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REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE

Union - Discipline - Travail


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Ministère de l’Enseignement Supérieur
Et de la Recherche Scientifique

Laboratoire de Génétique
01 BP V 34 Abidjan 01 22 BP 582 Abidjan 22
www.univ-cocody-ci ufrbiosciences@yahoo.fr

Année Universitaire 2019-2020

UE : Génétique Formelle
ECUE1 : Génétique Formelle des Haploïdes
Cours Magistraux

Docteur Lolo O. Marcel


Sommaire

Chapitre I : Bases de la génétique formelle


A- Le Cycle de reproduction
B- Les Cycles chromosomiques
B1- Le cycle haplophasique
B2- Le cycle diplophasique
B3- Le cycle haplodiplophasique
C- La Fécondation
D- La Méiose
D1- Description cytologique de la Méiose
a) La première division de méiose
b) La deuxième division de méiose
D2- Les Conséquences génétiques de la méiose
a) La recombinaison intra chromosomique
b) La recombinaison inter chromosomique
D3- Conclusions

Chapitre II - Analyse génétique chez les champignons Ascomycètes


A- Généralités sur les Ascomycètes
A1- La reproduction : l’exemple de Neurospora
A2- Les méthodes d’analyse chez les Ascomycètes
a) Analyse de tétrades
b) Analyse de spores en vrac
c) Technique d’hybridation
B- Ségrégation d’un couple d’allèles
B1- Cas d’un organisme à tétrades ordonnées : Neurospora cassa
B2- Cas d’un organisme à tétrades non ordonnées.
B3 - Analyse de spores en vrac
C- Ségrégation de deux couples d’allèles indépendants.
C1- Cas d’un organisme à tétrades non ordonnées. : Ascobolus immersus
C2- Cas d’un organisme à tétrades ordonnées
C3- Analyse de spores en vrac
D- Ségrégation de deux couples d’allèles liés
D1- Analyse de tétrades
D2- Analyse de spores en vrac
E- Ségrégation de trois couples d’allèles
E1- Analyse de tétrades
E2- Analyse de spores en vrac : cas du test trois point
E3- Notion de carte factorielle et de groupe de liaison

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Introduction
Tous les êtres vivants, des virus à l'homme, possèdent une propriété commune qui est le pouvoir de
reproduction c'est à dire la transmission de l'information héréditaire des ascendants aux
descendants.
Chez les eucaryotes, cette information est portée par l'ADN. La quasi-totalité de l'ADN cellulaire
est localisée dans le noyau au niveau des chromosomes. Les chromosomes sont donc les supports
de l'hérédité.
Mais comment cette information qui se trouve au niveau des chromosomes est transmise des
Parents aux Descendants à travers le processus de la reproduction sexuée ?
Pour comprendre le principe de transmission, il faut savoir que chez les Eucaryotes, la sexualité
assure un brassage constant (intra et inter chromosomique) des gènes entre des individus
génétiquement différents à travers la Méiose et la Fécondation. La variabilité génétique ainsi
introduite entre individus d’une même espèce correspond à la diversité des gènes qui se traduit par
une diversité des allèles, des génotypes et des phénotypes.

Les caractères héréditaires sont gouvernés par des éléments dénommés gènes arrangés linéairement
sur un support qui est le chromosome. Chaque gène sur un chromosome occupe un emplacement
défini appelé locus. Tout gène peut être éventuellement transformé par une mutation. Ainsi chaque
gène peut exister sous deux formes : la forme sauvage et la forme mutée. Ces deux formes sont
dites allèles.
On appelle génome l'ensemble des déterminants héréditaires d'une cellule ou d'un organisme et
génotype l'expression du génome chez un individu (son patrimoine génétique propre). La
réalisation du génotype, soit l'ensemble de ses caractères apparents, constitue le phénotype. Les
gènes individuels peuvent être identifiés grâce aux modes de transmission phénotypique, mais
seulement s'il existe une certaine variation du phénotype.

L’analyse génétique ou Génétique Formelle (qui étudie le mode de transmission des caractères
héréditaires) dans le cas des Organismes Haploïdes va donc constituer l’objectif général de ce
cours. Les objectifs spécifiques sont :
- Connaitre le processus de la méiose et de ces conséquences génétiques ainsi que celui de la
fécondation pour comprendre la transmission des caractères chez les Haploïdes.
- Comprendre la transmission d’un caractère gouverné par un couple d’allèles chez les Haploïdes
- Comprendre la transmission de 2 caractères gouvernés par deux couples d’allèles indépendants.
- Comprendre la transmission de 2 caractères gouvernés par deux couples d’allèles liés
- Comprendre la transmission de 3 caractères gouvernés chacun par un couple d’allèles.

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Chapitre I : Bases de la Génétique Formelle
Dans ce chapitre nous allons étudier successivement le cycle de reproduction, les cycles
chromosomiques, la fécondation, la méiose et les conséquences génétiques de la méiose pour
comprendre comment les chromosomes sont transmis d’une génération à la suivante à travers la
reproduction sexuée.

A- Le cycle de reproduction

Chaque espèce est caractérisée par un nombre constant de chromosomes dans chacun des noyaux de
chacune de ses cellules somatiques et germinales.
Ce nombre est de 46 pour l'espèce humaine, 20 pour le maïs, 8 pour la drosophile, 14 pour le mil,
24 pour l’aubergine, 176 pour le laurier etc… Cependant les cellules reproductrices ou gamètes
contiennent la moitié de ce nombre de chromosomes. Ces cellules reproductrices sont les ovules et
les spermatozoïdes chez l’homme et chez les animaux, les ovules et les grains de pollen chez les
végétaux.
La question qui se pose est de savoir par quels mécanismes le nombre de chromosomes se maintient
constant de génération en génération au cours de la reproduction sexuée.

Prenons l’exemple de l'espèce humaine.

Schéma 1 : Le cycle de reproduction de l’espèce humaine

Au cours de la fécondation, il y a fusion entre 2 cellules reproductrices ou gamètes à 23


chromosomes chacun, l'ovule provenant de la mère et le spermatozoïde provenant du père.
La cellule œuf ou zygote qui dérive de cette fusion a 46 chromosomes.

La croissance de ce zygote assurée par des divisons cellulaires successives appelées mitoses va
donner un individu dont toutes les cellules somatiques et germinales seront à 46 chromosomes.
Chez cet individu qui sera mâle ou femelle, les testicules ou les ovaires renferment les cellules
germinales à 46 chromosomes à partir desquelles va se dérouler la gamétogenèse ou l’ovogenèse
qui permettra de réduire le nombre de chromosomes de moitié et de produire des spermatozoïdes ou
des ovules à 23 chromosomes. 4
Ainsi des individus adultes d’une génération produiront des gamètes mâles et femelles à 23
chromosomes dont la fusion donnera, à la génération suivante, naissance à un nouvel individu à 46
chromosomes.
Les 23 chromosomes d'un gamète sont morphologiquement différents ; ils sont représentés en 1 seul
exemplaire ; on dit que le gamète est à n chromosomes ou encore qu'il est haploïde.
Les 46 chromosomes du zygote et de toutes cellules somatiques et germinales qui en dérivent par
mitoses, sont représentés en 2 exemplaires ; on dit que le zygote et toutes les cellules somatiques et
germinales sont à 2 n chromosomes ou encore qu'elles sont diploïdes.
Dans la genèse d'un individu on peut ainsi définir deux phases : la Phase Diploïde où les cellules
contiennent 2n chromosomes et la Phase Haploïde où les cellules ne contiennent que n
chromosomes.

B- Les cycles chromosomiques

Au cours des générations sexuées successives, il y a un cycle d'alternance des phases diploïde et
haploïde. Cette alternance est assurée par la Méiose qui fait passer de la phase diploïde à la phase
haploïde et par la Fécondation qui fait passer de la phase haploïde à la phase diploïde. Ces deux
processus biologiques complémentaires que sont la Méiose et la Fécondation permettent de
maintenir constant le nombre de chromosomes de l'espèce humaine.

La méiose et la fécondation ne sont pas spécifiques à la seule espèce humaine, elles se déroulent
chez la quasi totalité des Eucaryotes. Mais l'importance relative des phases haploïde et diploïde
permet cependant de définir 3 principaux cycles chromosomiques : le cycle diplobiontique, le cycle
haplobiontique et le cycle haplodiplobiontique.

Schéma 2 : Les trois principaux cycles chromosomiques

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Le cycle diplophasique ou diplobiontique est caractérisé par une phase diploïde prépondérante au
cours de laquelle s'opère la multiplication cellulaire. La phase haploïde est réduite aux gamètes.
C'est le cas chez l'espèce humaine, le maïs, la drosophile, le pois, d'une façon générale chez les
plantes et les animaux supérieurs.
Exemple : Cycle de Zea mays

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Le cycle haplophasique ou haplobiontique est caractérisé par une phase haploïde prépondérante au
cours de laquelle s'opère la multiplication cellulaire. La phase diploïde est réduite au seul zygote.
C'est le cas chez les champignons : Ascobolus, Sordaria, Neurospora.
Exemple : Cycle de Sordaria macrospora

Cycle de Neurospora

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Le cycle haplodiplophasique ou haplodiplobiontique est caractérisé par des multiplications
cellulaires aussi bien en phase haploïde qu’en phase diploïde. Il y a ainsi alternance de deux formes,
l'une haploïde et l'autre diploïde. C'est le cas chez la levure de boulangerie (Saccharomyces
cerevisiae).
Exemple : Cycle de Saccharomyces cerevisiae (la levure de boulangerie)

Schéma 13 : Le cycle de reproduction de Saccharomyces cerevisiae

Saccharomyces cerevisiae est un ascomycète unicellulaire dont le cycle est haplodiplobiontique. Il


est capable de se multiplier sous deux formes : une forme diploïde (2n = 32 chromosomes) et une
forme haploïde (n = 16 chromosomes).
Deux cellules haploïdes provenant à l’origine de deux spores qui différent par un gène que l’on
nomme le signe (+/- ou a/α) peuvent fusionner pour donner un zygote. Après la caryogamie la
cellule diploïde obtenue se multiplie par bourgeonnement et les cellules diploïdes qui en résultent
peuvent être cultivées indéfiniment tant que l'environnement est favorable. Si les nutriments
viennent à manquer, ces cellules subissent la méiose et donnent chacune quatre spores haploïdes
enfermées dans un asque. Ces spores bourgeonnent en donnant des cellules haploïdes qui peuvent
proliférer indéfiniment en donnant à nouveau des lignées de cellules haploïdes.
Les phases haploïdes et diploïdes peuvent avoir une importance égale dans la nature. La phase
diploïde est prépondérante quand les conditions de vie sont favorables. Les spores apparaissent
quand le milieu devient défavorable.
Saccharomyces cerevisiae peut se reproduire par voies asexuée ou sexuée.

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C- La Fécondation

La fécondation est le processus qui, par la fusion de 2 gamètes haploïdes, conduit à la formation
d'une cellule diploïde ou zygote et permet ainsi le passage de la phase haploïde à la phase diploïde.
Chez la majorité des espèces, la fécondation a lieu entre des gamètes de tailles différentes : on parle
d'anisogamie. Le gamète femelle est immobile et possède un cytoplasme riche en réserves. Le
gamète mâle beaucoup plus petit est mobile et contient très peu de cytoplasme. Il existe donc une
différence au niveau de leur participation respective à la constitution du cytoplasme.
Par contre gamètes mâle et femelle ont une contribution équivalente à la fabrication du noyau du
zygote à 2n chromosomes au cours de la caryogamie. En effet les 2 gamètes qui contiennent
chacun n chromosomes apportent non seulement le même nombre de chromosomes, mais aussi les
mêmes types de chromosomes.

D- La Méiose

La méiose est le processus qui fait passer de la phase diploïde à 2n chromosomes à la phase
haploïde à n chromosomes. Elle permet d'obtenir à partir d'une cellule diploïde 4 cellules haploïdes.
La méiose est un ensemble de 2 divisions nucléaires successives. La première est précédée d'une
duplication des chromosomes et procède à la séparation des chromosomes homologues. La seconde
procède à une division des chromosomes qui aboutit à la séparation des chromatides sœurs.

