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Introduction

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ublié en 1942, L’Etranger est le premier roman d’Albert Camus qui n’avait écrit que des
essais. Juste après sa sortie, l’œuvre connaît un immense succès au prés du public qui
découvre une nouvelle notion celle de l’absurde. Ainsi L’Etranger appartient à un cycle
d’œuvres consacré à l’absurdité de l’existence.
Ecrit dans un style simple, ce roman, à travers ses personnages, son décor, ses thèmes développés
est un véritable chef d’œuvre de la littérature d’après-guerre…
I. VIE ET ŒUVRES DE CAMUS
1. La vie de Camus
Albert Camus est né le 07 Novembre 1913 à Mondovie, en Algérie dans une famille modeste
où il devient tôt orphelin d’un père (Lucien) ouvrier agricole tué pendant la guerre de 1914-1918. Il
y passe son enfance et son adolescence. Il est élevé par sa mère et sa grand-mère. Grâce à
l’intervention de son instituteur, il entre au lycée et poursuit ses études tout en travaillant dans
l’administration mais en 1937, la tuberculose l’empêche de passer l’agrégation de philosophie.
Devenu journaliste, Rédacteur en chef au journal Le Combat qu’il a lui-même fondé de manière
clandestin pendant la seconde guerre mondiale, il appelle à la révolte contre l’occupation
allemande. Après cette crise, comme beaucoup d’intellectuels Camus fut traumatisé par l’ampleur
des pertes humaines. Dans un éditorial signé le 08 août 1945 et intitulé « Vivre à l’heure de
l’angoisse atomique », il condamne farouchement la science qui a mis au point la bombe
atomique.
Camus est l’un des principaux acteurs de la vie intellectuelle française de l’après-guerre et
incarne avec Jean Paul Sartre le courant « existentialiste ».
2. Ses œuvres
Albert Camus est l’auteur de plusieurs ouvrages. Il a eu à écrire des essais comme Le
Mythe de Sisyphe qu’il publie en 1947 où le héro est condamné à rouler éternellement jusqu’au
sommet d’une montagne un rocher qui en retombe sans cesse. En 1951 il écrit L’Homme révolté
où il explique que la révolte naît spontanément dès que quelque chose d’humain est nié,
opprimé ; elle s’élève, par exemple, contre la tyrannie et la servitude.
Camus a aussi écrit des romans comme La Peste publié en 1947 qui raconte une épidémie
imaginaire à Oran que le docteur Rieux, personnage principal du roman combat farouchement.
Il veut montrer par là que l’homme peut bien faire preuve de solidarité et de fraternité à l’égard de
son semblable. Selon Camus, l’homme en luttant contre l’injustice, donne sens en son existence.
En 1956, il met en édition La Chute où il met un personnage cynique, Jean Baptiste Clémence, le
narrateur qui dévoile les hypocrisies et sa bonne conscience passée pour mieux dénoncer celle de
ses contemporains. Camus a enfin écrit des nouvelles comme L’exil et le Royaume publié en
1957 sans oublier ses pièces théâtrales Le Malentendu en 1944, Caligula en 1945, Les justes en
1949, etc.…

