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Centre interarmées

de concepts,
de doctrines et
d’expérimentations

Le RETour d’EXpérience :
Pourquoi ?
Comment ?

Document cadre
DC-002_RETEX(2014)
N° 140/DEF/CICDE/NP du 19 juin 2014
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Avertissement
Ce document de Doctrine a été élaboré par le Centre interarmées de concepts, de doctrines et
d’expérimentations (CICDE). Il est promulgué et rendu public par le Directeur du CICDE, dans le cadre de ses
missions de développement et expérimentation de la doctrine interarmées dans un contexte national ou
multinational, et de participation aux études et recherches au niveau interministériel.

Il a été conçu et rédigé par un collège d’experts affectés au CICDE : c’est un document de Doctrine et non un
acte juridique ; il n’a en particulier aucune portée réglementaire.

Le contenu de ce document sert de référence commune, donne à la réflexion un cadre analytique rigoureux et
contribue à définir un langage et des méthodes partagées par tous ceux qui ont pour tâche d’élaborer ou
d’exécuter des plans, des missions ou des ordres. Il ne saurait donc en rien affecter l’autorité ni limiter la
responsabilité du commandement, que ce soit dans le domaine de l’organisation des forces ou dans celui de la
conception et de l’exécution des missions.

Intitulé Le RETour D’EXpérience : Pourquoi ? Comment ?, le document cadre (DC)-002_RETEX(2014) respecte


les prescriptions de l’Allied Administrative Publication (AAP) 47(A) intitulée Allied Joint Doctrine Development).
Elle applique également les règles décrites dans le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie
nationale (LRTUIN, ISBN 978-2-7433-0482-9) dont l’essentiel est disponible sur le site Internet
www.imprimerienationale.fr ainsi que les prescriptions de l’Académie française. La jaquette de ce document a été
réalisée par le Centre interarmées de concepts, de doctrines et d’expérimentations (CICDE).

Attention : la seule version de référence de ce document est la copie électronique mise en ligne sur les sites
Intradef et Internet du CICDE (http://www. cicde.defense.gouv.fr) dans la rubrique Corpus conceptuel et doctrinal
interarmées !

Directeur de la publication

Vice-amiral Arnaud de TARLÉ


Directeur du CICDE

21, place Joffre - BP 31


75700 PARIS SP 07
Téléphone du secrétariat : 01.44.42.83.31
Fax du secrétariat : 04.44.42.82.72

Rédacteur en chef

Colonel Marc LE BOUIL

Auteurs

Document collaboratif placé sous la direction du Colonel Marc LE BOUIL

Conception graphique

Premier maître Benoit GAULIEZ

Crédits photographiques

Ministère de la défense

Imprimé par

EDIACA
Section IMPRESSION
76 rue de la Talaudière - BP 508
42 007 SAINT-ETIENNE cedex 1
Tél : 04 77 95 33 21 ou 04 77 95 33 25

Dépôt légal
Juin 2014

ISBN 978-2-11-138549-8

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DC-002_RETEX(2014)

Le RETour d’EXpérience :
Pourquoi ? Comment ?

N°140/DEF/CICDE/NP du 19 juin 2014

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Lettre de promulgation

Paris, le 19 juin 2014

N° 140/DEF/CICDE/NP

Objet : Promulgation du DC 002 – RETEX, version 2014.

Références :

- Arrêté ministériel du 21 avril 2005 portant création du Centre interarmées de concepts,


de doctrines et d’expérimentations.
- Instruction n° 1239 DEF/EMA/GRH/OR du 20 juin 2006 relative à l’organisation et au
fonctionnement du Centre interarmées de concepts, de doctrines et d’expérimentations.

Le DC-002_RETEX(2014), en date du 19 juin 2014, est promulgué. Ce document décrit le


dispositif de retour d’expérience interarmées et son articulation avec ceux de chaque armée, et
de chaque direction ou service interarmées. Il précise les rôles de chacun des acteurs de ce
dispositif. Il prend acte du transfert de la responsabilité du pilotage de la fonction RETEX
interarmées au CICDE à compter du 30 juin 2014.

Vice-amiral Arnaud de TARLÉ


Directeur du Centre interarmées de concepts,
de doctrines et d’expérimentations
(CICDE)

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____________________________________________________Récapitulatif des amendements

1. Ce tableau constitue le recueil de tous les amendements proposés par les lecteurs, quels que soient leur origine et leur rang, transmis au Centre interarmées de
concepts, de doctrines et d’expérimentations (CICDE).

2. Les amendements validés par le CICDE sont inscrits en rouge dans le tableau ci-dessous dans leur ordre chronologique de prise en compte.

3. Les amendements pris en compte figurent en violet dans la nouvelle version.

4. Le numéro administratif figurant au bas de la première de couverture et de la fausse couverture est corrigé (en caractères romains, gras, rouges) par ajout de la
mention : « amendé(e) le jour/mois/année. »

5. La version électronique du texte de référence interarmées amendé remplace la version antérieure dans toutes les bases de données informatiques.

N° Amendement Origine Date de validité


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Sommaire

Page

Chapitre 1 - A quoi sert le RETEX ? ...................................................................... 11

Chapitre 2 - Le dispositif RETEX des armées : structure, processus, outils .... 15

Chapitre 3 - Acteurs du RETEX ............................................................................. 19

Chapitre 4 - Les outils du RETEX .......................................................................... 27

Annexe A - Le RETEX dans les organisations internationales........................... 29

Annexe B - Le RETEX chez nos partenaires ........................................................ 33

Annexe C - Le réseau RETEX ................................................................................ 37

Annexe D - Le formulaire RETEX .......................................................................... 39

Annexe E - Demande d’incorporation des amendements................................... 41

Annexe F - Lexique ................................................................................................. 43

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Chapitre 1
À quoi sert le RETEX ?
Définitions et finalités

Le RETour d’EXpérience des armées, directions et services (RETEX) est un dispositif qui vise à
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améliorer la pratique opérationnelle dans tous ses aspects (DORESE ) et à tous les niveaux
(stratégique, opératif, tactique), par la détermination et la déclinaison de mesures (mesures correctrices
ou de validation et extension des bonnes pratiques), fondées sur l’analyse objective des faits.

101. L’amélioration de la pratique opérationnelle s’appuie sur l’expérience (RETEX) des réussites
(bonnes pratiques) et des dysfonctionnements, et également sur d’autres processus (innovation
opérationnelle, expérimentations…).

102. Le RETEX est à la fois un processus d’apprentissage (de ce qu’il convient de faire et de ce
qu’il ne faut pas faire), et un processus d’aide au changement.

103. Un enseignement est considéré comme acquis dès lors qu’il est connu et inséré dans la
pratique opérationnelle. Il modifie donc cette dernière en intervenant dans le champ DORESE.

104. L’analyse critique des pratiques opérationnelles des armées étrangères fait partie du
RETEX.

105. Le RETEX s’applique aux pratiques du moment. L’analyse historique n’en relève donc
pas directement. En revanche, l’analyse historique complète le RETEX en ce qu’elle nourrit la
réflexion opérationnelle et prospective.

106. Le RETEX, s’il est nécessaire pour améliorer la pratique opérationnelle, n’est pas suffisant :
l’imagination, l’innovation opérationnelle, la capacité de remise en cause organisationnelle et culturelle
permettent d’anticiper les affrontements de demain et les éventuelles surprises opérationnelles.

107. Le dispositif RETEX permet d’améliorer l’interopérabilité de nos forces armées au niveau
national et également avec nos partenaires et alliés, dans un contexte où l’engagement
2
multinational est devenu la norme .

108. Le RETEX, tout comme la doctrine, contribue au rayonnement de la stratégie militaire nationale,
en particulier auprès de nos alliés et partenaires. Il peut contribuer à la promotion de l’efficacité
de nos engagements.

Principes fondant l’organisation du RETEX


109. La bonne exécution du RETEX est une responsabilité du commandement.

110. Le dispositif RETEX s’appuie sur un réseau RETEX, qui regroupe la communauté des
correspondants et des organismes dédiés au RETEX dans les armées, directions et services
placés sous la direction du CEMA, ainsi que dans les organismes qui relèvent du ministère de
la défense, à l’étranger et dans les organisations internationales. Ce réseau peut avoir des
structures temporaires (essentiellement dans la chaîne opérationnelle).

111. Deux principes fondent l’organisation du dispositif RETEX :

a. Subsidiarité : chaque organisme/unité/entité est responsable à son niveau et selon sa


mission de conduire son propre RETEX, d’en fixer le cadre et de participer au
processus RETEX général. Cette subsidiarité pose la question de l’objectivité et de la
transparence de celui qui porte un regard critique sur sa propre pratique. La qualité du

1
DORESE : définition d’une capacité, qui se décline en Doctrine, Organisation, Ressources Humaines, Equipements, Soutien, Entraînement.
2
Même les opérations menées dans un cadre national font appel aujourd’hui à des capacités de soutien internationales ou nécessitent d’être
articulées avec des forces armées locales ou régionales.

