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Haute École « Groupe ICHEC-ECAM-ISFSC »

Département : Institut supérieur de Formation sociale et de


Communication

Rue de la Poste 111


1030 Bruxelles

BACHELIER : Assistant Social

Le passage à la majorité, un passage compliqué

« Comment soutenir et favoriser le suivi des jeunes fragilisés et


placés, une fois la majorité atteinte ? »

Travail de fin d’études

Présenté par Soraya CASCIONE

192062

En vue de l’obtention du diplôme de

Bachelier(ière) – Assistant(e) Social(e)

Promoteur :

Mme Natacha BRODKOM

Session de JANVIER 2023


Remerciements
Je n’aurais pu réaliser ce travail de fin d’études sans l’aide de nombreuses personnes.

Tout d’abord, je tiens à remercier Tracy de m’avoir aidée et accompagnée tout au long de la
rédaction de mon travail de fin d’étude pour sa patience, son encouragement et surtout son
temps. Son aide m’a été très précieuse, car je n’aurais jamais pu réaliser un travail aussi
conséquent.

Je remercie bien sûr ma famille de m’avoir encouragée dans les moments difficiles et d’avoir
cru en moi même lorsque j’étais au plus profond du gouffre et que je pensais tout abandonner.

Je remercie aussi mes copines, Louiza et Ikram, qui ont été présentes et m’ont soutenue tout au
long de mon parcours au sein de l’ISFSC, car elles ont été une épaule sur laquelle j’ai pu
m’appuyer lorsque j’étais en plein doute.

Mes remerciements vont également à ma promotrice, Mme Natacha BRODKOM, qui m’a
permis de donner du sens à mon travail, mais également à ma Haute Ecole, qui m’a formée et
qui m’a fourni les outils nécessaires à la pratique de mon futur métier.

Je remercie spécialement Saïda et Zoé d’avoir également contribué à l’élaboration de ce travail


de fin d’études. Intimement, Rabia, qui me suit depuis mon plus jeune âge et m’a toujours
motivée et fait prendre conscience que j’étais capable d’accomplir beaucoup de choses. C’est
grâce à toi, Rabia, que j’ai voulu faire ces études d’assistante sociale.

Sans oublier les jeunes que j’ai rencontrés à travers mes stages, qui m’ont accordé leur temps
et leur confiance afin de répondre à toutes mes questions et me faire part de leur parcours.

2
Table des matières

Introduction .................................................................................................................................. 4

1. Origine de l’aide à la jeunesse ............................................................................................. 6

A. Protection de la jeunesse ................................................................................................ 7


B. Aide à la jeunesse ............................................................................................................ 9
C. Institutions..................................................................................................................... 16
2. Les jeunes placés en institution dans un service résidentiel général................................ 21

A. La constitution du service résidentiel général .............................................................. 21


B. Intervenante familiale dans un service résidentiel général .......................................... 22
C. Raisons du placement dans un service résidentiel général .......................................... 25
D. Contrats ......................................................................................................................... 25
E. L’accompagnement ....................................................................................................... 26
F. La pré-autonomie .......................................................................................................... 26
G. L’autonomie................................................................................................................... 27
3. La majorité ......................................................................................................................... 31

A. Définition ....................................................................................................................... 31
B. Qu’est-ce qui change ? .................................................................................................. 31
C. Devient-on responsable à la majorité? ......................................................................... 32
D. Le passage à la majorité ................................................................................................ 34
E. Témoignages d’anciens jeunes placés en institution devenus majeurs ........................ 35
F. Les sept besoins capitaux des jeunes ............................................................................ 38
4. Le passage à la majorité, selon les jeunes ......................................................................... 43

A. Compte-rendu des interviews ....................................................................................... 44


B. Renforcer le soutien à la parentalité ............................................................................. 46
5. Pistes d’intervention.......................................................................................................... 49

Conclusion................................................................................................................................... 53

6. Bibliographie...................................................................................................................... 55

7. Annexe ............................................................................................................................... 60

3
Introduction

Dans le cadre de ma troisième année d’assistante sociale, j’ai effectué mon stage dans le secteur
de l’aide à la jeunesse, plus particulièrement dans un SRG (service résidentiel général).

Avant celui-ci, j’ai réalisé mon stage de deuxième année dans une AMO, car j’ai toujours aimé
le contact avec les jeunes et je parviens à créer un lien facilement avec ce public. Je ne sais pas
si cela est lié à la faible différence d’âge ou au fait qu’étant jeune, j’ai été moi-même confrontée
aux services de l’aide à la jeunesse et que j’ai dû faire appel à eux à plusieurs reprises.

Lors de mon stage de troisième année, plusieurs situations m’ont affectée et m’ont rappelé
certaines situations familiales auxquelles j’ai été confrontée. Cela m’a vraiment donné l’envie
de faire de mon mieux, tout en étant attentive à adopter une posture professionnelle et à être
présente pour les jeunes afin de les rencontrer au mieux.

A titre personnel, j’ai rencontré différentes assistantes sociales. Le fait qu’elles aient été
présentes pour moi m’a poussé à en faire ma vocation. C’est donc pour cette raison que, tout au
long de mon bachelier, je ne me voyais pas travailler dans un autre secteur que celui de l’aide
à la jeunesse.

Durant mon stage, une des problématiques que j’ai pu relever était le passage des jeunes à la
majorité. J’ai cherché à savoir pourquoi, lors de mon stage, les intervenants sociaux identifiaient
ce passage comme « compliqué » et pourquoi les jeunes adolescents le craignaient autant.

Pour mieux réaliser mes recherches, j’ai eu envie de me concentrer prioritairement sur la
tranche de jeunes confrontés directement à cette problématique. J’ai donc décidé d’étoffer mon
expérience par le biais de témoignages et d’interviews ciblés sur cette thématique.

Afin de comprendre au mieux le contexte et donc le secteur de l’aide à la jeunesse, il était


important pour moi de m’intéresser à ses racines.

Aussi, la notion de placement n’est pas toujours évidente, car elle prête souvent à interprétation
et les pratiques diffèrent d’un pays à l’autre. Il est donc intéressant de connaître les conditions
d’un placement en Belgique et, dans le cas de ma recherche, de comprendre le moment de
rupture qui contraint le jeune à quitter l’institution une fois la majorité atteinte.

J’aborderai donc différents chapitres à la suite de cette contextualisation.

4
Dans un premier temps, je définirai l’aide à la jeunesse et tenterai d’appréhender son
fonctionnement. J’aborderai également brièvement différents services liés à l’aide à la jeunesse
en expliquant leur rôle et les difficultés rencontrées par les travailleurs sociaux de ces
institutions.

Dans un second temps, j’aborderai le placement des jeunes dans un service résidentiel général :
les raisons pour lesquelles un jeune peut être placé, les accompagnements proposés, etc. Tout
au long de mon travail, je me baserai sur l’expérience que j’ai pu avoir lors de mon stage en
service résidentiel général. Les propos seront alors fondés sur mon expérience.

Ensuite, il me semblait opportun et/ou pertinent de définir la majorité et ce qu’engendre celle-


ci chez les jeunes. Dans cette optique, il était nécessaire de questionner directement le public
concerné par cette problématique, c’est-à-dire les jeunes qui, à un moment de leur vie, ont été
placés.

A la suite de ces échanges, j’ai constaté une série de besoins communs rencontrés par ce public.
Il était essentiel de comprendre la nature de ces besoins afin de mieux cibler les attentes des
jeunes et ainsi leur apporter un meilleur accompagnement pour préparer le passage à la majorité.

Enfin, à l’aide de mes expériences de stage et de ma formation d’assistante sociale, je proposerai


quelques pistes d’action qui pourraient être mises en place par des travailleurs sociaux afin
d’améliorer le suivi et l’accompagnement des jeunes atteignant la majorité.

5
1. Origine de l’aide à la jeunesse

Avant d’expliquer ce qu’est l’aide à la jeunesse, il faut relever la nécessité qui s’est présentée
de mettre en place une protection de la jeunesse, afin d’éviter toute maltraitance ou abus sur les
jeunes mineurs.

La notion de placement a incité plusieurs personnalités politiques à réfléchir à mettre en place


un décret pour leur venir en aide et renforcer leur protection. La « meilleure solution » adoptée
a consisté dans les placements en cas de dernier recours.

Tout d’abord, il faut différencier l’aide à la jeunesse et la protection de la jeunesse. Pour ce


faire, je vais, à l’aide de mes recherches, expliquer cette différence et les raisons qui la justifient.

Voici un tableau récapitulatif des dispositions législatives relatives à la jeunesse1 :

1
Service Résidentiel [Fichier PDF]. Disponible à l’adresse suivante :
http://www.educ.be/carnets/aaj/residentiel.pdf

6
A. Protection de la jeunesse

L’histoire de Bernadette

« Bernadette, 3 ans fait toujours pipi dans sa culotte. Le papa et la maman essayent par tous
les moyens de « la rendre propre ». Les parents pensent tous les deux qu’ils ne pourront pas
mettre leur fille à l’école si celle-ci continue à être incontinente. Pour peu, ils en auraient un
sentiment de honte et l’impression d’être de mauvais parents…

La situation monte en escalade et les parents se sentent de plus en plus dépassés jusqu’au jour
où Bernadette se plante devant son papa et pisse dans sa culotte en écartant ostensiblement les
jambes et en le fixant des yeux. Le papa n’en peut plus. Il lui semble que sa fille le nargue, le
provoque, met à mal son autorité paternelle.

Il se retrouve soudainement confronté à sa propre incompétence et « pète un câble » en giflant


violemment sa petite au visage et en l’enfermant dans la cave.2»

Par le passé, l’enfant a souvent été confronté à l’autorité parentale (cf. histoire de Bernadette)
et devait parfois subir des souffrances physiques et psychologiques. Pour protéger les enfants
des maltraitances parentales, une loi sur la protection de la jeunesse a vu le jour le 15 mai
19123.

A notre ère, de multiples lois ont été instaurées quant à la protection de la jeunesse ; la
parentalité et l’éducation ont alors pris un tout autre tournant.

Il n’est plus question de « frapper pour éduquer », la loi du 15 mai 1992 menace quelconque
parent mettant en péril la sécurité et le bien-être de son enfant d’une déchéance 4.

2
Les carnets de l’éducateur- Exploration de la profession [Fichier PDF]. L’atelier Recycl’art du Pré-Texte.
2013.
3
Les carnets de l’éducateur- Exploration de la profession [Fichier PDF]. L’atelier Recycl’art du Pré-Texte.
2013.
4
Qu’est-ce que l’accompagnement parental ? | Les Ateliers de Tara [en ligne]. [s. d.].
[Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à l’adresse : http://lesateliersdetara.org/quest-ce-que-
laccompagnement-parental/

7
A cette même époque, le Service de protection à la jeunesse (SPJ) a vu le jour.

Le SPJ est dirigé par un Directeur de l’aide à la jeunesse et est composé d’une section sociale
et d’une section administrative. Ce service a été créé dans chaque arrondissement judiciaire.

Le SPJ intervient une fois que le Tribunal de la jeunesse a décidé de prendre une mesure d’aide.
Il est chargé de mettre en œuvre les décisions du Tribunal et, le cas échéant, celles de la
Chambre d’appel de la jeunesse.

Le SPJ assure par ailleurs l’accompagnement des jeunes qui ont commis un fait qualifié
infraction et pour lesquels le Tribunal de la jeunesse intervient au niveau protectionnel.

La différence entre le SAJ et le SPJ est qu’en SAJ on est en aide négociée, tandis qu’au niveau
du SPJ, il n’y a plus de place pour la négociation, mais plutôt pour l’imposition. On passe donc
d’une aide négociée à une aide imposée.

En revanche, la loi mise en place dans le cadre de la protection à la jeunesse n’a pas pour but
de retirer l’enfant de son milieu familial à tout prix. L’objectif principal de cette loi est le bien-
être de l’enfant au sein de son cocon familial. Dans cette optique, de multiples institutions, telles
que l’ONE,5 sont présentes afin d’accompagner chaque famille vers une meilleure gestion de
l’éducation. Des travailleurs sociaux, des parents, ainsi que des enfants collaborent ensemble
afin de pouvoir au mieux préparer le retour de l’enfant au sein du foyer.

Ces institutions se sont mobilisées pour réfléchir à des outils adéquats à mettre en place pour
un accompagnement des parents et des enfants. Par ailleurs, l’ONE a créé une brochure
s’intitulant: « Pour un accompagnement des familles en situation de vulnérabilités psycho-
sociales »6.

5
SOUTIEN À LA PARENTALITÉ - Office de la naissance et de l’enfance [en ligne]. [s. d.].
[Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à l’adresse : https://www.one.be/professionnel/soutien-a-la-
parentalite/

6
FEDERATION WALLONIE-BRUXELLES- ONE. Pour un accompagnement des familles en situation de
vulnérabilité psychosociale [Fichier PDF].

8
Ce document a pour objectif de présenter divers outils et méthodologies qui peuvent aider les
professionnels dans leur accompagnement des familles.7

Cet outil illustre l’évolution de l’accompagnement dans l’éducation parentale, ainsi que les
pistes d’actions qui ont été proposées et gérées par les institutions.

Ce document permet également aux travailleurs sociaux de pouvoir adapter leurs postures en
fonction des situations rencontrées. A mon sens, cet outil apporte une plus-value, car il permet
aux travailleurs sociaux d’apporter une meilleure qualité aux accompagnements et apporte aux
parents un soutien et une référence. L’accompagnement proposé ne vise pas qu’un seul type de
parentalité. Les travailleurs sociaux ne cherchent pas seulement à aider les parents dits
« violents », mais également les parents nécessitant un accompagnement dans le cadre d’ autres
difficultés.

