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Lettre n°29

L’EVOLUTION
DE NOTRE JEUNESSE
IMPORTANTE Pourtant, la situation est plus que
préoccupante, elle est inquiétante. A travers
REMARQUE les retraites – ce qui permet d’avoir un bon
échantillon de ce qui se passe en France – nous
Cette Lettre n° 29 a été en fait écrite voyons monter une jeunesse qui n’est pas du
par Monsieur l’Abbé Delagneau, Prêtre de la tout à la hauteur de la tâche qui lui revient :
Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, et Direc- refaire une société chrétienne. Les fruits que
teur en France de l’œuvre des retraites à nous avons sous les yeux sont sans proportion
Notre Dame du Pointet, car je n’ai fait que re- avec les sacrifices des parents et des éduca-
prendre son éditorial, dont l’importance teurs !
n’échappera pas à nos lecteurs, tiré de la re- Visiblement, il y a quelque chose qui
vue « Marchons Droit », en son numéro 90, de ne va pas, et il faut réagir avant qu’il ne soit
Juin 2000 (B.P. 4 – 03110, Broût-Vernet). trop tard, sinon, au bout de deux généra-
Je me suis contenté de rajouter tions, nous serons engloutis par l’esprit du
quelques commentaires imprimés en carac- monde.
tères italiques. Les titres sont de moi. Vous
verrez que je ne suis pas le seul à crier dans le
désert !
LES CAUSES
DE CE MALAISE
MISE EN GARDE EN GUISE (Il est évident que ce qui va être dit
D’INTRODUCTION dans ce paragraphe et les suivants ne
concernent pas tous nos jeunes, mais une forte
Beaucoup de Catholiques de la Tradi- proportion d’entre eux. Ce qui est certain,
tion ont pensé qu’en gardant la Messe tradi- c’est que le libéralisme dont parle Monsieur
tionnelle, en faisant des sacrifices pour mettre l’Abbé Delagneau est passé dans le sang, et a
leurs enfants dans de bonnes écoles, leur de- fait des ravages dans nos rangs, que ce soit
voir était accompli et donc l’avenir chrétien de parmi les jeunes et souvent hélas leurs pa-
leurs enfants était assuré ! rents).

Force nous est de constater qu’il n’en Ce que l’on constate de plus en plus
est pas ainsi ! Certains parents, et même des dans ces jeunes de dix-huit à trente ans, c’est
jeunes, commencent à en prendre conscience, d’abord, par rapport à la crise de la société et
mais sans bien savoir comment réagir et que de l’Église, une ignorance profonde ; non pas
faire. qu’on ne les ait pas enseignés, mais par
D’autres, plus nombreux, ne veulent manque d’intérêt de leur part. Ils sont protégés,
pas voir ce problème en face, de peur d’avoir et ils suivent dans les grandes lignes les orien-
d’autres efforts à faire, efforts qu’ils ne veulent tations de leurs parents, mais ils sont inca-
pas faire. pables d’expliquer profondément pourquoi
(nouvelle messe, erreurs du Concile, mondia-
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lisme…). En fait, ils n’ont pas eu le déclic qui (Dieu n’a pas créé hommes et femmes
donne le goût d’étudier par soi-même, de se égaux, mais complémentaires. L’homme de-
former ; parce ce qu’ils n’ont pas eu à com- viendra le chef de la famille, et la femme son
battre, à défendre leur position, à résister ; si cœur. En instillant dans l’esprit moderne le
bien qu’au contact du monde, ils se laissent mythe de l’égalité entre l’homme et la femme,
très vite aller aux compromis. Et un certain la révolution a détruit les fondements naturels
nombre tombe … de la société toute entière. Il nous faut donc
des hommes qui pensent et agissent comme des
En quelque sorte, ils en ont un peu as- hommes, et des femmes qui pensent et agissent
sez d’être à part, et voudraient bien être comme des femmes).
