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Ecole Supérieure des Travaux Publics de Ouagadougou

Cours de SOCIOLOGIE
URBAINE ET
ORGANISATION DE
L’ESPACE
(Master1)

Dr. Ali SANGARE


Maître de recherche en sociologie urbaine

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SOCIOLOGIE URBAINE

PLAN DU COURS
REFERENCES BIBLIOGRAPIQUES…………………………………………………………………………………………………....2

1ère partie : AUX ORIGINES DE LA SOCIOLOGIE ............................................................................... 3


INTRODUCTION ............................................................................................................................ 3
I. PRESENTATION DE LA SOCIOLOGIE ......................................................................................... 3
II. LA SOCIOLOGIE URBAINE…………………………..……………………………………………………………………………………4

2ème partie: L'HABITAT URBAIN ET SA STRUCTURATION………………...................................................5

I. NOTIONS D’HABITAT ET D’HABITATAION… .............................................................................. 5

II. HABITAT ET MODES D’HABITER CONTEMPORAINS…….………………… .………………………………………..6

III. UNE CATEGORIE SPATIALE SPECIFIQUE:LE QUARTIER…………………………………………………………..……..7


1. Le quartier traditionnel ......................................................................................................... 7
2. Le quartier loti…………………………………….…………………………………………………………………………….……8
3. Le quartier d'habitat spontané………………………………………………………………………………………………..……..9

IV. LA STRUCTURATION DE L'ESPACE URBAIN: LE CAS DE OUAGADOUGOU…………………………….………12


1. Les quartiers centraux et leurs alentours……………………………………….……………..……………………………12
2. Les quartiers péricentraux….………………..………………………………………………………………………….……….13
3. Les quartiers périphériques…………..………………………………………………………………………………………………13
4. Des espaces urbains spécifiques…………………………………………………………………………………………………..14

3ème partie : DES NOTIONS EN AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET EN PLANIFICATION URBAINE .. 14


1. La notion d’aménagement du territoire.. .................................................................................. 14
2. Revue de quelques notions d'aménagement et d'urbanisme……………………………………………………….16
3. La notion de planification urbaine...…….………………..……………………………………………………………………..17
4. Parcours de quelques notions en planification urbaine et aménagement du territoire….….19

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

BLACHERE Georges, -Savoir bâtir, 1974, Edition Seuil (Paris)

BOUDON Raymond- Les méthodes en sociologie, 1993-Collection que sais-je ? (Paris)

CAPLON T. - L’enquête sociologique, 1970-Edition Plon (Paris)

DEFFONTAINES Paul - L’homme et sa maison, 1972-Edition Gallimard, (Paris).

FIJALKOW, Yankel Sociologie de la ville, 2002, Paris : La Découverte, collection


« Repères ».

GRAFMEYER Yves et Joseph Isaac, -L’école de Chicago, Champ urbain (Paris), 1979,
334 pages

LEDRUT Raymond, -Sociologie urbaine, Presse universitaire de France, (Paris), 1968,


220 pages

PARK, R. (1984 [1929]). "La ville comme laboratoire social." p. 167-183 in L'école de
Chicago. Naissance de l'écologie urbaine, sous la direction de GRAFMEYER, Y. et
JOSEPH, I. Paris: Aubier.

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1ère partie : AUX ORIGINES DE LA SOCIOLOGIE

INTRODUCTION

La sociologie, comme ensemble de connaissances systématisées, est une science récente.


Le terme “sociologie” apparait dans la première moitié du XIX ème siècle. Il est créé par
Auguste COMTE pour désigner la science des phénomènes sociaux : une science des lois
qui, à l’image des lois de la nature mises en évidence par les sciences physiques,
naturelles et mathématiques, régissent la société humaine. COMTE utilise l’expression
“physique sociale” pour souligner le caractère scientifique de la nouvelle discipline.

En tant que discipline universitaire, la sociologie n’est reconnue qu’à partir de l’année 1890.

En France, Emile DURKHEIM commence alors à enseigner la sociologie dans les universités
de Bordeaux et de Paris et fonde la première véritable école de pensée sociologique.

En Allemagne, en 1907, la sociologie est officiellement reconnue comme discipline


universitaire grâce aux efforts de Max WEBER.

Aux Etats Unis, le premier département de sociologie est créé à l’Université de Chicago. La
sociologie s’y développe avec une claire vocation appliquée et orientée vers la
recherche de solutions aux problèmes de sociétés dus au capitalisme à outrance et au
phénomène d’industrialisation. On assiste alors à la naissance de l’école de Chicago et à
l’analyse des interdépendances et des inter relations entre les individus et leurs milieux. Ainsi,
les enquêtes empiriques se développent et les premiers manuels systématiques de
sociologie sont publiés dès le début du XXème siècle.

Dans la seconde moitié du XXème siècle, la sociologie s’oriente vers l’étude de nouveaux
objets. Elle trouve des domaines d’application de plus en plus institutionnalisés comme
les sondages d’opinions, les études de marchés et les études axées sur l’intégration et
l’insertion sociologique. Les compétences des sociologues trouvent des débouchés dans
plusieurs domaines. On peut citer en dehors de la recherche académique, le monde de
l’entreprise (gestion des ressources humaines, marketing social). En raison de la diversité
des domaines, des méthodes et des cadres conceptuels, la discipline sociologique devient
un savoir hétérogène et une profession diversifiée.

I. PRESENTATION DE LA SOCIOLOGIE

La sociologie se situe dans le champ des sciences sociales ou humaines qui, comme
l’anthropologie, la psychologie, l’histoire ou la philosophie, étudient les comportements
humains individuels et collectifs ainsi que les interrelations entre les individus et les groupes.
Par-delà la diversité de ses objets et des questionnements qui la guident, la sociologie peut se
définir comme une démarche d’analyse scientifique du social. En tant que science, la
sociologie se caractérise par une aspiration à l’objectivité, et par la mise à l’écart des
jugements de valeur sur les objets qu’elle se donne.

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La sociologie est l'étude de la vie sociale. Elle est d'abord une activité pratique et concrète.
Elle nous parle du monde réel, de notre monde et cherche à nous l'expliquer ou à nous le faire
comprendre. Nous pouvons étudier le fonctionnement d'un groupe social, d'une entreprise, des
phénomènes sociaux tels que la montée du grand banditisme, la délinquance juvénile, des
pratiques socioculturelles et traditionnelles comme l’excision, les processus d'intégration des
migrants ou encore le phénomène de l’incivisme. Autant de phénomènes concrets qui sont,
pour la plupart, autant de problèmes dans nos sociétés. Les recherches sociologiques
s’appuient sur une méthodologie empirique. Elles reposent sur une observation méthodique de
faits sociaux, recueillis par des questionnaires, des entretiens, des sondages ou des animations
de groupe (focus group).

L’inscription de la sociologie dans le domaine des sciences implique ainsi le recours à des
méthodes systématiques d’investigation empirique. On distingue deux grands types de
méthodes, qui correspondent aux deux grands types de données précédemment décrits : les
méthodes quantitatives et les méthodes qualitatives. Le questionnaire est la principale
méthode de collecte des données dans une perspective quantitative. Du côté des méthodes
qualitatives, les principales méthodes utilisées sont l’entretien, le focus group et l’observation.
On parle souvent de façon générique d’ « enquête de terrain » pour désigner l’usage de ces
méthodes qualitatives. Souvent présentées comme antagoniques, méthodes quantitatives et
méthodes qualitatives sont en réalité complémentaires dans le travail de recherche. Elles
permettent de produire des types de données différents, et de répondre à des questions
différentes : mise en relation de données chiffrées à un niveau macro en vue d’expliquer des
faits et phénomènes sociaux d’un côté, compréhension plus fine des pratiques, des processus,
des trajectoires et des représentations des acteurs de l’autre.

