De la prison ferme et des amendes en milliards

pour Ghali Sebti et ses amis minotiers

MarocHebdo

MarocHebdo
www.maroc-hebdo.com INTERNATIONAL N° 867 du 25 au 31 décembre 2009

Le triste sort
du colonel

© Photo AFP
Terhzaz
Interview de
Sonia Terhzaz :
Condamner mon
père à 12 ans de
prison équivaut
à sa mise
à mort
Sonia Terhzaz
portant le portrait
de son père. Paris,
le 22 déc. 2009

Maroc 15 DH - France 3 Euro - Espagne, Belgique, Allemagne et Italie 3,90 Euro - Canada 5,95 $ - USA 6,75 $
 MAROC HEBDO INTERNATIONAL - 18e ANNÉE - N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 SOMMAIRE

Actualité
Sahara, une seconde réunion informelle début 2010
Prendre en compte les acquis
12 Cinquième sommet d’Africités à Marrakech
Le Maroc à l’avant garde de l’Afrique
Qui veut ternir l’image de l’ancien Premier ministre?
Driss Jettou, au dessus de tout soupçon

Couverture
Le triste sort du colonel Terhzaz
Le parcours du colonel-major Kaddour Terhzaz

32
Un officier fidèle et dévoué

14 16 Annie Terhzaz raconte le calvaire de son mari

Un témoignage poignant
Sonia Terhzaz, fille du colonel-major Terhzaz
“Condamner mon père à douze ans de prison
équivaut à sa mise à mort”

Politique
Moulay Ismaïl Alaoui, secrétaire général du PPS
“Il faut retrouver nos ferveurs militantes”
Les séparatistes de l’intérieur. Qui sont-ils?
Quelle est leur force?
Tamek, Daddach, Aminatou et les autres

24 Qui sont ces activistes du Polisario?

Les femmes de Abdelaziz
Verdict de l’affaire des minotiers, le 22 décembre 2009
L’État va-t-il récupérer son blé ?
Moussa Camara poursuivi pour crime contre l’humanité
Un patient encombrant

16 Économie
Entretien avec Anas Sefrioui, Pdg du groupe Addoha
“Notre capacité financière est saine et solide”
Maroc-UE: nouveau protocole d’accord agricole

36 Des gains substantiels pour le Maroc

Le wali de Bank al Maghrib fait le bilan de l’économie
La vigilance ne doit pas se relâcher

Société et culture
Deuxième rencontre des Marocaines d’ici et d’ailleurs
Quand diaspora se conjugue au féminin
Fortes pluies sur dif férentes régions du Maroc

36 40 A-t-on retenu la leçon de l’année dernière ?

130 réseaux d’émigration de prostitution démantelés
Un cercle vicieux qui n’en finit pas

50 Des projets pour placer Figuig sur les rails

du développement
De l’enclavement au décollage économique
Le projet de Cité des Sciences de Tanger en crise
De la volonté pour un passage à l’acte
Rita Saher, pianiste professionnelle
Une virtuose marocaine à Paris
La chronique de Driss Fahli

50 Le gazouillis du Tweet
 FILDIRECT
• POUR UN MONTANT DE 19,8 MILLIARDS DE DIRHAMS • SAHARA MAROCAIN
Vingt-quatre F-16 pour le Maroc Moratinos
son commentaire
© Ph.AFP
C ’est lancé. Le Pentagone a annoncé,
mercredi 23 décembre 2009, dans
un communiqué, que le constructeur
aéronautique américain Lockheed
Martin produira 24 avions de chasse
F-16 destinés au Maroc. On s’en sou-
• UN BUDGET DE 1,75 MILLIARD DE DIRHAMS DE 2009-2010
Mobilisation sans précédent
pour la réforme de l’Éducation
L ’école marocaine connaît une mobili-
sation sans précédent pour faire abou-
tir le processus de réforme, a affirmé,
mercredi 23 décembre 2009 à Guelmim,
le ministre de l’Education nationale, de
l’Enseignement supérieur, de la Forma-
tion des cadres et de la Recherche scienti-
fique, Ahmed Akhchichine. Le ministre,
qui présidait les travaux de la 8ème session
du conseil d’adminis-
Ahmed Akhchichine.
tration de l’Académie
régionale de l’édu-
cation et de la for-
mation de la région
Gulemim-Smara,
a indiqué que cette
mobilisation reflète
l’intérêt accordé
par les différentes
composantes de la
société marocaine à
regrette
vient, le Maroc avait officialisé
sa commande d’avions F-16 en
juin 2008, et le Congrès amé-
ricain avait donné son feu vert
pour l’acquisition en septem-
bre dernier. Lockheed Martin
fournira également des équipe-
ments et des services connexes
(supports informatique et for-
mation notamment). Le mon-
tant total de transaction s’élève
à 2,4 milliards de dolars (19,8
milliards de dirhams). Avec
ce contrat, le Maroc devient le
25ème pays (2ème africain après
l’Egypte) à se doter de l’avion
de combat le plus utilisé dans le monde,
produit à plus de 4.300 exemplaires.
L’aviation militaire marocaine a opté
pour les avions américains au grand
dam des appareils du traditionnel pays
ami, la France.
la réforme de l’enseignement et la ferme
volonté des différents intervenants de faire
aboutir ce chantier. Le ministre a souligné
que le budget mobilisé à cet effet durant
la saison 2009-2010 se chiffre à 1,75
milliard de dirhams, contre 760 millions
lors la période 2008-2009. Le ministre
a en outre passé en revue les chantiers
inscrits dans le cadre du plan d’urgence
de l’enseignement et
les efforts consentis
dans ce domaine,
ajoutant que son
département a pris
© Ph.MAP
une série de mesu-
res visant à consacrer
les bases de la bonne
gouvernance, de la
décentralisation ainsi
que l’approche parti-
cipative et le principe
pro-marocain
Mardi 22 décembre 2009, Miguel Angel
Moratinos, ministre des Affaires étrangères
espagnol, a annoncé dans un communiqué
que son ministère «n’a réalisé aucun acte de
reconnaissance de la souveraineté du Maroc
sur le Sahara, ni procédé à aucune évaluation
juridique sur le fait que le Maroc exerce, de
facto, aucune compétence sur ce territoire». Un
revirement par rapport au commentaire
fait, le 17 décembre 2009, par M. Moratinos,
affirmant que «l’Espagne constate que, dans
© Ph.AFP
Miguel Angel Moratinos.
l’attente du règlement du conflit, conformément
à la position des Nations unies, la loi marocaine
s’applique au Sahara». Dans son nouveau
communiqué, le ministère espagnol précise
que ce «constat ne peut être compris, en aucun
cas, comme une reconnaissance de la souve-
raineté ni de droit du Maroc sur le Sahara.»
Il a ajouté que le gouvernement espagnol
«s’est limité à constater la réalité et appelé à la
négociation, sous l’égide des Nations unies, pour
trouver une solution à un conflit qui dure déjà
depuis plusieurs décennies, alors que le peuple
sahraoui souffre».
Le commentaire de Moratinos a été dure-
ment dénoncé par la classe politique espa-
gnole, qui a critiqué le gouvernement
socialiste de Zapatero pour son «double
langage» concernant la question du Sahara,
et interprété également comme une «conces-
sion» faite au Maroc par l’Espagne pour
préserver ses intérêts dans ce pays.
 FILDIRECT

• 466 GRÈVES ÉVITÉES PAR LA MÉDIATION ET LE DIALOGUE • SOLIDARITÉ

La fondation
Les bons offices Auteuil à Essaouira
de l’Inspection du Travail Bel exemple de solidarité. Tous les deux
ans, les jeunes des établissements Saint-

J amal Rhmani, minis-

tre de l’Emploi et de
la Formation profession-
par le ministère d’un
programme axé essen-
tiellement sur le déve-
Joseph de la Fondation d’Auteuil mènent
une action éducative de solidarité inter-
nationale (Aesi), avec une équipe d’édu-
nelle, en réponse à une loppement des moyens cateurs.
question orale à la Cham- d’intervention de l’Ins- En juillet 2009, ils étaient au Maroc pour
bre des Représentants, le pection du Travai en restaurer l’école primaire Mohamed-Ze-
23 décembre 2009, a mis matière de contrôle rktouni proche d’Essaouira, en partenariat
en exergue le rôle des de l’application de la avec l’association locale Afoulki. «L’Aesi est
agents de l’Inspection du législation, des techni- un atout et une chance énorme pour des jeunes
© Ph.MAP

Travail, dont la mission a ques de conciliation et en situation difficile qu’il faut promouvoir.
permis d’éviter quelque de négociation pour la Non seulement les jeunes en ressortent, pour
466 grèves durant les 9 résolution des conflits la plupart, enrichis humainement mais aussi
premiers mois de l’année du travail collectifs, les parce que cette expérience va se répercuter
2009. Ces grèves, si elles Jamal Rhmani. grèves ont diminué de et avoir un impact réel sur leur entourage.»
avaient eu lieu, auraient 7,43% au cours des 9 Le film Et le vent l’emportera, réalisé par
concerné 400 établissements, totali- premiers mois de 2009, en comparai- Guillaume Favereau, retrace cette belle
sant 55.966 salariés et 55.966 journées son avec la même période de l’année aventure humaine, qui annonce une nou-
de travail. Grâce à la mise en place précédente. velle expérience en 2010.
 FILDIRECT
INFOEXPRESS
L’Espagne veut
enterrer le cas
Haïdar
Le premier Sommet entre
l’Union européenne et le
Maroc sous présidence
espagnole aura lieu les 7
et 8 mars 2010 à Grenade.
C’est ce qui a été convenu
lors d’une réunion tenue
lundi 21 décembre 2009 par
le secrétaire d’Etat espagnol
aux Affaires étrangères
Angel Losada et le
secrétaire général marocain
du ministère des Affaires
étrangères Youssef Amrani.
Selon un communiqué de
la diplomatie espagnole,
les deux responsables ont
convenu «de coordonner
leurs efforts afin que ce
sommet soit couronné
de succès». Madrid veut
tourner la page Haïdar, qui
a porté un préjudice certain
aux relations entre les deux
pays.
• Le CMKD remporte le chantier de la station d’Ifrane
Appuyer le Plan Biladi de tourisme interne
D ans le cadre du Plan Biladi visant la promotion
du tourisme interne local à travers la construc-
tion de huit nouvelles stations touristiques dans
les différentes régions du Royaume, le groupe
© Ph.MAP
•VACCINATION ANTI-GRIPPE A H1N1
La campagne étendue aux douars
elon une déclara- séquestrés de Tindouf
S tion de Yasmina
Baddou, la ministre
de la Santé, la cam-
pagne de vaccina-
tion contre la grippe
la grippe A H1N1
aurait déjà concerné
30.000 personnes
au Maroc, parmi les
personnes ciblées.
La ministre a ajouté
© Ph.MAP
que le nombre de
personnes atteintes
par cette pandémie
a atteint, à ce jour, 2.775, dont 1.006 en milieu scolaire, précisant que
38 décès ont été enregistrés. Mais il faut compter 7 nouveaux décès et 31
nouveaux cas déclarés dès le lendemain de la déclaration de la ministre.
Mme Baddou a rappelé que le Maroc fera bénéficier au total, près de
60% de la population du vaccin contre la grippe A H1N1, estimant que ce
pourcentage constitue le plafond que peut atteindre un pays.
Aussi, après s’être adressée exclusivement, depuis le 9 décembre 2009,
aux personnes jugées plus vulnérables face au virus, puis aux catégories
ciblées de personnes vivant en communauté, notamment dans les cités,
les internats et les prisons, la campagne de vaccination sera étendue dès
à l’ensemble des populations des douars susceptibles d’être touchés par
la vague de froid.
CMKD a remporté le projet d’aménagement et de
développement de la station touristique d’Ifrane,
qui sera construite sur une superficie de 40
hectares. La convention pour le développement
de ce projet a été signée récemment
entre le gouvernement marocain et le
consortium maroco-koweïtien pour le
développement (CMKD).
La participation de ce dernier dans le
développement du Plan Biladi vise à
appuyer les efforts du gouvernement
marocain pour promouvoir le tourisme
interne qui devra atteindre 9 millions
de nuitées d’ici 2012, et ce en offrant un
produit touristique complet permettant
ainsi aux familles de la classe moyenne
de bénéficier d’un produit touristique
complet.
•Le PSD
SOLIDARITÉ
lance une
campagne de
signatures pour les
Le Parti de la Société démo-
cratique (PSD) a lancé,
mardi 22 décembre, une
campagne nationale de
collecte de signatures de
solidarité avec les Marocains
détenus à Tindouf, sur le
territoire algérien. Zhor
Chekkafi, secrétaire générale
du parti, a précisé que cette
campagne vise à sensibiliser
aux conditions inhumaines
dans lesquelles vivent les
Marocains séquestrés à
Tindouf par les séparatistes
du Polisario depuis plus de 30
ans. En plus de Casablanca,
cette campagne se déroule à
Ben Slimane (25 décembre),
Kénitra et Sidi Kacem (4
janvier 2010).
•DuCRIME
nouveau dans
l’affaire du meurtre de
Hiba, la fille de Leïla
Ghofrane
La Cour égyptienne de
cassation a fixé la date du 3
février 2010 pour l’examen
du pourvoi, présenté par
le meurtrier de Hiba Al
Akkad, fille de la chanteuse
marocaine Leïla Ghofrane.
Après avoir écarté la thèse
d’une éventuelle vengeance,
la police égyptienne avait
alors conclu à un vol qui
aurait mal tourné, suite à
la résistance des victimes.
Le mis en cause, Mahmoud
Sayed Abdelhafid, forgeron
de 21 ans, qui s’était
acharné violemment sur
les deux jeunes filles, avait
été reconnu coupable de
meurtre et de vol puis
condamné, le 15 avril 2009, à
la peine capitale.
FILDIRECT
•LES TABLIGHISTES MAROCAINS EN CONCLAVE À KANU, AU NIGERIA •ème
Une consécration mal vue
P as moins de 80 membres tabli-
ghistes du Maroc étaient présents
à Kanu durant trois jours (du 18 au 20
décembre) pour le congrès mondial
du mouvement religieux. Une partici-
pation qui se décline aussi sous forme
d’une carte géographique locale qui
montre les villes où la mouvance reli-
gieuse est présente en force. Plusieurs
de ces activistes ont pris la route terres-
tres via la Mauritanie quand d’autres
ont voyagé en avion via le Sénégal ou
le Mali.
On apprend aussi par les organisa-
teurs nigérians que plusieurs autres
activistes marocains sont venus de
France, de Grande Bretagne, d’Italie et
d’Espagne donner main forte à leurs
collègues nationaux. Initialement, ce
sont 500 participants qui devaient
partir du Maroc. Au final, le nombre
n’a pas dépassé les 80. Il faut signaler
ici que Daâwa wa Tabligh dans sa ver-
8 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
ÉCOLOGIE
sion marocaine compte parmi les
mouvances les plus efficaces dans le
monde arabe. Les derniers congrès
tenus en Turquie, au Sénégal, au
Pakistan et au Niger ont consacré
les groupes marocains comme ceux
«qui ont apporté le plus résultat pour
la prédication et le rayonnement de la
religion musulmane».
Ce type de consécration n’est
d’ailleurs pas du goût des autori-
tés, qui y voient un positionnement
international similaire à ce que les
salafistes avaient connu avant de
passer à la phase des attentats.
Ce qui explique que les autorités
marocaines ont suivi de très près
ces conclaves aux allures de remise
en question et de mise en place de
nouvelles bases de soutien entre
tablighistes du monde. Il faut croire
que les tablighistes, même virulents,
se tiennent à carreau, mais, selon de
nombreux spécialistes, les lisières
doctrinaires et idéologiques les sépa-
rant des salafistes sont très fines.
On s’en souvient, le premier mouve-
ment religieux du Maroc, fondé en
1962 par un diplômé d’Al Qarawiyyine,
Cheikh Al Hamdaoui, avait suscité des
remous après les attentats du 16 mai
2003 à Casablanca.
Serré de près, le mouvement a même
suspendu toute activité durant deux
ans. Histoire de laisser les choses se
tasser. La mosquée Annour de Casa-
blanca étant son quartier général, les
dirigeants tablighistes sont obligés de
rendre compte de leurs activités aux
autorités en précisant les noms des
activistes et des assistants aux prêches
et autre cours de prédication. Jusque-là
l’engagement du mouvement à ne
jamais se mêler de politique lui garantit
quelques latitudes, mais les adhérents
du Tablgh savent que services maro-
cains les ont à l’œil.
A.Najib
3 rallye Students
Challenge
Le Maroc accueille le 3ème rallye Stu-
dents Challenge, avec la participation
de 140 étudiants. Le départ se fera de
Toulouse le 27 décembre 2009, le
circuit va effectuer une boucle à tra-
vers le Maroc, de Tanger à Casablanca
jusqu’au 7 janvier.
Au milieu du parcours, l’étape d’El
Begaa sera l’occasion pour les partici-
pants d’apporter force et main-d’œuvre
au service du village par la plantation
de jeunes palmiers dattiers, assortie de
la création d’un bassin d’accumulation
d’eau de 100 m3 et de la pose d’une
pompe solaire.
Cette action s’inscrit dans le cadre du
Programme des Nations unies pour
le reboisement de la planète. C’est la
société Maïenga, également organisa-
trice du rallye Aïcha des Gazelles du
Maroc depuis 20 ans, qui est en charge
de ce raid.
• ESPAGNE
Le cadavre d’un enfant
marocain rapatrié
grâce à une collecte
Un enfant marocain de 8 ans a été fau-
ché dimanche 20 décembre 2009 par
un train reliant Barcelone et Lérida. La
famille du petit Yassine n’ayant pas de
ressources pour faire face aux frais de
rapatriement de l’enfant vers le Maroc,
mais jouissant d’une bonne réputation au
sein du village où elle réside, Sant Guim
de Freixenet (Catalogne), une campagne
de souscription a été organisée par la
mairie de cette localité.
A l’issue de cette campagne, la somme
de 4.700 euros a pu être réunie. Ce qui
correspond à l’essentiel des frais de rapa-
triement, estimés à 5.000 euros (56.000
dirhams). Le cas tragique du petit Yassine
remet d’actualité la question du coût
prohibitif du rapatriement des cadavres
d’Europe vers le Maroc.
 FILDIRECT

ILS ONT DÉCLARÉ • BUREAU D’ASHARQ AL AWSAT AU MAGHREB

Expansion plutôt que fermeture
«Les rumeurs concernant l’éventuelle ferme-
ture du bureau d’Asharq al Awsat à Rabat
pour cause de restrictions budgétaires sont
infondées. Non seulement la fermeture n’est
pas à l’ordre du jour, mais nous sommes en
© Ph.MAP
prétendue politique de compression du
personnel, croit on savoir et que seuls ont
quitté le bureau de Rabat les journalistes
qui ont en manifesté le désir. «Et même
dans ce cas, la politique d’Asharq al Awsat

pleine expansion». C’est ce qu’une source consiste à se montrer généreuse vis-à-vis de

ceux qui ont passé un certain temps
à son service. Une générosité qui va
ABDESLAM ABOUDRAR , au-delà de ce que prescrit la législation
président de l’instance en vigueur», a conclu notre interlo-
centrale de prévention de le cuteur Et il est davantage question
corruption. d’étoffer cette représentation que de
« Il faut supprimer l’argent sur la remettre en question.
les routes. Les gendarmes ou les Ainsi, on croit savoir que l’antenne
policiers ne devraient pas rester d’Asharq al Awsat au Maghreb, diri-
dans des postes fixes car ils gée depuis Rabat par
Talha Jibril.
prennent de l’assurance » Une importance le journaliste souda-
stratégique. nais Talha Jibril, table
ABDELHAMID JMAHRI, sur une nouvelle
membre du Bureau politique qui devrait la mettre en
politique de l’USFP concurrence directe avec la presse
«Donnez-nous le nom d’un nationale. Pour y parvenir, des cor-
seul parti au monde qui n’a respondants régionaux sont déjà
pas pâti de sa participation au entrés en fonction ou devraient le
gouvernement.» faire sous peu à Fès, Tanger, Mar-
rakech et Laâyoune.
MOHAMED CHEIKH Ces nouvelles plumes devraient
© Ph.DR

BIADILLAH, conférer à la représentation d’As-

secrétaire général du Parti harq al Awsat une dimension natio-
Authenticité et Modernité bien informée du bureau d’Asharq al Awsat nale, du fait que, ajoute notre source, le
«La diplomatie à Rabat nous a déclaré en réponse à une grand quotidien basé à Londres entend ne
marocaine a information parue dernièrement faisant pas se laisser distancer par les nouveaux
traité avec état de licenciements “massifs” en atten- venus sur la scène médiatique.
intelligence dant de mettre la clé sous la paillasson. , qui s’est déclaré «optimiste» quant au
l’affaire Selon notre interlocuteur, le bureau du redressement des ventes sur la base de la
Aminatou Haidar grand quotidien panarabe à Rabat revêt nouvelle politique faisant la part belle aux
pour clore pour sa direction une importance stra- informations régionales.
cette question tégique. Même le staff administratif n’a
artificielle.»
à aucun moment été concerné par une I.H.

LA PHRASE DE LA SEMAINE

« »
OMAR BAHRAOUI,
ancien maire de Rabat
Il est aberrant qu’un maire ne puisse pas recruter son per-
sonnel. Qu’il soit soumis au ministère des Finances ou
autre.
© Ph.AFP

10 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009

ACTUALITÉ
•SAHARA: UNE SECONDE RÉUNION INFORMELLE DÉBUT 2010
Prendre en compte les acquis
M artin Nesirky, porte-parole du secré-
taire général de l’ONU, a annoncé
mardi 22 décembre 2009, lors d’un
point de presse, que l’envoyé personnel
Christopher Ross, tente d’organiser une
seconde réunion de pourparlers infor-
mels sur le Sahara pour début 2010.
M. Nesirky n’a pas donné d’autres pré-
cisions. En août dernier, une première
réunion informelle, préparatoire au 5ème
round de négociations, avait eu lieu à
Durnstein, en Autriche, dans le cadre de
la mise en oeuvre de la résolution 1871 du
Conseil de sécurité. Elle avait réuni, en
plus du Maroc, des délégations de l’Algé-
rie, de la Mauritanie et du Polisario.
L’envoyé spécial pour le Sahara, Chris-
topher Ross, «travaillera avec les parties et
les pays voisins sur la base de la résolution
la plus récente du Conseil de sécurité et des
précédentes résolutions en se fondant sur
les progrès réalisés jusqu’à présent dans la
recherche d’une solution politique, juste et
durable», avait souligné le secrétaire géné-
ral de l’Onu, Ban Ki-moon.
Le chef de l’Onu a ainsi voulu signifier
le plus clairement à l’Algérie et au Poli-
• UN BOULEVARD MOHAMED HABIB SINACEUR À CASABLANCA
En reconnaissance d’un militant humaniste
L undi 21 décembre2009 a été un
jour de reconnaissance pour l’une
des figures emblématiques de l’USFP
(Union socialiste des Forces populaires),
Mohamed Habib Sinaceur. L’ancien
boulevard d’Assa, à Casa-Anfa a été
baptisé du nom du défunt. L’événement
a constitué également une occasion
pour la famille usfpiste de se rencontrer,
d’échanger. La cérémonie d’inaugura-
tion a connu la présence de nombreux
politiques, militants, intellectuels ainsi
que des officiels. Fathallah Oualalou,
premier secrétaire adjoint de l’USFP,
a prononcé lors de cet événement une
allocution qui a mis en valeur les quali-
tés humaines et militantes de feu Habib
12 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
© Ph.AFP
Christopher Ross.
sario que l’action de son nouvel envoyé
personnel s’inscrira dans la continuité
de son prédécesseur, Peter Van Walsum.
L’adoption en avril 2009 par le Conseil
de sécurité, et à l’unanimité, de sa réso-
lution 1871 est venue ainsi consacrer
la continuité du processus entamé à
Sinaceur, décédé en 2000 à l’âge de 61
ans. Il a ajouté que la décision de bap-
tiser cette avenue du nom de Sinaceur
était réfléchie et qui porte de nombreu-
ses significations à propos de l’histoire
du parti et de la ville de Casablanca.
Le baptême de l’avenue a été dédié au
citoyen et au militant qui a défendu les
intérêts de Casablanca dans la commune
et au sein du parlement. Mohamed
Habib Sinaceur était un homme qui
avait la capacité politique, intellectuelle
et progressiste pour défendre l’intégrité
territoriale du Royaume et la légalité de
récupérer ses provinces du sud. A noter
la présence à l’inauguration de Abderra-
hman Youssoufi, ex-Premier ministre et
Manhasset. Tout comme la résolution
1813 (avril 2008), la nouvelle résolu-
tion insiste, en effet, sur la nécessité de
prendre en compte ce qui a été entrepris
durant les dernières années, notamment
les acquis et la dynamique créée par l’Ini-
tiative marocaine d’autonomie en tant
que solution consensuelle à la question
du Sahara tout en mettant l’accent sur
la nécessité d’engager des négociations
sérieuses et substantielles.
Allant dans le même sens, la résolution
adoptée récemment, sans vote, par l’As-
semblée générale a réitéré l’appui des
Nations unies au processus de négocia-
tions, appelant, de nouveau, «toutes les
parties et les Etats de la région à coopérer
pleinement avec le secrétaire général et son
envoyé personnel, et les uns avec les autres».
A travers cette résolution, l’AG, tout
comme le Conseil de sécurité, prend
aussi «note des efforts consentis et des déve-
loppements depuis 2006», en référence,
une nouvelle fois, à la dynamique enclen-
chée par l’Initiative marocaine d’une
autonomie pour la région du Sahara.
R. N.
© Ph.DR
La veuve du défunt dévoilant la plaque.
ancien premier secrétaire de l’USFP, et
des représentants de centrales syndicales
et d’organisations féminines. R.N.

•CINQUIÈME SOMMET DES COLLECTIVITÉS LOCALES AFRICAINES (AFRICITÉS) À MARRAKECH
Le Maroc à l’avant garde de l’Afrique
Du 16 au 20 décembre 2009,
Marrakech a abrité le Vème
sommet africain des villes et
collectivités locales du continent.
Une occasion pour les élus et
maires africains de consolider
leurs relations et partenariats
avec leurs homologues des
autres régions. Un moment fort
de l’unicité africaine.
© Ph.MAP
Chakib Benmoussa recevant le prix de la décentralisation de la 5ème édition du Sommet.
M arrakech a été durant 4 jours, le
cœur battant de l’Afrique. 3.600
participants de 72 pays à travers le
monde, dont 47 pays africains. 34
ministres africains ont fait le déplace-
ment pour cet événement. Une parti-
cipation record selon les organisateurs.
Néanmoins, le forum a été boycotté
par deux pays, la voisine Algérie et
l’Afrique du sud. Au même moment,
à Alger, se tenait une réunion sur le
même thème.
Hamid Chabat, le maire de Fès explique.
«En parallèle d’Africités à Marrakech se tient
un autre sommet en Algérie pour brouiller la
piste au Maroc, mais avec les efforts des élus
marocains et du gouvernement, en plus du
ministère des Affaires étrangères, vous pouvez
constater par vous mêmes la forte présence. A
peu près 99% de nos homologues africains
sont ici à Marrakech».
Divisé en trois segments, le Vème forum
Africités a eu pour particularité de placer
les débats dans la continuité des travaux
des forums précédents. Sous le thème
pertinent des Réponses des collectivités loca-
les et régionales africaines à la crise globale,
les réunions entre ministres et maires ont
su apporter les recommandations straté-
giques requises pour mieux s’organiser et
se mobiliser face à ce problème.
Les sessions thématiques du forum ont
pu consolider les alliances de ces collec-
tivités avec tous les autres acteurs locaux.
Mesurer les richesses et mobiliser tous
les réseaux qui veulent s’associer aux
élus locaux et régionaux étaient les deux
N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 13
ACTUALITÉ
objectifs principaux des sessions spécia-
les. «On a noué plusieurs conventions de
coopération avec les autres villes africains,
que ce soit au niveau de la gestion des villes,
de projets. Par exemple au Sénégal, où on
trouve des adeptes de la tradition Tijaniya,
on a consacré un montant de 50 millions de
centimes; à Bobo Dioulassou, au Burkina
Faso, auquel on a consacré 120 millions de
centimes», souligne M. Chabat.
Progrès
Tous les participants à ce sommet africain
ont pu constater de visu le niveau avancé
des collectivités locales marocaines. Pour
Alioune Mbaye, élu d’une petite ville
sénégalaise, le Maroc et ses collectivités
Les réunions ont
su apporter les
recommandations
stratégiques
requises.
ont fait un énorme progrès. «Les collecti-
vités locales marocaines sont à l’avant garde
sur un certain nombre de domaines au
niveau africain, mais, à côté, il y’a d’autres
pays africains qui nous ont dépassé dans
le domaine de la décentralisation. Ils ont
poussé un peu plus loin. Nous, on est encore
freinés par le système de la tutelle qui com-
mence, cependant, à s’alléger», surenchérit
Omar Bahraoui, président de l’Associa-
tion des collectivités locales marocaines.
L’Afrique est sûrement confrontée à des
défis majeurs, comme l’ont souligné les
participants. La réduction de la dette et
l’éradication de la pauvreté en font partie.
Et, comme il a été cité dans la déclaration
finale d’Africités 5: «L’Afrique n’est pas
pauvre, elle est appauvrie. L’Afrique n’est pas
marginale, elle est indispensable». Le VIème
Africités 6 se tiendra à Dakar, en 2012.
Rachid Nahli
 ACTUALITÉ
QUI VEUT TERNIR L’IMAGE DE

Driss Jettou, au dess

Driss Jettou s’est trouvé
visé. Il a été ouvertement
soupçonné d’abus
d’influence pour redessiner
le schéma directeur du
Grand Casablanca.

