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Histoire de la recherche-action.
De nombreuses démarches empiriques au cours de l'histoire des sciences peuvent trouver une
certaine analogie avec la démarche de recherche-action, avec par exemple Henri Fayol qui (en 1900)
essaie de rationaliser l'organisation de l'administration sur la bases de données scientifiques et
d'expérimentation méthodiques (qui relèvent de ce qu'on désigne aujourd'hui comme les sciences de
gestion)[1].
Néanmoins, on fait généralement débuter l'émergence de ce paradigme aux travaux du psychologue
germano-américain Kurt Lewin qui utilisa le premier le terme « recherche-action » (action research), en
1944, pour décrire ses propres recherches entamées 10 ans auparavant sur les minorités (notamment
les migrants juifs ayant fui le nazisme, dont il fait partie)[2]. Ayant à cœur, en tant que chercheur en
sciences sociales, de faire en sorte que ses connaissances sur les obstacles et les ressources de la
dynamique des groupes, puissent servir concrètement à l'amélioration du sort des groupes dominés de
la société, il aboutit à cette formalisation de la recherche-action [3] : une « recherche comparative sur les
conditions et effets de différentes formes d'action sociale et de recherche menant à l'action sociale » à
travers une « série d'étapes constituées chacune d'un cycle de planification, action et évaluation (fact-
finding) des résultats de l'action ».
Au cours des années 1960, la remise en cause des institutions non seulement sociales et politiques
mais aussi académiques et scientifique, alimentée par des courants de pensées comme
le postmodernisme ou la théorie critique, inscrit la recherche-action dans des voies très variées par
lesquelles les savoirs de l'homme sortent de leur enceinte institutionnelle (du soin, de l'éducation, de
l'organisation, de la recherche) pour dynamiser le changement social.
Et au cours des années 1970, cette démarche croise celle de la recherche de l'émancipation et de
l'autonomie , l'empowerment (le pouvoir-faire, dans la tradition communautaire anglo-saxonne) qui
devient un thème politique mobilisateur.
La recherche-action en milieu urbain : la ville est-elle soluble dans les sciences sociales ?
Dans une première acception du terme, la « recherche-action » est essentiellement liée au
développement du phénomène urbain quand celui-ci s'accompagnerait d'une exacerbation des clivages
sociaux. Tant qu'on est face à ce contexte émergent, elle peut être un outil d'une sociologie naissante
(ce fut le cas le cas aux États-Unis avec la première École de Chicago). Plus généralement, c'est, si l'on
veut, une altération de l'enquête sociale (au sens administratif) versus militantisme. Ainsi, les démarches
de recherche-action puisent simultanément leurs techniques dans les méthodes d'investigation des
sciences sociales et dans les pratiques de formation des adultes telles qu'elles se sont développées dans
certains champs de l'éducation populaire et du perfectionnement des cadres.
D'autre part du côté d'une démarche d'expérimentation sociale et politique qui « éprouve » une
situation plutôt qu'elle ne l'explore, à l'occasion de la mise en action de projets ou d'initiatives avec les
acteurs concernés, dans des situations qui les impliquent personnellement et socialement (par exemple
la « sociologie contributive » de Pascal Nicolas-Le Strat, 2013 ou le « laboratoire social » d'Hugues
Bazin).
Enfin, pilotée par Asmae ASBL. sous le nom de « Recherche Action Participative » (RAP), une
méthode permet à tous groupes, d’enfants, de jeunes ou d’adultes, de se prendre en main à travers une
action décidée ensemble. Ceci ne peut se faire qu'après une recherche et une analyse de
l’environnement. L’animateur chargé d’accompagner un groupe laisse une totale liberté d’initiative à
celui-ci, il n’est là que pour « faciliter » la démarche entreprise par le groupe. Nous appellerons donc
l'animateur, un facilitateur.
Cette méthode de « Recherche Action Participative », découverte par Asmae ASBL. en 1993, permet
la création d'un Réseau International RAP. Ce réseau permet de restituer le contenu d'une recherche-
action pour permettre à d'autres personnes de profiter de l'expérience pour trouver des solutions à des
problèmes similaires.
Jessy Cormont du courant de l'action-recherche matérialiste fondé par Saïd Bouamama, indique que « la
méthode d’action-recherche part de l’action (du réel et de ses besoins), pour remonter vers un travail
d’analyse et d’élaboration théorique à visée pratique, pour revenir à l’action