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MANUEL D’ANALYSE

TRANSPORT HYDRO-
SEDIMENTAIRE

HYDRA SOFTWARE
www.hydra-software.net
contact@hydra-software.net Version 2 - 11/2017
Immeuble Central Seine
42-52 quai de la Rapée
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75582 Paris Cedex 12
N°affaire :
Email : hydra@hydra.setec.fr
T : 01 82 51 64 02
F : 01 82 51 41 39
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par par pages

1 08/08/2017 LPT

2 26/12/2018 LPT

3 30/05/2021 LPT Ajout des formules de Recking et Lefort 2015

Projet HYDRA – manuel d’Analyse - transport hydro-sédimentaire 08/04/2023


2
SOMMAIRE

1 FORMULATION DU CALCUL HYDRO-SÉDIMENTAIRE ................................................................................ 4


EQUATION GÉNÉRIQUE ................................................................................................................................ 4
DOMAINE FILAIRE ....................................................................................................................................... 4
1.2.1 Schématisation de la géométrie du fond mobile ............................................................................... 5
1.2.2 Définition de la largeur d’érosion ...................................................................................................... 6
1.2.3 Actualisation de la section géométrique ........................................................................................... 6
DOMAINE SURFACIQUE 2D ........................................................................................................................... 7
DISCRÉTISATION ET MÉTHODE DE RÉSOLUTION.................................................................................................. 8
2 EXPLOITATION ......................................................................................................................................... 9
LES ÉTAPES DE CALCULS................................................................................................................................ 9
ACCÉLÉRATION DES CALCULS ......................................................................................................................... 9
PARAMÉTRAGE DES CALCULS HYDRO SÉDIMENTAIRES ....................................................................................... 11
2.3.1 Ganulométrie et couches de sédiments........................................................................................... 12
2.3.2 Format des fichiers d’apports de débit solide.................................................................................. 15
MODÉLISATION 1D-2D VERSUS MODÉLISATION 2D INTÉGRALE ......................................................................... 15
3 FORMULES DE TRANSPORT SOLIDE ........................................................................................................ 16
FORMULATIONS DISPONIBLES DANS HYDRA.................................................................................................... 16
FORMULE DE ENGELUND ET HANSEN ............................................................................................................ 16
FORMULE DE MEYER PETER ET MÜLLER ........................................................................................................ 17
FORMULE DE RECKING ............................................................................................................................... 17
FORMULATION DE LEFORT 2015 ................................................................................................................. 19
3.5.1 Calcul du débit de transition ............................................................................................................ 19
3.5.3 Calcul de la concentration Cp .......................................................................................................... 21
PRISE EN COMPTE DE LA PENTE POUR LES MODÉLISATIONS BI DIMENSIONNELLES ................................................... 22
4 EXEMPLE DU SYSTÈME ALLUVIAL DE LA LOIRE AVAL .............................................................................. 24
SPÉCIFICITÉS DU SYSTÈME HYDRO MORPHOLOGIQUE DE LA LOIRE AVAL................................................................ 24
COMPARAISON DES FORMULES DE TRANSPORT SOLIDE ..................................................................................... 25
SCHÉMATISATION ..................................................................................................................................... 27
DISCUSSION SUR LES HYPOTHÈSES DE MODÉLISATION ....................................................................................... 29
PROBLÉMATIQUE DU COUPLAGE SÉDIMENTAIRE 1D-2D.................................................................................... 29

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1 F ORMULATION DU CALCUL HYDRO - SEDIMENTAIRE

La formulation du transport solide décrite ci-après s’intègre pleinement dans l’architecture de


modélisation définie dans HYDRA, qui combine les domaines 1D et 2D, interconnectés par toute
la panoplie des liaisons latérales. Plus précisément le transport solide est modélisé :

- le long du lit mineur d’une branche 1d,


- dans un domaine 2D.

Les échanges hydro sédimentaires entre les deux domaines sont modélisés.

Equation générique

L’évolution du fond est décrite par l’équation de conservation du volume de sédiments présent
dans chaque maille de calcul :

𝜕𝑍𝑓 𝜕𝑄𝑠𝑥 𝜕𝑄𝑠𝑦


(1 − 𝑛) ∗ + + =0 (2.1)
𝜕𝑡 𝜕𝑥 𝜕𝑦
Avec:
 n: porosité du sédiment dans le lit ;
 zf : cote du fond.
Qsx et Qsy : débit de transport solide volumique respectivement dans la direction x et dans
la direction y

L’équation ci-dessus n’est cependant pas résolue sous cette forme, elle est transformée en
équation intégrale qui se prête beaucoup mieux au traitement numérique.

La variable primaire retenue est l’épaisseur moyenne de couche de dépôt sédimentaire au droit
d’un tronçon pour le domaine filaire, et dans une maille pour le domaine bi dimensionnel.
L’algorithme de calcul consiste à actualiser ces variables à chaque pas de temps.

Domaine filaire

On considère un tronçon courant de cours d’eau en supposant une direction d’écoulement


dans le sens A vers B. La géométrie du tronçon est définie par sa longueur dx et sa section
courante à fond mobile ; le terme h* dans le schéma ci-après désigne l’épaisseur moyenne
de sédiment disponible.

Nœud A Nœud B Nœud c

Section courante
dx

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L’équation de continuité 2.1 est discrétisée comme suit dans le tronçon AB :

𝑑ℎ𝑠
𝐵(1 − 𝑛) 𝑑𝑥 = 𝑄𝑠𝑎 − 𝑄𝑠𝑏 (2.2)
𝑑𝑡

Qsa est le débit solide en volume de grains par unité de largeur acheminé par le tronçon
amont
Qsb est le débit solide en volume de grains par unité de largeur acheminé sortant au nœud
B.
Il est exprimé explicitement sous la forme :

𝑄𝑠𝑏 = 𝐵𝑓𝑠(𝑢)

fs(u) est défini par une formule de transport empirique (Meyer Peter, Engelund et Hanson
ou autre). Les formules implantées actuellement sont décrites et discutées au chapitre 4.

B est la largeur moyenne du lit mineur, définie comme : B=S/(ze-zf)

1.2.1 Schématisation de la géométrie du fond mobile

On distingue deux situations :

1. Le lit est engravé

La hauteur de sédiment hs et la surface de dépôt correspondante Sd sont positives. La section


géométrique est schématisée comme suit :

zd
z

zs
Sd hs
zf

Les paramètres hydrauliques sont calculés comme suit :

S = S0(z-zf) – Sd
B = B0(z-zf)
P = P0(z-zf) - P0(zs-zf) + B0(zs-zf)

L’indice « 0 » correspond à hs=0.

