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Royaume du Maroc

Ministère de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la


Famille
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Institut National de l’Action Sociale
- Tanger-

Mémoire de Fin d’Etudes


Licence Professionnelle en travail social

Parcours : service social

Sujet

Le rôle de l’assistante sociale et le travail en réseau dans


l’autonomisation des mères célibataires
Cas de l’association INSAF

Réalisé par : Salma Souissi

Encadré par : Pr. Mohamed HAOUARI

Membres du jury :

- Pr. Mohamed HAOUARI

- Pr.

Année universitaire : 2023-2024


Déclaration anti-plagiat
Je soussigné : Salma Souissi

- Déclare que ce mémoire est un document original fruit d’un travail personnel ;

- Suis au fait que l’INAS sanctionne sévèrement la pratique qui consiste à prétendre être
l’auteur d’un travail écrit par une autre personne ;

- Atteste que les citations d’auteurs apparaissent entre parenthèses (auteur, date) dans le
corps du mémoire ;

- Atteste que les sources ayant servi à élaborer mon travail de réflexion et de rédaction sont
référencées de manière exhaustive et claire dans la partie liste des références
bibliographiques (Style APA) figurant à la fin du mémoire ;

- Atteste que les citations mot pour mot sont insérées dans le texte entre guillemets ou en
retrait et elles sont référencées ;

- Atteste que les figures ou tableaux empruntés à d’autres œuvres sont référencés ;

- Déclare avoir obtenu les autorisations nécessaires pour la reproduction des photos.

Fait à Tanger, le **/**/2024

Signature : Salma Souissi

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Table des matières
Déclaration anti-plagiat............................................................................................................2

Liste des abréviations...............................................................................................................4

Introduction...............................................................................................................................5

Chapitre I : Cadre institutionnel et conceptuel et analyse organisationnelle....................11

1. Le cadre conceptuel.....................................................................................................12

1.1 Les mères célibataires..........................................................................................12

1.2 La monoparentalité..............................................................................................13

1.3 Exclusion social.....................................................................................................14

1.4 L’accompagnement..............................................................................................14

1.5 L’autonomisation..................................................................................................15

1.6 L’insertion sociale.................................................................................................16

1.7 Les services sociaux..............................................................................................17

2. Le cadre institutionnel.................................................................................................18

3. Organisation d’accueil.................................................................................................24

3.1 L’association INSAF.............................................................................................24

3.2 Missions de l’association......................................................................................25

3.3 Le rôle des assistants sociaux et du travail en réseau au sein de l’association26

3.4 Difficultés et limites de l’autonomisation des mères célibataires au Maroc. . .28

3
Liste des abréviations
Institut nationale de solidarité avec les femmes vulnérables

INSAF, 4

Mémoire de fin d’étude

MFE, 6

Organisation des Nations Unies

ONU, 7

Institut national de l’action sociale

INAS, 7

Union nationale des femmes marocaines

UNFM, 7

4
Introduction
Dans le contexte marocain, le panorama social évolue rapidement reflétant ainsi les
opportunités et les défis auxquels sont confrontés différents segments de la population. Parmi
ces groupes de personnes, les mères célibataires qui se retrouvent souvent au carrefour de
multiples difficultés à savoir des problèmes et des pressions sociaux, psychologiques et
financiers.

La question de mère célibataire constitue une polémique dans notre société surtout avec les
divergences que connaissaient la structure de ces familles marocaines monoparentales.
Puisque ces dernières remettent en question les modèles familiaux normatifs que connaisse
notre environnement. Qu'elles résultent d'un choix délibéré ou d'une contrainte, les situations
de monoparentalité témoignent de changements inéluctables au sein des configurations
traditionnelles des rapports familiaux. Créant ainsi une multiplié de problèmes dont les
victimes sont ces mères célibataires et leurs enfants. (AMAL, 2020, p. 1).

Cette filiation confère à une femme qui accouche hors mariage un statut stigmatisant et lui
assigne un rôle parental ambigu. Elle l’expose à de nombreuses difficultés sociales,
économiques et juridiques, entravant ainsi son autonomie et son intégration dans notre
contexte marocain patriarcal. Et dans la plupart des cas, cette grossesse est non désirée,
résultant souvent d'un viol ou du désengagement du partenaire. Ainsi, la femme se retrouve
dans une situation de vulnérabilité, confrontée à divers problèmes.

De ce fait, ces dernières se retrouvent toujours à faire face à des situations de précarité
financières, sociales et même psychologiques tout en essayant de trouver un équilibre pour
pouvoir gérer leurs ménages.

Par ailleurs, le nombre des mères célibataires est en augmentation. Et cela est montré par
l'étude nationale intitulée "Le Maroc des mères célibataires : Étendues, réalité, actions,
représentations, parcours et expériences", menée par l'association Institut nationale de
solidarité avec les femmes vulnérables (INSAF) en (2010) et publiée en (2011), a captivé
l'attention médiatique en révélant une réalité jusque-là ignorée. Les données révèlent une
augmentation significative de ce phénomène au sein du Royaume Marocain, estimant à 210
434 le nombre cumulé de mères célibataires entre (2003) et (2009). En (2009), ces mères
célibataires représentent 27 199 personnes, soit 5,38 % de l'ensemble des femmes non mariées

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en âge de procréer. Autrement dit, parmi 1 000 jeunes filles en âge de procréer, près de 54
sont des mères célibataires. Sur un total de 4 605 000 naissances en (2009), plus de 500 000
ont eu lieu en dehors du mariage, constituant ainsi près de 11 % des naissances. À
Casablanca, entre les périodes (1996-2002) et (2003-2009), le nombre de mères célibataires a
quadruplé, passant de 5 044 à 21 135. (Funck & Iris Sechter, 2015, pp. 355-364).

Et pour de nombreuses femmes marocaines, le fait d'expérimenter la maternité en dehors du


mariage est considéré comme un tabou, allant à l'encontre des normes sociales et religieuses.
Puisque celles qui ont des enfants sans être mariées sont fréquemment perçues comme ayant
transgressé des normes morales et font souvent l'objet de discrimination, en étant exclues de
la société. Elles peuvent être victimes de harcèlement, tant verbal que physique, se retrouvent
ainsi dans des postures précaires, en ayant un accès limité à des emplois bien rémunérés ou à
des avantages sociaux. (Ibid.).

De plus, le rapport intitulé « Note sur les violences faites aux femmes et aux filles » réalisé
par le Haut-Commissariat au Plan en (2019) mettent en lumière une prévalence significative
de la violence envers les femmes célibataires au Maroc. Globalement, 47% de ces femmes
font face à diverses formes de violence, avec la violence psychologique prédominante à
15,1%. Les jeunes filles et femmes de 15-24 ans sont les plus vulnérables, subissant 35,4% de
violence familiale. Dans le contexte professionnel, les femmes de 15-34 ans endurent
davantage de violence, principalement psychologique. Les femmes divorcées et célibataires
sont plus touchées au travail, tandis que celles sans éducation formelle sont plus exposées à la
violence économique. Les supérieurs hiérarchiques sont les principaux auteurs de violence au
travail, cités par 52,7% des victimes. Ces résultats soulignent l'urgence d'interventions pour
prévenir et combattre la violence envers les femmes, tant dans le contexte familial que
professionnel. (HCP, 2019, pp. 9-15).