11
processus repose sur l’existence de structures dédiées au RETEX dans chacun des
3
organismes .

b. Pragmatisme et simplicité :

(1) Le réseau RETEX n’est pas un réseau centralisé ; chaque membre est donc à
même de prendre contact directement avec tout autre membre selon ses
besoins. La régularité et la simplicité des échanges sont le gage de l’efficacité
du réseau.

(2) Néanmoins, les sujets de portée interarmées, interministérielle ou


internationale s’appuieront sur des structures particulières :

(a) le CICDE ;

4
(b) l’EMIA-FE ;

(c) le dispositif de gouvernance des domaines interarmées et inter


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composantes (COEX/CODIR ) ;
6 7 8
(d) des centres experts (PIAM , CIAE , CNC ,…) ;

(e) un GT ad hoc, si sa création est décidée.

Les facteurs de succès


112. Les facteurs de succès d’un dispositif RETEX des armées sont :

a. l’implication du commandement (notamment pour contrôler la mise en œuvre effective


des leçons apprises) ;

b. l’honnêteté intellectuelle, garante de l’objectivité du jugement porté sur soi et de la


remontée d’information ;

c. un état d’esprit basé sur le désir de progresser et la volonté de partager l’information ;

d. un processus défini, simple, transparent, lisible, adossé à une structure (personnel


dans les structures RETEX formé et en nombre suffisant) ;

e. un processus fondé sur la conduite d’analyses contradictoires, permettant de


converger vers des leçons comprises et acceptées ;

f. une implication des acteurs de terrain – c’est-à-dire agissant (du niveau stratégique au
niveau opératif et tactique) : souci du compte rendu, concision, exhaustivité,
objectivité ;

g. un dispositif de partage de l’information efficace (diffusion, accessibilité, base de


données adaptée) qui, en plus de son rôle dans le partage des enseignements
contribue à la démonstration de l’efficacité du processus RETEX et suscite la
mobilisation des acteurs.

Les écueils à éviter


113. Le RETEX, ce n’est pas :

a. un dispositif d’évaluation de la performance (dialogue de gestion) ou de mesure des


écarts par rapport aux objectifs fixés ;

3
Typiquement, les cellules dites « 7 » des états-majors opérationnels et organiques.
4
État-major interarmées de force et d’entraînement.
5
Appui aérien, DSA, APEO, Ciblage, Amphibie, …
6
Pôle interarmées de traitement du danger des munitions et explosifs.
7
Centre interarmées des actions sur l’environnement.
8
Centre national de ciblage.

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b. une inspection (vérification de la conformité des actions ou des structures) ;

c. le moyen d’identifier des responsabilités (le RETEX s’intéresse aux causes de


dysfonctionnement, ce qui garantit le flux d’informations, et non pas aux individus) ;

d. le traitement des erreurs commises par méconnaissance ou ignorance des bonnes


pratiques ou instructions de base (sauf dans le cas de répétitions manifestes qui
posent la question de la formation). La source du RETEX est une observation, un fait
qui a été identifié et documenté comme pouvant donner lieu à une amélioration
possible ou à l’identification d’une potentielle bonne pratique ;

e. de l’archivage opérationnel ;

f. l’histoire des crises passées ou des chroniques opérationnelles ;

g. de la communication opérationnelle ;

h. du suivi de situation : la mesure du déroulement d’une opération (« assessment ») est


de la responsabilité des états-majors opérationnels (composante pour le niveau
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tactique, COMANFOR pour le niveau opératif, CPCO pour le niveau stratégique).
Cette phase d’évaluation de situation ou d’efficacité d’une action fait partie intégrante
du cycle de planification et de conduite des opérations (et exercices).

9
Centre de planification et de conduite des opérations.

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14
Chapitre 2
Le dispositif RETEX des armées : structure, processus,
outils
Les constituants du dispositif RETEX
201. Un dispositif RETEX fournit au chef, à tous les niveaux, la structure, la procédure et les outils
nécessaires pour identifier et analyser toute difficulté, tout problème rencontré ou bonne
pratique, pour mener les actions retenues (mesures correctrices ou de validation et d’extension
des bonnes pratiques) et pour communiquer et partager les résultats, afin d’améliorer son
10
action.

202. La « structure » est constituée de personnel dédié au RETEX et positionné aux endroits
judicieux.

203. La « procédure » décrit un processus RETEX générique que chaque niveau et chaque entité
met en application et qui permet de déterminer les mesures correctrices à partir des
constatations. Le partage d’information fait partie intégrante du processus.

204. Des outils, tels que les bases de données, les réseaux d’information, les publications et les
séminaires sont nécessaires pour rendre le processus efficace et vivant. Une attention
particulière doit être portée sur l’ergonomie, l’accessibilité et le niveau de classification et
d’interopérabilité des bases de données.

205. L’efficacité du dispositif est garantie par l’implication du commandement, un état d’esprit
favorable, l’adhésion de tous les acteurs et la volonté de partager l’information.

Description du processus RETEX général


206. Le processus de retour d'expérience vise à examiner les constatations (les faits) découlant
d'une activité et à en tirer, s’il y a lieu, des leçons apprises. Il comprend deux phases qui
combinent elles-mêmes différentes étapes. Ce processus est conforme au lessons learned
11
process de l’OTAN .

10
Bi-SC Command Directive 080-006 Lessons learned : “ A Lessons learned capability provides a commander with the structure, process and
tools necessary to capture, analyse and take remedial action on any issue and to communicate and share results to achieve improvement.”
11
Ibid.

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207. Le processus RETEX est une démarche ascendante qui part des faits observés. Il nécessite
un engagement du commandement. Les axes d’effort sont ceux identifiés par le Concept
d’emploi des Forces, éventuellement affinés par des orientations particulières. L’Etat-major
des armées est responsable de la politique générale.

208. Le processus RETEX comprend deux phases successives :

a. la phase d’analyse (ϕ1), amorcée par une constatation, et qui se termine par la
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description de leçons identifiées (LI), et, selon le cas, la proposition de mesures
correctrices ou d’adoption de bonnes pratiques. Cette phase est itérative et
contradictoire ;

b. puis la phase de prise en compte (ϕ2) qui entérine les solutions proposées et voit
l’entité responsable désignée établir un plan d’action et le mettre en œuvre. Il peut
être nécessaire, lorsque cela est possible, de procéder à une validation pour s’assurer
que les mesures prises ont bien résolu le problème constaté à l’origine ou que la
bonne pratique retenue a été correctement déclinée. Le résultat de cette mise en
13
œuvre est baptisé leçon apprise (LA).

209. La leçon apprise est diffusée vers les acteurs concernés par différents moyens. Il est important
d’y consacrer l’énergie et la pédagogie nécessaires, afin de vaincre l’inertie de l’habitude.

210. Dans le cas d’enseignements opérationnels urgents ou critiques, la succession des phases
d’analyse et de mise en œuvre des mesures identifiées doit pouvoir être rapide et en cohérence
avec le tempo des opérations (cf. § suivant sur les procédures RETEX particulières).

Origine des constatations :


211. Le processus RETEX est initié par une constatation. Cette constatation peut être exprimée de
façon brute, ou selon un canevas pré-défini (paragraphe RETEX, fiche RETEX) selon
différentes modalités :

a. compte rendu à temps (quotidien(CRQ), hebdomadaire (CRH), ...) ;

b. compte rendu de fin de mission (CRFM) ou de fin d’exercice ;

c. compte rendu d’opportunité ;

d. compte rendu d’inspection ;

e. entretien avec les autorités et acteurs clés ;

f. observations directes d’équipes dédiées au RETEX (Analysis lessons learned


Teams) ;

g. retour d’information sur les activités des armées étrangères (réseau AD, DRM,
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DGRIS ) ;

h. échanges avec les partenaires étrangers, l’OTAN, l’UE et l’ONU ;

i. fiches RETEX d’armées ou travaux des COEX/CODIR qui ont un écho interarmées ;

j. séminaires ;

k. etc…

12
Lesson identified dans la terminologie OTAN.
13
Lesson learned dans la terminologie OTAN.
14
Direction générale des relations internationales et de la stratégie.

16
Partage des informations et confidentialité
212. Le partage des informations soutient l’ensemble du processus RETEX. Il s’appuie sur des outils
de gestion de bases de données.

213. Ces outils donnent accès aux fiches RETEX, dans leurs différents stades d’avancement, au
cours du processus.

214. Un effort de développement doit être fait pour que ces outils facilitent les recherches croisées,
par thèmes, mots-clés, périodes, opérations. L’indexation des documents et l’indication des
mots-clés associés à une constatation sont donc de la première importance (cf. canevas CRFM
dans la PIA 7.7.1).

215. Il convient de veiller au juste niveau de classification des comptes rendus et fiches RETEX
(éviter la sur-classification).

