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Monographie Historique D'amanzé Par Serge Du Cray
Monographie Historique D'amanzé Par Serge Du Cray
A - GENERALITES
(*) Les points les plus élevés de la commune sont près de Saint-Georges à 463
m. et au-dessus des Bassets à 447 m,50 et les points les plus bas à 295 m. près
de l'ancien Moulin-Garnier et à 298 m. au confluent du ruisseau d'Arnessin
avec celui du Creux de Vaux, avant Orval.
L'église actuelle, qui est claire, spacieuse et commode, date de moins d'un
siècle, puisque sa construction a dû se faire aux alentours de 1876. Elle n'offre
malheureusement aucun intérêt archéologique. Toutefois les chapiteaux, qui
surmontent les colonnes du chœur et bien qu'assez simples, proviendraient de
l'ancienne église.
Dans tous les cas, elle était de dimensions assez exiguës. Bâtie sur
l'emplacement de l'actuel cimetière, elle se composait d'une nef, qui, en 1769,
ne devait guère avoir plus de 80 mètres carrés de superficie et dont cette
dernière, comme nous le verrons, fut par la suite portée à 100 m carrés.
Percée d'un portail à l'ouest, quatre vitraux l'éclairaient, deux au nord et deux
au midi. La nef elle-même était prolongée à l'est par un clocher, primitivement
tout en pierres, y compris la flèche, qui ne fut remplacée par du bois, couvert
d'ardoises et de bardeaux, qu'en 1744. Le clocher à son tour, s'ouvrait sur un
chœur avec sanctuaire formant abside et bien orienté liturgiquement. Le toit
mais Mr Amelot lui avait cependant donné toute liberté pour retrancher ce qui
pouvait paraître excessif. Or, ne voulant point méconnaître la volonté des
habitants et de tous les intéressés, se décide-t-il à faire droit à la requête de
ces derniers qui lui demandent de prendre en considération le devis de
Lathuilière, qui, finalement, soumissionne les travaux pour la somme de 600
livres en ce qui concerne la nef. Un nommé Jean Rondet, maçon à Amanzé,
obtient de faire les réparations urgentes au chœur et au clocher moyennant
200 livres, mais ce ne seront encore que des réparations de fortune, car en
1788 le chœur menace à nouveau de s'effondrer complètement. Enfin,
moyennant 76 livres, Lathuilière consent à faire à taille ouverte le toit de la
cure, de réparer une cheminée qui fume et de réappareiller quelques parties
de la charpente du grenier.
Dans tous les cas, le 6 mai 1788, il n'en est plus question, mais on reparle à
nouveau de la clôture du cimetière, à effectuer dans les 4 mois sous peine
d'interdiction, et de diverses réparations à l'église, notamment au clocher et
au chœur, qui, une fois de plus, menacent ruine, le tout pouvant s'élever à 609
livres, que les intéressés acceptent de payer immédiatement eu égard à
l'urgence des travaux. Le 1er juin 1789, l'Intendant veut bien faire droit à leur
requête, à la suite d'une lettre du sieur Bouthier de Rochefort du 17 mai, mais
entend que tous les habitants et propriétaires, sans exception participent à
cette nouvelle dépense.
siècle, comptait 350 communiants, soit près de 500 habitants, était sous le
vocable de Saint-Pierre-ès-liens et l'est encore, se fêtant le 1er août. Le
rappelle dans la nouvelle église une statue placée sur un autel en marbre, qui
provient de l'ancienne chapelle des Bassets et donné par la famille du Cray.
Elle dépendait de l'archiprêtré de Semur et le curé était à la nomination de
l'évêque d'Autun. Le revenu de la cure n'était que de 350 livres au milieu du
XVIIème siècle, mais en 1789 il se serait élevé à plus du double. Le canton de
dîrnes curiales s'étendait sur les villages de la Vallée, du Creux de Vaux, du
Rocher, du Carouge, des Thévenins, de la Place, de Prévigny et d'une partie de
la Varenne, le restant appartenant à Oyé.
(*) Les maladreries avaient été fondées, surtout après les épidémies de lèpre et
de peste qui ravagèrent longtemps la Bourgogne.