D-1- Description cytologique de la méiose


Le déroulement de la méiose se fait en 2 divisions successives nommées Division I et Division II.
Elles sont subdivisées chacune en quatre phases d'après la morphologie et le mouvement des
chromosomes. La Division I est précédée par l’interphase.

Interphase : le noyau inter phasique est diffus. L’évènement majeur qu'il abrite n’est pas
optiquement visible. Il s’agit de la réplication de la molécule d'ADN de chaque chromosome.
Chaque chromosome se trouve ainsi composé de 2 molécules d'ADN filles avec pour conséquence
la duplication de chaque chromosome en 2 chromatides sœurs.

D1-1 La Division I ou division réductionnelle


Elle se compose de 4 phases : la prophase I, la métaphase I, l'anaphase I et la télophase I.

Prophase I
Elle est longue et complexe. Cette complexité a amené les cytologistes à la subdiviser en 5 stades
qui se succèdent de manière continue. Ces stades sont les suivants :
Leptotène : Les chromosomes s'individualisent et apparaissent au microscope optique sous forme
de filaments fins, très longs et enchevêtrés. Chaque chromosome qui est déjà composé de 2
molécules d'ADN n'apparaît pas encore divisé en 2 chromatides sœurs.
Zygotène : Ce stade correspond au début de l'appariement des chromosomes homologues.
Chaque chromosome tout en se raccourcissant et en devenant épais va s'apparier à son
homologue. Ce phénomène d'appariement est le plus caractéristique et le plus important de la
méiose. Le noyau contient ainsi n paires de chromosomes ou n bivalents.

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Schéma 3 : la réplication de la molécule d’ADN et la duplication de chaque chromosome
au cours de l’interphase

Schéma 4 : La description cytologique de la méiose

Pachytène : A ce stade, l'épaississement des chromosomes est important, de sorte que chaque
chromosome apparaît nettement formé de 2 chromatides sœurs étroitement accolés et d’un
chromosome. Chaque chromatide contient une molécule d'ADN : c'est la visualisation de la
réplication de l'ADN qui s’est opérée à l’interphase. Les chromosomes homologues sont
entièrement appariés et cet appariement est strictement homologue, il se fait point par point sur
toute la longueur des chromosomes. Les chromosomes homologues appariés forment des
bivalents. Chaque bivalent compte donc à ce stade 4 chromatides avec seulement 2 centromères
et devient une tétrade.
Diplotène : L'attraction mutuelle entre les chromosomes homologues se relâche de telle sorte que
les deux paires de chromatides homologues de chaque tétrade ont tendance à se séparer comme
si elles se repoussaient mais restent associés en certains points appelés les chiasmas.

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Diacinèse : A ce stade les chromosomes continuent à s'épaissir et atteignent leur maximum de
condensation. Les forces de répulsion éloignent progressivement les chromosomes homologues
l'un de l'autre et provoquent ainsi le glissement des chiasmas vers les extrémités des
chromosomes. C'est la terminalisation des chiasmas qui a comme effet la diminution du Le
nombre de chiasmas.

Métaphase I
Elle débute avec la disparition de l'enveloppe nucléaire et la formation du fuseau achromatique.
Les chromosomes homologues encore reliés par des chiasmas se disposent au niveau du plan
équatorial avec leurs centromères situés de part et d'autre de ce plan.
Anaphase I
La terminalisation prend fin. Les derniers chiasmas se séparent. Avec leurs centromères non
encore clivés, les chromosomes homologues formés chacun de 2 chromatides migrent vers chaque
pôle de la cellule, par l'Intermédiaire des fibres contractiles.
Télophase I
A chaque pôle de la cellule, on a n chromosomes formés chacun de 2 chromatides. Selon les cas il
y a une reconstitution d'un noyau inter phasique avec l'apparition d'une membrane nucléaire (cas
de la sauterelle) ou une amorce immédiate de la seconde division (cas du Trillium).

Le bilan de la première division de la méiose (Division I) est la réduction par deux du nombre de
chromosomes par noyau

D1-2- La Division II ou division équationnelle


Elle est comparable à une mitose normale. Les deux noyaux issus de la division subissent
chacun une seconde division, parallèlement et de façon synchrone.
(La mitose est la division cellulaire qui donne deux cellules filles identiques entre elles et à la
cellule mère. La mitose assure ainsi la reproduction conforme. La division mitotique aboutit à terme
à une multiplication cellulaire assurant la croissance générale et le renouvellement des cellules
mortes)

Prophase II
Chaque cellule ne contient plus que n chromosomes dont chacun est toujours dédoublé en deux
chromatides. Ces chromosomes s’orientent vers le centre de la cellule.
En fin de prophase II, les chromosomes sont à nouveau contractés.

Métaphase II
Les chromosomes se disposent au niveau du plan équatorial avec leurs centromères situés sur ce
plan.
Anaphase II
L'anaphase II débute par le clivage du centromère de chaque chromosome et se poursuit par la
migration vers des pôles opposés des deux chromosomes fils.

Télophase II
La membrane nucléaire réapparaît. Les quatre cellules correspondant à ces quatre noyaux haploïdes
sont les quatre produits de méiose appelés gamètes.

Le bilan de la deuxième division de la méiose (Division II) est la division de chaque noyau issu de la
Division I en 2 noyaux qui lui sont identiques.

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Le schéma ci-dessous illustre les bilans des deux divisions de la méiose.

Schéma 5 : Bilans des deux divisions de la méiose

D2 Les Conséquences génétiques de la Méiose

II est nécessaire de revenir sur certains aspects de la méiose pour en voir les conséquences au
niveau génétique.

D2-1 Le Crossing-over et la Recombinaison intra chromosomique

Considérons le devenir d'une seule paire de chromosomes homologues au cours de la méiose.


Au stade diplotène de la prophase I, les chromosomes homologues formés de 2 chromatides sont en
répulsion mais restent associés en un point appelé le chiasma. Le chiasma est une figure cytologique
qui montre 2 chromatides homologues entrecroisées en X.
Ce chiasma est la conséquence cytologique d'un phénomène appelé crossing-over.

Le crossing-over se déroule en deux étapes. La première consiste en une cassure en deux points
homologues de 2 chromatides homologues. La deuxième consiste en une soudure entre des
segments de chromatides homologues donc en un échange physique réciproque de segments de
chromatides homologues.
Chacun des chromosomes homologues qui a subi le crossing-over est formé d’une chromatide
parentale et d’une chromatide remaniée.
Il s'est ainsi produit une recombinaison qui touche la structure physique des chromosomes, on parle
de recombinaison intra-chromosomique.

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Schéma 6 : Le crossing-over et ses conséquences cytologique et génétique

A la métaphase I, les centromères des chromosomes homologues se placent de part et d'autre du


plan équatorial.
A la télophase I, chaque noyau contient un chromosome formé d'une chromatide de type parental et
d'une chromatide remaniée.
A la télophase II, on obtient 2 gamètes avec chacun un chromosome de type parental et 2 gamètes
avec chacun un chromosome de type remanié.
En plus donc des gamètes de type parental on a des gamètes de type recombiné

Schéma 7 : Les gamètes parentaux et recombinés résultant d’un crossing-over


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La distinction entre les gamètes de type parental et les gamètes de type recombiné peut se faire en
suivant le devenir au cours de la méiose de deux couples d’allèles A/a et B/b portés par une paire
de chromosomes homologues
Supposons que le chromosome d’origine paternelle porte les allèles a et B et que le chromosome
d’origine maternelle porte les allèles A et b.

Le noyau qui subi la méiose contient 1 paire de chromosomes homologues portant les couples
d’allèles A/a et B/b
Nous allons considérer les deux événements qui peuvent se produire dans l’intervalle qui sépare les
deux couples d’allèles A/a et B/b :
- si aucun crossing-over n'a lieu dans l'intervalle qui sépare les deux couples d’allèles A/a et
B/b, on aura 4 gamètes dont 2 gamètes Ab et 2 gamètes aB. Les gamètes Ab et aB sont
des gamètes de type parental.

Schéma 8 : Les gamètes parentaux résultant de l’absence de crossing-over


dans l’intervalle séparant les deux couples d’allèles A/a et B/b

- si un crossing-over a lieu dans l'intervalle qui sépare les deux couples d’allèles A/a et B/b
on aura 4 gamètes : Ab et aB sont des gamètes de type parental et AB et ab qui sont des
gamètes de type recombiné.

Schéma 9 : Les gamètes parentaux et recombinés résultant d’un crossing-over


dans l’intervalle séparant les deux couples d’allèles A/a et B/b

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Ces deux événements n’ont pas la même probabilité car le crossing-over est un événement rare,
aussi :
- Si on considère un grand nombre de méioses, la fréquence de méioses ayant subies un crossing-
over sera faible. Cela se traduira par le fait que la fréquence des gamètes de type recombiné sera
inférieure à la fréquence des gamètes de type parental.
- Si inversement on considère 1000 gamètes et que l'on trouve 450 Ab, 450 aB, 50 AB et 50 ab, on
pourra conclure que :
- Ab et aB sont les gamètes de type parental ;
- AB et ab sont les gamètes de type recombiné ;

Les 2 couples A/a et B/b sont liés et donc qu'ils sont portés par la même paire de chromosomes
Le pourcentage de recombinaison est de : [(50 + 50)/ 1000] x100 = 10%
Ce pourcentage qui est lié au pourcentage de crossing-over permettra d'estimer la distance
génétique qui sépare les 2 couples d’allèles A/a et B/b.
Cette distance dans cet exemple est de 10 UR. En général cette distance d = % Recombinés

D2-2 La position aléatoire des centromères en métaphase I et recombinaison


inter-chromosomique
Considérons deux paires de chromosomes et suivons leur devenir au cours de la méiose en faisant
abstraction des remaniements dûs au crossing-over.
A la Métaphase I, les centromères peuvent se placer de manière aléatoire de part et d'autre du plan
équatorial selon 2 dispositions.

Schéma 10 : Les gamètes parentaux et recombinés résultant de la recombinaison


inter-chromosomique impliquant 2 paires de chromosomes homologues

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La première disposition (I) permettra d’obtenir à la fin de la méiose 4 gamètes qui contiendront
chacun 2 chromosomes de la même origine parentale ;
La seconde disposition (II) permettra d’obtenir 4 gamètes qui contiendront chacun 2 chromosomes
d’origines parentales différentes.
Ainsi on aura en plus des gamètes de type parental, des gamètes de type recombiné. Il s'est produit
une recombinaison entre les chromosomes non homologues, on parle de recombinaison inter-
chromosomique.

La distinction entre les gamètes de type parental et les gamètes de type recombiné peut se faire en
utilisant deux couples d’allèles Aa et B/b portés par deux paires de chromosomes différents.
Supposons que :
- la 1ère paire d'homologues porte le couple d’allèles A/a avec A sur le chromosome d'origine
paternel et a sur le chromosome d'origine maternelle
- la 2ème paire porte le couple d’allèles B/b avec B sur le chromosome d'origine paternelle et
b sur le chromosome d'origine maternelle.
Le noyau qui subit la méiose contient 2 paires de chromosomes homologues portant respectivement
les couples d’allèles A/a et B/b
En métaphase I les centromères de ces chromosomes peuvent se placer de manière aléatoire
de part et d’autre du plan équatorial selon 2 dispositions.

Schéma 11 : Les gamètes parentaux et recombinés résultant de la recombinaison inter-chromosomique


impliquant 2 paires de chromosomes homologues portant respectivement les couples d’allèles A/a et
B/b

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La première disposition (I) permettra d’obtenir 4 gamètes dont 2 AB et 2 ab. Ces gamètes sont des
gamètes de type parental.
La seconde disposition (II) permettra d’obtenir 4 gamètes dont 2 Ab et 2 aB. Ces gamètes sont des
gamètes de type recombiné.
Ces 2 dispositions ont la même probabilité, aussi,
- si on considère un grand nombre de méiose, la moitié de ces méioses donnera des gamètes
de type parental et l'autre moitié donnera des gamètes de type recombiné. On aura donc fr
P= fr R ; on aura donc comme gamètes 1/4 AB ; 1/4 ab ; 1/4 Ab et 1/4 aB
- si, inversement, on observe 1000 gamètes et que l'on trouve 250 AB ; 250 ab ; 250 Ab et
250 aB, on pourra conclure que les 2 couples d’allèles sont indépendants et donc qu'ils sont
portés par des chromosomes différents.