2. Le lit est érodé

On définit une largeur Bmoy correspondant à la cote Zmoy=0.5 x (zf+zd). L’érosion est
schématisée comme suit :

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bmoy zmoy

hmoy z
zf
hs
zs

La calcul des paramètres hydrauliques est plus compliqué dans le cas précédent. Il faut
distinguer les cas suivants :

S B P
z < zs 0 0 0
z < zf S0(z -zs) B0(z-zs) P0(z-zs)
hs < hmoy z < zmoy-hs S0(z-zs) B0(z-zs) P0(z-zs)
z < zmoy S0(hmoy) + bmoy P0(hmoy)+ 2 x (z-zs-hmoy)
bmoy x (z-zs-hmoy)
z > zmoy S0(hmoy) + bmoy x hs B0(z-zf) P0(z-zf)+2 x hs
+ 0.5 x (Bmoy+B0(z-zf) x (z-zmoy)

z < zs 0 0 0
z < zs + hmoy S0(z-zs) B0(z-zs) P0(z-zs)
hs > hmoy z < zmoy S0(hmoy)+bmoy x (z-zs-hmoy) Bmoy P0(zmoy)+2 x (z-zs-hmoy)
z > zmoy S0(z-zf) + bmoy x hs B0(z-zf) P0(z)+2x hs x bmoy

1.2.2 Définition de la largeur d’érosion

La largeur « Bs » sur laquelle s’applique la formule de transport solide est dans tous les cas la
largeur B définie ci-dessus.

1.2.3 Actualisation de la section géométrique

Le terme volumique dans l’équation de continuité du transport sédimentaire varie comme suit :

dVs = Bs x dhs x dx

Bs est égal à :

- B(zs - zf) si hs > 0.


- Bmoy si hs< 0.

Après chaque calcul de hs, les profils sédimentaires sont réactualisés.

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Domaine surfacique 2D

On considère une maille Mi connectée aux autres objets de modélisation par l’intermédiaire
de liaisons latérales :

Débit
sortant
Liaison i k

Ze

Débit Ui
dh*
entrant Qik
H*
Zf
Maille i Maille k

ui
Bik
Ui
nik

Les liaisons adjacentes à la maille Mi peuvent être connectées à d’autres mailles ou à des
nœuds extrémités de tronçons filaires. La maille est caractérisée par sa forme
(quadrangulaire ou triangulaire), sa superficie S, la cote moyenne de fond Zf et l’épaisseur
de sédiments mobilisables h* à chaque instant.

Le stock de sédiment rentrant par les liaisons avec débit entrant vient se déposer au fond
(en admettant un transport dominé par le charriage). Dans le même temps une partie de
ce stock est remobilisé selon une loi d’arrachement dépendant des conditions locales
d’écoulement et des caractéristiques des sédiments. Ce mécanisme est décrit par
l’équation suivante :

𝑑ℎ∗
(1 − 𝑛) 𝑆 = ∑𝑒𝑛𝑡𝑟𝑎𝑛𝑡𝑠
𝑗 𝑄𝑠𝑖𝑗 − ∑𝑠𝑜𝑟𝑡𝑎𝑛𝑡𝑠
𝑘 𝑄𝑠𝑖𝑘 (2.4)
𝑑𝑡

Qsik est le débit solide transportable en volume de grains vers la maille k. Il est calculé via
une formule de transport empirique fs(ui) (Meyer Peter, Engelund et Hanson ou autre)
comme suit :

𝑄𝑠𝑖𝑘 = 𝐵𝑖𝑘 𝑓𝑠(𝑢𝑖) 𝑢𝑖


⃗⃗⃗ . 𝑛⃗𝑖𝑘 (2.5)

où nik est le vecteur unitaire normal à l’arête ik :

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Discrétisation et méthode de résolution
Le système global d’inconnues à actualiser à chaque pas de temps est constitué par les variations
de hauteurs de dépôt dhs en chaque nœud de calcul du domaine filaire et en chaque maille du
domaine 2D.
Chaque équation (2.2) et (2.4) est exprimée au temps tn+1 via une discrétisation temporelle au
premier ordre :

L’équation à chaque nœud du domaine filaire est obtenue en égalisant les flux sédimentaires
entrants et sortants :

𝑄𝑠𝑖−1 (𝑡𝑛+1 ) = 𝑄𝑠𝑖 (𝑡𝑛+1 ) (2.6) avec :

𝑑𝑢𝑖−1
𝑄𝑠𝑖−1 (𝑡𝑛+1 ) = 𝐵𝑖−1 (𝑓𝑠(𝑢𝑖−1 ) + 𝑓 ′ (𝑢) ∆ℎ𝑖−1
𝑑ℎ
𝑑𝑢𝑖 ∆ℎ𝑖 ∗
𝑄𝑠𝑖 (𝑡𝑛+1 ) = 𝐵𝑖 (𝑓𝑠(𝑢𝑖 ) + 𝑓 ′ (𝑢) ∆ℎ𝑖 + 𝐵𝑖 (1 − 𝑛) 𝑑𝑥
𝑑ℎ 𝑑𝑡

La fonction 𝑓 ′ (𝑢) est la dérivée de f par rapport à u : on retrouve ce terme dans le coefficient de
l’équation de diffusion décrivant la propagation du front sédimentaire dans les formulations
simplifiées de calcul sédimentaire.

L’équation (2.4) dans chaque maille du domaine 2D est obtenue de la même façon en discrétisant
temporellement les expressions Qsij exprimant les transferts de flux sédimentaires entre cellules.

Après discrétisation et agrégation des équations locales on obtient un système matriciel global de
la forme :

[𝐾](𝑑ℎ∗ ) = 𝑔 (2.7)

Où K est une matrice carrée de rang NxN (N étant le nombre total de nœuds+mailles du modèle)
et g un vecteur colonne de rang N. Les coefficients de la matrice K et du vecteur g sont exprimés
au temps tn et sont donc connus. La matrice K est creuse : le système (2.7) est résolu en utilisant
le solver Paradiso, parfaitement adapté à cette structure matricielle.

Cette formulation comporte un double avantage :

- Elle est numériquement stable et donc robuste, du fait de la discrétisation temporelle en


mode implicite,
- La structure de la matrice K est identique à celle servant à calculer le vecteur inconnu (dz)
dans l’étape de calcul hydraulique : l’ajout du module de calcul hydro sédimentaire dans
HYDRA ne bouleverse pas le code existant.