Néanmoins, un mouvement émerge au sein des associations marocaines en faveur de la


reconnaissance et de la protection des droits des mères célibataires. Cette évolution sociale a
suscité l'engagement de nombreuses organisations communautaires et gouvernementales qui
œuvrent à fournir un soutien significatif à ces femmes, tant sur le plan matériel que
psychosocial. Ces initiatives visent à permettre à cette catégorie de la population de répondre
aux besoins de leurs enfants tout en retrouvant leur autonomie. À cet égard, des programmes
de formation professionnelle ont été mis en place, offrant à ces mères des opportunités
d'acquérir les qualifications nécessaires pour accéder à l'emploi. Ces formations sont

6
spécifiquement conçues pour répondre aux besoins particuliers de ces femmes et améliorer
leurs perspectives professionnelles. De plus, des groupes de soutien ont été instaurés pour
fournir un espace sécurisé où ces mamans célibataires peuvent partager leurs expériences,
échanger des conseils et renforcer leurs réseaux de soutien social. Parallèlement, des centres
de ressources ont été établis pour offrir un accès à des informations utiles, des conseils
juridiques et des opportunités d'emploi, contribuant ainsi à renforcer et à protéger la stabilité
financière de ces familles monoparentales. L'ensemble de ces efforts vise à surmonter les
barrières stigmatisantes sociales et économiques auxquelles ces femmes sont confrontées,
favorisant ainsi leur intégration dans la société marocaine. (Amal, 2017, pp. 127-140).

Et dans ce contexte-là que l’association INSAF a été créée en se distinguant par sa mission
focalisée sur l'aide aux femmes en situation de difficulté, notamment les victimes de violence
et les mères célibataires. Fondée en (1998), cette organisation s'engage à promouvoir les
droits des femmes, à les soutenir sur les plans social et économique, et à sensibiliser la société
aux enjeux liés à la violence et aux inégalités de genre. Dans le paysage des nombreuses
organisations et ONG marocaines, l'INSAF se démarque par son dévouement à améliorer la
situation de cette catégorie de personnes et à lutter contre leur marginalisation. En proposant
des services tels que l'inscription à l'état civil, un suivi médical, un soutien psychologique et
professionnel, ainsi que des formations qualifiantes, l'INSAF œuvre à la reconstruction de
l’autonomie de ces mères célibataires de tous âges, facilitant ainsi leur réintégration réussie
dans la société. (INSAF, 2023).

Ainsi, mon mémoire de fin d'étude (MFE) a pour objectif de démontrer l'importance du «
Rôle de l'assistant(e) social(e) et du travail en réseau dans l'autonomisation des mères
célibataires » en prenant comme contexte d’étude l’association INSAF. Et afin d'explorer en
profondeur ce sujet, j'aborderai divers concepts, notamment la monoparentalité, les mères
célibataires, l’exclusion sociale, l'accompagnement, l'autonomisation, l’insertion, et le service
social en mettant en avant le rôle de l'assistant(e) social(e) et le travail en réseau.

Ce sujet vise à analyser le rôle crucial de l'assistant(e) social(e) et du travail en réseau dans
l'autonomisation économique des mères célibataires au Maroc, en se focalisant sur les
pratiques, politiques, et partenariats institutionnels. L'étude explore les divers aspects de la
situation des mères célibataires, abordant la discrimination, les facteurs de risque, les
stratégies de résilience à la lumière l'expérience des bénéficiaires de l'INSAF.

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Investir dans l'autonomie sociale des femmes apparaît comme une voie incontournable pour
le développement sociétal. Cette approche repose sur la conviction que tout progrès
significatif nécessite la pleine participation des femmes, assurant ainsi un accès équitable aux
services et aux droits. L'inclusion féminine, orientée vers l'égalité, génère des retombées
positives pour l'ensemble de la communauté. Des initiatives concrètes de cette vision sont
visibles dans les politiques publiques, notamment l'engagement de l'Organisation des Nations
Unies (ONU) pour promouvoir l'égalité à l'échelle mondiale. Parallèlement, le Ministère de la
Solidarité, de l'Insertion Sociale et de la Famille renforce cette approche en lançant
annuellement des appels à projets pour soutenir des associations de la société civile œuvrant
contre la violence envers les femmes et promouvant leur autonomisation économique et
sociale. Cette stratégie témoigne d'une volonté affirmée de concrétiser le rôle des femmes
dans la société et de favoriser leur bien-être.

C’est dans ce cadre que j’ai choisi ce sujet pour mon MFE, en tant étudiante en troisième
année de licence professionnelle en travail social, parcours service social, à l’Institut National
de l’Action Sociale (INAS). La formation à l'institut offre une opportunité concrète
d'appliquer les connaissances théoriques à travers des stages pratiques tout au long du cursus.
Axé sur les dimensions éthiques et déontologiques, le parcours en service social nous prépare
à intervenir dans divers contextes sociaux, particulièrement auprès de populations vulnérables
comme les mères célibataires. En combinant différentes approches, le rôle de l'assistant(e) de
service social vise à accompagner ces bénéficiaires de manière collaborative, facilitant ainsi
l'accès aux services et aux droits, et conduisant à une autonomisation réussie et une
intégration sociale.

Le choix de mon sujet de MFE n’est ni arbitraire ni fortuit mais il a été fondé sur une
réflexion approfondie suite à mon grand intérêt à la situation des femmes vulnérables dans
notre société marocaine et spécialement celle des mères célibataires. Cet intérêt résulte d’une
part de mes diverses expériences qui m'ont sensibilisée à cette pathologie sociale. Mon stage
inaugural au sein de l'association INSAF, suivi de mon engagement en tant que bénévole pour
l'association union nationale des femmes marocaines (UNFM), ont profondément enrichi ma
compréhension de la réalité de ces mères célibataires au Maroc. Particulièrement, j'ai acquis
une connaissance approfondie des défis auxquels font face ces personnes en position de
fragilité. Et ce qui a suscité le plus mon attention, c’est qu’au dépit des efforts déployés pour
assurer leur réinsertion, la discrimination et les jugements demeurent leurs principaux

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obstacles. D’autre part, je suis inspirée par le courage de ces chefs de famille monoparentale
face aux épreuves de la vie quotidienne.

De plus, ma préoccupation pour la question de l'autonomisation des femmes persiste depuis


mon intégration à l'INAS, étant un domaine de recherche en constante évolution qui vise à
améliorer leurs conditions de vie. Le projet ICRAM 1/2 a particulièrement attiré mon
attention en raison de son engagement actif dans la protection et la promotion des droits des
femmes. Il établit l'égalité, crée l'Autorité pour la Parité et la Lutte contre toutes Formes de
Discrimination, initie une stratégie nationale contre la violence envers les femmes et
développe un programme d'intégration économique et d'autonomisation. (Ministère de la
solidarité, de l'insertion sociale et de la famille, 2020).

Effectuer mon stage de fin d’étude sur le sujet des mères célibataires et leurs
autonomisations va me permettre aussi d’approfondir mes connaissances par rapport à ce
thème. Ce domaine d'étude me donnera l'opportunité d'améliorer mes compétences en écoute
active, empathie, change, tout en renforçant mes capacités d'analyse des besoins. Mon objectif
est d’acquérir un savoir approfondie des défis spécifiques auxquels font face ces personnes en
difficultés dans le contexte socioculturel marocain, renforcer mes habilités en matière
d'accompagnement des personnes vulnérables en étant une future assistante sociale. De plus,
cela va me permettre de favoriser une compréhension accrue du potentiel transformateur du
travail en réseau dans le renforcement de l'autonomie des mères célibataires, élaborer des
recommandations pratiques pour améliorer les services d'assistance sociale et le réseau de
soutien en vue de renforcer l'autonomisation des mères célibataires en se basant sur des
situations concrètes.