Ce que nous venons de voir avec 2 paires de chromosomes peut s'étendre à tous les chromosomes
d'un même organisme.
Dans le cas de 2 paires de chromosomes il y a 4 types de gamètes, soit 2².

Dans le cas de 3 paires de chromosomes il y a 8 types de gamètes, soit 23.


Dans le cas de n paires de chromosomes il y aura donc 2n types de gamètes.
Dans l'espèce humaine où on a 23 paires de chromosomes on aura donc 223 types de gamètes
Ainsi chaque Homme étant le résultat de la fusion de 2 gamètes, un provenant du père et l’autre
provenant de la mère, la probabilité d'obtenir 2 fois le même individu est mathématiquement infime.

Cette probabilité est encore plus infime si l'on tient compte du brassage intra chromosomique. On
comprend ainsi que chaque homme est de par son génotype unique sur la terre (hormis les vrais
jumeaux).

D3- CONCLUSION

D'un point de vue générale, il apparaît que la sexualité c'est à dire le jeu alterné de la fécondation et
de la méiose :
- assure la continuité biologique par le maintien de la stabilité du nombre de chromosome et
de la quantité d'ADN par cellule
- crée la diversité biologique qui constitue un atout considérable pour la survie d'une espèce.

Il est clair que plus les individus d'une population sont divers, plus grande est l'adaptabilité de celle-
ci aux changements des conditions d'existence.

Du point de vue de l'étude des mécanismes de l'hérédité, la connaissance du devenir des


chromosomes au cours de la méiose et des différents types de recombinaisons chromosomiques
constituera la base indispensable pour comprendre la transmission des caractères héréditaires.
La recombinaison intra-chromosomique est associée au crossing-over qui se produit au stade
diplotène de la prophase I et à la liaison entre deux couples d’allèles localisés sur 1 paire de
chromosomes homologues
La recombinaison inter-chromosomique est associée à la position aléatoire des centromères des
chromosomes homologues en Métaphase I et à l’indépendance entre deux couples d’allèles
localisés sur 2 paires de chromosomes homologues

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Chapitre II - Analyse génétique chez les champignons Ascomycètes

A- Généralités sur les Ascomycètes


Chez les Eucaryotes, l’haploïdie est l’état d’un noyau, d’une cellule ou d’un individu qui ne
contient qu’un unique génome. Cet état est donc caractérisé chez ces Eucaryotes par la présence
d’un jeu unique de chromosomes. Un organisme haploïde possède par conséquent n chromosomes
dans toutes ses cellules.
Les organismes haploïdes qui seront étudiés ici sont les champignons ascomycètes Neurospora
crassa, Sordaria macrospora et Ascobolus immersus. Les avantages de ces derniers sont :
- la méiose se produit dans une cellule qui en s’allongeant devient un asque.
- les quatre produits de la méiose restent enfermés dans la paroi de l’asque.

A1- La reproduction : l’exemple de Neurospora (la moisissure du pain)


Neurospora crassa est un champignon ascomycète filamenteux haploide à n = 7. Ses fructifications
ou périthèces sont des sortes de petites bouteilles noires de 1 à 2 mm de haut à maturité. Ces
périthèces contiennent de petits sacs allongés appelés des asques qui renferment chacun 8 spores
disposées linéairement.
Chaque spore germe en produisant des filaments qui vont croître et se ramifier pour donner un
mycélium formé d’articles plurinucléés. Un mycélium constitue une souche qui peut être multipliée
végétativement par repiquage de fragments de ce mycélium.
Un mycélium différencie des organes reproducteurs :
- les conidies qui peuvent germer et produire un nouveau mycélium. Mais ils servent surtout
d'éléments mâles ;
- les ascogones qui servent d'éléments femelles.
Cependant un mycélium cultivé seul ne produit jamais de fructifications. Celles-ci n'apparaissent
que si les conidies d'un mycélium issu d'une spore de type conjugal A fécondent les ascogones d'un
mycélium issu d'une spore de type conjugal a : on dit qu'il y a hétérothallisme.
A l'intérieur de l'ascogone fécondé, il y a multiplication synchrone du noyau de la conidie et du
noyau de l'ascogone. Il se différencie des hyphes ascogènes formés de 3 à 5 articles contenant
chacun un noyau A et un noyau a. Ces articles sont à n+n chromosomes, on dit qu'ils sont
dicaryotiques. Les derniers articles de ces hyphes se différencient en crochets dangeardiens. La
caryogamie a lieu dans la cellule apicale de chaque crochet. Le noyau diploïde obtenu subit une
méiose suivie d’une mitose dite mitose post- méiotique à l'intérieur de cette cellule qui s'allonge
parallèlement pour former un asque qui contient 8 spores ou ascospores disposés selon un ordre qui
provient du fait que les fuseaux de division ne se chevauchent pas quand les noyaux se divisent.

Par le jeu de mitoses synchrones au niveau de chaque hyphe ascogène, une série de crochets
donnera naissance à un bouquet d’asques provenant d’un seul couple de noyaux.
Pendant ce temps l'ascogone s'est développé, son enveloppe s'est épaissie et pigmentée, il est
devenu un périthèce qui peut contenir plus de cent asques
La phase diploïde est réduite au noyau diploïde. Le cycle dure environ dix jours.

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Schéma 12 : Le cycle de reproduction de Neurospora crassa

A2- Les méthodes d’analyse chez les Ascomycètes


Chez Neurospora, Sordaria et Ascobolus, la méiose est suivie d'une mitose dite post méiotique de
sorte que l'asque renferme 8 spores.
L’observation des caractères se fait en phase haploïde sur les produits de méiose ou sur les
individus qui en résultent par multiplication végétative.
Les caractères étudiés sont :
- des caractères morphologiques : taille, forme, pigmentation ;
- des caractères biochimiques : auxotrophie par rapport à un métabolite de croissance (Acide
Aminé, Vitamine etc...)

On distingue deux niveaux d’analyse :

A2-1 Analyse de tétrades (ou asques)


L’analyse porte sur un échantillon de tétrades (groupe des 4 produits d’une même méiose). Les 4
produits d’une même méiose sont donc identifiés.
Chez certains ascomycètes (Neurospora, Sordaria) non seulement les 4 produits de la méiose sont
contenus dans l'asque, mais de plus, ils y sont ordonnés : Ces champignons sont à asques ordonnés
Les 4 produits d’une même méiose sont disposés dans un ordre précis (car le fuseau achromatique
est toujours dirigé dans le même sens). Cette structure provient du fait que quand le noyau se divise,
les fuseaux de division ne chevauchent pas. Cet ordre permet de reconstituer à rebours la méiose et
de déceler le moment de la ségrégation des allèles.
Chez d'autres ascomycètes (Ascobolus) les fuseaux de division se chevauchent quand les noyaux se
divisent. Les 4 produits de méiose ne sont pas disposés selon un ordre : ces champignons sont à
asques non ordonnés.

19
A2-2 Analyse de spores en vrac
L’analyse porte sur un échantillon de produits de méiose (spores). Dans ce cas, les 4 produits d’une
même méiose ne sont pas identifiés.

A3- Technique d’hybridation au laboratoire

On cultive séparément les deux souches à croiser dans des boites de pétri. Par exemple souche à
spores blanches A et souche à spores noires B. Pour réaliser l’hybridation, on utilise une autre boite
contenant un milieu de culture vierge. Dans un coin de celle-ci on dépose une petite portion de
milieu qui contient A. Dans un coin opposé de la même boite, on dépose une autre portion de milieu
contenant B. Cette boite d’hybridation est ensuite placée dans une enceinte réglée à la température
de 25°C et éclairée à la lumière blanche avec une intensité d’environ 1500 lux. Après une
incubation d’une dizaine de jours, les filaments mycéliens des deux souches parents se développent
et se rejoignent. Dans la zone de contact se produisent des fécondations entre filaments mycéliens
d’origine différente et on a formation de nombreux périthèces hybrides dans lesquels chaque asque
contient à la fois des spores blanches et des spores noires.

Schéma2 : Technique d’hybridation au laboratoire

20
B- Ségrégation d’un couple d’allèles

B1 Cas d'un organisme à tétrades ordonnés : Neurospora crassa

Le croisement entre une souche sauvage à spores noires et une souche mutante à spores blanches a
donné une descendance composée comme suit :

Schéma 14 : Descendance composée d’asques pré-réduits et post-réduits

L'observation de la descendance permet de constater les faits suivants :


- Chaque asque renferme uniquement des spores noires et des spores blanches, jamais de spores
de coloration intermédiaire.
Les spores obtenues sont rigoureusement identiques aux spores de l'un ou l'autre parent. Chaque
spore ou gamète emporte à l'état pur l'une ou l'autre des potentialités héréditaires des parents
provisoirement réunies dans le zygote. Ce fait illustre la notion de pureté des gamètes
- Chaque asque renferme 4 spores noires et 4 spores blanches. On dit que l'asque présente une
ségrégation 1-1.
Pour expliquer ce fait nous allons supposer que le caractère coloration des spores est sous la
dépendance d'un couple d'allèle b+/b qui occupe un emplacement caractéristique ou locus sur l'un
des chromosomes de Neurospora. Ce locus est à une certaine distance du centromère du
chromosome qui le porte. L'allèle b détermine le phénotype "spore blanche" et l'allèle b+ détermine
le phénotype "spore noire".
Ces 2 allèles sont réunis au cours de la caryogamie au sein du zygote dont le noyau diploïde
possède 2 chromosomes homologues qui portent l'un l'allèle b+ et l'autre l'allèle b. Ce noyau va
subir la méiose pour donner 4 produits. Deux d’entre eux contiendront b, les 2 autres contiendront
b+. La mitose post méiotique donnera 4 spores b+: noires et 4 spores b : blanches.
Les 2 allèles qui étaient réunies dans le noyau diploïde du zygote sont séparés dans les produits de
la méiose. La question qui se pose est de savoir à quel moment s'effectue la séparation ou la
ségrégation de ces 2 allèles.
C'est l'analyse des faits suivants qui va nous apporter la réponse.
- la descendance est composée de 6 types d'asques quant à l'ordonnancement des spores.
Si on n'observe que les demi-asques, ces 6 types peuvent être regroupés en 2 classes.

La Classe 1 : regroupe 2 types d’asques dont les demi-asques contiennent soit exclusivement des
spores noires soit exclusivement des spores blanches. Ces asques sont à demi-asques homogènes.

21
Schéma 15 : Formation des asques pré-réduits

En suivant le devenir du couple d’allèles b+/b au cours de la méiose, il apparaît qu'à la fin de la 1ère
division un noyau fils contenait 1 chromosome avec les 2 chromatides portant le même allèle b +,
l'autre noyau fils contenait 1 chromosome avec les 2 chromatides portant le même allèle b.
Les 2 allèles du couple b+/b se sont donc séparés à la 1ère division de méiose avant la réduction du
nombre de chromosomes. Les asques à demi-asques homogènes sont dits asques pré-réduits.
L'apparition des 2 types d’asques pré-réduits dépend de la position aléatoire des centromères de
part et d’autre du plan équatorial à la métaphase I. Les 2 dispositions possibles sont équiprobables.
Les 2 types d’asques qui en résultent auront donc des fréquences ou des effectifs statistiquement
équivalents.
La Classe II : regroupe 4 types d’asques dont les demi-asques contiennent à la fois des spores
noires et des spores blanches. Ces asques sont à demi-asques hétérogènes.