216. Certaines activités ou opérations peuvent justifier une confidentialité qui ne permet pas de
15
traiter le RETEX associé avec les acteurs et selon les processus habituels (SECOPS ,
domaine particulier). Il appartient alors à l’autorité responsable de mettre en place le dispositif
RETEX approprié (procédure, réseaux, outils, habilitations).

Procédures RETEX particulières

Urgent RETEX

217. Le « RETEX urgent » se caractérise par :

a. une expression de besoin urgente (compte rendu d’opportunité) ;

b. un processus d’analyse simplifié ;

c. une diffusion rapide et ciblée de l’enseignement ;

d. un suivi particularisé pour sa validation.

Il n’empêche pas une analyse complémentaire, plus fouillée, suivant le processus normal.

218. L’attribution du marquant « URGENT RETEX » s’inscrit dans un principe absolu de subsidiarité.
Chaque niveau de commandement est habilité à signaler ou à retirer ce marquant d’un
enseignement qui lui parvient.

Acquisition en urgence

219. Une « acquisition en urgence » est une opération d’acquisition d’équipement ou de matériel
suivant une procédure accélérée par rapport à la procédure normale, sur la base d’un besoin
opérationnel immédiat et bien souvent identifié par le processus RETEX, notamment au niveau
du CPCO. La conduite de cette acquisition urgente est du ressort des services compétents en
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termes organiques et budgétaires (COCA, DGA , SCA, SEA, DIRISI, SSA,…).

220. Dans le processus RETEX, la mise en évidence du besoin opérationnel impérieux correspond à
l’étape « leçon identifiée ». Il s’agit ensuite d’accélérer la phase de prise en compte (ϕ2) par
une chaîne réactive adaptée.

221. L’« urgence opérationnelle » (UO) est une procédure particulière de réalisation d’une
opération d’armement, autorisée par l’instruction citée en référence, permettant de répondre à
1718
un besoin impérieux en opérations dans des délais très courts . La fiche de clôture de l’UO
comprend un volet « premier RETEX opérationnel » qui donne un avis sur le système, la

15
Sécurité des opérations.
16
Direction générale pour l’armement.
17
Instruction 103/DEF/PLANS // 52607/DEF/DGA/DO du 25/03/2014.
18
Instruction générale n°125/DEF/EMA/PLANS.COCA - 1516/DEF/DGA/DP/SDM du 26 mars 2010 relative au déroulement et à la conduite des
opérations d'armement.

17
satisfaction du besoin initial, et l’intérêt de pérenniser la solution apportée. Cette action
correspond à l’étape «validation» de la ϕ 2 de la procédure générale (fig.1).

Analyse historique des opérations

222. Sans être stricto sensu du RETEX, l’analyse historique peut compléter ce dernier, en
enrichissant la réflexion opérationnelle et prospective et participe au développement de la
connaissance.

223. Cette analyse est essentiellement conduite par le SHD (service historique de la défense), sous
19
pilotage du CICDE .

19
La description de ce volet est l’objet du document DC 005 du CICDE.

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Chapitre 3
Acteurs du RETEX

Section I – Généralités
301. La bonne exécution du processus RETEX est une responsabilité de commandement, quel que
soit le niveau considéré.

302. Chaque structure agissante est responsable de l’élaboration du RETEX de ses propres actions.

303. Chaque entité, personnel en situation de commandement, acteur-clé, quel que soit le niveau
considéré, réalise systématiquement la phase 1 du processus RETEX (cf Fig 1) : émission des
constatations, analyse, proposition de mesures à prendre par l’autorité compétente.

304. Les autorités compétentes désignées effectuent la phase 2 du RETEX : complément d’analyse,
plan d’action, mise en œuvre, évaluation, diffusion.

305. Le CICDE anime la phase 1 d’analyse pour les sujets interarmées. La conduite de la phase
2 est partagée entre différents acteurs (autorités compétentes) en fonction des sujets. Le
CICDE est porteur du volet DOCTRINE de cette phase 2.

306. La priorité du CICDE est le RETEX opératif. Le RETEX interne au CPCO est réalisé par le
CPCO/J7.

307. Pour ce qui relève du RETEX stratégique, le CICDE y participe en coordination avec le
CPCO/J7.

308. En termes d’amélioration de la pratique opérationnelle, il est tout aussi important d’identifier les
bonnes pratiques, afin de les valider, d’étudier leur extension ou leur généralisation et de les
diffuser, que d’identifier les lacunes.

Section II – Les acteurs du RETEX


309. Les acteurs du RETEX se trouvent dans la chaîne opérationnelle et dans la chaîne organique.
Le réseau RETEX global des armées est constitué des correspondants RETEX de chacun des

19
organismes décrits ci-dessous. Ces correspondants sont les animateurs du dispositif RETEX
(cf. tableau annexe D). Ils portent la responsabilité de la dynamique du processus d’ensemble.

Chaîne opérationnelle
310. Les acteurs de la chaîne opérationnelle sont :

a. les formations déployées sur le terrain en opération ou exercice ;

b. les structures de commandement et les autorités de la chaîne de commandement


opérationnelle, de tous les niveaux, stratégique, opératif et tactique, permanents ou
temporaires ;

c. les responsables RETEX désignés pour observer les exercices (équipes ad hoc
20
(ALLT ) par exemple) ;

d. les militaires français projetés ou affectés au titre des opérations auprès des armées
étrangères, des organisations internationales ou dans les pays étrangers.

Chaîne organique
311. Les acteurs de la chaîne organique sont :

a. les autorités centrales ;

b. les organismes dédiés ou participant au RETEX, présents au sein des dispositifs de


gouvernance des domaines interarmées et inter composantes (COEX/CODIR) ou des
OIA et OVIA spécialisés ;

c. les organismes chargés du développement capacitaire ;


21 22
d. des organismes étrangers et internationaux (JALLC , CALL , …) dédiés au RETEX.

Section III – Responsabilités des acteurs du RETEX


Le Centre interarmées de concepts, de doctrines et d’expérimentations
(CICDE)
312. Le CICDE est responsable de la fonction RETour d’EXpérience interarmées. Il s’assure
que les sujets et constatations de nature interarmées sont instruits efficacement.

313. Pour réaliser sa mission, le CICDE s’adosse à la fois à la chaîne opérationnelle et à la chaîne
organique.

314. Le RETEX interarmées recouvre génériquement les sujets suivants :

a. le RETEX de niveau opératif (chaîne de commandement, soutien, renseignement, SIC,


23
capacitaire, juridique, info ops, ciblage, NRBC, opérations spéciales , Guerre
électronique, MiL ENG, Protection de la force, condition du personnel en opérations,
Cyber, relations internationales, relations entre composantes, interopérabilité,...) ;

b. le RETEX de niveau stratégique (conduite des opérations, actions interministérielles,


coopération internationale, stratégie militaire, transformation des armées).

315. Le Bureau Pilotage Retex (BPR) est l’organe du CICDE chargé de la coordination de la
fonction RETour d’Expérience interarmées.

20
Analysis Lesson Learned Team : équipe regroupant les personnes désignées pour conduire la phase 1(compilation des constatations et
analyse) du RETEX d’un exercice ou d’une opération.
21
Joint Analysis Lessons Learned Center : centre RETEX de l’OTAN.
22
CALL : US Center for Army Lessons learned.
23
Placer au niveau opératif une part du RETEX des opérations spéciales ne préjuge pas de la chaîne de commandement de ces opérations.

20
316. Le CICDE/BPR décline son action à plusieurs niveaux :

a. il se saisit des constatations ou leçons identifiées relevant du RETEX


interarmées (conduite – itérative- de la ϕ1) ;

b. il fait réaliser des études et analyses particulières par les officiers chargés de domaine
du CICDE de façon à instruire des constatations qui n’auraient pas donné lieu à des
analyses exploitables au niveau interarmées ;

c. il initie la phase de prise en compte (ϕ 2) par les autorités compétentes ;

d. il s’assure pour la phase 2 que les aspects DOCTRINE sont traités par le CICDE
(officiers chargés de domaine du CICDE) ;

e. il identifie les acteurs RETEX des armées, et des directions et services interarmées ;

f. il entretient des relations privilégiées avec le CPCO (J7), l’EMIA-FE et les antennes
RETEX des armées, directions et services interarmées ;

g. il rédige la note annuelle de synthèse du RETEX (rapport annuel d’activité du CICDE) ;

h. il organise des séminaires RETEX thématiques en tant que de besoin ;

i. il établit et entretient des relations privilégiées avec les centres RETEX étrangers,
OTAN (JALLC) et UE.

317. Le CICDE/BPR s’appuie sur les compétences détenues au sein des deux sous-directions du
CICDE pour piloter l’analyse des opérations et des exercices français et étrangers afin d’établir
les leçons identifiées.

318. Ainsi, les officiers du CICDE chargés de domaines sont responsables d’exploiter les faits
recueillis, de retenir ceux de portée interarmées, de les instruire afin d’en tirer les leçons
identifiées et de proposer la sollicitation de l’autorité compétente qui sera chargée de la phase
de prise en compte.

