Vous êtes sur la page 1sur 110

Découvrir autrement

Les Pères de l’Église


leur vie, leur œuvre
Thomas Reyser
Les Pères de l’Église
Introduction
n Qui sont les Pères de l’Église ? • Ignace d’Antioche
n Paternité antique, paternité religieuse • Irénée de Lyon
n Définir les Pères • Isidore de Séville
n Pères de l’Église, Docteurs de l’Église • Jean Cassien
n Une discipline scientifique • Jean Chrysostome
• Jean Damascène
n Choix de présentation
• Jérôme
• Alexandre d’Alexandrie
• Justin Martyr
• Ambroise de Milan
• Lactance
• Anonyme de la Didachè
• Léon le Grand
• Aristide d’Athènes
• Marius Victorinus
• Athanase d’Alexandrie
• Maxime le Confesseur
• Athénagore d’Athènes
• Méliton de Sardes
• Augustin
• Méthode d’Olympe
• Basile de Césarée
• Minucius Felix
• Boèce
• Origène
• Clément d’Alexandrie
• Papias de Hiérapolis
• Clément de Rome
• Paulin de Nole
• Cyprien de Carthage
• Pierre d’Alexandrie
• Cyrille d’Alexandrie
• Polycarpe de Smyrne
• Cyrille de Jérusalem
• Pseudo-Denys l’Aréopagite
• Denys d’Alexandrie
• Rufin d’Aquilée
• Didyme l’Aveugle
• Sophrone de Jérusalem
• Diodore de Tarse
• Sulpice Sévère
• Éphrem le Syrien
• Tatien le Syrien
• Épiphane de Salamine
• Tertullien
• Eucher de Lyon
• Théodore Studite
• Eusèbe de Césarée
• Théodoret de Cyr
• Eustathe d’Antioche
• Théophile d’Antioche
• Germain de Constantinople
• Vincent de Lérins
• Grégoire de Nazianze
• Grégoire de Nysse n Conclusion
• Grégoire le Grand
• Hermas
n Glossaire
• Hilaire de Poitiers
• Hippolyte de Rome Livre numérique mode d’emploi

2
Les Pères de l’Église

Les Pères
de l’Église

par Thomas Reyser


docteur en histoire ancienne et enseignant

3
Les Pères de l’Église

Introduction
Qui sont les Pères de l’Église ?

« Les paroles sont la progéniture de l’âme. Aussi appelons-


nous ceux qui nous ont instruits “pères” […] et tout homme
qui reçoit l’instruction est, quant à la dépendance, le fils de son
maître » (Clément d’Alexandrie, Stromates, I, I, 2-2, 1).

4
Les Pères de l’Église

Paternité antique,
paternité religieuse
Dans l’Antiquité, au sein des communautés chrétiennes, la
charge d’enseigner revenait à l’évêque faisant de lui le garant
de la transmission de la vraie foi. Au-delà de cette dimension
éducative, les évêques antiques endossent des responsabili-
tés et une symbolique qui s’inscrivent dans un héritage vété-
rotestamentaire et gréco-romain. Dans l’Ancien Testament,
les patriarches sont les aïeux qui portent la promesse divine
et sont les garants de l’Alliance. Le pater familias romain est
le chef de famille, le responsable de la tradition, le dépositaire
de l’expérience et le prêtre du culte domestique. Il est donc le
maître de l’authenticité. Les évêques s’inscrivent dans cette
double tradition. En premier lieu, ils sont les pères au sens du
géniteur : par le baptême, ils font entrer les croyants dans une
nouvelle vie. Ils sont les chefs de famille car ils ont autorité sur
la communauté. Cette idée de paternité est ancienne dans le
christianisme car elle est déjà présente chez Irénée de Lyon,
au IIe siècle :
« Lorsque quelqu’un a reçu l’enseignement de la bouche
d’un autre, il est appelé le fils de celui qui l’a instruit, et ce der-
nier est nommé son père. » Contre les Hérésies
Le concept de Père de l’Église souligne que l’évêque est le
garant de la vraie foi et de sa transmission dans la succession
apostolique. L’évêque assure l’unité de la foi. Il faut attendre

5
Les Pères de l’Église

le IVe siècle et les nombreuses controverses doctrinales pour


voir le terme prendre un sens plus large et désigner les écri-
vains ecclésiastiques reconnus comme les représentants de la
tradition de l’Église. Au siècle suivant, Vincent de Lérins définit
les Pères indépendamment du statut d’évêque :
« Ceux qui, en leurs temps et lieux, sont restés dans l’unité
de la communion et de la foi, et furent tenus pour des maîtres
approuvés. » Commonitorium, 43.

6
Les Pères de l’Église

Définir les Pères


L’idée d’une histoire de la littérature chrétienne, et donc
des auteurs chrétiens, remonte à Eusèbe de Césarée, au début
du IVe siècle. Il expose son projet dès l’introduction de l’Histoire
ecclésiastique ; il veut parler de « ceux qui, dans chaque géné-
ration, ont été par la parole ou par les écrits les ambassadeurs
de la parole divine ». Quelques décennies plus tard, Jérôme
rédige le De viris illustribus dans lequel il énumère les écrivains
chrétiens, sans pour autant faire de distinction entre les ortho-
doxes et les hérétiques. Ces deux ouvrages fondateurs sont
notre seule source de renseignement pour certains auteurs
comme Minucius Felix ou Novatien. Le travail de Jérôme sera
complété par celui du prêtre marseillais Gennade, au siècle sui-
vant, puis par Isidore de Séville au VIIe siècle. La Bibliothèque
de Photius, au IXe siècle, et le dictionnaire de Suidas, vers l’an
1000 viennent parachever ces écrits antérieurs : un certain
nombre d’écrits antiques ne nous sont connus que par ces
deux auteurs. Pour autant, ces textes n’opèrent pas de sélec-
tion en fonction de l’orthodoxie de la pensée. Par exemple,
Jérôme laisse transparaître ses sympathies et Isidore de Séville
privilégie les théologiens « espagnols ».
La définition qui va faire référence est forgée probable-
ment au VIe siècle, dans les milieux pontificaux. Le Decretum
Gelasianum de recipendis et non recipiendis libris fournit la
plus ancienne liste des écrivains approuvés comme Père de
l’Église. Quatre conditions sont nécessaires : l’orthodoxie, la

7
Les Pères de l’Église

sainteté de vie, l’approbation ecclésiastique et l’antiquité. Ces


critères sont encore aujourd’hui retenus pour définir les Pères,
comme le rappelait le cardinal Henri de Lubac (1896-1991), qui
qualifie de Pères de l’Église, des personnages qui ont quatre
caractéristiques communes : ils ont appartenu à l’Église an-
tique ou au haut Moyen Âge, ils ont mené une vie sainte, leurs
œuvres sont exemptes d’erreurs doctrinales et ils ont bénéficié
de l’approbation de l’Église.

8
Les Pères de l’Église

Pères de l’Église,
Docteurs de l’Église
Aussi étrange que cela puisse paraître, s’il existe des cri-
tères pour définir les Pères de l’Église, pour autant il n’existe
pas de liste « officielle », contrairement aux Docteurs de l’Église.
Le titre de Docteur a été institué par le pape Boniface VIII, en
1295, pour distinguer des théologiens à qui l’Église reconnaît
une autorité particulière de témoin de la doctrine, en raison
de la sûreté de leur pensée, de la sainteté de leur vie, de l’im-
portance de leur œuvre. Les quatre premiers Docteurs sont
des Pères latins : Augustin, Ambroise, Jérôme et Grégoire Ier.
À l’issue du concile de Trente (XVIe siècle), Pie V élève au rang
de Docteur quatre Pères grecs : Athanase, Basile de Césarée,
Grégoire de Nazianze et Jean Chrysostome.
Les deux distinctions relèvent de réalités différentes : la
tradition et l’autorité. La désignation de Pères de l’Église s’en-
racine dans la tradition des communautés antiques et dans
l’exemplarité de figures charismatiques. Ainsi, il est surpre-
nant de voir le nombre de Pères de l’Église qui ont été dépo-
sés de leur siège d’évêque. La désignation de Docteur relève
de l’autorité pontificale et tous sont canonisés ou considérés
comme saints.

9
Les Pères de l’Église

Une discipline scientifique


Avec l’humanisme, l’étude des Pères de l’Église est érigée
en discipline, appelée « patristique ». Cette discipline s’appuie
sur la « patrologie » qui est l’ensemble des œuvres des Pères
de l’Église. Ce nouveau champ répond au souci de retrouver
une pureté doctrinale ancrée dans le temps. En effet, l’Église
tient pour infaillible l’unanimis consensus Patrum (« consen-
sus unanime des Pères ») lorsqu’il porte sur l’interprétation
des Écritures.
Trois intellectuels français vont marquer de manière déci-
sive l’étude des Pères de l’Église. Jean Mabillon (1632-1707) va
apporter une approche documentaire rigoureuse à l’étude des
textes des Pères. Il considère Bernard de Clairvaux (1090-1153)
comme le dernier des Pères de l’Église. Louis-Sébastien Le Nain
de Tillemont (1637-1698) rédige 16 volumes de Mémoires pour
servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles, jus-
tifiés par les citations des auteurs originaux avec une chro-
nologie où l’on fait un abrégé de l’histoire ecclésiastique. Il
reprend la méthode d’analyse documentaire de Jean Mabillon
et utilise des matériaux « fiables ». Son étude englobe tous
les auteurs jusqu’à l’époque de l’empereur Justinien. Enfin, au
XIXe siècle, Jean-Paul Migne (1800-1875) édite les Patrologia
Latina et Patrologia Graeca qui constituent une véritable en-
cyclopédie de référence des textes des Pères. Celle-ci court
jusqu’à Innocent III (XIIIe siècle) pour l’Occident et Gennade II
(XVe siècle) pour l’Orient.

10
Les Pères de l’Église

Choix de présentation
Dans un souci de clarté, seuls les Pères universellement
reconnus sont présentés dans la suite de l’ouvrage. Les Pères
propres à chaque Église ont donc été laissés de côté. Il s’agit
pour l’Église orthodoxe de Photius, Théophylacte d’Ocrid,
Grégoire Palamas et Marc d’Éphèse. Il s’agit pour l’Église ca-
tholique de Jean Scot Érigène et Bernard de Clairvaux. Il s’agit
pour les Églises non-chalcédoniennes de Sévère d’Antioche, de
Jacques de Saroug et de Jacques d’Édesse. Il s’agit pour l’Église
d’Orient de Théodore de Mopsueste et de Narsaï.
La présentation des Pères est traditionnellement faite de
façon chronologique en commençant par les Pères apostoliques
(Ier-IIe siècle). Il nous a semblé plus commode de reprendre la
logique d’un dictionnaire de biographies et de présenter ces
hommes d’Église par ordre alphabétique. La liste des œuvres
présentées pour chaque auteur ne se veut pas exhaustive ; il
s’agit d’une sélection de textes facilement accessible en français.
L’absence de références pour certains Pères de l’Église s’explique
par l’absence d’une édition francophone. Dans quelques cas,
seuls des fragments de l’œuvre ou des attestations ont survécu
ce qui ne permet pas d’en faire une édition facilement accessible.
Enfin, il semblait essentiel de ne pas se limiter à l’importance
doctrinale de chaque Père mais de recontextualiser son action
et de raconter la vie de ses hommes quand cela est possible. Le
lecteur sera peut-être surpris de la brièveté de certaines notices
mais l’antiquité de ces personnages ne nous laisse parfois que
des noms dont il est difficile de raconter l’histoire.

11
Les Pères de l’Église

Alexandre d’Alexandrie

Alexandre naît vers 250, et devient évêque d’Alexandrie,


en 312. Il doit faire face à la montée en puissance d’une nou-
velle doctrine, défendue par le prêtre Arius, qui professe l’idée
que le Fils n’est pas éternel, établissant ainsi une hiérarchie
entre le Père et le Fils. Alexandre et son secrétaire Athanase
s’opposent à Arius, et défendent la doctrine du Fils éternel,
immuable et de même nature que le Père. L’évêque convoque
un concile régional qui excommunie Arius, en 318, sans pour
autant mettre un terme à cette crise. Lors du concile de Nicée,
en 325, Alexandre poursuit son combat contre l’arianisme.
Il meurt le 17 avril 326 (ou 328), à Alexandrie.