D riss Jettou revient au

© Ph.MHI

devant de la scène. Pas en

politique. Il l’a suffisam-
ment été durant sa longue
carrière au service de l’État et plus
particulièrement pendant sa prima-
ture de 2002 à 2007. Cette fois-ci,
c’est en tant qu’opérateur économi-
que qu’il se rappelle au bon souve-
nir de la presse. Un regain d’intérêt
pas toujours conforme aux règles
fondamentales de la profession.
L’aubaine est trop belle. Car voilà
un ancien Premier ministre que
l’on croit être pris dans les méan-
dres alambiqués, voire interlopes,
des affaires en général et de l’en-
treprise en particulier. On se pour-
lèche les babines sous certaines
plumes; on aiguise les crocs pour
attaquer la proie du côté qui prête
le plus à sensation.

Jonction
Revenons à la réalité du fait déclen-
cheur. Qu’en est-il, dans sa vérité
dépouillée de toutes autres considé-
rations politiciennes avec procura-
tion et à retardement ? Il s’agit d’un
projet que Driss Jettou voulait à la
fois lotissement de logements et
zone industrielle. Une sorte de parc
logistique pour les entrepreneurs
de la capitale économique. Sachant,
mieux que quiconque, que le fon-
L’ANCIEN PREMIER MINISTRE?
sus de tout soupçon
cier est au commencement de tout, il
prend attache avec les propriétaires des
lieux, en mars 2009, pour une éven-
tuelle acquisition.
Or, voilà que le terrain en question
pose une série de problèmes, aussi bien
de gestion administrative territoriale
que de planification de voies de com-
munication par les administrations
centrales.
L’espace qui devait porter ce projet se
situe sur la partie tampon entre Hay
Hassani et Nouceur, communément
connu sous le nom de Bouskoura. D’un
côté, on se trouve en zone urbaine; de
l’autre, on est déjà dans la périphérie
rurale du grand Casablanca. C’est pré-
cisément à la jonction des deux que le
ministère de l’Équipement avait prévu
l’aménagement d’une sorte d’artère
rapide entre l’aéroport Mohammed V
et Dar Bouazza. Une liaison routière
qui doit rattacher l’ancien arrière-pays
rattrapé par l’urbanisation et l’exten-
sion de la zone côtière. Tout baignait
dans le meilleur des mondes de l’amé-
nagement du territoire, si ce n’était
l’opposition des propriétaires du ter-
rain, la famille Haddioui, qui se sont
sentis lésés. Ils ont saisi par le biais
de leur avocat les administrations en
charge du projet.
Compromis
Bien que contrariées, alors qu’elles
ne sont pas au bout de leur peine, les
autorités centrales et locales ont dû
revoir leur copie. À la troisième reprise,
le litige semble trouver une solution,
selon Nacer Haddioui, délégué par sa
famille pour gérer cette affaire. Celui-ci
nous déclare que le terrain de près
de 80 hectares n’a jamais été vendu.
Précisant«qu’il y a eu un accord de prin-
cipe avec un compromis de vente au profit
de M. Jettou, qui n’est jamais intervenu
pour le règlement du litige avec l’adminis-
tration.» Comme si les choses n’étaient
pas assez compliquées, un groupe de
promotion immobilière avait lancé sur
cette même zone un programme de
logements. KLK et la société Mutéo de
Jettou se sont donc trouvés en concur-
rence, non pas réellement entre elles,
mais surtout par rapport au passage de
cette route qui constitue la pomme de
discorde.
Résumons. Valeur aujourd’hui, la
famille Haddioui est toujours pro-
priétaire du terrain. Driss Jettou ne
s’est engagé que par un compromis de
vente. Sans plus. Depuis le début de ce
La politique et les affaires ne font
pas bon ménage. Driss Jettou, chef
d’entreprises et homme politique,
ne s’y est jamais essayé.
dossier, qui reste entier, il s’est toujours
dit disposé à revoir la nature et l’agence-
ment de son projet au cas où un accord
serait trouvé entre les parties prenan-
tes. Il serait, tout de même, regrettable
que la partie logistique industrielle du
projet Mutéo soit évacuée au seul profit
de l’immobilier. Ce serait un manque à
gagner pour la ville et la population, en
termes d’aménagement et d’opportuni-
tés d’emplois.
C’est sur cette toile de fond, simple
dans sa compréhension, malgré ses
facettes multiples, que Driss Jettou
s’est trouvé visé. Il a été plus ou moins
ouvertement soupçonné d’abus d’in-
fluence pour redessiner le schéma
N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 15
directeur du Grand Casablanca, en
retouchant, à son profit, la ligne de
séparation entre zone urbaine et zone
rurale.
Driss Jettou s’en défend avec ce
mélange habituel de discrétion et de
fermeté, qui le caractérise. Ces métho-
des, il les a toujours réprouvées du
haut des responsabilités multiples
qu’il a occupées tout au long de sa
carrière. Un parcours effectivement
passionnant. Ministre de l’Industrie et
du Commerce puis de l’Économie et
des Finances, ensuite de l’Intérieur et
enfin Premier ministre. Dans toutes
ces fonctions de premier plan, Driss
Jettou n’a jamais fait l’objet d’une quel-
conque controverse politique. Même
lorsqu’il a été chef d’un gouvernement
de coalition, sans avoir lui-même une
étiquette partisane. Son sens de l’État,
son appétit insatiable du travail, sa rigu-
eur et sa droiture lui ont constamment
valu le respect des acteurs de la classe
politique, au sein même du gouverne-
ment, ou en dehors.
La politique et les affaires, dit-on, ne
font pas bon ménage. Driss Jettou,
chef d’entreprises et homme politique,
ne s’y est jamais essayé. Il en a fait
un point d’honneur dans sa ligne de
conduite. C’est rare, mais ça existe.
Abdellatif Mansour
 COUVERTURE

Le trist
du colone
© Ph.MAP
te sort
el Terhzaz
Le colonel major Kaddour Terhzaz à la retraite, 72 ans, est condamné le 28 novembre 2008, à 12 ans
de prison ferme pour avoir «divulgué des secrets de la défense nationale». Un an après, sa famille
mobilise les médias et les associations humanitaires pour sa libération.
P aris, 22 décembre 2009. Sur le
parvis des droits de l’Homme,
à 300 mètres de l’Ambassade
du Maroc à Paris, le ciel plu-
vieux n’a pas empêché des centaines
de manifestants réunis autour de Sonia
Terhzaz, la fille du colonel-major, de
venir demander la libération de Kad-
dour Terhzaz, condamné à 12 de prison
ferme pour avoir écrit une lettre à SM
le Roi Mohammed VI. Une lettre où il
décrivait la situation d’anciens militai-
res marocains prisonniers du Polisario
durant des années et libérés sans aucun
dédommagement ni reconstitution de
carrière.
La lettre était conséquente à la libération
des prisonniers de Tindouf. Elle avait
pour objet de signaler les préjudices de
carrière pour ces pilotes: capturés avec
un grade, libérés 25 ans après avec le
même grade. Quoi qu’il en soit, per-
sonne ne saura exactement le contenu
de la lettre qui devait être lue par S.M.
le Roi Mohammed VI.
Prisonniers
Sur ordre du tribunal militaire, l’uni-
que preuve du dossier Terhzaz a été
détruite. Reste que le mobile de la
missive est simple: Kaddour Terhzaz
souligne le caractère particulièrement
dangereux des missions des pilotes
dont les appareils n’étaient pas à l’épo-
que équipés de protection anti-missiles,
avant d’en appeler à la “sollicitude”
du Souverain et de plaider pour des
reconstitutions de carrière. Il envoie sa
lettre au Palais après en avoir remis une
copie à l’ancien pilote Ali Najab.
Nous sommes en 2005. Mais revenons
en arrière pour comprendre la démar-
che du colonel major. Dans les années
1970 et 1980, Kaddour Terhzaz avait
sous sa responsabilité directe les pilotes
chargés de bombarder, dans le Sahara,
La lettre avait pour objet
de signaler la situation des pilotes
capturés avec un grade, libérés 25
ans après avec le même grade.
les colonnes du Polisario. Certains
d’entre eux ont été faits prisonniers par
le Polisario. Il fallait attendre l’année
2003. Exactement le mois de septem-
bre pour que le dossier des officiers
refasse surface. Grâce à l’activisme
de la Croix Rouge, plusieurs officiers
prisonniers du Polisario ont été libé-
rés. Dont Ali Najab, ancien pilote. Ce
dernier avait expliqué lors de plusieurs
sorties médiatiques qu’après 25 ans
passés dans les camps de Tindouf, il ne
N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 17
pouvait plus tolérer «le climat de défiance
qui règne autour des prisonniers libérés,
et moins encore le règlement militaire qui
veut qu’un prisonnier de guerre soit rayé
des tablettes de l’armée avec le grade qu’il
avait le jour de sa capture.»
Carrière
Ali Najab crée une association pour
défendre la cause des ex-prisonniers
de guerre. Il prend aussi contact avec
Kaddour Terzhaz, un militaire che-
vronné, connu pour son intégrité et,
surtout, son franc-parler. Le colonel-
major décide d’écrire au Roi comme
dernier recours pour défendre ses offi-
ciers, dont certains ont été formés par
lui-même.
Dans sa lettre, il reprend, selon ses
propos, exactement «l’argumentation de
Ali Najab.» Le colonel-major ne rece-
vra jamais de réponse et l’armée
s’empare du double de la lettre
 COUVERTURE
© Ph.DR
Le colonel-major Kaddour Terhzaz en compagnie du général Mohamed Kabbaj.
remise à l’époque à Ali Najab. Et le
patron de l’armée, le général Abdela-
ziz Bennani a décidé de porter plainte
contre Kaddour Terhzaz.
Le nœud gordien de l’affaire est l’allu-
sion faite par l’officier, dans sa lettre au
Roi , à l’absence de protection anti-mis-
siles. Trois ans plus tard, le 9 novembre
2008, Kaddour Terhzaz est arrêté. Jugé
dans un procès expéditif par un tribu-
nal militaire, qui l’accuse d’avoir «divul-
gué des secrets de la défense nationale.» Il
est condamné, le 28 novembre, pour
«atteinte à la sûreté externe de l’Etat.»
Consignes
Mais quel est ce secret si dangereux
pour la sécurité de l’Etat? Selon la
famille Terhzaz, le colonel-major «n’a
rien divulgué. Il n’a jamais rendu publi-
que sa lettre au Roi. Et même ce secret n’en
est pas un.» Et de fait, Ali Najab l’avait
révélé aux médias bien avant. «Nos avi-
ons n’étaient pas équipés de moyens élec-
troniques anti-missiles. Nous le savions et
nous sommes quand même allés au com-
bat», déclarait déjà Ali Najab dans une
interview publiée le 21 avril 2006 par
Maroc Hebdo International. Des propos
18 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
qui ne lui avaient pas valu à l’époque
le moindre ennui. D’où la thèse du
complot et d’une machination par de
très haut gradés qui veulent nuire à M.
Terhzaz, nous déclare Sonia Terhzaz,
la fille du colonel-major.
Pour la défense du colonel-major, il
y a de nombreux points étranges qui
émaillent le dossier. On lit dans la
procédure judiciaire que: «L’Ex-colonel-
major Kaddour Terhzaz, mis à la retraite
en 1995, par mesure disciplinaire, pour
violation des consignes militaires géné-
rales, vient de récidiver, notamment par
la divulgation de renseignements d’ordre
militaire et la détérioration de matériel et
de domaine militaires.» C’est ce qu’in-
dique un communiqué de la direction
de la Justice militaire. Selon sa défense
et ses enfants, qui ont consulté des
Mais quel est ce secret si dangereux
pour la sécurité de l’Etat ?
experts juridiques en France et ailleurs,
il paraît évident que le colonel-major
Kaddour Terhzaz n’a jamais été mis
à la retraite par mesure disciplinaire.
Cependant, il a été mis à la retraite en
1995, d’une façon tout à fait légale, avec
cinq autres colonels-majors pour limite
d’âge (58 ans). En réalité, il avait déjà
été placé «hors cadre» en 1986. Et, de
ce fait, il n’assumait aucune fonction
officielle. Par conséquent, il ne pouvait
violer des consignes militaires généra-
les. Du coup, le terme de “récidive” se
trouve vidé de tout son sens.
Inculpation
Quant à l’accusation de détérioration
de matériel et de domaine militaires,
selon la famille du colonel-major: «Kad-
dour Terhzaz occupait depuis 1959 une
maison de fonction dans l’ancienne base
Rabat Ville. De simple chalet, elle a été
transformée en grande partie à ses frais
en villa et jardin. Suite à la sollicitude
royale, il a postulé pour l’acquisition de ce
logement.» Réponse négative. Pis, il y a
deux ans, “l’intérêt national” a décidé
de récupérer cette base et donc l’éva-
cuation des locataires.
En janvier 2008, le colonel-major s’exé-
cute. Il s’agit d’une maison destinée à
être détruite. Ce chef d’inculpation sera
retiré de la plainte. Et puis il y a cette
accusation grave: la divulgation de ren-
seignements d’ordre militaire. Ce chef
d’inculpation repose en tout et pour
tout sur une simple lettre, manuscrite,
écrite par Kaddour Terhzaz en 2005,
à l’attention du Roi, chef suprême et
chef d’Etat Major général des Forces
Armées Royales (FAR).
Cette lettre exposait le problème des
prisonniers des FAR et analysait «en
toute objectivité les lacunes réelles de l’avia-
tion marocaine dans les années 1970,
à travers leur incapacité à
faire face aux fameux SAM7
soviétiques de l’adversaire.»
Résultat: plusieurs avions
sont détruits et leurs pilo-
tes capturés. Là aussi, il y
a des amalgames: les soi-
disants renseignements
d’ordre militaire concer-
nent des faits remontant à
28 années en arrière.
Renseignements
Et ils étaient connus de
tous et même publiés par
la presse. Par conséquent,
il n’y a aucune divulga-
tion de renseignements
d’ordre militaire puisque
Le tribunal a ordonné
la destruction de
la lettre, seule pièce
d’accusation.
le colonel-major s’adres-
sait au Roi lui-même, chef
suprême des Armées. Il est
d’ailleurs suprenant d’affir-
mer qu’une lettre envoyée
à Sa Majesté puisse consti-
tuer la divulgation d’un
secret militaire, nous pré-
cise sa fille, Sonia Terhzaz,
qui ajoute que son père
«n’a jamais communiqué
de renseignements ou de
documents à la presse, et
n’a jamais eu de contacts
avec la presse nationale ou
étrangère, ce qui peut être
prouvé facilement. Ce chef
d’inculpation a d’ailleurs été
tout simplement ignoré par
le Tribunal.»
Reste le point le plus mys-
térieux: la lettre elle-même,
la pierre angulaire de toute
cette affaire. Le tribunal a
ordonné la destruction de
la lettre, seule pièce d’ac-
cusation. Pourquoi et com-
ment a-t-on pris une telle
décision? C’est ce qui fait
dire à François Baxerres,
avocat général honoraire
près la Cour d’Appel de
Toulouse, et beau-frère
du colonel Terhzaz, qui
s’est rendu au Maroc le
28 novembre 2008, «j’ai
rencontré les avocats de mon
beau-frère et leur ai précisé
tous les cas de nullité de la
procédure que j’avais relevés
jusqu’au procès hyper-expé-
ditif ouvert devant le TPFAR
(Tribunal Permanent des
Forces Armées Royales),19
jours précisément après son
incarcération.»
Les analyses de ce che-
vronné du barreau méri-
tent que l’on s’y attarde.
«Première surprise, au pro-
cès, auquel j’ai assisté le 28
novembre 2008, formation
criminelle de la juridiction,
inculpation criminelle, peine
encourue de 5 à 30 ans pour
atteinte à la sûreté extérieure
de l’Etat par divulgation de
secrets militaires en temps
de guerre, alors que l’état de
guerre n’a jamais été déclaré
par l’Etat marocain avec
le Polisario. Ensuite,
refus de recevoir les
3 QUESTIONS À
MAÎTRE MOHAMED ZIANE,
AVOCAT DU COLONEL-
MAJOR KADDOUR TERHZAZ
Maroc Hebdo International: Jugé en huis clos, la
fameuse lettre détruite, comment savoir ce qui s’est
réellement passé?
Maître Ziane: Vous savez, c’est un procès en huis
clos, et je ne peux pas révéler ce qui s’y est déroulé.
Autrement, ce ne serait plus un huis clos. Reste que les
magistrats ont le droit d’ordonner la destruction de la
lettre. Mais nous connaissons son contenu.
En tant que civil, ce contenu me paraît banal, mais,
pour les militaires, il ne l’est pas. C’est une autre appro-
che et un autre point de vue. Encore une fois, pour moi
ce que contient cette lettre n’est pas grave. D’ailleurs,
c’est connu, d’autres l’avaient révélé avant le colonel-
major, qui plus est par voie de presse. Mais pas lui, qui
s’est adressé directement à Sa Majesté le Roi.
Condamner l’ex-numéro 2 de l’armée de l’air
marocaine à 12 ans de réclusion à l’âge de 72, c’est
pour le moins incompréhensible ?
Maître Ziane: Oui, tout à fait. Et si le tribunal a pro-
noncé un tel verdict, c’est qu’il a jugé que l’affaire est
très grave. Il ne faut pas oublier que ce même tribunal a
estimé que le Maroc est en état de guerre. Contre qui?
L’Algérie? Le Polisario? C’est le grand débat. D’où cette
condamnation, que je considère inhumaine.
Quel sera alors le dernier recours?
Maître Ziane : Reste le recours humain. Humainement,
il faut compter sur une grâce de la part de Sa Majesté
le Roi. Si on a estimé qu’une certaine sahraouie, parce
qu’elle a fait une grève de la faim, méritait une solution
humanitaire, moi je dis que le colonel-major Terhzaz
passe avant Aminatou.
Faiblir devant la situation humaine d’un patriote, c’est
ce que nous souhaitons. Mais faiblir devant la situation
humaine d’une traîtresse comme Haïdar, qui l’est
qu’on le veuille ou pas, c’est absurde. Surtout que les
deux cas sont liés à la cause du Sahara marocain. Et
Aminatou, de ce point de vue, en temps de guerre,
soutenant les séparatistes, est un ennemi de l’Etat. Pas
Kaddour Terhzaz.
Propos recueillis
par Abdelhak Najib
N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 19
 COUVERTURE

“Le Souverain est notre seul
recours pour sauver mon père”,
dit Sonia Terhzaz, la voix plaintive.
témoignages proposés par la défense et
de renvoyer les débats à une autre date,
sans respect des droits de la défense. Enfin,
l’absence de dossier d’accusation et de
personnalité de l’accusé. Seule la lettre
exhibée par le Ministère Public, qui a
demandé et obtenu sa destruction, a été
présentée au Tribunal.» Verdict: 12 ans
de réclusion criminelle, avec le rejet de
la moindre circonstance atténuante. A
72 ans, il est évident, comme le souli-
gnent ses quatre enfants, sa situation
en détention s’étant dégradée et son
isolement total ayant été décrété, sans
que l’on sache ni les motifs ni la durée
ni la nature des punitions appliquées,
allant jusqu’au refus de parloir pour
son épouse. C’est ce qui pousse Fran-
çois Baxerres à revenir au Maroc du 5
au 12 décembre 2009.
«Après avoir rencontré le magistrat fran-
çais de liaison à Rabat et le Consul Géné-
ral de France, j’ai tenté d’obtenir pour moi
en ma qualité d’avocat général et de beau-
frère, un permis de communiquer. Aucune
réponse ne m’a été donnée. L’ambassadeur
de France, contacté par ma belle-soeur et
moi-même a refusé de nous recevoir.»
Depuis, l’affaire occupe les colonnes
des médias en France et en Espagne
et des associations humanitaires se
sont saisies du dossier Terhzaz. Dans
ce froid glacial de Paris, Sonia Terh-
zaz et ceux qui la soutiennent dans
sa cause se tournent vers le Souve-
rain, «notre seul recours pour sauver
mon père, le colonel-major Kaddour
Terhzaz», dit Sonia, la voix plaintive.
Abdelhak Najib

• LE PARCOURS DU COLONEL-MAJOR KADDOUR TERHZAZ

Un officier fidèle et dévoué
L e colonel-major Kaddour Terhzaz fait partie de la génération
des grands noms de l’armée du Maroc. Et ce n’est pas un
hasard qu’avant sa retraite, il était le numéro 2 de l’armée de l’air
marocaine. Il fait partie du cercle très fermé des grands patrons
de l’armée marocaine, au même titre que les généraux Moha-
med Belbachir, Boubker Skirej, Abdelaziz Bennani, et autres
Abdelahak Kadiri, Hosni Benslimane...
Le natif de Tahala, dans la région de Taza, en 1937 obtient son
diplôme d’Ingénieur à Salon de Provence- Ecole de l’Air Fran-
çaise en 1959. En 1961, il est Commandant de la Première Base
Aérienne de l’Armée de l’Air à Rabat-Salé, puis Chef du Bureau
du Personnel et Opérationnel - Etat Major Aviation avant de
rejoindre en 1967 l’Ecole d’Etat Major aux Etats-Unis. Quand il
© Ph.DR
rentre au Maroc en 1968, il est nommé Chef du Bureau Opéra-
tions Etat Major Aviation. Encore une fois, il part à l’étranger. De
1970 à 1972, il intègre l’Ecole de Guerre à Paris et rentre au pays
pour prendre ses fonctions comme Commandant en Second
de l’Armée de l’Air Marocaine jusqu’en 1973. De 73 à 76, il est
attaché militaire à Washington, aux USA. De retour à Rabat en
1977, il est nommé Inspecteur en Second de l’Armée de l’Air
Marocaine. Poste qu’il occupera jusqu’en 1988.
Et en 1995, c’est la mise à la retraite. Une carrière pleine,
émaillée de plusieurs médailles. Déjà en 1963, il est décoré de la
Croix de Guerre de la Guerre des Sables contre l’Algérie avant
de se voir honoré en tant qu’Officier de l’Ordre du Trône en
1968. En 1977, il décroche la Legion of Merit-Degree of Officer-
USA. En 1980, il est décoré en tant que Chevalier de la Légion
d’Honneur française. En 1984, il reçoit le Grand Cordon du
Mérite Espagnol avant de se voir décerner en 1985 la Médaille
militaire du Sahara.
D’où l’absurdité de sa condamnation à 72 ans, alors que ses états
de service sont infaillibles. D’ailleurs, quand d’autres officiers
sont impliqués dans les coups d’Etat contre le roi Hassan II,
en 1971 et surtout celui de 1972, Kaddour Terhzaz est à Paris
pour asseoir sa solide formation de militaire hors pair. Et quand
de nombreux officiers tombent en disgrâce, il est envoyé à
Washington en tant qu’attaché militaire, ce qui, à l’époque, était
ressenti par ses pairs comme une grande promotion. Comment

alors comprendre l’accusation de trahison? Car atteindre à la

sécurité de l’Etat équivaut à une haute trahison, surtout pour une
grande figure de l’armée tel que Kaddour Terhzaz. Un officier si
fidèle et dévoué à sa Patrie et à son Roi. A.N
 COUVERTURE

• ANNIE RACONTE LE CALVAIRE DE SON MARI KADDOUR TEHRZAZ

Un témoignage poignant
L’épouse de Kaddour Terhzaz
rappelle pour MHI les
circonstances de l’arrestation
et la condamnation de son mari.

“L e samedi 8 novembre 2008, à 10

heures du soir, des gendarmes
sonnent. Ils demandent à voir le colonel-
major pour une déposition. Mon mari
leur dit «C’est urgent? Cela attendra bien
demain». Il referme la porte et s’entend
dire du dehors «Vous le regretterez mon
colonel-major».
Le dimanche 9 novembre. A 8 heures du
matin, alors que mon mari sortait pour
aller chercher ses journaux, il voit devant
sa porte deux voitures, dont une jeep.

Il y a trois officiers, le Commandant de
Région, son adjoint et le Commandant
de la Brigade de Gendarmerie de Rabat.
Mon mari est poussé à l’intérieur une
voiture, qui le transporte aussitôt chez le
Commandant de Région de la Gendar-
merie. Je suis sans nouvelle jusqu’à 17
heures, lorsque mon mari me téléphone
du bureau du Colonel, me disant que sa
déposition n’était pas finie. Deuxième
coup de téléphone à 21 heures, m’aver-
tissant qu’il va passer la nuit sur un divan
dans le bureau du Colonel.
Le lundi 11 novembre, je pars voir mon
mari avec trois membres de la famille.
Dans un premier bureau où l’on nous
fait attendre, l’officier nous dit que l’objet
du “délit” serait une lettre écrite par mon
mari et adressée au Roi. Il ajoute «C’est
une coquille vide. Votre mari a été berné,
quelqu’un a abusé de sa confiance». C’est
l’incompréhension pour la famille. Quelle
lettre?
Après une demi-heure, on nous fait ren-
trer dans le bureau du Colonel où se
trouve mon mari, qui nous sourit mais
qui semble fatigué. Le Colonel de la Gen-
darmerie, gêné mais poli, nous demande
de ne pas parler de la lettre en question.
Quelle lettre? Dans cette même matinée,
Kaddour sera présenté devant le tribunal
Annie (2ème à partir de la gauche) et Kaddour Terhzaz en compagnie de leurs quatre enfants.
militaire. A midi, coup de téléphone:
mon mari m’apprend qu’il va être placé
en détention; je dois lui préparer des
affaires.
Lundi 17 novembre. Mon mari est pré-
senté devant le juge d’instruction en
présence de l’avocat Maître Ziane. On
lui signifie l’objet de son inculpation:
divulgation à la presse ou à un journa-
liste de la lettre destinée à S.M le Roi
Mohammed VI.
Vendredi 21 novembre. Comparution
devant le Colonel Bakhali, juge militaire.
Il referme la porte et s’entend dire
du dehors «Vous le regretterez mon
colonel-major»
Traduction devant le tribunal militaire.
Mon mari reçoit dans sa cellule la visite de
son deuxième avocat, Maître Aourack.
Vendredi 28 novembre. Jugement et
condamnation. Mon mari avait choisi
© Ph.DR
pour sa défense Maître Mohamed Ziane,
qui nous avait assuré que le dossier était
vide, mais que, compte tenu du chef
d’accusation, «divulgation d’informations
militaires», il pouvait encourir une peine
d’emprisonnement de un à cinq ans. Nous
n’étions pas au bout de nos surprises.
Dans ce jugement à huis clos, tout était
joué d’avance.
Nous sommes revenus dans la salle
d’audience pour entendre le verdict: 12
ans de prison ferme et destruction de la
copie de la lettre, la seule preuve! Nous
étions complètement abasourdis. Nous
ne pensions même pas qu’il allait être
condamné, et ces 12 ans qui tombent
comme un couperet...”
Recuillis par Najib Abdelhak

N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 21

 COUVERTURE
INTERVIEW DE SONIA TERHZAZ, FILLE D

“Condamner mon père

équivaut à sa
Criant à l’innocence de son père, Sonia Terhzaz se
dit déterminée à combattre pour sa libération.
Maroc Hebdo International: Dans quelles circonstances, votre
père, le colonel-major Kaddour Terhzaz, a été arrêté?
Sonia Terhzaz: Mon père, Kaddour Terhzaz, ancien Colonel-Ma-
jor des Forces Armées Royales marocaines, à la retraite depuis
1995, a été arrêté le 9 novembre 2008 à son domicile de Rabat
et est incarcéré depuis lors. Le samedi 8 à 10 heures du
soir, les gendarmes sonnent à son domicile. Mon père
leur ouvre. Ils veulent que mon père fasse une déposi-
tion. Mon père leur répond, ça attendra bien demain et
referme la porte. Le lendemain, alors qu’il sortait pour
chercher ses journaux, des gendarmes, qui avaient passé
une bonne partie de la matinée à l’attendre, l’interceptent
et l’embarquent dans une voiture. Il ne reviendra jamais
à la maison.
© Ph.DR

Parlez-nous du parcours de votre père, ses états de

service, sa carrière militaire, sa vie, ses rapports avec
vous les enfants, la famille.
Sonia Terhzaz: Mon père est originaire de Tahala,
près de Taza, il vient d’une famille très pauvre. Il a
toujours lutté dans sa vie. Il allait à l’école pieds nus,
à 6 kilomètres du village. Ses conditions de vie étaient
difficiles. Il a fait des études militaires parce que
c’était le seul moyen pour lui de sortir de sa condition.
Il a d’ailleurs eu un parcours scolaire irréprochable.
J’ai d’excellents rapports avec mon père. Je le connais bien.
C’est quelqu’un de droit, d’intègre. Je le sais à l’éducation qu’il
nous a donnée. Il a d’ailleurs cette réputation. Par contre, il est
aussi connu pour son franc-parler. Mon père dit ce qu’il pense et
c’est peut-être cela qui gêne. Mais vous savez, il est très idéaliste, il
aime son pays. Et c’est par amour pour son pays, par sens du devoir
qu’il a écrit cette lettre en faveur de ces officiers. Et c’est pour cette
raison que nous ne comprenons pas cette condamnation. Je suis la
plus jeune d’une famille de 4 enfants. J’ai trois grands frères. Je fais
mes études à Bordeaux et retourne aussi souvent que je le peux à
Rabat, où je rends visite à mon père à la prison de Salé.

