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INTRODUCTION

TANKOU PHILIPPE
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es nouvelles du monde poussent à la peur et à l’interrogation. Où al-

L
lons-nous ? Que vont devenir nos enfants ?

Le monde en effet vit une véritable crise morale et éthique, à l’heure où


les gouvernements de manière désespérée recherchent un nouveau
souffle pour remettre les pendules à l’heure et enclencher résolument
le développement, il est urgent de donner à méditer à nos contempo-
rains et aux générations futures : la vie des hommes qui ont marqué
notre temps. Nous sommes persuadés que nos élites, qu’elles soient
politiques, économiques, et intellectuelles n’ont pu arriver au sommet
et s’illustrer comme des références, que parce qu’elles sont porteuses
de valeurs essentielles, susceptibles de servir d’exemple aux jeunes qui pour l’essentiel
n’ont plus de repères. Nous sommes convaincus que la vie de tout leader est riche d’en-
seignements que chacun peut capitaliser et s’en inspirer pour construire lui-même ses
propres victoires.

Nous avons besoin pour nous propulser vers les cimes, de ressorts solides fondés sur
des valeurs de travail, d’engagement, d’honnêteté et de courage.

Celui qui retient notre attention aujourd’hui peut prétendre à juste raison être dépositaire
de ces valeurs.

Il s’agit de : Philippe TANKOU. Patriarche, grand bâtisseur, grand pourvoyeur d’emplois et


l’un des poumons du développement économique de la Région de l’Ouest et même du
Cameroun, ces 50 dernières années.

Sur ce chemin sinueux de la réussite, il s’est entouré au fil des années des hommes de
qualité, sélectionnés sur la base de leurs probités morales, religieuses, professionnelles
et même sociales.

Nous ne saurons ne pas nous référer à cette pensée célèbre de Berthold Brecht « Celui
qui ne connaît pas la vérité est un ignorant, celui qui connaît la vérité et la cache est un
criminel » certains ont réussi grâce à la fortune héritée de leurs parents, d’autres grâce à
la politique et aux lobbys. Mais très peu ont réussi par leur travail et par leur dévouement.

Philippe TANKOU appartient à cette catégorie de personne dont la réussite relève du tra-
vail, du discernement, de la persévérance, de l’abnégation, du goût du sacrifice, de la foi
en Jésus Christ et de l’honnêteté pour ne citer que ces caractéristiques.

En réalité, c’est quoi la réussite sociale ? Elle intègre à notre modeste avis plusieurs facteurs
dont voici quelques uns que nous essayerons de commenter.

- L’assise matérielle et financière


- L’assise sociale
- L’assise intellectuelle
- L’assise psychologique
- L’assise religieuse

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- L’assise physique
- L’assise organisationnelle.

Certainement il y a bien d’autres, mais nous nous limiterons à ces aspects :

- L’assise matérielle et financière


Il s’agit ici tout simplement de la surface matérielle et de la surface financière. En effet
nous voulons parler de l’avoir visuelle, ce que l’on possède comme biens meubles et biens
immeubles, lorsque leur quantification est relativement importante.

- L’assise sociale
Lorsqu’on donne à travers le travail, un revenu pécuniaire a des milliers de personnes,
assurant pour ainsi dire leur subsistance et cela pendant plusieurs décennies.

- L’assise Intellectuelle
Un profil académique assez élogieux peut être un atout, mais non une fin en soi. Il y a
des personnes qui n’ont pas fait des hautes études, mais qui sont d’une culture extraor-
dinaire. En définitive, il faut connaître quelque chose de tout être bien informé et de façon
permanente.

- L’assise Psychologique
On a souvent dit que maîtriser le monde, c’est bien, mais que se maîtriser c’est mieux. Ce
qui caractérise les grands hommes c’est leur comportement peu habituel face aux évè-
nements : ils savent se maîtriser. Ils encaissent à longueur de journée les problèmes fa-
miliaux des collaborateurs en trouvant des solutions financières et morales. Tout en étant
patron ils jouent le rôle de « père » pour leurs collaborateurs.

- L’assise religieuse
Les patrons qui ont peur de Dieu et qui le placent comme leur guide sont plus humains.
Ces hommes cultivent l’amour de Dieu, l’amour du prochain, surtout l’humilité, la tempé-
rance, la modestie et la patience.

- L’assise Physique
Ceux qui ont réussi ont de très bonnes conditions physiques et une grande volonté, ils
n’aiment pas la fainéantise quand ils ne travaillent pas ils s’ennuient. Même quand ils
sont en vacances, ils sont toujours très rapprochés de leurs activités. En réalité ils n’ont
jamais à proprement parlé de repos.

Einstein disait « le succès, c’est 99% de travail et 1% de génie »

Un penseur disait : « la différence entre la pile Wonder et le système nerveux est que la
pile ne s’use que lorsqu’on s’en sert et le système nerveux ne s’use que lorsqu’on ne s’en
sert pas ».

Bref ce sont des gens travailleurs qui ne tolèrent pas les paresseux autour d’eux.
L’assise organisationnelle

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Ceux qui réussissent sont des gens méthodiques, ils ne font rien au hasard, leur temps
est planifié (la journée, la semaine, le mois et même l’année), en un mot ils prévoient tout.
Et ne reçoivent habituellement que sur rendez-vous. Ce n’est pas une marque d’orgueil,
c’est tout juste un sens d’organisation, et une gestion positive et rationnelle du temps. Ne
dit-on pas : « le temps c’est de l’argent ».
L’organisation englobe tout : le temps du travail, le temps de repos, le temps de loisir le
temps des visites, le temps du sommeil.
Le roi Salomon disait par la voir d’Ecclésiaste dans la Bible qu’il faut un temps à tout. Il est
très difficile de réussir dans la vie quand on n’est pas organisé.
Pour nous résumer, disons tout simplement que Philippe TANKOU applique tout ce que
nous venons de citer au quotidien.

Autres lieux, autres faits


Si comme beaucoup j’entendais parler de Philippe TANKOU je ne le verrais pour la pre-
mière fois qu’en 1968. Ce jour là, en cette rentrée 1968, toute l’école publique de Dang à
Bamendjou était en ébullition. Je faisais le C.E.I. L’école comptait plus de 2000 élèves.
Pourtant on était tous sorti des classes, les maîtres aussi, pour vivre un fait inédit.

Il y avait un Monsieur sur un cheval, son épouse était aussi sur un autre cheval. Le couple
longeait la route principale, où allaient-ils ? On n’en savait rien.

Les élèves étaient contents de marcher derrière les chevaux. Les maîtres par pudeur
s’étaient arrêtés et regardaient d’un œil contemplatif.

Ce monsieur, c’était Philippe TANKOU et la dame était son épouse.


On le voyait déjà très souvent, mais au volant de sa voiture, c’était la première fois qu’on
le voyait à cheval.

C’était un homme du terroir qui vivait à Bafoussam. Il avait une résidence à Bamendjou,
sur une colline. La luminosité nocturne de cette belle maison, qui était aussi la plus belle
du village, était irrésistible de nuit. Il n’y vivait pas continuellement. Il arrivait seulement les
week-ends. Il avait un grand Collège à Bafoussam. Le collège de la Réunification qui était
le plus grand collège de la ville et même de l’Ouest. C’était un grand homme d’affaires.

Pour nous, pour le village c’était l’homme le plus riche du monde.

Les enfants courraient ainsi derrière les chevaux, jusqu’à ce qu’un groupe se fatigue et
que d’autres prennent le relais. Tout en scandant des cris de joie.

En ces années 1968, un seul établissement public était apte à accueillir les élèves de la
classe de 6ème : c’était le collège d’enseignement général de Bafoussam.

Le prestige de Monsieur TANKOU Philippe venait du rayonnement du collège de la Réu-


nification, seule structure privé laïc apte à accueillir les milliers d’enfants qui sortaient du
primaire.

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Le collège d’enseignement général de Bafoussam pour près de 50 000 candidats pour


l’entrée en 6ème ne pouvaient disposer que de 240 places pour 6 classes de 6ème soit
une moyenne de 40 élèves par classe non compris les redoublants, les transferts d’élèves.
Mais surtout les enfants de centaines de Fonctionnaires, nouvellement affectés dans la
ville et donc l’inscription de leur progéniture était une priorité.

Pour ainsi dire, il y avait un seul C.E.G par Chef lieu de département. Et dans l’incapacité
de résorber tout ce flot supplémentaire d’élèves, la planche de salut pour tout le monde
était le collège de la réunification qui devra impérativement accueillir les élèves en pro-
venance des départements suivants :
- NDE
- MIFI
- HAUT-NKAM
- NOUN
- BAMBOUTOS
- MENOUA

Il est vrai qu’il y avait les collèges missionnaires mais ceux-ci s’occupaient surtout des
élèves qui sortaient des écoles missionnaires.

Au début, l’école au Cameroun était tenue de mains de professionnels par les mission-
naires européens. Ensuite viendront les écoles publiques tenues une fois de plus au début
par des expatriés.

A la fin nous aurons des nationaux qui vont se substituer aux expatriés.

Le premier homme qui a osé et qui a réussi à créer la première institution privée Laïc en
1963 sera TANKOU Philippe avec Le collège de la réunification. Le Coup d’essai sera le
coup de maître. Le cadre était calme, l’endroit était éloigné des bruits du centre ville, le
travail était méthodique et soigné, le succès était la règle d’or.

Aujourd’hui encore nous nous posons des questions : A quoi pensait-il lorsqu’il ouvrait ce
collège ? Il avait vraiment trop osé.

Quand un Lycée sera crée à Bafoussam, afin de ne pas créer la Cacophonie. Les popu-
lations l’appelleront spontanément le Lycée d’en Haut, et la Réunification le Lycée d’en bas.

Il y avait même plus d’élèves très souvent au Lycée d’en bas qu’au Lycée d’en haut.

A Bamendjou où nous vivions, le club mythique de village, La Renaissance sportive de


Bamendjou avait plusieurs de ses joueurs qui fréquentaient au collège de la Réunifica-
tion.

A la frontière de Bamendjou et de Bameka, Les bandits et les maquisards dictaient leur


loi. Le domicile de Tankou était à un kilomètre de cette frontière que tout le monde redou-
tait. Comment un riche pouvait-il se jeter ainsi dans la gueule des loups. Avec quelques
gardiens, il y vivra cependant sans redouter, ni avoir peur de qui que ce soit. Une grande

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leçon se dégage ici, on ne saurait devenir riche, si l’on n’est pas courageux. Pour devenir
aussi riche, il ne faut pas faire comme tout le monde, puisque la pauvreté est la règle
et la richesse l’exception.

La situation géographie de la maison nous enseigne aussi que pour réussir il faut être
avec des gens sans forcément vous confondre à eux.

Au fil des années, lorsqu’une belle voiture passera au village, ce sera la voiture de Mon-
sieur TANKOU. Il y aura ainsi plusieurs belles voitures qui sortiront le village de sa torpeur
et de sa monotonie.
En lui apportant un souffle nouveau, pour tout le monde, la référence universelle de mesure
était l’européen, or Monsieur Tankou avait des voitures plus belles que celles des européens.
Il dépassait les blancs.

En un mot, un fils du village était plus sage et plus riche que les blancs.

En 1972, j’entre en classe de 6ème au collège Elie Allegret de ‘’MBO’’ pour des raisons de
convenance de mes parents. Jusqu’à la je n’avais jamais vu le collège de la Réunification.
Mais je savais qu’il se trouvait à la sortie nord de Bafoussam.

En 1974-1975, 1975-1976, Elève en 4ème puis en 3e au CES de Bafoussam, je découvre le


Réunification à la faveur des rencontres sportives interscolaires.

Mais déjà il faut préciser que depuis 1972 je découvre que le collège de la réunification a la
meilleure équipe de football de la ville de Bafoussam, il en est de même de volley-ball, de
Basket Ball, et de Hand-ball.

C’est en me rendant à ces rencontres qui attiraient tous les jeunes de la ville que je découvre
l’imprimerie de l’Ouest ou l’Imprimerie Tankou.

C’était la seule imprimerie de l’Ouest. Tous les besoins en imprimerie dans l’Ouest passaient
par cette imprimerie. C’était une belle opportunité pour tout le monde qui devait se rendre
à Douala où à Yaoundé pour des travaux similaires.

Les ordinateurs n’existaient pas, comme aujourd’hui. Les services publics et privés, les Eta-
blissements confessionnels tous avaient besoin des produits d’imprimerie. La commande
était forte. La demande de service était supérieure à l’offre de service. Le service était de
qualité.

A Bafoussam, il vivait au dessus de l’imprimerie. C’était un notable de la ville. Un homme


respecté, très écouté, mais aussi très humble, connu de tout le monde.

Une maison à étage était un évènement. Une maison sur une autre, cela se respectait.
C’était aussi une marque de prospérité et de réussite sociale.

En tout cas, il était logé comme doit être logé un riche.

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Lorsqu’on amorçait la légère descente à 500m de la librairie. Une vue extraordinaire s’offrait
à vous, au loin vous voyiez le mont Bamboutos, les villes de Dschang, Bansoa, Mbouda,
Babadjou et autres. Le camp militaire était à 3 kilomètres de là. La mairie rurale était non
loin. C’était l’endroit le plus beau de la ville de Bafoussam. Cette zone deviendra plus tard la
zone résidentielle. Les opportunités de logement s’étendent à perte de vue.

Aujourd’hui en 2011, on dit le quartier Tankou. Les destinations dans les taxis sont variables
: « on descend du taxi avant ou après le collège de la Réunification » en d’autres termes «
on sort du taxi avant ou après le collège TANKOU ».

Il a déménagé depuis longtemps pour vivre non loin de son collège afin d’avoir plus d’es-
pace et plus d’air. Peut être aussi afin de vivre dans un cadre plus discret et pour ne plus
être trop vu.
L’arrivée d’un grand homme, ne passe pas inaperçu. Le même jour qu’il arrive sera connu
de tout le monde.

Sur la grande route, les populations baptiseront un lieu « Entrée domicile Tankou ».

Depuis près de 25 ans, on comprend tous les jours, à longueur de journée cette forme
d’interpellation aux taxis :
« Avant Entrée domicile Tankou »
« Entrée domicile Tankou »
« Après Entrée domicile Tankou »

Quelque soit le lieu où vous vous trouvez dans la ville de Bafoussam, vous ne sauriez pas-
ser une journée sans entendre cela une centaine de fois.

Selon certaines indiscrétions la route principale qui va de la barrière de pluie à la sortie


Nord de la ville porte le nom « Avenue TANKOU Philippe ».

Une question se dégage, cependant qu’est ce qu’il allait chercher dans cette zone. Alors
que tout le monde voulait vivre au quartier Tamdja, au quartier Famla, au quartier Djeleng,
il aurait pu choisir le côté de la route de son Bamendjou Natal.

• Le côté de la route de Foumban


• L’entrée Sud de la ville de Bafoussam.

Nous arrivons à un constat très fondamental, ceux qui réunissent, ceux qui sont riches
sont doués d’une intuition extraordinaire, ils sont également doués d’une intelligence,
d’une sagesse, d’un sens de discernement très aigus.

Spontanément, ils regardent un lieu, ils se disent, je ferais fortune là-bas. Ils s’installent et
font fortune.

Un grand nombre des hommes d’affaires Bamiléké ont construit leur fortune au Sud, au
Centre, dans le Littoral, au Nord, à l’Est, hors du Cameroun.

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Philippe TANKOU appartient à cette espèce rare qui aura construit sa fortune à Bafoussam.
La ville lui est et lui en sera toujours indéfiniment reconnaissante.

Il est l’homme qui, par ses activités multiples aura résorbé le problème de chômage des
jeunes et des adultes depuis plus de 50 ans. Peut être c’est la prière de ces milliers de
personnes qui lui donnent la bonne santé qu’on lui connaît. C’est vrai qu’à 80 ans on n’en
voudrait pas à Dieu si de temps à autres quelques petits ennuis de santé apparaissent
et se dissipent.

TANKOU Philippe aura à sa manière écrit les plus belles pages de l’histoire passée, pré-
sente et future de la ville de Bafoussam.

Qui ne connaît pas la boite de nuit ‘’ La paillote’’ première boîte de nuit de l’Ouest qui aura
crée les grands musiciens comme Talla André Marie qui lui doit sa première guitare lequel
dira dans une de ses chansons « Philippe Tankou est un créateur, il fait ce que d’autres ne
font pas et n’ont pas pensé faire »

On lui doit des grandes vedettes comme Alhadji Touré.

On lui doit aussi une autre grande boîte de nuit ‘’le Metro’’. Pourtant l’homme n’aime ni
aller en boîte de nuit, ni danser. Il s’y rendra quelques rares fois, beaucoup plus par cu-
riosité. La visite avisée de l’homme d’affaires qui veut s’enquérir sur l’évolution réelle de
son activité.

Sa préférence ce sera les danses traditionnelles dans lesquelles, il aura gravi tous les
échelons.

Chacun à Bafoussam a eu à un moment donné à profiter d’une manière directe ou


indirecte du génie créateur de l’homme.

On se souviendra longtemps à Bamougoum de la société de poissonnerie « Les Etangs »


5 au total.

On se souviendra à Baleng du collège Nelson Mandela à cycle complet, de l’école pri-


maire les Allouettes à cycle complet.

On n’oubliera pas de si tôt L’Université Tankou, premiere institution supérieure de la ville de


Bafoussam et que dire de ces ponts qu’il a réalisé sur fonds propres pour relier les quar-
tiers.

Tout cela fait la fierté de la ville de Bafoussam et de ses environs.

La société des provenderies de Bamougoum l’un de ces fleurons a fait vivre des milliers
de personnes. Et que dire, ou penser de la ‘’Radio Tankou’’ en modulation de fréquence
qui berce la ville, la région de jour et de nuit par ces émissions alléchantes et intellectuelles.
Il aime dire de sa résidence de Bamendjou.

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« Dieu seul m’a donné cette intelligence et ce sens aigu du discernement.

Aujourd’hui, tout comme hier, tout le monde apprécie ma colline de Bamendjou. »

L’activité agricole n’est pas du reste 79 hectares de champs du côté du Noun qui alterne
la culture des palmeraies et des cultures vivrières de grande consommation.
A travers elle nous obtenons :
- La production de vin de palme
- La production de l’huile de palme très prisée
- La production de l’huile de noix de palme ou huile blanche qu’on appelle « finoline ».
- La production des tourteaux pour les fermiers.
- La production des coques de chauffage à usage domestique à but écologique pour
suppléer au bois qui se fait rare et donc la destruction entraine la désertification.
- La production massive de maïs et autres pour faire reculer la famine.
Sans oublier la réduction du chômage par la création des emplois.
Comment oublierons-nous le Collège Tankou à Bamendjou.
Comment ne pas penser à l’école primaire les 4 vents de Bamendjou.

Que dire d’autre de Phillipe Tankou, sinon qu’il est un grand bâtisseur, il a construit beau-
coup de grandes maisons à usage domestique dans la ville de Bafoussam, qui font la
fierté et la beauté de la ville.

On ne lui connaît que des admirateurs. Il aurait pu construire des Collèges partout dans
la ville. Mais il a préféré donner la chance à d’autres.

D’où vient le génie débordant de Tankou.


Est-ce de son ethnie Bamiléké ?
Est-ce de sa culture ou de sa prédestiné ?
Est-ce de ses parents ?
Est-ce des autres ?
Est-ce de Dieu ?

Nous essayerons de comprendre tout cela en parcourant ce livre, en étant ses yeux et
ses oreilles. Nous vivrons donc avec lui ses 80 années passées dans ce monde, plein de
vicissitudes et d’incertitudes. Un monde où l’ingratitude est la pierre angulaire. Un monde
africain ou « chacun a tendance à s’asseoir et attendre que d’autres vous poussent ». Un
monde où les repères sont rares, la médiocrité, la médisance, l’incompétence sont les rè-
gles d’or.

L’histoire est truquée sinon biaisée. Pourquoi passe-t-on autant d’années à étudier dans
les écoles la vie de tous ces grands hommes qui ont construit l’Europe et on ne pense ja-
mais à ceux qui ont construit notre pays ?

L’une des finalités des sciences économiques dont je suis docteur est la création et la ges-
tion des unités industrielles et commerciales.

On pense peu ou pas du tout à ceux qui ont construit des entreprises dans notre pays et
qui ont fait notre progrès économique.

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On enseigne aux enfants des théories d’ailleurs dans nos universités et nos grandes
écoles qui ne seront jamais appliquées à notre contexte.

La conséquence immédiate est la rupture qui existe entre l’offre d’emploi et la demande
d’emploi.

Les demandeurs d’emploi ne répondent pas aux aspirations et aux buts des chefs d’en-
treprise.

On passe tout le temps à enseigner aux étudiants à devenir des employés qu’ils ne de-
viendront jamais et non à créer des patrons et des générateurs des bénéfices, d’où la
flambée des chômeurs qui inondent nos villes et nos campagnes.

Ces chômeurs qui embarrassent leurs parents, écument les rues et sont des éternels plai-
gnants.

A quoi cela sert-il de maîtriser toutes les théories économiques si on ne peut pas les rendre
utiles.

L’urgence de la mise au programme de la vie des grands opérateurs économiques de


chez nous, ce sera en tout état de cause un commencement de solution, à moins qu’elle
ne soit la solution.

Nous enseignons et nous étudions les théories de là-bas, alors qu’ils n’étudient pas les
théories d’ici.

« Nos bibliothèques, nos aînés vont un jour nous quitter sans que nous ne sachions
qu’elles étaient leur recette, c’est-à-dire le secret de leur réussite ».

Entre temps, l’opinion publique entretient une idée absurde, fréquemment répandue et
bien entretenue : « Ceux qui sont riches sont des sorciers, ils sont compliqués, ils tuent
pour s’enrichir, ils invoquent l’argent, ils traitent avec le diable »

Par contre on dira de Bill Gates, de Ford, de Mitsubishi et de bien d’autres qu’ils sont des
surdoués.

Dans ses multiples investissements Phillipe Tankou ne s’est jamais dispersé, sauf quand
il a fallu s’acheter une résidence à Paris pour ses vacances.

Toutes ses activités sont concentrées à l’Ouest du Cameroun.


Actionnaire, il l’a été dans beaucoup d’entreprises notamment les brasseries du Came-
roun, la S.A.AR (Société Africaine d’Assurance et de Réassurance). Il a du vendre ses ac-
tions aux Brasseries et dans le groupe Fotso (il cède le F.A.B.A.S.E.M au groupe Fotso) «
pour sauver sa tête » quand Didier Nzongang célèbre magistrat de la Cours Suprême
l’envoie injustement en prison, par l’entremise des magistrats du siège de la Cours d’appel
de Bafoussam, qui exécutent à la lettre le désirata de leur patron pour six mois.

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Ceci soulève un problème très sérieux. Au Cameroun l’homme d’affaires n’est pas res-
pecté à tous les niveaux. Un fonctionnaire peut décider de la mort de qui il veut quand il
veut, d’où la corruption criarde et manifeste de l’appareil étatique. Pourtant ce sont les
hommes d’affaires à travers les impôts qui font vivre l’Etat. L’Etat n’a rien pour fonctionner
sinon les impôts et les taxes qu’il perçoit. Il est urgent que l’Etat prenne conscience du
grand rôle du milieu d’affaires. Les officiers d’armée ainsi que les fonctionnaires ont des
dizaines de militaires qui les gardent or il n’en est pas de même des hommes d’affaires.
Les hommes d’affaires prennent chaque jour des décisions périlleuses qui mettent leur
vie en danger :
• licenciement des personnels indélicats,
• fermeture et extension d’entreprises,
• entrées et sorties des lourdes sommes d’argent de banque,
• conflits divers avec des créanciers et des débiteurs,
• jalousie et haine des concurrents,
• Menace de toute sorte.

Depuis que des hommes d’affaires européens arrivent chez nous en visite guidée sous
la couverture de leur gouvernement quand est ce qu’on a organisé des visites similaires
à nos hommes d’affaires ?

Ces six mois de prisons furent une épreuve très dure pour toute la ville de Bafoussam,
pour la grande famille des hommes d’affaires du Cameroun, pour l’empire Tankou, pour
la famille, ainsi que les amis de Tankou.

Le gouvernement observa indifférent à tout et des fonctionnaires attendront de recevoir


injustement des subsides de l’ordre des milliards de nos francs pour le libérer.

Deux facteurs essentiels déterminent dans notre pays le Cameroun, si un lieu est vivable
ou pas, en un mot si on peut oui ou non vivre dans une ville :
- L’haoussa ou le bororo qui vend la viande rôtie au feu de bois « le soya »
- Le bamiléké qui tient sa boutique

Si vous n’êtes pas en face de ces deux aspects, faites votre valise et continuer votre route.
C’est qu’il se trouve que le lieu est dangereux.

Nous reviendrons longuement sur l’histoire des Bamiléké dans ce livre pour ce qu’il est
de leur dynamisme, leur mode de vie, leur histoire passée et présente. Cette forme d’ex-
pression permettra d’expliquer le contenu (Philippe Tankou) par le contenant les bami-
léké.

Entrons dans le vif du sujet : Philippe Tankou.

Multimillionnaire ensuite multimilliardaire, une fortune construite solidement, surement,


progressivement depuis une cinquantaine d’années. Tankou qu’on aurait écrit s’il venait
au monde dans la zone anglophone du Cameroun Thank You c'est-à-dire merci est un
homme aux multiples casquettes constructives et positives.
La ville de Bafoussam lui restera à jamais reconnaissante d’avoir contribué pour une
bonne part à sa prospérité.

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A 80 ans, il se rend à son bureau de Lundi à Vendredi de 8 heures à 18 heures avec une
pause déjeuner à midi. Le mot retraite existe finalement pour les autres. Il est entré pré-
cocement dans le monde des affaires et il y reste encore, il y restera encore longtemps.

Dieu veille sur lui à travers la Chapelle Saint Antoine qu’il a construit dans sa grande et
belle résidence de Bamendjou. Il y a le Seigneur Jésus Christ qui est omniprésent et om-
nipotent. Au Caveau familial situé sous la chapelle les restes de : son papa, sa maman,
son fils ainsi que sa première épouse veillent sur ses nuits et l’accompagnent pendant
ses journées.

Revenons à son incarcération de triste mémoire :

C’était cruel, il n’y a qu’au Cameroun qu’on voit cela, de grâce que le gouvernement
prenne ses responsabilités et arrête ces pratiques dignes du Moyen âge. C’est entre
autre ces pratiques qui auront empêché les hommes d’affaires qui fuyaient la guerre
en Côte d’Ivoire de poser leur valise chez nous.

TANKOU Philippe est un homme d’affaire complet :


- Sociologue
- Psychologue
- Ethnologue
- Politologue
- Economiste
- Historien
- Géographe
- Banquier
- Financier

Pour être un bon patron, il est avant tout un bon père de famille au sens strict comme au
sens large. Dieu lui aura certes donné la grâce d’avoir 21 enfants des petits fils et des ar-
rières petits fils, de plusieurs femmes (5 au total avec Etat civil) et deux autres.

Il est aussi le père de tous ses employés, et Dieu seul sait o combien nombreux, il en a
eu, ils l’appellent tous papa, même ceux qui par le passé le dépassaient en âge. Il n’y a
que les 3 blancs qu’il recrute dans ces années avant gardiste où le culte du blanc est au
Sommet, solidement encré dans la conscience du noir qu’il est le plus riche, le plus intel-
ligent et le plus fort. Ceux-ci l’appellent patron. Ils sont payés à des prix forts, leur recrute-
ment effectué à Paris avec en plus du salaire hautement négocié :
- Les primes d’expatriement
- Le logement
- Le gardiennage
- Les billets d’avion (pour venir au Cameroun et aller régulièrement en France passer les
vacances avec femmes et enfants). C’est une vraie révolution, un noir qui commande les
blancs, on n’avait jamais vu cela. On était habitué à l’inverse.

L’argent rend hautain. L’argent rend fou. L’argent fait mépriser les autres, l’argent empêche
d’écouter les autres. Phillipe Tankou est resté toute sa vie humble, il fut même trésorier du

TANKOU PHILIPPE
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Comité de développement du village Bamendjou. Il est Moumbé Nsah Gouong à Ba-


moungoum c’est-à-dire grand commandeur dernier rang de notabilité après le chef. Il
est aussi Moumbé Wenda à Bamendjou, dernier rang de notabilité après le chef Bamend-
jou, puisqu’il n’y a pas de sous chef à Bamendjou. L’ancien chef Baleng l’avait aussi sollicité
mais il ne l’a pas voulu. Ces rangs de notabilités sont transgénérationnels c’est-à-dire
vont de père en fils et de fils en petits-fils. Mais c’est lui qui marque le début.

Les joueurs de renaissance de Bamendjou et du Racing de Bafoussam seront exempts


de pension au Collège de la Réunification. Pour contribuer au rayonnement sportif de la
ville de Bafoussam, il mettra à contribution des millions de francs dans le Racing club de
Bafoussam pendant qu’il assure sa présidence, même avant et après.

Que dire d’autres, dans notre pays il y a un dualisme ou une dualité contradictoire extra-
ordinaire. Tout le monde aime l’argent, et tout le monde a peur de l’argent. On a besoin
d’argent pour vivre et on fuit l’argent. Il y a peu de gens qui sont riches et qui vivent décem-
ment, on a peur d’être tué. A un journaliste qui lui demandait à la télévision s’il était riche,
Fotso Victor répondra :
- Je suis riche et même très riche. Si je disais le contraire même Dieu se fâcherait de moi.
Tankou Philippe va braver cette stupide croyance. Il met son nom partout. Il brandit fière-
ment ce nom, donc il est digne. Son nom traverse les murs pour entrer dans les maisons.
Ses propos sont considérés comme des vérités d’évangile. Dans les lieux publics ou privés
on entend très souvent dire : « Tankou disait : … ».

Il est une référence, il est un modèle, son comportement est digne, il ne fume pas de ci-
garette, ni de cigare. Vous ne le verrez jamais dans une vente à emporter. Vous ne le ver-
rez jamais ivre. Il ne vous tiendra jamais des propos irrévérencieux. Des mères d’enfants
nourriront dans leur for intérieur le rêve de voir leurs enfants devenir comme Tankou.

Et pourtant, hélas il doit écumer des tonnes de poussière, nuisible à la vue et à l’odorat
qui jalonne ses 40 kilomètres de route quotidien de Bamendjou à Bafoussam et vise versa,
en saison sèche. Et une route boueuse et impraticable en saison de pluie.

« Il y a de cela plusieurs années, j’avais demandé et obtenu des banques une surface fi-
nancière pour goudronner cette route, et à travers le mécanisme des péages recouvrer
mon investissement au bout d’un certain nombre d’années. Ma demande accusa un refus
net auprès des autorités administratives »

C’était un visionnaire, aujourd’hui le gouvernement convie les hommes d’affaires à gou-


dronner les routes et à recouvrer leur mise. Il fut un temps où le gouvernement se croyait
capable de tout faire or aujourd’hui c’est impossible. Le gouvernement appelle de toutes
ses forces et tous ses vœux les opérateurs économiques dans ce sens.

« C’est trop tard, je suis fatigué, je n’investis plus, je préserve et j’entretiens les acquis »

Nous espérons tout simplement qu’à la lecture de ce livre, des milliers d’autres Tankou
vont s’éclore partout dans le monde. « Il n’y a pas de bonheur à être heureux seul ».

TANKOU PHILIPPE
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En attendant quelles sont les attitudes qui prédisposent à la fortune. Qu’est ce qu’on
mange ? Comment vit-on ?
« vous êtes venu au monde, le jour où la nuit ?
- Je ne sais pas
- Vous vous rappelez au moins de l’heure de la nuit, ou du jour où vous êtes né ?
- Franchement je ne sais pas, je suis né en Août 1932 »
Les missionnaires tenaient les fiches de naissance. Un catéchiste c’était un homme lettré
qui savait mieux que quiconque l’utilité des écrits.

Dans notre démarche nous parlerons longuement de l’homme pris dans on individualité :
la vie de Tankou c’est l’étude de ses 80 ans, et de l’homme pris dans sa globalité : les Ba-
miléké. Nous ferons des grandes analyses là-dessus, pour voir si ce n’est pas de là que
vient sa richesse ou bien son sens inné et surdoué de la création d’entreprise, de la créa-
tion des richesses et de la réussite dans la création de ces richesses.

Pour vous prouver sa flexibilité, je tiens tout simplement à dire qu’il y a deux mois il ne me
connaissait pas. Je lui ai proposé mes services en lui montrant d’autres écrits que j’ai réa-
lisés et j’ai eu son accord.

Je lui ai aussi dit qu’après lui ses enfants pouvaient tout brader, mais que la seule chose
qu’on ne bradera jamais c’est un livre écrit sur lui.
D’une pierre, il fera plusieurs coups :
- La publicité de ses instituts
- Une autre voie de pénétration dans la postérité
- Une grande contribution à l’édification de la société.

Les hommes exceptionnels ont toujours des goûts particuliers. Alors qu’il a des résidences
partout à Bafoussam. Il choisit la formule la plus pénible à savoir, parcourir 40 kms tous
les jours, c’est-à-dire de Bamendjou à Bafoussam et vise versa pour aller travailler. Sur
une route poussiéreuse en saison sèche, et boueuse en saison de pluie : une route hau-
tement poussiéreuse en saison sèche et grandement boueuse en saison de pluie.
« J’avais obtenu des banques un prêt pour goudronner cette route, et récupérer mon in-
vestissement au bout d’un certain nombre d’années, ma demande auprès des autorités
restera lettre morte, l’impraticabilité de cette route a causé beaucoup de pertes en vie hu-
maine. A l’époque j’étais jeune et débordant d’activité, aujourd’hui même si on me donnait
l’accord, je ne le ferais plus en raison de mon âge relativement avancé ».

Pour devenir riche, il faut anticiper, c’est-à-dire penser et faire avant tout le monde. Le mi-
métisme et le suivisme ne sont pas l’art essentiel de l’homme riche :
• Il crée la première librairie de l’Ouest du Cameroun. ‘’Librairie Tankou’’
• Il crée la première imprimerie de l’Ouest ‘’Imprimerie Tankou’’
• Il crée la première société de transport urbain : non pas par bus mais par taxis,
• Il est entrepreneur immobilier : des cités entières, ainsi que des immeubles sont sa pro-
priété
Il est entrepreneur éducatif :
Le premier Collège Privé Laïc de l’Ouest est le Collège de la Réunification ou Collège Tankou
crée en 1963 avec une moyenne annuelle de 3 000 élèves.

TANKOU PHILIPPE
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Il y aura par la suite :


- Le Collège Tankou de Bamendjou
- L’école des 4 vents de Bamendjou
- Le Collège Nelson Mandela de Bafoussam
- L’école Les Allouettes de Bafoussam
- L’Université Tankou avec le premier cycle post Baccalauréat, doté d’un cycle BTS. Le tout
premier à Bafoussam.

• Entrepreneur culturel on lui doit :


- Le Cinéma Les 4 Etoiles de très célèbre mémoire avec
- * projection de film,
* concert de musique
* théâtre
* jeux divers
* conférence et débat
* séminaire

• Entrepreneur Agricole
80 ha d’exploitation, agricole dans le Noun avec une centaine d’employés qui y vivent, il
y a d’une part la culture des palmiers à l’huile et de l’autre la culture des produits maraî-
chers et vivriers.

• La poissonnerie
Le corps de la paix, organisme des Etats Unis d’Amérique envoie chaque année des mil-
liers de formateurs et formatrices à la pisciculture c’est-à-dire la culture des poissons dans
des étangs et les rivières. En effet il est plus facile de produire des poissons que les autres
produits animaliers.

Il est aussi question surtout de parer aux manques criards des protéines animales.
5 grands étangs verront le jour du côté de Bamendjou et produiront des tonnes de pois-
sons de toute sorte. C’est une grande entreprise, les résultats positifs suivront sur plusieurs
exercices. Tout le personnel sera trouvé, formé, et perfectionné sur place et autres.

Commercialisation des gros véhicules de la marque Toyota. Pendant plusieurs années,


il est concessionnaire exclusif de la CAMI-TOYOTA filiale du groupe C.F.A.O (Comptoir Fran-
çais d’Afrique Occidentale) section de l’ouest.
Cette compagnie sous sa houlette mettra à la disposition des usagers, des milliers de voi-
tures de marque Toyota, petites, moyennes, et grandes, ainsi que des voitures utilitaires.
Il sera aussi question de la reprise des véhicules vendus, des services après ventes, de
l’entretien et de la réparation.
➢ Il est le promoteur de la FA.BA.SEM à Douala que tout le monde connaît.
➢ Il va mettre sur pieds une grande usine de production, de fabrication et de commer-
cialisation des provendes
➢ Il est actionnaire dans plusieurs entreprises des autres amis
➢ Il est propriétaire de plusieurs maisons et immeubles, à Bafoussam.
➢ Il est aussi propriétaire d’une grande résidence où il vit à Bamendjou qui s’étend sur
plusieurs hectares.

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➢ Il est propriétaire d’une résidence à Paris. Il s’y rend pour ses vacances, ses visites de
santé, les enfants qui vivent à Paris et les autres de passage en France, peuvent y séjourner.
Philippe Tankou est resté humble et courtois et pourtant nous savons tous que l’argent
rend orgueilleux, l’argent creuse les barrières entre les hommes. Il a difficilement des es-
pèces en poches, les gestionnaires, les banques et les caissières règlent ses factures.
Toutes ses journées sont laborieuses, fatigué et épuisé, il dort du sommeil de juste chaque
soir pendant que la radio Tankou, sa radio berce le Cameroun tout entier de ses émissions
alléchantes.

En attendant son domicile est régulièrement mis à la disposition des voisins et autres per-
sonnes du village pour des évènements tels : mariages, funérailles, deuils, anniversaires,
réjouissances.

Nous ne pouvons continuer sans louer le Seigneur Jésus Christ, sans qui rien n’est possi-
ble. Ngueko Antoine récolte aujourd’hui la bonne graine de l’évangile qu’il a semée il y a
bien longtemps.

La bible dit que Dieu nous récompense jusqu’à la 4ème génération. Il est fort probable que
l’œuvre inlassable et dénuée de tout intérêt pécuniaire de Papa Ngueko a aujourd’hui ses
retombées. Tout le monde sait que lorsqu’on veut être riche on ne devient pas catéchiste.
C’est Dieu qui pourvoit, il est miraculeux et merveilleux et tout est grâce. Nous remercions
le Seigneur d’avoir donné à Tankou Philippe le discernement nécessaire pour s’occuper
de ses brebis.

Toute sagesse, toute richesse, toute vie, toute grâce vient de Dieu et de son Fils Unique
notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.que le Seigneur Jésus Christ fasse que nos enfants
lisent et comprennent bien ce livre, qu’ils sachent que la richesse s’étend dans la durée
et dans le temps. Ceux qui veulent avoir tout, tout de suite, de n’importe qu’elle manière
et à n’importe quel prix ont tord. Avec pour conséquence tous ces fous qui écument nos
villes, tous ces jeunes qui meurent en bas âge et de manière aussi drastique. Autrefois
les enfants enterraient les parents ; aujourd’hui c’est l’inverse. Les jeunes veulent paraître,
ils veulent tout et tout de suite, quitte à donner leur âme au diable.

J’interpelle ici le gouvernement, ce n’est pas dans les bureaux de la présidence ou des
ministères qu’on construit un pays. Lancez un coup d’œil plus attentif du côté des indus-
triels et investisseurs locaux, sinon ils vont tous aller ailleurs. Ce sont les investisseurs qui
construisent un pays : c’est pour cela qu’on appelle pays développé, parce que ce sont
des pays industrialisés, on dit aussi sous développés, parce que ce sont des pays sous
industrialisés.

Les jours qui viennent sont obscurs avant-hier c’étaient les crises des valeurs boursières
et immobilières, hier c’étaient les crises financières et d’endettement, quand les sièges
des sociétés compressent ou ferment là-bas, ici ce sera automatique.

Si le chômage en France aujourd’hui est de 2 800 000 personnes, pays par excellence
pour beaucoup de Camerounais, encore que dans ce chiffre on ne tient ni compte des

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clandestins, des chômeurs non déclarés et surtout ceux qui travaillent au noir sans comp-
ter tous ceux qui ont fini leurs études et qu’on demande de retourner dans leur pays.
En attendant l’avenir c’est sans aucun doute l’Afrique, capitalisons le plus rapidement pos-
sible nos centres d’intérêt et nos richesses, il en va de la mort ou de la vie de nos descen-
dants.

Que le Seigneur Jésus Christ donne à Papa Tankou Philippe paix et bénédiction pour toutes
ses œuvres pour le bien de la communauté.

Tous ceux qui vont au Nord-Ouest et dans les Bamboutos se souviendront longtemps de
l’Hôtel ‘’Palace Garden’’ qui restera jusqu’à ce jour, le seul hôtel à Bafoussam et à l’Ouest
disposant d’une piscine et d’une cour de tennis dans un endroit calme et agréable. Il fait
beaucoup d’autres choses que nous n’aurions pas toujours le loisir de nous souvenir.

Le grand poste transformateur qui donne la lumière dans tout le village « Jupa » c’est grâce
à lui coût 5 000 000F, il y a plus de 30 ans, il suffit d’actualiser ce montant en le multipliant
par le quotient de vitesse monétaire. C’est encore grâce à lui qu’on doit L’adduction d’eau
pour le village ‘’Jupa’’ coût 7 500 000F, il y a plus de 30 ans. Le grand hôpital de 28 cham-
bres avec maternité et tout le matériel, c’est encore lui qui l’offre au village.

« En retour pour mes services rendus, les hommes et les femmes de mon quartier se sont
regroupés et ont pris une décision sage, m’offrir aussi quelque chose en retour. Ce sera
un panier d’arachide ; complété par une présence massive des hommes, des femmes et
des enfants. Cela m’a fait chaud au cœur. J’ai fait installer les tentes partout. Ils ont eu
droit à un grand festin. Quand on donne aux siens on n’évalue pas le prix. Cela a pris
plusieurs heures. Il y avait suffisamment à manger pour tout le monde. Il y avait suffisam-
ment à boire. Les femmes ont même dansé à ma gloire. Le plus grand amour c’est d’être
aimé chez soi ».

Nous voulons juste rappeler aux lecteurs que nous y avons associé l’histoire du peuple
Bamiléké.

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CHAPITRE 1 :
L’ECOLE

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Père Xavier Zem

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es missionnaires sont les précurseurs de l’école au Cameroun. Comme

L
ils étaient tous des européens certainement ils devaient travailler en
étroite collaboration avec les administrateurs.

L’histoire retiendra que la Mission Catholique française est le berceau


de l’école au Cameroun. C’est à l’âge de 6 ans qu’on autorisait la pré-
maternelle. Le paradoxe en ce temps là est qu’il y avait un âge minimum
pour entrer à l’école mais il n’y avait pas un âge maximum.

Dans une même classe on retrouvait des élèves de 6 ans et de 20 ans


voire même plus, sans que cela ne gêne personne. C’est pendant que
papa Nguéko exerce à Bamougoum que le jeune Philippe Tankou va commencer l’école
à la pré-maternelle.

Imaginez une salle de classe avec deux rangées de banc et de table banc y jouxtant.
D’un côté il y a la pré-maternelle et de l’autre il y a la maternelle. Un seul maître dispense
les cours dans les deux classes et sur un même tableau divisé en deux parties égales.

Le CP1 = Cours préparatoire première année, était ce qu’on appelle aujourd’hui la SIL,
c’est-à-dire la Section d’Initiation au Langage. Plus tard pour des raisons soit :
• De pédagogie
• De déontologie éducative
• De compétitivité
• De convenance
• D’incitation au travail

Il sera crée dans chaque salle de classe un côté faible et un côté fort. C’est à la suite de la
performance de chaque élève qu’il pourrait se retrouver soit du côté gauche par rapport
au maître lorsqu’il est en face de ses élèves, soit du côté droit du maître lorsqu’il regarde
sa classe. Bref ce sont les contrôles continuent du vendredi qui définissaient le lundi matin
qui ira du côté faible ou du côté fort suite à la remise des cahiers par ordre de mérite.
Cette pratique était courante dans toutes les classes et dans toutes les régions.

Dans chaque classe on pouvait faire 2, 3 ans ou plus lorsque l’on ne réussissait pas, on
pouvait se retrouver du côté faible pendant plusieurs années. A Doumelong, il y avait uni-
quement la pré-maternelle, la maternelle et le cours préparatoire un. Par contre le CP2,
CE1, CE2, CM1 et CM2 se trouvait à Baleng qui était un grand centre de la mission. En ces
lieux il y a aujourd’hui la Cathédrale et l’école primaire.

Papa Ngueko était maître et catéchiste à Doumelong. « Je ferai du CE1 au CM2 à la mission
catholique de Baleng. Dans toutes les classes, il y avait le contrôle tous les vendredis, et
la restitution des copies avait lieu tous les lundis au matin. Toute l’école était en larme, le
principe était clair pour tout le monde : « autant de fautes en dictée, autant de coups ».
Avec du recul on peut même dire que c’était le dressage. C’était la règle chez les maîtres ».
Les écoles missionnaires françaises au Cameroun avaient ceci de particulier, tous les ma-
tins de classe, la prière était obligatoire. Tous les lundis matin, il y avait une messe qui se

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passait de la manière suivante : méditation (lecture d’un texte de la bible et commentaire),


suivie du chant religieux et prière.

A l’école, tout était soit dicté, soit écrit au tableau, il n’y avait pas de livre scolaire, l’élève
devait tout réciter et cela obligatoirement, tous les catéchistes étaient les maîtres des élèves
débutants. « Mon premier maître fût mon père. Il était dur avec tous les élèves, il n’y avait
pas de traitement de faveur, il était impartial ».

Il faut bien noter ceci ; pour inciter au travail et au culte de l’effort, le maître lit le résultat du
contrôle du vendredi passé, le lundi matin, les élèves sont alignés par ordre de mérite de-
vant le maître en classe. Le premier est au premier banc et le dernier au dernier banc.
Cette pratique était répandue dans toutes les écoles missionnaires au Cameroun.

Le seul centre de l’écrit pour le Concours d’entrée en 6ème pour tout l’Ouest se trouvait à
Dschang. Au CM2, il y aurait le CEPE ‘’blanc’’ et le concours ‘’blanc’’ qu’on appelait ‘’choix’’,
lorsque vous ratez cet examen, vous n’étiez pas présentés. Il y avait un centre pour le
CEPE à Bafoussam.

TANKOU PHILIPPE
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CHAP 2 :
L’ENFANCE

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’un des tous pre-

L
miers missionnaires
catholiques de la
ville de Bafoussam
est sans aucun
doute NGUEKO An-
toine. Toute sa vie, il
fut catéchiste à Dou-
melong dans le vil-
lage Bamoungoum
en bordure de la na-
tionale qui va à Bamenda par
Mbouda. Il y exercera sa mission
toute sa vie, jusqu’à sa retraite. Il y
vivra aussi jusqu’à la mort.

Son épouse a pour nom Notamwé


Anasthasie. Elle est ménagère c’est-
à-dire femme au foyer, elle est culti-
vatrice, elle est aussi commerçante
périodique, les jours du marché, elle
s’y rend avec les beignets de haricot
confectionnés par ses bons soins.

Installé vers la fin des années 20 ou


bien au début des années 30. Le
couple y passera toute son exis-
tence, au point où l’homme portera
pour sa famille de Bamendjou, le
pseudonyme de Papa Mugoum
c’est-à-dire Papa de Bamougoum.
Et la maman portera le nom de
NGUEKO Antoine (Papa Mugoum)
Maman Mugoum c’est-à-dire la
Maman de Bamougoum.

Ce couple gratifiera le monde en général, le monde chrétien particulier de 5 enfants.


1- TANKOU Philippe
2- MADA Anne
3- NAOUSSI David
4- KENGNE Marie
5- MAKAMWE Angèle

Le couple était originaire du village Bamendjou. La femme décèdera tout d’abord, l’homme
par la suite. Il ne survivra pas au décès de sa chère et tendre épouse. Mais signalons qu’il
avait plus de 80 ans.

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Il avait fait sa S.I.L, son C.P, et son C.E.I à Dschang, devenu par la suite catéchiste à la mission
catholique, il sera affecté à Ndoumelong celui qu’il remplace se prénomme Philippe.
C’est la raison pour laquelle, il donne ce prénom à son fils ainé.

« Tankou était le nom de mon grand père maternel, je ne l’ai pas connu. J’ai connu son suc-
cesseur » « de mon père, je garde le souvenir d’un chrétien très pratiquant : 365 jours sur
365 on était à l’Eglise. Son quartier ou bien son lieu d’origine était Tchoum après Batoumi par
Bamendjou. Il était fils du Chef, on l’a choisi pour être héritier de son père, il a fui pour aller
à Dschang suivre des études et devenir catéchiste. Il n’y avait pas de niveau particulier pour
devenir catéchiste, il suffisait de savoir lire, écrire et bien compter. Il était noir, géant, et peu
corpulent, comme la plus part de catéchiste en ce temps là et même aujourd’hui il était de
petit corps ».

Autrefois dans toutes les régions du Cameroun, un ensemble de quartier formait le village. Or
le gouvernement de la république a tout permuté, désormais le quartier est devenu village :
Le village Tchoum. Le village est devenu regroupement : le regroupement Bamendjou.

« Quand il avait un pincement de nostalgie, il m’emmenait à pied à Tchoum sur une trentaine
de kilomètres à pied. Il n’existait pas de Car, ni de taxi, on y passera quelque jours avant de
retourner à Bamougoum ».

Il fallait avoir du caractère pour laisser une responsabilité de chef traditionnel avec tous les
avantages que cette responsabilité procurait :
- La prépondérance sur le tout le village.
- Le dépositaire et le gardien du culte des ancêtres.
- Une grande propriété foncière.
- Beaucoup d’épouses
- Beaucoup d’enfants.

« Toute sa vie, il la mettra au service de Dieu et des hommes. Ses meilleurs amis étaient les
chrétiens, cultivateur du côté de Ndoumelong. Bref les premiers chrétiens de la mission ca-
tholique du village.

Il en était de même de maman : ses meilleures amies étaient les chrétiennes, cultivatrices de
Ndoumelong.

Le plus beau rêve de papa était que je devienne catéchiste. Et dans le cas le plus extraordi-
naire que je devienne prêtre.

Je suis venu au monde le 16 Août 1932 à Ndoumelong. Les missionnaires sont des bons ar-
chivistes. Sur mon acte on a écrit né en 1935.

Mes études, je ferais une partie à Ndoumelong où mon père exerçait à la fois comme Maître
et catéchiste. Et l’autre moitié je la ferais comme c’était la règle à la mission catholique de Ba-
leng.

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J’obtiendrai donc mon C.E.P.E. mes


parents n’avaient jamais eu d’éclats
de voix. C’était un couple chrétien
qui avait une seule aspiration : être
des bons chrétiens et bien élever
leurs enfants ».

« J’ai obtenu le C.E.P.E à l’âge nor-


mal. Un prêtre : Père Xavier Zem, un
français me recrute comme boy ou
domestique, je passerais chez lui 5
ans à faire la cuisine, le ménage, la
vaisselle, la lessive, les courses di-
verses. Il fallait être chanceux pour
faire cela, c’était mon avantage de
fils de catéchiste. Je n’avais pas de
salaire».

« Mes parents et moi avions eu la


chance d’être les témoins de ma
réussite, ma première voiture une
Chevrolet pick-up va créer une
grande frayeur, chez mon père, il
aura peur qu’on me tue. J’avais 21
ans.

A l’âge de 22 ans, je me suis marié,


j’étais précoce, j’ai construit une
maison à Djeleng IV.

Je ne voulais avoir ni un destin de


NOTAMWÉ Anasthasie (Mama Mugoum) prêtre ni celui de catéchiste.

« L’un des grands cadeaux que le


prêtre m’a offert était ma machine à dactylographier entre deux tâches effectuées, je
m’appliquais tout seul. A la fin, j’ai appris. J’ai réussi à dactylographier tout seul. Ce sera
mon fond de commerce »

TANKOU PHILIPPE
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CHAPITRE 3 :
« JE DOIS GAGNER
DE L’ARGENT »

TANKOU PHILIPPE
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TANKOU PHILIPPE
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e travail chez le prêtre était gratuit. Au bout de 5 ans, je dis prêtre « mon

L
père je ne veux pas continuer avec vous je dois gagner de l’argent ».

Ici, se dégage la personnalité forte et décisive de Philippe Tankou.

Que peut-on faire dans ce monde si l’on n’est pas décisif. C’est vrai que
chez le prêtre il est logé, nourrit et soigné. Mais il choisit de tout laisser et
de partir.

« Je dois gagner de l’argent » inclut deux facteurs fondamentaux : le cadre


spatial et le cadre temporel.

Le cadre spatial signifie qu’on doit quitter un lieu pour un autre lieu.

Le cadre temporel signifie qu’on se situe à un temps t1 où il y a le manque pour aller vers
un autre temps t2 qu’on ne connaît pas mais où on espère gagner ce qu’on n’a pas pu
avoir au temps t1.

Aussi ‘’gagner’’ signifie faire un gain, réaliser des bénéfices, avoir une plus value. Que ce
soit dans une activité commerciale ou toute autre activité où on engage un investissement
commercial intellectuel ou physique.

Nous sommes pour une grande part le fruit de notre pensée, nous sommes le produit de
notre pensée.

Tout ce qu’on pense, on le reçoit, c’est ce que le psychologue appelle : « la puissance de


la pensée positive ».

En travaillant chez le prêtre, il travaillait pour Dieu. Ayant pu trouver sa place au paradis
céleste. Il était temps de chercher sa place au paradis terrestre.

Chez le prêtre il n’y avait pas d’argent, mais beaucoup de prières.

Le président français le plus aimé de notre siècle, le Général de Gaulle, de son vrai nom
: Charles de Gaulle disait :
« La chose la plus difficile en ce monde est de savoir ce que l’on veut ».

Quand il dit je dois gagner de l’argent cela signifie l’impératif. Il ne laisse pas le prêtre
pour redevenir boy. C’est pour gagner de l’argent, beaucoup d’argent. Les prêtres ont
choisi les félicités Célestes, lui, il choisit en plus les félicités terrestres.

On ne peut pas vivre de paradis Céleste comme si le paradis terrestre n’existait pas. On
ne saurait avoir la gloire divine, si l’on n’a pas la gloire humaine. Dans l’œil de Dieu, il y
a aussi dans une moindre mesure, l’œil des hommes.

TANKOU PHILIPPE
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BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:37 Page29

Les latins disaient : ‘’ vox populi, vox dios’’ c’est-à-dire la voix du peuple, c’est la voix de
Dieu.

Etalons nous sur l’argent. Il vous ouvre toutes les portes, vous met au dessus du monde,
vous donne tout ce que vous voulez. « L’argent est le nerf de la guerre » il sépare et il unit
les hommes.

Au Cameroun on aime plus travailler que de gagner l’argent. Les gens préfèrent être di-
recteurs avec un salaire médiocre que commerçant ou paysan avec un grand revenu.

Vous verrez ainsi les personnes, longées la ville à pied toujours près à vous dire : « je suis
directeur à …., passez me voir au bureau ».

A l’être on préfère le paraître. En un mot on aime paraître ce qu’on n’est pas.

Chacun veut avoir de l’argent et chacun a peur de l’argent. Les gens sont toutes les peines
du monde pour accepter qu’ils sont riches. Pourtant dans la vie, tout comme en toute
chose, on ne peut avoir que ce qu’on aime. Cet argent auquel il aspire il va en gagner
autant qu’il voudra et même plus qu’il n’en voudra.

Quand on dit je dois, c’est impératif, il faut que les résultats suivent. On veut que les résul-
tats suivent. Ceci marque indubitablement la prépondérance, l’injonction, de la pensée
forte et positive sur l’action et de là aux résultats positifs.

TANKOU PHILIPPE
PIONNIER DE L’ENTREPRENARIAT PLURIEL A L’OUEST DU CAMEROUN 29
BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:37 Page30

CHAPITRE 4 :
AGENT DE BUREAU A
LA SOUS PREFECTURE
DE BAFOUSSAM

TANKOU PHILIPPE
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BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:37 Page31

« Je fus recruté à la Sous préfecture de Bafoussam

Ce sera mon premier poste de travail réel. Je suis secrétaire dactylo-


graphe. J’établis également les Cartes Nationales d’Identité. J’apprends
vite et j’améliore la qualité de service. Je fais aussi beaucoup de tâches
que me confie le Sous-Préfet. Au bout de deux années de dur labeur bien
exécuté, un nouveau Sous-Préfet est arrivé, originaire de Bangangté en la personne de
Monsieur WATAT Albert.

Il a nommé son frère qui devait être mon chef, il m’a demandé également de former ce
dernier. J’ai démissionné en précisant au Sous-préfet que je ne pouvais pas travailler sous
une personne que je devais en plus former. »

TANKOU PHILIPPE
PIONNIER DE L’ENTREPRENARIAT PLURIEL A L’OUEST DU CAMEROUN 31
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CHAPITRE 5 :
ACHETEUR DE CAFE
POUR LE COMPTE
D’UN GREC AU
QUARTIER HAOUSSA
DE BAFOUSSAM

TANKOU PHILIPPE
32 PIONNIER DE L’ENTREPRENARIAT PLURIEL A L’OUEST DU CAMEROUN
BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:37 Page33

« Après la sous préfecture, je me rends au quartier Haoussa, je ren-


contre un grec qui opérait dans le café :

- Prenez-moi comme votre acheteur, je maîtrise la région, ainsi que


les langues vernaculaires.

Le Grec prend des renseignements, l’on ne saurait travailler pendant


5 ans chez un prêtre si l’on n’est pas humble, Chrétien et sérieux. Aussi quand on est fils
de catéchiste, cela veut tout dire.

Un niveau de C.E.P.E, c’est déjà très bien. Fort de tout cela, j’allais acheter le café un peu
partout dans la région Bamoun et dans le pays Bamiléké. Il m’avait fait confiance, et il me
remettait régulièrement des sommes énormes. J’avais un chauffeur et sur place, je payais
les porteurs. Ce grec avait une usine à café au quartier haoussa.

Je trainais des fonds énormes en toute quiétude. En ce temps là, il y avait la sécurité. Il
y avait le respect de la chose d’autrui. Même dans nos villages il suffisait de garder ce
que vous aviez, notamment les marchandises dans les endroits sacrés, et les retrouver
le lendemain. Habituellement, lorsque les gens se rendaient dans les marchés pério-
diques avec leurs marchandises quand ils n’arrivaient pas à tout vendre, comme cela
pouvait arriver. Etant donné que transporter, était très lourd, ils le déposaient au premier
lieu sacré dans le village où ils se trouvaient pour récupérer le jour du marché suivant.

J’avais un chauffeur et un gros camion pour effectuer tous mes achats.

Grâce aux économies, réalisées dans le café, je vais créer une librairie, ce sera la première
librairie de l’ouest du Cameroun. Je suivais ces deux activités à savoir ma librairie et l’achat
du café.

Quand je me suis rendu compte que je gagnais suffisamment de l’argent dans la librairie
papeterie. J’ai démissionné chez le grec. J’y aurais passé deux années.

Je me suis concentré sur ma librairie papeterie. Autrefois, j’avais eu, une longue expé-
rience sur la vente des livres, je vendais les livres pour le compte de la procure ».

TANKOU PHILIPPE
PIONNIER DE L’ENTREPRENARIAT PLURIEL A L’OUEST DU CAMEROUN 33
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CHAPITRE 6 :
1ère LIBRAIRIE ET
1ère IMPRIMERIE DE LA
REGION DE L’OUEST
CAMEROUN

TANKOU PHILIPPE
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Etant habitué à vendre les livres depuis la procure, je me suis dit pourquoi ne pas le faire
pour mon propre compte en ouvrant une librairie. C’était une librairie pour tous. Elle conte-
nait autant de livres professionnels, que des livres scolaires et religieux.

Cette librairie étant située au Marché A, d’aujourd’hui. Je suis le précurseur de la librairie à


Bafoussam. Le premier taxi aussi sera mon œuvre.

J’achèterais une librairie à Nkongsamba par la suite à un européen.

Je devais suivre Nkongsamba et Bafoussam. C’était pénible. J’étais jeune. Surtout que
pour qu’une affaire marché, il faut être à côté.

J’ai vendu cette librairie à Monseigneur DONGMO. J’ai fait des bénéfices et grâce à cela
j’ai crée une société : imprimerie de l’Ouest. Que tout le monde appelait Imprimerie Tan-
kou.

Mes affaires vont prospérer, j’avais parmi mes actionnaires, un magistrat de la cour su-
prême. NZOGANG Didier, il était Bamendjou comme moi, j’ai cru que Magistrat de son
état, il allait me défendre ainsi que mes activités, puisque je voyais très loin, j’étais ambi-
tieux. Il a voulu me noyer. Il a déclaré que je descends dans les grands hôtels, que je
mange des bons plats. Il me traduit en justice. Comme il était le patron des magistrats, je
suis injustement condamné. Je ferai 6 mois de prison à Bafoussam. Grâce à Dieu, mes
employés suivaient bien mes affaires pendant mon incarcération. A la sortie de prison,
j’ai envoyé mon fils faire imprimerie en France. Une fois sa formation achevée, je lui ai
donné les moyens pour s’installer à son compte.

Au jour d’aujourd’hui son imprimerie est la première en Afrique noire. Elle est à Bonabéri.

TANKOU PHILIPPE
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CHAPITRE 7 :
CREATION DU COLLEGE DE
LA REUNIFICATION EN 1963.
PREMIER COLLEGE
PRIVE LAÏC DE L’OUEST
DU CAMEROUN

TANKOU PHILIPPE
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n raison de la réunification des deux Cameroun à savoir le Cameroun

E
occidental et le Cameroun oriental, j’ai donné le vocable réunification
au collège que j’ai créé.

Au début les salles de classe étaient au Marché A

J’avais loué quelques boutiques pour en faire des salles classes. En-
suite j’ai déménagé sur le site que tout le monde connaît.

Le premier directeur que j’avais recruté s’appelait MONTHE Paul, au-


jourd’hui il n’est plus de ce monde, paix à son âme.

Le premier titre foncier du collège s’étendait sur 2 700m² et le second titre sur 5000m².

Mon passage à la mission, ainsi que mon séjour chez les prêtres m’ont instruit. Et je me
suis dit : pourquoi je n’ouvrirais pas un collège ?

L’expérience très porteuse du collège de la réunification va me faire ouvrir d’autres éta-


blissements :
- Le Collège Nelson Mandela à Bafoussam
- Le collège Tankou Philippe à Bamendjou
- L’Ecole primaire les 4 vents à Bamendjou
- L’Ecole primaire les Allouettes à Bafoussam

J’ai crée il y a 15 ans, la première institut supérieure dans la ville de Bafoussam. L’institut
Supérieur Tankou.

TANKOU PHILIPPE
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CHAPITRE 8 :
AUTRES
SOUVENIRS

TANKOU PHILIPPE
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«
de Bafoussam.
On m’a relaxé sans rien dire. J’ai dit à Nzongang qu’il était fou. Il aurait
pu profiter de mon sens aigu des affaires et gagner beaucoup.

Avant j’étais actionnaire dans le Groupe Fotso. Et lui, il était actionnaire


chez moi, notamment à la Fabasem qui m’appartenait. Après l’attaque
de Nzogang, j’ai vendu la Fabasem à FOTSO Victor ».

« Je fus le premier à créer une société de transport urbain dans la ville

J’ai du vendre les voitures longtemps après, parce que je ne voyais pas les recettes. Il
fallait suivre de très près et je n’avais pas le temps ».

« J’aurais pu vendre le café à mon propre compte quand j’étais chez le grec, mais si je
maîtrisais le circuit d’achat, je ne maîtrisais pas celui de vente sur le plan national et inter-
national».

TANKOU PHILIPPE
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CHAPITRE 9 :
1er VOYAGE
EN FRANCE
EN 1960

TANKOU PHILIPPE
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« Je n’étais pas encore aux affaires je suis allé en Avion et suis retourné
en Bateau. C’était grâce au prêtre pour visiter son pays. Il était originaire
d’Alsace. J’ai séjourné dans sa région d’origine. Ensuite j’ai visité Paris.
Il avait un frère ainé qui vivait seul. Grâce à Dieu aujourd’hui ce prêtre
vit encore et se trouve en France.

Mon retour de France sera à Bateau. Il y avait escale dans tous les
ports, à chaque fois, on faisait deux jours sur place. Ce qui me per-
mettait de visiter les villes portuaires.

Des années plus tard, je ferai le tour du monde.

Le 1er billet d’avion m’a été offert par le prêtre. J’ai établi tout seul mon passeport. En France,
j’habitais chez son frère ainé. Là-bas il y avait une réunion des filles qui voulaient rentrer
avec moi en Afrique.

La France était un très beau pays. J’étais déjà marié au Cameroun. Je n’avais pas envie
de rester en France, comme beaucoup des immigrés. Aujourd’hui j’ai une résidence là-
bas, mais je ne peux pas y vivre longtemps.

En France il n’ y a pas de sociabilité, les gens se réduisent à eux- mêmes et vivent fermés.

Mon séjour sera de 3 semaines. Personne dans l’entourage du prêtre ne connaissait le


Cameroun.

Ce prêtre est mon ainé de 15 ans

Je lui envoie régulièrement de l’argent. Mais il préfère le remettre aux plus pauvres. C’est
ce qu’on m’a dit.

Il est fâché de moi parce que je suis devenu polygame et moi conscient de cela, je n’ose
pas trop l’approcher.

En tout cas, il est pour moi un ange. Ce que je suis devenu, je lui dois pour une bonne
part. Je ne sais pas ce que je lui ferais en retour. Un jour, je lui ai dit :

- Mon père, vous êtes venu en Afrique, racheter les pêcheurs, or je suis pêcheur parce
que je suis polygame, pourquoi ne pas me pardonner.

TANKOU PHILIPPE
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CHAPITRE 10 :
AUTRES FAITS
IMPORTANTS

TANKOU PHILIPPE
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on malentendu

M
avec le chef de
Bamendjou
vient du fait
que, j’étais tré-
sorier au co-
mité de
développe-
ment du village
Bamendjou. Il
m’a demandé
de lui remettre
l’argent du co-
mité, j’ai refusé.
Il a pris le fusil pour me menacer de-
vant tout le monde. Les gens ont pris
fuite. En scandant : Monsieur TANKOU
est devenu un singe pour être ainsi
traité.

J’ai porté plainte pour menace à mains


armées. J’ai fait arrêter le procès. On
n’est pas des amis. On n’est pas des
ennemis. Il a peur de moi et j’ai peur
de lui.

Je suis ‘’MOUMBE WENDA’’. C’est le


plus grand titre de notabilité après le
chef il n’y a pas de sous chef à Ba-
mendjou.

A une certaine époque, j’avais obtenu


de lui et des Bamendjou, ce titre de
noblesse qui est le plus élevé.

Je ne lui ai jamais remis l’argent du comité de développement.

Le Chef fait des choses hors du commun.

J’ai acheté ce site qui est ma résidence de Bamendjou, il y a 50 ans. Je voulais vivre en
altitude. Mon forage d’eau m’a couté 7 500 000 F CFA et à l’époque. Mon transformateur
m’a coûté aussi autrefois 5 000 000 F CFA.

Dieu seul m’a donné cette intelligence et ce sens aigu du discernement. Aujourd’hui tout
comme hier, tout le monde apprécie ma colline, ma résidence les 4 vents de Bamendjou.

TANKOU PHILIPPE
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CHAPITRE 11 :
DES QUESTIONS
ET DES REPONSES

TANKOU PHILIPPE
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BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:38 Page45

l’endroit de

A
nos lec-
teurs nous
précisons
que les
questions
qui suivent
ne tiennent
compte
d’aucun
ordre quel-
conque par
rapport aux sujets évoqués.

Question : En tant que chrétien ca-


tholique avez-vous déjà manifesté
le désir de rencontrer le pape ?
Réponse : non, le pape est un
homme, et non Dieu, comme cer-
tains aiment nous laisser croire.

Question : Comment s’appelait


votre patron qui était sous-préfet.
Réponse : Watat Albert

Question : En quoi consistait votre


travail de boy chez le prêtre ?
Réponse : Je lavais ses linges, je
préparais ses repas, bref tous les
travaux domestiques, j’étais dis-
ponible à tout.

Question : Quelle était votre rému-


nération chez le grec ?
Réponse : Il laissait l’augmentation
de poids à mon profit. Tout ce qui était supplémentaire à sept tonnes de café, il me le re-
versait. Par voyage, J’avais 50 000F. En ce temps là c’était une somme colossale.

J’effectuais deux voyages par semaine, je marchais sans peur, il y avait la sécurité, ce
n’était pas comme aujourd’hui. J’avais quelqu’un qui m’accompagnait.

Question : Les débuts du collège de la Réunification ?


Réponse : La première année j’avais loué 4 boutiques au marché. A pour en faire des
salles de classe.

J’avais 90 élèves. Mon premier Directeur s’appelait Monthé Paul (à ne pas confondre avec
l’ancien président de la chambre de commerce).
Un an après en 1964, la réunification fût transférée sur son site actuel.

TANKOU PHILIPPE
PIONNIER DE L’ENTREPRENARIAT PLURIEL A L’OUEST DU CAMEROUN 45
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Question : Créer un établissement scolaire est une entreprise difficile, pourquoi vous ne
vous êtes pas liés aux autres ?
Réponse : Je faisais confiance en moi-même, je n’avais pas besoin d’autres personnes.

Question : Vous avez commis, combien d’avocats pour vous défendre dans l’affaire qui
vous opposait à NZOGANG Didier ?
Réponse : J‘avais 3 éminents avocats.
Malgré cela, je ferais six mois de prison ferme. C’était pénible, j’ai supporté. Le temps pas-
sait très doucement. Mon élan entrepreneurial a été freiné par la prison.

Question : Avez-vous connu d’autres évène-


ments douloureux ?
Réponses : Plusieurs évènements m’ont
ébranlé.
Le décès de mes parents que j’aimais beaucoup
Le décès de ma première femme
Le décès de mon fils Denis

Il y a de cela quelques années, au niveau du


pont de Sang à Bamougoum, des per-
sonnes non identifiées ont mis un poteau en
travers de la route.
J’étais en compagnie de mon fils Rodrigue
et de mon chauffeur, des gens masqués
nous sortent de la voiture. Ils nous fouillent,
récupèrent 500.000Frs que j’avais en poche.
Ils étaient au nombre de 5 et bien armés. Ils
nous laissent sur place et ils partent avec ma
patrol Nissan, que j’avais acheté depuis 7
mois.

Question : Votre expérience de la représen-


tation de la CAMI TOYOTA à l’Ouest ?
Réponse : J’étais le représentant exclusif à
l’Ouest. Tout ce que la CAMI TOYOTA vendait
à Douala, je vendais les mêmes à Bafous-
sam.

J’avais un grand hangar, ainsi que des bu-


reaux et un grand garage pour accompa-
gner cette activité.

C’était un commerçe florissant. Le rythme croissant des mes activités, fera en sorte que la
maison mère viennent s’installer à Bafoussam, je ne pouvais pas leur faire la concurrence
puisqu’ils étaient mes fournisseurs. J’ai tout simplement fermé.

Question : êtes vous conscient de votre rôle de leader à Bamendjou ?


Réponse : J’en ai toujours été conscient. J’étais le seul à avoir mon eau et ma lumière
même le sous-préfet n’avait pas de lumière.

TANKOU PHILIPPE
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Question : Qu’avez-vous fait pour le village Bamendjou ?


Réponse : Participation multiple dans le cadre du comité de développement dont j’étais
un membre actif avec la construction et l’entretien des routes construction des salles de
classes à l’église évangélique et bien d’autres.
A titre personnel, j’ai construit un dispensaire de 28 chambres équipées et doté d’une
maternité.

J’ai construit un collège et une école primaire. Chaque construction d’église voit ma par-
ticipation. Les églises catholiques reçoivent près
de 500.000Frs les églises protestantes légère-
ment moins.

J’ai fait bien d’autres choses qu’il me sera difficile


de tout citer ici.

Le rayonnement de mes activités a contribué


mieux que toute chose à la gloire du village Ba-
mendjou

Question : Parlez nous de vos voyages ?


Réponse : J’ai fait le tour du monde : Europe, Asie,
Amérique, j’ai même eu à passer une semaine à
Hong kong. Je n’ai pas visité l’Australie parce que
je n’avais pas de contact là-bas.

J’ai visité toutes les régions du Cameroun sauf


l’Est.

Question : Que représente l’argent pour vous ?


Réponse : L’argent n’est qu’un outil de travail, c’est
un moyen et non une fin.

La chose la plus importante au monde ce sont les


rapports humains. Ceux qui pensent le contraire
ont tord.
Question : Pourquoi disait-on TANKOU et frères ?
Réponse : Il s’agissait de moi, de mon frère et de
mes sœurs.

Question : Vos sœurs et nièces ont eu des bons


maris en raison de votre grandeur ?
Réponse : A chaque mariage, je remettais un cadeau consistant. Il est normal que pour
des problèmes financiers on vient me voir.

Tout le monde recherche une sorte de sécurité.

Question : Vos relations avec votre petit frère ?


Réponse : Elles sont bonnes. L’année passée on a passé Noël ensemble en compagnie
de mes enfants.

TANKOU PHILIPPE
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Il a ses affaires, il a son hôtel, j’ai construit en dure la maison familiale à Bamougoum,
elle était en terre autrefois. C’est lui l’héritier personne ne vit là bas, il y va régulièrement
faire le feu de bois. Autrefois, je lui avais donné pour gérer une station services d’essence
et une boîte de nuit le métro à partir de là il a crée ses activités qui sont bonnes et floris-
santes aujourd’hui. Il a même un hôtel à Bafoussam. Je lui ai fait cadeau d’une voiture
utilitaire pickup cette année.

Question : Pourquoi aviez-vous recruté des européens à l’imprimerie, alors qu’ils coûtaient
chers ?
Réponse : C’était indispensable, ils me coûtaient chers, je les prenais en charge en tout.
Sur des termes définis dans le contrat. Billet d’avion aller-retour hébergement déplacement
et bon salaire. Mais ils étaient très productifs.

Je n’avais personne pour m’accompagner et me comprendre, mais surtout comprendre


ce qu’il y avait lieu de faire que des européens. Ce fut une expérience positive et édifiante.

Question : Votre dernier séjour en France était d’une dizaine de jours ?


Réponse : C’était pour prendre mes vacances annuelles aussi, je tenais à assister au ma-
riage de ma fille. Elle a épousé un Antillais d’origine Guadeloupéenne, en réalité il n’a plus
personne en Guadeloupe, étant donné que sa grand-mère qui s’y trouvait encore est
morte et enterrée à Paris. Sa sœur jumelle a un mari Bamendjou, informaticien, Le couple
va venir incessamment travailler avec moi, dans la gestion des mes activités.

En attendant le couple loge dans ma résidence en France.

Question : Vous avez une autre fille en France ?


Réponse : Elle travaille dans un grand Laboratoire pharmaceutique. Elle gère près de 500
européens, elle a aussi une officine c'est-à-dire une pharmacie à Douala, elle est mère
de 4 enfants

Question : Vous continuez à investir ?


Réponse : Chaque chose à son temps, je n’investis plus, j’entretiens ce qui reste autant
que je peux.

Question : Vous n’avez pas investit dans les banques et les micro-finances comme beau-
coup d’autres opérateurs économiques ?
Réponse : Je fus le premier à obtenir l’autorisation d’ouverture d’une banque et d’une
micro-finance à Bafoussam.

Le problème en réalité est de trouver les cadres qui vont gêner. Il s’agit de l’argent avec
tout ce qu’il y a autour.

Question : Parlons des assurances ?


Réponse : Je n’ai jamais été réellement tenté par les assurances. Je suis néanmoins ac-
tionnaire à la S.A.A.R (société Africaine d’Assurance et de Réassurance)

Question : Félicitation pour la Radio TANKOU à quand la télévision TANKOU ?


Réponse : J’ai l’autorisation d’ouverture d’une télévision, mais le problème ce sont les

TANKOU PHILIPPE
48 PIONNIER DE L’ENTREPRENARIAT PLURIEL A L’OUEST DU CAMEROUN
BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:38 Page49

hommes qui vont gérer chacun de


mes fils veut être indépendant.

Pour ce qu’il est de la radio, je règle


certaines lacunes aujourd’hui, bien-
tôt la qualité de l’écoute sera amé-
liorée et meilleure qu’aujourd’hui.

Question : Après une journée de


travail que faites-vous le soir ?
Réponse : Autrefois, je lisais les jour-
naux, j’ai perdu cette habitude
J’écoute la radio quand j’ai du
temps
J’aime suivre les débats à la télévi-
sion
J’ai trop apprécié le débat sur la
Lybie
J’étais un prokadhafiste, c’était un
homme bien
Il voyait clair.

Par contre je n’ai pas aimé Gbagbo

Question : Entre les prêts bancaires


et les prêts dans les tontines, les-
quels vous semblent plus attractifs ?
Réponse : Les prêts de tontines sont
plus attractifs et on gagne beau-
coup.

Question : vos parents ?


Réponse : Ma mère était sévère,
mon père était de tempérament
calme. Lorsqu’on ne se levait pas tôt le matin pour aller à l’église, elle vous versait l’eau
dessus.

Grace à Dieu, ils m’ont vu réussir, je pourvoyais à tous leurs besoins.

A ma maman, j’achetais des camions de bois. Je lui donnais tout. J’offrais à papa tout ce
qu’il désirait. En tout cas mes parents, jusqu’à leur mort ne manquaient de rien.

Aujourd’hui, ils reposent en paix dans le caveau familial à Bamendjou que j’ai construit
pour eux et pour tout le monde en attendant l’heure ou je vais les y retrouver pour l’éter-
nité.

Le seul véritable problème qu’il y avait entre nous est qu’ils n’avaient jamais apprécié que
je sois devenu polygame.

TANKOU PHILIPPE
PIONNIER DE L’ENTREPRENARIAT PLURIEL A L’OUEST DU CAMEROUN 49
BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:38 Page50

Question : Votre principe cardinal dans les affaires ?


Réponse : Quand je cesse d’avoir une vision positive dans une affaire. Quand je n’ai plus
ni traçabilité, ni visibilité dans une affaire, je m’en débarrasse.

Un professionnel m’a dit un jour qu’il maîtrisait, tous les rouages de la provenderie, j’y ai
investis beaucoup d’argent, en machine et en bâtiment, plus tard, je me rends compte
qu’entre ce qu’il disait savoir faire et ce qu’il savait faire il y avait un grand fossé.

J’ai fermé l’usine, j’ai vendu les machines.

J’ai crée 5 grands étangs, pour l’élevage des poissons à Bamengoum. Au bout d’un certain
temps, la production n’était plus optimale, j’ai arrêté. les étangs sont là, mais vide, la fatigue
m’oblige. Je n’aime pas délégué les responsabilités. J’aime avoir l’œil sur tout.

Pour ce qui est de l’enseignement, le minimum requis pour être recruté est d’avoir une Licence.

En tout, pour tout collaborateur, je recrute sur la base de votre profil moral et académique.
Et par la suite, j’approuve votre efficacité à l’œuvre.

