Vous êtes sur la page 1sur 2

Mononucléose infectieuse

Point de vue Hématologie (Infection à VEB, «Fièvre glandulaire») MQZH 2012-02

Introduction
Virus Epstein-Barr – Transmission La mononucléose infectieuse (également appelée «Fièvre glandulaire») est une infection provo-
et persistance dans les cellules B quée par le virus Epstein-Barr (VEB). Près de 95% des adultes ont subi une infection à VEB. Une
grande majorité des infections à VEB évolue de manière asymptomatique. En présence d’infec-
Après une infection, une partie tions cliniquement manifestes, les patients souffrent entre autres, de maux de tête, fatigue, fièvre,
gonflement des ganglions lymphatiques, pharyngite (inflammation de la gorge), splénomégalie
des virus EB persistent de manière
(augmentation du volume de la rate) et hépatomégalie mineure (augmentation du volume du
latente dans les lymphocytes B foie). L’examen hématologique montre une lymphocytose accompagnée généralement d’un
(«memory cells»). En présence nombre élevé de leucocytes et de modifications réactives des lymphocytes. Sur le plan purement
d’un système immunitaire intact, morphologique, la différenciation de ces cellules par rapport aux lymphocytes néoplasiques asso-
ils sont toutefois contrôlés à vie ciés à des proliférations lymphocytaires malignes peut parfois s’avérer difficile. Le diagnostic dé-
par les cellules T. Une réactivation finitif repose sur la recherche sérologique d’anticorps dirigés contre le VEB ou sur une méthode
peut se manifester par exemple en de génétique moléculaire via le dépistage de l’ADN viral par PCR. Les préparations de l’essai
cas d’immunosuppression. interlaboratoire actuel proviennent d’une patiente âgée de 21 ans présentant une infection à VEB.

La transmission du virus Epstein- Physiopathologie


Barr passe par la salive de per- Le virus Epstein-Barr (VEB) appartient à la famille des virus herpès. Il est transmis par la salive
sonnes infectées, raison pour la- et infecte les cellules épithéliales de la gorge ainsi que les lymphocytes B. L’infection entraîne
quelle cette infection est désignée une réaction des cellules T cytotoxiques. Les lymphocytes B colonisés se transforment, sous
également de «Maladie du baiser». l’influence du virus, en cellules lymphoblastoïdes, qui produisent des anticorps hétérophiles. Les
La contamination touche souvent lymphocytes réactifs dont la présence sur l’hémogramme est caractéristique d’une infection à
VEB, sont des lymphocytes T activés et des cellules NK (natural killer cells). En outre, on retrouve
les enfants, les adolescents et les
un plus petit nombre de cellules modifiées aux aspects blastiques, qui sont généralement des
jeunes adultes. lymphocytes B.

Le virus est largement répan- Résultats de laboratoire


du et près de 95% des plus de
30 ans sont infectés par le VEB. Résultat Fréquence Observation
L’infection évoluant souvent aussi
Lymphocytose abs./rel. 99% > 60% de lymphocytes (généralement 10 –15
de manière asymptomatique, de G/l)
nombreuses personnes ignorent
qu’elles avaient été infectées. Des Lymphocytes atypiques 99% modifications réactives
tests sérologiques, qui dépistent la Neutropénie 60-80% favorise des surinfections bact.
présence d’anticorps dirigés con- Thrombopénie, mineure 25-50%
tre l’IgG-EBNA, permettent cepen-
Anémie, sévère rare autoimmunohémolytique (auto-Ac)
dant de diagnostiquer l’infection.
Anticorps anti-VEB dans le 100% VCA-IgM, VCA-IgG et IgG-EBNA*
sérum (se manifestent dans cet ordre au cours de
l’infection)
Différenciation monocytes / lym- Hétérophile Ac anti-IgM dans le 80-100% mononucléose test rapide («Monospot»)
phocytes réactifs sérum
ADN du VEB (PCR) 100%
Les monocytes présentent un Taux hépatiques path. 80-100% ALT, AST
cytoplasme gris bleu («gris tourte-
Agglutinines froides 10-50%
relle»). Il peut être basophile plus
foncé lorsqu’il jouxte un érythro- Hyperbilirubinémie 30-50%
cyte. Toutefois cette basophilie * VCA = Virus capsid Antigen (enveloppe du virus), EBNA= antigènes associés au noyau
est limitée à une fine zone au
Source: «Diagnostische Hämatologie» H.Huber, H.Löffler, D. Pastner
bord. Le plasma des monocytes
contient souvent des vacuoles.
Différenciation monocytes / lymphocytes réactifs
En revanche les lymphocytes réac-
tifs montrent une basophilie du cy-
toplasme plus prononcée, qui est
particulièrement impressionnante
Monocytes

