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SPEECH DE SOUTENANCE

Merci monsieur le président du jury de m’avoir passé la parole.

Monsieur le président du jury,

Madame et messieurs les membres du jury,

Chers invités, parents et amis bonjour et bienvenus.

Tout d’abord je voudrais vous dire merci pour l’intérêt que vous avez
bien voulu porter à mon travail en acceptant d’être présent à cette
soutenance du Département des Sciences Sociales pour le
Développement, édition 2023.

Je suis FATI et le travail de recherche qui vous est présenté ce matin


porte sur le thème « Paradoxes de l’éducation de la fille au
Diamaré», est le résultat d’un voyage intellectuel, personnel et
géographique et dont je retracerais les principales étapes, avant de
vous en exposer les résultats, les principaux apports sociaux et les
possibles prolongements.

Pour faciliter la compréhension de ce travail, je me permets de


donner une brève définition de quelques termes clés. Paradoxe est
un mot issu du grec « para » qui signifie contre, et « doxa » qui
signifie opinion. Le paradoxe est donc une opinion contraire à
l’opinion commune, le paradoxe de l’éducation de la fille est lié à son
identité, à son environnement ou à son activité. L’éducation est
l’action d’éduquer, de former et d’instruire une personne. Eduquer la
fille implique son épanouissement social, culturel et naturel. Une fille
est un individu de sexe féminin, non mariée, quel que soit son âge.

En effet, la problématique posée à travers le thème ci-dessus


mentionné, est celle des inégalités éducation-genre aux réalités
socioculturelles locales, source de développement des stratégies
d’adaptation socioprofessionnels des filles. C’est ainsi qu’une analyse
rigoureuse de cette problématique a permis de relever deux pistes de
réflexions : primo, l’inefficacité du système scolaire dans le Diamaré,
résultant des principes fondateurs de responsabilité. Secundo, le
difficile accès au marché du travail au Cameroun se justifiant par la
concurrence déloyale du secteur. Tertio, le difficile accès de filles au
marché matrimonial puisant ses fondements sur l’éducation des filles.

L’objectif du gouvernement et des organisations Internationales,


en l’occurrence les Nations Unies, l’UNICEF, PLAN Cameroun, des
Associations de défense des droits humains, etc. est de retarder l’âge
du mariage des filles en les maintenant le plus longtemps possible
dans le cursus scolaire et d’ainsi endiguer le phénomène de mariages
précoces tant dénoncé dans la région. Ceci a donné naissance à
certaines tensions sociales. Ces tensions sont entre autres liées aux
difficultés d’accès au marché matrimonial, difficultés d’accès au
monde du travail et aux difficultés liées à leur environnement social
plombé par la religion et les traditions. Ces tensions sociales relèvent
du domaine familiale, conjugale, psychologique et morale. Avec pour
conséquences les divorces, la déscolarisation des filles, la pauvreté, la
violence physique, morale et psychologique, les frustrations et même
la prostitution.

Monsieur le président du jury, honorables membres du jury,

L’objectif principal de cette recherche est de montrer que les


préjugés liés à l’éducation des filles du septentrion camerounais ont
un impact lourd sur son épanouissement et sur la façon dont elle se
perçoit elle-même. Il s’agit tout d’abord de mettre l’accent sur le
paradoxe de l’éducation de la fille au Diamaré, ensuite de mettre
l’accent sur le paradoxe du marché du travail de la fille du Diamaré et
du marché matrimonial, et enfin de montrer que l’impact des préjugés,
de l’environnement social et culturel justifient ces paradoxes.

S’agissant de la méthode de collecte et d’analyse des données


utilisés, l’utilisation de la recherche documentaire, de l’observation
directe, de l’entretien semi-directif nous a permis de recueillir toutes
les données incluent dans ce travail de recherche et cela nous a
conduit à la validation de nos hypothèses émises. Nous avons
employé la méthode mixte pour la collecte de nos données de terrain,
à prédominance qualitative.