12
Les Pères de l’Église

Ambroise de Milan

Ambroise naît à Trèves, vers 340. Fils d’Ambrosius, pré-


fet du prétoire des Gaules, il reçoit une éducation de qualité,
digne de son rang. Vers l’âge de 25 ans, il embrasse la carrière
de haut fonctionnaire de l’administration impériale, comme
son père. Vers 370, l’administration de la province de Ligurie-
Émilie (Milan) lui est confiée. En 374, il intervient à Milan, dans
le cadre de la délicate succession de l’évêque Auxence qui
oppose ariens et orthodoxes. Bien qu’il ne soit pas encore bap-
tisé, les deux partis se tournent vers lui pour occuper le siège
vacant. Ce choix surprenant obtient l’adhésion de l’empereur
et des évêques italiens. Ambroise est alors baptisé puis consa-
cré évêque. Dans un de
ses ouvrages, le De Officiis,
il résume cette situation
paradoxale :

Ambroise de Milan,
Giovanni di Paolo, 1465-
1470. New York, The
Metropolitan Museum of Art.
© Wikimedia Commons/Robert
Lehman Collection, 1975

13
Les Pères de l’Église

« Il me fallait enseigner avant d’avoir appris ! »


(De Officiis, 1,1,4).
Dès lors, il se plonge dans les textes grecs : notamment
Origène, Philon et Plotin, et comble rapidement ses lacunes.
L’essentiel de son action s’articule autour de sa mission pas-
torale et du souci constant de défendre les intérêts de l’Église,
y compris contre le pouvoir impérial. La plupart de ses écrits
reflètent cette double ambition. Il introduit également une
innovation en Occident : le chant liturgique.
Sa lutte contre l’arianisme est marquée par son opposition
à l’impératrice Justine qui tente d’imposer à Milan un évêque
arien. Ambroise mobilise la foule avec succès pour contrecarrer
les desseins impériaux. Il lutte également contre le paganisme
et s’oppose à Symmaque, un de ses parents, qui demande la
restauration d’une statue de la Victoire dans le Sénat romain
et le rétablissement des cultes ancestraux.
Il meurt le 4 avril 397. En 1295, Ambroise fait partie des
quatre premiers Pères élevés au rang de Docteur de l’Église.
Il est considéré comme le modèle de l’évêque chrétien.

Œuvres disponibles en français


• Ambroise, La fuite du siècle, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 2015.
• Ambroise, Jacob et la vie heureuse, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 2010.
• Ambroise, Apologie de David, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1977.
• Ambroise, Apologie de David, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1977.
• Ambroise, La pénitence, éd. du Cerf, Paris, 1971.

14
Les Pères de l’Église

Anonyme de la Didachè

La Didachè est un texte du christianisme primitif, dont les


parties les plus anciennes dateraient de la fin du Ier siècle. La
Didachè présente certaines proximités avec la Règle de la com-
munauté de Qumrân. Les pratiques décrites et les formules
utilisées sont très anciennes : le Christ y est appelé « Serviteur
de Dieu », les prophètes et prédicateurs itinérants y tiennent
une grande place et le baptême est administré dans l’eau
courante mais « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ».
L’Église reconnaît l’orthodoxie du texte et le considère comme
un écrit d’un Père de l’Église.

Œuvre disponible en français


• Anonyme de la Didachè, Doctrine du Seigneur transmise par
les douze Apôtres aux nations. Didachè, coll. « La Pléiade »,
éd. Gallimard, 2016.

15
Les Pères de l’Église

Aristide d’Athènes

Aristide est un philosophe athénien du IIe siècle. Ce converti


au christianisme a composé la plus ancienne apologie qui
nous soit connue. Elle est adressée à l’empereur Hadrien.

Œuvre disponible en français


• Aristides, Apologie, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris,
2003.

Aristide d’Athènes,
icône byzantine.
© Wikimedia Commons

16
Les Pères de l’Église

Athanase d’Alexandrie

Athanase naît vers 298, à Alexandrie, dans un milieu hellé-


nophone. Issu d’une famille chrétienne, il reçoit une éducation
grecque traditionnelle. D’abord lecteur au sein du clergé alexan-
drin, il devient l’homme de confiance de l’évêque Alexandre,
grâce à ses qualités intellectuelles. Il est ordonné diacre en
319, et accompagne l’évêque Alexandre au concile de Nicée,
en 325. En 328, il lui succède sur le siège d’Alexandrie.
Dès 329, le retour en grâce des ariens à la cour impériale
l’expose à l’adversité de cette faction qui le fait accuser de
malversations financières. Blanchi devant l’empereur, les com-
plots se multiplient contre Athanase, qui demeure l’inflexible
défenseur des décisions du concile de Nicée. À l’été 335, le

Athanase d’Alexandrie,
fresque du XIIIe siècle.
Ohrid, en Macédoine.
© Wikimedia Commons

17
Les Pères de l’Église

concile de Tyr est convoqué pour entendre les explications


d’Athanase. Le concile est dominé par les ariens et Athanase
est déposé. Il part en exil pour Trèves.
Rétabli dans ses fonctions par Constantin II, il rentre à
Alexandrie, en 337. Mais cette restauration déplaît aux ariens
et à Constance II, empereur de la partie orientale du monde
romain. À Alexandrie, en 339, la tension est si forte entre or-
thodoxes et ariens, qu’Athanase doit fuir pour éviter d’être
massacré. Il se réfugie à Rome, et entame son deuxième exil
qui s’achève en 346.
Pendant dix ans, Athanase va demeurer à la tête de
son évêché. Il s’appuie sur les moines et reprend en main le
clergé égyptien. Mais le sort va à nouveau se retourner. En
353, Constance II réunifie l’Empire. À l’automne, il réunit un
concile à Arles et fait condamner Athanase. En 355, l’empereur
décide de le faire arrêter, il envoie son secrétaire personnel,
à Alexandrie, afin de s’acquitter de la tâche. Celui-ci échoue
dans sa mission ; le clergé et les fidèles protègent Athanase.
L’année suivante, l’empereur lance une opération militaire vi-
sant à s’emparer de l’évêque. Le clergé cache Athanase qui
va vivre clandestinement, jusqu’en 362. En 361, la mort de
Constance II lui permet de sortir de la clandestinité et de re-
prendre son siège l’année suivante.
Les dernières années de sa vie restent soumises aux aléas
de la politique impériale, mais il parvient à conserver son siège.
Il meurt le 2 mai 373. À l’issue du concile de Trente (XVIe siècle),
Pie V l’élève au rang de Docteur.

18
Les Pères de l’Église

Son œuvre est largement dominée par sa lutte contre l’aria-


nisme et par sa défense du monachisme : il est l’auteur d’une
Vie d’Antoine.

Œuvres disponibles en français


• Athanase, Vie d’Antoine, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf,
Paris, 1994.
• Athanase, Contre les païens, 2e éd. revue et corrigée,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1977.
• Athanase, Sur l’incarnation du Verbe, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1973.
• Athanase, Apologie à l’empereur Constance Apologie pour sa
fuite, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1958.

19
Les Pères de l’Église

Athénagore d’Athènes

Athénagore (ou Athénagoras) serait né vers 133 et mort


vers 190. Nous savons peu concernant sa vie ; il s’est converti
au christianisme et a mis ses compétences de philosophe et de
rhéteur au service de sa foi. Certains auteurs contemporains
évoquent la possibilité d’un séjour alexandrin.
Vers la fin du règne de Marc Aurèle, les difficultés de l’Em-
pire s’accumulent : guerres extérieures, usurpation, peste, fa-
mine et inondations s’abattent sur Rome. Ces difficultés sont
propices au développement de forts ressentiments envers les
chrétiens, jugés responsables de la colère divine. C’est pour
défendre ses coreligionnaires, qu’en 177, Athénagore adresse
à Marc Aurèle et à Commode une Supplique au sujet des
chrétiens. Athénagore est également l’auteur d’un traité Sur
la résurrection des morts, dans lequel la doctrine de la résur-
rection des corps est exposée pour la première fois.

Œuvres disponibles en français


• Athénagore, Supplique au sujet des chrétiens et Sur la
résurrection des morts, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf,
Paris, 1992.

20
Les Pères de l’Église

Augustin

Augustin est une des figures majeures du christianisme


antique. Il est né à Thagaste (Algérie), le 13 novembre 354.
Son père, Patricius, est un petit propriétaire païen. Sa mère,
Monique, est une chrétienne fervente. Après l’école primaire
à Madaure, son père l’envoie étudier à Carthage. Il y passe
quatre années durant lesquelles il rencontre une jeune fille
avec qui il vit en concubinat. De cette union naît Adéodat, en
372. C’est également à cette période qu’il lit l’Hortensius de
Cicéron qui l’amène à se passionner pour la philosophie et à
ressentir la vanité des biens sensibles.

Saint Augustin dans


son cabinet de travail,
Botticelli, vers 1480.
Florence, église Ognissanti.
© Wikimedia Commons/The Yorck
Project

21
Les Pères de l’Église

En 375, il retourne à Thagaste pour y enseigner la gram-


maire. Néanmoins, il repart rapidement à Carthage où il fré-
quente assidûment les manichéens. Il fait la connaissance de
Symmaque, qui devient préfet de Rome en 384. Ce dernier
pense à lui lorsqu’il faut pourvoir le poste de professeur de rhé-
torique à Milan. Symmaque, chef du parti païen au Sénat, ne
veut ni d’un arien, ni d’un catholique. Augustin lui paraît tout
désigné. À 30 ans, Augustin occupe un poste officiel, au cœur
d’une société brillante, qui lui procure une sécurité financière
et une considération sociale. Ce séjour lui permet de faire la
connaissance d’Ambroise, évêque de Milan. Il suit ses ensei-
gnements et rompt avec les manichéens.
En septembre 386, Augustin abandonne la vie de rhéteur
et se convertit. Après une retraite de plusieurs mois, il est bap-
tisé par Ambroise, lors des fêtes de Pâques, en 387.
En 388, après la mort de sa mère, il retourne en Afrique,
dans une communauté proche de Thagaste, où il mène une
vie de renoncement au monde et de travail intellectuel. En 391,
il se rend à Hippone, c’est à cette occasion qu’il est ordonné
prêtre à la demande des fidèles. Il seconde, dès lors, l’évêque
Valère et lui succède en 395.
Augustin impose au clergé d’Hippone un mode de vie mo-
deste dont il donne l’exemple. En tant qu’évêque, Augustin
lutte contre les manichéens, les donatistes et les pélagiens.
C’est également dans ce cadre qu’il rédige ses deux œuvres
les plus connues : Les Confessions et La Cité de Dieu. Si le
premier ouvrage est un texte largement autobiographique, la

22
Les Pères de l’Église

Cité de Dieu est une réponse aux événements cataclysmique


du début du Ve siècle, marqués par le sac de Rome, en 410. Il
est interrogé dans sa foi par ces événements, car une partie
de ces prétendus barbares sont des chrétiens, donc l’Empire
ne peut plus être le cadre politique unique qui servait de sup-
port au christianisme. Augustin opère cette remise en cause
trois ans après le sac de Rome. Dans La Cité de Dieu, l’évêque
d’Hippone entreprend une vaste réflexion sur la destinée de
l’humanité. Dans ces circonstances, émerge l’idée qu’aucune
communauté ou institution humaine ne peut incarner la cité de
Dieu, c’est-à-dire la communauté des élus. Cette idée marque
la rupture fondamentale qui sépare le christianisme de l’Em-
pire romain et qui symbolise l’entrée dans le Moyen Âge.
Il meurt le 28 août 430 à Hippone, lors du siège de la ville
par les Vandales de Genséric. Il est reconnu Docteur de l’Église
en 1298.

Œuvres disponibles en français


• Augustin, Sermons pour la Pâque, réimp. de la 1re éd., avec
additions et corrections, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf,
Paris, 2003.
• Augustin, Œuvres, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », éd. Gallimard,
Paris, 1998.
• Augustin Aurelius, Commentaire de la première épître de saint
Jean, 4. éd. revue et corrigée, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1994.

23
Les Pères de l’Église

Basile de Césarée

Basile de Césarée naît vers 330 dans une famille riche. Sa


famille est chrétienne depuis plusieurs générations et compte
des saints et au moins un martyr. Il reçoit donc une formation
chrétienne. Comme lui, deux de ses frères, Grègoire de Nysse
et Pierre de Sébaste, deviendront évêques.
Il fait ses études de rhétorique à Césarée de Palestine,
puis à Constantinople et, après 351, à Athènes. C’est dans
cette ville qu’il se lie d’amitié avec Grégoire de Nazianze. S’il
commence une carrière de rhéteur en 356, deux ans plus tard,
à la mort de son père, il vend ses biens, se fait baptiser et
se retire du monde. Rapidement, de nombreux compagnons
le rejoignent et partagent
sa retraite. Alors, Il fonde
plusieurs monastères et
développe une règle de vie
pour ces communautés.

Basile de Césarée,
icône, 1550-1600.
© Wikimedia Commons

24
Les Pères de l’Église

Ordonné prêtre en 364, il succède à Eusèbe en tant qu’évêque


de Césarée en 370.
L’administration de son diocèse est marquée par un pro-
fond engagement social en développant les institutions d’aide
et de secours. Mais, son élection se place dans le contexte de
la crise arienne et Basile, qui recherche sans cesse l’unité de
l’Église, doit lutter en permanence contre les ariens, y compris
contre l’empereur Valens. Il meurt le 1er janvier 379.
Basile est un des grands théologiens du Saint-Esprit défen-
dant l’égalité d’honneur de celui-ci avec le Père et le Fils. Outre
ses œuvres exégétiques, il a laissé plusieurs traités concernant
la vie cénobitique dans laquelle il défend une vision renouvelée
de la vie monacale. Il privilégie les petites communautés et un
ascétisme raisonnable. Il promeut l’idée de ne pas vivre coupé
du monde afin de partager les bonheurs et les souffrances des
hommes. L’ensemble de ces préceptes va contribuer à former
la règle des basiliens, vers 361. Cette règle devient rapide-
ment une référence et une source d’inspiration pour Benoît
de Nursie (vers 480-vers 547).
Il est élevé au rang de Docteur de l’Église en 1568.