II. RESUME ET ETUDE DES PERSONNAGES

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1. Le Résumé
Le narrateur, Meursault, employé de bureau à Alger, apprend que sa mère est morte, dans
un asile. Il va l’enterrer sans larmes, et sous un soleil de plomb qui ne fait qu’augmenter son envie
d’en finir avec la cérémonie. De retour à Alger, il va se baigner et retrouve une ancienne collègue,
Marie. Ils vont voir un film comique au cinéma, et elle devient sa maîtresse. Un soir, Meursault
croise Salamano, un voisin, et est invité par Raymond, un autre voisin de palier. Ce dernier,
ancien boxeur, lui raconte sa bagarre avec le frère de sa maîtresse, et lui demande d’écrire une
lettre qui servira sa vengeance. Quelques jours plus tard, Raymond se bat avec sa maîtresse et la
police intervient. Meursault accepte de l’accompagner au commissariat.
Invité par Raymond à passer un dimanche au bord de la mer dans le cabanon d’un ami,
Masson, Meursault s’y rend avec Marie. Après le repas, les hommes se promènent sur la plage et
rencontrent deux Arabes, dont le frère de la maîtresse de Raymond. Ils se battent et Raymond est
blessé. De retour au cabanon, Meursault le tempère et lui prend son revolver, pour lui éviter de
tuer. Reparti seul sur la plage, il retrouve par hasard le frère, qui sort un couteau. Assommé par le
poids du soleil, il se crispe sur le revolver et le coup part tout seul ; mais Meursault tire quatre
autres coups sur le corps inerte. Meursault est emprisonné. L’instruction va durer onze mois. Il ne
manifeste aucun regret lorsqu’il est interrogé par le juge, aucune peine lorsque son
immatriculation avocat l’interroge sur les sentiments qui le liaient à sa mère. Le souvenir, le
sommeil et la lecture d’un vieux morceau de journal lui permettent de s’habituer à sa condition.
Les visites de Marie s’espacent.
Le procès débute avec l’été. L’interrogatoire des témoins par le procureur montre que
Meursault n’a pas pleuré à l’enterrement de sa mère, qu’il s’est amusé avec Marie dès le lendemain
et qu’il a fait un témoignage de complaisance en faveur de Raymond, qui s’avère être un
souteneur. Les témoignages favorables de Masson et Salamano sont à peine écoutés. Le procureur
plaide le crime crapuleux, exécuté par un homme au cœur de criminel et insensible, et réclame la
tête de l’accusé. L’avocat plaide la provocation et vante les qualités morales de Meursault, mais
celui-ci n’écoute plus. Le président, après une longue attente, annonce la condamnation à mort de
l’accusé.
Dans sa cellule, Meursault pense à son exécution, à son pourvoi et à Marie, qui ne lui écrit
plus. L’aumônier lui rend visite, malgré son refus de le rencontrer. Meursault est furieux contre
ses paroles, réagit violemment et l’insulte. Après son départ, il se calme, réalise qu’il est heureux
et espère, pour se sentir moins seul, que son exécution se déroulera devant une foule nombreuse
et hostile.
2. Personnage principaux
- Meursault : C’est le personnage principal de ce roman, c’est aussi le narrateur. Il n’a pas connu
son père et il n’en a pas une idée fixe. Il ne croit pas en Dieu et trouve que c’est une chose sans
importance. Il a une maîtresse qui se nomme Marie, ils ne se sont pas mariés. Il vit dans une
étrange insensibilité et indifférence : au moment d’agir, il note d’ordinaire qu’on peut faire l’un ou
l’autre et que « ça lui est égal ».Sans illusion sur les principes reconnus par la société (comme la
mort, le mariage, l’honnêteté) il se comporte comme si la vie n’avait pas de sens. Il est étranger à
la société dans laquelle il vit. Il ne parle pas pour ne rien dire, il n’est pas très bavard. Il est d’un

