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SUPPORT DU COURS DE THEORIES

MACROECONOMIQUES 2

Ce document est un support de cours. Il ne contient que quelques éléments essentiels du cours
et ne saurait donc remplacer le cours magistral et les T.D. Les étudiants doivent par
conséquent être présents à toutes les différentes séances de cours.

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01BP 12159 Abidjan 01, Tél. 22 42 22 65/ 22 42 27 24 / 22 52 55 67 /07 23 18 62 / 05 23 52 35
Année universitaire : 2022-2023….
SYLLABUS DU COURS IUA
INTITULE DU COURS : THEORIES MACROECONOMIQUES 2..........................
Code : ………….
Type : CM et TD
Volume horaire : 40 H
UE de rattachement : UE 6 MACROECONOMIE………………………………………
Niveau du cours : LICENCE 2……………………………………………………………
Semestre : 2………………………………………………………..............................
Nombre de crédit : 4 crs
Nom de l’enseignant : Dr NGUETTA GISELE……………………………………...

Les objectifs
Ce cours a pour objectif d’initier les étudiants à la théorie macroéconomique moderne et de
fournir certains outils, modèles et techniques, qui leur permettront de mieux comprendre le
contexte macroéconomique contemporain et de poursuivre des études avancées en
macroéconomie.

Les objectifs spécifiques


Il s’agit à l’aide d’un modèle théorique de comprendre le marché du travail et ses relations
avec la production et la politique monétaire. Il s’agit en outre de faire une introduction à
l’économie ouverte.
Les principaux thèmes abordés dans ce cours sont donc le marché du travail, l’offre et la
demande globale, la courbe de Phillips, l’inflation et le modèle IS-LM en économie ouverte.

Les pré-requis
Une bonne connaissance des cours de macroéconomie 1 serait un atout pour comprendre ce
cours.

Le contenu
Introduction générale : Définition et objet d’étude de la macroéconomie, importance de
l’utilisation des modèles en économie.
1ère partie : Analyse en économie fermée
Chapitre 1 : Le marché du travail et la détermination des salaires et du niveau des prix
Chapitre 2 : Le modèle Offre Globale-Demande Globale
Chapitre 3 : La courbe de Phillips
2ème partie : Introduction à l’économie ouverte
Chapitre 4 : Les concepts de base d’une économie ouverte
Chapitre 5 : Politique économique en économie ouverte

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Programme du cours
N° de
Contenu Lectures/travaux
Séance
Séance 1
Introduction générale, rappel consommation Mankiw (2010)

Séance 2 Chap 1 : Le marché du travail


Blanchard et Cohen, chapitre
Séance 3 Chap 2 : Construction des courbes OG-DG
5, p 83 ; Mankiw chap 6 p 219
Chap 2 : (suite) : déplacement des courbes Blanchard et Cohen, chapitre
Séance 4
OG-DG 5, p 83 ; Mankiw chap 6 p 219
Chap 2 (suite) : Analyse de politique Blanchard et Cohen, chapitre
Séance 5
économiques avec les courbes OG-DG 8, p 157.
Chap 2 (suite et fin) Analyse de politique , Blanchard et Cohen, chapitre
Séance 6
économiques avec les courbes OG-DG 8, p 157.
, Blanchard et Cohen, chapitre
Séance 7 Chap 3 : La courbe de Phillips
8, p 157.
Chap 3 (suite et fin) : Loi d’Okun, croissance
Séance 8
de la masse monétaire à court terme
Chap 3 (suite et fin) Arbitrage entre inflation
Séance 9 et chômage à long terme, ratio de sacrifice,
courbe de phillips et anticipations rationnelles
Chap 4 : Introduction à l’économie ouverte :
Séance 10
les concepts de base d’une économie ouverte
Chap 4 : Introduction à l’économie ouverte
Blanchard et Cohen, chapitre
Séance 11 (suite) les concepts de base d’une économie
9, p 185 et chap 10, p207.
ouverte
Chap 6 : Analyse de politique économique Blanchard et Cohen, chapitre
Séance 12
dans une économie ouverte 9, p 185 et chap 10, p207.
Blanchard et Cohen, chapitre
Séance 13 Chap 6 : (suite et fin)
9, p 185 et chap 10, p207.
Séance 14 TD 1 Chap 1, 2 et 3

Séance 15 TD 1 Chap 1, 2 et 3 (suite et fin)

Séance 16 TD 2, Chap 4 et 5

Séance 17 TD 2, Chap 4 et 5 suite et fin)

Séance 18 TD 3 Chap 6 et 7

Séance 19 Devoir 1

Séance 20 Devoir 2

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Méthodes et stratégies pédagogiques
Pour atteindre nos objectifs, les étudiants auront droit à des séances de cours magistraux et
de travaux dirigés. Ces derniers étant nécessaires pour la bonne compréhension du cours, il
appartient dès lors aux étudiants de traiter les exercices au préalable avant les corrections.

Langue d’enseignement : Français

Modalités d’évaluation

Evaluation continue : 40%


Participation 10%
Interrogations 15%
Devoirs sur table 20%
Travaux à rendre 15%

Examen final en fin de semestre 60%


1ère session : à la fin du cours
Session de rattrapage (2ème session) : En Juillet

Les références bibliographiques

Blanchard, O. et D. Cohen (2004), « Macroéconomie », 3ème édition, Pearson Education1.


Abraham Frois (1989), « Dynamique Economiques », Dalloz, 6è édition.
Gregory Mankiw (2010), « Macroéconomie », 5ème édition, Nouveaux horizons.
Kempf, H. (2006), « Macroéconomie », 2ème édition, Dalloz.
Kempf, Hubbert. (1995), « Macroéconomie », 1ère édition, Dalloz.
Barro, R.J. (1997), “Macroeconomics”, Fifth edition, MIT Press.
Krugman, P. et R. Wells (2011), “Macroeconomie”, De Boeck.

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Document de base du cours.

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L’économiste doit être « mathématicien, historien, homme d’Etat, philosophe, dans une
certaine mesure…au-dessus de la mêlée et aussi incorruptible qu’un artiste et pourtant aussi
proche de la réalité qu’un homme politique.
John Maynard Keynes.

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A. Qu'est-ce que la macroéconomie ?
La macroéconomie est le domaine de l’économie qui explique le fonctionnement global ou
d’ensemble de l'économie. L’histoire de la macroeconomie moderne commence en 1936 avec
la publication de la théorie générale de Keynes.

Questions d’ordre microéconomique et macroeconomique

Questions microeconomiques Questions macroeconomiques


Devrais- je aller à l’université ou prendre un Combien de personnes sont employées dans
emploi dès maintenant ? l’économie dans son ensemble cette année ?
Comment est déterminé le salaire offert par Comment est déterminé le niveau global des
telle banque à tel individu diplômé de telle salaires payés aux travailleurs une année
université ? donnée ?
Qu’est ce qui détermine le coût de l’offre Comment est déterminé le niveau général des
d’un nouveau cours pour une université ? prix dans l’économie dans son ensemble ?
Quelles mesures devraient être adoptées par Quelles mesures devraient être adoptées par
l’Etat pour faciliter l’accès aux universités l’Etat pour promouvoir l’emploi et la
des étudiants à revenus faibles ? croissance dans l’économie dans son
ensemble ?
Qu’est ce qui détermine le fait qu’une banque Qu’est ce qui détermine les échanges de
ouvre une succursale à l’étranger ? biens, de services et de titres financiers entre
un pays et le reste du monde ?
Source : Krugman et Wells (2011).

B. Pourquoi étudier la macroéconomie ?


L’importance des phénomènes économiques dans la vie de chacun et dans l’évolution des
sociétés humaines n’est niée par personne. En ce qui concerne la macroéconomie, il suffit
d’ouvrir son journal pour voir des grands titres tels que : la BC prend des mesures contre
l’inflation ou encore baisse des cours boursiers dans la crainte d’une recession.
Ces évènements macroéconomiques apparemment abstraits affectent la vie de tous les
citoyens : les chefs d’entreprise pour prévoir la demande de leur produit doivent anticiper la
hausse des revenus des consommateurs. Les personnes âgées vivant avec un revenu fixe se
demandent à quelle vitesse les prix augmentent. Les nouveaux diplômés à la recherche d’un
emploi espèrent un rebond de l’économie qui incitera les entreprises à embaucher à nouveau.
Certains phénomènes économiques sont perceptibles sur une période relativement courte de
l’ordre de quelques trimestres ; ils sont redevables d’une analyse de court terme. Par exemple
l’activité économique connaît des alternances de phases d’expansion et de recession. La
succession de ces phases constitue le cycle économique. Il est important de comprendre à quoi

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sont dues ces phases alternées de forte puis de faible activité qui semblent toucher l’ensemble
des agents.
D’autres phénomènes se font sentir sur une période plus longue, plusieurs années, voire
plusieurs décennies. Ce sont des analyses de long terme. Par exemple le fait que la richesse
collective et individuelle à la disposition des membres d’une société s’accroisse au cours du
temps. La croissance économique est ainsi un thème de recherche important pour les
macroéconomistes.
Les agents d’une économie, utilisant la monnaie en vigueur dans cette économie font du
commerce avec des agents étrangers appartenant à une autre économie et utilisant une autre
monnaie. Il leur faut pouvoir convertir les diffétentes monnaies. Les questions de
déterminantion de cette conversion, c'est-à-dire la parité des monnaies, les modalités de
l’ajustement des parités aux conditions économiques internationales et leurs conséquences sont
du ressort de la macroéconomie. De même l’étude des conséquences pour une économie
ouverte, c'est-à-dire ayant des relations économiques avec le reste du monde de ces échanges
extérieurs constitue le domaine de reflexion de la macroeconomie ouverte.
Comme tous sont affectés par les conditions économiques, les problèmes macroéconomiques
jouent un rôle essentiel dans le débat politique. L’électorat prend en compte la situation
économique d’ensemble lorsqu’il est appelé à choisir ses dirigeants. C’est pourquoi la
popularité de tout Président croît pendant les périodes d’expansion et se réduit pendant les
récessions. Ainsi les fluctuations de l’activité économique, influencées par des mesures de
politique économique dépendent en partie des échéances électorales. Les macroéconomistes
parlent alors de cycle politico-économique. La macroéconomie contribue à mieux comprendre
la compétition électorale.

Les questions principales abordées par cette discipline tournent autour du niveau de production,
du chômage, de l’inflation ou enfin des équilibres extérieurs.
A cette fin, elle réunit des données sur les revenus, les prix, l'emploi et de nombreuses autres
variables économiques à des époques et en des lieux différents. Sur la base de ces observations,
elle formule et élabore des théories permettant d'expliquer les données rassemblées. Son objet
n'est pas seulement de mieux comprendre les événements économiques ; Il s'agit également de
guider et d'améliorer les politiques économiques. Les macroéconomistes aident les décideurs
politiques à évaluer les effets prévisibles des différentes politiques possibles. Et pour tenter de
comprendre ces phénomènes, les économistes se donnent une représentation simplifiée de la
réalité en recourant à la modélisation.
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C. La notion de modèle économique
Les économistes utilisent des modèles pour comprendre l'économie. Les modèles sont des
théories qui posent des relations entre des variables économiques et en tirent des enseignements
sur le fonctionnement de l’économie. Ce sont des représentations simplifiées de la réalité. La
simplification permet de comprendre un aspect précis du monde réel qui serait trop complexe
à étudier dans le détail et dans son ensemble. Elle est le prix à payer pour construire un modèle
compréhensible et exploitable.
Mais cette tâche est loin d’être aisée, la représentation pertinente de la réalité n’est pas une
évidence. Et la même réalité peut être représentée de plusieurs manières selon l’objectif visé
par l’étude et surtout selon les hypothèses émises sur le système économique et sur son
fonctionnement. Les hypothèses sont fondamentales parce qu’elles fixent le cadre général de
l’analyse, et les fondements des comportements des variables. En Sciences Economiques, la
multiplicité des écoles de pensée s’explique en grande partie par la multiplicité des hypothèses
émises sur le fonctionnement de la sphère économique de la société.
Il existe deux types de variables dans un modèle : les variables exogènes (dont l'origine est
extérieure au modèle) et les variables endogènes (dont les valeurs prises par ces variables sont
déterminées par le modèle).

Dans ce cours, nous allons analyser des modèles macroéconomiques.


Qu’est-ce qu’un ”bon modèle” macroéconomique ?
Parvenir à écrire un bon modèle n’est pas facile et si on y parvient, un ”bon modèle” est celui
qui a les cinq caractéristiques suivantes :
(1) les hypothèses et les simplifications effectuées doivent être raisonnables ;
(2) il respecte des règles de logique interne ;
(3) il peut être utilisé pour étudier des problèmes réels ;
(4) on peut comparer ses prévisions aux faits réels observés ;
(5) lorsque l’on compare les implications du modèle aux faits on n’observe pas de contradiction
majeure.

Exemples de modèles :
Le modèle IS/LM, le modèle offre globale/ demande globale

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CHAPITRE 1 : LE MARCHE DU TRAVAIL ET LA DETERMINATION DES
SALAIRES ET DU NIVEAU DES PRIX

Introduction
Le chômage ou encore l’inactivité d’un individu capable de travailler et désireux de le faire est
probablement la question économique la plus importante pour nos sociétés. C’est en effet par
le travail salarié que la grande majorité des ménages gagne les revenus nécessaires à la
satisfaction de ses besoins.
Les macroéconomistes ont la lourde responsabilité de comprendre le chômage et de proposer
des solutions pour minimiser les coûts individuels et collectifs qu’il engendre.
L’une des raisons du chômage est que la rencontre entre travailleurs et emplois demande du
temps et des efforts, ce qui réduit le taux d’embauche. On appelle chômage frictionnel la
fraction du chômage total expliquée par le temps nécessaire à la recherche d’un emploi.
Une deuxième cause du chômage porte sur la rigidité des salaires. En effet, les salaires ne
s’ajustent pas en vue d’équilibrer l’offre et la demande de travail. Parfois le salaire réel est
bloqué à un niveau supérieur à celui de l’équilibre.
On appelle chômage structurel le chômage résultant de la rigidité des salaires et du
rationnement des emplois : au salaire en vigueur, l’offre de travail excède la demande.
La population active (H) est composée des personnes qui travaillent ou sont employées (L) et
des personnes qui cherchent du travail ou chômeurs (U). On a donc : H = L + U
Le taux de chômage, u, est défini comme la part du nombre de chômeurs dans la population
active. Soit u = U/H.

RAPPEL : LE MODELE NEOCLASSIQUE DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE DE


TRAVAIL

Section 1 : Les raisons de la rigidité des salaires


A. Les législations sur le travail minimum
Les lois sur le salaire minimum obligent les entreprises à payer à leurs travailleurs un salaire
minimum. La plupart des travailleurs gagnent davantage que ce plancher. Cependant cette
obligation légale permet aux travailleurs les moins qualifiés et les moins expérimentés de
gagner un salaire supérieur à leur productivité marginale. La conséquence est une réduction de
la demande des entreprises pour ce type de travailleurs.
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B. Les syndicats de travailleurs et la négociation collective
Il s’agit ici du pouvoir de négociation des syndicats et des travailleurs. En présence
d’organisations représentatives des travailleurs et des employeurs, ce sont les négociations
collectives entre les unes et les autres qui déterminent les salaires. Ce qui entraine un salaire
supérieur au niveau d’équilibre et une quantité de travailleurs à employer faible alors que le
chômage structurel augmente.
Le chômage résultant de la présence d’organisations syndicales et de la menace de
syndicalisation est source de conflits entre deux groupes de travailleurs, les insiders
(travailleurs occupés dans l’entreprise) et les outsiders (travailleurs souhaitant être employés
par l’entreprise). Les premiers s’efforçant de maintenir élevés les salaires payés par leur
entreprise tandis que les seconds pourraient entrer dans l’entreprise à un salaire inférieur. Les
intérêts des uns et des autres sont donc divergents.

C. Les théories du salaire d’efficience


Selon ces théories, des salaires élevés rendent les travailleurs plus productifs. C’est pourquoi
les entreprises renoncent à réduire les salaires en présence d’une offre excédentaire de travail :
cette réduction diminuerait certes leur masse salariale, mais elle pèserait également
négativement sur la productivité des travailleurs et donc sur les profits des entreprises.
Il existe diverses théories explicatives de la manière dont les salaires affectent la productivité
des travailleurs :
Dans les pays plus pauvres, un meilleur salaire permet aux travailleurs de mieux se nourrir et
donc d’être plus productifs. Une entreprise peut alors décider de verser un salaire au-dessus du
niveau d’équilibre afin de maintenir une main d’œuvre saine.
Une seconde théorie postule que des salaires élevés réduisent la rotation des travailleurs. Plus
le salaire est élevé et plus le travailleur est incité à conserver son emploi. L’entreprise qui paie
un salaire élevé réduit la fréquence des départs volontaires et donc le temps et l’argent que lui
coûtent le recrutement et la formation de nouveaux travailleurs.
Pour une 3ème théorie, la qualité moyenne de la main d’œuvre d’une entreprise est fonction du
niveau de rémunération que celle-ci octroie à ses travailleurs. Si l’entreprise réduit ses salaires,
les meilleurs travailleurs seront incités à rechercher un emploi ailleurs, ne laissant dans
l’entreprise que les travailleurs les moins efficaces et donc les moins susceptibles de trouver
un emploi ailleurs.
Une 4ème théorie enfin affirme que des salaires élevés accroissent la motivation des travailleurs
au travail. Plus son salaire est élevé, plus il en coûte au travailleur d’être licencié. En payant
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donc des salaires élevés, l’entreprise incite un plus grand nombre de ses travailleurs à travailler
sérieusement et accroît donc leur productivité.