319. Lorsque la prise en compte d’une leçon identifiée (phase 2) est du ressort de la Doctrine, le
CICDE réalise les travaux de doctrine nécessaires pour faire d’une leçon identifiée une leçon
apprise (insertion dans la doctrine en cours ou mise à jour des publications).

320. Il peut être nécessaire, afin de valider un enseignement de doctrine, de mener une
expérimentation doctrinale. Le CICDE la conçoit avec les autorités responsables, identifie
l’exercice au cours duquel la mettre en œuvre, la pilote et en exploite les résultats (évolution de
doctrine ou abandon formel).

321. Lorsque les leçons identifiées portent sur d’autres domaines (sur les constituants d’une
capacité militaire autres que la Doctrine), le CICDE transmet le résultat de la phase 1 (analyse
réalisée et leçons identifiées) aux divisions de l’EMA et organismes concernés, qui
poursuivent la phase de prise en compte (ϕ 2) : traitement par l’EMA ou ordre donné à une
armée, ou à une direction ou un service interarmées.

322. Les décisions du domaine RETEX IA (orientations, priorités, validation des analyses,
données de sorties du processus RETEX,) sont arrêtées en comité de direction du CICDE
selon un rythme hebdomadaire.

323. En fin de phase 1, les leçons identifiées concernant le RETEX stratégique sont présentées
pour validation par le directeur du CICDE au chef du CPCO.

324. Sur tout point particulier significatif, le directeur du CICDE présente ses analyses et
sollicite les directives nécessaires auprès du sous-chef de l’EMA concerné, et si
nécessaire au chef du CPCO ou au commandant de l’EMIA-FE.

325. Le CICDE organise une réunion plénière ouverte trois fois par an (EMA, correspondants
des armées, directions et services) sur le RETEX.

21
326. Le CICDE organise une réunion formelle annuelle RETEX internationale, en bilatéral avec
ses partenaires (OTAN, UE, USA, UK, ALL, Italie), couplée avec la réunion bilatérale
« doctrine » (mêmes interlocuteurs).

Rôle de la chaine opérationnelle


327. Chaque niveau de commandement de la chaîne opérationnelle est responsable :

a. de conduire son propre RETEX (traitement local) et d’en rendre compte (diffusion des
bonnes pratiques et des mesures correctrices identifiées, insertion dans la base de
données appropriée) ;

b. de participer au RETEX de l’échelon supérieur en transmettant les éléments


nécessaires pour aller jusqu’aux leçons identifiées (constatations analysées et
assorties de propositions de mesures à prendre par l’autorité compétente).

328. Le succès de la prise en compte du RETEX des opérations repose sur les liens et la relation de
confiance entre les acteurs de la chaîne opérationnelle (CPCO, niveau opératif, niveau tactique)
et ceux de la chaîne organique, dont le CICDE/Bureau pilotage RETEX.

Les forces en opérations (commandements permanents compris).

329. Les forces engagées en opérations (quelle que soit la nature des engagements opérationnels)
participent au processus RETEX par la remontée des informations. Elles peuvent aller au-delà
et participer à l’analyse RETEX en fonction des circonstances.

330. Les autorités organiques ou opérationnelles se chargent de l’analyse ou la complètent. Pour le


RETEX interarmées, cette mission est conduite par le CICDE.

331. Pour les leçons apprises établies à l’échelon local, les forces déployées doivent veiller à leur
diffusion locale et vers les échelons centraux (opérationnel et organique). Différents outils sont
mis à disposition : § RETEX des CRFM ou CRQ/CRH, notes ou fiches thématiques,
renseignement des bases de données RETEX.

332. Le responsable de la cellule RETEX du niveau opératif (J7) sera reçu par le CPCO en présence
du CICDE/Bureau pilotage RETEX avant le départ en mission pour :

a. prendre en compte les orientations ;

b. se familiariser avec la procédure, les correspondants et les outils du RETEX.

Les responsables RETEX des exercices24.

333. Le J7 de l’OCE (Officer Conducting the Exercise) est normalement responsable de la mise en
œuvre de la phase 1 du processus RETEX (collecte des constatations et réalisation de l’analyse
permettant de formuler des leçons identifiées). L’OSE (Officer Scheduling the Exercise) peut
également désigner une équipe d’évaluation. Le rôle du J7 ou de l’équipe d’évaluation sera de :

a. prendre en compte les objectifs d’exercice et les axes d’effort associés qui figureront
25 26
dans les EXSPEC (Exercise Specification) et les EXPI (Exercise Planning
Instruction) ;

b. collecter les constatations faites par les différents acteurs (dont l’équipe d’évaluation
ou l’ALLT) et les enregistrer sur la base de données ;

c. conduire la phase 1 d’analyse et de définition des leçons identifiées ;

d. soumettre à l’OCE les leçons identifiées pour validation et lui proposer un traitement local ou
central, immédiat ou post-exercice en suggérant l’autorité compétente qui devra être saisie ;

24
Référence : PIA 07-200 Préparation opérationnelle interarmées.
25
Exercise Specification.
26
Exercise Planning Instruction.

22
e. s’assurer de la diffusion des leçons apprises, après la phase 2 de prise en compte
conduite par l’autorité compétente et désignée ;

f. participer aux PXD (Post Exercise Discussion) qui permettront de faire valider l’analyse
menée suite aux constatations, les leçons identifiées ainsi que les plans d’actions
(modes de traitement des leçons identifiées afin d’orienter la phase de prise en
compte) qui figureront dans la partie RETEX du FER (Final Exercise Report) ;

g. transmettre le FER à l’OSE et au CICDE/BPR pour information avec la base de


données remplie (y compris le RETEX mis en œuvre durant l’exercice) dans les trois
mois qui suivent la fin de l’exercice. La diffusion du plan d’action RETEX, et
notamment la saisine des autorités chargées de prendre en compte les leçons
identifiées est de la responsabilité de l’OSE ;

h. s’agissant des exercices pour lesquels le CEMA est OSE et le CPCO est OCE, le
CICDE participe au RETEX en coordination avec le CPCO/J7.

Les éléments déployés ou affectés à l’étranger27

334. Ils sont chargés de :

a. transmettre, dans le cadre des procédures habituelles, toute information ouverte à


valeur RETEX dont ils disposeraient. Pour en faciliter la transmission vers les
organismes dédiés au RETEX, ils les distingueront des autres informations ;

b. à la demande, contribuer au processus RETEX français.

L’EMIA-FE.

335. L’EMIA-FE met en œuvre le processus RETEX dans le champ de ses compétences dans le
cadre d’une opération comme d’un exercice, comme indiqué supra. Il peut sur demande insérer
une partie de son personnel ou prendre la tête d’une ALLT ou d’une équipe d’évaluation,
notamment pour ce qui a trait au domaine opératif.

336. Le J7 de l’EMIA-FE est responsable du RETEX de cet état-major et à ce titre il doit appliquer
les procédures décrites.

Le CPCO

337. Le RETEX au sein du CPCO s’opère à deux niveaux :

a. à un premier niveau au sein des cellules, notamment les cellules du J3 en charge


d’une zone géographique, les cellules de crise ou les cellules d’armées ;

b. à un niveau supérieur par le J7 du CPCO qui est responsable du RETEX au sein de


cet état-major et est chargé de l’application des procédures décrites.

338. Le rôle du J7 est multiple :

a. il joue un rôle de conseil au profit du commandement et des cellules du CPCO en


matière de RETEX ;

b. il rédige les paragraphes RETEX des documents de commandement ;

c. il mène des études poussées à la demande des autorités du CPCO sur des sujets bien
ciblés ;

d. il met en œuvre le processus RETEX relatif à l’organisation et au fonctionnement d’une


cellule de crise ou de toute structure ad hoc que le CPCO met en place pour la
planification et la conduite d’une crise ;

27
Les éléments déployés ou affectés à l’étranger comprennent les militaires isolés, les détachements de liaison, les missions et représentations
militaires françaises déployés ou affectés au titre des opérations ou des relations internationales dans les organisations internationales y
compris dans les états-majors multinationaux, dans les ambassades, les officiers de liaison et officiers insérés.

23
e. il sert de point d’entrée RETEX entre le CPCO et le CICDE/BPR ;

f. il peut être saisi par les divisions de l’EMA ou des organismes extérieurs sur des
questions concernant le RETEX.

Rôle de la chaîne organique

L’Etat-major des armées

339. L’EMA détermine la politique générale du RETEX.

340. L’EMA est responsable de la politique de communication interne et externe du RETEX. Il


élabore les éléments de langage associés.

341. L’EMA est l’acteur majeur de la phase de prise en compte (phase 2) des leçons identifiées dans
le cadre interarmées, interministériel et multinational, de par ses responsabilités dans la
définition et la déclinaison des contrats opérationnels, dans la préparation de l’avenir (définition
du format d’ensemble des armées et cohérence capacitaire), dans la préparation et la mise en
condition d’emploi des armées, sur les aspects relatifs au soutien des armées, au
renseignement d’intérêt militaire et aux relations internationales militaires.