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caractère renfermer et taciturne, il ne s’interroge pas souvent. Ses besoins physiques dérangent
souvent ses sentiments. Il refuse de mentir.
- Marie Cardona : elle est la maîtresse de Meursault. C’est une ancienne Dactylo du bureau de
Meursault, elle est brune. Ils se retrouvent à la plage après la mort de la mère de Meursault. Elle
permet en quelque sorte la communication du héros avec la nature.
- Raymond Sintès : il est l’ami de Meursault et voisin de palier. Magasinier assez petit avec de
larges épaules et un nez de boxeur, toujours bien habillé. C’est lui qui demanda un jour à
Meursault de lui écrire une lettre pour sa maîtresse. Toute chose qui permettra au procureur de
parler de la moralité douteuse de meursault. Il est aussi celui qui a mis en contact la victime et le
meurtrier. Il assistera au jugement de Meursault et témoignera.
- Le vieux Salamano : c’est le deuxième voisin de palier de Meursault qui vit avec son chien
depuis huit ans année de la mort de sa femme.
- Céleste : propriétaire d’un restaurent où Meursault avait l’habitude d’aller manger.
- Emmanuel : c’est le collègue de service de Meursault avec qui il mange souvent. C’esta lui que
Meursault a emprunter le brassard noir et une cravate noire pour aller à l’enterrement de sa mère.
3. Les personnages secondaires
- Monsieur Massan et sa femme : Ce sont les amis de Raymond. Ce sont eux qui ont invité
Raymond, Meursault et Marie à la plage. Monsieur Massan est grand de taille ; sa femme quant à
elle est petite, ronde et gentille.
- Le concierge : c’est le gardien de l’asile où était la mère de Meursault. C’est un vieil homme aux
beaux yeux, un teint un peu rouge et une moustache blanche. Il est un parisien de soixante quatre
ans.
- Le vieux Thomas Pérez : c’était un vieil ami de la mère de Meursault. Ils étaient ensemble à
l’asile.
- Le Directeur de l’asile : il est petit, vieux, avec la légion d’honneur. Il a des yeux clairs.
- L’avocat de Meursault : petit rond assez jeune, cheveux soigneusement collés.
- L’arabe : le frère de la maîtresse de Raymond.
-Le juge et l’aumônier qui cherche à le convertir juste avant son exécution.
III. LA MORT DANS L’ÉTRANGER
La mort est un thème récurrent dans l’Étranger de Camus. En effet, dès le début, le lecteur fait
face à la mort à travers le personnage de la mère du protagoniste, Meursault. La réaction de ce
dernier ainsi que tous les rituels effectués en mémoire de la défunte sont étranges et morbides. De
plus, le meurtre de l’Arabe commis par Meursault et ainsi, sa propre mort, vont accentuer l’aspect
funèbre du roman.
La mère de Meursault, un personnage associé à la mort
Premièrement, l’œuvre débute par l’annonce de la mort de madame Meursault, mère du
personnage principal. Dès le début, le protagoniste se retrouve face au corps de sa mère et refuse
de le voir. Le lecteur est ainsi plongé directement au cœur d’un des thèmes principaux du roman :
la mort. Selon moi, la mère de Meursault est associée à la mort. Le fait que Meursault refuse de
voir son corps, c’est comme s’il refusait d’affronter la mort. Meursault entretient une relation
distante avec sa mère au début mais il se rapproche d’elle à la fin, avant de mourir. Meursault, en
faisant cela, accepte son destin et ainsi, accepte la mort.