Ces objectifs peuvent paraitre de manière explicite à travers cette question principale «
Comment s’articule l’importance du processus d’accompagnement des mères célibataires
vers l’autonomisation à travers le rôle d’assistant(e) social(e) et le travail en réseau ?» ainsi
que ces sous-questions « Quelle est efficacité des interventions entreprises ?; Quels sont les
facteurs de réussites et les limites de ce processus qui vise le développement durable ?;
Dans quelle mesure les aspects culturels et contextuels spécifiques à l'environnement
urbain sont-ils pris en compte dans la conception et la mise en œuvre du programme
d'accompagnement?».
Par ailleurs, ce présent mémoire contient trois chapitres en plus de l’introduction et la
conclusion.

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Le premier chapitre se concentrera sur l'exploration de deux aspects essentiels. Le premier
abordera le cadre institutionnel et conceptuel, mettant en lumière les concepts mentionnés
précédemment, ainsi que les diverses politiques publiques et le cadre juridique qui régissent la
situation des mères célibataires au Maroc. Quant au deuxième volet, il sera dédié à la
description de l'organisation des missions et des mandats au sein de l'association INSAF.

Le deuxième chapitre.

Le troisième chapitre

10
Chapitre I : Cadre institutionnel et
conceptuel et analyse organisationnelle

11
Chapitre I : Cadre institutionnel et conceptuel et analyse
organisationnelle

Le présent chapitre se divise en deux parties distinctes. La première se consacre à la


clarification du cadre conceptuel et institutionnel, abordant les concepts fondamentaux de
mon sujet de MFE ainsi qu'une description de la situation actuelle liée au problème des mères
célibataires. Cela inclut un examen du contexte juridique, et des engagements des politiques
publiques. Quant à la deuxième partie de ce chapitre, elle se concentre sur l'aspect
organisationnel en évoquant les mandats, les missions de l'organisation, le processus
d'intervention de l'association envers sa population cible ainsi que les limites et difficultés de
ce processus d’intervention.

1. Le cadre conceptuel
Le sujet des mères célibataires au Maroc, une réalité sociale polémique, est marquée par la
transgression des normes morales et sociales liées à la maternité et aux relations hors mariage.
Cette situation révèle une vulnérabilité complexe, englobant des dimensions diverses.
L'analyse de ce phénomène nécessite une approche interdisciplinaire, en se référant à
plusieurs concepts sociologiques, anthropologiques et juridiques, afin de comprendre les
facteurs contribuant à la construction de la figure de la mère célibataire et à la transformation
de la société marocaine.

1.1 Les mères célibataires


La mère célibataire est une figure sociale qui se définit comme une femme ayant donné
naissance à un enfant hors mariage, dans un contexte où la grossesse et la naissance en dehors
du cadre légal ne sont pas reconnues et stigmatisées. (Chibane, 2022, p. 23).

Le concept de mère célibataire au Maroc est fortement lié aux normes morales et sociales en
relation à la maternité et aux relations hors mariage. La mère célibataire est souvent
stigmatisée et marginalisée en raison de sa non-conformité aux normes traditionnelles de la
société marocaine. (Benzouine, 2017, pp. 62-63).

La mère célibataire est fréquemment stigmatisée par la société, perçue comme transgressant
les valeurs collectives et religieuses, entraînant ainsi son exclusion sociale. Cette perception

12
négative s'étend également à son enfant, exposé à des discriminations basées sur des motifs
religieux ou légaux. La situation est exacerbée par l'absence de lois protectrices au Maroc, où
l'article 32 de la Constitution favorise implicitement la famille fondée sur le mariage légal,
excluant d'autres formes familiales. Les lois pénales criminalisent les relations sexuelles hors
mariage, limitant le droit à la maternité des femmes célibataires. De plus, le code de la famille
prive les enfants de mères célibataires de droits légitimes. Ces restrictions juridiques entravent
non seulement les droits fondamentaux, mais compromettent également l'intégration sociale
de la mère célibataire et de son enfant, les exposant à une marginalisation renforcée par des
sanctions juridiques et sociales. (Association 100% mamans, 2019, p. 16).

1.2 La monoparentalité
La monoparentalité, une forme de parentalité qui contribue à la diversification et à la
complexification des relations familiales, attire une attention croissante en raison de son
expansion et des enjeux qu'elle pose. Les familles monoparentales, souvent issues de la
séparation d'un couple parental, marié ou non, font face plus fréquemment que d'autres au
risque de pauvreté et de précarité sociale, une réalité prise en compte de manière variable
selon les pays. Cette évolution nécessite une adaptation des politiques, du droit de la famille et
du droit social pour répondre aux nouveaux défis posés par la monoparentalité. (Marie-
Thérèse, 2011, p. 3).

La monoparentalité au Maroc est généralement associée aux femmes ayant un statut


matrimonial légalement reconnu, telles que les divorcées, les veuves et les mariées.
Cependant, de facto, les mères célibataires, bien qu'elles dirigent des familles monoparentales
de fait, ne sont pas toujours juridiquement et statistiquement reconnues en tant que chefs de
famille. La capacité à déclarer qu'une femme est chef de famille, que ce soit de jure ou de
facto, souligne l'importance de la reconnaissance légale et statistique de sa situation, selon
Arlène Doumit-El Khoury. (Bousbaa, 2020, p. 1).

Les mères célibataires, élevant un ou plusieurs enfants nés hors mariage, introduisent un
modèle familial qui se distingue de la traditionnelle famille nucléaire, fusionnant géniteurs,
couple conjugal et couple parental. Dans cette configuration, la parentalité prend le pas sur la
dimension conjugale, soulignant que la formation du lien familial au sein d'une famille
monoparentale dirigée par une mère célibataire est davantage influencée par les liens de
parenté entre la mère et son enfant que par le cadre institutionnel du mariage. Cette structure
familiale se distingue également en étant définie exclusivement par la lignée maternelle tant

13
sur le plan juridique (filiation, succession) que social (expérience vécue entre la mère et
l'enfant). La responsabilité formelle de l'enfant repose entièrement sur un seul géniteur, à
savoir la mère. (Ibid.).

1.3 Exclusion social


L'exclusion, une notion complexe, se définit comme la situation où une personne ou un
groupe est exclu de la société, de ses institutions et de ses normes en raison de leur non-
conformité aux standards sociaux, économiques, politiques ou culturels. Cette exclusion peut
découler de divers facteurs tels que la pauvreté, le chômage, la discrimination, la
marginalisation ou la violence. Ses conséquences sont graves, entraînant la perte de dignité,
d'identité, d'estime de soi, et spécialement le non accès aux droits et aux services, ainsi que la
compromission de l'intégration sociale des individus concernés. (F.LIGOT, 2002).

Au Maroc, les mères célibataires sont fréquemment confrontées à une stigmatisation sociale
qui peut gravement affecter leur estime de soi. Des stéréotypes persistants les catégorisent de
manière réductrice, influençant négativement leur propre perception. Les représentations
collectives défavorables ont des répercussions significatives sur leur image personnelle. Le
sentiment de culpabilité qu'elles ressentent est largement conditionné par la manière dont elles
pensent être jugées par autrui. Cette situation engendre un manque de confiance et un
sentiment de honte, influençant profondément leurs interactions sociales et pouvant se
manifester par des attitudes stigmatisantes. (Bousbaa A. , 2017, pp. 127-140).