Avez-vous eu des contacts avec votre père après son arrestation?

Si oui, que dit-il, que pense-t-il de tout ceci?
Sonia Terhzaz: Je l’ai vu une quinzaine de fois à la prison
de Salé. Ses sentiments étaient complexes. Au
U COLONEL-MAJOR KADDOUR TERHZAZ
e à douze ans de prison
mise à mort”
départ, nous pensions que cette histoire était fabriquée
de tooutes pièces que SM le Roi allait le libérer.
Nous voulions attendre. Il y avait aussi certains indicateurs
qui nous laissaient croire qu’il pouvait être libéré rapide-
ment. Nous pensions que c’était une question de mois.
Nous avons ainsi attendu patiemment jusqu’à la fête du
Trône. Et puis rien. Mon père est innocent. Il ne comprend
pas qu’on le “remercie” de cette façon après tout ce qu’il a
fait pour son pays. C’était le numéro 2 de l’Armée de l’Air,
et maintenant il est en isolement, où il dort à même le sol.
Pourquoi? Pour une lettre. Une lettre qui disait quoi? Une
lettre pour aider des officiers marocains qui ont aidé leur
pays, qui se sont sacrifiés pour leur pays. On ne peut atten-
dre et le laisser mourir en prison. C’est notre combat pour
sa libération, mais c’est aussi un devoir pour le pays que de
reconnaître son intégrité et son innocence surtout.
Que pensent vos avocats au Maroc? Ont-ils de l’espoir
d’obtenir la libération de votre père?
Sonia Terhzaz: Nous avons deux avocats. Maître Moha-
med Ziane et Maître Abderrahim Jamaï. Maître Jamaï n’a
pas encore pu voir mon père en prison. Il n’a pas obtenu
d’autorisation pour lui rendre visite. Nous ne pouvons être
pessimistes. Étant donné qu’il est innocent, il n’y a rien
qui nous empêchera de croire et d’espérer une libération.
Nous nous battrons jusqu’au bout pour faire entendre la
vérité. Au nom de mon père qui a tant fait pour son pays,
qu’il a tant aimé, et qui nous a tant donné dans la vie.
C’est la moindre des choses que l’on puisse faire pour lui.
Les avocats suivent encore cette affaire de près. De plus,
elle commence à être médiatisée en ce moment... Nous
attendons.
Quelles sont les mesures que vous avez entreprises pour
défendre votre père au Maroc et à l’étranger?
Sonia Terhzaz: Nous avons envoyé de multiples deman-
des de grâce à Sa Majesté. Ma mère a également fait des
demandes d’audience qui n’ont pas eu de suite. Après
“Et c’est par amour pour son pays,
par sens du devoir qu’il a écrit cette lettre
en faveur de ces officiers.”
la fête du Trône, nous sommes allés devant son palais à
Tétouan dans le fol espoir de voir le Roi. Nous avons vu le
général Abdelhak Bennani pour lui demander la raison de
cette plainte déposée par l’État Major. Nous avons contacté
certains organes de presse, contacté l’AMDH.
En France, nous sommes intervenus de différentes façons
auprès de diverses personnalités. Nous avons adressé
des lettres à la présidence de la République. Nous avons
aussi rencontré Jacques Chirac, ancien Président de La
République, après l’envoi de deux lettres recommandées.
Nous avons écrit à Robert Badinter, sénateur et ancien
ministre, à Jean-Pierre Raffarin (ancien Premier ministre)
et à Driss El Yazami, président du Conseil consultatif des
Marocains à l’étranger et secrétaire général de la Fédération
internationale des Droits de l’Homme. On a aussi envoyé
deux lettres recommandées à Carla Bruni Sarkozy. Nous
avons eu une entrevue avec Régis Debray, écrivain militant
et médiologue. Et nous avons eu de nombreux entretiens
avec des responsables d’Amnesty International à Londres
et à Paris et avec Human Rights Watch à Paris et aux
Etats-Unis. Maintenant, la presse française commence à
parler de cette affaire. Il y a eu des articles dans Le Monde,
Le Figaro, L’Express, Marianne, Le Canard enchaîné. El Pais
aussi, en Espagne, et ça se répercute dans d’autres pays.
Affaire à suivre.
Condamné à 12 ans de prison à l’âge de 72 ans, pensez-
vous que votre père peut bénéficier d’une grâce ou d’une
libération pour raisons humanitaires?
Sonia Terhzaz: Je le pense et je l’espère. On ne peut
condamner un homme d’une telle valeur, à un âge aussi
avancé, à 12 de prison. En somme, condamner mon père à
douze ans de prison équivaut à sa mise à mort. De plus ses
conditions de détention se dégradent. Compte tenu de son
âge, ce sont des conditions insoutenables et intolérables.
Combien de temps va-t-il tenir?
Propos recueillis par Abdelhak Najib
N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 23
INTERVIEW
Moulay Ismaïl Alaoui, secrétai
“Il faut retrouver nos
Le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) a tenu le 13 décembre 2009 une session de son Comité central.
Il a retenu les assises du VIIIème congrès pour les 23, 24 et 25 avril 2010 et il a adopté un rapport de son
secrétaire général fixant les enjeux des années à venir. Moulay Ismaïl Alaoui s’explique sur le sens et la
portée de cette nouvelle feuille de route.
Maroc Hebdo International: Comment qualifieriez-
vous le rapport adopté par la session du Comité
central de votre parti?
Moulay Ismaïl Alaoui: C’est un document de cadrage
pour la préparation du prochain congrès, prévu pour
le printemps prochain. Il pose le problème de la situa-
tion internationale actuelle, tant dans notre région
qu’en Méditerranée ou ailleurs. Mais il aborde aussi
la question interne, référence étant faite à la normalité
politique mais sans instruments ainsi qu’au compro-
mis historique. Ce compromis a-t-il fait son temps
ou doit-il se perpétuer? Enfin, il s’interroge sur des
24 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
questions relatives à l’organisation interne du parti, à
la révision de ses statuts aussi et ce pour être en phase
avec l’évolution qu’a connue le PPS et les exigences de
la situation nationale.
À la fin 2009, le PPS n’a-t-il pas un problème
d’identité?
Moulay Ismaïl Alaoui: Justement, ce document pré-
cise l’identité du PPS. Le PPS est un parti socialiste, de
changement, il veut œuvrer pour la réunification de la
famille socialiste, de la famille de la gauche dans tou-
tes ses composantes. Il est prêt ainsi à mettre de côté
son “auto-fétichisme”. Nous l’avons dit de manière
explicite: pour nous, ce n’est pas une question de sigles
ou de mots mais de mise en œuvre de nos idéaux et
de nos principes. Est-ce que chez les autres, il y a une
disposition pareille pour passer à l’acte? Nous avons
en tout cas essayé, dans le cadre de notre petit pôle à
trois –avec le FFD et le Parti Travailliste– de stimuler
cette recherche de l’union. Nous espérons y rallier
un quatrième parti comme l’USFP. Pour autant, pas
d’angélisme béat: il faut se réunir et débattre cartes
sur table.
Mais que devient alors la Koutla dans cette
réarticulation en cours ?
Mouylay Ismaïl Alaoui: La Koutla doit demeurer car,
sans une union avec un parti du centre comme l’Isti-
qlal, la gauche, toutes tendances réunies, ne peut pas
obtenir la majorité dans la situation actuelle. Pourquoi
l’Istiqlal? Parce que certains d’entre nous sont issus
de la matrice istiqlalienne, ensuite parce que, par
certains aspects, il reste un parti populaire. Il y a donc
à faire avec cette formation, même si certains dans la
mouvance de gauche la considèrent plutôt comme
conservatrice voire réactionnaire, une analyse que je
trouve un peu rapide.
L’un des dirigeants de l’USFP, Fathallah Oualalou, dit
qu’il faut garder “l’esprit de la Koutla”.
Moulay Ismaïl Alaoui: Oui, mais pas uniquement
re général du PPS
ferveurs militantes”
l’esprit, il faut aussi garder la structure Koutla et, si
possible, retourner à la formule originelle qui, elle, est
en panne. Je pense qu’il faut inclure nécessairement
tout les partis issus des scissions, soit de l’USFP, soit
du PPS, voire même de l’OADP. Le PSU aussi a sa
place, même si, en son sein, l’on trouve un éventail
d’opinions diverses et pas très homogènes.
Mais qu’est-ce qui bloque? N’est-ce pas un paradoxe
que la Koutla de l’opposition soit si lâche aujourd’hui
alors que les trois partis sont au gouvernement depuis
1998?
Moulay Ismaïl Alaoui: C’est vrai. La rivalité historique
entre le parti de l’Istiqlal et l’USFP pèse sans doute
encore de tout son poids. La scission de 1959 reste
encore prégnante dans la mémoire collective de cha-
cun de ces deux partis.azCela nourrit peut-être des
réactions d’humeur chez certains. Je reste cependant
persuadé que l’on peut trouver entre nous des points
de convergence sur des questions portant sur la situa-
tion sociale, sur des défis nationaux et autour de l’unité
de notre peuple et de notre pays.
Le PPS, comme d’autres partis, n’est-il pas usé par sa
participation au gouvernement depuis onze ans?
Moulay Ismaïl Alaoui: Le pouvoir use, mais l’on ne
doit pas céder à une sorte de défaitisme de la part des
militants. S’il y a usure, il faut remonter la pente, se
remobiliser et continuer notre chemin pour un tra-
vail de fond que nous avons peut-être perdu avant de
rejoindre le gouvernement en 1998. On a eu en effet
l’impression d’un ressort cassé. Est-ce dû à la chute du
Mur de Berlin ou à d’autres phénomènes? Il nous faut
retrouver et réactiver les ferveurs militantes du passé
autour des questions d’aujourd’hui et de demain.
Y-a-t-il une relève et des “dauphins” au PPS ?
Moulay Ismaïl Alaoui: Oui, il y a une relève. Je pense
qu’il y a cinq personnes qui peuvent assumer la res-
“La rivalité historique entre
le parti de l’Istiqlal et l’USFP pèse
sans doute encore de tout son poids.”
ponsabilité de notre parti, hommes et femmes.
Vous avez déclaré, lors du VIIème congrès que c’était
votre dernier mandat de secrétaire général. C’est
toujours le cas ?
Moulay Ismaïl Alaoui : Oui, je l’ai dit et je le maintiens,
mais j’ajoute aussi que je suis un militant au service de
mon parti. Si mes camarades exigent que je reste pre-
mier responsable de ce parti, je continuerai. La décision
finale leur revient.
La mutation actuelle est-elle une transition
démocratique ou une transition tout court?
Moulay Ismaïl Alaoui: C’est une transition démo-
cratique, même si elle est lente et pas linéaire, avec
des reculs et des remises en cause. Il faut soutenir et
développer cette transition démocratique. Et, pour cela,
nous avons besoin d’un parti fort mais aussi de l’union
de tous les démocrates. Nous sommes confrontés à de
gros handicaps, comme l’ignorance, la pauvreté, qui
sont des entraves à une véritable démocratie. J’y ajoute
le problème fondamental de l’éducation et de l’amélio-
ration des conditions de vie. C’est une lutte perpétuelle
qu’il nous faut mener et gagner.
Tout le monde réclame aujourd’hui une deuxième
génération de réformes. Lesquelles?
Moulay Ismaïl Alaoui: Il faut d’abord mettre à plat la
première génération de réformes depuis la Consti-
tution de 1996 et évaluer les acquis. Il faut en effet
reconnaître que nous n’avons pas exploité tout ce que
permettait la séquence qui a commencé il y treize ans.
De nombreux points restent à préciser : la deuxième
Chambre du Parlement, l’amazighité, les pouvoirs du
Premier ministre, la région, la déconcentration,… tout
cela exige des discussions conséquentes avant de s’atte-
ler à une deuxième génération de réformes.
Interview réalisée par
Mustapha Sehimi
N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 25
 POLITIQUE

LES SÉPARATISTES
DE L’INTÉRIEUR. QUI
SONT-ILS? QUELLE EST
LEUR FORCE?

Tamek,
© Ph.AF¨P

Daddach,
Aminatou
et les autres
Aminatou Haïdar n’est qu’un
nouveau maillon d’une chaîne
qui n’a pas cessé, depuis des
années, d’inscrire sa démarche
dans une entreprise insidieuse.
pour déciller les yeux de tous ceux qui
ne veulent pas voir les réalités en face:
le Maroc est confronté à une entreprise
de division, de déstabilisation, usant de
tous les moyens pour tenter d’arriver
à ses fins. Et Aminatou Haïdar n’est
qu’un nouveau maillon d’une chaîne
qui n’a pas cessé, depuis des années,
témoigne en particulier que c’est en
septembre 1999 que remontent des
émeutes à caractère «social», lesquelles
vont être le début d’une longue série.
À cette date, 24 jeunes Sahraouis sont
arrêtés et 14 d’entre eux condamnés
à des peines d’un mois à 15 ans de
prison. Le nouveau règne, marqué par

C’ est pratiquement en temps

réel que tout un chacun a
pu suivre les développe-
ments pris par les agis-
sements de la séparatiste Aminatou
Haïdar. Durant trente-deux jours, on
a vu la nature et la dimension de son
script, au dedans et au dehors. C’est le
déploiement d’une véritable stratégie
qu’il faut mettre à nu, de nouveau,
d’inscrire sa démarche dans le cadre
d’objectifs qui, eux, restent marqués
par ce que l’on pourrait appeler un
invariant.
Un peu de recul ne manque pas d’in-
térêt à cet égard, il permet de jeter une
lumière crue sur des actes éligibles à la
une ouverture démocratique, se trouve
confronté à une situation qu’il ne peut
que réprimer.
Deux ans plus tard, le 17 novembre
2001, nouvelle situation de crise devant
le siège de la wilaya de Smara: 27 mani-
festants sont blessés, une soixantaine
même comptabilité. Il faut se souvenir, de personnes sont arrêtées et 14 tra-
en effet, que la chronologie de l’agita- duites en justice et condamnées à des
tion dans les provinces sahariennes peines allant de six mois à deux ans

26 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009

d’emprisonnement. Au départ, c’était également à Smara et Dakhla. Des algérien et dans les camps de proximité
un sit-in où les participants réclamaient heurts ont lieu avec les forces de l’ordre, de Lahmada qu’un groupuscule dirigé
notamment des emplois et des aides au lesquels se soldent par une trentaine par Ali Salem Tamek séjourne à la fin
transport; à l’arrivée, ce sont des cas- d’interpellations et une cinquantaine de du mois de septembre 2009. Tamek?
seurs qui mettent le feu… blessés; le drapeau marocain est même C’est tout un parcours d’un individu
On peut aussi signaler au passage brûlé; les trois responsables de cet acte avec ses sinuosités et ses reniements.
l’épisode d’un certain Mohamed Dad- sont condamnés à des peines de prison Sahraoui? Par quel artifice, lui qui est
dach, qui a été, un temps, durant ces de 15 à 20 ans. natif de Assa-Zag, une localité dans le
années-là, l’une des figures emblé- Maroc non contesté, dans les frontières
matiques du courant séparatiste dans Heurts du Royaume avant la décolonisation du
les provinces sahariennes. Libéré en Quelques mois plus tard, le 30 octo- Sahara marocain?
octobre 2001, il était présenté par la bre 2005, un jeune employé de l’En- Il a pour lui ce trait qui n’a pas changé
propagande du Polisario comme le plus traide nationale, Hamdi Lambarki Salek depuis le début des années quatre-vingt-
ancien prisonnier politique au Maroc. Mahjoub, décède après avoir été battu dix: il est porteur d’une sorte de graine
Quels avaient donc été ses actes et ses par des agents du Groupe urbain de de la trahison. En 1993, n’avait-il pas
états de service? D’être un homme de sécurité (GUS) lors d’un défilé qui avait été déjà arrêté, à vingt ans à peine, alors
troupe déserteur de FAR. tourné à l’émeute. Ce décès relance qu’il tentait de pénétrer clandestine-
les manifestations et voit le Polisario ment en Algérie? Condamné à cinq ans
Hostilité en faire un martyr –une école est ainsi de prison avec quatre autres “fugitifs”, il
Il a été proprement pris en mains baptisée à son nom à Tindouf. bénéficie de la grâce royale en août
par d’anciens taulards sahariens de C’est dans cette même localité du sud 1994. Il récidive dans ses menées
Mgouna, regroupés dans les sections
sahariennes du Forum Vérité et Justice
qui avaient tant fait, dans une vaste cam-
pagne internationale, pour sa libération.
Mme Haïdar ne s’est pas préoccupée
Et le voilà, une fois élargi, qui proclame
haut et fort son hostilité au Maroc,
de l’incohérence de son attitude:
refusant de prendre sa carte d’identité
nationale –il a été sans doute le premier
indemnisée par l’IER; titulaire durant
à oser défier tout aussi ouvertement, à
l’intérieur du Royaume, la marocanité
des années d’un passeport marocain.
du Sahara.
Du 21 au 25 mai 2005, c’est un autre
sit-in qui dégénère lui aussi. Il a pour
prétexte d’empêcher le transfert de la
prison de Laâyoune à celle d’Aït Mel-
loul, à 400 Km au nord d’Agadir, d’un
certain Waddi Hamed Mah-
moud Ben Mohamed Ben
Ali, arrêté en 2003 notam- Aminatou Haïdar. 32
ment pour ivresse publique, jours de grève
© Ph.DR

transport et trafic de drogue. de la faim ... en

Organisé par sa famille, le s’alimentant
discrètement
sit-in mobilise des agitateurs la nuit.
séparatistes. Arrêté comme
délinquant de droit commun,
l’individu se transforme en prison en
imprécateur séparatiste en demandant
par exemple sa déchéance de la nationa-
lité marocaine.
Ses “sympathisants” l’affublent du
vocable d’El Kinnane (en dialecte has-
sani, “l’homme qui mord”) et organi-
sent des manifestations qui s’étendent

N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 27

 POLITIQUE
© Ph.DR
© Ph.DR
antinationales et fait l’objet en décem-
bre 1997 d’une nouvelle arrestation; il
interpelle le ministre de l’Intérieur à
propos du prénom “Thaoura” (révolu-
tion) qu’il a voulu donner à sa fille. Et
il reprend de plus belle ses activités en
rejoignant la section du Forum Justice
et Vérité au Sahara.
Il poursuit ses menées subversives,
ce qui lui vaut une énième arresta-
tion à la fin août 2002 à Rabat puis
28 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
Tamek?
C’est tout un
parcours d’un
individu avec
ses sinuosités et
ses reniements.
Sahraoui?
En haut: Tamek et son groupe à leur retour
de Tindouf. En bas: Hamdi Ould Lembarki,
décédé.
sa condamnation à Agadir à deux ans
de prison pour atteinte à la sûreté de
l’État. Quinze mois plus tard, le 7 jan-
vier 2004, il bénéficie d’une nouvelle
grâce royale avec des dizaines d’autres
détenus.
Agitateurs
Ses comparses se distinguent, eux
aussi, par des traits communs –ils ont
pour noms Ahmed Nassiri, Brahim
Dahane, Rachid Sghaïr, Degja Lechgar
et Salah Loubeïhi. Interpellés à leur
retour d’Alger, le 8 octobre 2009, ils
ont été inculpés et écroués pour le
chef d’intelligence avec une puissance
étrangère.
Quelques précisions s’imposent ici
pour mettre en relief le véritable “sta-
tut” de ces agitateurs. Ahmed Nassiri
couple sa qualité de secrétaire général
du Comité sahraoui pour la défense
des droits de l’Homme de Samara avec
celle de responsable de l’AMDH dans
cette même ville; Degja Lachgar est
membre du Bureau exécutif de l’Asso-
ciation sahraouie des victimes des vio-
lations graves des droits de l’Homme
commises par l’État du Maroc; Salah
Loubeïhi, lui, est président autopro-
clamé du Forum pour la protection
des enfants sahraouis, membre du
CODESA et de l’AMDH (Laâyoune);
Rachid Sghaïr est un militant actif du
Comité d’action contre la torture à
Dakhla; Yahdit Ettarouzi est membre
de l’AMDH (Laâyoune).
Rejet
Toutes ces postures se sont traduites
par des actes et des comportements;
il vaut de les appréhender non pas
comme des faits isolés, mais comme
participant de visées recourant à des
modes opératoires appropriés dans
des champs d’action tout aussi balisés.
Pour ce qui est en premier lieu des
formes que cet activisme séparatiste
et subversif emprunte, une certaine
typologie peut même être mise en
relief. L’une des cartes qui a servi –hier
comme aujourd’hui avec Mme Haïdar,
et demain avec d’autres– c’est le rejet
de la nationalité marocaine; en l’es-
pèce, cette femme ne s’est pas préoc-
cupée de l’incohérence de son attitude:
indemnisée par l’IER; titulaire durant
des années d’un passeport marocain
en bonne et due forme, elle ne s’est
pas privée dans le même temps de se
déclarer non marocaine et originaire
de l’ex-Sahara occidental.
Dans son esprit et dans celui des autres
Sahraouis invoquant la même situation,
ce qui est mis en avant, c’est l’émission
 Des séparatistes qui sévissent dans veaux espaces démocratiques ouverts
par cette décennie inaugurée avec le
les provinces sahariennes usent nouveau règne de SM Mohammed
VI. C’est parce qu’ils se placent sous le
et abusent des nouveaux espaces chapiteau de la loi qu’ils peuvent écrire,
critiquer, dénoncer et pousser l’exer-
démocratiques. cice des libertés jusqu’à rejeter l’ordre
juridique interne et remettre même en
d’un signe fort, au-dedans et au-dehors, ainsi que de l’ordre public. La violence cause l’indépendance, l’unité nationale,
d’une “résistance” à la marocanité des s’installe, mais elle n’est présentée l’intégrité territoriale et la souveraineté
provinces méridionales. C’est un lien que sous l’angle de l’expression de la du royaume.
qu’ils veulent établir entre leurs actes répression. L’évolution intervenue dernièrement
personnels et la question du statut de La justice étant saisie des délits com- présente un trait particulier. Elle campe
ce territoire. mis, les arrestations et les jugements résolument dans le champ des droits
Cette contestation ne se limite pas à servent de rebond à des campagnes de de l’Homme en arguant des assertions
ce seul aspect; tant s’en faut. Ainsi,
elle se prolonge par un autre acte de
nature humanitaire: celui de la grève
de la faim. Par définition, celle-ci porte
en elle une dimension émotionnelle
et même dramatique parce qu’elle
pose en termes bruts le problème de la
survie du gréviste, sa vie à sauvegarder
coûte que coûte parce que personne ne
veut être tenu pour responsable d’une
mort.
© Ph.AFP

Vociférations
On notera au passage que si Mme
Haïdar a tenu pas moins de trente-
deux jours comme gréviste de la faim,
c’est en s’alimentant discrètement la
nuit... Mais personne ne s’est attardé
sur cette mise en scène, la focalisation
se portant à dessein sur le pauvre sort
d’une femme mère de famille, séparée
de ses deux enfants et victime des fou-
dres et des rigueurs de l’inhumaine loi
marocaine.
Une autre forme d’action regarde, elle, Fatima Mehdi et Khadija M outik.
un registre différent: celui du sit-in. Ce
type de mobilisation et de protestation propagande pour illustrer de nouveau jurées porteuses de sens: qu’ils sont
est, en principe, par nature pourrait-on “le joug” que subit le peuple sahraoui. réprimés pas tellement en tant que mili-
dire, pacifique et donc difficilement Et l’agitation de reprendre sur la base tants séparatistes, mais comme citoyens
réprimable. Mais dans tous les sit-ins d’un cycle bien connu de tous ceux qui attachés aux droits de l’Homme.
organisés régulièrement par les sépa- suivent les manipulations faites par les Ceci s’accompagne pratiquement d’un
ratistes, le passage s’est rapidement fait agitateurs et les subversifs sous toutes corollaire: le Maroc ne respecte pas les
vers la manifestation. Celle-ci change les latitudes. droits de l’Homme dans les provinces
ensuite de nature, ponctuée de vocifé- En second lieu, la mise en œuvre de ces sahariennes et il ne peut qu’être délé-
rations de slogans hostiles au Maroc et techniques est exploitée dans un autre gitimé quand il se propose d’organiser
reprenant les mots d’ordre du Polisario. domaine: celui de l’instrumentalisation la libre expression des citoyens dans
Forcément, le contact avec les forces de des droits de l’Homme. Des sépara- la perspective de l’autonomie interne
l’ordre se fait –telle est leur mission de tistes qui sévissent dans les provinces qu’il met tellement en avant. Ils en
protection des biens et des personnes sahariennes usent et abusent des nou- tirent cette conclusion que seul un

N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 29

 POLITIQUE
© Ph.DR
© Ph.DR
référendum est l’alternative incontour-
nable pour permettre la libre détermi-
nation des populations.
Un discours auquel sont réceptifs des
pans entiers de l’opinion publique
internationale tant en Europe qu’aux
Etats Unis. Pourquoi? Parce que dans
le monde d’aujourd’hui, prévalent et
s’imposent même depuis les années
quatre-vingt des circuits de légitimation
qui évaluent les régimes et leurs politi-
ques à l’aune de la démocratie et des
droits de l’Homme.
30 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
Le nouveau
règne, marqué
par une
ouverture
démocratique, se
trouve confronté
à une situation
qu’il ne peut que
réprimer.
En haut: Des étudiants sahraouis manifestent
à Rabat. En bas : Mohamed Daddach.
Sanctuaire
Enfin, il faut s’arrêter à un troisième
niveau d’analyse. Il s’agit de rappeler
comment les menées séparatistes sont
relayées en termes de logistique com-
municationnelle et politique tant au
Maroc qu’à l’étranger.
Dans le royaume, il est connu que
certaines structures –dont la façade
est légale- ne dissimulent point l’aide
et l’assistance qu’elles apportent à ces
groupes séparatistes. Des sections loca-
les du Forum Justice et Vérité dans les
provinces sahariennes servent souvent
de sanctuaire et de centre de formation
et d’endoctrinement. Certains mili-
tants de l’AMDH se classent dans cette
même rubrique.
Sous couvert de démocratie, c’est un
courant d’extrême gauche qui consi-
dère que l’agitation est toujours le
“foco” le plus ardent dans une dyna-
mique de contestation. Au début des
années soixant-dix, on se souvient que
cette même analyse prévalait dans les
milieux gauchistes estudiantins de
Rabat, lesquels allaient donner Ila Al
Amam, mais aussi le noyau originaire
du Polisario avec El Ouali Mustapha
Sayed, alors étudiant dans la capitale…
Une séquence qui se répète donc –sauf
qu’elle bégaie aujourd’hui.
Stratégie
Un certain tissu associatif est tout
autant sollicité. Des dizaines de comi-
tés se voulant des ONG ne sont que des
paravents de menées séparatistes, se
retranchant sur des objets particuliers
(enfants sahraouis, victimes…) qui ne
trompent personne. L’avantage de ces
structures est multiple. Elles donnent
une carte de visite et une visibilité à
leurs membres et à leurs dirigeants.
Elles permettent aussi de nouer des
contacts avec d’autres ONG à l’étran-
ger, en Espagne, dans les pays nordi-
ques, auprès des instances de l’Union
européenne, des Etats-Unis –autant
de terrains réceptifs par nature des
luttes menées contre des politiques de
“répression”.
Toutes les modalités de cette stratégie
bénéficient évidemment de la mobi-
lisation de l’appareil diplomatique de
l’Algérie. Elles sont également véhicu-
lées par les canaux des nouvelles tech-
nologies de communication (Internet,
GSM…). C’est dire qu’il faut appréhen-
der les moyens et les techniques des
séparatistes et de leurs commanditaires
pour y apporter les réponses opératoi-
res qui s’imposent.
Mustapha Sehimi
 POLITIQUE

• QUI SONT CES ACTIVISTES DU POLISARIO ?