II. LA SOCIOLOGIE URBAINE

La sociologie urbaine est axée sur la ville, son organisation existante, son évolution, ses
relations avec son environnement immédiat. Elle est une branche de la sociologie générale
centrée sur la dimension proprement urbaine des divers aspects de la vie sociale et les formes
de transformations et d'aménagement des villes.

La sociologie urbaine porte sur deux (2) types d’études : l’étude de la morphologie sociale et
l’étude la morphologie urbaine.

L'étude de la morphologie sociale explique que toute société se conforme à son espace (les
études de Marcel Mauss et Maurice Halbwachs). Les études urbaines dans le cadre de la
morphologie sociale concentrent leurs analyses des formes sociales sur la distribution des
classes et catégories sociales, des groupes sociaux au sein des espaces urbains, en accordant
une attention particulière aux coutumes, aux habitudes, aux faits culturels; Rapportées au
territoire où se déploie toute société, elles mettent en évidence une spatialisation de la
segmentation sociale dans lesquelles les différentes catégories de population et d'activités
correspondent à des types particuliers de quartiers (quartier résidentiel, quartier central,
quartier irrégulier, quartier chic, quartiers commerçant, quartier universitaire, etc…).

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L'étude de la seconde, celle des formes de la ville avec son habitat, et en général tous ses
aménagements, s'appelle morphologie urbaine. L'étude de la morphologie urbaine peut être
faite à toutes les échelles depuis les formes d'habitations (architecture, décor, plan…) et plus
généralement d'immeubles (maisons, grands ensembles, équipements publics tels que mairies,
gares, hôtels, églises, etc..) jusqu'aux formes complètes des villes (avec l'articulation des
quartiers, des rues, des places, des carrefours, des monuments, de la campagne environnante,
des liaisons avec d'autres villes, etc.). La morphologie urbaine est aussi bien étudiée en
sociologie urbaine qu'en géographie urbaine : elle porte sur les modèles urbains matériels et
symboliques, sur les différentes échelles et les différentes formes du bâti et du cadastre, et
plus généralement sur tout ce qui fait la culture matérielle de la ville.

La connaissance de la réalité des interactions entre une morphologie sociale et une


morphologie urbaine permet d'une part de favoriser la vie sociale dans les villes existantes et
futures, d'autre part de mieux concevoir les nouveaux ensembles urbains ou architecturaux.
De telles recherches sont à la fois descriptives et programmatiques.

Par ailleurs, on appelle aussi sociologie urbaine des enquêtes sociales empiriques qui portent
sur des populations établies sur des territoires urbanisés particuliers ; des enquêtes qui
abordent ces populations par les problèmes (phénomènes sociaux) qu'elles posent, ceci afin
de mieux les décrire et les comprendre.

2ème partie : L’HABITAT URBAIN ET SA STRUCTURATION


Cette partie consiste à montrer comment l’espace habité a été conçu et occupé par l’homme
et la société, mais aussi quels sont les modes d’habiter et les catégories d’espace urbains
contemporains.

I. NOTIONS D’HABITAT ET D’HABITATION

L’habitat humain est le mode d’occupation de l’espace par l’homme, en ce sens tout ce dont
l’homme a besoin pour son bien-être. Mais l’acception généralisée est le milieu dans lequel
l’homme évolue.

Quant à l’habitation, c’est un ensemble de logement individuel ou collectif, en location ou en


propriété, délimitée (par exemple par un mur) et possédant une ou plusieurs entrées et ses
usages sont d’ordre privé. La surface de l’habitation n’est pas seule identifiée à l’habitat. Mon
habitat est extensible au gré de mes humeurs, de mes relations de voisinage, de ma géographie
affective, tout comme il peut se rétrécir, si moi-même je me replie sur moi, ne veux rencontrer
personne, m’enferme dans mon appartement.

Ainsi, l’habitat, dans le sens commun, comprend l’habitation et tous les itinéraires du
quotidien urbain.

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II. HABITAT ET MODES D’HABITER CONTEMPORAINS

L’habitat est situé à l’interface entre sphère publique et sphère privée, constitue un espace,
support essentiel à la construction de l’identité individuelle et à celle d’une vie en société. Les
projets architecturaux et urbanistiques contemporains, et surtout les pratiques des habitants
tiennent compte de cette délimitation de l’habitat.

Les types d’habitat particuliers tels que l’habitat traditionnel, les grands ensembles (HLM),
les bidonvilles, les banlieues pavillonnaires, les quartiers chics résidentiels avec les différentes
formes de villas sont entre autres les types d’habitat et les modes d’habiter anciens et
contemporains. L’accroissement démographique, l’accroissement des mobilités et les
aspirations individuelles et collectives qui les génèrent, le sentiment d’insécurité qui s’étend
(en remodelant l’habitation et son environnement), ainsi que l’évolution des modes de vie
contribuent à la transformation de l’habitat et aux mutations sociétales contemporaines. Ces
facteurs concourent à faire évoluer les modes de conception et d’usage des logements et des
espaces bâtis.

De plus en plus, les habitants vivent dans des résidences fermées dans des formes d’habitat
individuel, parfois collectif du fait du déficit de logement (aspiration aujourd’hui prise en
compte et prônée par les urbanistes). Les résidents adoptent des comportements et des
discours qui traduisent des caractéristiques de nos sociétés contemporaines.

La demande de plus en plus forte de dispositifs de sécurité manifeste une peur liée à
l’introduction de personnes étrangères au quartier ou au logement, ce qui est le signe d’une
volonté de protection d’une certaine intimité. La préoccupation sécuritaire n’est pas seulement
l’apanage d’une classe et ne se traduit pas uniquement par la création de quartiers
physiquement fermés (les gated communities). Elle porte également l’aspiration à vivre dans
des quartiers résidentiels. Ce qui présente une nouvelle structuration du quartier, des parcelles
d’habitation qui engendre un marquage clair entre l’espace privé et l’espace public.
L’objectif est de créer ou recréer un sentiment d’appartenance à la résidence et de limiter
l’intrusion de non-résidents, éléments supposés être le gage d’une tranquillité retrouvée.

La propriété immobilière apparait également pour les ménages comme un gage de sécurité.
En effet, être propriétaire induit une certaine perception de l’espace urbain et du bien
immobilier. Dans le quartier, cette vision se traduit parfois par une crainte des propriétaires
immobiliers envers la montée du banditisme et de la criminalité et envers leurs voisins
locataires, qu’ils supposent être des usagers moins respectueux de leurs logements et de leur
cadre de vie.

Mais une autre volonté est celle de resserrer les liens entre habitants d’un même quartier,
d’un même environnement ; ce qui est censée favoriser ce que l’on pourrait appeler le
sentiment d’appartenance à un groupe, et l’émergence d’une dynamique collective d’activités

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partagées : c’est la culture urbaine au nom d’une valeur partagée : le bonheur pour soi et pour
tout le monde dans un cadre qui le permet.

III. UNE CATEGORIE SPATIALE SPECIFIQUE : LE QUARTIER

Dans l’espace urbain, l’unité minimale d’organisation de la vie sociale est constituée par
l’unité de voisinage où s’organisent les rapports entre les individus et les familles. Chaque
groupement humain génère un système de vie minimale qui reflète l’image des rapports que
les individus entretiennent entre eux. Cette vision se situe d’abord dans le sillage immédiat du
voisinage, avant de s’étendre sur l’environnement spatial où s’organisent ces rapports.