L'exclusion des mères célibataires au Maroc a des répercussions directes sur leurs enfants,
qui rencontrent des obstacles majeurs dans l'accès à des droits fondamentaux tels que
l'enregistrement à l'état civil, l'intégration à l'école, l'accès aux services médicaux, etc. Cette
problématique d'exclusion, à la fois juridique et sociale, est largement perçue comme critique
au Maroc. Les femmes célibataires, confrontées aussi à des difficultés sur le marché du travail
et souvent occupant des postes précaires, se retrouvent exposées à la pauvreté et à la
vulnérabilité. Ces conséquences mettent en lumière l'étendue de l'exclusion dont souffrent les
mères célibataires et leurs enfants.

1.4 L’accompagnement
L'accompagnement social se définit comme une méthode d'intervention sociale visant à
améliorer la situation des individus. Cette démarche, qu'elle soit individuelle ou collective,
repose sur une relation entre un accompagnant et un ou plusieurs accompagnés, ayant pour

14
finalité l'émancipation et l'affirmation de la citoyenneté des personnes soutenues. Les champs
d'intervention de l'accompagnement social sont diversifiés, englobant l'assistance aux
personnes en situation de précarité et de vulnérabilité, comme le cas des mères célibataires.
Cette approche requiert des investissements substantiels en termes de ressources humaines et
financières, et s'inscrit dans une dynamique partenariale entre les acteurs sociaux. (Degrand
Françoise, 2010, pp. 13-14).

L'accompagnement social, pouvant prendre diverses formes comme les entretiens individuels,
les groupes de parole, les ateliers collectifs, les visites à domicile ou les actions de médiation
sociale, vise essentiellement à restaurer l'autonomie, développer les compétences, renforcer
l'estime de soi et favoriser l'insertion sociale des personnes accompagnées. Qu'il soit assuré
par des professionnels tels que travailleurs sociaux, éducateurs spécialisés, psychologues,
conseillers en emploi, ou des bénévoles formés, cet accompagnement s'adresse à des individus
ou des groupes en difficulté, offrant écoute, conseils, informations, et orientation vers des
ressources adaptées à leurs besoins. (Trindada-Chadeau, 2012, pp. 65-73).

Dans le contexte des mères célibataires, l'accompagnement se focalise sur l'établissement


d'une relation de confiance et la compréhension des besoins et des défis auxquels ces femmes
font face, notamment en termes de violence, de logement, d'insertion sociale et
professionnelle, ainsi que de parentalité. Les travailleurs sociaux collaborent étroitement avec
elles afin de renforcer leur autonomie et leur capacité à s'intégrer dans la société, tout en
prenant en compte les normes de bonne parentalité, bien que celles-ci soient difficilement
objectivables.

1.5 L’autonomisation
L'autonomisation, dans un sens général, confère à un individu ou à un groupe le pouvoir de
transformer sa propre situation. Le concept d'autonomisation des femmes a été intégré comme
un objectif de développement social et humain, touchant divers domaines de connaissance,
notamment le social, l'économique et le politique. Il s'agit essentiellement d'un processus
permettant à un individu ou à un groupe d'acquérir un pouvoir qui leur donne la capacité de
changer leur réalité. Ainsi, l'autonomisation se définit comme le moyen d'accorder à une
personne une capacité ou une habilitation perçue comme un droit. (MBAYE, 2023, pp. 5-26).

L’autonomisation des femmes est reconnue comme un pilier essentiel dans l'édification de
l'égalité entre les sexes. Ce domaine s'inscrit dans l'application des dispositions

15
constitutionnelles qui ont élevé l'autonomisation économique, sociale, et politique des femmes
au rang de déterminant fondamental pour la consolidation de l'État de droit. Plus qu'un simple
concept, l'autonomisation des femmes constitue une composante intrinsèque de leurs droits.
Agir en faveur de cette autonomisation, en garantissant aux femmes le droit de choisir leur vie
et leur parcours, représente la voie la plus solide pour assurer leur indépendance et liberté ce
qui va leurs permettre de faire face aux difficultés de l’exclusion. (Ibid.).

En somme, l'autonomisation des mères célibataires implique le renforcement de leur


indépendance et de leurs compétences, favorisant ainsi leur capacité à prendre des décisions
autonomes dans divers aspects de leur vie. Cela englobe des domaines tels que l'économie, la
parentalité, l'éducation, le logement, et d'autres aspects sociaux. L'objectif fondamental est de
les habiliter à gérer efficacement leur vie, à surmonter les défis potentiels, et à accéder à des
opportunités qui contribuent à leur bien-être personnel et à celui de leurs enfants.
L'autonomisation des mères célibataires vise à les soutenir dans leur quête d'une vie plus
autonome et épanouissante et en favorisant leurs insertions sociales franchissant ainsi les
obstacles stigmatisants.

1.6 L’insertion sociale


L'insertion sociale, souvent déployée pour des segments de population spécifiques, se trouve
étroitement intriquée avec les défis de la pauvreté et de l'exclusion. Ce processus englobe un
accompagnement individualisé ainsi que des initiatives en dehors du contexte professionnel.
Ses buts fondamentaux se concentrent d'une part sur l'épanouissement individuel, le
développement personnel, et la réintégration sociale, et d'autre part sur la réinsertion de la
personne en difficulté au sein de la société. L'insertion sociale constitue ainsi un travail de
restauration et de reconfiguration des identités, une réorganisation du réseau relationnel, un ré
ancrage dans le tissu social, ainsi qu'un renouvellement des liens entre la personne et la
société. (Barreyre, Bouquet , & Chantreau, 1995, p. 209).

L'insertion sociale des mères célibataires représente un enjeu significatif, et diverses


initiatives sont élaborées pour les accompagner dans ce processus. À titre illustratif, des
programmes de formation professionnelle adaptés à leurs besoins sont mis en œuvre afin de
faciliter leur intégration sur le marché du travail. Parallèlement, des actions sont entreprises
pour les sensibiliser à leurs droits juridiques, sanitaires et sociaux, tout en les guidant dans le
développement de compétences professionnelles et personnelles. Ces initiatives sont orientées
vers la promotion de l'accès des mères célibataires à leurs droits fondamentaux, le

16
renforcement de leur autonomie économique et sociale, ainsi que la facilitation de leur
intégration socioprofessionnelle. Malgré les obstacles auxquels elles font face, il demeure
essentiel de soutenir ces femmes dans leur démarche d'insertion sociale et professionnelle,
dans le but de favoriser non seulement leur autonomie et leur bien-être, mais également celui
de leurs enfants.

1.7 Les services sociaux


Le service social se positionne comme la réponse organisée de la société envers ses
membres qui traversent une situation de rupture d'équilibre social. Il se présente comme une
offre sociale accessible à ceux qui souhaitent en bénéficier librement. En mettant
particulièrement l'accent sur les individus les plus vulnérables, le service social vise à les
accompagner dans la résolution de leurs difficultés spécifiques. Il met en exergue les
dysfonctionnements des mécanismes sociaux dont ces individus sont victimes, identifie leurs
besoins, encourage l'évolution de ces mécanismes et favorise la création de nouvelles
ressources sociales. Ces principes, intégrés à l'éthique professionnelle des assistants sociaux,
incluent l'acceptation de l'autre, le respect de la liberté, la reconnaissance des droits et la
participation active. (Guillon, 2019, pp. 2-3).

