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Écran noir.
(Fragments de J’interroge et j’invective, poème à hurler Gros plan de Guy-Ernest Debord.
de François Dufrêne.) Écran noir.
La première merveille est de venir devant elle sans savoir lui Match de boxe.
parler. Les mains prisonnières ne bougent pas plus vite que les
chevaux de course filmés au ralenti, pour toucher sa bouche et
ses seins ; en toute innocence, les cordes deviennent de l’eau, Écran noir.
et nous roulons ensemble vers le jour. Guy-Ernest Debord en plan
(Les phrases soulignées seront dites par une fille à américain boit un verre.
l’accent bulgare.) Écran noir.
Je crois que nous ne nous reverrons jamais. Vues de plusieurs cheminées
Près d’un baiser les lumières des rues de l’hiver finiront. d’usines.
En ce moment à Tahiti, c’est l’aube.
Paris était très agréable à cause de la grève des transports. Pellicule brossée.
Jack l’Éventreur n’a jamais été pris. Images du ciel nocturne, au
Il est amusant, le téléphone. télescope.
Quel amour-défi, comme disait Madame de Ségur.
Je vous raconterai des histoires de mon pays qui font très peur,
mais il faut les raconter le soir pour avoir peur.
Ma chère Ivich, les quartiers chinois sont malheureusement
moins nombreux que vous ne le pensez. Vous avez quinze ans.
Les couleurs les plus voyantes un jour ne se porteront plus.
Je vous connaissais déjà. Rencontres, au ralenti.
Séoul et d’autres nébuleuses.
La forêt vierge l’est moins que vous.
Guy, j’ai si froid.
Le Démon des armes, vous vous souvenez, c’est cela. Personne
ne nous suffisait. Que voudront dire plus tard, boulevard Bonne-
Nouvelle, l’inceste et l’écolière ?
(Hurlements.)
Tout de même…
La grèle sur les bannières de verre. On s’en souviendra de cette
planète.
Un monde de cris a été perdu.
(répété trois fois mécaniquement et légèrement
crescendo.)
pensait à quelques lignes d’un journal, en 1950.
(Voix monotone.)
Une jeune vedette de la radio se jette dans l’Isère.
Grenoble. La petite Madeleine Reineri, douze ans et demi, qui
animait, sous le pseudonyme de Pirouette, l’émission
radiophonique des Beaux Jeudis, au Poste Alpes-Grenoble, s’est
jetée dans l’Isère, vendredi après-midi, après avoir déposé son Scènes d’émeutes.
cartable sur la berge de la rivière.
(Doucement.)
VARALINE Isou, en gros plan, sourit à la salle.
VARADALINE
SIANE MARIALE MALIVOLANE. Écran noir.
Ma petite sœur, nous ne sommes pas beaux à voir. L’Isère et la Gros plan de Guy-Ernest Debord.
misère continuent. Nous n’avons pas de pouvoirs. Écran noir.
Le Soulèvement de la Jeunesse… Scènes d’émeutes.
(Coups de sifflets stridents ;
puis chœur lettriste en fond sonore dominé par des cris
et des coups de sifflets.)
Considérations sur les rapports sexuels en France vers la fin de
l’ère chrétienne. Rencontres.
Presque toutes les filles âgées de moins de quinze ans nous
sont interdites.
La plupart des perversions sont mal vues du grand public.
La police parisienne est forte de trente mille matraques.
Il y a encore beaucoup de gens que le mot de morale ne fait ni
rire, ni crier.
(Fin du chœur lettriste.)
Christiane est en prison. Corps de jeunes gens tués dans les
L’ordre règne et ne gouverne pas. rues d’Athènes.
(Mécaniquement.) ET LA JEUNESSE SE DÉCOMPOSERA
La psychologie tridimensionnelle, ou le complexe architectural UN PEU PLUS.
défini comme moyen de connaissance. Gros plan de Marc,O.
Le chien andalou s’est enfermé dans les maisons du sommeil, Intérieur du Mabillon avec ses clients
comme un argonaute étranglé. habituels.
Tant d’indulgence et la victoire de Kossovo, les plaies secrètes.
Au coin de la nuit les marins font la guerre ; et les bateaux dans
les bouteilles sont pour toi qui les avais aimés. Tu te renversais
dans la plage comme dans les mains plus amoureuses que la
pluie, le vent et le tonnerre mettent tous les soirs sous ta robe. Match de boxe.
La vie est belle l’été à Cannes.
Le viol, qui est défendu, se banalise dans nos souvenirs.
Quand nous étions sur le Chattanooga.
Oui. Bien sûr.
Et l’ensablement de ces visages qui furent les éclatements du
désir, comme l’encre sur un mur, qui furent des étoiles folles.
Que le gin, le rhum et le marc coulent comme la grande
Armada. Vues extérieures du musée de Cluny.
Ceci pour l’éloge funèbre.
Mais tous ces gens étaient vulgaires. Scènes d’émeutes.
(Applaudissements et coups de sifflets simultanément.)
Le supplice de la caresse recommence avec elle et la faiblesse
se refuse et augmente.
La chute verticale vide un tonneau des Danaïdes, un tonneau de
gel et de lèvres.
Le tapis tourne dans une autre dimension du temps, se tache.
Comme un sucre qui fond.
La musique borne le rouge et le vert des signaux.
La nuit est à toi. Pellicule brossée.
La musique triomphale s’élargit.
Il est couché à la nage dans un fleuve très chaud, une mer
d’huile.
Déjà ce n’est plus qu’une affaire de cheveux.
Je n’ai jamais beaucoup aimé la Wodka, ni les confidences.
(Voix monotone.) LE DÉSORDRE POUR LE DÉSORDRE.
La petite Madeleine Reineri, douze ans et demi, qui animait,
sous le pseudonyme de Pirouette, l’émission radiophonique des Match de boxe.
Beaux-Jeudis, au Poste Alpes-Grenoble, s’est jetée dans l’Isère…
Mademoiselle Reineri, dans le quartier de l’Europe, vous avez Pellicule brossée.
toujours votre visage étonné et ce corps, la meilleure des terres
promises. Lâcher de parachutistes.
Les dialogues répètent comme le néon leurs vérités définitives.
(Solo lettriste improvisé sur un râle.)
Rencontres.
Lâcher de parachutistes.
(Un court silence, puis des cris très violents dans le noir.) Guy-Ernest Debord sort de
l’Escapade et descend la rue
Dauphine.
Écran noir.
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