Il appartient à l’aménageur et à l’urbaniste de définir cette unité de voisinage comme ils


entendent, sa taille, sa forme et les éléments qui vont en faire un centre de vie, à travers la
fourniture du terrain qui favorisera la construction des bâtis et la mise en place des
équipements et infrastructures. Ces différentes unités de voisinage doivent nécessairement se
relier pour permettre une vie collective urbaine. L’extension des relations d’unité de voisinage
donne l’image de réseaux sociaux modernes. Si l’unité de voisinage constitue le centre le plus
réduit de la vie sociale, elle assure également les principales fonctions urbaines notamment en
matière de sociabilité et de circulation de réseaux sociaux divers.

A. Les types de quartiers urbains

De façon générale, il existe dans les centres urbains à travers le monde, trois (3) types
d’espace urbain : le quartier traditionnel, le quartier loti et le quartier d’habitat spontané.

1. Le quartier traditionnel

Ce sont des lieux où réside depuis longtemps une population dont les dispositions socio-
spatiales ne rentrent pas dans le cadre des règlementations urbanistiques. Dans les pays
colonisés, cette situation est souvent due aux alliances contractées avec le colonisateur qui
leur a permis de conserver totalement ou partiellement les droits fonciers, d’organiser l’espace
en fonction des us et coutumes et de produire des paysages urbains peu conformes à
l’esthétique hygiéniste et géométrique occidentale.

Dans le cas des pays africains, cet espace est caractérisé par son absence d’assainissement,
des rues tortueuses et par son marquage social et religieux. Tout cela a souvent justifié la
référence de ce type de quartier au modèle villageois. Pourtant, la population de ce quartier
qui correspond souvent aux anciens noyaux d’urbanisation appartient à part entière à
l’économie urbaine.

Quant à la structure de l’espace, si elle est marquée par certaines alliances familiales, sa
représentation renvoie à la valeur du capital foncier ; par exemple, certains anciens occupants,
du fait de leur attachement à ces quartiers, possédant de grandes parcelles refusent souvent de
les vendre afin de contrôler et préserver l’assise foncière traditionnelle.

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Mais ces quartiers anciens aux trames irrégulières seront, surtout dans le cas des pays
africains, peu à peu restructurés par les pouvoirs publics.

De toutes manières, si ces noyaux anciens souvent situés au centre-ville sont amenés à
disparaitre, ils sont remplacés par d’autres noyaux villageois situés dans les périphéries et
reproduits par ces mêmes habitants qui vont faire valoir leur droit foncier et bénéficier de
l’urbanisation. Mais du fait de la modernisation de ces quartiers, beaucoup d’habitants de ces
nouveaux espaces urbains ne s’y retrouvent plus et préfèrent rejoindre les campagnes d’où ils
sont originaires et où des liens avaient été établis de par le passé. Cependant, ces quartiers,
après leur restructuration, gardent parfois une certaine matérialité à travers leur appellation
ancienne. Dans le cas du Burkina Faso, certains de ces quartiers, au-delà du nom, conservent
une certaine emprise socio-politique (la chefferie coutumière) qui ne peut cependant pas avoir
la même importance qu’auparavant.

2. Le quartier loti

Comme son nom l’indique, c’est un quartier qui résulte d’une opération de lotissement (ou
d’un aménagement quelconque), laquelle constitue dans les villes africaines notamment
francophones, le principal outil opérationnel des politiques urbanistiques. Le nouvel espace
accueille ainsi les nouveaux citadins afin d’éviter qu’il ne soit occupé selon d’autres modalités
(de manière traditionnelle ou anarchique). Ce qui nous indique que la ville a toujours été
peuplée de population hétérogène.

Cette procédure d’aménagement qu’est le lotissement instaurée dans les villes africaines par
la colonisation et restée en vigueur est une des raisons de la monotonie des paysages urbains
ou du moins des plans d’urbanisme composés essentiellement de grilles orthogonales de rues
enserrant des carrés subdivisés en parcelles.

Le volontarisme de ce type d’intervention n’a pas seulement modelé l’espace urbain, il a aussi
bouleversé les modes d’occupation traditionnelle des sols et de ce fait les modes de
peuplement. L’état a voulu se substituer aux groupes sociaux comme agent de la gestion de
l’espace urbain. Aussi, l’hétérogénéité sociale est une caractéristique de ces quartiers, même
si le noyau le plus ancien des habitants du quartier loti lui confère une certaine tonalité
dominante.

La population d’un quartier loti n’est donc pas liée à une communauté particulière. Les
réseaux de relations sont divers. L’intervention de l’Etat va bouleverser le mode de gestion de
l’espace par les habitants. En effet, à la suite de l’aménagement urbain, la population urbaine
bénéficient d’un statut foncier légal qui les met à l’abri d’opérations de déguerpissement mais
les obligent à respecter certaines règlementations urbanistiques en matière de construction par
exemple l’alignement des bâtiments le long des voiries ou l’impossibilité d’étendre l’emprise
spatiale d’un groupe familial, comme c’est le cas en milieu rural. La communauté de quartier
est en ce moment une communauté de proximité et non une communauté de fraternité ou de
parenté. Elle n’a donc plus rien de spécifique.

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C’est là une caractéristique essentielle de tout établissement humain d’habitants concentrés


(habitat urbain). Les opérations d’organisation et d’aménagement urbain sont des modèles
d’urbanisme, mais de plus en plus, l’Etat n’a pas les moyens financiers d’engager ces types
d’opération couteuse.

Les quartiers lotis bénéficiant d’équipements et d’infrastructures sont concentrés dans les
centres des villes et dans les quartiers résidentiels, mais beaucoup moins dans les marges
urbaines. Ce qui conduit à opposer le centre à la périphérie non aménagée sans aucun
équipement et infrastructure de qualité.

3. Le quartier d’habitat spontané

S’il existe ce type de quartier ailleurs dans le monde, comme au Brésil (les favelas), il se
trouve particulièrement en Afrique notamment dans les périphéries urbaines. Le quartier
d’habitat spontané est aussi appelé quartier irrégulier selon le langage des urbanistes. Si les
quartiers traditionnels et les quartiers lotis constituent des figures anciennes de l’urbanisme
des villes anciennes, le quartier spontané est de création relativement récente, lié à la
croissance démographique et urbaine. Cette croissance démographique et urbaine,
généralement due aux migrations et à l’augmentation des naissances caractérise l’ensemble
des pays africains. Les populations démunies, du fait de leurs faibles moyens financiers, ne
peuvent pas bénéficier de lots au centre-ville ; ils se sentent alors obligés d’aller dans les
marges urbaines ; tel est le mode principal de peuplement des quartiers périphériques où
résident aussi des citadins déjà installés dans la ville et qui sont venus pour disposer d’autres
parcelles supplémentaires en sus de ce qu’ils possèdent dans le quartier lotis ; ce qui a
favorisé le phénomène de spéculation foncière.

Ce type d’urbanisation qui n’est pas mené par le pouvoir public d’où sa qualification abusive
de « spontané » n’en obéit pas moins à certaines modalités qui font intervenir des acteurs bien
précis et dont profitent certains groupes sociaux particuliers : chefs coutumiers ou
propriétaires terriens s’arrogeant la gestion et la distribution de ce sol, et qui réinvestissent
une part de leur revenu dans l’achat illégal des terres, ensuite revendues aux futures habitants
ou dans le but de pouvoir en bénéficier dans le cadre d’un lotissement de la zone. Plusieurs
études de cas ont permis de mettre en évidence des liens qui unissent ces intermédiaires (chefs
traditionnels, notables…) dans la gestion du sol avec des pouvoirs publics indirectement
présent dans ce mode d’urbanisation. Cette occupation illégale du sol fait poser le risque de
déguerpissement contre lequel les habitants tentent de se prémunir de différentes manières :
passe-droit, construction en durs, construction le long des grandes voies…

Les quartiers spontanés représentent l’élément dynamique de l’urbanisation aujourd’hui dans


la plupart des pays d’Afrique. Leur originalité est à la fois dans leur statut, leur aspect et leur
rapidité de croissance. Ils constituent de plus en plus le principal mode de développement
spatial de la ville et se distinguent en deux types de traitement :

 Ceux qui, laissés à la libre initiative des habitants et des spéculateurs, risquent de
devenir des bidonvilles et peuvent être à long terme détruits ;

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 Ceux qui, restructurés par un minimum d’infrastructures (notamment les réseaux


d’adduction d’eau potable et la voirie), par quelques équipements et dont les habitants
acquièrent une parcelle seront tôt ou tard légalisés (lotis).