Schéma 16 : Formation des asques post-réduits

En suivant le devenir du couple d’allèles b+/b au cours de la méiose et en faisant intervenir


l'existence d'un crossing-over entre le centromère et le locus du couple d'allèle b+/b, il apparaît
qu'à la fin de la 1ère division, chacun des 2 noyaux fils contenait un chromosome avec les 2
chromatides portant des allèles différents, l'une porte b+, l'autre porte b.
Les 2 allèles du couple b+/b se sont donc séparés à la 2ème division de méiose après la réduction du
nombre de chromosomes. Les asques à demi-asques hétérogènes sont dits asques post-réduits.
22
L'apparition des 4 types d’asques post-réduits dépend de la migration des chromosomes à
l'anaphase II. Comme cette migration se fait de manière aléatoire, on aura autant de chance de
trouver dans chaque demi-asque la séquence b+b+ ou bb. Au total en combinant les 2 demi-asques
dont l'histoire est indépendante au cours de la 2ème division de méiose on obtient les 4 produits
de méioses possibles avec la même probabilité.
Les 4 types asques qui en résultent auront donc des fréquences ou des effectifs statistiquement
équivalents.

Notion de distance

A l'origine d'un asque post-réduit, nous savons maintenant qu'il se produit un crossing-over entre le
locus du gène considéré et son centromère. Si l'on postule que les crossing-over sont distribués de
manière uniforme tout au long du chromosome, la fréquence des crossing-over sera plus ou moins
grande selon que le locus du gène considéré est plus ou moins loin de son centromère.
Cela revient donc à dire que la fréquence de crossing-over est fonction de la distance qui sépare le
locus d'un gène de son centromère.
Cette fréquence nous donne donc un moyen de mesurer les distances qui séparent les gènes de leurs
centromères.
La distance génétique est exprimée en centimorgan CM (de Morgan qui a découvert le crossing-
over) ou en unité de recombinaison UR

Comment calcule-t-on cette distance entre le gène et le centromère ?


L’expression de la distance gène-centromère est la suivante :

dg = x 100 (UR)

Dans chaque asque, il y avait à l'origine, dans le noyau qui a subi la méiose, 2 chromosomes
homologues dupliqués, donc 4 chromatides.
Dans chaque asque pré-réduit il n'y a pas eu de crossing-over entre le locus du gène et le
centromère, il n'y a donc pas eu de remaniement chromatidique.
Dans chaque asque post réduit il y a eu 1 crossing-over entre le locus du gène et le centromère. Le
crossing-over se faisant entre 2 chromatides sur les quatre en présence, ces 2 chromatides sont
remaniées ; il y a donc eu 2 remaniements chromatidiques. L'expression de la distance devient
donc

dg-c = x 100 (UR)

Distance gène - centromère = 1/2 % Post Réduction exprimé en UR

Dans notre exemple on aura donc dg b+/b-c = x 100 = 9, 86 UR

Relation entre % de Post réduction et distance gène centromère


Double crossing over et remaniements chromatidiques
Jusqu'à présent nous avons postulé qu'à l'origine d'un asque post-réduit il ne se produit qu'un seul
crossing-over. En fait, au cours de la méiose il peut se produire plusieurs crossing-over à la fois
au niveau d'une paire de chromosomes homologues : on parle dans ce cas de crossing-over
multiples.
Considérons le cas où il se produit 2 crossing-over ou 1 double crossing-over dans l'intervalle gène-
centromère.
23
Ces 2 crossing-over pourront toucher :
- 2 chromatides dans ce cas on aboutit à un asque pré-réduit
- les 4 chromatides dans ce cas on aboutit à un asque pré-réduit ;
- 3 chromatides dans ces 2 cas on aboutit dans à un asque post réduit.
Comme ces 4 situations sont équiprobables, il apparaît que des 16 remaniements chromatidiques qui
se produisent (4 par situation) seules 4 sont décelables (2 par asque post réduit). Ainsi donc les
12/16 ou 3/4 des remaniements chromatidiques ne sont pas décelables.

La relation dg-c = 1/2 % Post Réduction n'est donc correcte que si le segment gène-centromère est
suffisamment petit pour que les crossing-over multiples soient négligeables. S'ils ne le sont plus, le
calcul de la distance entre le gène et le centromère sur la base de la relation dg-c = 1/2 % Post
Réduction, donnera une sous évaluation de cette distance.

Limites du % de post réduction

La limite inférieure de la post-réduction est égale à zéro. Dans ce cas la distance gène-centromère
est nulle. Le locus du gène considéré est très près de son centromère, le gène est donc toujours pré-
réduit.

Si on considère un gène très éloigné de son centromère, de telle manière que de nombreux crossing-
over puissent avoir lieu dans le segment gène-centromère, on peut admettre que les allèles du gène
ne gardent aucun souvenir du centromère auquel ils étaient primitivement rattachés. Leur
ségrégation se fera indépendamment de celle du centromère de sorte qu'aucune contrainte ne sera
plus exercée sur le moment de leur disjonction.

Dans ce cas les 6 types de tétrades obtenus ont la même fréquence qui est égale à 1/6. Les tétrades
pré-réduites ont une fréquence de 2/6 et les tétrades post-réduites ont une 4/6. La fréquence de post
réduction est donc de 4/6 ou 2/3. La limite supérieure du % de post réduction est donc égale à
2/3 soit 66%.

B2- Cas d'un organisme à tétrades non ordonnés : Ascobolus immersus


Le croisement entre une souche sauvage à spores noires et une souche mutante à spores blanches a
donné une descendance composée de 2486 asques contenant chacun 4 spores noires et 4 spores
blanches.
L’analyse de cette descendance permet de conclure que chaque asque présente une ségrégation 1-1.
Le caractère coloration des spores est donc sous la dépendance d'un couple d'allèles b/b+.
Dans le cas des tétrades non ordonnées, on observe un seul type d'asque. Du fait de l'absence
d'ordonnancement des spores dû au chevauchement des fuseaux au cours des divisions de la méiose,
la pré-réduction et la post réduction ne sont pas décelées. Il ne sera donc pas possible dans ce
cas d'estimer la distance gène-centromère.

B3- Analyse de spores en vrac


Qu'il utilise Neurospora ou Ascobolus comme matériel d'étude, l'expérimentateur peut récolter
seulement une population de spores en vrac.
Comme dans chaque asque, pour un couple d'allèles a+/a, on observe 4 spores a+ et 4 spores a, au
niveau d'une population de spores prises en vrac, on aboutit à 50% de spores a+ et 50% de spores a
c'est à dire à une ségrégation 1-1,
Ainsi, quel que soit le niveau d'analyse (tétrades ordonnées, tétrades non ordonnées, spores en vrac)
la ségrégation d'un couple d'allèles est une ségrégation 1-1 et réciproquement.

24
B4- Exercices d’application
Exercice 1 : Chez le champignon Sordaria, la souche sauvage à spores noires est croisée avec une souche
mutante à spores blanches. La descendance est la suivante :

O O O O O O O spore blanche
O O O O O O O spore noire
O O O O O O
O O O O O O
63 69 15 18 19 16
Interprétez ces résultats.

Solution Exercice 1
- Le caractère étudié est la coloration des spores qui s’exprime sous 2 phénotypes : spore noire (+) et spore
blanche (m)
- La descendance est composée de tétrades ordonnées.

1) - On observe dans chaque asque, 2 spores blanches et 2 spores noires soit une ségrégation de type 1-1. Le
caractère coloration des spores est donc gouverné par un couple d’allèles.
- Soit b+/b ce couple d’allèles avec [b+] pour spores noires et[b] pour spores blanches.
- Génotype du croisement : spore noire x spore blanche
b+ x b
2) - La descendance en asques ordonnés donne des asques pré-réduits et des asques post-réduits
Nombre d’asques pré-réduits = 63 + 69 = 132
Nombre d’asques post-réduits = 15 + 18 + 19 + 16 =68
- Distance entre b+/b et son centromère d = ½% post-réduction = 0.5 x 68/200 x 100 = 17%

Exercice 2 : Chez le champignon Ascobolus immersus on a réalisé le croisement entre une souche mutante à
spores rondes et la souche sauvage à spores ovales. La descendance est composée de 1745 asques contenant
4 spores ovales et 4 spores rondes.
1) Quel est le déterminisme génétique du caractère forme des spores.
2) Donner la composition de la descendance sur 3000 spores.

Solution Exercice 2
- Le caractère étudié est la forme des spores qui s’exprime avec 2 phénotypes : spore ovale (+) et spore
ronde (m)
- La descendance est composée d’asques.
1) - Dans chaque asque, on observe 4 spores rondes et 4 spores ovales soit une ségrégation de type 1-1 qui
indique que le caractère forme des spores est gouverné par un couple d’allèles.
Soit r+/r ce couple d’allèles avec [r] pour spores rondes et [r+] pour spores ovales.
- Génotype du croisement : spore ronde x spore ovale
r x r+
2) Le caractère forme des spores étant gouverné par un couple d’allèles on aura une ségrégation mendélienne
(type 1-1) soit 50% de spores rondes et 50% spores ovales. Ce qui donne sur 3000 spores 1500 spores ovales
et 1500 spores rondes.

Remarque sur le choix des symboles : Par convention le phénotype mutant est représenté par sa lettre
initiale en minuscule. Ex spore ronde [r]. Cette lettre affectée du signe + en exposant représente le phénotype
sauvage. Ex spore ovale [r+].

25
C- Ségrégation de deux couples d’allèles localisés sur deux paires de
chromosomes différents

C1- Cas d'un organisme à tétrades non ordonnées : Ascobolus


Chez Ascobolus, le croisement entre une souche mutante à spores blanches et une souche mutante à
spores rondes, a donné la descendance ci-après :

Schéma 17 : Descendance composée de DP, DR et TT dans le cas deux 2 couples d’allèles


localisés sur 2 pairs de chromosomes différents

Ce croisement fait intervenir 2 caractères la coloration de la spore et la forme de la spore


Pour le caractère coloration, dans chaque asque on a 4 spores noires et 4 spores blanches, c'est à
dire une ségrégation 1-1 qui permet de conclure que ce caractère est sous la dépendance d'un couple
d'allèles b+/b.
Pour le caractère forme de la spore dans chaque asque on a 4 spores ovales et 4 spores rondes, c'est
à dire une ségrégation 1-1 qui permet de conclure que ce caractère est sous la dépendance d'un
couple d'allèles r+/r.

Types de spores Phénotypes Génotypes Effectifs Pourcentages Fréquences

Parental [br+] br+ 1032 25,6% 1/4


Parental [b+r] b+r 1032 25,6 % 1/4
Recombiné [b+r+] b+r+ 980 24,4 % 1/4
Recombiné [br] br 980 24,4% 1/4

Quelle relation existe-t-il entre ces 2 couples d'allèles ?

Pour le comprendre faisons abstraction des asques et intéressons nous uniquement aux spores. En
totalisant toutes les spores présentant le même phénotype sans tenir compte du type d'asque
d'origine, ce qui revient à procéder à une analyse en vrac, on obtient les résultats suivants :
En considérant le croisement de départ : [blanche ovale] x [noire ronde] ; il apparait que la
descendance est composée des spores de type parental (associations parentales) br+ et b+r et des
spores de type recombiné (associations recombinées) b+r+ et br.

26
Compte tenu des fluctuations aléatoires, on peut dire que les fréquences observées ne sont pas
significativement différentes de 1/4. Chacun des 4 génotypes est également présent.
Cela revient à dire qu'un allèle donné d'un couple d'allèles a autant de chance de s'associer à
chacun des allèles de l'autre couple. Schématisons ces associations qui se font de manière aléatoire

Les ségrégations des 2 couples d'allèles sont donc indépendantes. Cette indépendance se traduit
aussi par l'existence dans la descendance d'autant de produits parentaux que de produits recombinés
(P = R). Elle se traduit encore par le fait que le pourcentage de recombinaison
x 100 = 50 %

En considérant maintenant la descendance en asques, on distingue 3 types d'asques :


- les asques Ditypes Parentaux (DP) qui ne renferment que les 2 spores parentales br+ et b+r
- les asques Ditypes Recombinés (DR) qui ne renferment que les 2 spores recombinées br et b+r+
- les asques Tétratypes (TT) qui renferment à la fois les 2 spores parentales br+ et b+ r et les 2
spores recombinées br et b+r+ c'est à dire les 4 associations de spores.

Quels sont les origines de ces asques ?


Au cours de la méiose selon qu'il se produise ou non un crossing-over entre un couple d'allèles et
son centromère, différents types d'asques peuvent exister.

