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Sujet Mathématiques :

Peut-on utiliser le calcul des probabilités pour juger les


hommes ? Le cas de l’affaire Dreyfus.
Introduction :
 Au fur et à mesure de leur développement, les mathématiques ont
envahi les salles d’audience, avec notamment le développement de la
police scientifique, et y jouent un rôle considérable car, étant des
sciences exactes, elles font argument d’autorité. Mais cet argument peut
être source de vérité absolue comme d’illusion scientifique et d’erreur
judiciaire ; du moins lorsqu'on les applique mal, et à mauvais escient.
 Pour étudier la question de si l’on peut utiliser le calcul des probabilités
pour juger les hommes, je me suis appuyé sur un ouvrage de Leila
Schneps, Les Maths au tribunal, ou elle examine plusieurs cas d'erreurs
judiciaires tout droit issues d'erreurs de calcul, et appuyées sur la
déférence inquiète qu'inspirent aux non-spécialistes les raisonnements
chiffrés.
 J’ai étudié un cas célèbre issu du livre, le cas de l’affaire Dreyfus.
Plan :
1 Contexte de l’affaire Dreyfus :
A) Contexte général B) Bertillon et ses « preuves »
2 Exemple de l’erreur :
A) Explication de Bertillon B) les erreurs de Bertillon
3 Conclusion :
A) Conclusion Dreyfus B) Conclusion générale

Partie 1 :
 A)
Pour vous remettre dans le contexte, il y a au cœur de cette affaire, un
bordereau, une lettre proposant de vendre à l’Allemagne des documents
militaires confidentiels. L’écriture ressemble à celle de Dreyfus qui, en plus, est
né dans un territoire désormais allemand et est juif, c’est-à-dire le coupable
idéal.
Cette affaire donna lieu à 4 grand procès dont 2 de Dreyfus où il fut condamné
à deux reprises :

 B)
Alphonse Bertillon, reconnu aujourd’hui comme l’un des fondateurs de la
police scientifique va intervenir lors de ces deux procès. Mathématicien déjà
très reconnu à l’époque, Bertillon va dès ses premiers mots ne pas laisser de
doute : le document a bien été rédigé par Alfred Dreyfus et mieux, il va affirmer
qu’il cache en réalité un message secret révélant donc des informations bien
plus compromettantes qu’il n’en parait.

Partie 2 :
 A)
Lors du premier procès, Bertillon va soutenir que le bordereau contient un
message construit autour d’une clé par un calcul de probabilité s’avérant être
erroné. Mais n’ayant que cinq minutes, je préfère m’attarder sur le deuxième
procès.
Lors du deuxième procès, Bertillon va arriver avec un nouvel argument
mathématique :
Le bordereau étant un papier quadrillé. Bertillon avait la conviction que le
placement des mots par rapport aux lignes verticales ne pouvait résulter du
hasard. Pour prouver ses dires, il détermina 5 positions possibles des mots par
rapport à une ligne verticale (étant donné la largeur du trait de plume qui avait
été utilisé) (sur la ligne, légèrement à droite, légèrement à gauche, très à droite,
très à gauche)
Il choisit ensuite de porter son attention sur 26 mots (qu’il considère comme un
échantillon bien représentatif de tous les mots du texte). Il les observa à la
loupe et constata que sur les 26 trait de plume du début de chaque mots, 8
semblaient partager une caractéristique spéciale : ils étaient positionnés de
manière identique par rapport aux lignes verticales.
La probabilité qu’un trait de plume soit dans une position donnée étant de 1/5
(car il y a 5 positions possibles), Bertillon conclut que la probabilité de constater
ces coïncidences était donc de (1/5) ^8 = 0,00000256, ce qui correspond à
environ une chance sur quatre cent mille. Il en conclut ainsi que le placement
de tant de premières lettres dans des positions équivalentes était
nécessairement le résultat de l’intention de l’auteur, et cachait sans le moindre
doute un code secret.
Cet argument, expliqué par Bertillon de façon beaucoup plus complexe, suffit à
convaincre les sept jurés qui condamnèrent Dreyfus une nouvelle fois, alors
que cette fois l’opinion publique et même certaine personne du gouvernement
étaient passés du côté des dreyfusards.