Section 2 : La détermination des salaires et des prix : le modèle WS- PS


Ce modèle vise à représenter le fonctionnement du marché du travail en tenant compte du
caractère négocié du salaire. Il faudra attendre 1991 pour que Layard, Nickell et Jackman
proposent le modèle complet. Le modèle WS-PS signifie Wage Schedule ou Setting – Price
Schedule ou Setting.
On va étudier l’équilibre sur le marché du travail avec l’idée que les salaires sont négociés par
les partenaires sociaux et que les décisions d’embauche restent à la discrétion des entreprises.

A. L’équation de fixation des salaires par les employés


1. Les facteurs de la détermination
Il existe plusieurs manières de déterminer les salaires sur le marché du travail.
Les salaires sont fixés généralement par :
- Des négociations collectives c'est-à-dire entre les entreprises et les syndicats de
travailleurs, ou individuelles entre employeur et employé.
- L’employeur.

a. Les négociations et le pouvoir de négociation


Le pouvoir de négociation des travailleurs dans une économie dépend de deux facteurs :
-Les difficultés à remplacer le travailleur s'il quittait son emploi : Ce facteur lui-même dépend
de la nature qualifiée ou non de son emploi. En effet plus l'emploi demande de la qualification,
plus il est difficile de remplacer le travailleur ; ce qui accroît donc son pouvoir de négociation
dont il peut se servir pour demander un salaire élevé.
-La facilité avec laquelle le travailleur va trouver un nouvel emploi : Ce facteur dépend lui-
même des conditions du marché du travail : quand le taux de chômage sur le marché est bas
les entreprises ont plus de mal à trouver de bons remplaçants, et les travailleurs ont plus de
facilité à trouver un nouvel emploi. Dans ce cas leur pouvoir de négociation est élevé et leur
permet d'obtenir des salaires plus élevés.

b. L’influence du salaire d’efficience


Ces théories lient la productivité ou l'efficience des travailleurs à leur salaire. D'une part, la
plupart des entreprises veulent que leurs employés se sentent bien dans leur emploi car se sentir
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bien aide à bien travailler et à être plus productif. Fixer donc des salaires élevés est un
instrument que la firme peut utiliser pour atteindre son objectif. D'autre part le chômage peut
influencer le niveau des salaires. Car un faible chômage encourage les travailleurs à
démissionner dans la mesure où ils retrouvent facilement un nouvel emploi. Ainsi, en situation
de faible chômage une entreprise qui veut maintenir ses employés doit payer des salaires élevés.

2. Relation entre salaire et chômage


La relation liant le chômage au salaire est résumée dans l'équation suivante :
W = P a F(u, z ) (1)
− +

Cette équation indique que le salaire nominal agrégé, W, dépend :


-Du niveau des prix anticipés P a : Le prix influence le salaire parce que les entreprises et
travailleurs s'intéressent au salaire réel (pouvoir d'achat) plutôt qu'au salaire nominal. On retient
le niveau anticipé des prix parce que les salaires sont fixés en terme nominal sur une certaine
période sur laquelle le niveau des prix ou son évolution n'est pas connu des entreprises et des
travailleurs qui sont obligés de l'anticiper.

-Le taux de chômage, u : une hausse du taux de chômage en affaiblissant le pouvoir de


négociation des salariés, entraine une baisse du niveau des salaires. On peut aussi expliquer la
relation négative entre W et u par la théorie du salaire d’efficience : plus le taux de chômage
est élevé, plus les salariés ont intérêt à être productifs sans que le salaire ait besoin d’être élevé.

-Les autres facteurs, z : z comprend tous les facteurs qui affectent la détermination des salaires
pour un niveau de prix anticipé et un taux de chômage donnés.
C’est tous les facteurs qui augmentent le salaire de réservation des travailleurs. Par exemple,
l'assurance chômage qui protège les travailleurs de la perte totale de revenu liée à l'entrée au
chômage ; les changements de la législation du salaire minimum, une modification des règles
de licenciement. Une hausse de z induit une hausse des salaires.

B. L’équation de détermination des prix par les entreprises


C’est le comportement des entreprises qui va déterminer le salaire réel d’équilibre et le taux de
chômage d’équilibre. Chaque entreprise dispose d’un pouvoir de monopole plus ou moins
important qui lui permet de fixer un prix supérieur au coût marginal de production.
Le prix fixé par une entreprise dépend normalement du coût qu'elle supporte et ce coût dépend
lui-même de la forme de la fonction de production.

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Supposons pour simplifier que les entreprises utilisent seulement le travail L, comme facteur
de production. Supposons aussi que la productivité du travail est égale à 1 (PmL=PML=1). La
fonction de production prend donc la forme :

Y = F(L) = L (2)
Selon cette fonction, produire une unité supplémentaire de bien a pour coût, l'embauche d'un
travailleur supplémentaire, au salaire W : le coût marginal est donc égal au salaire nominal :
Cm=W.
En supposant que le marché des biens et service décrit ici n’est pas en CPP, les entreprises vont
donc fixer un prix, P, supérieur au coût marginal Cm, selon la règle suivante :
P = (1 + μ)W (3)
μ >0 : il représente la marge du prix par rapport au coût marginal.

Section 3 : Taux de chômage structurel et relation WS/PS


A. Relation WS
Supposons que W est une fonction du niveau des prix courant P, plutôt que du niveau des prix
anticipés, P a = P. L'équation (1) peut se réécrire comme :
W = PF(u, z )
− +

En divisant cette nouvelle expression membre à membre par P on obtient l'équation


W
= F(u, z ) (4)
P − +

Selon (4) la détermination des salaires entraine une relation inverse entre le salaire réel, W/P,
et le taux de chômage : Plus u est élevé, plus le salaire réel choisi lors des négociations
salariales est bas.
Cette relation inverse entre W/P et u est appelé relation WS (Wage-Setting). Graphiquement
W/P est sur l'axe des ordonnées et u sur l'axe des abscisses.

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La courbe WS est donc une courbe d’offre de travail dans le plan salaire réel – chômage.

B. Relation PS
Reprenons la relation (3), en la divisant membre à membre par le salaire on a :

P
= (1 + 𝜇)
W
En l'inversant membre à membre on obtient la relation :
W 1
= (5)
P (1 + 𝜇)
Selon (5) la détermination des prix par les entreprises détermine le salaire réel, W/P qu’elles
paient. On parle alors de salaire réel induit par la détermination des prix. Une hausse de μ
amène les entreprises à augmenter P, ce qui entraine une baisse de W/P. La relation (5), relation
entre μ et W/P est appelée relation PS (Price-Setting). Graphiquement W/P est en ordonnées.

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La courbe PS est donc une courbe de demande de travail dans le plan salaire réel – chômage.

C. L'équilibre sur le marché du travail et chômage d'équilibre


L'équilibre du marché du travail est établi lorsque le salaire déterminé par les négociations
salariales est égal au salaire induit par la détermination des prix. Cet équilibre conduit à la
formation d'un taux de chômage d'équilibre un ou taux de chômage structurel ou taux de
chômage naturel.

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En combinant on peut écrire algébriquement :
1
F(u, z ) = (6)
− + (1 + 𝜇)

Selon cette relation (6), un dépend de la position de WS et PS, laquelle dépend à la fois de z et
μ.
Dans la mesure où un certain chômage frictionnel est inévitable et du fait que de nombreuses
économies souffrent également du chômage structurel, un certain niveau de chômage est
normal, ou « naturel ». Le chômage courant fluctue autour de ce niveau normal.

Déplacement de l’équilibre
Une hausse par exemple de l'allocation chômage peut s'interpréter comme une hausse de z :
elle augmente le salaire fixé par négociation, pour un taux de chômage donné. La courbe WS
se déplace donc vers le haut et le taux de chômage structurel augmente.

16
17
Un relâchement du droit de la concurrence en augmentant le pouvoir de marché des entreprises
entraîne une augmentation de μ : cette augmentation de μ entraîne à son tour une baisse de W/P
payé par les entreprises. La courbe PS se déplace vers le bas et le taux de chômage structurel
augmente.

D. L’équilibre sur le marché du travail : Du chômage naturel à la production


naturelle
Il s’agit de trouver une relation entre le taux de chômage naturel et le niveau de production.
On sait que Y = L
Or L = H – U ce qui donne Y = H – U
De u=U/H on a U = uH et donc Y = H – uH = H (1-u)
En partant de l’équilibre sur le marché du travail, on peut donc associer au taux de chômage
structurel un le niveau de production d'équilibre ou naturel Yn.
Yn = H(1 − un )
De cette dernière relation on peut tirer le taux chômage naturel tel que :
Yn
un = 1 −
H
En remplaçant cette expression de Un, dans la relation (6) on obtient finalement :
Yn 1
F (1 − , z) = (6)
H (1 + μ)
Yn W
Yn est tel que à un = 1 − , le choisi lors des négociations égalise celui induit par la
H P

détermination des prix des entreprises.

POINTS IMPORTANTS A RETENIR


Le traitement néoclassique du marché du travail (offre / demande) apparaît souvent insuffisant
dans la mesure où, sous hypothèse de concurrence parfaite, on considère toujours des équilibres
de plein-emploi, excluant de fait le phénomène pourtant largement constaté de chômage
involontaire. C’est pourquoi il est intéressant d’avoir une approche institutionnelle de ce
marché, en situation de concurrence imparfaite entre les entreprises, à travers le modèle WS-
PS qui étudie les rapports de force entre les agents en présence.
Si le niveau anticipé des prix est égal au niveau courant, alors la détermination des salaires
implique que le salaire réel soit une fonction décroissante du taux de chômage. Le salaire réel
induit par la détermination des prix est, quant à lui, constant. L’équilibre sur le marché du
travail requiert que le salaire réel issu de la négociation soit égal au salaire réel induit par la

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fixation des prix. Sous l’hypothèse que le niveau anticipé des prix est égal au niveau courant
des prix, l’équilibre sur le marché du travail détermine le taux de chômage appelé « taux de
chômage structurel ».
Nous avons déterminé le taux de chômage structurel et les niveaux structurels associés de
l’emploi et de la production. Pour cela, nous avons supposé qu’il y avait équilibre sur le marché
du travail et que le niveau réalisé des prix était égal au niveau anticipé.
Il n’y a pas de raison pour que cette hypothèse soit vraie à court terme. Il n’y a donc pas de
raison pour que le chômage soit à son taux structurel. À court terme, nous verrons que les
politiques budgétaires et monétaires déterminent les mouvements de la production.

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EXERCICES
Exercice 1
Développez les points suivants :
a) Pouvoir de négociation
b) Détermination des salaires
c) Salaire de réservation
d) Salaire d’efficience

Exercice 2
Supposons que la marge des entreprises soit de 5% de leurs coûts et que la détermination des
salaires soit donnée par l'équation :
W = P(1 − u ) où u est le taux de chômage.
1) Quel est le salaire réel déterminé par la relation PS (fixation des prix) ?
2) Quel est le taux de chômage structurel ?
3) Supposons que la marge des entreprises passe à 10%. Que devient le taux de chômage
structurel ? Quelle est la logique sous-jacente ? (Expliquer les variations du taux de chômage
résultant des variations de la marge des entreprises).

CORRECTION
Exercice 1
a) Pouvoir de négociation : illustre le rapport de force entre employeurs et employés. Le
taux de marge entre le salaire négocié et le salaire de réservation est une fonction
positive du pouvoir de négociation des travailleurs, qui est lui-même une fonction
négative du taux de chômage.
En effet, quand le taux de chômage est faible, la recherche d’un candidat remplaçant l’employé
est plus coûteuse pour l’entreprise, ce qui donne une plus grande liberté de négociation au
travailleur.

b) Détermination des salaires : Alors que dans un traitement néoclassique, aucun agent n’a
suffisamment de poids pour influencer la détermination des prix sur les marchés, on
parle ici de détermination des salaires par négociations collectives (accord entre
organisations patronales et syndicats donnant lieu à la signature d’une convention
collective pouvant s’appliquer à toute une entreprise, tout un secteur d’activité, toute

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une région voire tout un pays), négociations bilatérales (accord entre un employeur et
un employé sur les termes du contrat de travail) ou directement par l’employeur (via la
fixation d’un salaire dit “à prendre ou à laisser“).

c) Deux notions de salaire importantes : le salaire de réservation pour lequel un employé


est indifférent entre garder son emploi actuel et démissionner pour en chercher un autre
mieux rémunéré.

d) Le salaire d’efficience, plus élevé que le salaire de réservation et accordé par les
employeurs afin de les motiver mais aussi pour être sûr de les garder (ce qui est un
choix judicieux car les employés gagnent généralement en productivité avec
l’expérience).

Exercice 2
1)

2)

3)

La logique sous-jacente est qu’une diminution de la concurrence implique une augmentation


des marges des entreprises. Il en résulte des prix plus élevés et donc des salaires réels plus
faibles. L’offre de travail pour un salaire réel plus faible étant plus faible, on assiste
parallèlement à une augmentation du chômage.

21
CHAPITRE 2 : LE MODELE OFFRE GLOBALE-DEMANDE
GLOBALE

Introduction

Toutes les économies sont sujettes à des fluctuations de l’emploi, du chômage, de la production
industrielle, du PIB. Il existe des récessions accompagnées d’accroissement du chômage, des
booms accompagnés de diminution du chômage, etc…
D’où proviennent ces fluctuations ? Que peut faire le gouvernement pour stabiliser l’économie
et supporter l’emploi ?
Ces questions ont été posées dans les années 30 durant la grande récession. La théorie classique
promettait un ajustement du marché du travail qui préserverait le plein-emploi, pourtant cela
n’a pas pu résoudre le problème.
La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie de Keynes a contribué à répondre
à cette question : c’est le point de départ de la macroéconomie moderne.

Le modèle IS/LM, proposé par John Hicks en 1937 a été perçu comme une façon pratique de
résumer la Théorie Générale de Keynes parue en 1936. Dans les années soixante, Mundell et
Fleming l’étendent pour tenir compte de l’ouverture croissante des économies.
Mais ce modèle, qui n’accorde qu’une maigre place aux comportements des entreprises et à
l’offre de biens n’est pas un outil d’analyse suffisant pour rendre compte par exemple de ce qui
se passe au moment de la brutale hausse des prix du pétrole en 1973.
Ce modèle a alors été complété par la suite pour intégrer des phénomènes liés à l’offre. Le
résultat en est le modèle ” Offre Globale / Demande Globale ” qui est présenté dans ce chapitre
et le suivant.

Avec le modèle IS/LM, les prix et les salaires nominaux sont rigides. Il s’agissait d’une analyse
de très court terme dans le cadre du modèle keynésien.
Nous nous plaçons dans ce chapitre dans un horizon de court terme dans le cadre du modèle
Offre Globale / Demande Globale : les prix vont jouer le rôle que leur assigne la théorie
néoclassique, ils vont équilibrer le marché des biens. En revanche, l’hypothèse de rigidité des
salaires nominaux est conservée. L’existence de négociations salariales pour une période
donnée justifie cette hypothèse. Le salaire réel ne s’ajustant pas pour équilibrer le marché du
travail, l’économie sera donc en situation de chômage.

22
A un horizon de moyen terme, la rigidité des salaires est abandonnée puisque, pour des horizons
de quelques années, les négociations salariales auront modifié le salaire nominal. Dans le cas
de prix et de salaires flexibles, nous nous plaçons dans le modèle néoclassique.
Le modèle Offre Globale / Demande Globale constitue une représentation intermédiaire de
l’économie entre l’analyse keynésienne de très court terme et la théorie néoclassique de long
terme. C’est le modèle dit “de la synthèse néoclassique” ou “du keynésianisme de la synthèse”.
Les prix, dans ce modèle, s’ajustent de manière endogène pour égaliser l’offre à la demande de
bien. Il est désormais possible d’étudier l’effet des politiques économiques sur la variation des
prix, donc sur l’inflation.

Section 1 : La construction des courbes OG et DG


Le modèle comprend 3 marchés (le marché des biens et services, le marché de la monnaie et le
marché du travail), 3 types d’agents (les ménages, les entreprises et l’Etat) et décrit les
interactions entre ces marchés.

Hypothèses du modèle
- Les prix sont désormais supposés flexibles. La flexibilité de P va lui permettre de s’ajuster
pour équilibrer l’offre et la demande de biens. On a un équilibre sur le marché des biens : On
trouve alors un prix d’équilibre P et un revenu d’équilibre Y.
- Les salaires nominaux sont supposés rigides.
On suppose que le marché du travail demeure en déséquilibre : l’offre de travail est supérieure
à la demande de travail. L’ajustement sur ce marché se fait par les quantités : il y a chômage.
Le chômage, dans ce chapitre, n’est ni keynésien, ni classique.
Rappelons que la distinction entre chômage keynésien et classique s’opère dans une analyse de
court terme (à W et P rigides, le chômage est keynésien). Or dans ce chapitre, nous effectuons
une analyse de moyen terme (avec W rigide mais P flexible).

A. L’offre globale
Définition 1 : L’offre agrégée est la production que l’ensemble des entreprises et des
entrepreneurs individuels mettent sur le marché pendant une période donnée pour un niveau de
prix donné.
Définition 2 : L’équation d’offre globale exprime la relation entre la production agrégée (ou
offre agrégée) et le niveau général des prix.