B. Aide à la jeunesse

Ce ne fut qu’en 1991 qu’un décret relatif8 à l’aide à la jeunesse a vu le jour. Il permet d’offrir
une protection aux jeunes et d’aider les parents qui n’arrivent plus à s’occuper de l’éducation
de leur enfant.

Lorsqu’un enfant âgé de moins de 18 ans se retrouve confronté à une difficulté quelconque, ses
parents et/ou lui peuvent se rendre auprès de différents service d’aide à la jeunesse.

Le SAJ est une autorité publique qui s’intéresse aux jeunes âgés de 0 à 18 ans qui sont dans le
besoin. Ces jeunes sont orientés par le biais des services d’aide sociale ou de personnes
extérieures.

Un service de l’aide à la jeunesse a été créé dans chaque arrondissement judiciaire depuis le
Décret du 4 mars 1991. Il est dirigé par un Conseiller et est composé de trois sections : une
section sociale, une section administrative et une section de prévention générale.

7
SOUTIEN À LA PARENTALITÉ - Office de la naissance et de l’enfance [en ligne]. [s. d.].
[Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à l’adresse : https://www.one.be/professionnel/soutien-a-la-
parentalite/

8
Ibidem

9
Le but du SAJ est d’éviter le placement du jeune dans une institution. Pour ce faire, il mettra
tout en œuvre pour trouver une entente entre le jeune et sa famille.

➢ Rôle du SAJ9

3 rôles :

- Trouver une collaboration entre le jeune et sa famille.

- Trouver une solution aux problématiques afin d’éviter l’intervention de la justice.

- Rien ne peut être fait ou décidé sans l’accord d’un enfant de 14 ans ou des parents
concernés.

Ces différents rôles ont pour objectif de faciliter la réinsertion familiale.

➢ Qui peut y faire appel?

- Les jeunes de moins de 18 ans qui sont en danger ou éprouvent des difficultés.

- Les parents qui éprouvent des difficultés dans leur rôle de parents.

- Les services de première ligne (AMO, CPAS, PMS, PSE, etc.), les écoles, les hôpitaux
qui seraient confrontés à un jeune ayant des difficultés.

- Joignable par téléphone ou via une permanence. Si les difficultés sont importantes, un
délégué peut être à disposition sur prise de rendez-vous.

Le secteur de l’aide à la jeunesse propose deux types d’aide pour les jeunes, leurs parents et
également leur entourage 10:

-Aide contrainte

9
SAJ et SPJ : qui fait quoi ? Qui intervient et à quel moment ? Dans : inser’action [en ligne]. 6 janvier 2016.
[Consulté le 16 août 2022]. Disponible à l’adresse : https://inseraction.be/saj-et-spj-qui-fait-quoi-qui-
intervientet-quel-moment
10
Protection de la jeunesse. Dans : Commission communautaire commune [en ligne]. [s. d.].
[Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à l’adresse : http://www.ccc-ggc.brussels/fr/aide-aux-
personnes/protection-de-la-jeunesse

10
-Aide volontaire

L’aide contrainte est imposée par le Tribunal de la Jeunesse:

« L’aide contrainte est mise en œuvre par le directeur de l’Aide à la jeunesse, suite à un
jugement rendu par le juge de la jeunesse lorsque le jeune est exposé à un danger grave et que
l’une des personnes investie de l’autorité parentale refuse l’aide du conseiller ou néglige de la
mettre en œuvre.

A Bruxelles, l’aide contrainte est décidée est mise en œuvre par le juge de la jeunesse sur base
de l’article 8 et de l’ordonnance bruxelloise de 2004 lorsque l’intégrité physique ou
psychologique du jeune est gravement compromise et que l’aide consentie a été refusé ou a
échoué.

L’aide consentie et l’aide contrainte mise en place par le SAJ et les SPJ constituent l’aide
apportée en cas de danger ou difficulté rencontrée par le jeune »11

tandis que l’aide volontaire est une aide qui est négociée et qui est acceptée par le jeune et sa
famille.

« La protection de la jeunesse privilégie l'aide volontaire. En région de Bruxelles-Capitale,


cette compétence est exercée par les Communautés française et flamande, et est prodiguée
par leurs services. Ainsi, le Service d’Aide à la Jeunesse (SAJ) ou le Comité voor Bijzondere
Jeugdzorg (CBJ) peuvent intervenir à la demande du jeune, de sa famille, d’une personne
extérieure, d’un autre service (par exemple un CPAS) ou du Parquet.

Il arrive parfois que l’aide doive être apportée sous la contrainte : lorsque les dispositions
envisagées dans le cadre de l’aide volontaire sont refusées par le jeune et sa famille, ou dans
les situations de danger nécessitant un placement en urgence.

En région bruxelloise, les Communautés ne peuvent pas régler les mesures directement
applicables aux personnes physiques.

11
Aide consentie et aide contrainte. Dans : Chiffres Clés [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023].
Disponible à l’adresse : https://statistiques.cfwb.be/aide-a-la-jeunesse/jeunes-en-difficulte-etou-en-
danger/aide-consentie-et-aide-contrainte/

11
C’est donc une ordonnance de la Commission communautaire commune (Cocom) qui
organise l’aide imposée par le Tribunal de la Jeunesse aux jeunes en difficulté.

La législation définit :

• les conditions d’intervention du Tribunal de la Jeunesse ; la santé ou la sécurité du


jeune doivent être compromises et, sauf urgence démontrée, une recherche de solution
dans le cadre de l’aide volontaire doit avoir été tentée ;

• les mesures pédagogiques contraignantes que ce tribunal peut prendre (directive


pédagogique, autorisation du jeune de plus de 16 ans à vivre seul, hébergement du jeune
hors du milieu familial, etc.).

Ces mesures sont ensuite mises en œuvre par les services des Communautés : le Service de
Protection Judiciaire (SPJ) ou le service social de la Communauté flamande près du Tribunal
de la Jeunesse de Bruxelles, en fonction de la langue dans laquelle s’est déroulée la procédure.

Les jeunes sont également accueillis dans les structures agréées et subventionnées par les
Communautés.

Les mesures prises à l’égard des mineurs délinquants restent de la compétence de l’Etat
fédéral. »12

Avant de réaliser mes stages au sein d’un service résidentiel général (SRG), j’étais persuadée
que les jeunes résidents dans ces lieux étaient « forcés » d’y être par une décision du tribunal
de la jeunesse. Hors, j’ai pu constater que la plupart des jeunes résidents étaient d’accord pour
s’installer temporairement dans le SRG.

Il s’agit là d’une application de l’aide consentie que j’ai expliquée ci-dessus.

A la suite de mon constat, j’ai approfondi mes recherches et ai remarqué qu’en effet, la plupart
des jeunes placés dans des SRG le sont dans le cadre de l’aide consentie.

12
Protection de la jeunesse. Dans : Commission communautaire commune [en ligne]. [s. d.].
[Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à l’adresse : http://www.ccc-ggc.brussels/fr/aide-aux-
personnes/protection-de-la-jeunesse

12
« Le 1er mai 2016, près de trois jeunes sur cinq étaient aidés dans le cadre de l’aide
consentie (11.999 jeunes). Deux jeunes sur cinq étaient pris en charge dans le cadre de l’aide
contrainte (9.608 jeunes). Cette proportion reste stable d’une année à l’autre. »13

14

13
Les chiffres de 2016 - Portail de l’aide à la jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles [en ligne].
[s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à l’adresse :
https://www.aidealajeunesse.cfwb.be/index.php?id=8230

14
Aide consentie et aide contrainte. Dans : Chiffres Clés [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023].
Disponible à l’adresse : https://statistiques.cfwb.be/aide-a-la-jeunesse/jeunes-en-difficulte-etou-en-
danger/aide-consentie-et-aide-contrainte/

13
« L’aide consentie est apportée par le conseiller de l’Aide à la jeunesse, en accord avec la
famille et le jeune de plus de 14 ans ou de plus de 12 ans accompagné de son avocat. »15

Vingt-cinq années après le décret de 1991, relatif à la protection de la jeunesse, le code Madrane
voit le jour et apporte des modifications au décret de base.

Ce code me semble très intéressant, car il permet un meilleur accompagnement et favorise la


prévention.

➢ Code Madrane

Rachid Madrane apporte des modifications sensibles au décret de 1991, tout en maintenant la
majorité des principes et l’essentiel de la structure de l’ancien décret, expliquant que les enfants
d’hier ne sont pas ceux d’aujourd’hui.

Il cite : « On a fondu tous les textes existants en un seul code. On a brassé tout le spectre qui
relève de l’Aide à la jeunesse, de la prévention jusqu’aux faits qualifiés infractions : tout est
rassemblé dans un seul et unique texte.16».

Le code Madrane, datant du 18 janvier 2018, met l’accent sur deux principes: le maintien des
jeunes en difficulté dans leur milieu de vie et la priorité de la prévention.

Selon Madrane : « J’estime qu’il faut absolument travailler en amont, quand les problèmes
sont petits », pointe le ministre.

« Parfois, il est trop tard quand on nous présente l’enfant... On est déjà dans des solutions
d’hébergement, alors qu’on aurait pu traiter le problème à la source. Cette situation n’est pas
soutenable. Il était donc essentiel de faire plus de prévention auprès des enfants, des jeunes et
des familles17».

15
Ibidem
16
Madrane: « Le code est une révolution pour le secteur! » (VIDEO). Dans : Guide Social [en ligne]. [s. d.].
[Consulté le 16 août 2022]. Disponible à l’adresse : https://pro.guidesocial.be/articles/dossiers-a-
laune/madrane-le-nouveau-code-est-une-revolution-pour-le-secteur
17
Ibdem

14
Voici un schéma qui illustre bien le placement d’un enfant, ainsi que l’aide contrainte et
consentie18 :

18
Placements d’enfants : sont-ils trop nombreux en Belgique ? Dans : RTBF [en ligne]. [s. d.] [Consulté le 16 août
2022]. Disponible à l’adresse : https://www.rtbf.be/article/placements-d-enfants-sont-ilstrop-nombreux-en-belgique-
10744554

15
C. Institutions

Il existe plusieurs institutions qui accompagnent les jeunes et leurs familles.

« Au 1er mai 2020, les services d’aide à la jeunesse dénombraient 6535 enfants placés sur un
total de 21.202 enfants pris en charge par les services. Au total, on compte donc 32% d’enfants
placés soit dans des familles d’accueil, soit dans des institutions.

Il en existe de différents types : des services résidentiels généraux, des internats, des services
de mise en autonomie, etc. Certains sont aussi spécialisés dans l’accueil de très jeunes
enfants»19.

Cet article signifie que les institutions de l’aide à la jeunesse présentent un taux d’occupation
maximal, mais aussi qu’il n’y a pas assez d’institutions et de travailleurs pour prendre en charge
l’ensemble des enfants connaissant des difficultés au niveau familial.

Il y a un réel manque d’effectifs et de moyens qui impacte indirectement l’épanouissement de


nombreux enfants, car ceux-ci restent en attente d’une décision, d’une évolution ou autre.

Il existe plusieurs services mandatés pour les jeunes. Le secteur institutionnel se présente
comme suit20 :

19
Placements d’enfants : sont-ils trop nombreux en Belgique ? Dans : RTBF [en ligne].
[s. d.]. [Consulté le 16 août 2022]. Disponible à l’adresse : https://www.rtbf.be/article/placements-d-
enfants-sont-ils-trop-nombreux-en-belgique10744554

20
service de l’aide à la jeunesse mineur en danger. Dans : droitdelajeunesse.be [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 16 août
2022]. Disponible à l’adresse : https://droitdelajeunesse.be/professionnels/aide-%C3%A0la-jeunesse/service-de-
l'aide-%C3%A0-la-jeunesse-mineur-en-danger.html

16
Dans ce tableau, on peut voir les différents types de secteurs qui varient selon la problématique
du jeune.
Tout d’abord, il y a le secteur de la prévention qui s’applique aux services non mandatés (AMO,
PPP et services de parrainage).

Toutes ces aides sont non contraintes: ces services travailleront toujours avec l’accord du jeune,
à l’inverse des services mandatés, où l’aide est imposée.
Dans mon cas, je m’intéresserai plus aux mineurs en difficulté ou en danger dans un service
résidentiel général (SRG).

Dans le cadre de l’aide mandatée, figurent 3 types d’accompagnement: l’accompagnement


éducatif, l’accompagnement dans un accueil familial et l’accompagnement dans un service
résidentiel.

L’accompagnement éducatif :
Il a pour mission d’apporter aux jeunes et à sa famille un accompagnement social éducatif et
psychologique.

L’accompagnement en famille d’accueil :


Il s’agit d’une aide spécialisée en dehors du milieu de vie. L’éducation est réalisée par des
particuliers qui travaillent au maintien des relations personnelles entre l’enfant et sa famille.

L’accompagnement résidentiel :
Il organise l’accueil éducatif des jeunes. La particularité, ici, réside dans le fait que les jeunes
sont en hébergement. Le service met en œuvre des programmes de réinsertion et assure
l’encadrement de jeunes vivant en logement autonome.

Les jeunes mineurs qui ont commis des faits qualifiés d’infraction ne faisant pas partie du public
du SRG, je ne m’attarderai pas sur cette problématique.

17
• Les difficultés rencontrées

Lors d’un entretien avec des intervenantes sociales, qui s’appellent respectivement madame
Marie, madame Malika, madame Sandrine et madame Halima, j’ai pu constater qu’il y a dans
les différentes institutions des difficultés qui affectent le travail non seulement des jeunes, mais
aussi des travailleurs sociaux.