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2 EXPLOITATION
Les étapes de calculs
Le calcul hydro sédimentaire avec HYDRA mobilise deux étapes de calcul à chaque pas de temps :

1. Etape de calcul hydraulique : les variations de niveaux d’eau (dz) entre les temps tn et tn+1
sont calculées à chaque nœud, en utilisant les cotes de fond connues au temps tn.

2. Etape de calcul sédimentaire : les variations des cotes de fond (dhs) entre les temps tn et
tn+1 sont calculées à chaque nœud, en utilisant les paramètres hydrauliques calculés dans
l’étape précédente. Les nouvelles cotes de fond (hsn+1) sont utilisées pour modifier les
sections. Ces nouvelles sections sont exploitées dans l’étape de calcul hydraulique du pas
de temps suivant.

Accélération des calculs

Le rythme d’évolution du toit sédimentaire est beaucoup plus lent que les fluctuations de niveaux
d’eau. Le programme de calcul a en conséquence été adapté pour différencier le pas de temps de
calcul d’actualisation du toit sédimentaire de celui de l’étape de calcul hydraulique.
Ce pas de temps peut être réglé par l’utilisateur, le programme sélectionne par défaut 30 mn.
Le pas de temps de calcul hydraulique fluctue entre 30sec et 5mn. Cela signifie que l’étape de
calcul sédimentaire est lancée en moyenne tous les 10 pas de temps du calcul hydraulique, ce qui
permet de réduire les temps de simulation.

On peut également, en l’absence de conditions aval rapidement variables ( cas par exemple de la
marée) adapter le pas de temps de calcul hydraulique ‘et donc le pas de temps de calcul de l’étape
hydro-sédimentaire en fonction de l’hydrologie .Deux cas de figure se présentent en pratique :

1. une perturbation importante des fonds générée par un épisode de crue, de durée de
quelques jours : le pas de temps de calcul est dans ce cas conditionné par la vitesse de
variation des niveaux d’eau, il est ajusté automatiquement dans le modèle pour limiter à 5
cm la variation maximum de cote tous nœuds confondus, il peut descendre à quelques
minutes.

2. Une évolution progressive des fonds dans un contexte hydrologique calme : le pas de
temps admissible, compatible avec la physique des phénomènes, est beaucoup plus
grand, il peut monter jusqu’à 24heures ou plus.

Afin de tirer avantage de ces considérations on peut adopter la procédure suivante pour les
simulations de longue durée :

· La série chronologique des débits d’apports sur une longue période est modifiée de façon
à obtenir un hydrogramme composé d’une succession de plages de débit constant
comprises entre 5 et 15 jours selon le gradient de débit. La nouvelle courbe ainsi modifiée
respecte les volumes d’apports.

· Le débit moyen sur les plages de débits constant est pondéré par rapport à la formule de
transport utilisée de façon à s’ajuster sur le volume d’apport solide et non le volume liquide.

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Cette transformation est illustrée par le schéma suivant :
Hydrogramme transformé Hydrogramme initial
Débit

10 jours)
· Temps (jrs)

·
· Le pas de temps de calcul est ajuté automatiquement selon la procédure décrite plus haut :
dans les phases de transition entre deux débits le pas de temps est de l’ordre de quelques
minutes. Le long d’une plage de débit constant il peut atteindre 24h.

Avec les options ci-dessous les calculs sont stables et les temps de calculs particulièrement
courts : 3h de temps de calcul pour simuler une série chronologique de 40 ans en continu
avec le modèle « Loire » qui s’étend sur 120 km.

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Paramétrage des calculs hydro sédimentaires

Les données hydro sédimentaires et les options de calcul sont définies dans un fichier spécifique
renseigné par l’utilisateur. Ce fichier contient liste de mots clés désignant chacun une option de
paramétrage ou de calcul.

Le tableau suivant regroupe les mots clés reconnus :

Mot clé Definition statut


GRANULO Caractéristiques des sédiments obligatoire
LTRANSPORT définition de la loi de transport obligatoire
COUCHE composition des couches de sédiment sous- obligatoire
jacentes
PENTE prise en compte des effets de pente longitudinale optionnel
DEVIATION prise en compte des effets de pente latérale optionnel
BLOCAGE prise en compte des phénomènes de blocage. optionnel
ADAPT_HCOUCHE_1D redéfinition des épaisseurs de couches par optionnel
branche 1D
ADAPT_HCOUCHE_2D redéfinition des épaisseurs de couches par optionnel
domaine 2D
DESACTIV_2D gel du transport sédimentaire dans un domaine optionnel
2D
BIFURC_EXPOSANT exposant intervenant dans le calcul de transport optionnel
sédimentaire aux points de bifurcation
NO_SEDIMENT_1D désactivation de l’accumulation de sédiments le optionnel
long d’un bief 1D
ABATTEMENT Abattement sur les flux sédimentaires injectés optionnel
dans le modèle
ADAPT_INPUT_QS Calcul automatique du flux sédimentaire injecté optionnel
dans le modèle
SEDIMENT_DT Ajustement du pas de temps de l’étape de calcul Optionnel
du transport sédimentaire
COEF_LOI_MP Ajustement des coefficients de la loi de Meyer optionnel
Peter
B_EROSION_1D Imposition d’une largeur moyenne d’érosion le optionnel
long d’un bief
SEDIMENT_BIFURC Ajustement d’un coefficient de bifurcation associé optionnel
à une liaison sortant d’un bief 1D
SEDIMENT_INI Imposition d’un état initial de toit sédimentaire optionnel

Ces mots clés et leur intérêt sont définis précisément dans la note consultable via le gestionnaire
de scénario, onglet « transport ».

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Cette liste n’est pas exhaustive : elle est évolutive et a pour vocation de s’enrichir en fonction du
retour d’expérience et des configurations spécifiques rencontrées. On précise ci-après les
mécanismes de transport activés par deux principaux mots clés du tableau ci-dessus : GRANULO
et COUCHE :

2.3.1 Granulométrie et couches de sédiments


2.3.1.1 Cas général
Dans le cas le plus général le sol en tout point est composé de 3 couches superposées.
Chaque couche peut être constituée de grains de sables de 3 diamètres différents.

Z0
Couche active
Couche 1

Couche sous jacente 2

Couche sous jacente 3

Substratum
En début de simulation on définit :
- L’épaisseur de chaque couche,
- La composition de chaque couche en fraction de volumes de grains de mêmes
dimensions ; cette composition peut être différente entre couches.