Œuvres disponibles en français


• Basile de Césarée, Sur le baptême, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1989.
• Basile de Césarée, Contre Eunome, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1982.

25
Les Pères de l’Église

Boèce

Boèce est né vers 480, au sein de la gens Anicii, une des


plus prestigieuses familles romaines. À cette époque, l’Empire
romain d’Occident s’est effondré. Boèce passe son enfance
à Rome où il devient un ami intime du roi des Ostrogoths,
Théodoric le Grand. Il mène une double activité d’intellectuel
et d’homme politique. Il traduit et commente en latin des
œuvres de Platon et d’Aristote. Il est nommé consul en 510,
et œuvre aux côtés de Théodoric jusqu’au début des années
520. À cette époque, il est arrêté et emprisonné à Pavie pour
des raisons de luttes politiques entre l’empereur Justin et
Théodoric. Il rédige en prison la Consolation de Philosophie,

Boèce enseignant,
manuscrit de la Consolation
de Philosophie, 1385.
Glasgow, University library.
© Wikimedia Commons

26
Les Pères de l’Église

un des ouvrages les plus lus au Moyen Âge. Dans ce texte,


parfois considéré comme la dernière grande œuvre de la lit-
térature antique, la Philosophie vient guérir l’auteur de ses
maux. Il est mis à mort en 524.
Son œuvre est décisive pour l’élaboration de la pensée
médiévale occidentale car elle permet la transmission de l’hé-
ritage philosophique antique à l’Occident chrétien ; jusqu’au
XIIIe siècle, Aristote est principalement connu par les textes
de Boèce.

Œuvres disponibles en français


• Boèce, La Consolation de philosophie, coll. « La roue à livres »,
éd. Les Belles Lettres, Paris, 2002.
• Boèce, Traités théologiques, édition bilingue, coll. « GF »,
éd. Flammarion, Paris, 2000.

27
Les Pères de l’Église

Clément d’Alexandrie

Titus Flavius Clemens naît vers 150, à Athènes, de parents


païens. Nous ne connaissons, ni la date, ni la raison de sa
conversion au christianisme. Il parcourt l’espace méditerra-
néen à la rencontre des grands maîtres chrétiens ; il se rend
en Italie, en Syrie et en Palestine. Sa rencontre décisive a lieu à
Alexandrie avec un certain Panthène auquel il s’attache. Vers
200, il lui succède comme maître de l’école des catéchumènes
de la cité égyptienne. Quelques années plus tard, il doit quitter
l’Égypte pour échapper à la persécution de Septime Sévère. Il
trouve refuge en Cappadoce, auprès d’Alexandre, un de ses
anciens élèves et futur évêque de Jérusalem. C’est dans cette
ville qu’il meurt en 215.
Clément est un théoricien doté d’une très grande culture
classique. Il présente le christianisme comme une philosophie
et tente de concilier les prophètes bibliques et les philosophes
grecs.

Œuvres disponibles en français


• Clément, Quel riche sera sauvé ?, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 2011.
• Clément, Les Stromates I, retirage., coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 2006.
• Clément, Le pédagogue, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf,
Paris, 1960.
• Clément, Le Protreptique, 2e éd. revue et augmentée du texte grec,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1949.

28
Les Pères de l’Église

Clément de Rome

Clément de Rome a vécu durant la seconde moitié du


Ier siècle. Il est le plus ancien Père de l’Église. La tradition le
présente comme le troisième successeur de saint Pierre.
Son Épître aux Corinthiens est un des documents les
plus anciens du christianisme. Sa rédaction date des années
95-100. Le texte est donc contemporain des derniers écrits
du Nouveau Testament. Cette épître est une intervention de
l’Église de Rome auprès de celle de Corinthe pour résoudre
des conflits internes à la communauté.

Œuvre disponible en français


• Clément, Épître aux Corinthiens, réimp. de la 1re éd. revue et
corrigée, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2000.

29
Les Pères de l’Église

Cyprien de Carthage

Thascius Caecilius Cyprianus est né vers 200-210, proba-


blement à Carthage. Professeur de rhétorique, il se convertit
sur les conseils du prêtre Cecilius. Il se libère de ses biens ma-
tériels et est choisi pour la prêtrise. En 249, il devient évêque
de Carthage. L’année suivante, la persécution de Dèce éclate
et l’oblige à fuir la cité. À son retour, en 251, il doit traiter la
question des lapsi, ceux qui ont renié leur foi durant la persé-
cution, et faire face à des contestations schismatiques. Lors
de la persécution de 258, il est arrêté puis exécuté le 14 sep-
tembre 258.

Cyprien de Carthage,
gravure, 1780.
© Wikimedia Commons

30
Les Pères de l’Église

Cyprien est un des grands défenseurs de l’unité de l’Église ;


il énonce le principe qu’il n’y a pas de salut en dehors de celle-
ci qui constitue la nouvelle arche de Noé du croyant. Les nom-
breuses lettres de Cyprien sont autant de témoignages sur la
vie quotidienne des communautés chrétiennes du IIIe siècle.
Elles illustrent les problèmes auquel l’évêque doit faire face :
tel ce diacre insolent, ou ces clercs qui ont dilapidé le trésor
de l’Église.

Œuvres disponibles en français


• Cyprien, Ceux qui sont tombés, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 2012.
• Cyprien, À Donat et la vertu de patience (texte latin),
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2007.
• Cyprien, La bienfaisance et les aumônes, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1999.

31
Les Pères de l’Église

Cyrille d’Alexandrie

Cyrille est né dans un village à l’est d’Alexandrie, dans


les années 370-380. Son oncle, Théophile, évêque d’Alexan-
drie depuis 385, l’envoie dans le désert égyptien pour y être
formé par les moines. C’est là qu’il va acquérir l’essentiel de
ses connaissances religieuses. Revenu auprès de Théophile, il
l’assiste lors du synode du Chêne, en 403. Il lui succède en 412.
C’est un évêque au caractère âpre et combatif, notamment à
l’encontre des novatiens, des païens et des juifs.
En 429, Cyrille attaque les thèses de Nestorius, le pa-
triarche de Constantinople, et l’accuse d’adoptianisme c’est-
à-dire de considérer Jésus-Christ avant tout comme un homme

Cyrille d’Alexandrie au
concile d’Éphèse,
vitrail d’Édouard Didron,
fin XIXe siècle. Beaufort-en-
Vallée, église Notre-Dame.
© Wikimedia Commons

32
Les Pères de l’Église

adopté par Dieu. La crise se dénoue lors du concile d’Éphèse.


Le 22 juin 431, le concile s’ouvre sous la présidence de Cyrille
alors que toutes les délégations ne sont pas arrivées, notam-
ment celles qui sont le plus favorables à Nestorius. Le jour
même, la décision est prise de condamner Nestorius. Les déci-
sions du concile sont ratifiées par le pape Célestin Ier en 432,
qui proclame Cyrille « défenseur de la foi ».
Il meurt en 444. Le pape Léon XIII le proclame Docteur de
l’Église en 1882.

Œuvres disponibles en français


• Cyrille d’Alexandrie, Deux dialogues christologiques, éd. du Cerf,
Paris, 2008.
• Cyrille d’Alexandrie, Lettres festales, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1991.
• Cyrille d’Alexandrie, Contre Julien, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1985.
• Cyrille d’Alexandrie, Dialogues sur la trinité. 1 : Introduction,
dialogues I et II, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris,
1976.

33
Les Pères de l’Église

Cyrille de Jérusalem

Cyrille naît probablement vers 315. Il est ordonné prêtre


à la fin des années 340 et devient l’évêque de Jérusalem en
348 ou 350. Sa désignation s’inscrit dans le cadre de la crise
arienne. Le destin de Cyrille illustre cette période d’instabilité :
il est déposé en 357, réhabilité en 359, exilé en 360, réhabilité
en 362, chassé en 367. Il est définitivement reconnu comme
l’évêque légitime de Jérusalem en 381.
Durant son ministère, il se révèle comme un des grands
catéchistes de l’âge d’or du christianisme antique. Ses
24 catéchèses nous permettent d’appréhender l’enseigne-
ment délivré, dans les milieux chrétiens, au IVe siècle.

Cyrille de Jérusalem,
fresque d’une église
orthodoxe, XIVe siècle.
© Wikimedia Commons

34
Les Pères de l’Église

Cyrille meurt le 18 mars 387. Il est proclamé Docteur de


l’Église, en 1883, par le pape Léon XIII.

Œuvres disponibles en français


• Cyrille de Jérusalem, Les catéchèses baptismales et
mystagogiques, coll. « Les Pères dans la foi », éd. Migne,
diff. Brépols, Paris, 1993.
• Cyrille de Jérusalem, Catéchèses mystagogiques, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1966.

35
Les Pères de l’Église

Denys d’Alexandrie

Denys naît au début du III e siècle, à Alexandrie. Il a été


le disciple d’Origène. Il devient évêque d’Alexandrie en 247.
L’année suivante, il fuit les persécutions et trouve refuge
en Libye. Il meurt en 264.
Ses écrits sont en majorité des lettres. Il a été un adver-
saire résolu du sabellianisme : doctrine qui considère que le
Père, le Fils et le Saint-Esprit sont trois aspects de l’être divin.

Denys d’Alexandrie,
XVIIIe-XIXe siècle.
© Wikimedia Commons

36
Les Pères de l’Église

Didyme l’Aveugle

Didyme naît entre 310 et 313 à Alexandrie. Il perd la


vue, vers 4 ou 5 ans. Malgré ce handicap, il étudie avec assi-
duité au point de devenir un érudit. Sa culture, aussi bien reli-
gieuse que profane, attire l’attention du patriarche Athanase.
Professeur à l’école catéchétique d’Alexandrie, il a été l’élève
d’Origène et le professeur de Rufin et de Jérôme. Il a laissé
une œuvre considérable dont certains manuscrits n’ont été
redécouverts qu’en 1941, à Toura, au sud du Caire.
Il meurt en 398. En 553, le Ve concile de Constantinople
condamne certaines thèses de Didyme, inspirées d’Origène :
notamment la préexistence des âmes et la restauration finale
de tous les êtres dans leur condition originelle de purs esprits.

Œuvres disponibles en français


• Didyme l’Aveugle, Sur la Genèse : texte inédit d’après un papyrus
de Toura. T. 1, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2008.
• Didyme l’Aveugle, Traité du Saint-Esprit, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1992.
• Didyme l’Aveugle, Sur Zacharie : texte inédit d’après un papyrus
de Toura, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1962.

37
Les Pères de l’Église

Diodore de Tarse

Diodore de Tarse naît en 330, à Antioche. Après ses


études à Athènes, il soutient l’évêque d’Antioche dans sa lutte
contre l’arianisme. Il fonde une école où Jean Chrysostome et
Théodore de Mopsueste viennent étudier. En 372, il est exilé
en Arménie où il se lie d’amitié avec Basile de Césarée. Il est
nommé évêque de Tarse en 378.
Il meurt en 393 ou 394. Un siècle, plus tard, le concile de
Constantinople le condamne pour avoir inspiré l’hérésie nesto-
rienne ; la plus grande partie de son œuvre est alors détruite.

38
Les Pères de l’Église

Éphrem le Syrien

Éphrem naît à Nisibe (sud-est de l’actuelle Turquie) vers


306. Il fonde avec l’évêque du lieu une école théologique et
devient diacre. C’est en tant que professeur qu’il commence à
composer des poèmes et à rédiger des commentaires bibliques.
Après la mort de l’empereur Constantin, en 337, la cité
de Nisibe est soumise à des attaques répétées de la part des
Perses Sassanides. En juillet 363, l’empereur Jovien doit signer
une paix et céder la cité de Nisibe. La communauté chrétienne
de la ville obtient le droit de rejoindre les frontières de l’Empire
sous la conduite de l’évêque Abraham. Éphrem, accompagné
de ses élèves, s’installe à Édesse en 363. Dans cette cité, il

Éphrem le Syrien,
mosaïque, XIe siècle.
Chios, monastère Néa Moni.
© Wikimedia Commons

39
Les Pères de l’Église

reprend son enseignement et se met à écrire abondamment


pour défendre l’orthodoxie chrétienne contre les sectes qui
fleurissent à Édesse.
Durant toute sa vie, Éphrem est un modèle de vie ascétique.
Il œuvre pour le bien des pauvres, des malades et des étran-
gers. C’est ce dévouement qui provoque sa mort. Il contracte
la peste en apportant une aide spirituelle et matérielle aux
malades. Il meurt en 373. Benoît XV l’a proclamé Docteur de
l’Église, en 1920.