23
Pour prendre leurs décisions de production concernant les mois à venir, les entreprises
considèrent le stock de capital (la quantité de machines) dont elles disposent comme une
donnée. La principale variable d’ajustement pour l’entreprise est la quantité de travail qu’elle
utilise. Sous ces hypothèses, l’offre agrégée provient donc de l’équilibre sur le marché du
travail.

1. La relation d’offre globale


On sait depuis le chapitre précédent que les salaires et le niveau des prix sont déterminés à
partir des équations suivantes :
W = P a F(u, z )
− +
P = (1 + μ)W

La première équation indique que le salaire nominal (W) dépend du niveau anticipé des prix
(Pa), du taux de chômage (u) et de l'agrégat z composé de tous les autres facteurs qui influencent
la détermination des salaires (allocation chômage, négociations collectives...). La deuxième
équation montre que le niveau courant des prix (P) est fonction du salaire (W) et de la marge
(μ).
En remplaçant W par son expression dans la deuxième équation on obtient une nouvelle
relation :
P = P a (1 + μ)F(u, z)

Cette relation montre que le niveau courant des prix est une fonction du niveau anticipé des
prix et du taux de chômage.
𝑌
On sait que : u = 1 − et on obtient la relation d'offre globale :
H

Y
P = P a (1 + μ)F (1 − , z)
H

L'offre globale met en relation le niveau courant des prix, le niveau anticipé des prix et la
production.
On remarque que :
- Une hausse du niveau des prix anticipé entraîne une hausse équivalente du niveau
des prix courants. Cet effet passe par le canal des salaires : si ceux qui fixent les salaires
anticipent des prix plus élevés, ils fixent un salaire plus élevé. Cela augmente les coûts
de production des entreprises et les conduit par conséquent à augmenter leurs prix.
- Une hausse de la production entraine une hausse du niveau des prix. C’est le résultat

24
de 4 phénomènes :
i) Une hausse de la production entraine une hausse de l’emploi (car Y = L) ;
ii) Une hausse de l’emploi entraine une baisse du chômage et donc du taux de
chômage ;
iii) La baisse du taux de chômage créé une pression à la hausse sur les salaires qui
augmentent ;
iv) La hausse des salaires entraine une hausse des coûts pour les entreprises, qui de
ce fait augmentent leurs prix.

2. Courbe d’offre globale (courbe OG ou AS)


a. Construction
La relation d’offre globale est représentée par le courbe d’offre globale OG ou AS (Aggregate
Supply) possédant les deux caractéristiques essentielles suivantes :
i) Elle est croissante : pour un P a donné, une hausse du produit entraine une hausse
du niveau des prix.
ii) Elle passe par le point A pour lequel Y = Yn et P = P a : Lorsque la production
atteint son niveau d'équilibre ou naturel Yn, le niveau des prix est égal au niveau
anticipé des prix (P = Pa). Dans le chapitre précédent, nous avons vu que le taux de
chômage structurel est défini comme le taux de chômage pour lequel le niveau des
prix est égal au niveau des prix anticipés.

25
b. Déplacement de la courbe OG
• Une hausse du niveau anticipé des prix entraine un déplacement vers le haut de la
courbe OG et inversement. Sur la figure suivante, quand le niveau anticipé des prix
augmente de Pa à Pa’, la courbe d’offre globale se déplace vers le haut : elle ne passe
plus par le point A (où Y = Yn et P = Pa) mais par le point A’ (où Y = Yn et P = Pa’).

• Quand la production est au-dessus de son niveau naturel, le niveau des prix est plus
élevé que son niveau anticipé : P > P a . Inversement quand la production est en dessous
de son niveau naturel, le niveau des prix est plus bas que son niveau anticipé : P < P a .

B. La demande globale
1. La relation DG
Dans le modèle IS-LM nous avons déterminé l'équilibre macroéconomique dans un contexte
de prix fixe. Levons maintenant cette hypothèse en supposant une hausse possible du niveau
des prix de P à P’.
Pour une masse monétaire M donnée, la hausse du niveau des prix entraine une baisse du stock
réel de monnaie M/P et la courbe LM se déplace vers le haut. Pour une production globale
donnée, la baisse du stock réel de monnaie entraine une hausse du taux d’intérêt. L’équilibre

26
passe de A à A’ ; le taux d’intérêt augmente de i à i’ et la production agrégée passe de Y à Y’.
La hausse du niveau des prix entraine une baisse du produit global.

Un autre raisonnement :
Pour une masse monétaire M donnée, la hausse du niveau des prix entraine une baisse du stock
réel de monnaie M/P. Pour équilibrer le marché de la monnaie, i augmente (de i à i’). Sur le
marché des biens cela affecte négativement l’investissement car les entreprises réduisent leur
demande d’investissement et donc la demande globale est réduite. La courbe LM glisse vers le
haut, la demande globale baisse jusqu’au niveau Y’ < Y.

Autrement dit, lorsque le niveau des prix augmente, la demande nominale de monnaie
augmente. L’offre de monnaie étant fixe, le taux d’intérêt doit augmenter pour inciter les agents
à réduire leur demande de monnaie et rétablir l’équilibre. Or la hausse du taux d’intérêt entraine
à son tour une baisse de la demande de biens et une baisse du produit global.
Finalement la hausse du niveau des prix (P) entraîne une baisse du produit global (Y). Cette
relation inverse entre le niveau des prix et le niveau de la production est la relation de Demande
Globale DG qui s'obtient à partir des équations IS et LM.

IS: Y = Y (C, I, G, T, i)

M
LM: Y = Y( , i)
P
Faisons disparaître le taux d'intérêt i en combinant les deux équations. On obtient la relation
DG :
Y = Y(M/P, C, I , G, T)
+ + + + −
Si on ne s'intéresse qu'aux variables de politique monétaire (M) et budgétaire (G, T) on peut
écrire plus simplement :

Y = Y(M/P, G, T)
+ + −
La production est une fonction croissante du stock réel de monnaie, une fonction croissante des
dépenses publiques et une fonction décroissante des impôts. Pour une politique monétaire et
budgétaire donnée, c'est-à-dire avec M, G et T fixés, une hausse du niveau des prix entraine
une baisse du produit global.

27
2. Représentation graphique de DG dans le plan (Y, P)
a. Construction
La relation inverse entre la production et le niveau des prix est représentée par la courbe
décroissante DG sur la figure suivante.

28
Les points A et A’ sur la figure (b) correspondent aux points A et A’ sur la figure (a). Une
hausse du niveau des prix de P à P’ entraine une baisse du produit global de Y à Y’.
Cette courbe est appelée courbe de Demande Globale (DG) ou Aggregate Demand (AD).

b. Déplacement de la courbe DG dans le plan (Y, P)


La courbe de demande globale résume les résultats du modèle IS-LM. Les politiques
économiques qui déplacent les courbes IS et LM à prix inchangés déplacent aussi la courbe de
demande globale.
- En particulier, une politique monétaire expansionniste (graphique ci-dessous) déplace
la courbe de demande vers la droite.

- Une politique budgétaire expansionniste (hausse des dépenses publiques) déplace aussi
la courbe de demande vers la droite (graphique ci-dessous).

29
Plus généralement, comme l’illustre le graphique 1.17,
- Toute augmentation de la demande globale (baisse des impôts, hausse de l’offre de
monnaie, hausse des dépenses publiques, etc ...), à prix donné, se traduit par un
glissement de la courbe de demande globale vers la droite.

- A contrario, une baisse de la demande globale (hausse des impôts, baisse de l’offre de
monnaie, baisse des dépenses publiques, etc ...), à prix donné, se traduit par un
glissement de la courbe de demande globale vers la gauche.

30
31
Section 2 : Analyse de politique économique avec le modèle Offre Globale-
Demande Globale :

A. Équilibre Macroéconomique (à court et moyen terme)


Le modèle OG-DG décrit l’équilibre macroéconomique sur le marché des biens et de la
monnaie (relation DG) et sur le marché du travail (relation OG). Analytiquement cet équilibre
correspond à la solution du système :
Yn
OG: P = (1 + μ)P a F (1 − , z)
H
DG: Y = Y(M/P, G, T)
+ + −

Graphiquement l’équilibre global correspond au point d’intersection de la courbe OG et DG.


Au point A, le marché des biens, le marché du travail et les marchés financiers sont tous
équilibrés.

Remarques essentielles :
− Au point B : Y = Yn et P = P a
− Au point A : point intersection des courbes OG et DG, les marchés des biens, du travail
et de la monnaie sont simultanément en équilibre ;
− Le niveau d’équilibre globale dépend de la position des courbes OG et DG, qui dépend

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des variations de M, C, I, G et T ;
− On remarque sur le graphique qu’à court terme la production globale peut être inférieure
(ou supérieure) à son niveau naturel.

Les niveaux d’équilibre de la production et des prix sont donnés par Y et P. Il n’y a aucune
raison en général pour que le niveau d’équilibre de la production globale Y soit égal à son
niveau naturel Yn. Le niveau d’équilibre de la production dépend en effet de la position de la
courbe d’offre globale, c'est-à-dire de la valeur de Pa et de la position de la courbe de demande
globale, c'est-à-dire des valeurs de M, G et T.
Sur notre graphique, l’équilibre est tel que Y est supérieur à Yn. L’économie tourne au-dessus
de son niveau naturel. Mais il est aussi possible d’avoir une production d’équilibre inférieure à
la production naturelle.
On retient donc qu’à court terme, il n’y a pas de raison pour que la production globale soit
égale à son niveau naturel.
Mais que se passe-t-il à plus long terme ? C’est-à-dire si la politique économique et les autres
variables exogènes restent constantes, la production va-t-elle retourner à son niveau naturel ?
Si oui, comment ?

Dynamique de la production et des prix


Il s'agit ici d'analyser les évolutions de la production Y et des prix P au cours du temps. Mais
avant tout on pourrait de demander comment les agents particulièrement ceux qui fixent les
salaires forment leurs anticipations.

Dans la pratique le niveau anticipé des prix est susceptible de changer au cours du temps : si le
niveau des prix de l'année passée s'est avéré différent du niveau qui avait été anticipé, les agents
vont en tenir compte dans la formation de leurs anticipations pour l'année suivante. Pour
simplifier la compréhension de ce mécanisme on suppose que le niveau anticipé des prix pour
l’année t soit égal au niveau des prix observés pour l’année t-1, soit Pta = Pt−1 .
La relation OG-DG peut donc se réécrire de la manière suivante :
Yn
OG: Pt = (1 + μ)Pt−1 F (1 − , z)
H
DG: Yt = Y(M/Pt , G, T)
+ + −

33
Les paramètres z et μ, et les variables exogènes M, G, T et H sont supposés constants, donc
indépendant du temps.

Situation 1 : A la période t l'équilibre se situe au point A (Yt, Pt). En ce point la production est
au-dessus de son niveau naturel, Yn. Le niveau des prix Pt est plus élevé que le niveau des prix
anticipé, Pta , et donc plus que Pt-1. Les agents vont donc réviser leurs anticipations à la période
suivante.

Situation 2 : Considérons maintenant l’année t+1. A la période t+1 la courbe OG passe


maintenant par le point B' [pour lequel Y=Yn et le niveau des prix est égal à son niveau
a
anticipé Pt+1 = Pt . En effet, Pt étant supérieur à Pt-1 entre les périodes t et t+1, la courbe OG
se déplace vers le haut.
La courbe DG ne se déplace pas puisque M, G et T sont supposés constants. L’équilibre sur le
marché des biens et les marchés financiers n’est pas modifié.
Le déplacement de la courbe d’offre globale OG permet donc à l'économie de glisser le long
de DG de A bers A' entre t et t+1. En ce point Pt+1 > Pt et la production globale de la période
t+1, Yt+1 est inférieure à celle de la période t, Yt, mais plus proche du niveau naturel Yn.

34
En résumé, la production étant au-dessus de son niveau naturel l’année t, le niveau des prix
en t est plus élevé que le niveau anticipé. Cela entraine une révision à la hausse des
anticipations pour l’année t+1. La masse monétaire M étant constante, une hausse du niveau
des prix entraine une baisse du stock réel de monnaie en t+1. La faiblesse du stock réel de
monnaie induit une hausse du taux d’intérêt. Le taux d’intérêt élevé fait baisser la demande
de biens ainsi que la production en t+1.

On peut maintenant décrire ce qui se passe dans les années suivantes. A partir de t+1 on peut
donc raisonner comme suit :
Aussi longtemps que la production est supérieure à son niveau naturel, c'est-à-dire tant que
Y>Yn, le niveau des prix augmente et la courbe OG continue de se déplacer vers le haut.
L'économie se déplace donc le long de la courbe DG jusqu'à atteindre le point A'' où Y=Yn. En
ce point il n'y a plus de pression à la hausse des prix (tension inflationniste) et l'économie se
stabilise à un niveau de production Yn avec un niveau des prix Pn*.
Le mécanisme de base peut être résumé comme suit :
− A court terme la production agrégée Y peut être en dessous ou au-dessus de son niveau
naturel Yn. Toute modification de l'une des variables qui affecte OG ou DG entraîne
une modification du niveau de la production et du niveau des prix.
− A moyen terme cependant, la production revient finalement à son niveau naturel. Cet
ajustement se fait par les prix selon deux cas :

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D’abord, quand la production est au-dessus de son niveau naturel, c'est-à-dire tant que
Y>Yn, les prix augmentent ce qui réduit la demande et la production.
Ensuite quand la production est en dessous de son niveau naturel, c'est-à-dire tant que
Y<Yn, les prix baissent, ce qui entraine une hausse de la demande et de la production.

Nous allons maintenant utiliser le modèle OG-DG pour analyser les effets dynamiques d’un
changement dans la politique ou dans l’environnement économique.

B : Effets à court et à moyen terme d’une politique monétaire expansionniste (choc sur
la demande)
Avant l’expansion monétaire, supposons que l’économie soit à son niveau d’équilibre au point
A où Y=Yn . Observons maintenant les effets d’une politique monétaire expansionniste c’est-
à-dire d’une hausse de la masse monétaire de M à M’.

1. Effet à court terme de la politique


Une hausse de M à Pt donné entraine une hausse de la production globale. La courbe de
demande globale se déplace donc vers la droite, de AD à AD’. L’équilibre se déplace donc de
A vers A’. La production globale est plus élevée, ainsi que le niveau des prix.

36
2. Ajustement à moyen terme
Au fil du temps, l'ajustement se fait par les prix : voyant les prix augmenter, les syndicats vont
exiger des salaires nominaux plus élevés, ce qui fait à nouveau monter les prix.
Ainsi, aussi longtemps que la production est supérieure à son niveau naturel, la courbe d’offre
globale se déplace vers le haut. L’économie se déplace le long de la courbe de demande globale
AD’. Ce processus d’ajustement s’arrête seulement quand la production est revenue à son
niveau naturel. A moyen terme, la courbe d’offre globale est donnée par AS’’ et l’économie
est au point A’’ : la production est au même niveau qu’avant mais les prix sont plus élevés.

Nous allons analyser ce qui se passe derrière ce processus d’ajustement à l’aide du modèle
IS/LM.
Sur la figure suivante, l’équilibre initial est au point A. la production est à son niveau naturel
Yn et le taux d’intérêt est i. l’effet de court terme de l’expansion monétaire est le déplacement
vers le bas de la courbe LM vers LM’. L’équilibre se situe alors en A’. Le taux d’intérêt est
plus faible et la production plus élevée.
La baisse de LM est le résultat de deux effets :
- La hausse de M entraine dans un premier temps un déplacement de LM vers LM’’. Si
le niveau des prix était fixe, l’économie se stabiliserait au point B.

37
- Mais les prix augmentent avec la production au fur et à mesure que l’économie se
déplace le long de la courbe d’offre globale. Si bien que dans un deuxième temps, cette
hausse des prix entraine un déplacement de la courbe LM de LM’’ à LM’, ce qui
compense en partie le premier effet de l’expansion monétaire.

Au fil du temps après la première année, les prix continuent à augmenter, réduisant le stock
réel de monnaie et ramenant LM vers le haut. L’économie se déplace ainsi le long de la courbe

38
IS : le taux d’intérêt augmente et la production diminue. La courbe LM rejoint alors son niveau
initial.
Finalement l’économie se stabilise au point A. La hausse de la masse monétaire est
parfaitement compensée par la hausse des prix, ce qui laisse à moyen terme le stock réel de
monnaie inchangé. La production revient alors à son niveau initial Yn et le taux d’intérêt rejoint
également son niveau initial i.

3. Résumé : neutralité de la monnaie


• A court terme une politique monétaire expansionniste entraine une hausse de la
production ainsi qu'une hausse du niveau des prix.
• Au fil du temps les prix augmentent et les effets du choc monétaire sur la production et
le taux d'intérêt disparaissent. A moyen terme, la hausse de la masse monétaire se
répercute totalement dans une hausse proportionnelle du niveau des prix. Elle n'a aucun
effet sur la production ni sur le taux d'intérêt.
C'est cette absence d'effet à moyen terme sur la production et le taux d'intérêt qui
caractérise la neutralité de la monnaie.
La neutralité de la monnaie ne signifie pas que la politique monétaire ne peut ou ne doit pas
être utilisée. Mais elle veut dire que la politique monétaire ne peut pas soutenir en permanence
une production supérieure au niveau naturel.