Dans la version actuelle du programme l’épaisseur de chaque couche peut varier d’une section de
cours d’eau à l’autre mais la composition initiale de chaque couche est identique : cette restriction
n’est pas véritablement limitante comme on l’explique plus loin.

La cote z0 désigne la cote de fond d’un profil 1D ou d’un pavé au temps initial. Cette cote varie au
cours temps en fonction des mécanismes d’érosion ou d’accrétion agissant au cours de la
simulation. A l’instant tn la cote de fond est égale à : zf(tn) = z0 +hs où hs est profondeur d’érosion
(hs <0) ou la recharge (hs>0) du fond.

La couche active est le lieu des échanges de sédiments en surface. Elle est en fait intégrée à la
sous couche superficielle (couche 1) et son épaisseur hactiv est réactualisée à la valeur initiale à
chaque pas de temps. On sélectionne en général hactiv=10cm.

Les épaisseurs et compositions de chaque couche sont réactualisées à la fin de chaque pas de
temps selon le mécanisme de calcul suivant :

On part de la solution connue au temps tn dans laquelle la couche active dans chaque section de
cours d’eau (ou dans chaque pavé) comprend 3 diamètres de grains différents d1, d2 et d3. a1n, a2n
et a3n désignent les fractions de volumes de chaque diamètre de grain dans la couche active. Par
définition :
a1n+a2n+a3n=1. Le triplet de valeurs (a1n, a2n et a3n) est généralement différent d’un point à l’autre.

Le calcul est réalisé en 4 étapes :

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- On calcule dans l’étape 1 le débit solide fs1 potentiellement mobilisable pour le sable de
diamètre d1, et on calcule le débit solide réellement mobilisé en tenant compte de la faction
disponible a1 dans la couche active : qs1 = a1 x fs1. Cette évaluation est faite en tous points.
On résout ensuite le système global permettant de calcul l’apport de sable dhs1 au cours
du pas de temps.
- Cette même opération est reproduite pour les sables de diamètres d2 et d3, elle permet de
calculer de la même manière les quantités dhs2 et dhs3.

- l’étape 4 consiste à réactualiser la composition de la couche active en fin de pas de temps


à partir de la connaissance des quantités (a1n, a2n et a3n) du temps tn et (dhs1, dhs2 et dhs3)
au temps tn+1. On procède comme suit :

La nouvelle épaisseur de la couche active est égale à : h’activ = hactiv+ dhs1+ dhs2+ dhs3.
Il faut considérer 2 cas de figures selon le signe de h’activ - hactiv :

h’activ > hactiv : L’excédent (h’activ - hactiv) vient augmenter l’épaisseur de la sous couche 1.

La nouvelle composition (a1n+1, a2n+1 et a3n+1) de la couche active est donnée par :
▪ a1n+1 h’activ = a1n+ hactiv + dhs1
▪ a2n+1 h’activ = a2n+ hactiv + dhs2
▪ a3n+1 h’activ = a3n+ hactiv + dhs3

La composition de la couche 1 est recalculée en conséquence après apport des


quantités suivantes en provenance de couche active :
▪ a1n+1 (h’activ - hactiv) : épaisseur de sable de diamètre d1
▪ a2n+1 (h’activ - hactiv) : épaisseur de sable de diamètre d2
▪ a3n+1 (h’activ - hactiv) : épaisseur de sable de diamètre d3

h’activ < hactiv : Le déficit dh = (hactiv - h’activ) dans la couche active est comblé en prélevant
du sable dans la couche sous-jacente 1 si l’épaisseur de celle-ci n’est pas nulle, ou dans
la couche sous-jacente 2 si la couche 1 est vide, ou encore dans la couche sous-jacente 3
si la couche 2 est vide (Si le stock de sable est totalement épuisé dans les 3 couches le
débit solide d’arrachement est mis à zéro).

Soit (b1n, b2n et b3n) la composition en fraction de sable de la sous couche 1. Les quantités
de sable remontant de la sous couche 1 vers la couche active sont égales à : (dhxb1n, dhxb2n
et dhxb3n).
La nouvelle composition de la couche active est donnée par :
• a1n+1 hactiv = a1n+ h’activ + dhb1n
• a2n+1 hactiv = a2n+ h’activ + dhb2n
• a3n+1 hactiv = a3n+ h’activ + dhb3n

2.3.1.2 Cas par ticuliers

1. Une seule couche et une granulométrie homogène :

C’est le cas le plus simple (et le plus courant). La notion de couche active ne présente
dans ce cas aucun intérêt, car on a partout et à tous les pas de temps : a1n =1, a2n=0 et
a3n=0. On pourrait donc se passer de cette couche superficielle pour ce cas particulier. En
pratique le code Hydra l’utilise dans toutes les configurations pour rester général.

2. Une seule couche mais une granulométrie initiale différente selon les Pks le long du cours
d’eau.

Supposons trois profils granulométriques le long d’un cours d’eau, composés :

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o de matériaux grossiers de diamètres d1 à l’amont,
o de matériaux intermédiaires de diamètres d2 le long du tronçon médian,
o de matériaux fins de diamètres d3 à l’aval.

Épaisseur initiale de sédiments

Tronçon amont Tronçon médian


diamètres de grains d1 diamètres de grains d2 Tronçon aval
diamètres de grains d3

L’épaisseur initiale de sédiments est supposée égale à 1m partout.

Pour modéliser cette situation il faut définir trois couches avec les fractions de tailles de grains
suivantes dans chaque couche :

Couche Fraction diamètre d1 Fraction diamètre d2 Fraction diamètre d3


haute 1. 0. 0.
intermédiaire 0. 1. 0.
basse 0. 0. 1.

Les hauteurs initiales de chaque couche sont définies comme suit dans les différents tronçons :

d1
1m

d2
d3

Tronçon amont Tronçon médian Tronçon aval


diamètres de grains d1 diamètres de grains d2 diamètres de grains d3

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Les épaisseurs des couches intermédiaire et bases peuvent être aussi faibles que l’on veut, mais
pas nulles.
L’épaisseur de la couche haute intègre la couche active et doit avoir une épaisseur au moins égale
à celle de la couche active (doit 10 cm au minimum). C’est un biais incontournable.

2.3.2 Format des fichiers d’apports de débit solide

Dans le cas d’une granulométrie étendue les débits d’apports de sable doivent être définis pour
chaque diamètre de grain. Le format des fichiers doit dans ce cas être de type « Hydra mode
étendu », comme illustré ci-dessous :

$
th q qs1 QS2 qs3
'HY_002'
0 14.6 0.01 0 0.01
1 16.21 0.02 0 0.02
2 17.87 0.03 0 0.03
3 19.31 0.04 0 0.04
4 19.57 0.04 0 0.04
5 18.57 0.04 0 0.04
6 25.69 0.09 0 0.09
7 32.48 0.14 0 0.14
8 32.48 0.14 0 0.14

Dans cet exemple la granulométrie est composée de trois tailles de grains différentes. On définit
alors un débit d’apport pour chaque diamètre de grain.