Œuvres disponibles en français


• Éphrem de Nisibe (le Syrien), Hymnes sur le paradis, éd. du Cerf,
Paris, 2011.
• Éphrem de Nisibe (le Syrien), Commentaire de l’Évangile
concordant ou Diatessaron : traduit de syriaque et de l’arménien,
éd. du Cerf, Paris, 2008.
• Éphrem de Nisibe (le Syrien), Hymnes pascales, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2006.
• Éphrem de Nisibe (le Syrien), Hymnes sur la nativité, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2001.

40
Les Pères de l’Église

Épiphane de Salamine

Épiphane naît vers 315, en Palestine, à Besanduc, près


d’Éleuthéropolis. Il fait ses études en Égypte, où il rejoint une
communauté monastique. Vers 340, il rentre en Palestine et
fonde un monastère dont il devient le supérieur.
Les raisons de son arrivée à Chypre sont inconnues.
Toutefois, il est élu évêque de Salamine, en 367. Son autorité
est telle qu’en 376 il se rend à Antioche pour démêler les que-
relles religieuses qui déchirent la cité. S’il ne fait pas partie des
signataires du premier concile de Constantinople, en 381, il
assiste à un concile à Rome, auprès du pape Damase, en 382.
À partir de 393, Épiphane consacre une partie de son énergie

Épiphane de Salamine,
fresque. Monastère de
Gracanica, au Kosovo.
© Wikimedia Commons

41
Les Pères de l’Église

à lutter contre l’origénisme et plus particulièrement contre la


conception anthropomorphiste de Dieu. Cette lutte de près de
dix ans l’emmène à Constantinople. Il meurt lors du voyage
de retour, vers Chypre, en 403.
Épiphane est un tenant de l’orthodoxie chrétienne comme
le démontre son traité intitulé Anchoratus (« L’homme bien an-
cré dans la foi ») qui constitue une attaque contre l’arianisme
et l’origénisme.

42
Les Pères de l’Église

Eucher de Lyon

Eucher naît vers 370-380, probablement à Lyon, au sein


d’une riche famille aristocratique. Sénateur d’Aix-en-Provence,
il épouse Galla dont il a quatre enfants : deux filles et deux gar-
çons. Ses deux fils sont envoyés au monastère de Lérins pour
y être éduqués. Eucher les rejoint en 422. Afin de se retirer,
un peu plus du monde, Eucher quitte Lérins pour l’île voisine
de Sainte-Marguerite. À la fin des années 420, il retourne sur
le continent et mène une vie d’ermite au pied du Lubéron, à
Beaumont-de-Pertuis. Sa réputation est telle qu’en 434, il est
élu évêque de Lyon, où il meurt en 449 ou 450.
Son œuvre comporte plusieurs commentaires des Écritures
qui se caractérisent par leurs qualités stylistiques. Il a égale-
ment composé de nombreux ouvrages ventant les vertus de
la vie contemplative. Dans son Contemptu Mundi, il tente de
convertir son cousin Valérien en défendant l’idée du nécessaire
mépris du monde matériel ; thème adapté à la difficile période
que connaît l’ouest de l’Empire romain au début du Ve siècle.

43
Les Pères de l’Église

Eusèbe de Césarée

Eusèbe naît vers 265. Il est l’élève de Pamphile de Césarée,


un admirateur d’Origène. Vers 310, il est désigné évêque de
Césarée de Palestine après avoir travaillé dans l’école de la ville
pendant plus de vingt ans. Proche de certaines idées d’Arius,
Eusèbe souscrit finalement au concile de Nicée.
Eusèbe est proche de l’empereur Constantin, dont il théo-
rise la mission divine. Il clôt son Histoire ecclésiastique par
la victoire de Constantin sur Licinius, en 323. Mais son œuvre
ne se limite pas à l’histoire, il est également exégète, hagio-
graphe, apologiste et théologien. Eusèbe meurt en 339.

Œuvres disponibles en français


• Eusèbe de Césarée, Vie de Constantin, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 2013.
• Eusèbe de Césarée, Contre Hiéroclès, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1986.
• Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, édition revue,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris.
• Eusèbe de Césarée, La préparation évangélique, éd. du Cerf, Paris.

44
Les Pères de l’Église

Eustathe d’Antioche

Eustathe naît entre 270 et 290, à Sidé, en Pamphylie (au


sud de l’Asie Mineure). Il est évêque de Bérée, puis d’Antioche.
Eustathe est un des premiers adversaires de la doctrine arienne
contre laquelle il rédige plusieurs textes polémiques. Les par-
tisans d’Arius parviennent à le faire déposer vers 330. Alors, il
est exilé en Thrace. Il meurt après 338.

45
Les Pères de l’Église

Germain de Constantinople

Germain naît à Constantinople, en 634. Son père aurait


été un patrice de Justinien, c’est-à-dire un haut dignitaire de
l’Empire. Il aurait été exécuté sur ordre de Constantin IV après
sa compromission dans une tentative d’usurpation. Le jeune
Germain est alors châtré et placé dans un monastère.
En 712, Germain participe au concile de Constantinople,
en tant qu’évêque de Cyzique. Le 11 août 715, il devient pa-
triarche de Constantinople. C’est à cette époque qu’éclate la
crise iconoclaste. Refusant de contresigner l’édit de Léon III
ordonnant la destruction des icônes, il est déposé le 17 janvier
730. Il se retire dans un monastère proche de la capitale et
meurt en 733.

46
Les Pères de l’Église

Grégoire de Nazianze

Grégoire naît en 329, en Cappadoce. Fils de l’évêque de


Nazianze, il appartient à une riche famille aristocratique. Il
reçoit une éducation grecque classique et étudie à Césarée
de Palestine, à Alexandrie puis à Athènes. C’est dans cette cité
qu’il noue de profonds liens d’amitié avec Basile de Césarée.
Lors de son voyage d’Alexandrie à Athènes, son navire est pris
dans une tempête. Redoutant de mourir non baptisé, il fait
alors la promesse de se consacrer à Dieu s’il survit.
De retour chez lui en 358, il se fait baptiser avec son ami
Basile de Césarée. Bien qu’aspirant à une vie contempla-
tive, Grégoire ne peut rejoindre Basile qui vient de fonder un

Grégoire de Nazianze,
icône.
© Wikimedia Commons

47
Les Pères de l’Église

monastère sur la rive de l’Iris. Néanmoins, il participe, avec


Basile, à la rédaction des règles.
L’année 362 marque une rupture pour Grégoire : son père
l’ordonne prêtre, contre sa volonté. Grégoire prend la fuite et
se réfugie chez son ami qui le convainc d’accepter l’ordina-
tion. C’est une nouvelle fois contre sa volonté qu’il est nommé
évêque de Sasima, en 371. Il ne prend pas son siège. À la mort
de son père, en 374, il se retire à Séleucie d’Isaurie et y mène
une vie cénobitique.
En 379, il sort de sa retraite pour venir auprès du nouvel
empereur Théodose Ier, à Constantinople. Il arrive dans une ville
dirigée par l’évêque arien Démophile. Fidèle à la foi nicéenne,
il enseigne publiquement et s’oppose à l’arianisme. Cet ensei-
gnement lui vaut d’être accusé d’hérésie ; preuve que ses dis-
cours ont une réelle influence sur la communauté. À la fin du
mois de novembre 380, Théodose Ier entre à Constantinople
et Grégoire devient l’évêque de la cité.
En mai 381, le concile de Constantinople s’ouvre sous
la présidence de Grégoire. Le concile réaffirme les principes
du concile de Nicée et proclame la divinité du Saint-Esprit.
Néanmoins, les rivalités entre évêques laissent à Grégoire
un goût amer et il décide de démissionner. Il s’en retourne à
Nazianze à l’issue du concile. Il se démet progressivement de
toute charge pour se consacrer à la vie contemplative et meurt
en 390.
Grégoire de Nazianze laisse une œuvre importante marquée
par la volonté de concilier christianisme et culture classique.

48
Les Pères de l’Église

Dans l’éloge funèbre de Basile de Cesarée, il érige son ami en


modèle de l’évêque chrétien qui concilie de grandes qualités
religieuses et une culture développée. Il souligne également
l’importance du mysticisme pour accéder à la connaissance de
Dieu. Enfin, dans plusieurs de ses œuvres, il apparaît comme
le grand théologien de l’Esprit-Saint dont il défend la divinité.
Grégoire de Nazianze est élevé au rang de Docteur de
l’Église en 1568.

Œuvres disponibles en français


• Grégoire de Nazianze, Lettres théologiques, éd. du Cerf, Paris,
2013.
• Grégoire de Nazianze, Discours. 27/31 : Discours théologiques,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2008.
• Grégoire de Nazianze, Discours. 4/5 : Contre Julien, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1983.

49
Les Pères de l’Église

Grégoire de Nysse

Grégoire naît entre 331 et 341 dans une famille chrétienne


aisée de Néocésarée (nord de la Turquie actuelle). Il est le frère
cadet de Basile de Césarée. Il reçoit son éducation à Césarée
de Cappadoce. Si, dans un premier temps, il se destine à une
vie religieuse, il traverse une crise de foi importante. Grégoire
renonce à son office de lecteur à l’église et devient enseignant
de rhétorique, vers 365. C’est à cette époque qu’il se marie
avec Théosébia qui meurt précocement. Plus tard, il regrette ce
geste et écrit un traité sur la virginité qui peut être considéré
comme une forme de pénitence.
En 371, Basile de
Césarée le nomme évêque
de Nysse. Il montre rapi-
dement son peu d’habileté
politique et son incapa-
cité à gérer les affaires

Grégoire de Nysse,
fresque, XIVe siècle.
Istanbul, église Saint-
Sauveur-in-Chora.
© Wikimedia Commons

50
Les Pères de l’Église

temporelles. Sa mauvaise gestion et son ardente défense de


la foi de Nicée sont l’occasion pour un synode d’évêques ariens
de le déposer, en 374. Accusé d’avoir dilapidé les biens de
l’église, il doit partir en exil. Il ne rentre dans son diocèse qu’en
378. Deux ans plus tard, il est nommé archevêque de Sébaste.
À cette époque, il devient un des hommes de confiance de
l’empereur Théodose. À ce titre, il joue un rôle de première im-
portance lors du concile de Constantinople, en 381. Il y défend
l’idée de l’identité de la nature divine au sein de la Trinité.
Grégoire de Nysse prend une place prépondérante à la
cour impériale dans les années 380. Il prononce l’éloge funèbre
de l’unique enfant de Théodose, puis celui de l’impératrice. En
386, Grégoire rentre à Nysse et consacre l’essentiel de son
activité à la production littéraire. Il laisse une œuvre majeure
tant par le nombre que par la qualité. Une part importante de
celle-ci est consacrée à l’ascétisme et au mysticisme. Il meurt
en 394.

Œuvres disponibles en français


• Grégoire de Nysse, Homélies sur le Notre Père, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2018.
• Grégoire de Nysse, Traité de la virginité, Retirage., coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2006.
• Grégoire de Nysse, La création de l’homme, réimp. de la 1re éd.
revue et corrigée, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris,
2002.
• Grégoire de Nysse, La vie de Moïse, ou, Traité de la perfection
en matière de vertu, réimp. de la 3e éd. revue et corrigée,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2000.

51
Les Pères de l’Église

Grégoire le Grand

Grégoire naît à Rome, en 540, dans une famille patri-


cienne. Son père est sénateur et sa famille compte parmi
ses ancêtres deux papes : Félix et Agapet. Son père admi-
nistre une des sept régions de Rome et possède de vastes
domaines en Italie et en Sicile. Son éducation classique fait
de lui un fin lettré.
En 572, il est nommé préfet de Rome et, ainsi, devient
le premier magistrat de la ville. Mais rapidement, vers 574,
il renonce à ses fonctions et adopte la vie monastique. Il
transforme la demeure familiale en un monastère dédié
à saint André et fonde six monastères en Sicile grâce au

Grégoire le Grand,
enluminure.
© Wikimedia Commons

52
Les Pères de l’Église

patrimoine familiale. Il consacre une grande partie de son


temps à la lecture de l’Écriture car : « Plus on lit l’Écriture,
plus l’Écriture progresse avec celui qui la lit. » Il fait trois
lectures de l’Écriture : une lecture historique ou littérale, une
lecture allégorique et une lecture morale.
En 579, Grégoire est ordonné diacre par le nouveau
pape Pélage II qui l’envoie comme légat auprès de l’empe-
reur à Constantinople. Il est chargé d’obtenir des secours
militaires afin de défendre Rome contre les Lombards. Sa
mission n’est pas couronnée de succès, mais il met à profit
cette période pour rédiger une de ses principales œuvres les
Moralia in Job (« Morales sur Job »).
De retour à Rome, en 586, Grégoire reprend la vie mo-
nastique. Le 7 février 590, le pape Pélage II meurt de la
peste et Grégoire est élu à l’unanimité. Il mène une pro-
fonde réforme administrative du patrimoine de Saint-Pierre,
permettant à la papauté de retirer des revenus réguliers et
abondants de ses possessions. Sa politique diplomatique
active sécurise Rome contre les visées des Lombards. En
596, il envoie Augustin de Cantorbéry accompagné de 40
moines, en mission, en Grande-Bretagne. Augustin devient
le premier archevêque de Cantorbéry et, en quelques an-
nées, ce territoire a adopté la foi nicéenne.