C : Effets à court et à moyen terme d’une réduction du déficit budgétaire


Supposons que le gouvernement décide d’éliminer son déficit budgétaire en réduisant les
dépenses publiques G et en laissant les impôts inchangés. Analysons les effets de cette politique
à court et à moyen terme sur l’économie.
Supposons que la production soit initialement à son niveau naturel, situé au point A sur la figure
ci-dessous où Y=Yn.
La baisse des dépenses gouvernementales déplace la courbe de demande globale vers la
gauche, de AD vers AD’. Pour un niveau des prix donné, la demande est plus faible.
L’économie passe donc de A à A’, avec une production et des prix plus faibles.
Mais au cours du temps, tant que la production est en dessous de son niveau d’équilibre, la
courbe d’offre globale AS se déplace vers le bas. L’économie se déplace le long de la courbe
AD’ jusqu’à ce que la courbe AS atteigne AS’’. L’économie est alors au point A’’ et la
récession initiale est terminée : la production est revenue à son niveau naturel Yn.

39
Ainsi, tout comme une expansion monétaire, une réduction du déficit budgétaire n’affecte pas
la production de manière permanente. A long terme, la production retourne à son niveau
naturel.

• Décomposition des effets du déficit budgétaire à l’aide des modèles IS et LM


A l’aide des courbes IS et LM, l’équilibre initial est au point A, la production est à son niveau
naturel Yn et le taux d’intérêt est i.
A la suite de la réduction du déficit budgétaire, la courbe IS se déplace vers la gauche, vers IS’.
Si le niveau des prix ne changeait pas, l’équilibre se déplacerait de A vers B.
Mais la baisse de la production entraine une baisse des prix et le stock réel de monnaie
augmente ce qui conduit à un déplacement de LM vers le bas, de LM à LM’. L’équilibre passe
de A à A’. La production et le taux d’intérêt sont tous deux plus bas qu’avant.
Au cours du temps et aussi longtemps que la production est inférieure à son niveau naturel, les
prix baissent et la courbe LM se déplace vers le bas. L’équilibre se déplace le long de la courbe
IS’ et atteint finalement le point A’’. La production est revenue à son niveau naturel mais le
taux d’intérêt est maintenant égal à i’’, plus bas qu’avant.

40
A moyen terme donc une baisse des dépenses publiques entraine une baisse du taux d’intérêt,
une hausse de l’investissement mais le niveau de production reste inchangé.

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D : Effets à court et à moyen terme d’une modification du prix du pétrole
Le prix du pétrole n'apparait ni dans la relation OG ni dans la relation DG (puisque la
production n'utilise que Y=L), ce qui pose le problème de l'étude de ses effets. Pour prendre en
compte le prix du pétrole supposons que la hausse du prix du pétrole corresponde à une hausse
de μ, la marge des prix sur les salaires (pour un niveau de salaire donné, la hausse du prix du
pétrole entraine une hausse des coûts de production qui contraint les entreprises à augmenter
leurs prix.
Pour comprendre l'effet macroéconomique d'un choc pétrolier nous allons analyser d'abord
l'effet de moyen terme puis les mécanismes d'ajustement à l'origine.

• Les effets sur le taux de chômage naturel

Le graphique ci-dessus nous permettra de comprendre les effets d'un choc pétrolier sur le taux
de chômage structurel. Le point A traduit l'équilibre initial du marché du travail et u n le taux
de chômage structurel.
Une hausse de la marge μ déplace vers le bas la courbe PS, de PS à PS’ : plus la marge est
grande, plus les salaires réels sont faibles. L’équilibre passe de A à A’. Le salaire réel est plus
faible. Le taux de chômage structurel est plus élevé : pour que les travailleurs acceptent des
salaires réels plus faibles, il faut que le chômage soit plus élevé.

42
La hausse du taux de chômage structurel implique une baisse du niveau d’emploi naturel. Si
nous supposons que la relation entre emploi et production est inchangée (c’est-à-dire que
chaque unité produite requiert un travailleur), alors la baisse du niveau d’emploi naturel se
répercute en une baisse équivalente du niveau de production naturel. En résumé, la hausse du
prix du pétrole entraîne une baisse du niveau de production naturel.

• Dynamique d'ajustement
Selon la figure une hausse du prix du pétrole entraîne, à court terme, une baisse de la production
et une hausse des prix. Au cours du temps, la production continue à décroître et les prix à
croître. Que se passe-t-il à court terme et comment l'économie passe de Yn à Y'n ?
Partons de la relation OG : Pt= (1+ μ)Pt-1 F(1-Y/L , z) avec Pa= Pt-1. Comme l'indique le
graphique avant le choc pétrolier l'économie se situe au point A avec la production à son niveau
d'équilibre Yn et un niveau des prix constant (soit Pt=Pt-1).
Une hausse du prix du pétrole se traduit par une hausse de la marge qui entraine une hausse des
prix (Pt) pour un niveau de production donné. Ainsi à court terme la courbe d'offre globale se
déplace vers le haut. Quel est l'ampleur de cette hausse ?
On sait qu’avant le choc pétrolier la courbe OG passait par le point A auquel Y=Yn et

43
P = Pt-1. Après le choc pétrolier, la nouvelle courbe OG passe par le point B, où la production
est égale au nouveau niveau naturel Y’n de sorte Y’n < Yn et le niveau des prix est égal à son
niveau anticipé (P = Pt-1). La courbe OG se déplace donc de OG à OG'.
Que se passe-t-il au niveau de DG ?
La demande globale peut être affectée par plusieurs canaux. 2 Mais du fait que certains de ces
effets déplacent DG vers la droite et d'autres vers la gauche, nous supposons qu'ils s'annulent
entre eux et DG ne se déplace pas.
A court terme l’économie passe donc de A à A’. Le choc pétrolier amène les entreprises à
augmenter leur prix. La hausse des prix réduit la demande et la production. Que se passe-t-il
au cours du temps ?
La production a baissé, mais son niveau naturel a plus baissé. Au point A’, l’économie est au-
dessus du nouveau niveau de production naturel, Y’n. La hausse des prix va donc se poursuivre
et l’économie va se déplacer progressivement de A' à A''. Au point A'', la production est égale
à son nouveau niveau naturel et les prix sont plus élevés qu'avant le choc pétrolier. Le
déplacement d’OG affecte donc la production non seulement à court terme, mais aussi à moyen
terme.

POINTS IMPORTANTS A RETENIR


Nous avons établi dans ce chapitre deux relations :
D’abord la relation d’offre globale qui découle de l’équilibre sur le marché du travail. Elle
montre que le niveau des prix est une fonction croissante du produit et du niveau anticipé des
prix. On la représente par la courbe d’offre globale. Un changement dans le niveau anticipé des
prix déplace la courbe vers le haut ou vers le bas.
Ensuite la relation de demande globale. Elle est déduite de l’équilibre sur le marché des biens
et les marchés financiers. Elle indique que le niveau de la production est une fonction
décroissante du niveau des prix et est représentée par une courbe décroissante. Un changement
dans la politique monétaire ou budgétaire ou plus généralement un changement de n’importe
quel facteur déplaçant les courbes IS et LM déplace la courbe de demande globale vers la droite
ou vers la gauche.

2 Par exemple le choc pétrolier peut obliger les entreprises à modifier leur plan d'investissement. En outre ce choc
redistribue le revenu des consommateurs de pétrole vers les producteurs de pétrole, or les producteurs de pétrole
ont certainement une propension marginale à épargner plus forte que les consommateurs).

44
45
EXERCICES
Exercice 1
1) Rappelez la relation (OG) décrivant les comportements de formation des prix, et commentez
les différents paramètres. Représentez cette relation graphiquement.
Comment les chocs suivants affectent-ils cette courbe (OG) ?
a) Une hausse des prix anticipés
b) Une augmentation des marges des entreprises (par exemple due à une répercussion dans le
prix de vente d’un renchérissement de l’énergie).
2) Construisez la courbe (DG) à partir du modèle IS-LM. Comment les chocs suivants
affectent-ils cette courbe (DG) ?
a) Une augmentation de l’offre de monnaie Ms
b) Une politique budgétaire expansionniste

Exercice 2
En utilisant le modèle (OG)-(DG), analysez les effets de moyen terme d’une politique
budgétaire expansionniste dans une économie initialement caractérisée par un niveau d’activité
normal Yn et l’absence de pressions inflationnistes. Comparez ce résultat aux effets de court
terme d’une telle politique (modèle IS-LM).

CORRECTION
Exercice 1
1) La relation d'offre globale :
Y
P = P a (1 + μ)F (1 − , z)
H

L’offre globale met en relation le niveau courant des prix, le niveau anticipé des prix et la
production. Elle décrit la corrélation positive entre le niveau d’activité et le niveau des prix.
Cette corrélation positive passe par le marché du travail, sur lequel une baisse du chômage au-
dessous de son niveau structurel (c’est-`a-dire une augmentation de l’activité au-dessus de son
niveau normal) fait augmenter les salaires, augmentation répercutée par les entreprises sur les
prix.
a) Déplacement de OG vers le haut
b) Déplacement de OG vers le haut

46
2) Relation DG :
Y = Y(M/P, G, T)
+ + −

DG est décroissante car une hausse du niveau des prix déplace la courbe LM vers le haut
(augmentation de la demande de monnaie quels que soient i et Y, donc augmentation de i quel
que soit Y) et a donc pour effet de diminuer l’output et d’augmenter le taux d’intérêt.
a) Déplacement de DG vers la droite
b) Déplacement de DG vers la droite

Exercice 2
Une politique budgétaire expansionniste a pour conséquence de déplacer la courbe IS vers la
droite (augmentation de l’output et du taux d’intérêt d’équilibre). Le résultat sera que DG sera
elle aussi déplacée vers la droite. S’il n’y avait aucun ajustement de prix dans la période,
l’équilibre se ferait en B. Mais parce qu’une partie des contrats salariaux sont déjà revus à la
hausse, les prix commencent à augmenter, LM se déplace vers le haut et l’équilibre se fait en
A’ à court-terme. A moyen-terme, le niveau d’activité étant supérieur à la normale, cela aboutit
à l’ajustement de OG de sorte que l’économie retrouve son niveau d’activité normal.

47
48
CHAPITRE 3 : LA COURBE DE PHILLIPS

En 1958, A.W. Phillips a représenté sur un diagramme le taux d’inflation en ordonnée et le


taux de chômage en abscisse au Royaume-Uni pour chaque année de 1861 à 1957. Il obtient
une corrélation négative entre l’inflation et le chômage : quand le chômage était faible,
l’inflation était forte, et quand le chômage était élevé, l’inflation était faible et parfois négative.
En 1960, Paul Samuelson et Robert Solow ont réitéré le même exercice sur des données
Américaines sur la période 1900-1960. Les résultats qu’ils ont obtenus ont mis en évidence
l'existence d'une relation négative entre inflation et chômage. La relation nommée courbe de
Phillips par Samuelson et Solow devint centrale dans la pensée et la politique
macroéconomique : En dehors de certaines périodes comme la grande dépression, les pays se
fondant sur la courbe de Phillips pouvaient choisir différentes combinaisons de chômage et
d'inflation.
Mais dans les années 70, la courbe de Phillips initiale a disparu avec la stagflation (à la fois
forte inflation et fort chômage) apparue au Etats-Unis et dans la plupart des pays de l'OCDE.
Une nouvelle relation apparut cette fois, entre le taux de chômage et le taux de croissance de
l’inflation. Aujourd’hui, un taux de chômage élevé ne semble pas entrainer une faible inflation
mais plutôt une baisse de l’inflation.
Dans ce chapitre, nous allons explorer les modifications qu’a connues la courbe de Phillips et
plus généralement comprendre les relations entre inflation et chômage.

Section 1 : Relation entre inflation, inflation anticipée et chômage


Nous savons que :
Pt = Pta (1 + μ)F(ut , z)

Supposons que F est de la forme :


F(ut , z) = 1 − α ut + z
α mesure l’intensité de l’impact du chômage sur les salaires. On a :
Pt = Pta (1 + μ)(1 − α ut + z)

On obtient finalement une relation entre inflation, inflation anticipée et taux de chômage :
πt = πat + (μ + z) − α ut
Où πt est le taux d’inflation, c'est-à-dire le taux de croissance des prix entre l’année passée et
l’année présente et πat le taux d’inflation anticipé, c'est-à-dire le taux de croissance des prix
entre l’année passée et l’année présente qu’avaient anticipé les partenaires sociaux l’année

49
passée. Le taux d’inflation est ainsi positivement corrélé à l’inflation anticipée et négativement
corrélé au taux de chômage.
L’inflation est d’autant plus forte que l’inflation anticipée est élevée : un niveau des prix
anticipé plus élevé entraine un salaire nominal plus élevé et donc un niveau des prix plus élevé.
Ainsi, une augmentation de l’inflation anticipée conduit à une augmentation de l’inflation
réalisée.
Pour une inflation anticipée donnée, plus la marge 𝜇 choisie par les firmes est forte ou plus les
facteurs z déterminant le salaire sont élevés, plus l’inflation est élevée.
Pour une inflation anticipée donnée, plus le chômage est fort, plus l’inflation est faible, toutes
choses égales par ailleurs.
L’inflation des prix πt et l’inflation salariale notée πwt sont identiques dans la mesure où prix
et salaires sont proportionnels l’un à l’autre à travers la relation :
P = (1 + μ)W

Section 2 : La première version de la courbe de Phillips


Soit une économie dans laquelle l’inflation est parfois positive, parfois négative et nulle en
moyenne. Lors de la fixation du salaire nominal pour l’année à venir, les partenaires sociaux
doivent anticiper quelle sera l’évolution de l’inflation durant l’année. Si l’inflation moyenne a
été nulle dans le passé, il est raisonnable d’anticiper que l’inflation sera également nulle dans
les années à venir. Si l’on suppose πat = 0 on obtient une relation modifiée entre taux de
chômage et taux d’inflation.
πt = (μ + z) − α ut
Cette équation correspond exactement à la relation négative entre taux d’inflation et taux de
chômage que Phillips, Solow et Samuelson ont trouvée : étant donné le niveau des prix
anticipés, que les salariés prennent comme le niveau des prix de l’année passée, un faible taux
de chômage conduit à des salaires nominaux plus élevés, donc à une hausse des prix, c'est-à-
dire à une inflation plus forte.
Ce mécanisme, parfois appelé spirale prix-salaires est le résultat de 4 phénomènes :
- Un faible chômage entraine une hausse des salaires nominaux ;
- En réponse à cela les entreprises augmentent leurs prix ;
- En réponse à cela, les salariés demandent une hausse des salaires nominaux ;
- Les entreprises augmentent à nouveau leurs prix, les salariés augmentent à nouveau
leurs revendications salariales.
- Et ainsi de suite avec comme résultat une inflation continue des prix et des salaires.

50
Section 3 : Les modifications apportées à la courbe de Phillips
Pendant les années 70, la courbe de Phillips initiale a disparu.
L’explication principale est la mutation de la forme des anticipations des entreprises et des
ménages. Mutation due à un double changement dans le processus d’inflation lui-même (à
partir de l'année 1960 aux Etats-Unis et 1968 en France) :
D’abord, le taux d’inflation reste désormais constamment positif alors qu’il était en moyenne
nul dans la première moitié du siècle.
Puis, l’inflation devient plus persistante : une inflation forte une année est plus susceptible
d'être suivie d’une inflation également forte l’année suivante.
Ce double changement dans le processus d’inflation a amené les salariés et les entreprises à
réviser leur mode de formation des anticipations, en prenant en compte la présence de
l’inflation.
Quand l’inflation devient constamment positive et plus persistante, les anticipations
commencent à prendre en compte la présence de l’inflation. Cette modification dans la
formation des anticipations a changé la nature de la relation entre inflation et chômage. Ainsi,
la courbe de Phillips initiale a disparu au profit d’une courbe de Phillips augmentée.

Pour comprendre ce qui s’est passé, supposons que des anticipations de la forme :
πat = θπt−1
L’inflation courante devient alors : πt = θπt−1 + (μ + z) − αut
Pour θ = 0, on retrouve la courbe de Phillips initiale, relation décroissante entre taux
d’inflation et taux de chômage.
Pour θ > 0, l’inflation ne dépend pas seulement de ut , μ, ou z, mais aussi de l’inflation de la
période précédente.
Pour θ = 1, la relation devient : πt − πt−1 = (μ + z) − αut
Les individus construisent leurs anticipations de l’inflation future sur la base de l’inflation
qu’ils ont récemment observée. C’est l’hypothèse des anticipations adaptatives.
Finalement, le taux de chômage n’affecte plus le taux d’inflation, mais la variation de ce taux.
Un chômage élevé entraine une baisse de l’inflation.
Pour faire la différence entre cette relation et la courbe de Phillips initiale, on la qualifie de
« courbe de Phillips modifiée », ou « courbe de Phillips augmentée des anticipations », ou
« courbe de Phillips accélératrice » ou plus simplement de courbe de Phillips par opposition à
la « courbe de Phillips initiale ». Elle se réécrit aussi :
πt = πt−1 + (μ + z) − αut

51
Cette relation permet de représenter une courbe de Phillips décroissante dans le plan (ut , πt )
pour un niveau donné de πt−1 .

On peut interpréter les observations d’inflation et de chômage dans les années 70 comme une
augmentation de la valeur de θ; partant, dans les années 60, d’une valeur de 0 pour atteindre
une valeur proche de l’unité dans les années 70. Alors que θ a augmenté, la relation simple
entre inflation et chômage a disparu pour faire place à une relation entre chômage et variation
de l’inflation.

