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INTRODUCTION
Ce TP a pour but de sensibiliser des étudiants à la réalisation de dispositifs par la technologie d’impression
jet d’encre. La réalisation de capteurs de déformation mécanique de type jauge de contrainte constitue
un bon support pédagogique de par sa simplicité pour appréhender les notions essentielles inhérentes à
cette technologie. L’impression de composants électroniques sur substrat flexible est une thématique
aujourd’hui très porteuse, nous devons donc former nos étudiants à cette problématique. Le choix d’un
substrat flexible autre que des plastiques (PEN, PET, Polyimide), tel que du papier semble original car
encore peu étudié. D’autre part, la technologie d’impression jet d’encre encore en phase de
développement constituera une technique de choix dans la réalisation de dispositifs électronique à grande
échelle.
REALISATION TECHNOLOGIQUE :
Figure 1 : CERADROP Xseries 2 têtes d’impressions avec la possibilité d’insoler par UV et de recuire par
NIR. Environnement contrôlé en empoussièrement, température et hygrométrie.
Article publié par EDP Sciences et disponible sur le site http://www.j3ea.org ou http://dx.doi.org/10.1051/j3ea/2015016
Première partie du TP (1 jour) : Présentation de l’environnement de travail, des dispositifs à réaliser (jauges
de contraintes organiques sur papier), description et prise en mains de l’équipement d’impression jet
d’encre.
Les étudiants « séjournent » en environnement contrôlé. En effet, certains paramètres ont une
importance considérable sur la stabilité du processus d’impression.
o L’empoussièrement doit être limité afin d’assurer une surface d’impression la plus propre
possible.
o L’hygrométrie doit être contrôlée afin d’éviter le bouchage des buses d’éjection dû a un
séchage prématuré du solvant (composant principal d’une encre à base de nanoparticules
d’argent par exemple).
o La température est un paramètre clef d’une bonne répétabilité de l’imprimabilité car sa
variation entraine une variation de la viscosité des encres à éjecter.
Les jauges de contraintes seront réalisées sur du papier et constituées d’électrodes à base de
nanoparticules d’encre d’argent (Anapro 40LT15C) et recouvertes d’encre à base d’un polymère
organique (PEDOT-PSS Clevios HC).
Après une brève description de l’équipement (CERADROP X-series) une attention particulière est
portée sur l’explication du mécanisme d’éjection associant technologies MEMS et microfluidique
(figure 2).
o Etat initial : le respect d’un ménisque concave en sortie de buse est important pour assurer une
bonne répétabilité. Si l’encre vient «mouiller » les parois externes de la buse l’éjection ne sera pas
« correcte ». Le paramètre important est la tension de surface des liquides (optimum entre 28 et 33
mN/m).
o Phase 1 : ΔPression (ΔP) négatif dans la chambre pour aspirer le liquide dans le réservoir suivi d’un
temps de stabilisation. La tension appliquée sur le piézo ainsi que la durée de la phase doivent être
ajustées jusqu’à ce que les deux ondes acoustiques créées aux extrémités se rencontrent au milieu de
la chambre.
o Phase 2 : Action sur le piézo pour initier la formation de la goutte. Le respect de la phase 1 permet
d’éjecter une goutte avec le maximum d’énergie et par conséquent d’obtenir une vitesse maximum
en sortie de buse. On peut aussi amener plus d’énergie en diminuant le temps de montée (pente plus
raide) de cette phase.
o Phase 3 : ΔP négatif dans la chambre pour créer la goutte en coupant « le doigt de liquide » en
sortie de buse sous l’effet de la tension superficielle du liquide. La deuxième partie de cette phase
permet « d’amortir le phénomène » et limite l’aspiration de bulle d’air dans la chambre.
o Phase 4 : Etape de stabilisation avant le cycle suivant.
Deuxième partie du TP (2 jours) : Les deuxième et troisième jours du TP permettent aux étudiants de
comprendre la démarche à adopter pour définir les paramètres d’impression. Cette démarche s’articulera
suivant le synoptique ci-dessous (figure 3).
Optimisation de l’éjection :
Avant de pouvoir imprimer un motif il apparait évident qu’il faut ajuster les paramètres d’activation de
l’élément piézoélectrique permettant de générer « une goutte bien formée ». Pour ce faire, l’équipement
est muni d’un système de visualisation de l’éjection. Typiquement la vitesse d’une goutte éjectée est de
3m.s-1 et peut atteindre 7 m.s-1. L’équipement n’étant pas pourvu de caméra à images rapides pour des
raisons de coût et d’encombrement, la visualisation de l’éjection d’une encre se fait par l’intermédiaire
d’un système de visualisation (caméra et LED blanche) stroboscopique. Ainsi l’envoi de multiples flashs
permet de décomposer un mouvement en une succession d’images superposées sur la même image
donnant une impression de mouvement fluide !