Bien que les chartes de Marcigny parlent d'Amanzé dès 1120 à propos d'une
donation d'une masure au prieuré de cette ville, ce n'est qu'à partir du XlVème
siècle qu'on a connaissance de fondations dans l'église du lieu. Voici les
principales :
(*) Cette possession de l'abbé d'Anzy est confirmée par un traité passé, en
1264, entre Hugues, duc souverain de Bourgogne, et Etienne, prieur d'Anzy,
qui permet à ce dernier d'exploiter une mine d'argent, de plomb ou d'autre
métal (peut-être or ?) dans des terrains lui appartenant dans les paroisses
d'Oyé et d'Amanzé. Bien qu'on ne possédât aucun détail sur cette exploitation,
qui ne semble pas avoir été poussée bien loin, ne s'agirait-il pas de terrains
situés dans l'aurea vallis ou vallée d'or (Orval) ? (Archives de Bourgogne,
cartulaire I folio 73).
Si, comme noble, il ne payait pas de taille, il devait par contre une somme
annuelle importante de vingtièmes s'élevant, en 1784 à 116 livres, 4 sols,
suivant la quittance donnée par Jean Perrin de Précy, écuyer, receveur des
impositions du Brionnais à Semur.
Ce Hugues II d'Amanzé, fut père de Pierre II qui eut à son tour Alix
d'Amanzé, héritière de sa maison et en qui s'éteignit la première race
d'Amanzé Elle épousa Jean de Villon, d'une famille chevaleresque de la région
de Chauffailles et qui était seigneur d'Amanzé en 1264. Son fils, prénommé
aussi Jean ayant accepté de porter le nom et les armes des d'Amanzé, que
nous avons décrites plus haut, à la place de celles de Villon qui sont : "de
gueules au sautoir d'or", hérita de tous leurs biens. Il rendit hommage en 1265
au duc de Bourgogne, Hugues IV, pour sa maison forte d'Amanzé et tout ce
Son fils, Pierre d'Amanzé, dont les généalogistes d'Hozier et Paillot font le
premier auteur de la maison d'Amanzé, fut à son tour seigneur d'Amanzé et
épousa Isabeau de Dyo. Il vivait en 1268 et 1290. Il en vint plusieurs enfants,
parmi lesquels Hugues, religieux de Cluny, Alix, Jeannette, Marguerite et
Isabelle, toutes quatre religieuses à Saint-Menoux près de Moulins, et Jean
d'Amanzé qui fit souche. Ce dernier, seigneur d'Amanzé, épousa
successivement Marguerite de la Bussière et Jeanne de Marcilly. Du second lit
issurent Alix, prieure de Marcigny en 1370, Marguerite épouse de Jean de
Busseul, seigneur de Saint-Saturnin ou Sernin (aujourd'hui Vauban) et
Guillaume I d'Amanzé. Celui-ci fit reprise de fief de la seigneurie d'Amanzé en
1367 et épousa Marguerite de Busseul qui le rendit père de Marie d'Amanzé,
mariée à Jean de Chauvirey, seigneur dudit lieu, et de Jean d'Amanzé,
seigneur baron d'Amanzé, qui vivait en 1386 et qui épousa en 1415 Antoinette
de Villon, sa parente, fille de Jacques, chevalier, seigneur dudit lieu près de
Chauffailles, et de la fille de Guillaume de Malleys, chevalier. Cette Antoinette
de Villon porta en dot à son mari Champagny, Chauffailles et partie de Prisy et
elle lui donna entre autres enfants, Jean, Renaud, Pierre et Béraud d'Amanzé,
tous les quatre chanoines, comtes de Lyon, et le premier grand Chambrier de
l'Eglise de Lyon, et Guillaume II d'Amanzé, seigneur baron dudit lieu, qui
épousa Marguerite de Semur, dont issurent : Guillaume III d'Amanzé, qui
n'eut point d'enfant de Marie de Damas, fille de Philibert, seigneur de la
Bazolle, et de Marie de Chaugy, Jean, Pierre et Gauguin qui moururent
enfants, Antoine, chanoine de Lyon, Jean, grand chambrier puis custode de
l'Eglise de Lyon à la suite de son oncle, et Jacques d'Amanzé (*), seigneur
dudit lieu après son frère Guillaume III, qualifié seigneur de Chauffailles en
1487. Il fut marié deux fois : 1°) à Etiennette de Chantemerle, qui lui apporta
le fief de Trélu (1477), 2°) à Philippe de Damas. De sa première épouse
issurent : Françoise, mariée à Jean de Chandieu, chevalier, seigneur dudit lieu,
Jeanne, femme de Guillaume de Sivry, seigneur de Verricourt-en-Barrois et
Jean, troisième du nom dans la lignée d'Amanzé-Villon, dont il sera parlé plus
loin. Du second lit vint François d'Amanzé qui fut Seigneur de Chauffailles et
auteur de la branche des d'Amanzé de Chauffailles, qui posséda de
nombreuses terres, entre autres Arcinges, Belmont, Combles, Corcheval,
Ecoches, Saint-Germain-la-Montagne et Tramayes, eut des alliances illustres
et des charges importantes et s'éteignit dans la maison de Saint-Georges, par
le mariage de Marie-Cécile d'Amanzé, dame de Chauffailles, le 11 décembre
1741 (contrat reçu par Thève, notaire à Mâcon), avec Claude-Marie de Saint-
Georges, fils de Marc-Antoine, et de Charlotte d'Apchon. Il n'en vint qu'une
fille unique, mariée en 1764 au marquis de Vichy-Champrond. Jacques
d'Amanzé précité aurait eu aussi un fils naturel, dit le bâtard d'Amanzé, qui
prit le parti des armes où il se distingua et fut tué en 1499 au siège de Novare
sous Louis XII.