Section 4 : Courbe de Phillips et taux de chômage structurel


Le taux de chômage structurel est le taux de chômage pour lequel le niveau réalisé des prix (ou
de l’inflation) est égal au niveau anticipé des prix (de l’inflation).
On peut donc écrire :
(𝜇 + 𝑧)
πat = π𝑡 ⇒ 𝑢𝑛
𝛼
Ce taux de chômage structurel croît avec le taux de marge µ et avec z.
Si πat = π𝑡−1 la relation entre variation de l’inflation et chômage devient une nouvelle courbe
de Phillips qui exprime la relation entre écart du chômage courant à son niveau structurel et
variation d’inflation :
πt − πt−1 = −α(ut − un )
Quand le taux de chômage est supérieur à son niveau structurel, l’inflation décroît et vice versa.
On a aussi :
πt = πt−1 − α(ut − un )

On observe toujours une relation négative entre πt et ut pour une inflation passée donnée. Sous
cette forme cette expression permet de redéfinir Un comme étant aussi le taux de chômage
nécessaire pour maintenir l’inflation constante ou le taux de chômage qui n’accélère pas
l’inflation ou NAIRU (non-accelerating-inflation rate of unemployment).

Remarque 1 : Les déterminants de z, μ et α diffèrent selon le pays considéré, il en résulte des


taux de chômage structurel eux-aussi différents suivant les pays.
Remarque 2 : Le taux de chômage structurel obtenu ici est constant dans le temps. Cette
caractéristique provient cependant des hypothèses de constance dans le temps de paramètres
tels que z et μ. Or, la taille de la population active, sa composition etc. varient certainement
dans le temps.

52
Section 5 : Arbitrage entre inflation et chômage à court terme

La relation négative entre inflation et chômage laisse penser qu’il existe une possibilité
d’arbitrage entre inflation et chômage. Comment alors utiliser la courbe de Phillips pour des
recommandations de politique économique ?
Pour répondre à cette question, il faut en fait avoir recours à un modèle beaucoup plus complet
que la seule courbe de Phillips en intégrant la production et la masse monétaire.

Les interactions entre la production, le chômage et l’inflation sont résumées dans 3 relations :
- La loi d’Okun (qui lie la variation du taux de chômage à la déviation du taux de
croissance du PIB par rapport à sa tendance) ;
- La courbe de Phillips (qui lie la variation du taux d’inflation à la déviation du taux de
chômage par rapport à son niveau structurel) ;
- La relation de demande globale (qui lie la croissance du PIB à celle de la masse
monétaire et au taux d’inflation).

A. La loi d’Okun
Okun établit une relation réelle entre variation du taux de chômage et déviation du taux de
croissance du PIB par rapport à sa tendance. Elle s’écrit :
ut − ut−1 = −β(g yt − ̅̅̅)
gy
g y est le taux de croissance normal ou potentielle. Le coefficient β mesure comment un excès
̅̅̅
de croissance d’un point de pourcentage par rapport à la croissance normale se traduit en termes
de baisse de chômage (en termes d'augmentation d'emploi : 1-β). Pour que le chômage soit
constant il faut que la production croisse de ̅̅̅.
g y Le taux de croissance potentielle est donc le
taux de croissance de la production nécessaire pour maintenir le taux de chômage constant.
La loi d’Okun estimée pour les Etats-Unis sur la période 1960-1998 est :
ut − ut−1 = −0,4(g yt − 3%)
Le taux de croissance annuel doit être d’au moins 3% pour éviter une hausse du taux de
chômage.

B. La courbe de Phillips
On sait que :
πt = πt−1 − α(ut − un )

53
La courbe de Phillips relie la variation de l’inflation à la déviation du taux de chômage par
rapport à son niveau structurel. Elle traduit comment un écart entre chômage courant et
chômage structurel modifie le taux d'inflation. Le paramètre α mesure l’impact du taux de
chômage sur la variation de l’inflation.

C. La relation de demande globale : croissance de la masse monétaire, inflation et


croissance du PIB
On simplifie la relation de demande globale pour l’écrire sous la forme :
Yt = γ Mt ⁄Pt
Avec γ > 0. Un accroissement de l’offre réelle de monnaie entraine une baisse du taux
d’intérêt, ce qui stimule la demande de biens, la production et le revenu national. Cela peut être
réécrit en termes de taux de croissance :
g yt = g mt − πt
Cette relation traduit le fait que pour une croissance de la masse monétaire M donnée, une
inflation forte réduit le stock d’encaisses réelles et freine par conséquent la production.

D. Effets à court terme d’une variation du taux de croissance de la masse monétaire


sur la production, le chômage et l’inflation
On s’intéresse par exemple aux effets d’une baisse du taux de croissance de la masse
monétaire :
• La relation de demande globale indique qu’à inflation donnée, le taux de croissance de
la production diminue ;
• La loi d’Okun implique que le taux de chômage s’accroît ;
• La courbe de Phillips indique qu’il s’ensuit une baisse de l’inflation.
Une baisse de la croissance de la masse monétaire entraine donc à court terme un ralentissement
de l’activité, une hausse du chômage et une baisse de l’inflation.

Section 6 : Arbitrage entre inflation et chômage à plus long terme


Supposons que le taux d’inflation courant soit de 5% conforme aux anticipations des agents, et
que le taux de chômage soit égal à un. Comme supposé plus haut, les agents se contentent
d’anticiper le taux d’inflation courant pour la période à venir (πat = π𝑡−1 ). Que se passe-t-il ?

54
Pour bénéficier de l’arbitrage entre inflation et chômage, les autorités peuvent mener une
politique monétaire expansionniste, son effet sera de réduire le chômage et d’augmenter le
niveau d’inflation, à 10% par exemple.
Toutefois, pour la période suivante, les agents anticipent un niveau d’inflation identique à celui
qu’ils observent couramment. Tout se passe alors comme si l’économie “changeait ” de courbe
de Phillips (passant d’une courbe de Phillips à anticipations d’inflation de 5% à une courbe de
Phillips avec anticipations d’inflation de 10%).
Si les autorités monétaires mènent une politique monétaire engendrant une inflation cohérente
avec ces anticipations, le chômage retrouve son niveau structurel un.

A long terme donc, l’arbitrage entre inflation et chômage disparaît puisque le maintien d’un
taux de chômage inférieur au taux de chômage structurel nécessite des niveaux d’inflation
toujours plus élevés (c’est la thèse accélérationiste de Friedman). Graphiquement, cela est
représenté par une courbe de Phillips verticale, qui exprime le fait qu’il est impossible
d’échapper durablement au niveau de chômage structurel mais que n’importe quel niveau
d’inflation est compatible avec ce taux de chômage structurel : la courbe de Phillips de long
terme se réduit à ut = un, qui stipule que le taux de chômage est à long terme égal au taux de
chômage structurel.

A. Le ratio de sacrifice
L’arbitrage entre inflation et chômage, à travers la relation de Phillips implique qu’une
désinflation aura un coût en termes de hausse du chômage à court terme et que ce coût disparaît
dans le long terme.
La désinflation peut être obtenue très vite au prix d’un chômage très élevé pendant peu
d’années ou bien plus lentement, avec une lente montée du chômage étalée sur un nombre
d’années plus important. Mais le montant total de chômage sera le même dans les deux cas.
Supposons que la BC veuille réduire l’inflation de 14% à 4% et que le coefficient α de la courbe
de Phillips soit égal à 1.
Si la BC veut atteindre son objectif en une seule année, alors le taux de chômage sera de 10%
supérieur au taux structurel pendant 1 an.
Si la BC veut atteindre son objectif sur une période de 2 ans, alors le taux de chômage sera de
5% supérieur au taux structurel pendant ces 2 ans.
Une baisse de l’inflation étalée sur 5 ans nécessite un taux de chômage supérieur de 2% au taux
de chômage structurel pendant 5 ans.
55
Une baisse de l’inflation étalée sur 10 ans nécessite un taux de chômage supérieur de 1% au
taux de chômage structurel pendant ces 10 ans.
On appelle point de chômage supplémentaire un écart de 1% entre le taux de chômage et le
taux de chômage structurel pendant 1 an. Le nombre de points de chômage supplémentaires
requis pour une baisse de 10% de l’inflation est le même (10 points) quel que soit la vitesse à
laquelle baisse l’inflation.
Le nombre de points de chômage supplémentaires nécessaires pour une baisse de 1% de
l’inflation est appelé ratio de sacrifice.

Cumul des excès de chômage par rapport à un


SR =
Réduction de l′inflation

Dans le cas d’anticipations naïves, sur une période T donnée :


(u1 − un ) + (u2 − un ) + (u3 − un ) + ⋯ + (u𝑇 − un )
SR =
π0 − πT

Il indique en fait combien de points de % de chômage sont nécessaires pour réaliser une baisse
donnée de l’inflation. Dans le cas des anticipations naïves postulées : SR = 1⁄𝛼 . Quelle que
soit la vitesse à laquelle l’inflation baisse, le montant total de chômage supplémentaire (ou
cumul des excès de chômage par rapport à un) sera toujours le même.
Remarque : si elle implique de toute façon un même montant de chômage supplémentaire, est-
on totalement indifférent à la vitesse de désinflation ?
Il serait difficile pour un gouvernement de réduire de 10 points l’inflation en un an, car cela
impliquerait un taux de chômage supplémentaire de 10 points, ce qui apparaît très
dommageable. Le gouvernement pourrait par exemple répartir la désinflation sur 5 ans avec un
chômage supplémentaire de 2 points chaque année, ce qui paraît moins coûteux.

B. Production, chômage, inflation et politique monétaire


On a déjà vu ce qui se passe entre inflation et chômage ; on peut maintenant décrire ce qui se
produit en amont (politique monétaire) et en aval (production).
Supposons qu’après avoir effectué une baisse du taux de croissance de la masse monétaire, les
autorités monétaires maintiennent la croissance de la masse monétaire à un taux constant ̅̅̅̅
g𝑚 :
Le taux de chômage ne peut pas croître ou décroître indéfiniment ; il doit être constant à moyen
terme : ut = ut−1

56
La loi d’Okun nous indique alors que la production croît à son taux normal : g yt = ̅̅̅
g𝑦
La relation de demande globale implique un taux d’inflation constant et tel que ̅̅̅
g 𝑦 = ̅̅̅̅
g𝑚 −
𝜋 ⇔ 𝜋 = ̅̅̅̅ g 𝑦 le taux d’inflation est égal au taux de croissance de l’économie ajusté de
g 𝑚 − ̅̅̅:
la masse monétaire.
Si l’inflation est constante, les agents l’anticipent correctement et la courbe de Phillips nous
indique que le taux de chômage va coïncider avec un .

Section 7 : Anticipations rationnelles, crédibilité et contrats nominaux


A. Arbitrage entre inflation et chômage lorsque les anticipations sont rationnelles :
la critique de Lucas
Il s’agit d’analyser comment un changement dans les anticipations pourrait affecter le coût en
termes de chômage de la désinflation.
Supposons que les agents forment leurs anticipations de façon rationnelle. Ainsi lorsque l’Etat
annonce une politique monétaire expansionniste par exemple, les agents révisent à la hausse
leurs anticipations d’inflation. Le mécanisme à la base de l’arbitrage entre inflation et chômage
disparaît alors.
En effet, à moins d’une surprise ou d’un choc, les anticipations des agents sont vérifiées (πat =
π𝑡 ) et exactes et la courbe de Phillips se réduit à ut = un . Dans ce cas, l’arbitrage entre inflation
et chômage n’existe ni à court terme ni à long terme. A n’importe quel niveau d’inflation
correspond le taux de chômage un . C’est la thèse initialement proposée par Robert Lucas,
lauréat du prix Nobel d’économie en 1995. Il a montré qu’on ne peut pas prendre comme
donnée la formation des anticipations pour étudier les effets d’un changement de politique
monétaire.
L’une des interprétations possibles de ce résultat est qu’une inflation zéro, pour peu qu’elle ait
été annoncée, n’a aucun coût à court terme en termes de chômage. Ce qui fait qu’une baisse de
la croissance de la masse monétaire serait alors non seulement neutre à moyen terme mais aussi
à court terme.
Une désinflation réussie repose sur la crédibilité de la politique monétaire : il faut que les agents
soient convaincus que la BC tiendra son engagement à réduire l’inflation.

Les anticipations rationnelles et la désinflation


Les anticipations d’inflation déterminent l’arbitrage à court terme entre inflation et chômage.
Les anticipations ne sont pas forcément adaptatives, elles peuvent être aussi rationnelles. Dans

57
ce cas les individus utilisent de manière optimale toute l’information disponible, y compris les
informations sur les politiques en vigueur actuellement pour prévoir l’avenir.

C’est à partir de la courbe de Phillips augmentée des anticipations que le courant monétariste
développe des réserves à l’égard d’une politique monétaire qui se veut durablement active. En
intégrant le principe des anticipations adaptatives, Friedman substitue au salaire nominal de la
courbe de Phillips standard le salaire réel, évinçant ainsi l’hypothèse de l’illusion monétaire.
En effet, à long terme, l’augmentation du revenu ou la baisse du chômage ne peut être soutenue,
car les agents économiques finiront par s’apercevoir que le revenu réel reste inchangé voire
baisse lorsque l’inflation augmente. Alors que la baisse du chômage finit par disparaître,
l’inflation elle, persiste car elle devient ancrée dans les anticipations des prix futurs.
L’existence d’un niveau de chômage naturel vient corroborer cette thèse d’absence d’arbitrage
chômage-inflation à long terme, puisque ce chômage est de nature structurelle et qu’il est
difficile de s’en écarter à moins de faire subir à l’économie une inflation toujours plus
importante.

Seule l’inflation « surprise », c’est à dire non anticipée par les agents, permettrait de réduire le
taux de chômage en dessous de son niveau naturel et ce que de façon transitoire.
Le courant que porte la pensée de la Nouvelle Ecole Classique va aller encore plus loin dans
sa critique de la courbe de Phillips pour montrer que même les arbitrages inflation-chômage de
court terme sont obsolètes. L’inefficacité totale des politiques de régulation monétaire est
établie par ce courant de pensée. En introduisant cette fois ci l’hypothèse des anticipations
rationnelles soulevées par Muth (1961), Lucas (1972) et Sargent (1972) rompent avec la thèse
keynésienne de l’illusion monétaire et vont au-delà de la conception friedmanienne des
anticipations adaptatives.
Ainsi, pour ces deux auteurs les agents économiques ne vont pas se contenter des informations
passées pour formuler leurs anticipations, mais ils vont au contraire intégrer dans leurs
anticipations les actions prévues par les autorités politiques. Formulées ainsi, les anticipations
deviennent parfaitement rationnelles rendant impossible tout arbitrage inflation-chômage
même à court terme.
En cas de relance monétaire, les agents comprennent aussitôt que le niveau général des prix va
augmenter et leurs salaires qui sont parfaitement indexés vont s’ajuster à l’inflation sans délai.
Sur la courbe de PHILLIPS, on passe directement d’un niveau d’inflation à un niveau
supérieur, sans aucune amélioration du chômage. Il n’existe donc pas d’arbitrage entre inflation
58
et chômage, même à court terme. La politique monétaire de relance ne relance qu’une chose,
l’inflation et elle n’exerce aucune influence sur le niveau de la production.
Seuls dans ce cas, les effets de surprise, c’est-à-dire une inflation non anticipée, peuvent avoir
un effet sur l’activité réelle : c’est le théorème de Sargent et Wallace (1975). Mais, ce théorème
de l’effet de surprise sera remis en cause avec la mise en avant du phénomène d’incohérence
temporelle, condamnant ainsi définitivement l’activisme monétaire.

B. Rigidités nominales et contrats


Si les salaires ne s’ajustent pas complètement aux tensions du marché du travail (mesurées par
le taux de chômage ou par le taux d’emploi) on dit qu’il y a une rigidité réelle. Si les prix ne
s’ajustent aux tensions observées sur le marché des biens et si les salaires ne s’ajustent pas à
l'inflation de la période mais plutôt à l’inflation passée on dit qu’il y a une rigidité nominale.
La crédibilité des autorités n’est pas une condition suffisante pour réaliser une désinflation sans
coût en termes de chômage. Mais, l’existence de contrats de travail courants sur plusieurs
périodes et qui créent une “inflation inerte”, accroît aussi le coût de la désinflation. Les salaires
fixés avant le changement de politique monétaire prennent en compte les anticipations
d’inflation formées avant ce changement. Une désinflation devrait donc être annoncée
suffisamment à l’avance pour être prise en compte lors de la détermination des salaires qui
prévaudront lors du changement de politique monétaire.
Par ailleurs, Taylor avance quant à lui que les contrats salariaux ne sont pas tous signés en
même temps ; il existe un échelonnement des décisions salariales. Les salariés sont soucieux
de préserver leur salaire relativement à celui des autres salariés, ce qui implique que chaque
nouvelle négociation de contrat aboutira à un niveau de salaire proche des niveaux de salaire
des contrats déjà existants.
Par conséquent, une baisse rapide du taux de croissance de la masse monétaire ne pourra pas
engendrer une baisse de l’inflation de même ampleur.

POINTS IMPORTANTS A RETENIR


La première version de la courbe de Phillips, présentée par Phillips, Samuelson et Robert Solow
indique une corrélation négative entre l’inflation et le chômage : quand le chômage était faible,
l’inflation était forte, et quand le chômage était élevé, l’inflation était faible et parfois négative.
Mais dans les années 70, la courbe de Phillips initiale a disparu avec la stagflation.