Modélisation 1D-2D versus modélisation 2D intégrale


Il est paradoxalement plus facile de modéliser le transport sédimentaire à l’aide d’une
schématisation bi dimensionnelle fine, plutôt qu’avec une modélisation mixte intégrant des biefs
filaires maillés et/ou des biefs filaires interconnectés avec des domines 2D. En effet la modélisation
mixte fait intervenir des connections entre domaines via des liaisons qui ne restituent pas la
complexité des mécanisme locaux de transport par charriage. Ces approximations induisent des
distorsions sur le calcul de répartition des apports solides entre domaines, avec pour conséquence
des sur estimations ou des sous estimations de transport solide net dans chaque domaine.

Cette difficulté a été rencontrée sur le modèle global hydro sédimentaire de la Loire entre Angers
et le Pellerin : la longueur de vallée modélisée (100km), jointe à la nécessité de prendre en compte
explicitement les fluctuations de marée et d’effectuer des calculs de tendance sur plusieurs
dizaines d’années rendait totalement irréaliste le recours à un modèle bidimensionnel intégral. Il a
donc fallu recourir à une schématisation plus grossière qui a obligé à développer un certain nombre
de contraintes de paramétrage matérialisés par les mots clés figurant dans le tableau du §2.3.

Les enseignements tirés de ce type de projet démontrent la nécessité de posséder un sens


physique confirmé des phénomènes de transport hydro sédimentaires, afin d’interpréter
correctement les résultats fournis par les calculs et de paramétrer le modèle en connaissance de
cause., faute de quoi on s’expose à des erreurs grossières d’interprétation avec toutes les
conséquences dommageables qui en résulte pour le projet

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3 FORMULES DE TRANSPORT SOLIDE
Formulations disponibles dans Hydra
Hydra propose 4 formulations dans sa version actuelle. Le tableau suivant précise les domaines
de validité de chaque formulation :

Formule Domaine de validité

Engelund et Hansen rivière à sable – pente faible – 0.15mm < d50 < 1.6 mm
Meyer-Peter Pente comprise entre [0.4% 2.4%] – 0.4mm < d50 < 29 mm
Recking Rivière à graviers – pente comprise entre [0.3% 20%]
Lefort 2015 Transport total charriage + suspension – pas de limitation sur les pentes
et la granulométrie – Permet de calculer les variations de transit en
fonction de la rupture de la couche d’armurage

La formulation Lefort 2015 apparait la plus complète, c’est également la plus complexe à mettre
en œuvre.

Formule de Engelund et Hansen


Elle donne le transport solide en volume de grains total à saturation pour des sédiments non
cohésifs.
Sa forme adimensionnelle est donnée ci-après :
1
𝑞𝑠 𝐾 2 ∗ 𝑅ℎ3
= 0.05 ∗ ( ) ∗ 𝜎 ∗5/2
𝛾𝑠 3 𝑔
√(𝛾𝑤 − 1) ∗ 𝑔 ∗ 𝑑𝑚

avec :
 qs : débit solide (volume de grains) en m3/s par mètre de largeur
 K : coefficient de Strickler incluant la rugosité du fond, des éventuelles berges et des grains
 γs et γw, poids volumiques du matériau solide et de l’eau
 dm : diamètre médian des matériaux en m
 g : accélération de la pesanteur en m/s²
𝛾𝑤∗𝜎
 σ* : contrainte de Shields (valeur adimensionnelle) : : 𝜎 ∗ =
(𝛾𝑠− 𝛾𝑤)∗ 𝑑𝑚

Pour calculer les évolutions du fond en chaque maille, il conviendra de retenir le volume apparent
(vide compris) des matériaux déposés ou érodés. Le débit solide correspondant est calculé en
introduisant l’indice des vides n :

q’s =qs / (1-n)

n est en général compris entre 0.25 et 0.35.

A défaut de disposer de données permettant d’approcher l’indice de vide réel (nécessité de


prélever des échantillons non remaniés par forage carotté avec mesure du poids volumique
apparent et poids volumique des grains), nous retiendrons ces valeurs.

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16
Formule de Meyer Peter et Müller
Elle donne le transport solide en volume de grains transportés par charriage uniquement.
Son utilisation est donc en toute rigueur limitée à une valeur de la contrainte de Shield inférieur à
0.25 environ.

Sa forme adimensionnelle est donnée ci-après :


𝑞𝑠
= 8 ∗ (𝛽 ∗ 𝜎 ∗ − 𝜎𝑐 )3/2
𝛾𝑠 3
√(𝛾𝑤 − 1) ∗ 𝑔 ∗ 𝑑𝑚

avec :
 qs : débit solide (volume de grains) en m3/s par mètre de largeur
 γs et γw, poids volumiques du matériau solide et de l’eau
 dm : diamètre médian des matériaux en m
 g : accélération de la pesanteur en m/s²
𝛾𝑤∗𝜎
 σ* : contrainte de Shields (valeur adimensionnelle) : 𝜎 ∗ =
(𝛾𝑠− 𝛾𝑤)∗ 𝑑𝑚
 σc : contrainte critique sur le fond (valeur adimensionnelle)
 β = (Kf/Kgrain)3/2 paramètre adimensionnel dépendant de la rugosité des grains et de la
rugosité des fonds
 Kgrain=21/d901/6 pour une granulométrie uniforme
 Kf = coefficient de Strickler.

Le choix de la valeur de la contrainte critique constitue en fait un paramètre de calage.


Les valeurs usuelles sont :

 σC = 0.047 pour une granulométrie uniforme


 σC = 0.138 pour une granulométrie étalée avec prise en compte de l’effet d’armure

Pour les deux formulations précédentes, la contrainte de Shield peut s’écrire en replaçant i par son
expression déduite de l’expression de Manning Strickler :

𝛾𝑠 𝑈 2
𝜎∗ = 1
𝐾𝑓 2 ∗ 𝑅ℎ3 ∗(𝛾𝑠−𝛾𝑤)∗𝑑𝑚

Formule de Recking

Le texte qui suit est tiré du « guide technique pour la mesure et modélisation du transport solide »
OFB-INRAE 2020

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17
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18
Formulation de Lefort 2015

3.5.1 Calcul du débit de transition

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19
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20
3.5.3 Calcul de la concentration Cp

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21
Prise en compte de la pente pour les modélisations bi
dimensionnelles
Les systèmes d’épis et les grèves naturelles se caractérisent par des fonds ayant une certaine
pente transversale. Il conviendra donc de prendre en compte l’effet de la pesanteur dans le calcul
de la contrainte tractrice σ.