Jean III d'Amanzé, seigneur baron d'Amanzé, fut marié en 1513 à Béatrix
Mitte de Chevrières. Il testa au château d'Amanzé, le 1er décembre 1529, en
présence de Pierre Boton et Jean Busseuil, prêtres habitués de l'église
d'Amanzé, et de sieur Regnauld du Four. On assure qu'il eut 14 enfants, parmi
lesquels : Jacques d'Amanzé, qui fut officier des armées du Roi et fut tué
devant François Ier à Pavie, le 15 février 1525 en même temps que le maréchal
de Chabannes-La Palisse, Guillaume également officier qui fut tué à Renty en
1554, Charles, chevalier de Malte, Jean, enseigne colonelle au régiment de
Piémont, tué à la bataille de Saint-Quentin, donnée le jour de Saint Laurent
10 août 1557, Claude qui fut comte et doyen de l'Eglise de Lyon, Antoine aussi
doyen de l'Eglise de Lyon et Abbé de Saint-Rigaud, Pierre qui continua et cinq
filles, l'une, Marie, mariée à Charles de Villeneuve, premier président au
Parlement de Dijon et baron de Joux-sous-Tarare, trois filles religieuses parmi
lesquelles Catherine d'Amanzé fut bénédictine à Marcigny, et une autre enfin,
Bénigne, qui était encore célibataire en 1529 et à qui son père donne et lègue
60 sols, outre et par-dessus la somme de 3.000 livres qu'il veut et entend lui
être constituée en dot de mariage, avec les robes et habillements selon son
état.
Signalons qu'en dehors des alliances que nous avons citées plus haut, les
d'Amanzé en contractèrent avec les maisons de la Guiche, de Ballore, des
Gouttes et de Montchanin et, en sus des fiefs déjà indiqués en leur possession,
mentionnons Fougères, Laugère, Estieugues, Anglure.
Une mention particulière doit être faite du beau logis Renaissance qu'on
remarque un peu en contrebas du carrefour des routes de Saint-Julien, Oyé et
Saint-Germain. Nous pensons qu'il s'agit de la maison Boton, dont parlent de
nombreux titres et qui était possédée au XVIIème siècle par les seigneurs
d'Amanzé, qui y logeaient leur fermier des dîmes, ou leur procureur d'office. Il
aurait vraisemblablement été construit par les Boton (alias Botton), famille
fort ancienne et honorable d'Amanzé, dont des notaires royaux et des
lieutenants de la justice se succédèrent dans ce lieu dès le XVème siècle et qui
compta des membres au Parlement et des officiers de l'Election de Mâcon.
Leur maison était montée à Amanzé sur un très grand pied, lorsqu'ils y
résidaient. Au début du XVIIIème siècle, le personnel du château était ainsi
constitué : un cuisinier, le sieur Pierre-Joseph Guillemin ; une aide de cuisine,
Jeanne Sarrazin ; un maître d'hôtel, le sieur Carpentier de Lisle (de 1711 à
1744), puis le sieur Paisselier et enfin Charles Marmet (1753) ; une femme de
chambre, Melle Labaume ; une intendante ou dame d'atours, appelée aussi
Voici les noms de ceux qui devaient le guet précité en 1594 et dont on
retrouve peut-être encore aujourd'hui des descendants :
Voici la liste des officiers de cette justice qui ont pu être retrouvés, y sont
joints quelques noms se rapportant à des commerces ou des emplois exercés à
Amanzé avant 1789 :
(*) Les lieutenants et les sergents semblaient, à diverses époques, cumuler des
attributions militaires, se rapportant à la garde du château, et des attributions
de justice.