En partenariat avec différents acteurs, l’assistant(e) de service social représente le levier du


processus d’intervention auprès des personnes dans les situations précaires. Ce professionnel
a pour objectif d’apporter l’aide nécessaire à ces personnes en besoin en les informant sur
leurs droits sociaux, médicaux, d'accès au logement ou à la formation en vigueur, en
proposant des solutions et en les orientant vers des lieux d'accueil spécialisés. A travers ce
processus, l’assistant(e) de service sociale essaie de bâtir avec les bénéficiaires des
interventions adaptés et personnalisés. Ce professionnel du travail social écoute les personnes
reçues pour détecter les origines de leurs difficultés, apporte du conseil et propose des
solutions. Il peut également jouer le rôle de médiateur, se déplacer au domicile des personnes
en difficulté, soutenir et accompagner les personnes dans les démarches engagées, assurer des
consultations de quartiers, échanger avec l'ensemble des travailleurs sociaux, connaître les
règles administratives et assurer la gestion des dossiers. Les assistants de service social
travaillent en collaboration avec d'autres professionnels du secteur social, tels que les
éducateurs spécialisés, les psychologues, les médecins, les avocats, etc., pour offrir une aide
globale et adaptée aux besoins des personnes en difficulté.

17
Cette collaboration est nommé le travail en réseau. Le travail en réseau apparaît comme une
modalité d’intervention pertinente pour renforcer les compétences, les ressources et les liens
des assistantes sociales, ainsi que pour améliorer la qualité et la continuité des services offerts
aux mères célibataires. Le travail en réseau permet également de favoriser la participation, la
mobilisation et l’empowerment des personnes vulnérables, en les impliquant dans la
définition et la mise en œuvre de leur projet de vie.

En service social, le travail en réseau implique la collaboration avec divers acteurs


professionnels ou institutionnels. Cette approche collaborative vise à mobiliser et coordonner
les ressources disponibles pour répondre efficacement aux besoins des individus, des familles
et des communautés. Le partage d'informations, de compétences et d'objectifs communs, que
ce soit avec le réseau primaire (famille, amis) ou des spécialistes, caractérise cette démarche.
Bien que le travail en réseau offre des avantages tels que l'efficacité, la réactivité, la diversité
et l'innovation, il comporte également des inconvénients tels que des difficultés de
communication, de confiance, de gestion du temps et de résolution des conflits. (Dumoulin,
Dumont, Bross, & Masclet, 2015, pp. 3-48).

Globalement, Le rôle de l'assistant(e) social(e) dans l'autonomisation des mères célibataires


au Maroc est étroitement lié à la stigmatisation sociale qu'elles endurent. Face à la non-
reconnaissance juridique de leur statut de chef de famille monoparentale et à l'exclusion
sociale, les mères célibataires bénéficient d'un accompagnement social personnalisé visant à
renforcer leur estime de soi, sensibiliser à leurs droits, favoriser leur intégration sociale et
professionnelle, et promouvoir leur autonomie. Le travail en réseau de l'assistant(e) social(e)
avec d'autres professionnels et services sociaux devient ainsi un levier essentiel pour offrir
une assistance globale, levant les obstacles juridiques et sociaux auxquels font face ces
femmes, tout en contribuant à leur émancipation individuelle et à celle de leurs enfants.

2. Le cadre institutionnel
Au Maroc, la situation des mères célibataires est complexe du fait de l'absence de lois
spécifiques dédiées à cette catégorie de femmes. Contrairement à certains pays qui ont des
dispositions législatives spécifiques pour régir les droits et les responsabilités des mères
célibataires, le cadre juridique au Maroc peut être considéré comme plus général, reposant sur
des principes du droit de la famille et de la société. Cette lacune législative soulève des
questions importantes concernant les droits parentaux, la reconnaissance de paternité, les

18
droits financiers et d'autres aspects cruciaux de la vie quotidienne des mères célibataires et de
leurs enfants. Cette exploration du cadre juridique et institutionnel offre une compréhension
approfondie des droits et des défis auxquels sont confrontées les mères célibataires dans le
contexte marocain.

Dans le contexte juridique actuel au Maroc, la situation des mères célibataires est soumise à
deux cadres législatifs complémentaires : le droit pénal et le droit de la famille. Le droit pénal
sanctionne les relations sexuelles hors mariage, définissant deux infractions distinctes : la
fornication ("Zina") pour les personnes non mariées impliquées dans des relations sexuelles,
passible d'une peine d'emprisonnement d'un mois à un an, et l'adultère pour la personne
mariée ayant des relations extraconjugales, entraînant une peine d'un à deux ans de prison,
également applicable au partenaire non marié. Toutefois, le Code pénal ne traite pas de la
grossesse ni de l'enfant à naître, laissant ces aspects au Code de la famille. Selon l'article 149
de la "Moudawana", la filiation légitime relie l'enfant à ses parents mariés, tandis que la
filiation naturelle concerne l'enfant né de parents non mariés. La reconnaissance de la
paternité n'est pas obligatoire en cas de grossesse illégitime, et l'article 148 stipule que la
filiation illégitime ne crée aucune obligation du père envers l'enfant. Ainsi, l'enfant illégitime
est affilié à la mère en raison du lien naturel les unissant, plutôt qu'au père biologique.
(Bousbaa & Anbi, 2020, p. 6).

En outre, l'article 32 de la Constitution restreint la reconnaissance de la famille aux unions


légalement mariées, excluant ainsi les mères célibataires et leurs enfants des protections
légales. Cette discrimination découle du refus de reconnaître le droit à l'activité sexuelle, en
contradiction avec les droits à la santé sexuelle et reproductive proclamés lors de la
Conférence de la population et du développement du Caire. Le code pénal marocain, par le
biais des articles 490 et 492, réprime les relations sexuelles hors mariage, mais les conditions
strictes de l'article 493 rendent son application complexe. Souvent, la grossesse devient la
preuve de l'acte, privant ainsi les mères célibataires de leurs droits maternels et des lois
protectrices, impactant les droits de leurs enfants en matière de filiation et d'héritage.
Cependant, le dahir n° 1-02-239 de 2002 offre une exception, permettant à la mère célibataire
de déclarer son enfant sans la présence obligatoire du père, conférant ainsi une certaine
légitimité. (Association 100% mamans, 2019, pp. 15-18).

Selon la loi n° 70-03, les articles 154, 156 et 158 du code de la famille régissent
l'établissement de la filiation paternelle dans le cadre d'une relation légitime ou des fiançailles.

19
Ces dispositions posent des conditions telles que l'approbation du tuteur matrimonial de la
fiancée, la reconnaissance publique des fiançailles, la démonstration de la grossesse durant
cette période, et la reconnaissance mutuelle de la parenté. Par ailleurs, l'article 148 du même
code précise que la filiation illégitime ne génère aucun lien de parenté parent-enfant. (Code de
la famille, 2004, pp. 55-56).

D’après le paragraphe juridique n°23 de la loi n°37-99 sur l'état civil, le livret de famille est
réservé aux couples mariés, et la version originale est exclusivement délivrée à l'époux. Les
femmes divorcées ou les mandataires légaux ont la possibilité d'obtenir une copie, mais les
mères célibataires ne sont pas spécifiquement mentionnées et ne sont pas éligibles pour se
procurer ce livret. (Loi 37-99, 2002, p. 8).