aux bords, mais diffuse vers le


noyau où elle devient de plus en
plus claire. Ce «dégradé de cou-
leur» vers le noyau est typique des
lymphocytes réactifs.
Lymphocytes
réactifs
Point de vue Hématologie Morphologie des lymphocytes
Les lymphocytes réactifs se placent, du point de vue morphologique, entre les lymphocytes, les
plasmocytes et les monocytes. Les cellules présentent une taille variable (8 –25µm) et des ano-
Variabilité des lymphocytes réac- malies au niveau de la forme et de la structure du noyau ainsi que des divergences en termes de
tifs largeur et de coloration du cytoplasme (polymorphie de taille et de noyau).
Les termes utilisés pour ces cellules sont également divers et varient d’un laboratoire à un autre
(lymphocytes réactifs, formes réactives lymphatiques, virocytes, lymphomonocytes, lymphocytes
La variabilité morphologique au transformés).
sein de la population des lym-
phocytes est importante («image
multicolore»). Elle peut varier Cellule Taille Noyau Cytoplasme
considérablement à la fois d’un 8 –10 µm rond, chromatine étroit, basophile

Lymphocyte
patient à un autre et à l’intérieur dense en mottes
des différents stades.
normal
La variabilité de la taille des
cellules est impressionnante.
Outre des lymphocytes présen- 10 –12 µm légèrement ovale, largeur moyenne, baso-
LGL – large granular

tant seulement un grossissement chromatine dense phile clair avec granulati-


négligeable allant jusqu’à env. 15 on grossière azurophile
µm, il existe également de très
(cellule NK)
lympocyte

grandes cellules avec un diamètre


cellulaire allant jusqu’à 25 µm.

Tandis que les lymphocytes


10 –15 µm sinué ou irrégulier, largeur moyenne, légère-
réactifs d’un diamètre cellulaire
chromatine dense ment basophile au bord,
jusqu’à env. 20 µm sont retrouvés zone plus claire autour du
dans diverses infections virales noyau.
(rubéole, rougeole, hépatites
virales), les éléments fortement
agrandis d’un diamètre cellulaire
de >20 µm sont typiquement as- 10 –15 µm rond à faiblement largeur moyenne, légère-
sociés au VEB (virus Epstein-Barr), sinué, excentrique, ment basophile au bord,
chromatine dense zone plus claire autour
au CMV (cytomégalovirus), à une
du noyau
infection primaire à VIH et une
toxoplasmose.
Lymphocytes réactifs

15 –20 µm sinué, irrégulier, largeur moyenne,


chromatine disper- bords év. entourés
sée, év. nucléoles d’érythrocytes, bord
basophilie foncé avec
zone plus claire autour
du noyau

20 –25 µm irrégulier, encoché, large, bords év. entourés


chromatine fine, sou- d’érythrocytes, basophi-
vent un à plusieurs lie large, intense au bord
nucléoles avec zone plus claire
autour du noyau

12 –20 µm allongé, en forme de largeur moyenne, gris-


haricot, sinué, chro- basophile, souvent avec
Monocyte

matine à structure vacuoles, granulation fine


fine, «spongieuse», azurophile.
absence de nucléoles

8 –14 µm excentrique, rond, basophile foncé avec


chromatine grossière zone périnucléaire
Plasmocyte

Impressum en mottes marquée. Absence de


Auteur Annette Steiger nucléoles.
Photos Dr. Roman Fried

Conseil professionnel:
K. Schreiber, Dr. J. Goede
Clinique d‘Hématologie
Hôpital Universitaire Zürich

© 2012 Verein für medizinische


Qualitätskontrolle www.mqzh.ch

Vous aimerez peut-être aussi