342. Les leçons identifiées qui touchent à la cohérence capacitaire et à l’emploi des forces aux
niveaux interarmées, interministériel et multinational sont instruites par les autorités
compétentes de l’EMA (sous-chefs, divisions) qui assurent l’élaboration d’un plan d’action et
ordonnent sa mise en œuvre.

Les armées, directions et services


28
343. Chaque armée, direction ou service interarmées possède sa propre organisation RETEX.

344. La responsabilité de ces organisations dans la mise en œuvre du processus RETEX reste
cependant identique :

a. orienter le RETEX en fonction de leurs impératifs et des directives reçues ;

b. organiser et conduire leur processus RETEX, notamment en mettant en place et en


identifiant des organismes et correspondants dédiés ;

c. réaliser les phases 1 d’analyse et 2 de prise en compte pour les constatations dont le
traitement leur incombe ;

d. réaliser la phase de prise en compte des leçons identifiées par d’autres organismes
dès lors que la détermination du plan d’action, sa mise en œuvre et sa validation sont
de leur ressort ;

e. solliciter les organismes ou autorités compétentes pour la phase de prise en compte


des leçons identifiées, si cette phase n’est pas de leur ressort ;

f. diffuser et partager les leçons identifiées et les leçons apprises ;

g. selon l’armée, la direction ou le service, suivre la mise en œuvre des décisions.

345. Dans le respect du principe de subsidiarité, les organismes RETEX des armées et des
directions et services interarmées entretiennent des liens étroits avec le CICDE/BPR, auquel ils
communiquent les leçons identifiées nécessitant une prise en compte interarmées, impliquant
une autre armée ou un niveau de décision supérieur à leurs prérogatives. Ils concourent
également à la réalisation annuelle de la note d’orientation RETEX et du bilan informatif du
RETEX interarmées.

346. Ils peuvent être mandatés par le CICDE/BPR pour conduire un RETEX spécifique qui dépasse
le cadre de leur responsabilité.

28
Art. R*3121-3, -4, -5 du code de la défense

24
347. Les armées, les directions et services interarmées ont développé ou développent une base de
données qui leur est propre. Elle doit être interopérable avec la base de données interarmées
du RETEX afin de faciliter les échanges numérisés.

348. Les relations de confiance que les armées, et les directions et services interarmées établissent
avec le CICDE/BPR par un partage régulier des informations et la connaissance mutuelle sont
essentielles au bon fonctionnement du réseau.

349. Les armées, directions et services interarmées contribuent à l’élaboration du RETEX


interarmées dans le cadre de leur participation dans les instances de gouvernance des
29
domaines interarmées des opérations .

Les domaines interarmées des opérations

350. Les instances de pilotage des domaines interarmées, organisées selon une logique CODIR-
COEX/GT, réalisent leurs travaux selon un cycle annuel en phase avec le processus
d’élaboration des contrats opérationnels.

351. Ces travaux annuels sont notamment mus par le RETEX du domaine pour l’année écoulée
(exercices et opérations) dont les enseignements sont validés en COEX de printemps puis les
recommandations, qui orientent le plan d’action du domaine, en CODIR.

352. Pour chaque domaine, un GT dédié (documentation, doctrine, RETEX) est en charge de la
veille RETEX du domaine. Il analyse annuellement les faits tirés des opérations et des
exercices français, mais également alliés et internationaux, pour l’année écoulée. Il tire des
enseignements et élabore des recommandations (à destination du CODIR), qu’il fait valider en
COEX 2 (printemps). Ces recommandations, une fois validés en CODIR, nourrissent le plan
d’action et orientent les travaux pour le cycle suivant.

353. Le CODIR examine et valide les recommandations du COEX associées au RETEX validé du
domaine, relevant du niveau d’intérêt et de préoccupation des états-majors centraux (doctrine,
organisation, contrats opérationnels, capacités, préparation opérationnelle des unités dans sa
dimension interarmées, etc.).

354. Le CICDE est membre du GT qui traite de documentation, doctrine et RETEX et siège au
CODIR pour les aspects Doctrine et RETEX IA.

355. Les OIA et OVIA peuvent se voir confier une responsabilité particulière dans le domaine du
pilotage, de l’animation du recueil et de l’exploitation du RETEX de leur domaine de
compétence.

L’inspection des armées (IDA)


30
356. Les attributions de l’IDA , laquelle relève directement du chef d’état-major des armées, en font
un client et un acteur du RETEX. Si l’esprit du RETEX est totalement différent de celui d’une
inspection, il existe entre l’IDA et le réseau RETEX une complémentarité basée sur l’analyse
des constatations, et sur les propositions de mesures d’amélioration que l’IDA soumet au
CEMA.

357. En tant que client du RETEX, l’IDA reçoit et sollicite auprès du réseau RETEX (RETEX IA,
RETEX des armées, directions et services) les informations concourant à la préparation de ses
inspections auprès des forces.

29
Par convention, un domaine interarmées des opérations est défini comme un segment cohérent du champ des opérations sous-tendu par des
capacités interarmées, qui résultent soit de la mise en commun de capacités de diverses composantes, de capacités partagées par plusieurs
armées ou de capacités interarmées intégrées, et exigeant toutes un niveau élevé de coordination interarmées pour leur préparation et leur
adaptation en vue de leur emploi. Ils sont classés, dans le livret 3 de la PIA-01_3/3, par fonction opérationnelle interarmées.
30
Arrêté du 27 octobre 2009, modifié par l’arrêté du 9 août 2011

25
Les organismes du ministère de la Défense

358. Les organismes du ministère de la Défense qui ne sont pas placés sous les ordres du CEMA
31 32
(SGA , DGA, DGRIS, DGGN , etc) constituent une source précieuse d’information et
participent au processus RETEX selon leurs spécificités et leurs champs de compétence.

Les organismes militaires pour emploi dans d’autres ministères


33 34
359. Certains organismes militaires [COMFORMISC (ministère de l’Intérieur), COMSMA
35
(ministère de l’Outre-mer), DCSD (ministère des Affaires étrangères)] relèvent pour emploi
d’autres ministères, mais sont néanmoins appelés à participer à l’amélioration de l’outil de
défense dans le cadre du RETEX, en fonction de problématiques particulières et de centres
d’intérêt propres.

360. De façon non exhaustive, ces centres d’intérêt sont notamment la contribution à la défense
civile et au service public – (COMFORMISC et COMSMA), la coopération et l’entraînement
(DCSD), etc…

361. Leur participation repose essentiellement sur l’échange d’informations. A ce titre, ces
organismes peuvent adresser d’initiative au CICDE/BPR tout document RETEX dont la diffusion
leur paraît pertinente.

31
Secrétariat général pour l’administration.
32
Direction générale de la gendarmerie nationale.
33
Commandement des formations militaires de la sécurité civile.
34
Commandement du service militaire adapté.
35
Direction de la coopération de sécurité et de défense.

26
Chapitre 4
Les outils du RETEX
Section I – Les réseaux (acteurs, SIC)
401. Le partage de l’information sous-tend l’ensemble du processus RETEX. Du fait de la
généralisation du support électronique, provoquée par l’utilisation croissante à tous les niveaux
des systèmes d’information opérationnels de commandement (SIOC), il importe de mettre en
place des procédures d’utilisation des réseaux de la Défense pratiques et sûres.

402. Le réseau Intradef, du fait de sa facilité d’accès et de sa souplesse d’emploi sera préféré pour
le partage des leçons identifiées et leçons apprises. Ce réseau n’est pas classifié, et doit donc
ne véhiculer que des données DIFFUSION RESTREINTE au maximum.

403. Le CICDE hébergera sur son site Intradef le RETEX interarmées de niveau DR et NP.

404. La grande majorité des comptes rendus d’opérations et des documents de travail et de suivi
des opérations de niveau opératif ou stratégique sont CD-SF. Ainsi, le RETEX associé utilise au
moins dans la phase 1 du RETEX le réseau INTRACED ou équivalent, ainsi que le Portail des
Opérations Interarmées (POIA). L’administrateur de ce réseau est le CPCO. Il décide de la
délivrance des autorisations d’accès.

405. Les analyses effectuées par le CICDE/BPR à partir des données du POIA ne seront mises en
circulation sur les réseaux RETEX (CD-SF ou DR) qu’après accord du CPCO au regard de ses
critères de confidentialité (sécurité des opérations notamment).

406. L’utilisation du réseau FROPS est en cours de généralisation pour la conduite des opérations
en multinational. Ce réseau classifié « secret » en interallié n’est pas Spécial France. Son
utilisation dans le cadre du RETEX sera soumise à une procédure particulière.

Section II – Les bases de données


407. Actuellement, les bases de données RETEX des formations et états-majors servent
principalement au stockage et à l’archivage. Elles ne sont pas équipées d’outils performants de
croisement de données propres à réaliser des analyses de fonds documentaires ou selon des
thèmes particuliers. Ces bases sont :

a. la Base de données CD-SF du CICDE/BPR sur Intraced ;

b. BAdex ;

c. les bases de données des armées, directions et services interarmées et des


organismes internationaux.