53
Les Pères de l’Église

Grégoire meurt le 12 mars 604. La postérité lui attribue


de nombreuses réformes liturgiques tant il a transformé
la pratique religieuse en Occident. Le chant grégorien qui
porte son nom lui est faussement attribué., car il n’apparaît
qu’au VIIIe siècle sous l’impulsion de Chrodegang de Metz.
Grégoire le Grand est élevé au rang de Docteur de
l’Église.

Œuvres disponibles en français


• Grégoire le Grand, Homélies sur Ezéchiel, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1986.
• Grégoire le Grand, Commentaire sur le Cantique des cantiques,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1984.
• Grégoire le Grand, Dialogues, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1978.
• Grégoire le Grand, Morales sur Job, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1952.

54
Les Pères de l’Église

Hermas

Le Pasteur d’Hermas est un des plus anciens textes


chrétiens ; il date de la première moitié du IIe siècle. Selon
certaines sources tardives, Hermas serait le frère de Pie Ier,
évêque de Rome. Le texte se présente comme un livre de révé-
lations accordées par deux êtres célestes à l’auteur. Ce docu-
ment permet d’entrevoir la doctrine et la morale chrétiennes
(formulée en 12 commandements) dans ces premiers temps
du christianisme.

Œuvre disponible en français


• Hermas, Le pasteur, réimp. de la 2e éd., coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1997.

55
Les Pères de l’Église

Hilaire de Poitiers

Hilaire naît vers 315, au sein d’une famille de l’aristocratie


gallo-romaine de Poitiers. Il reçoit une éducation latine clas-
sique. Tout laisse à penser qu’il vient d’une famille païenne et
que sa conversion n’intervient pas avant 345. Bien qu’il soit
père de famille, il est élu évêque vers 350. Il mène une lutte
sans relâche contre l’arianisme que l’évêque Saturnin d’Arles
et l’empereur Constance II tentent d’imposer en Gaule. Cela
lui vaut d’être exilé en Phrygie, après avoir été condamné
par le concile de Béziers en 356. Cet exil va lui permettre de
découvrir la théologie orientale et d’écrire ses grands traités
trinitaires. À partir de cette époque, son œuvre exégétique est

Hilaire de Poitiers,
enluminure, XIVe siècle.
© Wikimedia Commons

56
Les Pères de l’Église

largement inspirée par celle d’Origène ; toutefois, il accorde


une place prépondérante au sens littéral des Écritures.
En 360 ou 361, Hilaire retourne à Poitiers et pèse de toute
son influence sur le concile de Paris qui condamne l’arianisme.
Durant les dernières années de sa vie, il apporte une atten-
tion soutenue à l’éducation des fidèles de son diocèse, dont
témoignent plusieurs de ces ouvrages. Il meurt en 367. Le
pape Pie IX l’élève au rang de Docteur de l’Église, en 1851.

Œuvres disponibles en français


• Hilaire de Poitiers, Traité des mystères, réimp. de la 2e éd. revue
et corrigée, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2005.
• Hilaire de Poitiers, La Trinité, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1999.
• Hilaire de Poitiers, Contre Constance, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1987.

57
Les Pères de l’Église

Hippolyte de Rome

Hippolyte naît vers 170 et semble être originaire d’Alexan-


drie. Élève d’Irénée de Lyon, il est connu en tant qu’auteur et
prêtre romain. Il s’oppose aux papes Zéphyrin et Calixte Ier
sur des questions de pratiques. En 217, ses partisans l’élisent
évêque de Rome contre Calixte Ier. Le schisme d’Hippolyte se
poursuit sous les pontificats d’Urbain Ier et de Pontien. Il se
réconcilie avec ce dernier vers la fin de sa vie. Tous les deux
seront exilés en Sardaigne, vers 235, lors d’une persécution.
Ils trouvent la mort lors de cet exil.
L’identité d’Hippolyte est l’objet de nombreux débats tant
les données sont incertaines. Ainsi, les œuvres exégétiques
sont vraisemblablement d’origine orientale et plus tardives.
On lui attribue la Tradition apostolique qui présente les
règles concernant le clergé et les fidèles et décrit les pratiques
religieuses du début du IIIe siècle. La tradition lui prête éga-
lement la paternité d’une anaphore qui est la plus ancienne
prière de consécration que nous ayons conservée.

Œuvres disponibles en français


• Hippolyte de Rome, Commentaire sur Daniel, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2006.
• Hippolyte de Rome, Contre les hérésies : fragment, coll. « Études
et textes pour l’histoire du dogme de la Trinité », éd. du Cerf, Paris,
1949.
• Hippolyte de Rome, Sur les bénédictions d’Isaac, de Jacob et de
Moïse, coll. « Études anciennes », éd. Les Belles Lettres, Paris, 1935.

58
Les Pères de l’Église

Ignace d’Antioche

Ignace naît vers 35, dans la province de Syrie. À partir de


68, il est le troisième évêque d’Antioche. La tradition considère
qu’il est un disciple direct des apôtres Pierre et Jean. Sous le
règne de Trajan, il est arrêté et transféré à Rome pour y être
exécuté. Durant son transfert, il écrit des lettres aux différentes
communautés chrétiennes. Il y insiste sur l’importance de l’Eu-
charistie qu’il considère comme un « remède d’immortalité, un
antidote contre la mort » (Lettre aux Éphésiens, 20,2).

Œuvre disponible en français


• Ignace d’Antioche, Lettres : Martyre de Polycarpe, réimp. de la 4e
éd. revue et corrigée, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris,
1998.

Ignace d’Antioche,
fresque byzantine,
XVIIe siècle. Monastère Osios
Loukas (Grèce).
© Wikimedia Commons

59
Les Pères de l’Église

Irénée de Lyon

Irénée naît vers 130, probablement à Smyrne, en Asie


Mineure. C’est dans cette cité qu’il devient l’élève de Polycarpe.
Après des études à Rome, il devient prêtre à Lyon, vers 175. En
177, il succède à l’évêque Pothin de Lyon, victime de la persé-
cution de Marc Aurèle. Dans le cadre de son ministère, il lutte
contre les gnostiques et impulse une expansion missionnaire.
Soucieux de l’unité de l’Église, il œuvre pour la concorde en
intervenant dans les querelles entre l’évêque de Rome et les
évêques orientaux.
Les témoignages tardifs prétendent qu’Irénée serait mort
martyr, à Lyon, en 202. Aucun élément ne permet d’appuyer
cette thèse.

Irénée de Lyon,
vitrail de Lucien Bégule,
1901. Lyon, église Saint-
Irénée.
© Wikimedia Commons

60
Les Pères de l’Église

Son ouvrage majeur est intitulé Contre les hérésies, dans


lequel il affirme l’importance de la tradition apostolique dont
l’Église est la garante.

Œuvres disponibles en français


• Irénée de Lyon, Démonstration de la prédication apostolique,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1995.
• Irénée de Lyon, Contre les hérésies, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris.

61
Les Pères de l’Église

Isidore de Séville

Isidore naît dans une famille de notables de Carthagène.


Sa famille se réfugie à Séville lors des combats entre
Wisigoths et Byzantins. C’est probablement dans cette ville
que naît Isidore, vers 560-570. Son frère Léandre, abbé du
monastère de Séville, devient son tuteur après la mort de
leur père et supervise ses études. En 576, Léandre devient
archevêque et Isidore lui succède en 601. Séville est alors
un centre intellectuel majeur en Occident. Isidore qui est
proche des souverains wisigoths a un souci constant de for-
mation et d’éducation, dont témoigne son œuvre majeure :

Isidore de Séville,
Murillo, 1655.
Cathédrale de Séville.
© Wikimedia Commons

62
Les Pères de l’Église

les Étymologies, qui fait la synthèse du savoir antique. Ses


nombreux écrits ont connu une large diffusion au Moyen
Âge.
Il meurt le 4 avril 636. Il est déclaré Docteur de l’Église,
en 1722.

Œuvres disponibles en français


• Isidore de Séville, Histoire de l’Espagne wisigothique, éd. Paleo,
Clermont-Ferrand, 2009.
• Isidore de Séville, Histoire des Goths, des Vandales et des Suèves,
éd. Paleo, Clermont-Ferrand, 2009.
• Isidore de Séville, Étymologies, coll. « Auteurs latins du Moyen
Âge », éd. Les Belles Lettres, Paris, 1981.

63
Les Pères de l’Église

Jean Cassien

Jean Cassien naît vers 360, probablement en Scythie


(Roumanie). Sa formation et son milieu d’origine nous sont
inconnus. Encore jeune, il se rend à Bethléem pour découvrir la
vie monastique. Puis, vers 390, il part en Égypte pour rencontrer
les moines anachorètes. Vers 400, il se rend à Constantinople
où il reçoit l’enseignement de Jean Chrysostome. Ce dernier
l’ordonne diacre. Exilé en 404, son maître l’envoie à Rome
pour obtenir l’intercession du pape en sa faveur. À Rome, il
est ordonné prêtre.
Dix ans plus tard, Jean Cassien choisit de s’installer en
Provence. Il fonde deux monastères à Marseille : Saint-Victor

Jean Cassien,
icône.
© Wikimedia Commons

64
Les Pères de l’Église

et Saint-Sauveur. Il passe le reste de sa vie dans les environs


de la cité phocéenne. Durant ces années, son influence et ses
écrits favorisent la diffusion du monachisme en Occident. Il
meurt vers 435.
La richesse de la doctrine spirituelle de Jean Cassien se
révèle au travers de ses écrits qui insistent sur l’importance de
la vie intérieure.

Œuvres disponibles en français


• Jean Cassien, Institutions cénobitiques, réimp. de la 1re éd. revue.
et corrigée, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2001.
• Jean Cassien, Conférences, réimp. de la 1re éd. avec additions et
corrections, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris.

65
Les Pères de l’Église

Jean Chrysostome

Jean Chrysostome naît à Antioche, entre 345 et 354. Son


père est un officier de haut rang qui perd la vie alors que
Jean est encore enfant. Sa mère se consacre à l’adminis-
tration de ses biens et à l’éducation de son fils. Jean reçoit
un enseignement complet aussi bien sur le plan religieux
que profane. Baptisé à 18 ans, il s’installe en ermite aux
portes d’Antioche. Il est ordonné diacre durant l’hiver 380-
381, puis prêtre quelques années plus tard. Dès lors, de
386 à 397, il se livre à la prédication. Il prononce plusieurs
panégyriques, dont celui sur saint Paul. Par ses homélies,
Jean joue le rôle de guide pour les fidèles comme lors de

Jean Chrysostome,
mosaïque, IXe siècle.
Istanbul, Sainte-Sophie.
© Wikimedia Commons

66
Les Pères de l’Église

l’affaire des statues de l’empereur renversées et mutilées


par la foule. Cette influence sur la foule lui vaut le surnom
de Chrysostome (« bouche d’or »).
Sa réputation, ses prédications, ses écrits et sa charité
envers les pauvres attirent l’attention du ministre Eutrope
qui le propose à l’empereur Arcadius, comme évêque de
Constantinople. Cette nomination suscite de nombreuses
jalousies. Jean déclenche l’adversité de plusieurs prêtres et
évêques qu’il fait destituer tant il juge leurs mœurs cor-
rompues. À Constantinople, Jean continue de prêcher, de
porter assistance aux pauvres et à guider spirituellement
les membres de la haute société. Cependant en 404, la coa-
lition de ses nombreux ennemis, dont l’évêque Théophile
d’Alexandrie et l’impératrice Eudoxie, réussit à le faire exi-
ler à Cucusus, en Arménie. Trois ans plus tard, ses ennemis
réussissent à le reléguer encore plus loin à Pityus, sur la mer
Noire. Son escorte le laisse périr d’épuisement en chemin, à
Comana, le 14 septembre 407.

67
Les Pères de l’Église

L’œuvre de Jean Chrysostome est considérable. Il est à


l’origine de la liturgie de l’Église orthodoxe. De très nom-
breux écrits nous sont parvenus dont une vaste collection
de lettres et d’homélies.
Jean Chrysostome est élevé au rang de Docteur de l’Église.

Œuvres disponibles en français


• Jean Chrysostome, Sur la providence de Dieu, réimp. de la 1re éd.
revue et corrigée, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris,
2000.
• Jean Chrysostome, Commentaire sur Job, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1988.
• Jean Chrysostome, Commentaire sur Isaïe, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1983.
• Jean Chrysostome, Sur la vaine gloire et l’éducation des enfants,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1972.
• Jean Chrysostome, Sur l’incompréhensibilité de Dieu, 2e éd.,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1970.
• Jean Chrysostome, À une jeune veuve Sur le mariage unique,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1968.
• Jean Chrysostome, La virginité, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1966.

68
Les Pères de l’Église

Jean Damascène

Jean naît vers 650, dans une riche famille chrétienne


de Damas. Son grand-père et son père servent les califes
omeyyades après la conquête de la ville par les Arabes. Jean
grandit dans un monde en pleine mutation. S’il reçoit une édu-
cation grecque classique, son père veille à ce qu’il ait accès
aux ouvrages musulmans.
Peu après la publication par l’empereur Léon III d’un édit
interdisant la vénération des images, Jean prend la défense
des icônes dans trois textes. Cette prise de position lui assure
une certaine notoriété. Il a l’habilité d’utiliser un style direct
qui permet aux simples fidèles de comprendre ses arguments.