Ces quartiers ne s’apparentent pas aux quartiers lotis car ils restent particulièrement sous
équipés : voirie sommaire, réseaux réduits au minimum etc. Ils sont caractérisés par leur fort
peuplement. S’il y existe généralement en périphérie urbaine, il se trouve aussi parfois dans
les centres des villes.

En Afrique, les plus grands bidonvilles qui abritent plus d’un million d’habitants sont les
« townships » sud-africains, Kibera, à Nairobi et Ajungle au Nigéria. Au total, on estime que
les bidonvilles d’Afrique subsaharienne regroupaient près de 400 millions d’urbains dans les
années 2000 et on pense que ce chiffre pourrait doubler tous les quinze (15) ans, si les
politiques ne prennent pas sérieusement conscience du phénomène.

Des quartiers entiers sont ainsi occupés en marge de toute législation officielle et des
règlements d’urbanisme. Les résidents sont passibles à tout moment d’expulsion ou de
déplacement de la ville intramuros vers des sites non constructibles hors de la ville. Ces
populations sont exposées à diverses formes d’insécurité, notamment au niveau de la
pauvreté, de l’emploi, de la santé, de l’alimentation, et des risques personnels et
environnementaux. Elles sont confrontées au déguerpissement qui ne les incite pas à investir
dans l’amélioration de leur habitat, puisqu’ils n’ont aucune garantie de rester sur place. En
conséquence, ce sont des conditions de survie qui se développent dans ces quartiers,
conduisant à créer un climat malsain et donc une forme de poudrière dans ces zones.

Ces quartiers, lorsqu’ils sont aménagés, s’étendent sur des espaces ruraux et agricoles en
périphérie urbaine. La situation est par exemple grave le long du Nil où l’espace agricole est
dangereusement réduit par l’extension urbaine. La plupart des pays africains s’agrandissent de
façon démesurée sur des surfaces agricoles en périphérie urbaine. Ce qui montre l’inexistence
ou la non application d’une planification urbaine qui pourrait réglementer l’occupation des
sols.

Certes, des villes comme Tunis, Casablanca, Rabat (« villes sans bidonvilles ») ont pu
éradiquer leur habitat insalubre à travers des programmes de développement urbain. Mais de
manière générale en Afrique, les agglomérations urbaines parviennent difficilement à
maîtriser leurs croissances du fait de la mauvaise gestion de l’occupation des sols et donc du
manque de sécurisation foncière en milieux urbains. Le développement des quartiers
insalubres est alors un signe révélateur des limites de la gestion urbaine. Cette urbanisation
sauvage ne se limite pas aux capitales, mais concerne de plus en plus les villes secondaires où
l’ensemble des problèmes que rencontrent les grands centres urbains commencent à se
reproduire.

B. Les principaux acteurs du monde urbain

Il existe plusieurs types d’acteurs qui participent à l’organisation et à l’aménagement de


l’espace urbain.

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D’abord, il y a les pouvoirs publics constitués de l’Etat et des autorités municipales. Ce sont
les distributeurs légaux de la terre auprès de ceux qui en font la demande. C’est à eux que
revient la charge d’organiser, d’aménager l’espace urbain et de la mettre à la disposition des
éventuels demandeurs. Leurs branches techniques constituent les services déconcentrés qui
exécutent la politique urbaine sur le terrain.

Ensuite, il y a les propriétaires terriens. D’une part, ce sont les propriétaires terriens
coutumiers, garants des traditions, qui ont le droit selon les législations en vigueur de
distribuer (donner sous forme de prêt ou de façon définitive) leur terre. D’autre part, il y a les
populations, propriétaires de grands domaines fonciers (généralement traditionnels), qui ont
souvent des liens étroits avec les élus politiques qui, souvent proviennent de cette même
catégorie sociale. Elles constituent les premiers acteurs de la formation de la ville et sont
incontournables dans son orientation. Dans les quartiers d’un grand nombre de villes de pays
africains, ces autorités possèdent un pouvoir économique et décisionnel important qui se
traduit par un certain contrôle du patrimoine foncier et par leur intervention dans les
procédures d’aménagements et d’organisations des espaces.

On a également les acteurs économiques qui achètent selon des procédures coutumières, ou
via l’immatriculation, des domaines fonciers, de taille variable ; ils négocient directement
avec les chefs de village, ou avec les « propriétaires », ont recours à des intermédiaires,
« agences immobilières » formelles ou informelles (spéculateurs), qui les aiguillent sur les
lieux où des terres sont à vendre, voire négocient pour leur compte. Ils utilisent une gamme
variée de procédures, combinant de façons variables procédures « coutumières » et officielles.
Dans une logique d’anticipation, de nombreux acteurs achètent des terres un peu éloignées, en
attendant que l’expansion urbaine en fasse des zones constructibles.

Il y a aussi ceux qui sont de la catégorie sociale nantie qui résident les zones résidentielles
dans les quartiers centraux et parfois dans les autres quartiers de la ville où ils cohabitent avec
les populations à revenus faibles ou moyens.

Il y a la catégorie sociale moyenne et qui constituent une partie de la majorité de la


population. Ils sont dans les différents types de quartiers urbains mais peuplent surtout les
quartiers récemment lotis en périphérie urbaine. Du fait du coût élevé du sol urbain, ils se
retrouvent dans ces quartiers sur des parcelles dont les coûts sont beaucoup moins chers que
ceux des quartiers centraux.

Enfin, il y a la catégorie sociale défavorisée qui constituent l’autre partie de la majorité de la


population urbaine. Constitués généralement de migrants, ils habitent surtout les quartiers non
aménagés et quelquefois les quartiers populaires.

C’est cette diversité des hommes et des quartiers qui doit être, dans le cadre d’études de la
morphologie sociale et de la morphologie urbaine, décrite et interprétée pour une meilleure
connaissance d’une ville et pour faciliter son aménagement urbain.

Conclusion sur le quartier

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En guise de conclusion sur le quartier, les aménageurs se réfèrent souvent aux formes
physiques pour différencier l’espace de la ville de celui de la campagne. Le quartier est
souvent utilisé comme unité urbanistique mais symbolise le lieu de représentation et
d’activités de groupes sociaux hétérogènes. L’observation des espaces urbains met en
évidence la présence d’une pluralité de quartiers possédant chacun leurs caractéristiques
propres.

Cependant, l’appellation d’un quartier ne rend compte bien souvent que d’une opération de
lotissement et ne signifie pas que soit attaché à cet espace des particularismes socioculturels.

La ville africaine est aujourd’hui un lieu d’hétérogénéité sociale et celle- ci se lit


particulièrement dans la répartition spatiale citadine.

Les regroupements ethniques ou claniques sont peu nombreux et s’organisent rarement au


niveau des quartiers. Mais ces regroupements qui se manifestent à l’échelle des communautés
de parenté se font parfois dans des situations sociales particulières, comme dans le cas
d’évènements les concernant. Cette échelle communautaire est celle des relations sociales
immédiates.