Grâce à la théorie des représentations sociales (TRS, Rateau,


Moliner, Guimelli, et Abric, 2011 ; Wagner et al., 1999) nous
apprenons que notre héritage social est une réalité déjà construite. De
plus, nos appartenances à des groupes sociaux, que ce soit les
associations, les organisations professionnelles, nous amènerons à
modeler notre perception de l’environnement. C’est donc avant tout à
travers nos échanges et nos communications avec autrui que se
constitue notre réalité du monde environnant et qui devient « la
vérité » de celui-ci. De par nos contacts sociaux et nos échanges
interpersonnelles, nous acquérons, transmettons et pérennisons des
savoirs, ces croyances et ces valeurs qui nous permettent de partager
une conception commune des choses et des personnes autres que
nous.

Les représentations sociales portent la marque de l’appartenance


sociale des individus qui en sont porteurs et garantissent leur identité ;
d’autre part, elles permettent à ces mêmes individus de distinguer
« les autres », ceux qui ne partagent pas les mêmes représentations et
qui leur apparaissent au mieux comme différents, au pire comme
ennemis.

L’ethnométhodologie, quant à elle, est l’approche qui nous a


permis tout d’abord de voir comment les femmes ont développé des
compétences et utilisé leurs savoirs locaux pour s’organiser et
subvenir à leurs besoins ; ensuite de comprendre comment les filles et
femmes de Maroua s’organisent en groupes associatifs pour
contourner les coutumes, les traditions et les facteurs culturels pour
s’autonomiser et s’insérer durablement dans la société à laquelle elles
appartiennent. Par ailleurs si ces paradoxes sont liés à ces facteurs,
ceux-ci pourraient expliquer cette ruée vers des petits groupes de
nombreuses femmes et cette organisation groupale quel que soit la
position sociale de celles-ci.

Bien que l’étude révèle que les initiatives et actions


d’accompagnement des filles favorisent le développement
économique à Maroua, il faut noter cependant que plusieurs
difficultés freinent l’épanouissement des filles à Maroua notamment
celles liées à la persistance des barrières culturelles, la pauvreté,
l’insécurité et qu’elles rencontrent des difficultés quant au suivi des
bénéficiaires et au financement. A cet effet, des recommandations ont
été formulées à l’endroit de la commune urbaine de Maroua et à
l’endroit des filles et un projet a été monté pour pallier aux
insuffisance des initiatives et actions d’accompagnement des filles
observés sur le terrain.

Madame et messieurs les membres du jury, distingués


invités,

Ce travail est constitué d’une introduction générale, de quatre


chapitres dont le premier s’intitule « Etat des lieux de la question », le
deuxième chapitre « Les trois niveaux de paradoxes de l’éducation
des filles au Diamaré : facteurs explicatifs », Le troisième chapitre «
Stratégies d’adaptation et d’insertion socioprofessionnelle des filles »
et le quatrième chapitre « Proposition de solution et recommandations
fortes », et enfin d’une conclusion générale. A l’issu des recherches,
nous sommes parvenues aux résultats suivants :
Ce sujet nous a permis de ressortir l’hypothèse principale en ces
termes : Les inégalités éducation-genre et les réalités socioculturelles
sont des facteurs qui poussent les filles à adopter des stratégies
individuelles et communautaires de résilience. Et nous avons ressortis
trois hypothèses spécifiques, à savoir : premièrement, les filles ont
des difficultés pour accéder à l’école, et celles qui ont fait des études
n’ont pas de garanties de trouver un bon travail (plusieurs d’entre
elles restent en chômage) ; deuxièmement, lorsqu’elles travaillent,
elles n’ont pas la chance d’avoir accès au travail et encore moins à des
postes de responsabilité clé ; et troisièmement, les filles qui sont
allées à l’école n’ont pas la chance de trouver un bon mari. À travers
l’analyse de ces hypothèses, nous sommes parvenus aux conclusions
suivantes :