Néanmoins, la promulgation du nouveau code de la famille en 2004 a marqué un


changement significatif dans la protection des droits des femmes et des enfants, instaurant des
modifications substantielles par rapport à son prédécesseur. Contrairement à l'ancien code, il
reconnaît explicitement la filiation illégitime (article 142) et propose des mécanismes pour
établir la filiation paternelle, que ce soit par reconnaissance ou par décision judiciaire (article
145). Toutefois, ces avancées sont assorties de conditions spécifiques, notamment la
reconnaissance de la paternité par expertise scientifique lors de fiançailles et de rapports
sexuels douteux (articles 155 et 156). L'utilisation du test génétique est autorisée, mais elle
nécessite l'approbation des familles ou du tuteur de la fiancée. Une fois la filiation établie, elle
confère des droits cruciaux tels que la pension alimentaire, la protection, et l'héritage. De plus,
le code accorde aux enfants abandonnés ou naturels le droit de porter le nom du père si la
filiation est établie. À défaut, la mère a désormais le pouvoir de déclarer l'enfant et de lui
attribuer son nom de famille sans nécessiter d'autorisation paternelle, signalant une divergence
notable par rapport à la législation précédente. Malgré ces avancées, certaines mères optent
parfois pour un nom fictif ressemblant à celui du géniteur, cherchant ainsi à protéger l'origine
hors mariage de l'enfant et à éviter toute forme de discrimination. (Funck & Iris Sechter,
2015, pp. 355-364).

D’autre part, et en ce qui concerne la mère célibataire, bien que non explicitement
mentionnée dans le code pénal, se trouve confrontée à la criminalisation du délit de zina,
passible d'une peine d'emprisonnement d'un à douze mois selon l'article 490 du code pénal.
L'identification de cette situation survient souvent lors de l'accouchement, où les maternités
sont tenues de signaler l'infraction à la police. Bien que les sanctions pénales aient évolué au

20
fil du temps, l'accusation de zina expose la mère célibataire à l'étiquette d'interdit (haram), la
privant du statut de "bonne mère". Il est essentiel de souligner que la loi ne prend pas en
compte la situation de la mère célibataire qui a choisi de garder son enfant, même en cas
d'abus ou de viol. Les articles 146, 147 et 148 du code de la famille maintiennent les mêmes
effets de filiation (droits et devoirs) pour la mère, qu'elle résulte d'un mariage, d'un viol ou de
rapports considérés comme "douteux". Cette absence de reconnaissance juridique soulève des
questions essentielles quant à la protection des droits de la mère célibataire au Maroc, mettant
en lumière la nécessité d'une réflexion approfondie sur les implications sociales et légales de
cette réalité. (Ibid.).

Face aux multiples complexités juridiques et sociales auxquelles sont confrontées les mères
célibataires et leurs enfants au Maroc, la société civile s'engage activement dans une série
d'initiatives visant à améliorer leurs conditions de vie et à garantir l'accès à leurs droits et
libertés fondamentales. Ces initiatives incluent des programmes de sensibilisation juridique
destinés à informer les mères célibataires de leurs droits en matière de filiation, d'héritage et
de protection sociale. En outre, des organisations de la société civile travaillent à créer des
espaces de soutien psychosocial pour ces femmes, reconnaissant les défis émotionnels et
sociaux auxquels elles sont confrontées. Des plaidoyers sont également menés pour
sensibiliser l'opinion publique et les décideurs politiques sur la nécessité de réformes
législatives afin de mieux prendre en compte la réalité des mères célibataires dans le système
juridique marocain. L'objectif global de ces actions est de contribuer à l'élimination des
stigmates sociaux et des obstacles juridiques qui entravent la vie de ces femmes et de leurs
enfants, en promouvant une société plus inclusive et respectueuse des droits fondamentaux.

Dans les années 1980, Casablanca a vu émerger la première association dédiée aux mères
célibataires, suivie par d'autres à la fin des années 90. Initiatives nées de pressions
internationales pour les droits des femmes et l'égalité des genres, elles ont également répondu
à une volonté politique de moderniser la société marocaine. Bien que le Maroc compte
environ 44 771 associations actives en 2007, celles spécifiquement consacrées aux mères
célibataires demeurent rares, avec une douzaine seulement. Ces organisations ont joué un rôle
significatif dans le remodelage du traitement social des mères célibataires, mettant l'accent sur
la prévention de l'abandon des enfants nés hors mariage et fournissant un soutien aux femmes
en détresse. (Funck & Iris Sechter, 2015, pp. 355-364).

21
Au sein du paysage institutionnel et des organismes dédiés à l'étude et au soutien des mères
célibataires au Maroc, diverses associations s'engagent dans cette mission, parmi lesquelles
figurent : l'association 100% Mamans à Tanger, l'Institut National de Solidarité avec les
Femmes en Détresse (INSAF) à Casablanca, Solidarité Féminine à Casablanca, l'association
Oum el Banin à Agadir, l'Association Initiative pour la Protection des Droits des Femmes
(IPDF) à Fès, et l'Union Nationale des Femmes Marocaines (UNFM) à Tanger.

Les associations de la société civile marocaine se révèlent être un moteur essentiel et


efficace dans la promotion des droits des groupes vulnérables, recevant aujourd'hui une
reconnaissance de l'État qui les intègre dans l'élaboration de certaines politiques publiques.
Néanmoins, cette reconnaissance s'affaiblit considérablement dans le contexte des mères
célibataires et de leurs enfants, en raison du manque de lois spécifiques, de solutions radicales
et d'une volonté manifeste de la part des décideurs. L'État demeure réticent à reconnaître la
singularité de cette réalité, laissant ainsi quelques associations soutenir ce collectif avec des
ressources propres. Ces organisations, en tant que pionnières dans l'identification des
problèmes, assurent un rôle crucial de soutien quotidien en fournissant des services essentiels
au collectif des jeunes femmes et de leurs enfants. (Association 100% mamans, 2019, p. 22).

Les interventions des associations auprès des mères célibataires revêtent une dimension
holistique, visant à adresser les multiples défis auxquels ces femmes font face. En fournissant
un soutien psychosocial, elles offrent un espace d'écoute et de conseil pour aider ces femmes à
surmonter les obstacles émotionnels et sociaux. Parallèlement, ces associations s'emploient à
renforcer l'autonomie des mères célibataires en favorisant leur accès à l'éducation et à la
formation professionnelle, augmentant ainsi leurs chances de trouver un emploi stable. Elles
jouent également un rôle important en fournissant une assistance juridique pour garantir que
ces femmes comprennent et défendent leurs droits légaux, notamment en ce qui concerne la
filiation et l'héritage. De plus, les associations facilitent l'accès aux soins de santé,
particulièrement pendant la grossesse et pour les jeunes enfants, et offrent des aides
matérielles telles que des fournitures pour bébés et des biens de première nécessité.

Les associations œuvrant en faveur des mères célibataires dans le contexte marocain mènent
un plaidoyer multifacette. Sur le plan législatif, elles demandent la participation de la société
civile dans la révision du Code de la famille, la suppression du chapitre 490 du code pénal, et
la substitution du terme "expertise judiciaire" par "expertise génétique" dans la loi. Elles
réclament également une unification des procédures administratives liées à l'état civil à

22
l'échelle nationale et le droit pour la mère célibataire d'obtenir un livret de famille. Dans leurs
relations avec l'administration, les associations visent à améliorer l'accueil des mères
célibataires dans les services publics, à sensibiliser le personnel de la santé à leur situation, et
à simplifier les procédures légales et administratives pour celles sans domicile fixe. Elles
préconisent des partenariats entre la société civile et les établissements de santé, la formation
continue du personnel des forces de l'ordre, la création de cellules de protection, la
simplification de l'obtention d'actes de naissance, la mise en place de crèches publiques, et la
scolarisation des enfants jusqu'à 18 ans. De plus, elles s'opposent à la circulaire du ministère
de l'Intérieur imposant un prénom spécifique lors des naissances hors mariage. Ces initiatives
sont soutenues par des demandes plus larges, notamment la création de centres pour mères
célibataires et l'intégration de l'éducation sexuelle dans les programmes. En parallèle, ces
associations exercent un plaidoyer constant au niveau national pour une reconnaissance
institutionnelle et légale des droits des mères célibataires, soulignant l'importance de protéger
le couple mère-enfant et de prévenir l'abandon des enfants nés hors mariage. (Association
100% mamans, 2019, pp. 25-26).