- Greffiers : Genevié Favre (1595) ; Jean Favre (1625) ; N... Petit de Lamure
(1725) ; Côme Dechagnie (1738) ; N... Geoffroy (1785) ; Louis du Cray (1787).
Voici les villages ou lieux sur lesquels on peut relever quelques faits
historiques ou intéressants :
- L'Hôpital, dont le nom ne sert plus à désigner que des prés. Maladrerie
fondée par les seigneurs d'Amanzé et qui était ruinée en 1789. La chapelle qui
s'y trouvait aurait été une annexe de l'église d'Amanzé, mais on ne retrouve
aucune trace de fondation ni de titulaire.
- Plassart. Chez Plassard ou Grange Plassard. A pris son nom d'une honorable
famille qui a essaimé à Saint-Germain-en-Brionnais. Les d'Amanzé y avaient
un domaine.
- La Varenne. Bien qu'en partie de la paroisse d'Oyé, était jadis un fief relevant
d'Amanzé. En 1387, Philibert de Lessertot, rend hommage pour ce lieu
dépendant d'Amanzé à Bernard d'Armagnac, comte de Charolais.
En l'an 1531, la famine fut telle que la mesure ou bichet (40 litres environ)
de blé, les six faisant la charge, se vendait plus de 50 livres tournois, alors
qu'en temps ordinaire la mesure se payait couramment 10 livres.
Ce fut par lettres du Roi Louis XIII, données au Louvre en mai 1617,
contresignées par de Loménie, que fut érigée et créée en vicomté, en faveur de
Jean IV d'Amanzé, la seigneurie et baronnie dont il portait le nom, avec les
villages du Carron, de la Place, de la Vallée, des Bastis, de Prisy, des
Theureaux, de Tollecy (18 feux), de Saint-Ambrun, de partie du Crot de Vaux
et du Rocher, avec la justice haute, moyenne et basse. Ces lettres ne furent
enregistrées, au Parlement de Paris que le 19 juillet 1625 et à la Chambre des
Comptes de Dijon que le 28 novembre 1644. Et c'est peu après cette dernière
date que cette vicomté fut transformée et élevée en comté.
En 1710, il y eut une forte disette : les grains étaient tellement rares qu'on
fut obligé de faire du pain avec de l'orge, mélangé de fèves et de sarrazin, et
que l'agent d'affaires du château, nommé Jeaume, décida d'en priver les
pigeons du colombier seigneurial, dont il ne restait d'ailleurs plus qu'une
trentaine, le froid ayant été, d'autre part, si rigoureux que beaucoup de ces
volatiles périrent non seulement de faim mais de froid.
Le célèbre brigand Mandrin, qui fut roué vif à Valence en 1755, aurait caché
une partie de son trésor au Creux de Vaux, aux Bassets ou aux Noues. Mr
Sigismond Ducray, maire d'Amanzé (1875), possédait un plan des lieux
d'après une lettre qui avait été écrite d'Auxerre à ce sujet à son bisaïeul,
Antoine du Cray (décédé en 1761). Ce trésor aurait compris une quantité
considérable de pièces d'or et de bijoux, entre autres un grand nombre de
montres en or. Mais les recherches entreprises furent infructueuses.
En 1766, une litre féodale et patronale, portant de loin en loin écussons des
familles d'Amanzé et de la Queuille ("de gueules à 3 coquilles d'or" et "de sable
à la croix engrêlée d'or"), fut exécutée intérieurement tout autour des églises
d'Amanzé, Prisy et Saint-Ambrun, en tout 153 écussons, par un peintre
nommé Larose.
En 1834, sous le régime censitaire, il n'y avait que cinq électeurs à Amanzé :
M.M. Jean Claude Auguste Ducray, qui payait 800 francs de contributions
directes, Jean Claude Montmessin, qui payait 231 francs, Jean-Marie Busseuil,
228 francs, Antoine Montmessin, 217 francs, et Benoît Maillet, 212 francs.
SOURCES
Archives privées.