité d’aliment distribuée/ gain de masse corporelle

✓ Taux de survie et taux de mortalité

Le taux de survie est calculé à partir du nombre total de poissons à la fin de l’expérience et de
l’effectif en début d’élevage, selon la relation ci-dessous :
Survie (%) = Nombre de poissons final x 100/ Nombre de poissons initial
Mortalité(%)= effectif initial (100%)- taux de survie

30
III. Résultats et discussion

31
1) Résultats
1.1.Paramètres physico-chimiques
1.1.1. La température

L’Oreochromis niloticus est rencontrée en milieu naturel, à des températures variant de 12°C
à 35°C. Concernant l’effet de la température sur la reproduction, cette espèce ne peut pas se
reproduire au-dessous de 22°C, alors que la température optimale est entre 26 et 28°C
(Balarin et Hatton, 1979).
Lorsque la température baisse l’Oreochromis niloticus change non seulement de couleur en
Devenant sombre mais aussi de comportement : diminution de l’activité et perte de l’équilibre
(Atwood et al., 2003).

La figure 21 présente les variations de la température de l’eau au niveau des deux bacs de
Tilapia

30

25

20
Temérature (°C)

15
O. aureus

10 O. niloticus

Jour

Figure 21 : Variation de la température de l’eau

32
Le suivi de la température de l’eau au niveau des deux bacs durant la période de stage a montré
une oscillation entre 20°c et 26°C avec des valeurs maximales enregistrées au niveau du mois
de Juillet puisqu’on a atteint la période estivale.

Au niveau du bac contenant O. aureus, la température maximale est 25°C alors que dans le bac
contenant O.niloticus, elle atteint 26°C.

Les deux courbes ont la même allure avec une légère différence au niveau des valeurs. Ceci
peut être expliqué par la différence de la température au niveau de la canalisation.

Les valeurs de température se situent au niveau de l’intervalle de tolérance des deux espèces.
En effet, Eer et al, (2004) ont montré qu’une température qui oscille entre 20 et 30 °C est
généralement optimale pour la pisciculture et la croissance.

1.1.2. L’oxygène dissous

L’Oreochromis niloticus résiste remarquablement aux conditions anoxiques. Elle peut


supporter une teneur extrême de 0,1mg/L pendant une courte période (Magid et Babiker, 1975).
Cependant, une teneur minimum de 2 à 3 mg/L est recommandée en élevage pour éviter un
stress respiratoire qui affecterait la croissance et donc la production.
Les variations de l’O2 sont présentées par la figure 22.

4.5
Oxygène dissous (mg/l)

3.5

2.5 O. aureus

2 O. niloticus

1.5

0.5

Jour
Figure 22 : Variation de l’Oxygène dissous

33
La figure 22 montres deux courbes décroissantes avec des valeurs maximales de 4 mg/l et des
valeurs minimales de 2.3mg/l. les valeurs inférieures à 2.5mg/l vont avoir des conséquences
négatives sur le métabolisme des Tilapias (Magid et Babiker, 1975).

La décroissance des valeurs de l’oxygène dissous peut s’expliquer par la proportionnalité


inverse entre a dissolution de l’oxygène et la température.

1.2.Paramètres zootechniques

Durant l’élevage des pré-géniteurs, chaque espèce est placée dans un bac en métal avec le
même débit d’eau garantissant les mêmes conditions du milieu.

Le tableau 5 résume les différents paramètres zootechniques calculés pour les deux espèces
étudiées.

Tableau 5 : Paramètres zootechniques

Paramètres zootechniques Oreochromis niloticus Oreochromis aureus


Effectif initial 215 150
Effectif final 201 142
Taux de survie (%) 93.4 94.6
Taux de mortalité (%) 6.6 5.4
Poids moyen initial 9.2 2.35
Poids moyen final 26.8 10
Gain de poids moyen (g) 17.6 7.65
TCJ (g/j) 0.241 0.104

L’effectif de la Tilapia du Nil est passé durant la période de suivi de 215 à 201 avec un taux
de survie de 93.4% alors que pour la Tilapia bleue 142 ont survécu à partir des 150 avec un

34
taux de survie de 94.6% ce qui montre que la Tilapia bleue résiste mieux aux conditions du
milieu.

La Tilapia du Nil a gagné 17.6g de poids à raison de 0.241g/j alors que la Tilapia bleue a
gagné 7.65g à raison de 0.104g/j.

1.3.Croissance en longueur :
Les paramètres de l’équation de von Bertalanffy L∞ et K sont déterminés en utilisant la méthode
de Ford Walford basée sur la fonction Lt+1= f(Lt). Les résultats de cette fonction chez O.
niloticus et O. aureus sont présentés au niveau des Figures 23 et 24, respectivement.