• Dans l’aide à la jeunesse :

Selon madame Malika, travailleuse sociale dans une AMO :

« C’est anormal que ce soient les institutions qui doivent prendre en charge les éducateurs avec
leur propre budget. Les institutions dans l’aide à la jeunesse sont les plus démunies.

Un éducateur n’a pas de prime du samedi ou des jours fériés, pas de temps de récupération et,
surtout, il n’est pas reconnu à sa juste valeur (faible salaire) malgré toutes les difficultés
rencontrées.

Les jeunes n’ayant pas de budget, il est dès lors difficile de les aider dans leur autonomie

(argent de poche, pas assez pour les nourrir, les vêtir, etc.). Pour s’en sortir, l’institution fait
un peu de bénévolat via des demandes de donations, des ventes de gaufres, etc. Afin de pouvoir
mettre en place un plan visant à arranger les choses, les éducateurs doivent miser sur la
délégation syndicale21 ».

• Dans l’AMO :

Selon Madame Malika :

« Il y a une mauvaise communication et parfois un manque de considération de certains


délégués en SAJ qui prennent parfois une position haute et pensent pouvoir dicter la conduite
aux travailleurs AMO, qui doivent leur rappeler qu’ils ne travaillent pas sous mandat.

Cela engendre une certaine méfiance mutuelle envers l’AMO par rapport au suivi des jeunes
(prise en charge). Pourtant, ces deux institutions ont un cadre de travail différent à
respecter, mais leur but est toutefois commun, à savoir aider le jeune, il est nécessaire de
collaborer.

21
Malika (prénom d’emprunt). Propos recueillis par CASCIONE, Soraya. Bruxelles, 07/07/2022

18
Les AMO méritent plus de respect. Il faut donc retirer cette image négative de ‘bisounours ’,
selon laquelle le SAJ pense que les AMO ne prennent pas vraiment en charge les jeunes,
alors que ce n’est pas le cas.

Une AMO est un service non mandaté qui ne travaille qu’à la demande du jeune et ne fournit
pas une aide contrainte. Pour établir un lien de confiance avec le jeune, il est essentiel, pour
les travailleurs sociaux des AMO, de respecter le secret professionnel.

Ce n’est pas les cas dans les SAJ … Au SAJ, il y a une lenteur dans les traitements de données
et un manque de suivi dans la régularité de la situation, ce qui aboutit parfois à pourrir celle-
22
ci. ».

Selon Sandrine, assistance sociale dans une AMO :

« Je trouve aussi que, dans l’aide à la jeunesse, il n’y a pas de prise en charge pour les jeunes
de 17 ans, car il existe une complexité de les placer dans un service non mandaté en dépit de
leur âge. Ils se retrouvent donc dans la rue, sans logement, à vivre une vie difficile. Le SAJ a
une certaine grille d’évaluation pour accepter des dossiers. Il se base sur l’urgence du cas et
relaie les autres cas aux AMO23 ».

Même son de cloche chez madame Halima, assistance sociale dans l’AMO :

« Les jeunes de 16 à 25 ans sont souvent en errance. Notre asbl a réalisé un projet sur ce
sujet: « les incasables », qui est un documentaire sur de jeunes mineurs en errance24 ».

Elle m’a également dirigée vers un site Internet pour pouvoir regarder ce documentaire, dont
le thème est l’errance, géré par les jeunes eux-mêmes.

Ce projet a été réalisé dans le cadre Macadam25, avec la collaboration de plusieurs services
soutenus par la Fédération Wallonie-Bruxelles.

« Chaque année en Belgique, des centaines de jeunes mineurs sont contraints de dormir en
rue, dans des squats, ou de passer par des plans douteux. L’errance des jeunes est une réalité
faite de rupture familiale, institutionnelle, ou de décrochage scolaire. Ces jeunes, les adultes

22
Ibidem
23
Sandrine (prénom d’emprunt). Propos recueillis par CASCIONE, Soraya. Bruxelles, 07/07/2022
24
Halima (prénom d’emprunt). Propos recueillis par CASCIONE, Soraya. Bruxelles, 07/07/2022
25
Les incasables, le documentaire - FEDITO BXL asbl [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 16 août 2022].
Disponible à l’adresse : https://feditobxl.be/fr/2021/04/les-incasables-le-documentaire/

19
qui en ont la responsabilité les ont appelés « les incasables ». Ils reprennent à leur compte cet
affreux nom, comme un poing levé26 ».

Comme l’ont mentionné mes intervenantes, l’âge autour de la majorité pose problème, car,
comme expliqué dans le documentaire, les jeunes de 16 à 25 ans sont étiquetés comme
incasables.

• Dans le SRG :

Selon madame Marie, éducatrice spécialisée dans le SRG :

« Il y a un réel manque de communication avec le SAJ, ce qui découle sur une lenteur dans les
dossiers. Malgré les demandes concernant le suivi du jeune, le SRG ne reçoit aucune nouvelle
en retour. Il n’est pas toujours évident de contacter les délégués.

Dû à une pénurie de délégués, les jeunes se retrouvent dans des situations compliquées ( soit
un changement récurrent de délégué, soit sans délégué ) et se retrouvent directement face au
juge27 ».

26
Ibidem
27
Marie (prénom d’emprunt). Propos recueillies par CASCIONE, Soraya. Bruxelles, 07/07/2022

20
2. Les jeunes placés en institution dans un service résidentiel
général

Le Service résidentiel général (SRG) est un service mandaté par le service d’aide à la jeunesse.
Il organise un accueil collectif et accompagne les jeunes en résidence autonome. Il met en
œuvre des programmes d’aide en vue de la réinsertion sociale et familiale de jeunes.

A savoir : Le SAJ envoie uniquement les jeunes de 6 à 17 ans en SRG.

En Fédération Wallonie-Bruxelles, il en existe 122. Dans l’arrondissement de Bruxelles, il en


existe 16. L’institution où j’ai accompli mon stage accueille des jeunes de 6 à 17 ans.

A. La constitution du service résidentiel général

Au SRG ou j’ai accompli mon stage, l’équipe pluridisciplinaire est composée :

• D’un directeur :

Il veille à l’élaboration du projet pédagogique, gère les subsides, les budgets, il s’occupe
également des procédures d’admission et de prise en charge. Pour mieux assurer la mise en
place ainsi que le suivi des projets individuels des jeunes, il est amené à rencontrer la famille
des jeunes concernés. Il veille également à l’organisation de l’institution et de l’équipe, il
s’assure du bon fonctionnement du secrétariat.

Le directeur s’occupe du recrutement du personnel, de la sélection du personnel éducatif,


psychosocial et administratif. Il veille aussi au respect du code de déontologie.

• D’une secrétaire :

Elle est chargée de l’exécution des tâches liées à l’accueil dans le service et du suivi
administratif et comptable.

• D’un chef éducateur :

Il veille à l’organisation du travail de l’équipe éducative selon les principes énoncés dans le
projet pédagogique et en respectant le contenu du projet ou du programme individuel de chaque
jeune. Il organise, répartit les tâches éducatives et veille à l’exécution du vade-mecum de
l’éducateur. II participe aux réunions de coordination avec la direction, engage les stagiaires
éducateurs et supervise leur stage, planifie les rapports d’évolution.

21
Il anime parfois, avec la direction, les réunions avec des jeunes. Le chef-éducateur assure la
gestion journalière du budget attribué au service pour certaines dépenses courantes de
fonctionnement et pour les dépenses liées à l’entretien et à l’éducation des enfants et des jeunes.

• Huit éducateurs :

L’équipe éducative a un rôle essentiel dans le suivi des jeunes. Il y a huit éducateurs qui
assurent, au quotidien, le suivi des jeunes dont ils sont référents, individuellement et
collectivement.

Les éducateurs doivent veiller au bien-être et à la sécurité de tous les jeunes. Ils travaillent en
équipe et veillent à accueillir de manière singulière les jeunes, aux différents moments de la
journée, et à leur prêter une attention au sein du groupe. Ils doivent se montrer présents à
chaque moment de la journée.

Ils assurent le suivi individuel, tant au niveau des aspects pratiques qu’au niveau du bien-être
général des jeunes.

Chaque éducateur est référent d’un certain nombre de jeunes qu’il suit individuellement, il
veille à centraliser le suivi médical, scolaire, administratif, personnel du jeune et à diffuser les
informations nécessaires à ce suivi. Il maintient un contact régulier avec le jeune, par le biais
des entretiens de référence. Il participe aux entretiens familiaux dans lesquels il occupe une
place de proximité centrée sur le vécu du jeune. Il se charge de la tenue des documents
concernant le jeune.

Lorsque l’éducateur-référent est absent pour une certaine durée, le suivi est repris par
l’éducateur-relais qui a été désigné pour chaque jeune.

B. Intervenante familiale dans un service résidentiel général

Lors de mon stage de troisième année, j’ai eu la chance d’avoir l’intervenante familiale comme
maître de stage. Elle est psychologue de formation et elle m’a énormément appris sur la posture
professionnelle à adopter.

J’ai été amenée à prendre en charge de manière autonome toutes les tâches qu’elle réalisait
habituellement. Certains exemples seront présentés plus loin dans ma rédaction.

Le rôle de l’intervenante familiale consiste :

22
« - à établir avec les familles des jeunes et les personnes-ressources de leur entourage, un
échange d’informations et les modalités de cet échange,

- à rechercher avec elles les moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs fixés au
départ du placement,

- à mettre en place avec elles, en tenant compte de leurs compétences et de leurs limites, les
modalités des contacts qu’elles auront avec leurs enfants et avec le service. »

- Ses missions

L’intervenante familiale se charge des différents échanges familiaux.

Les missions sont au nombre de trois:

1) Les entretiens familiaux :

Ils ont lieu dans le bureau de l’intervenante familiale. Les rendez-vous sont fixés avec les
parents chaque semaine. Un entretien est vraiment un moment important, car c’est à ce moment
qu’on évalue la situation familiale. Les rendez-vous fixés n’ont pas seulement pour but de
parler du suivi, mais également d’étudier le comportement des parents.

Ainsi, on peut avoir une idée de la relation parent/enfant et savoir comment un parent est
responsable, à travers le respect de l’heure et du jour de rendez-vous.

Par exemple, en voyant la réticence de certaines familles à entrer en lien spontanément,


l’intervenante familiale propose des jeux pour créer des liens : les parents (ou la famille) sont
ainsi plus ouverts à la discussion et elle peut alors leur faire comprendre que le but du
placement n’est pas une punition contre eux, mais plutôt une aide qui permettra de trouver le
meilleur compromis entre l’enfant et ses parents.

Cette séparation avec le jeune n’a pas seulement pour but d’aider celui-ci, mais aussi d’aider
les parents qui, à la suite de plusieurs circonstances, se sont retrouvés inaptes à poursuivre
l’éducation de leurs enfants.

De ce fait, le fait d’être séparé doit aussi permettre aux parents de faire une introspection afin
de pouvoir se responsabiliser et de faciliter la réinsertion familiale. Au sein de mon lieu de
stage, les parents identifiaient l’intervenante familiale plutôt comme une assistance sociale. Ils
lui demandaient de l’aide pour diverses questions administratives (abonnement à la STIB,
avocat prodéo, etc.).

23
Elle avait donc ce rôle important, qui était de rétablir prioritairement une situation stable chez
les parents afin que le retour en famille se fasse au mieux en temps voulu.

2) Les visites encadrées:

La visite encadrée est un espace entre le jeune et sa famille (parents, frères et sœurs, etc.) qui
vient voir ce dernier.

Par exemple :

Une mamie vient voir le jeune, en lui apportant plusieurs jeux de société pour jouer avec lui.

L’intervenante familiale leur laisse ce moment, en se mettant de côté pour organiser des jeux,
discuter et leur faire profiter de cet instant. Cela peut également avoir lieu en extérieur avec
l’encadrement de l’intervenante familiale.

Par exemple :

Lors de chaque visite encadrée, le jeune et son père vont au parc pour jouer au football.

3) Les visites à domicile :

Les visites à domicile auprès des parents se font 1x par mois pour s’assurer que l’état de leur
logement n’est pas insalubre et pour vérifier si le jeune dispose bien d’un endroit lorsqu’il
séjourne le week-end chez sa famille.

- Ses tâches

L’intervenante familiale maintient également les liens qui unissent les familles par
l’intermédiaire de contacts téléphoniques ou de différents rendez-vous.

A travers ceux-ci, on évoque l’évolution du jeune dans la vie de tous les jours et l’évolution de
sa relation vis-à-vis de sa famille, de l’école, de la santé et de l’établissement. Lors des
entretiens familiaux les visites encadrées sont permises.

Après deux mois passés dans l’établissement, l’intervenante familiale se charge d’établir un
premier rapport au juge du jeune et, six mois après, un nouveau rapport est rédigé pour voir
comment la situation du jeune a évolué.

24
Les suivis à domicile, afin de savoir si l’enfant peut aller chez ses parents en week-end, sont
planifiés par l’intervenante familiale. Elle établit les tableaux du week-end pour savoir qui
rentre et qui va chez qui.

C’est elle également qui se rend au tribunal de la jeunesse et qui rédige tout courrier destiné à
celui-ci. Afin de connaître l’évolution de la situation familiale du jeune, une audience publique
est prévue deux fois par an au Tribunal.

Elle participe aussi aux différents entretiens avec les mandants lorsque la famille du jeune est
impliquée.

C. Raisons du placement dans un service résidentiel général

Avant d’arriver à un placement dans un SRG, on examine si d’autres alternatives existent


(famille d’accueil, membre de la famille, etc.).