Considérons les différents événements et leurs conséquences


- aucun crossing-over ne se produit ni entre r+/r et son centromère ni entre b+/b et son centromère :
on a une pré-réduction des 2 couples d'allèles. On obtient des DP et des DR avec autant de DP que
de DR

Schéma 18 : Formation de DP et DR résultant de l’absence de crossing-over entre les 2 couples


d’allèles et leurs centromères

- aucun crossing-over ne se produit entre b+/b et son centromère et un crossing-over se produit


entre r+/r et son centromère : on a une pré-réduction pour b+/b associée à une post-réduction
pour r+/r. On obtient uniquement des TT.

27
Schéma 19 : Formation de TT résultant de l’absence de crossing-over entre l’un des 2 couples d’allèles
et son centromère associée l’existence d’ un crossing-over entre l’autre couple d’ allèles et son
centromère

- aucun crossing-over ne se produit entre r+/r et son centromère et un crossing-over se produit


entre b+/b et son centromère : on a une pré-réduction pour r+/r associée à une post-réduction pour
b+ b. On obtient uniquement des TT.

Schéma 19 bis : Formation de TT résultant de l’absence de crossing-over entre l’un des 2 couples
d’allèles et son centromère associée l’existence d’ un crossing-over entre l’autre couple d’ allèles et son
centromère

- un crossing-over se produit aussi bien entre r+/r et son centromère que entre b+/b et son
centromère : on a une post-réduction des 2 couples d'allèles. Dans ce cas les 2 noyaux issus de la
1ère division de méiose sont identiques du point de vue des associations d'allèles qu'ils
renferment. A l'anaphase II après le clivage des centromères du fait des ségrégations
indépendantes des chromosomes on aura 2 situations équiprobables pour chaque noyau qui
aboutissent à deux demi asques ayant la même fréquence. Comme les devenirs des 2 noyaux
issus de la 1ère division de méiose sont indépendants on aboutit à 4 combinaisons équiprobables
qui donnent : 1/4 de DP, 1/4 de DR et 1/2de TT.

28
- Schéma 20 : Formation de DP, DR et TT résultant de l’existence d’ un crossing-over entre les deux
couples d’allèles et leurs centromères

Estimation des fréquences des asques DP, DR et TT


Il est possible de donner une formulation des fréquences des DP, DR et TT, en désignant par :
- x la fréquence de post réduction du couple r+/r et (1-x) sa fréquence de pré-réduction
- y la fréquence de post réduction du couple b+/b et p (1-y) sa fréquence de pré-réduction.nc
Considérons tous les différents évènements, leurs fréquences ainsi que les asques qui en résultent :

- pré-réduction des 2 couples d'allèles : (1-x)(1-y) dans ce cas on a 1/2 de DP et 1/2 de DR


- pré-réduction d'un couple associée à la post réduction de l'autre. Il existe 2 éventualités et on a
donc : x (1-y) + y (1-x) dans ce cas on a que des TT
- post réduction des 2 couples d'allèles : x.y dans ce cas on a 1/4 de DP, 1/4 de DR et 1/2 de TT

Les fréquences des différents asques sont donc les suivantes :


- fr DP = 1/2 (1 - x) (1 - y) + 1/4 xy
- fr DR = 1/2 (1 - x) (1 - y) + 1/4 xy
- fr TT = x (1 - y) + y(1 - x) + 1/2 xy.

L'indépendance de la ségrégation des 2 couples d'allèles se traduit donc par fr DP = fr DR.

Etude de quelques cas particuliers


Puisque nous savons que la fréquence de post-réduction varie de 0 à 2/3 nous allons déterminer les
fréquences des DP, DR et TT dans ces cas limites.
1er cas : x = 0 et y = 0
Dans ce cas les 2 couples d'allèles sont très proches de leurs centromères respectifs, ils sont donc
toujours pré-réduits, fr DP = fr DR et fr TT = 0

2e cas : x = 0 ou y = 0
Dans ce cas un des 2 couples d'allèles est très proche de son centromère, il est donc toujours pré-
réduit. On a fr DP = fr DR de plus si x = 0, frTT = y et si y = 0, frTT = x
29
Dans ce cas la fréquence de TT est équivalente à la fréquence de post-réduction du couple d'allèles
distant de son centromère.
La distance de ce couple d'allèles à son centromère sera donc : dg-c = 1/2 % TT

Chez les champignons à tétrades non ordonnées cette situation est intéressante car elle permet
de calculer la distance qui sépare un couple d'allèles de son centromère sans détecter d'asques
post réduits.
3e cas : x= 2/3 et / ou y =2/3 dans ce cas au moins un couple d'allèles est très éloigné de son
centromère. On a fr DP = fr DR avec fr DP = 1/6; fr DR = 1/6; fr TT = 2/3
D'une façon générale il apparaît donc que dans le cas de l'indépendance on a:
- fr DP = fr DR
- 1/6 < fr DP < 1/2 ;
- 1/6 < fr DP < 1/2 ;
- 0 < fr TT < 2/3

C2- Cas d'un organisme à tétrades ordonnées : Neurospora crassa

Imaginons 2 couples d'allèles a+/a et b+/b localisés sur 2 paires de chromosomes différents et à une
certaine distance de leurs centromères respectifs.
Soit un croisement entre deux souches P1 et P2 de génotypes respectifs ab+ et a+b.

Etude séparée des 2 couples d'allèles


Dans la descendance de ce croisement la ségrégation de chaque couple d'allèles sera une
ségrégation 1-1. De plus pour chaque couple d'allèles on observera 6 types d'asques : 2 pré-réduits
et 4 post réduits. Ainsi :
- pour le couple d'allèles a+/a la fréquence de post-réduction sera x et la fréquence de pré-réduction
1-x ;
- pour le couple d'allèles b+/b la fréquence de post-réduction sera y et la fréquence de pré-réduction
1-y.

Etude des 2 couples d'allèles pris simultanément


Considérons maintenant simultanément les 2 COUples d'allèles, on aboutit dans ce cas à 36 types
d'asques différents qui sont présentés dans le tableau ci-après.

Les associations d'allèles


En considérant le croisement parental ab+ x a+b il apparaît que 4 associations d'allèles peuvent
exister ab+ et a+b qui sont des associations parentales ; ab et a+b+ qui sont des associations
recombinées.

Les 3 types d'Asques


Sur la base des associations d'allèles qu'ils renferment, on distingue dans la descendance 3 types
d'asques :
- ceux qui ne renferment que les 2 associations ab+ et a+b parentales : ils sont appelés Ditype
Parental DP ;
- ceux qui ne renferment que les 2 associations ab et a+b+ recombinées : ils sont appelés Ditype
Recombiné DR ;
- ceux enfin qui renferment les 2 associations ab+ et a+b parentales et les 2 associations ab et ab et
a+b+ recombinés : ils sont appelés Tétratype TT.
30
+ +
Pré réduction de b /b Post réduction de b /b
+ + +
b b b b b b
+ +
+ + b +
b b b b
ab x a b b
+ b
b +
b +
b b b
+ + +
b b b b b b

a DR DP TT TT TT TT
+ + +
a ab ab ab ab ab ab
+ + +
a ab +
ab ab ab ab
+ + + ab + + + + + +
a ab +
ab ab ab ab
+ + ab
+ + + + + +
ab +
ab ab ab ab
Pré ab
réduction +
+ a DP DR TT TT TT TT
de a /a + + + + + + + + + +
a ab ab ab ab ab ab
+ + + + + + + + +
a ab ab ab ab ab a b
+ + +
a ab ab ab ab ab ab
+ +
+ ab ab ab ab ab
ab

a TT TT DR DP TT TT
+ + + +
a ab ab ab ab ab ab
+ + + + + + + + +
a ab ab ab ab ab ab
+ + +
a ab ab ab +
ab a b
+ + ab
+ + + + + +
ab ab ab +
ab ab
ab

+
a TT TT DP DR TT TT
+ + + + + + + + +
a ab ab ab ab ab ab
+ + + +
a ab ab ab ab ab ab
+ + + + + + + + +
a ab a b ab a b ab ab
+ +
ab ab + ab ab ab
Post ab
réduction +
+ a TT TT TT TT DR DP
de a /a + + + + + + + + +
a ab ab ab ab ab ab
+ + +
a ab ab ab ab ab ab
+ + +
a ab ab ab ab ab +
+ + ab
+ + + + + +
a b ab ab ab ab +
ab

a TT TT TT TT DP DR
+ + + +
a ab ab ab ab ab ab
+ + + + + + + + + +
a ab ab ab ab ab ab
+ + + + + + + + +
a ab ab ab ab ab ab
+ +
ab ab ab ab + ab
ab

Schéma 21 : Formation des DP, DR et TT dans le cas d’asques ordonnés

Origines des DP, DR et TT


Quels sont les événements à l'origine de ces 3 types d'asques.
L'analyse de la descendance montre que :
- les DP et les DR ont les mêmes origines. On les obtient lorsque les deux couples d'allèles sont pré-
réduits ou post-réduits.
- les TT s'obtiennent après qu'un couple d'allèles soit pré-réduit et l'autre post-réduit ou après que
les 2 couples d'allèles soient post-réduits.
Fréquences des DP, DR et TT
Maintenant que nous connaissons les événements à l'origine de ces 3 types d'asques, nous allons
déterminer leurs fréquences respectives.
fr DP = [(1-x)/2 * (1-y)/2]* 2 + [x/4* y/4]* 4 = 1/2 (1-x) (1-y) + 1/4 xy
fr DR = [(1-x)/2 * (1-y)/2]* 2 + [x/4* y/4]* 4 = 1/2 (1-x) (1-y) + 1/4 xy
fr TT = [x/4 *(1-y)/2] * 8 +[y/4*(1-x)/2] * 8 + (x/4 * y/4) * 8 = x(1-y) + y(1-x) + 1/2 xy

II ressort que fr DP = fr DR quelles que soient les fréquences de post réduction x et y des 2 couples
d'allèles. La fr TT dépend essentiellement des post-réductions respectives des 2 couples d'allèles.
Ainsi, lorsque les ségrégations de 2 couples d'allèles sont indépendantes, les fréquences des DP
et DR sont équivalentes et réciproquement.

31
Etude de quelques cas particuliers
Ces cas sont les mêmes que ceux décrits pour les tétrades non ordonnées. Les conclusions dégagées
sont également les mêmes. Avec le tableau à 36 cases on arrive à mieux visualiser les situations
décrites précédemment.

C3- Analyse de spores en vrac


Qu'il utilise Neurospora ou Ascobolus comme matériel d'étude, l'expérimentateur peut récolter
seulement une population de spores en vrac.
Nous avons vu que dans les cas de tétrades ordonnées et non ordonnées lorsque 2 couples d'allèles
ont une ségrégation indépendante l'un de l'autre la fréquence des DP est égale à celle des DR, avec
une fréquence de TT qui varie de 0 à 2/3

Si on réalise un croisement ab+ x a+b en analysant des tétrades on aurait eu des DP, DR et TT.
Les DP contiennent 4 spores ab+ et 4 spores a+b
Les DR contiennent 4 spores ab et 4 spores a+b+
Les TT contiennent 2 spores ab+; 2 spores a+b ; 2 spores ab ; 2 spores a+b+
Les spores de type parental étant ab+ et a+b et les spores de type recombiné étant ab et a+b+ du fait
de l'égalité DP = DR et de la composition des TT, il apparaît que la fréquence des spores parentales
est équivalente à celle des spores recombinées.
La seule difficulté au niveau de l'analyse de spores en vrac réside parfois dans le fait que les 4
génotypes attendus dans le cas de 2 couples d'allèles indépendants ne conduisent pas à 4 phénotypes
différents. Les exemples ci-après illustrent ces cas particuliers

Les 2 couples d'allèles contrôlent le même caractère


On connaît chez Ascobolus plusieurs gènes contrôlant la coloration des spores ; ils sont appelés bl 1,
bl2 etc...Si on effectue un croisement entre 2 souches mutantes à spores blanches : b1b2+ x b1+b2, on
obtiendra :
- 3/4 de spores blanches b1b2+ et b1+b2 et b1b2
- et 1/4 de spores noires b1+ b2+

L'expression d'un couple d'allèles est masquée par celle de l'autre


On connaît chez Ascobolus des souches mutantes présentant des spores dont le pigment est reparti
en sphérules et non uniformément sur la paroi de la spore : ces spores sont dites granuleuses.
Appelons gr+/gr le couple d'allèles qui est responsable du caractère granuleux et bl+/bl celui qui est
responsable de la coloration.