IV. LA STRUCTURATION DE L’ESPACE URBAIN : LE CAS DE LA VILLE DE


OUAGADOUGOU

Dans l’entité urbaine burkinabé, on peut y distinguer plusieurs parties : une opposition
fondamentale existe entre le noyau central et la zone périphérique. Mais il est tout aussi
difficile de tracer la limite de ce noyau central que les frontières extérieures de cette entité. Il
faut faire appel à des critères multiples et variés. On distingue tout de même plusieurs types
que sont :

1. Les quartiers centraux et leurs alentours

Dans la ville de Ouagadougou, le centre est situé à deux (2) niveaux principaux: en dehors du
« centre traditionnel » (les alentours du marché central) qui abritait dans les années 1980 plus
de la moitié des investissements du pays, est crée un autre de type résidentiel et d’affaires qui
est Ouaga 2000 où sont de plus en plus concentrées les grandes institutions administratives et
politiques du pays et où réside principalement une catégorie de personnes aisées. La zone
Ouaga 2000 a été créée au début des années 1990 pour désengorger le centre-ville
traditionnel, mais aussi dans le but de donner la possibilité à une certaine catégorie de la
population, notamment les plus nanties, d’investir dans la construction d’immeubles de
moyens et hauts standings et dans les activités commerciales et économiques.

Dans les espaces centraux, la nature des constructions qui sont souvent plus homogènes, plus
serrées, où le nombre d’immeubles de grands standings est plus élevé, s'impose à première
vue. Avec la politique volontariste du pouvoir révolutionnaire dans les années 1980, de

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nombreuses actions de développement urbain ont permis d’aménager le centre-ville, mais


également les quartiers périphériques illégaux qui regroupaient pour la ville de Ouagadougou,
60% de la population urbaine sur plus de 70% du territoire urbain. Cette politique a aussi
conduit à l’amélioration de l’état d’un grand nombre d’immeubles du centre-ville qui ont été
élevés en plusieurs niveaux. De plus, le vaste chantier du projet ZACA qui a démarré en 2006,
va permettre la réorganisation des fonctions de cet espace central. Il faut noter que ce projet
a entraîné la délocalisation des résidents de cinq (5) anciens quartiers, assorti de
dédommagement et de leur réinstallation sur de nouveaux sites. De nombreuses études ont
mis en exergue les conséquences fâcheuses de cette délocalisation des résidents de cet espace,
telles que la dislocation des relations de voisinage, des réseaux de solidarité tissés durant de
nombreuses décennies, les querelles au sein des familles au sujet des indemnisations…

2. Les quartiers péricentraux

Les quartiers péricentraux sont ceux qui limitent les quartiers centraux où existent des
habitations construites sur des parcelles nouvellement aménagés, chronologiquement après
celles des quartiers lotis. Les quartiers péricentraux correspondent également aux quartiers
anciennement lotis qui se retrouvent aussi au niveau central des villes. Au Burkina Faso,
Ouidi, Larlé, Gounghin, Cissin à Ouagadougou ou encore Bindougousso, Diarradougou,
Ouezzinville, à Bobo-Dioulasso sont dans cette zone. Les quartiers nouvellement aménagés
sont caractérisés par une densité particulière de l'occupation du sol. La densité de la
population de l'ensemble du noyau urbain est particulièrement forte. Ainsi, les quartiers situés
surtout dans cet espace périphérique de la ville concentrent non seulement une partie
importante de la population, de couche moyenne, et abritent généralement des habitations de
moyen et bas standing. La complexité des fonctions y atteint souvent son maximum : affaires,
petit commerce notamment informel, administration, artisanat et même industries se mêlent
en proportion variable dans cet espace.

En conséquence, la densification des activités et la concentration des investissements aussi


bien dans ces espaces que dans les espaces centraux ou résidentiels conduisent de plus en plus
à l’accroissement du coût des parcelles à vocation économique ou d’habitation dans les
quartiers périphériques aménagés. Du coup, ceux qui n’avaient pas les moyens pour y résider
ou y exercer des activités sont contraints d’aller résider dans les zones non loties en périphérie
urbaine et dans les quartiers anciens ou populaires de l’espace central.

3. Les quartiers périphériques

Les premiers occupants de ces quartiers viennent initialement des campagnes et des
petites villes proches de cet espace initialement non occupé. Mais de plus en plus, les
populations des centres urbains y résident. Il est vrai que tous ces individus s'y installent
surtout pour des raisons d’inaccessibilité au sol urbain (car habiter en ville est très cher).
Mais une bonne partie des citadins va résider dans ces espaces irréguliers, notamment
dans les zones non loties pour spéculer sur le foncier ou pour acquérir le maximum de
parcelles après les opérations de lotissement. Ainsi, la zone non lotie devient le terrain

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d’un marché foncier invisible où des titres de propriété douteux s’échangent sans que l’on ait
procédé à une viabilisation des lots. Cette pratique prend de l’ampleur surtout à l’annonce du
lotissement de la zone. Les prix des terrains flambent à cette période et même après la
régularisation de la zone.

La multiplication rapide de ces quartiers irréguliers est due d’une part à l’échec des politiques
foncières et de l’habitat et à l’incapacité du secteur privé formel 1 à répondre à la demande de
la majorité des populations démunies des centres urbains. Ce qui explique la place
aujourd’hui occupée par les filières informelles de production de terrains. D’autre part, le
développement de ces quartiers est rendu possible du fait de la forte croissance
démographique, du coût des parcelles et du loyer très élevé dans les quartiers centraux. Cela
fait comprendre que ce sont les populations à bas revenus qui sont repoussées à la limite des
villes.

4. Des espaces urbains spécifiques


En dehors des périphéries urbaines, des poches de pauvreté urbaine existent également dans
les quartiers centraux ou péricentraux où vivent certaines familles démunies. C’est dans ces
quartiers que la probabilité de pauvreté des ménages résidant dans l’espace central est la plus
forte. Ces quartiers généralement non assainis, sont anciens ou populaires, ou encore des
quartiers difficiles à construire situés surtout le long des barrages. Il peut s’agir également des
occupations illégales de certaines réserves foncières. Selon des estimations nationales,
environ 1 400 ménages habitaient dans des habitations insalubres et inondables jusqu’au
début de l’année 2009, uniquement au niveau de l’espace central. D’une façon générale, les
données du recensement général de la population et de l’habitation en 2006 (RGPH)
soulignent que près de la moitié des ménages urbains burkinabè vivaient dans des logements
précaires, c’est-à-dire réalisés avec des matériaux de construction éphémères. Les inondations
survenues en septembre 2009 et qui ont entraîné la destruction d’un grand nombre de
logements ont mis en exergue l’ampleur de cette précarité de l’habitat urbain.

3ème partie : DES NOTIONS EN AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET EN


PLANIFICATION URBAINE

1. La notion d’aménagement du territoire

L'aménagement du territoire est le nom donné à un ensemble d'actions menées par des acteurs
publics ou privés (dans le cadre de missions de service public qui leur sont confiées) qui
interviennent sur un territoire donné et façonnent son paysage.

La notion d’aménagement du territoire est composée de 2 mots : aménagement et territoire.


1
Certes aujourd’hui, de nombreux propriétaires immobiliers se sont intéressés à ce domaine du foncier par la
production et la vente de logements sociaux, mais leurs coûts ne sont pas souvent à la portée des populations
démunies.

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« Aménagement » : aménager signifie arranger, organiser, prendre en compte ce qui existe


pour l’améliorer. Selon l’encyclopédie des sciences humaines, le terme aménagement se
réfère à :

 Un ensemble d’actions concertées visant à disposer avec ordre les habitations, les
activités, les équipements et infrastructures sur l’étendue du territoire ;
 Une action volontaire impulsée par les pouvoirs publics qui suppose une planification
spatiale et une mobilisation des acteurs (population, entreprises, élus locaux,
administrations).

