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Minéraux

PHOSPHORE, CALCIUM ET MAGNÉSIUM


Raisonner en éléments
absorbés
Après le phosphore absorbable en 2002, l’INRA a proposé fin 2005 un système d’approche similaire
pour le calcium et le magnésium. Les besoins ont été revus ainsi que les coefficients d’absorption qui
sont désormais différenciés selon les fourrages et les concentrés de la ration, mais pas selon le type
de minéral utilisé. La sensibilité du nouveau système nécessite une bonne connaissance des teneurs
en phosphore, calcium et magnésium des fourrages principaux de la ration pour caler la
complémentation minérale.

L
es précédentes recom-
mandations d’apport en
P, Ca et Mg de l’INRA
découlaient de calculs effectués
en besoins totaux (besoins phy-
siologiques nets corrigés des
coefficients d’absorption réels ou
CAR), les besoins nets étant la
quantité de minéraux qui doit
franchir la barrière intestinale
pour préserver la santé de l’ani-
mal et assurer ses productions.
Le système reposait sur des CAR
identiques pour tous les ali-
ments : 55 % pour le phosphore,
32 % pour le calcium et 25 % Le CAR du phosphore et du calcium ne doit pas entrer
pour le magnésium. L’INRA pro- en ligne de compte dans le prix de l’aliment minéral.
pose désormais des coefficients
d’absorption diffé- d’ingestion de la vache Les besoins de gestation s’éta-
renciés selon les ali- laitière. Les nouvelles blissent à 5 g de P et 10 g de Ca
ments, ce qui Plus de précision équations entraînent par jour en fin de gestation. Les
implique de raison- = moins de peu de modifications besoins en magnésium sont
ner en éléments réel- pour le phosphore et négligeables (2 mg/jour).
gaspillage des résultats légère-
lement absorbés. Les besoins de production s’éta-
Logiquement, les ment supérieurs aux blissent désormais à 0,9 g de P/l
recommandations sont expri- précédentes prévisions de lait (besoin inchangé), à 1,25 g
mées en P, Ca et Mg absorbables. pour le calcium. Pour le magné- de Ca/l de lait (contre 1,20 dans
sium, en l’absence de nouvelles les précédentes recommanda-
données, les besoins des éditions tions) et à 120 mg de Mg/l de lait
Des besoins en précédentes ont été repris. (besoin inchangé).
éléments
absorbables mieux Tableau 1 : Coefficients d’Absorption Réelle du phosphore
pris en compte CAR CAR
Les besoins en minéraux absor- Fourrages retenu Aliments retenu
bables sont la somme des Ensilage de maïs 70% Blé 72%
besoins d’entretien, de gestation Ensilage d’herbe 60% Orge 76%
et de production. Ils intègrent les Ray grass 60% Tourteau Soja 70%
besoins et les pertes. Foin 70% Tourteau Colza 71%
Pour le phosphore et le calcium, Ensilage de luzerne 65% Concentrés 70%
les besoins d’entretien ont été
Trèfle 69% Pulpes de betteraves 90%
réactualisés par l’INRA en tenant
compte du poids vif et du niveau Luzerne déshydratée 74% Phosphates 65%

4 OCTOBRE 2006 - N° 8
Gérard Losq - Chambres d’agriculture de Bretagne
gerard.losq@cotes-d-armor.chambagri.fr

ALIMENTATION
Tableau 2 : Besoins en Phosphore, Calcium et Magnésium absor- Tableau 3 : Coefficients HIVERNALE
bables en g/j d’Absorption Réelle du Calcium
(INRA 2005)
Vaches laitières de 650 kg P absorbable Ca absorbable Mg absorbable
de poids vif : (INRA 2002) (INRA 2005) (INRA 2005)
Aliment CAR retenu
Vache tarie gestante 17 20 3,5 Graminées 40%
Entretien + 10 l lait 22 27 4,5 Légumineuses 30%
Mélanges 35%
Entretien + 20 l lait 34 42 5,5
Concentrés 55%
Entretien + 30 l lait 46 57 7
Pulpes de betteraves 20%
Entretien + 40 l lait 58 72 8 Carbonate de calcium 38%
DOSSIER
Entretien + 45 l lait 65 80 8,5 Phosphates calciques 50%

Ces réactualisations aboutissent potassium du régime ayant un hivernale simple à base d’ensila-
à proposer des besoins en élé- effet marqué sur l’absorption du ge de maïs :
ments absorbables (tableau 2). magnésium. Il faudra donc 1) Déterminer les besoins en élé-
connaître la teneur en potassium ments absorbables à partir du
de la ration pour calculer la quan- tableau 2.
Absorption réelle du tité de magnésium absorbé qui se
phosphore, du 2) Calculer les apports en élé-
situera en général entre 25 et
ments absorbés à partir de don-
calcium et du 30 % du magnésium apporté.
nées régionales de composition
magnésium des fourrages ou de résultats
Les besoins étant exprimés en élé- Un calcul à faire au d’analyses si l’on en possède.
ments absorbables, les apports se cas par cas 3) Calculer le déficit à couvrir en
calculent désormais aussi en pre- P, Ca et Mg absorbables, puis en
nant en compte des coefficients Le tableau 4 donne la marche à
suivre pour un exemple de ration quantité totale en retenant
d’absorption réelle propres à
chaque aliment (tableaux 1 et 3).
Les nouvelles propositions pren-
nent en compte une meilleure
Ajuster les
assimilation du P, comparative- minéraux aux
ment aux recommandations pré- besoins rééls
cédentes où le CAR était fixé à
55 %.
Comme pour le phosphore, le
CAR du calcium est générale-
ment supérieur aux anciennes
recommandations qui retenaient
32 % quel que soit l’aliment.
Pour le magnésium, l’INRA ne
prévoit pas de coefficient d’ab-
sorption réelle par grande catégo-
rie d’aliment, la teneur en