Celui qui s’occupait de la provenderie me dit « Je sais, je sais » mais à l’épreuve, il est nul.
A l’imprimerie de l’Ouest, j’ai recruté 3 blancs qui ont été tous satisfaisants. En un mot chaque
blanc était là en son temps et non tous à la même époque. Ils me coûtaient chers. Ils faisaient
la technique et la finance. J’avais recruté des camerounais pour le commercial.

Il n’y avait pas d’autre imprimerie à l’Ouest

Je suis le premier. Les blancs travaillaient bien. Il fallait qu’ils produisent plus que leur salaire.
Je suis le 1e noir à l’Ouest à recruter les blancs.

Le premier s’appelait Patissou, le 2ème Herbelin le 3ème Jean, il est parti de mon imprimerie
pour aller travailler chez Fotso Victor. Alors que c’est moi qui l’avait amené depuis Paris.
Les clients de l’imprimerie, c’était tout le monde avec bien entendu, les brasseries, la cho-
cocam et ensuite les petits clients sans oublier les banques.

La librairie n’existe plus, par manque de gérant et surtout à qui confier.

Les bons employés sont les denrées rares. Les affaires ce sont les employés et non les beaux
bâtiments.

Je fais l’immobilier à Bafoussam : Locaux commerciaux,


Appartements d’habitation, je n’ai investi ailleurs qu’à l’Ouest surtout à Bafoussam, je suis né à
Bafoussam j’ai grandi à Bafoussam.

Comme tout bamiléké, je me suis intéressé à l’agriculture avec près de 79 hectares du côté du Noun.

Cette espace longe le fleuve Noun. Ça produit bien essentiellement les cultures vivrières et
les palmeraies, pour ce qu’il est des palmeraies on obtient l’huile de palme, l’huile de noix
de palmiste ou huile finoline, les tourteaux pour les éleveurs, les coques de palmiste pour
le chauffage et le fumage.

TANKOU PHILIPPE
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J’ai construit un hangar de 30m sur 10 pour tous ceux qui travaillent là-bas. Il ya des couples
et il y a des célibataires, la production n’est pas industrielle, mais artisanale.

J’avais des tracteurs là-bas, j’ai revendu à cause du manque de suivi. Ces tracteurs travail-
laient à perte.

Je fais l’agriculture depuis 30 ans, un Bamoun me porte plainte, qu’il est propriétaire. Or j’ai
les papiers officiels depuis 20 ans.

Il dit que j’ai détruit ses maniocs.


Nous sommes au tribunal, on peut renvoyer ces affaires pendant 30 ans

Chaque affaire vous crée des problèmes, on passe sa vie sur la route du tribunal. Tous ceux
qui n’ont ni votre niveau de vie, ni votre niveau de compréhension vous mettent les bâtons dans
les roues.

Mes sœurs, même mère et même père me portent plainte qu’elles n’ont pas de quoi
manger et j’achète une résidence à Paris, pourquoi faire, je n’ai pas volé, je travaille très
dure et cela depuis des années. Nos parents étaient pauvres. Pourquoi mes sœurs en
veulent à mes biens.

Ma femme fait un accident de circulation, on a 4 enfants. Je l’envoie suivre les soins en


France.

J’envoie les enfants en Europe, aux USA, en Afrique du Sud. Je m’occupe de leurs études
supérieures et des autres frais. Mais ils sont plus proches de leur mère que de moi. Une
fois guérie en Europe, leur mère refuse de retourner au Cameroun.

Je vois les enfants avec leur mère sur facebook sur internet.

J’ai décidé d’arrêter de payer leurs études, leurs loyers et leurs pensions alimentaires.
Je l’ai faite soigner en France, et elle juge mieux de rester là-bas.

Ses enfants menacent par écrit ma dernière femme qui vit avec moi à Bamendjou. Ils veu-
lent mettre le désordre dans ma maison. Je suis encore en vie. Lorsqu’ils vont faire un an
sans aller à l’école, ils vont comprendre.
C’est celle-ci qui s’occupe de moi, je suis diabétique, elle est aussi mon infirmière et mon
assistante. Ils devaient plutôt chérir celle-ci, lui faire des éloges parce qu’elle garde leur
père. Ils n’ont pas demandé à leur mère pourquoi elle est partie. Ils suivent leur mère, je
les envoie à l’école, même pas au Cameroun mais à l’étranger.

Question : Que sont devenus les chevaux ?


Réponse : Ils sont morts, j’achetais ces chevaux aux bororos sur les collines
Tous les dimanches, on allait faire le cheval à Foumbot, j’allais à cheval loin où la voiture
ne pouvait jamais aller.

Question : Un mot sur les enfants ?


Réponse : Il y a les Jumeaux à Paris Tankou Anasthasie et TANKOU Patricia. Elles font des
études d’expertise comptable.

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Elles disent que lorsqu’elles vont terminer leurs études elles ouvriront un cabinet commun
qui portera le nom : Twice TANKOU
Celle-ci qui fait terminale me dit qu’après le bac elle ira au Canada, faire des études de
droit pour devenir avocat.
J’ai une fille, docteur en pharmacie Chantal TANKOU elle a une officine à Douala, elle tra-
vaille dans un grand groupe en France. Elle est patronne d’au moins 500 blancs.
Elle a 4 enfants : une fille et trois garçons son Mari est Baham. Ils ont divorcé, la mère est
plus nantie que le père, les enfants sont à la charge de la mère. C’est la cadette de Xavier.

Xavier et Odile TANKOU, travaillent ensemble depuis l’ouverture de l’imprimerie. Odile


est comptable, Xavier est technicien et patron
Xavier a 4 enfants : 1 fille et 3 garçons
Odile TANKOU est mariée, son mari est un intellectuel.
Rachel TANKOU a divorcé avec Fossi. Elle vit au Sénégal et dirige une entreprise qui casse
les pierres pour goudronner les routes. Elle vit avec un blanc, elle est actionnaire avec le
blanc.
Rodrigue TANKOU est en Afrique du Sud, il fait des études d’expertise comptable.
Borel TANKOU est à Douala et il fait des études d’ingénierie en génie civil.
Linda TANKOU fait des études doctorales de médecine aux USA
Evan TANKOU est au lycée de Bamenda
Richard TANKOU fait la 5ème

TANKOU PHILIPPE
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Tous les 24 décembre il y a une réunion familiale chez moi à Bamendjou, avec mes 21
enfants. On fait le feu de brousse, on mange en plein air, c’est automatique on commence
la veille de la fête, on termine le jour de Noël et on se sépare. Il y a une messe célébrée
par le prêtre de Bamendjou, les chrétiens du quartier viennent il y a aussi la chorale qui
participe.

L’année dernière mon fils qui fait 5eme, il a 9 ans, a eu 16 de moyenne a dit à sa sœur
aînée de ne pas souiller les TANKOU parce qu’elle avait mal travaillé en une matière.

En général, grâce à Dieu, mes enfants aiment l’école, ils sont intelligents à l’école. Chacun
a un répétiteur. Celle qui est en terminale n’a même pas le temps de manger, elle étudie,
elle s’appelle Joliesse TANKOU, elle fait la terminale au lycée de Bamendjou
A l’heure qu’il est, elle étudie.

Avec mon épouse Anglophone, j’ai 3 enfants elle est née à Mamfé, mais originaire du
Ndé

NANA Eugène TANKOU est cadre dans une grande société en Afrique du Sud
Chimène TANKOU est aussi cadre en Afrique du Sud.
Martial TANKOU n’arrive à rien faire.
JEAN MICHEL Tankou est cadre dans une société de construction à Paris, il vit en France
depuis longtremps son épouse est Batoufam, ils ont 3 enfants, son beau père était ins-
pecteur de Douane, il est mort.

Question : Comment appelle-t-on ce quartier où se trouve votre résidence à Bamendjou ?


Réponse : Jupa

Question : La politique, qu’en dites-vous ?


Réponse : Je n’ai jamais fait la politique, mes enfants non plus, je suis membre du RDPC
comme tout le monde. A l’époque de l’UNC j’avais la même attitude. Quand on demande
l’argent j’envoie.

Je respecte les politiciens, il fut un temps où on m’avait proposé d’être le maire de la ville
de Bafoussam j’ai refusé.

Question : Quelle est votre journée type ?


Réponse : Avant je vivais sous pression, aujourd’hui je ne cours plus derrière les affaires,
je passe à Bafoussam quand je veux et je rentre quand je veux. Il y a des jours ou je sors
de mon lit à 8h.

Je récupère la retraite, je prie moins, je suis fatigué, ma femme va régulièrement à l’église.


Quand j’étais jeune, j’allais à l’église 365 jours sur 365 je suis fatigué.

Question : Votre résidence de Bamendjou est très belle, non seulement c’est assez spa-
cieux mais chaque chose à sa place : le terrain de tennis, la piscine etc)
Réponse : La grande maison à étage au centre est à moi seul. Il y a du terrain hors de la
barrière où chaque enfant pourra se construire la cours de tennis parce que c’est mon
sport préféré, aussi bien comme acteur et comme spectateur. Je l’ai pratiqué pendant
longtemps. Du côté gauche c’est la maison des gardiens. Derrière la grande maison, il y

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a les appartements de mes épouses. C’est une chefferie moderne chaque femme a sa
maison avec plusieurs chambres entièrement équipées. De l’autre côté c’est la chapelle
Saint-Antoine (en souvenir de mon père qui s’appelait Antoine). En dessous de la chapelle,
il y a le caveau familial. Allons visiter,… là c’est mon père, papa MOUNGOUM) là c’est
ma mère (Maman Mougoum), là c’est TANKOU Albert Denis (mon fils), ici c’est la place
que je me suis réservé quand le moment sera arrivé.

De l’autre côté, il y a la tombe de Zébazé Marie Louise, la mère de Xavier.

Chaque année, on dépose une gerbe de fleur en leur mémoire, à tout moment, on peut
ouvrir la porte pour aller se ressourcer auprès d’eux. Mais c’est obligatoire une fois l’an.
La mère de Denis Cécile TANKOU était là dernièrement pour déposer une gerbe de fleur
sur la tombe de son fils.

Question : Si le Seigneur Jésus Christ venaient à apparaitre devant vous, que lui deman-
deriez-vous ?
Réponse : Je lui dirais merci pour tout ce qu’il a fait dans ma vie.
Je lui demanderais sa bénédiction et la santé qu’il y ait l’entente entre mes enfants.
Qu’il fasse que je repose en paix dans la tombe que j’ai construite, il reviendra aux enfants
d’acheter le cercueil.

Question : quel est votre principal souci de santé aujourd’hui ?


Réponse : Je suis diabétique, c’est ma femme qui m’injecte l’insuline chaque matin.

Question : comment s’appelle votre épouse qui prend soin de vous ?


Réponse : elle s’appelle GAKOU Pauline, elle est originaire de Bameka.

Celle qui est anglophone est institutrice d’état et s’appelle NGONGANG Lydia

Question : La réaction du quartier quand vous leur avez offert le dispensaire ?


Réponse : Les femmes m’ont apporté un panier d’arachide.

On a passé une journée ensemble. Elles ont esquissé les pas de danse traditionnelle. Je
leur ai offert un grand diner. Ce dispensaire est sur un terrain que j’ai titré.

Question : Pourquoi votre épouse institutrice ne travaille pas avec vous ?


Réponse : Elle est institutrice d’Etat. Elle a 03 enfants avec moi. Elle n’a pas voulu se mêler
de mes affaires. Elle n’est pas encore à la retraite au moment venu, on va la caser quelque
part.

Par contre mon épouse Gakou Pauline, je l’ai nommé contrôleur général de mes affaires
depuis que la fatigue a commencé à me gagner.

Mon travail aujourd’hui consiste à emménager ce qui existe, je ne fais plus d’investisse-
ments.

Je ne reconnais pas un autre parcours qui m’aurait satisfait. Ce parcours me plaît.

Je suis satisfait, je suis heureux d’avoir travaillé et d’avoir vu les résultats positifs Dieu m’a

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rendu heureux et m’a protégé. J’ai eu des déboires avec les gens. Mais, ils n’ont pas pu
m’ébranler.

Question : Y a –t-il des personnes auxquels vous voulez vous identifier ?


Réponse : on voudrait être comme certaines personnes mais au fond ce n’est pas ce
qu’on croit. Quelqu’un disait « Ne pas comparer votre vie à celle des autres vous n’avez
aucune idée de ce qu’est leur vie ».

Question : Un modèle dans votre vie ?


Réponse : Père ZEM, était un modèle pour moi il m’a formé dans tous les domaines.

Question : Des voyages ?


Réponse : J’ai fait le tout du monde

J’ai visité plusieurs pays, France, Angleterre, Canada, USA, Chine, Espagne et bien d’autres.

Question : y a-t-il un autre religieux qui vous a marqué ?


Réponse : monseigneur Dongmo est le seul que j’ai aimé. Ce que je condamne chez les
évêques et les prêtres c’est ceci : « faites ce que je dis et non ce que je fais ». Ce n’est pas
une bonne doctrine c’est contradictoire.

Question : la motivation du personnel ?


Réponse : Chaque année, les meilleurs employés sont primés. Mais auparavant, il faut
avoir 8 primes d’encouragement et 1 prime d’excellence.

On décerne un certificat d’encouragement et un certificat d’excellence. Le bénéficiaire l’ac-


croche sur le vêtement pour que tout le monde voie.

En plus je remets une enveloppe sécrète. Elle n’a pas un taux fixe. Ce prix existe depuis
longtemps.

Je licencie les mauvais employés. Tous mes contrats sont annuels, si vous ne travaillez
pas bien, on ne renouvelle pas le contrat.

Question : Vos relations avec les autres fondateurs ?


Réponses : Nous avons des bonnes relations avec les autres fondateurs, il n’y a pas de
conflit entre nous. Chacun a son aire géographique.

A une certaine époque, j’ai été trésorier général du SEDUC (syndicat de l’éducation) pour
l’ouest.

Question : Votre philosophie ?


Réponse : prendre le monde tel qu’il est, il n’y a pas de plus grand, ni de plus petit, j’ac-
cepte et je respecte tout le monde.

Question : Un mot sur votre maison de Bamendjou ?


Réponse : Elle est à ma dimension, mes enfants feront le leur, j’ai le terrain.

Question : Que dites vous aux enfants de Dieu et du Christianisme ?

TANKOU PHILIPPE
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Réponse : Je suis devenu ce que je suis devenu grâce à Dieu, la prière est importante, la
messe aussi, sans Dieu on est rien je leur dis aussi que dans mon enfance j’allais à la
messe 365 jours sur 365.

Question : Vos relations avec les différents sous-préfets qui se sont succédé à Bamendjou ?
Réponse : Si un sous préfet ne va pas chez TANKOU à Bamendjou il va aller où, même s’il
n’aime pas TANKOU il va aller où, j’ai eu des bonnes relations avec les sous préfets qui se
sont succédés à Bamendjou, je m’entends très bien avec celui qui est là maintenant. Son
épouse et la mienne sont amies et se fréquentent.

Question : Que dire du chef ?


Réponse : J’ai dit aux miens, de ne jamais aller informer le chef de mon décès, il ne le
mérite pas.

Question : votre distraction préférée ?


Réponse : Ma distraction préférée est le tennis, je jouais beaucoup. Mais je ne joue plus,
l’âge m’oblige.

A la télévision, ce qui ne plaît le plus c’est le tennis.

J’ai une grande piscine, mais je n’entre jamais dedans. Je ne me suis jamais habitué à la
piscine. Mon fils Xavier a failli un jour se noyer là dedans. A la piscine on se noie facilement
surtout lorsqu’on a mon âge. Cette piscine était très profonde, on a remblé, bref on l’a réduit.

Question : A propos du comité de développement de Bamendjou ?


Réponse : Le comité de développement existe toujours mais j’ignore aujourd’hui les mem-
bres du bureau à savoir le Président, le trésorier et les autres.

En mon temps, on avait construit les salles de classe au lycée de Bamendjou, on avait
construit des salles e classe à l’église évangélique et beaucoup d’autres réalisations.
Nos objectifs étaient annuels, à chaque fois on les atteignait.

Question : l’histoire de Donatien qui vous a escroqué a fait le tour de la ville ?


Réponse : Je n’ai jamais vu Donatien en face. Je ne le connais pas. Tout s’est passé par
l’entremise d’un avocat. On m’a donné un chèque de 86.000.000. J’ai signé les papiers
de vente.On m’a remis un chèque sans provision. Un de mes enfants suivra ce dossier
un jour. Pour l’heure chacun de mes enfants est très pris par ses activités.

Question : Le Lion’s Club se passait comment ?


Réponse : J’ai fait le tour du monde avec le lions club, j’ai fait l’Amérique deux fois : 1 fois
avec les lions club, et une autre fois tout seul.

Quand on était dedans, c’était très animé, je ne sais plus où on en est de nos jours.
Il y avait le docteur Tagny Mathieu, le Docteur Kodja et bien d’autres c’était un club où il
fallait donner, et aider. Les membres étaient des personnes nanties qui avaient suffisam-
ment. On voyageait à moitié tarif. On est allé partout, dans des endroits que seul on n’au-
rait pas pu s’y rendre.

La devise du lion’s club est de donner. C’est un club des bourgeois.

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Question : Que pensez-vous des nouvelles églises qui fleurissent partout ?


Réponse : Dans mes maisons, j’ai comme locataire 4 églises différentes. Il y a même une,
qui me paie 1.800.000 par an. Les églises nouvelles ne survivent que grâce aux hommes
qu’elles trompent.

Il y a même une de ces églises qui ne me paie plus depuis. Je vais la faire partir avec
l’argent qu’elle me doit.

Il y a plein de nouvelles églises qui ouvrent le matin et ferment dans l’après midi.

Ils essaient comme on essaie les affaires si cela réussit tant mieux.

Question : Les enfants ne sont pas là, pour vous accompagner et pérenniser votre œuvre ?
Réponse : Chaque enfant suit sa destiné. Ceux qui devaient me suivre ce sont les enfants
de la femme qui est partie. C’est ma seule femme qui est Bamendjou. L’avenir de ma mai-
son était dans ses enfants.

Je lui dis, écoute tu viens au Cameroun je te donne, une maison, une voiture, et un revenu
mensuel, je suis vieux, je ne cherche plus les femmes. Mon problème est qu’elle vienne
garder la place de ses enfants.

Celle-ci avec qui je vis à Bamendjou a deux boys et deux cuisiniers. Elle est déjà grande-
mère deux fois.

Elle et moi on va au mariage d’une des jumelles. L’autre a fait deux garçons dans le mariage.

Celle qui se marie épouse un français d’origine antillaise.

Question : Un mot, sur nos coutumes ?


Réponse : Nos coutumes meurent, on aurait pu les maintenir, c’est devenu un fond de
commerce pour beaucoup de personnes. Nos parents étaient très intelligents. Quand on
déposait son paquet au lieu sacré, on était sûr de le retrouver plus tard. Si vous oubliez
votre porte monnaie à l’église vous ne le retrouverez plus.

On consacre les prêtres, comme on consacre les chefs. L’église d’aujourd’hui n’est pas
comme celle d’hier. On y demande beaucoup plus d’argent que de foi.

Question : Avez-vous un ami précieux ?


Réponse : J’ai un ami précieux il me doit de l’argent. Mais l’argent ne fait pas la vie. Il est
dans les djoujou, je ne suis pas dedans. Il est très encré dans les coutumes, je ne lui de-
mande pas, parce que je sais qu’il n’a pas, il est à Bafoussam, on se fréquente. Il me doit
9 millions, on était dans une tontine qui devait donner 40.000.000. Son fils a gagné un
marché public de 260.000.000 pour réaliser une route, on a refusé de réceptionner le
marché parce que c’était mal fait.

J’ai perdu mon argent, j’ai remboursé, nous avions le même nom, je cotisais 1 million. Va-
t-on arrêter le fils pour récupérer, pour qu’il prenne où. Pour ce qui est de la richesse, cet
ami n’est pas au même niveau que moi, il est du village Batié. Tous les deux, nous
sommes propres avec cette tontine. Je n’y vais plus.

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L’état n’a pas payé le fils j’ai perdu. Mon ami est un commerçant, je connais ses moyens,
je vais m’en prendre à son fils et cela va servir à quoi ? Je ne lui en veux pas, et il ne m’en
veut pas. On a oublié cette mésaventure tous les deux.

Question : Connaissez-vous bien le Cameroun ?


Réponse : J’ai visité toutes les régions du Cameroun sauf l’Est.

Question : C’est vous-même, qui avez fait le goudron qui vient chez vous ?
Réponse : J’ai fait mon goudron, j’ai installé mon transformateur et on a mis un autre en
complément.

Question : Vos relations avec Fotso Victor ?


Réponse : La fille de Fotso s’est mariée avec mon fils, ils ont eu 4 enfants, mon fils est mort.
Ces enfants sont aujourd’hui grands.
C’est mon fils et la fille de FOTSO qui avait décidé du mariage, il n’y avait pas eu notre in-
tervention.

Je pars chez FOTSO Victor quand je veux et lui, il vient chez moi quand il veut.

Question : Un autre souvenir de vos parents ?


Réponse : Mes parents étaient des chrétiens convaincus et convaincants, toute leur vie
durant, ils ne nous parlaient que de christianisme.

Tout petit, lorsqu’on ne se levait pas tôt, pour aller à la messe, ils vous versaient l’eau sur
le lit. Il faisait déjà un froid glacial et avec de l’eau en plus, c’était intenable.

Question : On a souvent dit que la puissance économique et financière des Bamileké vient
des tontines qu’en pensez vous et prenez vous part aux tontines ?
Réponse : Nous avons une réunion qui se tient Chez Nzété Emmanuel, nous sommes 105
membres. Avec une cotisation de 1.000.000 par personne ce qui fait 105.000.000 quand
vous voulez de l’argent, vous achetez pour faire votre affaire. Je suis l’un des fondateurs
de cette réunion.

En cas de décès ta famille reçoit 2.500.000 et ils font la nourriture et achètent la bière pour
leur cercle. Le taux d’intérêt est préférentiel.

1er tour : 8.500.000, qu’on repartage à tous les membres. On peut bénéficier 2.000.000
dans l’année.

Chez Choupé à Douala, on cotise 2.000.000 par mois. CHOUPE et NZETE sont Batié, c’est
une coïncidence favorable.

Dans l’ancienne MIFI, les Batié sont les plus nantis. Ils viennent après les Bandjounais.
Chez Melong SIMON on cotise 2.000.000 par mois
Chez le frère de Quiferou on cotise 2.000.000 par mois
Chez Bougan on cotise 1.000.000 par mois, il ya 50 personnes.

On peut participer à toutes ses tontines et on verse à la fin de chaque mois 8.000.000 de

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francs. Le fonctionnement des tontines donnent plus de crédibilité à cette institution.

Question : Avec la crise quel est le nombre d’élèves au collège ?


Réponse : L’année passée il y avait 4.500 élèves, cette année, il ya 4000 élèves (Réunifi-
cation et Collège Nelson Mandela), soit une chute de 500 élèves.

Le Collège de Bamendjou avait 250 élèves l’année passée et cette année il a 300 élèves.
Ce collège de Bamendjou, je le loue à un groupe de Jeunes professeurs. Proportionnelle-
ment au chiffre d’affaires et au bénéfice. Ils me donnent la moitié du bénéfice et prennent
l’autre moitié. Cet acte est notarié. Le bénéfice n’intervient qu’après que toutes les charges
soient prélevées.

Question : Les professeurs sont-ils toujours bien habillés ?


Réponse : La bonne charité commence par soi-même les professeurs ne peuvent pas
enseigner la propreté sans être propres eux-mêmes.
Il fut un temps où il y avait un petit délabrement mais depuis, tout est rentré dans l’ordre.

Question : Un mot sur le maquis


Réponse : J’ai vu le maquis, j’étais à Bafoussam chaque fois qu’il y avait l’insécurité. J’allais
dormir à l’hôpital régional.

Question : Vos titres coutumiers ?


Réponse : J’ai le titre de commandeur à Bamougoum "MOUMBE SAH Gouong ". Je suis
MOUMBE WENDA à Bamendjou.

Ces deux titres de notabilité sont les plus grands. Si je crie à Bamendjou tout le village sort
sans le chef. Si je crie à Bamougoum tout le village sort avec le chef.

Question : Pour vos services rendus à la société, le gouvernement de la République vous


a-t-il fait un retour d’ascenseur à travers les médailles chevalier, officier, etc.
Réponse : Déjà quand on vous propose ces médailles on vous demande d’acheter, ce
qui est paradoxal. Comment peut-on payer en argent, un prix en nature c’est contradic-
toire. C’est comme un élève qui sort premier de sa classe. Mais pour lui remettre le bulletin,
on lui demande de payer sinon on ne lui remet pas. J’ai fait des ponts pour relier les quar-
tiers. J’ai réalisé des routes pour desservir des quartiers à Bafoussam. Je ne peux pas
bien travailler et attendre de payer pour être décoré.

Question : Quels conseils donnez-vous souvent à vos enfants pour ce qu’il est du mariage ?
Réponse : Le mariage est un enfer, ceux qui y sont veulent quitter. Ceux qui sont loin veu-
lent entrer.

Chacun doit expérimenter lui-même.

Question : Comment choisit-on les amis ?


Réponse : Un bon ami, c’est le hasard. On ne choisit pas les amis, surtout les bons amis,
les intimes.

On peut avoir la chance de tomber sur un bon ami, comme sur une bonne femme.

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Un bon ami, tout comme une bonne femme c’est un don de Dieu.

Question : Votre dernière femme est de quel village ?


Réponse : Elle est proche, elle est originaire de Bameka. Même le Directeur de la Réuni-
fication est Bameka. Il en est de même du Directeur du collège Nelson Mandela, Ma
femme vient d’être nommée contrôleur général de mes activités. Elle n’a en aucun cas in-
fluencé le choix de ces deux comme Directeur. Ils auront fait plus de 10 ans.

Question : l’alcoolisme et le tabagisme ne vous ont jamais influencé ?


Réponse : Ni moi, ni mes frères et sœurs, ni nos parents, c’est l’auto destruction avec le
temps et l’âge, je peux exceptionnellement boire une petite bière lors de grandes mani-
festations.

Question : Votre plat préféré ?


Réponse : J’ai plusieurs plats préférés
- Le taro avec la sauce jaune
- Le couscous de maïs avec les différentes sauces
- Le plantain
- Le haricot

Les médecins du Cameroun et de France qui me suivent me disent de tout manger, mais
seulement de ne rien exagérer.

Question : Votre contribution dans la construction des églises à Bamendjou ? (Catholique


comme protestante).
Réponse : le minimum que je donne est de 100.000F.

A la mission catholique, je donne un peu plus. Lors de la construction du jubilé de l’an


2.000. J’ai donné 500.000.

Question : Quel sport pratiquez-vous à Bamendjou ?


Réponse : Je marche, je fais le tour de la colline

Question : Quand les gens vous voient ils ne vous posent pas leur problème d’argent ?
Réponse : Je ne peux qu’aider à la limite de mes possibilités qui peut résoudre les pro-
blèmes du monde entier, si ce n’est Dieu seul.

Question : Votre point de vue face aux crises multiformes, face aux catastrophes qui mi-
nent le monde aujourd’hui ?
Réponse : L’on ne saurait rester insensible et indifférent face à ces crises et ces catas-
trophes.
En définitive et tout bien pensé la clé du monde est entre les mains de Dieu et lui seul.

Question : Si pour vos multiples actions positives pour la société le gouvernement faisait
de vous un sénateur, comment réagirez-vous ?
Réponse : je peux être sénateur mais sans responsabilité, pour donner librement mes
idées sur la bonne marche de la société. Cela sans intérêt c'est-à-dire sans rétribution.

Question : Que faut-il faire pour que la société vous aime ?

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Réponse : il faut faire du bien pour être aimé par la société.

C’est vrai que la société est machiavélique, les hommes sont ingrats, mais cela n’exclut
pas qu’il faille faire du bien.

Question : A qui appartient cette belle maison, juste avant votre portail ?
Réponse : A mon fils DJOKO Augustin, il est propriétaire de plusieurs autos écoles à
Yaoundé. Il vit vers la mosquée. Il a sorti un livre de pédagogie de conduite pour toute
l’Afrique. Il est en pourparler avec les ministères des enseignements de base et secon-
daires, pour un livre de pédagogie de conduite destiné aux élèves du primaire et du se-
condaire.

Question : Quel est le nombre exact de vos enfants ?


Réponse : 21 enfants, grâce à Dieu et à la bénédiction incessante du Seigneur Jésus Christ

19 enfants sont légitimes avec acte de mariage.

2 enfants sont naturels sans acte de mariage.

Question : Connaissez-vous l’histoire du village Bamendjou ?


Réponse : Non je ne connais pas

Je vais vous faire une esquisse.

Il y a de cela bien longtemps une femme avait 4 enfants, l’un est allé créer le village Ba-
meka, les autres restés ensemble n’arrêtaient pas de bagarrer, un s’est exclamé un jour
« jo kui chouo, no ne choa » qui signifie qu’elle querelle inutile et unique qui me donne la
malchance.

Il s’appelait le-ba (on l’appelle chef Leba) c’est le fondateur du village Bamendjou c’était
un chasseur.

Son fils héritier s’appelait Fo Ngoum ve ve

Le fils héritier de ce dernier s’appelait FO FOTSING

Après Fo Fotsing on aura Fo Takam

Revenons au point de départ une fois Bameka et Bamendjou créés.


Les deux autres fils vont créer l’un Bansoa et l’autre Bamougoum

Le site géographique où tous les 4 se trouvaient au début est Bansoa

Question : Depuis plus de 40 ans, les gens ont toujours été surpris à Bafoussam de voir
vos enfants fréquentés à la Réunification. Alors que très riche comme vous êtes ils pou-
vaient aller fréquenter en Europe.
Réponse : Je faisais confiance à l’éducation que mes professeurs prodiguaient, je devais
prêcher par l’exemple en y envoyant mes propres enfants.

TANKOU PHILIPPE
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Question : Y a -t-il une association des anciens élèves du collège de la Réunification ?


Réponse : On crée chaque année, une association des anciens élèves du collège de la
Réunification, mais chaque fois cela ne marche pas.

Question : Quelle est votre politique dans les affaires ?


Réponse : Je ne thésaurise jamais, le peu d’argent que je gagne, je réinvestis.

Question : le BTS va migrer dans votre domicile et que va devenir l’ancien site ?
Réponse : Le collège Nelson Mandela va migrer dans les locaux du BTS. L’école primaire
les Alouettes va migrer au collège Nelson Mandela.

Je verai s’il faut louer l’école primaire aux éleveurs où y faire autre chose.

Question : Ceux qui travaillent, ce ne sont pas ceux qui mangent. On ne saurait manger
plus de 3 plats de nourriture par jour, si ce n’était que pour soi même, on ne saurait passer
se vie aussi occupé que vous l’aviez été ?
Réponse : J’ai trop travaillé pour d’autres, si je meurs on ne me mettra que dans un cer-
cueil 2m/1m.

Voyez-vous quand on a construit une grande maison, dans cette maison on a droit à une
seule chambre et dans cette chambre on a droit qu’à un seul lit et sur ce lit on a droit
qu’à une seule place. On a beau avoir une grosse voiture, on ne saurait occuper plusieurs
places à la fois.

Question : La plantation de 80 ha existe depuis combien d’années ?


Réponse : Elle existe depuis 1978.

Question : La fonction de l’éducation incombe à l’Etat or quand d’autres le font, ils aident
l’Etat. Puisque les jeunes scolarisés travailleront pour la république aviez vous déjà béné-
ficié des subventions de l’Etat ?
Réponse : Certaines années oui, d’autres années non ils donnent quand ils veulent et
quand ils peuvent, on ne se base ni sur l’investissement, ni sur le nombre d’élèves ni sur
le taux de réussite. Pendant plusieurs années je n’ai rien reçu.

Question : Etant le précurseur du collège Laïc à l’Ouest, vous auriez pu créer des établis-
sements dans les 4 coins de la ville ?
Réponse : Je n’y ai pas pensé, et aussi avoir le terrain n’était pas facile.

C’est l’ancien chef Baleng qui m’avait cédé ce terrain.

Depuis plus de 40 ans, les populations de Bafoussam appelle la réunification le lycée d’en
bas.

Question : pourquoi le nom : l’école les 4 vents


Réponse : Parce que pendant la construction de ma résidence de Bamendjou. Un vent
impétueux a risqué emporter le chef chantier. J’y ai fait mon électricité seul, mon forage
d’eau seul.

Question : Vos activités sportives ?

TANKOU PHILIPPE
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Réponse : J’ai été pendant deux saisons, président du Racing Club de Bafoussam
Les joueurs de Racing et Renaissance ne payaient pas la pension. C’est sous mon mandat
que Racing est devenu tout puissant de l’Ouest. Je serais même président de la ligue pro-
vinciale de football de l’Ouest.

En tant que président, il fallait aller prier les joueurs pour qu’ils viennent jouer, avec de l’ar-
gent bien sûr. Les recettes de stade ne valaient rien.

Chaque fois, et en tant que président, il fallait sortir beaucoup d’argent dans mes fonds
propres.

Question : Je constate que pour le nouveau chantier du BTS, vous êtes là, tous les jours ?
Réponse : Les gens sont mesquins, si vous n’êtes pas là, il y aura beaucoup de dégâts,
et de bricolages or il s’agit des maisons qui peuvent un jour s’écrouler sur des personnes,
ils sont capables de vous mettre un fer de 3 au lieu d’un fer de 12.

Ils sont capables de doser 6 brouettes de sable pour un sac. Mettant ainsi en péril, la vie
des êtres humains qui vont occuper ces salles. C’est la raison pour laquelle, je dois être
là, tous les jours jusqu’à la fin des travaux.

Question : Je constate qu’il n’y a pas de relève de la part de vos enfants ?


Réponse : Mes enfants sont très occupés. J’ai appelé, l’un de venir travailler avec moi,
mais il a refusé il s’appelle NANA TANKOU Eugène.

Question : Quel poste avez-vous occupé au syndicat de l’enseignement Laïc ?


Réponse : Je fus trésorier du SEDUC pour l’Ouest.

Question : Pourriez vous pardonner au Chef de Bamendjou s’il vous le demande ?


Réponse : J’ai appris à pardonner, je suis un chrétien. Il ya des demandes de pardon fan-
taisistes.

A tous ceux qui m’ont causé des désagréments, je suis prêt à pardonner, mais il faut que
cette demande de pardon vienne du fond du cœur.

Question : Que pensez-vous de vous-même ?


Réponse : J’ai toujours été en avance sur les gens de ma génération. J’ai toujours vu plus
loin que tout le monde. J’ai toujours été en avance sur mon temps, j’ai toujours su anticiper
C’est une grâce que Dieu m’a donné.

Mais aujourd’hui, la fatigue me gagne, je ne regrette rien, j’ai fait ce qu’il fallait faire au
moment où il fallait faire.

Question : A quand l’intensification de votre activité agricole ?


Réponse : L’agriculture est bien, mais il faut s’y concentrer. Dieu m’a trop aimé pour me
donner l’âge que j’ai aujourd’hui. J’ai devant moi beaucoup de choses que j’aurai voulu
faire mais je ne peux plus.

Question : Votre passe temps favori pendant vos vacances en France ?


Réponse : Je fais mon bilan de santé, je visite les entreprises et les magasins, à l’époque

TANKOU PHILIPPE
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CHAPITRE 12 :
LEÇON DE
PEDAGOGIE
SOCIALE

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« Dans le monde des affaires, tout comme dans la vie lorsque vos activités
mettent en contact des milliers de personnes et beaucoup d’argent, les tri-
bunaux deviennent incontournables. Vous êtes obligés de mettre sur pied
un département juridique, vous avez un conseil juridique avec notamment
avocat huissier et notaire.
Si vous n’êtes pas sur la route des tribunaux pour vous plaindre, c’est d’au-
tres qui vous y emmènent parce qu’ils se plaignent de vous.
C’est le prix à payer, lorsqu’on fait les affaires ».
« Mon fils Xavier a toutes les difficultés du monde pour trouver un Directeur Général afin de
souffler un peu et s’offrir de temps en temps quelques congés, les investissements de sa société
s’élèvent à plus de 30 milliards de francs CFA. Le chiffre d’affaires annuel s’élève à des milliards.
Il travaille trop. En ce moment, en tout cas d’un moment à l’autre il va se construire ici à Ba-
mendjou il a choisi, l’espace de derrière qui fait face à une montagne de l’autre côté. C’est un
lieu idéal quand il faudra qu’il se repose cet endroit est au milieu des eucalyptus géants ».
« Je mange 3 fois par jour, le petit déjeuner, le déjeuner et le diner, je ne mange pas beaucoup
Je ne grignote jamais entre les repas.
Toute la journée, je lis les différents rapports d’activité ou synthèse de rapport qui provien-
nent des :

TANKOU PHILIPPE
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- Directeurs de collèges et d’écoles


- Directeurs de société du groupe TANKOU
- Contrôleur général
- Directeur financier
- Et bien d’autres
Je donne mes avis lorsque les problèmes ne sont pas à la hauteur de mes collaborateurs, ils
me le soumettent.
Je n’aime pas la paresse, je ne sais même pas ce que ce mot signifie, je suis occupé toute la
journée. Et la nuit venue, je suis sérieusement épuisé, je dors d’un sommeil profond. Les journées
de travail sont ponctuées de bonnes nouvelles et de mauvaises nouvelles, mais on avance.
Comme vous pouvez le constatez, il n’y a ni téléviseur, ni radio dans mon bureau, parce que
ma journée au travail, c’est pour travailler, je ne fais rien d’autre que cela ».
« Il y a beaucoup de personnes qui me doivent de l’argent, j’ai effacé dans ma tête et dans mes
livres les créances de la plupart. Il y a une église qui me doit des millions de francs. Je leur ai dit
de partir avec cet argent et de libérer ma maison. A ce que je sache et grâce à Dieu, je paie
toujours mes dettes, je ne dois rien à personne ».
« Ma mère était une grande travailleuse, elle bravait partout, la prière tous les matins 365 jours
sur 365 jours avec son mari et ses enfants.
Le champ, où elle était une grande cultivatrice. elle faisait les beignets de haricot tous les jours
du marché.
Elle était originaire de Bamendjou comme mon père et très précisément du quartier NEPIE se
prononce et s’écrit comme la cola en langue Bamendjou ».
Une de mes petites sœurs est l’héritière de ma maman.
« Philippe était le nom du Catéchiste qui travaillait avec mon père, quand il est mort papa l’a
remplacé. C’est pour cela que j’ai hérité de ce prénom. Un prénom qui aurait pu me conduire
tout droit vers un destin de catéchiste que je n’ai fort heureusement pas voulu »
« La mère de Jean Michel TANKOU, l’autre nom épouse s’appelle NGOUEGNE Cécile, elle était
ici à Bamendjou dernièrement mettre un bouquet de fleurs sur les restes de son fils Denis TAN-
KOU »
« Chaque année, mes 21 enfants et moi, nous nous retrouvons ici à Bamendjou le 24 Décembre
jusqu’au 25 Décembre. C’est un rituel incontournable. Même ceux qui sont en Europe viennent.
La grande messe organisée dans la grande chapelle que j’ai construite, sous la conduite d’un
prêtre officiant tient à mes yeux lieu de coutume.
Je ne fais pas d’autres pratiques coutumières que celle là. Je ne pars pas à Tchoum. Nous avons
un terrain là-bas. Je laisse à mon petit frère le soin de donner le coup d’envoi et je vais aussi si
possible soit m’y construire, soit envoyer les enfants le faire là-bas ».
« Ndoumelong signifie ‘’ sur les pierres’’. Ce lieu où je suis né qui deviendra un lieu de pèlerinage
pour l’église catholique. Etait au départ un lieu maudit pour le village Bamougoum. C’est-là-

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bas qu’on venait exécuter les parias, les indésirables, les délinquants et autres du village. En
remettant cette terre à la Mission, le village se débarrassait d’un lieu lugubre et d’une pratique
d’une autre époque parce que l’administration coloniale réprimait toute forme de barbarie. »
« Chaque rentrée je fais un discours d’exhortation au travail aux élèves et à la fin d’année un
discours d’au revoir. Aux meilleurs élèves de chaque classe, j’ai toujours attribué des bourses
d’encouragement. Les meilleurs employés, les meilleurs professeurs reçoivent une enveloppe
dont je suis le seul à savoir le montant. Ensuite je leur porte un badge qu’ils vont brandir fière-
ment, au vu et au su de tout le monde. Je fais un discours aux professeurs chaque rentrée,
j’ouvre leur assemblée générale, je donne les grandes lignes et je les laisse travailler »
« L’un des souvenirs, les plus douloureux de ma vie reste la prison, j’aurais pu y périr ou sombrer
définitivement, mais le force de Dieu m’a aidé à tenir ».
« Le calme du village m’a toujours impressionné positivement. C’est le lieu au monde où je dors
d’un sommeil juste et réparateur.
En créant le collège, l’école primaire et l’hôpital à Bamendjou, je me suis fais des nouveaux voi-
sins. Je me suis imposé des voisins, afin que l’endroit soit bruyant de monde et que je ne sois
pas seul. Aujourd’hui tout comme demain je ne suis pas seul sur ma colline.
« Le jour où les 5 bandits m’ont arraché sur le pont de Sang Bamougom ma patrol Nissan vieille
de seulement 7 mois et m’y ont abandonné avec mon chauffeur et mon fils. Et surtout ils nous
ont pris tout ce que nous avions en poche. Au bout d’un certain temps, un particulier de passage
nous a remarqués dans le noir. Mon chauffeur est aussi connu que moi puisqu’il est l’adjoint
direct au chef supérieur Bameka. Il va nous transporter jusqu’à mon domicile à Bamendjou.
Le braquage quand on est victime est une épreuve pénible : on pense aux ennemis aux jaloux
mais on pense très peu aux voleurs et c’est cela qui complique tout ».
« Comme beaucoup d’autres Camerounais, j’ai perdu beaucoup d’argent dans les faillites suc-
cessives de la B.I.A.O et de la S.C.B. La B.I.A.O : banque internationale pour l’Afrique occidentale
et S.C.B : société Camerounaise de banque étaient les fleurons de l’Economie du Cameroun
les deux faillîtes vont ébranler le monde des affaires comme beaucoup, j’en ai été durement
éprouvé ».
« Chaque année des illustres personnalités de la République sont invitées à présenter leurs
vœux au Chef de l’Etat. Le jour où je serais invité, je n’y manquerai pas ».
Qu’est ce qui peut rendre heureux, un père d’enfants sinon la visite inattendue d’un enfant, qui
vient de loin et lequel de surcroit fait la fierté de la famille par son dynamisme en métropole
économique c’est-à-dire Douala.
Ce jour de 12 janvier 2012, Xavier Tankou P.C.A de multi print à Douala, la plus grande imprimerie
de l’Afrique noire vient entre autre voir son père, et lancer les travaux de sa résidence privée de
Bamendjou.
Le père est très heureux du fils qui l’a ressemblé en affaires à plus d’un titre. Entre deux coups
de fils de téléphone professionnel et une bouchée de nourriture puisqu’on est à table à midi, il
donne les dernières informations.
« La concurrence est devenue très rude dans les affaires, quand l’évolution économique des

TANKOU PHILIPPE
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affaires a été époustouflante les Etats Unis ont sorti face à la concurrence leur carte secrète : In-
ternet c’était un outil longtemps utilisé essentiellement par le pentagone et le service secret
américain la CIA. Ce réservoir extraordinaire de données met à la porté du monde tous les
clients et tous les fournisseurs possibles. La concurrence est rude. Personne n’a plus droit au
repos. Nous avons déjà des concurrents qui viennent d’Asie et d’Europe pour nos marchés ici.
Afin de résister longtemps, nous devons impérativement sortir et aller vers d’autres pays cher-
cher des nouveaux marchés. »
J’aurai la chance par la suite de rencontrer un médecin colonel retraité en la personne de
Monsieur FOGUE Henri.
« Je suis entré au collège de la Réunification en Septembre 1963, si ce collège n’existait pas, je
n’aurais pas eu mon parcours actuel. La première année nous étions au marché central de la
ville de Bafoussam, il y avait deux classes de 6ème, 1 classe de 5ème, et 1 classe de 4ème. Il y
avait en blanc qui donnait les cours de physiques l’année qui suivait c’est-à-dire en Septembre
1964. Nous sommes allés à l’emplacement actuel du collège que tout le monde connaît. Au-
jourd’hui, je suis à la retraite. Mais seule spécialiste de mon état je suis sollicité assez régulière-
ment pour apporter mes compétences dans certaines cliniques, lorsque les médecins sont en
face d’un cas difficile outre passant leur capacité. Nous sommes infiniment reconnaissants à
Monsieur TANKOU Philippe d’avoir mis à notre disposition des outils pédagogiques assez étof-
fés, le laboratoire et la bibliothèque étaient bien fournis. Les professeurs faisaient bien leur travail.
Nous sommes nombreux dans ma promotion à avoir réussi. Il y a même un capitaine retraité
avec qui j’étais ce matin qui est aussi un ancien élève de la réunification :
La capitaine Fossi Ambroise ».
« Ma fille et son mari vont arriver bientôt de Paris pour travailler avec moi. Son mari est informa-
ticien. J’ai fait aménager pour eux un appartement. »
« Je suis convaincu que mon histoire va intéresser plus d’une personne, vous me posez des
questions pertinentes, un journaliste de la C.R.T.V avait tenté l’expérience. Mais il ne s’était pas
en sorti.
Aujourd’hui, je n’ai plus rien à cacher de ma vie. Je suis devenu malgré moi un homme public
et du public. »
« J’ai représenté la maison Toyota dans l’ouest du Cameroun. A eux j’achetais toutes les
marques de voiture possible que je revendais à l’Ouest. J’avais un grand garage pour le service
après vente. Quand ils se sont rendu compte que ce commerce était florissant à l’Ouest. Ils ont
commis un délit d’initié : venir s’installer comme moi à Bafoussam. J’étais dans l’incapacité de
faire la concurrence avec mes fournisseurs dans la même ville. J’ai tout vendu et je me suis dé-
barrassé de l’affaire ».
« Les machines de la provenderie, ont été vendues à un opérateur économique. Les bâtiments
de la provenderie, ainsi que les Etangs ont été vendus au propriétaire de Congelcam que tout
le monde connaît. »

TANKOU PHILIPPE
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« Je saisis cette occasion pour remercier tous les pro-


fesseurs , maitres , élèves , parents et collaborateurs qui
m ont soutenu et accompagné dépuis plus de 50 ans.

Je profite de l’occasion pour demander pardon à tous


ceux que j’ai malgré moi déçu , en commençant par
ceux qui ont été enervés de ma réussite . Je par-
donne à tous ceux qui m’ont déçu.

Que le seigneur JESUS CHRIST nous pardonne tous. »

TANKOU PHILIPPE
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UNE LECTURE
NOUVELLE DE L’HISTOIRE
DU PEUPLE BAMILEKE

TANKOU PHILIPPE
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CHAPITRE I :
LE POURQUOI
DE CE MODESTE
OUVRAGE

TANKOU PHILIPPE
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n dit souvent qu’un peuple qui ne sait pas d’où il vient, ne saura

O
jamais d’où il va. Nous essayons de retracer ici avec quelques élé-
ments que nous disposons l’histoire du peuple Bamiléké, à travers
des siècles et cela à l’intention de nos enfants, des Bamiléké que
nous sommes nous même, mais surtout de tous ceux et toutes
celles qui au quotidien côtoient les Bamiléké. Ceci s’adresse à tous
ceux et à toutes celles qui aiment un peu, beaucoup, ou même
assez ce peuple.

Loin de nous l’idée de prouver que les Bamiléké sont un peuple


entièrement à part.

Loin de nous l’idée de montrer ou de démontrer que les bamiléké sont un peuple au-des-
sus des autres, ou encore un peuple en dessous des autres.

Peut-être avons-nous trop osé en parlant du monde Bamiléké : c’est tout simplement en
raison de la particularité de sa culture, de son histoire et surtout de son train de vie quo-
tidien.

En tout état de cause, ou de fait nous sommes convaincus que les Bamiléké ne voudraient
et ne veulent qu’une chose bien vivre avec les gens d’ici et d’ailleurs.

Par ailleurs nous rendons un vibrant hommage à nos aïeux qui auront eu le courage de
faire un périple de plusieurs milliers de kilomètres pour arriver où nous avons eu la chance
de voir le jour et où certainement un jour avec l’aide de Dieu et des hommes, nous irons
nous reposer pour l’éternité.

TANKOU PHILIPPE
PIONNIER DE L’ENTREPRENARIAT PLURIEL A L’OUEST DU CAMEROUN 73
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CHAPITRE 2 :
BREF APERÇU
HISTORIQUE DE
L’ORIGINE DES
BAMILEKE

TANKOU PHILIPPE
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n mars 1960 : le colonel Français Jean Lamberton déclare dans un ar-

E
ticle intitulé : « les Bamiléké dans le Cameroun d’aujourd’hui » paru dans
la revue de la Défense Nationale à Paris : « le Cameroun s’engage sur
le chemin de l’indépendance avec dans sa chaussure un caillou bien
gênant. Ce caillou est la présence d’une minorité ethnique : les Bami-
léké. L’histoire obscure des Bamiléké n’aurait d’intérêt qu’anecdotique,
si elle ne montrait à quel point ce peuple est étranger au Cameroun ».
Chaque lecteur est libre d’analyser à sa convenance une pensée pa-
reille.

Les dernières enquêtes nous révèlent que les Bamiléké sont originaires de la région des
Tikar. Cela signifierait à priori qu’ils seraient les cousins des Bamoun ou bien encore qu’ils
auront comme ancêtres les Tikar. Ce qui est absolument faux parce qu’aucun lien carac-
tériel et structurel ne lie les deux peuples.

Lorsqu’on procède aux multiples recoupements, l’histoire nous enseigne qu’ils sont origi-
naires du Sud soudan. C’est pour cela qu’ils aiment vivre en altitude comme les Kirdi du
Nord Cameroun ou comme ceux qu’on extermine au Sud soudan. Un destin aussi tra-
gique que celui des Bamiléké. Leur préférence pour la vie sur les montagnes refuges per-
mettait lors des guerres tribales de voir l’ennemi au loin et de mieux se défendre ou encore
de contrattaquer. Ce qui est aussi vraisemblablement faux. En tout cas, que cela soit au
Sud soudan ou encore dans la région des tikars, les Bamiléké ont transité dans ces zones
sans s’assimiler aux résidants.

Un groupe de chercheurs européens vient de sortir une grande découverte : pour eux les
Bamiléké seraient venus de la 12ème tribu d’Israël or cette 12ème tribu n’est autre que la tribu
des Benjamites. Ils se seraient retrouvés au Kenya, ensuite ils ont remonté le Nil pour se
retrouver au Sud soudan, ensuite ils ont migré pour se retrouver où ils sont aujourd’hui.
Afin de mieux soutenir leur argumentation, ils disent entre autres ceci :

1. La structuration des chefferies Bamiléké :


comme dans l’ancien testament le chef est dépositaire du pouvoir temporel et du pouvoir
spirituel, il est l’intermédiaire incontournable entre Dieu et les hommes. Les Bamiléké sont
une société organisée et hiérarchisée.

2. Les rites et les coutumes.


Presque sept des dix commandements sont appliqués dans les rites et coutumes Bami-
léké. Mais aussi il y a les sacrifices des chèvres et coqs qui remplacent l’agneau.

3. Les rites de veuvages aussi bien des hommes que des femmes.
Mais surtout des femmes lorsqu’un mari vient à mourir, les frères du défunt ont la priorité
des droits sur la veuve.

• La sacralisation du droit d’aînesse :


Le droit d’aînesse est sacré ; lorsqu’un homme âgé ou une femme âgée parle on suit at-
tentivement. Lorsqu’un aîné parle le cadet se plie. En tout, le cadet doit à l’aîné une obéis-

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sance et une soumission totale. Et même que le cadet n’appellera jamais l’aîné par son
nom.

• Des restes du défunt :


De même que les restes de Joseph sont partis d’Egypte en Palestine. C’est-à-dire en terre
promise, les restes de tout Bamiléké rentrent toujours à l’Ouest.

• De la réincarnation :
Les gens ont demandé à un moment donné à Jésus Christ s’il était Elie, ou Moïse : Il a ré-
pondu ni l’un, ni l’autre. Il est tout simplement le Messie.

A l’ouest il y a plein d’enfants qui à la suite de longues maladies sont blessés afin qu’ils
ne reviennent plus. Or une fois morts et enterrés, quelques années plus tard, leur maman
accouche un nouveau bébé qui revient avec les blessures au même endroit.

En tout cas, coïncidence ou réalité, ce phénomène se produit pratiquement presque dans


toutes les familles à l’Ouest.

- Le mariage chez les Bamiléké :


ils se marient entre eux.

Comme dans l’ancien testament les Hébreux se marient entre eux. Plus loin encore il est
question de ne pas s’éloigner de son village et surtout même de son quartier.

- De l’adversité :
Les Hébreux subissaient au quotidien la haine des autres. Les Bamiléké vivent la même
situation aujourd’hui comme hier. Sauf que le conflit semble moins visible.

Nous avons apporté là quelques justifications mais nous sommes convaincus que, le lec-
teur pourra par ses propres recherches découvrir d’autres milliers de pièces à conviction.

- Du dynamisme :
Comme les Hébreux d’hier, le dynamisme Bamiléké n’est plus à démonter.

Revenons donc au colonel Jean Lamberton qui a dit quelque part que pendant les guerres
de l’indépendance il a tué près de 400 000 Bamiléké et 190 000 Bassa et cela au Napalm
on ne sait pas quel calcul alchimique il pouvait pendant qu’il était dans l’avion compter le
nombre de ceux qu’il tuait par terre. Et si on multiplie ce nombre par le nombre des avia-
teurs français, certainement il n’existerait plus ni Bamiléké, ni Bassa.

En tout cas c’était le langage de la haine et du mépris. En attendant beaucoup sont morts
pendant cette période tumultueuse.

Lorsqu’on s’appelle Lamberton on devine à priori où on est né en France. Même comme


en Normandie au lendemain de la libération, plusieurs français de la région porteront les
noms Américain en signe de reconnaissance. Au demeurant l’histoire nous enseigne qu’il

TANKOU PHILIPPE
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y a eu le génocide indien en Amérique, le génocide arménien, le génocide Kurde, le gé-


nocide Juif qui aura fait près de 6 000 000 morts pendant la deuxième guerre mondiale.
Il y a eu le génocide Bassa, mais surtout Bamiléké avec près de trois millions de morts
pendant les luttes armées pour les indépendances. En réalité la politique qui était mise
sur pieds était celle de l’extermination collective du peuple Bamiléké.

Les Bamiléké avec l’aide de Dieu ont survécu à ce plan de destruction massive et cela mi-
raculeusement.

Ils ont survécu à toutes les machines sociales, politiques, économiques, répressives mise
en place pour les anéantir.

Un philosophe disait : « la seule raison pour laquelle quelqu’un peut vous détester c’est
que cette personne n’arrive pas à être comme vous ».

Le Bamiléké quel que soit le lieu où il se trouve sait s’assimiler.

TANKOU PHILIPPE
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CHAPITRE 3 :
LES CHIFFRES CHEZ
LES BAMILEKE

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• Le chiffre sept désigne le nombre des grands notables ou ministres d’Etat du gouverne-
ment traditionnel d’élite de la chefferie ou du royaume (depuis un certain temps on préfère
le titre de roi à celui de chef supérieur).

• Le chiffre neuf désigne le nombre des notables ou ministres du gouvernement tradition-


nel de la chefferie ou du royaume.

• Le chiffre quatre est le plus symbolique, notamment sur les villages ayant des mêmes
consonances linguistiques et ayant eu un même ancêtre proche ou lointain.

Bahouan Bameka
Bandjoun Bamendjou
Baham Bansoa
Bayangam Bamougoum

Bangoua Batié
Bandrefam Bapa
Bangang-Fokam Foutouni
Batoufam Bandenkop

Bangou Bamena
Batcha Balengou
Baloumgou Bazou
Bachingou

Bafoussam Bangangté
Baleng Bahock
Badeng Bangoulap
Bapi Bassamba

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CHAPITRE 4 :
DE L’INTRUSION DES LANGUES
ETRANGERES DANS LE PAYSAGE
LINGUISTIQUE BAMILEKE.

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ans tous les villages à l’Ouest, les mots suivants : riz, haricot rouge,

D
haricot blanc, pain, gâteau, café, cacao, sucre, avion, voiture, vélo
pour ne citer que ceux-là sont d’origine anglo-saxonne.

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CHAPITRE 5 :
SUR LA HAUSSE RECENTE
DU TAUX DE MORTALITE.

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es maladies de la civilisation font des ravages dans le monde Bamiléké.

L
Nous entendons par maladie de la civilisation, les maladies liées au
stress (mal d’estomac, mal de dos, mal de rein, mal de cœur, mal de
nerfs, etc…). Les Bamiléké par essence ont appris à maitriser les
hommes, les affaires, le monde et leur milieu naturel. Mais ils n’ont pas
appris à se maîtriser eux-mêmes. Le taux de mortalité a atteint des chif-
fres record et alarmants. Chaque semaine des milliers de voitures de
pompe funèbre drainent des corps des Bamiléké des différentes ré-
gions du monde.

Peut être l’urgence serait de se mettre à l’école de l’empereur Marc Au-


rèle, stoïcien pur et dur, surtout en ce moment où les crises financières, sociales, démo-
graphiques, climatiques, climatologiques, institutionnelles, économiques font des ravages.
« Ne conserver dans son esprit que tout ce qui est positif et rejeter tout ce qui peut nuire à
l’âme, tout simplement en l’effaçant » et Jésus Christ dit dans la Bible notamment dans
son très célèbre sermon sur la montagne ; « Ne vous inquiétez pas du lendemain, parce
que le lendemain prendra soin de lui-même » aussi « si les oiseaux du ciel qui ne sèment,
ni ne moissonnent, ne manquent pas de quoi se nourrir, combien de fois pour les enfants
de Dieu que vous êtes ».

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CHAPITRE 6 :
SITUATION
GEOGRAPHIQUE

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e pays Bamiléké est situé entre le 4° et le 6° de latitude Nord le 9° et

L
10° de longitude Est. Il couvre une superficie de 6200 km². C’est un vaste
quadrilatère de hauts plateaux ondulés, bordés à l’Est par la vallée du
Noun, au Sud Ouest par la zone d’effondrement de la plaine de Mbo,
au Sud Est par la dépression de Diboum et au Sud par les cours supé-
rieurs de la Makombé. Le pays participe au complexe montagneux de
l’Ouest Cameroun. C’est donc un relief varié, dominé par un ensemble
de sommets volcaniques d’une altitude moyenne de 1300 m et de val-
lées profondes. Le climat est équatorial. Les précipitations sont abon-
dantes 1800 mm/an.

Les températures sont modérées et varient entre 20 et 22 degré.

NB : il faut préciser à toute fin utile que la région de l’Ouest a 13 000 km², étant donné que
la région Bamiléké qui compte 7 départements a 6200 km², le département du noun seul
a le reste soit 13 000 km² - 6200 km² = 6800 km².

• Les Communautés éthniques


Toutes les communautés du Cameroun sont représentées à l’Ouest, on retiendra toujours
que les Banjdoun sont majoritaires.

• Les langues en présence sont :


le bandjounais (Ghom à la) pour ce qui est de la langue parlée pour la MIFI. Le "Medumbe"
(pour le Ndé), Le "Féfé" (pour le haut-kam), le "guiamba" pour la menoua.

• Les clivages religieux.


L’ouest est une région ou encore un pays multiconfessionnel ; elle connaît une grande di-
versité confessionnelle, mais pour l’essentiel nous retiendrons le christianisme, l’Islam et
la religion traditionnelle. Beaucoup de personnes sont à la fois musulmanes et tradition-
nelles tout comme chrétiennes et traditionnelles.

C’est quoi la religion traditionnelle ?


* Beaucoup de choses ont été dites sur les croyances traditionnelles des Bamilékés, mais
retenons l’essentiel.

Lorsque vous faites du mal à un Bamiléké, il vous dit « Dieu seul vous rendra » cela signifie
qu’il croit en un Dieu supérieur. Mais aussi il peut vous envoyer le tonnerre cela est vrai.
Cependant soyez sûr d’une chose que lorsque le tonnerre sort, c’est pour prévenir et frap-
per plus tard. Si l’expéditeur accusait pour rien ou par erreur, il retourne vers lui et le frappe.

- Chaque Bamiléké a son propre Dieu c’est-à-dire le « Bem » On dit aussi « Bem mo ». Il y
a autant de Bamiléké qu’il y a de « Bem » et c’est pour cela qu’on dit que chaque Bamiléké
est un Dieu, il y a autant de Bamiléké que de Dieu.

- Lorsqu’on meurt à l’Ouest et qu’on vous enterre, vous allez en enfer.

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Mais quand au bout d’un certain nombre d’années on retire votre crâne et on le met à la
maison, vous retournez parmi les vivants et vous êtes une sorte de Dieu, parce que chacun
vient brûler le coq, la chèvre ou le mouton au dessus de vos restes ou votre crâne afin
d’avoir sa bénédiction. Cela en prononçant des paroles de demande. On a ce qu’on ap-
pelle les sanctions positives et les sanctions négatives : positives lorsqu’on fait les cou-
tumes et négatives lorsqu’on ne les fait pas. C’est notamment le cas des héritiers qui
refusent d’aller vivre au village et une fois qu’ils sont gravement malades, on n’arrive pas
à les soigner en ville, si bien qu’une fois le malade se retrouve en phase terminale et que
le médecin demande qu’on le retourne au village afin qu’il y décède, celui-ci retrouve im-
médiatement la santé, une fois les pieds posés dans la concession natale.

Cette situation prouve que les coutumes Bamiléké sont puissantes et réelles.

Lorsqu’un responsable de concession ne se sent pas bien, il va sous un arbre ou sur un


crâne brûler un coq, au demeurant il nettoie les pourtours du crâne ou de l’arbre de Dieu
et tout de suite après il retrouve la santé.

• Des festivités ou des rendez-vous.


Lorsqu’un homme âge se rend à une fête, il doit gérer les bons présages et les mauvais
présages :

Des bons et mauvais présages :


A travers des rêves et des songes il peut savoir si son point de chute sera bon ou mau-
vais.

A travers certains signes :


Par exemple lorsqu’une souris sur son chemin traverse la route en venant du côté droit
cela signifie que tout sera bien. Lorsqu’une souris traverse la route en venant du côté
gauche cela signifie que tout sera mauvais.

Parfois également lorsque le côté droit de son épaule frémit cela augure une bonne sur-
prise.

En tout cas lorsqu’il y a mauvais présage il rentre, lorsqu’il y a bon présage il va à son
rendez-vous.

• Des visites :
Lorsqu’une personne chère arrive, un oiseau vous chante devant la maison une belle mé-
lodie dès cet instant, vous ne bougez pas jusqu’à ce que la personne arrive.

• Des totémismes :
Il y a le totem animal et le totem végétal.

En tout cas en fonction de la catégorisation sociale ou encore de la hiérarchie sociale, cer-


taines personnes peuvent avoir comme totem le lion, la souris, le singe, etc… ou tout cela
à la fois. Ou encore certaines personnes peuvent être logées dans les arbres et autres.

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• Des pratiques coutumières :


Etant donné que les coutumes sont vraies dans leur authenticité, tout comme dans leur
historicité il est important pour nous d’enseigner à nos enfants quelques ébauches :
Qu’une seule fois tous les ans, ils aillent brûler quelques coqs sur les crânes des ancêtres.

Qu’une seule fois tous les ans, ils aillent jeter quelques coqs sur les endroits sacrés en
mangeant des jujubes qu’ils mettent ensuite dans les becs des poules.

Qu’une seule fois tous les ans ils aillent avec un ou deux sacs de sel, de la cola, des jujubes
qu’ils versent sur les lieux sacrés et sur les crânes.

Qu’une seule fois par an ils fassent comme préalables à ces cérémonies à manger et à
boire aux voisins, amis et connaissances : cela est très important.

Mais seulement et cela compte beaucoup étant donné que les morts ne sont pas morts,
qu’ils parlent pendant qu’ils font tout cela de leur rêves, de leurs attentes, de leur espoir
et qui sait de leur désespoir.

• Le Bamiléké est-il polythéiste ou monothéiste ?


Il est monothéiste parce qu’il croit en un Dieu unique qui s’appelle « si » « Shi », « Chi » etc.
Il faut voir dans les différents lieux sacrés, les différents crânes une sorte d’hiérarchisation,
un peu comme à la mission catholique. Nous avons Dieu, le Seigneur et sauveur Jésus
Christ, Sainte Marie, Saint Joseph, Saint Gabriel et les autres multitudes de Saints.

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CHAPITRE 7 :
HISTOIRE

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omme nous sommes en histoire pourquoi ne pas apporter quelques

C
notifications intéressantes.

- Bangangté : signifie nous avons refusé l’esclavage.

Lorsqu’on décida de chasser les Badounga originaire de Tonga dans


le Ndé d’une ville dans le Mbam, Ils dirent ceci : Makénéné et ils se
bâtirent avec leur dernier souffle pour rester et c’est de là que vint le
nom de la ville : Makénéné (nous ne partons pas ou bien je ne pars
pas).

Certaines personnes aujourd’hui de tout corps de métier confondu se demandent pour-


quoi les terrains ne sont pas à la portée de tout le monde à l’Ouest. La raison est simple :
même pour les natifs il n’y a pas d’espace dans la concession familiale pour construire la
plus petite maison possible en raison de l’étroitesse et surtout de la rareté des espaces.
C’est pour cela que certains Bamiléké ont leur racine dans le Noun, le Moungo, le Mbam
etc. par exemple vous comprendrez un Nana, un Kamga, un Nono mort à la radio et la
famille priée d’attendre le corps sur place à Loum, Foumbot, Makénéné, Yokadouma et
autre.

Autrefois les premiers missionnaires ont eu les terrains gratuitement. Aujourd’hui, c’est
quasiment impossible. Au village Bameka on a dû émietter la forêt sacrée pour donner
une terre pour la construction du collège d’enseignement technique industriel et commer-
cial.

Autre fois à l’Ouest, les pratiques agricoles étaient évolutives et révolutionnaires avec no-
tamment : la jachère, l’assolement. C’est-à-dire la rotation des cultures, la mise à l’écart
d’une parcelle de champ pour l’élevage, pour une durée déterminée en vue de faire de
cette parcelle un terrain fertile.

Aujourd’hui cela a disparu en raison du manque des sols.

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CHAPITRE 8 :
UNE AUTRE PAGE
D’HISTOIRE

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e très célèbre écrivain français Jean Jacques Rousseau disait dans : «

L
le discours sur l’origine de l’inégalité au milieu des hommes ».

«Le premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire : ceci est à moi,
et trouva les gens assez simples pour le croire, fût le vrai fondateur de
la société civile ».

Le phénomène des terrains enclos, c’est-à-dire des bocages : propriété


de moins d’un hectare, un hectare, plusieurs hectares est un cas unique
en Afrique qu’on trouve seulement dans les pays Bamiléké.

On retrouve ce phénomène uniquement en Amérique, et en Europe.

C’est un geste unique qui traduit à suffisance le génie unique et exceptionnel d’un peuple
: les Bamiléké. Les bocages marquent la délimitation de la propriété, mais aussi la sécu-
risation en bois de chauffage.

Ce peuple qui avait longtemps migré avait enfin trouvé une terre propice pour son repos
et pour une autre page de son histoire.

C’est ainsi qu’ils conçurent une société civilisée, hiérarchisée, et organisée avec notam-
ment les castes, les chefs, les notables, les prêtres traditionnels, les esclaves du chef (butin
de guerre, gardiens des femmes du chef, ou fruits des échanges entre deux tribus) et les
autres.

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CHAPITRE 9 :
ORIGINE DU TERME
BAMILEKE

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n notable de la ville de Bafoussam m’a tenu un jour le discours sui-

U
vant « je vais vous donner la vrai origine du mot Bamiléké. J’ai connu
autrefois un monsieur qui s’appelait FONDAPNET, il est mort en 1991.
Il fut interprète au temps des allemands et au temps de Français. Or
selon ce qu’il m’a dit : le 16 mars 1916 fût prononcé pour la première
fois le mot « miléké ». Une guerre de succession avait déchiré le vil-
lage FOTO pendant 9 années. Pendant que les Allemands passaient,
ils virent un attroupement, c’était le jour de la réconciliation entre les
frères ennemis.

Le chef de poste administratif qui était un allemand, envoya s’enquérir


sur ce qui se passait l’un des belligérants répondit : (« Bamiléké » j’ai coupé ma part), c’est
là l’origine réelle du mot Bamiléké d’ailleurs, je l’ai fait breveter à l’OAPI.

Même comme FONDAPNET est mort en 1991, ses enfants vivent encore.

Il y aussi un autre vocable, auquel les gens donnent des interprétations erronées, toujours
selon FONDAPNET, lorsque les Allemands trouvèrent des gens à côté d’un cours d’eau
entrain de boire, en se servant de leur main, comme on fait encore chez nous, ils leur de-
mandèrent ce qu’ils faisaient ? Ils répondirent : « MENOUA ». (Ménoua=nous buvons de
l’eau, ou je bois de l’eau).

Certains diront plus tard que : Leke = montagne et ravins.

Et Bamiléké = les habitants des montagnes ou les montagnards.

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CHAPITRE 10 :
L’OUEST AU MOMENT
DES INDEPENDANCES

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l y a un peu de tout dans un homme : son père, sa mère, ses enfants et son

I
épouse. Il y a également ses oncles et ses tentes, ses cousins et cousines, sa
famille proche et éloignée, sa région d’origine et son pays.

Tous ceux qui sont originaires de l’Ouest ont connu des souffrances à un mo-
ment donné.
Les Bamilékés ont trop souffert dans ce qu’on appelait les « quiréya » c’est-à-
dire l’esclavage dans les plantations du Noun et aussi dans les plantations
du Moungo. Et surtout dans les travaux forcés des routes et immeubles.

Cette situation a crée deux genres de Bamilékés, 90 % qui s’entendaient en raison d’un
pénible destin commun et 10 % qui ne s’entendaient pas.

Ce qui fait que lorsque l’U.P.C arrive, il trouve une forte adhésion populaire : l’opposition
aux colons. Il y a deux grandes connotations idéologiques : ceux qui sont avec les blancs
c’est-à-dire pour l’exploitation du colonisé par le colon. Et il y a un autre groupe très im-
portant à savoir ceux qui sont contre l’exploitation de l’homme noir par l’homme blanc
par les surtaxassions et les travaux forcés dans les grandes plantations en un mot simple
: une forme d’esclavage.

Ce qui fait qu’à la fin il y a eu une forte opposition entre les gens d’un même bord, qui
au départ en raison des liens multiples et multiformes s’entendaient. Et bien évidement
les colons ont appuyé ceux qui étaient de leur côté et ils on rejeté ceux qui étaient contre
eux Il y a eu aussi un paradoxe historique et impensable : au moment de l’assemblée
territoriale, on a pris ceux qui sortaient des petites et grandes chefferies par exemple : le
chef KAMGA Joseph de Bandjoun, il y a également CHEDJOU Joseph (prince Batoufam),
et KEMAJOU Daniel (chef Bazou).

En tout cas, la ligne politique du colon a accentué les divisions. Et surtout que les colons
étaient convaincus que les bamilékés étaient un peuple très attaché à ses traditions et à
ses chefferies. Aujourd’hui encore dans nos villages, les bamilékés ne s’entendent pas,
à cause des divisions politiques et idéologiques, mais hors de l’ouest, ils sont très unis.

Une fois que les colons ont réussi à séparer les Bamilékés c’est-à-dire séparer les camps
des progressistes contre celui des conservateurs ils ont à la fin mis les Bamilékés dans
le même sac, c’est alors qu’ils se sont mis à les maltraiter, torturer, désorienter et briser
: ceux qui étaient avec eux et ceux qui étaient contre eux.

Les colons ont pu ainsi lier toutes les autres tribus du Cameroun contre le Bamilékés
seuls.
Le Président AHMADOU AHIDJO dira plus tard que : « les Bamilékés sont forts dans deux
domaines : l’agriculture et le commerce ».

Le processus mis en marche pour les diviser avait réussit.

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C’est en raison des divisions et surtout de ce mépris que l’U.P.C trouvera un accent grave
et un accent aigu à l’Ouest.

Et au temps le plus fort de la contestation populaire, le Président AHMADOU AHIDJO en


visite à l’Ouest lors du congrès extraordinaire de l’U.C (Union Camerounaise en 1965)
fera le discours suivant :

« Vous les Bamilékés, vous dites que vous ne m’aimez pas. Or vous n’êtes pas tout de
même tout le Cameroun. Puisque les autres tribus m’acceptent. Il y a deux tendances
qui ont des opinons diverses sur les Bamilékés que vous êtes, il y a ceux qui pensent
que vous avez pris une avance sur les autres composantes ethniques et qu’il faut vous
bloquer pour permettre aux autre de vous rattraper. Il y a aussi ceux qui pensent qu’il
faut vous laisser avancer, afin que d’autres vous rattrapent, je suis de l’avis du deuxième
courant de pensée.

Le Cameroun a deux grandes familles de producteurs : les Bamilékés et les Nordistes.


Les Bamilékés produisent la nourriture et les Nordistes produisent la viande.

(N.B : la ville de Douala consomme aujourd’hui en 2012 chaque jour 600 bœufs, Yaoundé
400 bœufs, Bafoussam 50 bœufs, …)

Les Bamilékés et les Nordistes peuvent ensemble faire beaucoup de grandes choses,
tout comme on ne saurait préparer la viande sans nourriture et vice-versa.

Vous allez dans les campagnes isolées tuer vos grands parents, les orphelins, les veuves,
les invalides et les personnes faibles croyant faire du mal à ma personne.

Vous n’avez qu’à aller m’attendre sur le pont de la Sanaga et mon armée va combattre
votre armée. Le plus fort survivra. De l’or noir et de l’or vert, Je préfère l’or vert. Les réserves
pétrolières peuvent s’épuiser alors que l’agriculture ne finit pas ».

Le processus conçu et élaboré par les colons et plus tard par l’administration était mis
en marche pour diviser les Bamilékés.

La loi de 1996 sur la protection des minorités est une illustration parfaite de cette déter-
mination. Tout le monde savait au départ que cette loi était prévue uniquement pour pro-
téger les pygmées.

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CHAPITRE 11 :
LES DIFFERENTS
MAGISTRATS
MUNICIPAUX QUI SE
SONT SUCCEDES A LA
MAIRIE DE BAFOUSSAM

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e Docteur TAGNE : médecin chirurgien ; a construit la mairie de Bafous-

L
sam, ainsi qu’une grande clinique en raison du détournement lors de la
construction de la mairie par les maçons indigènes, il fera trois ans de
prison.

• CHEDJOU Joseph Prince Batoufam, grand planteur et grand menuiser,


ancien Délégué à l’assemblée représentative et à l’assemblé consultative.

• Le Docteur pharmacien Diesse, fils de catéchiste donnera la valeur de


troisième ville du Cameroun à Bafoussam. C’est lui qui a fait de Bafous-
sam : « Bafoussam la belle ».

• NZETE a numéroté les maisons pour identifier chacune. Il a beaucoup œuvré avec l’aide
des chef de quartier qui devraient eux même créer un comité de réflexion pour faire pas-
ser la route.

• Pendant que le Docteur TAGNE purgeait sa peine à la prison de Yaoundé. Son premier
adjoint en la personne de KAMGA Lot a assuré l’intérim. Il vit encore.

Pour nous résumer disons que le maire CHEDJOU Joseph aura exercé pendant 10 ans ;
Le Maire Diesse Mathias pendant 10 ans ; le Maire NZETE pendant 5 ans.

Le premier Délégué du Gouvernement sera Samuel MBOU qui aura géré Bafoussam pen-
dant 13 ans. Sa nomination coïncidait avec la période de l’incivisme fiscale.

CHEDJOU Joseph était à la fois grand planteur de café et il avait aussi une très grande
menuiserie. Il avait son mot anecdotique : « si la route vous casse, partez ».

« WANKO Samuel, était un ingénieur que la ville respectait beaucoup. Le chef de subdivi-
sion de Bafoussam dans les années 1955 vendaient les lots à la crié et aux enchères. Il
avait vendu le lot de papa WANKO Moïse, jusqu’à la somme de 9000 F CFA (neuf mille
francs). WANKO a récupéré ce lot. Il fera le plan de la ville de Bafoussam, il meurt député.

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CHAPITRE 12 :
AUTRES RENSEIGNEMENTS
SUR LA VILLE
DE BAFOUSSAM

LES VELLEITES INDEPENDANTISTES

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ans les pages précédentes, on a parlé à un moment donné des vel-

D
léités indépendantistes. C’est afin d’apporter un petit éclairage là-des-
sus que nous vous offrons cette page. Bafoussam a été marqué dans
son histoire par des luttes intestines. Beaucoup de ses fils sont morts
pendant cette période troublante : c’était les guerres de l’indépen-
dance.

Histoire : cela a durée plus de 10 années. Les indépendantistes se


battaient pour que le Cameroun accède à l’indépendance. Ils étaient
supportés sur le plan international par les partis communistes Chinois,
Russe et même par les Cubains. Ils étaient très organisés et dispo-
saient de nombreux intellectuels.

C’était une situation progressive qui avait plusieurs origines :

• Il faut remonter à la première et à la deuxième guerre mondiale, lorsque les Africains


c’est-à-dire des tirailleurs emmenés de force en Europe se sont battus aux côtés des al-
liés.

• A leur retour, ils voient les choses autrement, par exemple : le blanc n’est plus le saint
des saints qu’on croyait. Ils ont vu des blancs se haïr pour rien. Eux les noirs ont couché
avec des femmes blanches. Eux qui ont aidé les Français à se libérer veulent que leurs
pays deviennent aussi indépendants, ce que les Français ne voulaient pas, en tout cas pas
tout de suite.

• Toujours parmi les causes lointaines, il y a d’autres faits majeurs. Lorsque le café est ex-
périmenté et réussi dans le Moungo. On est dans les années vingt. Il faut peupler cette
zone pour avoir de la main d’œuvre. Les gens viennent de partout, de gré ou de force mais
surtout de force. Le Moungo voit sa population multiplier par cent. Les gens viennent des
horizons divers. Alors il s’ensuit un brassage humain et culturel, une nature nouvelle voit le
jour. Les gens ne sont plus les mêmes. Surtout que les Européens ne sont pas tendres.
C’est presque l’esclavage. C’est dans cet environnement que naîtrons les mouvements de
contestation.

• Les cheminots des chemins de fer du Cameroun, ont connu la barbarie. Le rythme des
pauses et d’implantation des rails ont couté la vie à des milliers d’employés. Les salaires
ne sont par conséquents. Alors est crée un syndicat des employés de chemin de fer. Un
secrétariat général voit le jour.

C’est ici que tout part, le syndicat de chemin de fer s’érige plus tard en partie politique
jusqu’à là elle se veut pacifique. Il faut que le Cameroun soit indépendant, c’est leur désirata.
Il n’est plus seulement question des revendications salariales mais de l’indépendance in-
conditionnelle du Cameroun.

La symbiose : les employés du chemin de fer, les employés des plantations dans le
Moungo, ainsi que des nombreux mécontents fusionnent en idées et en personnes pour
rendre plus effective leur contestation et surtout leur revendication.