408. Le travail d’exploitation des documents et de concaténation, analyse, synthèse des faits repose,
compte tenu des outils à disposition, sur une stricte discipline en termes d’indexation des
documents et de remplissage des champs relatifs aux mots clés.

409. Le CICDE sollicitera l’EMA/CPI dans le cadre du projet SIA de façon à se doter à court terme
d’un outil de gestion électronique de données (GED) moderne, et à étendre cet outil aux autres
membres du réseau RETEX.

Section III – L’archivage opérationnel


410. Intitulée « archives opérationnelles », la publication interarmées (PIA) 7.7.6 (2013) formalise les
missions et responsabilités attribuées à la Cellule d’archivage opérationnel des armées (CAOA)
et décrit les processus nécessaires à la parfaite conduite des opérations d’archivage numérique
au profit des forces armées françaises engagées en opération extérieure (OPEX), en mission
opérationnelle (MISSOPS) ou en mission intérieure (MISSINT).

27
411. L’ensemble des acteurs des opérations doit être sensibilisé à l’importance du processus
d’archivage. En effet, le patrimoine archivistique opérationnel des armées doit permettre de
répondre aux sollicitations d’ordre opérationnel, administratif, politique, judiciaire, historique ou
contentieux, pendant ou à l’issue d’une opération.

412. Les données archivées, de niveau stratégique ou de théâtre doivent être considérées avec le
plus grand intérêt dans le cadre du processus RETEX de niveau interarmées, interministériel ou
multinational.

413. Le regroupement dans un seul dossier de l’ensemble des documents propres à une opération
constitue une plus-value notable pour la démarche RETEX dès lors que la fonction RETEX a
accès aux données.

28
Annexe A
Le RETEX dans les organisations internationales
A01. L’engagement multinational est devenu la norme. La connaissance des dispositifs RETEX des
organisations internationales est nécessaire au partage des enseignements afin d’améliorer
l’interopérabilité de nos forces armées avec nos partenaires et alliés.

Section I – Le RETEX à l’OTAN


A02. Allied Command Transformation (ACT) pilote le processus général du retour d’expérience
depuis le niveau du commandement stratégique jusqu’aux échelons subordonnés. Le
processus, dans son ensemble, fait appel aux nations, aux commandements, agences de
l’Alliance ainsi qu’aux partenaires, qui sont tous appelés à concourir à l’optimisation des
pratiques.

A03. L’Alliance définit le processus des Lessons Learned comme l’ensemble des entités et des
activités dédiés à l’apprentissage à partir de l’expérience, dans le but d’obtenir un
fonctionnement optimisé. Le processus s’appuie sur des structures, des procédures et des
outils.

A04. L’objectif du processus de Lessons Learned, décrit dans l’AJP-3, est d’apprendre efficacement
de l’expérience et de produire des justifications consolidées permettant d’amender les
procédures pour améliorer la performance globale dans les opérations en cours et à venir.

A05. A la date de parution du présent DC002, les documents de référence sont la politique OTAN du
retour d’expérience (MCM-0021-2011 du 18 mai 2011), la Bi-Strategic Command Directive 080-
006 du 10 juillet 2013 et le NATO Lessons Learned Handbook du Joint Analysis and Lessons
Learned Centre (JALLC), de septembre 2011.

A06. Un comité de pilotage (Bi-SC Lessons Learned Steering Group) co-présidé par des
représentants d’ACT (ACOS Capability Engineering and Innovation) et d’ACO (ACOS J7) a
pour objectif de coordonner les actions entreprises en termes de Lessons Learned et de faciliter
le partage de l’information. Les travaux de ce comité sont soutenus par un groupe de travail
(NATO Lessons Learned Working Group).

A07. ACT est chargé du processus général du retour d’expérience pour les niveaux stratégiques et
inférieurs.

A08. ACO est un contributeur de premier ordre pour les enseignements opérationnels. Ce
commandement est chargé de l’application des leçons apprises et contrôle la bonne mise en
œuvre du processus RETEX dans les commandements opérationnels.

A09. Le Joint Alliance Lessons Learned Center (JALLC), placé sous l’autorité d’ACT, effectue un
travail d’analyse dans le cadre des opérations, de la formation, des exercices et des
expérimentations. Le centre tient par ailleurs à jour la base de données de l’Alliance. Il peut
également participer à la diffusion des leçons apprises.

A10. Tous les organismes et agences de l’Alliance sont invités à contribuer au processus en
nourrissant la base de données mise en ligne par le JALLC et doivent posséder par conséquent
une structure RETEX adaptée.

A11. Le cycle RETEX est divisé en 2 étapes majeures que sont l’analyse, et la résolution.
L’institutionnalisation et la diffusion font partie intégrante de la phase de résolution. Les phases
qui composent ce processus sont décrites dans le schéma ci-dessous :

29
FIG. 2. - Schéma décrivant le processus LL, extrait de la Bi-SC Directive 080-006, p.7

A12. La phase d’analyse comprend l’observation d’un problème ou d’une bonne pratique puis
l’identification des causes et des solutions envisagées. Une leçon identifiée comprend ainsi la
description du fait, ses causes et des propositions pour remédier aux éventuels
dysfonctionnements.

A13. La phase de résolution vise à mettre en œuvre les actions nécessaires à la résolution de la
leçon identifiée par l’(es) entité(s) responsable(s). L’entité responsable, s’appuyant sur un plan
d’action prend les mesures correctives adaptées et si nécessaire les fait valider pour s’assurer
de la cohérence avec l’effet initialement recherché.

A14. Une fois le stade de la leçon apprise atteint, la diffusion de l’information permet d’avertir les
acteurs des changements intervenus dans la doctrine, les procédures ou encore les nouvelles
capacités mises en œuvre. Cette institutionnalisation est assurée par le portail du JALLC, par la
publication de documents vers les « communities of interest » concernées et par la promotion
des résultats par le biais de conférences ou séminaires.
36
A15. Le processus RETEX s’appuie sur le portail internet protégé de partage de l’information du
JALLC, permettant à une large communauté d’accéder aux informations et de contribuer au
processus. Des points de contacts sont désignés dans toutes les entités de la NATO Command
Structure en tant que membres de la communauté RETEX. Ces correspondants veillent à la
mise en pratique des leçons apprises et à la diffusion de l’information.

Section II – Le RETEX à l’UE


A16. Le processus RETEX de l’UE, baptisé EUMS Lessons Learned Process (ELPRO), concerne les
activités entreprises par des acteurs de l’UE dans le cadre de la PSDC.

A17. Les objectifs du processus sont de contribuer à l’amélioration des activités de planification et de
conduite, au développement capacitaire (Capability Development Plan), à la mise au point de
Standing Operating Procedures et au partage du RETEX au sein de l’UE ainsi qu’avec d’autres
organisations internationales.

A18. Le processus RETEX est défini dans le EU Military Lessons Learned Concept, EUMS 8562/11
du 1° juillet 2011.

36
NATO LL Portal : https://nllp.jallc.nato.int

30
A19. Le rôle pivot du processus est prévu d’être assuré par les OHQ et FHQ lorsqu’ils sont activés,
depuis l’observation des faits jusqu’à la mise en œuvre des bonne pratiques. Cependant, le
caractère temporaire de ces structures et les rotations de personnel limitent un fonctionnement
optimal du processus.

A20. Le directeur général de l’EMUE a la responsabilité générale du processus pour sa partie


militaire. Le directeur adjoint de l’EMUE est responsable de sa mise en œuvre effective.
L’EMUE dans son ensemble assure le suivi du processus, fournit des experts quand cela est
nécessaire et contrôle la mise en œuvre des mesures correctives.

A21. Le Lessons Management Group (LMG), présidé par le directeur adjoint de l’EMUE est chargé
de la prise en compte des leçons identifiées et du développement des plans d’actions selon un
ordre de priorité qu’il détermine.

A22. La Lessons Learned Cell est plus spécifiquement chargée de la collecte, de la gestion et du
suivi du RETEX ainsi que de son développement au sein de la communauté militaire de l’UE.

A23. Les commandants d’opérations, tout comme les États membres, alimentent le processus en
garantissant l’armement d’une chaîne RETEX dans leur état-major.

A24. Le CMUE approuve en dernier ressort le rapport annuel civilo-militaire de retour d’expérience.

A25. Le cycle utilisé par l’UE est très similaire à celui développé par l’OTAN. Il comprend quatre
phases que sont la collecte et la vérification, l’analyse, le développement et les conclusions. Ce
procédé est lié au triptyque des leçons observées, identifiées et apprises.