Plusieurs raisons peuvent expliquer la décision de placement. La raison principale réside dans
les difficultés des parents d’assumer leur rôle (problèmes psychologiques ou maltraitance,
abus sexuels entre frères et sœurs ou tierce personne).

Certains parents sont en précarité et d’autres connaissent des problèmes liés à l’addiction (
toxicomanie ou alcoolisme ). Ils ne sont donc plus aptes à prendre en charge l’éducation de
leurs enfants.

D. Contrats

Deux types de contrats sont présentés à chaque jeune qui entre dans une institution. Le premier
contrat concerne la charte de vie de l’établissement et le second le projet de pré-autonomie.

Dès l’entrée dans l’établissement, une charte de vie est lue par l’éducateur référent afin que les
règles soient bien assimilées et comprises par le jeune, avant d’être signées par celui-ci.

Dès 16 ans, un contrat de pré-autonomie doit être signé afin de préparer le jeune
progressivement à une autonomie.

En cas de non-respect de ce dernier contrat, des sanctions sont prises. Faire la vaisselle,
réduction de l’argent de poche, entretien avec l’éducateur référent et, dans le pire des cas, avec
la direction. L’argent de poche est financé par la Fédération Wallonie-Bruxelles.

25
E. L’accompagnement

Durant son placement, le jeune a la possibilité de communiquer avec le monde extérieur (ses
parents biologiques, sa famille ou ses amis), de vivre sa vie comme bon lui semble, à condition
de respecter certaines règles mises en place par l’établissement où il va passer ses nuits. Lors
des entretiens familiaux, des visites encadrées et des retours en famille le week-end, il a la
possibilité de rencontrer ses parents biologiques et sa famille.

Dans le service résidentiel général, l’équipe va travailler constamment l’autonomie des jeunes.

A partir de 16 ans, un projet de pré-autonomie se met en place avec les jeunes. Ils devront
respecter les objectifs placés dans leur projet. Ainsi, à cet âge, l’enfant reçoit déjà des tâches
spécifiques, comme nettoyer sa chambre seul à l’eau, préparer à manger seul, faire sa lessive
tout seul, etc.

Une fois l’âge de 17 ans atteint, le jeune commence à effectuer des recherches pour trouver un
lieu où résider, car la structure n’accueille pas les jeunes majeurs.

Ce processus est mis en place pour que le jeune qui quitte l’institution soit déjà prêt aux tâches
qu’il devra effectuer seul.

D’autre part, se présentent également toutes les démarches administratives telles que
l’inscription au CPAS et à la commune et la recherche d’un logement.

Enfin, il faut l’aider et l’accompagner dans son suivi et lui faire prendre conscience de toutes
les réalités auxquelles il sera confronté une fois majeur et hors institution.

F. La pré-autonomie

Pour préparer l’entrée d’un jeune dans la vie adulte, une période de pré-autonomie est mise en
place dès l’âge de 16 ans. Cette période de 2 ans va permettre au jeune de pouvoir devenir
indépendant. Pour ce faire, un salaire est octroyé au jeune avec un montant fixé pour les repas,
qui doit être composé de viandes, de féculents et de légumes.

Prendre sa vie en main n’est pas une chose aisée, les éducateurs préparent mentalement et
psychologiquement les jeunes en les mettant dans différentes situations auxquelles ils seront
confrontés plus tard. Par exemple : les différents rendez-vous à prendre seul, faire sa lessive,
ses propres plats, etc.

26
La vie hors de l’institution se fait étape par étape. Il faut savoir que les moments de séparation
ne sont jamais faciles à vivre et ont lieu de manière progressive. Si les rencontres ou les appels
avec les éducateurs se faisaient de manière régulière, ce contact va devoir se réduire pour
permettre au jeune de prendre plus facilement son envol.

Après plusieurs entretiens avec des jeunes placés en institution, la plupart de ceux-ci souhaitent
que le suivi continue jusqu’à 20 ans. Ils se demandent s’ils parviendront à gérer le stress
d’affronter la vie majeure, la solitude et ses aléas. Plusieurs points reviennent souvent parmi les
inquiétudes des jeunes: le loyer, l’école, l’alimentation, les tâches ménagères, le paiement des
factures, ...

La liberté est donc paradoxale, car, d’un côté, on est content de partir pour prouver qu’on peut
se débrouiller seul en ayant plus de liberté, et, de l’autre côté, on est triste de perdre le lien de
famille qui s’est créé dans l’institution.

G. L’autonomie

En parlant avec ma maître de stage, elle m’a montré un outil de travail qui s’appelle EVA et
GOA. Cet outil a d’abord vu le jour au Québec, puis s’est installé en Belgique petit à petit par
l’intermédiaire de chercheurs et de oplusieurs acteurs de l’aide à la jeunesse.28

« L’EVA est un questionnaire (papier ou logiciel) permettant d’obtenir une photographie de


l’autonomie fonctionnelle du jeune. Il s’adresse prioritairement aux adolescents de 15 à 18 ans
pris en charge par des services de l’Aide à la Jeunesse de la Communauté française de
Belgique. Le GOA (Guide d’Outils de l’Autonomie) rassemble des fiches pédagogiques
destinées aux jeunes et aux intervenants, triées par domaine et présentées de façon à amener
le jeune à réaliser des apprentissages graduels en vue de développer ses capacités d’autonomie

28
BORN, Michel. Développer l'autonomie chez les adolescents: l'implémentation de
l'outil EVa-GOA dans les services de l'Aide à la Jeunesse. Observatoire Revue D Action Sociale
Medico Sociale
[en ligne]. Janvier 2011. [Consulté le 17 août 2022]. Disponible à l’adresse :
https://www.academia.edu/24331251/D%C3%A9velopper_lautonomie_chez_les_adolescents_limpl%C
3%A9m entation_de_loutil_EVa_GOA_dans_les_services_de_lAide_%C3%A0_la_Jeunesse

27
».29 Je lui ai demandé s’il était vraiment utile et s’il apportait des résultats. Elle m’a confirmé
que cela avait bien fonctionné sur les jeunes qui attendent la majorité. L’outil « vise ainsi
l'évitement de la marginalisation et prépare le jeune à la vie adulte ».30

Je comprends mieux pourquoi l’autonomie est si importante dans le secteur de l’aide à la


jeunesse. Il faut encore travailler davantage l’autonomie dans un SRG, car, à 18 ans, les jeunes
doivent quitter l’institution.

Tout ce qui est mis en place par les institutions constitue des outils pour le jeune plus tard.
Exemples: se réveiller seul, faire à manger par ses propres moyens, lessiver, etc.

"Travailler l'autonomie avec un jeune, c'est à la fois réaliser des actions concrètes et
pertinentes avec lui, mais aussi lui faire passer implicitement le message que son avenir nous
occupe plus que son passé (négatif) ou son présent (problématique)" (Born, 2009) 31

Je trouve cette phrase significative selon les retours des jeunes hors institution. Tous remercient
l’institution où ils étaient placés d’avoir travaillé leur autonomie. Leurs discours étaient quasi
tous pareils.

Avant leur projet d’autonomie, ils étaient toujours accompagnés pour le lever. Les éducateurs
les réveillaient.

Pour les repas, il y avait le chef cuisinier, toutes les tâches ménagères étaient accomplies par la
femme de ménage, etc. Les jeunes sont contents d’avoir eu tous ces outils pour développer leur
autonomie.

29
MALARDE, Patrick. Eva Goa: « un outil d’évaluation de l’autonomie des adolescents ». Dans :
HUMANELIS [en ligne]. 10 juillet 2017. [Consulté le 31 juillet 2022]. Disponible à l’adresse :
https://humanelis.wordpress.com/2017/07/10/eva-goa/.

30
BORN, Michel. Développer l'autonomie chez les adolescents: l'implémentation de
l'outil EVa-GOA dans les services de l'Aide à la Jeunesse. Observatoire Revue D Action Sociale
Medico Sociale [en ligne]. Janvier 2011.
[Consulté le 17 août 2022]. Disponible à l’adresse :
https://www.academia.edu/24331251/D%C3%A9velopper_lautonomie_chez_les_adolescents_limpl%C
3%A9mentation_de_
31
BORN, Michel. Développer l'autonomie chez les adolescents: l'implémentation de
l'outil EVa-GOA dans les services de l'Aide à la Jeunesse. Observatoire Revue D Action Sociale
Medico Sociale [en ligne]. Janvier 2011.
[Consulté le 17 août 2022]. Disponible à l’adresse :
https://www.academia.edu/24331251/D%C3%A9velopper_lautonomie_chez_les_adolescents_limpl%C
3%A9mentation_de_ loutil_EVa_GOA_dans_les_services_de_lAide_%C3%A0_la_Jeunesse

28
D’autres encore se montrent très reconnaissants d’avoir passé un temps dans l’institution, car
beaucoup d’entre eux se plaignent de leurs parents. Certains d’entre eux évoquent le manque
d’autonomie de ceux-ci et leur impossibilité à être indépendants.

Un facteur du manque d’autonomie chez les jeunes:

Durant mes stages, j’ai également remarqué que certains parents n’étaient pas très autonomes,,
car plusieurs d´entre eux ne savaient pas comment effectuer des démarches pour leurs enfants
(les soutiens scolaires, le suivi médical, etc.) ou pour leurs propres besoins (rendez-vous chez
l’avocat, au tribunal, chez le médecin, au CPAS, pour les impôts, etc.).

Il fallait s’occuper d’eux pour leur apprendre comment prendre un rendez-vous, car certains en
étaient dans l’incapacité à cause de troubles mentaux et/ou psychologiques, d’addiction aux
substances ou de difficultés liées à la langue.

Cela m’a fort interpellée, car dans ma conception des choses, les parents sont tous censés être
autonomes afin d’apporter une bonne éducation à leurs enfants. Il s’est avéré que beaucoup de
jeunes devaient rappeler constamment les rendez-vous aux parents et donc jouer le rôle des
parents.

En discutant avec ma maître de stage, elle m’a dit que beaucoup de jeunes n’étaient pas
autonomes, car leurs parents manquaient d’autonomie. Eux-mêmes présentaient ce défaut
d’autonomie, car ils avaient pour modèles leurs parents.

Exemple d’une situation de pauvreté familiale

Par exemple, une mère ne travaillant pas et n’ayant pas assez de revenus n’arrivait pas du tout
à s’en sortir financièrement, ce qui l’a amené à perdre son logement et à se retrouver à la rue.
Cette situation l’a tellement perturbée et déresponsabilisée dans son rôle de parent qu’elle est
devenue dépressive et n’arrivait plus à s’occuper de ses enfants. Les enfants, ne pouvant plus
rester avec elle, ont été placés en institution.

Tout cela part du fait que la mère n’avait pas assez de revenus. Elle a perdu son logement, sa
santé physique et son mental se sont dégradés, ce qui lui a fait perdre la garde de ses enfants.
Nous pouvons constater ici que la pauvreté peut être un enjeu important et très problématique.

29
Il est évident que cet enjeu n’est pas seulement présent dans le secteur de l’aide à la jeunesse,
mais bien dans tous les secteurs où peut travailler un assistant social.

De plus, le manque de moyens financiers peut aussi engendrer une lourde charge au point de
vue psychologique, car les parents sont tristes, en colère, ou simplement dépassés, et cela peut
amener les enfants à le devenir aussi.

Par ailleurs, beaucoup de jeunes sont en situation de pauvreté et présentent une absence, voire
une insuffisance, de ressources.

Cette situation montre que la pauvreté peut constituer un facteur du manque d’autonomie.

Mais bien d’autres facteurs encore peuvent expliquer ce manque d’autonomie ou de


responsabilité de la part des parents. En discutant avec les jeunes sur l’autonomie, tous m’ont
dit qu’ils attendaient avec impatience leur majorité pour que plus personne ne les « embête »
et qu’ils soient alors libres et indépendants.

Après plusieurs réflexions, je me suis alors demandée s’ils étaient conscients de ce qu’est la
majorité.

30
3. La majorité

Pour moi, il est essentiel de traiter ce point, car il est à l’origine de toute la problématique de
mon TFE. A travers ce chapitre, j’aimerais comprendre dans un premier temps ce qu’est la
majorité et ce qu’elle implique pour un jeune. En outre, je souhaiterais appréhender tous les
changements induits par la majorité. Enfin, je désirerais comprendre pourquoi, une fois atteint
sa majorité, le jeune doit quitter l’institution.

A. Définition

En interrogeant trois jeunes sur ce que représente la majorité pour eux, chacun avait sa propre
définition. Pour le premier, la majorité était synonyme de liberté, pour le second de prison et,
pour le dernier, de la prise de plusieurs responsabilités (loyer, factures, courses, etc.).

De ce fait, je les ai confrontés à leur propre définition afin d’avoir une définition plus détaillée
de la majorité, car ils avaient tous une part de vérité, mais ils devaient se compléter pour obtenir
une définition plus complète. Nous avons donc recherché la définition du mot dans le
dictionnaire.

Selon le Larousse, la majorité32 est définie comme telle : « Âge auquel, selon la loi, une
personne acquiert la pleine capacité d'exercer ses droits (majorité civile) ou est reconnue
responsable de ses actes (majorité pénale)».

B. Qu’est-ce qui change ?

En Belgique, dès 18 ans, on est considéré comme majeur et on entre dans la catégorie des
adultes. A partir de là, s’appliquent plusieurs règles qui, en cas de non-respect, auront des
conséquences.

• Autorité parentale

Lorsqu’on est adolescent, on est sous la tutelle de ses parents: tout ce qui a trait à son éducation,
les erreurs de jeunesse sont sous la responsabilité des parents. Une fois la majorité atteinte, cette
emprise, aux yeux de la loi, est en quelque sorte rompue.