Si on effectue un croisement entre une souche à spores granuleuses et une souche à spores blanches
(b+g x bg+) on obtient : 1/4 de spores granuleuses b+g ; 1/4 de spores noires b+g+ et 1/2 de spore

blanche bg+, bg
32
L’explication réside dans le fait qu’en présence de l’allèle bl le pigment n’est pas synthétisé,
l’expression de l’allèle gr est masquée et les spores de génotype blgr sont blanches.

4- Exercices d’application
Exercice 3 : Chez Ascobolus le croisement entre une souche mutante à spore blanche et une souche autre souche
mutante à spores rondes a donné une descendance composée de :
189 asques à 4 spores blanches et ovales, 4 spores noires et rondes
192 asques à 4 spores noires et ovales, 4 spores blanches et rondes
103 asques à 2 spores blanches et ovales, 2 spores noires et rondes
2 spores noires et ovales, 2 spores blanches et rondes
La souche sauvage a des spores noires et ovales. Interpréter ces résultats.

Solution de l’exercice 3
Caractères étudiés : coloration des spores (blanche ou noire) et Forme des spores (ronde ou ovale)
Le croisement fait intervenir 2 caractères.
La descendance est donnée en asques

1- Etude caractère par caractère


Caractère coloration
On observe dans chaque asque, 4 spores blanches et 4 spores noires cad une ségrégation de type 1-1. Le caractère
coloration des spores est donc gouverné par un couple d’allèles.
Soit b+/b ce couple d’allèles avec b+ pour spores noires et b pour spores blanches.
Génotype partiel : b X b+
Caractère forme des spores
On observe dans chaque asque, 4 spores rondes et 4 spores ovales cad une ségrégation de type 1-1 qui indique que le
caractère forme des spores est gouverné par un couple d’allèles.
Soit r+/r ce couple d’allèles avec r pour spores rondes et r+ pour spores ovales.
Génotype partiel : r X r+
Conclusion partielle : Le croisement met en jeu 2 couples d’allèles b+/b et r+/r

2- Relation entre les 2 couples (sont-ils indépendants ?)


Croisement effectué
Spore blanche (ovale) X spore (noire) ronde
[b r+] X [b+ r]
Association des allèles
Associations parentales : b r+ et b+ r
Associations recombinées b+ r+ et b r
Différents types d’asques
Asques DP (4 [b r+] et 4 [b+ r])
Asques DR (4 [b+ r+] et 4 [b r])
Asques TT (2[b r+], 2[b+ r] 2[b r] et 2[b+ r+]
Relation entre les 2 couples.
DP = 189 ; DR = 192 et TT = 103
On remarque que DP = DR ↔les 2 couples d’allèles sont indépendants.

3- Génotype final du croisement


Spore blanche ovale X spore noire ronde
b r+ X b+ r
33
Exercice 4 : On croise une souche de Neurospora (Thiˉ), qui ne synthétise pas la thiamine par une autre souche (Argˉ),
incapable de synthétiser l’arginine. Le résultat de 140 asques analysés est le suivant : Interprétez ce résultat.
Arg+ Thi+ Arg+ Thiˉ Argˉ Thiˉ Argˉ Thi+
+
Arg Thi +
Arg Thiˉ
+
Argˉ Thiˉ Argˉ Thi+
Argˉ Thiˉ Argˉ Thi + +
Arg Thi +
Arg+ Thi
Argˉ Thiˉ Argˉ Thi + +
Arg Thi +
Arg+ Thi
37 33 34 36

Solution de l’exercice 4
- Caractères étudiés : Arginine (ne pousse pas sur mm (Arg-) ou pousse sur mm (Arg+))
Thiamine (ne pousse pas sur mm (Thi-) ou pousse sur mm (Thi+))
Le croisement fait intervenir 2 caractères.
- La descendance est composée d’asque

1- Etude caractère par caractère


Caractère Arginine
On observe dans chaque asque, 4 spores Arg- et et 4 spores Arg+ cad une ségrégation de type 1-1. Le caractère
Arginine est donc gouverné par un couple d’allèles.
Soit A+/A ce couple d’allèles avec [A ] pour spores Arg- et [A+] pour spores Arg+.
Génotype partiel : A+ x A
Asques pré réduits = 140 Asques post réduits = 0 : le couple d’allèle A+/A est marqueur de son centromère.
Caractère Thiamine
On observe dans chaque asque, 4 spores Thi- et et 4 spores Thi+ cad une ségrégation de type 1-1. Le caractère
Thiamine est donc gouverné par un couple d’allèles.
Soit T+/T ce couple d’allèles avec [T ] pour spores Thi- et [T+] pour spores Thi+.
Génotype partiel : T x T+
Asques pré réduits = 140 Asques post réduits = 0 : le couple d’allèle T+/T est marqueur de son centromère.
Conclusion partielle
Le croisement met en jeu 2 couples d’allèles A+/A et T+/T toujours pré réduits

2- Relation entre les 2 couples (sont-ils indépendants ?)


Croisement effectué
Spore Arg+ Thi- x spore Arg- Thia+
[ A+ T] x [A T+]
Association des allèles
Associations parentales : A+T et AT+
Associations recombinées AT et A+T+
Différents types d’asques
Asques DP (4 [A+ T] et 4 [A T+])
Asques DR (4 [A T ] et 4 [A+ T+ ])
Asques TT (2[A+ T], 2[A T+] 2[A T] et 2[A+ T+]
Relation entre les 2 couples.
DP = 33 + 36 = 69 asques
DR = 37 + 34 = 71 asques
On remarque que DP = DR ↔les 2 couples d’allèles sont indépendants.
TT = 0 : les deux couples d’allèles sont marqueurs de leur centromère

3- Génotype final du croisement


Spore blanche ovale X spore noire ronde
A+ T x A T+

34
D- Ségrégation de deux couples d'allèles localises sur la même paire de
chromosomes (2 couples d’allèles liés)
D1- Cas des organismes à tétrades non ordonnés
Analyse des résultats d'un croisement chez Ascobolus entre un mutant à spores rondes et un mutant
à spores granuleuses

Schéma 22 : Descendance composée de DP, DR et TT dans le cas de deux couples d’allèles localisés sur la même
paire de chromosomes

Ce croisement fait intervenir 2 caractères : la forme de la spore et coloration de la spore

Pour le caractère forme, dans chaque asque on a 4 spores rondes et 4 spores ovales, c'est à dire une
ségrégation 1-1 qui permet de conclure que le caractère est sous la dépendance d'un couple
d'allèles r+ /r.
Pour le caractère coloration, dans chaque asque on a 4 spores noires et 4 spores granuleuses, c'est à
dire une ségrégation 1-1 qui permet de conclure que le caractère est sous la dépendance d'un
couple d'allèles g+/g.

Si les 2 couples d'allèles étaient indépendants on aurait dans la descendance autant de DP que de DR.
Ce n'est pas le cas, DP est supérieur à DR. Comment expliquer cette nouvelle situation?
Faisons abstraction des asques et intéressons nous uniquement aux spores. En totalisant toutes les
spores présentant le même phénotype sans tenir compte du type d'asque d'origine, ce qui revient à
procéder à une analyse en vrac, on obtient les résultats suivants :
3174 spores rondes noires rg+
3174 spores ovales granuleuses r+g
842 spores rondes granuleuses rg
842 spores ovales noires r+g+
Les spores de type parental ont un effectif supérieur à celui des spores de type recombiné.
Tout se passe comme s'il existait une force contraignant les allèles à conserver préférentiellement
les associations qu'ils avaient dans les souches parentales. On dit que les 2 couples d'allèles sont
liés. Par opposition à l'état d'indépendance, on parle de liaison (en anglais linkage).

35
La liaison de 2 caractères a été observée par les anglais Bateson et Punnett, dès 1906, dans des
expériences sur les pois de senteur.
C'est Morgan qui en 1910 a postulé à partir d’expériences chez la drosophile que les couples
d'allèles qui n’ont pas une ségrégation indépendante sont physiquement liées du fait de leur
localisation sur la même paire de chromosomes. Il a imaginé aussi que les produits recombinés
pouvaient cependant apparaître grâce aux crossing-over se produisant dans l'intervalle qui sépare
les 2 couples d'allèles considérés.
Du fait de la faible fréquence de crossing-over dans une population de méioses, les types
recombinés auront une fréquence inférieure à celle des types parentaux.

On se souvient que dans l'analyse des spores en vrac dans le cas d'une indépendance P = R de sorte
que le % de recombinaison est égale à 50 %. Dans le cas de la liaison on voit que le %
recombinaison sera inférieur à 50 % .Dans notre exemple le calcul de ce pourcentage de
recombinaison est le suivant :
% recombinaison = x 100 =20,9%
La distance entre r+/r et g+/g est donc de 20,9 UR.

Maintenant que nous savons que les 2 couples d'allèles r+/r et g+/g sont portés par la même paire
de chromosomes, déterminons l'origine des différents types d'asques et calculons la distance qui
sépare r+/r de g+/g.

Le croisement réalisé est : rg+ x r+ g et le zygote formé a pour génotype r+g/rg+


Dans une population de méioses on peut avoir les événements suivants :
- aucun crossing-over ne se produit entre r+/r et g+/g, dans ce cas on aboutit à 4 produits parentaux :
2 produits rg+ et 2 produits r+ g. Les asques sont des DP.

Schéma 23 : Formation de DP résultant de l’abscence de crossing-over entre les deux couples d’allèles

- un crossing-over se produit entre r+r et g+/g


Dans ce cas on aboutit à 2 produits parentaux rg+ et r+g et à 2 produits recombinés r+g+ et rg.
Les 4 produits sont différents. Les asques sont des TT.

- Schéma 24 : Formation de TT résultant de l’existence d’un crossing-over entre les deux couples
d’allèles
36
- deux crossing-over se produisent entre r+/r et g+/g
Lorsque 1 crossing-over se produit, le second peut se produire de manière aléatoire selon 4
modalités. On aboutit donc à 4 situations équiprobables.

- les 2 crossing-over touchent 2 chromatides et les 4 remaniements chromatidiques


aboutissent à 4 produits parentaux : 2 produits rg+ et 2 produits r+g. Les asques sont des
DP.

- Schéma 24 : Formation de DP résultant de l’existence de 2 crossing-over entre les deux couples d’allèles

- les 2 crossing-over touchent les 4 chromatides et les 4 remaniements chromatidiques


aboutissent à 4 produits recombinés : 2 produits r+g+ et 2 produits rg. Les asques sont
des DR.

- Schéma 24 bis : Formation de DR résultant de l’existence de 2 crossing-over entre les deux couples
d’allèles

- les 2 crossing-over touchent 3 chromatides, il existe 2 cas. Dans chacun des cas les 4
remaniements chromatidiques aboutissent à 4 produits différents : 2 produits parentaux
rg+ et r+g et 2 produits recombinés r+g+ et rg. Les asques sont des TT.

- Schéma 24 ter : Formation de TT résultant de l’existence de 2 crossing-over entre les deux couples
d’allèles

37
Ainsi lorsqu'il se produit 2 crossing-over entre r+/r et g+/g on aboutit à :
1/4 de DP, 1/4 de DR et 1/2 TT
Pour une population de méioses, lorsqu'on considère les 3 événements 0, 1, 2 crossing-over compte
tenu de la fréquence faible de 1 crossing-over, à fortiori de 2 CO, il est clair que :
fr DP > fr DR.
Ainsi, lorsque 2 couples d'allèles sont liés, la fréquence des DP est supérieure à celle des DR.

