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LA DÉMARCHE

D’INVESTIGATION
INTRODUCTION
 L’enseignement des sciences, depuis près de vingt ans, a connu de
nombreuses réformes pour répondre aux exigences actuelles
prônant la démarche scientifique. En effet, selon André LAUGIER
(2004, p.77), « la réflexion sur les programmes qui
accompagnent ces tentatives de rénovation se caractérise par un
déplacement d’une culture des savoirs disciplinaires vers une
culture des démarches d’apprentissage ». Ce changement s’opère
au niveau de la posture de l’enseignant et de la tâche de l’élève.
Longtemps mis en place, le modèle d’enseignement transmissif où
l’enseignant expose et explique une notion scientifique, inspiré des
travaux de John LOCKE (1693), connait certaines limites.
 PatriceVENTURINI (2012, p.9) précise que «
les situations traditionnelles d’enseignement
mettent fréquemment l’accent sur la
mémorisation et l’utilisation de procédures, et
de ce fait, permettent peu au citoyen de demain
de développer les capacités (de créativité,
d’innovation, de communication, de
collaboration, d’autonomie et de pensée critique)
».
 De plus, le plan de rénovation de l’enseignement des
sciences et de la technologie à l’école (BOEN n° 23 du 15
juin 2000) affirme qu’ « au cours des dernières années, est
apparue une réelle convergence de points de vues, sur
l’esprit dans lequel devaient être conduits les
enseignements scientifiques à l’école ». Ce même bulletin
officiel stipule qu’ « un accord assez unanime s’établit
notamment autour de la nécessité de rendre plus effectif
l’enseignement des sciences et de la technologie à
l’école » (ibid.).
 (Rocard et al., 2007). Linn, Davis et Bell (2004) donnent une
définition qui est fréquemment reprise : l’investigation
comme un processus intentionnel de diagnostic des
problèmes, de critique des expériences réalisées, de
distinction entre les alternatives possibles, de planification
des recherches, de recherche d’hypothèses, de recherche
d’informations, de construction de modèles, de débat avec
des pairs et de formulation d’arguments cohérents.
À la lumière des travaux de Piaget (1975) et Vygotski
(1936), une nouvelle approche de l’enseignement, inspiré du
modèle socio-constructiviste consiste à favoriser
l’apprentissage de l’élève via l’adaptation à un milieu en lien
avec les activités de langage propre au contexte de travail.
De ce fait, par l’intermédiaire de ses tâtonnements, ses
hypothèses, ses erreurs, l’élève participe à la construction
de significations en lien avec un savoir et en comprend la
portée. Vygotski (ibid) affirme que « le seul apprentissage
valable pendant l’enfance est celui qui anticipe sur le
développement et le fait progresser »
 Les programmes d’enseignement dans le premier degré (BOEN hors-
série n°1 du 14 février 2002) mettent en avant cette volonté en incluant
la démarche d’investigation dans les programmes de sciences et
technologie. Ces derniers mettent en avant le fait qu’il est important de
développer « une démarche constructive d'investigation débouchant
sur la construction des savoir-faire, des connaissances et des repères
culturels. Les compétences et les connaissances sont construites dans
le cadre d'une méthode qui permet d'articuler questionnement sur le
monde et démarche d'investigation. Les connaissances proposées sont
d’autant mieux assimilées qu’elles sont nées de questions qui se sont
posées à l’occasion de manipulations, d’observations et de mesures
».
 Les programmes de 2008 (BOEN n°3 du 19 juin 2008, p.24)
précise les liens entre démarche d’investigation et activité
scientifique : « Observation, questionnement,
expérimentation et argumentation pratiqués, par
exemple, selon l'esprit de la Main à la pâte sont essentiels
pour atteindre ces buts (comprendre et décrire le monde réel,
distinguer faits et hypothèses vérifiables d’une part, opinions
et croyances d’autre part) ; c'est pourquoi les connaissances
et les compétences sont acquises dans le cadre d'une
démarche d'investigation qui développe la curiosité, la
créativité, l'esprit critique et l'intérêt pour le progrès
scientifique et technique ».
 Selon ces instructions, l’enseignant doit proposer des
situations d’apprentissage permettant à l’élève de se
questionner sur un problème et d’essayer de le résoudre
en passant si possible par une démarche de preuve
mettant en jeu un protocole expérimental. Bernard
Calmettes (2009, p.139/140) fait référence aux sept points
développés pour la démarche d’investigation dans les
programmes officiels du collège (BOEN spécial n°6 du 28
août 2008, p.4).
 Cessept points de repères sont : Le choix d’une situation
problème par le professeur des écoles L’appropriation du
problème par les élèves La formulation de conjectures,
d’hypothèses et de protocoles possibles L’investigation ou
la résolution du problème conduite par les élèves
L’échange argumenté autour des propositions élaborées
L’acquisition et la structuration des connaissances
L’opérationnalisation des connaissances.
 la posture privilégiée par certains auteurs (Astolfi et Develey, 2002;
Hasni et Roy, 2006; Lenoir, 2006) selon laquelle les démarches à
caractère scientifique doivent occuper une place importante dans la
construction des savoirs. Comme le souligne Lenoir (2006) : « ces
démarches à caractère scientifique sont au cœur des processus
intégrateurs des savoirs » (p. 20). Il s’avère pertinent d’étudier ce
type de démarche ou de méthode d’enseignement qui possède un
potentiel à la fois de susciter l’intérêt des élèves sans négliger
l’aspect crucial de la conceptualisation en S&T. Hasni et Roy (2006)
soutiennent l’importance de recourir à des démarches de
conceptualisation qui permettent à l’élève de s’approprier les savoirs
scientifiques visés.
 Le recours à ces dernières doit « faire appel à une implication active
des élèves dans la problématisation scientifique et dans le choix et
la mise en œuvre des stratégies nécessaires à l’étude des
problématiques retenues » (p. 155) ce que vise, en partie, la démarche
d’investigation scientifique.
 Ces résultats rejoignent également ceux de la métaanalyse réalisée par
Schroeder, Scott, Tolson, Huang et Lee (2007) qui montrent que les
stratégies d’enseignement basées sur l’investigation dans lesquelles les
élèves sont amenés à répondre à des questions de recherche en
analysant des données recueillies tout en étant guidés par l’enseignant
ont une influence positive statistiquement significative sur la réussite
des élèves en sciences.
 Dans le programme québécois de S&T, la démarche
d’investigation scientifique se retrouve au cœur d’une des
compétences disciplinaires à développer chez les élèves du
secondaire (Gouvernement du Québec, 2003) soit la compétence
1 : Chercher des réponses ou des solutions à des problèmes d’ordre
scientifique ou technologique. En effet : La première compétence
met l’accent sur la dimension méthodologique. Elle est axée sur
l’appropriation de concepts et de stratégies à l’aide des
démarches d’investigation et de conception qui caractérisent
respectivement le travail du scientifique et celui du
technologue. Par démarches d’investigation, en science, on
entend non seulement la démarche expérimentale, mais aussi
l’exploration et l’observation sur le terrain, les sondages, les
enquêtes, etc. (Gouvernement du Québec, 2003, p. 268).
COMPOSANTES D'UNE DÉMARCHE D'INVESTIGATION
SCIENTIFIQUE (GOUVERNEMENT DU QUÉBEC, 2003)
COMPOSANTE DE LA DÉMARCHE DESCRIPTION