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En cours de route, ils trouvent sur leur chemin ceux que les castes avaient exclus dans les
villages ; ceux qui avaient dans le cœur des rancœurs anciennes avec voisins, parents,
chefferies et autres. Il y a aussi eu l’adhésion des bandits et des tueurs de grands chemins.
Jusqu’à là les Français n’ont pas compris ou bien ils font semblant de ne pas comprendre.
C’est alors que le combat non violent devient lutte armée : c’est la guerre civile. Elle va durer
jusqu’à 1970. Et même plus. Elle aura causé plus de 500 000 morts, de nombreux déplacés,
les racines des familles coupées. Aujourd’hui encoure au Cameroun, certaines personnes
ne savent pas leur racine.

Ont-ils eu raison ou ont-ils eu tord, personne ne le sait ? Toujours est-il qu’ils se battaient
pour l’indépendance du Cameroun. Quand l’indépendance est arrivée, ils ont dit qu’ils vou-
laient l’indépendance totale ; parce que l’indépendance qu’on avait eu était politique et
leur lutte se poursuivait maintenant pour l’indépendance économique du Cameroun, qui
n’est malheureusement jamais arrivée à ce qu’il paraît. Avaient-ils les moyens ? Ils avaient
beaucoup des moyens, les conseillers, chinois pour les stratégies de la guérilla en savane
et en forêt, et les replis tactiques et stratégiques. Ils avaient aussi les conseillers cubains
pour les luttes armées. En tout cas ils étaient procommunistes.

Beaucoup par la suite sont entrés dans l’armée régulière. Certains sont devenus des grands
cadres dans l’administration Camerounaise. Nous citerons par exemple Feu Docteur TAGNY
qui fût maire à Bafoussam. Et qui a construit la grande Mairie de Bafoussam qu’on connaît
aujourd’hui.

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CHAPITRE 13

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« Au courant des années 70, il y avait des tracs qui circulaient en peu par-
tout du genre : « AHIDJO le joufflu, AHIDJO le bâtard » l’homme qui était
derrière ces tracs s’appelait WANDJI Ernest. C’est qu’après le décès de
KINGUE Abel et l’assassinat de Félix MOUMIE, WANDJI Ernest retourne
au Cameroun. Il retrouve très rapidement l’Evêque de Nkongsamba qui
était la seule cachette sûre. En ce temps on ne pouvait être dans le
Moungo sans avoir des accointances avec la rébellion.

L’homme géant qui s’habillait toujours en noir se coiffait et se chaussait toujours en noir,
intrigue et inquiète sérieusement l’administration. Il portait permanemment la soutane
noire. Mais l’administration ne pouvait pas se mêler du problème des prêtres.

Avec Monseigneur DONGMO qui le loge et le nourrit, il fait beaucoup de voyages sous
une fausse identité.

WANDJI Ernest demande par une lettre les armes à Boumediene pour continuer son com-
bat au Cameroun, par affinité religieuse parce que musulman comme AHIDJO, celui-ci
envoie 800 000 francs. DONGMO détourne l’argent. Quant WANDJI se rendra compte, il
sera très énervé. DONGMO ne daigne même pas s’excuser ; WANDJI part de l’évêché, il
sera arrêté plus tard dans la zone de Banga Loum, jugé et condamné à Yaoundé et fusillé
à Bafoussam.

Contrairement à ce que beaucoup ont cru, TAKALA Célestin ne sera pas exécuté il avait
été relaxé parce que juger innocent.

WAMBO le courant est mort par naïveté, c’était un croyant convaincu, DONGMO l’avait em-
barqué dans une soit disant affaire de coup d’Etat spirituel, en réalité DONGMO cherchait
des alliés en prévision des représailles de WANDJI Ernest » TAKALA Célestin reviendra à
BAHOUAN des années plus tard et le chef supérieur BAHOUAN lui attribuera le titre de : «
WABO NOUBISSIE ». C’était lui le propriétaire de l’hôtel des palmiers à Bonapriso Douala »

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CHAPITRE 14

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’une des raisons qui a justifié la grande extension spectaculaire de la

L
ville de Bafoussam en dehors de sa situation de ville carrefour est la ré-
bellion qui sévissait dans les villages environnants.

Le quartier KOUOGOU est l’une de ces illustrations. En tout cas les re-
belles aussi venaient s’y réfugier. D’ailleurs on appelait KOUOGOU ? «
Toujours fâché ». C’était le quartier des nerveux.

Par contre le quartier BIG MOP de son vrai nom KOUOPTCHOU était un
endroit de vente de vin raphia. C’était un quartier de bagarre, d’insulte,
de rixe et de gueule.

C’est pour cela qu’on a surnommé ce quartier « BIG MOP » c'est-à-dire grosse bouche,
ou bien grosse gueule.

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CHAPITRE 15 :
UNE PAGE D’HISTOIRE

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a ville de Bafoussam a été créée en 1925, à la suite de la dislocation de

L
Bana par la coalition Franco-Anglaise. Bana au temps des Allemands
était la capitale de l’Ouest. Au lendemain de la victoire des alliés lors de
la guerre de 1917-1919 ; les Franco-Anglais vainqueur de la guerre récu-
pèrent les anciennes colonies allemandes. Lorsqu’ils arrivent, ils mar-
quent la rupture. C’est ainsi qu’avant de déplacer la capitale de Bana.
On laissera entendre à tout le monde qu’à Bana, les Allemands avaient
mis les mines partout et qu’ils étaient très méchants, avant de retourner
dans leurs pays, Ils avaient enterré les bombes partout et qu’ainsi à tout
moment la ville de Bana pouvait exploser, ce qui se révèlera être faux,
puisque jusqu’à ce jour, Bana est là et n’a jamais souffert de quoi que ce soit.

Lorsque les Français déplacent la capitale de Bana, ils créent trois centres ; Bangangté,
Bafang et Bafoussan.

Entre temps la découverte de Dschang est une véritable révolution, le froid et l’altitude rap-
pellent l’Europe. Les Français font de cette ville, leur centre administratif et Dschang devient
la capitale de la région de l’Ouest.

Parce que la ville de Bafoussam est au centre, en 1962 Bafoussam devient le chef lieu de
la région. La notion de région n’a donc pas commencé aujourd’hui.

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CHAPITRE 16 :
UNE PAGE
DE BONNE SANTE

L’EAU, SELON L’INSTITUT PASTEUR


TRES TRES INTERESSANT
A LIRE ATTENTIVEMENT

ETUDE DE L’INSTITUT PASTEUR

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Etude pratique et surprenante sur l’eau

Un verre d’eau enlève la sensation de faim pendant la nuit pour presque 100% des per-
sonnes au régime comme le démontre l’Université de Washington.

Le manque d’eau est le facteur N° 1 de la cause de fatigue pendant la journée.

Des études préalables indiquent que de 8 à 10 verres d’eau par jour pourraient soulager si-
gnificativement les douleurs de dos et d’articulation pour 80% des personnes qui souffrent
de ces maux.

Une simple réduction de 2% d’eau dans le corps humain peut provoquer une incohérence
de la mémoire à court terme, des problèmes avec les mathématiques et une difficulté de
concentration devant un ordinateur ou une page imprimée.

Boire 5 verres d’eau par jour diminue le risque de cancer du colon de 45% et peut diminuer
le risque de cancer du sein de 79% et de 50%. La probabilité de cancer à la vessie. Bois-tu
la quantité d’eau que tu devrais, tous les jours

Le savez-vous ?

PERIODE APPROPRIEES POUR CONSOMMATION DE L’EAU : TRES IMPORTANT !!!!!!

Boire de l’eau à des périodes bien précises maximise son efficacité dans le corps humain :
➢ 2 verres d’eau au réveil-contribuent à activer les organes internes ;
➢ 1 verre d’eau trente minutes avant le repas aide à bien digérer ;
➢ 1 verre d’eau avant de prendre une douche aide à baisser la tension artérielle ;
➢ 1 verre d’eau avant d’aller au lit vous évite des attaques ou crises cardiaques.

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CHAPITRE 17 :
UNE LEÇON DE LA VIE
A LIRE ABSOLUMENT !!!

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La vie est un Cadeau


Aujourd’hui, avant de dire un mot cruel. Rappelez-vous de ceux qui sont muets.

Avant de vous plaindre du goût de la nourriture-Pensez à ceux qui n’ont rien à manger.

Avant de vous plaindre de votre conjoint, de lui faire des infidélités-pensez à ceux qui im-
plorent Dieu pour avoir un compagnon…

Avant de vous plaindre de la vie, pensez à ceux qui sont morts trop tôt.

Avant de pleurnicher sur le trajet où vous devez conduire-pensez à ceux qui le font à pied…

Quand vous êtes fatigués et vous plaignez de votre travail-pensez à ceux qui cherchent
un emploi.

Quand des pensées déprimantes semblent vous abattre Faites un effort pour sourire et
dites-vous : je suis en vie, donc tout est encore possible.

Santé :
1. Buvez beaucoup d’eau.
2. Prenez un petit déjeuner comme un roi, le déjeuner comme un prince et souper comme
un Mendiant.
3. Mangez plus d’aliments qui poussent sur les arbres et les plantes et mangez moins
d’aliment qui sont fabriqués dans des usines…
4. Vivez avec les 3 E-l’énergie, l’enthousiasme et l’empathie.
5. Prenez le temps de pratiquer la méditation et la prière.
6. Jouer à plus de jeux.
7. Lisez plus de livre que vous avez faits en 2011.
8. Asseyez-vous dans le silence pendant au moins 10 minutes chaque jour…
9. Dormez un minimum de 7 heures…
10. Prenez 10-30 minutes de marche chaque jour. Et pendant que vous marchez, souriez.

Personnalité :
11. Ne pas comparer votre vie à celle des autres. Vous n’avez aucune idée de ce qu’est
leur vie.

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12. Ne pas avoir des pensées ou des choses que vous ne pouvez pas contrôler…Mieux
vaut investir votre énergie positive dans le moment présent.

13. Ne pas trop faire. Gardez vos limites …

14. Ne vous prenez pas au sérieux. Personne d’autre ne le fait.

15. Ne perdez pas votre précieuse énergie à des potins.

16. Rêvez plus encore, alors que vous êtes éveillé.

17. L’envie est un gaspillage de temps. Vous avez déjà tout ce qu’il vous faut.

18. Oubliez les questions du passé. Ne pas rappeler à votre partenaire ses erreurs du passé.
Cela va ruiner votre bonheur.

19. La vie est trop courte pour perdre du temps à haïr quelqu’un. Ne pas haïr les autres.

20. Faites la paix avec votre passé afin de ne pas gâcher le présent.

21. Personne n’est responsable de votre bonheur, sauf vous.

22. Sachez que la vie est une école et vous êtes ici pour apprendre. Les problèmes font
tout simplement partie du programme. Ils apparaissent et s’efface comme l’algèbre de
classe, mais les leçons que vous apprenez dureront toute une vie.

23. Sourire et faire rire les autres.

24. Vous n’avez pas à gagner chaque argument. D’accord pas d’accord.

Société :
25. Appelez votre famille souvent.

26. Chaque jour, donnez quelque chose de bon pour les autres.

27. Pardonnez à tout pour tous.

28. Passez du temps avec des personnes de plus de 70 ans et de moins de 6 ans.

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29. Essayez de faire sourire au moins trois personnes chaque jour.

30. Ce que les autres pensent de vous n’est pas de votre ressort.

31. Votre travail ne prend pas soin de vous lorsque vous êtes malade mais vos amis, oui.
Restez en contact !

La vie :
32. Faites le bon choix !

33. Débarrassez-vous de tout ce qui n’est pas utile, beau, joyeux.

34. DIEU guérit tout.

35. Que votre situation soit bonne ou mauvaise, cela va changer !!

36. Peu importe comment vous vous sentez. Se lever, s’habiller font que vous êtes vivant.

37. Le meilleur est encore à venir.

38. Lorsque vous vous réveillez le matin en vie, rendez grâce à Dieu pour cela.

39. Votre intérieur est toujours plus heureux. Ainsi, vous êtes heureux.

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INTRODUCTION

Combien étions nous en cette rentrée 1972, nous de la classe de 6ème et les autres des classes de
5ème, 4ème et 3ème, peut être 500 élèves, peut être moins, peut être plus. Je n’en sais rien. Il y avait du
beau monde ; un vocabulaire que nous découvrions pour la première fois.

Autour du collège, il y avait l’église, l’école primaire évangélique, l’hôpital, les boutiques en bordure
de la grande route, le mont Sinaï (lieu reculé où les élèves allaient étudier).
Le monde en effet, commençait au collège Elie Allégret et le monde s’y arrêtait. Tout cela était bien,
tout cela était beau. Un livre entier ne saurait décrire tout le bonheur qui baignait en nous.
Et pourtant que des élèves y étaient passés avant nous. Et que d’élèves y viendront après.
Le collège existait depuis 1947, pourquoi Elie Allégret ?... Parce que le pasteur Elie Allégret fût l’un
des premiers missionnaires de l’Eglise Evangélique de l’Ouest. Tout en prêchant et en évangélisant,
il aura eu le mérite de parcourir Douala – Bafoussam en marche à pieds.

Des milliers d’élèves sont passés à Mbo, mais il nous restera le souvenir passé et présent de Jean
NKOM, son célèbre Principal qui y aura passé plus de temps que tout le monde, une trentaine d’an-
nées en effet.

Il aura écrit de la plus belle manière les lettres d’or de cet institut scolaire. Il était le père, il était sur
tout et en tout, il était emblématique, il était le collège.

C’est en souvenir de tout cela, que son Modeste ancien élève que je suis, me serais permis de le
revoir pour puiser afin d’abreuvoir beaucoup d’autres, une bonne partie de l’expérience dont il est
pétri.
C’est une bonne partie de notre vie que nous ignorons que nous avons bien voulu découvrir.

Dieu Merci, il m’a donné son accord. C’est le lieu pour nous d’inviter tout un chacun à se rapprocher
de nos chers aînés afin de matérialiser par écrits leur vie et leur expérience, cela servira aux géné-
rations présentes et futures.

Les écrits sont importants, d’autant plus importants qu’il faut bien se dire une chose :
Que serait le Christianisme sans la Bible ?
Que serait l’Islam sans le Coran ?
Que serait le Judaïsme sans le Torah ?
Peut être sans cette bible, le monde n’existerait même plus, puisqu’il y a tant de guerres, d’injustices,
d’intolérances et autres ; Puisqu’il y a tant d’indifférences et de mépris et à chaque fois la Bible nous
ramène à des sentiments plus humains.

Je me rends donc au Centre de formation professionnel et de là, on m’informe qu’il n’y est plus et
le nouveau Directeur du Centre me donne une adresse à Bafoussam. Elle sera la bonne …
Je m’y rends et grâce à Dieu je le trouve en compagnie du Pasteur Sopngwi, je me présente, je lui
dis le motif de ma visite, je lui montre quelques livres que j’ai eu à écrire. Le rendez-vous pour com-
mencer sera le lendemain.

Sa disponibilité, sa clairvoyance, son désintéressement, son humilité vont nous faciliter énormément
tout ce qu’on aura à faire.

Et à chaque fois que j’écrivais un mot, je pensais à chacun de mes anciens camarades, la joie qui
sera la leur, en parcourant ce document et ils sont pour la plus part soit retraités, soit en attente de
la retraite, grand-père, grands-mères.

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En tout cas, même les autres pourront y tirer la grande sagesse dont ils ont besoin, ne perdons ja-
mais de vu, qu’un sage conseil peut vous sauver la vie, peut vous transformer la vie, peut accroître
votre vie, peut sauver votre famille, peut faire de vous un bon mari, un bon père de famille, un bon
voisin, un bon citoyen d’ici et d’ailleurs.

Nous sommes dans un monde qui évolue très vite, mais cette évolution ultra rapide n’exclut pas
de bons fondements ou de bonnes fondations.

Nos fondations ce sont nos aînés. Parce que lorsqu’on a vu le jour avant l’autre, on a justement vu
ce jour avant lui et ce jour qu’on connaît restera toujours un mystère pour l’autre.

Il m’a dit qu’il y a un groupe de jeunes Français qui lui avait suggéré de venir écrire sa biographie.
Il y a également un groupe d’anciens camarades du collège Elie Allégret qui lui avait fait la propo-
sition.

J’arrivais un peut, avant tout ce beau monde et tant mieux pour moi.

Le Pasteur Sopngwi oeuvrant à l’aumônerie de l’hôpital protestant de Mbouo, a dit ceci deux (02)
jours avant le début de cette biographie : « Puisse le Seigneur Jésus Christ faire en sorte que ces
écrits, ces expériences contribuent à construire la jeunesse ».

Nous sommes convaincus que chaque jeune et même chaque adulte pourra s’en référer pour se
construire des victoires.

Le pessimisme ambiant, le fatalisme de tout genre dans un monde où les repères se raréfient, doi-
vent amener chacun à réfléchir où allons nous ? D’où venons-nous ? Comment se comportaient
les anciens face aux difficultés et aux incertitudes.

Quand on a géré les hommes (des milliers d’hommes) pendant près de 50 ans sur tous les plans
: scolaire, sportif, politique, religieux, traditionnel (puisque Chef de troisième degrés) on mérite l’es-
time de tous, encore que le gouvernement de la république lui a donné tous les médailles : vermeil,
argent, or, mérite et chevalier de l’ordre et de la valeur. Lorsque pendant 50 ans on a eu le mérite
de former l’homme total (sportif, religieux, traditionnel, social, politique) on mérite des louanges.

Que chacun imagine en son for intérieur le nombre d’élèves passé au Collège Elie Allégret de très
célèbre mémoire pendant 31 ans, une moyenne de 500 élèves l’an nous donne 15.000 élèves, des
élèves sortant de diverses horizons et éducations et surtout de tous les milieux socio professionnels,
du fils du cultivateur en passant par celui du manœuvre, de l’homme d’affaires, de l’administrateur
et du diplomate. Tous ces parents épris par un seul souci : le succès de leurs enfants et surtout leur
réussite éducative, sociale et religieuse.

Nous sommes des milliers à appartenir à cette moule et nous nous en félicitons. C’est toujours avec
une grande émotion qu’on dit à haute et intelligible voix qu’on est un ancien élève du Collège Pro-
testant Elie Allégret de Mbo. Celui qui est aujourd’hui glorifié pour ses actes positifs et qui mérite
l’estime social (terme très précieux à Jean Jacques Rousseau dans son célèbre ‘’discours sur le
fondement et les origines des inégalités au milieu des hommes’’), n’est autre que Sa Majesté Jean
Nkom, Chef Supérieur de 3ème Degrés, Professeur de Lycée d’Enseignement Général, Fondateur du
Collège La Noblesse, 75 ans, grâce à Dieu, en très bonne santé, la démarche toujours alerte sollicité
un peu partout pour ses sages et subtiles conseils, un homme donc la présence seule rehausse
l’éclat d’un événement. Il fût pendant plusieurs années trésorier régional de l’Eglise Evangélique du
Cameroun, et président de la ligue régionale pour l’Ouest de Football. Il fera beaucoup d’autres ac-
tivités que vous découvrirez posément en lisant cet ouvrage.

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Ce qui est extraordinaire c’est cette façon dont la société vous utilise lorsque vous avez un sens aigu
du discernement et du travail bien fait, cette attitude aurait pu porter un coup très dur à sa santé,
mais le Seigneur Jésus Christ était là et veillait au grain !

Cet ouvrage retrace plus de 75 années de vie, très modestement et très subtilement. On ne le dira
jamais assez, il est toujours très intéressant de savoir comment vivaient les aînés afin d’évaluer la
distance parcourue et se poser une question fort significative. Des braves gens ont posé des actes
positives et constructives pour que nous vivions bien aujourd’hui, et comme le temps passe trop
vite que laisserons nous à nos enfants, qu’est ce que les générations futures retiendront de notre
passage afin de léguer des actes constructifs à d’autres.

En conclusion c’est par des actions dignes, propres, qu’on fait évoluer la société, même si chez nous
hélas le comportement le plus fréquent serait d’avoir la mémoire courte pour ce qui est bien fait et
la mémoire longue pour ce qui est mal fait.

Victor Hugo disait ! « Un enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne ».

Imaginez vous-même depuis ces années, que d’enfants enseignés, que d’hommes gagnés, et
pour y arriver que de remise en question, que de recherche de l’excellence et de la qualité, que des
nuits d’insomnie, que de prière, que de sacerdoce, que de jalousie, heureusement que le vrai juge,
le grand juge, le Dieu Tout Puissant, le Seigneur Jésus Christ son fils unique veillait de jour, de nuit et
aujourd’hui encore.

Il est important que chaque enfant sache qu’on acquiert rien sans le travail et l’effort parce qu’on
leur donne chaque jour les repères immoraux à travers journaux, télévisions et autres. Bref peu
d’efforts pour beaucoup d’argents et à la fin, beaucoup d’argent pour une vie très courte pour cer-
tains, folie pour d’autres, morts subites et injustifiées pour bien d’autres encore.

La Bible nous enseigne qu’il faut avoir du respect pour ceux qui sont âgés. « L’homme qui a vécu
100 ans vaut bien un homme qui a traversé 100 pays ». Sa Majesté a traversé et visité beaucoup
de pays que nous aurons le loisir de découvrir.

Il faut toujours prendre la peine d’écouter les sages conseils des hommes âgés et toujours lire po-
sément l’histoire des hommes dont la vie a été couronnée par des actions et des résultats éclatants.

CHAPITRE I : L’ENFANCE

La région de la Côte du Cameroun a connu l’évangile longtemps avant l’intérieur, néanmoins l’histoire
retiendra que l’un des pionniers de l’évangile dans le Bamboutos et la région de l’Ouest est sans aucun
doute TAKEU Etienne : Catéchiste, puis évangéliste à la mission protestante française au Cameroun
ensuite à l’église évangélique du Cameroun, décédé en 1980 à l’âge de 84 ans. Jean NKOM est son
deuxième fils.

Madame Kountchui Anne épouse Takeu sera pendant toute sa vie, femme au foyer. Elle nous gratifiera
de 13 maternités réussies avec au passage la mise au monde des triplets.

Ceci est très important parce que chez nous, les jumeaux ont une signification particulière, ils sont
considérés comme des chefs dès leur naissance. On leur prête même des pouvoirs paranormaux,
dans le sens positif. Le père est la mère des jumeaux perdent leur nom, ce sera désormais ‘’Meku’’
pour la mère et ‘’Teku’’ pour le père. Dans toutes les réunions leurs points de vue sont toujours pris au

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sérieux par l’assistance. Lorsqu’on est victime d’un déboîtement ou d’une entorse une ‘’Meku’’ peut
vous masser au point de vous remettre en marche.

Nous sommes dans la région bamiléké en ces années de la colonisation allemande dans le village
Bayangam situé à cheval entre la ville de Bafoussam et celle de Bangangté.

Le Chef Supérieur Bayangam en ces années s’appelait KOM MELEU (sa maman s’appelait MELEUDJE).
Il était systématiquement réfractaire à la pénétration allemande sur son territoire, nous ignorons la
raison mais ce qui est clair c’est que le pouvoir ne se partage pas. Face à son hostilité, les allemands
vont le déporter à Dschang. Un seul serviteur loyaliste et fidèle va suivre avec tous les risques que
cela représentait son souverain de chef sur une soixantaine de kilomètres en marche à pieds. Il s’ap-
pelait TAKEU pour être plus explicite Takeu Kamtchueng (Kamtchueng était le nom de son père). A
Bansoa le Chef Kom Meleu lui confie son testament ou ses dernières volontés, verbalement (ici nous
apprenons profondément la puissance de la parole donnée) : « mon successeur c’est NKOM
WENDJA (pour reprendre mot à mot) mon héritier est l’enfant que porte WENDJA (princesse
Bangoulap) ». Une fois le Chef exécuté à Dschang, Takeu retourne à Bayangam et traduit aux nota-
bles les dernières volontés de leur souverain.

Takeu était un serviteur pas comme les autres, il appartenait à la caste des ‘’Fe Fe’’ (Fe Fe = vent). C’était
la caste la plus dure et la plus redoutable du village. Elle avait pour mission de veiller à la vie du chef,
de sa famille et aussi du village. Ils avaient aussi un pouvoir répréhensible sur les indésirables ainsi
que les fauteurs des troubles, sans oublier ceux qui transgressaient les ordres institutionnels. Leurs
agissements étaient multiples : de l’emprisonnement pur et simple, à la confiscation de la concession
c'est-à-dire par l’expropriation et le renvoi du village avec femmes et enfants.
Sous le règne de Sa Majesté NKOM WENDJA, TAKEU est le serviteur le plus estimé du chef : coïncidence,
reconnaissance on en sait rien.

Sans l’avis du chef, il suit l’école des allemands ce qui fait qu’il s’exprime couramment en Allemand.
Un matin, plutôt un jour la mission protestante française s’installe à la chefferie. Dans cette institution
le chef n’envoie que les enfants des femmes qu’il n’aime pas ainsi que les enfants des notables peu
désirables. Régulièrement TAKEU s’échappe de la chefferie pour aller suivre les cours. Il le faisait à
l’insu du chef.

Lorsque le chef s’en rendra compte, sa colère sera inversement proportionnelle à tout l’amour qu’il
portait à son serviteur.

Il sera incarcéré dans la prison de la chefferie. Dans cette prison où par un passé récent il mettait d’au-
tres. Son séjour y sera de 6 mois, il ne devra sa libération qu’en léguant leur concession familiale avec
sa propre maman y vivant encore.

Son profil académique sera la classe de cours moyen un (CMI) ce qui représentait beaucoup en ce
temps là.
Il va séjourner à Ndoungué dans le Moungo au séminaire qui deviendra plus tard l’école de théologie
jusqu’en 1922 où il en sort catéchiste, le poste d’évangéliste n’existait pas.
Il va exercer dans un premier temps à Bamendji dans le département des Bamboutos Région de
l’Ouest du Cameroun, de 1922 à 1929.
Il est le pionnier de l’évangile dans le Département des Bamboutos.

Avec du recul on peut à juste titre se poser une question essentielle : Comment avait-il pu laisser tous
ses privilèges à la chefferie pour suivre Jésus Christ ?

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Et à quel prix ? Chacun de nous n’ignore pas ce que représente une concession Bamiléké à l’Ouest.
En terme de comparaison c’est comme si vous perdiez votre emploi et votre maison aujourd’hui.
Quand on imagine tous les rites qu’on pratique dans les concessions et cela chaque année et à plu-
sieurs reprises.

D’emblée nous constatons qu’il était fils unique de ses parents, parce que s’il avait eu des aînés ou
des cadets, ces derniers n’auraient jamais admis cette forfaiture.

Dernier constat : cette attitude nous emmène à constater qu’aucun de ses descendants ne pratiquent
le culte des ancêtres puisque le socle, le support du culte des ancêtres est la concession ancestrale.

En clair, qui du Christ et lui serait venu l’un vers l’autre ? Etant donné que c’est Christ qui choisit ses ser-
viteurs, nous convenons que c’est Jésus Christ qui est venu vers lui, de la même manière qu’il avait
choisi ses apôtres dans la sainte Bible. Le Seigneur à travers TEKEU avait manifesté une fois de plus,
sa volonté et sa prépondérance sur tout.
Avant de continuer notons quelques précisions très importantes sur le chef NKOM WENDJA :
• L’école était un instrument qui permettait de maîtriser les gens puissants du village.
• Un quart de siècle après son déshonneur, TEKU est réhabilité par le chef Kom Wendja qui lui recon-
naît le nom de grand notable que Nkom Meleu son père lui avait donné à savoir : ‘’SAH FODOUOP’’.
• Le successeur de Nkom Wendja sera Sa Majesté POUOKAM Christophe : coïncidence, réalité ou ré-
paration de l’histoire, ce dernier confie ses dernières volontés testamentaires à Nkom Jean par rapport
à la désignation de son héritier POUOKAM Georges Désiré, Roi des Bayangam jusqu’à ce jour.
• C’est en 1993 que Nkom Meleu est exécuté par les Allemands
• Tekeu va à la retraite en 1973, il aura exercé comme évangéliste pendant 51 ans. Il aura servi deux
chefs : Nkom Meleu et Nkom Wendja.

CHAPITRE II : L’ENFANCE (SUITE)

« C’est toujours avec un grand plaisir que papa m’emmenait chez son maître de la chefferie de Bayan-
gam, en la personne de Moïse MANA, originaire de Bagam dans les Bamboutos. Il avait fait ses
études à Bali au Cameroun occidental. Les anciens appelait Bali : ‘’Pagne’’. Tout comme beaucoup
des jeunes élèves à Banyangam, papa avait beaucoup d’estime pour ce dernier. Son éloquence et
surtout sa maîtrise de l’art de communiquer et d’enseigner attiraient les jeunes du village au point où
le chef s’est trouvé obligé de demander son affectation.

Si le Christ avait appelé papa, afin qu’il devienne Catéchiste, puis évangéliste, pour des raisons du
convenance personnelle, il ne sera jamais pasteur.
Les premiers ouvriers de l’église dans la région de l‘ouest était originaire du Noun. C'est-à-dire ‘’Ba-
moun’’.

Le Sultan NJOYA était le plus puissant chef dans la région bamiléké. SA prépondérance était connue
dans le territoire national et même à l’extérieur. On peut constater aujourd’hui que la région de l’Ouest
a 13000 km². Or le pays Bamoun a 6800 km² et le pays Bamiléké 6200 km².

Les premiers ouvriers de l’église étaient Bamoun. La première Bible au Cameroun fût traduite en
Douala, ensuite en Bamoun. Pour évoluer à l’église c'est-à-dire d’évangéliste à pasteur il fallait étudier
le Bamoun. Il y avait même une école en Bamoun à Foumban.

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Papa a refusé la langue Bamoun, pour lui Dieu comprenait toutes les langues. Dans son mouvement
de protestation, il était accompagné du pasteur Tayou Jacques, premier pasteur et premier certifié ca-
merounais. De ces deux là, la hiérarchie européenne de l’église dira : « ils sont intelligents, efficaces,
éloquents, mais ils sont orgueilleux ». Ils n’aimaient pas être les bénis oui-oui. Le pasteur Jacques
Tayou épousera une femme Bamoun.

Le pasteur Jacques Tayou et papa Takeu sont les créateurs du Ngomala (la langue du village) en 1928.
Hélas les missionnaires européens ont choisi le ‘’Medumbe’’ langue Bangangté.

En ce temps là, papa Takeu était le seul évangéliste qui avait fait la classe de CMI (Cours Moyen Un).
Les autres évangélistes avaient juste fait la classe de CP (Cours Préparatoire).

Je me permettrais de dire que papa est allé à Ndoungué au hasard, confirmant l’idée selon laquelle
‘’tout est grâce’’, c’est Dieu qui appelle et c’est Dieu qui donne.

L’école missionnaire a été un facteur primordial dans la pénétration de l’évangile avec la prière quo-
tidienne et surtout le catéchisme.

La première église construite à l’Ouest a été réalisée à Kouopou dans le Noun en 1923.

Mon papa et le pasteur Jacques Tayou ont été à leur manière les premiers révolutionnaires nationa-
listes, avec cette phrase célèbre : Dieu comprend tous les patois pourquoi on nous impose le Bamoun.

Le Chef Nkom Wendja a accompagné sa réhabilitation de NSAH FODOUOP par un geste symbolique.
Il lui a donné des nouvelles femmes dont deux princesses Bayangam (ses propres filles). Mon papa
a refusé parce que évangéliste, il devait prêcher par l’exemple c'est-à-dire avoir une seule femme.

Mon père restera dans toute l’histoire du village le seul serviteur dévoué qui aura suivi un chef jusqu’à
ses derniers jours au risque même de perdre sa vie, tenant jalousement entre les mains la grande
pipe royale. En d’autres termes à chaque fois que le désir de fumer du chef survenait, il se retournait
vers le Serviteur qui chargeait sa pipe de tabac, et les blancs lui donnaient l’autorisation de fumer.

Le blanc était craint, à la limite le blanc avait le bâton qui crachait le feu.

Tous les hommes et femmes d’un certain âge ont entendu parler de pägne (Bali) en réalité Pägne si-
gnifiait pied blanc ou encore en Bayangam ‘’sen kouo’’, l’explication n’a rien à voir avec le nom histo-
rique de cette ville.

Toute sa vie durant papa n’avait jamais fumé ni de tabac, ni de cigarettes. Il n’avait jamais bu d’alcool.
Nous même ses enfants nous le ressemblons dans ce sens. Lorsque vous étiez baptisé on vous at-
tribuait un prénom, c’est de cette manière que papa deviendra Takeu Etienne à Ndoungué. Les mis-
sionnaires vont lui attribuer ce prénom d’Etienne pour une raison évidente : Il y a beaucoup de
similitude entre la vie d’Etienne dans le nouveau testament et sa propre vie. Etienne dans la Bible fera
la prison pour sa foi en Jésus Christ, papa aussi, Etienne sera même lapidé et ses biens spoliés. Papa
sera humilié (lui un grand notable) et sa fortune (son rang de notable et sa concession) confisqués.
L’attribution des prénoms n’était pas hasardeuse comme de nos jours, à la naissance aujourd’hui, on
vous donne un prénom, on vous donne gratuitement le Christ alors qu’autrefois il fallait mériter le Christ
après le baptême.

En d’autres termes on peut considérer à juste titre papa comme un martyr de l’Eglise et de la foi.

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CHAPITRE III : L’ENFANCE (SUITE)

J’ai eu une sœur aînée qui est aujourd’hui mère, grande mère et arrière grande mère avec la grâce
de Dieu.
Je suis venu au monde le 24 Juin 1937 alors que mon père exerçait comme évangéliste à Baham. Le
chef Baham s’appelait KAMWA, il dit ceci : Comme le serviteur de Dieu a donné un garçon chez moi
il doit être mon homonyme. C’est ainsi que je reçois le nom de Kamwa Marx. Dix jours après le chef
Nkom Wendja après avoir appris la nouvelle envoie un émissaire inviter mon père à Bayangam : Le
chef Nkom Wendja :
- Papa j’ai appris que tu as eu un garçon ?
- Oui (j’allais lui donner le nom de mon père, mais le chef Baham a refusé)
- Le Chef Kom Wendja : Je lui donne le nom de Nkom pour être mon homonyme.
Tout cela traduisait les mesures d’apaisement et de rapprochement du chef Bayangam, l’histoire
change et le cours des événements se passait autrement. Les blancs et l’église prenaient le dessus
sur tout. Une ère nouvelle s’ouvrait. J’ai donc deux actes différents de quinze jours, des deux actes il a
choisi celui de NKOM Jean.

CHAPITRE IV. L’ECOLE

En 1939 la famille est affectée à Bamoudjo par Bandjoun.

Les missionnaires sont les précurseurs de l’école au Cameroun. Comme ils étaient tous des européens
certainement ils devaient travailler en étroite collaboration avec les administrateurs.

L’histoire retiendra que la Mission protestante française est le berceau de l’école au Cameroun. C’est
à l’âge de 6 ans qu’on autorisait la pré-maternelle. Le paradoxe en ce temps là est qu’il y avait un âge
minimum pour entrer à l’école mais il n’y avait pas un âge maximum.

Dans une même classe on retrouvait des élèves de 6 ans et de 20 ans voire même plus, sans que
cela ne gêne personne. C’est pendant que le père Takeu exerce à Bangou que le jeune Nkom Jean
va commencer l’école à la pré-maternelle.

Imaginez une salle de classe avec deux rangées de banc et de table banc y jouxtant. D’un côté il y a
la pré-maternelle et de l’autre il y a la maternelle. Un seul maître dispense les cours dans les deux
classes et sur un même tableau divisé en deux parties égales.
Le CP1 = Cours préparatoire première année, était ce qu’on appelle aujourd’hui la SIL, c'est-à-dire la
Section d’Initiation au Langage. Plus tard pour des raisons soit :
• de pédagogie
• de déontologie éducative
• de compétitivité
• de convenance
• d’incitation au travail
Il sera créé dans chaque salle de classe un côté faible et un côté fort. C’est à la suite de la performance
de chaque élève qu’il pourrait se retrouver soit du côté gauche par rapport au maître lorsqu’il est face
à ses élèves, soit du côté droit du maître lorsqu’il regarde sa classe. Bref ce sont les contrôles continuent
du vendredi qui définissaient le lundi matin qui ira du côté faible ou du côté fort suite à la remise des
cahiers par ordre de mérite.

Dans chaque classe on pouvait faire deux, trois ans ou plus. Bien évidemment on pouvait se retrouver

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du côté faible pendant plusieurs années. A Bangou il y avait uniquement la pré-maternelle, la mater-
nelle et le cours préparatoire un. Par contre pour entrer au CP2 on se rendait à Bamena qui était un
grand centre de la mission. ‘’J’ai fait mon cours préparatoire deuxième année de 1946 à 1947 chez
ma grande mère à Bayangam. Malheureusement pour moi une grande maladie gastrique va m’éloi-
gner des chemins de l’école pendant trois années. Les médecins vont diagnostiquer un grave ulcère
d’estomac. Je vais séjourner pendant deux années à l’hôpital de Bangoua. L’intervention chirurgicale
s’en suivra et sera faite avec succès par un médecin européen en la personne de docteur BROUSSOUS,
un Suisse.

Pour nous résumer disons que 1946, 1947, 1948 me verront loin des bancs scolaires.
Cependant en 1949 je reprends la route de l’école, cette fois ci à la mission protestante française du plateau
à Bafoussam.

La direction de l’école m’oblige de tout recommencer. Ce qui me fera en tout 6 années de perdu. Entre temps
la famille se trouvait à Balengou où papa exerçait. C’est en consultant mon cahier, qu’il se rendra compte
plus tard qu’on m’avait retrogradé. Entre temps j’étais toujours le premier de la classe.

Au CEI je retourne à Bayangam, j’y ferai mon année scolaire, ainsi que les autres années. Il y avait un seul
mois de vacances par an : Le mois de Janvier, l’école allait de Février à Décembre. On affectait les ouvriers de
l’église en Décembre pour leur permettre de reprendre en février.

Par contre en 1949 tout change on va en vacances en fin Juin pour revenir en septembre comme aujourd’hui.

Dans toutes les classes, il y avait le contrôle tous les vendredis et la restitution des copies avait lieu
tous les lundis matins. Toute l’école était en larme, le principe était clair pour tout le monde : « au tant
de fautes, au tant de coups ». Il y avait un maître qui avait un mot favori et surprenant « même
zéro faute, on fouette ». Avec du recul on peut même dire que c’était le dressage, c’était la règle
chez les maîtres. Ils croyaient que c’était la meilleure pédagogie. Pendant les vacances scolaires, les
élèves étaient tenus de passer 10 jours dans le lieu de choix du maître. Notamment sa famille,
c’étaient pour faire des travaux champêtres. J’en ai trop souffert. Il y avait un maître Batoufam, qui
nous avait pris au nombre de huit pour fabriquer les briques quant à la construction de la maison de
ses parents chez eux à Batoufam. C’est chaque élève qui devait trouver le récipient, vous dormez
sans être nourri dans la famille du maître. Chacun était tenu de faire 50 briques par jour. Ce maître
ait BOUOPDA Jean Daniel.

Les écoles missionnaires françaises au Cameroun avaient ceci de particulier : tous les matins de classe,
la prière était obligatoire. Tous les lundis matin, il y avait un culte qui se passait de la manière suivante
: Méditation (lecture d’un texte de la bible et commentaire, suivi du chant religieux et prière).

A l’école tout vous était soit dicté, soit écrit au tableau. Il n’y avait pas de livre. Même le maître n’avait
pas de livre. L’élève devait tout réciter et cela obligatoirement. Tous les catéchistes c'est-à-dire évan-
gélistes étaient les maîtres des élèves débutants jusqu’à CP1. Mon premier Maître fût mon père. Il était
dur avec tous les élèves, il n’y avait pas de traitement de faveur surtout en ma faveur, il était impartial.
Lors de la reprise systématique de l’école au plateau à Bafoussam, certains enseignants m’ont marqué
positivement et d’autres négativement.

Le maître BOUOPDA Daniel m’a laissé de très mauvais souvenirs, il était méchant dans la vie comme
sa famille qui nous avait si mal traité à Batoufam.

Le Maître Elie NOUGA nous a laissé des impressions très positives, il était originaire de Baleng, c’était

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un très bon pédagogue, il nous enseignait aussi la musique vocale c'est-à-dire le chant. C’était le
maître du CE1.

A mon retour à Bayangam, afin de continuer et de finir mes études primaires, mon maître du CE2 et
plus tard du CM2 en la personne de KAMDEM Jean, a laissé des impression positives à nous tous. Il
nous a enseigné au CP1 à Bafoussam (plateau).

C’est le lieu d’avoir une pensée à l’endroit de Joseph TOPI (notre maître du CM1) originaire de Bandjoun
qui sera tué par les maquisards.

Durant tout mon parcours primaire, du plateau à Bafoussam au CM2 à Bayangam, j’étais le premier
de la classe.

Il faut bien noter ceci : pour inciter au travail et au culte de l’effort, le maître lit le résultat de contrôle du
vendredi passé le lundi matin, les élèves sont alignés par ordre de mérite devant le maître en classe.
Et bien entendu le premier était au premier banc. Cette pratique était répandue dans toutes les écoles
missionnaires du Cameroun.

Afin d’avoir des revenus parallèles mes amis (NKOM Justin Joël (aujourd’hui Magistrat hors hiérarchie)
camarade du CE1 jusqu’un classe de 3ème, FOTSO Isaac (devenu le très célèbre pasteur que tout le
monde connaît), nous allions vendre le bois à l’hôpital Bangoua. On partait de Bayangam à 4 h du
matin et on arrivait à l’hôpital à 6 h 30. On vendait également les sacs en fibre au marché de Kapna
(Bangoua), sacs tissés par nous même. Ce revenu était géré parcimonieusement. On fabriquait aussi
les paniers à cola.

Au CM 2 nous fûmes 18 élèves en classe. Il y avait le CEPE ‘’Blanc’’ et le Concours ‘’Blanc’’ qu’on appelait
‘’choix’’. Lorsque vous ratiez cet examen, vous n’étiez pas présenté. Le maître était un très bon péda-
gogue. Lorsque vous aviez plus de 14 ans, vous ne faisiez pas d’entrée en classe de 6ème.

NB : Il fallait un jugement supplétif pour ramener les âges.

Officiellement je suis né en 1942, c’est à la suite du jugement supplétif. J’ai perdu beaucoup d’années
en raison de ma santé et de ma reprise d’école au plateau. Mais il y a aussi que notre domicile familial
pendant que mon père était en poste à Bangou sera dévalisé par des bandits avec nos actes.

En 1953 lorsqu’il est question de l’entrée en classe de 6ème je n’ai pas d’acte.

On a établi un jugement supplétif : c’est le blanc qui détermine votre âge. Il vous fait passer la main
au dessus de la tête et le fait coucher sur votre oreille opposé et par une alchimie donc lui seul avait
le secret détermine votre âge. Ce Sous préfet chef de Subdivision s’appelait Cornier. Il a donc écrit :
né vers 1942. Je traîne cet acte jusqu’à ce jour. J’ai pu faire le concours d’entrée en 6ème officiellement
à 14 ans alors que réellement j’avais 19 ans. 13 élèves de l’école présentés au CEPE, 11 élèves ont réussi
leurs examens, 8 élèves présentés pour l’entrée en 6ème, une seule réussite : la mienne.

Le seul Centre de l’écrit pour le concours d’entrée en 6ème pour tout l’Ouest se trouvait à Dschang.
En Mai 1956 on se rend à pied à Dschang, nous les 8 candidats présentés par l’école. Partis très tôt le
matin, nous passerions la nuit à Balesseng, nous y serions accueillis par des chrétiens. Le Pasteur
Njoumkouo François nous orientera vers des Bayangam installés depuis longtemps là-bas. Nous se-
rons bien reçus. Après une bonne nuit de récupération, nous voilà en route pour Dschang le lende-
main. Dschang était la capitale régionale de l’Ouest. Nous sommes allés à l’école régionale voir nos

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noms, ensuite nous nous sommes rendus à la mission protestante et de là le pasteur nous a réparti
dans des familles chrétiennes.

Le temps du concours était d’une seule journée. Ce concours nous permettait d’entrer au collège Mo-
derne de Nkongsamba qui deviendra longtemps après Lycée du Manengoumba.

Je fus le seul à réussir à ce concours. Mon père a refusé que j’y parte parce qu’il n’y avait pas de
prières : ‘’la prière y est elle effective, dans ce collège officiel ? - Non. – Tu n’y iras pas’’.
C’est de cette manière qu’on va se retrouver tous au cours complémentaire de Bangangté qui de-
viendra par la suite : ‘’le Collège Noutong’’.

Mais là aussi, il ne faut surtout pas croire que c’était facile. C’est que, au moment de la composition
des dossiers pour le collège moderne vous aviez deux possibilités : le 1er choix pour les meilleurs était
le Collège Moderne de Nkongsamba. Le 2ème choix pour le deuxième cadre des meilleurs qui avaient
aussi eu une bonne moyenne était le Cours Complémentaire de Bangangté.

Le concours avait lieu au mois de Mai. Le CEPE avait lieu au mois de Juin.

Notre Directeur et Maître du CM2, Monsieur KAMDEM Jean avait par inadvertance fait des ratures
sur nos cartes d’identité scolaire. Le jury à Dschang avait confisqué nos cartes même s’il nous a laissé
composé. On était à 10 jours du CEPE qui devait avoir lieu à Bafoussam. Notre Directeur regretta son
erreur et nous envoya voir Monsieur KAYO, Directeur des écoles protestantes et vivant à Bangangté.
Un second parcours du combattant s’imposait. Après l’aller-retour Bayangam Dschang à pied, il fallait
se rendre à Bangangté toujours à pieds.

La carte sera établie, mais il faudra impérativement soit aller voir l’inspecteur des écoles protestantes
à Nkongsamba, soit son adjoint à Bafang afin que nos cartes soient signées. Une autre marche à
pied s’effectuera de Bangangté à Bafang, nos cartes seront visées. Les cartes en main, une nouvelle
marche à pied s’imposait de Bafang à Bangangté et ensuite de Bangangté à Bayangam.

Le Seigneur Jésus Christ était avec nous.

Pendant que nous méditons sur la nouvelle marche, ô combien pénible à effectuer. C’est alors que la
providence intervint en notre faveur par l’intermédiaire d’un camion qui appartenait à la société Cha-
nas-Privat et qui acheminait les courriers à l’Ouest.

Nous l’avons stationné, ensuite nous avons posé notre problème en présentant nos cartes d’identité scolaire.
Nous fûmes tous embarqués à l’arrière. On passa par Bana, ensuite Bangou, puis Bangangté, Bangoua,
Batoufam et Bayangam.

A 02 heures du matin on arrive à Bayangam, nous sommes allés dormir chez le pasteur. Nous sommes le
03 Juin et le certificat devait avoir lieu le 05 Juin et au matin. Il ne nous reste plus qu’un jour pour arriver à Ba-
foussam. Cette fois là encore à pieds.

N.B : Le col Batié qu’on connaît aujourd’hui qui facilite la route Bafoussam - Douala sera inauguré en 1959.
Le rendez vous du CEPE aura lieu à Bafoussam. Nous fûmes 13 élèves présentés, 11 élèves furent re-
tenus.

De l’école primaire on retiendra aussi l’administration obligatoire de la prémanine à tous les élèves
chaque semaine. La prémanine est l’ancêtre de la quinine. Elle avait un goût très amère et on le

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prenait le matin à jeun. C’était un comprimé jaunâtre. Tous les élèves, toutes les écoles descendaient
à la chefferie pour prendre ces comprimés, en prévention du paludisme, puisqu’on disait que prévenir
valait mieux que guérir. Le paludisme était la principale cause de la mortalité. Les élèves devaient se
rendre à la chefferie avec la banane mûre, qu’ils devaient manger après la prise de la prémanine
pour corriger tant peut soit-il le goût très amère du comprimé.
Il y avait également la recrudescence des poux, punaises, gales et chics tout cela était dû à la mal-
propreté.
On portait le même vêtement en semaine, le week-end on le nettoyait.

Le repos était rare.

Chaque semaine, une classe devait chanter à l’église, c'est-à-dire animer le culte. Ceci s’effectuait à
la ronde.

‘’De mon enfance je retiens que maman avait une confidente et amie qui était sa sœur consanguine.
Elle avait comme nom KOMMEGNE épouse WABO KUIPOU. Elle avait une autre amie KAMSU GNEMELE
épouse GNEMCHE (elle vit encore grâce à Dieu).

Toutes ont eu des enfants, des petits enfants et des arrières petits enfants.

Papa a eu un confident autrefois : NOUOTSA Philippe dit Tambou, papa lui confiait toutes ses écono-
mies. Il était un commerçant.

Au moment d’aller en classe de 6ème, puisqu’il fallait justement payer la somme de 1500 Frs (ce qui re-
présentait une fortune à l’époque), Monsieur Tambou a refusé de remettre l’argent en proposant qu’il
fallait que j’aille enseigner en devenant maître. C’est à partir de ce jour que ses relations avec papa
se sont détériorées. En réalité il était jaloux de mes prouesses scolaires. Son fils, qui avait même âge
que moi était au CP1.
Pour nous résumer ce Monsieur était de mauvaise foi puisqu’il détenait abusivement le bien d’autrui.

Il était jaloux, peut être il était ignorant puisqu’il méconnaissait toutes les grandes portes qu’ouvraient
les longues études.

CHAPITRE V : EVENEMENT INEDIT

La consécration du pasteur Njoumkwo François en Novembre 1953.

Toutes les écoles de la Région Synodale de la Mission Protestante française devaient se rendre à Band-
joun à cette occasion commémorative. Chaque école avait son chant circonstanciel.

Notre chant de ce jour


Mon cœur remplit de ta grâce
Entonne un hymne d’amour
Le doux regard de ta face
Sur moi brille en ce jour
Je chante la délivrance
Et l’amour de mon sauveur
Je lui dis en assurance
Je t’aime de tout mon cœur

TANKOU PHILIPPE
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M’aimes-tu ? M’aimes-tu ?
C’est la voix de mon sauveur
Qui vient me demander ?
M’aimes-tu ? M’aimes-tu ?
Je lui dis en assurance
Je t’aime de tout mon cœur.

NB : Des années plus tard, à plusieurs occasions où nous nous verrons, je ne lui ai jamais rappelé
cette occasion.

Le pasteur Njoumkwo François venait ainsi à être le 4ème ou le 5ème pasteur à être consacré dans
la mission protestante française au Cameroun.

De ma famille je dirais que ma sœur aînée avait comme nom : WAKAM Marthe, mon petit frère direct
s’appelait Kamtchueng Daniel. Il sera plus tard chauffeur au collège Elie Allégret, aujourd’hui il est au
ciel auprès de Dieu.

Fait extraordinaire : maman a mis au monde trois fois les jumeaux. Donc une fois les triplets, une de
ces jumelles Kommegne Pauline fera aussi plus tard les jumeaux.

Le régime alimentaire des élèves était assez maigre : le maïs grillé pour tout le monde, le maïs grillé
avec les arachides pour les nantis, le couscous de Maïs et du manioc avec toutes les formes de sauce
possible. La patate, le macabo, l’igname, le manioc, la banane cochon bouillie sans huile accompa-
gnée de haricot ou de ‘’koki’’.

Mon baptême aura lieu le 11 Décembre 1955. J’avais été refusé deux fois de suite peut être en raison
de mon jeune âge. On suivait le catéchisme pendant 03 ans au bout duquel on faisait un examen
sérieux.

La fête n’était pas grandiose. On accompagnait les nouveaux baptisés jusqu’à leur domicile familial
avec des cantiques et des battements de tambours.

La fête nationale était le 14 Juillet. Il n’y avait pas de défilé, mais le concours de chant par école, les
écoles devaient concourir devant un jury à Bafoussam, on s’y rendait à pied. L’hymne exécuté ce jour
là était la marseillaise et le drapeau qui flottait ce jour là était français c'est-à-dire le bleu blanc. Le lieu
de la fête était à l’emplacement actuel de la BEAC (de Bafoussam). On partait de Bayangam à 4 heures
du matin et à pied. Le maître arrivera plus tard avec son vélo.

Le 14 Juillet était commémorative à la prise de la Bastille. Chaque maître était à côté de ses élèves en
rang. Il y avait du monde venu de partout et surtout d’à côté. La liesse était populaire. La tenue de
défilé n’existait pas. On repartait tous à la fin et autour de 21 heures, on se retrouvait à Bayangam.

La plus grande fête annuelle dans tous les villages et les villes était la fête de Noël. Elle était précédée
du culte de minuit, tous les élèves étaient obligés d’assister. Ces derniers devaient chanter et aussi ils
devaient réciter les morceaux des saintes écritures qu’on récitait parce que retenus par cœur.

Le lendemain, le culte du jour devait avoir lieu avec obligation aux élèves d’assister une fois de plus.

Dans les familles on mangeait une nourriture spéciale le riz qui coûtait extrêmement cher, qu’accom-
pagnait une bonne sauce d’arachide, dans beaucoup de domicile on préparait la sauce, juste en fai-

TANKOU PHILIPPE
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sant frire l’huile, l’oignon et quelques petits ingrédients. Mais chez les plus nantis comme mon père
on préparait la viande. La boisson était l’eau et le vin de raphia fraîchement cueilli. C’est en classe de
seconde que j’ai bu la limonade.

FAIT TRES IMPORTANT :

La fête de l’an à savoir le 1er Janvier était inconnue et n’existait pas.

A l’école, la propreté était de mise, on exigeait des élèves garçons, le crâne toujours nu, ce sont nos
mamans qui nous coiffaient avec les lames de rasoir. Et lorsque par malchance vos cheveux avaient
poussé très tôt et que vous ne vous étiez pas rendu compte, le maître vous tondait c'est-à-dire il vous
laissait un trait au milieu de la tête qui faisait rire tout le monde.

La propreté des salles de classe se faisait à tour de banc, chaque banc avait trois élèves.

Le vendredi on faisait la propreté dans toute l’école et les élèves retournaient dans leur famille, un peu
plus tôt que prévu c'est-à-dire aux environs de 16 heures.

Mon Maître de CMI avait une manière singulière de réprimer ceux qui n’avaient pas fait leur tour de
nettoyage. Il vous faisait puiser 30 Calebasses d’eau qu’on alignait, non seulement la rivière était très
éloignée, mais aussi on pouvait la puiser pendant une semaine sans atteindre le nombre requis.

Au cours élémentaire I, il y avait 3 filles dans notre promotion, une seule obtiendra le CEPE avec nous,
son nom Justine DJOUKOUO. Les deux autres se sont mariées pendant les grandes vacances de CEI.

Justine DJOUOKOUO après le CEPE s’est arrêtée, elle passe une année blanche, ensuite réussit un
CAP d’enseignement ménager et épouse un policier. Elle n’a jamais rien exercé. Elle s’est occupée de
son foyer où elle a eu 5 enfants, l’aîné est professeur à Otawa au Canada, le dernier est médecin gé-
néraliste. Les 3 autres ont eux aussi réussi leur parcours universitaire et professionnel.

‘’A à l’école de la mission protestante du plateau à Bafoussam, j’ai un souvenir particulier d’un tuteur
qui était aussi l’ami de mon papa. Il s’appelait DJOMWOUO Josué, il achetait le maïs qu’il replaçait. Il
faut préciser qu’il achetait ce maïs en grande quantité. En ce temps là ; ce commerce était très floris-
sant. Son épouse s’appelait Moyou Esther, elle était originaire de Bamoudjo par Bandjoun. Elle était
extrêmement méchante à la limite même satanique. Nous étions 3 jeunes à la maison. Elle choyait
particulièrement l’un de nous qui s’appelait BOPDA parce qu’il était de sa famille, KENGNE et moi étions
particulièrement maltraités. Le matin, il fallait que nous nous occupions des travaux ménagers, ensuite
il fallait écraser le maïs. Tant pis, si nous arrivons en retard à l’école. Quand elle préparait le repas,
BOUOPDA était bien servi, par contre elle nous refusait. Mon compagnon de misère s’appelait
KENGNE, il était originaire de Bahouang. Cette femme mourra plus tard sans enfants.

Pour nous nourrir et cela très souvent, KENGNE et moi allions fouiller les dépotoirs pour rechercher à
l’intérieur des emballages de bâtons de manioc une pitance c'est-à-dire un reste de manioc même
infecte afin d’assouvir notre famine. On faisait de même pour les épluchures de bananes mûres.

Autre souvenir de l’école du plateau : les Maîtres envoyaient les élèves par groupe aux heures de
travail manuel, travailler chez le pasteur. A notre époque, le pasteur du plateau s’appelait Elie Mubagna
(il était Bamoun).

TANKOU PHILIPPE
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A notre tour, nous étions au nombre de 10 et il a mis 10 sceaux de 15 litres chacun plein d’arachides à
décortiquer.

Immédiatement, nous nous sommes mis au travail, en ce temps là tout jeune était content quand il
fallait décortiquer les arachides parce que d’un moment à l’autre un grain pouvait passer par la
bouche.

Une fois, le travail accompli, le pasteur se présente avec une cuvette d’eau. Il demande à chacun d’en-
tre nous et à tour de rôle de gargariser sa bouche avec de l’eau et de verser dans la cuvette d’eau,
par là il détectait qui avait mangé ses arachides. A la fin tout le monde était coupable.

Ce pasteur était très méchant, il était le diable qui était venu s’installer dans la maison de Dieu. Il de-
mande à chacun de nous, de donner 10 boîtes d’arachide décortiquées. En ce temps là, l’arachide
était une fortune.

Sans ces 10 boîtes d’arachide, plus d’école. Mon père était en poste à Bazou, j’ai mis trois jours de
marche à pied de Bafoussam - Bazou.

Il avait même demandé pour ceux qui ne trouvaient pas les 10 boîtes, d’apporter 20 francs. Une fortune
aussi en ce temps là. Il est bien vrai, qu’au marché la boîte d’arachide coûtait 2 francs.

Je pars de Bafoussam pour Bazou à pied, je marque un temps d’arrêt à Bayangam chez ma grande
mère paternelle. Hélas, elle n’a ni les 10 boîtes,

Ni les 20 francs. Je continue jusqu’à Bazou. Mon père me remet les 20 francs et me raccompagne
jusqu’à Bangoua à pied. Il aura ainsi fait avec mois, la moitié du parcours. A Bayangam je passe la
nuit une seconde fois chez ma grande mère paternelle. En tout, je me serais absenté de l’école pen-
dant une semaine. Certes j’ai repris mes études, mais cet épisode je m’en souviendrais encore très
longtemps.

Il y avait un des nôtres qui était dans le même cas que nous, il ne remettra plus jamais les pieds à
l’école. Ce pasteur aura brisé son rêve d’apprendre et qui sait ce qu’il serait devenu. Il s’appelait Jacob
Kaptche.

CHAPITRE IV : LE COLLEGE

Le cours complémentaire de Bangangté


En classe de 6ème, nous étions 18 élèves. Il y avait une seule fille : Juliette TCHABO, Son père était évan-
géliste. Elle deviendra professeur de Lycée. En classe de 3ème, elle a épousé un instituteur, devenu par
la suite un professeur de Lycée.
Le Directeur du Collège s’appelait Georges Patonnier, un français, son épouse une française aussi
n’enseignait pas. Le couple n’avait pas d’enfants. Le seul enseignant expatrié était le Directeur, tous
les autres étaient africains, les africains avaient au plus le niveau de la classe de 1ère.
Le régime était mi externe, mi interne. Chaque élève apportait son lit et son matelas. Il n’y avait pas
de Maître d’internat. On s’éclairait à l’aide de la lampe à pétrole. ON AIMAIT L’ECOLE. Il n’y avait pas
de bourse, encore moins de remise de prix aux plus méritants.

TANKOU PHILIPPE
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Le cours complémentaire signifiait que tous les élèves après le Brevet devaient enseigner dans les
écoles protestantes ou publiques. Ce diplôme était notre plus grand niveau pour les plus méritants.
Ainsi il n’y avait pas de seconde langue. L’église octroyait une bourse de 100 F par semaine à ceux
des élèves qui signaient un engagement décennal avec elle, en vue d’enseigner plus tard dans ses
écoles. Cet argent vous permettait de vous nourrir décemment.
Malgré toutes les difficultés que je subissais, à aucun moment je ne voulais enseigner à la mission,
on me l’a proposé et j’ai décliné l’offre.
En classe de 5ème, je m’engage comme moniteur du culte d’enfants ou encore moniteur de l’école de
Dimanche. En contre partie, mes prouesses de bon moniteur m’ont fait acquérir l’estime du Directeur
et de l’évangéliste chef de station.
Plus tard, je signe ma première licence, comme joueur dans la panthère sportive de Bangangté, je
jouais le rôle d’arrière fixe, aujourd’hui on dit balayeur. Mon rôle était de fixer les attaquants.
Des années plus tard, je jouerai au poste de 10 dans l’aigle royal de Nkongsamba.
La panthère jouait dans la ligue de l’Ouest. On dirait aujourd’hui, une équipe de deuxième division ré-
gionale.
Le collège aussi avait son équipe qui s’appelait Rafale. Parce que j’étais allé livrer un match avec la
panthère contre l’aigle royale de Dschang, le Directeur qui était aussi mon professeur de math, français
et sciences naturelles écrit dans mon bulletin : ‘’élève propre à cultiver les choux’’. En ce temps là
ma mère cultivait les choux sans avoir fait l’école primaire. Comment étant au collège allais-je devenir
cultivateur de choux ?
Cette sous moyenne m’avait galvanisé, j’avais eu 8,7 de moyenne en mathématique dans mon bulletin
au 1er trimestre. Mon bon travail en math me donnera une bonne moyenne en fin d’année et je serais
classé 3ème pour aller en classe de 4ème. Je n’aurais plus durant mon parcours scolaire une sous
moyenne en maths.
En classe de 4ème, on commençait les sciences physiques en lieu et place de 2ème langue. Le professeur
était un pasteur missionnaire qui s’appelait Dienis, un scientifique de haut niveau.
Le laboratoire de sciences était équipé entièrement par le service français d’ordre et de coopération.
On y effectuait plusieurs expériences et plusieurs manipulations. Les sciences physiques ont réveillé
en moi le goût de la curiosité.
En classe de 4ème, j’étais doué en mathématiques et en sciences physiques.
La même année, les élèves m’ont élu président. J’étais l’intermédiaire entre les élèves et l’administration
de l’établissement.
En classe de 4ème, le Directeur Monsieur Patonnier va en congé pour un an en Europe. C’était le principe.
En ce temps là, les missionnaires passaient 3 ans et allaient passer un an en Europe.
Monsieur Patonnier sera remplacé par le pasteur Bernard Galand, né au Cameroun, fils du pasteur
Galand, 1er missionnaire installé à Dschang dans les années 1921-1922.
Il faut dire qu’entre temps une classe de 6ème avait été créée à la mission protestante de Baleveng. Ce
qui a porté notre effectif à 25 en classe de 5ème.

TANKOU PHILIPPE
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En classe de 4ème, en plus des sciences physiques qui s’étaient ajoutées, il y avait aussi le commentaire
de texte.
Nous avons grevé, parce que nous tenions pour la plus part à continuer nos études. Il nous
fallait absolument apprendre une seconde langue en l’occurrence l’anglais.
Dans un mouvement de contestation, il ne faut jamais être parmi les premiers, ni parmi la derniers. Il
faut être au centre, parce que ce sont les premiers et les derniers qui sont habituellement sanctionnés.
Ensemble, nous avions pris la résolution d’écrire une lettre de réclamation. Afin que l’administration
ne détecte l’auteur de la lettre et le réprime, pour chaque mot, plusieurs élèves devaient participer par
une seule lettre.
Après la consultation de nos copies, la direction ne saura jamais qui avait écrit la lettre et nous le fera
savoir.
Ce mouvement va secouer toute l’église, au point où le président de l’église en personne, le pasteur
Elie Moundjo fera le déplacement de Bangangté, venu de Douala.
On nous attribuera un professeur d’anglais, qui nous fera un cours intensif et accéléré.
En ce temps là, le Cameroun accède au régime d’autonomie, nous sommes en 1957 – 1958, néan-
moins le 14 Juillet se passe au stade municipal de Bangangté. Le cours complémentaire est le seul
cours supérieur de la subdivision de Bangangté. Il n’y a pas de défilé, mais des concours de chants.
Le cours complémentaire de Mbouo fût le premier établissement complémentaire de l’Ouest, il fût
créé en 1947. Il deviendra par la suite le collège Elie Allégret de Mbo.
Par contre le Cours complémentaire de Bangangté sera créé en 1954.
L’enseignement étant désormais régit par le nouvel Etat du Cameroun, le Ministre de l’Education Na-
tionale institue les CEG (Collège d’Enseignement Général) en lieu et place des Cours Complémentaires.
Ce qui est vite fait dans les institutions étatiques. Les missionnaires sont dans l’obligation de s’arrimer
et la mission protestante ne sera pas du reste.
Les cours complémentaires (école normales) de Dschang, Foumban, Bangangté et Mbo deviendront
CEG (Collège d’Enseignement Général).

Autrefois lorsqu’on passait de la 5ème à la 4ème tous les admis continuaient à Libamba. C’est nous qui
avons créé la classe de 4ème à Bangangté et plus tard c’est encore nous qui avons créé la classe de
3ème avec le Directeur Monsieur Patonnier.

Au retour de Patonnier de ses vacances d’une année, le pasteur Galand sera muté à Douala.

A la veille des indépendances, les troubles sanglantes vont survenir à l’Ouest notamment dans le
Haut Nkam, la Mifi, le Ndé et la Menoua. Le Noun sera à l’abri.

Au début des années 1959, la mission catholique crée le Collège Saint Paul à Bafang. Quelques temps
après les maquisards enlèvent et exécutent le Directeur.

Cette situation d’inquiétude et d’insécurité emmène Monsieur Patonnier à prendre des mesures conser-
vatoires. Il réunit tous les élèves et nous dit : « Je ne voudrais pas être responsable de la vie per-
due d’un seul d’entre vous ; le collège est désormais fermé et vous êtes renvoyé dans vos

TANKOU PHILIPPE
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familles respectives, néanmoins soyez attentifs à l’appel que je lancerais à travers vos pa-
roisses respectives ».
Nous ne voulions pas partir, nous avons résisté, il a appelé le Sous-préfet qui s’appelait Monsieur Elie
NOUDJEU, originaire de Badenkop, qui nous a persuadé à sa manière, en nous expliquant la gravité
de la situation.

Il va mettre à notre disposition un camion benne, avec un chauffeur et deux militaires armés à la ca-
bine. Ce camion ira de Bangangté à Foumban en passant par Bafoussam et devait laisser chaque
élève à sa destination respective, nous étions tous à l’arrière du véhicule.

Patonnier se retire à Ndoungué, il trouve un vieux bâtiment de l’ancienne imprimerie protestante. L’im-
primerie ayant été transférée longtemps avant à Nkongsamba, où elle se trouve encore de nos jours.
L’ancien bâtiment vétuste l’intéresse, et il estime qu’on peut transférer le cours complémentaire sur ce
site.
La nouvelle de notre invitation à Ndoungué par Patonnier fait le tour de nos paroisses respectives.
On est le 26 Décembre 1959. Nous sommes 16 élèves à Bayangam et originaire de cette localité. Il
faut préciser que beaucoup de jeunes à Bayangam m’avaient suivi à Bangangté.

Nous louons donc un car à Bafoussam. Le commandant de la gendarmerie nous délivre un laissez
passer collectif.

NB : pendant des moments de troubles, on délivrait les laissez passer à tous ceux qui se rendaient
d’une région à l’autre, puisque plusieurs rebelles étaient fichés et ne pouvaient pas se rendre
dans les gendarmeries pour demander ce laissez passer.
Ce car appartenait à Monsieur NDJOMO, inspecteur des écoles protestantes de la Mifi. Les gendarmes
avaient délivré au car une autorisation de circuler.

Les autorités administratives auraient peut être pu nous octroyer des gendarmes pour notre sécurité,
si on leur avait signifié la demande ; hélas ce n’était pas le cas. Peut-être devrions-nous payer si nous
avions pris ces derniers pour nous protéger. Nous partons de Bafoussam pour Ndoungué le 30 Dé-
cembre 1959. Soit un jour avant la proclamation officielle de l’indépendance du Cameroun.

En ce temps là, l’insécurité était partout. La peur et la frousse étaient en nous, on avait même dégagé
des troncs d’arbres que les maquisards avaient placés nuitamment à Batié.

Je me souviens de FOTSO Isaac qui avait prié plus de 10 fois avant que nous n’arrivons à Ndoungué.
Il deviendra des années plus tard pasteur.

Nous reprendrions le chemin de l’école le 05 Janvier 1960. Il faut noter à toute fin utile que notre foi en
Jésus Christ nous avait guidé jusqu’à Ndoungué.

La véranda de la vieille imprimerie était transformée en salle de classe.

C’est le lieu pour mois d’avoir une pensée à l’endroit de certains de nos camarades qui ne nous re-
joindront jamais à Ndoungué, les maquisards les ayant pris de force ;

Au moment de la suspension du cours complémentaire de Bangangté, nous étions 88 élèves toute


classe confondue.

A Ndoungué nous ne serions que 67 élèves, soit 21 élèves en moins.

TANKOU PHILIPPE
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Il faut qu’on précise qu’à Bangangté il y n’avait pas de surveillant général, tous les professeurs étaient
surveillant, ce ne sera qu’à partir de la classe de 4ème qu’un surveillant général sera recruté en la
personne de Monsieur TCHATO, qui sera aussi professeur.

Les élèves étaient tous sinon presque tous de la foi protestante. La liste des enseignants noirs était la
suivante :
• KAMDOM Martin
• FOUEPE Titus
• KAMGUEP Salomon
• YGNA François (professeur d’histoire géographie qui sera plus tard l’assassin de Madame Markof).
• TAMA
• KOPJOU PALO NOE Prosper
Aujourd’hui en 2011, on peut rendre grâce à Dieu, parce que FOUEPE Titus vit encore, il en est de même
pour KAMGUEP Salomon, KOPJOU qui était originaire de Bangoua et de KAMDOM Martin, originaire
de Bayangam.
Un petit mot sur la brimade s’impose de quoi était-il question ? Ceux des élèves qui faisaient la classe
de 5ème brimaient c'est-à-dire torturaient intelligemment ceux qui entaient en classe de 6ème.

La structure des élèves était claire :


• Les 6ème étaient les ‘’chiffons’’
• Les 5ème étaient les ‘’Foyers’’
• Les 4ème étaient les ‘’seigneurs’’ ceux-ci ne brimaient plus, par contre ils protégeaient.

En classe de 5ème, nous avons eu le malheur de brimer très maladroitement le fils d’un pasteur, l’ad-
ministration du centre ne nous a pas pardonné cette forfaiture, on nous a sévèrement puni : pendant
tout le mois de Juillet, nous avions fabriqué 3.800 briques.

Ces briques permettront de construire deux classes supplémentaires.

L’enseignement religieux était dispensé par : KAMDOM, FOUEPE Titus et Patonnier.

Il y avait une chapelle. Le chef de la station s’appelait l’évangéliste NANA Oton.

La Bible était un cours primordial son coefficient était ‘’4’’. Parfois on te faisait reprendre ta classe quand
tu avais une sous moyenne en cours biblique. Même si tu avais eu 11 voire 12 de moyenne dans l’en-
semble. En classe de 3ème le coefficient du cours de bible sera ramené à ‘’2’’.

Le Dimanche, on faisait l’appel au culte, il valait mieux manquer un cours de français ou de mathé-
matiques que de manquer le culte.

Une journée de classe ordinaire commençait par une courte méditation.

On nous faisait aussi des exercices de prédication : au jour d’aujourd’hui, je suis un prédicateur laïc,
j’en ai pris goût depuis la classe de ‘’5ème‘’, c’est Monsieur Patonnier qui nous entraînait afin que nous
soyons les moniteurs de culte de Dimanche. Ces cultes de dimanche nous devrions le dispenser aux
élèves du primaire.

La station était un complexe : en plus du collège, du chapelle, de l’internat (ou bien de ce qui existait
comme tel), de l’école primaire disposait d’un logement du personnel.

De Bangangté, je n’oublierais jamais mon premier professeur d’anglais TCHANYK Jacques, il avait
fait ses études au Lycée Leclerc, aujourd’hui il ne vit plus, paix à son âme.

TANKOU PHILIPPE
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De Bangangté, je vous garderais le souvenir de la grève. Loin de nous l’idée de la têtutesse, c’était
une sorte d’ouverture d’esprit. On voulait aller loin.

Plus tard le conseil de l’établissement donnera au centre le nom de collège NOUTONG.

Notre nouvelle vie à Ndoungué sera toute autre chose, les élèves pour se nourrir doivent se rendre
dans les champs ramasser les rebuts de récoltes c'est-à-dire les restes de récolte inutilisables pour
se nourrir. Les élèves devaient quémander les noix de palmiste pour se nourrir.

Deux ans durant je ne suis pas allé à Bayangam. C’est le lieu pour moi, de penser à ces hommes de
l’Ouest qui étaient généreux à notre endroit.
Ceux de nos camarades qui avaient trouvé la famille proche ou lointaine à Nkongsamba s’y rendaient
régulièrement pour s’approvisionner. Je n’avais personne.

Par la suite, j’ai pu grâce à un ami avoir un tuteur : Monsieur MODJO Luc devenu un second père pour
moi. Il est mort il y a deux ans, je me suis occupé avec d’autres de ses obsèques.
Son neveu, mon camarade depuis Bangangté et à Ndoungué, me l’avait présenté. Les week-ends,
je lavais ses vêtements, je cirais ses chaussures. Il m’aimait beaucoup. Malheureusement sa femme
ne me voyait pas d’un bon œil.

A Ndoungué donc, en effet nos anciens professeurs de Bangangté ont continué à nous encadrer. Ils
ont pu être logés dans des conditions très difficiles.

Les étudiants célibataires de l’école de théologie ont été regroupés deux par lit, afin de donner de l’es-
pace à nos enseignants.

On avait perdu deux mois d’école qu’il fallait rattraper. On étudiait d’arrache-pied, bien qu’il y avait des
petits travaux payants hors du centre, on ne pouvait l’exercer pour ajuster nos poches, parce que nos
études nous prenaient tout notre temps. NOUS AIMIONS L’ECOLE.

Au commencement nous devions présenter le B.E. (Brevet Elémentaire) qui était le diplôme sanction-
nant l’école normale des instituteurs et qui nous destinait à l’enseignement.

Avec l’introduction de l’anglais nous avons présenté le BEPC (Brevet d’Etudes du Premier Cycle).
Comme on était à l’époque du colonialisme, les épreuves du BEPC venaient de l’académie de Bor-
deaux en France, c’est aussi à Bordeaux qu’on corrigeait et qu’on rendait les résultats.

L’ensemble du Cameroun faisait parti de l’académie de Bordeaux pour ce qu’il était de tous les exa-
mens officiels à savoir : Brevet élémentaire, BEPC, 1ère partie du Baccalauréat et 2ème partie du bac-
calauréat.

Quand nous composions le BEPC, on n’avait ni une lisibilité, ni une traçabilité sur notre avenir profes-
sionnel.

Par contre les élèves maîtres de l’ENIA de Nkonsambla vivaient une aisance enviable : des motos pour
certains, des bons logements pour d’autres, sans oublier les bons vêtements et autres.

Le 1er janvier 1960, nous partons à Nkongsamba où on découvre les élèves maîtres avec toutes ces
facilités de luxe : mobylettes et vestes. On vivait le défilé pour la première fois. Pour ceux qui étaient
attirés par le matériel, l’école normale était le salut.

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Ces élèves étaient nourris, blanchis (on nettoyait leur tenue), on leur remettait 18000 F / mois, ce qui
était une fortune en ce temps là. Le Brevet se faisait en deux temps : L’écrit et l’oral. L’écrit était corrigé
à Bordeaux et l’oral à Nkongsamba. Lorsque vous réussissiez au Brevet, la présentation du concours
de l’école normale des instituteurs de Nongsamba nécessitait l’engagement décennal du candidat
et la contre signature d’un parent. En tout cas, même si je l’avais voulu je n’aurais jamais eu personne
pour contre signer mes parents se trouvant loin à Bayangam. Dès le début, mon tuteur m’avait dit :
« Si tu fais le concours, je ne pourrais pas contresigner à la place de tes parents ».
Un jour, le pasteur KOUOTOU Philippe de la paroisse du centre de Nkongsamba informe mon tuteur
qui chantait dans la chorale Louange que Monsieur Patonnier notre Directeur me cherchait.

J’arrive à Ndoungué à pied. Il m’informe que je suis déclaré deuxième sur le territoire national au
Brevet, information obtenue depuis l’académie de Bordeaux. Je suis aussi admis en classe de 2nde
au Lycée de Manengoumba. A toute fin utile notons que le collège moderne de Nkongsamba est
transformé en Lycée en septembre 1960.

Dans cette institution, les élèves ont droit à toutes les fournitures, ils ont aussi droit à tous les livres. Le
statut est interne. Ils sont habillés et nourris.

En classe de seconde, je suis élève non boursier. L’un des grand atouts est que notre programme en
maths et de physiques ne vaut même pas celui de la classe de 4ème à Bangangté. Il faut dire qu’au
cours complémentaire c’était très dur.

Je suis premier de la classe en seconde toute l’année. La bourse en classe de 1ère s’élevait à 27000
F soit 9000 F par trimestre. Ce qui était tout de même une fortune. A titre comparatif, à Bangangté la
scolarité s’étalait comme suit :
• 6ème : 1500 F
• 5ème : 3000 F
• 4ème : 3000 F
• 3ème : 3000 F

Cette somme était faramineuse pour nos modestes parents. On bénéficiait à l’internat d’un service
gratuit de l’eau et de l’électricité.

En classe de seconde, nous fûmes 50 élèves, j’étais le seul élève qui venait d’un établissement privé,
tout le reste venait du collège moderne.

Le premier proviseur noir s’appelait Monsieur ESSONO Daniel, il rentrait fraîchement d’Europe avec
une femme blanche et deux enfants.
J’ai fait la seconde ‘’A’’ qui correspond aujourd’hui à la seconde ‘’C’’.
Il y a eu un cas de défection en cours d’année, un élève est reparti sans qu’on sache pourquoi, c’était
notre camarade de classe.

Il n’y avait pas de tenue de classe, les élèves étaient logés deux par chambre. En terminal chaque
élève aura sa chambre.

Durant mon parcours au Lycée, je serais le seul élève originaire de Bayangam.


En classe de première, j’ai demandé et obtenu auprès du proviseur que nous autres élèves chrétiens
de l’église évangélique allions nous recueillir tous les dimanches au Gymnase. Il était protestant aussi.
Nous étions :
• Moi-même
• MOUCHILI Joseph (aujourd’hui Médecin)
• DIAN Jean (qui deviendra plus tard Directeur des éditions CLE (Centre de Littérature Evangélique).

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• TONDJI Moïse (aujourd’hui, Professeur à l’école Normale Supérieur de Yaoundé).


Ces amis m’avaient soutenu dans ma demande. A la fin de l’année, nous avions obtenu le parrainage
du pasteur Kouotou Philippe de la paroisse du Grand temple.

Ce gymnase sera le lieu de culte de toute personne chrétienne évangélique y compris pour une
grande partie ceux qui venaient de l’extérieur du Lycée.

Elle donnera lieu à la Naissance de la paroisse de l’espérance de Nkongsamba.

