Vous pourrez par exemple montrer comment le dramaturge a recours aux marques du discours, à la rhétorique du défi, au champ lexical de la solidarité, à l’image de l’identité populaire, à la personnification et à l’art de la description, pour exprimer la construction de la citadelle et la symbolique de ce mouvement CHRISTOPHE Précisément, ce peuple doit se procurer, vouloir, réussir quelque chose d’impossible ! Contre le sort, contre l’Histoire, contre la Nature, ah ! ah ! l’insolite attentat de nos mains nues ! Porté par nos mains bles- sées, le défi insensé ! Sur cette montagne, la rare pierre d’angle, le fondement ferme, le bloc éprouvé ! Assaut du ciel ou reposoir du soleil, je ne sais, la première charge au matin de la relève ! Regardez, Besse. Ima- ginez, sur cette peu commune plate-forme, tournée vers le nord magnétique, cent trente pieds de haut, vingt d’épaisseur les murs, chaux et cendre de ba- gasse, chaux et sang de taureau, une citadelle ! Pas un palais. Pas un château fort pour protéger mon bien-tenant. Je dis la citadelle, la liberté de tout un peuple. Bâtie par le peuple tout entier, hommes et femmes, enfants et vieillards, bâtie pour le peuple tout entier ! Voyez, sa tête est dans les nuages, ses pieds creusent l’abîme, ses bouches crachent, la mi- traille jusqu’au large des mers, jusqu’au fond des vallées, c’est une ville, une forteresse, un lourd cui- rassé de pierre… Inexpugnable, Besse, inexpugnable ! Mais oui, ingénieur, à chaque peuple ses monuments ! A ce peuple qu’on voulut à genoux, il fallait un monu- ment qui le mît debout. Le voici ! Surgie ! Vigie ! (…) Aimé Césaire, La tragédie du roi Christophe, Acte I, scène 7, 1963. Le 27/ 05/ 2009 BONNE CHANCE ! 1