32
Définitions : majorité - Dictionnaire de français Larousse [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 16 août 2022].
Disponible à l’adresse : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/majorit%C3%A9/48776

31
Les parents n’ont plus le droit de décider pour leurs enfants mineurs. Ceux-ci ont le droit de
vivre seuls et les enfants deviennent les uniques responsables de leurs actes, de leurs finances,
etc.

• Etudes

Une fois les 18 ans atteints, l’école n’est plus obligatoire. Si on ne souhaite plus poursuivre
d’études et plutôt chercher un emploi, on est libre de son choix.

C. Devient-on responsable à la majorité?

Non. Bien que les parents soient majeurs, j’ai remarqué qu’ils n’étaient pas entièrement
responsables de s’occuper d’eux-mêmes ou de leurs enfants. A partir de là, plusieurs
interrogations se sont posées à moi.

Je me suis demandé ce qu’est la majorité. Devient-on automatiquement autonome une fois la


majorité atteinte ?

Pour mieux mener notre réflexion à terme, examinons les différentes définitions et cernons les
liens existant ou non.

Tout d’abord, je vais essayer de définir, d’une part, ce qu’est la majorité et, d’autre part
l’autonomie et l’indépendance, et relevons les différences. Être autonome implique-t- il
forcément être indépendant ?

La majorité :

La majorité est l’âge auquel un individu atteint 18 ans en Belgique. C’est à 18 ans que
nous devenons majeurs et responsables de nos actes.

Comme expliqué plus haut, la majorité légale est : « DROIT : Âge légal qui permet à une
personne d'exercer ses droits, d'être responsable de ses actes. »33

En recherchant davantage de définitions sur la majorité, j’ai découvert plusieurs définitions que
j’estimais importantes à expliquer par la suite.

33
https://dictionnaire.lerobert.com/definition/majorite

32
- « Âge légal auquel une personne est reconnue comme pleinement capable et
responsable »34.

- « ..Capacité à se diriger soi-même…. »35

- « Âge de majorité. Âge de celui qui est capable de se diriger soi-même »36

Toutes ces définitions montrent qu’une fois atteint la majorité, la personne devient responsable
et capable. C’est à ce moment que je m’interroge sur l’indépendance des personnes majeures.
Pourquoi certaines personnes majeures, dont les parents des jeunes, ne sont-elles pas
indépendantes ?

Je vais définir ce que l’indépendance signifie.

L’indépendance :

On peut lire dans le dictionnaire : « Qualité d'une personne indépendante, autonome. »37.
D’autres définitions m’ont alors davantage interpellée, dans le sens où chaque personne qui
devient majeure devient indépendante et responsable.

- « L’indépendance se définit à partir de catégories objectives : c’est un état dans lequel


se trouve l’individu, lorsqu’il dispose de ressources suffisantes pour gérer sa vie sans
le soutien financier, matériel, parental38».
Être indépendant signifie également ne dépendre de rien ni de personne, mais alors quelle est
la différence avec l’autonomie ?
L’autonomie :
- « L’autonomie résulte « de la capacité que lui donne sa raison de pouvoir vivre et agir
par soi. Le propre de l’individu humain est en effet de pouvoir se décider par lui-

34
MAJORIT%C3%A9 : Définition de MAJORIT%C3%A9 [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023].
Disponible à l’adresse : https://www.cnrtl.fr/definition/majorit%25C3%25A9

35
Ibidem
36
Ibidem
37
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ind%C3%A9pendance/42534
38
« LE PROCESSUS D’AUTONOMISATION DES JEUNES », LES CAHIERS DE L’ACTION, ELSA RAMOS, 2011.

33
même à partir de représentations et de normes émanant de sa réflexion critique, qu’il
est apte à traduire en stratégies et en actes39».

L’autonomie est présente lorsqu’une personne est capable de se déterminer et de subvenir à ses
besoins et qu’elle sait agir de manière indépendante.

Dès lors, peut-on être à la fois une personne autonome et indépendante? Pour ma part, je
pensais, avant d’avoir effectué toutes ces recherches, que cela allait de pair. Mais, en voyant
certains parents autonomes, mais pas du tout responsables, j’ai pu comprendre qu’il s’agissait
de deux choses distinctes et qu’il fallait davantage creuser le sujet.

« Être autonome n’implique donc pas forcément d’être indépendant. Il est possible d’être
autonome, et donc savoir ce que l’on veut faire, mais ne pas pouvoir le réaliser physiquement
pour autant, et donc être dépendant. »40

De plus, les jeunes parlant beaucoup de ce terme, il était pour moi important de comprendre
toutes les notions qui étaient liés à la majorité. Les jeunes âgés de 14 à 16 ans étaient si pressés
d’atteindre cette majorité et de vouloir à tout prix avoir 18 ans qu’il convenait pour o avec eux
comment ils étaient « préparés » à ce passage.

D. Le passage à la majorité

La transition entre la minorité et la majorité s’avère souvent être un passage brutal. Bien qu’ils
y soient préparés dès l’âge de 16 ans avec leur projet de pré-autonomie, peu nombreux sont
ceux qui, une fois la majorité atteinte, arrivent à devenir autonomes. J’ai pu constater que ces
deux ans passent tellement rapidement qu’on manque de temps pour pouvoir inculquer les
principes de la vie aux jeunes. De mon point de vue, il faudrait préparer et responsabiliser les
jeunes beaucoup plus tôt par des interactions (poser des questions sur leur futur) et leur
demander ce qu’ils aimeraient apprendre avant de quitter l’institution. Si on travaille cette
problématique avec eux en amont, je pense que cela pourrait faciliter un peu plus le passage à
la vie adulte.

39
Laurent A., « Histoire de l’individualisme », Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? »,
Paris, 1993, p. 4.
40
Différence entre l’autonomie et l’indépendance. (2016, 15 février). Quelle Différence.
http://www.quelle-difference.fr/difference-autonomie-independance.html

34
Il faudrait aussi réaliser des activités avec eux, telles que des ateliers de cuisine pour leur
permettre de cuisiner des plats et de varier les aliments, de conserver ceux-ci.

Ex : une jeune de 16 ans devait se préparer à manger seule le week-end, elle achète de la viande
en trop et la conserve pendant une semaine. C’est en rangeant le frigo que l’éducatrice a vu la
viande et lui expliqua le principe de conservation des viandes.

Il s’agit là de choses simples, mais qui sont tout aussi importantes à expliquer aux jeunes en
pré-autonomie.

Il faudrait aussi réaliser des activités pour la vie future: plusieurs tâches du quotidien afin qu’ils
soient préparés au mieux, même si je sais bien qu’on ne peut pas tout leur apprendre. On pourrait
fixer avec eux plusieurs objectifs et faire des mises en situation pour les aider à gérer, par
exemple, leurs dépenses, effectuer des factures ou prendre rendez-vous chez un particulier.
Finalement, instaurer des petits choses simples du quotidien qui aideront le jeune.

E. Témoignages d’anciens jeunes placés en institution devenus majeurs

Afin d’avoir des réponses à mes questions concernant la majorité, j’ai voulu interroger
directement le public concerné, constitué par les jeunes devenus majeurs vivant hors
institution, mais que l’institution suit toujours.

D’autre part, j’ai voulu également savoir quels outils étaient mis en place par l’institution pour
favoriser leur autonomie.

J’ai interrogé trois jeunes, dont deux ont encore leur frère et sœur en institution. J’ai pu
remarquer que leur témoignage ressemblait beaucoup à ceux qui étaient en institution, leurs
craintes étaient identiques. J’ai pu également observer qu’au sein d’une même fratrie, les jeunes
sont différents et n’ont pas le même suivi.
Concernant le logement, j’ai pu retrouver des similitudes avec ceux qui sont encore en
institution. Ils avaient tous des envies d’hébergement différentes

35
Témoignages

« J’ai quitté l’institution en janvier 2022. Je ne me suis pas sentie beaucoup soutenue. La chose
que j’aimerais avoir pour mon départ est plus de réconfort. Concernant la majorité, on m’a
expliqué les grandes lignes, mais on ne m’a pas expliqué vraiment ce que c’était, à part quand
j’ai quitté l’institution.
Pour moi, être adulte, c’est affronter les difficultés du monde seule. Je me sens très seule et
assez triste. J’ai eu peur de ne pas réussir dans la vie au niveau de l’école, des finances, etc.
Ce qui est dur pour moi tous les jours est de gérer mon argent.
Ce que j’aurais changé quand j’étais dans l’institution, ce serait qu’on soit plus autonome. En
ce qui concerne les +- 15 ans.
J’avais peur de quitter l’institution. J’étais mitigée.

Autant j’étais pressée, autant je voulais rester. J’ai bien été préparée au projet d’autonomie,
même si on ne m’avait pas expliqué qu’on relevait le compteur d’eau et de gaz une fois par
année.
Ce projet m’a paru difficile, car je n’ai pas atteint un de mes objectifs qui était de réussir à
l’école. Mais il m’a quand même un peu aidé. »

Ornella, 18 ans, vit seule en kot.

« Quand j’ai quitté l’institution, j’étais contente. Un peu triste, car il n’y avait plus de bruit,
mais en soi ça allait. Je me suis sentie quand même assez soutenue pour mon départ. Je ne sais
pas ce que j’aurais vraiment voulu pour mon départ, mais ils m’ont bien préparée. Je n’avais
pas vraiment peur de quitter l’institution.

J’étais plutôt pressée de partir. J’étais déjà assez autonome avant le projet d’autonomie.

Je trouvais cela facile. Mes objectifs étaient de savoir gérer la vie quotidienne (lessive, budget,
repas). Ils ont été atteints assez tôt. Le projet m’a beaucoup aidé, car cela m’a quand même
apporté de l’aide pour la gestion du budget. Les éducateurs m’ont bien expliqué ce que c’était
d’être majeur.

36
Pour moi, être adulte, c’est avoir des responsabilités, prendre sa vie en main et tout faire pour
réaliser ce qu’on souhaite accomplir pour plus tard. Je me sens bien où je suis.

Au début, je me sentais seule, mais maintenant ça va.

Ma plus grosse crainte était la solitude. Ce qui est quand même un peu dur, c’est le manque de
bruit, les gens qui bougent autour de moi. Les gens me manquent beaucoup. »

Marie, 18 ans, vit en communauté dans l’asbl Envole-toi.

« J’ai quitté l’institution à mes 18 ans le 31 janvier 2021. Je ne me suis pas du tout senti soutenu.
J’aurais aimé pour mon départ plus de compréhension. On m’a déjà expliqué plus ou moins ce
que c’était que d’être adulte, mais en grandissant en centre ou en internat, on apprend par
nous-mêmes.

Pour moi, être adulte, c’est avoir plus de responsabilités envers notre vie, grandir dans la tête,
devenir plus mature et galérer pour le loyer. Je me sens beaucoup mieux, j’ai plus de liberté et
je peux enfin me dire que je suis chez moi.

Je n’avais pas vraiment de grosses craintes, mais ce qui est dur tous les jours, c’est de se dire
si tu auras assez à la fin du mois.

Ce que j’aurais changé à l’institution, c’est leur manière de parler et de réagir envers nous
les jeunes, plus de compréhension et plus de confiance, nous traiter comme des enfants
normaux.

Je n’avais pas peur de quitter l’institution, j’attendais ça. A aucun moment, ça m’a fait peur.
On ne m’a pas bien préparée à mon projet d’autonomie. J’ai dû tout apprendre par moi-même.
Ce projet ne m’a pas vraiment aidée, car, jusqu’à présent, je n’ai pas réussi à atteindre mon
objectif, qui est de réussir ma vie financièrement. »

Walid, 18 ans, vit en couple dans un appartement.

37
En rassemblant les différents témoignages, j’ai conclu que :

- deux jeunes sur trois vivent en communauté.

- un jeune sur trois a besoin d’avoir son chez soi et d’être tranquille.

- deux jeunes sur trois ont besoin d’être entourés, d’avoir du soutien et surtout de ne pas
rester seuls.

J’ai pu également remarquer que, malgré les avis très différents des jeunes, ils étaient souvent
d’accord sur beaucoup de points. J’ai pu observer qu’au sein d’une même fratrie les choix
étaient très différents, car les personnes sont différentes, même s’ils sont de la même fratrie:
chacun a sa propre conception de la vie et finira par prendre un chemin qui lui est propre.

F. Les sept besoins capitaux des jeunes

Tous ont leurs besoins spécifiques, mais on trouve sept besoins capitaux41 qui sont très
importants pour les jeunes.

41
Les 7 besoins capitaux des adolescents [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à
l’adresse : https://adozen.fr/les-7-besoins-capitaux-des-adolescents-3/

38
« Besoin de confiance : La confiance est inconditionnelle et ne se marchande pas. Celui qui
reçoit la confiance peut ensuite la donner aux autres. La confiance ramène l’estime de soi et
donne l’envie d’agir.

Besoin de sécurité : Le sentiment de sécurité passe par des repères, des références, des
convictions parentales, en aucun cas par l’imposition de limites ou d’interdits, ou par
l’autorité, qui ne sont que les expressions du pouvoir. Elle implique de réassurer, de soutenir
constamment l’adolescent.

Besoin de responsabilité : L’adolescent a moins besoin d’être responsabilisé que d’assumer


des responsabilités à la fois personnelles et sociales. La responsabilité ramène le sentiment
d’utilité.

Besoin d’espoir : Ce qui manque le plus aux adolescents dans un monde très exigeant : réussir
en classe, réussir en amour, choisir le bon métier.

Besoin de dialogue : Le dialogue est de l’échange d’idées, donc de désaccords : penser par
soi-même, c’est penser différemment d’autrui. Le dialogue suppose qu’on soit d’égal à égal
avec l’autre. Le dialogue est une réponse préventive à la violence.