En conjonction avec les actions entreprises par la société civile, on observe les initiatives de
l'État à travers divers programmes et politiques publiques visant à assurer une protection et
une qualité de vie aux femmes se trouvant dans des situations de vulnérabilité. Bien que ces
programmes ne ciblent pas spécifiquement les mères célibataires et leurs enfants, ils encadrent
les femmes dans un contexte plus global.

A titre d’exemple, la promulgation de la loi 103.13 en (2018) représente une avancée


significative dans le cadre juridique visant à lutter contre la violence envers les femmes. Cette
loi, en conformité avec les conventions internationales ratifiées par le Maroc, s'articule autour
de quatre dimensions cruciales : la prévention, la protection, la lutte contre l'impunité et la
prestation de services de qualité. Son impact préliminaire se traduit par l'application de
mesures de protection et de décisions judiciaires, particulièrement dans les cas de violence
psychologique et de violence conjugale. Des exemples de ces décisions incluent des
interdictions d'approcher ou de communiquer avec la victime. Pour concrétiser cette loi, un
décret d'application n° 2.18.856 a été émis, détaillant des aspects tels que la composition de
cellules spécialisées au sein des tribunaux et des départements concernés, l'organisation de la
Commission nationale pour la prise en charge des femmes victimes de violences, ainsi que la
structuration des commissions régionales et locales pour accompagner les femmes victimes de

23
violence. Ces mesures démontrent l'engagement du Maroc dans la protection des droits des
femmes et la lutte contre la violence à leur égard. (Ministère de la Solidarité de la Femme de
la Famille et de Développement Social, 2020).

Au Maroc, la protection juridique des femmes est assurée par la loi 103.13, en complément
des conventions internationales ratifiées. Le pays a mis en place un plan gouvernemental
d'égalité, réparti en deux phases (ICRAM1 de 2012 à 2016 et ICRAM2 de 2017 à 2021),
servant de cadre pour les actions ministérielles en faveur de l'égalité des sexes. Une initiative
d'accompagnement a été lancée en 2019, impliquant 15 ministères dans l'analyse sectorielle
axée sur le genre. En parallèle, le Maroc a élaboré le programme "MAROC ATTAMKINE"
pour l'autonomisation économique des femmes d'ici 2030, visant à renforcer le cadre
institutionnel et à accroître les opportunités économiques. Les objectifs du programme
incluent l'atteinte de 30% de taux d'emploi des femmes, l'augmentation du nombre de femmes
diplômées de l'enseignement professionnel, et la promotion d'un environnement favorable au
développement durable de l'autonomisation économique des femmes. En complément de ces
initiatives, le programme "INTELAKA", lancé en février 2020 avec le soutien de Sa Majesté
le Roi Mohammed VI, vise à soutenir et faciliter l'accès des entrepreneurs et entrepreneuses,
en particulier dans le secteur informel urbain et rural. Ces programmes reflètent l'engagement
du Maroc à renforcer le pouvoir d'action des femmes. (Ministère de la Solidarité de la Femme
de la Famille et de Développement Social, 2021, pp. 1-8).

En parallèle des initiatives de l'État visant à renforcer l'émancipation économique des


femmes, la plateforme "KOLONA MAAK" a été mise en place en partenariat avec plusieurs
organismes gouvernementaux et partenaires tels que le ministère de la solidarité, de l'insertion
sociale et de la famille, le ministère de la santé, la présidence du ministère public, la
gendarmerie royale et l'Union nationale des femmes marocaines. Cette plateforme a pour
objectif d'offrir une écoute, un soutien et une orientation aux femmes et filles en situation de
vulnérabilité, en recueillant leurs plaintes et en les orientant vers les systèmes de prise en
charge appropriés. (Ministère de la Solidarité de la Femme de la Famille et de Développement
Social, 2020).

3. Organisation d’accueil
Le stage, en tant que période déterminante de formation, apprentissage, et perfectionnement,
revêt une importance particulière, surtout dans le domaine du travail social. Il vise à offrir à

24
l'étudiant l'opportunité d'acquérir de nouvelles compétences, de concrétiser les apprentissages
théoriques, et d'explorer ses compétences et intérêts, tant sur le plan personnel que
professionnel. Mon stage de fin d'étude s'est déroulé au sein de l'association INSAF, basée à
Casablanca, offrant une expérience significative où j'ai pu mettre en pratique mes
connaissances théoriques et développer mes compétences dans un contexte réel.

3.1 L’association INSAF


L'INSAF, est une association qui se consacre à apporter une assistance précieuse aux
femmes en difficulté, en mettant particulièrement l'accent sur les victimes de violence et les
mères célibataires. Fondée sur des principes éthiques solides, l'association a pour objectif de
promouvoir activement les droits des femmes, de les soutenir sur les plans social et
économique, tout en éduquant la société sur les problématiques liées à la violence, aux
inégalités de genre et aux défis auxquels font face les femmes, indépendamment de leur statut,
en raison de la discrimination. S'inscrivant parmi les nombreuses organisations et ONG au
Maroc qui luttent pour l'amélioration de la condition des femmes vulnérables, l'INSAF se
concentre spécifiquement sur le soutien des mères célibataires en détresse, y compris les
jeunes mineures, en combattant vigoureusement la violence et la ségrégation. En accueillant
des femmes de tous horizons, l'association les guide vers la reconstruction personnelle, leur
offrant des services variés tels que l'inscription à l'état civil, un suivi médical, un soutien
psychologique, juridique et professionnel, ainsi que des formations qualifiantes. Ces
initiatives visent à renforcer l'autonomie des mères célibataires, favorisant ainsi leur
réintégration réussie dans la société. (INSAF, 2023).

3.2 Missions de l’association


L'association INSAF déploie un ensemble de missions détaillées en faveur des mères
célibataires, englobant un processus holistique depuis leur accueil jusqu'à la réalisation de leur
autonomie. Tout commence par une réception bienveillante, où chaque femme est accueillie
avec empathie et compréhension. Le premier objectif est d'établir un lien de confiance et une
connexion solide, créant un environnement sûr propice à l'expression des besoins et des défis
spécifiques de chaque mère célibataire.

Une fois cette phase initiale complétée, l'INSAF développe des programmes personnalisés
qui proposent une gamme de services essentiels. Ces services comprennent l'hébergement,
particulièrement pour les mères dépourvues de tout lieu où se rendre, l'inscription à l'état civil

25
visant à garantir la reconnaissance légale de l'enfant, un suivi médical assurant la santé
physique et mentale aussi bien de la mère que de l'enfant, et enfin, un soutien psychologique
visant à aider à surmonter d'éventuels traumatismes.

En parallèle, la mère célibataire est dirigée vers une cellule appelée « Cellule d'Orientation et
d'Intégration Professionnelle » (COIP) afin de lui permettre de suivre une formation
professionnelle dans des domaines tels que la coiffure, la couture et la cuisine. L'objectif de
cette formation est de renforcer les compétences et la confiance en soi de ces femmes,
favorisant ainsi un accompagnement réussi vers l'autonomisation.