Les femmes de Abdelaziz
Les femmes séparatistes, Khadija Mouthik réside à Guel-
leur identité, leur rôle et mim, au sud du Maroc. Elle
fait partie de ces activistes qui
leur influence en faveur témoignent du rôle de la femme
des activités du Polisario. sahraouie dans une lutte sur
Quelques profils. tous les fronts afin de préparer
les conditions idoines du futur
Etat sahraoui indépendant.

F atma Mahdi, Najat Khnibila

et Khadidja Mouthik sont
les trois missionnaires du Poli-
«Les femmes représentent 11%
des membres du gouvernement
et 34% du parlement national»,
sario. Emissaires prenant part à comme pour montrer la force
toutes les sorties, elles donnent de la participation féminine aux
dans la propagande anti-ma- destinées de la RASD.
rocaine. Les trois femmes ont Khadija est aussi syndicaliste,
eu des itinéraires différents et responsable du syndicat UMT
aspirent à un même objectif, la de la région de Guelmim et
mise en œuvre de l’autodéter- membre des associations des
mination et le droit à un Etat droits des femmes et des fem-
indépendant. mes sahraouies.
Fatma Mahdi est aujourd’hui la Aux trois pasionarias, on peut
secrétaire générale de l’Union ajouter une quatrième figure,
des femmes sahraouie (UNFS). Ghalia Djimi, vice-présidente
Cette native de la ville de Smara Ghalia Djimi. Entre Paris, Bruxelles et Stockholm. de l’Association sahraouie des
dit avoir fui de Guelta Zem- victimes des violations gra-
mour, où elle vivait avec sa famille, en Polisario. ves des droits de l’Homme par l’Etat
décembre 1975. Elle n’avait que sept Najat Khnibila, 53 ans, native de marocain (ASVDH). Elle complète le
ans à l’époque. Elle se retrouve dans Laâyoun, vivait en France depuis 1977 quatuor qui se reproduit à interval-
un camp où elle a appris à vivre, à com- avec son époux. Le couple n’a jamais les réguliers entre Paris, Bruxelles et
battre et à se former politiquement. caché son militantisme pour la cause Stockholm pour développer les points
«J’ai décidé de m’investir dans les activités
politiques et sociales en intégrant l’Union
des femmes sahraouies pour contribuer à la
défense de notre cause». Sans oublier de
rappeler qu’elle a été chargée de l’admi-
Emissaires prenant part à toutes
nistration au sein de cette organisation,
tout en poursuivant ses études.
les sorties, elles donnent dans la
propagande anti-marocaine.
Propagande
Elle a obtenu son diplôme en coopéra-
tion et relations internationales en Espa- du Polisario. Elle participait régulière- de vue des dirigeants du Polisario.
gne. Elue au Poste de SG de l’Union ment aux manifestations du 1er Mai à Un quartet constamment relayé par le
des femmes sahraouies en 2003 puis Paris et à la journée dédiée aux disparus travail dans les camps d’encadreuses et
en 2007, Fatma Mahdi se consacre sahraouis. Najat vit actuellement à Man- de formatrices autour du trio composé
au développement de la vie sociale et tes-la-Jolie, elle est membre du Comité de Moumah bent Ahmed Sitti, Souihla
à la mise en place de l’organisation de sahraoui pour le soutien à l’autodéter- bent Eddehlass et Malika Dahi.
la vie quotidienne dans les camps du mination au Sahara occidental. Abdelhak Najib

N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 31

 POLITIQUE

• JUGEMENT DU PROCÈS DES MINOTIERS, MARDI 22 DÉCEMBRE 2009

L’État va-t-il
récupérer son blé ?
De la prison ferme et des amendes en milliards pour Ghali Sebti et ses amis minotiers lors d’un
procès en première instance à Casablanca. Une affaire qui aura traîné en longueur et connu plusieurs
rebondissements sans vraiment livrer tous ses secrets.

et transfert illégal d’argent à l’étranger,

les 17 minotiers impliqués dans cette
affaire ont enfin été fixés sur leur sort,
après plusieurs années de suspense et
de rebondissements judiciaires, parfois
spectaculaires. Le visage ferme, la voix
forte, la juge Rachida Benharef, visible-
ment épuisée par les longues heures de
plaidoiries et de débats qu’a
duré cette audience, prononce
Ghali Sebti. enfin les jugements.
Sitôt rentré,
sitôt rattrapé Pour les délits de change, 11
par son passé. minotiers ont été condamnés
à des peines de prison ferme.
C’est ainsi que trois ans de
prison ferme ont été prononcés contre
Ghali Sebti, ancien patron de la société
Cerelex, qui se trouve être la pièce cen-
trale dans ce procès, Kamal Aït Boua-
bid, ancien directeur général de ladite
société, et Mustapha Hamdi, président
des Grands Moulins de Fès.

Transfert
Et un an de prison ferme contre les
mis en cause suivants: Younès Abder-
rahman, ancien responsable financier
de Cerelex; Mustapha Souci Alaoui,
patron des moulins Al Manar; Hamdi
Amer, (minoteries Saâda et minoteries
© Ph.MHI

Tassaout); Moulay Messaoud Agouzzal

(minoteries Zarhoun); Abdallah Dahbi
(minoteries Barouk); Abdallah Raji

U ne drôle d’ambiance, pesante

et tendue, règne à la salle 8 du
tribunal de première instance
de Casablanca, ce mardi 22
décembre 2009. Ce jour-là se tient en
effet la dernière audience du procès des
minotiers, considéré à juste titre comme
l’un des dossiers judiciaires les plus reten-
tissants de ces dix dernières années. À
l’image du dossier CIH (Crédit immobi-
lier et hôtelier) qui sera clos fin décembre
2009. Poursuivis par l’Administration
des douanes et impôts indirects pour
délits de change, infractions douanières
(minoteries Amgala); Tahar Laraïchi
(minoteries nouvelles Saâdiyine); et Haj
Lahlou Hamid (minoteries Saâdia).
Pour les infractions douanières et le
transfert illégal d’argent à l’étranger,
les condamnations prononcées par la
juge prennent la forme d’amendes très

32 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009

lourdes, de l’ordre global de plus d’un
milliard et demi de dirhams, qui doivent
être payées solidairement par tous les
condamnés, au profit de l’Administra-
tion des douanes et impôts indirects.
En revanche, la cour prononce l’ac-
quittement au profit de six minotiers:
Mohamed Bouâyad; Mohamed Ben-
chalkha (minoteries Tassaout); Mosta-
pha Madrassi (minoteries Beni Ansar);
Belfkih Hamida (Grands Moulins de
Tiznit); Ahmed Bouaïda (minoteries
Atlas); et Madrassi Abdessamad (Mino-
teries de Safi).
Seulement, même si le procès des
minotiers a finalement trouvé son épi-
logue avec le prononcé des jugements, il
n’en demeure pas moins que le dossier
n’a pas encore livré tous ses secrets et
le procès en appel risque de prendre
encore quelque temps compte tenu de
la dimension internationale de l’affaire.
Car le dossier de la société Cerelex qui
vient d’être jugé en première instance
n’est que la première manche d’un
énorme scandale touchant, cette fois-ci,
la puissante Association professionnelle
des Minotiers (APM) dans laquelle est
sérieusement impliqué son ancien pré-
sident, Ghali Sebti.
Gloire
En 2003, le dossier Cerelex s’ouvre.
Une procédure judiciaire longue et fas-
tidieuse. De report en report, le procès
s’enlise et on a même cru, un certain
moment, que l’affaire a été classée. Il
n’en était rien. Aux audiences, auxquel-
les il assiste assidûment, Ghali Sebti se
présente toujours dans un piteux état,
souvent mal rasé, le regard perdu et
l’esprit ailleurs. Probablement, il pensait
à son époque de gloire où il trônait à
la tête de cette machine incroyable qui
est l’Association professionnelle des
Minotiers.
Un tremplin qui lui a conféré un avan-
tage de taille pour rafler les plus gros
marchés d’importation de blé. Car c’est
dans cette filière agricole ultrasensible
que Ghali Sebti a constitué toute sa for-
tune, estimée aujourd’hui à plusieurs
milliards de dirhams dont une partie ira
bientôt dans les caisses de l’Adminis-
tration des douanes et impôts indirects,
qui a déclenché la procédure contre lui,
par deux plaintes, déposées le 19 février
2003.
Fraudes
Mais, de quoi s’agit-il réellement?
En gros, la société Cerelex, dans ses
relations d’affaires avec son fournis-
seur suisse, TradiGrain, qui l’alimen-
tait en blé tendre, est accusée d’avoir
maquillé sa comptabilité pour minorer
le volume des taxes qu’elle devait payer
à la douane.
Les experts de l’Office des changes,
qui ont effectué un audit exhaustif des
Les sommes
subtilisées se
chiffrent à plus
de 7 millions
de dollars, soit
l’équivalent de
74 millions de
dirhams.
Moulay Messaoud Agouzzal. Un an de prison ferme.
comptes de la société, créée en janvier
1997, ont découvert que Cerelex a systé-
matiquement gonflé ses prix à l’import,
pendant la période allant de 1998 à
2001. Les différences de prix ont été éta-
blies en comparant les factures d’achat
fournies par la société suisse et les prix
annoncés aux services de la douane.
Les sommes subtilisées, qui devaient
normalement entrer dans les caisses
de l’État, se chiffrent ainsi à plus de 7
N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 33
millions de dollars, soit l’équivalent de
74 millions de dirhams, selon le cours
de change de l’époque.
Autre découverte: Cerelex n’a pas jugé
utile de rapatrier la contre-valeur en
devises de créances s’élevant à plus de
35 millions de dirhams, au titre d’opé-
rations d’importation réalisées avec
la société TradiGrain. A cette somme
s’ajoutent les énormes transferts d’ar-
gent illégaux effectués sur des comptes
dans des paradis fiscaux exotiques, au
nom de sociétés fictives que Ghali Sebti
possède aux Iles Bahamas, comme
Realtor Associates Limited, et aux Iles
Vierges britanniques, comme Nuffton
© Ph.DR
Properties Limited, et qui se chiffrent
à plusieurs dizaines de millions de
dollars. S’estimant lui aussi lésé par les
agissements et les fraudes financières
que commettaient à longueur de jour-
née les dirigeants de la société Cerelex,
le fournisseur suisse TradiGrain intente
un procès à son client devant la justice
marocaine, où il l’accuse d’escroque-
rie et de malversations financiè-
res. Ghali Sebti aurait arnaqué la
POLITIQUE
société TradiGrain en n’honorant pas
plusieurs factures s’élèvant à plusieurs
millions de dollars.
Entre temps, la société Cerelex dépose
le bilan et se soumet à une procédure
de liquidation judiciaire suspecte par
laquelle le syndic judiciaire qui a super-
visé cette opération se trouve lui même
impliqué dans l’affaire. Les commis-
saires aux comptes évaluent le lourd
passif laissé par Cerelex à plus de 110
millions de dirhams, auxquels s’ajoute
la somme de 40 millions de dirhams,
qui constitue le déficit déclaré par le syn-
dic. Mais ce qui enfonce encore plus le
clou pour les dirigeants de Cerelex, c’est
que la défense de la société TradiGrain
le accuse d’avoir puisé dans le capital
de Cerelex, à hauteur de 40 millions de
dirhams. Ce qui a conduit cette entre-
prise à la liquidation judiciaire, résultat
d’une gestion douteuse qui ne respecte
aucune règle d’éthique, loin de toute
considération pour les lois comptables
et commerciales.
© Ph.DR
Liquidation
Ce déficit de 40 millions de dirhams
subi par la société Cerelex a été confirmé
devant la juge Benharef par Mustapha
Hamdi, qui a pris les rênes de la société
en décembre 2000, succédant ainsi à
Ghali Sebti. Malgré cela, ce dernier fut
toujours le gestionnaire réel et attitré de
la société.
L’autre pièce à conviction dans cette
affaire, c’est ce protocole d’accord signé,
le 26 août 1999, à Genève, entre la
société Cerelex et TradiGrain. Ce docu-
ment commercial, ultraconfidentiel à
l’époque, permettait de réaliser pour
chaque opération d’importation, deux
factures: une comportant les prix réels
de la marchandise et l’autre des prix
gonflés.
La différence entre ces prix était partagée
illicitement et secrètement entre les diri-
geants de Celerex et ceux de TradiGrain.
Kamal Aït Bouabid reconnaît devant la
juge l’existence de ce protocole, dont il
dit avoir participé à sa conclusion, mais
il nie avoir touché de l’argent dans ce
cadre.
Aissa Amourag
34 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
L’AFFAIRE DE L’ASSOCIATION DES MINOTIERS
Un procès où Ghali Sebti
risque encore plus gros
L es déboires de Cerelex inter-
viennent quelque temps
après les poursuites judiciaires
dirigées contre Ghali Sebti dans
le cadre du dossier APM. Cela
remonte à 1997. Le ministre
de l’Agriculture de l’époque,
Hassan Abouyoub, avait déposé
plainte contre l’APM auprès de
Hassan
Abouyoub, à
l’origine de l’ex-ministre de la Justice, Omar
l’affaire de Azziman, qui la transmet, à son
l’APM.
tour, à la Cour spéciale de Jus-
tice, dissoute en 2004.
En réalité, la plainte de Hassan
Abouyoub se décline sous forme
d’un rapport détaillé sur les irré-
gularités au sein de l’APM dans
lequel M. Abouyoub appelle à
l’ouverture d’une enquête sur,
notamment, les fonds ver-
sés par l’Etat à l’APM et que
les dirigeants de cette dernière
aurait employés à d’autres fins,
notamment d’enrichisement
personnel. Où va exactement cet
argent? Généralement, la sub-
vention est détournée à d’autres
fins que celles que lui fixent les
pouvoirs publics, comme son
transfert au profit de la farine
de luxe et la conditionnalité de
la vente. Ce qui fait qu’elle n’a
jamais atteint sa cible, à savoir
les consommateurs et les agri-
culteurs. Ce constat est consigné
également dans les procès ver-
baux du conseil d’administration
de l’APM de janvier 1994.
Irrégularités
Mais, quoi qu’il en soit, le pro-
cès de l’APM, renvoyé devant la
chambre criminelle de la cour
d’appel de Casablanca risque
d’enfoncer encore davantage
Ghali Sebti, condamné déjà, par
contumace, dans ce même dos-
sier en 2001, à 15 ans de prison
ferme.
Une condamnation, qui a été
finalement annulée suite à un
arrangement qu’il a pu obtenir
à l’arrachée en contrepartie de
son retour au Maroc, après un
exil doré en Espagne, où il s’est
réfugié pendant quelques mois.
Ghali Sebti espérait en effet
une longue trêve avec la justice
marocaine. Mais, malheureuse-
ment pour lui, sitôt rentré, sitôt
rattrapé par son passé. L’affaire
de l’Association professionnelle
des Minotiers promet bien des
rebondissements. Outre Ghali
Sebti, un grand nombre de
minotiers - et pas des moindres-
sont poursuivis dans le cadre de
ce procès.
A.A.
 POLITIQUE

•LE PRÉSIDENT PUTSCHISTE GUINÉEN, MOUSSA CAMARA, HOSPITALISÉ AU MAROC,

POURSUIVI POUR CRIME CONTRE L’HUMANITÉ

Un patient encombrant
Cette date sera marquée en lettres
Pourquoi le Maroc a-t-il de sang dans la mémoire des géné-
accueilli un personnage sur qui rations guinéennes. Des dizaines
pèsent des accusations d’actes de tués, de disparus et de cas de
hautement condamnables? viols. Les rapporteurs de l’ONU ont
jugé que les faits relèvent du «crime

C e n’est pas la première fois que le

Maroc reçoit un de ces potentats
africains, dictateur avéré en fin de
contre l’humanité». De même qu’ils
ont considéré «qu’il existe des raisons
suffisantes de présumer une responsabi-
carrière, renversé par d’autres pos- lité pénale directe du président Moussa
tulants au pouvoir, rejetés par leur Dadis Camara».
population ou simplement malades. L’accusation est gravissime. L’accusé
Ce coup-ci, notre hôte encombrant s’en est toujours défendu. Ce n’est
surclasse tous ses tristes prédéces- pas pour autant que nous puissions,
seurs sous notre toit. Il s’agit de nous autres, nous sentir dédouanés
Moussa Dadis Camara, capitaine- de l’accueil d’un personnage sur
président de la République de Gui- lequel pèsent plus que des soup-
née, arrivé au pouvoir par un coup çons d’actes hautement condamna-
d’État conduit par lui-même le 23 bles. Dans le meilleur des cas, nous
décembre 2008. Presque une année aurions cédé à une pression fran-
après, le 3 décembre 2009, il est çaise, ancienne puissance coloniale
à son tour l’objet d’une tentative de Guinée, pour que Camara soit
© Ph.DR

d’assassinat menée par son aide d’abord soigné en attendant d’être

de camp, le lieutenant Abou Bacar éventuellement renvoyé devant la
Sidiki Chérif Diakité, dit Toumba, Cour pénale internationale.
actuellement en fuite. Évacué et hos- Moussa Dadis Camara paradant au milieu de ses gardes. Dans le pire des calculs, nous aurions
pitalisé au Maroc, Camara serait dans un la mort naturelle du président Lansana misé sur un avenir politique de Camara.
état grave, même si son bulletin de santé Conté, qu’il se faisait un point d’honneur La mise est hasardeuse, même si l’éthi-
est un secret bien gardé ici même, comme d’organiser des élections libres et réguliè- que n’a pas droit de cité dans les relations
à Conakry et à Paris. Il y va, paraît-il de la res, sans lui, pour remettre aux civils la internationales. Les chaînes mondiales
situation politique dans son propre pays. direction du pays. En toute légalité. Mais de télévision ont transmis les images
Une situation désastreuse, à tout point de voilà, le capitaine président auto-pro- inquiétantes d’un Camara donnant des
vue, à laquelle notre patient “obligé” aurait clamé s’est tellement bien accommodé conférences de presse du fond de son
largement contribué. Le cas de la Guinée du fauteuil présidentiel qu’il ne voulait lit présidentiel ou paradant au milieu de
a été pris en main par une commission plus le quitter. Une volte-face que le peu- ses gardes, baïonnettes au clair et fusils
spéciale de l’ONU. Comme d’habitude, ple de Guinée voulait dénoncer par ce mitrailleurs au vent. Cet homme peut
les enquêteurs onusiens se sont fondés rassemblement au Stade du 28 Septem- être difficilement soupçonné de convic-
sur des faits précis successifs aux violen- bre, en référence à “l’indépendance day” tion démocratique. Peut-il être, envers et
ces perpétrées le 28 septembre 2009 et du pays en 1958, sous la houlette d’un malgré tout, fréquentable pour quelque
les jours suivants à Conarkry. autre “ami” du Maroc, le défunt Ahmed raison d’État insondable?
Sékou Touré. Abdellatif Mansour
Massacre
Ce jour-là, les partis politiques guinéens
avaient appelé à une manifestation paci-
fique contre l’intention du capitaine
L’accusation est gravissime.
putschiste de se présenter aux élections
présidentielles. Ce dernier avait, en effet,
L’accusé, Moussa Dadis Camara,
déclaré, lors de sa prise du pouvoir, après s’en est toujours défendu.
N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 35
INTERVIEW

Anas Sefrioui, Président directeur

“Notre capacité financi

La crise, le groupe Addoha ne connaît pas.
Un chiffre d’affaires de la première moitié
2009 en augmentation de 108% par rapport
au premier semestre 2008. De quoi faire
taire les détracteurs.

Quel est l’état de santé du groupe Addoha?

Anas Sefrioui: Notre groupe se porte très bien. Nos pers-
pectives pour 2010 sont très encourageantes, puisque
nous disposons d’un carnet de commandes très fourni.
En juin 2009, nous avions communiqué nos chiffres,
qui étaient excellents. Notre chiffre d’affaires, par
exemple, a augmenté de 108% par rapport au premier
semestre 2008. La même performance positive a été
enregistrée par le résultat net du groupe, qui s’est accru
de 72%. Des indicateurs qui confortent assurément la
stratégie de notre groupe. Avec nos partenaires bancai-
res, nous entretenons des rapports exemplaires, élevés
à un niveau d’excellence.

Vous avez déclaré que vous allez vous lancer dans le

logement social. N’était-ce donc pas votre activité
initiale?
Anas Sefrioui: Le logement économique constitue
toujours l’activité principale de notre groupe. Quel-
ques chiffres pour s’en convaincre: sur les 192.000
logements, que nous avons réalisés, 150.000 sont des
logements économiques. Et les 42.000 qui restent sont
réalisés dans le cadre de notre filiale Prestigia, spécia-
lisée dans le haut standing. Pour revenir au logement
économique, il faut saluer ici les nouvelles mesures
apportées par la nouvelle loi des finances, qui entrera en
vigueur à partir du 1er janvier 2010. Mesures destinées,
comme vous le savez, à booster ce segment stratégique
pour l’économie nationale. Elles intéressent aussi bien
le client que le promoteur immobilier. Le premier béné-
ficiera d’une exonération totale de TVA, qui est de 20%
sur le prix d’achat. Ce qui va réduire le prix d’acquisition
des logements de 300.000 à 250.000 dirhams. Soit une
économie de 50.000 dirhams. Pour le second, il sera
exonéré de la TVA et de l’IS (impôt sur les sociétés). En
plus, le minimum de logements économiques à réaliser
a été ramené de 1.500 à 500 unités. Ce qui va permettre
à un plus grand nombre de promoteurs immobiliers
d’investir dans ce segment.

36 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009

général du groupe Addoha
ère est saine et solide”
Donc, vous allez renforcer votre présence sur ce
segment au détriment du haut standing ?
Anas Sefrioui: Renforcer notre présence sur ce seg-
ment, oui, mais pas au détriment du haut standing.
Nous sommes présents sur les deux segments et à cha-
cun nous dédions une stratégie différente. Le logement
économique devient plus que jamais intéressant en
raison de la visibilité fiscale que nous offre la nouvelle
loi des finances.
Avez-vous ressenti des effets de la crise internationale
sur vos projets dans le haut standing ?
Anas Sefrioui: Notre groupe ne connaît pas la crise. Que
ce soit dans le haut standing ou ailleurs. Tous les projets
réalisés par notre filiale Prestigia, soit l’équivalent de
2.800 logements, ont été vendus. En plus, cette filiale
n’existe que depuis neuf mois et elle pu réaliser de
grands projets immobiliers et touristiques. Notamment
à Casablanca, Marrakech, Fès, et Rabat. Quant à nos
clients dans ce segment, ce sont en grande partie des
Marocains.
Certains avancent que l’endettement du groupe
Addoha est énorme. Que répondez-vous à cela?
Anas Sefrioui: Qu’ils se trompent lourdement. En valeur
absolue, notre endettement est estimé à 8,2 milliards de
dirhams. Il est partagé entre 4,5 milliards pour le groupe
Addoha; 1,5 milliard qui a servi à acheter Fadesa Maroc;
et 2 milliards de dirhams pour les filiales. Maintenant,
si on compare cet endettement avec la capitalisation
boursière du groupe, estimée à 30 milliards de dirhams,
on trouve un ratio de 28%. Niveau qui est en deçà de la
moyenne générale, qui tourne autour de 157%. Vous
voyez là que notre endettement est normal.
Mais alors pourquoi votre action a chuté en bourse?
Anas Sefrioui: Cette chute ne concerne pas seulement
l’action du groupe Addoha, mais celles de toutes les
“Renforcer notre présence
sur le segment social, oui, mais pas
au détriment du haut standing.”
sociétés cotées. Sans exception. Je ne comprends pas
comment un groupe comme le nôtre, qui a réalisé
des résultats excellents, dispose d’une santé financière
saine, leader immobilier incontestable dans tous les
segments de logements, voit son action chuter. Mais,
toujours est-il, plusieurs banques d’affaires de la place,
notamment Attijariwafa Bank, CFG et BMCE, ont
recommandé notre action à l’achat dans une fourchette
de prix oscillant entre 180 et 200 dirhams.
Vous venez de mettre en place un fonds touristique de
1,2 milliard de dirhams. De quoi s’agit-il ?
Anas Sefrioui: Tout simplement d’une société dans
laquelle seront présentes plusieurs investisseurs ins-
titutionnels, en plus du groupe Addoha. La mission
de cette société, dont le capital a été fixé à 1,2 milliard
de dirhams, est d’acheter le foncier auprès du groupe
Addoha, lequel foncier est destiné à recevoir des hôtels.
Dans un premier temps, six parcelles de trente hectares
sont prévues, mais le nombre peut atteindre 10 parcelles,
dans un second temps. Le fonds construira par la suite
des hôtels, mais leur gestion sera confiée à des chaînes
internationales prestigieuses.
Qu’en est-il de la station Mediterranea Saïdia ?
Anas Sefrioui: Un troisième hôtel y sera opérationnel
en juin 2010. Des accords ont été signés, mardi 23
décembre 2009, entre Fadesa Maroc et l’acquéreur,
qui n’est autre que le fonds de gestion Madaef. Pour la
gestion de cet hôtel, le fonds Madaef, filiale de la CDG,
devra signer à son tour des accords avec le gestion-
naire, Globalia, qui présente l’avantage d’avoir une
flotte aérienne, Air Europa, qui va créer deux lignes
aériennes additionnelles reliant Barcelone et Madrid
à Oujda. Aujourd’hui, la station Saïdia dispose de
4.000 lits, hôtels et villas de vacances compris.
Propos recueillis par
A.Amourag
N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 37
 ECONOMIE

•Partenariat
TOURISME
pour dynamiser •GRÂCE À UN PRÊT DE 2,7 MM DE DIRHAMS DE L’AFD
la promotion de l’offre Maroc
Une convention de partenariat a été signée, le
L’OCP met en place un minéroduc
17 décembre 2009 à Marrakech, en vue d’une
dynamique renforcée en faveur de la promo-
pour le transport de phosphates
tion de l’offre touristique Maroc, portant sur la
mobilisation des moyens et des compétences
et la conduite d’actions marketing en pré, post
et pendant le Morocan Travel Market (MTM),
S uite à une décision
prise lors de son
Conseil d’administra-
dont la troisième édition est prévue du 14 au 17 tion, qui s’est tenu ven-
janvier 2010. dredi décembre 2009
Cette convention, ratifiée pour une période de 3 à Paris, l’Agence fran-
ans par l’Office national marocain du Tourisme çaise de développement
(ONMT), la Fédération nationale du Tourisme (AFD), a approuvé un
© Ph.DR

(FNT), le Conseil régional du Tourisme (CRT) de prêt d’environ 2,7 mil-

Marrakech et l’International Fairs and Events,
initiateur du Salon, s’insère dans le cadre du
prolongement de la mobilisation des secteurs
public et privé pour un développement touris-
tique soutenu du Royaume.
•PORTAIL
ARTEMIS LANCE SON NOUVEAU
WEB 2.0
L’information juridique et fiscale
au bout des doigts
Artémis, leader marocain des
services d’information légale pour
les professionnels, et activité du
groupe Finatech depuis 2008,
a donné le coup d’envoi, le 22
décembre, à son nouveau portail
web dernière générationartemis.
ma. Simple affaire de cosmé-
tique? «Bien plus! La confiance
© Ph.MAP
liards de dirhams au
profit de l’Office Ché-
rifien des Phosphates
(OCP), pour financer
un système de minéroduc. Ce dernier reliera les sites de Khourigba et de
Jorf-Lasfar, permettant le transport des phosphates par voie humide, ce qui
constitue une alternative à la pratique actuelle, qui consiste à transporter
les phosphates par voie ferroviaire. Selon Vincent Thévenot, Coordonna-
teur de l’AFD pour le Maroc, ce prêt s’inscrit dans le cadre d’un important
programme d’investissement qui permettra d’améliorer la compétitivité de
l’OCP et d’économiser environ 700.000 tonnes de CO2 par an.
•L’EXPÉRIENCE TOURISTIQUE MAROCAINE DONNÉE
EN EXEMPLE EN ALGÉRIE
Appel à la création de sociétés
arabes et islamiques communes

que nous témoignent nos clients

Nabil Haffad.
nous a insufflé l’ambition de voir
plus grand pour les remercier
de leur fidélité» évoque Nabil
Haffad, directeur général d’Artémis.
Outre l’amélioration des fonctionnalités exis-
tantes, le nouveau portail propose un moteur
de recherche multicritères performant. Du point
de vue pratique, les utilisateurs ont la possibi-
lité d’enregistrer les résultats de leur recherche
et de les classer, de les annoter pour y revenir
plus tard. Les fonctionnalités du portail offrent
la possibilité de consulter les textes originaux
numérisés, d’imprimer les textes, de zoomer.
Le tout, dans un univers convivial, simple et
extrêmement intuitif, qui garantit l’accès à
une donnée fiable, exhaustive et actualisée en
temps réel. Une mine d’or pour les profession-
nels, bientôt accessible aux particuliers.
U n Colloque scientifique international, organisé par l’Association
nationale des économistes algériens sous le thème du tourisme comme
source d’investissement renouvelable, s’est tenu les 19 et 20 décembre 2009 à
Tamanrasset, en Algérie. Lors de ce colloque, les participants ont exprimé
leur intérêt pour les expériences du Maroc, de l’Egypte et de la Malaisie en
matière de promotion touristique, en vue de créer une «industrie touristique
nationale prometteuse» en Algérie, par la promotion du tourisme et afin d’en-
courager l’investissement privé et le tourisme intérieur. Les participants ont
également recommandé la création de sociétés arabes et islamiques com-
munes en vue de consoli-
der la coopération dans le
secteur.Pour ce faire, ils ont
mis l’accent sur la néces-
sité de se mobiliser, à divers
niveaux, notamment par la
consolidation de la solidarité
et la concertation entre les
pays arabes et musulmans.