Tableau 4 : Exemple de complémentation minérale pour une vache de 650 kg de poids vif produisant 28 l de
lait et ingérant 20 kg MS (16 kg MS E.Maïs – 0,5 kg MS foin – 3 kg T.soja et 1 kg blé)

Phosphore Calcium Magnésium


1) Besoins en g absorbables/j 43,4 53,7 6,6
2) Calcul des apports par la g/kg MS CAR g absorbés g/kg MS CAR g absorbés g/kg MS g apportés g absorbés
ration (g/j)
16 kg MS E. maïs 1,8 70% 20,2 1,6 40% 10,2 1,2 19,2
0,5 kg MS foin 2,5 70% 0,9 5 40% 1 1,8 0,9 *CAR de la
ration de 30 %
3 kg T.soja 6,2 70% 13 3,4 55% 5,6 2,9 8,7
1 kg blé 3,4 72% 2,4 0,8 55% 0,4 1 1
Total apports 36,5 17,2 29,8 8,9
6,9 g absorbables, soit 11 g de 36,5 g absorbables, soit 73 g
3) Déficit à couvrir par l’AMV Pas de déficit
phosphore total (CAR de 65 %) de calcium total (CAR de 50 %)

* Le CAR du magnésium dépend de la teneur en potassium de la ration.

OCTOBRE 2006 - N° 8 5
Minéraux

ALIMENTATION
HIVERNALE comme CAR de l’aliment miné- pour couvrir le déficit en calcium. réduit entre le déficit en calcium
ral : 65 % pour le phosphore, Compte-tenu des coefficients et en phosphore, dans ce cas 200
50 % pour le calcium. d’absorption revus à la hausse, à 250 g de minéral type 6-24
4) Choisir un aliment minéral les besoins par kg de MS de équilibrent la ration.
dont le rapport Ca/P se rap- ration totale baissent par rapport On le voit, les combinaisons sont
proche le plus du déficit de la aux précédentes recommanda- multiples entre les types de four-
ration. tions : 3 g de P (au lieu de 4), 5,5 rages et de concentrés utilisés.
Sur une ration maïs plat unique, g de Ca (au lieu de 7) et 1 g de Selon les hypothèses d’ingestion,
le déficit en calcium est 7 fois Mg (au lieu de 2) par kg de MS de de production ou de valeurs des
plus important qu’en phosphore : ration totale. aliments retenues, les recom-
300 à 350 g d’un aliment minéral Pour les vaches taries, la plupart mandations d’apports peuvent
DOSSIER de type 3.21 conviendra, la cou- des régimes fournissent suffi- varier de façon importante. Un
verture en magnésium étant ici samment de phosphore, calcium calcul d’alimentation minérale
assurée par les fourrages et les et magnésium. Surveiller la cou- sera donc utile sur chaque grande
concentrés de la ration. verture en calcium si le maïs dose période de rationnement en cer-
moins de 2 g de Ca/kg MS. nant au mieux les valeurs miné-
Avec des régimes mixtes, ensila-
rales des aliments utilisés
ge de maïs-ensilage d’herbe, le Le type d’aliment concentré utili-
déficit en calcium est réduit et sé joue également sur le choix du
250 g d’un aliment de type 5-25 minéral. Si le correcteur azoté est
peut convenir. En pâturage de du tourteau de colza plus riche
RGA-TB, les besoins en P, Ca et en phosphore, le minéral peut
Mg sont couverts. Seul un pâtu- être de type 0-25. Avec des ali-
rage de RGA seul, justifierait ments concentrés du commerce
l’apport de 70 à 80 g de maërl enrichis en minéraux, l’écart se

ENTENDU, VU, LU… La biotine est présente naturellement


dans le rumen

La Biotine est une vitamine naturellement présen- Les références scientifiques sur le sujet sont très
te dans le rumen, grâce à l’activité des micro-orga- contrastées. Dans certains essais, les complémenta-
nismes qui la synthétisent. Il n’est pas nécessaire tions sont suivies d’effet et dans d’autres elles sont
d’en apporter dans la ration. sans aucun impact.
La biotine est naturellement synthétisée par les bacté-
La vache laitière a besoin d’un apport spécifique en 3 ries du rumen qui en produisent plus du double des
vitamines seulement : A, D3 et E. besoins pour une vache laitière. Au regard de ces élé-
ments, une supplémentation en biotine des rations
Pour les autres vitamines, les microorganismes du vaches laitières ne parait pas nécessaire. Même dans
rumen les synthétisent. L’apport n’est donc pas le cas d’un fonctionnement du rumen non optimisé
nécessaire dans la majorité des situations. (par manque d’azote soluble, ou limite d’acidose par
C’est le cas de la biotine, qui est une vitamine du exemple), la synthèse ruminale a toutes les chances
groupe B. Elle a un lien avec la qualité de la corne, de rester suffisante.
mais aussi en particulier des onglons. Une carence en
biotine serait associée à une augmentation des boite- Yvelyse MATHIEU
ries. La difficulté réside dans la détection d’un cas de Chambre d’agriculture de Loire Atlantique
carence. Source : Loire Atlantique Elevage - juillet 2006

Besoins (entretien + Synthèse Pourcentage valorisable


production) ruminale par l'animal
6 mg/j 14 mg/j 100%
Source : NRC 2001 (National Research Council - Equivalent américain de l'INRA)

6 OCTOBRE 2006 - N° 8

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