Le Résultat 1 : montre que les filles de Maroua ont accès à


l’éducation et mais n’ont aucune garantie de trouver du travail. Le
problème n’est pas lié à la scolarisation des jeunes filles, mais
l’inadéquation entre la tradition et l’école qui n’est pas arrimée à nos
valeurs culturelles. Ainsi, l’accès à l’éducation des filles est effectif à
Maroua et leur faible taux de représentativité sur le plan national n’a
rien à voir avec ce qui est fait. Les filles de Maroua sont donc
scolarisées, mais ce sont les facteurs socioculturels, traditionnels,
conjoncturels et religieux qui favorisent les inégalités d’accès des
filles à l’éducation et au travail dans cette partie du pays. Des séances
de sensibilisation porte à porte, de masse sur les inégalités de genre et
les types de violences basées sur le genre et ses conséquences,
l’importances de dénonciation de ces actes de violences et la
valorisation des droits de la jeune fille et de la femme, des rencontres
avec les groupes (discussion et soutien) de femmes formées sur
l’importance de la structuration du groupe, l’autonomisation
économique. Ces activités ont permis aux femmes participantes ou
bénéficiaires des programmes et accords nationaux et internationaux
sur l’éducation de la jeune fille, de développer et renforcer une estime
d’elles-mêmes, de connaitre ses droits et développer une conscience
critique et de promouvoir leur participation à la prise de décision tant
au niveau familial que dans la communauté. Toutes les femmes
enquêtées affirment ressentir la différence entre celle qui sont
éduquées et celles qui ne le sont pas Elles ont développé une
meilleure une meilleure résilience face aux défis et obstacles du
quotidien.

Le résultat 2 : montre que les filles ne maîtrisent pas leurs droits et


surtout leurs devoirs, conséquence on assiste à des déviances au nom
de l’éducation. Les inégalités d’accès au travail et aux postes de
responsabilité pour celles qui travaillent révèle que, tout d’abord à
cause de l’âge tardif d’obtention des diplômes et à cause des préjugés
liés au genre dans la région les filles sont confrontées aux
phénomènes de discrimination du genre, des violences basées sur le
genre, du mépris et harcèlement de la part des hommes et qui serait à
l’origine du décrochage scolaire précoce, des redoublements. Elles
ont mis en place des stratégies d’adaptation afin de se rendre
autonomes financièrement.
Aussi les acteurs de la société civile offrent aux femmes des
compétences d’alphabétisation et professionnelles notamment en
couture, en mini restauration et autres font qu’elles deviennent
financièrement indépendantes. Ces formations ont permis aux femmes
d’acquérir des nouvelles connaissances et des compétences. Les filles
enquêtées affirment avec satisfaction avoir trouver leur condition de
vie améliorée grâce aux formations qu’elles ont reçue. Elles affirment
également qu’elles ont acquis pas une seule qualification mais
plusieurs. Certaines ont développé leur propre AGR, ce qui leur
permet d’être épanoui, de trouver des moyens de se prendre en charge
elles-mêmes et d’envisager un avenir avec confiance.

Le résultat 3 : : montre que les filles qui ont fait des études n’ont pas
la chance de trouver un bon mari. D’une part elles veulent faire des
études et devenir autonomes avant de prétendre à un quelconque
mariage, d’autres part elles ont peur de finir en vieilles filles et les
difficultés d’accès au marché matrimonial sont vérifiées pour cette
catégorie de filles. Cette hypothèse est donc confirmée. Soit, elles
épousent le premier venu, remplissent des formalités sociales et
divorcent, soit elles abandonnent les études pour se marier et espérer
obtenir l’accord du mari pour poursuivre les études ou se former
professionnellement, sinon adieu leurs rêves. Les stratégies
développées par les femmes et filles sont en règle générale pour se
libérer du poids de la religion ou de la tradition en devenant
financièrement autonomes. Elles se forment en associations, et petits
groupes avec des affinités sociales et conjoncturelles pour établir des
liens de solidarités de genre solide.

Elles recherchent des formations adaptées à leurs conditions


sociales et économiques pour renforcer leur besoin d’autonomisation
et d’épanouissement. Elles se font des publicités et obtiennent des
financements pour leur formation ou pour leur démarrage
professionnel. Elles sont actives dans le domaine d’autonomisation de
la jeune fille, de protection et de promotion des droits de celles-ci. La
quête des opportunités se fait en réseautage puisqu’il est difficile pour
elles de dissocier vie personnelle et vie professionnelle.

Monsieur le président du jury, madame et messieurs les membres


du jury,

Ce travail, présente de nombreuses imperfections, c’est la raison pour


laquelle nous restons ouverts aux remarques et suggestions des jury
afin de le parfaire.

Merci mesdames et monsieur pour votre aimable attention.

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