De plus, l’aménagement peut se réaliser à des échelles diverses : du territoire d’un pays
(d’aménagement du territoire) jusqu’à l’espace d’une ville ou d’un quartier ‘aménagement
urbain ou urbanisme) voire d’un local (aménagement d’un appartement, d’un bureau).

En fin de compte, ce qu’il faut surtout retenir, concernant l’aménagement, il évoque l’idée
d’ordre et d’efficacité, de transformation, de gestion et d’utilisation rationnelle.

Quant au terme « territoire », il désigne un espace commun partagé, construit, organisé


ou en cours d’organisation. L’homme modèle le territoire en lui donnant un aspect plus
accueillant, fixe des limites et des frontières, définit le périmètre de son pouvoir et de sa
propriété… De manière plus large, le territoire, c’est l’espace délimité sur lequel s’exerce
l’autorité d’un Etat ou d’une collectivité. Pris dans ce sens, il associe simultanément ;
l’espace géographique, les réalités économiques et sociales, les représentations culturelles
et idéologiques, les positionnements d’acteurs sociaux. Donc, le territoire est tout sauf
figé. Chaque territoire recèle par principe d’un ou de plusieurs potentiels qui ont vocation
à être mis en valeur.

L'aménagement du territoire désigne à la fois l'action d'une collectivité sur son territoire, et le
résultat de cette action. C'est l'action et la pratique de disposer avec ordre, à travers l'espace
d'un pays, et dans une vision globale et prospective, les hommes et leurs activités, les
équipements et les moyens de communication qu'ils peuvent utiliser, en prenant en compte les
contraintes naturelles, humaines et économiques, voire stratégiques.

L'aménagement du territoire se propose de substituer un nouvel ordre à l'ancien, de créer une


meilleure disposition, une meilleure répartition dans l'espace de ce qui constitue les éléments
de fonctionnement d'une société meilleure ; cela non seulement pour des fins économiques,
mais davantage pour le bien-être et l'épanouissement de la population. L'aménagement du
territoire est donc l’organisation globale de l’espace aussi bien des milieux naturels que des
milieux humanisés. De façon concrète, ses principales fonctions sont :

- Mettre en œuvre une politique d’organisation de l’habitat ;


- Sauvegarder et mettre en valeur le patrimoine bâti et non bâti ainsi que les espaces
naturels ;
- Réaliser des infrastructures et équipements collectifs ;

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- Lutter contre l’insalubrité ;


- Favoriser le développement des loisirs et du tourisme, etc.

L’aménagement urbain qui porte spécifiquement sur la ville consiste à mettre en place les
actions nécessaires à la réalisation d’un projet urbain. Il regroupe ainsi l’ensemble des actions
ayant pour objet la fourniture de terrains à bâtir, la construction de bâtiments ou le traitement
de quartiers et d'immeubles existants. La science qui applique les études et les conceptions de
l’aménagement urbain ainsi que de l’implantation des villes est l’urbanisme. Les opérations
d’aménagement et d’urbanisme sont entre autres les opérations de recomposition urbaine, de
réhabilitation, de rénovation, de restauration, de lotissement, de résorption de l’habitat
insalubre. Les professionnels de l'aménagement urbain sont entre autres les urbanistes, les
sociologues et les aménageurs.

L’urbaniste conçoit avec art un quartier, un morceau de ville et l’aménageur prend le relai
pour le réaliser. L’aménageur assemble les pleins et les vides de façon pratique, crée le
paysage du long terme, tel qu’il est dit par l’urbaniste, mesure l’instant et la durée, le coût et
l’économie. Urbanistes et aménageurs doivent ensemble offrir davantage de qualité et de sens
à la cité future dans sa conception pour les premiers, dans sa réalisation pour les seconds.
Mais tous deux travaillent en compagnie d’experts issue d’autres disciplines. Le démographe,
le géographe, le sociologue, le géotechnicien, le géomètre, le topographe, l’ingénieur,
l’architecte, etc. sont fréquemment associés à cette transformation de la cité. Le sociologue
urbaniste, par exemple, s’intéressera aux aspects d’études de faisabilité et d’études d’impact.
On le retrouve au début et à la fin de la réalisation d’ouvrage, notamment à caractère public et
communautaire.

Le bon fonctionnement des villes et la réussite d’un projet d’aménagement reposent sur la
mobilisation et la capacité des acteurs d’une collectivité urbaine à planifier son
développement de ces villes. Il est important de créer des espaces de vie harmonieux qui, dans
une perspective de développement durable, répondent aux besoins de la population.

2. Revue de quelques opérations d’aménagement et d’urbanisme

 Le lotissement est une opération d’urbanisme consistant en la division par les services
compétents, d’un terrain nu ou partiellement équipés (cas des zones non aménagées)
en plusieurs lots affectés à l’habitation et aux activités connexes (commerce,
industries, équipements publics, etc.).
 La restructuration est une opération consistant à réorganiser et à équiper une partie
aménagée ou non du tissu urbain. Elle vise à modifier une partie de la ville afin de
l’insérer dans le tissu urbain. Elle est aussi bien appliquée à des espaces d’habitation
que destinée à des activités économiques et administratives.
 La réhabilitation, c’est une opération qui consiste à améliorer l’habitat.
Techniquement, la réhabilitation peut se définir comme une amélioration significative

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de l’état d’un logement ou d’un immeuble. L’intervention sur le cadre bâti est donc
beaucoup moins radicale que dans le cas de la rénovation, puisqu’elle consiste à
aménager l’existant, et non à le remplacer par de nouvelles constructions. Le concept
suppose un respect du caractère architectural de l’espace urbain et plus
particulièrement d’un bâtiment. Il peut par exemple comporter la division d’un
immeuble en divers services, l’installation d’un ascenseur, la réfection des toitures, le
ravalement, la consolidation des façades… La réhabilitation est généralement moins
couteuse que la restauration.
 La rénovation : Au sens strict, il y a rénovation quand un nouveau bâti est édifié en
lieu et place de celui qui lui préexistait. Rénover veut dire démolir et reconstruire. Elle
peut porter ponctuellement sur un immeuble, ou toucher au contraire un large
périmètre. Toute opération d’une certaine envergure implique l’intervention des
pouvoirs publics, et notamment de la municipalité : définition des périmètres
concernés et des principes directeurs de la rénovation, agrément des opérateurs privés,
publics ou semi-publics qui la mettent en oeuvre aménagement des infrastructures,
procédures d’expulsion et de relogement, etc. Le projet ZACA, les cités AN II et AN
III sont des exemples de rénovation urbaine.
 La restauration est une opération consistant à rendre, au moyen des techniques
appropriées, leur intégrité à toutes les parties ayant perdues, d’une œuvre d’art, et en
particulier, d’un édifice ou d’un ensemble d’édifices. Il implique un retour à l’état
initial au moins des façades et des toitures. La restauration immobilière est une
opération d’aménagement consistant à sauvegarder et à mettre en valeur des
immeubles défectueux.
 Le remembrement urbain est une opération d’aménagement qui consiste, dans un
périmètre urbain donné, à regrouper des parcelles de terrain en vue de les rendre apte à
de nouveaux types de construction.
 La viabilisation consiste à rendre une voie carrossable ou un espace en état de
viabilité. La viabilisation suppose la mise en place des réseaux divers (eau, électricité,
téléphone…) et la pose de la couche de roulement sur la chaussée afin de desservir la
zone à urbaniser ou en voie d’urbanisation. Les choix technico-économiques pour
viabiliser une opération d’urbanisme doivent se fonder non seulement sur le coût mais
aussi sur la gestion, l’exploitation et l’entretien futur de l’ensemble des infrastructures.