Jean Damascène,
icône, XIVe siècle.
Mont Athos (Grèce).
© Wikimedia Commons

69
Les Pères de l’Église

L’empereur Léon III, qui ne peut atteindre physiquement Jean,


falsifie des documents mettant en cause sa loyauté auprès
du calife. Il laisse sous-entendre que Jean serait prêt à livrer
Damas aux Byzantins. Jean est condamné à avoir la main
tranchée. La légende prétend que grâce à l’intercession de
la Vierge Marie, sa main fut recollée : miracle qui convainc le
calife de son innocence.
À la suite de cet événement, Jean choisit d’abandonner ses
fonctions pour devenir moine près de Jérusalem. Il se consacre
désormais à l’écriture et à l’étude. En 735, il est ordonné prêtre
et meurt le 4 décembre 749. Jean est considéré comme le
dernier Père grec de l’Église. Il n’est en rien un théologien ori-
ginal mais son œuvre encyclopédique fait la synthèse de tous
les développements théologiques orientaux. Il est proclamé
Docteur de l’Église en 1883, par Léon XIII.

Œuvres disponibles en français


• Jean Damascène, La foi orthodoxe, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 2010.
• Jean Damascène, La foi orthodoxe, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 2010.
• Jean Damascène, Homélies sur la nativité et la dormition,
réimp. de la 1re éd. revue et corrigée, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1998.
• Jean Damascène, Écrits sur l’Islam, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1992.

70
Les Pères de l’Église

Jérôme

Jérôme naît à Stridon, en Dalmatie, vers 347. Issu d’une


famille chrétienne aisée, il part étudier à Rome. Vers 367-
368, il quitte Rome pour la cité impériale de Trèves, afin de
poursuivre son cursus honorum. Dans cette ville, il découvre
l’idéal de vie ascétique.
De retour à Stridon, il rejoint un groupe d’ascètes et part
pour Jérusalem en 374. Retenu par la maladie à Antioche,
il en profite pour étudier le grec et l’exégèse. Puis, il s’ins-
talle dans le désert près d’Alep. Il met à profit ce temps pour
étudier l’hébreu sous la férule d’un maître juif. Mais sa re-
traite est sans cesse dérangée par les conflits religieux liés

Saint Jérôme dans


son étude,
Ghirlandaio, vers 1480.
Florence, église Ognissanti.
© Wikimedia Commons

71
Les Pères de l’Église

à l’arianisme. De retour à Antioche, il est ordonné prêtre par


l’évêque Paulin. Puis, il part pour Rome, où il attire l’attention
du pape Damase qui lui confie la révision des versions latines
de la Bible (la Vulgate). Il devient également le directeur de
conscience de plusieurs grandes dames romaines, dont Paula
et Eustochium qui le suivront à Jérusalem.
À la mort de Damase, Jérôme quitte Rome et trouve re-
fuge en Palestine en 385. Il s’installe à Bethléem et mène
une vie cénobitique en compagnie de ses amis. Il consacre
la majeure partie de son temps à la traduction de l’Écriture
sainte en latin. À la différence de ses prédécesseurs, il ne privi-
légie pas comme point de départ le texte grec de la Septante
mais le texte hébreu.
La fin de la vie de Jérôme est marquée par plusieurs
événements dramatiques. En 410, le sac de Rome par les
Wisigoths provoque la mort de plusieurs de ses amis romains.
En 416, Jérôme s’oppose aux pélagiens qui attaquent son
monastère et le détruisent en partie. Le 30 septembre 419,
Jérôme meurt. En 1298, le pape Boniface VIII le proclame
Docteur de l’Église.

72
Les Pères de l’Église

L’œuvre de Jérôme est évidemment dominé par la Vulgate,


mais ses écrits sont riches et variés. Ils comportent de nom-
breux commentaires du texte biblique qui sont les complé-
ments nécessaires de sa traduction. Une part importante de
ses travaux est liée à des controverses comme la défense de
l’orthodoxie contre l’arianisme, ou son conflit avec Rufin d’Aqui-
lée et Jean de Jérusalem à propos de l’orthodoxie d’Origène.

Œuvres disponibles en français


• Jérôme, Préfaces aux livres de la Bible, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 2017.
• Jérôme, Homélies sur Marc, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 2005.
• Jérôme, Débat entre un luciférien et un orthodoxe (Altercatio
luciferiani et orthodoxi), coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf,
Paris, 2003.
• Jérôme, Commentaire sur Jonas, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1985.
• Jérôme, Apologie contre Rufin, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1983.

73
Les Pères de l’Église

Justin Martyr

Justin naît à Flavia Néapolis (actuelle Naplouse), au début


du IIe siècle. C’est un philosophe qui recherche la vérité dans
les différentes écoles de philosophies antiques : le stoïcisme,
l’aristotélisme, le pythagorisme et le platonisme. Vers 132-135,
il se convertit au christianisme qu’il envisage sous l’angle phi-
losophique. Il semble qu’il s’installe à Rome à l’époque d’Anto-
nin le Pieux. Il ouvre une école de philosophie et enseigne la
doctrine chrétienne. Sa mise en accusation par les autorités
de la ville est peut-être liée à son enseignement ou à son refus
de sacrifier aux dieux. Vers 165, il meurt décapité.
Dans ses deux Apologies et son Dialogue avec Tryphon,
il présente la foi chrétienne en s’appuyant sur les concepts et
les outils de la philosophie grecque. Cette démarche permet
de rendre le christianisme accessible à la culture grecque.

Œuvre disponible en français


• Justin et Munier Charles, Apologie pour les chrétiens,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2006.

74
Les Pères de l’Église

Lactance

Lactance naît en Afrique, vers 250. Après avoir été l’élève


d’Arnobe, il devient professeur de rhétorique. À la demande de
Dioclétien, il occupe la fonction de professeur de rhétorique à
Nicomédie (nord de la Turquie). C’est vraisemblablement dans
cette ville qu’il se convertit au christianisme. En 303, lorsqu’éclate
la persécution de Dioclétien, il perd son poste officiel. Réduit à
la pauvreté, il consacre une partie de son temps à écrire. C’est
son amitié avec l’empereur Constantin, probablement rencontré
lors de son séjour à Nicomédie, qui va lui permettre de sortir de
la misère. En 316 ou 317, l’empereur le nomme précepteur de
son fils Crispus. Il meurt vers 325, à Trèves.
Dans ses écrits, il utilise son aisance stylistique pour dé-
montrer que le polythéisme est indéfendable et que la raison
conduit forcément au christianisme.

Œuvres disponibles en français


• Lactance, De la mort des persécuteurs, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2006.
• Lactance, Institutions divines, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1986.
• Lactance, La colère de Dieu, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1982.
• Lactance, L’Ouvrage du Dieu créateur, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1974.

75
Les Pères de l’Église

Léon le Grand

Léon naît en Toscane ou à Rome, vers 390-400. Il est ordonné


diacre par le pape Célestin Ier. Il devient l’homme de confiance
du pape Sixte III, auquel il succède en 440. Il fait grand cas de
sa mission épiscopale et de la particularité du siège de Rome.
Il réprime sévèrement les sectes manichéenne et pélagienne.
Il impose aux évêques d’Occident d’assister chaque année à
un synode, à Rome, marquant ainsi sa primauté.
Bien que n’assistant pas au concile de Chalcédoine, en 451,
il en est un acteur majeur pour deux raisons : il fait condam-
ner le monophysisme (le Fils n’a qu’une seule nature) et refuse
le 28e canon du concile qui place Constantinople en position
équivalente à Rome.
Léon Ier est confronté à des situations politiques et mili-
taires compliquées. En 452, il rencontre Attila et le persuade
de ne pas envahir le reste de l’Italie. En 455, il négocie avec le
Vandale Genséric. Si Rome est pillée, la ville n’est pas incendiée
et la population est épargnée. Il meurt le 10 novembre 461.
En 1754, Benoît XIV le proclame Docteur de l’Église.
Il est le premier pape dont nous ayons conservé les ser-
mons ; régulièrement, il y insiste sur la supériorité du siège
apostolique de Rome, liée à l’héritage de saint Pierre.

Œuvre disponible en français


• Léon le Grand, Sermons, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf,
Paris, 2006.

76
Les Pères de l’Église

Marius Victorinus

Gaius Marius Victorinus naît en Afrique, vers 275. Il est


grammairien, professeur de rhétorique et philosophe à Rome.
Il se convertit tardivement au christianisme. En 362, il doit fer-
mer son école, après la publication par l’empereur Julien d’un
édit interdisant aux chrétiens de donner des cours. Il meurt
vers 363. Dans ses écrits, il combat l’arianisme et développe
une théologie de la Trinité en s’appuyant sur le néoplatonisme.

Œuvre disponible en français


• Marius Victorinus, Traités théologiques sur la Trinité, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1960.

77
Les Pères de l’Église

Maxime le Confesseur

Maxime naît en 580, en Palestine. Confié jeune à l’abbé


d’un monastère palestinien, il quitte la région après la prise
de Jérusalem par les Perses, en 614. Il trouve alors refuge à
Constantinople et entre rapidement en contact avec la cour
impériale. Maxime va s’investir dans la défense de l’orthodo-
xie du concile de Chalcédoine contre le monophysisme et le
monothélisme. Ces combats ne servent pas toujours les inté-
rêts politiques des empereurs byzantins. En 653, lui et le pape
Martin sont arrêtés sur ordre de Constant II. Maxime est alors

Maxime le Confesseur,
icône.
© Wikimedia Commons

78
Les Pères de l’Église

exilé sur les bords de la mer Noire. À nouveau convoqué à


Constantinople, en 662, il refuse le pardon et la réconciliation.
Il est alors torturé et mutilé. Envoyé en exil à Lazica (Arménie),
il meurt le 13 août 662.
Si Maxime a consacré une part de ses écrits à la lutte
contre les hérésies, il insiste également sur l’importance du lien
entre Dieu et l’Humanité, symbolisé par l’Incarnation.

Œuvres disponibles en français


• Maxime le Confesseur, Questions à Thalassios. T 3 : Questions 56
à 65, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2015.
• Maxime le Confesseur, Questions à Thalassios. T. 2 : Questions 41
à 55, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2012.
• Maxime le Confesseur, Questions à Thalassios, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2010.
• Maxime le Confesseur, Centuries sur la charité, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2008.

79
Les Pères de l’Église

Méliton de Sardes

Méliton a vécu au IIe siècle, dans la région de Sardes, en


Asie Mineure. Il entretient des polémiques et des controverses
avec les autres communautés religieuses de la cité. Il est un
des premiers auteurs à accuser les juifs d’avoir « tué Dieu ».
Dans l’Apologie adressée à Marc Aurèle, il développe
l’idée originale que l’Empire et le christianisme ont des intérêts
convergents. Dans l’Homèlie de Pâques, Méliton expose une
argumentation violente contre le judaïsme qui témoigne de la
séparation définitive entre les milieux chrétiens et pharisiens

Œuvre disponible en français


• Méliton de Sardes, Sur la Pâque et fragments, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2008.

80
Les Pères de l’Église

Méthode d’Olympe

La vie de Méthode d’Olympe est très mal connue. Il aurait


été évêque d’Olympe, en Lycie (sud de la Turquie actuelle). Il
serait mort martyr, en 311 ou 312, lors de la persécution de
Maximin Daia.
Ses œuvres témoignent d’une certaine érudition. Il y dé-
fend le libre-arbitre. Il s’interroge sur la résurrection des corps
et critique les spéculations d’Origène.

Œuvre disponible en français


• Méthode d’Olympe, Le banquet, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1963.

81
Les Pères de l’Église

Minucius Felix

Marcus Minucius Felix naît à Thiava, en Numidie (actuelle


Algérie), à la fin du IIe siècle ou au début du IIIe siècle. Il s’éta-
blit à Rome, où il meurt dans les années 250-260. Ce converti
tardif est l’auteur de l’Octavius : dialogue dans lequel il montre
que la foi peut se concilier avec les cultures traditionnelles et
notamment la philosophie.

Œuvre disponible en français


• Minucius Felix Marcus, Octavius, coll. « Universités de France »,
éd. Les Belles Lettres, Paris, 1964.

82
Les Pères de l’Église

Origène

Origène naît vers 185, à Alexandrie. Il est issu d’une famille


récemment convertie. En 202, son père meurt lors de la per-
sécution de Septime Sévère. Afin de faire vivre sa famille, il se
met à enseigner. En 215, l’évêque Démétrios d’Alexandrie lui
confie l’école de catéchèse où il succède à son maître Clément
d’Alexandrie. Il se signale par une rigidité morale au point
de se faire castrer pour résister à toute tentation. Son renom
devient tel que son enseignement attire des gens cultivés issus
des milieux non-chrétiens.