comme tout le monde. Bien sûr, ils réalisent
que ce n’est pas possible, mais pourtant, ils ne L’EVOLUTION CHEZ NOS
veulent pas se démarquer, s’affirmer contre
l’esprit du monde. JEUNES GENS
Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas de
conviction personnelle suffisamment forte Parmi les jeunes gens, on rencontre
pour être fermes, résolus dans leur foi. beaucoup de mollesse, de laisser-aller. Bien
Ils ne sont pas suffisamment fiers souvent, ils sont encore esclaves de leurs pas-
d’être Catholiques de la tradition, d’avoir eu sions. Comment peuvent-ils avoir une force de
cette grâce d’être choisis pour y voir clair sur caractère, de la prudence, s’ils ne sont pas
la situation actuelle, pour être le sel de la terre maîtres d’eux mêmes ? La pureté est une as-
afin d’aider le monde à se relever. Et au lieu cèse ; elle demande un combat persévérant,
d’être apôtres, ils se laissent vivre et peu à peu une force intérieure. Et c’est dès l’adolescence
entraîner. qu’on la travaille.

Pourtant, c’est enthousiasmant pour Les jeunes gens ont perdu aussi le
des jeunes, d’avoir un véritable idéal, une doc- sens des responsabilités, de la générosité, du
trine, une sagesse sûre, une mission ! dévouement à de grandes choses, de la rigueur,
Eh bien non ! La flamme n’a pas été de l’organisation. Comment pourront-ils deve-
transmise. C’est le rôle des parents de galvani- nir des chefs de famille, des hommes qui as-
ser l’énergie de leurs enfants, d’en faire des sument leurs responsabilités ? Ils ne sont pas
apôtres ; ils sont nés pour entrer dans un com- prêts. Et pourtant sans chef, c’est le désordre.
bat merveilleux et nécessaire : refaire la chré-
tienté. Et cela commence par de bonnes voca- (Il faut donc préparer nos jeunes gens
tions et de bonnes familles chrétiennes. C’est à devenir des chefs ; pour cela, il faut leur in-
là l’urgence. culquer la vertu fondamentale du futur chef :
l’obéissance ; celui qui n’a jamais su obéir ne
Et au lieu de cela que voit-on ? Les vo- saura jamais commander. Celui qui n’a jamais
cations qui se raréfient, des mariages qui sont appris à faire pénitence, à s’humilier, ne saura
de plus en plus boiteux, une éducation de plus jamais charger la croix que le Bon Dieu ré-
en plus improvisée et laxiste ; des jeunes qui se serve à ceux qu’Il a choisis comme guides des
laissent vivre, qui veulent profiter de la vie, et autres).
qui ne s’engagent même plus dans le mariage.
Beaucoup vivent dans une certaine immaturité C’est la grave responsabilité du père
et insouciance de leur avenir. Égoïstes, ils de famille : de faire de ses garçons des
cherchent à profiter de la vie. hommes. Des hommes chastes, des hommes
réfléchis, responsables, des hommes tra-
Quelles sont les causes de cet état de vailleurs, des hommes au cœur noble et grand,
fait ? C’est que l’on ne forme plus de chrétiens des hommes formés et convaincus. Des
convaincus, ardents, engagés dans le combat, hommes dignes d’admiration, sur lesquels on
et d’abord : puisse s’appuyer.
• des hommes qui soient des Étudier et s’amuser semblent les deux
Hommes ; devoirs des jeunes. Et les parents se contentent
de cela !
• des femmes qui soient des Femmes.
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Ils oublient que nous vivons dans une L’habillement est très significatif :
terrible crise de la société, et donc qu’il ne faut s’habiller avec goût, avec le sens de l’harmo-
pas que ces jeunes prennent l’esprit du monde. nie, avec modestie, c’est le reflet des vertus in-
Ils oublient que ces jeunes seront les térieures, c’est être. S’habiller en jupe trop
hommes de demain, et que les qualités dont ils courte, en pantalon, c’est vouloir paraître,
auront besoin ne s’improvisent pas, mais se vouloir être au goût du jour et vouloir ses aises.