 B)
En réalité, le raisonnement de Bertillon était erroné ce qui pour moi, élève de
ayant suivi le programme de spécialité maths en terminale parait évident mais
ne l’a manifestement pas été pour le jury.
Procès numéro deux :
Bertillon n’avait pas vu la loi binomiale présente ce qui a faussé son calcul de
probabilité.
En effet :
Dans ce contexte, la variable aléatoire qui est 8 suit une loi binomiale de
paramètres n=26 et p=1/5 car c’est la répétions de 26 épreuves de Bernoulli,
avec la probabilité de succès « être dans la même position » qui est de 1/5.

Ainsi la probabilité que sur 26 paires de trait de plumes, 8 d’entre elles soit
positionnés sur la même position par rapport à une ligne verticale est alors de

( )( ) ( )
1 8 26−8
1
P ( X=8 )= 26 ∗ ∗ 1− =0 , 07
8 5 5

Soit une probabilité 30 000 fois plus grande que celle calculé par Bertillon qui
avait en fait calculé la probabilité qu’il y est 8 coïncidences sur 8 et non 8 sur 26
Cette erreur colossale rendant suspect tout ce qui suit.

Partie 3/ conclusion :
 A)
Pour conclure, le rôle joué par Bertillon dans l’affaire Dreyfus est un exemple de
la dangerosité de l’argument mathématiques face à des jurés. Bertillon était
simplement antisémite et donc persuadé que Dreyfus était coupable et il a
convaincu à deux reprises les magistrats avec des raisonnements
mathématiques erronés complétement tirée par les cheveux.
 B)
Je pense donc qu’il ne faut pas bannir les probabilités des salles d'audience, ce
que l'importance de l'analyse génétique suffirait à rendre impossible, mais
espérer davantage qu’ils existent des procédures permettant de s'assurer que
les calculs soient corrects et employés à bon escient, et que la prudence soit
de mise face à l'effet d'autorité des mathématiques.

Ouverture/ échelles actuarielles au Canada :


Un exemple plus moderne montrant que l’enjeux du sujet est toujours actuelle
sont les échelles actuarielles qui nous viennent du Canada et qui évaluent le
risque de récidive des condamnés par des calculs de probabilité et qui sont très
critiquées car elles nient le libre-arbitre de l’individu et les enferme dans des
probabilités. Elles prennent en plus en compte, dans le calcul de probabilité,
des variables qui sont assez problématiques (ex : origines).

Préparation aux questions :


 Définitions :

Lois binomiales :
Ex : tirage d’une pièce (pile ou face).
La loi binomiale, de paramètres n et p, est la loi de probabilité d'une variable aléatoire X
égale au nombre de succès rencontrés au cours d'une répétition de n épreuves de Bernoulli,
p étant la probabilité de succès dans chacune d'entre elles.
Épreuve de Bernoulli : une épreuve de Bernoulli de paramètre p (réel compris entre 0 et 1)
est une expérience aléatoire (c'est-à-dire soumise au hasard) comportant deux issues, le
succès ou l'échec. L'exemple typique est le lancer d'une pièce de monnaie possiblement
pipée. On note alors p la probabilité d'obtenir pile (qui correspond disons à un succès) et 1-p
d'obtenir face.
Variable aléatoire : variable dont la valeur est déterminée après la réalisation d’un
phénomène, expérience ou événement, aléatoire.
Leila Schneps ; les maths au tribunal (2021) :
Mettant en lumière les risques d'un usage incontrôlé des mathématiques devant les
tribunaux, les auteures pointent les écueils d’une argumentation purement quantitative, par-
delà même les fautes de raisonnement plus ou moins grossières commises par les experts
(souvent autoproclamés).
Leila Schneps est une mathématicienne américaine, vivant en France. Directrice de recherche CNRS à
l'Institut de mathématiques de Jussieu, elle est spécialisée dans la théorie des nombres. Outre ses
activités de recherches, elle a publié un livre et des articles sur les usages et les abus de
mathématiques dans des affaires criminelles.