La contrainte tractrice sur une pente d’angle β par rapport à l’horizontal vaut :

sin ²𝛽
σβ = √1 − sin ²𝜑 * σ

avec :
 β : angle du fond avec l’horizontale

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22
 φ : angle de frottement interne du matériau

Pour les sables de Loire nous adopterons un angle de frottement de 25°.

La déviation du transport solide causée par la pente du fond dépend du rapport entre la force de
l’écoulement sur le grain (qui tend à déplacer le grain dans le sens de l’écoulement) et le poids du
grain (qui tend à le faire aller dans le sens de la pente). La formule doit donc faire intervenir le
paramètre de Shields qui est défini justement comme le rapport entre ces deux forces. Ainsi la
formule générale suivante peut se trouver dans Talmon et al. (1995) :

1 𝜕𝑧𝑓
sin 𝛿 − ∗
𝑓(𝜎 ∗ ) 𝜕𝑦
tan 𝛼 =
1 𝜕𝑧𝑓
cos 𝛿 − ∗
𝑓(𝜎 ∗ ) 𝜕𝑥

Avec :
 α :direction du transport solide
 δ : direction de l’écoulement
 zf : cote de fond
 f : fonction exprimant le rapport entre la force de l’écoulement sur le grain et le poids du
grain.

Talmon et al. (1995) ont proposé :


𝑓(𝜎 ∗ ) = 𝐾√𝜎 ∗

et recommandent K = 0.85 mais montrent que la fonction f ne dépend pas seulement de σ*, et en
conséquence la valeur du coefficient de calage de l’équation ne peut pas être générale.
Notons que dans le cas d’une granulométrie étendue, les grains plus gros, qui ont un paramètre
de Shields plus faible, subiront bien une déviation supérieure à celle des grains de plus petite taille.

Commentaire :
La prise en compte des effets de pente tels que fournis par l’équation ci-dessus convient
uniquement pour des modélisations fines bi dimensionnelles. Dans le cas d’une modélisation plus
grossière, telle que celle mise en œuvre sur le Loire cette équation ne s’applique pas ou au mieux
n’a aucune influence sur les calculs.

Projet HYDRA – manuel d’Analyse - transport hydro-sédimentaire 08/04/2023


23
4 EXEMPLE DU SYSTEME ALLUVIAL DE LA L OIRE AVAL
Spécificités du système hydro morphologique de la Loire
aval
L’objectif principal est de disposer d’un outil robuste et juste de calcul du transport solide adapté
d’une part aux caractéristiques hydrauliques et morphologiques de la Loire (pente, hydraulicité,
granulométrie des alluvions) et d’autre part au type de maillage et à la formulation hydraulique mis
en œuvre dans Hydrariv.

Le choix des formulations de transport solide devra donc prendre en compte les différents éléments
ci-après :

❑ Pente moyenne du lit proche de 0.2‰ avec néanmoins une variation spatiale liée à des
phénomènes locaux : contrôle de lignes d’eau en amont des chevrettes barrant les bras
secondaires, effet de la mise en eau des bras secondaires, pertes de charge singulières liées
aux systèmes d’épis, caractère bidimensionnel des écoulements, …
❑ Etalement granulométrique des matériaux. Les mesures en cours permettront de préciser les
variations spatiales entre chenal principal, chenal secondaire et grèves situés entre épis.
❑ Variabilité spatiale du paramètre de Shield σ* 1 selon une section transversale mais également
le long du profil en long du lit. Cette variabilité peut conduire à des écarts dans un rapport de
1 à 10 du débit solide pour une même hydrologie d’entrée.
❑ Il est couramment admis (Ramette et al) que le début de transport par suspension se situe
pour une valeur de σ* ≥0.25. Cette valeur, en considérant une pente moyenne de la Loire de
0.2‰ et un diamètre médian d50=1.5mm, conduit à un rayon hydraulique et donc une hauteur
d’eau proche de 3 m. On peut donc considérer que le transport par suspension proche du fond
se fait pour les débits moyens de Loire (module). Dans ces conditions et compte tenu des
valeurs caractéristiques des débits de Loire (crues annuelles supérieures à 2750 m 3/s), une
fraction significative des sables est susceptible d’être transportée en suspension.
❑ Les observations faites sur le terrain et l’analyse bibliographique ne mettent pas en évidence
de pavage ou d’armature vraiment structurée. Tout au plus existe-t-il un tri granulométrique se
produisant à l’occasion des décrues. On peut aussi noter une plus grande concentration de
sables grossiers à la surface des grèves, liée au phénomène de lessivage (entrainement des
matériaux les plus fins vers l’aval pour les débits intermédiaires).

Ces différentes considérations nous conduisent à privilégier une formulation globale permettant de
prendre en compte le transport par suspension et par charriage et à ne pas « figer » un début de
transport avec une valeur du paramètre de Shield considérée à priori.

Le type de représentation issue du modèle hydraulique permettra de disposer des champs de


vitesses moyennes en chaque maille de calcul.

Les paramètres de calage du modèle hydraulique seront :


❑ Le coefficient de Strickler qu’on assimilera au coefficient de frottement sur le fond.
❑ Les lois de perte de charge singulière des épis. Ces lois seront de type seuil dénoyé ou noyé
en fonction du régime d’écoulement. Les paramètres rentrant dans la constitution de ces lois

Projet HYDRA – manuel d’Analyse - transport hydro-sédimentaire 08/04/2023


24
sont : la longueur effective de l’épi, la cote d’arase de l’épi, les coefficients de seuil en régime
noyé et dénoyé.

Les valeurs calculées en chaque maille sont :


❑ La hauteur d’eau moyenne.
❑ Le vecteur vitesse (norme et direction).

