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Accueil du site > Le Charançon Libéré > Petits conseils de guérilla urbaine
: qui es-tu pour dire que ça ne servira (...)
T’as ta cagoule ? Un pavé et un lance-pierre dans ton sac ?
"Le Manuel du guérillero urbain" dans ta poche arrière de
pantalon ? Comment ? T’as tout le reste, mais pas
l’ouvrage ? Et bien, ça ne va pas du tout : je serais toi, je
me bouquinerais vite fait le livre rédigé par Carlos
Marighella à l’intention de tous les insurgés avant de repointer le bout de mon nez
ici. Hop, exécution !
Publié en 1969, l’ouvrage a été diffusé un peu partout dans le monde, plus
ou moins officiellement. En France, l’ignoble Raymond-la-matraque
(Marcellin), alors ministre de l’Intérieur, en avait interdit la publication en
1970. Qu’importe : il fut aussitôt réédité par un collectif de 23 éditeurs,
dont Flammarion, Robert Laffont, Minuit, Maspero, Gallimard ou Grasset -
oui : à l’époque, ces maisons avaient encore une certaine conception de
l’honneur et une très vague envie d’insoumission…
Après quarante ans sans réimpression, les éditions Libertalia ont eu la
bonne idée de le resortir, avec une préface de Mathieu Rigouste. De cette
dernière, qui revient sur la circulation paradoxale d’un livre ayant aussi
inspiré les théoriciens de la contre-guérilla, je ne peux vous parler : je n’ai
lu que le texte brut de Marighella, disponible en de nombreux lieux sur le
net. Entre autres, ici [http://etoilerouge.chez-alice.fr/docrevinter
/bresil1.html], là [http://www.robin-woodard.eu/spip.php?article158] ou
aussi ici [http://www.terrorisme.net/doc/gauche/003_marighella.htm] [2].
Face à la dictature, il est des citoyens courageux pour prendre les armes.
Parmi eux, Carlos Marighella, ancien député et figure historique du Parti
communiste brésilien, dont il est exclu en 1967 pour avoir défendu la
guérilla comme seul moyen de mettre bas l’impérialisme et de permettre
aux masses d’accéder au pouvoir. L’homme créé alors - en 1968 - l’Açao
Libertadora Nacional (ALN), groupe clandestin qui prône la lutte armée
dans tout le Brésil, et particulièrement en ville. Le temps d’une première
action - l’enlèvement en septembre 69 de l’ambassadeur des Etats-Unis au
Brésil, Charles Burke Elbrick, qui sera échangé contre la libération de
quinze prisonniers politiques et contre la publication par la presse d’un
communiqué précisant qu’il s’agit là d’un « acte de plus dans la guerre
révolutionnaire qui progresse chaque jour » - , le temps aussi de la
rédaction du Manuel du guérillero urbain - publié en juin 1969, soit six
mois avant sa mort - , et Carlos Marighella tombe, lors d’une embuscade,
sous les balles de la police politique du régime, le 4 novembre 1969.
L’organisation qu’il a créée, l’ALN, et ceux qu’il a sans doute largement
inspirés - dont le MR-8, mais il en existait une palanquée d’autres - ne lui
survivent que de peu : les mouvements de lutte armée brésiliens
disparaissent tous au début des années 1970, ratiboisés par la répression
ou gagnés par l’inactivité.
Et alors, la guérilla ?
Pour le reste ? Pour être franc, Le Manuel de la guérilla urbaine n’est pas
une lecture très excitante (et même plutôt ennuyeuse ; disons qu’il faut se
forcer pour le terminer et qu’il est heureux que le bouquin ne soit pas très
long). Foin de grandes envolées ou d’anecdotes, l’ouvrage se veut simple,
basique, pratique, un peu comme une manuel des Castors juniors façon
lutte armée. Il mélange des évidences absolues, de vraies fulgurances
Et aujourd’hui ?
Notes
[1] Même - figure-toi - j’écoute Robert Johnson en ce moment, le billet de Lémi m’ayant
[2] Mention spéciale à cette dernière version, québécoise, qui comprend une assez
fantastique préface. Je ne résiste pas au plaisir de vous en livrer un petit extrait : « Ce que
les militants québécois doivent savoir dès aujourd’hui, c’est la véritable dimension de la
lutte qu’ils entendent mener, soit une organisation révolutionnaire québécoise dans
l’objectif d’une libération mondiale. Ce que chacun de nous doit déterminer
immédiatement, c’est s’ils veulent vraiment la libération totale des exploitéEs de l’emprise
du capitalisme mondiale en vue de l’instauration d’une Masse véritablement libre où 7
milliards de personnes libérées pourront s’autogérer dans les structures les plus
démocratiques, à la lumière des expériences socialistes, anarchistes et autogestionnaires
qu’ont vécues certains pays à un moment ou l’autre des 80 dernières années. »
Finalement, la Masse des sept milliards de personnes en autogestion, ça ne s’est pas fait…
[3] Une erreur stratégique que Guevara payera au prix fort, avec la désastreuse équipée
bolivienne…
[4] Voir l’excellent ouvrage d’Anne Steiner et Loïc Debray, RAF, Guérilla urbaine en Europe
occidentale, récemment réédité.
13 Messages de forum
Petits conseils de guérilla urbaine : qui es-tu pour dire que ça ne servira
jamais ?
