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Luiza Vasconcellos Pedrosa

Anaïs Mauuarin, "la photographie multiple. Collections et circulation des images au


Trocadéro", in A. Delpuech, Ch. Laurière, et C. Peltier (dir.), Les Années folles de
l'ethnographie. Trocadéro 28-37, Paris, Ed. du Muséum national d'histoire naturelle,
2017, p. 701-729.

Gaetano Ciarcia, 2019. « Reconnaître et convertir. Le cas du corpus filmique Le


Dahomey chrétien dans l’œuvre éditoriale et filmique de Francis Aupiais ».
ethnographiques.org, Numéro 37 - juin 2019 Revenir. Quêtes, enquêtes et
retrouvailles [en ligne]. (https://www.ethnographiques.org/2019/Ciarcia - consulté le
17.07.2022)

Note critique 2e séance séminaire DIS

Dans "la photographie multiple. Collections et circulation des images au


Trocadéro", l'historienne Anaïs Mauuarin analyse comment la photographie a été
mobilisée par le musée d'ethnographie du Trocadéro, donnant lieu à de nouvelles
manières de comprendre le rôle de la photographie en anthropologie. Il est
intéressant de voir, à travers cet article, comment la photographie s'est imposée
dans le milieu anthropologique, cessant d'être un simple outil d'illustration pour
devenir une forme de connaissance. Mauuarin montre que ce qui a d'abord motivé
Paul Rivet et Georges Henri Rivière à faire entrer la photographie dans l'espace
muséal, c'est l'ambition d'attirer le grand public vers le domaine scientifique de
l'anthropologie. En ce sens, la photographie avait pour rôle d'établir un dialogue
entre les connaissances produites sur le terrain et la société, avide de découvrir les
attraits de l'exotisme.

Au-delà de la fonction de dialogue avec le public non académique, les


photographies ont également un statut de preuve. En résumé, l'image est un
document qui prouve ce que le chercheur décrit, elle est capable de transporter ceux
qui la voient dans d'autres réalités et donc d'amener l'expérience vécue dans le
présent. Grâce à l'image, la suppression de la distance temporelle et spatiale avec
ce qui a été vécu est répétée, de sorte que le chercheur peut prouver ce qu'il décrit
et analyse dans ses écrits académiques et que le public, à son tour, peut être
transporté à travers l'expérience visuelle. Enfin, Mauuarin signale également cette
volonté de photographier comme une urgence, étant donné l'impression que les
peuples et les cultures éloignés disparaîtront inévitablement. La photographie serait
alors la seule preuve de l'existence de ces peuples disparus.

Dans son article "Le cas du corpus filmique Le Dahomey chrétien dans
l'œuvre éditoriale et filmique de Francis Aupiais", l'anthropologue Gaetano Ciarcia se
propose d'analyser l'œuvre cinématographique et éditoriale de l'ethnologue Francis
Aupiais à travers le concept utilisé par le missionnaire de la reconnaissance. Un
point pertinent qui relie l'article de Ciarcia à celui de Mauuarin est que les deux
auteurs soulignent le rôle des montages dans la construction d'un récit sur ce que les
images doivent montrer au grand public et aussi le rôle des images comme vestiges
d'un passé sur le point de disparaître. Dans son article, Ciarcia montre que le film
Dahomey Chrétien construit l'image d'un paganisme en voie d'extinction et
d'adoption du christianisme.

L'analyse de Ciarcia nous montre comment la construction d'images sert à


forger un passé et à étayer des analyses, où le statut de preuve est soutenu par le
rôle de représentation du réel de l'image. Il est intéressant de voir comment Ciarcia
analyse ensuite la narration du film en découpant les images, en analysant chaque
scène et l'intérêt de chaque choix de l'ethnologue, en défaisant l'aura de naturel
apparent et en montrant que chaque scène, chaque image, est le résultat d'une
opération de montage.

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