forment au cours de longues années. Si les On s’écarte de l’éducation reçue par esprit de
jeunes gens ne sont pas solides, forts, fermes, libération.
convaincus dans leur foi Catholique, que se-
ront nos familles de demain ? (La femme moderne, par esprit d’indé-
pendance, se libère du joug doux et suave de
L’EVOLUTION CHEZ Notre Seigneur Jésus-Christ, à savoir de Sa
Croix. En s’écartant du plan que le Bon Dieu
NOS JEUNES FILLES a voulu pour elle, elle se jette sans le savoir
entre les griffes du démon. Car c’est Notre
Parmi les jeunes filles, on rencontre Seigneur qui a sorti la femme de l’état
beaucoup de désordre aussi. De plus en plus, d’esclave et d’objet de plaisir dans lequel elle
elles veulent faire de longues études, et peu à était avant Son arrivée parmi nous ; dès
peu, elles prennent l’esprit d’indépendance : qu’elle quitte sa place voulue par Dieu dans la
elles pourront gagner leur vie ; puis elles société, elle retombe encore plus lourdement
perdent l’intérêt pour les humbles tâches ména- dans le même esclavage).
gères, familiales.
Être simplement mère de famille, maî- Tout cela, c’est un mauvais esprit, qui
tresse de maison, n’est plus un idéal, cela les dispose à tous les relâchements.
dévalorise. D’ailleurs, elles ne savent pas faire,
on ne les a pas intéressées, on ne les a pas for-
mées à cela. LES RESPONSABLES
Pourtant, c’est leur mission, qui aura
une souveraine importance dans le foyer ! Les grands responsables, ce sont en gé-
néral les mères de famille (et certainement en-
(Il est évident qu’il est parfois bon au- core plus les pères !) qui cèdent aux pressions
jourd’hui que des jeunes filles aient un bagage de leurs enfants et qui paient leurs dépenses.
intellectuel, quelques diplômes, qui pourraient En fait, ils essaient de compenser la mise env-
être d’un grand secours si la femme est obli- pension de leurs enfants, en cédant à leurs ca-
gée de rester seule, ou si elle se trouve mal- prices. C’est là une grave erreur.
heureusement, à cause de circonstances dont Que l’on offre à ses enfants des joies
elle n’est pas responsable, dans l’obligation familiales à leur retour de pension, qu’on les
de trouver un travail hors de la maison, par gâte un peu dans la nourriture, qu’on prenne du
exemple si son époux tombe malade ou meurt. temps pour une saine détente, très bien ! Mais
qu’on ne détruise pas leur éducation, leur for-
Mais, il faut toujours espérer que la mation ! Il faut plutôt les aider à l’assimiler.
mère de famille puisse rester chez elle à rem-
plir la fonction pour laquelle Dieu l’a appelée Les soirées, les rallyes, c’est la même
au mariage : la procréation et l’éducation des chose. Souvent, ce sont les parents qui les or-
enfants. C’est le rôle le plus sacré de la ganisent pour que leurs enfants puissent bien
femme, par lequel elle coopère directement au se marier !
plan de l’Incarnation et à celui de la Rédemp- Et alors, c’est la musique rock, ce sont
tion de l’homme par le Fils de Dieu. les tenues les plus relâchées (effet de groupe),
Qu’elle en soit fière, car c’est là sa c’est jouer avec les sentiments, c’est passer des
gloire ici-bas, et bien sûr le sera aussi dans heures vides, c’est l’art de perdre son temps, ce
l’éternité.) sont des occasions de péchés évidentes dans ce
Et puis, il y a aussi chez beaucoup un climat d’excitation.
attrait pour le monde, que ce soit pour les Et le pire, c’est que les parents n’y
modes, les soirées, la musique rock … voient pas de mal ! Je me demande comment
peut-on se convaincre que c’est acceptable
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pour des jeunes de 16 – 20 ans. Mais ils ne (même si elle doit prendre des coups, elle doit
sont pas en âge de se marier, et ils ne doivent avoir la fierté du combattant de première ligne
pas jouer avec leurs sentiments. qui s’accroche de toutes ses forces à la posi-
D’autre part, si l’on se marie avec tion qu’on lui a demandée de tenir ; c’est la
quelqu’un, c’est parce qu’on l’admire, qu’on joie du devoir d’état bien fait, avec le sourire,
l’estime pour ses qualités ; et ce n’est quand pour la plus grande gloire de Dieu).