38 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009

 •DEPOLLUTION DU LITTORAL ATLANTIQUE ET DE LA VALLEE
DU BOU REGREG
L’émissaire marin de Rabat
opérationnel
V eolia Environnement Maroc a achevé
avec succès, en novembre 2009, la
construction de l’émissaire marin de
Rabat, l’une des étapes les plus délicates
du projet de dépollution du littoral atlan-
tique et de la vallée du Bouregreg.
Ce projet, élaboré par Veolia Environne-
ment Maroc à travers sa filiale Redal, avait
commencé par la mise en place d’un sys-
© Ph.DR
tème d’intercepteurs permettant la collecte
de tous les rejets d’eaux usées existants,
puis leur transfert vers une station de trai-
tement qui a été construite à son tour pour
•DÉMARRAGE EN 2010 DU CENTRE MAROCAIN
DE LA CONSOMMATION
La réussite passe par la mobilisation
A hmed Réda Chami, ministre de
l’Industrie, du Commerce et des
Nouvelles technologies, a annoncé mer-
credi 16 décembre 2009 à Rabat, le
démarrage du Centre marocain de la
consommation (CMC), courant d’année
2010.
La forme juridique du CMC serait celle
d’une fondation, créée sous le régime
juridique d’une association, et aura pour
missions la recherche consumériste, la
gestion d’un fonds documentaire relatif
à la consommation, la résolution des
litiges à travers la médiation, la label-
lisation de biens et services, la veille et
traiter les eaux usées. Enfin, l’émissaire
marin par lequel ces eaux traitées seront
évacuées à plus de 2,15 km au large de la
côte atlantique a pu être parachevé.
Les différents étapes de la construction
de cet émissaire marin ont nécessité le
recours aux techniques les plus inno-
vantes et les équipes mobilisées pour la
pose des éléments de l’émissaire dans les
fonds marins ont dû s’adapter à
des conditions météorologiques
et maritimes particulièrement
rudes, ce qui a constitué un vérita-
ble défi technique et nécessité un
investissement de 400 millions de
dirhams.
La dépollution du littoral atlantique
et de la vallée du Bouregreg est
l’une des missions prioritaires du
Groupe Veolia Environnement
Maroc, qui, à travers sa filiale Redal
et ce projet, permettra de supprimer
les rejets d’eaux usées directs des agglomé-
rations de Rabat, Témara, Harhoura et Aïn
Atiq et de Salé–Bouknadel, soit un volume
journalier de 200.000 m3.
la représentation des organisations de
consommateurs à la demande.
Le CMC sera administré par un conseil
d’administration de 13 membres, six
fondateurs désignés par le ministère et
six autres représentants des associations
de consommateurs, ainsi qu’un mem-
bre représentant le comité d’experts.
M. Chami a intimement lié la réussite
de ce Centre au niveau de mobilisation
de tous les acteurs et partenaires sus-
ceptibles d’appuyer cette démarche de
consolidation des droits des consom-
mateurs.
•AUTOMOBILE
Deux nouvelles
antennes Renault
Maroc à Casablanca
Casablanca représente plus de 40%
des ventes du marché toutes marques
au Maroc. A ce titre, Renault a lancé
un vaste projet de couverture de cette
région en termes de points de vente et
de service, venant suppléer la succur-
sale de la Place Bandoeng, qui a connu
un agrandissement en juillet 2009, ce
qui en fait la plus grande Succursale
Renault dans le monde. Aussi, l’en-
seigne Renault Maroc a-t-elle lancé
deux antennes de sa succursale à Aïn
Sebaâ et Sidi Maârouf.
Idéalement situées, ces deux antennes
servent la politique réseau de Renault
Maroc et visent à répondre au plus près
aux besoins des Clients de son réseau
Dacia et Renault à Casablanca, en
© Ph.DR
termes de vente, et particulièrement
en termes d’après-vente et de qualité
de service.
L’antenne de Sidi Maârouf, construite
sur une superficie de 1.545 m², est
dotée de deux show-rooms dédiés
aux deux marques représentent une
superficie globale de près de 330 m², et
permettant l’exposition des véhicules
de la gamme Renault et Dacia.
Les travaux réalisés par Renault Maroc
sur la Succursale et les deux antennes
de Vita- Aïn Sebâa et Sidi Maârouf
représentent un investissement de 11
millions de dirhams et ont contribué à
la création de 25 emplois directs.
 ECONOMIE
• NOUVEAU PROTOCOLE D’ACCORD MAROC-UE DANS LES DOMAINES AGRICOLE ET HALIEUTIQUE
Des gains substantiels
pour le Maroc
© Ph.DR
Aziz Akhannouch et Mouha Margui. Casablanca, le 17 décembre 2009.
En plus de l’assistance
technique, l’accord permet
au Maroc de protéger ses
filières agricoles sensibles et
de toucher une contrepartie
financière plus importante.
T rois ans d’âpres négociations ont été
nécessaires pour le Maroc afin d’abou-
tir à un accord bénéfique avec l’Union
européenne pour les produits agricoles
et de la pêche. Un accord dont les détails
ont été annoncés, non sans satisfaction,
par le ministre de l’Agriculture et des
Pêches maritimes, Aziz Akhannouch,
jeudi 17 décembre 2009 à Casablanca,
lors d’une conférence de presse. Il s’agit
de négociations qui avaient pour objet
«la révision des concessions sur les produits
40 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
agricoles, les produits agricoles transformés,
les poissons et les produits de la pêche de l’ac-
cord d’Association liant les deux parties»,
comme l’ont souligné les responsables
du ministère lors de la conférence. Le
procès verbal de ces négociations a été
paraphé le 14 décembre à Bruxelles par
le secrétaire général du département
de l’Agriculture, Mouha Margui, et le
négociateur en chef au nom de l’UE. Un
accord qualifié «d’étape importante» par la
Commission européenne.
Concernant le cadre global de l’accord,
M. Akhannouch a relevé que juste après
Les produits européens
bénéficieront d’une libéralisation
progressive sur 10 ans.
sa nomination au ministère, en 2007, il a
demandé aux négociateurs marocains de
ralentir la cadence des négociations: «On
devait en premier lieu avoir une visibilité
pour le secteur. Chose qui allait se concrétiser,
en avril 2008 avec le Plan Maroc Vert. Et
c’est sur la base des objectifs de ce plan que
nous avons accéléré les négociations avec les
Européens.»
Libéralisation
L’entrée en vigueur des nouveaux pro-
tocoles agricoles permettra au Maroc de
bénéficier d’une libéralisation totale en
faveur de ses produits agricoles dont des
produits phares tels que les oranges et
l’huile d’olive. Et d’avoir une contrepartie
financière très importante. Par contre, les
produits européens bénéficieront d’une
libéralisation progressive sur 10 ans, à
l’exception de 19 groupes de produits qui
ne font pas l’objet d’une libéralisation
complète.
Et là encore, la clarification de M. Akhan-
nouch renseigne surtout sur l’approche
globale du ministère d’une part, mais
également sur le volet social: «Je n’ai pas
le droit de défendre le principe de tout libéra-
liser. Parce qu’au Maroc, il y a l’agriculture
sociale. Et je ne peux pas me permettre de
sacrifier ce genre d’agriculture pour exporter
quelques kilogrammes de tomates de plus.»
Après le paraphe du nouveau protocole, il
ne reste plus que son adoption définitive
par les organes législatifs marocain et
européen. Une simple formalité. «Mais
on espère que cela intervienne le plus tôt pos-
sible», souligne M. Akhannouch.
N. Jouhari
 ECONOMIE

•LA POLITIQUE DE L’HABITAT À FAIBLE COÛT DU MAROC SALUÉE PAR LES MINISTRES ARABES
Une expérience pilote
L es ministres arabes de l’Habitat et de
l’Urbanisme ont salué, mercredi 23
décembre 2009 au Caire à l’ouverture
des travaux de leur 26ème conseil, l’expé-
rience marocaine en matière d’encoura-
gement des programmes de logements
à faible coût. «Cette expérience pilote sur
les plans continental et arabe doit servir de
modèle aux pays arabes», ont souligné les
ministres arabes lors de cette rencontre
à laquelle a assisté l’ambassadeur du
Maroc au Caire, représentant perma-
nent du Royaume à la Ligue arabe,
ment à faible coût et la lutte
contre les bidonvilles.
Lors des débats, plusieurs
pays arabes se sont déclarés
«intéressés»par cette expérience,
exprimant le souhait d’échan-
ger les expertises avec le Maroc
dans ce domaine.
La présentation de l’expérience
marocaine vient en prélude
à la préparation d’un méca-
nisme arabe visant à construire
ce genre de logements, pour

Mohamed Frej Doukkali. Présentant
l’expérience marocaine en la matière,
Youssef Soufiani, chargé de mission
au directoire du holding Al Omrane, a
mis l’accent sur les efforts déployés par
le Royaume pour la lutte contre tous les
aspects de l’habitat insalubre, ainsi que
les chantiers lancés dans ce domaine,
notamment ceux concernant le loge-
répondre aux exigences du déve-
loppement économique et social
dans la région arabe. Les discussions
seront, de même, axées sur les moyens
de combler le fossé entre l’offre et les
besoins en logements, les activités de la
Commission arabe unifiée de construc-
tion, les préparatifs pour l’organisation
des séminaires du Conseil des minis-
© Ph.DR
tres, ainsi que le développement du site
Web du Conseil conformément aux
résolutions du Sommet arabe pour le
développement économique et social.
R,N

•RÉUNION SUR LA GESTION ÉLECTRONIQUE DES DOCUMENTS À CASABLANCA

Partenariat entre Promeco Consult et Knowings
J amil Group et Knowings
ont réuni, mardi 22
décembre 2009, dans un
grand palace de Casablanca,
les experts comptables pour
une conférence traitant de la
GED (Gestion Electronique
des Documents).
Cette conférence avait pour
objet d’informer les cabinets
comptables de l’implantation
au Maroc, en partenariat avec
la société marocaine Pro-
Karim Jamil. meco Consult, filiale de Jamil
Group, de Knowings, société
française spécialisée dans les solutions GED. Ce partenariat
exclusif, qui s’étend territorialement aux pays du Maghreb et
du Moyen-Orient, permet à Promeco Consult de se positionner
désormais comme un acteur de taille pour les projets de gestion
électronique de documents avec les logiciels Knowings Colla-
borative ECM, Knowings KMS et Pack GED Profession Comp-
table. Le fonctionnement idéal du circuit de l’information a été
ainsi modélisé en collaboration avec un comité d’experts issus
de plusieurs cabinets de toutes tailles. Utilisant les dernières
technologies du Web 2.0 Pack GED Profession Comptable va
ainsi plus loin que les logiciels de GED traditionnels puisqu’il
intègre notamment: un accès Web permettant aux experts
comptables de déposer, consulter et accéder aux documents en
ligne, des fonctions de classement inédites, etc. et ce, en toute
sécurité grâce au respect des normes et obligations de la profes-
sion. Karim Jamil, directeur général de Promeco Consult nous a
précisé que la solution GED de Knowings peut être proposée aux
comptables, aux notaires, aux juristes et aux organismes publics
et privés en concession de Licence ou en mode SaaS (Software
as a Service); c’est-à-dire en location d’application hébergée,
mode qui dispense d’investissement tout en assurant une totale
sécurité dans la gestion documentaire.
I.N

N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 41

 ECONOMIE
•TÉLÉPHONIE
Une deuxième
licence 2G en
février 2010
S’exprimant lors de la séance hebdo-
madaire des questions orales à la
Chambre des Représentants à Rabat,
Ahmed Réda Chami, ministre de
l’Industrie, du Commerce et des
Nouvelles technologies, a affirmé,
mercredi 16 décembre 2009, qu’une
nouvelle licence de deuxième géné-
ration (2G) sera accordée à un 3ème
opérateur, à partir de février 2010,
© Ph.MAP
soulignant que cette mesure conduira
certainement à une baisse des tarifs
des services de téléphonie mobile.
M. Chami, qui a rappelé les baisses
© Ph.MAP
Ahmed Réda Chami.
des tarifs ayant concerné les
communications téléphoniques ces
dernières années, a indiqué que son
département a procédé à l’élabora-
tion d’une étude visant la réduction
des tarifs d’interconnexion durant
les 3 prochaines années dans le but
d’amener les opérateurs à baisser les
tarifs définitifs appliqués.
Concernant la facturation, l’Agence
nationale de Réglementation des Télé-
communications (ANRT) a procédé, en
2007, à l’analyse du système d’infor-
mations relatif à cette opération aux
niveaux des services de téléphonie fixe
et mobile, Internet et interconnexion,
a-t-il ajouté, soulignant qu’aucun écart
entre la période facturée et la consom-
mation réelle n’a été enregistré.
42 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
•BAISSE DE 1,6% DE L’IPC EN NOVEMBRE 2009
Les produits alimentaires
moins chers
novembre 2009 dans les
produits alimentaires concer-
nent notamment les “légu-
mes” avec 16,8%, les “fruits”
(-12,8%), les “huiles et grais-
ses” (-2,1%), les “viandes”
(-0,5%) et le “lait, fromages et
oeufs” (-0,4 %).
Cet indice a enregistré au
niveau des villes une régres-
sion de 3% à Beni Mellal, de
2,7% à Meknès, de 2,5% à Al
Hoceima, de 2,1% à Fès, de
2% à Tanger et Dakhla et de
1,9% à Marrakech.
L’ Indice des Prix à la Consommation
(IPC), le nouvel indicateur de l’infla-
tion qui remplacera l’Indice du Coût de
Comparé au même mois de l’année pré-
cédente, l’ICP a enregistré une baisse
de 0,7% au cours du mois de novembre
la vie (ICV) à partir du 1er janvier 2010, a 2009, qui résulte de la baisse de l’indice
accusé en novembre 2009 une baisse de des produits alimentaires (-2,3%) et de
1,6% par rapport au mois d’octobre, selon la hausse des produits non alimentaires
le Haut Commissariat au Plan (HCP). (+0,6%).
Cette variation est le résultat de la baisse La variation des produits non alimentaires
de l’indice des produits alimentaires de s’inscrit dans une fourchette allant d’une
3,7 % et d’une légère hausse de 0,1% de baisse de 4,4% pour les Communica-
l’indice des produits non alimentaires. tions, à une hausse de 3,8 % pour l’Ensei-
Les baisses observées entre octobre et gnement.
•LA REVUE FRANÇAISE PONTS ET CHAUSSÉES MAGAZINE
CONSACRE UN SPÉCIAL MAROC
La vision stratégique
du Royaume sous la loupe
I ntitulé Maroc Horizon 2020, ce spécial, coédité par l’Association des ingénieurs des
Ponts et Chaussées (AIPC) et Ponts Alliance (PA), vise à faire connaître la dynami-
que, l’excellence et l’efficacité dont font preuve les compétences marocaines.
Préfacé par Abdelaziz Meziane Belfkih, Conseiller de SM le Roi et ancien lauréat de
l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées de Paris, et coordonné par l’Amicale des
Ingénieurs des Ponts et Chaussées du Maroc (AIPCM), ce spécial a une vocation scien-
tifique et propose de détailler la vision stratégique du Royaume à travers une analyse
sectorielle pertinente et riche, à travers des articles écrits par des spécialistes marocains,
pour la plupart anciens lauréats de l’ENPC, ainsi que par les par ministres marocains,
qui y contribuent, chacun dans son domaine.
La cérémonie de présentation de cette revue a été marquée par la signature d’une
convention entre l’AIPC et PA et leur homologue marocaine AIPCM, dans le but de
promouvoir leur coopération et renforcer les liens franco-marocains de la communauté
des ingénieurs issus de la prestigieuse école parisienne des ponts et chaussées.
 •ABDELADIM LHAFI REÇOIT LUC GNACADJA
Une priorité, la lutte contre
la désertification
L e Haut commissaire des eaux et forêts
et à la lutte contre la désertification
Abdeladim Lhafi a reçu lundi 21 décem-
bre 2009 à Marrakech le Secrétaire
exécutif de la Convention des Nations
Unies sur la lutte contre la désertification
Luc Gnacadja. Saisissant cette occasion,
le responsable onusien a présenté les
grandes ligne de la stratégie décennale
2008 et 2018 qui servira de carnet de
•SELON L’ASSOCIATION DES AGENTS
DE VOYAGE BRITANNIQUES
Le Maroc, une destination
forte en 2010
S elon une estimation de l’Association des agents de voyage
britanniques (ABTA), datée du mardi 22 décembre
2009, le Maroc devrait figurer parmi les destinations les plus
attrayantes pour les touristes britanniques en 2010.
Le Maroc, l’Egypte et la Turquie «s’imposeront comme de fortes
destinations pour les Britanniques en 2010», a indiqué l’ABTA
dans son rapport Travel Trends (tendances des voyages).
Selon l’ABTA, les des-
tinations offrant des

© Ph.DR
route quant aux mesures à adopter pour produits uniques ou
endiguer l’évolution de ce processus. nouveaux réaliseront
Rappelons que l’ONU avait décrété des percées en 2010
2006 année des déserts et de la déserti- et la force de ces trois
© Ph.DR

fication pour tirer la sonnette d’alarme destinations s’expli-

quant à l’extension de ce phénomène que par les importants
Abdeladim Lhafi.
qui touche à 93% la superficie du Maroc investissements dans
à des degrés divers selon le Pr Monam- la construction d’hôtels
med Badraoui de l’Institut agronomique et vétérinaire de Rabat. de luxe et le renforce-
Selon un communiqué du HCEFLCD, M. Gnacadia a rappelé à ment des infrastructu-
cette occasion « les initiatives engagées pour favoriser la synergie res dont les aéroports
des trois conventions des Nations Unies ayant trait à la conservation et les réseaux routiers.
de la Biodiversité, aux changements climatiques et à la lutte contre «L’industrie du voyage a fait montre d’une résilience remarquable
la désertification en faisant référence, notamment aux décisions en 2009», indique Frances Tuke, porte-parole de l’ABTA,
pertinentes de la conférence des Parties tenue à Copenhague en ajoutant que les perspectives pour l’année 2010 semblent
décembre 2009 en matière d’adaptation aux changements clima- prometteuses, en particulier pour les destinations offrant un
tiques ». produit d’aventure.

•LES OPPORTUNITÉS AU MAROC PRÉSENTÉES AUX occasion, Pedro Patricio, directeur coordinateur de l’Agence
HOMMES D’AFFAIRES PORTUGAIS pour l’investissement et le Commerce extérieur du Portugal
(AICEP), a déclaré que «le Maroc, une économie émergente en
Les filons BTP, automobile Afrique, recèle un grand potentiel de développement», et a invité
les hommes d’affaires portugais à tirer profit des potentialités
et énergies renouvelables qu’offre le Maroc dans les domaines des BTP, de l’automobile
et des énergies renouvelables.

L es opportunités d’investissement
qu’offre le Maroc dans diffé-
rents secteurs d’activités ainsi que
Intervenant au nom de la banque
Millenium BCP, Felipe Felix a pré-
senté un exposé sur le système ban-
les projets d’infrastructures lancés caire marocain et les facilités qu’il
par le Royaume ont été présentés, accorde aux investisseurs étrangers
jeudi 17 décembre 2009 à Lisbonne, désireux de s’installer au Maroc et a
aux hommes d’affaires portugais annoncé que la ligne de crédit mise
lors d’un séminaire organisé sous en place au profit des entrepreneurs
le thème L’internationalisation des portugais sera portée de 200 à 400
entreprises portugaises: opportunités millions d’euros en vue d’encoura-
d’affaires au Maroc, à l’initiative de ger le partenariat économique avec
l’Association des entreprises de la le Maroc.
région de Lisbonne (AERLIS). A cette
© Ph.MAP
FINANCE
•Incertitude
CONJONCTURE
sur la
croissance économique
Le taux de croissance de
l’économie nationale devrait
se situer en 2009 entre 5% et
6%, avant de ralentir en 2010,
pour s’établir entre 3% et 4%.
Ce ralentissement interviendra
sous l’effet d’une moindre
contribution du secteur agricole
à la croissance économique.
L’activité économique
internationale a montré
quelques signes de reprise, mais
son évolution demeure entourée
d’importantes incertitudes. En
conséquence, l’output gap de
nos principaux pays partenaires
resterait négatif au cours des
prochains trimestres, continuant
ainsi d’affecter les performances
de l’économie nationale
principalement à travers les
canaux des exportations de
biens et services et des transfert.
•Produire
OCP
le minerai
à bas coût
Conformément à ses annonces
précédentes, l’Office chérifien
des Phosphates construira
ses deux pipelines. Le premier
reliera Khouribga à Jorf Lasfar
et le deuxième Benguérir et
Youssoufia à Safi. Après les
études et les expropriations
nécessaires, les travaux
du premier tronçon, d’une
longueur de 200 km, devraient
commencer à l’issue du premier
trimestre 2010 pour s’achever
à la mi-2012. L’OCP a pour
objectif de produire son minerai
à bas coût afin d’améliorer sa
compétitivité et développer
les exportations uniquement
à partir de Jorf Lasfar. Selon les
calculs de l’office, le transport
par pipeline coûtera environ 1
dollar par tonne au lieu des 7 à 8
dollars du ferroviaire.
© Ph.DR
• TABLE RONDE SUR LA PROMOTION ÉCONOMIQUE DU MAROC
Quel rôle pour les conseillers économiques
des ambassades du Maroc à l’étranger ?
de la diplomatie économique nationale en
vue de vendre l’attractivité des produits et
de promouvoir les exportations marocaines
sur les marchés internationaux. Pour M.
Horani, le rôle des ambassades au profit des
© Ph.DR
entreprises nationales s’inscrit dans le cadre
d’une mission plus globale de connaissance
et de suivi des pratiques du pays hôte, de
préparation du terrain, d’identification des
bons interlocuteurs, ainsi que d’interven-
tion rapide auprès de ces derniers en cas de
besoin. Pour sa part, le ministre chargé des
Affaires économiques et générales, Nizar
Baraka, a souligné le rôle important des
conseillers économiques dans la promotion
Mohamed Horani.
de l’économie nationale et des exporta-
L e président de la Confédération générale
des Entreprises du Maroc (CGEM),
Mohamed Horani, a appelé, lundi 21
tions. M. Baraka a rappelé les mesures pri-
ses par le Maroc en vue d’améliorer le climat
des affaires, citant la réforme de la justice et
décembre 2009 à Rabat, au renforcement la moralisation de la vie publique.
• LE FONDS MONÉTAIRE ARABE ACCORDE UN PRÊT AU MAROC
776 MDH pour la réforme
du secteur des finances
L e Fonds monétaire arabe (FMA) a accordé au Maroc un prêt d’une valeur totale de 772
millions de dirhams pour financer essentiellement les réformes structurelles dans le
secteur des finances. La convention relative à ce prêt a été signée, lundi 21 décembre 2009
à Rabat, par le ministre de l’Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar, et le directeur
général du FMA, Jassim Al Mannai. Ce financement vient compléter la série de prêts,
d’une valeur totale de 3 milliards de dirhams, octroyés au Royaume en 2009. Intervenant
lors de la cérémonie de signature, M. Mezouar a salué les interventions du FMA au Maroc
qui visent notamment à renforcer la stabilité économique et financière du Royaume. Il a
précisé que ce prêt reflète la confiance du FMA dans
l’économie nationale et sa capacité à faire face aux
effets de la crise économique internationale, rappe-
lant les mesures entreprises par le Maroc, dans ce
cadre, et qui ont concerné essentiellement le soutien
des réformes structurelles, les stratégies sectorielles
et l’accélération de la dynamique de croissance. Pour
sa part, M. Al Mannai a qualifié de sages toutes les
réformes structurelles entreprises par le Maroc pour
faire face aux répercussions de la crise internationale,
saluant, à cet égard, les mesures à caractère social
prises par le gouvernement.
Salaheddine Mezouar.
•FINANCES
RÉUNION AU MAROC DES EXPERTS DU CONTRÔLE DES
PUBLIQUES EN FÉVRIER
Pour une efficience des finances publiques
L a prochaine réunion de
l’Organisation Inter-
nationale des Institutions
Supérieures de contrôle
des finances publiques
(INTOSAI) et de la com-
munauté des bailleurs de
fonds aura lieu en février
à Marrakech, a fait savoir
le Premier président de
la Cour des comptes,
Ahmed El Midaoui, en
visite en Egypte. M. El
Midaoui, qui intervenait
lors des travaux de la 42è
session de l’organisation
arabe des institutions Ahmed El Midaoui.
supérieures d’audit (ARBOSAI) qui se tient
depuis dimanche au Caire, a relevé que
la réunion de Marrakech sera consacrée
à l’installation des membres du conseil
exécutif de cette instance et la création d’un
secrétariat général.
Dans ce sens, il a rappelé la signature à
Bruxelles en octobre dernier d’un accord
•45AMDI
milliards de
dirhams investis
pour plus de 20.000
entre l’INTOSAI et
la communauté des
bailleurs de fonds pour
emplois à générer
La commission des investissements
le financement de projets (CI) de l’Agence marocaine de déve-
visant le développement loppement des investissements
des compétences des (AMDI), dirigée par Fathallah Sijil-
institutions supérieures massi, a instruit en 2009, 56 projets
de contrôle des finances pour un montant global prévisionnel
publiques, particulière- de 45 milliards de dirhams devant
ment dans les pays en générer 20.139 emplois. En compa-
voie de développement. raison avec l’année 2008, le montant
Lors de cette réunion, M. des projets approuvés dans le cadre
El Midaoui, également de la CI a progressé de 20% tandis
Président de la commis- que le nombre d’emplois à créer a
sion stratégique Edifica-
tion et renforcement des
capacités à l’INTOSAI, a
rappelé les activités de cette instance durant
le dernier exercice, qui s’est caractérisé par
l’organisation d’un certain nombre de confé-
rences et de rencontres sur les moyens de
développer les mécanismes institutionnels
de contrôle des finances publiques, à travers
l’échange d’expériences en la matière sur le
plan international.