Cet événement marque la naissance de la première aumônerie des Lycée et université du


Cameroun.
Le premier pasteur aumônier aura pour nom : SHEPPER, c’est un Hollandais.
Mon succès suivra au Baccalauréat 1ère partie avec la mention Bien.
Le probatoire n’existe pas encore. Il n’arrivera qu’en 1963 alors que je réussissais ma 2ème partie au
Baccalauréat avec la mention bien.
L’ami qui me conduira chez son oncle à Nkongsamba, lequel oncle sera mon tuteur, vit encore grâce
à Dieu et se porte très bien. Son nom BUKAM Jean, il est aujourd’hui technicien supérieur en soins in-
firmiers, retraité, il dirige une école d’infirmiers, il est aussi le fondateur de cette école. Il était le cousin
de feu Pasteur Elie MOUDJO, de très célèbre mémoire, l’un des tous premiers présidents de l’Eglise
Evangélique du Cameroun.
Nos relations sont des relations très bonnes et franches, nos familles aussi. Comme moi il est Bayangam.
Mon tuteur, qui était aussi son oncle exerçait comme commerçant au marché central de Nkong-
samba.
Je ne saurais clôturer mes souvenirs du collège sans évoquer deux noms qui me sont restés chers,
Isaac FOTSO et Tchuenté Emmanuel (tous morts hélas), le premier sera pasteur et le second Technicien
Supérieur en Soins infirmiers, ils me sont restés toute leur vie intimes. Il s ont eu le CEP tous les deux
la même année C’est pendant ma route pour Dschang, plus précisément pendant notre escale à Ba-
leveng, dans le domicile où nous avons passé la nuit, que je les ai connus. Ils appartiennent à la gé-
nération des jeunes Bayangam qui m’ont suivi à Bangangté. Je faisais la classe de 4ème quand ils vont
faire leur entrée en classe de 6ème. En classe de 3ème Tchuenté utilisait mes livres. Ses parents étaient
très pauvres.

Plus tard, j’ai eu à m’occuper de leurs fiancées, pendant qu’ils poursuivaient leurs études. Mon épouse
et moi les avions hébergé.

Après le CEP tous les deux ont enseigné, ils me resteront reconnaissant parce que le les ai sorti des
salles de classe de l’enseignement primaire.

Alors que Tchuenté est élève infirmier à Ayos (il n’avait pas obtenu le Brevet), il s’exprime sincèrement
le désir de se marier et me confie de lui trouver une femme.

Il m’envoie une photo 4 x 4 que j’ai remise à une fille que j’avais découverte, elle faisait la classe de
CMI à Bayangam. Je récupère aussi la photo de la fille et je là lui envoie. J’étais en classe de première.
Les deux se verront un an après. La fille n’avait pas d’acte de naissance, les troubles sanglants dans
la région de l’ouest avait détruit des maisons et consumés les actes de naissance de part et d’autre.
Elle s’appelait Tchuenté Honorine, elle vit encore grâce à Dieu.
J’ai obtenu de ses parents de faire le jugement supplétif de leur fille. Ces derniers ne me connaissaient
pas. Mais ils connaissaient mes parents et leur bonne moralité. C’était cela ma caution morale. Je
suis allé faire ce jugement avec son père et au lieu de Honorine, j’ai demandé qu’on mette à la place
Alice, ce prénom me plaisait beaucoup.

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Ils se marieront des années après quand je travaillais à Mbo.

Sorti de l’école en Juin, j’ai commencé le travail en Septembre de la même année. Leur mariage sera
célébré le 25 Décembre 1964, le jour de Noël.

AUTRES SOUVENIRS DU SECONDAIRE.

Les programmes scolaires étaient des programmes français. Je n’ai eu aucun diplôme camerounais
: Le CEP, BEPC, 1ère partie de BAC, 2ème partie de BAC.

Sur le diplôme portait : République Française, territoire du Cameroun. En bas il y avait la signature de
l’inspecteur d’académie, par ordre l’inspecteur d’enseignement au Cameroun.

C’est le lieu de rappeler, ce qui est d’ailleurs très important afin que nul ne l’oublie :
L’enseignement du second cycle était supervisé par l’académie de Bordeaux. Les épreuves provenaient
de Bordeaux.

L’écrit du BAC se faisait au Lycée Joss de Douala. Après l’admissibilité, l’oral se faisait au Lycée Leclerc
de Yaoundé. C’est de Bordeaux qu’on venait nous donner les résultats.

A Douala j’ai passé la nuit chez l’aîné de maman : KEUBI Paul, (ancien combattant).

A Yaoundé, j’ai passé la nuit chez la tente d’un ami, KOUEGANG, originaire de Baham, lui aussi ad-
missible, malheureusement, il rate son examen de Juin. Il y avait deux sessions, il aura son examen
à la deuxième session en septembre de la même année. Pour être ajourné comme ce fut son cas, il
fallait avoir une certaine moyenne.

En terminale il y avait 3 séries : Maths élémentaires A devenu la C. (parce qu’on avait fait un mois en
terminal sans professeur de maths, je suis allé en sciences expérimentales, qui correspond à Tle D
d’aujourd’hui).
- Sciences expérimentales
- Philosophie (A’)

Au Lycée, j’ai eu la chance et ce, vu ma bonne conduite, d’être apprécié par le proviseur ESSONO
Daniel. En classe de première, j’ai fait recruter 4 jeunes Bayangam en classe de 6ème. Aujourd’hui 3
sont agrégés des Universités.

Depuis la classe de 5ème, j’étais un bon prédicateur. Toute ma scolarité, j’étais prédicateur.
Pendant ma classe de terminale, le pasteur président Elie MOUDJO m’a proposé de devenir soit Pas-
teur, soit Médecin de l’église.

A une certaine période, et tout jeune, il fût garçon de maison de mon père. En effet il venait rendre
visite à son fils et cousin. J’ai décliné l’offre, nous sommes entre novembre 1962 et Février 1963.

Les voies du Seigneur sont insondables, qu’est ce qui se passe pour que je devienne ouvrier de
l’église ? Pendant 49 ans, soit presque un demi siècle.
J’ai prêché le jour de pâques 1963 au grand temple de Nkongsamba. Avec l’autorisation du grand
pasteur régional, qui m’a autorisé à célébrer le culte de pâques (l’une des plus grandes fêtes chré-
tiennes). J’avais apporté le meilleur de moi-même. C’était l’apothéose.

Après le Week-end de pâques, deux messieurs d’âge mûr et assez responsables, demandent à me

TANKOU PHILIPPE
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rencontrer le lundi suivant au lycée. L’administration ne les autorise pas, parce que la sortie unique
ainsi que les visites au Lycée n’étaient possibles que le Samedi matin.

Le samedi suivant, je croise un monsieur que je ne connais pas sur la route du marché central de
Nkongsamba lors de notre sortie hebdomadaire :
- C’est toi qui a prêché le Dimanche passé, nous te cherchons depuis. Il était un ancien d’église au
grand temple. Il m’a conduit chez l’autre ancien, qui vivait non loin de là.
Les deux se sont présentés :
- Le 1er TALLA Sadrack, originaire de Baleng, gérant d’un dépôt de boissons, grand ancien d’église et
membre très influent de la communauté évangélique.
- Le 2ème Bakam Sadrack, originaire de Bangoulap, grand planteur et commerçant, grand ancien
d’église et membre influent de la communauté évangélique.
L’un des deux me tient le discours suivant :
- Nous te cherchons, parce que c’est le Seigneur qui nous a envoyé de dire que tu vas aller diriger le
collège évangélique de Ndoungué (ce collège avait le premier cycle de l’enseignement secondaire).
L’église avait envoyé son Directeur en Europe. Les classes de 4ème et 3ème fermées parce qu’on
manque de directeur diplômé, c'est-à-dire titulaire d’un baccalauréat. Très calmement, j’ai répondu :
Non Monsieur, cela ne m’intéresse pas.

Au mois de Mars, les deux anciens du grand temple sont venus faire le culte de la pentecôte à la pa-
roisse de l’espérance avec nous. J’ai prêché. Ce jour là, ils ont renouvelé leur demande ; j’ai répondu
on verra.

Talla Sadrack était un membre très influent de l’assemblée générale du CEBEC (Conseil des Eglise Bap-
tistes et Evangéliques du Cameroun), c’était l’organe des grandes décisions concernant les deux com-
munautés à savoir l’église Evangélique et l’église Baptiste.

A l’assemblée Générale du CEBEC de Juillet 1963, les deux ont dit qu’ils avaient un directeur pour
Ndoungué. Cela sans mon avis. Le président du CEBEC, le pasteur Elie MOUDJO de demander :
- Comment il s’appelle
- NKOM Jean, répondent-ils
- Quel NKOM ? il y a Elie Allégret qu’on va fermer par manque de professeurs.
Quelques semaines plus tard, sur instruction du pasteur président Elie Moudjo, et alors que je me
trouvais en vacances à Bayangam, le pasteur président Tchouanlafi Joseph vient me chercher dans
notre domicile familial à la demande du pasteur Njoumkouo François accompagné d’un français :
- Nkom Jean tu es où ? le blanc te cherche. Nous sommes remontés à environ 2 km de la paroisse.
Je connaissais le pasteur Njoumkouo.
- Voici le blanc qu’on a envoyé te voir. Le blanc me dit :
- Vous êtes affecté à Mbo, au collège Elie Allégret
- Par qui ?
- L’assemblée générale du CEBEC, la rentrée est le 10 septembre. Je vous attends.
Je rapporte la nouvelle à mon père. Au courant de l’année, j’avais fait deux concours, mon tuteur de
Nkongsamba m’avait donné les frais des deux concours :
- L’Ecole Nationale d’Agronomie de Nkolbison
- L’EMIA (Ecole Militaire Interarmées (en création la même année).
J’avais réussi aux deux concours, mon père n’était même pas informé.
Des deux Ecoles, qu’est ce que tu choisis ? me demande mon père.
- L’EMIA.
- Mon fils, tu ne feras ni l’un, ni l’autre. Tu iras travailler à l’église.

De toute me vie, j’avais appris à obéir, je n’avais jamais discuté de quelque manière que
ce soit aux ordres de mes parents.
C’est de cette manière que je suis devenu ouvrier de l’église sans demande d’emploi.

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CHAPITRE VII : SEJOUR AU COLLEGE ELIE ALLEGRET

En septembre, je me rends à Mbo, on me donne une chambre et un petit lit. Je serais désormais pro-
fesseur. Mon père m’avait recommandé à une maman pieuse : Lydie MAFEU, Matrone, chrétienne
convaincue et convaincante, une femme de foi.

Je gagnais 8.000 F / mois avec le Baccalauréat alors qu’à l’école normale d’instituteur adjoint non loin,
ils avaient 30.000F/mois et en plus ils étaient nourris.

Pas de regret de ma part, en tout cas, surtout en ce temps là, tout comme aujourd’hui.

Les deux Sadrack m’avaient toujours gardé leur estime, ils se disaient qu’on m’enverrait un jour où
l’autre à Ndoungué. Il y a un d’eux qui viendra me rendre visite régulièrement à Mbo, il sera même
pour moi un père. Plus tard quand j’irai en France poursuivre mes études, il va se battre ce qui n’était
pas facile, pour qu’on m’envoie mon épouse, c’était une démarche très osée.

Les gens étaient surpris qu’un jeune avec le baccalauréat s’engage pour l’église.
Mes cadets me rejoindront à Mbo. Cette responsabilité, je l’avais prise depuis l’époque où j’étais élève
à Nkongsamba.

En raison de l’insécurité et des troubles sanglants qui battent le plein en pays Bamiléké, j’avais rap-
proché de moi mes deux cadets.

Je faisais la classe de première. J’avais inscrit mon petit frère direct au centre d’apprentissage de
Nkongsamba et l’autre au CM2. On vivait ensemble, ils sortaient tôt et rentraient tard. C’était très discret.
On vivait grâce à mes 9000 F / trimestre de bourse.

En sortant du réfectoire à Midi et le soir, je rapportais leur repas. C’est vrai qu’ils étaient avec moi parce
que les parents n’avaient pas de moyens, mais je redoutais que les maquisards ne les enrôlent de
force.

Papa officiait à la paroisse de Dja à Bandjoun qu’il a créé en 1933, longtemps après il prendra sa re-
traite dans cette paroisse en 1972. J’étais le seul élève qui avait cette responsabilité. Mes deux petits
frères dormaient sous mon lit.

Les jeunes élèves Bayangam, que j’avais fait recruter venaient aussi manger dans ma chambre. C’est
quand tous les élèves avaient fini d’être servi, que j’allais récupérer le reste avec la complicité des cui-
siniers, à qui je remettrais des petits subsides de motivation.

Une fois de plus, je suis avec mes cadets. En septembre 1963, le collège m’attribue 25 heures de
cours.
• 5ème : Sciences Naturelles (3 h)
• 4ème ; Science physiques, physique et chimie (08h) ; Maths : (08 h)
• 3ème : Math (6 h), soit au total 25 heures.

En septembre 1964, le collège m’attribue 26 heures de cours.


• 4ème : Science physiques, physique et chimie (7 h) ; Math : (7 h)
• 3ème : Sciences physiques (physiques chimie) (6 h) ; Math ( 6 h)
Soit au total 26 heures de cours.

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L’effectif du collège se présentait comme suit :


• 6ème : 40 élèves
• 5ème : 40 élèves
• 4ème : 40 élèves
• 3ème : 28 élèves
Soit un total de 148 élèves.
L’internat était normal et l’externat était l’exception.
Le Directeur Gros Jean enseignait le français et l’anglais, sa femme n’enseignait pas.

De tous les enseignants noirs, j’étais le plus attitré. Celui qui me suivait avait raté le BAC. Les autres
avaient raté le probatoire. De tous, j’étais celui qui aimait les affaires religieuses. J’avais l’estime du
pasteur aumônier NGU Benjamin. J’étais un bon prédicateur.
Gros Jean nous brimait : il nous demandait de nous aligner, pour toucher nos salaires, devant son
domicile. C’est en public qu’il comptait et remettait le salaire de chacun. Il y avait le camp des ensei-
gnants blancs et celui des noirs.
Il y avait deux jours de fêtes nationales. Pour s’y rendre, il enlevait les sièges arrières de la pick-up et
nous faisait renter debout jusqu’au lieu de défilé à Bandjoun, en aller et retour
Cette situation inconfortable, concernait même le vieux pasteur consacré : papa NGU.
Un jour, tous les enseignants ont grevé pour papa NGU. On avait tous dit : s’il n’est pas assis, on va
tous à Bandjoun à pieds. Nous avions demandé au pasteur de rester.
Cette situation a provoqué la convocation d’un comité ou conseil d’Elie Allégret, venu de partout c'est-
à-dire de toutes les régions du Cameroun.
• TCHECK Amos venu de Njiki
• MANDJECK venu de Douala
• YTONDO venu de Nkongsamba
• NYOBE venu de Libamba
• SANGOU venu de Foumban

Sous l’initiative de notre aumônier, papa NGU qui avait saisi le pasteur NJOUOMKOUO président du
conseil d’administration du collège, qui avait saisi les autres membres. Le rapport et les injonctions
de ce conseil étaient sans équivoque ! Le Directeur était tenu de respecter ses collaborateurs en com-
mençant par le pasteur NGU.

Dès lors, les salaires étaient mis dans les enveloppes, mais il continuait à nous emmener à Bandjoun
avec les sièges enlevés.

Le collège était l’unique dans le district de Bandjoun. Les élèves du collège lors des fêtes exécutaient
l’hymne national. Dans tout Mbo, il n’y avait ni électricité, ni eau courant. Pour l’étude du soir, on utilisait
la lampe ‘’Aïda’’. Une lampe par classe. Chaque enseignant avait sa lampe. La tenue de classe pour
les élèves étaient aussi la tenue du défilé, couleur Kaki, tous les élèves étaient en culotte, il n’ y avait
pas de pantalons. Les élèves allaient laver leur tenu au marigot. Tout le monde buvait l’eau de source,
les européens buvaient la même eau, mais filtrée.
Pour le repas, les professeurs se débrouillaient sur le feu de bois, moi j’avais mon réchaud à pétrole.

A Mbo, je vivais avec ma petite famille, mon petit du centre d’apprentissage de Nkongsamba, je l’avais
inscrit au CETIC de Bafoussam. Celui du CM2 était désormais élève au collège Elie Allégret.

Leur cadet était au primaire. Il y avait aussi un neveu et deux enfants adoptifs qui venaient de famille

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pauvres, l’un était originaire de Bayangam et l’autre de Bandjoun (c’était le petit frère du pasteur TE-
TOUOM Abraham, que je connaissais depuis 1958 alors qu’il était étudiant à l’école de théologie, il
venait voir sa fiancé chez le pasteur WABO. Il m’emmène son petit frère en 1964, le Bayangam était
orphelin de père, et originaire de mon quartier au village, son nom était KOUNTCHE François, il est
aujourd’hui Professeur au Lycée Technique de Bassa Douala).

Celui de TETOUOM Abraham s’appelle : BOUOPDA André, il deviendra plus tard intendant de plusieurs
collèges de l’église (Ndoungué, Penka Michel, Elie Allégret). Au jour d’aujourd’hui, il s’est installé avec
sa famille en Belgique.

PRESSENTI POUR DEVENIR DIRECTEUR DU COLLEGE A L’HEURE DE LA CAMEROUNISATION


DES CADRES.

Dans l’administration, les cadres camerounais remplaçaient les cadres européens. L’église ne sera
pas du reste. Au mois d’avril de la deuxième année, une lettre du secrétaire général de l’église m’in-
forme que j’étais pressenti pour devenir directeur au départ de Gros Jean. J’ai signifié mon refus par
une autre correspondance. J’avais peur du pouvoir. Je ne me voyais pas entrain de subir ce qu’on
disait de gros Jean (colons et autres). Je redoutais de ne pas être respecté. L’église a dépêché le pasteur
NJOUMKOUO François, qui à son tout a formé une délégation composée de :
• Lui-même
• Moïse WANKO
• Pierre MOYO
• Samuel TENTCHOU
Afin de me persuader d’accepter, j’étais hésitant. (NB : NJOUOMKWO a aimé la Mifi, les maquis l’ont
plongé dans le fleuve autrefois et il a survécu).

Le 02 Juin 1965, le pasteur Jean KELLER (Français) secrétaire général de la fédération des églises pro-
testantes du Cameroun et du Gabon, débarque à Mbo et dit qu’il vient me voir, parce qu’il a appris
que je refusais la charge que le CEBEC me confiait.

- Si tu refuses, on ferme le collège et tu rendras compte au Seigneur du sort de tes frères.

Quelques jours plus tard, le pasteur EKOLLO, Directeur du Collège Alfred Saker de Douala et Secrétaire
des écoles du CEBEC, demande à Gros Jean de m’emmener le voir à Douala, nous sommes descen-
dus. EKOLLO me sermonne et demande qu’on m’emmène chez le pasteur Jean KOTTO qui était le
Secrétaire Général du CEBEC :
- L’église évangélique du Cameroun et l’UEBC (Union des Eglises Baptistes du Cameroun) ont acquis
leur autonomie depuis le 10 Mars 1957, les deux églises ont décidé de nommer un camerounais à la
tête du collège Elie Allégret au départ de Gros Jean.

Comme le sort était tombé sur Etienne dans la bible (il fut tiré au sort pour remplacer Juda). Le sort est
tombé sur toi pour remplacer gros Jean et prendre la direction du collège Elie Allégret. Cela ne sert à
rien que tu résistes comme Jonas, parce que quelque soit le cas, tu iras à Ninive. Il m’enverra chez le
pasteur Paul Mbendé, président de l’UEBC. La réception est conviviale :
- Mon fils, on ne résiste pas à l’appel du Seigneur.

De retour, je me rends chez le pasteur Elie Moundjo.

- Nkom, tu connais ce qu’on appelle la vocation : ton père, grand serviteur du chef a eu la vocation.

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Pourquoi penses tu que tu vas résister à l’éternel. Les Pasteurs enseignent et évangélisent. Les ensei-
gnants évangélisent. Quand Gros Jean va partir, j’irai voir Etienne, ton père. Le 18 Juin, il vint me voir
en compagnie de mon père, pour me dire que je devais accepter ma vocation.
28 Juin 1965.

PASSATION DE SERVICE ENTRE LE DIRECTEUR SORTANT GROS JEAN ET LE DIRECTEUR


ENTRANT NKOM JEAN.

Tous les membres du conseil d’administration du collège Elie Allégret étaient présents. La liesse était
populaire avec la présence des chrétiens, des élèves, des parents et autres. Le Docteur TAGNY
Georges Mathieu, le pasteur NJOUOMKWO firent aussi des brillantes allocutions, d’exhortation, de fé-
licitations et d’encouragements, d’adieux et autres.

Cette passation s’échelonnera sur plusieurs jours ; La passation officielle va durer une seule journée
et la passation technique va durer 5 jours. Le 28 Juin Gros Jean me remet tous les clés du collège, il
me remet aussi tous les cachets. Néanmoins, nous n’oublierons pas de si tôt, l’incident du temple, au
moment du culte d’au revoir : Gros Jean déclare devant tout le public chrétien médusé que le noir afri-
cain ne saurait vivre dans la maison du blanc. Même comme il a remit la clé à un autre européen en
la personne de ADME PAUT, ce dernier se désolidarise science tenante de ses propos racistes et in-
sultants.
Le Pasteur NGU, de s’indigner :
- Monsieur le Directeur votre remplaçant vivra où ?
- Au camp, où il vivait
- C’est donc un directeur au rabais ?
- J’ai dit ce que j’avais à dire et je n’ai rien d’autres à ajouter.
Le pasteur NGU qui deviendra plus tard le même mois, pasteur de la paroisse et chef de station, se
retournera vers mois :
- Je déménage pour le presbytère pour te donner ma maison.
A la passation également, il ne m’a pas remis les clés de la voiture, c’est à un autre Européen Jean
Pierre Ulrich qui deviendra pasteur, français et professeur de l’histoire des religions qu’il les remettra.
Six mois après, sous l’instigation du pasteur NGU le conseil d’administration récupère les clés de la
voiture afin de me remettre. Mes parents n’avaient pas fait le déplacement.

Le premier jour, j’avais un sentiment de frayeur : peur de critiques, c’est vrai que les professeurs savaient
que j’étais plus instruit qu’eux. Mais il me revenait toujours à l’esprit ces paroles d’exhortation du se-
crétaire général de l’église :
- Pourquoi tu ne veux pas la Direction ?
- J’ai peur des critiques
- Si tu as peur des critiques, tu ne seras jamais un homme.
J’étais donc étranger à la responsabilité qui était désormais la mienne, je m’étais confié au Seigneur :
Vais-je réussir mon Dieu ? J’avais peur de mal faire surtout qu’il fallait corriger toutes les insuffisances
qu’on reprochait au Directeur sortant. Pendant deux ans je l’avais observé. J’avais le devoir de prouver
que le noir peut faire autant sinon mieux que l’européen. J’étais le premier africain à assumer une
charge aussi importante dans l’Ouest du Cameroun

Je passerais deux mois au camp avec les autres professeurs, on allait ensemble et on rentrait en-
semble, la camaraderie était comme par le passé.

Il y avait parmi les enseignants, un certain FONTSA David, toujours et permanemment insatisfait.

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Enfin je tiens ma première réunion du personnel en vue de communiquer ma feuille de route. Il fallait
me comporter désormais comme un chef.

Pendant toute la séance FONTSA ne participe à aucun moment. Lorsque je lève la séance, il s’exclame :
C’est fini ?
La première grande décision que j’avais prise était le licenciement de FONTSA quelques jours après.
Mais auparavant je m’en étais référé à papa NGU. FONTSA était un aigri. Je le convoque à mon bureau :
• Pour que nous ne soyons pas ennemis toute la vie, il faut qu’on se sépare.
• Payez mes droits.
Ce que j’ai fait, il est parti sans faire de bruits. On se reverra longtemps après, il était devenu contrôleur
des finances, on se saluera chaleureusement au point de nous embrasser.

Rappelons que pendant mes deux années de professeur je gagnais 18.000 F / mois, devenu Directeur,
je gagnais 22.000 F / mois.
Mes relations étaient bonnes, disons sereines avec les autres professeurs.

Au moment de ma nomination, le collège compte 148 élèves donc 18 filles internes, après ma nomi-
nation, les effectifs montent à 268 élèves. Par exemple la classe de 3ème avait 28 élèves, après deux
ans je me retrouve avec 50 élèves. A l’internat des filles où il y avait 18 pensionnaires, je suis passé à
60. Sous l’instigation de Moïse NIEPI on a procédé à l’extension de l’internat, on a construit un grand
bâtiment avec trois grandes chambres, en deux mois. Il y eut 62 Demandes, 2 demandes furent re-
fusées.

En raison de l’explosion des effectifs, j’ai innové avec le système de lit à étage. La même année, je re-
crute DONFACK Jean, ancien élève du collège, deux ans après son admission au BEPC comme Sur-
veillant Général.
J’étais un bon chansonnier et un bon musicien vocal, je maîtrisais le solfège.
Nous continuons à faire le concours des chants avec les écoles primaires aux diverses fêtes à Band-
joun, en même temps on enseignait le chant dans tout le collège, classe après classe.

Tous les Dimanches, une classe chantait à l’église sous ma conduite, cette pratique existait à l’époque
de Gros Jean. Devenu Directeur, j’ai simplement continué encore que j’étais directeur enseignant. Je
n’ai pas changé le traitement salarial des professeurs, puisque cela ne dépendait pas de moi.

Pendant les fêtes à Bandjoun, toutes les filles et tous les professeurs étaient transportés par la voiture
du collège et cela dans les meilleures conditions possibles.

Quelques temps après le départ de Gros Jean, les effectifs ont triplé, les enfants venaient de partout,
surtout des CEG (Collège d’Enseignement Général) et des CES (Collège d’enseignement Secondaire).
Les parents voulaient à leur manière m’accompagner dans les nouveaux défis qui étaient les miens.

Je m’en voudrais, si très honnêtement je ne citais pas les noms des autres personnes qui
m’ont incité positivement à devenir l’ouvrier de l’église que je suis devenu.

J’ai une pensée particulière à l’endroit de Monsieur KAMWA Appolos et de Monsieur TSEMO Jean.
Tous les deux anciens à la paroisse de New Bell I (Newbell Bandjoun).
En vacances, j’aillais chez eux tout le temps. Et ils me sermonnaient : Il faudra que tu travailles à l’église,
même comme on n’y paie pas bien. TSEMO était maître d’école, KAMWA travaillait à la SOCOPAO. Ils
étaient tous les deux des Bayangam. J’ai gardé d’eux, une amitié profonde et durable.

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J’ai envoyé 500.000 F CFA au fils de TSEMO en Belgique ce matin. Je me suis occupé de lui de la classe
de 5ème jusqu’au Baccalauréat.
Il fut médecin chef à Penka Michel et plus tard médecin au Congo.
Les enfants des deux aînés sont restés proches de moi, jusqu’à ce jour.
• L’un est mort en 2006
• L’autre est mort en 2008
Jusqu’en 1992, j’ai travaillé avec les missionnaires qui exerçaient comme professeurs, ils étaient pris
en charge par les églises d’Europe. Ces blancs n’ont jamais contesté mon autorité. Je ne leur faisais
jamais de demande d’explications, plutôt un rappel à l’ordre et des observations verbales.

Jusqu’à là, le collège avait un statut de CEG et s’arrêtait en classe de 3ème. J’ai introduit l’allemand en
1966, 1967 pour permettre aux élèves, sortis de la classe de 3ème d’avoir plusieurs choix pour pour-
suivre leurs études. Avant ils pouvaient continuer seulement en seconde C. Désormais ils pourront
poursuivre en seconde A. Le premier professeur d’allemand s’appelait SILIENOU, pour des raisons
très précises que je ne saurais évoquer ici, je l’ai licencié, néanmoins pour des raisons professionnelles
intolérables.

Au lendemain de ma prise de direction, je me suis rapproché des autorités traditionnelles et admi-


nistratives : le chef de district et le grand chef supérieur Bandjoun, le chef KAMGA de très célèbre
mémoire.
Nos relations étaient franches et cordiales.
J’enseignais aussi :
3ème : Maths ; Physiques : 12 heures
4ème : Maths : 5 heures
Je n’avais pas de secrétaire, je faisais tous mes travaux administratifs, j’étais aussi l’intendant, j’avais
un fournisseur de vivres frais pour l’internat. J’achetais cependant moi-même le riz et le poisson au
marché.
Il faut dire que pour entrer au collège, la sélection était rigoureuse.
Lors de ma deuxième année de prise de direction, 50 élèves ont été retenus pour la 6ème. J’affiche
donc les résultats.
Autour de 2 heures du matin, j’ouvre ma porte pour me rendre au bureau. Je vois une image dans
l’ombre de la nuit. Ce dernier tousse, assis sous l’arbre.
- C’est qui ?
- C’est moi, FOPI, ton voisin de la station. Tu m’abandonnes l’enfant, qu’est ce que je vais en faire.
A 5 heures le chef de quartier me pose le même problème, que faire, c’étaient des voisins, et je suis
un homme sensible. J’ai déchiré l’ancien résultat, j’ai ajouté les deux nouveaux noms, en demandant
à chacun des deux parents de m’apporter une table banc.
Les deux enfants seront des brillants élèves, ils ont gravi les marches de l’ascension sociale : l’un est
devenu médecin – colonel et l’autre Ingénieur général d’agronomie.
Si avant il y avait le port de la culotte comme tenue de classe. J’ai introduit le pantalon. Ceux qui
échouaient le concours de Mbo allaient à Ndoungué ou à Bangangté.

LA VIE MATRIMONIALE.

J’ai connu mon épouse en 1965, elle était venue faire le concours d’entrée en 6ème. C’est le pasteur
TAMO qui me l’avait présentée :
- La fille de mon tuteur vient faire le concours, tu n’as pas de femme, regarde la bien.
Le mariage aura lieu le 3 Août 1968. Son nom : NGUETCHUENG Marie Madeleine, Bayangam comme
moi et du même quartier. Grâce à Dieu, elle m’a donné 5 enfants. Ses parents n’étaient pas chrétiens.

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Nous avons pu convertir sa maman qui est morte chrétienne. Mon épouse fût élevée par son oncle,
KAMSU Timothée, ancien d’Eglise ici même à Bafoussam. Elle m’a donné 5 enfants, soit 3 garçons et
2 filles. Grâce à Dieu les enfants ont réussi et sont dans les 5 continents, le second est allé très loin, il
enseigne dans une université aux Etats-Unis.

En tant que Directeur de collège, je suis devenu un membre de l’assemblée générale du CEBEC. C’est
un privilège très important, c’est l’organe supérieur de décision de l’église. Il s’occupe de la nomination
et du placement des ouvriers de l’église. Le bureau du CEBEC fait les propositions et l’assemblée gé-
nérale entérine.

Au courant de Mars 1967, je reçois un imprimé de demande de bourse que je devais remplir afin
d’aller poursuivre mes études en France.

J’avais exprimé le désir de continuer mes études. C’était une demande de bourse de la coopération
française.
Elle accorde 3 bourses par an, à 3 églises protestantes :
- L’Eglise Adventiste du Cameroun (01)
- L’Eglise Baptiste du Cameroun (01)
- L’Eglise Evangélique du Cameroun (01)

Nous étions 3 candidats pour l’église évangélique, j’ai été retenu. Tous les dossiers transitaient par le
pasteur EKOLLO, en sa qualité de Secrétaire des Ecoles (Directeur des enseignements du CEBEC).

La hiérarchie m’a juste demandé de trouver un Directeur pour me remplacer.


En Octobre 1966, j’avais recruté CHARE Josué comme enseignant, il avait raté le BAC en première ses-
sion et l’avait obtenu en 2ème session.

Parce qu’on avait passé un temps ensemble, je le connaissais. Je l’ai proposé comme directeur et la
hiérarchie a accepté. Il va rester directeur pendant 03 ans. A mon retour, lui aussi bénéficie d’une
bourse, il passera 7 ans en Europe. Il n’aura pas l’agrégation en philosophie qu’il voulait tant. A son
retour, il enseigne à Alfred Saker bien entendu la philosophie. Plus tard il remplace le pasteur EKOLLO
Comme directeur des enseignements de l’Eglise Evangélique du Cameroun.
Lui et moi, sa famille et ma famille sommes très liés jusqu’à ce jour.

MON SEJOUR EN FRANCE.

J’ai vécu à Paris et à Strasbourg :


- Université de Pais Nanterre (1 an)
- Université de Strasbourg (faculté de sciences) (2 ans).
Le jour de mon arrivé en France, j’ai pu retrouver la société des missions évangélique de Paris, elle
était au courant de mon arrivée.
Son adresse : 102, boulevard Aragaud Paris 4ème. J’y ai vécu durant 3 mois, le temps pour moi de
trouver une chambre d’étudiants.

Les événements estudiantins de Mai 1968 m’ont fait déménager pour Strasbourg. Ma bourse s’élevait
à 25.000 F CFA/ mois.
Mon épouse me rejoindra à Strasbourg, soit un an après mon arrivée en France. Nous vivions dans
un studio.

TANKOU PHILIPPE
PIONNIER DE L’ENTREPRENARIAT PLURIEL A L’OUEST DU CAMEROUN 147
BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:38 Page148

Parallèlement à mes études de maths et sciences naturelles, je m’étais inscrit en faculté de théologie
: une faculté d’Etat. C’est l’unique faculté d’Etat qui soit une faculté de théologie. J’ai obtenu à la fin un
certificat d’études religieuses, délivré par l’université de Strasbourg qui correspond à un diplôme
d’Etude universitaire général.

Sur le plan professionnel, je suivais la formation pédagogique au Centre régional de formation des
professeurs de l’enseignement secondaire.

Ayant déjà enseigné et dirigé, j’ai brûlé des étapes, au lieu de 4 ans, j’ai terminé mes études au bout
de 3 ans. Un CAP / CEG puis une licence et un CAPES pour m’expliquer en Juin 1969 et en mai 1970
(CAP CEG) en Juin 1970 – Licence + CAPES.

En 1970, un chargé de mission de la présidence de la république du Cameroun, en la personne de


Samuel EBOUA Vient en France et nous propose, nous étudiants camerounais de venir enseigner au
Cameroun. Dans mon cas, il m’avait proposé le Lycée de Garoua. J’avais estimé dans mon intérieur,
que je resterais fidèle à l’église évangélique du Cameroun, grâce à qui, j’ai obtenu la bourse.
RETOUR AU CAMEROUN
Je rentre au Cameroun en 1970, le pasteur EHOLLO me propose d’aller enseigner à Saker où à Li-
bamba.
Le Pasteur WABO Jean, le pasteur NJOUOMKOUO, le Docteur TAGNY Georges Mathieu et TALLA Sa-
drack vont peser de tout leur poids pour que je sois réaffecté à Mbo. J’ai repris mon poste. J’avais
gardé des relations étroites avec ces aînés pendant mon séjour en France. Ils me suivaient. C’est grâce
à TALLA Sadrack, que l’église fera voyager mon épouse. J’étais boursier et elle ne l’était pas. Grâce
aux petits métiers que j’exerçais là bas, j’ai pu joindre les deux bouts :
- Pompiste dans les stations
- Vendange des raisins
- Vendeur dans Supermarché
- Manœuvre à Kronembourd (brasseries) Strasbourg.
Mon épouse à son arrivée a été inscrite en haute couture et économie sociale et familiale. Elle va
arrêter à mi-parcours en raison de notre retour. Elle obtiendra ses diplômes plus tard par correspon-
dance. Elle obtiendra ses diplômes en 1972.
Certains amis m’ont encouragé à rester en France préparer un doctorat. Mais hélas, la situation de
ma famille me préoccupait beaucoup : notamment celle de mes parents et de mes frères, j’avais es-
timé que si je restais plus longtemps, je ne leur serais pas utile par la suite. Mes parents étaient vieux.
J’ai décidé de rentrer les soutenir.

PASSATION DE SERVICES.

Directeur du Collège Elie Allégret.


La cérémonie était comme celle d’autrefois. A mon retour il y a eu forte demande des élèves, j’ai du
doubler toutes les classes.

C'est-à-dire avant il y avait une classe de 6ème 1 classe de 5ème, une classe de 4ème, une classe de 3ème.
A la rentrée 70-71 il y aura 2 classes de 6ème, 2 classes de 5ème. Avec un effectif de 350 élèves. A la ren-
trée 71-72 il y aura 2 classes de 4ème et 2 classes de 3ème.
Chaque année, les meilleurs élèves étaient admis en seconde au collège Alfred Saker.
Au conseil d’administration de 1972, l’ordre du jour entre autre portait aussi sur:
- La création du second cycle au collège Elie Allégret. C’était un travail délicat parce que les pères fon-
dateurs de l’église, faisaient du collège Alfred Saker la vitrine éducationnelle de l’église au Cameroun.

TANKOU PHILIPPE
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On prenait les meilleurs dans tous les collèges évangéliques pour envoyer à Saker afin de rehausser
son prestige. Bref tout le monde travaillait pour le collège Alfred Saker.

Le conseil d’administration verra d’un œil favorable que le collège puisse récolter ses propres fruits,
c'est-à-dire l’instauration d’un second cycle au collège pour le bien :
• Des parents
• Des élèves
• Du collège
A la rentré 1973, j’ai lancé les seconds A et C sans autorisation officielle et à l’insu de la hiérarchie, en
tout cas le pasteur EKOLLO ne le voulait pas. Mais avec l’appui du pasteur NJOUOMKWO. L’Etat avait
un comité de développement provincial, j’ai donc proposé à ce comité et par écrit la création d’un se-
cond cycle à Mbo. C’est fort de cette demande que j’avais ouvert la seconde à la rentrée 1973. Le
comité de développement provincial était présidé par le gouverneur. J’ai donc réalisé de nouvelles
constructions :
- Deux salles de classes spacieuses
- Deux bureaux
- Toilettes modernes
Deux semaines après l’ouverture, le délégué procincial de l’éducation nationale a demandé de fermer
ce second cycle clandestin.
Je suis allé voir le Gouverneur MEDJO AKONO Marcel qui était aussi un ami. Il a demandé au Délégué
de surseoir à sa décision. Mais nous a demandé de faire une demande d’ouverture dans les semaines
qui suivent.
J’ai donc entrepris des démarches en vue de régulariser cette situation, et grâce à Monsieur FOTSO
Victor, grand opérateur économique et industriel du Cameroun, homme généreux, de cœur et de pa-
role aussi il était l’ami du ministre puisqu’ils étaient voisins. Ce ministre s’appelait Bernard BIDIAS A
GON. J’ai donc obtenu l’autorisation de l’ouverture du second cycle, tout cela à l’issu du pasteur EKOLLO,
Secrétaire de l’enseignement.
Je continuais à enseigner, essentiellement les maths.
2nde A : 4 heures
2nde C : 6 heures
3ème : 9 heures
Soit 19 heures au total
Il n’y avait pas de censeur, pas de secrétaire. J’ai recruté un secrétaire (un unijambiste) il prendra sa
retraite en cette exercice (2011-2012).
Le pasteur EKOLLO n’était pas content de voir qu’un autre établissement obscurcisse Saker. L’évolution
du collège Elie Allégret se verra accélérée avec l’ouverture du second cycle, on a reçu les enfants de
tous les recoins du Cameroun. Je me souviens du Gouverneur AHMADOU TIDJANI qui avait envoyé
ses enfants à Mbo.

Notre coup d’essai au probatoire, sera un coup de maître. En 1974, nous envoyons notre première
promotion au probatoire, taux de réussite 67%. Après cette prestation et bien d’autres qui suivront
nous avons obtenu de parts et d’autres :
• Administration (Ministres)
• Hiérarchie de l’église :

10 LETTRES DE FELICITATION.

Tout le monde voulait que j’ouvre la classe de terminal tout de suite. J’ai refusé. J’étais prudent, j’avais
peur de mal faire, j’avais peur de l’échec. Autres raisons et non des moindres :

TANKOU PHILIPPE
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• En réalité, je ne voyais pas ceux qui pouvaient tenir la terminale C


• Les missionnaires étaient en fin de séjour
• J’avais des charges multiples.
Nous présentons à la fin notre première promotion au baccalauréat en Juin 1975. Il y avait 14 candidats
et 11 ont réussi. Grâce à cette situation heureuse, les effectifs ont connu une croissance exceptionnelle
dans toutes les classes.
A la rentré 1975 il y avait 800 élèves et à la rentrée 1980 – 1981, il y avait 1100 élèves.
Toutes les rentrées, je devais me cacher, la demande était très forte, les structures d‘accueil n’accom-
pagnaient pas. On ne pouvait faire que ce qu’on pouvait. Les missionnaires européens ne compre-
naient pas qu’une classe normale ait 50 élèves or nous étions à plus de 80 élèves par classe.
Nous avions des pressions multiples, provenant de :
• Des autorités traditionnelles
• Des autorités administratives
• Des Autorités religieuses
• Des opérateurs économiques.
Un préfet viendra plusieurs fois de suite pour faire des pressions quant à l’inscription de son enfant.
En 1980 – 1981, il y avait 420 internes et 280 venaient de Douala. Il m’est venu à l’idée de créer un
cycle supérieur avec notamment un cycle de BTS, mais je me suis rétracté.
En 1985, j’ai obtenu l’autorisation de l’extension du collège avec la création du second cycle d’ensei-
gnement technique commercial, j’avais exprimé la demande. Jus Charmichaël était un missionnaire
qui aura exercé à Mbo pendant près de 10 ans. Avec son aide, la coopération française e construit un
laboratoire complet et équipé. Il a demandé et obtenu de la maison Peugeot en France le don d’une
pick-up (504) neuve au collège.

Le développement spectaculaire du collège a fait en sorte que beaucoup des chefs s’intéressent à ce
que nous faisions et nous encouragent.
Le très grand chef KAMGA Joseph nous appréciait particulièrement et nous le faisait savoir. Il y a aussi
eu d’autres grandes personnalités du pays. Il y a une année où le grand frère, le très célèbre FOTSO
Victor avait 08 enfants au collège et 6 habitaient chez moi.

Au courant de ces années, il m’offrira même une Mercedes, j’ai décliné l’offre, parce que le moment
n’était pas arrivé, rouler en Mercedes nécessite beaucoup de moyens pour l’entretien, et les autres
ne vous voient pas toujours d’un bon œil. Aujourd’hui en 2011, je peux aller en Mercedes sans com-
plexe. Ce que je fais d’ailleurs, puisque j’en ai une.

La rigueur et la discipline qui y a eu cours pendant plusieurs années, je veux dire au collège me placera
dans l’intimité de certains chefs :
- Le chef KAMGA était gravement malade à Douala, je m’y rend pour le saluer, pendant que lui et moi
causions dans sa chambre, le ministre KAME arrive, demande que je sorte, le chef s’interpose et lui
demande d’attendre dehors.
- Il vient demander mon testament, l’on ne saurait remettre ce qu’on ne vous a pas donné, tu diras à
FOKAM et à TAMOKOUE de voir parmi leurs frères celui qui va me remplacer.

Le chef KAMGA était tout puissant à cause des actes positifs qui avaient jalonné sa vie. Ce qui fait l’his-
toire d’un homme ce sont les actes qu’on pose. Je ferais exactement ce que le chef a demandé, au-
jourd’hui, je suis un bandjounais d’adoption.

Je suis intégré en entier dans la communauté bandjounaise du Cameroun. Le chef Bayangam me


confiera aussi son testament. Le succès administratif et pédagogique du collège va nous valoir la visite

TANKOU PHILIPPE
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de très honorables personnalités :


- Le Ministre de l’Education : MBELLA BAPE
- Le Ministre de l’Education : NDAM NYOYA
Le président de l’église m’a notifié par deux fois, ses mots de félicitation.

NB : Enseignant, je n’étais pas ordinaire, principal je n’étais pas ordinaire non plus :

En 1964, j’ai eu l’autorisation d’enseigner du Ministre de l’éducation (écrite et signée).


A mon retour de France, j’ai eu l’agrément du ministre de l’éducation nationale (écrit et signé) d’être
principal.
L’église nomme et l’état reconnaît tout d’abord comme enseignant ensuite comme principal. Ceci
arrive dans l’enseignement quand vous exercez une fonction administrative et que vous avez la qua-
lification requise.
J’ai institué la tenue de défilé en 1971, pour marquer une différence entre le primaire et le secondaire.
Pourquoi la couleur bleu et blanche, je ne me souvenirs plus des raisons de mon choix.
De regrets, cependant, j’aurai pu jumeler le collège avec certains collèges évangélique d’Europe et
du monde. Mes multiples occupations m’ont empêché d’y penser. Les anciens missionnaires (les en-
seignants qui ont exercé au collège) n’ont pas joué un véritable rôle d’ambassadeur, une fois rentrés
chez eux.
Je ne saurais clôturer ces souvenirs du collège sans revenir sur 3 missionnaires qui m’ont marqué à
leur manière, libre à chacun de juger.
En France j’ai réussi à retrouver grâce à l’annuaire téléphonique Gros Jean. Il vivait dans les Vosges
avec sa famille, il avait 4 enfants. J’ai passé trois nuits chez lui. Il n’est jamais venu me rendre visite. Je
l’ai appelé pour lui dire au revoir au moment de mon retour au Cameroun.
Par contre spiller était missionnaire à Mbo, son épouse était enseignante au collège. Le couple m’a
reçu chez leurs parents en France.

Charmichael revient tous les trois ans. Son mariage a été célébré au réfectoire. Il s’est assimilé, il mange
même le cuir (notre nourriture locale), mon épouse est allée chez lui deux fois, il a deux enfants et il a
adopté un malgache. Il enseigne à pasenas non loin de Mont Pellier.
Au Cameroun, il vit tantôt chez moi, tantôt dans la famille NGASSU.

On l’appelle à Bayangam ‘’le blanc de Barnabas NGASSU), les six enfants de cet évangéliste ont fré-
quenté à Mbo. C’est là qu’il les a connu.
Ils vont au champ, récolter ensemble le maïs, et l’arachide. Deux des enfants de cette famille ont passé
les vacances chez lui en Europe.
Le collège Elie Allégret lui doit des tonnes de livres pour la bibliothèque.

Les missionnaires protestants français subventionnaient le collège. Après le passage du ministre


NDAM JOYA, le gouvernement va subventionner le collège de 13.000.000 F / l’an.
Le collège était subventionné de 3.000.000 F / l’an, ensuite on est allé à 8.000.000 F / l’an jusqu’à ce
que NDAM NJOYA décide de la porter à 13.000.000 F. C’était l’âge d’or du collège.

A partir de 1990, survient la crise, il n’y a plus de subventions de l’état. Les effectifs connaissaient une
chute drastique en raison de la pauvreté des parents. Un communiqué malheureux du journaliste
Paulin Pouham Defo Toukam va sonner le coup de grâce. Ce communiqué annonçait la fermeture
définitive du collège. Les effectifs vont chuter à 290 élèves.
Ce communiqué résultait d’une interprétation erronée des états généraux des œuvres de l’église
évangélique.

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Je suis parti du collège en 1994 avec un pincement de regret, je voyais mon œuvre, ma vie bâtie
pendant une trentaine d’années tombée en décriptitude.

Je serai affecté à Douala où j’occuperais le poste de Directeur adjoint de l’enseignement secon-


daire et technique de l’église évangélique du cameroun. Ce sera un séjour de 5 ans.

CHAPITRE VIII : DIRECTEUR ADJOINT DE L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE ET TECHNIQUE DE


L’EGLISE EVANGELIQUE DU CAMEROUN.

Je travaillais à la direction des œuvres, ma famille avait déménagé de Mbo pour Bafoussam. C’est la
condition que j’avais posé avant d’aller à Douala. On ne saurait emmener une famille aussi loin, surtout
après tant d’années restées dans un lieu.
Encore qu’au bout de 5 ans, j’ai été réaffecté à Mbo, non pas au collège, mais au centre Polyvalent de
formation (CPF).

C’est sur l’insistance du Partenaire Allemand de l’église EED en 1999. Cette décision est arrivée quand
je me préparais pour la retraite. Ce centre était en déclin.
Quand on m’a consulté pour aller à Mbo, j’ai refusé, on a dû rappeler les responsables de EED qui ont
insisté de me convaincre.

Directeur Adjoint de l’enseignement secondaire, j’ai travaillé avec EED, qui a apprécié ma rigueur.
Dans le contrat qui liait l’église à l’EED, l’église proposait le Directeur et EED donnait son appréciation.
L’église avait proposé 6 noms sans moi, puisque j’étais à deux ans de la retraite.
Le président FOCHIVE et CHARE, me font la proposition d’aller à Mbo. Je refuse, parce que j’y avais
passé trop de temps. C’est le pasteur NJIKE, président honoraire de l’église qui m’a convaincu, il prenait
sa retraite à Bangoua :

- Ne détruis pas ce que tu as construit. Je passerais 10 (dix) années à Mbo, soit 8 ans après ma date
officielle de retraite.

Au début de mon affectation au CPF, certains opérateurs du coin ont manifesté leur désapprobation
quand à mon retour là-bas. Pour eux, j’y avais été trop longtemps. Plutôt on m’y avait trop vu comme
cela. Ils sont allés même solliciter l’intervention de notre cher aîné, Papa FOTSO Victor, qui les a éconduit
gentiment et poliment. Ils ont même écrit à la Direction de l’Eglise.

Chant exécuté en novembre 1954 à la consécration du pasteur NJUMKWO François à NJIOMGHUO


Bandjoun par nous élèves de l’Ecole protestante de Bayangam sous la direction du moniteur chef
KAMDEM Jean

1-
Mon cœur rempli de ta grâce,
Entonne un hymne d’amour
Le doux regard de ta face
Sur moi brille en ce jour
Je chante la délivrance
Et l’amour de mon sauveur
Je lui dis en assurance
Je t’aime de tout mon cœur

TANKOU PHILIPPE
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Refrain :
M’aimes-tu ? M’aimes-tu ?
C’est la tendre voix de mon sauveur
Qui vient me demander
M’aimes tu ? M’aimes tu ?
Seigneur tu sais toutes choses
Il m’est si doux de t’aimer

2-
T’aimer c’est donner sa vie
T’aimer c’est souffrir pour toi
Que jamais je ne l’oublie
De toute erreur, sauve-moi
Ton joug n’est point difficile
Et j’aime ta volonté
Garde-moi toujours docile
Refrain : Car je suis ton racheté

Il y avait du monde, toutes les écoles de la région étaient représentées. C’était le 5ème consécration
du genre dans la région, pour ce qui est des pasteurs africains. L’un des premiers le pasteur Président
Elie MOUDJO fût consacré en 1947.
Tout est grâce, aujourd’hui en 2011, lorsque je me retourne, je constate que 88 pasteurs sont passés
par mes bons soins au Collège Elie Allégret de Mbo.
C’est quand même énorme et miraculeux. C’est l’œuvre de Jésus Christ lui-même. Je n’ai été que
son maigre et très maigre instrument.

CHAPITRE IX : SOUVENIR TRES IMPORTANT SUR MON SEJOUR AU C.E.A DE MBO.

Je suis un témoin privilégié de la croissance plutôt de développement de la station de Mbo.


L’hôpital qu’on connaît tous aujourd’hui fût dispensaire jusqu’en 1973. Son premier médecin parce
que devenu hôpital sera Perrot François.

Celle qui tenait le dispensaire avant et qui l’avait tenu pendant longtemps s’appelait Dolmazon Lina,
de nationalité Française et célibataire : une infirmière.
Cette infirmière fut braquée nuitamment par un chrétien du nom de FOTSO François, la mère de ce
dernier était ancienne d’église.

Tard la nuit, il s’était introduit chez l’infirmière blanche, avait brandi l’arme traditionnelle. Elle a versé la
recette de l’hôpital, soit 70.000 F, pour lui, elle ne l’avait pas reconnu, puisqu’il faisait nuit et il était noir.
Il est cependant allé se cacher à Manjo. Il revient à la station en fin 1964, début 1965. Lors de son bra-
quage, je n’étais pas à Mbo. Mais tout le village connaissait l’histoire, on se le racontait de voisins à
nouveaux voisins, d’anciens malades à nouveaux malades, de pères en fils.

La générosité de l’église est extraordinaire, il est réintégré dans la communauté chrétienne.


Sur insistance de la communauté chrétienne Gros Jean en fera un responsable de travail manuel au
collège.

Cependant, il n’est pas revenu les bras ballants encore moins le cerveau vide : il a appris la musique
à Manjo, il créé la chorale Damas. On dit que chanter c’est prier deux fois. Que vaut un culte sans
chorale.

TANKOU PHILIPPE
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Avec la chorale Damas, il a gagné le cœur de tout le monde, il chante si bien, l’apôtre du diable s’était
repenti, il est entré dans la maison.
On a vite oublié l’histoire du braquage. Il est désormais le frère et l’ami de tout le monde.

Ce Monsieur restera mon cauchemar à Mbo. Il a systématiquement forcé mon amitié. Tôt le matin, il
est chez moi, tard le soir également, au petit déjeuner il est là, au repas de midi, il est là, au repas du
soi également il est là.

Cette incursion, cette fréquentation permanente m’a fait l’admettre comme un membre de ma famille.
Il était pourtant mon aîné de 10 ans. Qu’il vienne à la maison quand il veut, comme il veut m’embêtait
déjà.

Mais quand il a eu à venir permanemment et à la maison et au travail, là j’étais sérieusement embêté,


le comble je n’arrivais même pas à lui dire qu’il me mettais mal à l’aise. il était plus chez moi que chez
lui. Son travail était de me suivre partout.

Toute la journée, il était là. Cette situation a duré plus de 20 ans. Cela a été aussi ma part d’enfer.
Quand je prends la voiture, il monte, il ne sait même pas où je pars. C’était la seule personne à Mbo
qui m’importunait, il ne s’en rendait même pas compte. « Les habitudes, c’est comme votre ombre,
lorsque vous avancez, elle vous suivent, lorsque vous vous arrêtez, elle s’arrête, en tout
cas, elles sont toujours là ».

Vous découvrirez tout à l’heure pourquoi ce Monsieur était un loup vêtu. Il deviendra même un égo-
centrique. En tout cas il se prenait pour le nombril du monde. En paroisse, il dictait tout.
Je rassure les lecteurs qu’il ne me fera jamais le coup de l’infirmière. Si elle vivait seule, j’ai toujours été
accompagné de ma famille proche ou lointaine et des enfants des amis. Je reviendrais longuement
sur cet homme.

BILAN PROFESSIONNEL SUR LE PLAN RELATIONNEL


Toute ma vie, j’ai toujours évité les conflits, la meilleure façon d’éviter les conflits est d’éviter les mésen-
tentes. Ce sont les mésententes qui mènent aux conflits. L’humilité, l’acceptation de l’autre évite les
conflits. La meilleure façon de gérer les conflits, c’est de les éviter tout en étant humble et réconciliant.
Pendant toute ma vie active de meneur d’hommes et de leader, j’ai toujours préféré la méthode douce
à la répréhension. Je n’ai eu à prononcer le licenciement que de deux personnes parce que j’avais
épuisé toutes les possibilités de négociations. J’ai toujours préféré les rappels à l’ordre verbal. J’ai ra-

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rement émis les demandes d’explication. Je suis très tolérant. Je prends du temps pour ramener les
gens à l’ordre. Beaucoup de mes collaborateurs se sont mariés dans mon domicile privé. J’ai beau-
coup d’homonymes enfants de mes collaborateurs.

Mon premier homonyme date de 1965. Il est aujourd’hui grand père de façon hâtive. C'est-à-dire pré-
cipitée. Au CPF un collaborateur a fait porter mon nom à son enfant. Mon épouse a été Marraine de
plusieurs mariages de mes collaborateurs. J’ai parrainé le mariage et le baptême de beaucoup d’en-
fants de mes collaborateurs. Mes collaborateurs et moi avions toujours entretenu de bonnes et
franches relations.

DIRECTEUR ADJOINT DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRES DE L’EEC.

Cette direction était située à l’intérieur du Collège Alfred Saker. J’y passerais 5 années. Je m’occupais
du volet pédagogique. Je descendais régulièrement dans les établissements pour les inspections, les
conseils et les évaluations. J’ai fait le tour de tous les collèges évangélique du Cameroun. Je suis même
allé au Nord Cameroun comme consultant, pour le compte de l’union des Eglises baptistes du Ca-
meroun. L’Eglise Evangélique du Cameroun n’avait pas de collège là-bas.

Dans mes multiples voyages professionnels, je logeais soit à l’hôtel, soit à l’intérieur de l’établissement
quand il y avait une case de passage.
Nous avions mis en place et piloté le projet (DYFOP) Dynamisation Fonctionnelle de la Pédagogie. Sur
deux volets :
• AGP (animation générale des parents)
• DYFOS (Dynamisation Fonctionnelle de la Pédagogie scolaire).
Nous nous occupions des parents et de leur animation. Mais étions trois à nous en charger :
- Moi-même
- Charé Josué
- Moukouri Elémé Michel
Grâce à Moukouri, le projet sera financé par les Allemands. Ceux-ci lui confieront le contrôle du projet.
L’initiateur du projet était Charé, il nous a associé et les partenaires ont nommé Moukouri responsable
du projet.
L’enseignement dans l’église traversait une crise matérielle et financière. Nos descentes dans les éta-
blissements ont galvanisé les personnels et cela a accru la performance des enseignants et encou-
rager les élèves.
Les effectifs avaient chuté drastiquement. On rencontrait les parents et on discutait avec eux.
Le message passera : Elie Allégret va voir ses effectifs passés de 280 élèves à 500 élèves. Les ensei-
gnants étaient sensibilisés par des mots simples, mais très significatifs :
- Vous êtes causes de la chute des effectifs, quand vous allez dans les carrefours crier que vous n’avez
pas de salaire ou bien que ce salaire quand il existe est modique, vous détruisez tout, ne soyez pas
comme ceux qui s’assaillent sur une branche et la scient.

Nous avions ainsi procédé au réarmement moral de la communauté éducative : parents, élèves, en-
seignants, en un mot toutes les parties prenantes.

Je faisais trois jours à Douala chaque semaine. Les quatre autres jours, je les passais à l’Ouest parce
qu’il y avait trop à faire là-bas. A Douala je dormais chez Josué et souvent à la case de passage de la
direction de l’église. Je conduisais moi-même. Aujourd’hui en 2011 on m’impose un chauffeur.

Dans nos programmes de travail, on commençait à Douala et on finissait à l’Ouest. Josué n’avait pas

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de voiture de service. Il avait hérité d’une 504 du pasteur EKOLLO qui était dans un état de décrépitude
très avancé. Il prenait le car. On déjeunait dans les restaurants. Bien sûr quand on le pouvait, il y avait
ma voiture. Josué Charé est, était et sera un ami et un confident très précieux. D’ailleurs en 1969, il me
laissera sa femme et son enfant avant de se rendre en France, pendant tout son séjour, elle sera chez
moi.
Sa femme est Bamoun, comme lui. Autrefois, il avait aussi réussit l’EMIA (Ecole Militaire Intérimaire),
son père, pasteur de son état s’y était opposé.

Nos relations sont si profondes que nous sommes devenus membres de nos familles respectives. Le
père de Josué en mourant m’a laissé son testament qui désignait Josué, héritier.

Un jeune garçon bassa a épousé la fille de Josué, la chèvre de la dot on me l’a emmené à Bafous-
sam.
La femme de Josué fût marraine de ma fille lors du mariage de cette dernière. Le pasteur Lamaré
aimait bien dire Charé quand il s’adressait à moi et Nkom quand il s’adressait à Charé.

Dieu aura voulu que je recrute Charé autrefois. Et au lieu d’un ami, il m’en a fait un frère. Au conseil de
sages, nous sommes encore ensemble.
- Moi
- Charé
- ETEKI Boumoua
- NOUE Manfred
- TIKI KOUM Madeleine

Tout est grâce, tout est occasion pour rendre gloire à Dieu.

Mon bouclier c’est Jésus Christ, j’ai cru en lui, rien ne peut m’arriver contre sa volonté. J’ai eu une for-
mation scientifique, je ne peux pas croire en n’importe quoi.

Je crois que si on avale le poison ont meurt. Mais si on te souffle dessus, tu ne meurs pas.

CHAPITRE X : DIRECTEUR DU CENTRE POLYVALENT DE MBO.

La commission exécutive de Juillet – Août 1999, me nomme directeur du centre polyvalent en rempla-
cement du Pasteur NJINKEU Justin. Cette nomination a soulevé la réprobation de certains membres
de la communauté. C’étaient pourtant ceux que je croyais être mes grands amis.

Ils ont même écrit un pamphlet à ce sujet pour eux au bout de 35 ans à Mbo, on m’y avait trop vu
comme cela. C’était pourtant les parents de mes anciens élèves. Il y avait ainsi TETA Michel, FOGUE
et bien d’autres.

Le but du centre était la formation polyvalente des enseignants des écoles protestantes du Cameroun,
bref, il était question de former les formateurs aux métiers suivants :
• Agriculture
• Elevage
• Artisanat
• Petite menuiserie.

Ce centre était né sur les cendres de l’école normale des instituteurs, on ne formait que les maîtres en

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fonction. C’était une sorte de formation continue des maîtres. En même temps qu’on formait ces en-
seignants, on recyclait également ceux qui y étaient déjà passés. Le recrutement se faisait sur choix.
Avec la crise l’église a ouvert la porte du centre, notamment aux femmes dans la lutte contre la pau-
vreté. Au début c’étaient les femmes chrétiennes par la suite ce seront toutes les femmes qui mani-
festeront la demande aux activités génératrices de revenu :
• Tricotage
• Séchage et fumage de poisson
• Fabrication de savon

Le centre connaîtra une expansion de 86 à 93 avec le pasteur Jean Blaise Kenmogne.


Les difficultés viendront de Tchakounté qui détournera les fonds destinés au centre.

Sur décision unilatérale de Tchakounté et en violation des clauses de contrat avec les partenaires, ces
derniers suspendent la subvention qui était de 95 millions par trimestre. Il avait nommé KAMGA Fran-
çois sans leur aval.

Le centre vivra 6 ans sous KAMGA et sous NJINKEU. Ma nomination fera renaître la confiance aux
partenaires allemands.

Le jour de mon installation et en présence des membres du conseil d’administration du centre com-
prenant :
- Feu magistrat TCHUENTE, président de la cours des comptes qui est mort il y a deux ans, il s’appelait
TCHUENTE Abraham à l’époque conseillé à la cours suprême.
- Professeur FOKO Jacob
- Docteur KOUAMO Jonas
- Le proviseur du Lycée de Diangdam, GUIAGUENG Abraham.
- BOULE Alexandre, inspecteur de l’enseignement public du Wouri.
NB : Les allemands n’étaient pas venus.
On notait également la présence du :
- Le président du conseil d’administration du centre, le pasteur KAMDEM, président de la région Sy-
nodale de la Mifi.

Le pasteur NJINKEU informé par écrit n’était pas venu pour la passation de service. Tout le monde est
reparti. Informé de la gravité que pouvait prendre la tournure de la situation, il est revenu et il nous a
rappelé sous des conseils. Il me remettra le cachet et les clés de la direction.

Je dresse l’état des lieux, il y a un seul partenaire de l’église qui est revenu, E.Z.E, des allemands. J’ai
écris à EZE, son représentant est venu. On a eu une séance de travail à Mbo et à la direction de l’église
évangélique du Cameroun. Cette rencontre aboutira à la signature d’un nouveau contrat de parte-
nariat. La confiance était renouée. Dès Janvier 2000 un accord de 50.000.000 F pour les réfections
multiples et l’équipement en mobilier et matériel des bureaux. Ils nous feront don de huit ordinateurs
et d’une voiture de service. Pendant tout mon séjour, j’ai fonctionné avec eux. Mon séjour au centre a
été marqué par la construction des bâtiments des hauts standings réalisée sous mon initiative et sur
ma conduite des travaux. L’intensification de la lutte contre la pauvreté par l’introduction de :
- L’apiculture
- La culture maraîchère (tomate, choux, carotte)
- L’utilisation des intrants agricoles.
L’intensification des campagnes de sensibilisation et de lutte contre le SIDA par l’organisation des sé-
minaires en direction des femmes, des hommes et des jeunes, on parlait non seulement du SIDA,
mais des autres MST.

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Nous faisions le tour des établissements, notre message allait aussi vers les jeunes déscolarisés.
Mon bilan était positif. J’étais épanoui. Des mots de félicitations, je les ai reçus des partenaires et de
l’église. Le centre accueillait :
• Les séminaires
• Les ateliers
• Les conférences
• Les retraites spirituelles
• Des séminaires de formation, d’information et de recyclage du personnel des organismes nationaux
et internationaux et de l’église.
Il y a même des ministères qui sollicitaient le centre : Santé publique, éducation national pour leur sé-
minaire.

Le centre était devenu la vitrine de l’église évangélique du Cameroun.


Les usagers nous ont adressé par écrit leur message de félicitation. Le centre était devenu un lieu par
excellence de repos pour les personnes et tous ceux qui le désiraient ou bien qui le sollicitaient.
Un pincement de regret, je n’ai pas pu réaliser tous les projets pendant que j’y étais, notamment :
• Construction d’une conciergerie
• Construction d’une barrière
• Réalisation des infrastructures sportives : gymnase et stade.
Plusieurs visites au centre, notamment celle de MBAPPES MBAPPES Louis, ministre de l’enseignement
secondaire. Un ancien ministre de l’éducation nationale va séjourner pendant trois semaines au centre.

Le centre était attrayant.


La loi sur l’enseignement organisée par l’Etat du Cameroun fut élaborée au centre.
Le cadre du centre, son calme, son attrayance favorisait le travail intellectuel.
La décriptitude du centre de nos jours me donne du remord, cela entre en contradiction avec l’esprit
qui avait prévalu lors de sa création.
J’ai laissé trois véhicules et un est hors d’usage. J’ai fait le règlement intérieur du CPF.

J’ai élaboré une procédure de gestion administrative et financière du centre. Avant moi le centre était
piloté à vu, lorsque les apprenants (enseignants) arrivaient on les nourrissait, on les logeait et on leur
donnait un peu d’argent.

J’ai rendu le centre productif avec les recettes de la restauration et de l’hébergement.


Il fallait que les séminaires soient productifs. L’église a créé entre temps d’autres centres similaires
comme le CAFRAD (Bepanda et Bonabéri). Au centre climatique à quelque centaine de mètres la suite
coûtait 40.000 F alors qu’au centre elle coûtait 20.000 F.
Donc jusqu’à là, il y avait toujours le souci de servir de l’EEC.
J’ai créé avec mes collaborateurs, un jardin de goyavier. La confiture consommée au centre venait de
ce goyavier.

On utilisait les fientes de l’élevage des poulets pour fertiliser nos jardins potagers.
Nous avions formé les femmes à la culture du wanzou, graine consommable et très prisée qui s’ap-
parente aux graines d’arachide.

Les femmes formées au centre ont créé des GICS à :


• Koutaba
• Foumban
• Foumbot
Elles ont formé ce que nous avons appelé le cordon féminin. Je suis parti de Douala à deux années

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de ma retraite. Je passerai dix ans au CPF, soit 8 années de plus.

Ma retraite définitive aura lieu le 18 Août 2009, aussi simplement que possible.
Monsieur TCHINDA Jean us en sa qualité de 2ème vice président de l’église et coordonnateur national
des œuvres procédera à la passation de service. C’était une récompense ultime de Dieu, y prenaient
part les membres du conseil d’administration et le président de la région synodale du Koung-Khi, le
pasteur TOKAM Samuel.

Le mot de passation du président Tchinda sera très significatif et profond :


- Vous voyez à la gauche de qui je suis assis, je suis devenu ce que je suis devenu grâce à sa rigueur,
pendant que nous étions élèves ici, personne ne pouvait imaginer qu’il l’approcherait un jour.

Tout le secondaire de Tchinda, je fus son principal. Son père était évangéliste, il me gardait toujours les
pommes de terres quand il venait voir son fils.

Pendant toutes ces années, le père n’avait jamais terminé la pension de son fils. J’ai toujours traité pré-
férentiellement les fils des religieux. Aucun fils de pasteur et d’évangéliste n’a jamais fini la pension.

Pour ce qui est des enfants des ouvriers de l’église, je les ai toujours ménagés.

CHAPITRE XI : MEMBRE DU COMITE DES SAGES DE L’EEC

En 2009, j’ai donc tout arrêté pour devenir un ancien honoraire, la commission exécutive de 2010 m’a
mis définitivement en retraite. Il y eut des bons discours prononcés à mon endroit en présence de on
épouse invitée spécialement à cette séance d’au revoir.
Le comité des sages a été créé au synode général et a été installé lors de la même séance d’au re-
voir.
Les membres du comité des sages, compte tenu de leur expérience sur les affaires de l’église et surtout
en raison de services rendus, Ils ont pour rôle d’accompagner les membres du bureau de l’église
dans l’exerce de leur fonction. Ils sont membres ex-officio avec voix consultative des grandes réunions
de l’église : Conseil synodal général.
Voici les 5 membres :
- Le ministre ETEKI MBOUMOUA
- Mme TIKI KOUM Madeleine (retraitée ancienne proviseur du Lycée de New bell)
- NOUE Manfred (retraité, ingénieur et ancien cadre à Camrail
- Charé José
- NKOM Jean

Il n’y a que trois membres qui répondent par leur présence aux différentes réunions de l’église.
Dans les textes, on ne remplace pas un membre absent, mort ou malade. Le choix des membres
n’est pas hasardeux, on prend en compte les caractères :
• Social
• Psychologique
• Intellectuel
• Dynamique
• Religieux
Son fonctionnement répond aux attentes placées en lui depuis le synode général de Yabassi en 2010.

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UN MOT SUR LE FEMEC

La Fédération des églises et missions évangéliques du Cameroun siégeait une fois l’an, pendant que
j’étais le représentant du secrétaire à l’éducation pour l’ouest et ce pendant 10 ans. Charé Josué, Tho-
mas EKOLLO et moi avions été représentants de l’EEC au comité scolaire de la FEMEC pendant 10 ans.

CHAPITRE XII : MA VIE DE FIDELE DE L’EGLISE EVANGELIQUE DU CAMEROUN.

Tout le monde peut être chrétien mais pas fidèle. Je fus baptisé par le pasteur TCHEGNOU Etienne ori-
ginaire de Bangoua. Il est décédé depuis, il était déjà âgé à l’époque.
Je suis ancien d’église depuis Janvier 1965 à Mbo. C’était extraordinaire parce que j’étais célibataire,
à notre époque on te cooptait, on voyait ton comportement à l’église et hors de l’église, on ne donnait
pas de candidature, on était proposé par d’autres anciens.
En 1967, je suis coopté comme délégué au synode général. De toute ma vie les seules années où je
ne me suis pas rendu au synode général étaient mes années d’Europe.
J’ai été régulièrement secrétaire du synode générale de 1971 à 1983. Les fonctions sont bien précises,
le bureau de l’église propose et le synode adopte.

En 1977 on a mis sur pied le bureau du synode Général. A partir de 1978, je suis membre de la com-
mission exécutive de l’église et ce, lors de synode de Foumban.

Jusqu’en 1977, les présidents des régions étaient élus dans les régions, cela à provoqué des conflits
entre les pasteurs, des camps se sont dressés contre d’autres camps.

C’est pour mettre fin à cette situation que le synode 1997 décide que les présidents de région seront
nommés par la commission exécutive.
Les présidents de région sont des membres statutaires. Ces présidents étaient élus par les synodes
régionaux.

On avait reporté l’élection des membres de la commission exécutive à un an.


Tout cela pour éviter le double emploi, on ne doit pas être président de région et membre de la com-
mission exécutive et depuis Juillet 1997 on ne pouvait plus exercer les deux fonctions.
Voici la composition du bureau exécutif :
• 5 membres du bureau central de l’église
• 6 pasteurs
• 6 laïcs
Depuis Juillet 1997 les Présidents de région ne postulent plus. C’est en 1978 que j’ai été élu membre
de la commission exécutive. Il y a 3 sous commissions à la commission exécutive.
a- Une sous commissions des ministères qui ne discute que des problèmes ecclésiastiques
b- Une sous commission des œuvres qui ne discute que des problèmes liés aux œuvres
c- Une sous commission des finances qui ne discute que des problèmes lés aux finances

Dans la sous-commission des ministères, siègent tous les présidents des régions, plus deux pasteurs
élus membre de la commission exécutive.

Elle est présidée par le vice président pasteur, assisté du secrétaire de l’église. Il y a aussi deux laïcs
choisis parmi les 6 membres de la commission exécutive.

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Dans la sous commission des œuvres, siègent tous les vices présidents laïcs des régions, plus deux
pasteurs élus membres de la commission exécutive et 2 laïcs élus membre de la commission exécu-
tive.

Elle est présidée par le vice président Laïc assisté du secrétaire de l’église.

Dans la commission des finances, il y a tous les trésoriers régionaux soutenus par deux pasteurs et 2
laïcs.

En clair dans chaque sous – commission, il y a deux pasteurs et deux laïcs. J’ai œuvré à la sous com-
mission des finances jusqu’en 1994 J’y étais à triple titres :
- Trésorier de la région de la Mifi
- Censeur au compte de l’église évangélique du Cameroun (toute l’église).
- Membre de la commission exécutive.

Après 1995, j’ai été viré à la sous commission des ministères. Ne siège pas dans cette sous commis-
sion n’importe qu’elle laïc parce qu’elle est la chasse gardée des pasteurs.

QUELQUES ECLAIRCISSEMENTS SUR LES RESPONSABILITES DES UNS ET DES AUTRES.

Le trésorier s’occupe des finances, il est le chef de département des finances de l’église. Il rend compte
au trésorier général de l’église. Dans chaque district il y a un trésorier. Dans chaque paroisse il y a un
trésorier, le trésorier régional supervise les activités du trésorier de district. Celui de district supervise
les activités du trésorier des paroisses.

Ce sont les pasteurs présidents qui sont des ordonnateurs des dépenses. Ce sont les trésoriers qui
font les rapports de la gestion à la hiérarchie de l’église. Le trésorier rend compte de la gestion de la
structure.

Le trésorier veille à l’application du budget. Le pasteur peut ordonner une dépense lors budget, le tré-
sorier ne rejette pas mais il le rappelle à l’ordre.

Le Censeur joue le rôle qu’effectue le commissaire aux comptes dans toute entreprise. J’ai exercé cette
fonction pendant 11 ans. J’ai démissionné de cette fonction pour des raisons personnelles.

Les anciens d’église veillent au bon fonctionnement d’une paroisse et travaillent en collaboration avec
le pasteur.

Il faut dire que même une annexe a ses anciens. En un mot les anciens collaborent avec les respon-
sables ecclésiastiques pour le bon fonctionnement des annexes et des paroisses.
Ils sont aussi les gardiens des biens meubles et immeubles. Ils rendent compte aux assemblées
d’église. Les anciens veillent à la fidélité des prédications (des enseignements) des responsables
d’église. C’est un sacerdoce, c’est bénévole, il n’y a pas de salaire. Il y a juste une satisfaction morale
d’avoir fait ce qu’il fallait faire

La mésentente entre le clergé et le laïc peut provenir de l’infidélité à l’évangile des uns et
des autres et de la non application des textes de base de l’église

A l’EEC le sacerdoce universel est de règle c'est-à-dire le clergé et le laïc sont obligés de collaborer.

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Pourtant hélas, il y a des brebis galeuses qui éprouvent de temps à autres la bonne marche de l’église.
Quand ils sont rappelés à l’ordre, ils inventent, n’acceptent pas de gaieté de cœur qu’on leur adresse
des avertissements, parce qu’ils ont posé des actes non-conformes à la vérité.

Les anciens honoraires sont obligés d’assister aux réunions statutaires dans la paroisse et au consis-
toire on devient un consultant à vie, on devient un conseiller. On devient enfin sénateur de l’église dans
la paroisse.

J’ai participé à plusieurs travaux de révision et de toilettage et même de rédaction des textes de base.

Avant le mandat des anciens était illimité, maintenant limité à 7 ans et non renouvelable au même
poste. Il y a 4 ans ou 7 ans, les mandats ont la même durée.

Le synode général de l’église est rotatif et se tient une fois l’an, dans une région synodale donnée. On
a hérité cette pratique des missionnaires qui ainsi tenaient à compter l’ordre de création de chaque
région synodale.

L’église évangélique a pour ainsi dire, hérité cette base de classement laissée par les missionnaires.

Après 30 synodes, je connais tous les sièges régionaux de l’EEC, j’ai aussi accompagné plusieurs pré-
sidents de l’église dans leur tournée pastorale. Je maîtrise parfaitement l’implantation géographique
de plusieurs paroisses.

Lorsque le président de l’église est en tournée, il visite toutes les paroisses, Or à chaque fois, j’étais
avec eux. J’ai bénéficié de mes bonnes relations avec les présidents pasteurs pour aller au Nord, à
l’Est et partout. J’ai même pris la pirogue pour aller à Yabassi.

Je suis allé à Moanko dans la Sanaga Maritime. On voyageait avec nos lits picots et on dormait dans
les temples. Il y a des moments aussi, où les régions se débrouillaient pour nous trouver les chambres
chez les fidèles. Le synode général dure 3 jours. La commission exécutive siège 3 jours avant le synode.
Ce qui fait que je passais pratiquement une semaine hors de mon domicile.

J’ai apprécié le dynamisme de plusieurs présidents de l’église. La consécration des pasteurs se fait
pendant les cultes de clôture du synode général.

J’ai apprécié l’acharnement, le goût du travail bien fait de tous les présidents de l’église : D’Elie
MOUDJO jusqu’au président actuel en 2011. Tous m’auront marqué de part :
- leur forte spiritualité
- leur forte personnalité
- leur humilité
- leur charisme
A chaque fois on a toujours eu la main de Dieu dans le choix de ces hauts responsables.
Elie MOUDJO était un homme calme, profondément spirituel.

KOTTO était homme charismatique, autoritaire, le président AHIDJO avait peur de lui, il a ébranlé le
christianisme en Europe. Au point où lorsque vous étiez de l’église évangélique du Cameroun, on vous
demandait : « vous êtes de l’église de KOTTO ? ».

Le CEVA ou le MEVA était égal à KOTTO.

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Avec sa forte personnalité et sa rectitude morale, il ne s’entendait pas avec Tchakounté, cela va durer
10 ans.

J’étais formateur des élèves pasteurs à une semaine de leur fin de formation. Je leur enseignais les
finances et les textes de base de l’église. Quand Elie MOUDJO était le président de l’église, KOTTO
était le secrétaire général.

Le secrétaire général KOTTO était éloquent, il entrait chez le président AHIDJO assez souvent en sa
qualité de président du FEMAC (Fédération des Eglises et Missions Evangéliques du Cameroun), le
siège était à Yaoundé. KOTTO était le représentant des protestants camerounais.

LAMARE était un homme de paix, calme, spirituel et très humble comme Elie MOUDJO. Il fût atteint
par l’âge de la retraite. Les pasteurs vont à la retraite à 70 ans, les évangélistes aussi. NJIKE avait une
forte personnalité et il était aussi d’une fermeté appréciable. La mort aura emporté FOCHEVE au cours
de son deuxième mandat, il était très éloquent et très travailleur, très attentif aux doléances des uns
et des autres.

Il sera le premier pasteur président à mourir en poste sans atteindre l’âge de la retraite. Il avait 63 ans
quand il mourrait.

BATOMEN sera successeur constitutionnel, il va terminer le mandat de FOCHIVE et sera élu pour 7 ans.