Les dispositions communes aux opérations d’urbanisme

Les opérations d’urbanisme sont initiées conformément aux prescriptions du Schéma


Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (SDAU) et§ ou du celle du Plan d’Occupation du
Sol (POS) des localités. Pour les opérations d’urbanisme projetées par les collectivités
territoriales, l’initiative de les réaliser est prise par leur organe délibérant. Pour les opérations
d’urbanisme qu’il initie sur le territoire communal, le gouvernement prend la décision, après
consultation du conseil municipal. La réalisation de toute opération d’urbanisme et
d’aménagement urbain est subordonnée à l’obtention préalable d’une autorisation délivrée
par arrêtée conjoint du ministre en charge de l’urbanisme et de la construction et de celui en
charge de l’administration territoriale. La réalisation de toute opération d’urbanisme est

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déclarée d’utilité publique. Les plans relatifs aux opérations d’urbanisme sont établis par les
bureaux d’étude d’urbanisme agréés, les services techniques municipaux ayant l’expertise
nécessaire ou les services techniques chargés de l’urbanisme territorialement compétents.

3. La notion de planification urbaine

Elle est une branche de l’urbanisme. Elle prévoit et organise à terme la façon dont va évoluer
le territoire. Cela peut être à une échelle de quartier, de commune ou à une échelle plus vaste.
Elle vise à élaborer, approuver et exécuter un plan d’urbanisme pour conformer la ville à ce
qu’elle doit être. On transpose ici aussi bien les méthodes de l’urbanisme que celles de
l’ingénierie ou de l’architecture. Dessiner sur table l’ouvrage (la ville), puis le faire exécuter.
La transposition consiste à dire que la ville est un ouvrage complexe qui demande plus de soin
et d’attention qu’un engrenage ou qu’un bâtiment. Le procédé du plan d’urbanisme recourt
aussi, et tout naturellement, aux méthodes et procédures juridiques : c’est l’urbanisme
réglementaire qui regroupe l’ensemble des documents thématiques et réglementaires de
planification stratégique et de programmation.

La planification urbaine coordonne la création et le développement des villes, dans le respect


du cadre de vie des habitants actuels et futurs, ainsi que de l'équilibre nécessaire entre
population, ressources et équipements/infrastructures (routes, espaces publics, réseaux d'eau
potable, d'assainissement, éclairage public, électricité, gaz, réseaux de communication…).

A ce titre elle est :


 un moyen de contrôle social de l'ordre urbain ;
 une organisation consciente du devenir,
 un chemin entre le présent et l'avenir.
La planification urbaine :
 peut s'opérer de manière contraignante (suppression de toute initiative privée, toute
liberté, toute incertitude dans les mouvements, réglementation strict des agents
urbains) ;
 peut exercer un contrôle par l'utilisation de moyens de pression.

La planification urbaine :
 peut être le fait d'une instance étrangère à la collectivité urbaine (ce faisant elle
échappe à la ville qui se trouve fortement menacée dans son autonomie et dans sa
réalité collective) ; ou,
 peut être réalisée par les acteurs appartenant à cette collectivité (à cet effet, elle est une
possibilité d'affirmation de la collectivité).
Cette évolution des villes dans la société moderne et ses conséquences ont rendu nécessaire la
pratique de la planification urbaine ; elle ouvre de nouveaux champs de recherches aux
sociologues. C’est le cas de Paul-Henry Chombart de Lauwe, qui cherchant à élucider les
mécanismes de la ségrégation sociale dans les grands ensembles, arrive au constat que les
grands ensembles sont des espaces qui abritent une expérience originale de la cohabitation de
classes sociales différentes dans un même espace résidentiel.

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Les modes de planification urbaine


La planification urbaine a fait l’objet de pratiques différentes au fil des ans. Avec Jean Paul
Lacaze, on distingue cinq types de méthodes de planification urbaine qui mettent chacun un
accent particulier sur une fonction de la ville.

Types de Objectif Aspects de la Dimension Valeurs de Eléments du


méthode de principal ville principale référence champ
planification privilégiés professionnel
urbaine
Urbanisme de Créer des Site construit L’espace Esthétique Architecte
composition quartiers Valeurs Urbaniste
nouveaux culturelles Ingénieur
Sociologue
Planification Modifier Pôle Le temps Efficacité et Ingénieur
stratégique une économique rendement Urbaniste
structure de Conception et Economiste
l’espace expertise Architecte
Urbanisme de Renforcer la Concentration Les services Réhabilitation Urbaniste
gestion qualité des et répartition de l’espace Ingénieur
services de réseaux de Efficacité/coût Gestionnaire
services
Urbanisme de Attirer, Image globale Les aspects La notoriété Architecte
communication créer, de l’espace symboliques Ingénieur
innover Urbaniste
Communica-
teur
Urbanisme de Améliorer Espace de L’usager Appropriation Sociologue
participation la vie relations de l’espace par Urbaniste-
sociale des sociales les habitants aménageur
habitants

4. Parcours de quelques notions en planification urbaine et aménagement du territoire

 La ville est une unité urbaine, un établissement humain (pour l’ONU) étendue et
fortement peuplée par opposition au village, et au sein duquel se concentre la plupart
des activités humaines : habitat, commerce, industrie, éducation, politique, culture, et
parfois agriculture (notamment dans sa périphérie) pour ce qui est du cas de beaucoup
de villes africaines, comme Ouagadougou. La fonction et le but de la ville sont de
réussir la vie de ceux qui à la fois la servent. Elle est à la fois territoire et unité de vie
collective, milieu et enjeu, cadre physique et nœud de relation entre êtres sociaux.

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 Une agglomération est un ensemble urbain qui repose sur la continuité du bâti. Elle
correspond à la ville sur le plan physique. Une agglomération est définie comme une
ville-centre (au sens administratif) munie de ses banlieues (entités administratives
incluses dans la continuité urbaine). La notion peut également avoir une dimension
politique, dans ce cas elle correspond à plusieurs entités administratives
interconnectées mais pas nécessairement agglomérés qui gèrent leurs projets en
commun (transports, déchets, projets de réhabilitation de quartiers, etc.). Le concept
d'agglomération relève plus de la géographie ou de la science politique que du droit.
Ouagadougou est une agglomération.

 Une conurbation est un ensemble urbain constitué de plusieurs noyaux urbains (ou
villes) dont les banlieues finissent par se rejoindre, et cela sur de longues distances.
C’est un groupement de villes (ou d’agglomérations) hiérarchisées proches les unes
des autres, chacune étant autonome. Ce terme a tendance à être remplacé par celui de
mégalopole. Depuis le début des années 1980, de nombreuses municipalités ont été
constituées à partir de conurbations. Parmi celles-ci, on peut citer : Grand Los
Angeles, Lille-Roubaix-Tourcoing, Jakarta-Bogor-Depok-Tangerang-Bekasi, Tokyo-
Yokohama - Kawasaki - Saitama, Baltimore-Washington. Il ne faut pas confondre une
mégalopole et une mégapole, agglomération de plus de 10 millions d'habitants (seuil
fixé par l'ONU, auparavant fixé à 8 millions d'habitants). Une mégapole est une très
grande agglomération qui se caractérise généralement par la présence en son sein de
fonctions politiques et économiques majeures. Moscou est une mégapole, mais
n'appartient à aucune mégalopole reconnue puisqu'aucun réseau urbain d'importance
ne s'est développé à proximité même si elle compte plus de 14 millions d'habitants.
Avec près de 38 millions d'habitants en 2015, Tokyo est actuellement la plus grande
mégapole en termes de population, avant New-York, Mexico, Bombay et Sao Polo qui
ont à peu près chacune 18 millions d’habitants.