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Aussi, lorsque Meursault arrive dans l’asile où se trouve sa mère, « les vieux » entrent dans
la salle où repose le corps de la défunte. Meursault, somnolant et aveuglé par la lumière, ne
distingue que des ombres qui se déplacent. Finalement, il comprend que ce ne sont que les autres
pensionnaires de l’asile qui viennent se recueillir auprès de sa mère. Personnellement, la
description des vieux, faite par l’auteur, me fait penser à celle de fantômes. On peut donc
supposer que même les vivants, lorsqu’ils sont à côté de la mère sont liés à la mort et accentue le
côté morbide et étrange de la situation. Lorsque l’on regarde le film, L’Étranger de 1967, l’aspect
fantomatique des ‘’vieux’’ est bien représenté : ils sont flous, on les distingue à peine et Meursault
semble un peu perdu face à la situation. Il se retrouve une nouvelle fois face à la mort, bien que
les personnages soient censés être vivants. Plus loin dans le roman, Meursault va commettre
l’irréparable et va être jugé pour cela : la mort vient, à nouveau, sonner à sa porte.
Meursault tueur et jugement absurdes
En second lieu, Meursault va lui-même donné la mort. En effet, sur la plage, alors qu’il était
avec des amis, l’un d’eux va être blessé. Meursault va être confronté à un « Arabe » plutôt
menaçant, couteau à la main. Le protagoniste va alors sortir son revolver et tiré sur son
assaillant/agresseur/rival/adversaire. Meursault, ici, donne la mort à quelqu’un : c’est un
meurtrier. Il n’est donc plus passif vis-à-vis de la mort mais il en est l’acteur principal puisque
c’est lui l’exécuteur.
De plus, Meursault va être jugé pour le meurtre de l’Arabe. Le lecteur assiste alors à une
panoplie de situations toutes aussi absurdes les unes que les autres : des juristes incompétents, un
avocat qui ne montre aucun intérêt pour l’affaire, une enquête basée sur les mœurs de la société
et non sur des faits ou des actes. Au final, Meursault va être exécuté à cause de son comportement
vis-à-vis de sa mère et non pour la faute qu’il a commise. Ce jugement retranscrit la pensée de
l’auteur sur la société française de son époque : elle est absurde.
IV. ETUDE DU TEMPS ET DE L’ESPACE
1. Le temps
Ce roman s’inscrit dans la période de la seconde mondiale.
Le récit est écrit au passé composé, ce style nous rappelle bien celui d’un procès verbal. Avec
l’utilisation de ce temps, Meursault exprime une série d’actions autonome et ponctuelles qui
montre l’absence d’une pensée structurée. Ces marques temporelles font bien apparaître
l’absurdité de son comportement et la vision floue qu’il a du monde.
2. L’espace
Cette histoire racontée dans L’Etranger se déroule en Algérie, une colonie de peuplement
français où l’on rencontre une forte présence des blancs appelés dans le roman « les pieds noirs ».
On peut relever deux grands lieux ; la campagne et la ville.
D’abord la campagne est évoquée par le nom de Marengo où vivait Mme Meursault. C’est
un village ensoleillé qui abrite une église où d’ailleurs s’est déroulée d’ailleurs la cérémonie
funéraire avant son enterrement au cimetière du même village.
Ensuite la ville est symbolisée par Alger, la capital où vit presque la quasi-totalité des
personnages du roman. Notre Meursault y même sa vie professionnelle, mais aussi il profite des
week-ends pour aller à la plage le plus souvent avec sa dulcinée Marie. D’ailleurs c’est le
lendemain même de l’enterrement de sa maman, il n’a pas hésité à aller se baigner à la plage. En
outre le tribunal, est un lieu non négligeable car c’est la bas qu’a eu lieu le procès qui a conduit

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Meursault en prison. Son entrée dans ce dernier lieu marqué par la solitude et le manque de
liberté le poussera a beaucoup réfléchir sur la société et sur l’existence.
Cependant il est important de noter l’absence de descriptions des lieux cités ci-dessus par le
narrateur. Nous pouvons l’interpréter comme étant la confirmation du caractère enfermé de
Meursault en lui-même dont seul compte ce qu’il ressent.

Conclusion
En somme, l’Etranger est une œuvre très riche qui s’interroge sur le sens de notre
existence. A travers cette œuvre grandiose Albert Camus veut montrer que la société punit ceux
qui sont indifférents. Notre héros est un homme très attaché aux valeurs humanistes comme
l’honnêteté, la liberté et la sincérité d’ailleurs c’est sa franchise qui lui a valu d’être condamné : il
refuse de mentir dira Camus.
Contrairement comme le dit cette phrase qui résume selon Camus, L’Etranger : « Tout
homme qui ne pleure pas à l’enterrement de sa mère risque d’être condamné à mort », Meursault
lui voit la mort comme une chose banale. Pour lui donc, la mort n’est rien qu’une épreuve que
tout homme subiras le moment venu et rien ne vaut la peine de se morfondre en larme.

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