C’est moi qui l’avais introduit au bureau de l’église en 1999.

QUELQUES REGRETS CEPENDANT.

L’église gagnerait beaucoup à avoir une gestion plus rigoureuse. A l’église on parle plus du langage
du cœur que du langage de la raison.

Bien que l’église doit être un modèle de pardon, elle a ainsi ouvert la porte à l’impunité. Les gens s’ac-
caparent des biens de la communauté. Il manque la rigueur dans la gestion administrative et du per-
sonnel.

Si les pères fondateurs pouvaient renaître de leur cendre, ils seront heureux de voir une église qui s’est
considérablement développée sur le plan géographique. Ils auront aussi beaucoup de regrets en
constatant le dérapage de certains bergers :
- dénonciation fallacieuse
- affairisme
- cupidité
- dépravation des mœurs
- matéréalisme
- course au pouvoir

Le mouvement pentecôtiste fait du chemin dans l’église, encouragé et pratiqué par certains bergers.
Une bonne partie des bergers ne défendent plus l’orthodoxie de l’église, ce qui est regrettable.

Il manque de modestie à beaucoup de bergers, chacun veut tout et tout de suite. Le paraître a pris le
pas sur l’humilité, avec cela, on ne peut pas être clair dans la gestion.

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QUELQUES SUGGESTIONS CONSTRUCTIVES.

L’évolution de l’église ainsi que ses différentes reformes proviennent des laïcs. Ce sont eux qui font
l’église. Il faudrait que chacun reste à sa place, le conflit vient du fait que le pasteur mit à l’écart depuis
veut aujourd’hui reprendre la place du laïc.

L’idéal serait que chacun garde sa place. Je constate pour le déplorer que beaucoup de laïcs entrent
à l’église pour commander, surtout les retraités. Après une vie intense dans l’administration publique
et privée, ils veulent tout changer à l’église sans bien connaître l’église. Même dans les réunions des
chrétiens. Ils confondent pour ainsi dire :

L’évolution et la révolution.

On ne s’aurait tout changé tout de suite.

L’église n’est pas du monde, c’est vrai, mais elle est encore dans le monde.

Il faut bien qu’ils se souviennent de cela.

Une grâce de Dieu à partir de 1999, j’étais le doyen des membres de la commission exécutive, j’étais
très écouté. J’étais un membre très influent.

L’université de l’église évangélique du Cameroun.

Des années durant, l’église évangélique essayait désespérément d’obtenir l’ouverture et la création
d’une université.

Fatiguée de demander sans suite, l’église va se décourager. Le pasteur Jean Blaise va faire de ce pro-
blème son problème particulier. Il ira rencontrer des chefs traditionnels du Sud et cela prendra du
temps ceux-ci l’introduiront chez le ministre de l’enseignement supérieur. Cependant il faudra l’auto-
risation de la hiérarchie de l’église c'est-à-dire du pasteur FOCHIVE.

Une fois de plus, ma sincère collaboration avec FOCHIVE va prévaloir. L’intérêt du grand nombre était
en jeu.

Je me suis rendu à Foumban prendre l’accord de FOCHIVE avec sa carte nationale d’identité pour éta-
blir son extrait de casier judiciaire.

Il fallait obligatoirement un parrainage d’une université d’état.

CHAPITRE XII : LE CHEF TRADITIONNEL DE IIIème DEGRES.

En 1966 au terme d’une tournée d’inspection de l’arrondissement de Bandjoun, l’Inspecteur Fédéral


ANDZE TSOUNGUI (anciennement gouverneur), avait convié tous les chefs traditionnels, ainsi que tous
les grands responsables de l’arrondissement pour une soirée gastronomique.

Etant l’unique établissement de l’arrondissement, le collège Elie Allégret verra son Directeur invité. C’est
au cours de cette soirée que le chef Bayangam et mai, on s’est connu, lui surtout puisque tout Bayan-
gam connaît son chef. Il m’invite à la chefferie. Il s’est rendu compte que j’étais le fils d’un ancien grand
serviteur du chef.

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Quelques semaines après, j’étais devenu membre fondateur des Lions Club, mis en place par le gou-
verneur MEDJO AKONO Marcel.

En Février 1975, lors des funérailles du feu pasteur NENKAM, exécuté le 09 Avril 1960 à Bayangam par
les maquisards, à la veille des élections des députés à l’assemblée fédérale, les enfants du défunt
organisaient une messe d’action de grâce à la mémoire de leur père, c’était le jour des élections des
députés à l’assemblée législative le 10 Mars 1960.

Ce jour macabre, en dehors du pasteur, le curé sera aussi exécuté en brousse. Considéré comme
martyr, le gouvernement était représenté par le gouverneur MEDJO AKONO à ce culte d’action de
grâce.

Le gouverneur arrive à Bayangam, aucune autorité pour l’accueillir, ni le chef, ni le sous préfet, ni le
préfet. Par contre le siège du chef est bien arrangé, mais il n’est là. On a bousculé les gens comme on
pouvait et on a installé le gouverneur tout en préservant jalousement la chaise du chef.

Quand le chef est arrivé, c’était un drame étant donné que le gouverneur était là depuis.
Il est allé s’asseoir à la tribune, mais pas dans sa loge.

Au moment de retourner sur Bafoussam, le Gouverneur a demandé au chef de le retrouver dans sa


résidence dans les jours qui suivaient.

Une semaine plus tard, j’étais invité chez le Gouverneur, avec tous les autres membres du Lions Club.
Dans l’ancienne résidence, le gouverneur vivait au premier étage et les bureaux étaient en bas.

Nous étions invités à déjeuner. Au milieu des escaliers, je comprends quelqu’un toussé en bas, comme
pour me dire qu’il est là, je me retourne, qui est ce que je vois ? Le chef Bayangam, assis sous l’escalier :
- Qu’est ce que tu fais là Sa Majesté ?
- Je suis arrivé et on m’a dit d’attendre ici sous l’escalier.
A l’intérieur, je me rends vers le Gouverneur :
- il se trouve que notre chef est assis sous l’escalier. Qu’est ce qui se passe ? Le gouverneur de dire :
- Il est en prison, vous les bamiléké vous êtes même comment, vous arrangez une chaise pour votre
roi et vous oubliez le représentant du gouvernement. Au Lions Club, on, se tutoyait.
- Je ne peux pas manger quand mon chef est assis sur le tabouret.
- J’ai négocié et il a exigé une caution de 400.000 F pour laisser le chef partir. Je me suis engagé. Il
m’a dit d’aller demander au chef de partir.
- Le Gouverneur te demande d’aller attendre à la chefferie.
A la fin de la manifestation, je suis allé rendre compte au chef au village. Il m’a remis 200.000 F comme
avance pour le Gouverneur. Il m’a dit qu’il ne savait pas que le Gouverneur allait venir.
- Sa majesté, désormais il faudra faire attention.
Le Gouverneur prendra les 200.000 F et me dira qu’à cause de moi, la procédure est terminée.
Je retourne rendre compte au chef et lui de dire :
- Je comprends que tu remplaces valablement ton grand père qui avait suivi mon grand père. Je fais
de toi un grand notable et un confident. Je te nomme Sah Nouonéné, qui ne dit que la vérité depuis
1966 que je le connais.

Ce chef était chrétien catholique convaincu, il fût moniteur à l’école catholique avant de devenir chef.
Il réunit les grands notables de la chefferie et leur dit qu’il fait de moi un grand notable d’un genre
assez particulier.

TANKOU PHILIPPE
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BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:38 Page166

- Il ne fera jamais les rites de la société secrète. C’est un notable chrétien (en langue vernaculaire, la
consonance est plus forte ont dit ‘’WABO Chréte’’).

Notre intimité est allée grandissante, il venait chez moi et moi je me rendais à la chefferie. J’entrais
dans sa chambre prendre le bon vin de raphia qu’on buvait ensemble. On se tutoyait.

Je rédigeais tous ses discours, je suis devenu son secrétaire particulier. Lorsque le pasteur président
Elie MOUDJO, ancien président de l’église évangélique du Cameroun, à la retraite décède. Je suis allé
l’informer et je lui ai demandé d’être présent dès la veillée du plateau – Bafoussam, jusqu’à l’enterre-
ment à Bayangam, ce qu’il a fait.

Des mois plus tard, les enfants, la famille, les amis d’Elie MOUDJO ont organisé les funérailles qui
consistaient en un culte d’action de grâce et danse de tambours.

A cet effet le pasteur président régional NJOUOMKWO François est allé voir le chef pour l’inviter. Il avait
donné son accord. Les conseillers et les notables lui diront que ce jour était ‘’interdit’’ au village.

Les préparatifs étaient suffisamment avancés, le chef envoie dire à la veuve que la manifestation ne
pouvait pas avoir lieu parce qu’elle coïncidait avec un jour sacré. Un jour, non ouvrable parce que in-
terdit. Maman Christine (la veuve) vient me voir tout en pleurant.

- Le chef refuse le deuil de ton père.


Je suis allé voir le chef pour m’enquérir de la situation. Il me répond qu’il donnait son accord sans
savoir que c’était un jour sacré. Je lui dis :
- C’est lorsqu’on joue les instruments traditionnels utilisés lors des funérailles qu’on viole ‘’l’interdit’’ ou
le ‘’sacré’’. On devait utiliser les fanfares pour rendre gloire à Dieu comme le font tous les chrétiens de
l’église évangélique du Cameroun.

Il avait confiance en moi, il m’a dit d’aller leur donner son autorisation. Je lui ai dit de ne pas manquer
à la cérémonie.

Je porterai la nouvelle aux organisateurs et à tous les amis de la famille. Le matin, je me rends à la
chefferie lui rappeler de ne pas manquer. Il s’apprêtait à s’y rendre.

Une grande collation aura lieu à la fin. Un site était aménagé pour les notables et les grandes per-
sonnalités.

Comme le chef était reçu préférentiellement à part, à la fin je lui demande qu’on fasse un tour pour
qu’il s’imprègne des invités à notre grande surprise, on trouve les grands notables assis :
- Vous m’aviez dit qu’on interdise le deuil et vous voilà. Sans mon fils que voici, je ne serais pas là. Et il
se retourne vers moi, je t’avais nommé Sah Nouenéné. Désormais je te fais WABO Nouenéné.

Nous sommes en mars 1982 et en 1983, soit un an après, il me remet son testament et me désigne
chef de troisième degré et il obtiendra mon installation officielle du sous préfet. Devant mes sujets,
quand je parle on ne discute pas. Je suis un notable assermenté à vie.

J’assume les fonctions de chef traditionnel, auxiliaire de l’administration et représentant du chef auprès
de la population dans le village.
Il faut préciser ceci :

TANKOU PHILIPPE
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- Les quartiers d’autrefois sont devenus les villages.


- Les villages d’autrefois sont devenus les regroupements.

Ma descendance c'est-à-dire mes héritiers successifs s’appelleront WABO Sah Nouonene.


Je suis parmi les privilégiés qui initient le nouveau chef. Dans les villages bamiléké, les riches ont dé-
naturé la notabilité. Ce qu’on méritait par les actions positives qu’on posait, aujourd’hui on achète. Un
jour tous les riches du village deviendront des notables. La structure des chefferies Bamiléké est la sui-
vante :

1- Le chef ; 2 Le sous chef


Les neufs notables n’interviennent que lors de la mort de l’ancien chef, l’arrestation et l’intronisation
du nouveau chef. En réalité ils sont 8, puisque le chef fait parti des 9. On les appelle aussi les 7, ils sont
les conseillers à vie du chef. Ils initient et après la prise de fonction du chef, ils conseillent.
Dans le Noun, ils étaient 7 mais le sultan a ajouté le 8ème en la personne de feu Pasteur Chandon
Rudolph (sa descendance et lui) parce qu’il a réussi le pari extraordinaire de traduire la bible et les
cantiques en Bamoun.

Les ‘’WABO’’ encadrent le chef.


Parmi les 9 et les 7, le chef a ses confidents. Il y a ceux à qui il dit ses difficultés, ses bonheurs, ses
soucis et ses préoccupations.
Le chef me remet le testament en 1983, je le garderais jusqu’en 2001. A chaque fois, il me demandait
où est le colis que je t’ai donné, je le rassurais.

A sa mort, il avait officiellement 84 ans. Mais nous autres, on savait qu’il avait 87 ans. Je ferais exac-
tement ce qu’il m’avait demandé.
L’administration de la chefferie n’est pas comme l’administration publique. Quand le chef ne peut pas
assister à une cérémonie, il choisit un ‘’Walla’’ qui le représente. Le pouvoir exécutif du chef est assuré
au quotidien par le chef et ses ‘’Walla’’.
Les ‘’Walla’’ ne sont pas les ‘’Wabo’’, ce sont les serviteurs du chef. Mais jouent le rôle de premier mi-
nistre et de ministre.
Pour représenter le chef dans une cérémonie quelconque, il faut préciser deux aspects fondamentaux :
- La nature de la cérémonie
- Le jour de la semaine où la cérémonie a lieu.
Par exemple si c’est le ‘’Tsè-tsè’’ c’est le ‘’Walla ka ‘’ qui participe. Le premier ministre, c’est le ‘’Walla
Ka’’. Le ministre de l’intérieur c’est le ‘’Walla Tim tse’’. Il y a un ‘’Walla’’ qui s’occupe de l’encadrement
des femmes du chef.

Il y a un ‘’Walla’’ qui s’occupe de la communication, c’est lui qui donne les grandes nouvelles. Il y a le
‘’Walla Fen Nsi – Nsi’’.

Dans tout ce qui se passe à la chefferie Bayangam, on sait apporter la lumière de l’évangile. Au-
jourd’hui lorsqu’il y a des grandes réceptions à la chefferie, le chef actuel me demande :
- Père prie en Patois et en Français.

A la mort du chef en 2011 il y a eu beaucoup de tractations en vue de changer le testament, avec la


participation de l’administration en l’occurrence, le préfet du Koung-khi.

Tout le monde, même les détracteurs savaient que j’avais le vrai testament. Ils m’ont contacté pour
qu’on change. J’ai refusé.

TANKOU PHILIPPE
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L’adjoint du chef, le sous-chef avait dit à l’administration toute la proximité qui existait entre le feu chef
et moi.

Sous les conseils du chef Ngnie, le préfet m’a appelé et m’a intimé de lui remettre le testament, je n’ai
pas remis. LE chef s’est aussi attaché à moi parce que dans les moments difficiles, j’étais proche de
lui.

Quand je suis allé le voir à l’hôpital Bangwa où il était hospitalisé, il m’a remis un sac contenant :
• sa carte nationale d’identité
• son carnet bancaire
• et bien d’autres documents confidentiels.
Il disait à tout le monde ceci :
- Si je meurs, qu’on laisse mon corps pour que WABO Nouenene vienne chercher.
- A ma mort s’il dit n’importe quoi, c’est vrai.

Gravement malade, je suis allé le voir à l’hôpital, à une heure quelconque, il m’a demandé de rentrer
parce qu’il se faisait tard. Il rendra l’âme à 5 h du matin.

En réalité, il voulait m’épargner ce choc d’être présent pendant qu’il mourra.

Je dois signaler que chaque fois qu’il était malade on m’appelait et je le transportais à l’hôpital.

Pour que son successeur actuel hérite, je me suis trop battu. L’héritier actuel est conscient de l’intimité
qu’il y avait entre son père et moi. Il a fait de moi son père spirituel. Le 15 Janvier 2006, il m’a nommé
chef de la communauté Bayangam de Bafoussam. Il m’a aussi donné un 3ème nom : WABO Tsie feu
m feu Wabo Saah Nouoneneu. Dans l’histoire du village Bayangam, c’est la première fois qu’on élève
un dignitaire à un pareil rang. Il me consulte dans toutes les grandes décisions de la chefferie.

CHAPITRE XIII : MEMBRE FONDATEUR DU LION’S CLUB BAFOUSSAM

Le Lion’s club est une association de bienfaisance comme le Rotary Club et bien d’autres.
Le gouverneur MEDJO AKONO était membre du Lion’s Club à Yaoundé, c’est lui qui apporte l’idée.
Nous adhérons :
• NKOM Jean
• NTENKEU Adolphe
• FANKAM Henri
• Maître NZEUKOU Barthélemy
• Le chef SOKOUDJOU Jean Rameau
Plus tard viendront :
• KAKEU Zaché (maire de la commune rural)
• Docteur DIESSE Mathias
• Docteur KODJA Alexis
• Guy de Celly Sylvestre, un professeur européen du Lycée Classique de Bafoussam
• TANKOU Philippe

Le but du Lion’s club est de faire des œuvres sociales et philanthropiques aux nécessiteux.

Nous avons dans ce cadre réalisé énormément des œuvres philanthropiques. L’une de nos œuvres

TANKOU PHILIPPE
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est la mise sur pied et le don d’une banque de sang à l’hôpital régional de Bafoussam.
Les membres sont essentiellement les gens généreux. La cotisation mensuelle est de 30.000 frs cfa.

CHAPITRE XIV : MA VIE SPORTIVE.

Je pratiquais déjà le football à l’école primaire, au collège, la panthère de Bangangté me repère dans
l’équipe du collège. Je vais y jouer pendant 3 ans. Ce sont les troubles politiques qui vont stopper notre
élan sportif. On jouait en 2ème division.

A Nkongsamba, j’ai joué dans l’aigle en 1ère division pendant 2 ans. Un accident au cours d’un match
avec fracture de la main gauche m’a éloigné du stade. L’équipe va m’enrôler dans le staff dirigeant
comme vice-président.

Pour un élève, c’était beaucoup. J’étais écouté. L’aigle va contribuer à mes soins.

Plus tard, alors que l’exerçais à Mbo, j’allais voir régulièrement les matchs de l’aigle à Nkongsamba
ainsi que dans les environs. Je m’acquittais de mes cotisations de membre.

Ceux des élèves du collège Elie Allégret qui étaient de bons joueurs vont s’unir à d’autres équipes
civiles pour qu’on mette sur pied : Centaure de Bandjoun, une équipe de 2ème division afin d’animer
l’arrondissement Il y a un ancien joueur de Centaure qui deviendra professeur d’éducation physique
et sportive.

Il y avait aussi un joueur qui était maître à la mission catholique. Il était gardien de but.
Je fus encouragé dans cette initiative, par Monsieur OUAFO NKOUANGA Thomas, instructeur de la
jeunesse de ses sports de l’arrondissement de Bandjoun.

Les spectateurs aiment le football, ils ignoraient que j’étais à la tête de l’équipe.

Au bout d’un an, je m’envole pour l’Europe et je laisse l’équipe à OUAFO KOUNGA.

De retour en 1970, je reprends l’équipe, il avait recruté des nouveaux joueurs. Je conduis l’équipe pen-
dant deux ans. 1970 – 1971, 1971 – 1972.

En 1972, GOUONGO Gabriel, père de l’actuel directeur général des Brasseries prend l’équipe.

Ayant vu mon acharnement et mon travail dans Centaure, Racing de Bafoussam me sollicite pour
être Vice-président. Le président était NGOMPE Elie.

C’est en allant dans Racing que j’ai laissé l’équipe de Centaure à GOUONGO Gabriel, il faut dire que
le Centaure n’avait pas de problèmes, tout le monde finançait le Centaure :
• Chef KAMGA
• Le sous-préfet
• Les généreux donataires.

Les opérateurs économiques de l’extérieur ne finançaient pas. La même année dans Racing, je suis
vice président, Directeur sportif et je suis élu membre du comité central de la FECAFOOT. J’ai remplacé
le chef Bafoussam au comité central de la FECAFOOT.

TANKOU PHILIPPE
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Il faut préciser que élu au congrès provincial de1972, je devenais membre du comité central et repré-
sentant de la ligue de football de l’Ouest en remplacement du chef Ngompé.

C’est le gouverneur MEDJO AKONO qui avait suscité ma candidature, pour qu’on m’élise à la place
de Ngompé.

Je faisais beaucoup pour le Racing club. Je finançais le Club, je les hébergeais chez moi à la veille
des matchs.

A l’assemblée générale de la FECAFOOT, j’avais été élu président de la commission provinciale des
arbitre de football de l’Ouest en 1972, poste que j’ai gardé jusqu’en 1990.

C’est la commission qui désignait les arbitres pour les matchs de 2ème division de la province.
Je fus président du Racing club de Bafoussam pendant 17 ans.

On mettra par la suite, sur pied un conseil d’administration et je suis devenu secrétaire général de ce
conseil d’administration.

Au courant de la même période, j’étais trésorier provincial de Football de l’Ouest.

Pendant 10 ans j’ai été président de la ligue départementale du football de la Mifi.

Précisons que le 1er acte du conseil d’administration était l’achat d’un car pour le Club.

Nous serions à quatre pour cotiser et acheter ce car, il s’agira de :


• CHIMI Paul (chef service provincial du Cadastre de l’Ouest)
• TENKEU Adolphe
• Chef NGOMPE Elie
• Moi

Au congrès provincial de Football de novembre 1990, je passerais de trésorier provincial de football à


président provincial de football de l’ouest.

Au congrès national de 1992, je suis élu deuxième vice président de la fédération camerounaise de
football.

Le président était MAHA Daher


Le 1er vice président : GUEWA Omer
Le 2ème vice président : NKOM Jean

J’exerçais ces responsabilités tous en gardant mes autres fonctions à l’Ouest. J’ai abandonné le football
en 1996, parce que les politiques s’étaient trop installés dans la gestion de football, ainsi que le mer-
cantilisme.

Il y avait une course effrénée vers le pouvoir quitte à ce que vous soyez tués. Les gens avaient des
ambitions démesurées.

J’ai déposé ma démission à tous les postes que j’occupais au football. Et pourtant le football était ma
passion. Avec du recul et vu l’évolution du temps je condamne :

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• L’affairisme dans le football


• Le népotisme dans ce sport
• La corruption.

Le football a perdu son sens, on se bat à la tête des équipes pour placer les joueurs.
Je regrette aujourd’hui, plus qu’hier, les responsabilités mis en cause des un et des autres qui ne sont
plus mus par l’amour du sport.

En 1972, pendant la 8ème coupe des nations, je partais de Mbo à voiture pour aller voir les matchs des
lions à Yaoundé mais surtout à Douala.

Pendant tout le temps que j’ai passé au football, je n’ai jamais cru aux pratiques occultes comme le
laissaient croire certains.

J’ai dépensé beaucoup dans le Racing sportif de Bafoussam. Cette équipe m’a ruiné.
Le football est le seul sport où tout le monde connaît, sinon croit connaître toutes les règles. On m’a
truandé au football. On a trop menti sur ma personne.

J’ai été plus combattu par des personnes qui n’étaient pas du staff dirigeant, des gens qui parlaient
du football, se mêlaient du football, tout en étant loin de ses sphères.

Merci Jésus Christ Notre Seigneur et Sauveur.


AMEN.

CONCLUSION

On croyait à tord que la pénétration de l’évangile aura un frein à cause de l’indépendance et du départ
des premiers missionnaires européens, que non, il s’en suivra une expansion plutôt, une progression
qui se poursuit encore de nos jours. Le monde a beau être méchant, ingrat et incompréhensible, il
existe encore grâce à la bonne graine de l’évangile des premiers missionnaires des vrais hommes
de Dieu qui forcent l’admiration et le mérite.

Fin du tome 1

TANKOU PHILIPPE
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BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:38 Page172

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UN HOMME D’EXCEPTION

SAMUEL MBOU
* 1er Délégué du Gouvernement de la ville de Bafoussam
1996 – 2009 (13 ans au service de la Communauté Urbaine)
* Directeur Général adjoint de la CAPLAMI 1966 – 1970
* Directeur Général de la CAPLAMI 1970 – 2002
(32 ans au service du monde rural)

Première Partie

SAMUEL MBOU
UN HOMME D’EXCEPTION 173
BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:38 Page174

INTRODUCTION

A l’heure où le monde vit une véritable crise morale et éthique, où les gouvernants de manière
désespérée recherchent un nouveau souffle pour remettre les pendules à l’heure, et enclencher
résolument le développement, il est urgent de donner à méditer à nos contemporains et aux gé-
nérations futures : la vie de quelques hommes qui ont marqué leur temps. Nous sommes per-
suadés que nos élites, qu’elles soient politiques, économiques et intellectuelles n’ont pu arriver
au sommet et s’illustrer comme des références, que parce qu’elles sont porteuses de valeurs es-
sentielles, susceptibles de servir d’exemple aux jeunes qui pour l’essentiel n’ont plus de repères.
Nous sommes convaincus que la vie de tout leader est riche d’enseignements que chacun peut
capitaliser et s’en inspirer pour construire lui-même ses propres victoires. Nous avons besoin
pour nous propulser vers les cimes, de ressorts solides fondés sur des valeurs de travail, d’en-
gagement, d’honnêteté et de courage.

Celui qui retient notre attention aujourd’hui peut prétendre à raison être dépositaire de ces valeurs.
Il s’agit de : Samuel MBOU

Il est urgent de mentionner que, le niveau de langage utilisé a été fait à dessein, pour permettre
que tout le monde puisse lire et comprendre quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle.

Vous constaterez par ailleurs que nous nous répétons assez souvent, c’est intentionnel chez nous
cette pratique EST très répandue. Les parents doivent redire la même chose plusieurs fois pour
que les enfants comprennent.

Nous sommes très heureux et il nous est particulièrement agréable de partager avec vous, un
moment d’exception, sur une histoire exceptionnelle, d’un homme exceptionnel, dans une ville
exceptionnelle, dans une région exceptionnelle.
Pour ceux qui aiment les chiffres : 70 ans est son âge, 32 ans est sa durée à la direction d’une
très grande coopérative, 13 ans est le temps mis à la direction d’une grande communauté, 8 est
le nombre de ses enfants, 10 est le nombre de ses petits-fils.

Sur ce, nous vous convions de voyager avec nous au cœur de la vie d’un homme, au cœur de la
vie d’une ville, au cœur de l’évolution d’une région, dans le centre névralgique d’une tribu, d’un
peuple, d’une ethnie et même d’un monde : le monde Bamiléké. L’âge sombre de la région se
situe paradoxalement en amont et en aval de son âge d’or.

L’âge sombre en amont, ce sont ces milliers de morts, c'est-à-dire ces milliers de personnes
tuées ou assassinées dans l’indifférence totale au moment des luttes armées pour les indépen-
dances. L’âge sombre en Aval, ce sont ces milliers de misérables et de misérabilistes qui crèvent
au quotidien à cause d’une pauvreté atroce et viscérale. Ce sont ces milliers de diplômés d’en-
seignement supérieur, qui n’auront jamais la chance d’exercer un emploi toute leur vie. Ce sont
ces milliers de sans emploi, dont tout les rêves se situent au niveau de la survie. Ce sont aussi
ces milliers d’enfants, que la misère et la pauvreté ont éloignées définitivement de la route de
l’école. Ce sont également toutes ces personnes qui ne mangent pas à leur faim, qui ne se soi-
gnent pas décemment quand ils sont malades. Ce sont ces milliers de tradi praticiens qui vendent
les rêves et les illusions en « soignant » le physique, le mental et même l’âme pour moins que
rien.

L’âge d’or c’est la belle époque où le café se vendait très bien sur le marché international et où
les retombées étaient là. Cela a duré 20 ans voire même 30 ans. Aujourd’hui, le salut viendra de

SAMUEL MBOU
174 UN HOMME D’EXCEPTION
BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:38 Page175

l’agriculture et de l’élevage certainement parce que le champ ne trompe pas, et surtout que l’agri-
culture fera vivre l’élevage. Parce que les produits du champ feront vivre les volailles et les autres
animaux, domestiques. Et à la fin les fientes des animaux enrichiront le sol et feront pousser les
produits champêtres.

Il y a cependant quelques notes d’espoir : les yeux sont tournés vers la diaspora qu’on attend
beaucoup, il y a aussi des éventuels jumelages avec les villes européennes, Asiatiques ou Amé-
ricaines qu’on attend beaucoup. Il y a qu’avec ses millions d’hommes, l’Ouest constitue une main
d’œuvre bon marché et des consommateurs formidables. Un marché de plus d’un million
d’hommes, c’est tout de même plus d’un million de consommateurs potentiels pour les éven-
tuelles entreprises qui voudront bien s’installer. Peut être faut-il préciser qu’à l’Ouest il n’y a pas
beaucoup d’entreprises et pourtant l’ouest en a tant besoin.

NB : Le million dont on fait allusion est modeste, étant donné que la population de l’Ouest est au-
dessus de ce chiffre.

Bafoussam est la 3e ville du Cameroun en population et en développement urbain. C’est la capi-


tale de la Région de l’Ouest, c’est une mégalopole qui compte près de 500 000 habitants. C’est
une cité située à l’épicentre de la Région de l’Ouest. Bafoussam ville est la jonction à part plus ou
moins égale de trois villages limitrophes à savoir : Baleng, Bafoussam et Bamougoum. Il ne s’agit
pas de la totalité de ces villages, mais d’une portion de chacun. Bien entendu on dit Bafoussam
parce que le centre administratif à savoir la Région, la préfecture, le palais de justice, les finances
et la poste se trouvent du côté de Bafoussam. Ce sont les Français qui l’avaient décidé ainsi. Mais
au début en raison de la clémence de son climat, la ville de Dschang jouait le rôle de capitale
Régionale. Il fait plus froid à Dschang qu’à Bafoussam. Les Allemands avaient choisi cette ville et
par la suite les français l’ont adopté. C’est vrai, qu’historiquement le village Dschang n’existe pas.
Les auchtotones ont donné ce nom pour la simple raison que la justice se rendait là-bas. Il y
faisait froid comme en Europe. Dschang même d’ailleurs signifie palabre dans toutes les langues
de l’Ouest du cameroun. Mais Dschang est situé à la périphérie de la Région, or habituellement
l’administration va du centre. Il aurait été bien difficile à un usager vivant à Bafang, à Bangangté,
de traverser Bafoussam pour aller légaliser un document à Dschang. Il était incompréhensible
de partir de Foumban pour signer son papier à Dschang. Et pourtant cela s’est fait pendant long-
temps, jusqu’à il y a un peu près de 50 ans. En attendant la ville de Bafoussam est une ville ten-
taculaire au développement extraordinairement rapide avec tout le corollaire que cela pose :
infrastructures routières, scolaires, sanitaires et sans compter l’hygiène, la salubrité et enfin la
gestion de l’environnement. Bref du pain sur la planche, le délégué du Gouvernement en a eu
depuis près de 12 ans. Beaucoup a été fait et beaucoup reste à faire.

* On dit souvent en langue vernaculaire ou dialecte Bamiléké ; ceci « le melon du chef ne pousse
qu’en brousse » ce qui signifie que les chefs et ceux qui ont la charge des hommes sont prédes-
tinés. C’est pourquoi, afin que les générations futures le sachent un jour, afin que les générations
présentes ne l’oublient jamais, il nous a semblé fondamental de pérenniser de son vivant un
grand bâtisseur. C’est notre devoir de mémoire. Le père de Bafoussam moderne. Consigner par
écrit la vie et l’œuvre de ce grand homme est non seulement une marque de reconnaissance,
mais c’est aussi une appréciation à juste titre d’un homme qui préfère passer inaperçu et se
définit beaucoup plus par le travail et non par les paroles futiles. Avec les moyens assez limités
qu’il dispose, il gère au mieux, et il fait en sorte que chaque projet soit exécuté à son moment
propre.

Il nous est particulièrement agréable et nous sommes très heureux de partager avec vous une

SAMUEL MBOU
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histoire, une vie très intéressante. Il s’agit de la vie d’un homme bref de son épopée. Entendez par-
là : sa vie familiale, estudiantine, professionnelle, relationnelle et même sociale. Et derrière cet
homme, la vie d’une ville, d’une communauté ces 70 dernières années. Il n’est pas aisé de s’adres-
ser à une, deux, cinq, dix personnes voire plus, pendant longtemps sans se fatiguer ou tout au
moins sans les fatiguer. D’où la nécessité de consigner ce qu’on a dans le cœur, c’est à dire ce
qu’on voudrait partager par écrit. Nous allons tout d’abord expliciter le pourquoi et le comment de
ce livre ou si vous voulez de ce document. En réalité le tableau qu’on présente de notre monde
aujourd’hui est très triste, ce sont les catastrophes naturelles du fait des hommes ou non par-ci
avec son corollaire de réchauffement climatique, ajouté aux déboisements intempestifs, les émis-
sions de gaz à effet de serre d’une part pour ne citer que ceux-ci avec la mauvaise utilisation des
ressources naturelles et autres. L’effondrement des bourses en occident qui se répercutent en
orient et dans le reste du monde et plus proche de nous, les misères, les maladies, les souffrances,
les désespoirs, les désillusions, les famines, les chômages, l’exil pour ne citer que ceux-ci dans
les pays développés, les excès ont fini par être nuisibles c’est-à-dire le surcapitalisme commercial,
industriel et même financier. Sans oublier le pessimisme ambiant. En clair nos enfants ont besoin
de repère, ils ont besoin d’identité. Or le clientélisme ambiant, la vénalité, le népotisme et surtout
l’ingratitude multiforme, les égoïsmes de toutes les formes, les individualismes de tous les genres
avec comme slogan : « Tout pour soit et rien pour personne ». Tout cela clouant au poteau la
conception africaine de la vie en société à savoir Assistance et solidarité. La proximité de ce docu-
ment nous est d’une grande importance parce que l’histoire de la réussite d’un homme au Brésil,
en Russie, aux Etats Unis ou ailleurs ne nous sera pas aussi édifiante que celle d’un homme de
chez nous, pour ainsi dire proche de nous.

L’histoire qui va suivre aura comme cadre principal, la ville de Bafoussam. Cette ville est au cœur
d’une civilisation millénaire. C’est aussi l’emblème du dynamisme d’un peuple : les Bamilékés.
L’écho et le mérite de ce brave peuple ont non seulement fait le tour du monde, mais le travail et
la détermination des enfants ont laissé les marques positives dans tous les continents. Cette pré-
cision vaut bien la peine. Ce d’autant plus que réussir à être meilleur parmi les meilleurs, comme
Monsieur le Délégué l’a été n’est pas une sinécure. Pendant 32 ans, il a présidé aux destinés de
la CAPLAMI entendez par-là coopérative des planteurs de la Mifi. Dans ce cadre, il était à l’écoute
du monde rural. Etant fils de planteur, il était plus attentif aux problèmes que les paysans pouvaient
avoir. Nous voulons dire par-là, les problèmes culturaux, de familles, consentement des avances
aux agriculteurs aussi en cas de maladie ou toute autre souffrance particulière en période de ren-
trée scolaire, il avait pu ainsi créer une sorte de caisse nationale de prévoyance sociale dont le
centre d’intérêt était orienté vers le monde rural. Un monde rural qu’il maîtrisait parfaitement, parce
qu’étant lui-même fils d’un grand planteur, la précision est très importante pour la suite. Après qu’il
ait amélioré les conditions de vie du paysan, bref après qu’il ait changé la vie des villageois, c'est-
à-dire des habitants de la campagne, encore que certains grands agriculteurs vivent en ville, qu’ils
soient commerçants, fonctionnaires ou même techniciens, c’est alors qu’il se voit confier le cadre
urbain avec sa nomination comme premier Délégué du Gouvernement de la ville de Bafoussam,
cumulativement avec ses fonctions de Directeur Général de la CAPLAMI. Une autre expérience
commence tout aussi exaltante. Celle de la gestion d’une grande cité. Une ville prolifique qui n’ar-
rête pas de s’étendre de façon ordonnée dans certains endroits, mais aussi de manière anar-
chique dans d’autres. Donner une ligne de conduite dans une ville habituée aux vielles mœurs,
ne saurait se faire sans qu’on se fasse beaucoup d’ennemis. En attendant l’aventure se poursuit,
elle a commencé il y a plusieurs années, elle prendra le temps qu’elle prenne et comme Dieu vou-
dra.

SAMUEL MBOU
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Dans ce qui va suivre nous serons très heureux de voyager avec vous au cœur de la vie d’un
homme, l’un des plus grands de sa génération, par ailleurs l’un des plus conséquents aussi. Venu
au monde presque dans l’église, puisque à quelques mètres de l’église Evangélique du plateau,
la main de Dieu était passée par-là, la main de Dieu est restée suspendue sur sa tête. N’est-il pas
écrit dans la bible que « toute autorité vient de Dieu » cela dans le livre de Romains. Dieu, oui, mais
les hommes aussi. Dans son ouvrage « discours sur le fondement et les origines des inégalités au
milieu des hommes » le célèbre écrivain français Jean Jacques Rousseau qui se référant des tra-
vaux de l’écrivain britannique Thomas HOBBES disait ceci : « Lorsque les hommes furent regroupés
en communauté, certains étaient des bons maçons, d’autres des bons menuisiers, certains encore
étaient des bons chasseurs, d’autres étaient des bons meneurs d’hommes, certains enfin étaient
tout simplement très éloquents, et l’estime sociale est né ». Tout ceci ou bien tout cela pour dire
que Monsieur le Délégué est non seulement un bon meneur d’hommes, mais aussi il est un ges-
tionnaire avisé, prudent, calme, humble, réfléchi, tempéré, humain et travailleur pour ne citer que
ces qualificatifs. Au-delà de ses qualités de gestionnaire avisé, il y a aussi qu’il est un chrétien pra-
tiquant qui prie régulièrement et va au culte tous les Dimanches matin à l’Eglise Evangélique qui
l’a vu naître et grandir : « L’église Evangélique du Plateau Bafoussam ».

CHAPITRE 1 : GENESE

A un jet de pierre de la Préfecture de Bandjoun sur la route de Douala, s’étend un grand quartier
sous village du groupement Bandjoun. Le nom c’est NSOUNG. C’est là que tout commence. Un
jeune homme plus au moins visionnaire, plus ou moins illuminé trouve le cadre familial à NSOUNG
où il est né et où il a d’ailleurs grandi, trop étroit pour assouvir ses ambitions. Il décide de migrer à
Bafoussam. Dans ces années trente, il est l’une des rares personnes à avoir la visibilité et surtout
la lisibilité qu’un jour Bafoussam petit regroupement de l’époque sera une grande métropole. Il se
nomme NZUNDIE, il n’a pas de prénom. Il est agriculteur et commerçant. Il pose ses valises à Ba-
leng, à une trentaine de minutes marche à pied du centre commercial en contre bas de l’église
évangélique du plateau, du versant gauche lorsqu’on vient du centre administratif. Son exploitation
agricole aura juste quelques hectares au début, pour devenir 14 hectares par la suite.
Il est accompagné de sa chère épouse : Madame NZUNDIE née MAFFOK Rébecca. En tout cas le
sol est clément, la terre est fertile. Les voisins sont aimables. L’église évangélique trône au sommet
de la colline et sa bénédiction plane sur tout le village. L’éruption volcanique ancienne du Mont
Bapi du côté du Noun a enrichi soigneusement le sol. En tout cas la terre fait vivre son homme et
sa petite famille. Parce qu’il est de descendance royale, parce qu’il est travailleur et déterminé le
chef supérieur Baleng fait de ce nouvel arrivé un de ses notables. Titre de notabilité qu’il gardera
toute sa vie. Et comme c’est héréditaire, il le transmettra à son fils c’est-à-dire à Monsieur le Délégué
du Gouvernement. Il vit de l’agriculture et du commerce. Ce n’est véritablement pas un commer-
çant, tel qu’on peut l’imaginer avec une ou plusieurs boutiques. Mais il s’agit d’un commerce am-
bulant qui s’effectue au gré des marchés périodiques. Il se rend avec ses marchandises dans ces
différents marchés. Le marché périodique, veut dire qu’il y a un jour de marché pour chaque village
et cela chaque semaine. Chaque village à son propre jour de grand marché. Cette pratique a en-
core cours de nos jours. En ce temps là aussi, il n’existait pas ces divisions que certains veulent
créer entre les Bandjouns et les Balengs. Ils sont des cousins. Ce sont des frères et sœurs. En ce
temps là, les Bandjouns se sentaient chez eux à Baleng et les Balengs se sentaient chez eux à
Bandjoun. Historiquement, le premier chef Bandjoun était venu de Baleng et c’est le chef Baleng
qui installe le chef Bandjoun. A côté de lui, il a un support de taille : son épouse.

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CHAPITRE 2 : LA NAISSANCE

En ce jour mythique du 26 Juillet 1939, le jeune couple trouve un moyen de consolider son union,
de pérenniser cet amour naît quelques années plus tôt. Ce cadeau du ciel n’est autre que la nais-
sance d’un jeune garçon, à qui sera attribué le nom de MBOU et le prénom de Samuel. A priori,
le nom est assez révélateur puisqu’il signifie : Innocent en langue locale. Le prénom aussi, Samuel
dans la bible est le fils unique d’un vieux couple qui aura passé toute sa vie sans enfant et qu’à
force de prières, de supplications et de jeun. L’enfant tant attendu viendra alors que le couple
sera très âgé et l’enfant sera consacré à Dieu. Mais le jeune MBOU ne sera pas le premier et le
dernier-né d’une famille. Il sera le point de départ d’une multitude. Puisque après lui, sa maman
fera quatre filles. Et son papa fera plusieurs fils et filles. Par ailleurs, on ne saurait gérer près de
14 hectares avec une seule femme et quelques enfants. Papa NZUNDIE, fort de sa notabilité et
de sa puissance agricole aura plusieurs autres femmes qui lui donneront plusieurs enfants : gar-
çons comme filles. Il y a lieu de faire ici une précision de taille qui sera très importante pour la
suite. La passion de l’agriculture du jeune MBOU, ainsi que sa grande ténacité au temps où il
gérait la CAPLAMI viennent de la grande exploitation caféière de papa NZUNDIE autrefois, parce
qu’il travaillait là bas avec sa famille, les problèmes du monde rural n’ont pas de secret pour lui.
Lorsqu’on est garçon unique au milieu des filles et surtout lorsqu’on est l’aîné, cela va de soi et
c’est démontré qu’on a une forte personnalité parce qu’on doit décider par soi tout seul. En fait,
le monde des femmes est vraiment différent de celui des hommes. C’est de là que provient son
sens de meneurs d’hommes d’où le grand directeur de la CAPLAMI qu’on a connu autrefois et
de grand Délégué du Gouvernement qu’on connaît aujourd’hui.

CHAPITRE 3 : LES SŒURS CADETTES

Ce sont les filles de maman MAFFOK Rébecca et de papa NZUNDIE. Par ailleurs sœurs cadettes
de Monsieur MBOU Samuel. MEPOUOKAM Jeanne, mère d’une famille nombreuse qui malheu-
reusement est aujourd’hui décédée, paix à son âme. MOTUE Jacqueline, MEFE Rachelle, Homo-
nyme de la grand-mère paternelle, MEFOTIE Aude Homonyme de la grand-mère maternelle.
Elles sont toutes mères et grands-mères.

CHAPITRE 4 : MAMAN MAFFOK REBECCA

Elle est morte, il y a exactement deux ans dans la concession qui l’a vu jeune mariée et où elle
a vécu régulièrement pendant plus de soixante dix ans. C’est dans sa maison qu’elle est morte
en paix. C’était une maman qui savait aimer ses enfants. Elle vivait harmonieusement avec tout
le monde, elle était une épouse soumise et dévouée. En tout cas ses filles étaient très proches
d’elle. Qui sait, peut être c’est pour cela qu’elle a vécu aussi longtemps. C’était une femme posée
et très travailleuse. C’était une épouse obéissante qui ne discutait jamais les ordres de son mari.
Tout ce que son mari décidait, elle acceptait et suivait simplement et docilement ses ordres, ses
instructions et ses recommandations. Cela se passait ainsi quand le couple était monogamique
et même plus tard quand le couple deviendra polygamique.

CHAPITRE 5 : PAPA NZUNDIE

Il est mort, il y a cinq ans. C’était chez lui-même ici à Baleng. C’était en 2003, il avait 95 ans. Il
avait eu beaucoup d’enfants de ses multiples femmes, malheureusement, il a vu mourir beau-

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coup de ses enfants surtout des hommes. Ces morts étaient causées par les Hommes, par dieu
ou par le destin ? On ne le saura jamais. Toujours est-il que beaucoup s’étaient caractérisés par
des comportements irresponsables.

Papa NZUNDIE avait été toute sa vie grand Notable, planteur et commerçant. C’était un bon me-
neur d’hommes ceux de ses fils qui l’ont écouté et suivi sont devenus des hommes dans notre
société. Les autres qui ne l’ont pas écouté sont devenus ce qu’ils ont voulu et choisi de devenir à
savoir des hommes de basse échelle.

CHAPITRE 6 : L’ECOLE

A l’âge de six ans, le petit garçon est inscrit à l’école protestante du plateau. Cette école a plusieurs
avantages, mais les avantages principaux restent le Christianisme et la proximité. Au bout de
sept années où il est toujours parmi les premiers de la classe chaque année, le certificat d’étude
primaire en poche, les missionnaires l’orientent tout naturellement au Collège Evangélique de Li-
bamba.

« A la fin des années quarante, le CEPE valait plus que le doctorat aujourd’hui ». On comptait du
bout des doigts les certifiés. C’était une classe élitiste.

CHAPITRE 7 : LE COLLEGE EVANGELIQUE DE LA LIBAMBA

C’est après plusieurs tergifications que papa NZUNDIE accepte que son fils aille aussi loin de lui,
cela pour plusieurs raisons : il y a l’amour naturel d’un père pour son fils aîné, il y a l’inquiétude
pour cette zone qu’il ne connaît pas. Heureusement que tout s’est passé très bien et très vite. En
ce temps là tous les élèves avaient une valise faite de bois. Le collège évangélique était le point
de convergence de toutes les écoles primaires protestantes. Les missionnaires étaient rigoureux
et l’éducation était de qualité. C’était un Américain qui était principal, comme le collège était en
pleine forêt, on avait institué à tous les élèves le régime interne, ce qui signifie que tout le monde
était logé par les missionnaires. Tout le monde était également nourri par eux. Il n’y avait ni tenue
de classe, ni tenue de fête ou de défilé. Chacun s’habillait à sa convenance. En tout cas les enfants
des familles aisées étaient mieux habillés et mieux chaussés que les enfants des familles moins
nanties.

A l’internat, un régime alimentaire était imposé à tous les élèves. Les élèves qui étaient originaires de
la côte, y trouvaient leur compte par contre ceux qui venaient de l’intérieur du pays comme les élèves
originaires de l’Ouest n’étaient pas satisfaits. Beaucoup ont eu des problèmes pour s’adapter. Le
jeune MBOU était de ceux-là. Après quoi, il a eu le concours du collège Technique commercial de
Yaoundé qui deviendra plus tard Lycée Technique Commerciale.

CHAPITRE 8 : ADDITIF SUR L’ECOLE EVANGELIQUE DU PLATEAU

On allait à l’école du plateau en bas âge. Le circuit scolaire était déjà comme aujourd’hui, c'est-à-
dire de sept ans environ. La loi du fouet était omniprésente, les missionnaires avaient compris très
vite que le petit noir ne fonctionne qu’avec le bâton, bien entendu les résultats suivaient. Ils n’existaient
pas de tenue de classe ou de défilé comme aujourd’hui. Chaque enfant portait le vêtement qu’il vou-
lait et se chaussait comme les moyens de la famille le lui permettaient. Il y avait des élèves qui allaient
à l’école nu-pieds.

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Tous les élèves devaient se brosser les dents chaque matin, les garçons devaient avoir les cheveux
courts ou rasés mais surtout bien entretenus, les filles devaient être aussi propres. Les vêtements
devaient être propres. Les élèves devaient se rendre à l’école bien présentable, en ce temps là
en raison de froid du matin, les élèves n’aimaient pas se laver. Mais les missionnaires les em-
menaient de force à le faire. L’école commençait le matin à 08 heures et s’achevait à 12 heures
avec une petite récréation à 10 heures de 15 minutes.
Dans l’après midi, l’école reprenait à 14h30mn, pour s’achever à 17h30mn. Il n’y avait pas d’école
le samedi et le dimanche. Aussi il y avait comme aujourd’hui les congés de Noël, de Pâques ainsi
que les grandes vacances. Même si l’école était gratuite, chaque parent devait acheter les four-
nitures de son filleul. Il y avait une école publique à Bafoussam, mais cette école était très loin de
la maison. Pendant les congés du premier trimestre, il y avait les fêtes de Noël et de nouvel an.
La fête nationale où tous les élèves étaient tenus de défiler était le 14 Juillet, jour de la fête nationale
en France. Comme on était dans une école missionnaire, les cours de religion c'est-à-dire l’étude
de la bible était obligatoire même au collège évangélique de la Libamba, les cours de religion
étaient obligatoires ajoutés à cela, la prière chaque matin au lever et la prière chaque soir au
coucher.

CHAPITRE 9 : LE SEJOUR AU COLLEGE TECHNIQUE COMMERCIAL DE YAOUNDE

En raison des indépendances imminentes, les Français avaient crée des collèges techniques afin
de produire des cadres qui devaient les remplacer au lendemain de leur départ. Le collège tech-
nique de Yaoundé, était l’une de ces structures. Le concours était très sélectif. Ce sont les meilleurs
qui étaient retenus. Et même quand il y avait des interventions comme cela ne manque jamais,
il y avait toujours un petit test pour ces candidats particuliers. Et c’est alors qu’ils réussissaient
qu’on pouvait les retenir. En ce temps là, le directeur du collège technique de Yaoundé s’appelait
Monsieur CODI. C’était un blanc, un Européen, un français, son épouse était véritablement une
femme au foyer. Elle n’enseignait pas.

En effet, ce n’était pas comme aujourd’hui où les classes sont pléthoriques. La formation était de
qualité. Il y avait aussi et surtout un choix très sélectif des élèves, on ne prenait que les meilleurs.
Dans les classes, il y avait les élèves noirs et les élèves blancs. En ce temps là, il n’y avait pas de
racisme, il n’y avait surtout pas de compétition entre les élèves noirs et les élèves blancs. Les meil-
leurs étaient tout simplement les meilleurs. Il y avait une façon d’encourager les élèves noirs ou
blancs. C’était la bourse aux meilleurs élèves. En tout cas plusieurs fois de suite, le jeune Samuel
MBOU aura la bourse. Il n’y avait pas d’internat, même comme la plus part des élèves venaient
de loin. Le régime était essentiellement externe.

Ce sont les meilleurs c’est-à-dire les premiers qui étaient boursiers, ce qui signifie que le jeune
MBOU Samuel était au-dessus des enfants de familles aisées et des jeunes blancs, ceci présage
la situation future qu’on connaît tous. Le jeune intelligent de l’époque qui construira le sage qu’on
connaît aujourd’hui.

Au commencement, le collège Technique de Yaoundé s’appelait Cours Complémentaires de


Yaoundé. Ensuite, on a transformé en collège Technique de Yaoundé. Enfin c’est devenu le Lycée
Technique commercial de Yaoundé qu’on connaît aujourd’hui. Il y avait quinze élèves par classe.
On avait au trop deux élèves par banc. On remettait aux élèves les fournitures ; c'est-à-dire ca-
hiers, bics, livres, règles jusqu’aux couvertures des livres. Cependant à la fin de l’année, les élèves
remettaient à la Direction tous les livres qui leurs avaient été remis à la rentrée. Chaque élève de-
vait bien entretenir ses livres. Tous les congés, mais surtout toutes les grandes vacances, le jeune
MBOU Samuel retournait à Bafoussam, bref vers les parents. Tous les élèves avaient des réqui-

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sitions. Ce qui signifient qu’avec ces réquisitions on ne payait pas les frais de transport. Les ré-
quisitions étaient des titres gratuits de voyages. Il arrivait très souvent qu’on voyage par train et là
où il n’y avait pas de trains, les élèves empruntaient les véhicules postaux. C'est-à-dire que les
élèves avec les réquisitions qu’ils détenaient, pouvaient aussi emprunter les voitures de la poste.
Il faut préciser ici que, la praticabilité de la route Yaoundé-Bafoussam n’était pas certaine, ce qui
fait que le jeune élève prenait le train gratuitement de Yaoundé à Douala, ensuite de Douala à
Nkongsamba. Après la voiture postale de Nkongsamba à Bafoussam. Les cars de transport en
commun existaient.

En effet, chaque vacance, il était seul à retourner à Bafoussam. C’est que l’entrée au collège Tech-
nique de Yaoundé était très sélective. De Bafoussam, beaucoup d’élèves n’avaient pas eu la
chance d’être retenus. A Yaoundé, le jeune élève vivait chez des amis de son père. C’était la règle
à l’époque, pour ceux qui n’avaient pas de frères, sœurs, tantes, oncles et grand-père ou grand-
mère à Yaoundé. Ces derniers exerçaient la profession de commerçants et de transporteurs.
C’était des Bandjouns. Ils n’avaient pas de champ où des jeunes pouvaient se rendre les week-
ends.

Le couple n’avait qu’une fille. Avec cette famille, la communication est restée jusqu’au jour d’au-
jourd’hui, même comme ce tuteur est mort il y a longtemps. Le jeune homme à Yaoundé continuait
à aller à l’église évangélique et l’église évangélique la plus proche se trouvaient au marché Mo-
kolo où il se rendait tous les dimanches. Le tuteur s’appelait TAGNY Janvier, il est mort malheu-
reusement il y a quatre ans et son épouse s’appelait Madame TAGNY Née TAMCHA Suzanne,
elle était originaire de Bamougoum, elle vit encore. Au-delà de l’impraticabilité de la route. Malgré
le fait qu’il n’était pas aisé de voyager de Yaoundé à Bafoussam. Au-delà du fait que l’insécurité
régnait sur la route Yaoundé-Bafoussam, en raison de la guerre des indépendances d’une part,
mais aussi et surtout des grands bandits qui agissaient sur les grandes routes de façon isolées,
comme les coupeurs de route aujourd’hui, se rendre à Bafoussam pour les congés et les va-
cances étaient pénibles. L’insécurité régnait dans tout l’arrière pays. C’était des velléités indépen-
dantistes d’une part. Mais il y avait aussi beaucoup des règlements de compte, par exemple,
alors que Yaoundé connaissait un calme relativement stable. Les maquisards ou ceux supposés
tels, faisaient des incursions épisodiques dans des domiciles privés et dictaient leur loi. C’est
ainsi que le tuteur du jeune élève a été agressé dans sa propre maison à Yaoundé, où il avait été
grièvement blessé et découpé à la machette, Dieu merci il n’en est pas mort, cela devant sa
femme, sa fille et ceux qui vivaient à la maison. Les gens étaient impuissants et incapables de
réagir. En dehors des règlements de compte, d’autres raisons justifiaient l’insécurité. Il y avait des
problèmes relationnels, passionnels, interethniques (bamiléké et autres), conflictuels c'est-à-dire
discussion de terre ou de biens, qu’au bénéfice des contestations populaires ambiantes les gens
profitaient pour régler. On achetait des délinquants pour accomplir les bas manœuvres, Ö com-
bien macabres.

C’était dans une insouciance totale que le jeune MBOU bravait toutes ces difficultés, pour se re-
trouver à Bafoussam au bout de trois ou quatre jours de route. Où l’attendaient papa et maman,
frères et sœurs, amis, voisins mais surtout les travaux champêtres et le commerce des marchés
périodiques et rotatifs, pour les congés et les grandes vacances. Le tuteur de Yaoundé était un
brave commerçant, transporteur, il avait des véhicules ainsi que des chauffeurs et des moto boys
pour faire ce travail. Il n’avait pas de plantations, bref il ne s’intéressait pas aux travaux champê-
tres. Mais tout le temps que le jeune homme a vécu là bas, il n’était pas dérangé, il n’y avait pas
de discrimination à la maison. Le climat familial, l’alimentation aussi parce qu’aujourd’hui comme
hier, la préoccupation d’un élève est avant tout, la nourriture. Lorsque ce côté est bien assuré, le
reste suit et il n’y a aucun problème.

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A un moment donné papa TAGNY a été : Conseiller Municipal. Il aurait pu même devenir Maire,
mais par peur des jalousies et connaissant bien la mentalité des gens de là bas, il avait refusé la
proposition. Le séjour au collège technique sera sanctionné par un diplôme en comptabilité et
commerce. C’est ici que s’acheva les classes régulières, c'est-à-dire les cours conventionnels,
alors s’en suivra d’une part le travail et d’autre part les stages de six mois, voire un an en Europe
pour les certifications diverses. Ces différentes certifications qui donnent droit au diplôme d’Etudes
Supérieure en Comptabilité. Les cours se poursuivant par correspondance.

CHAPITRE 10 : UN PETIT MOT SUR PAPA NZUNDIE

Il était de famille royale, c’était un prince. Son titre de notabilité à Baleng, il l’a eu en raison de son
dynamisme dans l’agriculture d’une part avec ses 14 hectares de champ et d’autre part en raison
de son sens élevé du commerce et enfin de meneur d’hommes. Même comme il était un étranger,
le chef Baleng a dit : « Voilà un homme avec qui je peux travailler, c'est-à-dire construire mon vil-
lage ». C’était un homme humble, mais très rigoureux, il avait un franc parlé à nul autre pareil.
Même si vous vous retrouviez au marché, il vous disait toute sa vérité. C'est-à-dire tout ce qui
l’énervait de vous ou bien tout ce que vous lui avez fait en mal et que cela ne l’arrangeait pas.

C’était un homme très équilibré, qui avait eu beaucoup d’enfants et étaient très rigoureux dans
l’éducation de ses derniers. Il était un grand producteur de café. Ses affaires étaient prospères. Il
avait eu neuf épouses. Certaines lui avaient donné cinq enfants, d’autres deux enfants, d’autres
encore sept voire même huit enfants. Alors qu’il prenait de l’âge, certains de ses enfants, s’étaient
trouvé une passion assez particulière et nuisible de le voler tout le temps. Il n’arrêtait pas de se
plaindre à ceux de ses proches qui voulaient bien l’écouter. C’était un homme peut corpulent et
de taille moyenne. Il avait à peu près un mètre soixante huit. Ces enfants qui le dérobaient régu-
lièrement ne sont rien devenus parce qu’ils étaient des voleurs. C’était un bon chef de famille. Il
décidait de tout. Ses femmes le suivaient tout simplement. C’est lui qui décidait de la politique fa-
miliale. Ce n’était pas comme aujourd’hui où la femme met le nez partout et veut même décider
à la place du mari. Pendant les vacances, il organisait les travaux champêtres des enfants ainsi
que leur activité commerciale.

Il allait à pied, il n’avait ni vélo, ni moto, ni voiture. C’est vrai qu’il aurait pu avoir une voiture mais
cela ne l’intéressait pas, puisque ses moyens le lui permettaient. Il avait beaucoup d’amis, mais
malheureusement beaucoup sont morts avant lui. Il avait même des amis intimes qu’on connais-
sait très bien. Il a eu des moments difficiles à cause de certains de ses enfants qui avec le temps
sont devenus très délinquants. Certains l’agressaient physiquement pour ainsi dire, il le battait
quand ils voulaient de l’argent. Ils battaient leurs propres sœurs alors qu’elles étaient devenues
des femmes mariées et vivaient dans leurs foyers.

On a même vu un autre bloqué Monsieur le Délégué de Gouvernement, premier Magistrat mu-


nicipal de la ville de Bafoussam dans sa résidence il y a juste quelques années, afin qu’il lui donne
de l’argent parce que Monsieur le Délégué est successeur de leur feu papa. Certains enfants ont
essayé de vendre le terrain familial, mais n’y sont pas parvenus parce que ces terrains étaient
entièrement titrés. Il y a eu ainsi beaucoup des enfants de papa NZUNDIE qui sont morts préco-
cement.

Beaucoup des enfants de papa NZUNDIE ne sont pas allés à l’école. Certains vivent des petits
métiers par-ci, par-là, des métiers comme manœuvres, planteurs et autres. Ils n’ont pas eu de
certificat d’étude primaire pour la plupart.

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Mais il y a eu un de ses fils qui fût pendant longtemps cadre à la Société Générale de Banque. Il
s’appelait WAFO Richard .

Malheureusement il est aujourd’hui décédé. Il y a au jour d’aujourd’hui une de ses filles qui pré-
pare une licence à l’université de Dschang.

En 2003, papa NZUNDIE mourrait, il quittait ce monde plein de vicissitudes. Quand le café a connu
son malaise sur le marché international, il a eu le temps de cultiver les produits maraîchers
comme le maïs, le macabo, la patate, le soja, les légumes, ignames, plantains, bananes. Il n’ai-
mait pas détruire quelque chose, même ce qui ne produit pas. Ce sont les femmes qui ont détruit
ses caféiers. Parce que les caféiers sont entretenus par les femmes.

CHAPITRE 11 : UN PETIT MOT SUR MAMAN MAFFOK REBECCA

Aujourd’hui les Bandjouns, les Balengs, les Bafoussams se discutent la paternité du Délégué du
Gouvernement. Ils ont peut être raison et chacun à sa façon.

Pour ce qui est des Bafoussams, ils réclament le délégué parce que maman MAFFOK Rébecca,
mère du Délégué était Bafoussam. Elle est morte, il y a juste deux ans, paix à son âme. Elle avait
eu cinq enfants : un garçon et quatre filles. C’est peut être pour cela qu’elle a vécu aussi équilibrée
et aussi longtemps. Puisque ses filles, bien que mariées étaient toujours à coté d’elle, chaque
fois qu’elle le voulait ou bien chaque fois qu’elle ne les attendait pas.

Elle aimait trop ses enfants comme toute mère bien sûr. Elle les dorlotait. Mais son plus grand
mérite, en plus d’avoir été une épouse dévouée et attentionnée. C’est d’avoir réussi à bien élever
ses filles. Elle a réussi à inculper à ses filles des valeurs des bonnes épouses. C’est –à-dire des
bonnes mères et de bonnes grandes-mères. Elles, c’est-à-dire les filles de maman MAFFOK conti-
nuent à inculper à leurs enfants ces valeurs fondamentales que leur ont léguées maman MAF-
FOCK Rébecca.

CHAPITRE 12 : LA VIE PROFESSIONNELLE

En ce temps là, on ne chômait pas, surtout quand on était professionnel. On est en 1959, de part
sa formation qualitative et sélective de comptable, le jeune MBOU Samuel trouve son travail à la
Banque Crédit Lyonnais à Yaoundé. Le salaire est bien, assez important pour un jeune homme
en début de carrière.

Mais le jeune homme a de l’ambition, il voit loin, le travail très sclérosé de la banque ne cadre
pas avec ses aspirations de travailleur innovateur et de concepteur.

Il démissionne de la banque, non pas pour chômer, mais pour entrer à la Direction de la Coop /
Mut à Yaoundé. C’est-à-dire Coopération et Mutualité. Il renoue ainsi d’une certaine manière avec
le monde rural, en un mot avec ses origines champêtres. Le travail là-bas consiste à encadrer
les coopératives et les S.A.P naissant un peu partout sur le territoire national. Il s’agissait des coo-
pératives agricoles. Les coopératives avaient comme but d’encadrer les planteurs : collecter c’est-
à-dire acheter les produits d’exportation comme le café, le cacao, le thé, la banane aux
agriculteurs organiser les torréfactions ensuite les exporter vers l’Europe, les U.S.A ou l’Asie, en
état brut pour la grande partie et en état transformé pour la petite partie.

SAMUEL MBOU
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Les coop/Mut étaient la main de l’Etat sur les coopératives. Au bout de huit années de bons et
loyaux services rendus à la Coop/Mut. Il est détaché en récompense comme Directeur de la CA-
PLAMI, jeune coopérative basée à Bafoussam.

C’est dans cette structure qu’il met à contribution tous ces huit ans d’expériences passées à la di-
rection nationale de la Coop/Mut. Tout est à faire, il faut tout mettre sur place. Il faut asseoir une
coopérative stable. À force de travail et de détermination, la CAPLAMI devient la Coopérative la
plus structurée de l’Ouest voir même du Cameroun.

En tout cas, l’investissement immobilier effectué à la CAPLAMI à savoir usine, magasin, et surtout
la direction reste la plus majestueuse du Pays. Elle est aussi la plus étendue. Les premiers mo-
ments à la CAPLAMI étaient très difficiles. Mais au-delà de tout le travail effectué. Tous ceux qui
le voyaient travailler étaient sceptiques, pour ces derniers tout ce qu’il faisait avec son équipe
n’était que du « vent » pour reprendre les termes utilisés en ce temps là. C’était une situation tem-
poraire qui n’allait pas mettre long. Fort heureusement, avec le temps on comprendra qu’il avait
raison. Parce que nul ne peut arrêter le progrès. D’autres personnes par contre s’imaginaient,
mieux colportaient la nouvelle selon laquelle tous les bons résultats enregistrés, provenaient tout
simplement du hasard or dans la vie s’il y a des bons résultats c’est qu’il y a eu travail.

Encore même que « le succès, c’est quatre vingt dix neuf pour cent de travail et un pour cent de
chance ».

Certaines personnes ont même pensé à un moment donné que la dynamique mise sur place
cachait d’autres visées comme devenir Directeur Général de l’U.C.C.A.O.

En tout cas il se sentait bien à son poste, il estimait que d’autres pouvaient aussi faire leur preuve
là-bas à la Direction Générale de l’U.C.C.A.O. en tout cas modeste de nature et par culture, il n’a
jamais eu des ambitions démesurées et il ne court pas après les postes.

CHAPITRE 13 : MONSIEUR LE DELEGUE DU GOUVERNEMENT

En 1996 à la faveur d’un décret présidentiel, il est fait premier Délégué du Gouvernement de la
ville de Bafoussam.

En tout cas s’il fallait des pronostics, il est celui qui était le moins attendu à ce poste. Certains sont
contents, mais beaucoup hésitent ; gérer une coopérative est une chose mais gérer toute une
communauté urbaine est vraiment une chose plus complexe.

D’autres sont convaincus qu’il va se casser la figure, or tout étonnement il fait bien son travail.

A la coopérative, on a encore besoin de ses services. On ne peut pas faire tout ce qu’il a fait à la
CAPLAMI et tout abandonner en si bon chemin quand bien même, ce serait pour un poste aussi
prestigieux que celui de Délégué du Gouvernement. Jusqu’en 2004, il exerce la double fonction
de Directeur Général de la CAPLAMI et de Délégué du Gouvernement de la ville de Bafoussam.
Il lui arrivait de traiter les dossiers de la CAPLAMI à la Communauté Urbaine et ceux de la Com-
munauté Urbaine à la CAPLAMI. Il faisait un travail acharné.

En tout cas, c’est un gestionnaire avisé et à la limite même doué d’une grande faculté intuitive.
Ses collaborateurs disent de lui, que lorsque le dossier est bon, il cote cela même sans consulter,

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c’est-à-dire sans prendre connaissance du fond de dossier comme cela tout d’un coup.

Mais lorsque le dossier est mauvais il le met carrément de coté et quoique vous fassiez, il ne le
cotera jamais.

Tout cela traduit le gestionnaire rigoureux et habile. Un peu comme le banquier ou le caissier qui
à force de compter l’argent peut juste au toucher vous dire si l’argent qu’il a effleuré du bout des
doigts est un bon billet ou un faux billet.

CHAPITRE 14 : LE CHEF DE FAMILLE

C’est un père de famille comblé. Marié, il y a une quarantaine d’années, les enfants sont venus
au monde. Ils sont huit. Tous en bonne santé avec l’aide de Dieu.
- L’aîné a pour nom KUICHOIE MBOU Alfred, 41 ans, il est fiscaliste et a fait des études de droit à
Lille en France. Il est marié et père de cinq enfants.
- La 2ième MEFE MBOU Liliane, 39 ans, a fait un BTS en gestion d’entreprise. Elle vit à Douala. Elle
est mariée et mère de deux enfants.
- La 3ième MEFOTIE MBOU Hortense, 36 ans, a fait des études supérieures en administrations ma-
ritimes. Elle est mariée et mère de deux enfants.
- La 4ième MEKAM MBOU Laure est informaticienne. Elle est mariée et mère d’un enfant.
- Le 5ième POUOKAM MBOU Hervé prépare un Master en Administration d’entreprise au Canada.
Il est encore célibataire.
- La 6ième MAFOCK MBOU Valérie a fait la maintenance informatique. Elle est âgée de 25 ans. Elle
est titulaire de deux B.T.S en gestion et en informatique. Elle vit à Douala. Elle est fiancée.
- Le 7ième FOTSING MBOU Victor est Juriste, il prépare une maîtrise en droit à l’université de
Dschang.
- Le 8ième NZUNDIE MBOU Francis est élève en classe de Terminal STG dans un collège à l’entrée
de la ville de Bafoussam.

CHAPITRE 15 : CONCLUSION PARTIELLE

Au moment de clôturer une première partie de cette vie, ô combien riche, nous voulons apporter
une petite précision qui est somme toute d’une grande importance. Lorsque le jeune homme,
vint au monde le 26 juillet 1939. Son père lui donna le nom de MBOUJEKA. C’est à l’école qu’on
a réduit ce nom et on l’a ramené à son orthographe qu’on connaît aujourd’hui. Pourquoi ce nom,
qui signifie innocent en langue Bandjoun et dans plusieurs villages à l’Ouest.

La raison c’est que le père NZUNDIE avait subi beaucoup de filouterie et de haine de la part de
ses frères consanguins. Humilié et frustré dans sa chair et dans son amour propre. Il décida de
porter le nom innocent à son premier rejeton.

L’innocent de papa NZUNDIE deviendra le grand homme pluriel de la République qu’on connaît
aujourd’hui. Et toute sa reconnaissance va à l’endroit de tous ceux qui, d’une manière ou d’une
autre l’ont aidé à réussir et surtout à réaliser cette grande ambition ou bien cette œuvre mémo-
rable. C’est tout d’abord le gouvernement de la République, son très illustre Président et chef. Ce
sont aussi ces collègues de jadis au crédit lyonnais, sans oublier ceux de la coopération et Mu-
tualité. Ce sont ses anciens collègues de la CAPLAMI ainsi que ses collègues actuels de la Com-
munauté Urbaine. Ce sont ces nombreux inconnus qui par leur silence, leurs actes ou leur foie

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ou tout simplement leur prière ont contribué au rayonnement de son étoile. C’est aussi vous, cher
inconnu, qu’en lisant ce livre bénissez le travail, le mérite, l’honnêteté et la vertu.

En attendant tous les dimanches matins, un tour du coté de l’Eglise évangélique qui l’a vu naître
et grandir est impérieuse pour l’équilibre de l’esprit et de l’âme, parce que sans Jésus Christ on
est rien, Dieu occupe une place primordiale dans sa vie.

« Pendant longtemps, j’étais ancien d’église, mais cela demandait une grande disponibilité
aujourd’hui je suis conseiller paroissial en raison de mes multiples occupations, de l’âge et
de la fragilité de ma santé ».

CHAPITRE 16 : QUELQUES QUESTIONS – REPONSES

Question : Où se situait exactement l’école Publique de Bafoussam dans les années quarante-
cinquante quand vous alliez à l’école évangélique du Plateau ?
Réponse : L’école Publique se trouvait à coté de la Province. Les Japonais ont construit sur l’ancien
emplacement, une nouvelle école primaire. Mais il reste un immeuble à l’intersection qui accède
à la Cameroun Radio Télévision.

Question : Que pensez-vous des nouvelles églises qui naissent par-ci, par-là ?
Réponse : Lorsqu’on voit ce qui se passe à l’étranger, on pense que les jeunes ne devaient pas
s’embarquer dans n’importe quoi et n’importe comment. Parfois on affiche l’église et Dieu seul
sait ce qu’il y a derrière. Les jeunes doivent se rendre dans les religions des parents. Je suis un
conservateur, j’apprécie les religions catholiques, protestantes et Musulmanes de notre enfance.

Question : cette nuit où votre tuteur a failli perdre sa vie, vous en souvenez-vous ?
Réponse : En ce temps là il y avait le couvre feu de 18 heures à 6 heures du matin. Lorsque les
maquisards sont entrés, d’autres étaient postés dehors. La femme était couchée sur le lit avec
son mari. Lorsque le premier coup de machette est parti, la femme a bondi et a attrapé le bour-
reau de son mari en criant : « qu’est ce que vous voulez à mon mari, il vous a fait quoi ? » Elle
était très forte. Elle aurait pu saisir celui là jusqu’au matin. Malheureusement d’autres sont venus
de dehors en renfort et lui ont frappé un coup de machette sur la main. Elle a lâché prise. Malgré
tous nos appels à l’aide, aucun voisin n’est sorti. Il faut dire que les gens avaient très peurs. On
vivait au quartier Mokolo et on était tous très jeunes à la maison.

Question : Qu’est ce qu’on mangeait au collège évangélique de Libamba ?


Réponse : le Mitoumba, le Bibelo, le Kwem, etc…

Question : Prenez-vous part aux réunions associatives par exemple : réunion des Bandjouns,
des Balengs ou des Bafoussams ?
Réponse : je ne participe pas à ces réunions. Le temps ne me le permet pas. En tout cas je me
sens de ces trois villages. Je ne saurais prendre part à ces trois réunions. Et ensuite aller à une
réunion sans se rendre à d’autres, blesserait la susceptibilité des uns et des autres.

Question : Quelques souvenirs d’Europe ?


Réponse : je me suis rendu en France plusieurs fois pour mes diplômes en comptabilité. Je vivais
à Paris et j’allais faire des stages en Province. Avec des professeurs, j’ai gardé de très bonnes re-
lations. En tout cas pour les blancs ce qui les intéressent ce sont leurs intérêts. Ceux qui sont venus
me voir sont essentiellement ceux qui s’intéressaient au café.

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Question : Quelles sont les relations avec les autres délégués du gouvernement ?
Réponse : On se rencontre régulièrement dans les réunions officielles. Nos relations sont bonnes.

Question : Jusqu’à présent Bafoussam a été épargné de casses. Peut-on dire que Bafoussam
est sauvé ?
Réponse : On ne saurait gérer une ville de façon statique, il faut le faire de façon évolutive. Si les
gens aimaient leur ville, ils devraient casser les vieilles bâtisses et construire des immeubles plus
modernes. Nous avons éloigné les gares routières du centre ville. Mais si avec le temps la ville
rattrape les nouvelles gares routières, il faudra une fois de plus l’éloigner. Ce qui impose des
casses. En tout cas un nouveau plan d’urbanisation est en vue.

Question : votre père a-t-il pu se réconcilier avec ses frères et sœurs avant sa mort ?
Réponse : Des démarches avaient été entreprises par mon grand-père, il y a de cela plusieurs
années. Il est venu même passer plusieurs mois chez son fils.

Tous ces efforts ont été infructueux. Surtout pour ce qui concernait les femmes.

Question : un message aux jeunes, puisqu’ils sont pour la plupart au chômage et pourtant di-
plômé d’enseignement supérieur ?
Réponse : tant qu’il y a la vie, il y a l’espoir. Qu’ils ne se découragent pas ! Les investisseurs aiment
Yaoundé et surtout Douala. Il faut que les investisseurs lorgnent un peu de notre coté. Nous nous
battons beaucoup dans ce sens. L’Etat fait ce qu’il peut avec la fonction publique. Mais ce sont
les opérateurs privés qui sont les plus attendus. Il est impératif de relancer l’agriculture et l’élevage
pour une plus grande sécurité alimentaire. Quand nous étions à l’UCCAO, on avait 36 milliards
chaque année et avec cela on développait l’Ouest et ça donnaient à manger à tout le monde.
Les parents n’étaient pas aussi pauvres qu’aujourd’hui.

C’est vrai que l’agriculture ne résout pas le problème du chômage, mais ça atténue, quand on
n’a pas trop faim on supporte mieux le chômage.

C’est le lieu pour moi, de remercier quelques opérateurs qui sortent du lot comme le jeune Baham
qui est arrivé de Douala et qui fait des prouesses du coté de T.P.O. il y a construit des usines et il
a recruté beaucoup des jeunes gens.

Question : les jeunes fuient l’agriculture parce que les outils sont précaires. Les grands-parents
et les parents ont utilisé la houe. Les jeunes se sentent mal à l’aise avec ces outils pénibles, à
quand la mécanisation dans nos champs?
Réponse : la mécanisation convient aux sols plats et uniformes. Le relief de l’Ouest ne s’y prête
pas. C’est un relief trop accidenté, les surfaces aussi sont réduites, impraticables et impénétrables,
les propriétés sont très découpées. La plus part des champs sont séparés par des bocages. Il y
a aussi des vielles habitudes qui rendent tout projet de diversification et de vulgarisation très dif-
ficile.

En tout cas l’idéal serait qu’avec le temps, l’on puisse acquérir des tracteurs qu’on pourra louer
aux planteurs par jour par semaine, par mois pour cultiver, semer et moissonner.

Question : N’y a-t-il pas une possibilité de bloquer les vivres frais à l’Ouest. Parce que l’Ouest en-
voie les vivres au Gabon, à Douala et à Yaoundé. Et à la fin, la nourriture coûte le même prix à
Douala, Yaoundé et Bafoussam ?

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Réponse : On est en démocratie et on est dans un régime libéral. On ne saurait empêcher les
personnes de faire ce qu’ils veulent de leur produit.
Tout ce qu’on peut faire, c’est accroître la production pour que s’il y a même exportation qu’il y
ait toujours un surplus qui reste pour la consommation locale.

Question : Que pensez-vous des tontines ?


Réponse : c’est l’une des plus grandes inventions économiques des bamilékés. La tontine traduit
la puissance et la force de la parole donnée. Malheureusement il y a des gens qui ne travaillent
pas. Ils prennent ici pour donner là-bas. Jusqu’au jour où cela les coince.
Les Feynman sont venus dénaturés les tontines.

Question : l’un des grands problèmes sur la route des champs, ce sont les véhicules qui sont
des véritables mouroirs pour les paysans quand il faut sortir les vivres des champs.
Pourquoi la communauté urbaine n’envoie-t-elle pas des voitures sur ces routes ?
Réponse : depuis nous examinons ce problème, les gens n’aiment pas la discipline. Ils portent
les voitures sans contrôle technique et ils donnent un peu d’argent aux policiers pour passer.
C’est un combat inutile. Les gens aiment l’anarchie et le désordre. Nous pensons même remettre
ce projet à une entreprise qui va étudier les contours.
Notre préoccupation aujourd’hui, c’est l’entretien des voies d’accès qui sont dans un état de dé-
gradation avancée.
Nous avons également confié l’étude des transports des personnes et des vivres dans les mois
de juillet, août, c’est-à-dire dans les moments de récolte à un bureau d’étude, qui nous rendra
bientôt sa copie. Cette copie devra voir tous les contours du sujet.

Question : Qu’est ce que la communauté urbaine pense de l’insécurité galopante ?


Réponse : Aucune raison, aucune excuse ne saurait justifier la délinquance même pas le chô-
mage, même pas la pauvreté. Lorsqu’on se bat honnêtement, on trouve toujours de quoi manger.
Les pouvoirs publics font ce qu’ils peuvent pour résorber ce fléau, les populations également.
Mais les délinquants vivent dans des quartiers, ils sont connus. Les populations doivent impéra-
tivement les dénoncer, ils doivent aider les forces de l’ordre. Les délinquants ne vivent pas dans
l’espace. Les populations doivent téléphoner directement à la police. Il en va de la sécurité et de
la tranquillité de tout le monde.

Question : tout le monde ne rêve que de vivre en Europe. Pourquoi n’aviez-vous pas voulu tra-
vailler ou vivre là-bas ?
Réponse : j’avais déjà mon emploi au Cameroun et un bon emploi même d’ailleurs. En plus j’aime
trop mon pays. Il vaut mieux apporter ma contribution à la construction et au devenir de mon
pays qu’à celui des autres. Autre chose et non des moindres c’est que le climat là-bas n’a que
des extrêmes, c’est-à-dire quand il fait chaud, et bien il fait très chaud. Et quand il fait froid, il fait
très froid. C’est une société individualisée.