11.9

11.4
y = 0.953x + 1.3033
R² = 0.7765
10.9

10.4
Lt+1

9.9

9.4

8.9

8.4
7.4 8.4 9.4 10.4 11.4
Lt

Figure 23 : Courbe de Lt+1= f(Lt) pour O. niloticus

35
9

y = 0.9892x + 0.7434
8.5
R² = 0.9812

7.5

Lt+1
7

6.5

5.5

5
4 5 6 7 8
Lt

Figure 24 : Courbe de Lt+1= f(Lt) pour O. aureus

Ainsi ;
- La courbe de croissance d’O. niloticus s’écrit :
Lt= 27.73*(1-e-0.05t)
Avec t0=0

- La courbe de croissance d’O. aureus est :


Lt= 68.83*(1-e-0.01t)

La figure 25 présente les courbes de croissance en longueur pour les deux espèces.

36
35

30

25
longueur (cm)

20

15 O. niloticus
O. aureus
10

0
0 10 20 30 40 50 60
temps (semaines)

Figure 25 : croissance en longueur d'O. niloticus et O. aureus

L’analyse comparative des courbes montre une croissance plus rapide d’O. niloticus au niveau
des 40 premières semaines mais qui va se stabiliser pour atteindre une valeur asymptotique
maximale de 27.73cm alors que O. aureus va continuer à croître.

Les deux espèces ont une taille de 24cm au niveau de la 40ième semaine.

1.4.Croissance en poids
La croissance en poids a été déduite de la croissance en longueur en utilisant la courbe
longueurs-poids :
Wt= aLb

Avec :

Wt le poids, a est une constante, L la longueur et b le coefficient d’allométrie.

b est généralement très voisine de 3 chez les poissons et comprise entre 2.6 et 3.6, donc en
prenant b= 3, et en portant dans l'équation de Von Bertalanffy , on trouve :

Wt=a L∞3[ (1-e-k(t-t0))]3 avec W∞= a L∞3

37
En remplaçant les paramètres calculés dans l’équation, on trouve :
- Pour O. niloticus :
Wt=1026,93*[1-e-0.048t] 3
- Pour O. aureus :
-
Wt=12717,38*[1-e-0.01t] 3

La croissance en poids est présentée par la figure 26.

1800
1600
1400
1200
Poids (g)

1000
800 O. niloticus
600 O.aureus
400
200
0
0 20 40 60 80
temps (semaines)

Figure 26 : Croissance en poids d’O. niloticus et d’O. aureus.

La courbe de croissance d’O. niloticus est sigmoïde présentant deux phases décrites par Brody
(1945).
Il distingue la phase avant le point d’inflexion appelée phase de « self-acceleration » et la
phase après le point d’inflexion, appelée phase de « self-inhibition ».
La courbe d’O. aureus est exponentielle avec une croissance plus lente au niveau des 50
premières semaines.
Les deux espèces atteignent 800g à la 50ième semaine.

1.5.Relation taille-poids :
La relation liant le poids d’un poisson à sa taille est de la forme :
Wt = a Lb

38
Où Wt est le poids, a est une constante, L la longueur et b le coefficient d’allométrie. Ce dernier
traduit la proportionnalité de la croissance du poids par rapport à celle de la longueur. Ainsi 3
cas peuvent se présentés :

• b = 3 : le poids croît proportionnellement à la longueur. On parle alors d’isométrie, et


les différentes parties du corps croit proportionnellement.
• b < 3 : le poids croît proportionnellement moins vite que la longueur. On parle
d’allométrie minorante.
• b > 3 : le poids croît proportionnellement plus vite que la longueur. On parle
d’allométrie majorante.
La détermination de a et b se fait à partir de la courbe en coordonnées logarithmiques. (Figure
27 et 28).

1.6

1.5 y = 2.6012x - 1.3173


R² = 0.9522

1.4

1.3
Log10 W

1.2

1.1

1.0
0.87 0.92 0.97 1.02 1.07

Log10 L

Figure 27 : Courbe logarithmique d’O. niloticus

39
1.1
y = 2.6341x - 1.4141
Log10 W 1 R² = 0.966

0.9

0.8

0.7

0.6

0.5

0.4

0.3
0.65 0.7 0.75 0.8 0.85 0.9 0.95

Log10 L

Figure 28 : Courbe logarithmique d’O. aureus.

Ainsi, la relation taille-poids pour O. niloticus et O. aureus s’écrit respectivement :

Wt=0,048*Lt2,6
Wt=0,039*Lt2,6

On remarque que b= 2.6 donc les deux espèces ont une allométrie minorante avec une
croissance en poids plus vite que la longueur.

La relation longueur-poids est présentée par la figure 29.

40
300

250

200
poids (g)

150
O. aureus

100 O. niloticus

50

0
0 5 10 15 20 25 30 35
longueur (cm)

Figure 29 : Courbe de croissance du poids en fonction de la longueur.

Selon le modèle de Von Bertalanffy, les deux courbes ont une même allure avec des valeurs
voisines.

Durant les 10 premières semaines, les deux courbes sont confondues, ceci est dû au faite que
les deux espèces ont le même coefficient d’allométrie (2,6).

L’effet de la constante « a » est remarquable à partir de la 10ième semaine.