Origène,
gravure.
© Wikimedia Commons

83
Les Pères de l’Église

En 230, il est ordonné prêtre à Jérusalem. En 231, il s’ins-


talle à Césarée, en Palestine, où une nouvelle école se consti-
tue autour de lui. Emprisonné et torturé en 250, durant la
persécution de Dèce, il est finalement libéré et ne subit pas le
martyre. Il meurt en 253.
L’œuvre d’Origène est monumentale tant par le nombre
que par la qualité. Il est à l’origine de l’exégèse biblique. Il
établit une édition critique de l’Ancien Testament où il dispose
en parallèle six versions du texte (Les Hexaples). Certaines de
ses thèses furent condamnées lors du deuxième concile de
Constantinople, en 553. Réhabilité, il est considéré comme « le
plus grand génie du christianisme antique avec saint Augustin »
par le cardinal Jean Danielou (1905-1974).

Œuvres disponibles en français


• Origène, Homélies sur la Genèse, réimp. de la 2e éd. revue et
corrigée = 3e réimp. de la 2e éd. (avec additions et corrections),
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2003.
• Origène, Homélies sur Josué, réimp. 1re éd. revue et corrigée,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2000.
• Origène, Homélies sur Ezéchiel, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1989.
• Origène, Sur le libre arbitre : Philocalie 21-27, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1976.
• Origène, Contre Celse, éd. du Cerf, Paris, 1967.

84
Les Pères de l’Église

Papias de Hiérapolis

La vie de Papias, évêque de Hiérapolis de Phrygie est gran-


dement inconnue. La tradition prétend qu’il aurait écouté la
prédication de l’apôtre Jean. Il aurait donc vécu au tournant
des Ier et IIe siècles. Il est l’auteur des Explications des paroles du
Seigneur, dont il ne reste que des fragments. Le texte contient
diverses traditions concernant les apôtres.

85
Les Pères de l’Église

Paulin de Nole

Paulin naît à Bordeaux vers 353. Il est issu d’une des plus
riches familles de la ville. Son précepteur est le poète Ausone.
Il entreprend une carrière politique qui le conduit en Italie.
Là, il fait la connaissance d’Ambroise de Milan qui l’instruit
dans la foi chrétienne. De retour en Aquitaine, il est baptisé
en 385, et choisit sous l’influence de sa femme de mener
une vie de pauvreté et de chasteté. Ordonné prêtre en 394,
il retourne en Italie et s’installe à Nole, près de la tombe de
saint Félix. Vers 409, il est désigné évêque de Nole. Il occupe

Paulin de Nole,
vitrail. Cathédrale de Linz
(Autriche).
© W. Sauber/Wikimedia Commons

86
Les Pères de l’Église

cette fonction jusqu’à sa mort en 431. Son œuvre est princi-


palement composée de lettres et de poèmes dans lesquelles
il exprime sa façon de vivre la théologie au quotidien.

Œuvre disponible en français


• Paulin de Nole, Correspondance avec Sulpice Sévère,
coll. « Sagesses chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2016.

87
Les Pères de l’Église

Pierre d’Alexandrie

Pierre d’Alexandrie naît au IIIe siècle. Vers 300, il devient


évêque d’Alexandrie, après avoir dirigé l’école théologique. En
303, il échappe à la persécution en se cachant. L’attitude de
l’évêque et la question du sort des lapsi sont source de conflits
à l’intérieur de l’Église d’Alexandrie et provoquent des com-
portements schismatiques. Il est arrêté et livré au martyre le
25 novembre 311.

88
Les Pères de l’Église

Polycarpe de Smyrne

Polycarpe naît vers 69, ou vers 89. Il est le disciple direct de


l’apôtre Jean et le premier évêque de Smyrne, en Asie Mineure.
En 154, il se serait rendu à Rome pour discuter avec l’évêque
de la ville Anicet et résoudre les tensions entre l’Église d’Occi-
dent et l’Église d’Orient. En tant qu’évêque, il doit combattre
les gnostiques et d’autres sectes chrétiennes. Polycarpe meurt
en martyr lors de la persécution de Marc Aurèle, vers 155.
Sa Lettre aux Philippiens est une suite d’exhortations sur
la foi et les bonnes pratiques.

Œuvre disponible en français


• Polycarpe de Smyrne et Ignace d’Antioche, Lettres : Martyre de
Polycarpe, réimp. de la 4e éd. revue et corrigée, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1998.

89
Les Pères de l’Église

Pseudo-Denys l’Aréopagite

Le Moyen Âge considérait que Denys l’Aréopagite, le per-


sonnage converti par saint Paul, était l’auteur d’un ensemble
de traités de théologie mystique. Or, ces écrits sont probable-
ment l’œuvre d’un moine syrien qui a vécu vers l’an 500. Il a
également été confondu avec Denis de Paris. Ces différentes
confusions ne permettent pas de disposer d’autres renseigne-
ments biographiques sur cet auteur.
Il a introduit dans son œuvre la distinction entre les dif-
férentes dimensions de la théologie. Il distingue la théologie
mystique, la théologie symbolique et la théologie spéculative.
La théologie mystique est le degré suprême de la connais-
sance de Dieu. Cette connaissance est silencieuse car plus la
connaissance est élevée, moins il est possible de l’exprimer
par des mots.

Œuvres disponibles en français


• Denys l’Aréopagite (Pseudo-), Les noms divins. Chapitres I-IV,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2016.
• Denys l’Aréopagite (Pseudo-), Les noms divins. Chapitres V-XIII,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2016.
• Denys l’Aréopagite (Pseudo-), La hiérarchie céleste, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2007.

90
Les Pères de l’Église

Rufin d’Aquilée

Rufin naît près d’Aquilée, vers 345. Issu d’une famille chré-
tienne, il étudie à Rome entre 360 et 368. Durant cette période,
il fait la connaissance de saint Jérôme. De retour à Aquilée
vers 370, il intègre une communauté religieuse. Deux ans plus
tard, il part pour Alexandrie afin de suivre l’enseignement de
Didyme l’Aveugle. Vers 378, il se rend à Jérusalem, où il prend
la responsabilité de la communauté masculine du mont des
Oliviers. Jusqu’en 397, il reste en Palestine où il est proche de
saint Jérôme et de l’évêque Jean de Jérusalem. En 401, Rufin,
de retour chez lui, se retire dans un monastère. En 408, il fuit
devant les Wisigoths et se réfugie en Sicile où il meurt trois
ans plus tard.
L’essentiel du travail de Rufin est une œuvre de traduc-
tion. Il a traduit en latin l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de
Césarée et plusieurs œuvres d’Origène.

Œuvre disponible en français


• Rufin d’Aquilée, Les bénédictions des patriarches, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1968.

91
Les Pères de l’Église

Sophrone de Jérusalem

Sophrone naît à Damas vers 550. Il fait de brillantes


études et devient professeur de rhétorique. Après un voyage
en Terre sainte, puis un séjour en Égypte, il choisit de devenir
moine et entre au monastère Saint-Théodose en Judée. Il y fait
la connaissance de celui qui devient son père spirituel : Jean
Moschus. Rapidement, Sophrone s’engage dans la lutte contre
le monothélisme (double nature du Christ mais une seule vo-
lonté). Il voyage en Asie Mineure, en Égypte et en Afrique du
Nord afin de convertir les communautés monophysites. Son
engagement lui vaut une certaine notoriété qui lui permet de
succéder à Modeste au patriarcat de Jérusalem, en 634.
Il tient un rôle important lors de la prise de Jérusalem
par les troupes du calife Omar en 637. Il négocie un statut de
dhimmi pour les populations chrétiennes. Il meurt en 638.

Œuvre disponible en français


• Sophrone de Jérusalem, Panégyrique des saints Cyr et Jean,
coll. « Patrologia Orientalis », éd. Brepols, Turnhout, 2008.

92
Les Pères de l’Église

Sulpice Sévère

Sulpice Sévère naît en Aquitaine vers 363. Issu d’une riche


famille bordelaise, il devient avocat. Vers 399, après la mort
de sa femme, il adopte la vie monastique à Primuliacum, dans
l’Aude. Il meurt vers 420.
Il est l’auteur d’une Vie de saint Martin qui fut très popu-
laire au Moyen Âge.

Œuvres disponibles en français


• Sulpice Sévère, Vie de saint Martin, éd. du Cerf, Paris, 1969, 1976.
• Sulpice Sévère, Chroniques, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1999.

93
Les Pères de l’Église

Tatien le Syrien

Tatien naît en Assyrie vers 120. Arrivé à Rome, il devient


le disciple de Justin et se convertit au christianisme. De retour
en Orient, il rédige son Discours aux Grecs qui est une violente
attaque contre le paganisme. Vers la fin de sa vie, il rédige le
Diatessaron : l’Évangile organisé en un récit unique. Il meurt
vers 170.

94
Les Pères de l’Église

Tertullien

Tertullien naît à Carthage vers 155. Issu d’une famille


païenne, il fait de brillantes études, notamment en droit. Vers
193, il se convertit au christianisme. Il enseigne et écrit pour
la défense des chrétiens. Il a sans doute eu un rôle important
au sein de sa communauté, pour autant rien ne permet de
penser qu’il fut ordonné prêtre. À partir de 207, il adhère à la
secte montaniste. Il meurt à Carthage, vers 220.
Il est le premier grand penseur de la foi en langue la-
tine. Son œuvre est abondante et touche des domaines variés
comme l’apologétique, la morale, la discipline ou le dogme.

Œuvres disponibles en français
• Tertullien, Le manteau (De pallio), coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 2007.
• Tertullien, Traité du baptême, réimp. de la 1re éd. revue et corrigée,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2002.
• Tertullien, Le voile des vierges (De uirginibus uelandis),
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1997.
• Tertullien, Le mariage unique (De monogamia), coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1988.
• Tertullien, Les spectacles (De spectaculis), coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1986.
• Tertullien, De la patience, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf,
Paris, 1984.
• Tertullien, La pénitence, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf,
Paris, 1984.
• Tertullien, À son épouse, coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf,
Paris, 1980.

95
Les Pères de l’Église

Théodore Studite

Théodore naît à Constantinople en 759. Il est issu d’une


famille de hauts fonctionnaires impériaux, ce qui lui permet
de recevoir une éducation de qualité, conforme à son rang
social. L’année 780 constitue un tournant dans la vie de la
famille ; l’oncle maternel Platon, qui avait abandonné ses
hautes responsabilités pour se consacrer à la vie religieuse,
convainc l’ensemble de la famille d’adopter la vie monastique.
Les hommes de la famille fondent sur les terres patrimoniales
un monastère appelé Sakkoudion. Les femmes entrent en reli-
gion à Constantinople.

Théodore Studite,
mosaïque, XIe siècle.
Chios, monastère Néa Moni.
© Wikimedia Commons

96
Les Pères de l’Église

Les moines de Sakkoudion vont soutenir la restauration du


culte des images suite au deuxième concile de Nicée, en 787.
C’est à cette époque que Théodore est ordonné prêtre. En 794,
il prend la tête de la communauté monastique de Sakkoudion.
Cette même année, il se positionne contre le remariage de
l’empereur Constantin VI qui, après avoir répudié l’impératrice
Marie d’Amnia, épouse la servante de cette dernière. Théodore
dénonce le caractère illégitime du mariage et demande l’ex-
communication de tous ceux qui ont participé à la cérémonie.
L’empereur envoie des troupes au monastère et disperse les
moines. Théodore est fouetté et exilé à Thessalonique.
L’exil ne dure que quelques semaines car Constantin VI
est renversé et aveuglé sur les ordres de sa mère l’impératrice
Irène. L’impératrice propose à Platon et Théodore de s’ins-
taller à Constantinople et de relever l’ancien monastère de
Saint-Jean de Stoudios. Rapidement, ce monastère devient
le plus important de la capitale. L’influence de Théodore est
si importante qu’il n’hésite pas à s’opposer aux décisions de
l’empereur ou du patriarche de Constantinople, ce qui lui vaut
un nouvel exil en 809.
À partir de 814, Théodore se trouve au cœur des conflits
religieux. L’empereur Léon V l’Arménien décide de restaurer
l’iconoclasme. Théodore va se faire l’ardent défenseur des ico-
nophiles. En 815, il appelle à la révolte contre la décision du sy-
node qui vient de rétablir l’iconoclasme. Arrêté et emprisonné,
il maintient le contact avec ses partisans par le biais de nom-
breuses lettres. En 821, il retrouve la liberté après l’assassinat

97
Les Pères de l’Église

de l’empereur. Il continue à défendre les iconodoules mais son


énergie s’épuise. Il meurt le 11 novembre 826.
Outre ses nombreux écrits polémiques lors de la crise de
l’iconoclasme, plusieurs de ces textes portent sur les règles de
vie monastique et plus particulièrement sur le monachisme
communautaire. Cette conception est en rupture avec la tradi-
tion ascétique orientale, inspirée de saint Antoine et des Pères
du désert.

Œuvres disponibles en français


• Théodore Stoudite, Les grandes catéchèses. Livre 1
Les épigrammes, I-XXIX, coll. « Spiritualité orientale »,
éd. Abbaye de Bellefontaine, Bégrolles-en-Mauges, 2002.
• Théodore Stoudite, Petites catéchèses, coll. « Les Pères dans
la foi », éd. Migne diff. Brépols, Paris, 1993.