En tout cas, il fait mieux vivre chez soi, que n’importe où sur la terre.

CHAPITRE 17 : PETIT MOT DE FIN

Si pour des personnes monsieur le Délégué du Gouvernement n’est qu’une haute personnalité,
pour des milliers d’autres personnes, il représente le monde entier. Que ce soit devant son bureau
ou à la maison des milliers de personnes attendent chaque jour et sont reçues et écoutées. Cha-
cun a son problème et il fait ce qu’il peut pour les résoudre.

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En attendant, il est ouvert à toute idée innovatrice, c’est l’un des hommes les plus ouverts de son
temps.

Toute idée de construction est la bienvenue. En attendant il ne reste plus qu’au lecteur pour clô-
turer, de visiter la belle ville de Bafoussam. Ainsi que la belle Région de l’Ouest. C’est-à-dire ses
villes, ses villages, son beau paysage. Sa population très réceptive.

Le paysage est hautement touristique que ce soit le Mont Bapi et le Mont Bamboutos. Ses chef-
feries traditionnelles avec leur musée royal. Le sultanat de Foumban unique sultanat au Came-
roun, l’Ouest avec ses fleuves, ses lacs, ses forêts sacrées. En tout cas de Bafoussam on peut
visiter tout l’Ouest en quelques jours, le paysage des bocages : C’est-à-dire des champs délimités
par une clôture faite des grands arbres et des bambous de raphia entrelacés est un phénomène
unique en Afrique.
L’Ouest, Bafoussam attend tous les visiteurs la main grandement ouverte. Les Bamilékés sont des
gens simples, hospitaliers, communicatifs et faciles à vivre.

A la communauté urbaine on attend vivement de la diaspora en vue des jumelages avec cer-
taines villes européennes et Nord américaines.
La communauté urbaine de Bafoussam et son délégué comptent beaucoup sur ces jumelages
pour accentuer les différents projets de développement. Des milliers de livres sont aujourd’hui
attendus en vue de la création d’une grande bibliothèque municipale.

Des grandes exploitations agricoles Nord américaines pourront offrir des tracteurs agricoles ainsi
que leurs grandes expériences.

CHAPITRE 19 : L’AVENUE ET LE MONUMENT WANKO

A l’entrée de la ville de Bafoussam il y a le monument WANKO, ainsi que l’avenue WANKO offi-
ciellement les maquisards ont assassiné WANKO Samuel en 1957. il avait 27 ans.

Mais de regroupement en regroupement, une autre lecture des faits s’impose. WANKO était in-
génieur de ponts et chaussées, à son retour de France où il a terminé ses études, il fait pour le
compte de l’administration le plan initial de la ville de Bafoussam. Il devient entrepreneur en bâ-
timent. Des centaines des maisons portent son estampille. Il flirte avec la politique. Il n’est pas
upéciste. Cela ne lui dit rien. Il n’est pas du coté de l’administration, il est indépendant.

Et le voilà député à l’assemblée nationale à Yaoundé. Il y trouve un autre jeune qui rentre de
France. C’est NEHIM chef supérieur Baham. Tous ont à peine une vingtaine d’années. Ils sont té-
méraires, ils voient loin. Pendant que les autres députés applaudissent à tout bout de champ,
ceux-ci voient différemment les choses. Ils veulent que tout se passe comme à l’hémicycle français
: Au Palais bourbon. Qui va les écouter ? « Les Français aiment les africains quand ils sont bêtes ».
On décide de les assassiner. Auparavant les tentatives sont faites en vain pour qu’ils comprennent
que le Cameroun n’est pas la France et vice versa. WANKO sera assassiné à la frontière Batou-
fam-Bangoua et NEHIM à Yaoundé.

Les commanditaires viendront au deuil et feront des grands discours. Tout ce qui est dit sur cette
page provient de quelques doyens de la ville. En outre, il s’agit des personnes âgées qui connais-
sent l’histoire de la ville de Bafoussam

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CHAPITRE 20 : AUTRES FAITS

Les paysans isolés payeront le prix fort pendant cette période trouble. Lorsque les maquisards
les trouvent, ils les tuent ou les enrôlent de force. Leurs biens sont à chaque fois spoliés. Lorsque
l’armée régulière les trouve isolés, ils les récupèrent quand ils sont chanceux, et les malchanceux
sont fusillés au carrefour maquisard devant la foule pour dissuader tout prochain rebel.

C’était l’époque de la barbarie. Comme cela figurait dans notre hymne national. Le paysan est
entre le marteau des maquisards et l’enclume des militaires.

Fait majeur : ces évènements n’ont eu lieu qu’à l’Ouest, au Littoral, au Centre, au Sud. Le Sud-
Ouest et le Nord-Ouest ont été épargnés. Le Nord, l’Adamaoua, l’Extrême Nord et l’Est épargnés
également.

Question majeure : est-ce que seuls ils pouvaient s’en sortir ? Encore que l’indépendance est ar-
rivée au Cameroun et dans les autres colonies Française presque au même moment.

Constat : le statut hybride du Cameroun posait problème. Il y a eu l’administration française d’une


part et l’administration britannique d’autre part. Ils pensaient que vue ces deux aspects, le Ca-
meroun ne serait jamais indépendant.

Bafoussam, pour ainsi dire l’Ouest où la région Bamiléké qu’on supposait s’étendre jusqu’à
Nkongsamba a vu mourir près de 300 000 de ses dignes enfants. Ces déchirures vivaces ont
laissé des séquelles graves un peu partout où des familles ont été à jamais séparées. Au courant
des années 1970, le gouvernement tente de sortir de l’ombre des derniers chefs upécistes : la
mission est confiée à un évêque, l’évêque de Nkongsamba. Ces derniers chefs upécistes ont
pour nom : WANDJI Ernest, WAMBO Le Courant. L’évêque de Nkongsamba a pour nom : Albert
NDONGMO. L’opération est un succès, malheureusement le gouvernement ne tient pas ses pro-
messes de réconciliation. L’homme de l’église ne savait pas que la parole des politiciens n’engage
que ceux qui y croient. Ils sont arrêtés, même l’évêque, le pape sauve l’évêque de l’exécution. Il
est décidé de les fusiller sur la place publique dans leur ville d’origine. C’est-à-dire à Bafoussam.

Les upécistes de France commettent un avocat qui ne réussira même pas à entrer dans la ville
de Douala. L’ordre serait venu de Yaoundé de ne pas laisser entrer cet avocat. Et ceux qui étaient
à l’aéroport ce jour-là se souviendront que ce dernier aurait dit ceci au moment de repartir en
France : « Dites à cet homme que si un jour, je suis président en France, il ne sera plus président
au Cameroun ». En 1981 François Mitterand devient président de la République française. En 1982
AHMADOU AHIDJO saute du pouvoir au Cameroun une soit disant question de santé. La ven-
geance de l’avocat annoncé 12 ans plutôt a été exécutée. En réalité avec du recul, on pense que
ces dernières tueries étaient inutiles. TAKALA Célestin aura la vie sauve à cause de son état de
santé. Pour ce qui est du départ d’AHMADOU AHIDJO on s’interroge : Était-ce une coïncidence
ou une réalité ? Seul l’histoire et le temps apporteront une réponse. Ce qui est sûr, tout ce paie ici
bas et de notre propre vivant.

CHAPITRE 21 : LE CARREFOUR MAQUISARD

Le carrefour maquisard est le lieu où on fusillait les martyrs, les rebelles où ceux supposés tels
qu’on avait ramené la veille des campagnes. Le but étant de dissuader par la peur tous ceux qui
auront des visées contestataires.

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CHAPITRE 22 : CONSEQUENCES DES LUTTES ARMEES

• Changement du paysage géographique : au commencement,


à l’ouest, les gens vivaient dans leur concession en forme de carré, de rectangle, de trapèze ou
encore de tout autres formes de figures géométriques d’un ou plusieurs hectares. (Avec au centre
de la concession une ou plusieurs cases).

C’est pour des raisons de sécurité, que des cités refuges ont vu le jour. Des cases étaient
construites au bord de la route. Et cela dans chaque village. Ceci permettait aux gens de mieux
se protéger des maquisards. On avait comme cela plusieurs maisons groupées. Cette configu-
ration à l’Ouest est restée jusqu’aujourd’hui. Il y a donc qu’à voir Bandjoun, Bameka, Baham,
Bayagam, Bamena, et les autres. Il avait été créé des comités d’auto-défense pour protéger les
populations. Par la suite on y a adjoint les commandos. Un camp commando fut créé dans
chaque village dans le même but. Ces camps ont disparu dans les années 1969. les anciens
commandos ont été reversés dans l’armée régulière.

• Psychose : on a réussi à inculper dans la conscience.

Collective Bamiléké une peur vivace et traumatisante qu’il faudra beaucoup d’années pour soi-
gner.

CHAPITRE 23 : LE BESOIN URGENT DE LA VILLE DE BAFOUSSAM

Bafoussam est une ville de rêve. Le sol est généreux, le climat est clément, la population est dy-
namique, mais l’argent est rare. Les Indous, les Chinois, les Thaïlandais, les Libanais, les Grecs
sont partout au Cameroun. Mais pas à Bafoussam ; peut-être que le dynamisme et la prospérité
des Bamilékés qu’ils croisent dans d’autres villes leur font peur et bloquent leur envie de s’installer
dans le cœur de la civilisation millénaire Bamiléké.

Et pourtant Bafoussam a plus que jamais besoin d’une industrie florissante. Parce que de nos
jours, on n’a plus droit à l’erreur, déjà que le monde est de plus en plus un rendez-vous du donner
– recevoir. La ville a besoin des autres, surtout des investisseurs et elle a envie de donner. C’est
quand même près de 500 000 consommateurs potentiels.

On parle de plus en plus de village planétaire. Le monde est devenu un grand village.

Bafoussam situé au carrefour de plusieurs cultures et de plusieurs destinations par exemple le


Nord Cameroun, le Tchad et la République Centrafricaine ; Bamenda et le Nigéria. Tout le monde
en provenance de Douala avec ou sans bagages et marchandises transitent impérativement par
Bafoussam. Cette ville a besoin de tirer tous les profits de sa situation stratégique.

CHAPITRE 24 : QUELQUES QUESTIONS - REPONSES

Question : A quand les jumelages de Bafoussam avec des villes Nord -Américaines – Euro-
péennes – Sud américaines ou Asiatiques ?
Réponse : C’est vrai que cela implique beaucoup plus les maires. Mais qu’à cela ne tienne nous
cherchons aujourd’hui les meilleures occasions et les meilleures opportunités.

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Question : Un peu partout en Europe on passe de l’analogique au numérique. Dans la moitié


d’un conteneur, une usine de plastique peut être installée, il y a plein de machines un peu partout
qui ne sont plus utilisées puisqu’on est à l’ère du numérique. Ces machines pourront être d’une
importance capitale chez nous, si nous manifestons juste la demande à travers les ambassades
ou encore par voie directe avec internet, et aussi par l’entremise des relations et de la diaspora.
L’importance pourra être aussi bien au niveau de travaux publics pour l’entretien de nos routes,
elle pourra être également utile dans nos champs avec les excavateurs et les moissonneuses et
surtout dans la transformation et la pérennisation de nos produits agricoles.
Réponse : Les prix de ces matériels ont considérablement baissé. La barrière entre l’Est et l’Ouest
n’existe plus. L’idéal pour nous serait le matériel neuf. Les Indiens ont proposé le matériel neuf.
On attend les conclusions. Ces conclusions seront à notre portée d’un moment à l’autre.

Question : Quand est ce que la communauté urbaine aura sa propre carrière pour résorber voir
amoindrir le coût du bitumage des routes ?
Réponse : Il faut déjà trouver un espace propice et quand bien même on le trouvera, la part de
la carrière est très faible dans une opération de bitumage. Je ne suis pas ingénieur. Mais dans
les différents calculs de coût qu’on apporte à mon appréciation, c’est ce qui apparaît.

Question : Quand est ce que les opérateurs économiques européens viendront visiter votre ville
et qui sait peut être y investir ?
Réponse : Il faut déjà voyager en Europe pour inviter ces investisseurs. Après qu’on aurait vu ce
qu’ils font là-bas. Et ce à quoi nous pouvons gagner. En tout cas les blancs ont notre carte, même
la carte du sous-sol.
Et si nos frères et cousins de la diaspora pouvaient négocier sur place cela ne saurait être qu’une
bonne chose. Pour l’instant ceux qui viennent en touriste ou en mission ne sont que des fonction-
naires. Un homme d’affaire ne se promène pas n’importe comment. Lorsqu’il se rend quelque
part c’est qu’il y a quelque chose d’intéressant pour ses affaires.

Question : Lorsqu’on se promène dans Bafoussam on se rend compte qu’il n’y a aucun magasin
ou presque pas du tout de boutiques appartenant aux grecs et aux blancs comme ailleurs. Et
une bonne partie de l’opinion pense que les Bamilékés sont très intelligents et surtout après avoir
apprécié leur dynamisme, les autres ne veulent pas se risquer ici.
Réponse : Les gens disent et pensent n’importe quoi. La vraie raison est que les Bamilékés ne
consomment pas or la production doit être suivie par la consommation. Ce qui caractérise les
Bamilékés : C’est la thésaurisation. Ils aiment garder leur argent. Ils ne « mangent pas ». Ils sont
d’une prudence extraordinaire.
Conséquence tout le tissu commercial et même industriel en souffre. Si beaucoup de boutiques
faisaient leur comptabilité. Il y a longtemps qu’elles auraient fermé. Parce qu’elles sont perdantes.
Ce qu’on vend au marché permet juste d’entretenir les tontines. En tout cas aujourd’hui quatre
vingt dix pour cent des Bamilékés vivent dans l’oisiveté. C’est un marasme très important.
La seule activité qui produit un plus value reste le champ. Malheureusement beaucoup ont né-
gligé les travaux champêtres. Quand les Bamilékés travaillaient au champ, ils étaient forts et puis-
sants. Aujourd’hui, ils font une activité qui ne les convient pas à savoir la spéculation, ce qui les
entraîne dans la délation.

Question : Peut-être faudra-t-il multiplier les foires afin d’intéresser les populations à l’agriculture.
Et faire comme l’UCCAO l’a fait récemment : Récompenser et décorer les meilleurs agriculteurs.
Réponse : Aujourd’hui on peut reconnaître que le monde rural a échoué, l’urgence consiste à le
repenser, ceci passe par une étude minutieuse. C’est lorsque le problème sera bien posé qu’on

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va rechercher les solutions. C’est-à-dire les voies et moyens pour sortir de ce marasme. Ce que
l’UCCAO a fait était un projet mûri pendant longtemps, c’était un encadrement solide par des
gens qui croyaient à la production.

Question : A quand une grande bibliothèque à Bafoussam ? Encore que les ambassades, les
centre culturels, les donateurs divers pourront vous remettre des livres ?
Réponse : Les Bamilékés ne lisent pas. Ce ne sont pas les livres qui vont former les Bamilékés. La
priorité à Bafoussam n’est pas forcement les livres. En attendant nous verrons bien un jour ce
qu’il faudra faire.

CHAPITRE 25 : QUAND UN NEVEU DU DELEGUE PARLE DE SON ONCLE

Un neveu du Délégué en la personne de NZUNDIE KAMDEM Rigobert ci devant cadre à la com-


munauté à bien voulu répondre à certaines de nos questions.

Question : Le Délégué était-il un papa sévère, corrigeait-il rudement les enfants ?


Réponse : Je ne l’ai jamais vu battre un enfant, peut-être il les corrigeait autrement à savoir dimi-
nution de la ration ou de l’argent de poche.

Question : Les funérailles du grand-père NZUNDIE ont-elle déjà eu lieu ?


Réponse : On ne garde pas les deuils ici. Les funérailles de papa ZUNDIE mon homonyme ont
déjà eu lieu même ceux de ses épouses.

Question : Papa ZUNDIE se rendait-il à Bandjoun souvent dans la concession qui l’a vu naître ?
Réponse : Il s’y rendait régulièrement d’ailleurs beaucoup de ses frères encore en vie venaient ici
de son vivant. Et ils continuent à venir.

Question : Certaines de ses femmes vivent-elles encore si oui combien ?


Réponse : il y a six de ses épouses qui vivent encore.
Question : A la communauté pense-t-on relancer le tourisme ?
Réponse : Certainement, mais toujours est-il que nous regorgeons des sites touristiques : les
chefferies traditionnelles avec les musées royales (chefferies Baleng, Bafoussam, Bandjoun, Ba-
mougoum) ; la chute de la Metché, le lac Baleng, la grotte mariale de Bamougoum sont autant
des points d’intéressement au tourisme. En tout cas régulièrement avec l’ancien chef de service
technique qui n’est plus, paix à son âme. On négociait régulièrement les visites guidées avec des
entremetteurs depuis Toulouse, Paris et ailleurs.

Question : Comment appelle-t-on ce quartier ?


Réponse : TITCHAP.

Question : Et un peu plus loin.


Réponse : Je ne sais pas, mais du coté gauche on est à Tougang village.

Question : Quel rang de notabilité occupait papa ZUNDIE autrefois et le Délégué aujourd’hui à la
chefferie Baleng ?
Réponse : Comme papa ZUNDIE autrefois, le Délégué de gouvernement occupe la place pres-
tigieuse de membre des neufs notables à la chefferie Baleng.

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CHAPITRE 26 : MADAME MBOU NEE FOZE MODJOM MARTHE

On dit souvent à tout seigneur tout honneur. On dit aussi que derrière chaque grand homme se
cache une grande femme. Et certains disent aussi que derrière chaque grande femme se cache
un grand homme.

En tout cas il y a de cela quelque temps le groupement des femmes d’affaire du Cameroun an-
tenne de l’Ouest, a organisé ses élections traditionnelles. Le groupement des femmes d’affaire
du Cameroun n’est autre qu’une antenne de groupement des femmes d’affaire d’Afrique et du
monde.

Après une lutte acharnée et rude la très valeureuse épouse du Délégué du Gouvernement en la
personne de Mme MBOU née FOZE MODJOM Marthe a eu des responsabilités importantes.

CHAPITRE 27 : LA REUNIFICATION DU CAMEROUN A FOUMBAN

La proclamation de l’indépendance de la République Fédérale du Cameroun a eu lieu le 1er janvier


1960, à Yaoundé. Un an plus tard le 1er octobre 1960 c’est la Réunification du Cameroun à Foum-
ban.
L’Ouest est le berceau de la réunification du Cameroun.

L’artisan majeur de cette réunification restera JOHN NGU FONCHA.

C’est que ce grand homme donc les parents seraient partis de Bahock par Banganté département
du Ndé, il y a plusieurs années et se seraient installés à Bamenda (bali bahock) avaient fait toutes
ses études au Cameroun Occidental tout d’abord, au Nigéria ensuite pour finir à Londre, est de-
venu un grand leader politique et d’opinion, dans la partie anglophone du Cameroun : Il a été
l’un des grands défenseurs de la réunification, pendant que beaucoup voulaient être rattaché au
Nigéria. Il anima le discours fédérateur qui lui donna raison.

En réalité il n’avait jamais oublié ses souches Bamiléké. C’est qu’au village Bahock il y a plusieurs
années deux frères à la suite du décès de leur chef, de papa ne s’entendirent pas sur la succes-
sion. L’un devenant le chef et l’autre avec ceux de la population qui le supportait s’en alla très
loin. Si loin qu’il arriva à Bali Koumbat trouva de l’espace s’établit et fonda une grande dynastie.
Ce village c’est Bali Bahock. Et avec le temps ses descendants, retournent régulièrement à Bahock
par Bangangté faire leur coutume.

Foumban reste une grande citée touristique comme elle l’était déjà en ce temps là. John Ngu
Foncha ne vit plus paix à son âme. Mais son souvenir restera vivant à travers la conscience na-
tionale et au-delà des siècles comme celui à qui le Cameroun doit sa réunification. Tous les autres
Leaders de la partie Occidentale voulaient aller au Nigéria. Dieu merci les descendants de John
Ngu Foncha à savoir : fils, petit-fils et arrières petit-fils font la joie de ceux qui les rencontrent à
travers leur réussite sociale et professionnelle et surtout la très bonne éducation que leur a inculpé
leur très illustre grand-père et père.

CHAPITRE 28 : ORIGINE DES RECENTES GRANDES MIGRATIONS BAMILEKES

Lorsque les Bamilékés s’établirent sur la surface qui est la leur aujourd’hui. Le département du
Noun en superficie est plus vaste que tous les départements Bamilékés réunis. Ils ne savaient

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pas qu’un jour, ce sol fertile, ce climat accueillant, cette localisation en altitude qui sécurise, ces
multiples cours d’eau allaient être étroits face à la montée démographique.

La surnatalité est arrivée pour deux raisons fondamentales : La première le froid, la deuxième la
main d’œuvre pour les plantations et la défense du territoire. Et chaque famille s’exprimait par le
nombre de ses descendants.

Tout va très bien jusqu’au jour où les blancs arrivent. Ils ont des « bâtons qui crachent la mort »
les guerres tribales n’ont plus lieu. Les peuples se sédentarisent.

Les terres deviennent trop étroites pour les populations galopantes. C’est le début des grandes
migrations Bamilékés.

Elle commence par des personnes isolées et se poursuit en petit groupe pour devenir un phéno-
mène sérieux.

Elle est nationale à un moment donné dans tous les sens. C’est-à-dire au Sud, à l’Est, au Nord-
Ouest, au Sud-Ouest, à l’extrême-Nord, à l’Extrême Sud. Certains traversent les frontières pour
s’établir dans d’autres pays de la sous régions et même un peu plus loin. Ils ont à chaque fois le
même tempérament : Ils sont bons cultivateurs et plus tard le champ à travers ses produits fait
naître les boutiques, qui a leur tout produisent les bars et plus tard les boulangeries.

Certains Bamilékés trouvent l’Afrique trop petite pour les ambitions, ils prennent le bateau ou
l’avion et bonjour l’Europe, l’Amérique, l’Océanie et l’Asie.

Mais une chose les unit tous, leurs coutumes et leurs traditions. L’œil des ancêtres veille sur tout
le monde. Il est impératif de revenir au village faire ses coutumes quelque soit l’endroit où on se
trouve et surtout « le Corps d’un Bamiléké ne saurait séjourner ailleurs qu’à l’Ouest, sinon gare à
la malédiction qui peut s’abattre à tout moment sur les uns comme sur les autres ».

CHAPITRE 29 : ADDITIF SUR LES VELLEITES INDEPENDANTISTES

Lorsqu’on parle de Bafoussam, on pense à Bafang, à Bangangté, à Mbouda, à Dschang. Il y a


eu cette période noire avec le maquis. Avec tous ses valeureux hommes et femmes qui sont
morts. Ils étaient des milliers à mourir sans sépulture, ni obsèques.

Il s’en est suivi une période plus noire encore : La période du silence. Personne ne devait plus
parler de cette période trouble. Tout le monde devait oublier obligatoirement. Chacun devait pleu-
rer dans son cœur. Nul ne devait se confier à l’autre. Cette période fût plus dure encore : Parce
que l’émergence de la peur vit le jour. Les parents furent dressés contre les enfants, les voisins
furent dressés les uns contre les autres. Le gouvernement était convaincu qu’il fallait diviser pour
régner et qu’il fallait terroriser pour gouverner.

Lorsque vous entriez dans une vente à emporter comme on appelait à l’époque vous ne deviez
pas boire plus d’une bière auquel cas vous étiez un homme douteux. Il y avait comme cela des
personnes qui appartenait à la police sécrète qui vous doublaient voir même vous triplaient les
bières pour à la fin vous demander ce que vous pensez du régime, et de son président : El Hadj
Ahmadou Ahidjo. Un mot mal placé et vous étiez finis. C’est à dire qu’on ne parlera plus jamais
de vous. Pendant des décennies vingt heures ne trouvait personne hors de sa maison.

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Comme après la pluie vient le beau temps ; l’Ouest a connu son âge d’or. Le cours du café a
atteint le niveau record. Les paysans étaient bien payés. Tous les enfants allaient à l’école.

Cependant aussi bien payés qu’il soit le revenu de l’agriculteur de l’Ouest ne valait même pas le
tiers de celui de l’agriculteur ivoirien.

C’est qu’il avait été créé par l’Etat le plus grand symbole de l’escroquerie moderne. La caisse de
stabilisation de produits de base. C’est dans cette caisse qu’on gardait l’argent du café, c’est-à-
dire le surplus qu’on devait remettre aux paysans de l’Ouest et même du Cameroun, au cas où
le cours du café viendrait un jour à chuter effectivement. Tout cela était beau.

Plus tard en lieu et place de la caisse de stabilisation fût créé l’office nationale de commercialisa-
tion de produits de base l’esprit était le même.

Lorsque le cours du café vient à chuter effectivement et atteint son niveau le plus bas, « cette
caisse était si vide qu’il n’y avait même pas de quoi à défaut de désintéresser les paysans, payer
les frais de liquidation du personnel, de grèves en grèves on remit à certains employés de l’office
des chèques sans provisions ».

A partir de cette période, l’Ouest connu le monde sous un autre jour : noir et triste. Si avant ne
pas envoyer un enfant à l’école était un sacrilège à cause de la chute du café, ne pas envoyer
son enfant à l’école devenait la mode. Parce que le café était la principale source de revenu du
paysan et dans tout cela le café, plante gourmande avait puisé pendant les décennies les res-
sources vitales du sol, bref le café avait appauvri considérablement le sol, compromettant du
même coup la possibilité de vulgariser les cultures vivrières en lieu et place du café pour ne pas
mourir de faim.

CHAPITRE 30 : UNE ATTITUDE DE LA JEUNESSE

Aujourd’hui la deuxième, voir la troisième génération est plus audacieuse. Elle n’a pas peur. Elle
est courageuse et téméraire. Elle crie haut et fort ce qu’elle pense. C’est une jeunesse fâchée qui
crie le ventre vide, le désespoir dans l’âme. C’est une jeunesse instruite qui chante son désespoir
et qui après meurt de maladie, de famine, de souffrance, et de soucis. Aujourd’hui à l’Ouest ce
sont les parents qui enterrent les enfants et non l’inverse comme cela devait être.

Entre temps des nouvelles églises font leur apparition, ces églises crient et tempêtent sur les toi-
tures et appellent de toutes les force Dieu pour qu’il agisse tout de suite et obligatoirement de
gré ou de force.

CHAPITRE 31 : UN OFFICIER VICIEUX

Un officier français du temps du maquis se rendit compte qu’un rebelle ne valait même pas une
balle. Alors il eût l’idée ingénieuse d’emmener tout le monde à la chute de la Metché, chaque
fois qu’on lui emmenait un groupe de maquisards.

Alors ils les poussaient au fur et à mesure dans la chute et chacun allait se fracasser sur les ro-
chers à des centaines de mètres au fond. Il envoya comme cela à la mort des milliers de per-

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sonnes. La technique était simple, on alignait les rebelles devant lui. Ces rebelles étaient escortés
par des soldats indigènes.

Cet officier poussait juste et chacun allait au fond de la chute mourir à une vitesse effroyable. Cela
se passa ainsi jusqu’au jour où un maquisard s’accrocha sur cet officier français et ils partirent
s’écraser ensemble au fond de la chute. Et depuis ce jour là le spectacle effroyable de la chute
de la Metché prit fin.

Ce rebelle courageux s’appelait FOSSI. Et parce que ce jour là tous ceux qui suivaient devinrent li-
bres. Le plus proche de lui, un homme originaire de Bansoa de retour eût un fils avec son épouse
il donna à ce fils le nom de FOSSI en souvenir de ce vaillant maquisard qui était allé mourir avec
le soldat blanc. Il est un grand homme d’affaire en même temps un grand entrepreneur. L’un des
plus grands entrepreneurs camerounais de l’heure.

NB : Nous tenons cette information du livre de Monsieur LELE Ancien Président du Conseil Muni-
cipal de Bafoussam.

CHAPITRE 32 : COMMENT LES CHEFS BAMILEKES SE DESOLIDARISERENT DES INDEPENDANTISTES

En ce temps là, alors que les mouvements de contestation battaient leur plein, le chef de région
de l’Ouest en la personne de Pierre MESSMER réunit à Bafoussam tous les chefs Bamiléké et leur
tint le discours suivant : « Chers messieurs, je vous ai réuni ici pour vous informer que ceux
qui arrivent avec leur UPC (Union des Populations du Cameroun) sont dangereux pour vos
pouvoirs. Ce sont des communistes. Ils veulent que désormais il n’y ait plus de caste. Ils prô-
nent l’égalité à tout bord. C’est pour cela que vous devez les combattre par tous les moyens
il y va de votre grandeur et de votre hégémonie……… »

Lorsque les chefs se désolidarisèrent des maquisards leur réaction ne se fit pas attendre. Plusieurs
chefferies furent brûlé en représailles. Certains chefs perdirent même leur vie.

Comme beaucoup de maquisards étaient analphabètes ? Ils tuaient et allaient se confesser aux
prêtes lesquels transmettaient à la force de l’ordre.

Lorsque les maquisards se rendirent compte de la supercherie des prêtes ils entreprirent de les
tuer et même de brûler les églises. Certains prêtres comme par miracle s’en sortirent c’était le
cas de l’abbé SIEWÉ à toumi par Bamendjou. Lorsque les maquisards firent irruption. Ils sortirent
la machette pour couper le prêtre et à ce moment-là le boy du prêtre sortit et demanda à ce
qu’on le tue au lieu de tuer le prêtre ce qui fût fait. Le boy du prêtre sera enterré à l’église. Sa
tombe y est encore aujourd’hui. Il s’appelait SOH.

Il y a de cela quelques années le chef Bamendjou s’est rendu à Rome pour demander au feu
pape sa sainteté Jean Paul II la béatification de cet homme.

CHAPITRE 33 : BAFOUSSAM AU LENDEMAIN DE LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE

Au lendemain de la deuxième guerre mondiale les usines en Europe tardent à se remettre sur
pied. L’histoire nous dit qu’il y avait un plan de reconstruction de l’Europe qu’on appelait plan
Marshall.

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Mais par contre, en Afrique plus précisément à Bafoussam c’est l’époque de la pénurie. Tout est
rare et tout est cher. Mais les gens font avec en attendant les plus beaux jours. Le sucre par exem-
ple était un luxe on prenait le café sans sucre.

L’un des faits marquants des années quarante et cinquante étaient que les blancs les plus pau-
vres avaient au moins six employés indigènes, il y avait un gardien du jour et un gardien de nuit.
Il y avait un boy et un petit boy. Il y avait un cuisinier et un aide cuisinier. Le petit boy était sous les
ordres du boy et l’aide cuisinier était sous les ordres du cuisinier. Les blancs les plus riches pou-
vaient avoir jusqu’à vingt domestiques.

Au moment des indépendances il y a eu beaucoup de malentendus. Beaucoup d’européens ont


préféré retourner dans leur pays d’origine. C’est le cas dans le Mungo où ils ont préféré céder
leur exploitation aux Camerounais.
Leur inquiétude était due au fait que la xénophobie ambiante était très grande. Au point ou cer-
tains européens assassinés de façon les plus dramatiques. Même comme on comptait un mort
blanc pour 1000 morts noirs. Mais les plus téméraires disaient que l’indépendance n’était qu’une
poudre aux yeux. Ils disaient qu’avant et après l’indépendance était pareil. Ceux-là c’étaient des
grands hommes importateurs qui vivaient dans des grandes villes.

CHAPITRE 34 : LES BAMILEKES AUJOURD’HUI

Nous ne saurons clôturer sans saluer le rayonnement de ces hommes originaires de l’Ouest donc
les prouesses honorent leur région d’origines. Ils sont très connu pour certains à l’instar de FOTSO
Victor, KADJI Defosso, FOKOU, QUIFEUROU, AFRIQUE CONSTRUCTION, BLAISE PASCAL TALLA de
« Jeune Afrique Économie », SIMO qui est cadre à MICROSOFT, CHATUE Emmanuel et bien
d’autres. Ils sont en France, en Russie, en Allemagne, en Angleterre, en Australie, aux Etats Unis
pour ne citer que ces pays ils font dans tous les métiers : Médecins, hommes d’affaire, profes-
seurs, débrouillards, etc. Ils sont dans beaucoup de pays africains. Comment ne pas être sensible
à cette jeune dame qui a un capital de cent cinquante taxis renouvelables tous les six mois et qui
fait les beaux jours de l’économie Gabonaise en la personne de Rosy MEMBOT MENKOUEN ori-
ginaire de Baleng que ces compatriotes en ont même fait une Reine.

Comment ne pas admirer particulièrement FOTSO Victor, premier homme d’affaire du Cameroun,
du Mali, du Libéria, etc. et qui en plus s’évertue à développer à fond propre Bandjoun sur le plan
religieux avec la construction des églises catholiques et protestantes dans chaque quartier, sur
le plan intellectuel avec la construction et la remise à l’Etat d’une université, sur le plan infrastruc-
turel avec la construction de la Mairie, de la préfecture, du foyer de Bandjoun, de la construction
des routes bitumées et goudronnées.

Comment ne pas être sensible aux prouesses des hommes comme KADJI Defosso premier bras-
seur national du Cameroun.

Comment ne pas féliciter Garanti express, Amour Mezam,


Congelcam, Poissonnerie populaire, FOKOU, QUIFEROU ;
Et toutes ces autres personnes que mille pages réunies ne suffiront pas à contenir et qui se re-
connaissent, que ces braves personnes trouvent ici l’expression de notre grande admiration et
de toutes nos modestes félicitations et qu’ils se souviennent que l’oiseau à beau voler il finira tou-
jours par se poser sur un arbre et cet arbre c’est là où l’on est venu au monde. L’Ouest compte
sur eux et les attend pour son développement.

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CHAPITRE 37 : QUESTIONS – REPONSES

Question : Il y a beaucoup d’expatriés surtout les européens qui sont convaincus que les Bami-
lékés sont très intelligents, qu’ils sont même les plus intelligents du Cameroun, êtes-vous de leur
avis ?
Réponse : Aujourd’hui, on peut dire à haute et intelligible voix, que se sont des préjugés. Autrefois,
en avait une philosophie qui permettait aux autres de nous respecter, quand le Bamiléké donnait
sa parole on prenait cela au sérieux. Malheureusement, on trompe les gens dans les tontines
tout est fini, on ne croit plus en nous on n’a perdu tous nos repères.

Question : Pourtant beaucoup disent que, les Bamilékés sont les plus riches du Cameroun ?
Réponse : Autrefois on disait que les Bamilékés étaient les plus riches. C’était peut être vrai. Mal-
heureusement aujourd’hui on est les derniers. Tout ce que nous voyons ne sont que des masques.
Les richesses sont ailleurs. En tout cas ces richesses ne sont plus entre les mains des bamilékés.
Les Bamilékés ne sont plus classés, ils y a les riches dans d’autres régions.

Question : Peut-être devons nous voir du coté de la relance du tourisme à l’Ouest ?


Réponse : Il y a une politique nationale qui concerne le tourisme tout au moins c’est ce que nous
avons longtemps pensé. Et cette politique ne saurait se limiter à une région. Et pour réussir une
politique nationale du tourisme, il faut que les Camerounais consomment leur produit touristique,
en se promenant dans leur propre pays. Ce qui reste difficile pour plusieurs raisons : le coût élevé
des hôtels, l’impraticabilité des voies d’accès, l’incertitude du transport aérien, le coût du voyage
par route et par chemin de fer élevé, l’insécurité ambiante.

Enfin les Camerounais n’aiment pas découvrir beaucoup n’aiment pas voyager de façon désin-
téressée. En tout cas l’Ouest a beaucoup de choses à montrer, ce sont nos chefferies tradition-
nelles, nos musées royaux, les chutes, les grottes, les centres artisanaux, le relief atypique et bien
d’autres.

Question : A propos des jumelages avez-vous quelque chose à ajouter ?


Réponse : Etant donné que le Cameroun dispose de plusieurs Communautés Urbaines et de
plusieurs Communes d’arrondissements, nous avons longtemps pensé à notre niveau que c’est
le gouvernement central qui devait organiser les jumelages cela par l’intermédiaire du ministère
des affaires étrangères. On s’est dit aussi que si chaque commune devait voyager le coût serait
trop élevé.

En attendant la communauté urbaine de Bafoussam et ouverte à toute proposition provenant de


ses ressortissants qui sont dans les quatre coins du monde, et puis nous sommes convaincus
que comme nous, ils aiment bien leur ville natale.

Question : Si des organisations non africaines devaient aider Bafoussam, pourquoi insisteriez-
vous sur l’acquisition ou le don du matériel neuf ?
Réponse : à cause de l’expérience. L’entretien du matériel de deuxième main nécessite beaucoup
d’investissement. Nous avons beaucoup de Camions et de matériel de travaux publics qui nous
coûtent énormément chers à l’entretien, parce que vieux et obsolètes, le matériel neuf reste l’idéal.
Si le matériel indien dont on nous a parlé à la télévision arrivait nous serions très satisfaits. Même
à titre privé ce matériel pourra être loué aux usagers. Afin que les frais d’entretien soit supporter
par les recettes de location.
Personnellement je serais le premier demandeur puisque j’ai des hectares dans le Noun (du coté
de Baleng). Ce qui est sûr c’est qu’en louant ce matériel, on pourra amortir les coûts d’achat.

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Question : Votre neveu disait l’autre jour que vous n’êtes pas de ceux qui pensent qu’en matière
d’éducation, il faut frapper sur les enfants, même comme en ce temps là c’était une pratique à la
mode. Qu’en dites-vous ?
Réponse : Je n’aime pas battre sur les enfants. Je ne suis pas d’accord sur cette forme d’éduca-
tion. Chez moi j’organise une réunion sur un sujet ou plusieurs sujets précis on discute jusqu’à ce
qu’on arrive à un résultat : Et cela quel que soit l’âge de l’enfant. J’organise des réunions réguliè-
rement et cela sur des leçons bien précises.

Question : Pourquoi les funérailles de votre papa ont-elles eu lieu aussi rapidement ?
Réponse : Pour plusieurs raisons. Mais auparavant il faut savoir que nous avons aussi déjà or-
ganisé les funérailles de toutes nos mamans ainsi que ceux de nos frères et sœurs qui ne vivent
plus.
Il faut dire d’abord que chez nous on ne garde pas les deuils d’une part, et d’autre part j’étais
bien préparé financièrement et matériellement pour assumer. D’autres part garder les funérailles
coûteraient trop chers avec l’inflation ambiante.

Question : Quel rang occupait papa en tant que notable à la chefferie Baleng ?
Réponse : Papa était Souop à la chefferie Baleng. Et quand je suis arrivé, on a ajouté Wembé. Ce
qui donne Wembé Souop. Les Souops sont attribués à la lignée des princes. Par contre les Wem-
bés sont attribués à la lignée des Wallas et des Tchindas. C’est vrai qu’à Bandjoun cela ne se
passe pas comme cela.

CHAPITRE 38 : UN WEEKEND ORDINAIRE CHEZ LE DELEGUE

Chaque Weekend, des milliers de personnes viennent au domicile de Monsieur le Délégué pour
poser leurs doléances : Certains ont des problèmes de santé et demandent de l’argent pour
acheter des médicaments, d’autres viennent par ce qu’ils ont des problèmes de tout ordre (fami-
liale, emploi des enfants, alimentation, …). Au mieux de ses possibilités, il essaye de satisfaire
les uns et les autres. Et quelque fois quand il n’a vraiment rien il dit tout simplement la vérité et
ceux là retournent chez eux.

CHAPITRE 39 : LE PARDON DU DELEGUE

Lorsqu’on a passé plusieurs années à gérer des hommes, à


Coup sûr on s’est fait quelques amis et aussi beaucoup d’ennemis, ce sont soit des jaloux, ce
sont aussi des gens qui ne vous ont pas compris. À ces derniers notamment ceux qui ne l’ont
pas compris, il demande que ceux là le pardonnent.

CHAPITRE 40 : UNE PAGE D’HISTOIRE

Lorsqu’il vint au monde en 1939, la deuxième guerre mondiale est lancée en Europe. Quelque
temps après, le général Leclerc débarque à Douala il recrute les travailleurs depuis la côte et tout
au long de son parcours, il recrute de gré ou de force les hommes valides.
A Bafoussam il fera de même. Il prend de force le matériel roulant ainsi que les vivres. Et pendant
les six ans que va durer la guerre, tous les Européens à l’Ouest ont les yeux tournés vers l’Europe.
Ce sont les administrateurs coloniaux et les missionnaires, ce sont tous ceux dont l’état de santé,
ainsi que les conditions physiques (âge et état physique réel) ont éloigné de la guerre.

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Une fois la guerre terminée s’en suivra une grande pénurie. C’est la période de la reconstruction
de l’Europe. A Bafoussam comme partout ailleurs les prix des produits importés explosent. L’his-
toire raconte qu’en ce temps là une grande fabrique des chaussures européennes envoya deux
de ses commerciaux faire une étude de faisabilité sur la vente de leur chaussure au Cameroun.
A leur retour le premier déclara que vendre les chaussures au Cameroun ne valait pas la peine
parce que les africains marchaient tous nu pieds. Le rapport de l’autre commercial stipulait que
l’Afrique était la meilleure chance par ce que tout le monde aura besoin de chaussures. Ce dernier
eût raison, puis qu’aujourd’hui nous sommes tous chaussés.

Tout ceci ou bien tout cela pour dire que Bafoussam reste et demeure un paradis pour tout in-
vestisseur éventuel.

CHAPITRE 40 : EXHORTATION A LA LECTURE

Un européen disait un jour « lorsqu’on veut cacher quelque


Chose à un africain il faut le mettre dans un livre ». On espère tout simplement qu’une fois la bi-
bliothèque municipale réouverte les gens s’intéresseront à la lecture. Parce que l’autre vrai ma-
laise à l’Ouest, c’est qu’une fois l’école terminée les gens ne s’intéressent plus à la lecture ou bien
pas assez.

CHAPITRE 41 : L’ORIGINE DU NOM BAMILEKE

Le préfixe ba à l’Ouest signifie les gens de. En effet ce préfixe serait venu du département du
Ndé, plus précisément de Bangangté et Banganté signifie les gens de Ganté. Et il faut dire que
« Gangté » signifie « a refusé l’esclavage ». de toutes les langues vernaculaires à l’Ouest il n’y
a que dans la langue Bangangté que le préfixe « BA » signifie « les gens de ». Ainsi on a les Ba-
foussam pour dire les gens de Foussam ». les Bandjoun pour dire les gens de Djoun. Les Bafang
pour dire les gens de Fang. Les Batoufam pour dire les gens de toufam et tous les autres qui
commencent par Ba de la même manière qu’à la cote du Cameroun on dit les Bona pour dire
les enfants de. C’est ainsi donc qu’on parle des Bonanjo pour dire les enfants de Njo, Bonabéri
pour dire les enfants de Béri, Bonamoussadi pour dire les enfants de moussadi.

Mais là où on veut arriver, c’est essayer d’expliquer le vocable Bamiléké. Les gens de miléké pour
certains ce sont les gens de l’autre côté. Pour d’autres ce sont les gens qui vivent sur les collines.
Cette deuxième version semble la plus plausible ce d’autant plus que l’Ouest ce sont les Hauts-
Plateaux, comme le définissent les géographes.

Mais aussi il y a un autres vocable qui est très utilisé pour nommer les originaires de l’Ouest c’est
le terme « Grassfield ».

Comment ont-ils hérité de cette autre appellation. En réalité cela dure depuis près de soixante
dix ans. C’est que les habitants de la côte, du côté anglophone, notamment ceux du Sud-Ouest,
nommaient ainsi les habitants du Nord-Ouest. Il y avait donc une sorte de confusion du contenu
par le contenant. Ce d’autant plus que « grasfield » signifie savane. Ou encore paysage des
herbes. C’est pour cette raison que l’Ouest a hérité comme cela, peut être par erreur, peut être
par transposition, peut être par affinité multiforme à savoir traditionnelle, coutumière, linguistique,
historique, géographique avec le Nord-Ouest de ce vocable.

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Comme beaucoup de peuples africains les gens de l’Ouest ont connu dans leur histoire des
grandes migrations. Selon certains ils seraient venus du Soudan, selon d’autres ils seraient venus
du Nord. En tout cas ils vivent sur ce site où ils se sont d’ailleurs stabilisés depuis près de quatre
cent ans. Mais aujourd’hui, tout le monde a écrit, tout le monde a réfléchi sur les causes et les
raisons profondes du dynamisme Bamiléké, chacun y est allé de sa manière. Pour certains ce
dynamisme était essentiellement morphologique, pour d’autres ce dynamisme est structurel,
pour d’autres ce dynamisme est inné. Au moment des indépendances un français a dit que : «
les Bamilékés sont comme une pierre dans la chaussure du Cameroun »

Mais aujourd’hui avec les brassages culturels multiformes le Bamiléké d’aujourd’hui est-il comme
le Bamiléké d’hier ?

Au-delà des incompréhensions seules la détermination ultime permettra à chaque peuple de


survivre et de ne pas disparaître. Et comme disent les anciens le seul facteur qui a permis aux
Bamilékés de briser les barrières de la haine, du mépris et de l’histoire : c’était le travail.

CHAPITRE 41 : QUESTIONS – REPONSES

Question : A votre avis y a-t-il en dehors de ce qu’on sait d’autres justifications au dynamisme
Bamiléké ?
Réponse : La dureté des conditions de vie sur les montagnes peut être une explication. Lorsqu’on
vit en altitude les conditions de vie ne sont pas faciles ; Même les Européens sont ce qu’ils sont
aujourd’hui parce que l’hiver là-bas était très rude. Et même plus proche de nous, les jeunes des
villages Bapi et Baleng ne réagissent pas de la même manière que ceux de bandjoun, de Batié
et de Bayangam. La raison c’est que les jeunes de Baleng et de Bapi par exemple ne font pas
beaucoup d’efforts pour se nourrir, leur sol est très fertile alors qu’ailleurs le sol est plus hostile.

Question : La tradition voudrait qu’à l’Ouest, quand on est un grand notable comme vous, ou en-
core lorsqu’on occupe des grandes responsabilités on doit avoir plusieurs femmes or vous n’en
avez qu’une, qu’est-ce qui traduit cette attitude ?
Réponse : On doit être comptable des actes qu’on pose. On doit analyser tout ce qu’on fait. On
ne doit pas se comporter comme des insensés c’est-à-dire en faisant du suivisme.
Déjà une femme, ce sont des problèmes énormes. Si on multiplie les femmes, on multiplie aussi
les problèmes. L’idéal à la fin serait d’avoir une seule femme.

Question : Croyez-vous qu’on puisse aimer certains enfants plus que d’autres ?
Réponse : Il y a des enfants qui créent un climat d’hostilité. Mais en clair un père de famille ne
saurait aimer certains enfants plus que d’autres. Tous les enfants devant leur papa sont aimés
de la même manière et occupent la même place dans le cœur de leur géniteur.

Question : Quels sont à votre avis les caractères d’une bonne femme ?
Réponse : Il n’existe pas de femme idéale, de même qu’il n’existe pas d’homme idéal. La princi-
pale leçon qu’on peut donner à un homme qui va se marier ou à un homme déjà marié est qu’il
faut supporter, de tout temps la vie à deux n’a jamais été facile. Et aujourd’hui comme hier et
même comme demain on ne va pas recréer le monde.
Question : Croyez-vous au destin ?
Réponse : Je crois que le destin existe. Dieu a créé le monde. Et chacun vient au monde avec
son destin en main.

SAMUEL MBOU
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Question : Comment fonctionnez-vous en matière de programme ?


Réponse : Je fais des petits programmes à court terme et régulièrement je m’assure que cela
évolue et tous les mois, j’évalue le degré d’avancement de ce qu’il y avait à faire et surtout de ce
qui reste à faire. En tout cas je fais tout pour réaliser ce que j’ai prévu faire.

Question : Quels sont vos plus beaux souvenirs ?


Réponse : Rien ne me monte à la tête. Je ne sais pas si j’ai des grands souvenirs. En tout cas je
relativise tout, rien ne me monte à la tête. Tout ce qui arrive de bien, je me dis tant mieux.

Question : Avez-vous des préférences particulières ?


Réponse : Je n’ai jamais eu de passion particulière. Même aujourd’hui je n’ai pas de préférences
pour telle ou telle chose.

Question : Vous êtes un Chrétien pratiquant. Si on va du principe que le miracle existe alors si le
Seigneur jésus Christ apparaissait devant vous aujourd’hui et vous disait qu’il était prêt à vous
donner tout ce que vous lui demander que lui demanderiez-vous ?
Réponse : Je lui demanderai de me donner une bonne santé, parce qu’avec la bonne santé on
peut aller n’importe où.

Question : Avez-vous beaucoup d’amis ?


Réponse : Pas vraiment. On est dans une société où la jalousie est récurrente et où les gens ai-
ment la médisance et les gens aiment traiter les sujets qu’ils ne maîtrisent pas. Cependant il y a
quelques amis d’enfance comme Monsieur KAMWA Maurice avec qui je vivais chez Monsieur
TAGNY Janvier, il y a plus de cinquante ans à Yaoundé.

Question : On a souvent dit que les réfections et la construction des routes sont du ressort : du
ministère des travaux publics, du ministère de la ville, des maires et des communautés urbaines,
mais vu l’état avancé des dégradations de nos routes, on se dit qu’en baptisant les rues sur les
opérateurs économiques par exemple, avenue tel sur deux cent mètres, ces derniers pourront
arranger leur rue ?
Réponse : Ce ne serait pas une bonne solution parce que l’arrangement des routes coûte énor-
mément cher. Les réfections des routes en ville incombent à l’Etat. Les entreprises peuvent arran-
ger les routes interurbaines et récupérer au bout d’une certaine période sur les péages. Mais là
c’est une autre histoire.

Question : Si un de vos collaborateurs fait une faute et par la suite vous demande pardon sera-
t-il sanctionné ?
Réponse : Quand on pose un acte préjudiciable on doit être sanctionné. Le pardon ne résout
rien. Si un magasinier prend des marchandises et va avec ou encore s’il perd des marchandises
le seul pardon qui puissent tenir, c’est qu’il ramène ces marchandises sinon il va en prison.
C’est vrai que dans la vie le pardon existe. Mais il faut que ce pardon soit demandé à temps. Si
un caissier vole de l’argent il faut bien qu’il rapporte cet argent avant que la procédure judiciaire
ne soit engagée sinon il sera trop tard. S’il s’agit des biens de l’entreprise ou de la communauté,
que l’employé a dérobé le pardon ne va jamais réparer le préjudice.

Question : Si des investisseurs venaient à vous rencontrer et souhaitaient investir à Bafoussam


où les orienteriez-vous, existe-t-il un site prévu à cet effet ?
Réponse : Une zone industrielle a été prévue à Bafoussam notamment du côté de la coopérative
(c’est l’ancienne zone où on expérimentait les cultures de café). Vous savez Bafoussam est une
grande vitrine. Tout investissement ici ne serait qu’une bonne chose.

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Question : Veuillez nous expliciter la notion de Wembe Souop à Bandjoun.


Réponse : On n’est pas Wembe souop, on est soit wembé, soit souop, jamais le deux à la fois.

Question : Dans beaucoup de familles à l’Ouest beaucoup de personnes ont participé à la


deuxième guerre mondiale. Connaissez-vous des cas dans votre famille ?
Réponse : Mon père fût arrêter et au moment de l’emmener, il fut abandonner parce que sa taille
ne correspondait pas aux dimensions requises. Bref c’est sa petite taille qui l’a sauvé de cette
aventure périlleuse. Par contre son demi-frère a participé à la guerre et il est revenu vivant.

CHAPITRE 42 : IL FAIT BEAU VIVRE A BAFOUSSAM

Le coût du loyer à Bafoussam est l’un des plus bas du Cameroun. On trouve les maisons de trois
chambres, deux douches internes avec salon, véranda, une cour et dans une barrière à trente
mille francs CFA par mois. Trois gros doigts de bananes mûres et bien jaunes coûtent cinquante
francs CFA.

On part du centre ville à tous les recoins de Bafoussam à cent francs CFA. Un euro = six cent cin-
quante francs CFA. Le régime de banane plantain coûte au marché 1000 francs CFA.

En tout cas on retrouve sur le marché tous les vivres du Cameroun à un prix très modéré. Le climat
ici est très clément. Il ne fait jamais chaud. L’eau de robinet et même des rivières est toujours
fraîche.

Mais il y a une idée très répandue ici, beaucoup pensent que l’état détestent les Bamilékés et fait
tout pour leur mettre les bâtons dans les roues. Il en est ainsi des Bamilékés de la province de
l’Ouest comme ceux du Cameroun ;

Dans leur combat pour la vie et la survie ils sont soumis à un test très difficile, conséquence ils
font un genre de compétition où ils ne doivent pas être premier de peur d’être conspuer, ils ne
doivent pas être derniers de peut de mourir. En tout cas ils doivent être parmi les meilleurs sans
être les premiers. Au quotidien, ils affrontent les difficultés comme tout le monde, mais en plus la
haine, le mépris avec le déferlement fiscale-douanier, administratif, répressif et bien d’autres.
Mais à la fin ils ne comprennent pas pourquoi, plutôt ils s’adaptent et font avec. L’administration
centrale à Yaoundé gagnerait beaucoup à mieux comprendre cette franche importante de la po-
pulation. Parce que : « un innocent qu’on punit est un révolté qu’on gagne » et l’on ne saurait bri-
mer les gens indéfiniment. Il y a aussi l’individualisme qui sévit. Autrefois la solidarité était de
mise. On raconte même qu’autrefois les premiers Bamilékés qui sont devenus très riches, le sont
devenus grâce aux tontines et au-delà des cotisations financières, il y avait un aspect plus im-
portant : Chaque jeune avait un parrain dans la réunion qui le suivait partout et qui s’occupait de
son édification psychologique, sociale, professionnelle et même familiale. Ce qui signifie que c’est
le parrain qui vous choisissait un genre de commerce à effectuer, qui vous aidait à vous marier,
qui vous assistait dans la construction de votre logis, c’est lui qui vous empêchait de faire des
abus (alcool, alimentation)

Mais au-delà de tout cela il y a que Dieu avait prévu que chaque composante devait jouer son
rôle spécifique. Par exemple les Bamilékés produisent mais ils ne consomment pas, ils font beau-
coup plus de la thésaurisation alors que les autres tribus consomment ce que eux les Bamilékés
ont produits.

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S’il n’y avait que les Bamilékés, l’économie se porterait très mal et s’il n’y avait que les autres, ce
serait la même chose. L’interdépendance est de mise. Les enfants d’un même pays sont plus que
jamais condamnés à être ensemble au-delà de tous les clivages, de tous les malentendus et de
tous les préjugés.

CHAPITRE 43 : QUESTIONS - REPONSES

Question : Est-ce que les hommes d’affaires vous demandent souvent des conseils lorsqu’ils ar-
rivent ici puisque vous êtes le gardien du terroir ?
Réponse : Quand les gens atteignent un certain niveau, ils deviennent orgueilleux. Au lieu de se
présenter en demandeurs de conseils, ils deviennent plutôt donneurs de leçons. Pour eux avoir
de l’argent signifie qu’on est très intelligent.

Question : Pensez-vous qu’il y a d’autres raisons en plus de ce que vous avez déjà dit qui freine
l’économie de l’Ouest ?
Réponse : Personne ne veut faire des recherches, personne ne veut innover, on attend que cer-
tains commencent et on suit. Avec cette attitude il est difficile d’avancer.

Question : Quel est l’impact des funérailles sur la vie socio-économique ?


Réponse : On thésaurise, on se fait des privations énormes pour attendre les funérailles. Le coût
des funérailles est très élevé. On a plus peur des yeux de voisines, amies et autres relations que
des ancêtres pour qui ces manifestations sont destinées. Il faut en plaine campagne construire
une grande maison pour accueillir les gens. Une maison qui coûte une fortune, et où on ne vivra
jamais.
Derrière les funérailles, il y a beaucoup plus ce qu’on appellerait le prestige, afin que les gens
aillent dire que chez un tel on a fait un grand deuil.

Question : Le commerce a-t-il de longs jours devant lui à l’Ouest ?


Réponse : Toute sa vie, mon père était un commerçant, si je n’étais pas arrivé à temps il se-
rait mort plutôt que prévu. Parce qu’au crépuscule de sa vie, il n’avait plus rien. Quand il était ma-
lade et se retrouvait dans une clinique je prenais tout en charge.
Tant qu’il n’y a pas de diversification le commerce n’aura pas de longs jours devant lui en tout
cas le salut viendra de l’industrie.

Question : Pourquoi à l’Ouest la médisance est-elle si répandue ?


Réponse : Les gens n’ont pas le temps de se cultiver. Ils sont pleins au marché. Ils font 50 ans de
marché et quand ils sont malades, il n’y a pas de quoi acheter les comprimés. Si quelqu’un est
vraiment occupé, il ne peut pas passer son temps à parler mal de l’autre, puisqu’il va être concen-
tré dans ce qu’il fait. Le commerce c’est l’art d’acheter et de revendre en vue de faire un plus
value, le sens du marché ne s’applique pas parce que très souvent ils revendent à vil prix. Jules
Romain disait : « Les esprits d’élite discutent des idées, les esprits moyens discutent des évè-
nements, les esprits médiocres discutent des personnes ».

CHAPITRE 44 : PETIT CONSTAT

L’un des freins au développement de l’Ouest reste l’individualisme. Les gens n’ont pas compris
que seule l’union fait la force. Même au niveau des pays on ne parle plus qu’en termes d’union,
qu’est ce qui fait qu’un commerçant fasse le tour du monde pour acheter des marchandises alors
que mille commerçants feraient venir plusieurs bateaux en envoyant un seul des leurs. Ce qui

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réduirait considérablement les coûts. Les commerçants devraient impérativement avoir une cen-
trale d’achat, avant d’arriver incontournablement vers la construction des usines. En plus il faut
se recréer. Pourquoi les commerçants de l’Afrique de l’Ouest lorsqu’ils arrivent dans un quartier
prennent-ils tous les clients ? Pour plusieurs raisons :
- Les parents ne vont jamais à la boutique, pour acheter quoi que ce soit, ils envoient les enfants.
Aux enfants, les « Aladji » remettent les bonbons, les biscuits, conséquence l’enfant reviendra tou-
jours.
- Quand il faut charger le pain ou le gâteau ils mettent plein de chocolat, plein de beurre, plein
de mayonnaise etc. en tout cas c’est une conséquence immédiate des centrales d’achat les «
maguidas » s’entendent pour faire venir les bateaux qu’ils se partagent.
- Pourquoi les cafétérias sénégalo-maliens et nigériens marchent mieux que tous les cafétérias
à cause du lait, ils mettent le lait au point où le client estime même qu’il le trompe. Or il ne perd
pas, puisqu’ils achètent à la centrale. Or le lait étant le produit d’appel, il peut ainsi écouter les
spaghettis, les omelettes et autres.

CHAPITRE 45 : BAFOUSSAM AUJOURD’HUI

La population de Bafoussam était de 113 681 habitants en 1987. Ensuite elle a été de 242 000 en
2001 pour se retrouver à 347 517 en 2008 soit une augmentation de 5,31 % sur la période de
2001 – 2008. Mais à la communauté urbaine on l’évalue à 500 000 habitants.

Cette commune fût fondée en 1926. Elle est gérée par un délégué du gouvernement nommé par
le président de la République.

Bafoussam en Bamiléké signifie Fù’sap (Fù’, sâ) trésor de la tranchée. C’est aussi la terre à côté
de la tranchée qui séparait les Bamouns et Bafoussam actuel.

Parce que cette terre était très riche, on appela cette terre Fù’sap.

Bafoussam compte près de 6 Lycées à savoir : le Lycée Classique de Bafoussam ; le Lycée Bilingue
de Bafoussam ; le Lycée Technique de Bafoussam ; le Lycée Bilingue de Baleng ; le Lycée de
Ngouache, le Lycée de Ndiangdam.

Pour ce qui est des collèges privés, on a le collège de la réunification, Polyvalent Bilingue Martin
Luther King, La Confiance, La Noblesse.

SAMUEL MBOU
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UN HOMME D’EXCEPTION

SAMUEL MBOU
* Directeur Général de la CAPLAMI 1970 – 2002
(32 ans au service du monde rural)

Deuxième Partie

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INTRODUCTION

La CAPLAMI était la mamelle nourricière de toute la MIFI, nous sommes en 1970. Les 17 regrou-
pements ou villages vivaient essentiellement grâce à la CAPLAMI : les enfants allaient régulière-
ment à l’école. Ce qui fait que pendant toute cette période de vaches grasses qui aura duré
plusieurs décennies, des générations des cadres du public et même du privé n’auront eu la
chance d’arriver où le destin a voulu qu’ils se retrouvent que grâce aux recettes du café, que ver-
saient régulièrement la CAPLAMI à leurs parents.

Les statistiques officielles détenues par l’UCCAO vers les années 1980, indiquent que la CAPLAMI
comptait 35 000 adhérents. Lorsqu’on se rend compte qu’un chef de village était considéré
comme un adhérant et que ce même chef pouvait avoir une centaine de femmes et des milliers
d’enfants, on convient finalement que la CAPLAMI aurait pu avoir 200 000 à 300 000 personnes
qui dépendaient directement d’elle, en ce temps là. La ville de Bafoussam a connu pendant cette
période, sa grande prospérité, ainsi que son plus grand rayonnement.

Derrière ce succès individuel, qui deviendra plus tard un succès collectif. Il y avait la vision, la clair-
voyance, le dynamisme, la lucidité, la détermination, le discernement, le travail, le génie, l’en-
thousiasme et la planification d’un homme : SAMUEL MBOU.

Comment en était-on arrivé là ? Comment cet homme a-t-il réussi à bousculer les mentalités et
à créer cette impulsion et cette émulation qui marquera à tout jamais l’histoire de la ville de Ba-
foussam, de l’Ouest et même du Cameroun ?

Le café, cette graine verte, laquelle torréfiée faisait les merveilles sur les tables européennes, asia-
tiques et américaines.

Une page de l’histoire du café à l’Ouest, avec en prime la transformation politique, sociale, éco-
nomique et même culturelle à cause de cette plante dans toute une région.

Qu’il nous soit permit ici de faire allusion à un domaine presque oublié : le rayonnement sportif.
Pendant cette période les grands planteurs qui n’étaient autres pour la plus part que les chefs de
villages, proposaient et faisaient recruter à la CAPLAMI les joueurs de Football de leur équipe lo-
cale. Cet aspect est très important puisqu’elle contribue à l’épanouissement et aux divertissements
des populations. Chaque village avait son club de football amateur.

A Bafoussam, beaucoup de joueurs du Racing (club local) passeront par la CAPLAMI, c’est la CA-
PLAMI qui leur procurera un revenu pécuniaire.

En ce temps là également, il n’y a pas l’insécurité comme aujourd’hui. Parce que les populations
avaient une occupation et un revenu grâce au café.

En ce temps là tous les enfants allaient à l’école, parce qu’il y avait de quoi leur acheter les four-
nitures et la scolarité. Ce n’était pas comme aujourd’hui, où ne pas aller à l’école est tout à fait
naturel.

Nous savons tous qu’il y a interaction entre le politique, le social, le culturel et l’économique, nous
parlerons bien évidemment de l’environnement politico-socio-culturel et économique en ce temps
là. Et nous nous attarderons un temps soit peu sur l’histoire de la création de la CAPLAMI et de
l’UCCAO.

SAMUEL MBOU
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Bien entendu nous parlerons de bien d’autres choses que nous laisserons le soin aux lecteurs
de découvrir par lui-même. Mais ce seront des choses intéressantes qui concernent l’Ouest dans
sa diversité, son unicité et sa pluralité.

Avant de commencer, nous tenons à remercier très particulièrement tous ceux et toutes celles
qui ont contribué à la réalisation de ce dossier. Ce sont :
➢ Monsieur MOUAFO Justin, président du NPC BUSH
➢ Un groupe d’anciens Cadres de l’UCCAO et de la CAPLAMI
➢ Un groupe des employés de la CAPLAMI en fonction
➢ Quelques anciens doyens de la ville de Bafoussam.

Chères lectrices, Chers lecteurs, Mesdames et Messieurs,


Quatre évènements majeurs ont marqué le monde, ces quarante dernières
années. Ce sont par ordre :
- La marche de l’homme sur la lune dans les années soixante dix.
- La chute du mur de Berlin et le vent d’Est au début des années quatre vingt dix.
- De la prison à la présidence de la République Sud Africaine de Nelson MANDELA, toujours au
début des années quatre vingt dix.
- Du premier Noir à la Présidence des Etats-Unis en cette fin d’année 2008.
Signalons en passant que ces évènements sont si loin de nous.
A ce moment ultime ou de l’Amérique vers le reste du monde, un vent , nouveau souffle, un vent
qu’on pourrait appeler « vent d’Ouest ».

Au moment où le monde vit un jour nouveau, où se mélangent de façon confuse l’incertitude, la


pauvreté, les désillusions et quelque notes d’espoir avec notamment les révolutions toujours crois-
santes des technologies de l’information et de la Communication, il nous est particulièrement
agréable et plaisant de présenter aux yeux du monde et surtout aux yeux de nos enfants
quelques personnes qui ont émergé et Dieu seul sait ô combien ils sont peu nombreux. Ce sont
ces espèces de braves personnes dont la réussite ne relève ni d’une aide politique encore moins
d’une aide lobbyiste; comme cela est si courant à tord ou à raison dans nos Pays.

Ces espèces de personnes sont d’une utilité certaine et primordiale pour nos enfants lesquels
sont aujourd’hui en quête de repère et d’identité.

Puisse nos enfants avec l’aide de Dieu s’inspirer de ces abreuvoirs pour s’orienter et se construire
des nouvelles victoires.

Ford le grand constructeur automobile américain disait : « prenez toutes mes usines, prenez tous
mes comptes bancaires ; Donnez moi tout simplement les hommes avec qui j’ai réalisé ces usines
et je réussirai le même pari ».

Dans ce dossier il sera question de l’odyssée d’un homme : le Directeur Général de la CAPLAMI.
Et comme chez nous on est groupe social avant d’être individu. C’est-à-dire groupe social ou col-
lectivité avant d’être soi-même, nous parlerons des grands évènements historiques qui ont mar-
qué l’Ouest, les Bamilékés et tous ceux qui se trouvaient à l’Ouest en ce temps là.

C’est vrai que nous aurions pu intituler ce dossier : « le jour ou Samuel MBOU était au-dessus de
tous à l’Ouest » ou encore : « Le Premier Noir, Directeur Général d’une grande Coopérative au Ca-
meroun ».

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Ou enfin : « Le jour où un jeune homme de 31 ans devint le père de toute la MIFI et tout l’Ouest ».

Dans ce qui va suivre, il sera question tour à tour de : l’histoire du café, notamment du Café ara-
bica dans la MIFI et à l’Ouest.

Nous parlerons de l’histoire des Bamilékés et nous insisterons sur ce jour où l’Ouest, le Cameroun
et le monde avaient les yeux tournés vers ce jeune homme qui remplaçât pour la première fois
dans une grande structure : un expatrié ,français de surcroît.

On s’étalera aussi sur l’histoire de l’Ouest.

CHAPITRE I : LE JOUR OÙ SAMUEL MBOU DEVINT DIRECTEUR GENERAL DE LA CAPLAMI

Ce jour là tout le Cameroun ainsi que le monde entier se donna rendez-vous à Bafoussam. C’était
évènementiel ou tout simplement extraordinaire. Pour la première fois dans l’histoire du Came-
roun indépendant, un blanc partait et un noir prenait sa place. Monsieur BERCEAU français dans
l’âme et dans le cœur, Ingénieur de formation laissait son poste à un jeune, presque inconnu al-
lait-il réussir ? Tout le monde se posait des questions.

Le lendemain il y avait deux courants : il y avait les blancs qui voulaient que l’opération échoue
afin que soit revu le problème de leur indispensabilité. Ils se liguaient pour empêcher qu’il s’en
sorte et même sa vie était menacée. Il y avait les noirs qui étaient jaloux de lui et qui auraient
voulu occuper ce poste. Il était donc entre le marteau des blancs et l’enclume des noirs jaloux,
négativistes et pernicieux avec au passage le volumineux travail qui l’attendait. Avec l’aide de
Dieu et des hommes, tout se passât, Dieu merci très bien. Le fils de papa NZUNDIE ce jour-là, fût
la personne la plus grande de l’Ouest : LA CAPLAMI c’était tout de même 17 villages. Tous ces
paysans dépendaient de lui. Leur principale source de revenu qui était bien entendu le café dé-
pendait de la CAPLAMI et de son Directeur Général. C’est avec cet argent que les parents en-
voyaient les enfants à l’école.

En effectuant un calcul simple, de 1970 à 2002, soit pendant 32 ans au moins 1 000 000 d’écoliers
à l’Ouest, ont profité des largesses de la CAPLAMI, sans la CAPLAMi ces écoliers, collégiens, uni-
versitaires ne seraient rien devenus. Ils sont aujourd’hui des supers cadres, des cadres et autres
dans l’administration publique, dans le privé et même lors des frontières du triangle national.

Il y a aussi que la CAPLAMI étant la principale source de revenu, même les soins de santé des
populations dépendaient d’elle.

En tout cas le véritable patron de toute la MIFI, celui qu’on bénissait dans les maisons et dans les
chaumières jusqu’à dans les zones les plus reculées étaient en réalité MBOU Samuel, c’était le
vrai Roi.

Il était très aimé. Mais aussi il était très honnête. Des dizaines de milliards étaient comme cela
certaines années distribuées aux planteurs. De part son audience et sa célébrité, il aurait pu de-
venir député ou Maire, mais cela ne lui disait rien, il n’aime pas se disperser et même que le ges-
tionnaire avisé a réussi à bien remplacer l’ingénieur expatrié. Et même est allé au-delà, en
oeuvrant mieux que ce dernier.

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CHAPITRE II : UN GRAND JOUR

« Le jour de l’installation de MBOU Samuel comme Directeur Général de la CAPLAMI, il y avait du


monde, venu de partout au Cameroun, certaines personnes étaient là par curiosité, d’autres par
admiration, certaines personnes par doute, pour ces derniers : un noir ne pouvait pas réussir à
remplacer valablement un blanc.

Heureusement que Samuel MBOU a surpris positivement tout le monde. Il a travaillé avec probité,
intégrité, loyalisme et surtout honnêteté.

Le jour de l’installation de MBOU fût le plus grand jour dans l’histoire de la ville de Bafoussam :
quatre vingt pour cent des maisons et des immeubles ont été réalisés avec l’argent du café. La
ville de Bafoussam a connu en cette période une grande prospérité et un grand rayonnement.

La réussite de la CAPLAMI a fait la réussite de Bafoussam, de l’Ouest et même du Cameroun. Les


autres coopératives à l’Ouest et même au Cameroun ne valaient pas la CAPLAMI.

Quand le président AHIDJO a reçu les présidents HOUPHOUET BOIGNY de la Côte d’Ivoire et le
président MARIAM GOUABI du Congo. Ce qu’il a montré à ses visiteurs, comme preuve de réussite
agricole était la CAPLAMI.

Bafoussam était la troisième ville du Cameroun en politique, en économie, et en recette sportive.


Il n’y avait pas les blancs pour nous enseigner l’agriculture, on en n’avait pas besoin.

CHAPITRE III : L’ORIGINE DE LA CULTURE DU CAFE A L’OUEST

Au commencement la culture du Café à l’Ouest se faisait essentiellement dans le Noun. C’était


des grandes exploitations qui appartenaient aux expatriés, notamment les Français et les Grecs
; pour cultiver le Café, il fallait qu’on vous donne une autorisation : parce que c’était une nourriture
mystique et mythique qui devait nourrir les européens, bref les blancs un peu partout au monde.

Pendant une dizaine d’années on cultivait le café à l’Ouest essentiellement dans le Noun.

On emmenait de force les Bamilékés pour y travailler. C’était l’esclavage puisqu’ils travaillaient
gratuitement.

Celui à qui on doit la vulgarisation de la culture du café à l’Ouest est le chef DJOUMESSI Mathias,
chef de Dschang : il s’était servi du « Koumze » (sorte de caste secret Bamiléké). Ceci marquait la
fin des travaux forcés dans le noun et surtout la libéralisation de la culture du café pour les po-
pulations indigènes.

Ceci témoigne à souhait la liesse population qui à suivi l’installation de MBOU Samuel comme
Directeur Général de la CAPLAMI. C’était une nouvelle indépendance du Cameroun. C’était l’in-
dépendance économique de la MIFI.
Le Jeune Samuel MBOU était le Directeur Général de la CAPLAMI. Mais il y avait une institution au
–dessus de lui : c’était le conseil d’administration. Celle-ci définissait la politique générale de la
maison, ainsi que les moyens pour atteindre cet objectif. Tout le monde était satisfait des
prouesses du Directeur Général qui allait au-delà des objectifs placés en lui. Les membres du

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conseil avaient voulu qu’il prenne la direction de l’UCCAO, mais il avait refusé, cela ne l’intéressait
pas. Ceci quelques années plus tard.

CHAPITRE IV : LA CAPLAMI AUJOURD’HUI

Les employés de la CAPLAMI n’ont jamais oublié, celui par qui tout le développement spectacu-
laire de la société a vu le jour.

« On dit que cela ne prend qu’une minute pour remarquer une personne spéciale, une heure
pour l’apprécier, un jour pour l’aimer, mais qu’on a ensuite besoin de toute une vie pour l’ou-
blier ».

« Qu’on nous donne une seule raison pour laquelle notre ancien Directeur Général n’est pas
spécial et nous serons édifiés Cette parole est d’un cadre actuel de la CAPLAMI : tout ce
que nous sommes aujourd’hui, nous le devons à MBOU Samuel ».

« Est-ce que vous savez que même aujourd’hui, la CAPLAMI est le plus grand employeur de
l’Ouest, tout comme la C.D.C (Cameroun Development Cooporation) est le plus grand em-
ployeur du Sud-Ouest. »

Sincèrement quand on se rend à la CAPLAMI on est tout simplement émerveillé, l’immeuble de


quatre niveaux qui abrite la Direction Générale est l’œuvre de Samuel MBOU. Tous les cinq grands
magasins ainsi que le logement du directeur général sont également ses œuvres.

Sur plus d’un hectare, il a pu construire un complexe extraordinaire. Ce qui fait que la CAPLAMI
est aujourd’hui, la plus grande coopérative du Cameroun en investissement immobilier et surtout
en organisation interne.

L’organigramme mis sur place, il y a plusieurs années est assez explicite :


« The right man to the right place ».

Voici pour ceux qui ne connaissent pas bien la ville de Bafoussam :


Pour arriver à la CAPLAMI, il faut procéder de la manière suivante : lorsqu’on va du carrefour de
la B.E.A.C et du Ministère des finances pour la Subdivision des routes ou encore vers les Bras-
series du Cameroun. A peine au bout d’un kilomètre et demi, on aperçoit un immeuble majes-
tueux à droite et derrière un certain nombre de grands entrepôts avec des écriteaux CAPLAMI.
Au total c’est presque cinq entrepôts. Aussi lorsqu’on prend les escaliers en descendant par un
petit passage à cet effet aussi vieux que la CAPLAMI, puisqu’en 1970 nous passions déjà par là
on débouche sur la grande cour en plein milieu des entrepôts, derrière le premier entrepôt il y a
l’ancienne Direction devenue toute petite face à la mastodonte nouvelle Direction Générale, vieille
d’une dizaine d’années avec une architecture aussi et toujours futuriste, resplendissante, mer-
veilleuse et majestueuse.

La CAPLAMI (Coopérative des planteurs de la MIFI) comptait au départ et cela pendant une tren-
taine d’années, les villages ou regroupement suivant : Bafoussam, Baleng, Bamougoum, Band-
joun, Badeng, Bapi, Bayangam, Batoufam, Bangou, Baham, Batié, Bahouang, Bamendjou,
Bameka, Bandrefam, Bangang-Fondji, au total près de 17 villages ou regroupement, la CAPLAMI
était leur principale ressource ou source de revenu pour ces différentes populations de près de

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200 000 personnes, en comptant parents et enfants le chiffre pouvait être le triple. La CAPLAMI
les suivait en aval, en amont et au quotidien à travers certaines actions comme :
- La fourniture des engrais aux planteurs,
- La fourniture des jeunes plantes sélectionnées,
- La fourniture des brouettes, des machettes, et même des tôles pour la construction des logis.
- La fourniture des pulvérisateurs.

Afin de partager aux enfants des planteurs l’esprit coopératif, on leur distribuait régulièrement
les fournitures scolaires notamment les bics, les crayons, les cahiers, les règles et enfin les buvards
(ceci permettait d’assécher rapidement les pages de cahier puisqu’en ce temps là, les élèves uti-
lisaient dans les écoles les encres et les plumes) Les meilleurs planteurs étaient primés. La CA-
PLAMI remettait aux planteurs des pulvérisateurs derniers cris, des tôles, des brouettes et des
pousses, afin d’accroître leur production.

CHAPITRE V : POURQUOI LA CAPLAMI ETAIT L’ATTRACTION NATIONALE ET MEME INTERNA-


TIONALE ?

Le Président AHMADOU AHIDJO avait fait de la CAPLAMI un instrument de sa fierté personnel. Il


s’était rendu plusieurs fois au siège de la CAPLAMI encouragé son Directeur Général ainsi que
son personnel.

Plus tard le président AHMADOU AHIDJO viendra deux fois de suite avec le président HOU-
PHOUET BOIGNY et une fois avec le président MARIAM GOUABI.

Des années plus tard le président Paul BIYA rendra visite à la CAPLAMI en Compagnie du Prési-
dent du Nigéria IBRAHIM BABAGINDA.

Le Secrétaire Général de l’ONU et son épouse en la personne de ZAVIER PEREZ DE CUEILLAR feront
eux aussi un séjour à la CAPLAMI.

Fait anecdotique : pendant la même tournée ZAVIER PEREZ DE CUEILLAR sera embrassé au sul-
tanat Bamoun par un malade mental, ce dernier prétextant être son camarade de classe, c’est
que au moment ou il salut les populations, ce monsieur couru et vint l’embrasser devant la foule,
le sultan, les autorités administratives et la sécurité médusés. Il fut envoyé en Amérique pour voir
s’il était vraiment fou. A son retour il déclara que son ami l’avait emmené visiter son pays.
La CAPLAMI avait aussi bénéficié de la visite de tous les clients importants de l’UCCAO (puisque
l’UCCAO avait l’exclusivité de la commercialisation de tous les produits des coopératives à l’Ouest,
la CAPLAMI comprise)

Lorsqu’ils venaient, leur première visite était à la CAPLAMI, afin de voir comment le café était traité
ensuite ils se rendaient à Dschang, Foumban, Bangangté, Bouda et à Bafang.

Ils ne se rendaient jamais dans les exploitations agricoles mais ils s’arrêtaient dans les usines.

Dans le groupe UCCAO tant que la CAPLAMI n’avait pas épuisé ses produits, on ne pouvait vendre
d’autres produits. Les graines de café de la CAPLAMI étaient vraiment spéciales.

