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17/12/08

Le cadeau de Noël de la Fed...

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Taux objectif des fonds fédéraux - G - PIB en volume - D -

Enorme ! Telle est la réaction immédiate que l’on a pu avoir à l’issue du FOMC du 16 décembre. En
effet, non seulement, la Réserve fédérale américaine a réduit son taux objectif des federal funds à un
plus bas historique, c’est-à-dire dans une fourchette entre 0 et 0,25 %, mais, en plus, elle se dit
désormais prête à ressortir la bonne vieille planche à billets en rachetant des bons du Trésor
américain. Ce qui s’ajoutera aux mesures non conventionnelles déjà engagées, à savoir le rachat de
larges quantités de dette des agences (Fannie Mae, Freddie Mac...) et de titres adossés à des crédits
immobiliers.
En d’autres termes, convaincue que les Etats-Unis sont entrés dans leur récession la plus grave
depuis 1929, la Fed met le paquet. Si bien qu’une question s’impose : « n’est-ce pas un peu trop ? »
Certes, ces mesures vont immanquablement soutenir l’activité américaine. De même, l’achat de
bons du Trésor par la Fed peut apparaître justifié pour éviter les traditionnels effets d’éviction des
relances keynésienne.
En effet, lorsque l’Etat relance l’activité par le déficit budgétaire, cela suscite automatiquement une
augmentation de la dette publique, donc de la demande publique de fonds prêtables sur les marchés
obligataires. D’où une remontée des taux d’intérêt à long terme qui, via son impact baissier sur le
crédit, pourrait ensuite limiter la reprise de l’investissement et in fine la croissance. Autrement dit,
l’investissement public évince une partie de l’investissement privé rendu impossible par
l’augmentation des taux d’intérêt. Pour éviter ce cas de figure, les autorités monétaires peuvent alors
baisser fortement leur taux directeurs, voire monétiser la dette publique en achetant des bons du
Trésor. Selon la théorie keynésienne traditionnelle, il s’agit là du policy mix idéal, c’est-à-dire du
couple politique budgétaire et politique monétaire optimal.
C’est donc exactement dans ce cadre que s’inscrit l’action actuelle de la Fed. Voilà pourquoi, plus
que jamais, notre scénario d’une croissance relancée outre-Atlantique dès le printemps-été prochain
est conforté. Non seulement par le plan Obama, mais aussi par le cadeau de Noël de Bernanke.
Pour autant, il existe aussi quelques revers potentiels à cette médaille. Tout d’abord, la Fed a
désormais utilisé toutes ses cartouches. A l’instar de la situation japonaise, les Etats-Unis sont donc
désormais dans une « trappe à liquidités », c’est-à-dire que la politique monétaire ne peut plus agir
davantage sur l’activité. Sauf à actionner encore plus la planche à billets. D’où le second danger de
cette stratégie car, à force de vouloir soutenir l’activité coûte que coûte, la Fed risque de perdre en
crédibilité, voire de susciter une augmentation intempestive de l’inflation à partir de l’été 2009. Ce qui
l’obligera à engager un virage à 180 degrés en augmentant fortement ses taux directeurs. Mais, à la
rigueur, mieux vaut un peu d’inflation qu’une grave déflation.
Enfin, le dernier revers concerne les partenaires des Etats-Unis, car en adoptant une telle stratégie
expansionniste, ces derniers on suscité une très forte appréciation de l’euro et du yen, ce qui ne
manquera évidemment d’aggraver la récession déjà dramatique dans laquelle sont empêtrés la zone
euro et le Japon, qui seront donc une fois encore les dindons de la farce…
Marc Touati
GLOBAL EQUITIES
ENTREPRISE D’INVESTISSEMENT
23, rue Balzac– 75008 Paris - France
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