même pas dans ces soirées que l’on déploie les
vertus chrétiennes ! Prenez bien conscience de ce pro-
blème. Ne démissionnez surtout pas dans
Il y a des illusions qui coûtent cher ! l’art de l’éducation.
Prévoyons au contraire des détentes saines et
constructives. (Résistez à la tentation de plaire à vos
On voit des jeunes de 20 – 22 ans qui enfants : il vous faut plaire à Dieu avant tout,
se marient sans s’y être préparés, simplement et à vos enfants secondairement. Malheur au
parce qu’ils s’aiment. Et puis, bientôt, ils ont chef qui cherche à plaire à ses subordonnés,
un enfant dans les bras, sur les bras … On ne malheur au Prêtre qui cherche à plaire à ses
sait plus comment l’élever. Tout est improvisé. fidèles. Il est dans la pratique extrêmement dif-
Et c’est comme cela que l’on va redresser la ficile de plaire à la fois à Dieu et à notre pro-
société ! Mais on croit rêver… chain.
Et dans tous les cas, ce sont les parents Il nous faut toujours aimer Dieu, et
qui n’ont pas fait leur devoir ! notre prochain comme nous-mêmes pour
l’amour de Dieu ; mais s’il faut toujours plaire
(Les parents doivent traduire pour eux à Dieu, il ne nous est pas demandé de toujours
le quatrième Commandement de Dieu : « Vos plaire à notre prochain. Notre Seigneur Jésus-
pères et mères honorerez, afin de vivre longue- Christ n’a certainement pas plu aux Juifs en
ment », qui doit devenir pour eux « Comme les traitant de « race de vipère » ou de « sé-
père et mère vous agirez, afin que vos enfants pulcres blanchis ») !
puissent voir Dieu en tout ce que vous faites ».
Tant que vos garçons ne sont pas des
S’il est un domaine dans lequel les pa- Hommes dignes de ce nom et vos filles des
rents doivent lutter contre le respect humain et Femmes dignes de ce nom, votre responsabi-
le quand dira-t-on, c’est bien dans celui là. lité n’est pas achevée.
Qu’ils se rappellent qu’ils ne sont pas mariés
pour eux-mêmes mais pour Dieu, et que les en- (Il est évident qu’une telle réforme de
fants ne leur appartiennent pas : Dieu les leur vie ne peut être entreprise sans être solidement
confie, et leur en demandera des comptes très ancrée sur deux solides piliers : la prière (une
exacts. Que tous les parents relisent la « para- solide vie sacramentelle jointe à l’oraison
bole des talents » : il vaut mieux comprendre quotidienne) et l’étude. Malheur à celui qui
ces choses-là et nos responsabilités dès main- perd l’amour de la prière ou l’amour de
tenant, plutôt qu’au jour de notre mort, au ju- l’étude : il deviendra incapable d’élever ses
gement Divin !) enfants vers Dieu).

Le Bon Dieu compte sur vous. Priez, et


EN GUISE que chacun fasse son devoir.
DE CONCLUSION
Nous n’avons pas le droit de former Tout dévoué en Notre Seigneur Jésus-
une jeunesse médiocre ! (Rappelons-nous ce Christ et sa très Sainte Mère.
que Dieu pense de ceux qui ne sont ni froids,
ni chauds, mais tièdes, et qui seront logique-
ment vomis de Sa bouche). Abbé Jean-Luc Lafitte
Il nous faut une jeunesse forte, ver-
tueuse, digne d’admiration, qui sache se dé-
tendre sainement, qui soit à sa place dans le
combat que nous menons et qui s’y sente bien

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