Qu’est ce qui faisait l’originalité du café de la CAPLAMI ? Ce café était original grâce à son arôme

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et surtout, il était traité spécialement. C’est que MBOU Samuel à l’aide des recherches et des
visites dans d’autres pays avaient introduit un système révolutionnaire et pratique : « Le Full wash
». Nous reviendrons largement là-dessus dans les pages suivantes. Mais d’emblée, il faut savoir
que c’étaient des grands bassins où on laissait le café permanemment en fermentation. Cette
station de traitement ne dépendait pas de la S.N.E.C, comme il fallait en permanence de l’eau ;
on ne pouvait courir le risque des aléas de la S.N.E.C.

Il avait été mis sur place un grand forage d’eau qui allait jusqu’à la nappe souterraine.

CHAPITRE VI : L’INTRODUCTION DU PROCEDE REVOLUTIONNAIRE « FULL WASH »


A LA CAPLAMI ET AU CAMEROUN PAR SAMUEL MBOU

C’était un système révolutionnaire, fruit de plusieurs années de recherche et des soucis perma-
nents de toujours bien faire. C’était aussi le fruit des multiples voyages et surtout d’une nouvelle
vision du traitement du café. On consommait abondamment de l’eau. Avec le forage qui avait
été mis sur pied, il n y avait plus de coût de l’eau. Si on devait payer les factures S.N.E.C cela coû-
terait une fortune. Le principe est qu’en 48 heures le café qui est récupéré des planteurs directe-
ment des champs et en cerise rouge était lavé, séché, dépulpé et livrer directement à l’exportation.
Lorsque le paysan faisait ce travail, c’était lent et la fermentation ne répondait pas aux normes
voulues et à la fin l’arôme était atténué. C’est afin de résorber ces aléas que le « Full wash » a été
mis sur pied. La pénibilité était considérablement réduite chez le paysan. Et son café était acheté
au même prix. En tout cas l’usine et le paysan trouvaient chacun son compte.

Ce procédé n’existait qu’à la CAPLAMI. Même l’UCCAO n’avait pas cette station. En tout cas ils
ont voulu mettre cela sur pied mais ce projet a échoué. Cette station nécessite beaucoup de tra-
vail, on le conçoit avec une station de séchage opérationnel.

L’arabica au Cameroun ne se produit qu’à l’Ouest et au Nord-Ouest. L’UCCAO commercialise le


café du Nord-Ouest.

La Banque mondiale à travers le projet de développement rural de l’Ouest, dont le Maître d’œuvre
est l’UCCAO avaient envoyé les gens dans plusieurs pays s’imprégner d’autres expériences et
Samuel MBOU faisait partie des différentes délégations. C’est la synthèse de ces découvertes,
ajouté à cela, ces grandes recherches (lectures et expériences) qui ont conduit à la mise sur pied,
de ce « Full wash ».

L’UCCAO a testé l’essaie ailleurs en s’inspirant de la CAPLAMI, mais cela n’a pas marché.

Ce procédé nécessite un grand investissement en machine et aussi en personnel. Le « Full wash »


fonctionne 24 H / 24.

Pour produire 300 tonnes, il faut 1200 tonnes de produit brut. Cela exige une mobilisation terrible
même si le produit arrivait à minuit, ou à deux heures du matin, il fallait le traiter.

Ceci produisait un gain d’argent, d’énergie et même de sécurité pour le planteur, puisqu’il n’était
plus à la merci des bandits des villages. On achetait aux paysans au même prix que le café dé-
pulpé et séché.

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L’intérêt est que le blanc achetait plus cher, ce qui compensait le coût de revient élevé.

La CAPLAMI avait plus des ristournes que les autres coopératives de l’UCCAO. C’était une ristourne
consistante. La CAPLAMI sous l’impulsion de MBOU Samuel s’est battu pour qu’on respecte son
avancé sur la qualité.

C’était une belle époque, l’Etat accordait des subventions à travers l’ONCPB (Office Nationale de
Commercialisation des Produits de Base). L’Etat devait continuer à intervenir. Une économie ne
peut fonctionner sans l’intervention de l’Etat. Il faut que l’Etat nationalise certaines banques. L’agri-
culture ne peut pas fonctionner, si l’Etat n’intervient pas. Le cycle agricole est long : lorsqu’on sème
aujourd’hui, il faut attendre longtemps pour récolter, surtout en ce qui concerne les produits pé-
rennes, comme le café, c’est-à-dire qui produit après un long temps. Et surtout il faut que le plan-
teur entretienne le plan. Le plan ne saurait croître ni dans les herbes et encore moins sans engrais.
Les coopératives doivent enseigner aux planteurs la diversification des plantes. Les agriculteurs
sont subventionnés en Europe, en Asie et en Amérique.

CHAPITRE VII : LA NAISSANCE DE LA CAPLAMI ET DE L’UCCAO


(Une contribution de MOUAFO Justin)

« J’étais chargé du suivi des populations. Nous étions des commis d’administration. Il était ques-
tion de prendre les réactions des populations, notamment des difficultés en matière de production
industrielle, on faisait un rapport aux autorités administratives pour que chacun profite du produit
de ses efforts. On était une sorte de journaliste chargé, d’informer les autorités. C’est juste pour
vous expliquer à quel point, j’étais impliqué dans le café.

La CAPLAMI a été crée en ma présence en 1965. L’assemblée constitutive avait eu lieu, au foyer
de WANKO Moïse : c’était l’unique foyer à Bafoussam, c’était le seul endroit où on pouvait faire
une conférence dans la ville.

Les planteurs étaient canalisés par le député Maire CHEDJOU Joseph. (1er Délégué à l’assemblée
territoriale du Cameroun au cours des années 1946 – 1951 et Délégué à l’assemblée représen-
tative de 1951 à 1957 : c’était le plus grand planteur. La réunion qui avait eu lieu chez WANKO
Moïse était la réunion préparatoire.

Une réunion définitive aura lieu cette fois là à la salle de la subdivision qui est aujourd’hui, la salle
de réunion de la sous préfecture de Bafoussam Ier. Tout le monde ce jour là a versé sa collecte.
Ils ont posé leur doléance à l’administration. Entre autres demandes, il y avait le besoin d’un site
pour l’implantation de la jeune coopérative naissante.

L’Administration va immédiatement réagir, le site qui va leur être attribué est le Jardin des élèves
de l’école publique. Ce Jardin était un champ de canne à sucre.

C’est sur cet emplacement que se trouve la CAPLAMI encore de nos jours.

L’exemple de la création de la CAPLAMI fera tâche d’huile, c’est ainsi qu’une coopérative verra le
jour à Mbouda (pour le compte du Bamboutos, une autre coopérative verra le jour à Foumban
pour le compte du département du Noun), (une coopérative verra le jour à Dschang pour le
compte du département de la Ménoua), une coopérative verra le jour à Bafang pour le compte

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du département du Haut Kam, une coopérative verra le jour à Bangangté pour le compte du dé-
partement du Ndé.

Toutes ces coopératives fusionnent en 1968 pour créer une institution plus forte, chargée de leur
coordonner toutes et surtout de commercialiser leur produit.

A l’endroit exact où se trouve son siège aujourd’hui il y avait la maison des combattants. Le pre-
mier directeur de l’UCCAO a pour nom GROUCHY, c’est un Français.

De même que le premier Directeur de la CAPLAMI a pour nom, BERCEAU.

Et comme il fallait « Camerounaise » ou bien africaniser les cadres, FENKAM Christian devient Di-
recteur Général de l’UCCAO.

Par la suite Samuel MBOU devient Directeur Général de la CAPLAMI. Mais auparavant il avait as-
sumé pendant des années les fonctions de directeur général adjoint.

Il faut être tenace. Les blancs vont tout faire pour justifier que les noirs qu’on a mis à leur place ne
valent rien. Ils vont même tenter d’atteindre leur vie. FENKAM Christian va dormir pendant plu-
sieurs jours et même plusieurs mois dans les hôtels, il ne dormira jamais dans le même hôtel
deux jours de suite.

L’Administrateur qui avait mené de main de maître, cette opération d’africanisation de cadre s’ap-
pelait Gilbert ANDZE TSOUNGUI ci-devant Inspecteur Régional pour l’Ouest ; Administrateur Civil
principal hors échelle.

MBOU et FENKAM ont comblé toutes les attentes placées en eux et même au-delà.

Il y a eu surtout MBOU Samuel donc l’action a été très déterminante pour le rayonnement et la
prospérité de la ville de Bafoussam.

Ce jeune est celui qui aura fait le plus plaisir à tout le monde. Il a émerveillé par son sens orga-
nisationnel, plus d’une personne.

On appelait le café, « la nourriture des blancs », le café demandait beaucoup de soins et pour
cultiver le café, il fallait être très propre. C’est pour cela qu’il fallait un agrément pour cultiver le
café, j’ai connu le père de MBOU Samuel. Ils étaient ainsi deux notables à avoir été choisi à Baleng
pour cultiver le café.

L’un des membres fondateur de l’UCCAO en la personne de FENKAM Christian qui deviendra
même Directeur Général de l’UCCAO a pesé de tout son poids en collaboration avec l’Inspecteur
Régional Gilbert ANDZE TSOUNGUI pour la désignation du jeune MBOU Samuel comme Directeur
Général de la CAPLAMI.

Au-delà de son étiquette qu’on connaît FENKAM Christian était un député fédéral, il est mort dans
les années 1980, toujours membre fondateur de l’UCCAO, puisqu’il n’a jamais démissionné. Il
était un grand prince Bandjoun. Il était un frère consanguin du chef KAMGA Joseph, c’est-à-dire,
il était un fils de FOTSO II.

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C’était un grand planteur à Bandjoun où il avait des grands espaces et aussi du côté du fleuve
Noun notamment du côté de Baleng.

Le chef KAMGA Joseph avait lui aussi, une grande plantation de café à Bandjoun du côté de
Tsesè.

CHAPITRE VIII

« Le gouvernement avait estimé qu’on ne saurait faire de politique sans économie et d’éco-
nomie sans politique. C’est ainsi que le siège de U.C (Union Camerounaise) se trouvait en
face du siège de l’U.C.C.A.O. celui sui était patron à l’U.C était aussi le patron à l’U.C.C.A.O.
C’est FENKAM Christian qui occupait ces deux fonctions. En tout cas quand il y avait vote ici
à Bafoussam, les Bandjoun gagnaient toujours, parce qu’ils étaient les plus nombreux.

Grâce au dynamisme, à l’honnêteté et à la clairvoyance et au travail de Samuel MBOU, plu-


sieurs personnalités rendront une visite de travail à la CAPLAMI : il y a eu un prince Saoudien
en Compagnie d’une grande délégation venue de son pays ; un ancien Directeur Général
de l’UNESCO à la tête d’une importante délégation ; le président Paul BIYA est venu à la CA-
PLAMI en compagnie du président BABAGUIDA du Nigéria.

Le président BABAGUIDA est venu aussi en compagnie du président AHMADOU AHIDJO.


Le président AHIDJO est venu une première fois visiter la pépinière de Café. C’était une pé-
pinière pilote qui avait été mise sur pieds sur la demande du ministre de l’agriculture. Cette
pépinière devait servir de modèle pour tout le Cameroun. Les plans étaient expérimentés
dans la région qu’on a baptisé par la suite la coopérative.

Il y a eu beaucoup d’autres grandes personnalités internationales qui ont rendu visite à la


CAPLAMI. Le livre d’Or de la CAPLAMI fait foi, ainsi que le recueil des photos.

Avant que le président HOUPHOUET BOIGNY ne vienne, il avait envoyé une délégation de
plusieurs personnes passées 15 jours à la CAPLAMI et s’imprégner de la haute technicité qui
y était mise sur pied.

Par la suite, on a imposé à toutes les grandes coopératives du Cameroun de suivre le modèle
de la CAPLAMI en créant leur propre pépinière. »

CHAPITRE 9 : QUESTIONS – REPONSES

Question : A qui devez-vous votre nomination comme Directeur Général de la CAPLAMI ?


Réponse : A la camerounisation des cadres ; au conseil d’administration de la CAPLAMI ; au
conseil d’administration de l’UCCAO et surtout de son président FENKAM Christian ; de l’inspecteur
Régional de l’Ouest Gilbert ANDZÉ TSOUNGUI ; de mon sérieux ; du fait que j’étais l’homme le
mieux indiqué en ce temps là, puisque ayant été Directeur Général adjoint de la CAPLAMI pendant
quelques années ; et enfin de mon sens du travail.

Question : ce jour là n’aviez-vous pas eu peur face à la lourde charge qui vous attendait ?
Réponse : toutes ces charges ne m’effrayaient pas. J’étais jeune, je travaillais tout naturellement
et surtout, il fallait innover, j’avais le soucis de bien faire, il ne fallait surtout pas décevoir toutes

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ces personnes qui avaient placé leur confiance en moi, notamment le Président FENKAM Chris-
tian, l’Inspecteur Régional Gilbert ANDZE TSOUNGUI et toutes ces autres membres de conseil
d’administration. Et surtout que je sortais à la base, d’une famille polygamique et tout le monde
sait que lorsqu’on vient d’un tel milieu, on sait se battre et on sait apporter des résultats.

Question : Pourquoi aviez-vous refusé le poste de Directeur Général qui vous avait été proposé
à l’UCCAO?
Réponse : j’avais déjà un grand programme à la CAPLAMI, je ne cours pas après les postes,
aussi je ne sais pas faire deux choses à la fois.

Question : Quelles sont les montants les plus élevés que vous aviez eu à distribuer aux paysans ?
Réponse : Il y a des moments où on distribuait jusqu’à 4 400 000 000 (quatre milliards quatre
cent millions de francs) aux planteurs pour une saison caféière. Si vous voulez savoir ce que cela
représente, multiplié par le coefficient de la vitesse monétaire. Lorsqu’on actualise cette somme
on se rend compte que c’est tout de même un montant très important.

Question : On dit que les blancs souhaitaient vous voir échouer est-ce vrai ?
Réponse : Oui c’est vrai. Pour les blancs il était question de tout faire, pour montrer que vous ne
valez rien, afin qu’on regrette leur période. C’est-à-dire le temps où ils étaient en activité.

Question : Qui était le premier Directeur de la CAPLAMI ainsi que le premier Directeur de l’UCCAO ?
Réponse : le premier Directeur de la CAPLAMI était un français, il s’appelait BERCEAU.
Le premier Directeur de l’UCCAO s’appelait GROUCHY.
Pour réussir après eux il fallait être tenace et travailler sans relâche.

Question : Si je devais écrire un livre sur vous, je le bâtirai : LE DESTIN PRESTIGIEUX ET PRODI-
GIEUX D’UN HOMME. Qu’en dites-vous ?
Réponse : comme vous voulez ? Quand on a un chapeau sur la tête, on n’a pas besoin de le
montrer, puisque chacun le voit.

Question : Avec votre aimable permission, je vais sauter de coq à l’âne. Dernièrement MOUAFO
Justin m’a parlé de beaucoup de choses, entre autres, il m’a dit que ceux qui ont empiété le ter-
ritoire du monument WANKO était dans leur droit. Parce que ce terrain était la propriété de la fa-
mille Jean NGOUOGUO qu’ils avaient d’ailleurs titrée depuis 1962.
Or le Maire TAGNY avait par la force pris une partie de ce terrain pour faire plaisir à son épouse
qui était la sœur cadette de Samuel WANKO. Aussi Jean NGOUOGUO était Batoufam tout comme
la famille WANKO. Jean NGOUOGUO avait eu ce terrain grâce à la mère du feu chef GOMPE la-
quelle serait venue de Batoufam, que pensez-vous de ces allégations ?
Réponse : Je ne savais pas toute cette histoire.

CHAPITRE X : PROPOS DE MOUAFO JUSTIN

« Lorsque Monsieur NZUNDIE fût à un âge assez avancé, c’est-à-dire 100 ans par là, il demanda
à me rencontrer et comme on tardait à le faire, il fit un setting devant son domicile et on vint me
chercher :

« S’il te plaît dis à ton ami et frère que lorsque je vais mourir qu’il soit mon héritier » et tout
naïvement, je me suis rendu au domicile de la maman de Samuel MBOU, je lui ai transmis

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la nouvelle, c’est alors qu’elle m’a dit : « mon fils ne souffre de rien, il a tout ce qu’il lui faut,
il faut que son père choisisse quelqu’un d’autre. »

Et comme je m’obstinais, elle prit sept grains d’arachide et elle me dit : « Mange ces grains d’ara-
chide » je ne comprenais toujours pas. « Quand mon mari sera mort, c’est alors que tu pourras
dire cette nouvelle à mon fils promets le moi ».

Lorsque papa NZUNDIE fût mort, je viens dire la nouvelle au moment où plusieurs d’autres per-
sonnes avaient été dévolues de la même responsabilité que moi par le défunt.

CHAPITRE XI : L’OUEST AU MOMENT DES INDEPENDANCES

Il y a un peu tout dans un homme : son père, sa mère, ses enfants et son épouse. Il y a également
ses oncles et tantes, ses cousins et cousines, sa famille proche et éloignée, sa région d’origine et
son pays.

Tous ceux qui sont originaires de l’Ouest ont connu des turmulitudes à un moment donné.

Les Bamilékés ont trop souffert dans ce qu’on appelait les « quiréya » c’est-à-dire l’esclavage dans
les plantations du Noun et aussi dans les plantations du moungo. Et surtout dans les travaux for-
cés des routes et immeubles.

Cette situation a crée deux genres de Bamilékés, 90 % qui s’entendaient en raison d’un pénible
destin commun et 10 % qui ne s’entendaient pas.

Ce qui fait que lorsque l’U.P.C arrive, il trouve une forte adhésion populaire : l’opposition aux co-
lons. Il y a deux grandes connotations idéologiques : ceux qui sont avec les blancs c’est-à-dire
pour l’exploitation du colonisé par le colon. Et il y a un autre groupe très important à savoir ceux
qui sont contre l’exploitation de l’homme noir par l’homme blanc par les sur taxations et les tra-
vaux forcés dans les grandes plantations en un mot simple : d’une autre forme d’esclavage.

Ce qui fait qu’à la fin il y a eu une forte opposition entre les gens d’un même bord, qui au départ
en raison des liens multiples et multiformes s’entendaient. Et bien évidemment les colons ont ap-
puyé ceux qui étaient de leur côté et rejetaient ceux qui étaient contre eux.

Il y a eu aussi un paradoxe historique et impensable : au moment de l’assemblée territoriale, on


a pris ceux qui sortaient des petites et grandes chefferies par exemple : le chef KAMGA Joseph
de Bandjoun, il y a également CHEDJOU Joseph (prince Batoufam, et KEMAJOU Daniel (chef
Bazou).

En tout cas, la ligne politique du colon a accentué les divisions. Et surtout que les colons étaient
convaincus que les bamilékés étaient un peuple très attaché à ces traditions et à ces chefferies.
Aujourd’hui encore dans nos villages, les bamilékés ne s’entendent pas, à cause des divisions
politiques et idéologiques, mais hors de l’Ouest, ils sont très unis.

Une fois que les colons ont réussi à séparer les Bamilékés c’est-à-dire séparer les camps des
progressistes contre celui des conservateurs et à la fin mettre les bamilékés dans le même sac,
c’est alors qu’ils se sont mis à les maltraiter, torturer, désorienter et briser : ceux qui étaient avec
eux et ceux qui étaient contre eux.

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Le colonel Français Jean LAMBERTON a dit dans ses mémoires que : « les Bamilékés sont une
pierre dans la chaussure du Cameroun ».

Les colons ont pu ainsi lier toutes les autres tribus du Cameroun contre les Bamilékés seuls.

Le Président AHMADOU AHIDJO dira plus tard que : « les Bamilékés sont forts dans deux do-
maines : l’agriculture et le commerce ».

Le processus mis en marche pour les diviser avait réussi.

C’est en raison de ces divisions et surtout de ce mépris que l’U.P.C trouvera un accent grave et un
accent aigu pour ne pas dire circonflexe à l’Ouest.

Et au temps le plus fort de la contestation populaire, le Président AHMADOU AHIDJO en visite à


l’Ouest lors du congrès extraordinaire de l’U.C (l’Union Camerounaise en 1965) fera le discours
suivant :

« Vous les Bamilékés, vous dites que vous ne m’aimez pas. Or vous n’êtes pas tout de même
tout le Cameroun. Puisque les autres tribus m’acceptent. Il y a deux tendances qui ont des
opinions diverses sur les bamilékés que vous êtes, il y ceux qui pensent que vous avez pris
une avance sur les autres composants ethniques et qu’il faut vous bloquer pour permettre
aux autres de vous rattraper. Il y a aussi ceux qui pensent qu’il faut vous laisser avancer,
afin que d’autres vous rattrapent, je suis de l’avis du deuxième courant de pensée.
Le Cameroun a deux grandes familles de producteurs : les Bamilékés et les Nordistes. Les
Bamilékés produisent la nourriture et les Nordistes produisent la viande.
(N.B : la ville de Douala consomme chaque jour 500 bœufs, Yaoundé 400 Bœufs, Bafoussam 50 bœufs, …..)
Les Bamilékés et les Nordistes peuvent ensemble faire beaucoup de grandes choses, tout
comme on ne saurait préparer la viande sans nourriture et vice-versa.
Vous allez dans les campagnes isolées tuer les grands-pères et les grande-mères ou les or-
phelins, les veuves, les invalides et les personnes faibles croyant faire du mal à ma personne.
Vous n’avez qu’à aller m’attendre sur le pont de la Sanaga et mon armé va combattre votre
armé. Le plus fort survivra. De l’or noir et de l’or vert, je préfère l’or vert. Les réserves pétro-
lifères peuvent s’épuiser et même s’épuisent alors que l’agriculture ne finit pas ».

Le processus conçu et élaboré par les colons et plus tard par l’administration était mis en marche
pour diviser les bamilékés.

La loi de 1996 sur la protection des minorités est une illustration parfaite de cette détermination.
Tout le monde savait au départ que cette loi était prévue uniquement pour protéger les pygmées.

CHAPITRE :12

« WANKO Samuel était un ingénieur qu on respectait beaucoup. Le chef de subdivision de


Bafoussam dans les années 1955 vendaient les lots à la crié et aux enchères. Il avait vendu
le lot de papa WANKO Moïse, jusqu’à la somme de 9000 F CFA (Neuf mille francs). C’était
une somme énorme à l’époque. WANKO Samuel s’est battu pour l’annulation de cette vente
aux enchères. En précisant que c’est là qu’il est né. Il aimait beaucoup une jeune fille qui
était une de nos maîtresses, mais celle-là ne voulait pas l’épouser. C’était une fille Batoufam

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et voisine de leur concession. Cette dame aurait pu accepter, mais un prince Bafang vantard,
orgueilleux lui damât le pion, la maîtresse épouse ce prince et fit beaucoup d’enfants avec
lui. Elle s’appelait Madame NGASSA Lydie.

WANKO Samuel, parce qu’il était un grand ingénieur, il devint un député. Le Président AH-
MADOU AHIDJO avait peur de lui.

Les Bamilékés du groupe terroriste n’étaient pas favorables à lui parce que pour eux toute
personne qui devait émerger devait passer par eux, sinon il devait mourir.
Il fût assassiné au niveau du péage entre Batoufam et Bangoua. Le chef maquisard qui
l’avait poignardé à la tête d’un groupe des rebelles s’appelait SIMO Pierre, c’était un Bayan-
gam. Mais auparavant Samuel WANKO avait fait un discours conciliateur : « Je viens vous
dire que nous sommes là pour vous défendre et trouver une solution pour notre pays ».
Après qu’on l’a poignardé. Il a pris son pistolet automatique et a laissé plusieurs morts sur
le carreau. Avant de succomber lui-même. Le chef de gang en la personne de SIMO Pierre
sera arrêté quelques temps plus tard. Toute une journée les militaires ont tiré sur lui ici même
au carrefour maquisard sans que les balles le transpercent. C’est dans la soirée qu’il mordit
son petit doigt et demanda qu’on pouvait maintenant le tuer ».

CHAPITRE XVI

Le colonel Français Jean LAMBERTON dira plus tard dans ses mémoires

que les luttes armées ont fait 400 000 morts chez les bamilékés et 190 000 morts chez les Bas-
sas.
C’est par avion et à l’aide de Napalm, que beaucoup de personnes vont perdre leur vie. Et des
villages entiers seront détruits et leur population décimée.

CHAPITRE XVII : QUESTIONS - REPONSES

Question : Quel était le rôle des chefs traditionnels à la CAPLAMI, étaient-ils membres parce qu’ils
devaient pousser leur population à une plus grande production du café ?
Réponse : Les chefs traditionnels étaient des gros planteurs de café, tous avaient des grandes
exploitations caféières. C’est pour cela qu’ils étaient membres du conseil d’administration de la
CAPLAMI. Ils étaient dans le comité de gestion parce que leur production était énorme. En tout
cas ils ne pouvaient pas se substituer aux chefs de poste agricole.

Question : comment avez-vous fait pour réaliser tout cet imposant investissement immobilier à
la CAPLAMI ?
Réponse : La construction du siège de la CAPLAMI a duré douze mois. L’entrepreneur qui a gagné
le marché devait construire aussi l’immeuble interministériel. C’est pour cela que le prix qu’il nous
a donné était très bon.
La construction des cinq grands magasins était échelonnée sur près de vingt ans.
L’ancienne direction est restée un service de caisse, en raison des coffres forts encastrés dans
les murs. C’était très lourd et on ne pouvait pas monter les escaliers avec.

Question : Qu’elle entreprise vous fournissait les engrais ?


Réponse : On avait un grand fournisseur à Douala : la SEPCAE (aujourd’hui on l’appelle A.D.E.R)

SAMUEL MBOU
UN HOMME D’EXCEPTION 221
BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:38 Page222

Question : D’où provenaient les jeunes pépinières ?


Réponse : elles provenaient du côté de la coopérative, c’est-à-dire le fleuve Noun et nous reven-
dions aux paysans. C’était des jeunes plants sélectionnés. C’est nous qui avions commencé cette
expérience avant que cela ne soit vulgarisé dans tout le pays, nous sommes les pionniers.

Question : La CAPLAMI avait telle une unité de torréfaction ?


Réponse : On n’a pas mis sur pied une usine de torréfaction. C’est vrai que certains administra-
teurs l’ont demandé. Il faut compter sur le café qu’on doit vendre à l’Etat vert et à l’Etat grillé. Il faut
au préalable faire une étude minutieuse.
Aujourd’hui nous prenons notre café à l’Etat vert, on se rend à l’UCCAO qui le torréfaction pour
notre compte.
Et comme nous entrons dans la comptabilité de l’UCCAO, elle n’a pas intérêt à nous facturer ces
travaux.

Question : La CAPLAMI n’avait jamais pensé à avoir sa propre plantation ?


Réponse : L’UCCAO nous a demandé de mettre sur pied, notre propre plantation de café. Je me
suis opposé à cela. On avait même déjà cherché des espaces.
Une exploitation nécessite beaucoup de temps et a besoin d’une autre comptabilité. Si un Direc-
teur s’embarque là dedans, il ne s’en sortira pas. La coopérative de Mbouda a testé une expé-
rience du côté du NGOUAYA et cela a échoué, j’avais raison de m’opposer à cette initiative
périlleuse.

Je m’étais par le passé rendu plusieurs fois du côté de Foumbot, chez Monsieur vacapoulos.
Il avait une exploitation caféière, une usine de dépulpage, un aire de séchage. Il exportait le café,
j’allais régulièrement voir comment il travaillait.
Sur le plan des statuts, ce sont les planteurs qui sont pris en compte. Notre travail consistait aux
collectes des produits des planteurs et non autre chose.

Question : pourquoi ne pouvait-on pas cultiver le café Robusta dans la MIFI ?


Réponse : le café arabica est un café de luxe qui ne pousse qu’en altitude là où il y a le froid. Le
cacao et le café robusta ne peuvent pousser qu’en bas fond avec la chaleur.

Question : comment avez-vous réussir le « Full Wash ».


Réponse : J’ai copié le schéma dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, ainsi que dans beaucoup
de livres et j’ai adapté à notre contexte. Le « Full Wash » fonctionnait 24 H / 24.

En tout cas on avait un gain en temps, en énergie, en argent et en sécurité du produit. Le blanc
achetait plus cher, ce qui compensait le coût de revient élevé du produit.

En définitive les planteurs nous apportaient le café en cerise rouge et nous le fermentions nous-
même.

CHAPITRE XVIII : LE CHRETIEN

Il y a des Rois qui craignent Dieu et des Rois qui ne craignent pas Dieu. Mais tout le monde sait
que les plus grands leaders ou tout simplement les meilleurs leaders sont ceux qui ont la crainte
de Dieu et qui ont Jésus Christ au fond de leur cœur.

SAMUEL MBOU
222 UN HOMME D’EXCEPTION
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Baptisé et confirmé dans sa jeunesse, il sera tour à tour devenu adulte : Chrétien assidu, et
conseiller paroissial pendant plusieurs décennies.

Sa propre maman fût pendant longtemps ancienne d’église. Son papa s’est baptisé un peu sur
le tard. Tout ceci confirme le chrétien qu’il est resté, à savoir dans la foi, mais surtout dans les
actes.

Si on n’a pas une grâce divine, comment pourrait-on assumer toutes ces responsabilités pendant
toutes ces années ?

Le chrétien a une ligne de conduite qui n’est pas celle du non chrétien.

On a toujours dit que les meilleurs dirigeants sont ceux qui croient en Dieu et qui craignent Dieu.

Lorsqu’on a peur de cet œil divin, qui poursuivit Caen au profond de son retranchement, cet œil
qui élève et qui rabaisse, cet œil faiseur des rois, l’on ne saurait qu’être plus conséquent dans
tout ce qu’on fait et comme Dieu est reconnaissait, il vous fait roi pendant près de cinquante ans
comme l’a été le Directeur Général de la CAPLAMI et le Délégué du Gouvernement : Samuel
MBOU

CHAPITRE XIX : QUESTIONS – REPONSES

Question : Quelle relation entreteniez-vous avec l’UCCAO ?


Réponse : C’est à l’UCCAO qu’on définissait la politique Générale des coopératives, en ce qui
nous concerne, on produisait la bonne qualité, notre produit était soigné et on avait des bons
comptes dans notre bilan.

Question : De quelle manière récompensiez vous les meilleurs agriculteurs ?


Réponse : On leur offrait les intrants agricoles à savoir engrais et pesticides, des pulvérisateurs,
des pousse-pousse et même des tôles pour se construire.

Question : Pourquoi la CAPLAMI offrait les cahiers, les buvards, les règles, etc aux meilleurs élèves ?
Réponse : Pour leur inculper en bas âge l’esprit coopératif. En tout cas c’étaient eux les futurs
planteurs.

POST FACE

Albert Ier, Roi des Belges disait : « la première récompense du devoir bienfait, c’est de l’avoir ac-
compli ».

Au bout de cinquante années au service des hommes. Monsieur le Délégué a eu droit il y a


quelques jours à une retraite méritée. Pendant toutes les années de direction il n’avait jamais, à
proprement parler pris de congé.

Il y a des personnes qui regrettent son époque, il y a beaucoup d’autres qui exultent et manifestent
leur joie.

SAMUEL MBOU
UN HOMME D’EXCEPTION 223
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Il faut dire qu’à l’Ouest comme un peu partout d’ailleurs au Cameroun , vous êtes aimés ou craints
seulement quand vous commandez : Lorsque vous n’êtes plus aux affaires les gens médisent
de vous et font l’apologie de votre remplaçant.
Lorsqu’on est resté au sommet pendant près d’un demi-siècle, on ne saurait ne pas s’attirer les
foudres des gens de divers horizons. Et aujourd’hui encore plus qu’hier, la misère ambiante, gran-
dissante et même galopante favorisent cet état de chose.

En tout cas la réfection, la confection des routes incombent au ministère de la ville, aux ministères
des travaux publics, avant qu’on n’en vienne aux communautés urbaines et aux Mairies. Encore
que ce matin quatre mars 2009 le ministre des travaux publics de la république du Cameroun a
déclaré sur les ondes de la CRTV que l’Etat était entrain de privatiser les réfections des routes. No-
tamment les routes inter-urbaines. Parce que l’Etat a montré ses limites à cause des clanismes
et autres : chaque opérateur privé qui aurait agréé devant récupérer sur les péages routiers et
au bout d’un certain nombre d’années d’exploitation, la gestion de ces routes devant être rétro-
cédé à l’Etat. Ceci démontre les difficultés de l’Etat face aux goudronnages des routes que d’aucun
estiment trop aisés.

Autres faits, autres gestes, pendant toutes ces années, beaucoup voyaient le patron et oubliaient
le gestionnaire avisé, prudent et réfléchi. Chacun s’attendait à ce qu’il mette la main dans la ca-
gnotte et distribue à tout vent. Ce qui était impossible.

Il y a comme cela des souvenirs pathétiques sur lesquels le Délégué aime bien revenir : « quand
on était à la CAPLAMI il y a des gens qui apportait cinq sacs de café et demandaient que
j’intervienne pour qu’on écrive 30 ou 40 sacs. Je laissais croire que j’avais laissé des ins-
tructions à cet effet.
Ils revenaient me voir quelque jours après pour se plaindre qu’on avait payé seulement les
cinq sacs alors je disais que je prendrai des sanctions sévères à l’encontre de celui là ou de
ceux-là qui n’avaient pas exécuté mes instructions, ce qui était bien sûr infaisable ».

Le principal juge dans la vie reste la conscience. Monsieur le Délégué a une conscience tranquille
et il bénéficie aujourd’hui d’un repos bien mérité.

Puisse d’autres personnes se mettre à son école et construire des victoires en utilisant le calme,
l’humilité, l’abnégation, la tempérance et le travail.

En attendant certaines personnes se demandent ce qu’il va faire maintenant qu’il n’est plus aux
affaires : Ce qui est sûr avec toute l’expérience dont il est pétri, il est à proprement parler une per-
sonne ressource incontournable dans la ville, dans la région et même dans son pays.

L’Ouest appartient au monde et de la radioscopie du monde, il apparaît un peu partout sur notre
globe que les optimismes renaissent sur les cendres du désespoir, de l’incertitude et de la pau-
vreté. L’espoir renaît à ce moment ultime où de l’Amérique vers le reste du monde, un vent nou-
veau souffle : Avec le grand bouleversement qui vient d’y avoir lieu et surtout la manière donc le
nouveau patron de la maison blanche apprécie les relations bilatérales et multilatérales. Ce qui
fait que à défaut de donner à manger à chaque habitant du monde, il souhaite créer tout de
même l’espoir parce que c’est la chose qui manque le plus.

Très vivement en cet instant dans notre pays que les attitudes qui sont d’une autre époque dis-

SAMUEL MBOU
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paraissent : ce sont la vénalité, les favoritismes, les clientélismes, les népotismes, le tribalisme, le
mépris, l’exclusion, la haine. (nous vous épargnons la corruption parce que là c’est une autre af-
faire trop de discours ont été faits à ce sujet ces derniers temps).

Le Général de Gaulle disait : « dans les relations entre deux nations, il n’ y a pas de place pour
les sentiments seul les intérêts comptent ».

Or nous savons que, ces intérêts sont tenus par les hommes d’affaires. Quand les chefs d’Etat
Européens voyagent dans le monde ils ont avec eux tout d’abord les hommes d’affaires .

SAMUEL MBOU
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DOSSIER

LA CONCEPTION D’UNE UNITE DE


TRAITEMENT DE DECHETS MENAGERS
EN VUE DE L’OBTENTION DE L’ENGRAIS
ORGANIQUE A LA CAPLAMI

Par SAMUEL MBOU DIRECTEUR GENERAL

DOSSIER
LA CONCEPTION D’UNE UNITE DE TRAITEMENT DE DECHETS MENAGERS EN VUE DE L’OBTENTION DE L’ENGRAIS ORGANIQUE A LA CAPLAMI 227
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A u lendemain de la mise sur pied du « Full Wash » et de la réussite spectaculaire


qui s’en est suivie, il fallait continuer à innover et surtout poursuivre la recherche,
d’où la conception d’une usine d’engrais organique.
Ceci était parti d’un constat, dans la MIFI les terres se sont considérablement morcelées
en raison de la surnatalité et du découpage héréditaire, conséquence ce sol a été surex-
ploité sans que soit envisagé des véritables solutions de rechange.
Or, par le passé, il existait une véritable politique agricole à travers les actions suivantes :
- La rotation régulière des plantes sur le même champ : Ce qui signifie qu’une année, on
pouvait semer le maïs d’un côté et de l’autre côté le haricot, pistache, macabo, …
- La pratique de la jachère : une partie du champ était délimitée par un enclos pour servir
à l’élevage de bétails : les bouses de chèvres et de moutons ainsi que le repos du sol de-
vant réalimenter la terre.
L’objectif pour le concepteur était de :
• Maintenir ou au mieux accroître la production et la productivité du café de façon quan-
titative et qualitative puisque l’arôme du café obtenu devant être plus exquis parce que
c’est un produit biologique.
• Réduire l’un des éléments principaux du coût de revient à savoir l’engrais.
• Prendre ainsi son indépendance vis-à-vis du fournisseur par rapport à la fluctuation du
coût et aux délais de livraison.
• Permettre aux agriculteurs, d’autres revenus substantiels plus consistants en dehors du
café notamment par rapport aux produits vivriers :
- Intensification de la production et de la productivité vivrière.
- Alimentation quantitative, qualitative et saine.
- Accroissement du revenu grâce au surplus vendu sur le marché et surtout grâce au mar-
ché international étant donné que les produits « Bio » sont très prisés en ce moment même
en Europe. Tout comme en ce temps là, là-bas c’est même un produit de luxe.
Ce projet était le fruit de plusieurs années de recherche à travers les lectures, l’expérience
ainsi que des voyages d’imprégnation.
Il faut préciser à toute fin utile qu’un peu partout en Europe et ailleurs, on transforme les
ordures ménagères pour en faire de l’engrais organique.
Une fois le projet conçu, il fût confié à une société Suisse-Allemande (c’était une société
basée un Suisse, et on dit Suisse-Allemande parce qu’il y a des Suisses qui parlent Fran-
çais, d’autres Italiens, d’autres enfin Allemands, c’était une société basée en Suisse). A la
fin de leurs études, elles ont déposé leur conclusion.
Dans l’esprit du Directeur Général il fallait donc ramener le prix de l’engrais. Parce que ces
engrais coûtaient de plus en plus chers et aussi, il fallait reconstituer le sol déjà très usé.
Le projet sera bloqué malheureusement par certains administrateurs de l’UCCAO qui au-

DOSSIER
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raient voulu que ce soit un projet UCCAO et non un projet CAPLAMI. C’était une occasion
unique de sauver les sols par une reconstitution systématique.
Il faut préciser à toute fin utile que la matière première était les ordures ménagères qui
sont jusqu’à ce jour, jeter dans la nature.
Le traitement en effet devait être effectué dans des usines, grâce aux machines. On faisait
confiance à ces machines suisses puisque la CAPLAMI utilisait déjà les machines suisses
comme les dé pulpeuses et autres. Ces machines devaient de façon mécanique triée le
plastique, le plomb, le fer, le zinc, bref tout ce qui ne pourrit pas dans le sol afin de produire
l’engrais avec le reste.
C’était une expérience unique au Cameroun. Jusqu’à ce jour aucune entreprise n’a encore
conçu le projet à l’image de celui-là, parce que c’était un projet à grande échelle.
Le site avait été trouvé du côté de Bamougoum. Le côté opérationnel du projet était bien
conçu, la formule de distribution était bien élaborée puisqu’elle devait suivre le circuit tra-
ditionnel de distribution d’engrais de la CAPLAMI : à priori tous les clients naturels de la
CAPLAMI devaient s’approvisionner comme par le passé.
Il n’était en outre pas nécessaire de tropicaliser ces machines avant leur implantation ef-
fective parce que la CAPLAMI utilisait déjà d’autres machines en provenance de la Suisse-
Allemande qui s’étaient révélées être assez concluante jusqu’à ce jour. Les problèmes
d’adaptation ne se posaient véritablement pas.
Il n’y avait pas de concurrents réels parce que tous ceux qui se sont essayés dans les dé-
chets organiques l’ont fait à petite échelle et surtout de façon manuelle.
Il y avait également une possibilité ultérieure de transformer les ordures des villes voisines
comme Dschang, Mbouda, Foumbot, Foumban, Bafang, Bandjoun, Bangangté, etc…
En tout état de cause, initialement la transformation des ordures avait une visée unique
reconstituée le sol de la MIFI pour une plus grande productivité, une plus grande diversi-
fication et surtout une reconstitution systématique du sol.
Mais auparavant il fallait maîtriser les dépenses d’engrais. Ainsi que son indépendance
vis-à-vis du fournisseur d’engrais chimique.
La présentation de la machine était absolument peu compliquée :
- Avant d’arriver à la fabrication industrielle réelle du compost une autre machine devait
au préalable procéder au triage des matières qui ne se décomposent pas à savoir :
- Bouteille cassée
- Fer
- Plastique
- Cuivre
- Plomb
- Étain

NB : ces différentes matières devant être des matières premières pour d’autres unités in-
dustrielles, basées à Bafoussam ou plus loin.

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Mais il faut cependant préciser à toute fin utile que, ces différentes matières sorties et triées
de la décharge devant être une fois nettoyées mécaniquement vendues aux entreprises.
On appelle globalement cette opération, le traitement mécanique des ordures ména-
gères.
L’évolution spectaculaire de la technologie et surtout du traitement automatique de l’in-
formation fait en sorte qu’aucun secteur n’est à la traîne. Un peu partout et dans tous les
secteurs d’activités, on est passé en Europe et en Amérique du Nord d’un système d’ex-
ploitation analogique et mécanique à un système d’exploitation numérique, ce qui rend
plus fluide, plus rapide les résultats escomptés.

ACTUALISATION DU PROJET

ême si ce projet n’a pas pu être réalisé, il n’en demeure pas moins vrai qu’il reste encore
d’actualité. Nos sols n’ont jamais été autant pauvres et l’urgence d’une assistance de cet
ordre est un besoin urgent et crucial.

Encore qu’à défaut de l’Europe et de l’Amérique de Nord, on pourrait facilement avoir ces
machines d’autres horizons notamment l’Inde, la Chine, le Brésil, l’Australie, l’Afrique du
Sud.

Mais surtout le Japon qui dans le domaine a atteint un niveau de développement expo-
nentiel, et de premier ordre ainsi que dans tous les domaines qui se rapportent à la ro-
botisation.

Le temps est passé, les années se sont écoulées mais le besoin est resté et cela de la
manière la plus criarde.

Aujourd’hui encore, plus qu’hier il suffira tout simplement d’oser et les sols seront sauvés
dans la région Bamiléké.

EXTENSION DU PROJET

ans le circuit des grandes décisions à l’UCCAO de grands bouleversements sont arrivés
compromettant du même coup toute possibilité de rendre aujourd’hui effectif ce projet.
Cette opportunité en ce temps là était unique. Le circuit décisionnel de l’UCCAO ne donne
plus la possibilité de légiférer sur des propositions d’une aussi grande importance, aussi
bien sur le plan financier, qu’humain.

Qu’on le veuille ou non un sol sur utilisé devient fragile, tout comme un muscle qu’on tire
beaucoup lâche, c’est-à-dire se tord, rompt ou tout simplement se déchire.

Les études de préfaisabilité et de faisabilité ont été régulièrement payées par chèque à
un cabinet d’études.

Ces partenaires Suisse-Allemandes auraient pu rester au Cameroun jusqu’au démarrage


effectif de l’usine. Malheureusement on a dû mettre fin à leur contrat et ils sont rentrés.

DOSSIER
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En réalité on dit produits « Bio » par opposition aux produits génétiquement modifiés.
En effet la sur utilisation des pesticides, des engrais chimiques on finit par rendre les pro-
duits consommables d’un tout autre genre.
En principe on conseille de conserver les produits après récolte au moins 7 à 15 jours,
avant de consommer.
Il est de plus en plus démontrer que ces produits génétiquement modifiés ont des effets
indésirables sur la santé de l’homme et même de l’animal. « Celui qui s’alimente essen-
tiellement bio, évite beaucoup de maladies » ne dit-on pas « dis moi de quoi tu te nourris
et je te dirais de quoi tu souffres ».
Aujourd’hui ces ordures du fait de l’intransigeance humaine sont jetées dans la nature, «
alors que dans certains pays, on utilise les ordures, pour obtenir le gaz domestique ».
* En définitive ce projet présentait plusieurs avantages dont voici les principaux :
- Accroissement de la production du café.
- Accroissement de la production et de la productivité agricole surtout en matière de pro-
duit vivrier.
- Lutte contre la famine, la sous-nutrition, la sous-alimentation et la mal-nutrition.
- Réduction du chômage (la nouvelle unité de traitement devait avoir besoin d’un personnel
qualifié et non qualifié à tous les niveaux de la production à la distribution) ;
- Accroissement du revenu chez le paysan. (l’engrais organique devant coûté moins cher
que l’engrais chimique).
- L’Etat devait aussi trouver son compte par le mécanisme des impôts.
PRESENTATION DU PRODUIT
Le produit devait être présenté dans des conditionnements de 25
Kilogrammes. Il faut préciser ici que du côté de la Suisse-Allemande cet engrais organique
est présenté en brique afin de faciliter le transport et la distribution.
ETAT DE LA CONCURRENCE
Pas de concurrence véritable. On peut même parler de situation
Monopolistique.
CONCLUSION
Le non réalisation de ce projet a été un véritable gâchis. C’est vrai que le sujet est d’ac-
tualité, mais un projet c’est avant tout, les meneurs. Lorsque les hommes qui l’ont conçu
ne sont pas là tout devient compliquer.

ELARGISSEMENT DE L’ANALYSE
Les spécialistes sont d’accord sur le fait qu’une mauvaise suivie des ordures ménagères
entraîne la pollution visuelle et olfactive des eaux de surface et des eaux souterraines. Ce
qui présente un véritable risque pour la santé des populations et de l’économie locale. En
traitant dont les polluants organiques on protège les cours d’eau lesquelles sont un ha-
bitacle naturel des poissons et des autres crustacés.
Les trois étapes étant :

DOSSIER
LA CONCEPTION D’UNE UNITE DE TRAITEMENT DE DECHETS MENAGERS EN VUE DE L’OBTENTION DE L’ENGRAIS ORGANIQUE A LA CAPLAMI 231
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UN HOMME D’ACTION

PHILIPPE WANDJI
DIRECTEUR - FONDATEUR
INSTITUT MATAMFEN (SECONDAIRE ET SUPERIEUR)

Et

Une page de l’Histoire


BAHOUOCK – BANGANGTE

UN HOMME D’ACTION : PHILIPPE WANDJI


DIRECTEUR - FONDATEUR INSTITUT MATAMFEN (SECONDAIRE ET SUPERIEUR) 233
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DEDICACES

A LA MEMOIRE
DES CHERS REGRETTES :
« PAPA TAMFEN WANDJI
ET MAMAN NANA MARIE »
BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:38 Page235

SOMMAIRE

INTRODUCTION………………………………………………………………………..….. 4

CHAPITRE I : UNE ENFANCE COMME UNE AUTRE : Le séjour à l’école protestante de Fetom

puis de NOUTONG …………………………………………………………………..……11

CHAPITRE II : LE SEJOUR AU LYCEE JOSS – DOUALA…………………………………….....17

CHAPITRE III : LE SEJOUR EN France…………………………………………..…………...19

CHAPITRE IV : LE RETOUR AU PAYS……………………………………………….……….21

CHAPITRE V : CADRE A LA SOCIETE MOBIL…………………………………….………….22

CHAPITRE VI : DIRECTEUR GENERAL DE MOBIL TCHAD……………………………….…..22

CHAPITRE VII : DIRECTEUR DE MOBIL POUR LE CENTRE - SUD ET EST DU CAMEROUN……24

CHAPITRE VIII : LA NAISSANCE D’UN EMPIRE EDUCATIF :

L’INSTITUT SECONDAIRE D’ENSEIGNEMENT MATAMFEN………………………………….27

CHAPITRE IX : DES QUESTIONS ET DES REPONSES…………………………………………30

CHAPITRE X : LE CHEF DE FAMILLE………………………………………………….……..32

CHAPITRE XI : DES QUESTIONS ET DES REPONSES……………………………………...…33

CHAPITRE XII : UNE BELLE PAGE DE L’HISTOIRE BAHOUOCK………………………….…..38

CHAPITRE XIII : EXPLICATION DU TERME TAMFEN…………………………………….…...42

CHAPITRE XIV : DES QUESTIONS ET DES REPONSES……………………………………….44

CHAPITRE XV : CONCLUSION…………………………………………………………..….49

UN HOMME D’ACTION : PHILIPPE WANDJI


DIRECTEUR - FONDATEUR INSTITUT MATAMFEN (SECONDAIRE ET SUPERIEUR) 235
BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:38 Page236

En guise d’introduction

« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent
plus compte des paroles des parents, lorsque les maîtres tremblent devant leurs
élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce
qu’ils ne reconnaissent plus au dessus d’eux l’autorité de rien, ni de personne, alors
c’est le début de la tyrannie dans les familles et la société ». Disait Socrate il y a 400 ans avant
la naissance du Seigneur Jésus Christ.

Cette citation célèbre est affichée au fronton arrière de l’Institut Matamfen sis en face de la délé-
gation générale à la sûreté nationale à Yaoundé au Cameroun. Elle a été lue, par plusieurs gé-
nérations des élèves et diplômés de cet Institut, elle dicte leurs pas et leurs comportements. Avec
plus de mille élèves chaque année, vous n’entendriez pas le moindre bruit en passant devant
l’établissement. Ceci témoigne mieux que toute autre preuve, la grande discipline qui y a cours.

Aujourd’hui l’Institut Matamfen a son frère aîné : le Supérieur du côté du quartier Tsinga à Yaoundé,
très précisément derrière la Mairie, où il trône majestueusement et couvre tout ce côté de la ville,
ainsi que les environs.

Il permet aux étudiants du supérieur de réaliser le rêve qu’ils ont mûri depuis leur début au Ma-
tamfen secondaire.

Derrière ce succès collectif à savoir des élèves, parents, professeurs et autres, se cache la clair-
voyance, la détermination, la maturité, le goût du travail bien fait, le sens de la réussite, du dis-
cernement et enfin du génie et de l’enthousiasme d’un homme : Philippe Wandji, Directeur
Fondateur diplômé des hautes études commerciales de Toulouse, Expert Comptable diplômé
aux Arts et Métiers Paris, diplômé de l’Institut du droit des affaires de Paris et par ailleurs Admi-
nistrateur Municipal à Bangangté, grand Elite de développement, grand notable à Bahouock.

Celui qui a le mérite d’avoir crée cette entreprise socio-éducative il y a plus de trente ans, qu’il
aura peaufiné au fil des années, était pour certains au départ un illusionniste, mais le temps, les
circonstances et enfin les résultats largement positifs lui donnent raison. Aujourd’hui on parle de
lui au Cameroun, comme d’un vétéran de la chose éducative et surtout même d’un leader, ou
d’un pilier. N’oublions surtout pas qu’il a été pendant longtemps le Secrétaire Général Adjoint à
l’Enseignement Privé Laïc.

Retenons cependant qu’il a 32 ans en 1976 lors qu’il lance son institution en clair, il est bien jeune.
En réalité, même de nos jours on ne voit pas les jeunes de cet âge entreprendre une action aussi
glorieuse quand bien même ils seraient de bonne famille.

Nous parlons ici d’un génie auréolé d’un C.E.P.E à 13 ans, d’un baccalauréat avec mention à 19
ans au Lycée Joss à Douala (de très célèbre mémoire), d’un diplôme d’Administration d’Entreprise
à 24 ans à Toulouse et d’un diplôme d’Expert Comptable à 27 ans à Paris aux Arts et Métiers. Et
qui aujourd’hui en plus de Fondateur et d’Administrateur d’Etablissement et d’Entreprise est Ad-
ministrateur municipal à Bangangté. Plus précisément il occupe la fonction très significative de
Premier Adjoint au maire. Leader du Comité de développement et notable à Bahouock son village
natal. Nous le dirons très souvent afin d’attirer l’attention des uns et des autres sur l’importance
et la grandeur de l’homme.
Tous les spécialistes sont unanimes, on investit dans l’éducation beaucoup plus par passion que

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par soucis du gain. Lorsqu’on veut gagner de l’argent on investit dans des industries de transfor-
mation ou de service.

Lorsqu’on est intellectuel, lorsqu’on a eu le parcours d’un élève et d’un étudiant chevronné.
Lorsqu’on est égoïste, on laisse la recette à ses seuls enfants, mais lorsqu’on est humain, huma-
niste et humanisant, lorsqu’on a le goût du partage, on met son génie au service de tout le monde,
ainsi dans un cadre éducatif approprié, on applique les recettes de l’excellence qui sont enfouies
en nous.

Toute la bravoure, ainsi que les performances de l’Institut Matamfen tiennent à cette considération
essentielle.

Nous sommes dans un monde où les jeunes d’aujourd’hui et même ceux de demain sont en
quête de repère. En leur présentant des hommes qui ont émergé et Dieu seul sait ô combien ils
sont peu nombreux, nous leur donnons par la même occasion la possibilité de se construire leur
propre victoire.

Merci de partager avec nous la très belle histoire de Philippe WANDJI, une très belle page du vil-
lage Bahouock, un moment historique du département du NDE. C’est vrai que mille livres ne suf-
firont pas à contenir l’histoire d’un aussi grand homme, d’un aussi beau village et surtout d’un
aussi beau et grand département. Le plus important déjà c’est de commencer, ne dit-on pas chez
nous que cent kilomètres c’est très long. Mais lorsqu’on fait un pas, on a plus à faire à la même
distance.

En attendant, l’institut Matamfen reste une grosse machine. En 33 ans, c’est tout de même 33
000 élèves ou plus qui ont eu à poser leur sac d’école dans cet institut, avec une moyenne de 1
000 élèves par an si non plus. C’est aussi près d’un millier d’encadreurs. En définitive, on men-
tionnera qu’il y a eu des milliers de cadres du privé et du publique qui sont les purs produits de
cette institution.

Mais derrière tout cela, se cache un grand travailleur acharné, amoureux du travail bien fait, mais
aussi un bon père de famille pour tous ces milliers d’élèves et encadreurs. Cela depuis près de
trente trois ans.

Nous parlerons de l’homme public (le Chef d’Entreprise, l’Administrateur Municipal, le cadre du
Comité de développement, la personne ressource dans plusieurs associations).
Nous parlerons du chef de famille (marié, père et grand père)

Nous parlerons de ses forces et de ses faiblesses, ses goûts et ses dégoûts.

En attendant il est convaincu de la complémentarité incontournable entre les hommes. Un homme


ne saurait intégrer en lui seul toutes les potentialités. On ne peut être riche et avoir toutes les
grandes idées.

En un mot, ceux qui sont riches auront toujours besoin de ceux qui ont les idées et ceux qui ont
les idées auront besoin de ceux qui sont riches.

Nous sommes entièrement de cet avis parce que Dieu même ne donne jamais tout à une même
personne.

UN HOMME D’ACTION : PHILIPPE WANDJI


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Notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ était et est certes le fils de Dieu, fait homme il n’en demeure
pas moins qu’il avait douze disciples qu’il avait su si bien choisir, un fiscaliste, un médecin, un
pêcheur, les autres alors que tout seul il pouvait tout faire.

Nous ne sauront clôturer sans nous référer à cette pensée célèbre de Berthold Brecht « Celui
qui ne connaît pas la vérité est un ignorant, celui qui connaît la vérité et la cache est un cri-
minel » certains ont réussi grâce à la fortune héritée de leur parents, d’autres grâce à la politique
et aux lobbys. Mais très peu ont réussi par leur travail et par leur dévouement.

Philippe Wandji appartient à cette catégorie de personne dont la réussite relève du travail, du
discernement, de la persévérance, de l’abnégation, du goût du sacrifice, de la foi en Jésus Christ
et de l’honnêteté pour ne citer que ces caractéristiques.

En réalités, c’est quoi la réussite sociale ? Elle intègre à notre modeste avis, plusieurs facteurs
dont voici quelques uns que nous essayerons de commenter.
- L’assise matérielle et financière
- L’assise sociale
- L’assise intellectuelle
- L’assise psychologique
- L’assise religieuse
- L’assise physique
- L’assise organisationnelle
Certainement qu’il y a bien d’autres, mais nous nous limitons à ces aspects :

- L’assise matérielle et financière


Il s’agit ici tout simplement de la surface matérielle et de la surface financière. En effet nous voulons
parler de l’avoir visuelle, ce que l’on possède comme biens meubles et biens immeubles, lorsque
leur quantification est relativement importante.

- L’assise sociale
Lorsqu’on donne à travers le travail, un revenu pécunier a des milliers de personnes, assurant
pour ainsi dire leur subsistance et cela pendant plusieurs décennies.

- L’assise Intellectuelle
Un profil académique assez élogieux peut être un atout, mais non une fin en soi. Il y a des per-
sonnes qui n’ont pas fait des hautes études, mais qui sont d’une culture extraordinaire. En défi-
nitive, il faut connaître quelque chose de tout, être bien informé et de façon permanente.
- L’assise Psychologique

On a souvent dit que maîtriser le monde, c’est bien, mais que se maîtriser c’est mieux. Ce qui ca-
ractérise les grands hommes c’est leur comportement peu habituel face aux évènements : ils sa-
vent se maîtriser. Ils encaissent à longueur de journée les problèmes familiaux des collaborateurs
en trouvant des solutions financières et morales. Tout en étant patron ils jouent le rôle de « père »
pour leurs collaborateurs.

- L’assise religieuse
Les patrons qui ont peur de Dieu et qui placent Dieu comme leur guide sont plus humains. Surtout
quand ils occupent des grands postes de responsabilité au sein de l’église à savoir conseiller
paroissial, ancien d’église et autres.

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Ces hommes cultivent l’amour de Dieu, l’amour du prochain, surtout l’humilité, la tempérance, la
modestie et la patience.
- L’assise Physique
Ceux qui ont réussi ont de très bonnes conditions physiques et une grande volonté, ils n’aiment
pas la fainéantise quand ils ne travaillent pas ils s’ennuient. Même quand ils sont en vacances,
ils sont toujours très rapprochés de leurs activités. En réalité ils n’ont jamais à proprement parlé
de repos.

Einstein disait « le succès, c’est 99 % de travail et 1 % de génie »


Un penseur disait : « la différence entre la pile Wonder et le système nerveux est que la pile
ne se s’use que lorsqu’on s’en sert et le système nerveux ne s’use que lorsqu’on ne s’en sert
pas »
Bref ce sont des gens travailleurs qui ne tolèrent pas les paresseux autour d’eux.
- L’assise organisationnelle
Ceux qui réussissent sont des gens méthodiques, ils ne font rien au hasard, leur temps est planifié
(la journée, la semaine, le mois et même l’année), en un mot ils prévoient tout. Et ne reçoivent ha-
bituellement que sur rendez-vous. Ce n’est pas une marque d’orgueil, c’est tout juste un sens
d’organisation. Et une gestion positive et rationnelle du temps. Ne dit-on pas : « le temps c’est
de l’argent ».

L’organisation englobe tout : le temps du travail, le temps de repos, le temps de loisir, le temps
des visites, le temps du sommeil ;
Le roi Salomon disait par la voie d’Ecclésiaste dans la Bible qu’il faut un temps à tout. Il est très
difficile de réussir dans la vie quand on n’est pas organisé.

Pour nous résumer, disons tout simplement que Philippe Wandji applique tout ce que nous venons
de citer au quotidien.

CHAPITRE I : UNE ENFANCE COMME UNE AUTRE

Le séjour à l’école protestante de Fetom puis de NOUTONG

A BAHOUOCK, l’un des 13 groupements (villages) du département du NDE, ce 16 Avril 1944 le cou-
ple Tamfen Wandji et Nana Marie met au monde leur cinquième enfant, très heureux le père en
fait son propre homonyme, c’est un garçon à qui est attribué le prénom de Philippe et le nom de
Wandji. (NB : ce couple aura par la suite trois autres enfants. Ce qui donnera en tout huit enfants
à ce couple. Ce chiffre sera par la suite très important, en ce sens qu’avec la grâce de Dieu et
des hommes, Philippe Wandji aura aussi huit enfants).

Les huit enfants du couple Tamfen Wandji et Nana Marie vivent encore en cette fin d’année 2009.
Il y a quatre garçons et quatre filles. Ils sont presque tous parents et grands parents. Tous ont eu
une occupation responsable dans la vie, le tout dernier de la fratrie à fait pharmacie officinale à
Rennes en France, il s’appelle Wanda Etienne, aujourd’hui il est marié, père de famille et c’est lui
le gérant propriétaire depuis plusieurs années de la Pharmacie ADAMA à Ngaoundéré. Précisons
à toute fin utile que maman NANA Marie est la troisième épouse de son mari. Papa Tamfen
Wandji a quatre femmes et elles sont toutes fécondes.

Revenons à ce 16 avril 1944 à BAHOUOCK, au moment ou son fils vient au monde papa Tamfen

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Wandji est grand notable à la chefferie il est le père du chef (titre d’honorabilité), mais sa profession
véritable c’est commerçant : en effet il vend la poudre de fusil, qu’il achète au Nigeria.

En réalité c’est quoi la poudre de fusil ? Aussi pourquoi l’acheter exclusivement au Nigéria ?

Dans tout le Cameroun, le coup de fusil est très important dans toutes les manifestations sociales,
culturelles, sportives, initiatiques, particulièrement en ce temps là. Il faut qu’on précise avant de
continuer que la poudre de fusil n’était pas pour tuer qui que ce soit, encore moins pour occa-
sionner ou entretenir une guerre tribale.

L’utilité de la poudre de fusil était de provoquer un grand bruit : on la met à l’intérieur de son fusil,
on presse le déclencheur en pointant son fusil vers le haut et c’est alors qu’un grand bruit jaillit.

Cela se passe au moment des enterrements, lors des funérailles et surtout lors des grandes ma-
nifestations dans les chefferies. Le rang social de chacun détermine le nombre de coup de fusil
que vous pouvez déclencher ou bien que d’autres peuvent le faire pour vous contre payement
d’argent, dans des lieux de cérémonies, il y a des gens qui se promènent avec des fusils, de la
poudre de fusil, sollicitant des clients, vous les payer pour un certains nombre de coups et ils le
font.

Le métier de vendeur de poudre de canon était un métier noble, lucratif qui convenait essentiel-
lement à une élite, encore que pour acheter cette poudre de fusil, il fallait parcourir des milliers
de kilomètres. En dehors de la fatigue physique, il y avait des risques de tout genre aussi bien à
l’allée avec des sommes importantes qu’on détenait sur soi et au retour avec cette fois là une
quantité importante de poudre de fusil qu’on transportait.

La traversé de la frontière du Cameroun et du Nigeria n’était pas aisée, avec les collines, les mon-
tagnes, les vallées, bref avec une praticabilité difficile et incertaine. On peut dire qu’à cette époque
là, il était un bourgeois. Bourgeois traditionnel, parce que grand notable et aussi bourgeois mo-
derne, parce qu’il était un grand commerçant manipulant des sommes importantes. C’est cette
situation sociale prestigieuse qui donnera à papa Tamfen Wandji 4 femmes et beaucoup d’en-
fants (ce n’est pas n’importe qui ? parce que comme disent les anciens, une femme c’est mille
problèmes et plusieurs femmes c’est une multiplication de problèmes), il tire tant bien que mal
son épingle du jeu.

Maman Nana Marie est la 3ème femme. La famille vit en parfaite symbiose et en parfaite harmonie.

Cette naissance survient donc au quartier Koua qui est la capitale du village BAHOUOCK, c’est le
quartier résidentiel, c’est le cœur du village.

A l’âge de la scolarité, c'est-à-dire à six ans par là, avec les autres jeunes garçons et filles du vil-
lage, il se rend pour la première fois à l’école la plus proche, située à près de quatre kilomètres,
l’école primaire protestante de Fetom. Comme ils sont plusieurs, la route est moins distante. Tôt
le matin, ce beau monde part de BAHOUOCK et arrive à Fetom-Bangangté avant huit heures
pour répondre à l’appel, le retard n’est pas toléré, la loi du fouet est Omniprésente, ce sont les
branches des eucalyptus entrelacées, qui font vraiment mal, surtout quand on vous les applique
le matin avec le grand froid surtout pendant la saison de pluies où il fait plus froid.

L’école commence à huit heures et s’achève à douze heures, elle reprend à 14h30 et s’achève à

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17h30. Entre 12h et 14h30 les jeunes enfants se promènent, ils consomment leurs provisions ap-
portées du village, ils vont à la rivière en contre bas de la colline pour boire de l’eau fraiche. Le
soir, l’école s’achève à 17h30 et tout le monde se met sur la route du retour.

A la maison, tout jeune élève doit aller puiser de l’eau pour la famille à plusieurs kilomètres de là
et s’il y a un peu de temps, il faut aller chercher le bois pour la cuisine du soir.
L’école c’est de lundi à vendredi. Le samedi et le dimanche, il n’y a pas classe. Tout se passe ainsi
pour la Sil et le cours préparatoire.

A partir du cours élémentaire I, l’Eglise Evangélique du Cameroun rapproche les heureux élus
c'est-à-dire ceux qui ont tenu de la Sil au cours préparatoire sur l’esplanade l’école protestante
Noutong. Ce centre est situé à trois kilomètre de l’autre, c’est-à-dire du centre de Fetom.

Le collège Thomas Noutong arrivera sur ce site quelques années plus tard et il y est encore de
nos jours. Sur cette esplanade il fera le cours élémentaire première année, le cours élémentaire
deuxième année, le cours moyen I et le cours moyen II. Le Certificat d’Etude Primaire et Elémentaire
arrivera tout naturellement en 1957.

Comment se sont passées les quatre années à l’école protestante Noutong ?


Il faut tout d’abord préciser qu’au lieu de quatre ans, il passera cinq années. Il reprendra une
classe : le Cours moyen Première année, non pas parce qu’il était faible, mais le maître l’avait
pénalisé à cause de son refus de se rendre dans sa plantation pour travailler. La raison était toute
simple, avant d’arriver dans la plantation du maître à Bazou, il fallait traverser un grand cours
d’eau effrayant et habituellement de triste mémoire, les gens se noyaient dans ce fleuve, c’est
cette peur qui l’emmèna à refuser de s’y rendre. On nommait ce fleuve Koufi, c’est le plus grand
fleuve du département du NDE.

A l’école protestante Thomas Noutong, il se passe quelque chose de nouveau : L’internat.


Le collège n’existait pas encore, comme c’est le cas de nos jours. L’internat était valable pour les
élèves allant du cours élémentaire un au cours moyen deux.

La loi du fouet prévalait, on fouettait bien les élèves pour les amener à travailler. Il n’y avait pas
d’enseignants expatriés. Tout comme à l’école de Fetom, l’école commerçait à 8h et s’achevait à
17h30.

A l’internat, il n’y avait pas une cuisine commune subventionnée par l’église Evangélique, c’est
chaque élève qui apportait sa provision de la semaine. En clair, les élèves venaient le dimanche
soir et retournaient dans leur famille respective le vendredi soir, en transportant ce qu’ils devaient
consommer dans la semaine, en général, c’est chez les parents qu’on se nourrissait bien.
La nourriture de la semaine était généralement le plantain, la patate douce, le macabo, l’arachide,
le maïs frais et bien d’autres petites nourritures de subsistance. Le tapioca n’existait pas encore,
le manioc est récent à l’Ouest. C’est chaque élève qui faisait sa cuisine au feu de bois, le soir
après les classes.
L’internat était gratuit pour tous les élèves, tous les matins, tous les élèves se rendaient à l’Eglise,
la prière et le culte étaient obligatoires.
Le directeur de l’école protestante Noutong s’appelait Paul Nana, il était originaire de Bamena.
Le maître du cours moyen deux de l’école primaire s’appelait Yantchou, il était originaire de Bazou.
En 1956-1957, il y avait une quarantaine d’élèves aux CMII et le taux de pourcentage de réussite
était de 50% au C.E.P.E, ce qui était tout de même important parce que les conditions de travail

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étaient très difficiles.


- Il n’y avait pas d’électricité,
- Les élèves les plus nantis utilisaient la lampe à pétrole.
- Les autres élèves pour la grande majorité utilisaient le feu de bois, ce qui signifie que grâce au
feu de bois (brindilles allumées), ils étudiaient leurs leçons.

Pour ce qui était des motivations pour le travail et le succès : il y avait ces petits et grands admi-
nistrateurs qui passaient au village. En l’occurrence les sous préfets, les préfets, les magistrats,
les militaires, les gendarmes et bien d’autres qui faisaient l’admiration des jeunes élèves.
Les moyens de déplacement étaient essentiellement la marche à pied, surtout pour tous ceux
qui devaient rejoindre leur village respectif tous les week-ends.

C’est à l’école évangélique de Noutong que beaucoup d’élèves se sont baptisés et plus tard
confirmés, très naturellement les élèves sont entrés dans la religion par contrainte, qui sera suivi
de la curiosité et qui deviendra à la fin la passion. Cinquante ans plus tard beaucoup d’élèves
parmi lesquels Philippes Wandji sont resté chrétiens évangéliques et pas n’importe quel chrétien,
Ancien d’Eglise, conseiller paroissial.

Avant de quitter l’école protestante de Noutong, retenons que chaque classe avait son dortoir, il
y avait un dortoir pour le CEI, il y avait un dortoir pour le CEII, il y avait un dortoir pour le CMI, il y
avait un dortoir pour le CM2.

Les élèves venaient à la rentrée avec les plats, les fourchettes et les marmites. A la fin de l’année,
chaque élève rapportait tout cela au domicile familial.

CHAPITRE II : LE SEJOUR AU LYCEE JOSS – DOUALA

L’école primaire achevée, plusieurs opportunités s’offrent au jeune élève pour ses études secon-
daires. Mais le plus intéressant étant celui de Douala, l’aîné de la famille s’y trouvant, et pas n’im-
porte quel aîné, puisqu’ils avaient une même mère et un même père, la précision est très
importante. Chez nous autres Bamilékés où la polygamie était très rependue, le frère de même
père et de même mère était plus accentué que le frère consanguin c’est-à-dire de même père
et non de même mère.

Il passe le concours très sélectif du Lycée Joss, qui avec le Lycée Leclerc étaient les plus grands
Lycées du Cameroun.

De la classe de sixième en classe de terminale, il loge chez ce frère aîné qui travaillera toute sa
vie dans une pharmacie à Douala, il est marié, père de famille et vit au quartier Newbell.

Il faut noter ici un fait très important, longtemps après sous l’impulsion de Philippe Wandji, le der-
nier petit frère de la famille en la personne de Wandji Etienne fera des études de pharmacie of-
ficinale à Rennes en France. Aujourd’hui c’est lui le propriétaire de la pharmacie Adama à
Ngaoundéré.

Ce grand frère s’appelait Kemajou Isaac, il vit encore, il est père de famille, grand père et même
arrière grand père.

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Le proviseur du lycée Joss était un expatrié, un français. La majorité du corps enseignant était
français. Il y avait au trop 25 élèves par classe. L’architecture principale du Lycée Joss était déjà
celle qu’on connaît aujourd’hui. Comme la majorité de ses jeunes camarades qui vivaient au
quartier Newbell, le trajet du Lycée à la maison se faisait à pied.

Il n’existait pas de tenue de classe ou de défilé. Bénéficiant des bonnes conditions de logement,
d’alimentation et de suivi, mais aussi et surtout de sa grande volonté de travail et de son grand
dévouement, le jeune garçon sera un brillant élève de la classe de 6e, en classe de terminale, il
sera toujours parmi les meilleurs de la classe. C’était de façon permanente les moyennes de 13,5
; 14 ; 14,50.

C’est tout naturellement qu’il obtiendra tout d’abord son B.E.P.C section allemande, puis suivra
une brillante 2nd C, puis une très bonne 1ère et Tle C avec des moyennes dans l’ordre de 14 ou
15.

En ce temps là, le gouvernement n’était pas indifférent aux bons élèves, un Baccalauréat série C
à une bourse d’Etat du gouvernement camerounais afin de vous permettre de poursuivre vos
études supérieures en France.

Cinq jeunes élèves ont eu cette bourse cette année là parmi lesquels le jeune Philippe Wandji. Le
fils de papa Tafen Wandji s’envolera vers la France, pour d’autres défis, en comptant bien évi-
demment sur son travail bien fait, sur la bénédiction de toute la famille, mais surtout l’ordre, l’as-
sistance, l’omniprésence et l’omniscience de notre Saint Seigneur et Sauveur Jésus Christ en qui
il avait mis sa confiance depuis le premier jour de l’école protestante de Feton à Bangangté, par
contrainte au début et par passion par la suite. En comptant sur la bénédiction de tout le village
Bahouock : il est un emblème pour tout le monde.

CHAPITRE III : LE SEJOUR EN FRANCE

Au début, il était question de faire les hautes études commerciale à Amiens, mais auparavant il
faudra faire la classe préparatoire dans la même ville. La classe préparatoire sera un succès,
s’ensuivra une première année de hautes études commerciales positives.
Mais seulement la solitude et l’isolement vont le contraindre à demander un transfert à Toulouse
où se trouvent quelques connaissances depuis le Cameroun.

Les années à Toulouse se passeront aussi très bien et seront sanctionnées par :
- Un diplôme supérieur de commerce notamment en administration des entreprises, option fi-
nance et comptabilité.

Pour gagner en temps, parallèlement à ses études supérieures de commerce, il prépare son ex-
pertise comptable.
Avant de partir de Toulouse pour Paris, il avait en plus de son prestigieux diplôme des hautes
études commerciales, deux certifications ouvrant la voie à l’expertise comptable :
- Une certification en comptabilité
- Une certification en économie.

A Paris, il prépare son diplôme d’expert comptable aux Arts et Métiers tout en travaillant. Il l’ob-
tiendra au bout de trois ans.

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Il passera en tout huit années en France. Pendant ce long séjour, il survenait aux besoins de tout
le monde, besoin de tout ordre (vestimentaires, médicamenteux, …)
Ce tout le monde était notamment les sœurs, les frères, les cousins, les papas, les mamans, les
oncles, les tantes.

A toute fin utile, il faut préciser qu’avoir une personne de la famille en Europe en général et plus
précisément en France, était un grand honneur et un grand prestige pour toute la famille. En ce
temps là on les comptait du bout des doigts. On vous faisait beaucoup de courriers en, peut-être
pour vous saluer mais surtout pour vous demander beaucoup de choses.

Il reviendra au Cameroun, deux fois de suite, une fois pour les vacances et une autre fois pour se
marier en 1968, il a très exactement 24 ans, avec une jeune fille Bangangté comme lui. En tout
cas, maman, à la veille de son départ pour la France avait donné des instructions très fermes : «
tu n’épouseras pas une française, ou bien une femme blanche, ou d’ailleurs » il ne fallait pas ou-
trepasser la volonté de la maman, sinon la malédiction vous suivrait.

CHAPITRE IV : LE RETOUR AU PAYS

Une fois les études terminées, les diplômes obtenus et surtout en raison de l’amour du pays natal,
mais aussi parce qu’il aimait sa maman, puisque papa était décédé, aussi parce que son dernier
petit frère en la personne de Wandji Etienne tenait bien à l’école, il fallait rentrer l’encadrer afin de
lui donner la chance de réussir, il était justement au secondaire et très précisément en classe de
troisième.

Une fois au pays, il n’ouvre pas de cabinet d’expertise comptable. C’est que depuis Paris, il était
en contact avec Mobil Oil Cameroun et à son retour, ils l’ont recruté.

Pourquoi n’a-t-il pas travaillé comme cadre comptable ?


Parce que la comptabilité centrale se faisait depuis Paris et c’est pour cela que faire toutes ces
études et venir travailler, comme un petit agent comptable ne valait pas la peine.

En définitive il fallait donner à maman la chance de vivre un peu plus longtemps, en étant au Ca-
meroun pour l’assister en cas de problèmes de santé.

Déjà que pendant les vacances de 1967, il perd son père Papa Tamfen Wandji, peut-être aurait-
il pu vivre longtemps en bénéficiant d’une meilleure assistance sanitaire, papa Tamfen Wandji
est mort pendant que le jeune cadre effectuait un stage à la société Totale à Douala. La semaine
où il devait se rendre à Bahouock pour saluer sa famille, on l’informe en dernier recours que son
papa est décédé. L’enterrement a eu lieu au village en présence de tous les enfants. Ensuite son
successeur à été installé en la personne de NIEGUI Thomas dit Tamfen. De tous les enfants de
papa Tamfen son seul véritable homonyme est Philippe Wandji.

CHAPITRE V : CADRE A LA SOCIETE MOBIL

Il passe six mois de stage à Mobil Douala, stage jugé concluant par la hiérarchie de la Société.
C’était de janvier 1972 à fin juin 1972.

A la fin du stage, il est affecté au Gabon comme Directeur Général Adjoint de la société Mobil -

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Gabon. Il venait créer ce poste, cela entrait en droite ligne avec l’Africanisation des cadres. Pen-
dant son stage à Mobil, il assimilait très rapidement, de part sa formation des hautes études
commerciales et celui d’expert comptable. Il y avait beaucoup d’instructions qui étaient banales.
A Libreville le jeune cadre est logé à Noumakélé dans une résidence de fonction à côté de la mer.
Il est accompagné de sa tendre épouse et de ses enfants.

Le Directeur général de Mobil Gabon est un Français.

CHAPITRE VI : DIRECTEUR GENERAL DE MOBIL TCHAD

La bonne qualité de son travail, fait que la Direction Générale de Mobile à Paris l’affecte au Tchad,
comme Directeur Général de Mobil Tchad, le nom Ndjamena n’existait pas, on disait Fort Lamy,
c’était au temps du président Tombabaye. C’est justement pendant qu’il exerçait que la ville a
changé d’appellation.

A ce grand poste, il remplaçait un français, cependant autour de lui, il avait sous ses ordres des
cadres africains originaires de plusieurs nationalités.

Il fut en tout cas le premier africain à être directeur d’une multinationale au Tchad.

Lorsque les ressortissants du NDE ont su qu’un de leurs était arrivé, comme haut cadre, ils ont
été très heureux, et ils ont accouru. En réalité les Bangangté étaient au Tchad depuis longtemps,
comme tout Bamiléké, c’est le Commerce qui les a emmené là-bas. Ils y sont certainement
jusqu’aujourd’hui, la plupart ont réussi. Ils sont un peu partout au Tchad. Mais la majorité est
basée à Moundou au sud du Tchad, d’autres sont basés à SHAR (Fort Archambault), il n’y a pas
de réunion du NDE, mais néanmoins on connaissait la maison de tout un chacun, la majorité
des ressortissants du NDE s’y était rendue tout simplement pour faire le commerce. La première
fois que le Président tchadien a eu des problèmes, il s’est refugié chez des Bangangté. Il va ainsi
passer trois années au Tchad : 1973, 1974,1975. Il est ensuite affecté à Yaoundé au Cameroun, à
cause de la guerre qui rendait la vie très difficile. C’est lui à travers la société Mobil qui fournissait
l’essence à l’armée française. Il était en contact direct avec le Général qui commandait les troupes
françaises au Tchad. C’était à l’époque ou Hissène Habré était au maquis et avait Kidnappé une
française du nom de Madame Closte. Le Général français lui avait conseillé de demander son
affectation parce que le Tchad devait un véritable bourbier et était très dangereux.

Une correspondance à la Direction Générale à Paris, qui lui répond favorablement au bout de 6
mois. En tout cas la Direction Générale ne voulait pas perdre un cadre d’un aussi grand niveau.