 a) Cerner un problème : Les élèves sont amenés à analyser des mises


en situation appropriées et à identifier des caractéristiques
scientifiques pertinentes afin de formuler des problèmes et des
questions de recherches pertinentes b) Choisir un scénario
d’investigation Les élèves sont amenés à envisager les différents
scénarios, choisir les plus appropriés (en considérant, entre autres, la
disponibilité du matériel et du temps, les connaissances acquises, les
contraintes de différents ordres, etc.) et les justifier. Ils pourraient être
amenés à planifier leur démarche, comme de proposer par exemple un
protocole qui exige le contrôle des variables
 c)Concrétiser sa démarche : Les élèves sont amenés à
suivre les étapes de la planification du scénario
d’investigation et ajuster, au besoin, certaines étapes de la
démarche, comme le protocole ou les modalités de recueil et
d’analyse des données. d) Analyser ses résultats ou sa
solution : Les élèves sont amenés à analyser et interpréter
les résultats obtenus et formuler des énoncés scientifiques et
de nouvelles questions.
DÉFINITION
 Investigation n.f. (lat. investigatio,-onis). Recherche attentive et
suivie […]
Définition du Grand Larousse Universel

 Les démarches d’investigation s’appuient sur les théories


constructivistes de l’apprentissage, en ce qu’elles fonctionnent sur le
même mode que le développement de l’enfant. Il en résulte que la
démarche d’investigation peut favoriser l’appropriation de savoirs y
compris lorsque cela implique le dépassement d’un obstacle
épistémologique. Selon les théories constructivistes les démarches
descriptives ne devraient pas permettre un tel dépassement.

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