Beaucoup de paramètres peuvent être ajustés pour optimiser l’éjection. La forme « d’onde » appliquée au
piézo (figure 4) dans le cadre du TP comporte cinq paramètres importants, à savoir : le temps de monté
(tm), le temps de plateau (tp), le temps de descente (td), la fréquence d’éjection (f) et la tension
d’actuation (v). Ce signal relativement simple est suffisant car l’encre d’argent utilisée s’éjecte
relativement facilement mais la « forme d’onde » peut être relativement plus compliquée (cf première
partie du TP). L’optimisation de l’éjection n’étant pas l’objectif principal de ce TP, seule la fréquence et la
tension d’actuation sont étudiées.
Figure 4 : Signal appliqué au piézo ; rouge pour les buses paires et bleu pour les buses impaires
Les étudiants ont aussi accès à la mesure du volume et de la vitesse de la goutte et peuvent observer leurs
dépendances vis-à-vis de la tension d’actuation du piézo. Dans le cas présent, une tension d’actuation de
75V semble être adaptée à notre encre,
fréquence de création des gouttes (f) : La fréquence d’éjection des gouttes est un paramètre clef
qui permet d’évaluer la vitesse d’impression maximale. La figure 6 montre que la trajectoire du
train de goutte généré par le piézo est dépendante de la fréquence d’éjection.
f= 100Hz f= 1000Hz f= 3000Hz
Dans le cas présent, une fréquence d’éjection maximale comprise entre 6 et 7KHz avec une tension
d’actuation de 75V semble être adaptée à notre encre.
Caractérisation de l’étalement
Après définition des bons paramètres d’éjections, les étudiants effectuent leurs premiers essais
d’impressions sur le substrat papier.
200µm
Figure 5 : Image du motif permettant de calibrer le diamètre d’une goutte unique déposée sur le substrat
papier (40µm). La réalisation d’une matrice permet de rendre compte de la répétabilité de l’éjection.
Impression de motifs test
L’impression de motifs tests permet d’ajuster l’interpénétration entre gouttes imprimées sur le substrat.
Des motifs de calibration (figure 6(a)) sont donc imprimés à l’aide du logiciel CERASLICE développé par la
société CERADROP et adaptés à la technologie d’impression jet d’encre. Les étudiants ont la possibilité de
concevoir les motifs, paramétrer le remplissage des composants (mailler) en fonction des paramètres
expérimentaux définis précédemment et de simuler le remplissage des motifs. Les étudiants ajustent donc
l’interpénétration (figure 6(b)) grâce au logiciel et évaluent son impact après impression (figure 6(c)).
a) 200µm b) c)
Figure 6 : (a) dimension des motifs de calibration ; (b) simulation du remplissage d’un motif (chaque motif
est maillé avec un paramètre d’interpénétration différent) ; (c) exemple d’impression
Dans le cadre du TP, le diamètre d’une goutte imprimée sur le substrat est de 40µm.
Plusieurs cas de figure peuvent se produire :
l‘interpénétration est trop importante, le motif imprimé ne respecte pas les dimensions voulus car
la quantité d’encre est trop importante,
l’interpénétration est trop « faible », le motif n’est pas continu,
l’interpénétration est optimum, le motif respecte les dimensions.
b)
a)
c) d)
Figure 8 : (a) dimension des motifs de calibration ; (b) simulation du remplissage d’un motif (chaque motif
est maillé avec un paramètre d’interpénétration différent) ; (c) exemple d’impression
Dépôts du PEDOT-PSS
Le PEDOT-PSS sera déposé par la technique du spin-coating afin de sensibiliser les étudiants à une
technique de dépôt très répandue dans l’industrie microélectronique.
Figure 9: Exemple de relevés courant-tension d’une jauge de contrainte soumis à déformation et extraction
du facteur de jauge.
BILAN
L’originalité de ce TP réside dans la technique de réalisation et la caractérisation d’un dispositif
électronique simple sur substrat non conventionnel. L’impression par jet de matière est un sujet de
recherche actuel et à le potentiel pour devenir une technologie de choix dans la réalisation d’étiquettes
RFID, de circuits à base de transistors organiques pilotant des dispositifs d’affichages eux-mêmes
organiques (OLED par exemple)… L’action mise en place par le CCMO permet donc aux étudiants de se
familiariser avec cette thématique d’avenir.
[1] Scaling of Inkjet-Printed Transistors using Novel Printing Technique1s ; Huai-Yuan Tseng Technical
Report No. UCB/EECS-2011-146