59
L’explication principale est la mutation de la forme des anticipations des entreprises et des
ménages. Mutation due à un double changement dans le processus d’inflation lui-même (à
partir de l'année 1960 aux Etats-Unis et 1968 en France) : l’inflation devient positive et plus
persistante. De sorte que les anticipations commencent à prendre en compte la présence de
l’inflation.
Cette modification dans la formation des anticipations a changé la nature de la relation entre
inflation et chômage. Ainsi, la courbe de Phillips initiale a disparu au profit d’une courbe de
Phillips augmentée. Les individus construisent leurs anticipations de l’inflation future sur la
base de l’inflation qu’ils ont récemment observée. C’est l’hypothèse des anticipations
adaptatives. Finalement, le taux de chômage n’affecte plus le taux d’inflation, mais la variation
de ce taux. Un chômage élevé entraine une baisse de l’inflation.
πt = πt−1 + (μ + z) − αut
Cette relation permet de représenter une courbe de Phillips décroissante dans le plan (ut , πt )
pour un niveau donné de πt−1 .
La courbe de Phillips peut également s’écrire en tenant compte du taux de chômage structurel :
πt = πt−1 − α(ut − un )
L’indexation des salaires (le fait que les salaires nominaux augmentent simultanément avec
l’inflation) entraine une réponse plus forte de l’inflation au chômage.
Les interactions entre la production, le chômage et l’inflation sont résumées dans 3 relations :
La loi d’Okun (qui lie la variation du taux de chômage à la déviation du taux de croissance du
PIB par rapport à sa tendance). La courbe de Phillips (qui lie la variation du taux d’inflation à
la déviation du taux de chômage par rapport à son niveau structurel). La relation de demande
globale (qui lie la croissance du PIB à celle de la masse monétaire et au taux d’inflation).
Une baisse de la croissance de la masse monétaire entraine à court terme un ralentissement de
l’activité, une hausse du chômage et une baisse de l’inflation. A long terme, l’arbitrage entre
inflation et chômage disparaît.

EXERCICES
Exercice 1
Supposons que la relation suivante exprime la courbe de Phillips :
 t =  ta + 0,1 − 2ut avec  ta =  t −1
a) Supposons que θ = 0,25. Calculez un.
b) Supposons que θ = 1. Calculez un.

60
c) Quel est l’impact sur un d`une variation de θ ? Expliquez.

Exercice 2
a) Ecrivez l’équation de la courbe de Phillips augmentée des anticipations en supposant
que l’inflation anticipée est égale à l’inflation de la période précédente.
b) Considérez maintenant les valeurs des paramètres suivantes : taux de chômage naturel,
4%, coefficient de l‘impact du chômage sur l’inflation, 2. En partant d’une inflation
égale à 7% et en faisant l’hypothèse que les autorités maintiennent le chômage à 5%,
calculez l’inflation constatée lors des 3 périodes suivantes.
c) Supposez maintenant que les salaires soient indexés selon le système suivant : la moitié
des salaires s’ajuste immédiatement à l’inflation courante tandis que l’autre moitié est
fixée sur la base de l’inflation anticipée. En vous basant sur l’équation du point a,
comment réécririez-vous maintenant l’équation de la courbe de Phillips ?
d) Calculez à nouveau l’inflation lors des trois périodes suivantes en maintenant le
paramètre du point b) et expliquez si l’impact du chômage sur l’inflation a augmenté
ou diminué. Justifiez brièvement votre réponse.

Exercice 3
a) Après avoir expliqué en quoi elle consiste, utilisez la loi d’Okun pour expliquer
pourquoi il semble dans les faits que la croissance n’absorbe pas la totalité du chômage.
b) Donnez la relation qui lie le taux de croissance du PIB, le taux de croissance de l’offre
de monnaie et l’inflation et en donner une interprétation économique. Est-il possible
qu’à l’équilibre de long-terme le taux d’inflation soit différent du taux de croissance de
l’offre de monnaie ?

Exercice 4
1. Ecrivez les relations qui lient inflation, chômage, croissance de la masse monétaire et
croissance de la production à court et long terme.
2. Soit un pays en équilibre de long terme dans lequel on a :

u n = 6%,  t = 10%,  = 1,  ta =  t −1 ,  = 0,4 et g y = 3%


Le gouverneur de la Banque Centrale considère que l’inflation est trop élevée et désire une
réduction de celle-ci jusqu’à une valeur de 6% et la maintenir ensuite à ce niveau.
Le problème réside dans le choix d’une diminution graduelle ou immédiate.

61
Après avoir réécrit les relations du point 1) sur la base des données fournies ci-dessus,
déterminez et expliquez le sentier de désinflation associé à :

a) Une politique graduelle qui réduit l’inflation d’un point par an sur 4 ans.

Année 0 Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5 Année 6


 10%
u 6%
gy 3%
gm 13%

b) Une politique immédiate de réduction de l’inflation à 6% en année 1.

Année 0 Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5 Année 6


 10%
u 6%
gy 3%
gm 13%

CORRECTION
Exercice 1
a) Avec θ = 0,25 on obtient :

b)

c)

62
On constate que lorsque θ est différent de 1, alors on obtient la relation de Phillips traditionnelle
d’arbitrage inflation-chômage. Cette relation n’existe plus dès que θ est égal à 1. La courbe de
Phillips devient alors verticale. L’hypothèse θ < 1 n’est admissible que dans le court terme,
c’est-à-dire que l’on considère que les agents ne peuvent pas se tromper systématiquement dans
leurs anticipations d’inflation à long-terme.

Exercice 2
a) Courbe de Phillips augmentée :

b)

c) En introduisant l’indexation de la moitié des salaires sur l’inflation courante, on obtient


la relation de Phillips suivante :

d)

On obtient que l’impact du chômage sur l’inflation a augmenté. En effet, l’indexation des
salaires sur l’inflation courante accentue la spirale prix-salaires.

Exercice 3
a) La loi d’Okun s’écrit de la manière suivante :
ut − ut−1 = −β(g yt − ̅̅̅)
gy
Elle s’obtient à partir de la fonction de production et elle indique que, pour que le chômage
n’augmente pas, il faut que le taux de croissance de la production soit égal à un taux normal
qui compense l’effet sur le chômage de la croissance de la force de travail et de l’augmentation

63
de la productivité du travail. La croissance n’arrive généralement pas à absorber la totalité du
chômage car, d’une part, afin d’augmenter l’activité, certaines entreprises peuvent faire appel
aux heures supplémentaires avant d’embaucher et, d’autre part, une diminution du chômage
augmente le pouvoir de négociation des employés et donc les salaires négociés, ce qui a pour
conséquence d’inciter des inactifs à entrer sur le marché du travail, ce qui joue en faveur d’une
augmentation du chômage.
b) La relation simplifiée est la suivante :
g yt = g mt − πt
Lorsque gM > π, le stock nominal de monnaie croît plus vite que le niveau des prix et donc M/P
augmente. Comme nous le savons du modèle IS-LM, ceci implique une augmentation de la
production. A l’équilibre de long-terme, u = un et donc, d’après la loi d’Okun, gy = ̅̅̅.
gy
C’est-à-dire :
g y = g mt − πt
̅̅̅
Si ̅̅̅.
g y > 0, le taux d’inflation sera inférieur au taux de croissance de l’offre de monnaie.

Exercice 4
a) A court terme :

A long terme :

b)

64
65
2EME PARTIE : INTRODUCTION A L’ECONOMIE OUVERTE

CHAPITRE 4 : LES CONCEPTS DE BASE D’UNE ECONOMIE


OUVERTE

L’ouverture de l’économie a deux dimensions distinctes :


- L’ouverture des marchés des biens et services : la possibilité pour les consommateurs
et les entreprises de choisir entre biens nationaux et biens étrangers.
- L’ouverture des marchés financiers : la possibilité pour des investisseurs financiers de
choisir entre des actifs financiers nationaux ou étrangers.

Section 1 : L’ouverture des marchés des biens


Les transactions internationales nécessitent un marché sur lequel les devises peuvent
s’échanger : c’est le marché des changes, qui détermine les taux de change, les prix auxquels
les devises s’échangent. Le taux de change entre deux pays est donc le prix auquel se font les
échanges entre eux. Le marché des changes est un marché électronique mondial que les
opérateurs à travers le monde utilisent pour acheter et vendre des devises.
Les économistes définissent deux taux de change : le taux de change nominal et le taux de
change réel.

1. Le taux de change nominal E


Le taux de change nominal est le prix relatif des monnaies de deux pays. C’est le taux auquel
un individu peut échanger une devise contre une autre. Ainsi, lorsque l’on dit que le taux de
change entre l’euro et le franc CFA est de 655,957 FCFA par euro, cela veut dire qu’il est
possible de recevoir, sur les marchés internationaux des devises 655,957 FCFA en échange de
1 euro.
Les taux de change nominaux entre deux monnaies peuvent être exprimés de deux manières :
le prix de la monnaie nationale par rapport à la monnaie étrangère ou le prix de la monnaie
étrangère par rapport à la monnaie nationale.
Exemple : En Décembre 2000 le taux de change nominal entre le dollar et l’euro était donné
soit comme le prix d’un euro en dollar (1 euro=0,91$) soit comme le prix d’un dollar en termes
d’euro (1$=1,1 euro).
1 EUR = 0,9 USD ou 1 USD = 1,1 EUR

66
1 EUR = 655,957 FCFA ou 1 FCFA = 0,0015 EUR
Le taux de change nominal est souvent défini comme le prix de la devise étrangère en termes
de devise nationale.
Exemple : Du point de vue européen, le prix du dollar en euro en septembre 2003 est de 0,89.
1 dollar = 0,89 euro. Le taux de change est donc de 0, 89.
Le taux de change entre l’euro et le franc CFA est de 655, 957 car 1euro = 655,957 FCFA.
Lorsqu’une devise voit sa valeur augmenter en termes d’autres devises, on parle d’appréciation
et lorsqu’une devise voit sa valeur diminuer en termes d’autres devises, on parle de
dépréciation. Par exemple, pour le dollar et l’euro en septembre 2003, une hausse du taux de
change de 0,89 à 0,9 s’appelle une appréciation du dollar et une dépréciation de l’euro.
Quand la monnaie nationale est appréciée, elle permet d’acheter plus de devises étrangères et
quand elle se déprécie, elle permet d’en acheter moins. Ainsi, on parle d’appréciation lorsque
le taux de change nominal diminue, et on parle de dépréciation lorsque le taux de change
nominal augmente.
Etant donné notre définition du taux de change comme le prix de la monnaie étrangère en
monnaie nationale, une appréciation de la monnaie nationale correspond donc à une baisse du
taux de change nominal E et une dépréciation à une hausse du taux de change nominal E.

Remarque : L’appréciation et la dépréciation d’une monnaie s’appliquent uniquement en


régime de taux de change flottants.
Pour les agents économiques, ce qui est important, c’est de savoir combien de devises
étrangères l’on peut avoir avec sa monnaie nationale. Pour tenir compte des effets des
différences de taux d’inflation, les économistes calculent les taux de change réels, c'est-à-dire
des taux de change ajustés des différences internationales de niveau général des prix.

2. Le taux de change réel


Le taux de change réel est le prix relatif des biens entre deux pays. Il nous indique à quel taux
il est possible d’échanger des biens d’un pays contre les biens d’un autre pays. On l’appelle
aussi quelquefois termes de l’échange.
Le taux de change réel est exprimé en termes de biens physiques et non plus en devises.

2.1 Relation entre le taux de change réel et le taux de change nominal


Le taux de change réel entre deux pays se calcule à partir du taux de change nominal et des
niveaux des prix dans chacun des pays concernés.
67
Soit E le taux de change nominal, P le niveau des prix des biens européens en euro (prix
domestique) et P* le prix des biens américains en dollar (prix étranger). En multipliant ce
dernier par le taux de change nominal E, le prix du dollar en euro, on obtient le prix des biens
américains en euro, soit EP*.
Le taux de change réel, le prix des biens américains en termes de biens européens, noté ɛ est :
ɛ = EP*/P.
Une augmentation des prix relatifs des biens intérieurs en termes de biens étrangers est appelée
une appréciation réelle et une baisse est appelée une dépréciation réelle. Réel signifie que l’on
se réfère au prix relatif des biens et non au prix relatif des monnaies. Etant donné notre
définition du taux de change réel comme le prix des biens étrangers en termes de biens
nationaux, une appréciation réelle correspond à une baisse du taux de change réel et une
dépréciation réelle correspond à une augmentation de ɛ.
Une augmentation du taux de change réel signifie que les biens étrangers sont relativement plus
chers que les biens nationaux ce qui entraine une augmentation des exportations nationales et
une baisse des importations, donc une augmentation des exportations nettes.
Le taux de change réel est donc un indice de compétitivité car il influence les exportations et
les importations.

2.2 Taux de change d’équilibre


Supposons qu’il n’y ait que deux devises : le dollar et l’euro. Les Européens demandent des
dollars sur le marché des changes et offrent des euros sur ce marché. Les américains offrent
des dollars sur le marché des changes et demandent des euros sur ce marché.
Le fonctionnement du marché des changes est représenté graphiquement par deux courbes : la
courbe de demande de dollars américains et la courbe d’offre de dollars américains. La quantité
de dollars demandés et offerts pour tout taux de change euro-dollar est indiquée en abscisses
et le taux de change euro-dollar est indiqué en ordonnées. Le taux de change joue le même rôle
que le prix d’un bien ou d’un service sur un graphique représentant l’offre et la demande.
Lorsque la monnaie d’un pays s’apprécie, les exportations diminuent et les importations
augmentent. Ainsi si le dollar s’apprécie c'est-à-dire si le dollar augmente par rapport à l’euro,
les produits américains deviendront plus chers pour les européens relativement aux produits
européens. Les européens achèteront donc moins aux Etats Unis et auront besoin d’acquérir
moins de dollar sur le marché des changes : la quantité de dollars demandée diminue à mesure
que le nombre d’euros nécessaires pour acheter un dollar augmente.

68
Le marché des changes rend compatibles la demande d’une devise de la part des étrangers qui
veulent acheter des biens, des services et des actifs nationaux, et l’offre d’une devise de la part
des résidents nationaux qui veulent acheter des biens, des services et des actifs étrangers. Le
taux de change d’équilibre est le taux de change pour lequel la quantité demandée d’une devise
sur le marché des changes est égale à la quantité offerte.
Sur le marché des changes, une augmentation de la demande de dollars américains entraine une
appréciation du dollar américain.

Une modification par exemple de la demande de dollar américain affecte le marché des
changes. Si les flux de capitaux d’Europe vers les Etats Unis augmentent en raison par exemple
d’une modification des préférences des investisseurs européens alors la demande de dollars
américains sur le marché des changes augmente à mesure que les investisseurs européens
convertissent des euros en dollars pour financer leurs nouveaux investissements aux Etats Unis.

3. Les régimes de change


Un régime de change est une règle gouvernant la politique de taux de change. Il existe deux
types principaux de régimes de change.
Un pays est en changes fixes lorsque l’Etat maintient le taux de change par rapport à certaines
devises à un niveau particulier ou autour de ce niveau. Certains ancrent leur monnaie sur le
dollar. Par exemple Hong Kong a une politique officielle consistant à fixer un taux de change
de 7,8 $ de Hong Kong pour 1$ américain. D’autres, principalement les anciennes colonies
françaises en Afrique avaient ancré leur devise sur le franc français et maintenant sur l’euro.
Les pays qui ont un taux de change fixe peuvent les modifier, mais c’est rare (l’exemple du
franc CFA). Comme ces changements sont rares, les économistes utilisent des termes
spécifiques pour les distinguer des fluctuations journalières des taux de change flexibles. Une
augmentation du taux de change en régime de changes fixes est appelée une dévaluation au
lieu d’une dépréciation et une diminution du taux de change est appelée une réévaluation plutôt
qu’une appréciation.
Les taux de change peuvent être fixés par le biais d’interventions sur le marché des changes
(achats et ventes de devises par l’Etat sur le marché des changes) qui consistent à utiliser des
réserves de change (des stocks de devises étrangères, en général des dollars américains ou des
euros qu’ils peuvent utiliser pour acheter leur propre monnaie de manière à soutenir son prix).
Les pays peuvent également utiliser des politiques intérieures pour modifier l’offre et la
demande sur le marché des changes (par exemple la politique monétaire via le taux d’intérêt).
69
Enfin, les pays peuvent imposer des contrôles des changes qui sont des systèmes de permis qui
limitent le droit des individus d’acheter des devises étrangères.
Un pays est en changes flottants lorsque l’Etat laisse le taux de change évoluer au gré du
marché. C’est la politique suivie par la Grande Bretagne, le Canada et les Etats Unis.
Les changes fixes et les changes flottants ne sont pas les seules possibilités.
Choisir un taux de change fixe ou un taux de change flottant a ses avantages et ses
inconvénients. En s’engageant à fixer le taux de change, un pays s’engage également à ne pas
mener de politiques inflationnistes. Ainsi des taux de change stables sont favorables aux
activités économiques. Mais la fixation des taux de change comporte également des coûts. Pour
stabiliser un taux de change par intervention, un pays doit conserver des quantités importantes
de devises étrangères, habituellement un investissement à faible rendement. Par ailleurs, même
des réserves importantes peuvent être rapidement épuisées en cas de flux de capitaux
importants en dehors d’un pays. Et si un pays choisit de stabiliser un taux de change en ajustant
la politique monétaire plutôt que par intervention, il doit consacrer la politique monétaire à un
objectif autre que celui de stabiliser l’économie.
Ainsi, un pays devrait-il laisser sa monnaie flotter, ce qui laisse la politique monétaire
disponible pour la stabilisation macroéconomique mais créé de l’incertitude pour les activités ?
Ou devrait-il fixer le taux de change, ce qui élimine l’incertitude mais implique de renoncer à
la politique monétaire, d’adopter le contrôle des changes ou de faire les deux ?
Choisir un régime de change pose donc un dilemme. Des taux de change stables sont favorables
aux activités économiques. Mais détenir de grandes quantités de réserves de changes est
coûteux, utiliser la politique intérieure pour maintenir un taux de change fixe rend difficile la
poursuite d’autres objectifs et les contrôles des changes imposent des distorsions aux
incitations.