Ce que j’ai aimé :


J’ai aimé le souci de la précision dans les récits qui se devait d’être claire, le sens du suspens
et le style d’alerte du livre
Leila Schneps invite à penser mieux et plus librement
Ce que j’ai moins aimé :
Ne développe pas assez les raisonnements mathématiques parfois
Alphonse Bertillon :
né à Paris le 22 avril 1853 et mort à Paris le 13 février 1914, est un criminologue français. Il
est le fondateur, en 1882, du premier laboratoire de police d'identification criminelle et le
créateur de l'anthropométrie judiciaire (la technique qui concerne la mesure des
particularités dimensionnelles d'un être humain) ( père des empreintes ADN et digitales )
appelée « système Bertillon » ou « bertillonnage », un système d'identification rapidement
adopté dans toute l'Europe, puis aux États-Unis, et utilisé en France jusqu'en 1970

Henry Poincaré :
Mathématicien, physicien théoricien et philosophe des sciences français, né le 29 avril 1854
à Nancy et mort le 17 juillet 1912 à Paris.

Poincaré a réalisé des travaux d'importance majeure en optique et en calcul infinitésimal


(calcul différentielle et d’intégrales).
1er procès :

 Bertillon :
Bertillon soupçonnait le bordereau d’avoir été calqué sur une “clé” qui consistait en le mot
“intérêt” répété en continu sans espaces. Il calcula la fréquence des lettres du bordereau qui
correspondaient précisément avec une lettre de la “clé”, et la probabilité attendue pour une
correspondance au hasard. Il trouva deux fois plus de correspondances que prévues
Au lieu de correspondre 7 fois au premier t d’intérêt, on le trouve 15 fois : pour le premier é,
au lieu de 26 correspondances, on en trouve 40, pour le r ; 20 au lieu de 9, pour le deuxième
ê, 39 au lieu de 19, et pour le t final, 10 au lieu de 6....

 Erreur :

En utilisant deux clefs, il doublait les probabilités de la correspondance des lettres avec le
bordereau. Il a oublié de multiplier les probabilités par deux

Autre exemple d’histoire du livre : Histoire d’une tragédie familiale : l’affaire Sally Clark :

 Meadow :

En 1996, puis en 1998, un couple d'avocats londoniens, Steve et Sally Clark, perd deux
nourrissons. Le médecin chargé de l'autopsie après le second décès note une côte cassée
ainsi qu'une hémorragie de la rétine, signe fréquent d'étouffement. Il suspecte des sévices ;
la mère est arrêtée pour meurtre. Lors du procès intervient le très médiatique Roy Meadow,
pédiatre et découvreur du « syndrome de Münchhausen par procuration » (SMPP) :
certaines mères inventent à leur enfant des pathologies - au point parfois de mettre leur vie
en danger - afin d'obtenir l'attention bienveillante du corps médical.

Meadow est à l'époque l'un des experts les plus prisés des cours de justice. Lorsqu'il se
présente devant le tribunal chargé de juger Sally Clark, il est convaincu d'avoir affaire à un
nouveau cas de SMPP, et s'applique à le prouver. « Des études statistiques ont montré que
la probabilité que la mort subite d'un nourrisson survienne dans une famille comme celle des
Clark est d'environ 1 sur 8 543, dit-il à la barre. Ce qui signifie que la probabilité que deux
morts subites surviennent dans la même famille est égale au carré de ce chiffre, soit environ
1 chance sur 73 millions » : tellement faible qu'elle confine à l'impossibilité. Problème : si le
premier chiffre est recevable, puisqu'il repose sur des statistiques rigoureuses, le choix d'en
donner le carré pour évaluer la probabilité d'un second décès naturel procède, lui, d'une
erreur fondamentale.

 Erreur :

La probabilité de plusieurs événements concomitants, rappellent Leila Schneps et Coralie


Colmez, se calcule en multipliant la probabilité de chacun de ces événements... à condition
que ceux-ci soient indépendants. Une femme enceinte a une chance sur deux de donner
naissance à une fille. La probabilité de donner naissance à deux filles lors de deux grossesses
n'est plus que de 1 sur 4. Ce n'est évidemment pas le cas s'il s'agit de jumeaux : les deux
naissances ne sont plus indépendantes, et la probabilité de mettre au monde deux filles
reste de 1 sur 2.