EU MILITARY LL PROCESS - ELPRO

Lesson Lesson Lesson


Observation Phase 1 – Phase 2 –
Identified Phase 3 –
Learned Phase 4 -
Collection & Analysis Development Outputs
Verification

LEAD AUTHORITY
Concepts
- EUMS LEAD AUTHORITY
CSDP Military Structures
E -OHQ/FHQ E DEVELOPS
E Training
Input Source : EUMS L -BGs L ACTION PLAN
L
M M M
Systems
EUMS, A A A Leadership
OHQ/FHQ, EU
BGs , CMPD, ANALYSE Personnel
ATHENA, EU D D DEVELOP D Interaction
Member States A A
A Sharing
EUMC T T T
WG A A Infrastructure
A EUMC
B ENDORSE B B Approv ed
A A IMPLEMENT Annual
by respective A Reports
S LMG or S S
E Cmd Grp E E

Best
Practices

INFORMATION SHARING

FIG 3. - Processus RETEX de l'UE, EU Military Lessons Learned Process

A26. Le processus au sein de l’UE repose essentiellement sur la base de données, baptisée EUMS
Lessons Management Application (ELMA), accessible depuis le réseau opérationnel sécurisé
de l’UE. Ce logiciel permet la collecte, le stockage, la gestion, le développement et la diffusion
des leçons militaires de l’UE. En parallèle un portail baptisé Civilian Lessons Management
Application (CiLMA) donne accès au RETEX civil de gestion des crises.

31
A27. Les travaux de RETEX sont décrits annuellement dans un rapport commun (civilo-militaire)
dans le cadre d’une approche globale de gestion des crises, permettant un développement
coordonné des actions et des capacités.

A28. Des rapports thématiques civilo-militaires peuvent également contribuer au fil de l’eau au
processus RETEX.

32
Annexe B
Le RETEX chez nos partenaires
B01. Eu égard au fait que la France peut être appelée à conduire des actions dans un cadre
binational avec certains partenaires privilégiés, il est intéressant de connaître leur processus
RETEX afin d’améliorer la compréhension commune de nos pratiques.

Section I – Le RETEX aux États-Unis


B02. L’expertise RETEX est détenue par le Joint Staff J7 qui dispose d’une entité à part entière, la
Joint Lessons Learned Division (JLLD). La JLLD est épaulée par le Joint Coalition Operationnal
Analysis – JCOA (sa mission: collecter, agréger, analyser et diffuser les RETEX et bonnes
pratiques interarmées dans tout le spectre des opérations pour accroître les capacités
interarmées).

B03. L’objectif de la JLLD est d’améliorer la préparation et la performance des forces au niveau
interarmées par la découverte, la validation, l’analyse, l’intégration et l’évaluation de toutes les
sources. Les observations proviennent des opérations interarmées et interalliées, de la
formation, de l’entraînement, des exercices, de l’évaluation et d’alliés.

B04. Les missions de la JLLD sont :

a. identifier et rendre disponibles les bonnes pratiques et leçons interarmées et alliées ;

b. fournir les outils et le processus pour permettre le partage des RETEX et la capacité à
les suivre par l’analyse formelle de son efficacité dans le temps.

B05. Les tâches de la JLLD sont :

a. conservation des politiques, processus et leçons ;

b. soutien à la planification avant exercices par intégration des leçons et de l’évaluation ;

c. contextualisation des leçons interarmées ;

d. validation du RETEX par le General Officer Steering Committee (GOSC) ;

e. partage avec les autres agences et les partenaires du renseignement ;

f. identification des manques et tendances pour les capacités interarmées.

B06. Le support principal de partage du RETEX est le Joint Lessons Learned Information System
(JLLIS). Il s’agit d’un répertoire commun où le RETEX est partagé non seulement au sein de la
communauté interarmées mais aussi avec les Services, les Combatant Commands et les
autres agences gouvernementales. Il permet de visualiser les quatre phases du programme
(Discovery, Validation, Integration, and Evaluation). Ce système n’est actuellement pas partagé
avec les alliés autres que « Five eyes » et n’est disponible que sur les réseaux américains.

33
B07. Le cycle du RETEX suit une logique similaire à celle de l’OTAN :

FIG 4. - Cycle du RETEX aux USA

B08. Les interactions de la JLLD avec les autres acteurs de la défense sont nombreuses. Au sein du
Joint Staff J7 les domaines Training, Doctrine et Education tirent profit des enseignements pour
infléchir leurs axes de travail. Concernant l’entraînement, la JLLD est présente à tous les
exercices interarmées (menés par les Combatant Commands). La division RETEX définit des
objectifs et fournit des documents avant chaque exercice majeur qui fait ensuite l’objet d’un
RETEX.

B09. La JLLD est également en relation étroite avec ses homologues des quatre armées. À ce titre,
un partage des leçons à étudier est fait de manière à placer les sujets au niveau adéquat.

B10. La diffusion est l’un des premiers facteurs d’efficacité du RETEX, tous les militaires américains
ayant accès à JLLIS.

Section II – Le RETEX en Grande Bretagne


B11. Le JFC Commander est responsable pour la Défense de tous les sujets relatifs au RETEX.
(Lessons Ownership). Cette responsabilité est déléguée pour la conduite quotidienne au
Director Joint Warfare comme la présidence du Defence-wide Lessons Board (DwLB- comité
RETEX de la défense) qui dirige les travaux du groupe de travail associé (DwLWG- Defence-
wide Lessons Working Group).

B12. Le DwLB se réunit de façon biannuelle et est composé de nombreuses instances du plus haut
niveau (dont les trois armées et les services) et peut selon l’importance des informations les
adresser au Defence Strategic Group (DSG) ou bien si nécessaire se saisir du COMJFC pour
informer au plus vite le Armed Forces Committee. Sa mission est de définir les priorités et
d’identifier le RETEX stratégique.

B13. Le DwLWG regroupe trimestriellement toutes les Lessons Teams et instances majeures de
l’administration centrale. Sa mission principale est double :

a. identifier le RETEX devant être soumis au DwLB ;

b. conduire ou diligenter des études pour informer le niveau stratégique.

34
Section III – Le RETEX en Allemagne
B14. Le processus RETEX en Allemagne est placé sous la responsabilité d’une division (qui traite
par ailleurs de la doctrine) du Bundeswehr Planning Office créé en 2012. Cet organisme placé
sous l’autorité du ministère de la défense traite des sujets capacitaires et budgétaires.

B15. Le commandement opérationnel de la Bundeswehr est désigné comme point d’entrée unique
des observations liées au RETEX provenant des théâtres d’opération. Il agit également comme
coordonnateur.

B16. L’objectif du processus est d’améliorer le fonctionnement des forces en entretenant une
approche descendante et ascendante.

B17. En complément du RETEX proprement militaire, la Bundeswehr contribue à un processus


RETEX spécifique à l’approche globale. Les agences y contribuant se réunissent ainsi
régulièrement. Il s’agit notamment :

a. du ministère des affaires étrangères ;

b. du ministère de la coopération économique et du développement ;

c. du ministère de l’intérieur ;

d. de l’agence chargée de la coopération technique ;

e. du centre international des missions de maintien de la paix.

B18. Les sources de RETEX utilisées, ainsi que le cycle du RETEX sont semblables à ceux de
l’OTAN.

FIG 5. - Cycle du RETEX en Allemagne

Section IV – Le RETEX en Italie


B19. Le processus RETEX en Italie est placé sous la responsabilité du CID (Centro Innovazione
della Difesa), responsable également de la doctrine interarmées et de la prospective. Il est
conforme au processus otanien.

B20. Le CID réalise en propre le RETEX de niveau stratégique. Il s’attache au développement et à


l’amélioration des capacités opérationnelles et identifie les lacunes capacitaires.

35
B21. Le RETEX opératif (planification et conduite des opérations et exercices) est réalisé par le Joint
Operational HeadQuarter et par le Joint Special Operations HeadQuarter.

L’amélioration des procédures tactiques, de l’entraînement associé et des équipements


spécifiques est du ressort des armées, directions et services.

FIG 6. - Cycle du RETEX en Italie

36
Annexe C
Le réseau RETEX
B22. Les coordonnées des correspondants RETEX de chaque armée, direction ou service
interarmées ainsi que des forces pré positionnées et des forces de présence figurent sur le site
intradef du CICDE (onglet RETEX).

B23. Tout changement de nom ou de coordonnées sera communiqué par l’unité concernée au
secrétariat du CICDE (cicde@intradef.gouv.fr).