Section 2 : L’ouverture des marchés financiers : la balance des paiements

L’ouverture des marchés financiers permet aux investisseurs financiers de détenir à la fois des
actifs nationaux et étrangers, de diversifier leurs portefeuilles, de spéculer sur les mouvements
des taux d’intérêts étrangers par rapport aux taux d’intérêts nationaux, sur ceux des taux de
change, etc.…
Les transactions d’un pays avec le reste du monde sont résumées par un dispositif comptable
appelé la balance des paiements. Elle comprend le compte des transactions courantes, le compte
de capital et le compte financier.

70
1. Le compte des transactions courantes ou compte courant
Ce compte met en évidence les paiements faits au reste du monde et reçus de lui, à l’occasion
des opérations courantes. Il est composé du solde des biens et services (solde des exportations
et des importations de biens et services). Les exportations génèrent des versements du reste du
monde et les importations des versements au reste du monde. Le compte courant est également
composé des transferts internationaux nets ou transferts courants et les revenus de facteurs : les
résidents nationaux reçoivent des revenus de leur détention d’actifs étrangers et les résidents
étrangers reçoivent également des revenus de leur détention d’actifs nationaux.
Le compte courant est composé de transactions internationales qui ne créent pas de dettes (aide
internationale, envoi de fonds des travailleurs à l’étranger. Des transactions qui impliquent
l’achat ou la vente d’actifs et qui donc créent des dettes futures sont considérées comme faisant
partie du solde du compte financier ou compte financier.

2. Le compte financier et le compte de capital


Le compte financier est donc la différence entre les ventes d’actifs financiers à des étrangers et
des achats d’actifs financiers à des étrangers au cours d’une période donnée.
La balance des paiements inclut aussi le compte de capital qui retrace les acquisitions d’actifs
non financiers (achats et vente de brevets, etc…).

Les flux de capitaux ont tendance à égaliser les taux d’intérêts entre pays. Les pays peuvent
avoir des entrées et sorties de capitaux car d’autres facteurs autres que les taux d’intérêts
influencent également les décisions d’investissement. Les flux de capitaux reflètent les
différences internationales de comportements d’épargne et d’opportunités d’investissements.

3. Le choix entre actifs nationaux et actifs étrangers


L’ouverture des marchés financiers implique que les investisseurs financiers ont le choix entre
la détention d’actifs nationaux ou d’actifs étrangers, particulièrement le choix entre actifs
nationaux ou étrangers rapportant des intérêts.
Soit it le taux d’intérêt national et soit it* le taux d’intérêt étranger.
Pour affirmer le caractère attractif des titres nationaux, il faut en plus de la comparaison des
taux d’intérêts, aussi anticiper l’évolution du taux de change d’une année à la suivante.
Si l’on ne veut détenir que l’actif dont le taux de rendement est le plus élevé et si les titres
nationaux et étrangers sont détenus, ils doivent avoir le même taux de rendement de sorte que
71
la relation d’arbitrage doit être vérifiée. C’est la relation de parité non couverte de taux
d’intérêts ou la condition de parité des taux d’intérêts qui donne :
it = it* + (Eet+1-Et/Et)
L’arbitrage implique que le taux d’intérêt intérieur soit à peu près égal au taux d’intérêt étranger
plus le taux de dépréciation anticipé de la monnaie nationale.

Le marché des changes résulte de la confrontation de l’offre et la demande de devises. L’offre


de devise résulte des non-résidents qui souhaitent acquérir soit des marchandises soit des titres
soit de la monnaie du pays considéré. La demande de devise provient des résidents qui
souhaitent se procurer de la monnaie ou des actifs d’un pays étranger.
Le taux de change va dépendre des flux de capitaux et de marchandises. Ces mêmes flux vont
réciproquement dépendre de la valeur du taux de change.
Si la balance courante est déficitaire, la demande de devise pour régler les achats à l’étranger
est supérieure à l’offre de devise pour effectuer les achats dans le pays. La monnaie aura
tendance à se déprécier par rapport aux autres devises.
Si on a une balance des paiements excédentaire notre monnaie est davantage demandée et elle
aura tendance à s’apprécier.
En régime de change flottant le cours des monnaies est déterminé librement par le simple jeu
de l’offre et la demande sur le marché des changes. Une variation de la demande provoquera
une variation du taux de change, et toute variation du taux de change se traduira par un
déplacement de BP.
En régime de change fixe, les autorités s’engagent à maintenir le prix de leur monnaie par
rapport à une devise ou à un panier de devise de référence. La BC intervient sur le marché des
changes pour maintenir le cours de sa monnaie à la parité initialement fixée. Elles doivent donc
être en mesure d’acheter ou de vendre la quantité de monnaie nécessaire au respect de l’objectif
de change, et maintenir des réserves de change.
Par exemple, dans le cas d’un déficit de la balance courante il y a une demande de monnaie
excédentaire de devises qui fera que la monnaie domestique se déprécie. La BC va puiser dans
ses réserves de change pour maintenir la parité de sa monnaie, elle va vendre des devises et
acheter de la monnaie nationale.

72
POINTS IMPORTANTS A RETENIR
Le taux de change nominal est le prix relatif des monnaies de deux pays. C’est le taux auquel
un individu peut échanger une devise contre une autre. Une appréciation de la monnaie
nationale correspond donc à une baisse du taux de change nominal E et une dépréciation à une
hausse du taux de change nominal E.
Le taux de change réel est le prix relatif des biens entre deux pays. Il nous indique à quel taux
il est possible d’échanger des biens d’un pays contre les biens d’un autre pays. Une
augmentation des prix relatifs des biens intérieurs en termes de biens étrangers est appelée une
appréciation réelle et une baisse est appelée une dépréciation réelle. Une appréciation réelle
correspond à une baisse du taux de change réel et une dépréciation réelle correspond à une
augmentation de ɛ. Une augmentation du taux de change réel signifie que les biens étrangers
sont relativement plus chers que les biens nationaux ce qui entraine une augmentation des
exportations nationales et une baisse des importations, donc une augmentation des exportations
nettes.
Les transactions d’un pays avec le reste du monde sont résumées par un dispositif comptable
appelé la balance des paiements. Elle comprend le compte des transactions courantes, le compte
de capital et le compte financier.
L’ouverture des marchés financiers implique que les investisseurs financiers ont le choix entre
la détention d’actifs nationaux ou d’actifs étrangers, particulièrement le choix entre actifs
nationaux ou étrangers rapportant des intérêts.
L’arbitrage implique que le taux d’intérêt intérieur soit à peu près égal au taux d’intérêt étranger
plus le taux de dépréciation anticipé de la monnaie nationale :
it = it* + (Eet+1-Et/Et)

73
EXERCICES
Exercice 1
En 2000, le taux de change nominal entre l’Allemagne et l’Angleterre était de E = 1, 5, alors
que les déflateurs respectifs du PIB s’élevaient à P = 1,5 et P⃰ = 1, 2. En 2001, le taux de change
était passé à E = 1, 6, et les déflateurs à P = 1, 65 et P⃰ = 1, 25.
a) Calculez la variation du taux de change nominal entre 2000 et 2001. L’euro s’est-il
apprécié ou déprécié face à la livre sterling ?
b) Calculez le taux de change réel en 2000 et 2001, ainsi que sa variation entre les deux
années. Cette dernière traduit-elle une appréciation réelle ou une dépréciation réelle des
biens allemands par rapport aux biens anglais ?
c) Calculez le taux de variation de P et P⃰. Utilisez cette dernière information pour
commenter les ampleurs respectives des variations nominales et réelles précédemment
calculées.

Exercice 2 : QCM
1. Parmi les évolutions suivantes, laquelle, TCEPA, pourrait entraîner une
appréciation du taux de change domestique réel ?
a) Toutes ces réponses sont correctes
b) Une dépréciation du taux de change nominal
c) Une réduction du niveau des prix domestiques

2. Quelle est la conséquence d’une appréciation nominale de l’euro (toutes choses


étant égales par ailleurs) ?
a) L’euro est moins cher pour les acheteurs non européens
b) La monnaie étrangère est plus chère pour les européens
c) Les biens non européens sont moins chers pour les acheteurs européens
d) Aucune réponse n’est correcte
e) Les biens européens sont plus chers pour les acheteurs non européens

3. Supposons que, au cours d’une décennie, l’inflation soit plus faible en zone euro
qu’au Royaume-Uni. Supposons de plus que, au cours de la même période, l’euro
se déprécie par rapport à la livre sterling. Que peut-on en conclure ? :
a) Il y a eu une dépréciation réelle de l’euro par rapport à la livre sterling
b) Le taux de change réel de l’euro par rapport à la livre sterling peut avoir augmenté ou
diminué
c) Il y a eu une appréciation réelle de l’euro par rapport à la livre sterling
4. Supposons qu’un dollar vaut 0,80 € et qu’on anticipe qu’il vaudra 1 € dans un an.
On anticipe donc :
a) Une appréciation de l’euro de 25 % b) Aucune réponse n’est correcte
c) Une dépréciation de l’euro de 20 % d) Une dépréciation de l’euro de 25 %
e) Une appréciation de l’euro de 20 %

74
5. Toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité de biens exportés diminue
lorsque :
a) Le produit intérieur s’accroît
b) Aucune réponse n’est correcte
c) Le taux de change réel s’apprécie
d) Toutes ces réponses sont correctes
e) Le produit étranger s’accroît

CORRECTION
Exercice 1
a) Le taux de change a augmenté de :

Soit 6,7% entre 2000 et 2001.


Le taux de change exprime le prix de la devise étrangère par rapport à la devise nationale. Si
le taux de change entre l’euro et la livre a augmenté de 6,7%, cela implique donc une
dépréciation de l’euro face à la livre (il faut plus d’euros pour acheter une livre en 2001 qu’il
n’en fallait en 2000).
b) Le taux de change réel est le prix des biens étrangers exprimé en terme de biens
domestiques. Il se calcule suivant la formule suivante :

Le taux de change réel est donc de 1, 2 en 2000, et de 1, 212 en 2001. La variation entre les
deux années est de 0, 01, soit 1%.
Cette dernière traduit une dépréciation réelle des biens allemands par rapport aux biens anglais
entre 2000 et 2001, toutefois inférieure à la dépréciation nominale de l’euro par rapport à la
livre.
c) Le taux de variation de P entre 2000 et 2001 est de 0, 1, soit 10%. Le taux de variation
de P⃰ est de 0, 041, soit 4,1%.
On constate que P a plus augmenté que P⃰. Cet accroissement relativement plus important des
prix des biens allemands exprimés en euros (par rapport au prix des biens anglais exprimés en
livres), c’est-à-dire le fait que P⃰/P diminue entre 2000 et 2001, vient atténuer l’effet de la
dépréciation nominale sur le taux de change réel.

75
QCM
1) Rien
2) c) e)
3) a)
4) d)
5) b)

76
CHAPITRE 5 : POLITIQUE ECONOMIQUE EN ECONOMIE
OUVERTE

Section 1 : Le modèle de Mundell-Fleming


Le modèle Mundell-Fleming a été développé au début des années 60. C’est l’extension du
modèle IS-LM à une économie ouverte avec pour objectif principal l’étude de l’efficacité des
politiques économiques selon le régime de changes en vigueur (changes fixes ou changes
flexibles).
Les deux modèles, celui de Mundell-Fleming et IS-LM font l’hypothèse que le niveau des prix
est donné pour étudier les sources de fluctuations dans le court terme du revenu agrégé. De
même, tous deux mettent en avant l’interaction entre marché des biens et services et marché
monétaire. La seule différence entre les deux est que le modèle IS-LM représente une économie
fermée alors que le modèle de Mundell-Fleming décrit une économie ouverte.
Dans le modèle IS-LM la prise en compte de l’extérieur aura trois conséquences :
- L’ajout d’une courbe BP qui représente l’équilibre de la Balance des Paiements.
- L’ajout de la balance commerciale à IS (prise en compte de X et M).
- Si le pays est en régime de change fixe l’équilibre sur le marché de la monnaie doit
intégrer la création monétaire qui va être liée aux interventions des autorités sur le
marché des changes.

I. Le marché des biens dans une économie ouverte


1.Le marché des biens et services et la courbe IS
Il faut tenir compte du fait qu’une partie de la demande intérieure est satisfaite par des biens
étrangers et une partie de la demande de biens nationaux vient des étrangers.
Dans une économie ouverte, la demande de biens nationaux est donnée par :
𝑍 =𝐶+𝐼+𝐺+𝑋−𝑀

Les trois premiers termes constituent la demande intérieure de biens auquel on soustrait les
importations et on ajoute les exportations (la demande de biens nationaux qui vient de
l’étranger).

1.1 Les déterminants de C, I et G


Demande intérieure = C + I + G = C (Y − T ) + I (Y , r ) + G
(+) (+, −)

77
1.2 Les déterminants des importations
Les importations dépendent du revenu et du taux de change réel. Plus le prix des biens étrangers
par rapport aux biens nationaux est élevé, moins forte est la demande de biens étrangers et
moins élevée est la quantité d’importation. Un revenu plus élevé conduit à des importations
plus élevées. Un taux de change réel plus élevé rend les produits étrangers plus chers
relativement, ce qui conduit à une diminution de la quantité des importations.
M = M (Y ,  )
( +, − )
1.3 Les déterminants des exportations
Une augmentation du produit étranger mène à une augmentation de la demande étrangère de
biens dont une partie s’adresse à des biens nationaux, ce qui entraine des exportations plus
élevées. Une augmentation de ɛ rend les biens nationaux plus attractifs relativement, d’où une
augmentation des exportations.

(
X = X Y  , )
( +, + )

Le marché des biens est à l’équilibre quand le produit intérieur est égal à la demande de biens
nationaux : Y=Z, on a donc :

𝑌 =𝐶+𝐼+𝐺+𝑋−𝑀

On appelle exportations nettes la différence entre les exportations et les importations, c’est
aussi la balance commerciale BC soit :
NX = X - M

1.4 Effets du taux de change sur la balance commerciale


On a trois canaux par lesquels une dépréciation réelle, c’est-à-dire une augmentation de ɛ
affecte la balance commerciale :
- X augmente : la dépréciation réelle rend les biens nationaux comparativement moins
chers à l’étranger, d’où une augmentation de la demande étrangère de biens nationaux
et donc une augmentation des exportations du pays.
- M diminue. La dépréciation réelle rend les biens étrangers comparativement plus chers,
d’où un déplacement de la demande intérieure en faveur des biens nationaux et donc
une diminution des importations.
- Le prix relatif des biens étrangers ɛ augmente. Ceci tend à augmenter la facture des

78
importations, ɛM la même quantité d’importations vaut désormais plus cher (en termes
de biens intérieurs).

Pour que la balance commerciale soit améliorée à la suite d’une dépréciation, les exportations
doivent suffisamment augmenter et les importations suffisamment baisser pour compenser
l’augmentation de la valeur des importations. La condition pour qu’une dépréciation réelle
induise une augmentation des exportations nettes est connue sous le nom de condition de
Marshall-Lerner et cette condition est vérifiée dans la réalité.
Ainsi, la dépréciation conduit à un déplacement de la demande étrangère et intérieure vers les
biens nationaux. Ceci induit en retour une augmentation du produit intérieur et une
amélioration de la balance commerciale.
Du point de vue dynamique, une dépréciation réelle induit initialement une détérioration, puis
une amélioration de la balance commerciale au-delà de son niveau initial. Ce processus
d’ajustement (d’abord une baisse puis une hausse) est appelé courbe en J.

Les travaux empiriques sur la relation dynamique entre les exportations, les importations et le
taux de change réel montrent que dans tous les pays riches, une dépréciation réelle induit

79
finalement une amélioration de la balance commerciale mais que ce processus prend du temps,
entre 6 mois et 1 an.

1.5 Equilibre sur le marché des biens


L’équilibre sur le marché des biens s’écrit donc :

(
Y = C (Y − T ) + I (Y , r ) + G + NX Y ,Y  ,  )
(+ ) (+, −) (−, +, + )

Dans le court terme, le niveau des prix intérieurs et étrangers sont donnés de sorte que le taux
de change réel ɛ et le taux de change nominal E évoluent proportionnellement. Une
dépréciation nominale induit une dépréciation réelle avec un facteur de 1 pour 1. Si P/P*=1
alors ɛ=E. De plus les prix étant fixés, il n’y a pas d’inflation ni d’inflation anticipée, les taux
d’intérêt réel r et nominal i sont les mêmes. On a donc finalement :

(
Y = C (Y − T ) + I (Y , i ) + G + NX Y ,Y  , E )
(+ ) (+, −) (−, +, + )

Le produit dépend donc du taux d’intérêt nominal et du taux de change nominal.


La pente de l’équation de la courbe IS en économie ouverte reste négative mais plus forte en
valeur absolue qu’en économie fermée. La même variation du taux d’intérêt aura un impact
moins fort sur le revenu en économie ouverte qu’en économie fermée : le multiplicateur est
donc plus faible en économie ouverte à cause des importations.
Les variations de la demande étrangère et du taux de change auront un impact sur la position
de la courbe IS.