© Ph.DR
•PUBLICATION D’UN GUIDE SUR LE RENFORCEMENT
DES CAPACITES DES ISC
Un outil au service des professionnels Fathallah Sijilmassi.
progressé de 29%, indique l’agence
Un guide sur le renforcement des capacités des Institutions Supérieures de Contrôle des dans un communiqué rendu public à
finances publiques (ISC), fruit d’un travail collectif mené dans le cadre de la commission l’occasion de la tenue du conseil d’ad-
stratégique d’édification et de renforcement des capacités, vient d’être publié. Ce document ministration de l’AMDI, mercredi 23
s’articule autour de deux axes principaux à savoir le processus de renforcement des capa- décembre 2009, sous la présidence du
cités et les aspects-clés de ce renforcement, notamment en matière de méthodes d’audit, ministre de l’industrie, du commerce
de meilleures pratiques de bonne gouvernance et des modalités de collaboration avec les et des nouvelles technologies, Ahmed
partenaires-clés intéressés par les activités de contrôles (parlement, gouvernement, autorités Réda Chami.
régionales et locales, organismes contrôlés, instance de contrôle et d’audit interne, auditeurs Malgré la crise économique mondiale,
du secteur privé, associations professionnelles, bailleurs de fonds et médias). La première compte tenu de la bonne résilience de
partie du guide détaille le processus de renforcement des capacités, dont les étapes clés sont l’économie marocaine à la crise inter-
la détermination des capacités actuelles et des contraintes, le développement d’une stratégie nationale et des défis à relever pour
de renforcement des capacités, la mise en uvre de la stratégie, la mise à profit de l’expérience pouvoir saisir les opportunités créées
et le soutien des améliorations. La 2ème partie du guide examine les trois aspects-clés du par la perspective d’une reprise de
renforcement des capacités d’une ISC, à savoir la capacité d’audit professionnel, la capacité l’économie mondiale, le conseil d’ad-
d’organisation et la capacité d’interagir avec l’environnement extérieur. Ce guide a été conçu ministration a adopté le plan d’action
et élaboré au sein de la Commission stratégique d’édification et de renforcement des capa- 2010 présenté par Fathallah Sijlmassi,
cités par le sous-comité 1 en charge de «la promotion des activités des ISC», présidé par le directeur général de l’AMDI.
National Audit Office de Grande-Bretagne.

N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 45

 FINANCE

•LYDEC ANNONCE SES RÉSULTATS PRÉVISIONNELS 2009 ET 2010 •COOPÉRATION

Une hausse de 5% de son chiffre
d’affaires en 2009
cédent brut d’exploitation légèrement
plus faible ; - Et, une augmentation de
plus de 3% en 2010 du chiffre d’affaires
en ligne avec celle attendue de l’excé-
dent brut d’exploitation. Par ailleurs,
le Conseil a décidé de convoquer une
assemblée générale ordinaire dans le
but d’obtenir l’autorisation de procéder
à l’émission d’un emprunt obligataire.
© Ph.DR
Réflexion autour des
échanges entre les pays
africains francophones
musulmans
La 1ère réunion du réseau des organes
de promotion du commerce (OPC) des
Etats de la région d'Afrique Franco-
phone, membres de l'organisation de la
Conférence Islamique (OCI), a ouvert ses
travaux, mercredi 23 décembre, à Casa-

Au regard de l’importance des inves- blanca avec pour objectif de réfléchir

tissements à réaliser par Lydec, cette sur les perspectives du renforcement de

L e Conseil d’Administration de Lydec,

tenu lundi14 décembre 2009, vient
d’annoncer les résultats prévisionnels
dernière semble vouloir s’offrir une
solution alternative au financement
bancaire à travers une émission obli-
la coopération commerciale et écono-

2009 et 2010, qui se présentent comme gataire en 2010. Opération qui devrait,
suit : Une hausse de 5% du chiffre à priori, s’opérer sans grande difficulté
d’affaires à fin 2009, comparativement compte tenu de la qualité de signature
à fin 2008 et un accroissement de l’ex- de Lydec.

•SEMESTRIEL
LA COMPAGNIE LGMC AFFICHE UN CHIFFRE D’AFFAIRES
EN RETRAIT
Rebondissement prévu au second
semestre 2009
D ans un contexte caractérisé par la récession des économies des marchés à

© Ph.DR
l’export, LGMC affiche un chiffre d’affaires semestriel, à fin septembre 2009,
en retrait de 18,9% comparativement à la même période l’année précédente. Pour
sa part, le résultat d’exploitation régresse de 62,0%, en raison principalement de Abdellatif Maazouz.
la recrudescence des coûts des emballages métalliques (principaux intrants dans
l’activité de la conserve alimentaire), la compression des prix de vente à l’export et la mique entre ces pays. Intervenant lors
poursuite de la baisse du dollar américain (principale devise de commercialisation). de la cérémonie d'ouverture de cette
Par conséquent, la marge opérationnelle recule de 4,8 points à 4,2%. Par ailleurs, rencontre de deux jours, le ministre
le résultat financier enregistre une progression de plus de 50% profitant d’un bilan du commerce Extérieur, Abdellatif
de change positif suite à la constatation de gains de change au 30 septembre de Maazouz a souligné la nécessité de
l’exercice précédent. Au final et intégrant un résultat non courant positif, le résultat mettre en œuvre une nouvelle stratégie
net s’effiloche de 9% portant ainsi la marge nette à 4,7% en accroissement. En ter- pour relever les défis de l'ouverture et
mes de perspectives, le second semestre devrait s’annoncer favorable notamment répondre aux exigences de l'améliora-
suite à la reprise sur les marchés à l’export, la stabilisation des coûts des intrants, tion de la compétitivité de l'économie
un carnet de commande évalué à plus de 380 MDH et la poursuite des investis- nationale. Dans une allocution lue en
sements de LGMC dans ses équipements de production. Rappelons qu’en date son nom, le ministre a indiqué que les
du 17 décembre 2009, la société d’investis- entreprises exportatrices sont appelées
sement Mutandis SCA a pris le contrôle du plus que jamais à s'impliquer davantage
capital de LGMC à hauteur de 51%. Suite au dans l'action promotionnelle en relevant
dépôt, auprès du CDVM, d’un projet d’Offre notamment les chalenges de la mise
Publique de Retrait – OPR- visant les actions à niveau, de l'innovation, de la qualité
LGMC, la Bourse de Casablanca vient de pro- et de l'anticipation de la demande des
céder à la suspension de la cotation des titres marchés.
et ce, à partir du 21 décembre courant.
© Ph.DR
 FINANCE

•LE WALI DE BANK AL MAGHRIB FAIT LE BILAN DE L’ÉCONOMIE MAROCAINE FACE À LA CRISE
La vigilance ne doit pas se relâcher
La relance économique observée
est davantage liée aux politiques
gouvernementales plutôt qu’à la
reprise de la consommation. Si la
relance est bel et bien de retour, la
vigilance doit rester de mise à cause
de la vulnérabilité des marchés.
C’est ce qui ressort d’un point de
presse donné par le Wali de Bank al
Maghrib, Abdellatif Jouahri.

A l’occasion de la tenue de la réunion

trimestrielle du Conseil de Bank
al Maghrib, qui coïncide avec la fin de
l’exercice 2009, le Wali de cette insti-
tution, Abdellatif Jouahri, a convoqué,
mardi 22 décembre, les médias pour
examiner une série de questions tou-
chant la conjoncture internationale et
la prestation de l’économie marocaine
dans un contexte de fin de crise et de
relance. A cette occasion, M. Jouahri
a estimé dans son intervention que le
marché monétaire international «se
remet lentement mais sûrement des séquel-
les de la crise et qu’il est entré dans une
phase de normalisation et de stabilité». Il
a cependant pris le soin d’ajouter que si
la confiance reprend le dessus, la pru-
dence doit demeurer de rigueur du fait
que certains aspects restes «incertains
et fragiles».
Bilan
Le Wali a ainsi insisté plus d’une fois
sur le fait que la «relance constatée est
davantage imputable aux politiques publi-
ques initiées par les gouvernements, qu’à
la reprise de la consommation». Pour M.
Jouahri, les injections considérables de
fonds ont eu le don de creuser le déficit.
Ce qui revient à dire que les marchés
demeurent vulnérables et peuvent tou-
jours vaciller si la vigilance se relâche.
Dans le cas du Maroc, l’accent a été mis
sur le fait que l’économie du Royaume
est parvenue à tirer son épingle du jeu.
Ainsi, du fait de la tendance baissière
Abdellatif Jouahri. Le crédit bancaire maintient son «dynamisme».
des risques et des prévisions d’inflation
conformes à l’objectif de stabilité des
prix, il a été décidé de maintenir le taux
directeur à 3,25%. M. Jouahri. Situant le
taux de chômage au Maroc par rapport à
certains pays industrialisés notamment
avec ses deux principaux clients et four-
nisseurs, le Wali de Bank al Maghrib a
rappelé la situation alarmante de l’Espa-
gne avec 19%, celle de la France avec 10%,
alors que le Maroc s’en sort avec 9,8%.
Un chiffre à prendre toutefois avec cir-
conspection tenant compte du rôle consi-
dérable que joue l’économie souterraine
Les marchés
peuvent toujours
vaciller si la
vigilance se
relâche.
© Ph.DR
dans la société marocaine. Concernant
la croissance, elle devrait se situer entre
5 et 6% à l’heure du bilan définitif, alors
qu’elle devrait ralentir à 3 ou 4% l’année
prochaine, du fait d’un moindre apport
du secteur agricole.
Autre secteur clé, celui du crédit ban-
caire, souvent accusé de grever le bud-
get des contribuables, il maintient son
«dynamisme» avec une augmentation
de l’ordre de 10,7% en octobre 2009; au
lieu de 14,9% au troisième trimestre. Ce
qui tend à démontrer que la confiance
est toujours de mise dans ce registre au
Maroc, alors que dans d’autres pays le
resserrement des conditions d’octroi de
crédit est intervenu dans la foulée de la
crise financière internationale. Pour ce
qui est du tourisme, il a été souligné que
la tendance à la baisse observée lors des
deux premiers trimestres s’est atténuée
par la suite pour donner un chiffre global
de 7,1 millions de visiteurs. Prudence tou-
tefois: les touristes dépensent de moins
en moins, ce qui relativise l’embellie.
Ismaïl Harakat

N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 47

TECHNOLOGIE

• LE PLAYER STYLE AUX COULEURS DE CERRUTI •TABLETTES

Samsung persiste
dans le branding de luxe
P oursuivant sa politique de co-branding, Samsung pro-
longe le succès de son Player Style, en l’habillant, en
cette fin d’année, aux couleurs de Cerruti. Toujours aussi
fin et doté d’un écran tactile de 7 centimètres de diagonale,
l’appareil est livré avec une superbe housse en cuir à motif
chevron, à l’image du tissu emblématique de la maison de
couture. Le Player Style i Cerruti 1881 bénéficie également
de 15 fonds d’écran exclusifs. Pour le reste, on retrouve
l’équipement qui a contribué au succès du mobile: la
compatibilité 3,5G, le capteur photo 5 mégapixels, la radio
FM et les 194 Mo de mémoire interne extensible grâce
à un port MicroSD. Seul le Wi-Fi manque à la panoplie.
D’ores et déjà disponible, le téléphone est commercialisé
au prix de 479 euros, hors prime opérateur.
Livres électroniques:
Sony annonce des
ventes phénoménales
L’année 2010 sera-t-elle celle du livre électro-
nique? C’est possible, à en croire les déclarations
de Howard Stringer. Le PDG de Sony a qualifié
ses ventes de livres électroniques de «phéno-
ménales», sans pour autant donner de chiffres.
Howard Stringer a fait cette déclaration alors qu’il
annonçait, jeudi 17 décembre 2009, un accord
avec l’américain News Corp qui lui permettra
de proposer sur ses Sony Reader le Wall Street
Journal, MarketWatch et le New York Post. Ils
seront accessibles prochainement par abonne-
ment à partir du site Web dédié de Sony aux tarifs
mensuels de, respectivement, 14,99 dollars, 10,99
dollars et 9,99 dollars. Ces publications seront

•DAILYMOTION S’INSTALLE SUR L’IPHONE

Le meilleur de la vidéo web
sur le smartphone d’Apple
L es possesseurs d’iPhone et d’iPod
Touch peuvent désormais regar-
der plus simplement sur leur appa-
reil mobile les vidéos partagées sur
Dailymotion: l’application est dis-
ponible depuis lundi 21 décembre
2009 sur l’App Store. L’applica-
tion pour la plate-forme d’Apple est
disponible en deux versions: l’une,
gratuite, qui affiche des bandeaux
publicitaires et l’autre, facturée 4,99
euros, sans pub. On retrouve l’es-
sentiel du contenu publié sur le site
Web, à une exception près: la section
“Sexy” et les vidéos associées ne figu-
rent pas dans l’application (Apple
étant, on le sait, très frileux avec
les contenus à caractère érotique).
L’application donne aussi accès aux
séquences les plus vues, les mieux
notées et les plus récentes. En prime,
les titulaires d’un compte sur le site
peuvent accéder aux vidéos ajoutées
à leurs favoris. Ceux qui disposent
d’un iPhone 3G S peuvent égale-
ment poster directement dans l’ap-
plication les vidéos qu’ils ont filmées
avec leur smartphone.
commercialisées conjointement par les deux
partenaires. Sony, Amazon.com et Barnes & Noble
se testent respectivement pour voir qui prendra les
rênes du secteur des liseuses électroniques, chacun
renforçant ses produits de contenus exclusifs et
de fonctions supplémentaires. Et les spéculations
vont bon train sur un ordinateur de type tablette
qu’Apple aurait l’intention de lancer pour la clien-
tèle des livres électroniques. Alors qu’une certaine
effervescence entoure le Kindle d’Amazon,
considéré comme en pointe sur ce tout récent
segment, Sony pourrait choisir de se différencier
en augmentant la puissance de ces processeurs et
la qualité de l’affichage et en ajoutant des fonc-
tions supplémentaires. Etant donné la jeunesse du
marché du livre électronique, le patron de Sony se
veut cependant prudent en attendant d’évaluer
l’accueil du public.

• TRANSCEND LANCE UNE GAMME DE CLÉS
ULTRARAPIDES
Des vitesses d’écriture de
10 et 12 Mo par seconde
L es nouvelles clés USB de Trans-
cend se distinguent par leur
rapidité avec des vitesses annon-
cées de 32 Mo par seconde en lec-
ture et jusqu’à 18 Mo par seconde
en écriture.
Les modèles de 4 Go et 8 Go pos-
sèdent pour leur part des vites-
ses d’écriture respectives de 10
et 12 Mo par seconde. Hormis
leur vitesse, les Jet Flash 600
ont un design classique avec un
capuchon pour la protection du
connecteur USB. Les clés béné-
• L’IPHONE UTILISÉ SUR LES CHAMPS DE BATAILLE
One Force Tracker
suit l’ennemi à la trace
L e fournisseur d’équipements
aéronautiques et militaires
américain Raytheon a dévoilé
lundi 21 décembre 2009, une
application qui vise à exploiter
les technologies de l’iPhone, le
célèbre téléphone multifonc-
tions d’Apple, sur les champs
de bataille. Le logiciel One Force
Tracker (OFT) s’appuie sur les
capacités du téléphone à écran
tactile d’Apple en terme de loca-
lisation, internet à haut débit et
système de mesure de la vitesse
pour permettre aux soldats de
suivre sur une carte, en temps
réel, le mouvement de leurs alliés
et adversaires.
ficient du pack logiciel Jet Flash
Elite, mais il devrait être néces-
saire de le télécharger sur le site
du constructeur.
Ce pack offre des fonctions de sau-
vegarde et de chiffrement, ainsi
que la gestion du courrier électro-
nique, des mots de passe et des
favoris Internet (IE et Firefox). Les
clés ne pèsent que 8,5 g et sont
disponibles avec des capacités de
4 Go (15,90 euros), 8 Go (25,90
euros), 16 Go (48,90 euros) et 32
Go (105 euros).
«Nous avons mis au point une
application basée sur les standards
de la communication militaire qui
propose accès multimédia, mises
au point audio et écrites, SMS,
rapports, informations sur le ter-
rain, appels d’urgence», a déclaré
Tushar Patel, le directeur d’un
programme de recherche de Ray-
theon. Le logiciel, qui fonctionne
aussi avec l’iPod touch, le lec-
teur MP3 multifonctions d’Ap-
ple, pourrait être utilisé par les
urgences médicales, les pompiers
et tous les secours qui font face
à des situations de crise, selon
l’entreprise basée dans le Massa-
chusetts.
N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 49
TEXTO
POSTE
LES QUAD ÉLECTRIQUES REMPLACENT
LES SCOOTERS
La Poste a reçu lundi 21 décembre 2009 à Paris deux
quads électriques, les premiers d’une flotte de 100
destinés aux facteurs, pour la collecte et la distribu-
tion du courrier dans les zones urbaines, en rempla-
cement notamment des scooters.
«La Poste est la première entreprise française et la
seule Poste au monde à déployer massivement ce
type d’engins», a souligné l’établissement dans un
communiqué. L’objectif est d’en acquérir 3.000 à
terme, selon la même source.
Appelés Quadéos, ces 100 quads électriques,
commandés à Matra et Automobiles Ligier à l’issue
d’une consultation européenne, seront déployés
d’ici la fin février sur tout le territoire pour utilisa-
tion en zone urbaine, dont une quinzaine en Ile-de-
France.
DESIGN
UN MEUBLE TV TOUT-EN-UN
Même si pour un écran plat, l’accrochage mural est
de loin la solution la plus élégante, certains préfè-
rent utiliser un meuble audio-vidéo afin de pouvoir
y ranger tout leur attirail et de camoufler facilement
les câbles. König propose justement un astucieux
meuble adapté aux téléviseurs jusqu’à 117 cm. Le
HAV-MC100 abrite, en effet, deux enceintes sur sa
tranche supérieure et un subwoofer intégré dans
l’un de ses pieds. L’amplification est relativement
modeste (2 x 20 watts pour les deux enceintes
frontales et 40 watts pour le subwoofer). Pour se
faire plaisir dans une pièce à vivre, ce sera ample-
ment suffisant. Les pistes Dolby Digital et DTS sont
évidemment prises en charge et spatialisées en 2.1.
Mais il ne faudra pas s’attendre à des miracles de
ce côté-là ! Le HAV-MC100 dispose également d’un
tuner FM, d’un lecteur de CD et de DVD compatible
avec les formats MP3, WMA et MPpeg-4, mais aussi
d’un port USB et d’un slot pour cartes mémoire SD/
MMC, présents sous l’afficheur frontal. A l’arrière,
König a prévu une sortie HDMI et des sorties vidéo
analogiques (Composite, S-Vidéo, YUV) permet-
tant de connecter facilement son téléviseur. Notez
que les finitions sont noir laqué, que le système
embarque une fonction karaoké, que l’afficheur
frontal propose une horloge, une fonction réveil et
qu’il est livré avec une télécommande. Quant au
prix, il est fixé à 425 euros, ce qui est relativement
bas pour un tel dispositif.
 SOCIÉTÉ
• DEUXIÈME RENCONTRE DES MAROCAINES D’ICI ET D’AILLEURS À MARRAKECH
Quand la diaspora marocaine
se conjugue au féminin
Coïncidant avec la journée internationale des migrants, la 2ème édition de Marocaines d’ici et
d’ailleurs, organisée à l’initiative du Conseil de la Communauté marocaine à l’étranger, sous le
haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, s’est tenue les 19 et 20 décembre 2009 à Marrakech,
réunissant près de 400 femmes venues de 20 pays.
© Ph.MHI
© Ph.DR
Changer l’image stéréotypée dont souffrent les MRE.
L es migrants marocains à l’étran-
ger ont longtemps été considé-
rés, ailleurs, comme au Maroc,
comme des personnes non qualifiées,
des “z’magri” qui ont fui leur pays pour
des jours meilleurs et qui viennent au
Maroc pour passer quelques jours de
vacances estivales, période à laquelle le
Maroc leur porte grand intérêt car ils
sont alors considérés par les banques
comme une source de devises, et par
l’Etat comme un pourcentage de PIB à
50 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
fidéliser. Lors de la dernière décennie, le
Maroc a voulu changer cette conception
des Marocains d’ailleurs et a substitué le
terme de Marocains Résidant à l’Etran-
ger (MRE), au terme de Résidents Maro-
cains à l’Etranger (RME), privilégiant la
marocanité à la résidence.
C’est dans ce sens que le Maroc lance
des initiatives comme le Conseil de la
Communauté marocaine à l’étranger
(CCME), dont le président, Driss El
Yazami, aime à dire qu’il a pour mission,
notamment, de changer l’image sté-
réotypée dont souffrent les MRE, ainsi
que l’image que ces derniers ont de leur
mère patrie. Or, parmi les migrants, ce
sont les femmes qui sont sujettes aux
stigmatisations les plus acerbes, considé-
rées comme des immigrantes passives,
qui rejoignent leur mari par le regroupe-
ment familial et qui restent inactives, du
fait de leur analphabétisme.
Dynamique
Aussi, le CCME, dans sa lutte contre la
stigmatisation, a organisé, les 19 et 20
décembre 2009, la deuxième édition
de Marocaines d’ici et d’ailleurs, faisant
suite à la première rencontre du type,
qui, un an auparavant, avait permis
d’établir l’état des lieux des dynamiques
en cours, de favoriser les échanges d’ex-
périences des femmes de communautés
marocaines à l’étranger et de renforcer
les liens entre les unes et les autres. Cette
deuxième rencontre a été consacrée à la
Féminisation de la migration: Dynamiques
internationales et spécificités marocaines,
afin de mieux appréhender ce pan de
la migration marocaine et de parvenir
à formuler des propositions concrètes
permettant de contribuer à une politique
publique qui prendra en considération
les besoins et les attentes des Marocaines
du monde.
En amont de cette rencontre, le Groupe
“approche genre et nouvelles généra-
tions” du CCME a tenu plusieurs réu-
nions, qui ont permis de relever nombre
de difficultés de l’émigration féminine
marocaine contemporaine, dont la per-
sistance des préjugés ou des représenta-
tions sociales, la sous-représentation des riats”, organisé en marge du colloque marocaine au rang qu’elle mérite. Etu-
femmes migrantes dans l’agenda de la scientifique, se sont tenus trois ateliers diantes, avocates, professeurs, journalis-
recherche, la persistance des discrimina- thématiques sur les engagements civi- tes, magistrates, actrices des domaines
tions et l’absence ou la rareté de données ques, l’accès au droit et la lutte contre associatifs et culturels, artistes, élues…
statistiques sur la migration en général les vulnérabilités et les partenariats pour venues du Maroc, d’Europe, d’Afrique
et de données par sexe en particulier. le développement et la mobilisation des sub-saharienne, des pays arabes, des
En réponse à ce vide scientifique, le compétences. Un des débats les plus Amériques, ont fait connaissance, au
colloque de cette rencontre a réuni, pour animés a porté sur les femmes, voire sens premier du terme, qui consiste à
la première fois, plus de 30 chercheurs les jeunes filles, qui ont émigré dans les naître avec. Elles sont en effet toutes nées
marocains et 8 chercheurs étrangers, pays du Golfe, et qui restent invisibles avec leur marocanité et ont partagé leur
spécialistes de la migration féminine dans les statistiques officielles. expérience sur ce sujet. Faisant fi de la
marocaine à travers le monde, pour faire psychose de la grippe porcine, ces fem-
le premier état des lieux scientifique Débats mes, belles et souriantes, une richesse
jamais réalisé sur cette thématique. Les différents débats permettront par pour notre nation, se sont fréquentées
Parmi les intervenants, Abdeslam Mar- la suite d’enrichir les propositions du de près, liant amitié et complicité, pro-
fouk, professeur à l’Université Catholi- CCME, qui a pour mission de formu- mettant de revenir l’an prochain et de
que de Louvain (membre de l’Institut de
Recherches économiques et sociales),
a exposé les résultats d’une étude pré-
sentant les femmes comme étant une
composante majeure de la communauté
marocaine résidant à l’étranger. Il a
mis fin à divers clichés en démontrant
Des femmes
qu’une proportion significative de fem-
mes émigrent de façon indépendante,
animées par
qu’elle représentent près de la moitié
des migrants et que, selon la 7ème loi
le même
qui gouverne la migration humaine: les
femmes migrent plus que les hommes.
patriotisme
A cela, il a ajouté que les migrantes
marocaines sont qualifiées et que 35%
et l’envie
d’entre elles sont titulaires, au moins, du
baccalauréat.
d’élever
Clichés
la femme
Il a également démontré que les trans- marocaine au
© Ph.DR
ferts des MRE constituent à eux seuls, en
2008, 9% du PIB marocain et que 11%
de la population marocaine vit au sein
rang qu’elle
d’un ménage qui bénéficie de transferts
de revenus des MRE. Or par comparai-
mérite.
son aux hommes, les femmes migran-
tes transfèrent plus d’argent vers les
pays d’origine, en pourcentage de leurs Driss El Yazami, président du CCME.
revenus, elles envoient de l’argent plus
souvent et sur de plus longues périodes, ler des recommandations et d’assurer continuer à œuvrer dans le sens du trait
et des montants significatifs et les trans- le suivi des politiques publiques du d’union qui les unit, à la fois à leur pays,
ferts de revenu des femmes MRE béné- Royaume concernant la communauté mais aussi entre elles. Le rendez-vous
ficient positivement à la scolarisation marocaine établie à l’étranger. est donc d’ores et déjà lancé pour le mois
des enfants des familles bénéficiaires et La rencontre, un véritable réseau de de décembre 2010, pour enrichir, une
permettent aux mères de familles d’envi- réseaux, a réuni 400 femmes, de fois encore, la dimension de l’approche
sager une activité libérale. divers horizons, animées par le même genre de la migration des Marocaines.
Dans l’espace “échanges et partena- patriotisme et l’envie d’élever la femme Dalal Saddiqi

N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 51

SOCIÉTÉ

• DE FORTES PLUIES S’ABATTENT SUR DIFFÉRENTES RÉGIONS DU MAROC

A-t-on retenu la leçon
de l’année dernière ?
Les pluies sont au rendez-vous
à l’occasion du début officiel de
l’hiver. Pour l’instant, il n’y a pas
de dégâts importants, hormis
la flambée des prix de certaines
denrées et on espérer que les
leçons de l’année dernière ont
été retenues.