2) Discussion

L’étude comparative des deux espèces parentales (O. niloticus et O. aureus) a permis
d’identifier les groupes les plus performants pour chacun des paramètres (taux de survie, taux
de croissance journalier, gain de poids moyen).
Les résultats ont montré que les taux de survie sont plus intéressants chez l’O. aureus.
Les meilleurs taux de croissance journaliers sont plus intéressants chez O. niloticus.
Le gain en poids est plus important chez O. niloticus.
D’une manière générale, O. niloticus semble plus intéressant qu’O. aureus. En revanche, les
coefficients de variation du poids final ne sont pas différents.

41
Les courbes de croissance ont donné des résultats en faveur d’O. niloticus. Il a globalement une
croissance plus rapide mais les deux espèces croient en poids par rapport à leurs tailles de la
même manière.
L’étude comparative entre les espèces parentales et les hybrides montrent que telles
qu’observées dans la présente investigation pour le taux de survie, le taux de croissance
spécifique, le coefficient de variation du poids final et l’indice de transformation alimentaire,
les performances des hybrides ne sont pas toujours intermédiaires entre celles des espèces
parentales. Ce résultat va dans le même sens que plusieurs études publiées dans le même groupe
d’espèces. En effet, lors de croisements effectués entre Oreochromis niloticus et O. aureus,
Doudet (1991) et Siddiqui et Al-Harbi (1995) notent chez les hybrides F1 des caractéristiques
de croissance (gain de poids journalier et indice de transformation alimentaire) plus
intéressantes que celles des espèces parentales. Une étude de la croissance d’O. niloticus, O.
macrochir et de leurs hybrides [O. niloticus (femelle) × O. macrochir (mâle)] a également
montré une croissance plus forte chez les hybrides (Micha et al., 1996). De même, Behrends et
al. (1982) indiquent que les hybrides (F1) issus du croisement entre O. hornorum et O.
mossambicus ont de meilleurs taux de survie et de croissance, comparativement aux espèces
parentales. D’autres auteurs (Siddiqui et Al-Harbi, 1995 ; Toguyeni et al., 1997) ont cependant
indiqué que les performances de croissance des hybrides pouvaient être comprises entre celles
des espèces parentales.
Par ailleurs, des hybrides interspécifiques se sont parfois montrés moins performants que les
souches parentales (Bartley et al., 2000). En effet, à la fin d’une expérience d’hybridation,
Otubusin (1988) indique que la croissance des hybrides [Oreochromis niloticus (femelle) ×
Sarotherodon galilaeus Linnaeus, 1758 (mâle)] est inférieure à celle des espèces parentales
dont ils sont issus. L’ensemble de ces travaux confirme les observations de Van der Bank (2000)
qui indiquent que les performances des hybrides ne sont pas toujours intermédiaires entre celles
des espèces parentales.
Selon Van der Bank (2000), cette différence s’expliquerait par : (1) l’augmentation du taux de
mutation chez les hybrides, (2) l’action de nouvelles combinaisons alléliques, (3) l’expression
ou non des allèles sous de nouvelles régulations et (4) la fixation des allèles récessifs.
Les facteurs environnementaux sont également susceptibles de faire varier l’hétérosis observée
(Ross, 2000). D’après l’étude comparative du taux de survie, les hybrides étudiés semblent plus
adaptés aux conditions d’élevage.

42
Conclusion
Le présent travail constitue une contribution à l’étude de l'élevage du Tilapia du Nil
« Oreochromis niloticus » ainsi que les supermâles de Tilapia bleu «O. aureus » et de leurs
hybrides. L'élevage larvaire, a montré une grande hétérogénéité au niveau de la masse et de la
taille vers la fin de cette phase, qui peut être expliquée par l’état de faiblesse physique et
physiologique associé à la fragilité que manifestent les larves durant leurs premiers stades de
développement, ainsi que leur sensibilité envers les manipulations liées à la procédure de
l’expérimentation.
L’étude des deux espèces parentales a montré qu’O. aureus s’utilise pour l’hybridation mieux
que la commercialisation.
Les résultats de l’hybridation sont encarageants.
La différence de performances moyennes (survie et croissance) entre les hybrides et leurs
parents est donc liée à des facteurs génétiques (Behrends et al., 1982 ; Siddiqui et Al-Harbi,
1995).
Bien que ce travail a permis l’étude de certaines caractéristiques de la F1 mais on n’a pas pu
bien étudier les propriétés de la F2 et son adaptation aux conditions d’élevage.
Il est également nécessaire de déterminer les besoins nutritionnels de la F2 pour élaborer un
aliment adéquat assurant la meilleure croissance.
Cette ébauche d’étude, qui devrait être poursuivie sur une période d’étude plus longue tout en
analysant d’autres variantes comme la variation da la densité et la nature de l’aliment, nous a
permis de faire ressortir à travers une analyse AFOM (Atouts – Faiblesses – Opportunités –
Menaces) certains axes forts ainsi que quelques axes faibles de cette unité pour une gestion
optimale des structures et des ressources.
Je recommande également de mieux organiser le hangar et les conditions de préparation des
aliments ainsi de nettoyer les appareils.

43
44
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