L'association favorise spécialement l'autonomie économique en proposant des programmes


d'insertion professionnelle, des opportunités d'emploi ou d'entrepreneuriat dans le cadre de
plusieurs projets partenariaux avec SWISSCONTACT, CFD, Ministère de l'Inclusion
Economique, de la Petite Entreprise, de l'Emploi et des Compétences par exemple. Cet aspect
représente l’importance du parcours qui vise à assurer une indépendance financière, donnant
aux mères célibataires les moyens de subvenir aux besoins de leurs enfants et de participer
activement à la société.

Au fil de ce processus, l'INSAF continue d'accompagner les femmes, encourageant leur


participation active dans la communauté, favorisant des réseaux de soutien mutuel, et les
orientant vers une réintégration réussie dans la société. L'objectif ultime est de permettre aux
mères célibataires de retrouver une stabilité personnelle et professionnelle, renforçant ainsi
leur autonomie et contribuant à briser les cycles de vulnérabilité.

3.3 Le rôle des assistants sociaux et du travail en réseau au sein de


l’association
L'association INSAF s'appuie sur une équipe pluridisciplinaire et polyvalente, dédiée à
fournir un soutien de qualité aux mères célibataires et à leurs enfants. Cette équipe
professionnelle se compose d'une présidente, d'un comité exécutif, d'une directrice
opérationnelle, d'un pôle spécialisé pour les mères célibataires et leurs enfants comprenant des
assistantes sociales, une aide-soignante, un coach, des nurses en crèche et une psychologue.
De plus, elle intègre une responsable d'orientation professionnelle et des formatrices
spécialisées dans les domaines de la couture, de la coiffure et de la cuisine. Par ailleurs, elle
compte également une directrice de développement en charge de la communication, ainsi
qu'un département dédié à la comptabilité.

26
L'assistante sociale au sein de l'association INSAF joue un rôle central et multifacette en
offrant un soutien complet aux mères célibataires et à leurs enfants. Sa mission débute par
l’accueil, l’écoute et une évaluation approfondie des besoins individuels, englobant les aspects
sociaux, économiques et psychologiques, tout en assurant cela avec empathie pour
comprendre les préoccupations spécifiques de chaque bénéficiaire.

En plus de son rôle en matière d'évaluation, l'assistante sociale prend en charge l'orientation
des mères célibataires, les guidant vers des services et des programmes internes et externes
appropriés. Elle assure également un suivi juridique, informant les bénéficiaires de leurs
droits légaux comme le droit de leurs enfants à l’inscription dans l’état civil et intervenant en
cas de besoin pour garantir leur protection et équité.

L'accès aux soins médicaux est une priorité, et l'assistante sociale facilite ce processus en
coordonnant les rendez-vous médicaux et en veillant à ce que les mères célibataires et leurs
enfants reçoivent des soins adaptés à leurs besoins.

En matière d'orientation professionnelle, l'assistante sociale guide les mères célibataires vers
des formations professionnelles spécifiques, telles que la couture, la coiffure et la cuisine, en
fonction de leurs aspirations et besoins. Elle soutient ainsi le renforcement des compétences,
facilitant une intégration réussie dans le monde professionnel.

Enfin, l'assistante sociale ne se limite pas à une intervention ponctuelle. Elle assure un suivi
après leur départ de l'association, veillant à ce que les mères célibataires maintiennent une
stabilité dans leur vie quotidienne et bénéficient d'un soutien continu, contribuant ainsi à leur
autonomisation durable.

En résumé, son rôle exhaustif englobe l'évaluation, l'orientation, le suivi juridique, la


facilitation d'accès aux soins médicaux, l'orientation professionnelle et un suivi attentif,
assurant un accompagnement complet pour les bénéficiaires de l'association INSAF.

En outre, Le travail en réseau au sein de l'association INSAF revêt une nécessité


indispensable dans la réalisation de sa mission d'accompagnement des mères célibataires et de
leurs enfants. Il s'agit d'une stratégie collaborative qui favorise la mobilisation de ressources
diverses pour offrir un soutien holistique. Le réseau implique une coopération étroite avec
d'autres organismes, institutions, et professionnels, permettant ainsi d'optimiser les services
proposés.

27
En facilitant l'accès à un éventail de ressources externes, le travail en réseau permet à
l'association INSAF de répondre de manière plus complète aux besoins variés des
bénéficiaires. Par exemple, des partenariats avec des établissements éducatifs comme
l'OFPPT, Fondation Lycée Lyautey, des organismes de santé, des entreprises locales (Crédit
du Maroc, OXFAM, APEFE), et d'autres associations comme l'association 100% mamans
l'objectif est d’offrir des opportunités d'éducation, d'emploi, de soins médicaux et de
logement.

De plus, le réseau favorise l'échange d'expertise et de bonnes pratiques entre les différents
acteurs impliqués. En collaborant avec des professionnels de divers domaines, tels que des
psychologues, des assistantes sociales, des formateurs professionnels, et des experts
juridiques, l'association INSAF bénéficie d'une richesse de connaissances et de compétences
pour répondre de manière plus efficace aux besoins complexes des mères célibataires.

En somme, le travail en réseau au sein de l'association INSAF contribue à renforcer la


qualité et la portée des services offerts, favorisant ainsi une approche intégrée et globale pour
l'autonomisation et le bien-être des mères célibataires et de leurs enfants.

3.4Difficultés et limites de l’autonomisation des mères célibataires au


Maroc
L'intégration sociale des mères célibataires en difficulté au Maroc, malgré les efforts
déployés sur les plans social, économique, et d'autonomisation, rencontre des défis complexes
qui sont également influencés par le cadre juridique existant.

Sur le plan social, la stigmatisation persistante liée à la maternité célibataire peut conduire à
l'exclusion sociale et à la marginalisation de ces femmes. Les normes culturelles souvent
rigides et les attentes sociales peuvent créer un environnement hostile, compromettant ainsi
leur capacité à tisser des liens significatifs au sein de la communauté. Il est crucial de mettre
en œuvre des campagnes de sensibilisation et des programmes éducatifs visant à changer les
perceptions sociales et à promouvoir l'inclusion.

Du point de vue économique, même si des initiatives d'autonomisation existent, l'accès


équitable à l'emploi demeure un défi. Des barrières structurelles persistent, limitant les
opportunités professionnelles pour les mères célibataires, malgré leurs compétences et leurs
qualifications. Des programmes de formation spécifiques, des partenariats avec des

28
entreprises et des politiques d'inclusion sur le lieu de travail peuvent contribuer à surmonter
ces obstacles.

En ce qui concerne le cadre juridique, des ajustements sont nécessaires pour garantir une
protection adéquate des droits des mères célibataires. Des réformes juridiques visant à
clarifier les questions liées à la garde des enfants, aux droits de succession, et à d'autres
aspects légaux spécifiques à cette population sont essentielles. Un cadre juridique solide peut
non seulement assurer une protection légale mais également favoriser une meilleure
intégration sociale.

Par conséquent, bien que des efforts aient été déployés, il est impératif d'aborder ces défis de
manière intégrée. Cela comprend la sensibilisation pour atténuer la stigmatisation,
l'amélioration de l'accès à l'éducation et à l'emploi, la réforme juridique pour renforcer les
droits des mères célibataires et de leurs enfants, ainsi qu’un renforcement des programmes
d'autonomisation économique. Une approche holistique et coordonnée, impliquant les sphères
sociale, économique et juridique, est essentielle pour surmonter ces défis et favoriser une
intégration sociale plus juste et inclusive pour les mères célibataires au Maroc.

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