Besoin d’autonomie : L’autonomie est le pouvoir de choisir soi-même ses règles de conduite,
l’orientation de ses actes et les risques que l’on est prêt à courir. L’adolescent doit
expérimenter pour grandir : il a donc le droit de se tromper.

Besoin d’affection : L’affection (amour et amitié) est ce qui importe le plus à l’adolescent qui
a besoin d’aimer et d’être aimé. »42

Lors de mon expérience de stage, je peux confirmer qu’après avoir passé la majeure partie de
mon temps avec les jeunes et d’avoir pu discuter avec eux, ces besoins sont vraiment fort
présents chez les adolescents. Je trouve qu’il est très important de travailler là-dessus afin que

42
Les 7 besoins capitaux des adolescents [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à
l’adresse : https://adozen.fr/les-7-besoins-capitaux-des-adolescents-3/

39
leurs besoins soient assouvis et qu’ils n’ont pas une « frustration » ou un sentiment qu’on ne
leur accorde pas de notre temps et qu’on effectue dès lors un mauvais suivi.

Dans les différents témoignages, on peut retrouver les besoins des jeunes qui ont tous eu leur
besoin d’autonomie de quitter l’institution et d’avoir leur propre chez soi. On peut retrouver
également le besoin de dialogue et d’affection que certains jeunes n’ont pas ou peu ressenti
pendant qu’ils étaient dans l’institution.

C’est alors là qu’il est important, et surtout avec les adolescents, d’installer une certaine
communication avec eux car, à cet âge-là, les jeunes sont beaucoup plus vulnérables et ont
besoin d’avoir une certaine affection. Il se peut aussi que leur humeur change du tout au tout,
comprendre que, chez les jeunes adolescents, vient aussi la puberté qui joue un rôle très
important sur leur état d’esprit.

Ex : une jeune de 14 ans en pleine puberté était beaucoup plus « difficile » qu’un jeune âgé de
16 ans et demi, il arrivait parfois que la jeune de 16 ans calme la plus jeune et lui explique que
c’est normal d’avoir mal au ventre pendant ses menstruations, mais que ce n’est pas une raison
pour insulter tout le monde dans la pièce.

Il faut savoir que les jeunes qui devront quitter l’institution seront en pleine crise d’adolescence
et qu’il faut être le plus compréhensif possible.

L’adolescence, c’est :

« « Adolescence » vient du latin adolescere, qui signifie « grandir », et plus spécifiquement de


son participe présent /…/ étymologiquement « celui qui est en train de grandir » /…/

De même origine, le participe passé du verbe adultus signifie « celui qui a arrêté de grandir ».
/…/ Selon la définition courante, l’adolescence est « la période de la vie humaine entre la
puberté et l’âge adulte ; jeunesse ». /…/ L’OMS définit l’adolescence comme une étape qui va
de 10 à 19 ans. »43

43
Les 7 besoins capitaux des adolescents [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à
l’adresse : https://adozen.fr/les-7-besoins-capitaux-des-adolescents-3/

40
A cette période, s’ajoute également la « crise d’adolescence » qui va jouer énormément sur
l’humeur du jeune, car le passage de l’enfant à l’adulte ne laissera pas indifférent le jeune et lui
fera prendre conscience de l’évolution. Il est impératif d’expliquer au jeune tout le processus
qui découle des différents changements chez l’enfant. Celui-ci acquiert petit à petit un corps
d’adulte.

J’ai pu également observer que c’est aussi souvent ce passage-là qui fait que les jeunes sont
beaucoup plus vulnérables ou à l’inverse vont être plus anxieux et super irritables ou encore
vont adopter des comportements plus agressifs lorsqu’ils sont en âge de puberté.

Tous ces changements font que le jeune a besoin d’un soutien beaucoup plus important de la
part de l’institution. En outre, à leur problème dans leur contexte familial, vient s’ajouter cette
étape nouvelle, qui parfois leur fait peur et dont ils ont du mal à « accepter » tout simplement
les changements.

Exemple d’une jeune en pleine puberté :

Ayant été plusieurs fois témoins de disputes entre jeunes, j’ai entendu beaucoup d’entre eux
parler de « partir » ou de se « suicider », j’ai pu alors constater que plusieurs ressentaient ce
mal-être.

Lors de mes derniers jours de stage, une jeune a tenté de se suicider, elle s’est faufilée sur le
toit de l’institution et a voulu sauter. Bien heureusement, une jeune a averti les éducateurs et
ceux-ci ont su l’empêcher de commettre cet acte irréversible.

Je l’ai alors prise à part quelques jours plus tard, en discutant avec elle de l’acte qu’elle allait
commettre. C’est alors qu’elle m’expliqua qu’elle se détestait, qu’elle ne supportait pas de voir
que son corps changeait, qu’elle ne s’aimait plus et qu’elle avait honte de la personne qu’elle
était devenue.

J’ai tout de suite compris que l’image d’elle était importante et qu’il fallait surtout qu’elle
apprenne à s’aimer et surtout ne plus reproduire cette action lorsqu’elle se sent seule ou en
manque d’affection.

41
Le lendemain, avec ma maître de stage, nous avons décidé de la prendre à part et d’utiliser
plusieurs outils pédagogiques pour qu’elle exprime son mal-être. Le fait qu’on ait pris un
moment rien que pour elle lui a fait fort plaisir, elle nous a remerciés et nous a serrés fort dans
ses bras. J’ai alors compris que ces jeunes ont besoin d’énormément d’attention et d’affection
et que des petits moments individuels pour chaque jeune étaient très importants pour eux.

De plus, le témoignage de la jeune était bouleversant, car elle savait qu’elle allait devenir une
autre personne et cela l’angoissait, elle était contente de grandir, mais elle voulait rester une
petite fille en même temps.

C’est pour elle une situation dure à gérer, que ce soit à l’institution, à l’école ou dans sa famille,
car tout le monde la voit comme une jeune femme et elle se voit encore petite fille dans le corps
d’un adulte.

Dès lors, pour moi, il est important de travailler avec ces jeunes leur confiance en soi et leur
estime de soi, car, à cet âge-la, beaucoup d’entre eux souffrent de ce mal-être, ne se sentent pas
bien dans leur peau ou manquent tout simplement d’estime de soi.

Travailler là-dessus en corrélation avec leur projet d’autonomie serait une approche soutenante
pour eux.

42
4. Le passage à la majorité, selon les jeunes

Il est indéniable de voir que le passage d’un jeune à la majorité dans une institution est
compliqué, car chaque jeune est différent. Chacun est né et a grandi dans un contexte différent,
avec de grandes souffrances psychologiques.

Selon moi, le projet d’autonomie à 16 ans ne laisse pas assez de temps jusqu’à la majorité pour
préparer les jeunes. Il faudrait leur donner tous les outils nécessaires pour leur faire comprendre
qu’ils sont capables d’atteindre leurs objectifs et qu’ils répondent surtout par eux- mêmes à ces
deux questions : qu’est-ce que la majorité et qu’est ce qui va changer du passage de
l’adolescence à l’âge adulte? Les jeunes doivent prendre conscience que le passage à la
majorité44 signifie qu’on devient libre de ses choix et qu’on devient seul responsable de ses
actes et de ses conséquences.

Il faut vraiment faire un travail mental avant de commencer le projet d’autonomie, afin que les
jeunes n’aient pas peur et soient rassurés sur le fait que tout le monde passe par là. Bien sûr, il
y a des exceptions, car certains sortent de là en étant très autonomes. C’est à nous, les
intervenants sociaux, à les préparer au mieux pour leur sortie.

Si, dans une famille, le jeune n’a pas un minimum de suivi dans son éducation, cela impacte sa
vie. C’est pareil dans l’institution. Si elle présente des failles (intervenantes non présentes), le
jeune sortira de là avec beaucoup de choses non acquises, un sentiment de ne pas avoir été bien
préparé et, pour d’autres, une sorte de colère, car leurs attentes dans l’institution étaient d’être
soutenus ou d’avoir un certain suivi.

L’intervenant social doit montrer un certain intérêt pour le jeune. Si le jeune fragilisé est mal
entouré et ne ressent pas que son éducateur est derrière lui, il se sentira, en plus de sa famille,
mis de côté par tout ce qui l’entoure. Après avoir vu de mes propres yeux et écouté les
témoignages de plusieurs personnes (jeunes et travailleurs sociaux), chacun a conscience qu’il
faut que les choses bougent si on veut un passage plus soutenant. Pour ce faire, rien de mieux
que d’écouter les principaux acteurs afin de connaître leurs difficultés et ainsi chercher un
moyen de trouver une solution.

Être majeur qu’est-ce que ça implique ? Dans : Bruxelles-J [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 17 août 2022].
44

Disponible à l’adresse : https://www.bruxelles-j.be/ton-autonomie/etre-majeur-cest-quoi/

43
A. Compte-rendu des interviews

Voici les questions qui ont été posées à 3 jeunes placés en institution afin de pouvoir tirer
quelques conclusions : Être adulte pour toi, c’est quoi ? Quel suivi voudrais-tu avoir à la fin de
ton placement ? As-tu peur de quitter l’Institution ? Quelle sont tes peurs, tes craintes, tes
inquiétudes ?

Trouves-tu qu’on te prépare bien à être autonome ? Quels étaient tes objectifs ? Dans le projet
d’autonomie, était-il facile ou difficile à trouver des objectifs ? Arrives-tu à les atteindre ? Te
sens-tu écouté, suivi et pris en charge pour mener à bien ce projet d’autonomie ?

Au vu des réponses recueillies, on remarque que la prolongation du suivi est toujours demandée.

Exemple :

Témoignage d’Amina, 16 ans, placée en institution avec sa fratrie : « Je suis sûre que je resterai
seule. Ça va être difficile car je ne suis pas habituée. Je vais devoir travailler, aller à l’école
et faire à manger, mais je sais que je serais capable de tout gérer. Je veux prolonger mon suivi
à l’institution jusqu’à 20 ans, mais je veux surtout être aidée par le CPAS jusqu’à ce que je
sois capable de pouvoir m’en sortir. »

Les 3 jeunes souhaitent prolonger leur suivi jusqu’à 20 ans, mais ont des envies d’hébergement
différentes.

Exemple :

Témoignage de Bilal, 17 ans, placé en institution en fratrie (frère d’Amina) : « Je veux un


prolongement dans l’institution jusqu’à mes 20 ans, mais il y a un projet qui se prépare pour
que je parte chez Ozil, qui est mon patron du snack. Ça fait un moment que je travaille chez lui
et nous nous entendons super bien. »

Cela montre que le projet d’autonomie en institution doit encore être amélioré sur certains
points, car les enfants qui sont censés être autonomes pour débuter leur vie ne le sont pas
toujours.

La solitude est un stress qui revient souvent. Ils sont un peu anxieux à l’idée de quitter
l’institution, mais, d’autre part, ils sont quand même contents de pouvoir vivre selon leurs
propres règles et prendre leur envol.

44
Exemple :

Témoignage de Chloé, 16 ans, placée en institution en fratrie : « C’est faire ce que j’ai envie
sans qu’on me dise rien. Je pourrai enfin sortir quand je veux et ne plus avoir trop de règles à
respecter. »

Le projet d’autonomie n’était pas difficile à atteindre. Chacun arrivait à atteindre tous les
objectifs fixés. Par contre, le courant entre le jeune et les éducateurs se détériorait.

Le jeune déplore un manque d’écoute, car au fil des années, l’attention portée envers les jeunes
adolescents a diminué au profit des plus petits. Ils se sentent donc moins suivis et moins pris en
charge.

Exemple :

Témoignage de Chloé 16 ans, placée en institution en fratrie :

« J’aimerais qu’on m’apprenne à être plus autonome (payer le loyer et les factures). Pour cela,
il faudrait déjà qu’ils soient présents pour moi et qu’ils ne créent pas d’injustice envers nous.
Les éducateurs vont toujours me rappeler une faute et je trouve qu’on me rabaisse trop.

Pour moi , les règles ne sont pas pareilles pour tout le monde, surtout lorsque les éducateurs
comparent les petits à nous les grands par rapport au temps d’écran et à l’heure du coucher,
par exemple. Je suis content des activités qui se passent dans l’institution, mais les éducateurs
ne savent pas se mettre d’accord sur le règlement. Il y a un gros problème dans les décisions
prises par les éducateurs qui sont chacune différentes pour un seul et même cas. Cela crée trop
de tensions. »

Une fois la majorité atteinte, il n ’y a pas d’évolution soudaine chez les jeunes. Ils auront
toujours besoin de réconfort, car ils sont fragiles. Je pense que mettre en place des ateliers sur
la confiance en soi et sur la gestion du stress (exercice de respiration) est très important.

Lorsque j’étais en stage, j’ai pu réaliser plusieurs activités à ce propos, ce qui a aidé énormément
les jeunes. Ils ont découvert que c’était normal de passer par des périodes de frustrations ou de
peur.

45
Par exemple, j’ai eu le retour d’une jeune qui a appliqué un exercice de respiration 45 que je lui
avais expliqué dans un atelier sur la confiance en soi, elle a utilisé cet outils avant d’être face
au juge, lors d’une audience, et a été moins stressée.

En fin de compte, si on arrive à gérer nos émotions, on peut réaliser beaucoup de choses.

Après avoir expliqué cela aux jeunes, beaucoup ont compris et m’ont remerciée d’avoir mené
cet atelier, car ils étaient beaucoup moins frustrés dans leur quotidien.

Selon moi, il s’agit de petites choses qui, je pense, pourront aider les jeunes en pleine
adolescence et leur apporter un soutien dans leur passage à la majorité.