CHAPITRE VII : DIRECTEUR DE MOBIL POUR LE CENTRE - SUD ET EST DU CAMEROUN.

C’est conscient de tout cela qu’il est envoyé à Yaoundé comme Directeur de l’Agence Mobil pour
le Centre, le Sud et l’Est et fondé de pouvoir de Mobil Oïl pour toute l’Afrique Centrale.

Le poste de Fondé de pouvoir est un poste très stratégique et très important. Ce d’autant plus que
celui-ci a une délégation de signature favorable pour toute la sous – région.
En réalité il avait gravi rapidement beaucoup d’échelons, cela n’était ni dû à la chance, ni au fa-
voritisme.

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La raison était tout simple à Mobil comme dans toutes les multinationales, il ya un plan de carrière
pour le personnel – cadre avec notamment un cahier de charge. Ce plan de carrière est un facteur
motivant et incitatif qui pousse l’employé à atteindre les objectifs placés en lui et convenu d’avance
et pour les plus performants à les dépasser.

Pendant ces années passées à Mobil, il avait atteint et même dépassé les objectifs qui étaient
siennes.

La conséquence directe d’un cahier de charge rempli sont les différents postes possibles que
vous êtes susceptibles et même que vous devez occuper aux différents niveaux.
Et c’est là qu’il y a problème, le français qui est Directeur Régional pour l’Afrique Centrale à Douala
ne sait pas où le placer, c’est la raison pour laquelle il le fait atterrir à Yaoundé.
Cependant il y a un fait très important qu’il faut souligner à triple traits :
Le Directeur régional affecté à Douala, avait fait la même école que lui en France notamment à
Sup de Co, trouvant un Camerounais qui fut plus brillant, le rendit complexé.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, les rapports de travail, le concernant était assez élogieux
et prestigieux. Le Français s’est rendu compte que s’il restait, il lui ferait ombrage, toute la machine
sera mise sur pied pour qu’il parte. Autre raison et non des moindres, dans les grandes entre-
prises, il y a régulièrement des séminaires pour les remises à niveau. Lors de ces séminaires les
interventions du jeune Philippe Wandji étaient toujours les meilleures, il était toujours cité en exem-
ple à tous les niveaux que ce soit sur le plan de la gestion, du marketing et autres, souvenons
nous comme disait Berthold Brecht : « celui qui ne connaît pas la vérité et un ignorant,
celui qui connaît la vérité et la cache est un criminel ».

Le Français s’était rendu compte que si le jeune homme restait, il perdrait sa place. C’est alors
qu’il a commencé à lui créer des sérieux problèmes notamment en l’affectant à Douala, sans
poste.
Ils se sont échangés trois lettres, avec accusé de réception. A la fin le Français s’est retrouvé à
cours d’arguments. Mais avant le jeune Philippe Wandji lui avait notifié qu’il ne saurait aller à
Douala sans connaissance de ce qu’il allait faire exactement là-bas.

A la fin, le Directeur Régional a fait un dernier courrier pour dire qu’il était licencié pour refus d’af-
fectation. Ils lui ont payé tous ses droits. Au bout de trois mois, il a porté plainte contre la société
Mobil pour licenciement abusif. De procès en procès, d’appel en appel, il fallait à la fin s’en référer
à la plus grande juridiction du Cameroun : la cour suprême. Son verdict est irrévocable et il donna
raison à Philippe Wandji. C’est la première fois qu’un noir gagnait un procès contre une grosse
machine européenne.

L’affaire Wandji Philippe conte la Société Mobil Oil fait aujourd’hui cas de jurisprudence au Ca-
meroun. A un moment donné la société Mobil avait prêté les services de trois grands Avocats.
Mais en face, le jeune cadre était seul avec un avocat, mais lui-même faisait la grande partie du
travail.
Etant donné qu’il est diplômé de l’Institut du droit des Affaires de Paris. L’Avocat le laissait assez
souvent plaider son dossier.

Autre raison qui avait poussé les racines de la haine et de la jalousie chez le Directeur Régional
de Mobil ; il avait été informé de l’achat d’un terrain, qui servira à la construction d’un Institut d’En-
seignement par Philippe Wandji.

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En effet, alors qu’il était étudiant en France, il avait pensé et muri le projet de l’ouverture d’un col-
lège d’enseignement technique avec une approche éducative et pédagogique nouvelle et révo-
lutionnaire qu’il résulterait de son expérience propre et qui irait au-delà d’une synthèse de
l’approche pédagogique au Cameroun et de son expérience d’étudiant en France, en vue d’un
meilleur encadrement des élèves, pour leur plus grand succès avec aussi un regard tout parti-
culier sur le corps enseignant. Le temps et les bons résultats lui donnent aujourd’hui raison et sa-
tisfaction.

En outre, ce site fut acheté 6 mois après son arrivée à Yaoundé. Pendant les premières audiences
avec Mobil, la première pierre du collège est posée.

Le Directeur Régional avait appris par une bouche indiscrète qu’il avait acheté ce terrain avec un
sérieux projet à savoir la construction d’un grand centre éducatif.

CHAPITRE VIII : LA NAISSANCE D’UN EMPIRE EDUCATIF : L’INSTITUT SECONDAIRE D’ENSEI-


GNEMENT MATAMFEN

Le grand écrivain français Victor HUGO disait : « un enfant qu’on enseigne est un homme qu’on
gagne » avec près de 33 000 élèves passés à l’Institut Matamfen, c’est près de 33 000 Hommes
gagnés produits par cette noble institution.

En effet que signifie Matamfen ?


La terminologie Matamfen signifie la mère du père du Chef. En plusieurs mots nous aurons :
Ma qui signifie la Mère
Tam qui signifie le Père
Fen qui signifie le Chef

Pourquoi Matamfen ?
Elle était sa grand-mère paternelle. Il ne l’a pas connu. Mais il l’a trop aimé parce que Papa Tam-
fen Wandji n’arrêtait pas de parler de sa mère. Ni lui, ni ses grands frères et ses grandes sœurs
ne l’ont pas connu.
Elle est morte très jeune, avec deux enfants à savoir papa Tamfen Wandji et son petit frère.
En ce temps là surtout dans les familles polygamiques, comme les chefferies les enfants n’ap-
prochaient pas facilement leur père, la relation était plus profonde entre la mère et l’enfant.
Elle était l’une des multiples épouses du Chef Bahouock.
Elle s’appelait TCHABET.

N.B : les prénoms sont arrivés avec le christianisme

POURQUOI LE CHOIX DE CE SITE ?


A priori, parce que c’est le centre de Yaoundé, il est situé à équidistant de tous les quartiers de la
ville de Yaoundé. Ce qui donne aux enfants qui arrivent des horizons divers de venir poursuivre
leurs études aisément.

COMMENT EST CE QUE TOUT A COMMENCE ?


« J’avais demandé aux amis et aux bonnes relations de se constituer en actionnaires, ils m’ont
conditionné de façon à me mettre en minorité, c’étaient nos frères de l’Ouest. Ils m’ont demandé
de mettre le capital à 1 000 000 de francs CFA (un million de francs CFA), le terrain seul sans comp-

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ter la construction était vingt (20) fois plus que le capital qu’ils me proposaient, j’ai refusé. J’ai dû
continuer tout seul. Un an après l’ouverture, certains sont revenus me voir pour me demander
qu’on réfléchisse de nouveau sur le projet. Je leur ai fait comprendre que cela ne relevait désor-
mais plus que de moi seul et que s’ils avaient un autre projet, ils n’avaient qu’à m’en faire part ».
N.B : on a souvent dit et cela est démontré que lorsque le Noir est seul, il est très fort, mais lorsqu’il
doit s’allier à son frère noir il devient très faible. Par contre lorsque le Blanc est seul, il est faible.
Mais lorsqu’il trouve son frère blanc, il devient très fort.

Beaucoup de personnes qui se sont unis en ce temps là ont fini par un échec retentissant. Il n’ya
qu’à voir Zoupet et Djonkam qui ont fait la une des journaux, se sont retrouvés plusieurs fois de
suite au tribunal. Aujourd’hui NZoupet ne vit plus.

« J’ai fait deux salles au sous sol, ensuite j’ai réalisé le rez-de-chaussée, la même année, j’ai
coulé la dalle. J’ai commencé dans les deux salles du sous-sol et les cinq salles du rez-de-
chaussée.

Pour me résumer, en 1976 – 1977 j’ai réalisé 07 salles de classe.


1977 – 1978, j’ai réalisé le premier niveau avec 07 salles de classe.
1978 – 1979, j’ai réalisé le deuxième niveau avec notamment sept salles de classes.

En tout cas, il n’y avait pas de pression financière énorme.

Je suis si passionné de la chose éducative que je ne m’en suis jamais véritablement éloigné, en
plus je n’aime pas embrasser beaucoup de choses à la fois, je n’aime pas me disperser, j’aime
maîtriser un projet avant de me lancer dans un autre projet.

Et cette concentration a porté beaucoup de fruits, la preuve ses milliers de diplômés qui font la
fierté de la République aujourd’hui et qui doivent tout sinon presque tout à l’institut Matamfen.

Les félicitations, on en a eu, de presque tous les Ministres en charge de l’Education Nationale.

ET DEPUIS CINQ ANNEES, notre Institut est devenu sur l’ordre du Ministre en reconnaissance à tout
ce que nous avons fait un CENTRE D’EXAMEN DU PROBATOIRE.

C’est le lieu pour moi de remercier les parents, les élèves, le corps enseignant qui m’ont fait
confiance depuis trente trois (33) ans.

Un merci très particulier au Gouvernement de la république pour ses subventions depuis trente
trois ans et tous ses encouragement ».

LES DECORATIONS

Une seule hélas, celle de chevalier de l’ordre de la valeur.


« Par la suite les gens sérieux venaient me demander 500 000 frs pour me donner une nou-
velle médaille.

J’ai refusé, autant aller le donner aux villageois que d’acheter une médaille qui ne me servira
à rien ».

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CHAPITRE IX : DES QUESTIONS ET DES REPONSES

Question : Pourquoi l’A.P.E n’existe pas à l’Institut Matamfen ?


Réponse : En général, l’A.P.E marche difficilement dans les collèges privés laïcs. En tout cas, les
parents estiment qu’ils payent déjà la pension, ils ne devaient plus rien dépenser.

Question : Pourquoi n’existe-t-il pas d’association des anciens élèves de Matamfen ?


Réponse : il revient aux anciens élèves de réfléchir dans ce sens, je ne devrais pas m’impliquer
là-dedans.

Question : Vous est-il arrivé de penser vivre à Douala ?


Réponse : Certainement, ce qui m’a bloqué c’est que les enfants étaient en bas âge. Douala est
une ville difficile : trop de bruits, trop de poussière, trop de distractions, trop de tout, trop de monde.

Question : Avez-vous tenté un jour l’importation ?


Réponse : J’ai tenté l’importation, mais surtout dans l’alimentaire. Pendant trois années j’ai importé
la morue. L’étude de faisabilité avait été très concluante. J’ai arrêté parce que sur le marché le
coût de revient était élevé et on était obligé de vendre trop cher, les ménages pauvres ne pou-
vaient acheter, c’était la nourriture des gens nantis. J’ai choisi la morue parce que cette denrée
n’était pas rapidement périssable. C’était salé et le charançon ne pouvait pas y pénétrer et surtout
provoquer sa destruction.

Ensuite pendant près de cinq ans, j’ai fait l’importation des poulets congelés. J’ai arrêté à cause
de la grippe aviaire.

Question : Après la Mobil, aviez-vous exercé autre métier parallèlement à celui de Fondateur ?
Réponse : En ce temps là, j’ai écrit au Ministre de la Fonction Publique pour solliciter un emploi
en spécifiant tout mon parcours à travers mon curriculum vitae. Il en a été si séduit que j’ai été re-
cruté comme Inspecteur d’Etat à l’ancienne Inspection Générale de l’Etat, aujourd’hui Contrôle
Supérieur de l’Etat. C’était une autre expérience qu’il fallait acquérir afin d’avoir une expérience
complète avec notamment la fonction publique. Mon travail consistait à aller contrôler les sous –
Préfets, les Préfets ainsi que les Inspecteurs régionaux et les Ministres. J ai contrôlé dans le cadre
de mes fonctions le Ministre de l’information en la personne de : René NZE NGUELE. L’appellation
inspecteur régional a disparu au profit de gouverneur. Ce fut de 1976 à 1982. Ce fut une expé-
rience très concluante. Il n’y avait pas de pourboires en ce temps là, chacun était content de faire
son travail, les pourboires sont plutôt dans les mœurs d’aujourd’hui. Autrefois on apprenait que
vous aviez pris un pot de vin, on vous faisait partir tout de suite. J avais mis quelqu’un d’autre
pour gérer le collège.

Le fonctionnaire ne devrait pas en ce temps là, faire le commerce or l’Institut était une œuvre à
caractère social et les œuvres sociales ne font pas parti du commerce. Même l’immobilier n’est
pas une activité commerciale et tous les fonctionnaires font dans l’immobilier.

Aussi je contrôlais dans le cadre de mon travail, les banques en ce qui concerne les mouvements
de devises, en un mot les importations et les exportations monétaires, il fallait que je contrôle si
ces importations et ces exportations étaient liées à une licence du Ministère de tutelle. Il y avait
des banques à qui on donnait une licence de 300 000 dollars or lorsque la banque allait jusqu’à
500 000 dollars, le dépassement devenait répréhensible.

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CHAPITRE X : LE CHEF DE FAMILLE

« Je me suis marié en 1968, quand je suis venu en vacance avec une jeune fille du nom de
Wanda Louise et on est reparti ensemble en France. Au jour d’aujourd’hui avec l’aide de
notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, nous avons huit enfants soit trois garçons et cinq
filles. Tous ont fait des études supérieures.
La première est l’épouse d’un cadre d’entreprise à Paris, elle est Gynécologue et elle est chef
de clinique à Paris.
La deuxième est Docteur en pharmacie, elle travaille à Paris et est l’épouse d’un Docteur en
médecine.
Le troisième est un garçon, il est chef d’entreprise en France.
La quatrième a un Master en Ressource Humaine. Elle m’épaule dans tout ce que je fais.
La cinquième et le sixième sont des jumeaux :
• La fille fait deuxième année Master en gestion
• Le garçon fait master en communication
Le septième est un garçon, il prépare un Master en Informatique.
La huitième est une fille, elle poursuit ses études en France. Elle fait deuxième année de
Master en gestion.
J’ai eu la chance de faire des hautes études, ce que je suis devenu, c’est grâce à mon cursus
académique. Chacun devrait savoir que la formation des enfants est une priorité. Quand on
laisse les enfants qui ont une bonne formation, ils peuvent se débrouiller dans la vie ».

CHAPITRE XI : DES QUESTIONS ET DES REPONSES.

Question : Un grand homme, comme vous devait avoir plusieurs femmes, comme on en voit gé-
néralement chez nous, surtout qu’en plus vous êtes un grand notable ?
Réponse : La polygamie est une vue de nos parents et de nos ainés, pour un homme de mon ni-
veau intellectuel et surtout de mon niveau social, la polygamie n’a pas de place, encore moins
de raison d’être. Etre un grand notable de surcroit ne veut pas forcement dire qu’on doit avoir
plusieurs femmes. Le Notable est jugé dans ses actions positives pour le bien de la communauté
et non par le nombre des femmes.

Question : A votre avis pourquoi a-t-on baptisé l’école protestante et plus tard le collège au nom
du Pasteur Thomas Noutong ?
Réponse : Je ne sais pas, mais il me semble que ce Pasteur a dû œuvrer beaucoup en ce qui
concerne l’évangélisation dans l’ouest du Cameroun pour le compte de l’Eglise Evangélique.

Question : Beaucoup pensent que l’échec des tontines, si chères aux Bamiléké est dû à l’immixtion
des « feymans » dans ce milieu, êtes – vous de cet avis ?
Réponse : Lorsqu’une tontine échoue ou ne marche pas c’est que les bases ne sont pas solides.
Les vraies tontines sont constituées des gens qui se connaissent à tous les niveaux et sur tous les
plans à savoir : le plan professionnel, le plan de la moralité, le plan familial. Il peut arriver qu’au
cours du temps, qu’un membre ait des problèmes dans ses affaires ou bien même tombe en
faillite, on ne peut pas dire qu’il est un escroc.

Question : On reproche aux gens, surtout aux jeunes le mauvais choix des amis, combien d’amis
aviez vous et comment les choisissez vous ?
Réponse : J’ai une dizaine de grands amis depuis plus de dix ans, choisie sur la base de leur

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probité morale, de leur intégrité et de leur honnêteté. Ils sont dans tous les corps de métier, ils
sont aussi riches que pauvres. Ce sont des commerçants, des politiciens, des industriels. Ils ne
sont pas forcement des intellectuels c'est-à-dire ceux qui ont fait des grandes études.
Je suis conseiller paroissial depuis plusieurs années, j’ai donc des amis sincères qui sont mes
frères en Christ à l’intérieur même de l’Eglise Evangélique de Nlongkak.

Question : Il ya beaucoup de personnes qui ne savent pas que vous êtes un intellectuel surtout
à Bangangté, pour eux vous êtes seulement un homme d’affaire qui a réussi.
Réponse : Les blancs n’écrivent jamais leur titre sur la carte de visite, ils mettent juste leur nom et
c’est tout.
Vous verrez un professeur d’université passer à côté de vous et il ne fera jamais de bruits. Ce
sont les noirs qui aiment trop faire du bruit et cela ne sert à rien.
A un certain âge, on ne brandit plus les diplômes, on veut voir vos réalisations, parce que les
réalisations sont plus importantes que les diplômes.

Question : Certaines personnes reprochent à l’ancienne équipe municipale, la destruction des


champs de maïs à l’intérieur de la ville de Bangangté, qu’en pensez-vous ?
Réponse : On ne saurait transformer une ville en plantation, pour des raisons d’hygiène, de sa-
lubrité et de sécurité. Quand on a des champs en ville, les moustiques et les serpents prospèrent
là dedans. Les moustiques donnent le paludisme, les serpents sont nocifs. Par ailleurs les bri-
gands peuvent se dissimuler facilement dans les champs et faire les dégats.
En plus sur le plan de l’esthétique une ville transformée en plantation cela ne fait pas beau, même
au niveau visuel, même en ce qui concerne la définition étymologique d’une ville.
Et il faut savoir qu’il ya des grandes espaces dans le NDE, surtout du côté du pont du Noun qui
peuvent être mis à profit pour une agriculture qualitative et quantitative.

Question : Quelle est le bilan provisoire de votre équipe municipale ?


Réponse : En deux années, nous avons construit des écoles dans les villages dépendant de la
Mairie. Nous avons augmenté les salles de classe dans certains villages, on a construit des han-
gars dans les marchés pour mettre les vendeurs et vendeuses à l’abri du soleil et de la pluie, en
vue également d’améliorer les conditions hygiéniques des produits. Nous avons réussi à faire
venir HYSACAM à Bangangté. Avec notre équipe, Bangangté a gagné les prix de la ville la plus
propre de l’Ouest. Et chose assez rare au Cameroun, l’équipe municipale s’entend bien.

Question : A quand le jumelage de Bangangté avec les villes européennes ?


Réponse : Sous notre gestion, Bangangté fait parti des douze municipalités camerounaises ad-
mises à l’association des Mairies de France, le jumelage n’est plus qu’une question de temps.

Question : sous votre règne Bangangté devient champion de la Coupe du Cameroun à travers
son équipe mythique : La Panthère sportive de Bangangté, quelle est votre contribution pour le
rayonnement sportif ?
Réponse : En dehors des dons financiers à titre personnel, l’équipe municipale entretient le stade
municipal, aussi elle a protégé l’air de jeu de façon à ce que les spectateurs n’envahissent pas
l’air de jeu pendant le match.

Question : A votre avis, le destin existe-t-il ?


Réponse : Il faut respecter la parole de Dieu, c’est la plus belle chose, il faut faire du bien quand
on peut, il faut surtout éviter de faire du mal à ceux qui vous ont fait du mal.
Question : Si le seigneur Jésus Christ apparaissait devant vous et vous demandait ce que vous
aimeriez avoir, que lui répondriez vous ?

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Réponse : Je lui demanderais de me donner la santé pour achever l’œuvre pour laquelle il m’a
envoyé sur la terre.

Question : Etes vous satisfait de votre parcours ?, êtes-vous content de la manière donc votre vie
s’est passée ?
Réponse : Je suis satisfait du parcours de ma vie, je n’ai pas de regret. J’ai fait tout ce que devais
faire au moment où j’avais à le faire.

Question : un conseil à vos étudiants et professeurs ainsi qu’aux jeunes de tout bord et de toute
culture.
Réponse : Je dis toujours aux uns et aux autres, notamment les élèves et les étudiant que le sa-
crifice est quelque chose de primordial dans la vie d’un être humain, on ne peut pas atteindre le
succès sans sacrifice, la gloire suit la pénitence. C’est lorsqu’on déploie l’effort qu’on réussit. Pour
mériter sa réussite, il faut qu’il y ait eu beaucoup d’efforts.

Question : Qu’est ce qui fait la force des Bamiléké ?


Réponse : La force des Bamiléké réside dans le sacrifice, c’est-à-dire le travail, toujours le travail
et encore le travail.
Réponse : C’est grâce aux sacrifices, aux privations que je suis arrivé où je suis aujourd’hui.
Je vais vous dire quelque chose, lorsque j’ai commencé les travaux autrefois je n’avais même
pas 5 000 000 de francs CFA en espèce. Je me suis lancé et à un moment donné, je n’avais
même pas 100 000 francs CFA pour tout compte. C’est le lieu pour moi de remercier quelque gé-
néreux donateurs qui m’ont remis gracieusement 100 000 francs par ci, 200 000 francs par là,
300 000 francs par ci et bien d’autres parce qu’ils ont cru en ce que je faisais.

Question : Vous aimez beaucoup vos origines, certains disent que Bangangté signifie : « nous
avons refusé l’esclavage » qu’en dites vous ?
Réponse : La question que je pose est celle-ci : refuser l’esclavage à qui ?

Question : On dit également que Makénéné signifie : « nous ne portons pas » parce que lorsqu’on
a trouvé les Bangangté là-bas, on les a chassé et ils ont refusé de partir.
Réponse : Je sais seulement que la plupart des Bamilékés qui sont à Makénéné ont été chassés
dans leur village respectif, ils y sont bien installés, lorsqu’ils meurent on les enterre là-bas. Ce
sont les Bafang et les Bangangté pour la plupart. Ces derniers temps, on assiste à une arrivée
massive des populations du Nord Ouest.

CHAPITRE XII : UNE BELLE PAGE DE L’HISTOIRE BAHOUOCK.

« Autrefois le peuple Bahouock était un peuple fier et très puissant, peut-être le sont-ils encore
aujourd’hui, mais pas vraiment comme avant ». Avant d’évoluer dans son histoire, nous allons
situer ce grand et noble village.

Il est situé dans la région de l’Ouest, plus précisément dans le département du NDE.

Lorsqu’on va de Yaoundé pour Bafoussam distant de près de trois cent kilomètres, à quarante
kilomètres de Bafoussam, on se retrouve à Bangangté, chef lieu du département du NDE.
Bahouock est situé à deux kilomètres du centre ville, côté sud, la praticabilité de la route est bonne,
on peut s’y rendre à moto taxi ou même à pied ou avec une voiture course lorsqu’on n’a pas son

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propre véhicule. En tout cas tout le monde, natif ou non du NDE peut vous orienter lorsque vous
êtes au centre ville de Bangangté.

• LA SPECIFICITE DE CE VILLAGE
A priori ou à fortiori, Bahouock est le cœur de la réunification du Cameroun, nous allons tout à
l’heure apporter les justifications nécessaires là-dessus.

Au lendemain de la guerre mondiale de 1917 – 1919, les Français et les Britanniques héritent du
Cameroun. La partie orientale est placée sous l’administration française et la partie occidentale
est placée sous l’administration britannique. A la veille des indépendances une question fonda-
mentale est soulevée, celle de l’unification du Cameroun. Dans la partie occidentale, on organise
un recours référendaire, le but c’est de recueillir l’avis des populations sur soit l’unification avec le
Cameroun oriental soit le rattachement avec le Nigéria en raison des affinités linguistiques,
puisque dans cette région, on parle l’anglais comme au Nigéria voisin. Surtout que la plupart des
cadres sinon la totalité avait fait leurs études supérieures au Nigéria et en grande Bretagne. Ces
cadres pour la plupart feront une campagne rude, pour défendre le rattachement du Cameroun
occidental au Nigéria, un seul haut cadre fera le contraire et se battra jusqu’au bout afin de
convaincre les populations de voter pour le rattachement avec la partie orientale. Il a pour nom :
John NGU FONCHA. Il deviendra plus tard Premier Ministre du Cameroun occidental et plus tard
Vice – président de la République fédérale du Cameroun.

Ses grands parents étaient originaires de Bahouock, il aimait son village, il s’y rendra toute sa
vie, afin de faire ses coutumes.

Comment et pourquoi était-il originaire du village Bahouock ?


De quelle manière un homme venu au monde dans la partie anglophone, longtemps avant les
indépendances pouvait-il être originaire du NDE ?
La réponse est toute simple, vous allez le suivre toute à l’heure.
Le seul village dans le NDE, dont on ne maitrise pas véritablement le passé, c’est Bahouock. Les
Bahouock furent les premiers occupants du NDE. Tous les autres sont venus les trouver sur place.
Cette première approche est très importante.
Pendant plusieurs années et de nos jours encore, trois grandes familles princières composent
les Bahouock :
1) * La famille princière de Fen Ngamfa (c'est-à-dire du chef Ngamfa)
2) * La famille princière de Fen Ha (c'est-à-dire du chef Ha)

N.B : Fen Ha est le seul chef Bahouock reconnu officiellement par les autorités, c’est lui seul qui a
le territoire qu’on appelle aujourd’hui Bahouock.

3) * La famille princière de Fen Tchintchou (c'est-à-dire du chef Tchintchou)


Maintenant suivons bien l’histoire : Lorsque les Allemands arrivent au Cameroun, il n’y a pas de
routes, et ils doivent découvrir le Cameroun profond. Partout ils se font transporter sur des hamacs
par des indigènes. Ils vont ainsi arriver à Bangangté, transportés par des ressortissants Bafia.

Ces derniers seront tout simplement massacrés pendant leur séjour à Bangangté.

Les Blancs cherchent à comprendre qui sont les commanditaires de cet acte ignoble. Etant donné
que les Bahouock étaient les plus puissants dans le NDE, en territoire et en hommes, puisqu’il y
avait chasse à l’homme, le Chef bangangté et sa cours vont orienter à tort les blancs vers les Ba-
houock, ils vont les désigner comme étant ceux qui ont commis ce crime crapuleux.

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La chasse à l’homme sera exterminatrice pour le peuple Bahouock. Le chef Fen Ngamfa a été
très maltraité, mais pas tué, par contre sa population à travers les meurtres multiples a payé le
prix fort. Après cela, la phase suivante a consisté par l’annexion des populations et la terre par
la chefferie Bangangté.

Afin d’échapper à cette annexion Fen Ngamfa prendra le chemin de l’exil, avec ce qui lui restait
comme population, dans son périple il va séjourner à Bana dans le haut Kam, pendant une cer-
taine durée, ensuite il ira jusqu’à Bamekoumbou dans le Bamboutos, il y vivra ainsi un certain
temps. A la fin il va poursuivre son chemin jusqu’à Bali où il vivra avec ses sujets. Plus de cent
ans se sont écoulés et ils y sont encore et vivent en paix. Bali se trouve dans la province du Nord
Ouest. C’est aussi le village natal de John NGU FONCHA (ancien vice président de la république
fédérale du Cameroun).

Le chef Tchintchou a été annexé par la chefferie Bangangté avec ses terres et ses hommes. L’abat-
toir municipal de Bangangté aujourd’hui se trouve sur ses terres.

Une bonne partie de la ville de Bangangté se trouve également sur ses terres.
La particularité du peuple Bahouock est qu’il est quelque peu représenté partout comme les juifs,
on retrouve ses ressortissants un peu partout au Cameroun et même dans le monde.

Toute la douleur de l’histoire du peuple Bahouock réside dans ce passage triste.

Pour nous résumer disons que le chef Ngamfa est parti pour fuir l’annexion par le chef Bangangté.
Le chef Bangangté, pour être fort avait l’appui des Allemands.
Le Village Bahouock a été coupé de part et d’autre et annexé aux villages environnants. Il reste
la portion qu’on voit aujourd’hui.

L’emplacement exact du domicile de Ketch à Bangangté est le lieu où se trouvait l’ancienne chef-
ferie de Fen HA même comme il est le seul chef Bahouock reconnu par l’administration, il n’occupe
qu’une partie de ce qui était son territoire.

Avec le temps, il a fallu sauver les meubles, repenser les blessures et créer la cohésion des fils
séparés hier, malgré eux. C’est ainsi que très régulièrement les trois chefs se retrouvent pour
régler les problèmes d’ordre coutumier. Ces retrouvailles peuvent avoir lieu à Bali, à Bahouock
ou même ailleurs, en tout cas il n’y a pas d’endroit fixe.
Les élites de ces trois composantes se retrouvent aussi très régulièrement pour régler les pro-
blèmes d’intérêt commun.

Aujourd’hui le chef supérieur Bahouock en la personne de Fen Ha se nomme Sa Majesté Kemajou


Roger.

CHAPITRE XIII : EXPLICATION DU TERME TAMFEN

Matamfen signifie la mère du père du chef, c’est en clair un titre de notabilité.

Le Tamfen c’est la grande noblesse, puisqu’il est investit au même moment que le chef (Fen). La
démarche est la même dans tous les villages de l’Ouest du Cameroun.

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Au moment de la cérémonie d’intronisation d’un chef, quatre personnes jouent le rôle principal.
Ce sont par ordre : le nouveau chef, celui qui va être le Kuipou (c'est-à-dire le sous chef), le Tamfen
(il est comme le père du chef) et une femme (Menko) elle est comme la maman de la petite famille
qu’on vient d’introniser.

Au moment de l’initiation du chef et du sous chef, le couple (Minko et Tamfen) est plus libre, quand
on vient à la chefferie, on les voit facilement, ils se promènent librement, alors que le chef et son
Kuipou sont en résidence surveillée, ils ne bougent pas. Cette situation dure 09 semaines.
Au bout de ce temps, le Tamfen rentre chez lui, le Kuipou retourne chez lui, la Menko retourne
aussi chez elle.

Le Tamfen est par ordre de préséance la troisième personnalité du gouvernement traditionnel.


C’est un grand notable. Lorsque le villageois ou toute personne originaire du village le voit, il doit
se décoiffer. Même les gens des autres villages bamiléké doivent se décoiffer lorsqu’ils ont en
face d’eux un Tamfen.
Nous insistons beaucoup là dessous afin que le lecteur comprenne bien dans quel environne-
ment le jeune Philippe Wandji a grandi et surtout ce qu’il deviendra plus tard est en quelque sorte
le produit positif de ce milieu.

Papa Tamfen Wandji de part son titre de notabilité a eu quatre femmes. Elles sont mortes au jour
d’aujourd’hui.

Avant sa mort il a pu construire la cohésion dans sa famille, il a eu beaucoup d’enfants et tous


s’entendent bien.

Celui qui survient aux besoins de cette famille n’est autre que Monsieur Philippe Wandji, que ce
soit pour toute sorte de problèmes.

L’autre jour alors que nous devions honorer notre rendez – vous pour l’entretien, un neveu était
malade, c’est lui qui a envoyé de l’argent pour qu’on l’emmène à l’hôpital.

CHAPITRE XIV : DES QUESTIONS ET DES REPONSES

Question : Comment aviez-vous appris que vous étiez boursier ?


Réponse : Je m’étais rendu au lycée, lorsque j’ai appris qu’avec certains camarades, nous avions
bénéficié d’une bourse du gouvernement camerounais pour aller poursuivre nos études en
France.

Question : Qu’est ce qui s’est passé par la suite ?


Réponse : C’était la fête à la maison, ensuite je suis allé dire au revoir à papa et maman à Ba-
houock, en ce temps là tout le village fut en effervescence. Je suis le premier Babououck à avoir
eu le Baccalauréat et même à mettre rendu en France. J’avais une lourde responsabilité qui pesait
sur mes épaules, tout le village ne parlait que de moi. J’étais cité même dans les réunions comme
un modèle.

Question : A-t-on fait les rituels avant de voyage ? C’est-à-dire :


-Brûler les coqs sur les crânes des ancêtres pour demander leur assistance et leur bénédiction.
- Verser le l’huile sur les crânes et sur les endroits sacrés.

UN HOMME D’ACTION : PHILIPPE WANDJI


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En un mot, croyez-vous aux traditions ?


Réponse : Je crois à nos traditions, si on ne croit pas à sa tradition, c’est une partie de son histoire
qu’on renie.
En ce qui concerne l’acte de brûler les coqs ou de verser de l’huile sur les crânes, vous convenez
avec moi qu’on n’a pas besoin de ma présence pour le faire.

Question : Papa et maman étaient-ils venus de Bahouock vous dire au revoir à l’aéroport inter-
national de Douala ?
Réponse : Non, ils ne sont pas venus, il y a avait juste la famille de Douala.

Question : Comment les choses se sont-t-elles passées à Amiens ?


Réponse : A mon arrivée, j’avais une chambre réservée à la résidence universitaire par une or-
ganisation qui s’occupait des étudiants étrangers : la chambre coûtait 20F français le mois soit 2
000F CFA. Ma bourse s’élève à 32 000F CFA soit 320F français. Je n’avais pas de tuteurs ou de
tutrices dans la ville. J’avais quelques amis français dans la ville qui étaient aussi des étudiants.
Pendant les grandes vacances, je faisais des stages payants à Paris, ces stages s’élevaient de
300F à 400F français le mois, non compris ma bourse qui était déjà un acquis.

Question : A paris, comment les choses se sont – t- elle passées ?


Réponse : j’ai été accueilli par un gars Bangangté que je ne connaissais même pas, c’est une
relation à Douala qui m’avait donné ses coordonnés. J’ai fait trois mois chez ce monsieur avant
de trouver où loger.

Question : Combien de fois êtes vous venu en vacances au Cameroun pendant votre séjour en
France ?
Réponse : Deux fois, en 1967 et en 1968

Question : Comment aviez vous connu votre épouse et de quelle manière les choses se sont-
elles passées par la suite ?
Réponse : Quand je suis venu en vacance en 1967 c'est-à-dire l’année où j’ai perdu mon père,
la femme de mon oncle maternelle me l’a présentée. Cet oncle maternel vivait à Douala.
Elle était élève en form 5 à Kumba. Les anglophones en matière d’éducation sont un peu plus
fermes que nous, faire la classe de form 5 en ce temps là était vraiment prestigieux. Par la suite
on s’est marié. Le mariage coutumier aura lieu à Tombel où résidaient ses parents. Elle est origi-
naire de Bangangté.

Etant anglophone, lorsque nous arrivons en France, elle fait une formation en langue française à
l’alliance française qui s’occupait des étrangers qui ne sont pas de culture francophone.
A la fin de cette formation, elle suivra les cours de secrétariat de direction, qu’elle achèvera bril-
lamment. Elle me corrige même en français.

Nos deux ainés sont venus au monde pendant que nous étions en France.
Question : Que représente-t-elle pour vous ?
Réponse : Elle représente tout pour moi, tout ce que je suis devenu, c’est grâce à elle, on a tout
même fait 41 ans (quarante un ans) de mariage avec huit enfants, elle a participé à 100% dans
mon succès. Maman et elle s’entendaient beaucoup du vivant de maman. Elle s’entend bien
avec les femmes de mes autres frères même consanguins. Elles sont ses coépouses. C’est vrai
que le contact est assez rare. Il n’y a pas de conflit entre elle, encore que pour qu’il y ait conflit, il
faut que les gens aient la possibilité de vivre ensemble. Déjà que c’est moi qui soutiens tous les

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autres, donc elles ne peuvent que s’entendre avec elle.


Tout ce que je fais à ma famille, elle connaît et m’y encourage.
Elle cautionne tout ce que je réalise au village dans le cadre du social. Puisqu’elle-même en fait.
Elle a crée l’association des femmes élites qui œuvre pour le développement et le rapprochement
des trois grandes familles Bahouock.

Question : Avec l’ampleur de vos occupations, prenez-vous souvent des congés annuels ?
Réponse : Je prends les congés de temps en temps, il y a des moments où je sors du pays pour
un ou deux mois. C’est vrai que je suis très sollicité. Mais les problèmes ne sont pas les mêmes,
c’est moi qui appelle, je ne permets pas qu’on m’appelle. J’aime lorsque je veux me reposer que
je ne sois pas sous pression. Le plus souvent, je voyage avec madame ou seul. Elle aussi elle en
fait de même.
Je me rends très souvent en France, mais aussi dans beaucoup d’autre pays d’Europe.

Question : Vos divertissements préférés ?


Réponse : Le football et la danse. J’aime regarder les matchs de football à la télé. Et parfois quand
je peux je me rends au stade.
Je supporte deux équipes : La Panthère sportive de Bangangté et l’Union de Douala. Je parle de
supporter en termes d’apport financier.
Comme tous mes autres frères et sœurs du Cameroun je supporte les Lions Indomptables.

Question : Comment se passe votre journée type ?


Réponse : 6 heures du matin je me réveille, je fais ma toilette et je prie.
Je ne déjeune jamais, même à l’école, au lycée et à l’université, je ne prenais jamais le petit dé-
jeuner. 7h30 je pars au travail. A 8h je commence à recevoir. Même à Bangangté, à 8h je suis au
Bureau. Entre 12h et 14h30 je prends mon repas et je me repose. Ensuite je reprends mon travail
jusqu’à 18h et parfois même 19h.
Le soir je prends mon repas, je lis les journaux, je visionne la télévision et puis je dors.
Tous les dimanches je pars à l’église évangélique de Nlongkak, mais lorsque je suis à Bangangté
je vais à l’Eglise évangélique de Bahouock.

Question : Comment recrutez-vous vos enseignants ?


Réponse : Je ne suis pas un tribaliste, je ne juge pas les gens sur les critères du village, mais sur les
critères de la performance. C’est pour cela que mes enseignants sont de partout au Cameroun.
Je recrute moi-même mes professeurs sur la base des demandes qui m’ont été adressées, j’étu-
die les dossiers et j’apprécie.
En 33 ans près de 500 enseignants ont posé leur valise dans notre institution.

Question : Quelle est la configuration ethnique des élèves ?


Réponse : En trente trois ans la configuration ethnique de mes élèves relève que 90% sont es-
sentiellement Eton, Bassa et Bafia les 10% qui restent sont les Bamiléké et les gens des autres tri-
bus.
Question : Comment procédez-vous pour accroitre votre production de tomate à Bahouock ?
Réponse : Je bénéficie de l’assistance d’un moniteur agricole, qui utilise les techniques agraires
performantes et surtout qui utilise la fiente des animaux pour accroitre la production et la pro-
ductivité.

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CHAPITRE XV : CONCLUSION

Le roi des Belges Albert Ier disait : « la première récompense du travail bien fait, c’est de l’avoir
accompli ». Aujourd’hui rien ne lui monte à la tête, en tout cas pas de triomphalisme. Mais l’hu-
milité, encore l’humilité et toujours l’humilité. Aussi le travail, encore le travail et toujours le travail.
Sans oublier au passage l’amour du prochain et l’amour de Dieu. Un sage disait : « au milieu
des forts, les plus forts sont ceux qui se prennent pour les plus faibles et les plus faibles sont
ceux qui se prennent pour les plus forts » et « au milieu des grands, les plus grands sont
ceux qui se prennent pour le plus petits et les plus petits sont ceux qui se prennent pour les
plus grands ». En son temps le Seigneur Jésus Christ disait « lorsque vous arrivez à une fête ne
restez pas en première place de peur que le maitre de la maison ne vous renvoie en dernière
place, quand les grands invités seront là. Restez plutôt à la dernière place afin que le maitre
de la maison ne vous mette à la première place ».

Au-delà de tous ces aspects, il y a une grâce qui n’est pas humaine, mais divine, c’est celle d’être
le père ou la mère des jumeaux.
C'est-à-dire "Tagny" ou "Magny"

L’Eternel n’a pas été indifférent à tous les œuvres du couple Wandji. C’est pour cela qu’il leur a
placé une couronne en leur donnant un cadeau inquantifiable : les jumeaux.

Chez nous les Bamiléké, les jumeaux sont appelés : Amis du chef. Les jumeaux sont considérés
comme des chefs. Et la mère des jumeaux est considérée comme une reine et elle va même plus
loin, elle bénéficie à la naissance des jumeaux des dons de praticienne, lorsque vous avez une
entorse douce, elle peut juste vous faire le massage et vous guérissez. Le père des jumeaux est
considéré comme un roi.

La naissance des jumeaux est suivie des grands rites, et ensuite de grandes réjouissances po-
pulaires. En tout cas jusqu’à la fin de leurs jours, les parents des jumeaux leur nom, pour porter
désormais celui de Tagny pour le mari et de Magny pour la femme. Partout ils seront très consi-
dérés et leur parole est prise au sérieux. En tout cas ils ne déçoivent jamais.
Nous sommes très heureux d’avoir pu voyager avec vous au cœur de la vie d’un homme, puisse
la graine qu’il a semée, germée et aidée aujourd’hui autant que demain la multitude avec la
grâce et l’aide de Dieu.

En attendant il ne nous reste plus qu’à vous inviter à visiter le beau village de Bahouock, situé sur
les hauteurs du NDE avec sa population chaleureuse et accueillante, en y faisant quelques jours
vous ne regretterez pas. A Bangangté, faites un tour du côté de l’école protestante de Fetom et
du côté de l’école protestante de Noutong. A Douala, n’oubliez pas de faire un tour du côté du
lycée Joss à Bonanjo.

Et si votre emploi de temps, les moyens ainsi que les circonstances vous le permettent, faites un
tour du côté d’Amiens notamment aux Hautes Etudes Commerciales (H.E.C). Faites un tour du
côté de Toulouse aux haute Etudes Commerciales (H.E.C), faites un tour à Paris aux Arts et Mé-
tiers.

Par contre si vous êtes de passage à Yaoundé, faites un tour du côté de l’Institut Matamfen se-
condaire au cœur de la ville de Yaoundé sis à côté de la province du centre et de la Délégation
Générale de la Sureté Nationale du Cameroun.

UN HOMME D’ACTION : PHILIPPE WANDJI


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L’architecture de l’immeuble est futuriste, le cadre est agréable et le personnel est accueillant. Il
se passe des choses très sérieuses de ce côté. Le circuit scolaire va de la 6ème en Tle pour l’ensei-
gnement secondaire général toutes séries confondues. Et de la 1ère année en terminale pour la
série commerciale. La discipline est de mise pour tout le monde : élèves, professeurs et cadres
administratifs. Le succès est assuré nous n’avons aucunement l’intention de faire de la publicité,
nous ne disons que la vérité, depuis 33 ans que cet institut existe c’est tout de même une vie,
renseignez vous à tout le monde dans les environs en ce qui concerne le sérieux et le succès, ils
ne vous diront pas le contraire. Ensuite ne manquez pas de vous rendre du côté du quartier
Tsinga, à quelques mètres du Palais des Congrès qui surplombe toute la ville de Yaoundé, se
dresse majestueusement un chef d’œuvre architectural, un palais intellectuel qui fait la fierté du
quartier Tsinga, des quartiers Bastos, Briqueterie, Mokolo, carrière et bien d’autres. L’INSTITUT MA-
TAMFEN SUPERIEUR, les parents ont enfin trouvé à porter de leur main une solution aux problèmes
universitaires et au choix judicieux de carrière pour leurs enfants. Au jour d’aujourd’hui on y fait
BTS (Baccalauréat de Technicien Supérieur) toutes séries commerciales confondues. Le cadre est
calme, le personnel est qualifié et de qualité. La discipline est de mise. Et vous conviendrez avec
nous qu’avec tout ce sérieux et le bon suivi des élèves, le succès est assuré en fin d’année. Le
très peu de choses que nous savons nous avons été heureux de le partager avec vous.

Un grand savant disait : « le savoir c’est comme un repas, plus on le partage, mieux on est
rassasié »

FIN

UN HOMME D’ACTION : PHILIPPE WANDJI


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UNE DYNAMIQUE
ENTREPRENEURIALE FEMININE
Justine DJODJI
épouse de Joseph NKONTCHOU
FONDATRICE :
• Groupe scolaire International,
• Collège International,
• Ecole Normale des Instituteurs de l’Enseignement Général,

« LA GAIETE » Yaoundé – Cameroun.

TOME I

Un entretien réalisé par Josué TAKOTUE

Justine DJODJI épouse de Joseph NKONTCHOU


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DEDICACES

« A (Joseph, Alain, Gisèle, Cyrile,


Caline, William, Mireille et Stéphane)
NKONTCHOU »
BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:38 Page263

SOMMAIRE
INTRODUCTION …………………………………………………………………………..4

CHAPITRE I : Situation Géographique ………………………………………………….7

CHAPITRE II : Une enfance comme une autre…………………………………...……….8

CHAPITRE III : La vie scolaire………………………………………………..……………10

CHAPITRE IV : Le collège ………………………………………………………………...13

CHAPITRE V : Le mariage ……………………………………………....………………..13

CHAPITRE VI : La famille ……………………………………………….………………...14

CHAPIRE VII : Un parcours diplomatique ; le séjour a l’ambassade du Cameroun à paris ……..16

CHAPITRE VIII : Le retour au pays natal…………………………………...……………..16

CHAPITRE IX : Des questions et des réponses……………………………….…………18

CHAPITRE X : La vie a l’église………………………………………...…………………23

CONCLUSION ………………………………………………………..…………………23

Justine DJODJI épouse de Joseph NKONTCHOU


UNE DYNAMIQUE ENTREPRENEURIALE FEMININE 263
BIOGRAPHIE PAPA TANKOU PHILIPPE:Mise en page 1 17/02/12 11:38 Page264

INTRODUCTION

e monde vit une véritable crise morale, éthique et économique. Les politologues, les so-

L ciologues, les anthropologues, les économistes ainsi que les spécialistes de tout genre
recherchent un nouveau souffle pour remettre les pendules à l’heure et enclencher ré-
solument le développement, il est urgent de donner à méditer à nos contemporains et
aux générations futures : La vie de quelques hommes qui ont marqué leur temps. Nous
sommes persuadés que nos élites qu’elles soient politiques, économiques, intellec-
tuelles et religieuses n’ont pu arriver au sommet et s’illustrer comme des références que parce
qu’elles sont porteuses de valeurs essentielles, susceptibles de servir d’exemple aux jeunes qui
pour l’essentiel n’ont plus de repères ou pas assez.

Nous sommes convaincus que la vie de tout leader est riche d’enseignement et chacun peut s’en
inspirer pour construire lui-même ses propres victoires. Nous avons besoin pour nous propulser
vers les cimes, de ressorts solides fondés sur des valeurs de travail, d’engagement, d’honnêteté,
de courage et de probité.

Celle qui retient notre attention aujourd’hui peut prétendre à juste raison être dépositaire de ces
valeurs. Il s’agit de Madame Justine NKONTCHOU, Fondatrice du Groupe Scolaire et Collège In-
ternational « la Gaieté ».

Derrière chaque grande femme se cache un grand homme, Joseph NKONTCHOU est un ancien
diplômé de l’Ecole Nationale d’Administration qui bien qu’aujourd’hui fonctionnaire retraité, aura
roulé sa bosse à l’Administration centrale puis à l’Ambassade du Cameroun à Paris, puis il est
revenu terminer sa riche carrière à l’Administration Centrale à Yaoundé, personne compétente,
humble, efficace, effacée, mais surtout bon père de famille et chrétien. De son expérience et de
sa longue carrière de diplomate, il regarde d’un œil avisé cette réussite entrepreneuriale de son
épouse qui est aussi la sienne.

En tout cas parler de cette femme d’exception tout simplement à cause de son œuvre titanesque
serait insuffisant, puisqu’elle est aussi humaniste, humanisant et bienfaitrice.

En effet quel est le plus grand, le plus beau, le plus propre et le plus enviable des institutions pri-
maires et secondaires de la ville de Yaoundé ?
Sans réfléchir, chacun dira : le Groupe Scolaire et le Collège International de « la Gaieté ».
N’oublions pas aussi de mentionner l’une des dernières trouvailles de Madame NKONTCHOU, il
s’agit de l’Ecole Normale Privée des Instituteurs de l’Enseignement Général qui y a cours depuis
quelques années en module cours du soir.
A « la Gaieté » l’environnement de travail est propice et le succès des élèves est également au
rendez-vous.

C’est la raison pour laquelle depuis une dizaine d’année des hommes importants de notre pays
font confiance à cette Institution en lui confiant ce qu’ils ont de plus précieux au monde : leurs en-
fants.

Il n’y a qu’à voir chaque matin, la quantité et la qualité des grosses voitures (plaques vertes ou
rouges) qui y font escale pour déposer leurs progénitures.

Justine DJODJI épouse de Joseph NKONTCHOU


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Montherlant de célèbre mémoire disait : « il n’y a pas de plus grande preuve d’intelligence que
d’être bien dans sa peau ». Madame la Fondatrice est toujours bien mise, il est question en effet
d’avoir une tenue saine, dans un corps sain et un esprit sain. Chacun devrait savoir que la pro-
preté et la présentation physique sont primordiales quand on inculpe une éducation aux autres.
Le Général Foch, célèbre homme militaire français du 19ème siècle aimait demander avant toute
chose : « de quoi s’agit-il ? ».

Pour répondre à cette question par rapport à cet ouvrage nous dirions ceci : réussir hier comme
aujourd’hui n’est pas évident.

Comment ne pas être ému lorsque la femme associe sa stabilité affective avec le mariage et
surtout avec les enfants et aussi sa stabilité professionnelle avec au passage le succès scolaire
et universitaire.

Il sera question pour nous de voyager au cœur d’une femme dynamique. (Sa naissance, sa vie
familiale, associative, religieuse et professionnelle) de façon plus ou moins ordonnée, de manière
à donner à chaque jeune fille ou à chaque jeune garçon de trouver l’indice essentiel et indispen-
sable qui lui permettra de trouver son chemin de succès dans un monde hyper compétitif où sur
le chemin de la réussite, il y a beaucoup d’appelés et très peu d’élus.

Mais avant toute chose n’oublions pas de mentionner qu’elle est d’une énergie débordante,
qu’elle est très organisée et très méthodique, elle ne bavarde pas beaucoup si non par mono-
syllabe et chaque mot qu’elle prononce est très important. En un mot, elle est la matérialisation
concrète et vivante d’une gestion réussie et calme.
Et comment oublier la chrétienne dévouée qui se remet tous les jours en question et au Seigneur
Jésus Christ.

On est toujours très ému lorsqu’on a en face de soi un dirigeant qui croie en Dieu et qui s’en
remet tous les jours.

CHAPITRE I : SITUATION GEOGRAPHIQUE

Elle voit le jour à Baham aujourd’hui département du haut plateau. C’est un sous ensemble du
pays Bamiléké.

Le pays Bamiléké est situé entre le 4° et 6° de latitude Nord ; le 9° et le 10° de longitude Est. Il
couvre une superficie de 6200Km². C’est un vaste quadrilatère des hauts plateaux ondulés, bor-
dés à l’Est par la vallée du Noun, au Sud Ouest par la zone d’effondrement de la plaine de Mbo,
au Sud Est par dépression de Diboum et au Sud par les cours supérieures de la Makombé. Le
pays participe au complexe montagneux de l’Ouest Cameroun. C’est donc un relief varié, do-
miné par un ensemble de sommets volcaniques d’une altitude moyenne de 1300m et de vallées
profondes. Le climat est équatorial. Les précipitations sont abondantes 1800mm/an. Les tem-
pératures sont modérées et varient entre 20 et 22°.

NB : Il faut préciser à toute fin utile que la région de l’ouest a 13000km², la région bamiléké compte
7 départements avec 6200km², le dernier département à savoir le Noun compte 6800Km²

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CHAPITRE II : UNE ENFANCE COMME UNE AUTRE

Elle vient au monde sans doute en 1943 à Baham à l’Ouest du Cameroun. Il y a un sérieux para-
doxe sur cette année de naissance puisqu’elle correspond aussi à la date de naissance de sa
grande sœur directe. Elle a fait ses études à l’aide d’un jugement supplétif. Pendant les longues
années que vont durer les luttes armées pour l’indépendance du Cameroun. Et cela particuliè-
rement à l’ouest leur maison familiale suivra l’épreuve du feu et les actes seront incendiés. Pré-
cisons tout simplement ici que pendant les périodes qui vont précéder l’indépendance du
Cameroun, des groupes armés sévissaient un peu partout dans les provinces de l’ouest, du lit-
toral, du centre sud : Ils se manifestaient par des actes de pillage, de tueries, et cela en bandes
organisées.

C’est pendant l’une de leurs exactions que le domicile familial sera incendié avec tout son contenu.
Son papa, c'est-à-dire son géniteur s’appelait TEGUIA Samuel, il exerçait le métier de tailleur, il
fût le premier tailleur de Baham. C’était un bourgeois moyen. Il était un notable, rang qu’on ob-
tenait automatiquement lorsqu’on était un prince. Il était de la lignée royale puisque sa maman
sortait de la chefferie Baham. Elle était la fille du chef supérieur. Etre tailleur en ce temps là n’était
simplement pas commun. Il avait appris sa couture chez les blancs à Bafang. De nos jours encore
ceux qui exercent le métier de tailleur ne sont pas ordinaires puisqu’on apprend la couture dans
de grandes écoles.

Tout notable devait avoir plusieurs épouses, mais il eut une seule femme. Il était un chrétien pro-
testant de l’église évangélique de Baham.

Il était chrétien pratiquant parce qu’il est resté toute sa vie monogame et surtout parce que de
son vivant il allait régulièrement au culte. Ayant été formé en couture chez les blancs, c’est certai-
nement dans cette environnement qu’il est devenu chrétien. C’est encore lui qui emmènera sa
jeune épouse dans le christianisme.

C’était un mari attentif et dévoué à sa famille. Le couple fera pendant sa courte existence terrestre
commune sept (07) enfants soit 6 filles et un garçon. Le garçon qui était aussi le troisième né de
la famille va mourir en bas âge. Précisons ici et nous y reviendrons assez souvent que la jeune
Justine était l’avant dernière née de la famille.

Son papa est mort sans doute précocement dans les années 1948. Pourquoi en 1948, parce que
la jeune fille devait être toute petite, elle n’a pas pu voir le corps de son papa, or en ce temps là
tout comme aujourd’hui les petits enfants ne voient pas les cadavres. Elle n’avait pas vu le corps
de son défunt papa. Il était de son vivant un homme très travailleur et grand de taille.

Par contre Maman KAMAYA Rébecca qui est morte tout récemment en 2010 à 105 ans aura vécu
plus de la moitié de sa vie seule, elle aurait pu convoler en juste noce avec un nouveau homme.
Mais chrétienne dévoué et ayant aimée son mari toute sa vie, elle a préféré rester fidèle à sa mé-
moire. Elle fût la première femme à faire les beignets à Baham. Les beignets de farine étaient
comme le pain aujourd’hui, elle a exercé ce métier pendant toute sa vie active ; il fallait y ajouter
les travaux champêtres qui étaient exercés par toutes les femmes. C’était une grande femme,
de taille moyenne, très généreuse et surtout très aimée à Baham. Elle fût trésorière de l’église
évangélique de Baham pendant plus de 40 ans. De part son caractère ouvert, sa générosité, sa
très grande expérience de la vie et surtout sa très grande intelligence, elle était devenue une per-

Justine DJODJI épouse de Joseph NKONTCHOU


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sonne ressource incontournable dans le village, chacun venait se ressourcer dans ses sages conseils.
Elle a bien élevé ses filles avec toutes les difficultés que chacun sait quand il faut élever des filles toute
seule, sa rigueur dans l’éducation de ses filles a été très importante dans leur réussite.

CHAPITRE III : LA VIE SCOLAIRE

La petite Justine partira de Baham en bas âge, 4 ans par là en compagnie de sa sœur ainée qui
s’était mariée à Dschang. C’est là-bas qu’elle fait ses premiers pas d’école. Sa sœur ainée est
l’épouse d’un infirmier Chef en la personne de Monsieur SOPNGUI, en ce temps là en raison de
leur rareté, l’infirmier Chef jouait le rôle de médecin Chef d’Hôpitaux d’aujourd’hui. Et la grande
sœur se nommait Madame SOPNGUI Pauline. Elle vit encore et se porte très bien malgré quelque
petits malaises dus à l’âgé. Son mari est décédé, il y a une dizaine d’années.

Elle bénéficiera d’un suivi méticuleux à la maison et à l’école depuis les cours d’initiation jusqu’au
au CMI. Par la suite, le beau frère est affecté à Betaré Oya. Elle continuera à bénéficier d’une
bonne suivie. Les vacances à Baham étaient presque impossibles.

Toute la famille se transporte à l’Est. Si à Dschang elle fréquentait à l’école protestante qui était la
plus proche du domicile familiale, par contre à Betaré Oya, elle a fréquenté à l’école publique de
la ville, le Directeur s’appelait AKAME Philippe.

Pour nous résumer reprenons les propos de l’intéressée, Elle-même « je suis entrée à l’école de
la mission protestante de Dschang à l’âge de 6ans. Bien évidemment il y avait beaucoup d’élèves,
la loi du fouet était omniprésente, c'est-à-dire que les maîtres fessaient copieusement les élèves
qui ne s’appliquaient pas ou bien qui ne faisaient pas leur devoir. A Dschang dans notre école,
il n’y avait pas d’enseignants expatriés. J’ai fait la S.I.L, le C.P, le CEI, le CEII, et le CMI à Dschang.
Ensuite ce fût l’affectation pour Bétaré Oya. On a commencé le CM II là-bas puis nous sommes
affectées à Yaoundé. Je n’ai pas pu faire le concours du Lycée Leclerc (qui était le Lycée le plus
prestigieux de Yaoundé et même du Cameroun), le séjour de Bétaré Oya ayant été si bref que je
n’ai de souvenirs de personne, ni des élèves, ni des maîtres. Cependant je me souviens tout de
même du Directeur de l’école publique qui s’appelait AKAME Philippe. Une grande majorité des
élèves était des enfants des fonctionnaires. Il n’y avait pas de grandes disparités entre les élèves.
Le niveau de vie des élèves était homogène. Le passage aura été bref, mais il reste de cette ville,
le souvenir d’une bonne image, d’un bon séjour.

A Yaoundé où la famille est affectée les infirmiers vivaient dans un camp à côté de l’hôpital de
Messa où ils exerçaient. J’ai terminé la classe de CM II à l’école publique du plateau à Melen.
Nous fûmes les heureux élus au certificat d’étude primaire élémentaire de cette année là.

Pendant notre séjour à Bétaré Oya et à Yaoundé, les luttes armées et les guerres de l’indépen-
dance ont commencé à l’ouest et se sont par la suite intensifiées un peu partout au Cameroun.
C’est pendant cette crise politique que notre domicile familiale a été incendié et les originaux de
nos actes de naissance c'est-à-dire ceux de mes grandes sœurs et le miens seront brûlés par
les maquisards. C’est à l’aide du jugement supplétif que j’ai dû poursuivre mes études.

Le séjour de l’école publique du plateau Melen de Yaoundé a été si bref que j’ai n’ai même pas
de souvenirs de certains élèves qui auraient émergé de façon particulier dans la vie. Et Dieu sait
ô combien il doit bien en avoir (NDLR : Elle-même étant une preuve réelle de réussite) ».
En définitive de son enfance, elle garde très peu de souvenirs de sa maman même comme elle

Justine DJODJI épouse de Joseph NKONTCHOU


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était avant dernière née et devait par conséquent bénéficier comme cela a cours dans toutes les
familles des sentiments et de largesses préférentielles. Elle quittera sa maman en très bas âge.
Pendant tout son circuit primaire elle sera toujours parmi les meilleurs élèves ; très bien suivie à
l’école, elle le sera davantage à la maison. (NDLR : tous ceux qui ont connu Monsieur SOPNGUI
de son vivant, savent qu’il était très rigoureux dans l’éducation de ses enfants tout comme de
tous ceux qui vivaient chez lui. Son rayonnement éducatif ne se limitait pas seulement au suivi
scolaire, mais se poursuivait sur le plan social et religieux des jeunes qui séjournaient chez lui
pour les besoins scolaires. Il y a eu comme cela des milliers d’enfants qui sont passés dans sa
moule éducationnelle. Et comme toute bonne culture produit des bons fruits, tout le monde a
réussi même ses propres enfants qui ont tous fait l’enseignement supérieur et sont tous stabilisés
affectivement ; ils sont tous mariés et exercent chacun une profession.

CHAPITRE IV : LE COLLEGE

Elle entre en 6ème au collège Montesquieu et cela jusqu’en classe de 3ème. Il s’en suivra le Brevet,
ensuite elle obtiendra le probatoire et surtout le CAPIEN (Certificat d’Aptitude à la Profession d’Ins-
tituteur de l’Enseignement) par enseignement à distance.

C’est ici que se pose un véritable problème : l’écolière et l’élève parfaite va au courant de sa vie
scolaire gérer un problème complexe : le mariage avec tous les problèmes liés à cet état. Et puis
s’en suivra une série ininterrompue de maternité : être la femme au foyer, poursuivre ses études
et surtout élever les enfants et s’occuper de son mari ne sera pas une tâche aisée.

Mais n’étant pas habituées à la facilité, elle tient absolument à réussir ; aux cours du jour, elle
ajoutera les cours par correspondance pour l’obtention du CAPIEN (Certificat d’Aptitude à la Pro-
fession d’Instituteur de l’Enseignement).

CHAPITRE V : LE MARIAGE

Le mariage est célébré en 1962 à Messa à Yaoundé, le mari est un jeune cadre d’Administration
diplômé de l’école nationale d’administration de Yaoundé, il se nomme Joseph NKONTCHOU, il
est originaire de Baham comme son épouse. C’est un mariage d’amour. Le facteur tribaliste n’a
pas été mis en exergue. Ils se sont rencontrés, les sentiments et Dieu ont fait le reste ; De cet
union verront le jour 7 enfants soit 3 filles et 4 garçons. Il y aura une alternance entre les sexes
des enfants :
• 1er Garçon
• 2ème Fille
• 3ème Garçon
• 4ème Fille
• 5ème Garçon
• 6ème Fille
• 7ème Garçon

Il n’existe pas de plus grande grâce que d’alterner ainsi les sexes des enfants. C’est le rêve de
chaque couple. Lorsqu’on réussit ce pari on remercie le bon Dieu pour tout son amour. Il n’existe
pas meilleure façon à notre Seigneur Jésus Christ de prouver son amour à ceux qu’il aime.

Justine DJODJI épouse de Joseph NKONTCHOU


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Ou début du mariage, le jeune couple est allé s’installer au quartier Madagascar à Yaoundé dans
ce quartier viendront au monde le 1er, la 2ème, le 3ème et la 4ème. Ensuite le couple est allé vivre au
quartier NLongkak camp sic (Bastos) là-bas viendront au monde 3 enfants (deux garçons et une
fille).

CHAPITRE VI : LA FAMILLE

Aujourd’hui Monsieur Joseph NKONTCHOU est cadre retraité de l’administration et épaule sa


brillante épouse de temps en temps dans sa mission socio éducative. Les enfants eux sont allés
vraiment loin, aussi loin que le voulait leurs parents sinon un peu plus loin d’ailleurs. Là aussi c’est
une autre grâce du Seigneur Jésus-Christ, mais aussi d’un travail assidu et passionné des parents.
C’est sur les enfants en effet qu’on applique les principes éducationnels qu’on a enseigné à d’au-
tres et dont on en a fait un métier :
• Le premier Alain NKONTCHOU est Vice-manager d’une chaine Bancaire Internationale : la Che-
mical Bank. Il fût pendant 10 ans, le plus jeune haut Cadre de Banque Africain en Europe. La Che-
mical est basée à Londres.
Il est le père de trois enfants, son épouse est une avocate internationale, elle est de nationalité
nigériane et son propre père géniteur a été longtemps Ministre des Finances de la République
Fédérale du Nigéria.
• La deuxième Gisèle NKONTCHOU est mariée et elle est mère de deux enfants, elle exerce la
profession de gastro-entérologue. Elle est chef de clinique à Paris.
• Le troisième Cyrile NKONTCHOU est exécutive officer (Directeur Général) en Afrique du Sud, il
est docteur en économie, (Diplômé de la Havard) son travail consiste à restructurer les sociétés
en liquidation et à les revendre. En un mot il remet sur pied les sociétés qui ont des difficultés et
il les place.
• La quatrième Caline NKONTCHOU est Avocate Internationale c'est-à-dire avocat d’affaires (bu-
siness) elle vit en France et au Cameroun. Mais seulement elle est trop sollicitée sur le plan pro-
fessionnel, elle voyage régulièrement au gré de ses activités.
• Le cinquième William NKONTCHOU travaille à la bourse de Londres, Paris et Wall-street (U.S.A).
• La sixième Mireille NKONTCHOU travaille à la banque à Londres.
• Le septième Stéphane NKONTCHOU le dernier est Ingénieur de conception en Génie Méca-
nique.

Tous ces enfants sont nés à Yaoundé et ont suivi leur parcours scolaire et universitaire tour à tour
à Yaoundé et en suite à Paris.

CHAPIRE VII : UN PARCOURS DIPLOMATIQUE

Le séjour à l’ambassade du Cameroun à Paris


A la faveur d’un décret gouvernemental, le jeune couple est affecté en France. Le mari est en effet,
nommé à l’ambassade du Cameroun à Paris c’est le départ de toute la famille c'est-à-dire du
mari, de la femme et des 7 enfants.

« J’ai eu tous mes enfants à Yaoundé avant de me rendre à Paris. C’est en France que j’ai achevé
ma formation pédagogique. Les enfants n’ont pas eu de difficultés quand à leur adaptation. Avant
d’aller à Paris, j’étais institutrice principale au Cameroun. En France, j’ai eu le très sélectif concours

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d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure de Saint Cloud qui forme les Inspecteurs des Ecoles. Cette
école était la plus grande école d’enseignement professionnel de France. J’ai fait beaucoup de
stages dans beaucoup d’arrondissements en France. Je n’ai pas pu travailler à Paris parce qu’il
est strictement interdit aux femmes de diplomates de travailler dans les pays d’accueil. La bonne
qualité de mon travail emmenait toujours les responsables des structures éducationnelles à avoir
besoin de mes services comme stagiaire.

CHAPITRE VIII : LE RETOUR AU PAYS NATAL

Une fois la mission diplomatique achevée, le mari retourne au Ministère des Finances du Ca-
meroun, pendant que Madame retourne à l’Education Nationale.

« Avant de me rendre en France, je travaillais à l’Education Nationale du Cameroun, à mon retour,


j’ai repris mon travail au même Ministère comme adjointe au chef de service de l’enseignement
maternelle avec en prime une grande promotion. Celle d’Inspectrice des écoles primaires et ma-
ternelles. J’ai servi à l’éducation nationale du Cameroun pendant 26 ans (vingt six ans). C’est nous
qui avions mis sur pied le programme des enseignements maternels au Cameroun.

Mon retour au pays était d’autant plus important puis que je suis l’homonyme de ma grande
mère maternelle, aussi maman était encore en vie, il y avait la fibre sentimentale. Il arrivait de
fois que ma mère m’appelle maman. Je ne pouvais pas rester en France à cause des grandes
responsabilités familiales, sociales, et professionnelles qui m’attendaient au Cameroun.

En définitive ayant passés 26 ans à prêcher dans les différentes programmes d’enseignements
ce qu’il fallait faire et ce qu’il ne fallait pas faire, il fallait passer à une étape supérieure en ouvrant
ma propre institution scolaire. Il était question pour moi de mettre en application, ce que j’avais
prêché pendant toutes ses années. L’école est née en 1996 à Nlongkak (quartier nylon), après 4
années, j’ai déménagé pour l’emplacement actuel en raison de l’étroitesse des lieux, c’était en
2000. Tous les ans, il y a des enseignants retraités européens qui viennent séjourner ici et nous
aider dans nos travaux. J’ai commencé par l’école maternelle et primaire et le collège a suivi en
2005. Le premier cycle a été mis sur pied pendant la première année, le second cycle est arrivé
la deuxième année.

Au jour d’aujourd’hui, le bilan est largement satisfaisant. Nous recevons régulièrement les félici-
tations du Ministre de l’Education de Base ainsi que celles du ministre des Enseignements Se-
condaires. Nous avons mis sur pied il y a de cela quelques années une école normale des
Instituteurs de l’Enseignement Général qui fonctionne avec excellence.

Nos enseignants sont régulièrement affectés au niveau du Ministère pour apporter leurs contri-
butions par rapport à tout ce qui se rapporte à une plus grande efficacité de l’éducation nationale
au Cameroun.

En dehors des membres du gouvernement qui nous envoient leurs enfants, il y a aussi les diplo-
mates qui nous font confiance, ainsi que les opérateurs économiques et les expatriés africains,
occidentaux et asiatiques.

Justine DJODJI épouse de Joseph NKONTCHOU


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CHAPITRE IX : DES QUESTIONS ET DES REPONSES

Question : Comment sont recrutés les enseignants aussi bien au Collège, qu’à l’école primaire
et à l’Ecole normale des Instituteurs ?
Réponse : Il y a une commission objective et très professionnelle qui s’occupe du recrutement
des enseignants, qui ressortent de toutes les régions du Cameroun. Quand on poursuit des ré-
sultats positifs on ne devrait pas être régionaliste encore moins tribaliste.

Question : Etes vous une reine dans votre village c’est-à-dire à Baham ?
Réponse : Les différents chefs Baham qui m’ont connu et qui se sont succédé à la chefferie m’ont
proposé de devenir une reine. Je n’ai pas voulu. A la fin ils m’ont intronisé à leur façon et ils m’ap-
pellent « Mafo ».

Question : Quels étaient vos rapports avec les professionnels de l’éducation en France ?
Réponse : J’ai eu de très bons rapports avec des professionnels de l’éducation en France, la
preuve, j’ai fait des stages dans plusieurs arrondissements en France. En effet, j’étais très sollicitée
en raison de mon dévouement et de mon bon travail.

Question : Vous auriez pu ne pas retourner au Cameroun ?


Réponse : J’étais l’épouse d’un diplomate, j’avais mon travail au Cameroun et j’étais au delà de
l’épouse la mère de plusieurs enfants.

Question : La France vous a-t-elle changé comme elle change d’autres ?


Réponse : La France change ceux qui veulent se changer et ceux qui changent sont ceux qui
n’ont pas confiance en eux mêmes.

Question : Certains à leur retour d’Europe étaient trop orgueilleux et avaient tendance à minimiser
les autres.
Réponse : Il s’agit tout simplement d’une question d’éducation.

Question : Pendant combien d’années maman KAMAYA Rebecca fût elle trésorière de l’église
évangélique à Baham ?
Réponse : Elle l’a été pendant près de 40 ans.

Question : Pendant combien d’années a-t-elle fait les beignets ?


Réponse : Déjà qu’elle fût la première à faire les beignets à Baham et elle a exercé ce métier
jusqu’à la fatigue. Elle fût aussi pendant longtemps ancienne d’église.

Question : Quelques souvenirs de papa ?


Réponse : Il était grand de taille ; très brun ; à sa mort on a éloigné les petits enfants, que nous
étions du corps, puisque chez nous on interdit d’approcher les petits enfants des cadavres.

Question : A quand l’Université « La Gaieté » ?


Réponse : Nous n’envisageons pas l’université à « la gaieté » du moins pas tout de suite.

Question : Y a-t-il une association des anciens élèves ?


Réponse : On est entrain de créer une association des anciens élèves de « la gaieté ».

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Question : Est-ce qu’on octroie des bourses aux meilleurs élèves à « la Gaieté » ?
Réponse : L’administration de la « gaieté » donne des bourses aux meilleurs élèves du secondaire
et du primaire.

Question : Le corps diplomatique rend-il souvent visite à votre institution ?


Réponse : Ils viennent de temps en temps. Et beaucoup de diplômâtes ont leurs enfants inscrits
à "la Gaetés" tant dans le primaire que dans le secondaire.

Question : Existe-il des interventions pour ceux des élèves qui échouent au concours d’entrée à
la gaieté ?
Réponse : Quelques soit l’intervention, quand un enfant ne passe pas le concours il n’est pas re-
cruté comme élève.

Question : Quels sont vos objectifs à court terme à la gaieté ?


Réponse : Les objectifs à court terme à « La Gaieté » sont les aires de jeux que nous sommes en-
train de réaliser en ce moment.

Question : Croyez-vous au destin ?


Réponse : Dieu envoie tout le monde avec sa grâce et il revient à chacun de savoir la développer.
Je crois en Dieu et non au Destin. Dieu fait de ce qu’il a crée ce qu’il veut, tout le moment est sous
sa protection et c’est lui qui élève et qui rabaisse.

Question : Si le Seigneur Jésus Christ vous apparaissait que lui demanderiez-vous ?


Réponse : Je lui demanderais la santé et aussi d’être scotché permanemment au Saint Esprit.

Question : Etes vous satisfaite de votre parcours, et s’il fallait recommencer accepteriez vous si
possible de faire le même parcours ?
Réponse : Je suis satisfaite de mon parcours et je ne regrette rien.

Question : Qu’est ce que vous ressentez lorsqu’une femme et surtout vous par exemple soit pra-
tiquement au dessus d’une centaine d’hommes et surtout, que chacun doit s’en remettre à vous
quant à son programme de travail et autres ?
Réponse : On ne fonctionne pas pour dépasser qui que ce soit. On ne travaille pas pour être au
dessus des autres que ce soit un homme ou une femme.
On travaille pour atteindre des objectifs. En tout cas quand on croit dépasser quelqu’un à gauche
il vous surpasse à droite. On ne devrait pas voir dans certaines attitudes involontaires une marque
de mépris ou d’orgueil.

Question : Depuis combien d’années existe-il l’Ecole Normale des Instituteurs à « La Gaieté » ?
Réponse : L’Ecole Normale des Instituteurs de l’Enseignement Général fonctionne en module
"cours de soir". Elle existe depuis qu’on est sur cet emplacement, c’est-à-dire en l’an 2000.

Question : Quel est l’effectif moyen du personnel enseignant et du personnel administratif ?


Réponse : Il y a en moyenne 150 professeurs et maîtres chaque année non compris le personnel
de sécurité et de propreté.

Question : Quel est le message que vous donnez assez souvent au personnel enseignant ?
Réponse : Je dis régulièrement aux maîtres et aux professeurs QUE LE DESORDRE EST COLLEC-

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TIF, MAIS QUE LA SANCTION EST INDIVIDUELLE, jusqu’à ce jour, le collège rempli toutes ses obli-
gations envers eux et tient tous ses engagements vis-à-vis d’eux. Il leur revient également de
remplir le leurs.

Question : Quel est le message que vous donnez aux élèves ?


Réponse : Le message que je donne aux élèves est d’apprendre. Ils ont un puissant ordinateur qui
est leur cerveau, qu’ils étudient. Dieu a donné le talent à tout le monde, il suffit de le développer.

Question : Votre journée type ?


Réponse : A pâque par exemple, je me réveille à 5heures du matin pour aller à l’église et ac-
compagner le seigneur dans sa pénitence, ensuite on est au travail jusqu’à la sortie à 16heures.
Question : Est-ce qu’il y a un culte solennel à la veille de chaque rentrée ?
Réponse : Il y a un culte solennel chaque rentrée, présidé par le corps autorisé.

Question : Faites-vous parti du Comité de Développement Baham ?


Réponse : Je suis membre du Comité de Développement Baham. A notre actif en dehors de la
réalisation de plusieurs travaux Communautaires, nous avons construit l’église protestante de
Kafo qui fût l’église de ma mère pendant toute sa vie. Nous sommes entrain d’y construire un
centre scolaire qui ouvrira ses portes à la rentrée prochaine.

Question : Où aviez vous vu le plan de réalisation de votre institution scolaire ? en Europe, en


Amérique ou dans un cabinet d’architecture ?
Réponse : Ce plan a été pensé et réalisé par moi-même, je n’ai vu de prototype nulle part aussi
bien en Afrique, qu’en Europe et même en Amérique. Encore moins dans un quelconque cabinet
d’architecture.

Question : Compte tenu de vos prouesses n’envisagiez vous pas une possibilité de délocalisation ?
Réponse : On m’en a fait la proposition pour la côte d’Ivoire, mais pour le moment cela ne m’in-
téresse vraiment pas.

CHAPITRE X : LA VIE A L’EGLISE

Pendant plusieurs décennies Madame Justine NKONTCHOU fût Conseillère paroissiale. Depuis
2009, elle exerce la noble mission d’ancienne d’église.

Par ailleurs, elle est une membre fondatrice de la chorale écho céleste.
La distraction de préférence
La pratique de la natation reste sa distraction et son sport préféré.
Les voyages et les congés annuels
Elle va en Europe plusieurs fois par an, et dans d’autres continents du monde pour rendre visite
aux enfants et aussi pour les besoins de travail.

CONCLUSION

Lorsqu’on a le génie, le dévouement, la clairvoyance, la détermination, l’ardeur, et la vision d’une


femme de cette stature on ne saurait faire une conclusion. Lorsqu’on s’apprête à l’acclamer après
un objectif atteint et réussi elle est déjà à l’assaut d’autres défis.

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Le groupe scolaire primaire et secondaire a un plan futuriste. C’est l’une des plus belles Institutions
d’Enseignement de toute la ville de Yaoundé, elle est décorée avec des briquettes de terre cuite,
en réalité pourquoi ces briquettes ? Les briquettes sont avantageuses sur le plan de l’esthétique,
de la durabilité, du coût et de l’échange thermique.

La discipline y est de mise lorsque vous passez à une certaine heure de la journée, vous avez
l’impression que vous avez à faire à des appartements d’habitation de haut standing. Alors qu’à
l’intérieur de ces murs des milliers d’élèves de plusieurs nationalités et de plusieurs races (blanche,
noire, jaune) s’appliquent sous l’œil averti et attentif de leurs encadreurs.

Pour notre petite part l’idéal serait que chacun y fasse un tour un de ces jours du côté de la nou-
velle route bastos au niveau de l’échangeur.

Le groupe scolaire international « La Gaieté » est la seule institution à Yaoundé disposant d’un im-
portant foyer culturel, d’une piscine.

Un penseur disait que lorsqu’on élève les enfants, il ne faut pas faire de discrimination sexuelle
pour ce qui est de leur éducation scolaire et même qu’il faut être plus regardant sur les filles que
sur les garçons, l’homme pourra fouiller les ordures, creuser les puits, alors que la femme ne le
pourra pas. Ce qui fait qu’il faut sanctionner au double la jeune fille par rapport au jeune garçon.
Madame DJODJI Justine épouse de Monsieur Joseph NKONTCHOU est une preuve et une ma-
nifestation vivante d’une réussite entrepreneuriale au féminin.

Nous ne saurons clôturer sans remercier tous ceux et toutes celles qui par leur silence, leurs
actes, leur prière contribuent de près ou de loin à la réussite de cet empire éducatif.

C’est le lieu pour nous de dire, que de part son sens aigüe du discernement. Mme la Fondatrice
est membre du conseil d’administration de plusieurs entreprises de la place.

Fin de la première partie

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