L e déluge est de retour. Même si,

pour l’instant, il n’y a pas de dégâts
majeurs à déplorer, contrairement à
ce qui s’est produit l’année dernière,
des perturbations importantes ont
été constatées au niveau de certains
axes routiers comme à Chefchaouen,
Tanger, Larache et Essaouira. Ce qui

signifie que c’est le Nord qui écope une
fois de plus. A Tanger, des artères prin-
cipales se sont converties en fleuves
improvisés rendant périlleuse la traver-
sée de la chaussée, alors que les routes
Tanger-Sebta et Tanger-Tétouan, de
par la nature friable du sol menacent à
tout moment de glissements de terrain.
Entre Rabat et Casablanca, le matériel
onéreux de la société ayant en charge
l’agrandissement de cet axe autoroutier
ont été transportés par les crues, ce qui
implique des frais supplémentaires
pour la remise en état.
Flambée
Si, globalement, il n’y a pas eu de
dégâts considérables à déplorer pour le
moment, le souvenir de l’année dernière
est toujours vivace dans nos esprits. La
zone industrielle de Mghogha à Tanger
notamment avait particulièrement pâti
du déluge, ce qui a entraîné, outre les
dégâts matériels considérables, des per-
tes d’emploi pour plusieurs centaines
d’ouvriers.
A Casablanca, plus de dix personnes ont
52 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
été blessées dans l’effondrement, mardi
22 décembre, de deux immeubles vétus-
tes dans l’ancienne médina, au quartier
Arsat Ben Slama, relevant de la préfec-
ture de Casa-Anfa, à la suite des fortes
précipitations qui se sont abattues sur
la métropole durant toute la journée du
lundi, ayant atteint les 44 mm.
Pour l’instant, fort heureusement, le
scénario de la saison précédente ne
Des familles qui
s’entassent dans
des bidonvilles
dont l’étanchéité
est mise à rude
épreuve.
© Ph.MAP
s’est pas produit, mais nous n’en som-
mes qu’au début de l’hiver et les risques
de dégâts autrement plus importants
occasionnés par la pluie ne sont pas à
écarter. La bordée de ces derniers jours
aura quand même laissé des traces: Les
prix des fruits et légumes ont flambé de
façon vertigineuse puisque la récolte et le
transport sont perturbés.
Au milieu de ces aléas climatiques, il faut
d’abord avoir une pensée et des gestes
pour les milliers de familles marocaines
qui s’entassent toujours dans des bidon-
villes dont l’étanchéité est mise à rude
épreuve en hiver. Quant aux secours,
on ose espérer que les leçons de l’année
dernière ont été retenues et que l’organi-
sation rimera avec promptitude dans la
mesure où les enfants et les personnes
vulnérables sont les premiers exposés.
Ismaïl Harakat
•130 RÉSEAUX D’ÉMIGRATION À DES FINS DE PROSTITUTION DÉMANTELÉS EN 2009
Un cercle vicieux qui n’en finit pas
L e 19 décembre 2009, le sujet a fait
l’objet de longs débats au Parle-
ment. Il a été question de la traite des
blanches, le trafic humain à des fins
mercantiles, dans le cadre de réseaux
structurés de prostitution impliquant
même des enfants. Ce n’est pas là un
phénomène nouveau. On le sait, de
nombreuses femmes marocaines exer-
cent le métier de prostituée en Europe et
dans les pays du Golfe. Leurs conditions
de vie, selon plusieurs témoignages,
sont inhumaines. Pressions, menaces,
qui sont vulnérables et exposées à
différentes formes de pressions et
de violences.»
Par ailleurs, le ministère de
l’Intérieur a révélé qu’il a
démantelé en 2009, 130
réseaux de traite des person-
nes y compris des femmes
et des enfants. Mais pour les
autorités marocaines, beau-
coup de travail reste à faire car
les réseaux en question sont de
plus en plus structurés et il est

violences physiques, c’est un cercle
vicieux qui n’en finit presque jamais.
Sauf quand le miracle se produit et que
la femme trouve une porte de sortie
pour revenir au Maroc. C’est ce qui
fait dire à Nouzha Skalli, ministre du
développement social, de la famille et
de la solidarité (MDSFS): «Nous sommes
particulièrement préoccupés par les diffi-
cultés et les problèmes de Marocaines qui
ont émigré dans des conditions difficiles ou
© Ph.DR
difficile de leur mettre la main
dessus.
D’où la création d’une com-
mission dédiée à la lutte contre ces
réseaux: «La problématique de la pro-
tection des jeunes migrantes marocaines,
qui, bien souvent, émigrent avec des cartes
d’artistes, contre les réseaux de prostitution
est aujourd’hui l’objet du travail d’une
commission technique qui fait converger les
efforts de plusieurs ministères, au sein du
ministère de l’Intérieur et de la direction
de la migration. Cette commission, en plus
du ministère des Affaires étrangères et du
MDSFS, regroupe le ministère de l’Emploi
et celui de la Culture. Elle travaille sur la
mise en place d’un plan d’action en vue de
protéger les femmes migrantes.»
A.N

•RENCONTRE À RABAT SUR LES ENFANTS ATTEINTS DE SIDA

Améliorer la prise en charge
U ne rencontre d’études sur les droits de l’enfant atteints ou
porteurs du VIH/Sida au Maroc s’est déroulée, jeudi 19
décembre à Rabat, à l’initiative de l’association Soleil pour le
soutien des enfants affectés et infectés par le VIH/Sida.
Les débats sur le sida au Maroc ont toujours marginalisé l’aspect
lié à l’enfant. D’où l’intérêt de cette rencontre, organisée à l’occa-
sion de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le
Sida. «Elle vise à contribuer à la sensibilisation au VIH-Sida et à la
prévention de la transmission de cette pandémie à la mère à l’enfant
et à faire valoir le droit de l’enfant à la scolarisation et à la protection
médicale et sociale.» Surtout que, selon
les dernières déclarations du ministère
de la Santé et des associations de lutte
contre le sida, les enfants payent un
lourd tribut à cette maladie. Cette ren-
contre a aussi été l’occasion de contri-
buer à trouver des solutions adéquates
en matière des droits de l’enfant atteint
ou porteur de ce virus et de proposer des recommandations en
la matière. Parmi les objectifs visés, le plus urgent est «d’échanger
les expériences entre les spécialistes marocains et leurs homologues
étrangers dans le domaine de la protection des enfants atteints du
VIH/SIDA ou ceux qui vivent dans une famille où l’un de ses
membres en est également atteint.» Dans ce sens, il faut trouver les
moyens d’améliorer la prise en charge de cette catégorie sociale
et consolider les efforts susceptibles d’élever le niveau de médi-
calisation sans omettre la prévention de cette épidémie chez les
enfants. D’ailleurs les spécialistes ont précisé que les obstacles,
qui empêchent certains enfants
atteints de ce virus de bénéficier des
soins, résident notamment dans la
carence en matière d’équipements
pour identifier cette maladie chez le
nourrisson et le manque d’aide des-
tiné aux enfants atteints ou porteurs
de ce virus. A.N
 SOCIÉTÉ
• DES PROJETS POUR PLACER FIGUIG SUR LES RAILS DU DÉVELOPPEMENT
De l’enclavement
au décollage économique
© Ph.DR
Enclavement, chômage,
carences infrastructurelles…
la réalité de Figuig est
inversement proportionnelle à
ses atouts. Mais les prémices
du changement sont là. Etat
des lieux et perspectives d’une
région riche en ressources.
D e toutes les villes marocaines, Figuig
figure parmi celles qui pâtissent le
plus de l’enclavement. Distante de plus
de 300 kilomètres d’Oujda, grande ville
la plus proche, cette localité, où sévit par
ailleurs une sécheresse permanente, est
donc particulièrement enclavée.
Facteur aggravant par rapport à d’autres
provinces présentant les mêmes carac-
téristiques climatiques et socio-écono-
54 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
miques, Figuig connaît un véritable
dénuement infrastructurel. De plus,
jusqu’à il y a très peu de temps encore, on
ne pouvait tout simplement pas passer la
nuit à Figuig faute d’hôtels et de restau-
rants. Un gâchis touristique pour l’oasis
ceinturant cette charmante petite ville.
La visite royale effectuée le 10 décembre
2009 à Figuig est de nature à donner un
sérieux coup de fouet à la province, avec
comme objectif à moyen et long termes
d’inverser le flux migratoire pour tirer
profit des potentialités de la région. Ainsi,
Le besoin en infrastructures est un
filon à exploiter, notamment sur le
plan touristique.
le Programme national de sauvegarde
des oasis et la mise en place d’une agence
nationale pour la protection des oasis ne
peut que placer cette partie du pays sur les
rails du développement.
Filon
La visite royale a donc constitué une occa-
sion pour se pencher sur des aspects
longtemps ignorés, notamment la mise
à niveau urbaine à travers l’injection d’un
fonds de 445 millions de dirhams com-
prenant toute la province et qui profitera
à 130.000 habitants. Par ailleurs, pour
en finir avec un vide culturel accablant, le
Souverain a inauguré une Maison de la
Culture de belle facture. C’est que la prise
de conscience commence par le savoir et il
ne saurait être question de développement
sans connaissance.
Pour le secteur agricole, en plus de la
distribution de matériel au profit des
paysans, la promotion de la palmeraie
bénéficie d’une injection de 450 millions
de dirhams. Ainsi donc, Figuig bénéficie
d’un volume d’investissements sans pré-
cédent et qui aura pour impact principal
la création de l’emploi, principale lacune
de la région.
En attendant l’entrée en vigueur de tous
ces projets, on peut estimer que le besoin
en infrastructures est un filon à exploiter,
notamment sur le plan touristique. Le
foncier, bien que souvent non titré, est
situé à des années lumière par rapport aux
prix pratiqués à Rabat ou à Casablanca, ce
qui constitue une aubaine pour d’éven-
tuels investisseurs.
Ismaïl Harakat
 SOCIÉTÉ

• LE PROJET DE LA CITÉ DES SCIENCES DE TANGER FACE À LA CRISE DU FONCIER

De la volonté
pour un passage à l’acte
Le temps de trouver un terrain
d’entente quant à l’emplacement
en ces temps de rareté du
foncier, et Tanger abritera une
Cité des sciences d’envergure.
Explications du Professeur
Mohamed Semlali, président de
la Fondation Sigma, initiatrice du
projet.
et à la question cruciale de la prise de
conscience quant à l’impact du projet.
Loin de se décourager, le Pr Semlali
précise qu’il «n’y a aucune raison pour que
Tanger ne dispose pas d’une Cité des sciences
répondant aux standards modernes et en
phase avec les mutations technologiques
que connaît le monde d’aujourd’hui. C’est
important pour l’éveil des enfants puisque
les découvertes et les explications fournies
sur place ont le don de tenir le public en
haleine». Dans le sillage des démarches
entreprises pour concrétiser ce projet et
sur demande de la Direction des sciences
de l’UNESCO, Walter Stavlos, directeur
général de l’Association européenne
des centres des sciences (ECSITE), et
le Pr Tahar Gallali, réalisateur et direc-
teur général de la cité des sciences de
Tunis se sont rendus au Maroc en 2004
et en 2005 pour préparer un rapport
sur la «faisabilité d’une cité des sciences à

L es préparatifs vont bon train pour

qu’une Cité des sciences voie le jour
à Tanger dont le coût est estimé à 27 mil-
lions d’euros (300 millions de dirhams),
d’après le rapport de l’UNESCO, basé
sur l’étude sur la faisabilité dudit projet,
affirme Mohamed Semlali. Pour ce Doc-
teur d’Etat en physique de l’Université
Louis Pasteur de Strasbourg et titulaire
d’un Master en physique de l’Université
d’Etat de Moscou, «la concrétisation de cet
objectif dépend d’une volonté politique, au
même titre que les moyens, et c’est la raison
pour laquelle l’idée d’invoquer l’interven-
tion de Sa Majesté le Roi pour débloquer la
situation n’est pas à exclure».

Obstacles
Au départ, les artisans de ce projet ambi-
tieux cultivaient une ambition plus
modeste: celle de doter Tanger d’une
cité des sciences à vocation régionale
profitant essentiellement à la Zone Professeur Mohamed Semlali. Le message n’a pas été reçu par les responsables marocains.
Nord, et ce, en partenariat avec l’Uni-
versité Abdelmalek Essaâdi de Tanger- Tanger». Lors de la présentation de ce
Tétouan. Mais au fur et à mesure que rapport à Tanger en février 2006, le Dr
le projet avançait, plus rien n’empêchait
de conférer à la future construction La concrétisation Mustafa El Tayeb, directeur des sciences
à l’UNESCO, affirmait sa disposition à
une dimension nationale. Le budget
prévisionnel de 27 millions d’euros en de cet objectif accompagner la Maroc dans cette réali-
sation. Malheureusement, le message
témoigne.
Problème: le foncier à Tanger est devenu dépend d’une n’a pas été reçu par les responsables
marocains, et le manque d’une volonté
plus difficile à trouver qu’une aiguille
dans une meule de foin, ce qui ajoute volonté politique. politique ramène le discours de la Fon-
dation Sigma à des vœux pieux.
aux obstacles d’ordre bureaucratique Ismaïl Harakat

N° 765 DE 2 AU 8 NOVEMBRE 2007 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 55

PORTRAIT
Rita Saher, pianist

Une virtuose m
Avec sa prestation parisienne du
11 décembre au Musée de l’Armée,
Rita Saher semble désormais
prendre le chemin de la célébrité
et de la gloire mondiales.

T out semble réussir à Rita Saher, cette

jeune pianiste marocaine au talent
immense. Elle a conquis récemment
le cœur d'un public parisien, ravi et
enchanté. C'était lors d'un concert mémora-
ble et époustouflant, qui a eu lieu vendredi
11 décembre 2009, au grand d’honneur des
Invalides à Paris, sous l’égide de l’Ambassade
du Maroc en France, auquel avaient assisté
plusieurs personnalités marocaines et fran-
çaises, notamment El Mostafa Sahel, ambas-
sadeur du Maroc en France, Rachida Dati,
euro députée d'origine marocaine et ancienne
garde des Sceaux, et le général Robert Bresse,
directeur du Musée de l'armée. L'admiration
de ce public, qui était aussi constitué de fans et
de connaisseurs du piano, pour Rita Saher et
ses performances musicales, était telle qu'un
énorme tonnerre d'applaudissements a retenti
dans la salle.

Prestation
La jeune pianiste gardera alors de cet instant
inoubliable un souvenir immense. Radieuse,
sûre d'elle, et sereine, cette virtuose du piano,
qui est déjà une concertiste internationale
confirmée a su conquérir le public, par des airs
puisés dans les répertoires de grands noms
de la musique tels Frédéric Chopin et Isaac
Albeniz. Ses doigts en or, longuement entraî-
nés pour jouer une excellente musique,
ont donné à ses airs une mélodie nettement
plus belle et plus agréable. Avec sa prestation
parisienne, qui sera certainement gravée dans
les annales du Musée français de l'armée,
ce haut lieu de la culture militaire française,
dont les murs sont magnifiquement ornés
de tableaux d'art authentiques, l'on peut dire
aujourd'hui que Rita Saher semble désormais

56 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009

e professionnelle

arocaine à Paris
prendre le chemin de la célébrité et de la gloire. Rita est en tant comprenant Albaïcin de I. Albeniz (quarter Gitan
effet la première femme et artiste marocaine et africaine à de Grenade, qui tire son nom de l’Arabe Al Baïcine) et le
jouer au Musée Français de l'armée, après avoir été sélec- Fandango del Kandil de Granados, et une majestueuse et
tionnée pour faire partie du programme des concerts que fougueuse interprétation de la transcription de la Danse
le ProQuartet, structure musicale unique en Europe, vient du feu de Falla (initialement écrite pour orchestre). Rita
de lancer pour révéler de nouveaux talents. considère que cette musique Espagnole est la meilleure
Tout en se disant fière de représenter le Maroc à cette preuve de la richesse du métissage culturel arabo-espanol.
grande manifestation culturelle, cette artiste marocaine, Malgré son établissement à Paris, essentiellement pour
installée à Paris depuis plusieurs années, déclare se perfectionner sa formation dans le piano, Rita, qui reste
consacrer corps et âme au piano, qu’elle considère, désor- très attachée à son pays et pour lequel elle déclare vou-
mais, non seulement comme une passion, mais comme loir travailler pour son rayon-
une profession à part entière. DATECLÉ nement à l'international, a
donné plusieurs concerts au
Succès 1984 : Naissance à Casablanca Maroc.
Avec l'appui de son père et de sa mère, femme sensible, au 2000 : Obtention de « Le piano, comme tous les
caractère bien trempé qui est aussi son grand soutien, ce Baccalauréat. autres instruments de musi-
dont elle est très fière, cette jeune marocaine (25 ans), élé- 2004 : Licence en piano à que, n'est pas facile à domp-
gante, aux yeux pétillants, qui arbore toujours un sourire l’école normale Alfred Cortot ter ni à maîtriser et nécessite
charmeur, ne manque pas de tact ni de modestie quand 2008 : Concert au centre un travail soutenu et sans
elle déclare ne pas avoir la prétention de devenir une culturel Touria Sekkat. relâche », aime-t-elle à répé-
ambassadrice du Maroc dans le domaine de l'art et de la 11 décembre 2009 : Concert ter. Lauréate de l'école nor-
musique, mais plutôt contribuer, avec d’autres, à donner au Musée de l’Armée à Paris male Alfred Cortot, de Paris,
une image positive, de cette jeunesse marocaine, qui n’a l'une des plus prestigieuses
cessé d’investir, souvent avec brio, différents domaines écoles du monde, où elle a
aussi bien culturels, artistiques que scientifiques. été admise après son baccalauréat en 2001. Un privilège,
Le récital donné par Rita à Paris s’articule autour de deux qui lui a certainement ouvert les portes du succès, mais
parties, fortement apprécié, a été la preuve, si besoin en son travail acharné, son obstination à exceller dans sa
était de l’épanouissement et l’émancipation de la jeune discipline, et sa force de caractère ont aussi construit sa
femme marocaine. La première partie dédiée exclusive- réputation. Et la place qu'elle occupe aujourd'hui sur la
ment à Chopin a permis au public présent, de faire un scène musicale nationale et internationale.
voyage dans le monde riche du compositeur entre dou- Le piano, Rita y consacre tout son temps et ce depuis l'âge
ceur et sensibilité, que Rita a rendu fidèlement en inter- de sept ans. A l'excellente éducation que lui ont inculquée
prétant nocturne et ballade, et la force et la violence de ses parents et la formation rigoureuse qu'elle reçue à
l’Andante Spianato et Grande Polonaise, œuvre de matu- Paris, Rita Saher s'achemine doucement mais sûrement
rité grandiose où Rita a fait preuve d’un immense talent vers ce qu'elle veut devenir : une artiste marocaine enga-
de virtuose. La deuxième partie consacrée à la musique gée qui veut marquer par ses empreintes indélébiles le
Espagnole des trois grands mentors : Albeniz, Granados paysage artistique national et se hisser au niveau inter-
et Manuel de Falla. Répertoire pour piano difficile et rebu- national.
Aissa Amourag

Rita a dû renoncer à son enfance

pour sa passion musicale.
N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 57
SOCIÉTÉ

BRÈVES •BOUCHRA OUIZGEN, DIRECTRICE DE LA COMPAGNIE ANANIA

Rencontre
Strasbourg découvre
L’universalité du discours
coranique
La 2ème rencontre annuelle sur le
Saint Coran de Strasbourg (Nord-
Est de la France) s’est déroulée les
19 et 20 décembre 2009, sous le
thème L’universalité du discours
coranique. Initiée par l’Association
de la Grande Mosquée de
Strasbourg, en partenariat
avec le Rassemblement des
Musulmans de France (RMF), cette
rencontre a connu la participation
notamment de conférenciers et
de psalmodieurs venus du Maroc,
d’Egypte et du Koweït. Un Salon du
livre autour du Coran a également
été organisé par le ministère des
Habous et des Affaires islamiques.
Cette manifestation a été
initiée avec la contribution de
“J’ai voulu rendre un nouveau
visage aux chikhate”
La Compagnie de danse
contemporaine Anania s’est
produite aux abattoirs de
Casablanca, le samedi 19
décembre 2009, où elle a présenté
son spectacle Madame Plaza,
dans le cadre L’appel de l’Aïta,
à la rencontre des chikhates, et
a mis le public dans un état de
liesse.
Maroc Hebdo International: Parlez nous de
votre dernier spectacle, Madame Plaza…
Bouchra Ouizgen: C’est la 5ème création
après Ana Ounta, Mort et Moi, Déserts,
désirs et Aïta. J’ai voulu dans ce spectacle

la Fondation Hassan II pour les
Marocains résidents à l’étranger
(MRE), qui a dépêché une
délégation de Madih et deux
psalmodieurs.
Écologie
Nomade débarque à
Copenhague
Après Rotterdam en avril 2009 et
Rabat en juin, le roman Nomade,
de Youssouf Amine Elalamy est
au Black Diamond, la Bibliothèque
Royale de Copenhague, au
Danemark, en versions arabe et
anglaise, et ce jusqu’au 9 janvier
2010. Pour rappel, Nomade est un
roman inédit que l’auteur a choisi
de donner à lire sous la forme d’une
installation littéraire. Entièrement
manuscrit, le roman décrit un
parcours à l’intérieur même de la
Bibliothèque Royale, transformant
le visiteur en un véritable nomade.
Cet événement est organisé
en marge de la conférence
internationale sur le
réchauffement clim atique.
58 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
faire autre chose, procéder à un change-
ment radical, j’étais saturée par la répéti-
tion du monde contemporain, j’ai été à la
rencontre des chikhates. J’ai été subjuguée
par la musique, par leur marginalité et leur
combat pour préserver leur culture, mais
surtout par leur esprit libre. Le montage du
spectacle fut un long processus de création
pour enfin arriver à mettre des corps sans
beauté esthétique.
A donner le meilleur d’elles-mêmes, c’est-
à-dire envahir l’espace scénique par le
passage de la déconstruction de leur corps
rural, leur voix, leur vécu de femme, leurs
désirs, leurs espoirs dans une mise en
scène, la plus épurée possible, pour ne
voir que leur corps entre le sublime, la
souffrance, l’agonie et la folie.
Comment avez-vous abordé la folie?
Bouchra Ouizgen: La folie n’est-elle pas
un excès d’intuitions, d’intelligences, de
bon sens dans une communauté prête à
la recevoir, sans préjugés? Cette question
récurrente revient dans toutes mes pro-
ductions et je l’ai explorée dans Madame
Plaza.
Comment faire de la danse s’il n’y a pas
un hors soi, prêt à exploser, prêt à faire
devenir un autre être humain, c’est-à-dire
© Ph.DR
Bouchra Ouizgen.
un artiste, en re-questionnant le rapport
avec son moi, avec le monde, tout n’est que
travail intérieur afin de créer l’impossible
douleur qui nous habite.
Le corps n’est plus affaire de beauté,
comment avez-vous dépassé ces corps
sans corps de danseuses, quels chemins
expérimentaux?
Bouchra Ouizgen: Au-delà du thème
chikhates, des femmes japonaises, malien-
nes, des marocaines, ce que j’ai voulu, c’est
de les faire devenir des artistes complètes,
sachant danser, chanter, métamorphoser
leur corps, le tordre, le rendre immobile,
statique. J’ai désiré mettre en valeur ce
que l’on méconnaissait d’elles. La collabo-
ration d’Yves Godin et de Hamid Ferjad a
permis de fuir toutes les formes de clichés,
On aurait pu les éclairer avec un bain
de lumière de cabaret, le contraire a fait
jour, j’ai défait, brûlé un mauvais mythe,
il fallait leur rendre un nouveau visage,
surprendre, voilà ce que je voulais dire aux
spectateurs. Propos recueillis par
Françoise Benomar
 SOCIÉTÉ

• DES DESIGNERS MAROCAINS EXPOSENT À EL JADIDA DES • EXPOSITION

OEUVRES D’ART INSPIRÉES DES SAPINS DE NOËL L’invisibilité
Les boules de couleurs et de lumières de l’art
C’est à l’Atelier 21 à Casablanca que

“L es Sapins de Noël’’ vus par des designers marocains est le thème d’une exposition
initiée par Mazagan Beach Resort, en partenariat avec le magazine Maroc Premium,
et qui se poursuivra jusqu’au 5 janvier à El Jadida. Marie Béatrice Lallemand, président
l’artiste peintre Fouad Bellamine
expose ses oeuvres à jusqu’au 16
janvier 2009.
directeur général de Mazagan Beach Resort a précisé «que ces designers, Karim Alaoui, Réda Peintre très curieux, Fouad Bella-
Bouamarani, Mahid Naïm et Sophia Tazi ont créé 4 sapins de Noël, qui constituent de véritables mine, natif de Fès en 1950, accorde,
oeuvres d’art». Pour sa part, Frédéric Picard, directeur général pendant les années soixante-dix, un
de l’hôtel Mazagan, a indiqué que cette initiative s’inscrit vif intérêt aux débats sur la problé-
dans le cadre de la promotion de l’art dans la région d’El matique identitaire au Maroc. Ouvert
Jadida qui offre de grandes potentialités sur le plan culturel, et attentif à l’évolution de l’art en
notamment avec ses sites historiques (cité portugaise). Occident, Bellamine réalise des instal-
Karim Alaoui est un autodidacte qui a appris à dompter le lations. Il est considéré à cet égard
bronze et l’aluminium auprès de différentes fonderies d’art comme l’un des tout premiers instal-
européennes avant de s’installer à Casablanca. L’oeuvre de lationnistes marocains.
Réda Bouamarani est une réalisation sous forme d’étoile des En parcourant l’exposition, on
neiges parée de ses plus beaux ornements qui s’illustrent par découvre une série de cadres où plus
ses lumières se répandant sur les disques aux sept couleur aucun référent pictural ne prend ses
de l’arc-en-ciel. Quant à Mahdi Naïm, il présente son oeuvre assises avec le monde visible. Des
(Bubble) de 2,60 m composé de 479 boules suspendues blancs, des jaunes, des gris d es ocres
chacune par un fil métallique en formant un sapin. Pour
Sophia Tazi, sa création se présente sous forme de miroir
pyramidale égayé de boules de toutes les couleurs.

•BINT
HOMMAGE POSTHUME À FÈS À LA PHILOSOPHE ÉGYPTIENNE
ACHATIE

Une pionnière de
l’émancipation de la femme
U n hommage posthume a été rendu,
mercredi 23 décembre 2009, à Fès,
Chariâ de l’Université Qaraouyine et dans
nombre d’institutions dans le monde arabe

par les universitaires de la Qarawiyine à la
regrettée philosophe Aïcha Abderrahmane,
plus connue sous le nom de Bint Achatie.
Lors de cette rencontre, ils étaient unani-
mes à souligner les qualités de cette grande
intellectuelle qui a été un modèle unique
de femme musulmane ayant réussi son
émancipation grâce à ses
divers travaux de recherche
dans les domaines religieux
et linguistique.
Issue d’une famille d’éru-
dits, Aïcha Abderrahmane
(1912-1998), qui s’était
dédiée aux études islami-
ques et linguistiques, a
enseigné à la faculté de la
© Ph.MAP
et islamique.
Elle est l’auteur d’une quarantaine d’ouvra-
ges en matière d’études islamiques, littérai-
res et historiques dont At-Tafsir Al Bayani
du saint Coran, Le Coran et les causes humai-
nes ainsi que d’essais biographiques sur les
femmes du temps du prophète.
Cet hommage s’inscri-
vait dans le cadre de la
semaine culturelle égyp-
tienne, organisée en par-
tenariat par l’Association
Fès-Saïss, le Centre cultu-
rel égyptien, l’ambassade
d’Egypte à Rabat et le
ministère de la Culture.
© Ph.DR
Fouad Bellamine.
sans plus aucune identité avec le réel,
étalent leur nudité dans toutes les
horizontalités du tableau. Plus rien de
palpable. Seul le motif couleur existe
pour mieux dévoiler l’âme, sa vision
devient mentale, proche de l’incarna-
tion de l’essence de l’homme.
L’artiste travaille la matière, le blanc,
les gris coloriés, couleur de sable,
couleur henné, suif et minéraux. Il
compose avec la matière en disant
chauler la toile comme on chaule les
murs des médinas.