98
Les Pères de l’Église

Théodoret de Cyr

Théodoret naît à Antioche vers 393. Dès sa naissance,


sa mère le voue à la vie religieuse, il est donc élevé par deux
moines. Vers 416, il entre dans le clergé et distribue la fortune
familiale aux pauvres. Après avoir passé sept ans au monas-
tère de Nicerte, il est élu évêque de Cyr en 423. Il consacre
beaucoup de temps à convertir les païens et les hérétiques
de son diocèse. À partir de 430, il prend part à la querelle au-
tour du nestorianisme. Son soutien à Nestorius lui vaut d’être
déposé en 449. Il est pleinement réintégré lors du concile de
Chalcédoine en 451. À partir de ce moment, l’histoire perd la
trace de Théodoret qui meurt vers 460.
Théodoret de Cyr a laissé une œuvre abondante, notam-
ment sur le plan historique. Il rédige une Histoire ecclésias-
tique dans la continuité de celle d’Eusèbe de Césarée.

Œuvres disponibles en français


• Théodoret de Cyr, Histoire ecclésiastique, coll. « Sources
chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 2006.
• Théodoret de Cyr, Histoire des moines de Syrie : Histoire Philothée,
coll. « Sources chrétiennes », éd. du Cerf, Paris, 1977.
• Théodoret de Cyr, Thérapeutique des maladies helléniques, réimp.
de la 1re éd. revue et corrigée, coll. « Sources chrétiennes »,
éd. du Cerf, Paris, 1958.

99
Les Pères de l’Église

Théophile d’Antioche

La vie de Théophile d’Antioche est mal connue. Il semble


être d’origine syrienne mais de langue et de culture grecques.
Il se convertit au christianisme et devient le septième évêque
d’Antioche en 169. Il meurt entre 180 et 185.
Le traité à Autolycus est la seule œuvre conservée de
Théophile d’Antioche. C’est une défense du christianisme
contre ses adversaires.

Œuvre disponible en français


• Théophile d’Antioche, Trois livres à Autolycus, éd. du Cerf, Paris,
1948.

100
Les Pères de l’Église

Vincent de Lérins

Originaire des environs de Toul, Vincent naît à la fin du


IVe siècle ou au début du Ve siècle. Après avoir exercé le métier
des armes, il se retire au monastère de Lérins. En 434, il rédige
le Commonitorium qui permet de savoir si une doctrine est
conforme à l’orthodoxie. Il meurt vers 448.

Œuvre disponible en français


• Vincent de Lérins, Tradition et progrès : Le Commonitorium,
coll. « Les Pères dans la foi », éd. Desclée de Brouwer, Paris, 1978.

101
Les Pères de l’Église

Conclusion
Ce parcours parmi les Pères de l’Église est un retour aux
sources de la doctrine chrétienne et une rencontre avec les
hommes qui l’ont forgée. Si tous sont des lettrés, leurs motiva-
tions divergent suivant les lieux et les époques. Les premiers
Pères écrivent pour défendre les chrétiens et apporter un sou-
tien spirituel aux communautés. À partir du IIIe siècle, les écrits
des Pères portent, de plus en plus, sur des questions doctri-
nales et structurelles ; les communautés croissent et les désac-
cords grandissent. Le point culminant de ces polémiques est
atteint quand l’Empire romain devient chrétien au IVe siècle.
L’arianisme mobilise l’activité de nombreux intellectuels dans
la défense de l’orthodoxie. Enfin, les derniers Pères, à partir du
Ve siècle sont confrontés à un monde en plein bouleversement,
ils doivent penser le christianisme en dehors du cadre politique
qui l’a vu naître. Ces Pères tardifs vont transmettre l’héritage
antique aux penseurs médiévaux.
L’engagement, les combats et les prises de positions doc-
trinales de ces intellectuels de l’Antiquité vont forger la doc-
trine chrétienne et son interprétation. Leurs questionnements
moraux, leurs interrogations métaphysiques et leurs préoccu-
pations religieuses se sont nourris des traditions antiques pour
contribuer à forger notre héritage spirituel.

102
Les Pères de l’Église

Glossaire

Ariens : Arius, prêtre d’Alexandrie (mort vers 336), niait la divi-


nité du Christ, jugeant l’égalité du Père et du Fils incompatible
avec le monothéisme. Il prétendait que Dieu le Père avait créé
le Fils. Le concile de Nicée (325) puis celui de Constantinople
(381) le réfutèrent, affirmant la « consubstantialité » du Père et
du Fils, « engendré, non pas créé ».

Cénobitisme : Mode de vie monastique communautaire.

Dhimmi : Lors de la conquête arabe du Moyen-Orient, de


l’Afrique du Nord et de l’Espagne, la politique islamique à
l’égard des peuples conquis était la conversion forcée, sous
peine de mort, de tous les païens à la religion de Mahomet.
Elle autorisait toutefois les « peuples du Livre » (juifs, chrétiens),
détenteurs des Saintes Écritures et adorateurs d’un seul Dieu,
à pratiquer leur religion, à condition de se soumettre à la loi
civile islamique. Ces communautés devinrent des populations
protégées (dhimmi) soumises à des discriminations juridiques
et sociales, et astreintes à des impôts spécifiques.

103
Les Pères de l’Église

Donatisme : Donat, l’évêque de Carthage, fut à l’origine d’un


grave schisme dans l’Église d’Afrique au IVe siècle. Ses disciples
liaient la validité des sacrements à la dignité de celui qui les
administrait.

Gnose : (du grec gnôsis, « connaissance ») Mouvement religieux


né dans les années 150. La pensée gnostique est une forme de
pensée religieuse selon laquelle les humains peuvent accéder
à Dieu par la connaissance, et être sauvés en passant par des
rites ésotériques. Un autre postulat de ce courant de spiritua-
lité est un fort dualisme séparant radicalement l’humain du
divin, la terre du ciel. La gnose a influencé certains penseurs
chrétiens.

Hexaples : (six colonnes) Ouvrage d’Origène, terminé entre 240


et 245, qui a été perdu au VIIe siècle, mais qui subsiste sous
forme de fragments.

Iconoclasme : Mouvement de refus des images saintes et leur


culte conduisant à leur destruction. Il a été le fait de chrétiens
à la suite du concile de Hiéreia (754).

Lapsi : Au cours des premiers siècles du christianisme, un lap-


sus (au pluriel lapsi) est un chrétien qui a renié sa foi par peur
des persécutions.

104
Les Pères de l’Église

Manichéens : Adeptes du projet de religion universelle élaboré


par le Persan Mani (IIIe siècle), pour lequel le Bien et le Mal sont
deux principes fondamentaux égaux et antagonistes.

Monophysisme : Doctrine selon laquelle le Christ unit l’humain


et le divin en une seule nature. Le concile de Chalcédoine (451)
le condamna et affirma au contraire que le Christ possédait
deux natures en une seule personne.

Monothélisme : Doctrine, développée au VIIe siècle, qui affirmait


l’existence de deux natures distinctes, humaine et divine, du
Christ, mais une seule volonté divine. Elle n’eut cependant pas
de succès, et fut condamnée par IIIe concile de Constantinople
(680-681).

Montanisme : Fondé par Montan, un chrétien d’Asie Mineure,


au milieu du IIe siècle, ce mouvement charismatique se mani-
festa surtout par une explosion d’inspiration prophétique et
apocalyptique. Il provoqua une rupture dans l’Église catholique.

Nestorianisme : Nestorius, patriarche de Constantinople, dis-


tinguait natures divine et humaine dans le Christ et refusait
donc à Marie l’appellation de mère de Dieu. Il fut condamné
au concile d’Éphèse (431).

105
Les Pères de l’Église

Origénisme : L’Antiquité tardive et le Moyen Âge ont longtemps


considéré comme hérétique l’exégèse d’Origène (185-253).
Dans ses ouvrages d’exégèse, il propose pour la première fois
un système complet du christianisme, intégrant les théories
néo-platoniciennes. Il affirme l’unité des trois personnes et la
personnalité propre de chacune.

Pélagianisme : Développée par le moine Pélage (360-422), ori-


ginaire de Grande-Bretagne, la doctrine pélagienne soutenait
que l’homme peut toujours choisir entre le Bien et le Mal pour
mériter par lui-même son salut. Ses idées furent combattues
par saint Augustin et condamnées en 431 au concile d’Éphèse.

Pères du désert : Moines et évêques retirés dans le désert


d’Égypte aux IIIe-IVe siècles.

Sassanide : Dynastie de l’Empire perse qui régna sur la


Mésopotamie et l’Iran actuel, de 226 ap. J.-C. jusqu’à la
conquête arabe en 636.

106
Merci d’avoir téléchargé ce Pour télécharger Adobe
livre numérique sur votre ordi- Digital Editions 4.5.7 cliquez
nateur ou votre tablette. Voici ici ou télécharger gratuitement
quelques conseils pour lire au et installer Readium (le module
mieux cet ouvrage multimédia. complémentaire du navigateur
Google Chrome), cliquez ici
Pour optimiser les téléchar-
gements et la lecture des livres Sur un ordinateur
numériques, il est préférable
Bien que les ebooks soient
d’utiliser un navigateur de type
pensés pour être lus sur une ta-
Firefox (télécharger ici) ou goo-
blette, il est possible de les télé-
glechrome (télécharger ici)
charger et de les lire sur votre
Pour le confort de lecture de
ordinateur.
l’ebook ou livre numérique sur
• Pour trouver rapidement
un ordinateur PC, Macintosh ou
un texte, vous pouvez cliquer
un Netbook :
directement sur le titre affiché
1. PDF-interactif : nous
dans le sommaire.
vous conseillons le logiciel gra-
• Pour écouter les entretiens
tuit d’Adobe « Adobe Acrobat
audio produits par Le Monde
Reader »
de la Bible en direct, vous devez
2. EPUB : nous vous
avoir une connexion internet.
conseillons le logiciel gratuit
• Pour les écouter plus
Adobe Digital Edition 4.5.7 ou
tard, ou sur un support mobile
Readium (le module complé-
(tablette ou smartphone), vous
mentaire du Google Chrome) :
devez les télécharger via le site

107
« Soundcloud », puis cliquer sur • Vous pouvez cliquer
« share », puis sur « embed », et sur les différents liens et sons
copier le code sur votre appareil comme sur un ordinateur (lire
mobile. ci-dessus).
Vous pouvez également, Attention : sur iPad, l’ouver-
en sélectionnant un mot ou un ture d’un lien ou d’une vidéo
morceau de texte (avec votre peut fermer le livre numérique.
souris d’ordinateur), surligner le Pour retrouver la lecture du livre
mot ou le passage sélectionné numérique, vous devez le rou-
ou l’accompagner d’une note vrir avec l’application iBooks.
personnelle. • Vous pouvez également,
en sélectionnant un mot ou
Sur votre tablette un morceau de texte (avec vos
• Vous pouvez, en écartant doigts sur l’écran d’une tablette),
les doigts posés sur l’écran, surligner le mot ou le passage
agrandir à volonté les textes et sélectionné ou l’accompagner
les images. d’une note personnelle.
• Pour trouver rapidement
un texte, vous pouvez cliquer
directement sur le titre affiché
dans le sommaire.

108
En couverture : Les saints Jérôme et Augustin, Pères de
l’Église, par Antonello de Messine, 1472-1473, tempera sur
bois transférée sur toile. Palerme, musée régional de Sicile.
© Electa/Leemage

Édité par BAYARD PRESSE S.A., société anonyme à directoire


et conseil de surveillance, 18, rue Barbès, 92128 Montrouge Cedex.
Téléphone : 01 74 31 60 60. mondedelabible@bayard-presse.com
Président et directeur de la publication : Pascal Ruffenach.
Directeur : Jean-Marie Montel.
Rédacteur en chef : Benoît de Sagazan.
Maquettiste : Laurent Sangpo.
Secrétariat de rédaction : Hélène Roquejoffre.
Directrice commerciale : Frédérique Brulé.
Directrice marketing diffusion et audience : Laure Beaunée.
Reproduction d’articles interdite, sauf autorisation de la direction.
ISBN : 9791029608070 - Prix : 6,99 euros.

Œuvre protégée par le droit d’auteur. Toute reproduction ou diffusion


au profit d’un tiers de tout ou partie de cette œuvre est strictement interdite
et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2
et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

109
Lire aussi les autres livres numériques de notre collection

Découvrir autrement…
En lançant la collection « Découvrir autrement… », Le Monde de la Bible veut
faciliter la découverte de l’univers biblique et religieux dans les monothéismes.
Le propos est volontairement divisé en chapitres, puis subdivisé en items
ou en questions, dont les réponses sont courtes et écrites dans un langage
accessible au plus grand nombre. L’ouvrage peut ainsi soit se lire en continu
selon la pédagogie déployée par l’auteur, soit se lire par centre d’intérêt, en
sélectionnant d’emblée l’item privilégié dans le sommaire interactif.

Ces livres numériques ainsi que d’autres sont disponibles sur


www.mondedelabible.com

Vous aimerez peut-être aussi