Chaque jeune est unique et a un parcours de vie différent. Il faut donc remettre tout le contexte
du jeune à plat et vraiment booster son estime de soi pour faciliter son passage à la vie adulte.

Je pense qu’il est aussi utile et important que tout le monde sache qu’il y a des failles.

Les intervenants sociaux oublient de prendre en considération tous les facteurs qui seront
amenés à être vécus par le jeune. Pourquoi ne pas se concerter une fois par an pour chercher à
trouver des solutions? Il serait temps de faire bouger les choses, car il y a de plus en plus de
jeunes en difficulté et de plus en plus de personnes qui font appel au SAJ.

Je trouve que le soutien à la parentalité n’est pas assez visible aux yeux des parents. Il y a des
services d’aide qui existent, mais peu de parents le savent. Ils pensent à tort qu’en tant que
parents ils ne peuvent obtenir aucune aide.

Dans une situation de jeune ayant un problème avec sa famille, il faut creuser l’abcès pour
connaître la raison pour laquelle le jeune a été placé. Si la cause est liée aux parents, comprendre
ce qui s’est passé. Si les parents vivent une vie difficile, cela impacte l’éducation des enfants.
Les problèmes familiaux constituent une des raisons principales expliquant qu’il y a beaucoup
de jeunes placés. Ne pas parler la langue joue aussi un rôle majeur (difficulté de parler dans les
rendez-vous, réunion des parents, etc.).

B. Renforcer le soutien à la parentalité

Comme je l’ai évoqué précédemment, il est capital que le parent sache qu’il existe un soutien
à la parentalité et qu’il connaisse les associations qui proposent ce service.

45
ANNEXE

46
Après avoir effectué des recherches, j’ai pu me rendre compte qu’il y avait beaucoup
d’institutions qui proposent un soutien à la parentalité. En revanche, j’ai pu constater qu’il y
avait une désinformation au niveau des parents. Je trouve que les parents ne sont pas assez
informés et qu’il faudrait davantage les renseigner sur ce qui est mis en place pour les aider.

« Concrètement, le soutien à la parentalité consiste à informer les parents, à les écouter, à les
orienter et à mettre à leur disposition une palette de services et de ressources pour les aider à
assumer leur rôle de « premiers éducateurs » de leurs enfants. Les objectifs visés sont de
désamorcer les difficultés éducatives, de prévenir l’épuisement parental, de consolider les
habiletés parentales, de renforcer la qualité des liens parents-enfants et conjugaux. Les
modalités d’action sont diverses et consistent à proposer, dans un cadre bienveillant et
sécurisant, des échanges entre pairs, des activités de soutien du lien parents-enfants, des
espaces d’écoute et de parole, des activités porteuses de convivialité et de socialisation et, face
aux situations conflictuelles, des dispositifs de médiation »46.

Voici, par exemple, quelques institutions de l’aide à la jeunesse qui proposent ce type de
services, comme les AMO, les maisons de quartier, etc. :

-AMO Centre comète : Les objectifs du pôle « Soutien à la parentalité » sont :

« Promouvoir la place des parents dans l’éducation de leur(s) enfant(s) tout en leur laissant un
espace où ils peuvent exprimer leurs doutes, leurs questionnements, voire leurs échecs.

Renforcer la relation parents-enfants en proposant des sorties et des camps qui sont autant de
moments de qualité, de moments ressourçant, dans le quotidien souvent surchargé des familles.

Favoriser l’échange, la rencontre et la création de lien entre parents, de manière formelle dans
les groupes de parole et de manière informelle durant les sorties et les camps.

Amener les parents à trouver leur(s) solution(s), à être créatifs, à devenir auteurs/acteurs de
leurs propres projets pour entrer dans une logique d’autonomisation. »47

46
cairn.info. (s. d.-c). https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2016-1-page-
98.htm?contenu=plan
47
Soutien à la parentalité [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à l’adresse :
http://centrecometeamo.be/parentalite.html

47
Chaque AMO a un service lié a la parentalité, car il est important de travailler avec le jeune,
mais la famille aussi a besoin d’aide et de soutien.

-Maison de quartier (Le Cairn):

« La permanence de soutien à la parentalité du Cairn accueille les personnes (parents ou


familles) qui font face à des difficultés dans le cadre parental ou à des questionnements en lien
avec la scolarité des enfants.

Nous pouvons, par exemple, vous aider :

• à introduire une demande d’allocations familiales, une bourse d’études dans vos
démarches administratives auprès de la mutuelle, en lien avec l’octroi d’une pension
alimentaire;

• pour toute question relative à l’orientation de votre enfant, le choix d’une école, la
recherche d’une crèche, d’une école, d’une logopède;

• dans le suivi de la scolarité de votre enfant, y compris la rencontre avec les professeurs.

Des ateliers « parentalité » sont proposés ponctuellement. Ces moments d’échanges permettent
aux parents de discuter avec des professionnels de l’enfance ou de la thématique choisie. »48

Travailler avec les parents est quelque chose à prendre en considération, car j’estime que c’est
le noyau du problème familial dans la plupart des cas. Apprendre aux parents que leur situation
peut se régulariser et que nous pouvons travailler avec eux leurs soucis pourrait les aider à faire
des efforts et à changer leur manière de faire.

Les parents ont un rôle essentiel dans l’épanouissement du jeune et dans son éducation. Il faut
parfois apprendre aux parents un cadre pour les enfants, leur permettant un bon vivre ensemble.

Travailler ensemble parents-enfants-institutions ne peut pas se réaliser si l’une des parties ne


fait pas d’efforts.

48
Soutien à la parentalité [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à l’adresse :
http://centrecometeamo.be/parentalite.html

48
5. Pistes d’intervention

Avant de commencer ma quête de pistes d’actions, il y a une problématique qui est difficile à
traiter et qui n’est pas vraiment de mon ressort.

Le secteur de l’aide à la jeunesse rencontre beaucoup de problématiques que j’ai pu relever


tout au long de mon travail et de mes recherches. Cet enjeu économique et social relève des
interpellations politiques. Pour combattre ces failles, il faudrait militer ou manifester. Un trop
grand manque de moyens est la cause des différents dysfonctionnements au sein des
institutions, ce qui entraîne souvent un manque d’effectifs.

Cependant, je pense qu’une des premières pistes d’action qu’on pourrait mettre en place
pourrait être une sorte de regroupement au sein des SRG, avoir une genre de collectif où tous
les SRG se rassembleraient pour discuter ensemble des dysfonctionnements présents dans leurs
institutions et comment on pourrait y remédier.

Lorsque j’ai accompli mon stage en AMO, j’ai appris que ce genre d’événements existait.

« Collectif des AMO de Bruxelles: Depuis de nombreuses années, un collectif regroupant


l’ensemble des AMO de Bruxelles tente de voir le jour avec plus ou moins de réussite. Ces
réunions sont des moments importants d’échanges et de réflexions sur nos pratiques et nos
projets. Un des intérêts de ce groupe est qu’il se compose à la fois des directions, mais aussi
et surtout des travailleurs de chacun des services représentés. »49

Une deuxième piste d’action que je trouve intéressante à travailler est le principe du DPA. Les
intervenants sociaux devraient revoir le principe du DPA afin d’avoir une approche plus douce
et soutenante avec le jeune.

Pour moi, en tant que travailleuse sociale ayant effectué un stage dans le secteur de l’aide à la
jeunesse, il y a beaucoup de dysfonctionnements que j’ai soulevés tout au long de mon travail
et de problèmes, comme je l’ai fait remarquer précédemment.

49
Collectif des AMO de Bruxelles/Traces de Rue et Atelier Belge des Travailleurs de Rue - [en ligne].
[s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à l’adresse : //www.atmospheres-amo.be/collectif-
des-amo-de-bruxelles/

49
Je pense qu’une méthode destinée aux intervenants sociaux permettrait d’apporter un
accompagnement de qualité: il s’agirait du DPA (Développement du Pouvoir d’Agir), qui
permettrait aux jeunes d’avoir une emprise sur leur vie en prenant leurs propres décisions, tout
en ayant un cadre, une écoute de qualité et sans jugement, un cadre dans lequel ces jeunes
pourront s’exprimer.

« Yann Le Bossé, initiateur de l’approche centrée sur le Développement du Pouvoir d’Agir des
personnes et des collectivités (abrégée en DPA), qui « vise à promouvoir chez les personnes
[et les collectivités] la capacité à exercer un pouvoir sur leur vie » (Le Bossé, 2011), à favoriser
leur affranchissement, entre autres par la voie de changements structurels.

Nous souhaitons que cette approche constitue pour le futur Assistant social un support lui
permettant de développer une posture professionnelle et un art de faire un travail social
propice à la créativité et au professionnalisme. » 50

Lors de mes stages, je me disais que, si on allait à la rencontre de ce que veut véritablement le
jeune par le biais du DPA, ce serait beaucoup plus enrichissant que de dire au jeune ce qu'il
faut faire.

Nous ne serions alors plus dans le modèle du travailleur social qui va trouver la solution à tout
prix, mais plutôt de celui qui va, à travers son accompagnement, aider le jeune à trouver ses
propres solutions.

De plus, nous irions véritablement à la rencontre de ce que souhaite le jeune, de ce qui est
important pour lui aujourd’hui.

Exemple :

Si je prévois une rencontre avec un jeune pour lui parler de son projet d’autonomie, mais que,
arrivant dans mon bureau, il est trop occupé par une situation qui s’est passée à l’école, je vais
prendre en considération les problèmes liés à l’école et je vais prendre le temps de discuter
avec lui de son ressenti à ce moment, quitte à reporter l’évolution de son projet d’autonomie.

Car c’est ce qui le préoccupe maintenant dans l’absolu et, tant que son problème ne sera pas
résolu, il ne pourra de toute manière pas se concentrer sur son projet d’autonomie.

50
BRODKOM Natacha, DESOMER Valérie, GERLAGE Virginie, GUISSARD Michel, TOUSSAINT
Sylvie. Développement du pouvoir d’agir (3A32H). ISFSC. 2021-2022

50
Un des points du DPA est donc justement celui de prendre en compte les enjeux pour les
acteurs.

Grâce au DPA, je peux également prendre réellement en compte les enjeux de mon jeune, ce
qui est primordial dans la compréhension de celui-ci. Ainsi, le jeune se sentira compris, car il
remarquera que l’on prend en compte ce qui pourrait être un obstacle pour lui.

Cela nous permet d’avoir une approche avec le jeune beaucoup plus axée sur sa volonté et sur
ce qu’il désire ici et maintenant, et il peut donc aller vers une autonomisation beaucoup plus
facile.

Ma troisième piste d’intervention sera centrée plus particulièrement sur la majorité des jeunes.
Étant donné qu’à ses 18 ans le jeune devra quitter l’institution, il serait essentiel, selon moi,
d’organiser des activités socio-pédagogiques visant son autonomie. Outre son projet
d’autonomie, j’estime qu’il est important de rassurer le jeune et de l’aider à réaliser au mieux
les différentes tâches qu’il a choisies dans son projet d’autonomie.

Par exemple :

Les objectifs d’une jeune consistaient à savoir faire à manger, à apprendre à gérer son budget
et à savoir prendre des rendez-vous. Pour apprendre à faire a manger, il serait bénéfique
d’organiser des activités culinaires en choisissant avec eux des repas sains et diversifiés. Mais,
en même temps, leur expliquer également les temps de cuisson, combien de temps la viande
peut rester au frigo, etc.

En ce qui concerne la gestion de son budget, organiser des activités avec de la monnaie, par
exemple, lui donner une mise en situation concernant son projet. Lui donner un carnet et lui
expliquer dans un premier temps les dépenses quotidiennes qu’il rencontrera pour ensuite qu’il
établisse un budget, en réfléchissant à comment mettre l’argent de côté et surtout quelles sont
ses priorités.

Un autre exemple : si la jeune a une facture de téléphone à payer, mais que, pour elle, il est
plus important de s’acheter une paire de chaussures.

A travers cet exercice, on peut lui faire comprendre que ses envies passent après le payement
de ses factures…

51
Certes, ces petites choses s’apprennent « sur le tas » et je le conçois, mais je pense que, si nous
nous mobilisons au maximum pour leur apprendre ou leur enseigner un maximum de
compétences, les jeunes auront, selon moi, moins de frustration et plus d’assurance de quitter
l’institution.

Etant donné que, dans mon stage, j’étais souvent avec les jeunes et que j’ai pris le temps de les
interroger sur leur ressenti et sur le soutien qu’ils auraient aimé avoir pour leur passage à l’âge
adulte, tous, sans exception, m’ont répondu qu’on leur consacre plus de temps et surtout qu’on
travaille leurs objectifs ensemble et en adoptant une approche plus socio-pédagogique.

Mais surtout leur donner tous les outils qu’ils peuvent utiliser, une fois qu’ils seront partis de
l’institution, tel que « Le guide pratique sur l’autonomie des jeunes51 ».

En fin de compte, se mobiliser pour ces trois pistes d’action serait, à mon avis, un passage plus
soutenant pour les jeunes, ainsi que travailler avec eux en fonction de leurs besoins et de leur
attente une fois qu’ils quitteront l’institution.

Il est évident que, dans tous les SRG, il y a des dysfonctionnements institutionnels, mais
j’estime qu’il est tout de même important de se concerter et d’analyser les failles qui
handicapent toutes ces institutions et peut-être aussi introduire le SAJ et le SPJ, ce qui serait
sans doute plus difficile.

Il apparaît nécessaire de tenir au moins une réunion par an tous ensemble afin de voir le
fonctionnement des placements en institution et de traiter tous ensemble les moyens pour
favoriser un passage plus soutenant aux jeunes presque majeurs.