Aïcha Abderrahmane.
SOCIÉTÉ
BRÈVES
Exposition
Deux peintres
de Ouazzane à Rabat
Les peintres Smaïl El Fidali
El Wazzani et Abdelaziz
Boussoussa présentent leurs
oeuvres dans le cadre d’une
exposition intitulée Mémoire,
Art et valeurs, dont le vernis-
sage devait avoir lieu vendredi
25 décembre 2009, à la galerie
La découverte à Rabat.
Smaïl El Fidali El Wazzani
développe une approche
figurative-orientaliste à
travers laquelle il cherche
à transmettre une émotion
nostalgique en rapport avec
le souvenir notamment. Le
souvenir des lieux, d’époques
et des personnes tels qu’em-
magasinées dans son conscient
et ses émotions. Abdelaziz
Boussoussa, présente, lui,
des tableaux basés sur le
trait, des personnages en
mouvement, qui donnent de
la dynamique au tableau.
Fonds Arabe pour la
Culture
Des Marocains parmi
les bénéficiaires
Des bourses du Fonds arabe
pour la culture et les arts
(AFAC) à Amman, au titre
de 2009, ont été décernées
à Charaf Eddine Majdouline
(critique), Youssef Rayhani
(metteur en scène) et Abdelaziz
Rachidi (écrivain) ainsi qu’au
Festival international de danse
de Fès. Ces bourses, d’une
valeur de 900.000 dollars us,
ont été décernées par un jury
composé de Mohamed Berrada,
Amine Zaoui, Jaber Ousfour,
Marcel Khalifa, Abbas Baydoun,
Ahmed Baydoun, Saloua
Makdadi, Abdellah Karroum et
Salma Feryani.
•DAÂWATOU
AMRI SAUREL ET LES ENFANTS DE TÉTOUAN CHANTENT
SALAM
Hymne à la paix
L’ artiste chanteuse, Magali-Marie Saurel, qui a
choisi le pseudonyme d’Amri Saurel, a émerveillé
le public, lors d’un concert donné, samedi 19 décem-
bre 2009, au mythique Théâtre Cinéma espagnol.
Saurel a emporté, tout au long de cette soirée, l’assistance
aux cimes d’une remarquable expression vocalique en
interprétant merveilleusement ses oeuvres, les unes aussi
belles que les autres, chantant l’amour, la beauté, la vie et
la paix. Première française à interpréter des compositions
originales en langue arabe, Amri Saurel, qui chante éga-
lement en espagnol et en anglais, véhicule des valeurs et
des idées fortes grâce à la complicité du poète franco algé-
rien Mabrouk Abdenbi, grâce auquel, elle a découvert la
ville de la Colombe Blanche Tétouan, ainsi que le Maroc:
ce «pays de paix et de tolérance» dont elle est tombée
amoureuse.
© Ph.DR
Originaire du Sud de la France, elle se plaît à dire que si
sa chair et son sang sont français, son coeur, lui, vibre pro-
fondément pour le monde arabe. Attachée au dialogue,
Amri oeuvre pour la Paix, le rapprochement des peuples Magali-Marie (Amri) Saurel.
et pour une meilleure compréhension des cultures médi-
• LE FESTIVAL NATIONAL DE LA LECTURE JUSQU’AU AU 31
DÉCEMBRE
Rôle des médias dans la promotion du livre
L a série mensuelle Al Mâarifa Lil Jamii (le savoir pour tous) organise, du 24 au 31 décem-
bre à Rabat et dans d’autres villes du Maroc, le Festival national de la lecture. L’occasion
de réfléchir à la mise en oeuvre de projets mettant les médias au service de l’épanouissement
de la culture des masses, en particulier, à travers la promotion de la culture du livre et la
lecture plaisir. Cette manifestation sera marquée par l’organisation d’une table-ronde sur la
culture du livre et le rôle des médias au Maroc, qui débattra des initiatives des médias pour
la promotion d’une culture du livre. Au programme de ce festival figurent également l’orga-
nisation d’un colloque ayant pour thème Lecture pour tous, lecture pour le développement. Ce
festival est organisé en partenariat notamment avec le ministère de la Culture, de la Chaire
l’UNESCO d’éducation des adultes et d’alphabétisation, de la Bibliothèque nationale du
Royaume du Maroc (BNRM), de la Société nationale de la Radio et de la Télévision (SNRT),
de l’Institut royal de la Culture
Amazighe, de la Fondation du
roi Abdul Aziz Al Saoud à Casa-
blanca, du ministère de l’Educa-
tion nationale, de l’Enseignement
supérieur, de la Formation des
Cadres et de la Recherche scien-
tifique et du Bureau de la Coor-
dination de l’Arabisation dans le
monde arabe.
© Ph.DR
 NOTE DE LECTURE

Le patrimoine oral à Tafilalet Ces chats qui nous guérissent…

Que se passe-t-il lorsqu’un chat
Le patrimoine oral à Tafilalet: typologie et composantes ronronne à vos côtés? Il vous
est l’intitulé d’un ouvrage en trois volumes, paru récem- témoigne son affection? Vous fait
ment, en langues arabe et amazighe, aux Imagerie-pub part de sa satisfaction? Sollicite
à Fès, sous la direction des écrivains et chercheurs Saïd votre attention?
Karimi et Moha Souag. Edité avec le soutien de l’Initia- La réponse est tout cela à la
tive nationale pour le Développement humain (INDH), fois... et bien plus encore. A priori
cet ouvrage a nécessité la conjugaison des efforts de monocordes, les ondes émises
plus de quarante chercheurs académiques amoureux du par ce mystérieux bourdonne-
patrimoine oral du Tafilalet. Les deux premiers volumes ment propre aux félins, ont un
de cette oeuvre, déclinés en 726 pages, compilent des impact bienfaiteur sur le corps et
textes de Madih, Melhoun, Jorfi, Beldi, Gnaoui, Mellouli, l’esprit humain. Le ronronnement
proverbes, énigmes, contes et historiettes, ainsi que le recèle en effet de nombreuses
Zajal (poésie dialectale). Une richesse culturelle sauvée vertus thérapeutiques, révélées
de la déperdition. Réservé au patrimoine oral amazigh dans les années 1950 par le
du Tafilalt, le troisième volume (431 pages) reste corps médical américain. D’après
marqué par la présence de trois graphies, en l’occur- des tests réalisés en France par
rence l’alphabet arabe, l’alphabet latin et le tifinagh. des médecins orthopédistes,
«On ne voulait pas imposer une classification grecque, le ronronnement du chat, qui
latine ou arabe à une littérature qui est en train de se faire consiste en des vibrations à basse
et surtout qui pourrait dégager certains genres qui lui sont fréquence entre 25 à 50 hertz,
spécifiques», a écrit l’écrivain d’expression française aide à consolider des fractures. Et,
Moha Souag, en guise d’introduction à ce volume. selon certaines études, accélère
Les chercheurs ayant contribué à ce labeur intellectuel le processus de cicatrisation et
estiment «qu’il y a encore de la matière à sauver, il suffit la création de nouveaux tissus.
de se mobiliser davantage». Premier du genre, ce guide de
Le patrimoine oral à Tafilalet: typologie et composantes, sous la “ronronthérapie” donne les
la direction de Saïd Karimi et Moha Souag secrets de ce remède naturel.
Entre récits historiques, exercices
L’économie politique de la rente pratiques, témoignages et photos,
ce guide du mieux-vivre grâce
Enseignant à la faculté des sciences juridiques et écono- aux chats devient le compagnon
miques à Casablanca, spécialiste des questions du idéal des 7 à 77 ans. En cadeau
développement et chroniqueur dans plusieurs journaux, bonus, un CD audio de ronronne-
Abderrahim El Badaoui, vient de sortir une deuxième ments permet, à ceux qui n’ont
édition corrigée et augmentée de son livre Argent et pas encore de chat, de profiter
pouvoir politique. L’auteur s’attèle à démontrer que «la déjà de ses bienfaits, sans avoir à
quête de libéralisme économique ne peut aboutir sans changer la litière.
la quête des libertés publiques. A quoi sert un processus Véronique Aïache, auteure et
électoral en quête de majorités s’il permet à la loi du plus journaliste spécialisée dans la
riche de continuer à régner, masquée par la raison du plus presse féminine, explore l’uni-
nombreux.» vers de la beauté et du bien-être
Homme politique, il a été conseiller communal à Casa- depuis plus de dix ans. De sa
blanca, M. El Badaoui ne fait pas dans l’analyse des chif- rencontre avec un chat est née sa
fres froids et leur interprétation, nécessaire certes pour passion pour le monde des félins
mieux saisir leur portée, mais tente d’être plus proche et pour leurs insoupçonnables
des attentes des citoyens et de leurs problèmes. «Les pouvoirs guérisseurs.
hommes peuvent-ils vivre dans une société libre si rien La ronronthérapie: ces chats qui
les incite à penser qu’elle est aussi une société juste», se nous guérissent… Un guide pour
demande-t-il. mieux vivre grâce à nos amis les
Silence, on détourne, de Abderrahim El Badaoui. chats, Véronique Aïache, Le Courrier
Du Livre

N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 61

SORTIES
DANSE, Le 23 janvier 2010, Casa Del
Arte, Casablanca
Initiation à la Capoeira
Un stage d’initiation à la capoeira
sera animé par Bougobali Sanou
(Burkina Faso) à la Casa del Arte,
le samedi 23 janvier 2010 dans
l’après-midi. Il. A la fois danseur
chorégraphe, acteur et conteur,
Bougobali développe plusieurs acti-
vités de formation, de diffusion et de
promotion de la danse, la capoeira,
et les contes.
PHOTOGRAPHIE, Avant le 15 février
2010
Ouverture des inscriptions
pour le concours photos de
l’UNESCO
Le Bureau de l’UNESCO à Rabat, en
partenariat avec les Commissions
Nationales des pays participants
(Algérie, Maroc, Mauritanie et
Tunisie), organise la deuxième
édition du concours photos.
Cette édition, qui s’inscrit dans le
cadre de la décennie des Nations
Unies pour l’Education au Déve-
loppement Durable (2005-2014),
est organisée sous le thème «Les
réserves de biosphères» afin de
vulgariser le concept de biosphère
et de sensibiliser le grand public à la
préservation des ressources natu-
relles et au développement durable.
La commission nationale marocaine
pour l’UNESCO invite les candidats
intéressés à envoyer leurs photos
avant le 15 février 2010, en s’ins-
crivant sur le site www.environ-
nement-maghreb.net et/ou www.
reseau-maghreb.net.
62 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
•SALON, le 12 janvier 2010, Casablanca
Première édition du Salon des Fonds
d’Investissement au Maghreb
L e 1er Salon des Fonds d’Investisse-
ment au Maghreb, qui se tiendra
© Ph.DR
le 12 janvier 2010 à Casablanca, avec
la participation d’experts et d’opéra-
teurs économiques, vise à réunir les
acteurs du secteur de la finance, inves-
tisseurs et porteurs de projets, pour
un échange sur les opportunités de
financement à l’échelle du Maghreb,
notamment par la facilitation de la
création de nouveaux fonds de proxi-
mité et de financement de projets.
Les participants se pencheront éga-
lement sur le projet de création d’un réseau d’affaires maghrébin alliant les fonds d’inves-
tissement et les projets de développement socio-économiques ainsi que sur les moyens de
promouvoir la destination Maroc auprès des fonds d’investissements internationaux.
En marge de ce salon se tiendront des interventions sur le cadre juridique des fonds d’inves-
tissement au Maroc, l es conditions d’un partenariat d’avenir entre l’offshoring et les fonds
d’investissements, et l’investissement en capital au service du marché commun maghrébin.
Des exposés sur la synergie entreprises – fonds d’investissement spécialisés et les priorités
des fonds souverains du monde arabe seront présentés, ainsi que le résultats d’une enquête
sur l’image des fonds d’investissement auprès des entreprises.
Ce salon, premier du genre, aspire à devenir une place de marché ouverte pour les entre-
prises et les institutions financières d’accompagnement, en ciblant l’ensemble du marché
maghrébin.
• TÉLÉCOMMUNICATIONS, À partir du 1er janvier 2010, France
Appels illimités et gratuits sur Freebox
A compter du 1er janvier 2010, l’opérateur français de télécommunications Free enrichira
son offre de téléphonie illimitée en proposant à ses abonnés ayant souscrit au forfait
Freebox, des appels illimités et gratuits vers les téléphones fixes Maroc Telecom. En effet,
cette offre, précise l’opérateur, ne concerne pas les appels vers les numéros à mobilité res-
treinte de l’opérateur Wana et est soumise à la condition d’une « utilisation non abusive ».
Cette nouvelle offre portera à 103
le nombre de destinations incluses
dans son forfait Freebox triple-play
(téléphonie, Internet et télévision).
Concernant cette offre, Free pré-
cise cependant que «si l’opérateur
historique marocain devait revoir ses
conditions d’interconnexion à la hausse,
Free se réserve le droit de revenir au tarif
actuel, après avoir informé l’abonné
© Ph.DR
conformément aux dispositions légales
en vigueur».
 MarocHebdo
Journal d’informations générales
www.maroc-hebdo.com
Directeur de la Rédaction
Rédacteur en Chef : Mohamed SELHAMI
selhami@maroc-hebdo.press.ma

• EXPOSITION, Jusqu’au 7 janvier 2010, Rabat

Editorialiste : Abdellatif MANSOUR
mansour@maroc-hebdo.press.ma
Conseiller de la Rédaction
Gabriel BANON
Huit grands sculpteurs marocains banon@maroc-hebdo.press.ma
Chroniques

à la galerie Arcanes Maïssa BATEH

maissa@maroc-hebdo.press.ma
Mustapha SEHIMI
sehimi@maroc-hebdo.press.ma

U n collectif de plasticiens et de sculpteurs marocains exposent, jusqu’au 7 janvier

2010, leurs sculptures à la galerie Arcanes à Rabat, sous le signe Passerelles.
Cette exposition, dont le vernissage a eu lieu mardi 22 décembre, rassemble des tra-
Driss EL FAHLI
fahli@maroc-hebdo.press.ma
Rédacteur en chef-adjoint :
Aissa AMOURAG
aissa@maroc-hebdo.press.ma
vaux de Mahi Bine Bine, Mohamed
Secrétaire Général
Melehi, Karim Bennani, Hassan Noureddine JOUHARI
Echaïr, Ikram Kabbaj, Imad Man- jouhari@maroc-hebdo.press.ma
et Abdellah RAJY
sour, Abdelkrim Ouazzani, Hassan rajy@maroc-hebdo.press.ma
Slaoui, Issa Ikken, Abderrahmane Rédaction

© Ph.DR
Meliani et de Fatiha Zemmouri. Ismail HARAKAT
harakat@maroc-hebdo.press.ma
Qu’elles soient en bronze, en inox, Dalal SADDIQI
dalal@maroc-hebdo.press.ma
en bois exotique ou encore en céra- Rachid NAHLI
rachid.nahli@maroc-hebdo.press.ma
mique les oeuvres exposées interpel- Najib ABDELHAK
lent par leur beauté tout en donnant najib@maroc-hebdo.press.ma
Françoise BENOMAR
l’impression d’être devant une françoise@maroc-hebdo.press.ma
Issam NAJATI
oeuvre picturale. Une bonne partie issam@maroc-hebdo.press.ma
Ali BAHAIJOUB (Londres)
d’entre elles évoquent la thématique du corps, se l’approprient, déploient ses fissures bahaijoub@maroc-hebdo.press.ma
et redessinent ses rondeurs pour aboutir à des êtres imaginaires, abstraits mais qui Ahmed ELMIDAOUI (Paris)
midaoui@maroc-hebdo.press.ma
restent vivement expressifs. Un mélange qui plonge dans un espace pluriel où les Talal SELHAMI (Paris)
t.selhami@maroc-hebdo.press.ma
conceptions spécifiques à la sculpture se greffent à celle de la peinture. Longtemps
Assistante de Rédaction
éclipsée par la peinture, la sculpture retrouve ainsi le chemin des galeries au Maroc, Samira TAKHAMAT
où elle a été longtemps absente. samira@maroc-hebdo.press.ma
Conception maquette

• COLLOQUE INTERNATIONAL,
Du 14 au 15 janvier 2010 ,Tangera
Le défi de la ville durable
L’Association des élus locaux de la Méditer-
ranée (AELM) et l’Association Al-Boughaz
organiseront, les 14 et 15 janvier 2010, à
Tanger, un colloque international sur «le
défi de la ville durable» dans le contexte des
changements climatiques. Cette rencon-
tre, qui sera organisée en partenariat avec
la Chambre de commerce,
d’industrie et de services de
Tanger et avec le soutien du
ministère de l’Energie, des
mines, de l’Eau et de l’En-
vironnement et la Direction
générale des collectivités
locales, constituera un ren-
dez-vous d’échanges entre
élus, experts internationaux,
acteurs de la société civile,
chefs d’entreprises et cher-
cheurs sur la problématique
du développement durable.
Stud
Conception artistique
Zakaria BENMIMOUNA
b.zakaria@maroc-hebdo.press.ma
Mise en pages & Photogravure
Fatiha ABIDINE ZOUAK
fatiha@maroc-hebdo.press.ma
Ghizlane HMAICH
ghizlane@maroc-hebdo.press.ma
Les participants débattront notamment de MAROC HEBDO INTERNATIONAL
l’avenir des villes et des moyens à mettre 4, rue des Flamants Riviera- Casablanca Maroc
Dépôt légal: 82/91 -ISSN : 1113-0091-
en œuvre collectivement pour intégrer les CCP : 1806-67C - CCPE N° H.F/021-05
critères de la durabilité, qui allient impératif Standard
écologique et justice sociale, et examineront Tél.: 0522.23.81.76 (10 LG) - Fax : 05 22 98 21 61
Télécopies
à cet effet les résultats du sommet de Copen- Direction : 05 22 98 39 74
Rédaction en chef: 05 22 98 28 03
hague sur le climat. Commercial : 05 22 98 13 46
Internet: http://www.maroc-hebdo.com
E-mail : mhi@maroc-hebdo.press.ma
MAROC HEBDO (FRANCE)
25, Rue de Ponthieu - 75008 - Paris
Edité par Maroc Hebdo SARL
RCS : Nanterre B 4030 75 146
Commission paritaire N° 0911 I 89950
ISSN : 1274-1167
Directeur de la publication:
Mohamed SELHAMI
Administration, Marketing
& Développement
Directrice générale : Asmae HASSANI
asmae@maroc-hebdo.press.ma
Distribution
NMPP
SOCHEPRESS
CTP &
Impression
Idéale
Ce numéro
est tiré à 24.000
© Ph.DR

exemplaires
COURRIER
Vos lettres ou E-mails sélectionnés et présentés par Noureddine Jouhari Cette rubrique est la vôtre.
C’est un espace ouvert pour les lecteurs. Faites-nous part de vos réactions, remarques ou suggestions
par courrier à : Maroc Hebdo International, 4 Rue des Flamants, Riviera, ou par e-mail à : jouhari@
maroc-hebdo.press.ma.
Des éclairages sur
le réchauffement
climatique
Je voudrais vous apporter quelques
précisions au sujet du réchauffement
climatique.
Savez-vous d’où Saint Louis (Roi de
France) est parti pour reconquérir Jéru-
salem en l’an 1100? Il est parti d’un port
qui se trouvait près de Marseille et qui
© Ph.DR
est à présent à environ 40 Km de la mer.
Savez-vous que le carte et le relief sur
le Groenland (signifiant terre verte) est
connue et répertoriée par des naviga-
teurs du XIème siècle? Il est couvert à
présent par 2 Km de glace. Il y a mille
ans, c’était une terre verte...
Savez-vous que l’on trouve des moraines
glacières sur toute la terre. Ces grosses
roches érodées se trouvent même dans
tous les déserts. Un géologue vous dira
que, pour une raison inconnue, la Terre a
été une boule de glace pendant 1 million
d’années.
Enfin, il faut bien se rendre à l’évidence,
ce n’est pas la fumée de nos cigarettes
ou de nos industries qui produisent ces
changements climatiques.
Toutes les dépenses faites pour stopper
ces changements climatiques (soi
disant) enrichissent qui?
Je ne parle pas des tonnes de vaccins
tout au moins inutiles sinon nocifs...
Doit-on aider, nous qui travaillons 10
heures par jour pour manger correcte-
ment, je ne dis pas s’enrichir, et priver
nos enfants pour aider des gens qui ne
font ... que des enfants et des déforesta-
tions !
Albérola Elisabeth, Casablanca
64 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
Gare aux voyantes!
I l est opportun de noter qu’il y a des
voyantes qui pratiquent l’hypnose
pour voler des bijoux à leurs clientes en
leur disant “Maintenant oubliez tout et
fermez les yeux”. Certes une visites à la
voyante traduit l’inquiétude de la plupart
des personnes devant un devenir incer-
tain à partir d’une vie difficilement équi-
librée, à savoir des problèmes de santé
ou financiers, voire sentimentaux. Il y a
belle lurette qu’un vieil ami fut surpris
quand il a appris que l’extralucide qui
savait si bien jouer avec les douloureux
problèmes et les sentiments de celles qui
venaient la consulter, n’avait guère prévu
son arrestation pour charlatanisme en
flagrant délit, alors qu’elle remettait un
gri-gri à une malheureuse.
J’aimerais illustrer d’astuces amusantes
des diseuses de bonne aventure. Un
homme qui venait de prendre place en
face d’une cartomancienne, laquelle lui
disait qu’il allait vivre 49 ans. A quoi le
quinquagénaire a répondu “Mais j’ai 59
ans”. L’arnaqueuse rétorqua illico: “Ne le
dites à personne, vous avez déjà gagné dix
ans”. “Vous êtes voyante, vous devez savoir
quel est mon prénom’’ quand
la voyante lui demandait
son prénom. Un ex-voisin
va voir une conseillère du
cœur. Il sonne à la porte,
lorsque la voyante demande
“qui est là?”. Il répond: “Je
pense que vous devinez facile-
ment qui est à la porte’’ . Ces
anecdotes sont la preuve
irréfutable de l’imagination
des voyantes.
A telle enseigne qu’il serait
donc souhaitable d’accep-
ter la fatalité du destin avec philosophie
car, à vrai dire, on ne peut pas prédire
l’avenir quitte à avoir le don de prémoni-
tion. Dieu seul connaît l’avenir. D’autant
plus qu’il y a un verset coranique qui
dit “Les astrologues mentent même si leurs
prédictions se sont réalisées”. Pour rappel,
notre Prophète Sidna Mohammed disait
“Quiconque va chez la sorcière renie les pré-
ceptes de l’Islam”.
La nuit de Achoura rime depuis la nuit
des temps avec une journée entachée par
des pratiques abominables qui relèvent
de la sorcellerie. Pour certaines femmes,
Achoura est le moment favorable en vue
de jeter les détestables sorts pour régler
dûment en fin de compte les soucis
conjugaux. Encore faut-il dénoncer ce
cercle vicieux à l’effet de juguler l’impact
sur des voyantes qui ne voient pas plus
loin que le bout de leur nez, dont la sor-
cière se sert pour soutirer sans vergogne
de l’argent jusqu’au dernier sou à des
femmes naïves qui tombent victimes des
intrigues.
Ali Alaoui-Salé
Droit de réponse Laânigri, c’est bien
une dégradation
N ous faisons suite à l’article paru dans votre magazine N° 865 et nous
tenons par la présente à vous signifier notre profonde indignation
quant aux propos que nous jugeons diffamatoires à l’égard de Sky Holidays
et de Motivation & Events, accusés d’arnaque par votre article.
Nos agences sont sur le marché depuis une décennie et leur notoriété et
leur professionnalisme ne sont plus à prouver. Cependant, vos accusations
infondées portent un grave préjudice à notre image de marque.
Pour reprendre les termes utilisés dans votre article, selon les dires d’un
client, nos pèlerins étaient logé dans un hôtel 2 étoiles. Or, l’ensemble de
nos clients ont été logés dans un établissement 4*A et toutes les preuves
de sa classification ont été remises pour vérification à votre journal.
L’organisation de l’opération Haj est depuis quelques années régie par une
méthode de sélection très rigoureuse des agences attributaires du quota.
Ensuite, un contrôle draconien de la qualité des services est opéré à tous les Concernant le sujet du général de
niveaux par le ministère de tutelle, qui dépêche sur place une commission gendarmerie Hamidou Laânigri que vous
de contrôle dont le rôle est la protection de nos pèlerins contre tout abus. évoquez dans votre publication n° 864
Aussi, l’organisation de cette opération est régie par un cahier des charges du 4 au 10 décembre 2009, je crois qu’il
très méticuleux détaillant les caractéristiques de chaque produit commer- ne s’agit pas d’une restructuration, il
cialisé par les agences attributaires du quota Haj. s’agit d’une dégradation. Il mérite beau-
Comme vous avez pu le constater au travers des documents qui vous ont coup “mieux”, aurait dû avoir le même
été fournis, nous avons scrupuleusement veillé au respect de l’ensemble sort que son chouchou Abdelaziz Izzou.
des termes du cahier des charges. Mais ne vous en faites pas, il va finir ses
Pour finir, nous tenons à présenter nos vifs remerciements aux pèlerins jours comme ses compères-sbires dans
(la majorité de nos deux groupes) qui nous ont fait confiance et nous l’ingratitude et autres.
ont témoigné leur satisfaction quant aux différents services et qualité de Il a tort, il a laissé des séquelles, il a fait
l’encadrement fournis par nos agences. Nous remercions également ceux beaucoup de mal à de simples gens.
qui nous ont renouvelé leur confiance en réservant nos produits Omra du N’a-t-il pas acheté au moment de son
Mouloud. apogée quelques scribouillards, et
d’autres plumitifs vénaux?
M’hamed Bousfiha, Amina Nadah Chafra, C’est une machine prégnante, qui n’en-
Sky Holidays Motivation & Events gendre malheureusement que du mal.
Nacer
CHRONIQUE
Crise, A / H1 N1, Obama et Aminatou
Le gazouillis du Tweet
On ne peut pas dire que l’année 2009 a été des plus
heureuses. Elle consume ses derniers jours et c’est
tant mieux. Au top des mots les plus utilisés de cette
année on trouve: Twitter, Obama, H1N1 et crise. Si
vous savez twister sans savoir Twitter, c’est que vous
n’êtes plus qu’un barbon juste bon à faire barber les
autres. Vous devez vous recycler, mon vieux! Sur-
tout si vous êtes appelé à prendre des décisions qui
risquent de vous revenir dans la frimousse comme
un boomerang. Twitter, c’est semer dans la toile
un “gazouillis” ou un “Tweet”,
c’est-à-dire un message de moins
de 140 mots qui répond à deux
questions: Que faites vous en ce
moment? Ou quoi de neuf en
ce moment? Les gens, plus ou
moins bien intentionnés, peu-
vent le “retwitter” en semant
par exemple aux quatre vents
Par Driss
Fahli
qu’Aminatou Haïdar vient de
péter un câble et que celui qui l’a
virée n’avait pas tous les câbles
en main. Ce qui arriva après un mois de gazouillis,
c’est que les “twitterfeeds” auront montré au monde
une image extérieure d’une Haïdar gagnante en totale
décalage avec l’image intérieure de celle que le Matin
du Sahara désigne comme «renégate».
Paris Match, dont on connaît le choc de l’image et la
concision des mots, s’est arrangé cette fois-ci pour
les circoncire. Il a “twitté” à ses suiveurs un mes-
sage: «Aminatou Haïdar, la “Gandhi” du Sahara: De
retour chez elle. L’activiste des Droits de l’H… http://
bit.ly/5huZOs”.» Le lien web fait ressortir une grande
image d’une Haïdar toute sereine et souriante en train
d’applaudir… son retour à Laâyoune, «vendredi, après
plus d’un mois de tractation diplomatique». Pas un mot
d’excuse ni de regret. Juste une formalité exécutée
sous contrainte humanitaire. Je vous parie 10 contre
1 qu’avec l’aura internationale que notre diplomatie
vient de lui offrir, le chapitre Haïdar vient juste de
commencer et qu’on entendra parler d’elle dès 2010,
notamment pour tous les prix de la paix que le monde
de la guerre a inventé pour la bonne conscience de
ses fabricants. Notre Diplomate en chef, Taïeb Fassi
Fihri, a mis en avant le caractère humanitaire de
66 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ N° 867 Du 25 au 31 décembre 2009
l’affaire et une réponse aux appels de pays amis. Vu
côté tradition, je vois bien ces pays amis, à la porte
du Maroc, en train d’égorger une chèvre noir pour
implorer le retour humanitaire à Laâyoune de leur
nouvelle Ghandi…
C’est un fait similaire qui vient de se passer à moindre
échelle dans un collège de Casablanca. Ahmed, élève
bosseur, a décidé de changer de place pour s’éloigner
de Mohamed le chahuteur. Ce dernier est un violent
qui n’accepte pas cet affront. Il loue le service de deux
voyous qui, à la sortie du collège, attachent Ahmed et
lui zèbrent le visage a coups de couteau. La famille de
Mohamed s’est précipitée chez le grand père d’Ah-
Le chapitre Haïdar
vient juste de
commencer.
med qui, du bout des ses 95 ans, croit encore aux
vertus du pardon humanitaire accordé aux fauteurs (el
âar). Il fait pression sur son fils, qui prend en charge
les dépenses chirurgicales de son rejeton sans porter
plainte. Les voyous sont libres et le calvaire d’Ahmed
au collège ne fait que commencer.
Pour les mots Obama et H1N1, il n’y rien à disserter,
c’était attendu. Juste je voudrais signaler qu’Obama
“twitte” sous son vrai nom. Il y adhère, totalement
convaincu du bénéfice politique qu’un bon tweet peut
générer.
Le mot crise a été aussi très utilisé cette année. Bio-
logiquement, une crise est une brève pathologie.
Espérons que les médecins du monde trouveront
pour 2010 la thérapeutique anticrise adéquate et que
le virus de celle-ci ne jouera ni de sa mutation ni de
sa résistance.
Casablanca le 23/12/2009