Le chiffre astronomique de 1 sur 73 millions livré au jury dans l'affaire Sally Clark supposait
que deux morts subites du nourrisson dans une même famille fussent deux événements
aléatoires et indépendants l'un de l'autre - idée contestable puisque, sans toujours identifier
les causes du décès, les médecins admettent l'idée de facteurs génétiques ou liés à
l'environnement de la famille. « En plus de la possibilité que les bébés de Sally fussent morts
sans raison, et de la possibilité qu'elle les ait tués, expliquent les auteurs, il y avait une autre
possibilité, de loin la plus probable des trois : qu'ils soient morts d'une cause médicale que
les médecins n'avaient pas réussi à déterminer. Mais personne ne présenta cette possibilité.
»

Sally Clark avait aux yeux des jurés une chance sur 73 millions de ne pas être coupable : elle
fut condamnée à la prison à perpétuité. Durant les mois qui suivirent, son époux s'appliqua à
prouver son innocence. Il y parvint en 2003 – moins en rectifiant l'erreur de calcul de
Meadow (ce qu'il fit) qu'en obtenant de réexaminer le dossier médical de son second enfant.
Les médecins découvrirent que le bébé souffrait d'une très grave infection aux
staphylocoques dorés. Sally fut libérée. Elle ne parvint cependant pas à retrouver une vie
normale, et mourut quatre ans plus tard d'une intoxication à l'alcool.

Echelle actuarielle au Canada :


Les échelles actuarielles qui nous viennent du Canada évaluent le risque de récidive des
condamnés par des calculs de probabilité qui sont très critiquées car elles nient le libre-
arbitre de l’individu et les enferme dans des probabilités. Elles prennent en plus en compte,
dans le calcul de probabilité, des variables qui sont assez problématiques (ex : origines).

 Projet professionnelle/ études envisagées / relation avec le sujet /


apport du sujet :
Le sujet traite d’un bon exemple d’une application mathématiques (chose que j’apprécie).
Scolarisé au lycée Guis ‘Thau à Nantes, j’ai approfondi et pris goût de façon de plus en plus
marquée aux deux spécialités que j’ai choisies qui sont les mathématiques et les sciences
économique et sociales.
S’agissant des mathématiques, si mes parents m’ont toujours dit que j’étais fort en maths, je
ne le ressentais pas du tout. Mais cette année de terminale m’a apporté un véritable déclic.
Grace à des professeurs passionnés et à l’écoute, qui sortaient parfois du programme (option
maths experte), je me suis moi-même passionné pour cette matière En prenant gout à la
résolution de problèmes abstraits, la gymnastique intellectuelle, la découverte de l’infinité de
l’univers mathématiques et également à ces applications plus concrètes que les
mathématiques peuvent avoir et en appréciant également toute la satisfaction personnelle
et confiance en soi qu’apporte cette matière.
Ex : j’ai notamment aimé étudier l’univers complexe, l’application des matrices dans
l’économie et la statistique ou encore l’arithmétique dans les systèmes de codage ; toutes ces
facettes des mathématiques me plaisent beaucoup.
S’agissant des sciences économique et sociale, elles m’ont de plus en plus intéressé à mesure
que j’ai réalisé qu’elles permettent de comprendre la société contemporaine, son
organisation, son fonctionnement, et un certain nombre des enjeux politiques qui animent le
débat public. Pour prendre un exemple désormais très connu, le débat sur la réforme des
retraites qui a tellement animé notre société ces derniers mois a donné l’occasion à de
nombreux économistes de s’exprimer et l’un de ces économistes, Michaël Zemmour (prof
Paris 1) a même fait basculer l’opinion publique en venant faire de la pédagogie sur les
plateaux télés.

Je souhaite poursuivre dans cette voie dès l’année prochaine c’est-à-dire continuer les maths
et découvrir leur multiple application en économie.
J’ai été pris dans un premier lieu à Clemenceau mais est préféré aller à Assas ou matière me
correspondrait mieux et voulait changement
Projet professionnelle peu concret : finance/musique/tourisme, me projette surtout dans
mes études ou je veux allier maths et économie.

 Pratique extrascolaire/ centre d’intérêt :


1. Escalade
2. Trompette
3. Réalisation vidéo
4. Voyage
5. Corvol (CLEJ)

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