Les deux formulations de Engelund et Hansen d’une part et de Meyer Peter et Müller d’autre part
présentent l’avantage sur d’autres formulations de calculer le débit solide en fonction des seules
variables que sont le rayon hydraulique, la vitesse de l’écoulement et le diamètre des grains, les
autres paramètres (rugosité du fond, contrainte critique de Shield) pouvant être considérés comme
des variables d’ajustement.
Les caractéristiques hydrauliques et morphométriques du lit de la Loire se rapprochent du domaine
de validité de ces deux formulations sans toutefois correspondre parfaitement (voir §Erreur !
Source du renvoi introuvable.).
Les autres formulations disponibles dans la littérature sont écartées à ce stade de la réflexion, soit
parce que leur domaine d’application s’écarte trop des caractéristiques de la Loire (Smart et Jaeggi,
Rickenmann, Shen et Hung), soit parce que leur mise en œuvre apparait trop complexe ou pas
assez robuste pour une adaptation dans le modèle Hydrariv. C’est en particulier le cas des
formulations nécessitant un calcul par fraction de diamètre ou de concentration faisant appel au
nombre de Reynolds et/ou à la vitesse de chute des particules.

Comparaison des formules de transport solide


Bien que le domaine de validité de la formulation de Meyer Peter et Müller corresponde selon
Ramette aux valeurs de contrainte de Shield inférieures à 0.25, cette dernière est malgré tout
développée pour le transport par charriage qui apparait comme le mode de transport
principalement responsable des formes fluviales sur la Loire. Les dunes présentes dans le lit
semblent en effet témoigner de la prépondérance du charriage sur le transport par suspension.
D’autre part, il convient de noter que la fraction fine des sables (diamètre < 0.3mm) représente la
moitié du sable en suspension mais seulement 5% environ de la composition du matériau du lit (cf.
travaux de L. Berthois – note de P. Lefort sur la granulométrie et le transport solide des sables de
Bass Loire – juillet 2009). Dans ce contexte, il nous parait opportun de proposer son application
pour évaluer la mobilité des matériaux de Loire et les évolutions des fonds suite à la mise en place
des différentes actions dans le lit.

La formulation de Engelund et Hansen est réputé quant à elle, être assez robuste et présente
l’intérêt de couvrir les deux modes de transport (charriage et suspension). Toutefois son domaine
de validité se situe pour d50>0.15 mm et d75/d25<1.6, ce qui n’est pas le cas des matériaux de la
Loire qui présentent une étendue granulométrique supérieure (d50 ~1.5 mm et d75/d25~3).

Le graphique ci-après représente l’évolution du débit solide calculé avec trois formulations
différentes : Meyer Peter en considérant deux contraintes critiques de Shield différentes, Engelund
Hansen et la nouvelle formulation de transport global proposée par P. Lefort (P. Lefort 2007).
Les paramètres retenus sont :

 D50 =1.5 mm
 Pente = 0.15‰
 Largeur de la bande active = 300 m

Ce graphique appelle les principales observations ci-après :


❑ La valeur de 0.138 pour la contrainte critique de Shield dans la formulation de Meyer Peter
conduit à des débits solides nettement inférieurs aux valeurs obtenues par les deux autres

Projet HYDRA – manuel d’Analyse - transport hydro-sédimentaire 08/04/2023


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formulations. Ce constat n’est pour autant pas étonnant dans la mesure où ces valeurs
représentent la fraction transportée uniquement par charriage.
❑ Pour une valeur de contrainte critique de Shield de 0.047, les valeurs de débit solide restent
en dessous de celles obtenues par la formulation de Lefort. L’écart relatif calculé entre ces
deux formules, pour les débits proches du module, se situe autour de 25%. Cet écart n’est pas
très éloigné de la part du transport en suspension dans le transport total estimée à 28% par P.
Lefort (85 000 à 106 000 m3/an).
❑ La formulation d’Engelund Hansen bien qu’exprimant le transport total (suspension+
charriage) conduit à des valeurs inférieures à celles de Meyer Peter (avec contrainte critique
de Shield égale à 0.047) pour des débits inférieurs à 2000 m3/s. Cette même remarque
s’applique en considérant la formulation de Lefort pour des débits inférieurs à 2700 m3/s (crues
annuelles).

Projet HYDRA – manuel d’Analyse - transport hydro-sédimentaire 08/04/2023


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Les trois formulations conduisent à des fourchettes de transport solide annuel indiquées dans le
tableau ci-après.
Ces valeurs sont calculées avec les hypothèses suivantes

 Pente hydraulique comprises entre 0.15‰ et 0.18‰


 Largeur de la bande active : 300 m environ
 Courbe des débits classés à Montjean

durée de non
361.4 357.7 346.8 328.5 292 255.5 219 182.5 146 109.5 73 36.5 18.3 7.3 3.7
dépassement
Durée (jours) 3.65 3.65 10.95 18.25 36.5 36.5 36.5 36.5 36.5 36.5 36.5 36.5 18.25 10.95 3.65

Q(Montjean) 3890 3260 2480 1880 1310 975 750 575 446 336 249 177 144 114 98.7

Volume solide annuel (m3)

pente 0.00015m/m 0.00018 m/m


Formulation globale (Lefort) 600 000 800 000
Meyer Peter ( σc = 0.0.047 450 000 650 000
Meyer Peter ( σc = 0.138) 100 000 200 000
Engelund Hansen 350 000 550 000

Ces valeurs calculées considèrent un diamètre unique des matériaux (et non plusieurs classes de
diamètre di définies par un pourcentage pi de présence dans le mélange), une pente uniforme et
une largeur unique de lit actif. Elles ne constituent donc pas une estimation du transport solide réel
en Loire. Elles permettent par contre de mesurer les écarts entre formulation, les résultats se
situant dans un rapport de 1 à 4 au minimum.
Ces résultats montrent combien les valeurs de débits solides peuvent varier d’une formulation à
une autre et qu’au-delà du type de loi représentée dans la formulation, il convient avant tout
d’obtenir un ordre de grandeur juste en acceptant d’être peu précis.

Schématisation

Le système alluvial de la Loire est constitué par un réseau maillé de bras principaux et de bras
secondaires de la Loire. Chaque bras intègre deux types de schématisation :
- Une branche filaire comprenant le lit vif de la Loire entre épis,
- Des domaines 2D occupant les zones occupées par les épis.

Les tronçons de bras sans épis sont décrits par des branches filaires avec des profils en travers
occupant toute la largeur du lit mineur.

Ce principe de schématisation est illustré sur la carte page suivante.