Calcul de la distance génétique

dg = x 100 (UR)

dg= [ 2TT1co+4DP2co+4DR+4 TT2co]/4(DP+DR+TT) x 100 (UR)


Les DP dûs à 2 CO et les DP dûs à 0 CO sont confondus.
Il en est de même des TT dûs à 1 CO et à 2 CO.
Cependant on peut facilement estimer les fréquences des DP2c.o, des TT2c.o, et TT1c.o.
Nous savons que lorsque 2 crossing-over se produisent on aboutit à 1/4 de DP ; 1/4 de DR et 1/2de
TT. Puisque les DR ne résultent que de cet évènement on peut conclure que :
DP2c.o , = DR2c.o = DR
TT2c.o. = 2 DR2c.o = 2 DR
II s'en suit que TT1C.O =TT- 2 DR
Ainsi la distance devient :
dg = [2(TT-2DR)+4DR+4DR+4(2DR)]/4(DP+DR+TT)x100 (UR)
dg = (2TT+ 12 DR)/ 4(DP+DR+TT)x 100 (UR)
dg = 2TT/4(DP+DR+TT) x100 + 12 DR/4(DP+DR+TT) x100 (UR)

dg = 1/2 %TT + 3 % DR

Dans notre exemple


dg =1/2x[331/(628+331+45)]x100 + 3 x [45/(628+331+45)] x 100 (UR)
dg = 29,7 UR
REMARQUES
- Le calcul de la distance à partir des recombinés de la descendance de spores en vrac était de 20,9
UR ; dans ce cas il n'a pas évidemment été possible d'effectuer une correction. On a donc une sous
estimation qui est dans cet exemple de 9 UR ce qui représente presque 30 % d'erreur.
- Lorsque 2 couples d'allèles sont liés, nous avons vu que les asques DR n'apparaissent qu'après que
2 crossing-over interviennent dans l'intervalle qui sépare ces 2 couples.
- fr DR = 0 cela signifiera que dans l'intervalle considéré il ne peut se produire qu'un seul crossing-
over ; dans ce cas : dg = 1/2 % TT. II en ressort que les fréquences des DR et des TT seront d'autant
plus faibles que les 2 couples d'allèles seront rapprochés.
- si les 2 couples d'allèles sont éloignés et que des crossing-over multiples sont possibles, les 2
couples d’allèles subissent une ségrégation indépendante l’un de l’autre. Dans ces conditions nous
avons fr DP = fr DR. On dit dans ce cas que les 2 couples d'allèles sont physiquement liés parce que
portés par la même paire de chromosome mais indépendants génétiquement.

38
D2- Cas des organismes à tétrades ordonnées
Tout ce qui vient d'être dit à propos de 2 couples d'allèles liés chez Ascobolus immersus s'applique
chez les autres champignons ascomycètes tels que Neurospora et Sordaria chez lesquels on
distingue également des DP DR et TT. Chez ces champignons l'ordre des spores dans les asques
permettra de préciser les relations gène-centromère.
Lorsque les 2 couples d'allèles sont liés physiquement et indépendants génétiquement il apparait
que la fr DP = fr DR = 1/6 et fréquence TT = 4/6 (voir ce calcul au niveau du tableau à 36 cases
relatif à 2couples d’allèles indépendants)

D3- Cas de spores en vrac


L’analyse porte sur une population de spores récoltées à partir de tétrades ordonnées ou non
ordonnées.
Lorsque la descendance est en tétrades, on a montré que la fréquence des DP est nettement
supérieure à la fréquence des DR.
Lorsque les 2 couples d’allèles sont liés compte tenu de la composition des différents types
d’asques, on en déduit que le nombre de spores parentales est également supérieur au nombre
de spores recombinées. La distance entre les 2 couples d’allèles est donc égale au pourcentage
de spores recombinées.

D4-Exercice d’application
Exercice 5
On croise une souche à spores blanches et une souche à spores rugueuses. Dans la descendance, on obtient
90% d’asques contenant 4 spores blanches lisses et 4 spores noires et rugueuses 10% d’asques contenant 2
spores noires rugueuses, 2 spores noires lisses, 2 spores blanches rugueuses et 2 spores blanches lisses
Interpréter ce résultat. La souche sauvage a des spores noires et lisses.

Solution de l’exercice 5
- Caractères étudiés : Coloration des spores (blanche ou noire +) et Aspect des spores (rugueuse ou lisse +)
- La descendance est donnée en asques

1) Etude caractère par caractère


Caractère coloration des spores. : Dans chaque asque on a 4 spores noires et 4 spores blanches cad
une ségrégation de type 1-1 ↔ le caractère est gouverné par un couple d’allèles. Soit b+/b ce couple avec [b]
spore blanche et [b+] spore noire
Génotype partiel : b x b+
Caractère aspect des spores : Dans chaque asque on a 4 spores lisses et 4 spores rugueuses cad une
ségrégation de type 1-1 ↔ le caractère est gouverné par un couple d’allèles. Soit r+/r ce couple avec [r] spore
rugueuse et [r+] spore lisse
Génotype partiel : r+ x r
Conclusion partielle : Ce croisement met en jeu 2 couples d’allèles b+/b et r+/r. Sont-ils liés ou
indépendants ?

2) Relation entre les 2 couples d’allèles


Croisement effectué : spore blanche lisse [b r+] X spore noire rugueuse [b+ r]
Association des allèles : Associations parentales [b r+] et [b+ r]
Associations recombinées [b r] et [b+ r+]
Différents types d’asques : DP (4 [b r+] et 4 [b+ r])
DR (4 [b r] et 4 [b+ r+])
TT (2 [b r+], 2 [b+ r], 2 [b r] et 2 [b+ r+])
Relation entre les 2 couples d’allèles : DP = 90%, DR = 0% et TT = 10%
On constate que DP >> DR ↔ Les 2 couples d’allèles ne sont pas indépendants. Ils sont liés.
3) Génotype final du croisement : spore blanche lisse b r+ X b+ r spore noire rugueuse.
4) Distance génétique entre les 2 couples d’allèles
d(b+/b – r+/r) = ½ % TT + 3% DR = ½ 10% + 0 = 5% = 5 UR

39
E - Ségrégation de trois couples d’allèles
Soit 3 couples d’allèles a+/a, b+/b et c+/c impliqués dans un croisement. L’étude de la relation
génétique qui existe entre les 3 couples peut donner lieu à 4 situations possibles.
- 1ère situation : les 3 couples d’allèles sont situés sur des chromosomes différents donc
indépendants.
Schéma
- 2ème situation : 2 couples d’allèles sont liés génétiquement et indépendants du 3ème.
Schéma
- 3ème situation : Les 3 couples d’allèles sont liés physiquement et génétiquement.
Schéma
- 4ème situation : Les 3 couples d’allèles sont liés physiquement mais avec une indépendance
génétique entre les 2 couples en position extrême.
Schéma

E1- Analyse de tétrades

Si la descendance est donnée en tétrades (ou asques), après l’étude caractère par caractère, la suite
de l’analyse se fait en considérant les couples d’allèles pris 2 à 2. Ce qui ramène au chapitre sur la
ségrégation de 2 couples d’allèles (indépendants ou liés).

E2- Analyse de spores en vrac : cas du test trois point

Etude du croisement a+b+c+ x a b c

Si on appelle x le % de recombinaison (1 crossing over) entre a+/a et b+/b et


1-x le % de non recombinaison (0 crossing over) entre a+/a et b+/b
Si on appelle y le % de recombinaison (1 crossing over) entre b+/b et c+/c et
1-y le % de non recombinaison (0 crossing over) entre b+/b et c+/c
On peut envisager plusieurs évènements de méiose car la cellule diploïde qui subit la méiose est
hétérozygote abc//a+b+c+. Un tel hétérozygote produira 8 gamètes après les évènements suivants:

E2-1 Evènements de méiose et Résultats attendus

Schéma 26 : Croisement tri-factoriel (test à 3 points)

40
- Si aucun CO ne se produit entre a+/a – b+/b et entre b+/b – c+/c ; on obtient 2 gamètes de type
parental abc et a+b+c+ ;
- Si 1 CO se produit entre a+/a – b+/b et aucun CO ne se produit entre b+/b – c+/c ; on obtient 2
gamètes de type recombiné ab+c+ et a+bc
- Si aucun CO ne se produit entre a+/a – b+/b et 1 CO se produit entre b+/b – c+/c, on obtient 2
gamètes de type recombiné abc+ et a+b+c
- Si 1 CO se produit entre a+/a – b+/b et 1 CO se produit entre b+/b – c+/c on obtient 2 gamètes de
type recombiné ab+c et a+bc+

La descendance du croisement abc x a+b+c+ sera ainsi composée de 4 classes de produits. Les
résultats obtenus dans chaque cas sont présentés dans le tableau ci-dessous.
Evènement de Fréquence de Produits de Fréquence de Classe des
méiose l’évènement méiose obtenus chaque produit produits
a+b+c+ (1-x)(1-y)/2
1er évènement (1-x)(1-y) Parentale
a b c (1-x)(1-y)/2 (Classe I)
a+ b c x(1-y)/2 Simples
2ème évènement x(1-y) recombinés I
a b+c+ x(1-y)/2 (Classe II)
a+b+c y(1-x)/2 Simples
ème
3 évènement y(1-x) recombinés II
a b c+ y(1-x)/2 (Classe III)
a+b c+ xy/2 Doubles
4è évènement xy recombinés
a b+ c xy/2 (Classe IV)

On observe :
- huit phénotypes répartis en quatre classes
- dans chaque classe les phénotypes sont complémentaires et de même fréquence
- une classe est majoritaire (car résultant de 0 crossing over) c’est la classe parentale et une classe
est minoritaire (car résultant de 2 crossing over) c’est la classe des doubles recombinés.

Si ces trois points sont observés dans la descendance d’un croisement trifactoriel, alors les
trois couples d’allèles sont liés.

E2-2 : Principe de l'établissement de l'ordre des gènes


L'établissement de l'ordre des gènes est basé sur le fait que les gènes en positions extrêmes
présentent les mêmes associations d'allèles dans les classes des parentaux et des doubles
recombinés. Le marqueur médian est celui qui présente une nouvelle association chez les
doubles recombinés par rapport aux associations parentales.
Dans l'exemple, les 2 couples d'allèles a+/a et c+/c présentent les mêmes associations ac et a+c+
dans les classes I et IV. On en déduit qu'ils sont en positions extrêmes.

E2-3 : Calcul des distances génétiques


On calcule les distances entre les couples d’allèles pris 2 à 2 connaissant leur ordre.
Par définition d = % recombinaison (si l’analyse se fait au niveau des spores en vrac).
- Distance entre a+/a et b+/b
Le croisement par rapport à ces deux couples est a+b+ x a b. Les recombinés sont a+b et a b+
qu’on retrouve dans la classe des simples recombinés I et dans la classe des doubles recombinés
d’où d(a+/a - b+/b) = % simples recombinés I + % doubles recombinés
- Distance entre b+/b et c+/c
Le croisement par rapport à ces deux couples est b+c+ x b c. Les recombinés sont b+c et b c+ qu’on
retrouve dans la classe des simples recombinés II et dans la classe des doubles recombinés d’où
d(b+/b - c+/c) = % simples recombinés I + % doubles recombinés.
41
- Distance entre a+/a et c+/c
Mathématiquement, d(a+/a - c+/c) = d(a+/a - b+/b) + d(b+/b - c+/c)
Génétiquement, le croisement par rapport à ces deux couples est a+c+ x a c. Les recombinés sont
donc a+c et a c+ qu’on retrouve dans la classe des simples recombinés I et dans la classe des
simples recombinés II. Mais il faut également prendre en compte les doubles recombinés a+c+ et ac
qui sont également des recombinés (même si ils apparaissent pour ce croisement comme des
parentaux) d’où d(a+/a - c+/c) = % simples recombinés I + % simples recombinés II + 2.%
doubles recombinés.

E4- Notion d'interférence


De nombreuses expériences réalisées chez la plupart des organismes bien étudiés, ont révélé que les
crossing-over ne sont pas des événements indépendants. Lorsqu'un crossing-over se produit en un
point, très souvent, il diminue les chances d'apparition d'un second dans son voisinage : ce
phénomène est appelé l'interférence chromosomique.
Le résultat tangible de cette interférence est que le nombre de double crossing-over observés dans
un test à 3 points est inférieur à celui que l'on peut attendre compte tenu des distances génétiques et
de l'hypothèse de l'indépendance des événements de crossing-over.