51
FEDERATION WALLONIE BRUXXELES- SERVICE DROITS DES JEUNES. Prendre son envol- Guide
pratique sur l’autonomie des jeunes [Fichier PDF]. Dernière mise à jour 20 novembre 2017.

52
Conclusion

A travers mon travail de fin d’études, j’ai pu réaliser que le secteur de l’aide à la jeunesse
présentait plusieurs problématiques récurrentes, à savoir : selon une intervenante sociale
travaillant en SRG : « Avoir plusieurs délégués en SAJ n’est pas facile pour le jeune, car un
lien s’est créé avec son délégué et il n’a pas nécessairement envie de recommencer à zéro avec
un autre».
Selon une seconde intervenante sociale : « Le manque de subsides dans l’aide à la jeunesse est
un problème majeur dans les institutions. Par manque de moyens, il y a peu d’intervenants
sociaux (éducateurs et délégués) et peu de matériel pour les jeunes. Ce facteur est peut-être la
cause d’une défaillance en SAJ. »

Un autre problème consiste dans le surplus de dossiers au niveau du SAJ et des difficultés à
suivre l’évolution des jeunes. Il faudrait tenir des réunions d’équipes entre SRG afin de produire
les statistiques de l’année pour pouvoir répondre aux différentes problématiques.

En outre, j’ai aussi remarqué qu’au sein même des institutions les éducateurs se sentent
débordés par le fait qu’il y ait un manque de personnel. Ils estiment qu’ils ne sont pas assez
valorisés malgré toute la charge de travail qu’ils accomplissent au quotidien. Cela rend difficile
leur charge de travail (jeunes qui fuguent, urgences en hôpital, rendez-vous…).

Je trouve également qu’on ne travaille pas assez en relais entre les différentes institutions du
secteur de l’aide à la jeunesse, car j’ai pu constater qu’on ne prenait pas la peine de sensibiliser
les jeunes aux différentes institutions qui pourraient leur venir en aide, une fois la majorité
atteinte.

Le fait d’avoir effectué mon stage en AMO m’a ouvert l’esprit et j’ai vu que le travail proposé
pour le jeune était vraiment soutenant. C’est pour cela que je n’ai pas hésité à y accompagner
les jeunes du SRG, afin qu’ils découvrent qu’il existe d’autres institutions pouvant leur apporter
une aide jusqu’à leurs 22 ans.

Dans ma conception des choses, un jeune ayant atteint la majorité dans une institution n’a pas
le même bagage qu’un jeune sorti d’un foyer familial, dans le sens où celui qui sort de la maison
des parents continue d’avoir un certain suivi ou une certaine aide des parents quand il rencontre
des difficultés, que ce soit pour manger, pour laver ses vêtements ou pour des questions
financières.

53
Par contre, le jeune qui sort d’une institution ne peut pas constamment se retourner vers
l’institution qui l’a hébergé pour demander à nouveau de l’aide, étant donné que la prolongation
se termine à ses 20 ans. Il se retrouve donc livré à lui-même et doit chercher de nouvelles aides
auprès des différents organismes mis à disposition par les autorités publiques.

Il est donc très important de parler aux jeunes pour leur dire de travailler sur le projet
d’autonomie et de réaliser le travail de pré-autonomie vers 12-13 ans, sans trop les perturber,
car ils sont encore assez jeunes. Les mettre en situation à cet âge pour préparer le terrain vers
la majorité rendra le passage plus favorable. (soutien : cpas, amo, mado, spj, …).

Il faut encore relever un manque d’implication de certains éducateurs pour les jeunes qui sont
en passe d’atteindre leur majorité. En pensant que les jeunes sont assez grands, les éducateurs
les délaissent et ceux-ci se sentent rejetés et peu soutenus, alors que c’est à ce moment-là qu’il
faut redoubler d’efforts afin de préparer l’autonomie des jeunes.

Grâce à ces expériences de stage et à ce travail qui m’ont demandé beaucoup de recherches et
d’implications, j’ai mis en application tout ce que mes cours m’ont appris pour devenir une
bonne assistance sociale. Au regard des jeunes fragilisés, j’ai dû faire preuve de beaucoup
d’empathie car, souvent, les situations étaient très difficiles à gérer et c’est ce qui m’a permis
de prendre du recul par la suite.

J’ai pu également observer que, dans mes deux lieux de stage, ce qui est très important à
pratiquer dans ce secteur, ce sont l’écoute et l’accompagnement du jeune. Le fait de pratiquer
l’écoute active durant mes stages m’a rendue plus humaine que je ne l’étais déjà. Il s’agit là
aussi d’une des qualités importantes dont doit faire preuve l’assistante sociale.

Ces jeunes ont besoin de se faire écouter, vu leur fragilité. Le fait de se sentir écouté va apporter
des effets bénéfiques dans la relation entre le jeune et l’intervenante sociale, comme la
confiance en soi, la facilité de communication et le fait de se sentir libre de s’exprimer. Je
remercie mes deux lieux de stage, qui m’ont appris énormément de choses, tant sur le plan
personnel que professionnel.

Croyant à tort qu’une assistante sociale doit refouler ses émotions, vu les situations auxquelles
elle est confrontée, je me rappelle avoir été interpellée par une intervenante sociale constatant
que je n’étais pas dans mon état habituel pour travailler. Elle m’a dit ceci : « Avant de prendre
soin des autres, il faut prendre soin de soi ». Ces mots ont eu un tel impact que je ne les oublierai
jamais et que je les appliquerai davantage pour réaliser au mieux mon rôle d’assistante sociale.

54
6. Bibliographie

A. Site internet :

• Quels sont les organismes compétents en matière d’aide à la jeunesse ? Dans : Infor
Jeunes [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 17 août 2022]. Disponible à l’adresse :
https://inforjeunes.be/faq/quels-sont-les-organismes-competents-en-matiere-daide-a-
lajeunesse/

• Madrane: « Le code est une révolution pour le secteur! » (VIDEO). Dans : Guide Social
[en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 16 août 2022]. Disponible à l’adresse :
https://pro.guidesocial.be/articles/dossiers-a-la-une/madrane-le-nouveau-code-est-
unerevolution-pour-le-secteur

• Demande d’intervention ... Plus d’informations sur le S.A.J. - Portail de l’aide à la


jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 16 août 2022].
Disponible à l’adresse : https://www.aidealajeunesse.cfwb.be/index.php?id=331

• 1
SAJ et SPJ : qui fait quoi ? Qui intervient et à quel moment ? Dans : inser’action [en
ligne]. 6 janvier 2016. [Consulté le 16 août 2022]. Disponible à l’adresse :
https://inseraction.be/saj-et-spj-qui-fait-quoi-qui-intervient-et-quel-moment

• SAJ/SPJ (Service de l’aide à la jeunesse / Service de la protection de la jeunesse) -


Portail de l’aide à la jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles [en ligne]. [s. d.].
[Consulté le 16 août 2022]. Disponible à l’adresse :
https://www.aidealajeunesse.cfwb.be/index.php?id=6485

• 1
Services agréés - Portail de l’aide à la jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles
[en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 16 août 2022]. Disponible à l’adresse :
https://www.aidealajeunesse.cfwb.be/index.php?id=servicesagrs&no_cache=1

• Services Résidentiels Généraux – S.R.G. - Bruxelles [en ligne]. [s. d.].

55
[Consulté le 16 août 2022]. Disponible à l’adresse :
https://pro.guidesocial.be/associations/?z=&c=1593&arrondissement=bruxelles

• Placements d’enfants : sont-ils trop nombreux en Belgique ? Dans : RTBF [en ligne].
[s. d.]. [Consulté le 16 août 2022]. Disponible à l’adresse :
https://www.rtbf.be/article/placements-d-enfants-sont-ils-trop-nombreux-en-
belgique10744554

• service de l’aide à la jeunesse mineur en danger. Dans : droitdelajeunesse.be [en


ligne]. [s. d.]. [Consulté le 16 août 2022]. Disponible à l’adresse :
https://droitdelajeunesse.be/professionnels/aide-%C3%A0-la-jeunesse/service-de-
l'aide%C3%A0-la-jeunesse-mineur-en-danger.html

• Placements d’enfants : sont-ils trop nombreux en Belgique ? Dans : RTBF [en ligne].
[s. d.]. [Consulté le 16 août 2022]. Disponible à l’adresse :
https://www.rtbf.be/article/placements-d-enfants-sont-ils-trop-nombreux-en-
belgique10744554

• Les incasables, le documentaire - FEDITO BXL asbl [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 16
août 2022]. Disponible à l’adresse : https://feditobxl.be/fr/2021/04/lesincasables-le-
documentaire/

• L’Aide à la jeunesse à bout de souffle. Dans : Guide Social [en ligne]. [s. d.].
[Consulté le 16 août 2022]. Disponible à l’adresse :
https://pro.guidesocial.be/articles/actualites/article/l-aide-a-la-jeunesse-a-bout-de-souffle

• BORN, Michel. Développer l'autonomie chez les adolescents:


l'implémentation de l'outil EVa-GOA dans les services de l'Aide à la
Jeunesse. Observatoire Revue D Action Sociale Medico Sociale [en ligne]. Janvier 2011.
[Consulté le 17 août 2022]. Disponible à l’adresse :

56
https://www.academia.edu/24331251/D%C3%A9velopper_lautonomie_chez_les_adolescents
_limpl%C3%A9mentation_de_loutil_EVa_GOA_dans_les_services_de_lAide_%C3%A0_la_
Jeunesse

• MALARDE, Patrick. Eva Goa: « un outil d’évaluation de l’autonomie des


adolescents ». Dans : HUMANELIS [en ligne]. 10 juillet 2017. [Consulté le 31 juillet
2022]. Disponible à l’adresse : https://humanelis.wordpress.com/2017/07/10/eva-goa/.

• Définitions : majorité - Dictionnaire de français Larousse [en ligne]. [s. d.].


[Consulté le 16 août 2022]. Disponible à l’adresse :
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• [En ligne]. [s. d.]. [Consulté le 17 août 2022]. Disponible à l’adresse :


http://www.envole-toi.be/

• Être majeur qu’est ce que ça implique ? Dans : Bruxelles-J [en ligne]. [s. d.].
[Consulté le 17 août 2022]. Disponible à l’adresse : https://www.bruxelles-
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• Qu’est-ce que l’accompagnement parental ? | Les Ateliers de Tara [en ligne]. [s. d.].
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• SOUTIEN À LA PARENTALITÉ - Office de la naissance et de l’enfance [en ligne].


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• Les chiffres de 2016 - Portail de l’aide à la jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles


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• Aide consentie et aide contrainte. Dans : Chiffres Clés [en ligne]. [s. d.].
[Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à l’adresse : https://statistiques.cfwb.be/aide-a-la-

57
jeunesse/jeunes-en-difficulte-etou-en-danger/aide-consentie-et-aide-contrainte/

• Les chiffres de 2016 - Portail de l’aide à la jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles


[en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à l’adresse :
https://www.aidealajeunesse.cfwb.be/index.php?id=8230

• MAJORIT%C3%A9 : Définition de MAJORIT%C3%A9 [en ligne]. [s. d.].


[Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à l’adresse :
https://www.cnrtl.fr/definition/majorit%25C3%25A9

• Les 7 besoins capitaux des adolescents [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023].
Disponible à l’adresse : https://adozen.fr/les-7-besoins-capitaux-des-adolescents-3/

• Les 7 besoins capitaux des adolescents [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023].
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• Soutien à la parentalité [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à
l’adresse : http://centrecometeamo.be/parentalite.html

• Soutien à la parentalité [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à
l’adresse : http://centrecometeamo.be/parentalite.html

• Collectif des AMO de Bruxelles/Traces de Rue et Atelier Belge des Travailleurs de Rue
- [en ligne]. [s. d.]. [Consulté le 8 janvier 2023]. Disponible à l’adresse : //www.atmospheres-
amo.be/collectif-des-amo-de-bruxelles/

B. Fichiers informatiques

• Les carnets de l’éducateur- Exploration de la profession [Fichier PDF]. L’atelier


Recycl’art du Pré-Texte. 2013.

• Service Résidentiel [Fichier PDF]. Disponible à l’adresse


suivante : http://www.educ.be/carnets/aaj/residentiel.pdf

• Documents de référence à l’Escale [Fichier PDF]. Document interne à l’entreprise.

58
• FEDERATION WALLONIE-BRUXELLES- ONE. Pour un accompagnement des
familles en situation de vulnérabilité psychosociale [Fichier PDF].

• FEDERATION WALLONIE BRUXXELES- SERVICE DROITS DES JEUNES.


Prendre son envol- Guide pratique sur l’autonomie des jeunes [Fichier PDF]. Dernière
mise à jour 20 novembre 2017.

C. Interviews

• Marie (prénom d’emprunt). Propos recueillies par CASCIONE, Soraya. Bruxelles,


07/07/2022

• Malika (prénom d’emprunt). Propos recueillies par CASCIONE, Soraya. Bruxelles,


07/07/2022

• Sandrine (prénom d’emprunt). Propos recueillies par CASCIONE, Soraya. Bruxelles,


07/07/2022

• Halima (prénom d’emprunt). Propos recueillies par CASCIONE, Soraya. Bruxelles,


07/07/2022

D. Livres :

• « LE PROCESSUS D’AUTONOMISATION DES JEUNES », LES CAHIERS DE L’ACTION, ELSA


RAMOS, 2011.

• Laurent A., « Histoire de l’individualisme », Presses universitaires de France, coll. «


Que sais-je ? », Paris, 1993, p. 4.

59
7. Annexe

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