Projet HYDRA – manuel d’Analyse - transport hydro-sédimentaire 08/04/2023


27
Zoom sur le secteur des Lombardières

Projet HYDRA – manuel d’Analyse - transport hydro-sédimentaire 08/04/2023


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Discussion sur les hypothèses de modélisation
• La schématisation mise en œuvre ne permet pas de détailler les effets bidimensionnels le
long d’un tronçon filaire, expliquant par exemple les dissymétries latérales observées dans
les profils transversaux : l’algorithme fournit uniquement un calcul de variation de stock le
long d’un tronçon. Cette simplification reste néanmoins pertinente vis-à-vis des objectifs de
l’étude et des natures d’impacts recherchés. La schématisation multi dimensionnelle est en
revanche mise en œuvre dans zones occupées par les épis, pour lesquelles il est important
de modéliser certains effets latéraux. Cet aspect important est détaillé au §3.3 ci-après.

• La formulation ci-dessus repose sur la prise en compte, dans les formules de production,
d’une granulométrie unique et uniforme des sédiments : on considère une seule classe de
sédiments. Néanmoins le code mis en œuvre dans HYDRA permet de différencier des
classes de granulométrie et de définir plusieurs couches de sédiments sous-jacente en
chaque nœud de calcul : la composition de chaque couche est actualisée à chaque pas de
temps via un calcul de bilan faisant intervenir le concept de couche active.

• Cette formulation par ailleurs ne distingue pas le mode de transport : charriage, saltation
et/ou suspension. Elle est donc adaptée aux formulations privilégiant les calculs de
transport total, tous modes confondus. On suppose alors implicitement que tout obstacle
géométrique laissant transiter un débit ne s’oppose pas durablement au transport
sédimentaire. Cette hypothèse est vérifiée en pratique : par exemple un seuil sous fluvial
peut momentanément bloquer les sédiments transportés par charriage, mais il va
rapidement se produire une accumulation locale de sédiments derrière l’obstacle et cette
adaptation géométrique du fond va permettre de restaurer le transit sédimentaire.

Problématique du couplage sédimentaire 1d -2D


Les échanges sédimentaires entre le lit vif et le domaine occupé par les épis sont gérés par des
mécanismes complexes qui sont schématisées par de simples liaisons latérales : cette
simplification rend difficilement compte de la réalité des échanges latéraux réels et engendre des
distorsions de nature à fausser les résultats :

Les échanges hydrauliques entre les domaines présentent le comportement suivant :

Manuel utilisateur – Tome 4 : modélisation du transport sédimentaire Page 29


Le domaine des épis est alimenté hydrauliquement par un courant rentrant à l’amont, les
écoulements entre les 1D et le 2D suivent sensiblement la même direction dans la partie centrale
et le courant ressort vers le lit vif dans la partie aval du domaine 2D.

Sur le plan hydro sédimentaire les mécanismes sont plus compliqués : un défaut d’alimentation en
amont du domaine 2D va provoquer une érosion trop accentuée du domaine 2D, alors qu’un excès
d’alimentation va provoquer une sédimentation excessive. Or contrairement à ce qui se passe à
l’intérieur d’un domaine il n’existe pas de mécanisme permettant de lier facilement les équations
de transports entre les deux types de domaines par l’intermédiaire de simples liaisons latérales
entre le 1D et le 2D.

Le système d’engraissement des épis a en pratique évolué au cours des années jusqu’à atteindre
un profil d’équilibre peu perturbé par le passage des crues successives. La formulation retenue
doit donc être calée pour rendre compte de cette stabilité du toit sédimentaire des bancs de sables
avec les épis en place.

Le modèle, pour remplir ses objectifs, doit pouvoir reproduire deux mécanismes :
- la stabilité actuelle des bancs de sables avec les épis en place,
- l’érosion partielle de ces mêmes bancs dans les secteurs ou les épis sont raccourcis.

Après un certain nombre d’essais infructueux une formulation acceptable a pu être mise au point
pour rendre compte de la réalité des mécanismes globaux d’échanges entre les domaines 1D et
2D. Elle repose sur les principes suivants :

• chaque liaison latérale liant le lit vit et le casier adjacent du domaine 2D est associée à une
cote de seuil zs égale à cote d’étiage du fleuve au droit de la liaison.

• Le débit solide rentrant dans le pavé adjacent via la liaison est calculée comme le débit
solide transporté par la branche filaire, multiplié par la fraction du débit liquide véhiculée
par la liaison, élevée à une certaine puissance. Les relations suivantes sont mises en
œuvre :

Tronçon courant Qsav

Qsi

Qe = somme des débits entrants dans le tronçon courant


fs : débit solide mobilisé dans le tronçon par largeur unitaire : fs = fs ( u= Qe/s)
Qsi : débit solide associé à un débit latéral sortant du tronçon : Qsi= B x fs x (Qli/Qe)**alp
Qsav : débit solide transféré vers le tronçon aval : Qsav=B x fs x (1 – somme (Qli/Qe)**alp )

Le coefficient alp est appelé « coefficient de bifurcation » . La valeur moyenne la plus


satisfaisante trouvée est 1.5. dans le cas de liaisons latérales entre le lit vif et le domaine
latéral occupé par les épis.
Ce coefficient doit par ailleurs être ajusté au cas par cas dans le cas d’ne défluence latérale
alimentant un bras secondaire, le principe étant d’ajuster ce coefficient à la capacité de
transport du bras secondaire.

Manuel utilisateur – Tome 4 : modélisation du transport sédimentaire Page 30


• Le calcul du débit solide sortant d’une maille vers le domaine 1D ne pose pas de difficulté
particulière : il est calculé en projetant le vecteur débit solide généré par la maille sur la
direction de la liaison latérale.

• A l’intérieur du domaine 2D, on interdit le transit sédimentaire au passage d’un épi si la cote
du toit sédimentaire de la maille en amont immédiat de l’épi est inférieure à la cote de seuil
de l’épis.

• En l’absence d’épis le transit sédimentaire n’est plus entravé par la cote seuils des épis :
cela engendre une érosion qui va s’accélérer le long du domaine 2D en raison de
l’augmentation de la débitance (et donc de la vitesse d’écoulement) au sein de chaque
maille.

Une autre difficulté rencontrée pour un modèle de cette taille est la durée requise pour atteindre
un état d’équilibre du modèle en cohérence avec les lois de modélisation du transport solide
introduites. Les durées en jeu sont de l’ordre de la dizaine d’années pour atteindre un état stable.
Il est dans ces conditions irréaliste de tenter de caler le modèle sur des mesures de l’état
d’évolution du toit sédimentaire limitées à quelques années car les résultats fourni par le modèle
traduiront davantage les effets d’ajustement numériques que les mécanismes physiques
d’évolution du toit sédimentaire.

Manuel utilisateur – Tome 4 : modélisation du transport sédimentaire Page 31


Manuel utilisateur – Tome 4 : modélisation du transport sédimentaire Page 32

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