16 septembre 15:16, par CaptainObvious
Me semble qu’il y en avait eu un écrit par le PCF dans les année 20 ou 30. Je me
demande bien ce que ça pouvait donner.
Une organisation lâche et autonome. Ce point est d’autant plus intéressant qu’il ne vaut
pas que pour la lutte armée, mais pour tout mouvement prétendant résister efficacement à
un régime qu’il abhorre et qui ne lui cédera rien.
Je suis pas bien convaincu. A part si le mouvement est clandestin, trop d’autonomie et
de cloisonnement au sein du mouvement réduit la possibilité de controle de chaque
élément par les autres, au risque d’une distanciation entre chaque élément aboutissant
à la rupture de l’ensemble.
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Petits conseils de guérilla urbaine : qui es-tu pour dire que ça ne servira
jamais ?
17 septembre 10:31, par JBB
C’est clair qu’il y a ce danger. Après, est-ce qu’il ne vaut pas mieux quelques
divergences dans les faits plutôt qu’un organisme trop centralisé, plus facile à
décapiter et beaucoup moins réactif ? Je n’ai vraiment - mais alors vraiment - aucune
expérience en ce domaine ni aucune légitimité pour en parler, mais je pencherais pour
la première alternative.
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Petits conseils de guérilla urbaine : qui es-tu pour dire que ça ne servira
jamais ?
16 septembre 18:20, par SL
Ca peut déjà servir (Pas besoin de dictature pour que nos libertés et nos existences
soient menacées) :
http://editions-hache.com/essais/kaczynski/kaczynski1.html
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Petits conseils de guérilla urbaine : qui es-tu pour dire que ça ne servira
jamais ?
17 septembre 10:27, par JBB
Par contre, faut bien que j’avoue que je suis moins fan de Kaczynski que de Marighella
(Mais si ça te dit, Lémi en avait parlé ici [http://www.article11.info
/spip/spip.php?article491])
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Petits conseils de guérilla urbaine : qui es-tu pour dire que ça ne servira
jamais ?
16 septembre 20:54, par wuwei
Toujours chez Libertalia( rien que du bon chez eux décidément) Pirates de tous les
pays de Markus Rediker, pourra faire un appoint historique utile sur la façon dont les
"gentilshommes de fortunes et d’infortunes " n’ont eu guère d’autre choix que celui de
faire "la course" pour survivre. L’auteur montre qu’il y avait souvent plus de noblesse
parmi les flibustiers que chez ceux qui les firent juger et pendre.
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Petits conseils de guérilla urbaine : qui es-tu pour dire que ça ne servira
jamais ?
17 septembre 10:32, par JBB
Dès que j’ai fini la colonne de livres qui repose dans un coin de ma chambre,
attendant que je tienne mes bonnes résolutions de lecture, je m’y attèle. Dans six
mois, quoi… :-)
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Petits conseils de guérilla urbaine : qui es-tu pour dire que ça ne servira
jamais ?
17 septembre 13:36, par wuwei
J’en ai aussi sous le lit n’ayant plus de place ailleurs. Ce qui m’a permis justement
lors d’une vaine tentative de classement de retrouver dernièrement la petite perle
dont j’ai faite la pub précédemment.
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Petits conseils de guérilla urbaine : qui es-tu pour dire que ça ne servira
jamais ?
16 septembre 21:34, par Guy M.
C’est une réédition, d’accord, mais on ne peut faire qu’avec ce que l’on a... (Judicieuse
remarque sur les grands éditeurs des années Marcellin).
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Petits conseils de guérilla urbaine : qui es-tu pour dire que ça ne servira
jamais ?
17 septembre 10:33, par JBB
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Salut JBB
La préface de Mathieu Rigouste est à lire pour mettre à jour ses connaissances sur :
2 - le complexe de Marighela qui s’est développé pour faire face à cette contre-
insurrection (de la contre-contre-insurrection quoi...)
« Le Manuel du guérilléro urbain est une arme, un objet paradoxal, un poignard dans le
reflet duquel, celui qui se regarde, contemple son ennemi.
Le Manuel du guérilléro urbain est une lame où jadis fut inscrite, cette question de fer, de
feu et de sang que le philosophe nazi, nommait “problème du partisan”.
La mort de Carlos Marigela est un drame écrit et mis en scène par l’Internationale de la
contre-révolution qui croyait pouvoir dévorer, même le désir d’insoumission.
Tandis que l’insurgé s’interrogeait sur le moment et le lieu où finit l’impérialisme, c’est,
par son corps déchiqueté sous les balles de la contre-insurrection, qu’à l’ensemble des
forces en présence il pose la question radicale :
Et pour avancer encore un peu sur le sujet "Histoire des courants armés de la
révolution dans les années 70/80" on trouvera une mine d’info ici : « La violence
révolutionnaire [http://www.decitre.fr/livres/La-violence-revolutionnaire.aspx
/9782724610628] » d’Isabelle Sommier dans la série "Contester" des éditions
"SciencesPo. Les Presses"
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Clair que ça a pas l’air d’être de la gnognote, comme départ en fanfare… :-)
Merci pour les infos complémentaires, faudrait que je la lise, cette préface. Le côté
historique et analyse de la façon dont le bouquin a été réutilisé part les impérialistes
(ce qui rejoint le thème de L’ennemi intérieur) m’intéresse tout particulièrement.
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hein…
- Les 1 500 FFI morts pour la Libération de Paris voteraient Sarkozy. Si,
si…
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