37
(PAGE VIERGE)

38
Annexe D
Le formulaire RETEX
Mesures correctrices Bonnes pratiques
Diffusable CPCO CICDE Autres entités Alliés

Fonction
opérationnelle Classification
(Date_nom_classificati
Théâtre / opération N° on)
Origine
Références
Sujet
MOTS CLES
Cycle RETEX
Constatation
(rédaction CICDE)
Organisme
Analyse 1
Analyse
PHASE 1 - ϕ1 - ANALYSE

Recommandations
Organisme
Pilotée par le CICDE

Analyse 2
Analyse
Recommandations
Organisme
Analyse 3
Analyse
Recommandations
(…)
Synthèse des analyses :

Leçons identifiées (compréhension du problème,


solutions/recommandations, autorité compétente) :
LI 1 :
Clôture de la phase LI 2 :
d’analyse par le CICDE LI 3 :
Etudes complémentaires (compréhension du problème, étude
nécessaire, autorité en charge) :
EC 1 :
EC 2 :
EC 3 :
Pour chaque Leçon Identifiée, l’autorité compétente afférente réalise la phase 2 selon le canevas ci-dessous.
Dans la mesure du possible, elle rend compte au CICDE de l’avancée de cette phase (la base de données IA
du CICDE peut utilement être employée pour cela) et le met systématiquement en information de la
diffusion finale.

39
Pour chaque Leçon Identifiée, l’autorité compétente afférente réalise la phase 2 selon le canevas ci-dessous.
Dans la mesure du possible, elle rend compte au CICDE de l’avancée de cette phase (la base de données IA
du CICDE peut utilement être employée pour cela) et le met systématiquement en information de la
diffusion finale.
Prise en compte LI par
PHASE 2 – ϕ2

Autorité compétente
Plan d'action/Échéance
LI 1

Mise en œuvre des


solutions

Validation (si nécessaire)


Leçons apprises
(Clôture du processus et
diffusion)
Prise en compte LI par
PHASE 2 – ϕ2

Autorité compétente
Plan d'action/Échéance
LI 2

Mise en œuvre des


solutions

Validation (si nécessaire)


Leçons apprises
(Clôture du processus et
diffusion)
Prise en compte LI par
PHASE 2 – ϕ2

Autorité compétente
Plan d'action/Échéance
LI 3

Mise en œuvre des


solutions

Validation (si nécessaire)


Leçons apprises
(Clôture du processus et
diffusion)

40
_______________________________________________________________________Annexe E
Demande d’incorporation des amendements
1. Le lecteur d’un document de référence interarmées ayant relevé des erreurs, des coquilles, des fautes de français ou ayant des remarques ou des
suggestions à formuler pour améliorer sa teneur, peut saisir le CICDE en les faisant parvenir (sur le modèle du tableau ci-dessous) au :

CICDE
École militaire
21, Place JOFFRE
75700 PARIS SP 07

ou en téléphonant au 01 44 42 83 30 pour obtenir l’adresse électronique valide à cette époque

ou encore en ligne sur les sites Internet et/ou Intradef du centre à l’adresse http://www.cicde.defense.gouv.fr

N° Origine Paragraphe (n°) Alinéa Ligne Commentaire


1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17

2. Les amendements validés par le Directeur du CICDE seront répertoriés en rouge dans le tableau intitulé « Récapitulatif des amendements » figurant en
page 9 de la version électronique du document.

41
(PAGE VIERGE)

42
___________________________________________Annexe F
Lexique
Partie I – Sigles, acronymes et abréviations conventionnelles
Sigles
B01. Dans un sigle, chaque lettre se prononce distinctement comme si un point les séparait.

Acronymes
B02. Un acronyme se compose d’une ou de plusieurs syllabes pouvant se prononcer comme un mot
à part entière.

Abréviations
B03. Ce lexique ne prend en compte que les abréviations conventionnelles telles que définies dans
le Lexique des règles typographiques en usage à l’imprimerie nationale (LRTUIN), pages 5 à
11.

Charte graphique du lexique


B04. Dans ce lexique, tous les caractères composant un sigle, un acronyme ou une abréviation sont
écrits en lettres capitales afin que le lecteur puisse en mémoriser la signification.

B05. Les sigles, acronymes et abréviations d’origine française sont écrits en Arial gras, taille 9,
caractères romains, couleur rouge. Les sigles, acronymes et abréviations d’origine étrangère
ou antique sont écrits en Arial gras, taille 9, caractères italiques, couleur bleue.

Liste des sigles, acronymes et abréviations utilisés dans ce document


RETEX Retour d'Expérience
DORESE Doctrine, Organisation, Ressources Humaines, Equipements, Soutien,
Entraînement
PIAM Pôle Interarmées de traitement du danger des munitions et explosifs
CIAE Centre Interarmées des Actions sur l'Environnement
CNC Centre National du Ciblage
COMANFOR Commandant de la Force
LI Leçon Identifiée
LA Leçon Apprise
CRQ Compte-Rendu Quotidien
CRH Compte-Rendu Hebdomadaire
CRFM Compte-Rendu de Fin de Mission
AD Attaché de Défense
DGRIS Direction Générale des Relations Internationales et de la Stratégie
SECOPS Sécurité des Opérations
SHD Service Historique de la Défense
ALTT Analysis Lesson Learned Team
JALLC Joint Analysis Lessons Learned Center
CALL Center for Army Lessons Learned (USA)
NRBC Nucléaire Radiologique, Biologique et Chimique
Mil ENG Military Engineering
BPR Bureau Pilotage du RETEX
CPCO Centre de Planification et de Conduite des Opérations
EMIA-FE Etat-Major de Force et d'Entraînement
OCE Officer Conducting the Exercise
OSE Officer Scheduling the Exercise
EXSPEC Exercise Specification
EXPI Exercise Planning Instruction
PXD Post Exercise Discussion
FER Final Exercise Report

43
IDA Inspection des Armées
SGA Secrétariat Général pour l'Administration
DGA Direction Générale pour l'Armement
DGGN Direction Générale de la Gendarmerie Nationale
COMFORMISC Commandement des Formations Militaires de la Sécurité Civile
COMSMA Commandement du Service Militaire Adaptée
DCSD Direction de la coopération de Sécurité et de Défense
SIOC Système d'Information Opérationnels de Commandement
GED Gestion Electronique des Données
BADex Base de Données des Exercices
CAOA Cellule d'Archivage Opérationnel des Armées
OPEX Opération Extérieure
MISSOPS Mission Opérationnelle
MISSINT Mission Intérieure
ACT Allied Command Transformation
ELPRO EUMS Lessons Learned Process
EUMS European Union Military Staff
EMUE Etat-Major de l'Union Européenne
OHQ Operation Head Quarter
FHQ Force Head Quarter
LMG Lessons Management Group
ELMA EUMS Lessons Learned Management Application
CiLMA Civilian Lessons Management Application
JLLD Joint Lessons Learned Division
JCOA Joint Coalition Operationnal Analysis
GOSC General Officer Steering Committee
JLLIS Joint Lessons Learned Information System
DwLB Defence-Wide Lessons Board
DwLWG Defence-wide Lessons Working Group
DSG Defence Strategic Group
CID Centor Innovazione della Difesa

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45
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Résumé
DC-002_RETEX(2014)

1. Le DC-002_RETEX décrit le dispositif de retour d’expérience interarmées et son


articulation avec ceux de chaque armée, et de chaque direction ou service interarmées.

2. Le RETour d’EXpérience des armées, directions et services (RETEX) est un dispositif qui
vise à améliorer la pratique opérationnelle dans tous ses aspects (DORESE ) et à tous les
niveaux (stratégique, opératif, tactique), par la détermination et la déclinaison de
mesures (mesures correctrices ou de validation et extension des bonnes pratiques),
fondées sur l’analyse objective des faits.

3. Ce dispositif comporte deux phases successives :

a. une phase de recueil et d’analyse contradictoire des faits dans laquelle, pour le
RETEX interarmées, le CICDE est impliqué dans l’analyse avec les acteurs
concernés. Cette phase met en évidence les leçons identifiées ;

b. une phase, généralement partagée entre plusieurs acteurs, de prise en compte


des leçons identifiées, conduite par les autorités compétentes, organiques ou
opérationnelles, en vue de déterminer et de décliner les leçons apprises.

4. L’organisation du dispositif RETEX interarmées repose sur les principes de subsidiarité


et de simplicité.

5. Parmi les facteurs de succès de ce dispositif, figurent notamment un état d’esprit basé
sur le désir de progresser, la volonté de partager l’information dans un souci
d’objectivité permanent, et une rigueur intellectuelle qui ne considère comme étant du
RETEX que le processus axé sur un cheminement qui part des faits pour mettre en
œuvre les leçons apprises.

Ce document est un produit réalisé par le Centre interarmées de concepts, de


doctrines et d’expérimentations (CICDE), Organisme interarmées (OIA)
œuvrant au profit de l’État-major des armées (EMA). Point de contact :

CICDE,
École militaire
1, place JOFFRE
75700 PARIS SP 07

Par principe, le CICDE ne gère aucune bibliothèque physique et ne diffuse aucun document sous
forme papier. Il met à la disposition du public une bibliothèque virtuelle unique réactualisée en
permanence. Les documents classifiés ne peuvent être téléchargés que sur des réseaux protégés.
La version électronique de ce document est en ligne sur les sites Intradef et Internet du CICDE à
l’adresse htpp://www. cicde.defense.gouv.fr à la rubrique Corpus conceptuel et doctrinal
interarmées français (CCDIA-FRA).

ISBN 978-2-11-138549-8
48

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