 L’urbanisme se présente comme la science de l’organisation spatiale des villes et


comporte une double face théorique et appliquée. Cette discipline s’est
progressivement imposée dans le monde entier. Elle se définie comme l’action
réfléchie visant à disposer, à aménager ou à restructurer physiquement et socialement
l’espace en vue d’assurer l’unification la plus harmonieuse et la plus efficace des
fonctions que remplissent un site donné singulièrement l’habitation et les réseaux de
communication. C’est inséparablement une théorie scientifique et une pratique dont
l’exercice entraine le recours à une technique. S’efforçant de penser, de planifier, et
d’organiser concrètement la mise en forme de l’espace des agglomérations
(regroupements de personnes citadines), l’urbanisme intervient dans la disposition des
bâtiments, la structure des réseaux de communication et ses équipements publics et
plus généralement dans l’aménagement du territoire. L’urbanisme opérationnel,
c’est l’ensemble des actions, conduites ou contrôlées par les pouvoirs publics (Etat et
municipalités), qui peuvent avoir pour objet l’orientation générale des différents types
de sols, consistant en :
 la fourniture des terrains pour l’habitation et les activités économiques ;

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SOCIOLOGIE URBAINE

 la réalisation d’équipements d’infrastructure (voirie par exemple) ;


 la fourniture de terrains servant d’équipements de superstructure (stade, école…).
Ces actions se font à travers des types d’opération d’aménagement (ZAC, ZAD,
lotissement, restructuration…), par le traitement des bâtiments existants (restauration,
réhabilitation, etc.), ou même à travers la résorption de l’habitat insalubre, ou encore
par le développement social des quartiers. Les types d’opération d’urbanisme sont
donc variés en fonction des objectifs poursuivis. L’urbanisme opérationnel est faite à
une échelle de quartier, de commune ou à une échelle plus vaste.

 L’urbanisation est le processus de développement des villes en nombre, en taille et en


concentration spatiale. Il signifie la tendance dans les pays industrialisés et dans les
pays en développement au regroupement des hommes et des activités dans des zones
denses qui constituent de vastes marchés d’emplois, concentrant les équipements et les
services publics, et générant des économies liées à l’avantage de la densité. Une autre
réalité du phénomène d’urbanisation est le processus de transformation d’espace rural
en vue de son intégration dans un ensemble urbain plus vaste.

 La rurbanisation est le processus d’urbanisation de l’espace rural, d’imbrication des


espaces ruraux et des zones urbanisées en périphérie urbaine. Elle désigne
l’urbanisation continue aux franges des agglomérations, mais aussi le processus de
« retour » ou « fuite » des citadins vers les campagnes ou plus simplement le
déplacement durable de population quittant les zones urbaines pour aller s'implanter
dans les zones rurales. La rurbanisation est liée à la croissance urbaine, à l’influence
urbaine et dépendante de la ville, ou d’un ensemble de villes proches.

 Le SDAU est un document d’urbanisme qui est élaboré conjointement par les services
de l’Etat et la ou les communes intéressées. Il définit pour une aire géographique
étendue, les grandes orientations de développement d’un espace urbain à long terme
(zone à urbaniser, zone à protéger, équipements principaux…). Le SDAU détermine :
- La destination générale des sols
- Le tracé des grands équipements d’infrastructure
- L’organisation générale de la mobilité urbaine
- La localisation des services et activités les plus importants, ainsi que les zones
préférentielles d’extension et de rénovation de l’agglomération concernée.

Au Burkina Faso, la conduite de l’élaboration du SDAU est assurée par les ministères
chargés de l’habitat, du logement et de l’urbanisme. Cette conduite est assurée par une
équipe pluridisciplinaire qui prend toutes les initiatives indispensable à l’élaboration du
SDAU, en étroite collaboration avec les autorités locales (préfets, préfet-maire, etc.).
La première tâche consiste en la collecte et le traitement des données sur le terrain
(autrement dit la rédaction du livre blanc). Une bonne connaissance de l’état existant est
absolument indispensable. La collecte et le traitement des données permettent de
déterminer l’évolution du passé, tant du point de vue démographique qu’économique. Ces

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SOCIOLOGIE URBAINE

données sont discutées et adoptée en principe par les autorités locales. Les documents
graphiques qui présentent les différentes phases de l’étude sont ensuite élaborés et
discutées au niveau local avant son introduction à la commission nationale qui l’approuve.

 Le POS : Ce document d’urbanisme fixe, dans le cadre des orientations du SDAU, de


façon précise les règles générales d’utilisation du sol qui s’impose à tous sur
l’ensemble du territoire urbain. Ces règles et servitudes d’utilisation du sol peuvent
comporter jusqu’à l’interdiction de construire.
Le POS comprend un règlement, un ou plusieurs documents graphiques, un rapport de
présentation et un certain nombre d’annexes. Le règlement comporte des dispositions
générales et des dispositions pour chaque zone : affectation des sols par zone,
prescriptions relatives à l’implantation des constructions, hauteur de constructions,
leur emprise au sol, leur aspect extérieur, aires de stationnement… Les documents
graphiques localisent les différentes zones avec des grandes catégories de zones : les
zones U à dominante urbaine, les zones N à dominante naturelle qui sont elle-même de
plusieurs types : NA à urbanisation future, NB à faible densité, NC où l’urbanisation
est interdite pour des raisons économiques, c’est-à-dire zone à forte valeur agricole,
ND, zone à protéger à raison de risque particulier ou de la qualité du site. Les annexes
comportent la liste des emplacements réservés aux équipements publics, la liste des
opérations déclarées d’autorité publique, les annexes sanitaires (eau, assainissement,
déchets…), etc.

 Le zonage (zoning) est un outil de règlementation et de contrôle de l'utilisation du sol.


Le mot est dérivé de la pratique de diviser le territoire municipal en zones et
d'attribuer à chacun des vocations. La pratique du zonage est issue du constat que la
cohabitation harmonieuse sur un territoire des usages résidentiels, commerciaux et
industriels exige une ségrégation plus ou moins prononcée entre eux, ce qui entraîne
qu'on leur alloue une ou plusieurs zones exclusives ou mixtes. Le zonage a
théoriquement pour but de grouper géographiquement les usages compatibles, mais en
pratique, il est souvent utilisé pour prévenir les nouveaux développements qui
pourraient nuire aux résidents ou aux commerces existants et donc pour protéger la
valeur des propriétés et maintenir une certaine homogénéité sociale. Il est donc une
technique consistant à déterminer dans les documents de planification urbaine des
zones d’affectation du sol selon l’usage qui y sera autorisé et la nature des activités
dominantes. Le zonage est prévu par le SDAU et précisé par le POS qui fixe
principalement, à travers des COS, la densité des constructions autorisées dans chaque
zone.

 Les équipements collectifs sont l’ensemble des installations, des réseaux, des
bâtiments qui permettent d’assurer à la population et aux entreprises, les services
collectifs dont ils ont besoin. Donc, ce terme, selon cette dénomination, regroupe aussi
bien les équipements d’infrastructure que les équipements de superstructure. On
distingue deux types d’équipements :

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- Equipements d’infrastructure : réseaux et aménagement aux sols ou en sous-sol


(voirie, stationnement transport et communication, eau et diverses canalisations) ;
- Equipement de superstructure : bâtiment à usage individuel (habitation) et collectif
(administratif, éducatif, sanitaire, commerciaux, culturel, cultuel, sportif, etc.).

 Voirie et réseaux divers (VRD) : ensemble des réseaux techniques qui rendent un
terrain constructible (sous réserve des règlements d’urbanisme) : voirie, eau,
assainissement, énergie (gaz, électricité, chauffage…), téléphone, etc. La réalisation de
ces réseaux sur un terrain nu est sa viabilisation.

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