II. L’équilibre sur les marchés financiers et la courbe LM en économie ouverte


L’objectif ici est de montrer comment le taux d’intérêt peut agir comme instrument de décision
politique, pour égaliser l’offre et la demande de monnaie. Pour ce faire, il suffit de simuler un
déséquilibre (contraction monétaire ou augmentation du produit, par exemple) sur le marché et
de montrer comment le taux d’intérêt permettra de revenir à l’équilibre.
La condition ”offre de monnaie = demande de monnaie” est exactement la même qu’en
économie fermée. Cette condition est donnée par l’équation suivante :

80
M/P = L (Y, i)
L’offre de monnaie (terme de gauche) est donnée. La demande réelle de monnaie (terme de
droite) dépend positivement du volume des transactions dans l’économie, mesurée par le
niveau du produit (Y), et négativement du coût d’opportunité de détenir de la monnaie plutôt
que des titres, soit le taux d’intérêt nominal (i). Plus le revenu est élevé plus les agents vont
demander de la monnaie pour réaliser un nombre plus important de transaction, en revanche
plus le taux d’intérêt est élevé, moins les agents sont incités à détenir de la monnaie (ils
préfèrent détenir des actifs relativement mieux rémunérés).
Le fait d’être en économie ouverte ne change rien à ce niveau dans la mesure où la demande
de monnaie locale est encore principalement une demande des résidents (un américain n’a
aucun intérêt à obtenir des euros, il est plus avantageux pour lui d’acheter des obligations
européennes qui lui rapporteront un taux d’intérêt).

En économie ouverte l’offre de monnaie ne va pas plus être forcément exogène, c’est-à-dire
parfaitement contrôlée par les autorités.
La création monétaire a deux origines, deux contreparties :
Crédit interne (M0) : crédit à l’économie
Créances sur extérieur : réserves de change
L’incidence des réserves de change sur la création monétaire va dépendre du régime de change.
En change flexible l’offre de monnaie reste exogène (Ms=M0), un déséquilibre de la balance
des paiements modifie la demande relative de la monnaie nationale par rapport aux devises. En
changes flexibles le taux de change va s’ajuster immédiatement aux nouvelles conditions
d’offre et de demande. Par exemple un excédent de la balance courante fait apprécier le taux
de change ce qui, en pénalisant les importations et en favorisant les exportations, contribue à
restaurer l’équilibre extérieur.
En régime de change fixe le taux de change ne pouvant s’ajuster face au déséquilibre entre
offre et demande de monnaie nationale sur le marché des devises c’est l’offre de monnaie qui
va restaurer l’équilibre. On a une offre de monnaie qui devient endogène :
• Par exemple en situation d’excédent de balance des paiements courante il existe un
excédent de la demande de monnaie nationale qui pousse la monnaie à s’apprécier. Pour
éviter cette appréciation, la BC doit intervenir sur le marché des changes afin
d’augmenter l’offre de monnaie suite à l’augmentation de la demande. Elle vend alors
sa monnaie contre des devises et cela entraine une augmentation des réserves de change.

81
La création monétaire augmente en contrepartie des augmentations des réserves de
change.
• Symétriquement si on a un déficit de la BP, la monnaie a tendance à se déprécier et la
BC doit soutenir sa monnaie et l’achète contre des devises. Elle détruit de la monnaie
et ses réserves de change diminuent.

III. L’interaction des marchés des biens et des marchés financiers


A partir de l’équilibre sur le marché des biens

(
Y = C (Y − T ) + I (Y , i ) + G + NX Y ,Y  , E )
(+ ) (+, −) (−, +, + )
De l’équilibre sur le marché monétaire

= Y L(i )
M
P
Et de la condition de parité des taux d’intérêt

Ee
E=
1 + i − i
On obtient les deux équations du modèle IS/LM en économie ouverte :

 Ee 
IS : Y = C (Y − T ) + I (Y , i ) + G + NX  Y , Y  , 
 
 1 + i − i 
= Y L(i )
M
LM
P
Une augmentation du taux d’intérêt a maintenant deux effets sur le produit :
• Le premier est l’effet direct sur l’investissement. Un taux d’intérêt plus élevé implique
une baisse de l’investissement donc une baisse de la demande de biens nationaux et
donc une diminution du produit.
• Le second, spécifique à une économie ouverte, transite par le taux de change. Une
augmentation du taux d’intérêt intérieur implique une appréciation de la monnaie
nationale ce qui rend les biens nationaux beaucoup plus chers que les biens étrangers,
donc à une baisse du volume des exportations, de la demande de biens nationaux et
finalement à une baisse du produit.
Une augmentation du taux d’intérêt diminue donc la demande directement et indirectement par
le canal de l’appréciation de la monnaie nationale. Le multiplicateur est ici plus faible qu’en
économie fermée car une partie de la demande est satisfaite par des biens étrangers.

82
La courbe IS est donc décroissante : une augmentation du taux d’intérêt i fait baisser le produit
Y.

La courbe LM est croissante : pour une valeur donnée du stock réel de monnaie M/P, une
augmentation du produit mène à une demande de monnaie accrue et à une augmentation du
taux d’intérêt.

III. La courbe BP et le taux de change

La courbe BP représente pour un change donné, l’ensemble des combinaisons (i, Y) pour
lesquels la balance des paiements est en équilibre.
Les éléments de la balance des paiements sont :

83
➢ Le compte des transactions courantes = Balance commerciale (BC) (plus le compte de
revenu : transfert avec l’étranger).
➢ Le compte financier + le compte de capital = Balance des capitaux (BK)
L’équilibre de la balance des paiements signifie qu’il n’y a ni d’entrée, ni de sortie de devises.
Cela nécessite la prise en compte de deux variantes : les transactions courantes et les
mouvements de capitaux :
BP = BC + BK = 0

▪ La balance commerciale (BC)


On sait que les exportations dépendent positivement du taux de change réel et positivement de
la demande des non-résidents. Les importations dépendent positivement du revenu national et
négativement du taux de change réel.

▪ La balance des capitaux (BK)


La balance des capitaux dépend positivement de la différence entre le taux d’intérêt national et
le taux d’intérêt étranger l'étranger ainsi que des perspectives d'évolution du taux de change de
la monnaie nationale. On suppose le taux d’intérêt étranger exogène si bien que la balance des
capitaux dépend positivement du taux d’intérêt national.

A l’équilibre, la balance commerciale est toujours compensée par des entrées ou des sorties de
capitaux de telle sorte que BC + BK = 0. Si le pays possède un excédent de sa balance
commerciale, il dégage par conséquent une capacité de financement disponible pour financer
le reste du monde, lequel présente alors un besoin de financement puisque sa balance
commerciale avec le pays est déficitaire (jeux à somme nul). On observe ainsi une sortie de
capitaux. Inversement, si la BC est négative alors on observe une entrée de capitaux
(financement du déficit commercial).
Etant donné que l’équilibre de la balance des paiements implique que BP = 0 alors :

84
f/h est le coefficient directeur de la courbe BP. Plus il est élevé et plus la courbe est plate.
Autrement dit, BP sera d’autant plus horizontale que les mouvements de capitaux sont élevés,
et d’autant plus verticale qu’ils sont faibles.

▪ Construction de la courbe BP
La courbe BP décrit une relation croissante entre i et Y : une augmentation du revenu national
à partir d'une situation d'équilibre externe entraîne une hausse des importations, sans effet sur
les exportations (la demande extérieure n'évoluant pas). L'apparition d'un déficit des
transactions courantes implique le recours à l'emprunt de capitaux étrangers. Cette demande
supplémentaire entraîne une augmentation du taux d'intérêt national qui se poursuivra jusqu'à
ce que l'entrée de capitaux compense le déficit de la balance courante.
Une hausse du revenu s'accompagne donc une hausse du taux d'intérêt pour rétablir l'équilibre
extérieur.

Le taux de change
Il résulte de la confrontation de l’offre et la demande de devises. L’offre de devise résulte des
non-résidents qui souhaitent acquérir soit des marchandises soit des titres soit de la monnaie
du pays considéré. La demande de devise provient des résidents qui souhaitent se procurer de
la monnaie ou des actifs d’un pays étranger.
Le taux de change va dépendre des flux de capitaux et de marchandises. Ces mêmes flux vont
réciproquement dépendre de la valeur du taux de change. Si la balance des paiements est
déficitaire, la demande de notre monnaie est inférieure à l’offre et la monnaie aura tendance à
se déprécier par rapport aux autres devises. Si on a une balance des paiements excédentaire
notre monnaie est davantage demandée et elle aura tendance à s’apprécier.
En régime de change flottant le cours des monnaies est déterminé librement par le simple jeu
de l’offre et la demande sur le marché des changes. Une variation de la demande provoquera
une variation du taux de change, et toute variation du taux de change se traduira par un
déplacement de BP.

85
En régime de change fixe, les autorités s’engagent à maintenir le prix de leur monnaie par
rapport à une devise ou à un panier de devise de référence. La Banque Centrale intervient sur
le marché des changes pour maintenir le cours de sa monnaie à la parité initialement fixée. Elle
doit donc être en mesure d’acheter ou de vendre la quantité de monnaie nécessaire au respect
de l’objectif de change, et maintenir des réserves de change.
Exemple : dans le cas d’un déficit de la balance courante il y a une demande de monnaie
excédentaire de devises qui fera que la monnaie domestique se déprécie. La BC va puiser dans
ses réserves de change pour maintenir la parité de sa monnaie, elle va vendre des devises et
acheter de la monnaie nationale.
Le choix d’un change fixe est une contrainte pour l’économie car toute modification de
l’équilibre extérieur doit être compensé au niveau interne.

BP sera d’autant plus horizontale que les capitaux seront grands (capitaux mobiles) et BP
sera d’autant plus verticale que les capitaux seront immobiles.
On a trois situations typiques :
- Lorsque les capitaux parfaitement mobiles
- Lorsque les capitaux parfaitement immobiles
- Lorsque les capitaux imparfaitement mobiles

L’équilibre global est atteint lorsque les trois marchés (marchés des biens et services, marché
monétaire et marché des changes) sont équilibrés c’est-à-dire au point d’intersection des
courbes IS, LM et BP.
La courbe BP prendra des formes spécifiques dans deux cas particuliers :
- L’immobilité des mouvements de capitaux : dans ce cas, les capitaux deviennent
insensibles au taux d'intérêt et la courbe BP devient une droite verticale.

86
- Lorsqu'il y a une parfaite mobilité internationale des capitaux qui sont infiniment
élastiques aux taux d'intérêt. Celui-ci devient alors indépendant des conditions
nationales, il correspond à un taux d'intérêt international dont il est impossible de
s'écarter et la courbe BP devient une droite horizontale.

87
Lorsque les capitaux sont imparfaitement mobiles, la courbe BP n’est ni verticale ni
horizontale.

Nous allons maintenant utiliser le modèle de M-F pour étudier l’impact des politiques
économiques sur le revenu agrégé Y, sur le taux de change E et le taux d’intérêt i.

Nous avons adopté deux simplifications pour les explications. Nous nous concentrons ici sur
le court terme, ainsi les prix sont fixes dans le sens où les agents domestiques ne peuvent
prendre en compte la variation des prix dans leurs décisions. Si le niveau des prix étrangers et
des prix domestiques sont fixes, par définition le taux de change nominal évolue
proportionnellement au taux de change réel et nous pouvons déduire de la formule du taux de
change réel que ε = E.
De plus, si dans notre modèle les prix sont fixes, il n’y a pas d’inflation ni d’anticipation
d’inflation, par conséquent, les taux d’intérêt nominal et réel sont les mêmes. Avec ces
simplifications, l’équation (IS) devient :

88
Section 2 : Politique économique en économie ouverte

Dans le modèle IS-LM la prise en compte de l’extérieur aura trois conséquences :


- L’ajout d’une courbe BP qui représente l’équilibre de la BP.
- L’ajout de la balance commerciale à IS
- Si le pays est en régime de change fixe l’équilibre sur le marché de la monnaie doit
intégrer la création monétaire qui va être liée aux interventions des autorités sur le
marché des changes.

1. Politique budgétaire en économie ouverte


Une relance budgétaire augmente la demande autonome, ce qui provoque une hausse du revenu
national et une hausse du taux d’intérêt (La hausse du revenu implique une hausse de la
demande de monnaie qui nécessite une hausse de i pour maintenir l’équilibre sur le marché de
la monnaie).
Cette double hausse va avoir un impact sur la balance des paiements :
– La hausse de Y va entraîner une hausse des importations, et donc un déficit commercial (BC
baisse).
– Si les capitaux sont mobiles, la hausse du taux d’intérêt national entraîne un afflux de capitaux
et donc un excédent de la balance des capitaux (BK augmente).
L’effet net dépend du degré de mobilité des capitaux. Une situation de forte mobilité des
capitaux est illustrée par une courbe BP de pente plus faible que la courbe LM.

Politique budgétaire expansionniste en change fixe avec mobilité des capitaux

Partons du cas où la pente BP est plus faible que la pente LM (forte mobilité).
La politique de hausse des dépenses publiques augmente la demande autonome le revenu
national, la courbe IS va se déplacer à droite et l’équilibre se déplace avec un nouveau taux
d’intérêt et revenu supérieurs.
Cette double hausse (taux d’intérêt et revenu) va avoir un impact sur la balance des paiements :
– La hausse de Y va entraîner une hausse des importations, et donc un déficit commercial (BC
baisse).
– Si les capitaux sont mobiles, la hausse du taux d’intérêt national entraîne un afflux de capitaux
et donc un excédent de la balance des capitaux (BK augmente).

89
L’effet net dépend du degré de mobilité des capitaux. Une situation de forte mobilité des
capitaux est illustrée par une courbe BP de pente plus faible que la courbe LM. L’effet net sur
BP est positif car la mobilité du capital est relativement élevée On a une faible baisse de la BC
et une forte hausse de la BK ce qui entraine une BP excédentaire.
L’excédent de la BP dû à la hausse du taux d’intérêt entraine un afflux de capitaux dans le pays.
Mais ces capitaux doivent d’abord s’échanger sur le marché des changes ce qui entraine une
hausse de la demande de monnaie locale dont le prix augmente donc à une appréciation de la
monnaie nationale : le taux de change augmente. Cela oblige la banque centrale à intervenir
pour défendre la parité : la demande de monnaie nationale étant supérieure à l’offre, la banque
centrale doit donc augmenter l’offre de monnaie locale. Elle crée alors de la monnaie en
achetant des devises (vente de la monnaie nationale) et ses réserves de change augmentent. La
masse monétaire étant plus importante, la courbe LM se déplace à droite, ce qui compense
l’appréciation et permet de maintenir le change fixe.
Enfin, le taux d’intérêt baisse pour que l’offre de monnaie puisse s’accroitre et venir égaliser
la demande de monnaie plus élevée, ce qui permet également de rééquilibrer la balance des
paiements (sortie de capitaux). De plus, la baisse du taux permet une hausse de l’investissement
et donc du produit.

La politique budgétaire dans ce cas est très efficace.

• En régime de change fixe, la politique monétaire est contrainte par la nécessité pour la
banque centrale de défendre la parité du change. Donc elle est inefficace.

90
• En régime de change flexible, l’ajustement ne se fait pas par la masse monétaire mais
par le taux de change qui s’apprécie ou se déprécie sur le marché des changes.
C’est le plaidoyer flexibiliste de Friedman selon lequel un régime de change flexible permet
un rééquilibrage externe de l’économie par la variation du change tout en rendant la politique
monétaire autonome.

POINTS IMPORTANTS A RETENIR

CHANGES
POLITIQUE BUDGETAIRE
Fixes Flottants
Faiblement efficace Très efficace
Faible
MOBILITE
Forte Très efficace Inefficace

CHANGES
POLITIQUE MONETAIRE
Fixes Flottants
Inefficace Très efficace
Faible
MOBILITE
Forte Impossible Très efficace

91
EXERCICE : QCM

1. Dans une économie ouverte, lequel des événements suivants entraîne un


déplacement de la courbe IS vers la droite ? :
a) Une augmentation des impôts, toutes choses égales par ailleurs
b) Une diminution du PIB étranger, toutes choses égales par ailleurs
c) Une dépréciation réelle
d) Une appréciation réelle

2. Quel est l’effet d’une politique de baisse des impôts dans une économie ouverte
en changes flexibles ? :
a) Le taux de change se déprécie
b) Le taux de change peut s’apprécier ou se déprécier
c) Le taux de change s’apprécie
d) Cette politique n’a pas d’effet sur le taux de change

3. Dans une économie ouverte avec des taux de changes flexibles, une politique
monétaire expansionniste entraîne :
a) Une augmentation du produit
b) Une augmentation des exportations
c) Les réponses a et c sont correctes
d) Toutes ces réponses sont correctes
e) Aucune réponse n’est correcte
f) Une dépréciation de la monnaie nationale et hausse du taux de change

4. On suppose que les capitaux sont parfaitement mobiles. L’effet d’une expansion
budgétaire sur le produit est :
a) Aucune réponse n’est correcte
b) Plus important en changes flexibles qu’en changes fixes, et plus important en changes
fixes qu’en économie fermée
c) Plus important en changes fixes qu’en économie fermée, et plus important en économie
fermée qu’en changes flexibles

5. Dans un système de changes fixes :


a) Des changements dans la politique budgétaire sont désormais inefficaces
b) Des changements dans la politique budgétaire doivent être accompagnés de
changements dans la politique monétaire
c) Les changements dans la politique budgétaire sont indépendants des changements dans
la politique monétaire
d) Les changements dans la politique budgétaire sont dorénavant impossibles

CORRECTION
1) C)
2) C)
3) A) F)
4) C)
5) B)
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