Pour quantifier le degré d’interférence (I), on définit un autre paramètre appelé coefficient de
coïncidence (C). Le coefficient de coïncidence est le rapport entre la fréquence des doubles
crossing over observés et la fréquence des doubles crossing over théoriques.
Coincidence = fréq doubles crossing-over observes / fréq doubles crossing-over théoriques.
Interférence (I) + coïncidence (C) = 1
Si par exemple la probabilité de simple CO entre a et b est de 15% et la probabilité de simple CO
entre b et c est de 5%, la probabilité de double CO théorique sera 0.15 X 0.05 = 0.0075.
C = fréquence doubles CO observés / 0.0075

L’interférence est dite absolue ou totale si le coefficient de coïncidence C = 0 (I = 1). Dans ce cas,
on ne peut pas observer les doubles recombinés.
L’interférence est nulle si le coefficient de coïncidence C = 1 (I = 0). Dans ce cas, on observe
toujours les doubles recombinés.

Supposons I = 20% et C= 80%


C = 80% signifie que 80% des doubles CO seront effectivement observés.
I = 20% signifie que dans 20% des cas, les doubles CO ne seront pas observés. Ils apparaîtront sous
forme de simple CO.

L'existence de l'interférence ne modifie pas les distances génétiques puisque les loci des gènes sont
fixes. Par contre les fréquences des simples recombinés dûs à un crossing-over seront augmentées
d'autant que les fréquences des doubles recombinés et des parentaux sont diminuées.

Exemple

On considère que sur ce segment de 30 UR, l'interférence est de 40 %. Quelles sont les fréquences
des différents génotypes obtenus dans la descendance d'un croisement a+b+c+ x abc ?

L'interférence étant égale à 40 %, cela signifie que 40 % des doubles crossing-over attendus
apparaîtront sous forme de simples crossing-over. Ainsi 0,20 x 0,10 x 0,40 = 0,008 ou 0,8 % des
double crossing-over attendus, apparaîtront sous forme de simples crossing-over.
42
Comme l'interférence est égale à 40 % on en déduit que la coïncidence est égale à 1-0,40 = 0,60 ou
60 %. Cela signifie que 60 % des doubles crossing-over attendus sont observés.
Ainsi 0,20 x 0,10 x 0,60 = 0,012 ou 1,2 % de doubles crossing-over, seront observés.
Calculons les fréquences des différents génotypes de la descendance.
Doubles recombinés a+bc+ et ab+c : 0,20 x 0,10 x 0,60 = 0,012 ; a+bc+ = 0,006 ab+c = 0,006
Simples recombinés a+bc et ab+c+ : 0,20 - 0,012 = 0,188 ; a+bc = 0,094 ab+c+ = 0,094
Simples recombinés a+b+c et abc : 0,10 - 0,012 = 0,088 : a+b+c = 0,044 abc''" = 0,044
Parentaux a+b+c+ et abc : 1-(0,188 + 0,088 + 0,012) = 0,712 a+b+c+ = 0,356 abc = 0,356

Si l'interférence était nulle c'est à dire que la coïncidence était égale à 1, on aurait les fréquences
suivantes pour les différents génotypes :
Doubles recombinés a+bc+ et ab+c : 0,20 x 0,10 = 0,020 ; a+bc+ = 0,01 ab+c = 0,01
Simples recombinés a+bc et ab+c+ : 0,20 x 0,90 = 0,180; a+bc = 0,09 ab+c+ = 0,09
Simples recombinés a+b+c et abc : 0,80 x 0,10 = 0,080 : a+b+c = 0,04 abc''" = 0,04
Parentaux a+b+c+ et abc : 0,80 x 0,90 = 0,720 : a+b+c+ = 0,36 abc = 0,36
Classes I= 0 et I= 0,40 et Différence entre
C=1 C=0,60 I=0 et I=0,40
Doubles recombinés 0,020 0,012 - 0,008
a+bc+ et ab+c
Simples recombinés 0,180 0,188 + 0,008
a+bc et ab+c+
Simples recombinés 0,080 0,088 + 0,008
a+b+c et abc
Parentaux 0,720 0,712 - 0,008
a+b+c+ et abc
Lorsque l'on compare les fréquences obtenues dans les 2 cas, il apparaît que quand l'interférence
est égale à 40% les fréquences des simples recombinés augmentent d'un facteur 0,008 alors que
les doubles recombinés et les parentaux diminuent de ce même facteur. Ce facteur correspond à
la fréquence des doubles recombinés attendus qui apparaissent sous forme de simples
recombinés dûs à 1 crossing-over du fait de l'interférence de 40 % : 0,20 x 0,10 x 0,40 = 0,008.
Ainsi les fréquences des simples recombinés dûs à un crossing-over sont augmentées d'autant
que les fréquences des doubles recombinés et des parentaux sont diminuées.

E5- Notion de cartes factorielles et de groupe de liaison


La constance de la fréquence de post-réduction pour chaque couple d'allèles et la constance de la
fréquence de recombinaison entre 2 couples d'allèles liés, montrent que chaque gène occupe, sur un
chromosome, une place fixe : son locus. Ce fait permet d'ordonner les gènes les uns par rapport aux
autres et de dresser des cartes génétiques ou cartes factorielles.
Les distances sur les cartes factorielles sont mesurées par les fréquences de recombinaison.

E5-1 Groupe de liaison


On définit un groupe de liaison comme un ensemble de gènes qui apparaissent liés entre eux et
indépendants de tous les autres gènes. Le support matériel d'un groupe de liaison est un
chromosome.
Chez les organismes qui sont très étudiés et chez lesquels on connaît de nombreux gènes, le nombre
de groupes de liaison qu'on peut mettre en évidence est égal au nombre haploïde de chromosomes
caractéristique de l'espèce. Chez Neurospora crassa où n = 7 on constate l'existence de 7 groupes
de liaison. Si on réalise le croisement faisant intervenir 2 groupes de liaison, on trouve le plus
souvent une liaison sauf si deux locus sont trop éloignés l’un de l’autre. A ce moment la liaison
existe bien encore : C’est la liaison physique mais elle n’est plus décelable par les croisements
autrement dit il n’y a plus de liaison génétique.
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E5-2 - Etablissement d'une carte factorielle
Croisement bifactoriel
Supposons que nous ayons à ordonner 3 gènes A, B et C appartenant au même groupe de liaison.
Pour le faire, on réalise des croisements qui impliquent pour chacun, à la fois 2 gènes. On parle de
croisement bi factoriel. Si les croisements réalisés montrent que la distance entre A et B est de 5 UR
et que celle entre A et C est de 7 UR, il se présentera deux possibilités pour ranger les gènes.

Schéma 25: Croisement bi-factoriel

Si le croisement impliquant à la fois les gènes B et C montre qu'ils sont séparés de 12 UR on retient
l'ordre BAC. Par contre si la distance est de 2 UR on retient l'ordre ABC.
Cette méthode simple qui permet d'ordonner linéairement les gènes est basée sur l'additivité des
distances. Elle n'est valable que si les gènes sont relativement proches. Lorsque les gènes sont très
proches cette méthode ne permettra pas de les ordonner du fait des fluctuations statistiques des
distances calculées.
Lorsque les gènes sont très éloignés, les distances calculées ne seront plus additives. Elles sont
sous-estimées car les fréquences de recombinaison ne traduisent pas en totalité les remaniements
chromatidiques du fait de l'existence de crossing-over multiples.
Il ressort donc que les croisements bi-factoriels sont insuffisants pour établir sans ambiguïté l'ordre
des gènes le long du chromosome.

E6- Exercice d’application


Exercice 6 : Chez Neurospora, la souche sauvage de référence est prototrophe à spores noires et ovales. Le
croisement entre 2 souches mutantes a donné une descendance composée de :
373 spores noires ovales tyr-
362 spores blanches rondes tyr+
83 spores blanches ovales tyr+
72 spores noires rondes tyr-
57 spores noires rondes tyr +
48 spores blanches ovales tyr-
04 spores noires ovales tyr+
01 spore blanche rondes tyr-
Comment interprétez ces résultats ?

Solution de l’exercice
Ce croisement fait intervenir 3 caractères : la coloration de la spore, la forme de la spore et l'auxotrophie par
rapport à la tyrosine. L'analyse réalisée est celle des spores en vrac.

1- Analyse caractère par caractère


Pour le caractère coloration de la spore, la descendance se compose de :
[spore blanche] : 362 + 83 + 48 + 1 = 494
[spore noire] : 373 + 72 + 57 + 4 = 506
II y a autant de spores blanches que de spores noires c'est à dire une ségrégation 1-1 qui permet de conclure que ce
caractère est gouverné par un couple d'allèles b+/b.
Pour le caractère forme de la spore, la descendance se compose de :
[ovale] : 373 + 83 + 48 + 4 = 508
[ronde] : 362 +72+57+1 = 492
II y a autant de spores ovales que de spores rondes, c'est à dire une ségrégation 1-1 qui permet de conclure que ce-
caractère est gouverné par un couple d'allèles r+/r.

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Pour le caractère auxotrophie par rapport à la tyrosine, la descendance se compose de :
[tyr+] = 362 + 83 + 57 + 4 = 506
[tyr-] = 373 +72+ 48 + 1 = 494
II y a autant de spores tyr+ que de spores tyr-, c'es à dire une ségrégation 1-1 qui permet de conclure que ce
caractère est gouverné par un couple d'allèles tyr+ /tyr-

Trois couples d'allèles interviennent donc dans ce croisement. Si ces 3 couples étaient indépendants, nous aurions
eu une descendance composée de 8 types de spores ayant la même fréquence de 1/8 donc le même effectif c’est à
dire 1000 x 1/8 = 125, ce qui n’est pas le cas.

Cette descendance est composée de 4 classes sur la base des effectifs. Nous pouvons donc envisager l'hypothèse de
3 couples d'allèles liés ; dans cette hypothèse le croisement réalisé serait un test à 3 points.
Les effectifs 373 et 362 sont ceux des phénotypes de la classe des parentaux. Les effectifs 4 et 1 sont ceux des
phénotypes de la classe des doubles-recombinés.

Ordre des gènes


Déterminons l'ordre des gènes à partir de la classe des parentaux et de celle des doubles recombinés. On a:
373 b+ r+ tyr-
362 b r tyr+
04 b+ r+tyr+
01 b r tyr-
II apparaît que les 2 couples d'allèles b+/b et r+/r présentent les mêmes associations d'allèles b+r+ et br dans les 2
classes (parentaux et doubles recombinés) ; ces 2 couples d'allèles sont donc en positions extrêmes, le couple tyr
/tyr est en position médiane.
L'ordre est donc : b+/b - tyr+/tyr- - r+/r
Les 2 souches mutantes parentales sont donc : b+ tyr-r+ et b tyr+r
On a réalisé le croisement b+ tyr-r+ x b tyr+r.

Calculons les distances respectives qui séparent le 3 couples d'allèles.


Distance entre b+/b et tyr+/tyr d = [(57+48+4+1)/1000]x 100 (UR) = 11 UR
distance entre tyr+/tyr et r+/r d = [(83+72+4+1)/1000]x 100 (UR) = 16 UR
distance entre b+ /b et r+ /r d = [(57+48+83+72+2(4+1))/1000] x100 (UR) = 27 UR

Les 3 couples d'allèles sont donc liés selon la carte factorielle :

Existe-t-il une interférence chromosomique ?

On sait que :
- Coïncidence= % doubles crossing-over observés / % doubles crossing-overobservés
- Coïncidence + Interférence = 1
- Interférence = 1 - Coïncidence

Coincidence = [(4+1)/1000]/0,11 x0,16 = 28,4 %


Donc Interférence = 1 - 0,284 = 0,716
Interférence = 71 ,6 %
Ainsi 71,6 % des doubles crossing-over attendus compte tenu des distances génétiques, ne sont pas observés, ils
apparaissent sous forme de simples crossing-over

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