Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
www.mediapart.fr
1
Bien sûr, selon les discours convenus, il n’est pas « Nous étions un groupe de personnes à réfléchir sur la
du tout question de nationalité, l’Europe l’emportant nécessité de remettre la démocratie au cœur du projet
sur tout. Néanmoins, chaque pays essaie de pousser européen pendant la campagne présidentielle. Nous
son champion ou au moins d’obtenir en compensation avons continué après. Le renouvellement du directoire
quelque autre poste de prestige. nous a semblé offrir une fenêtre pour reparler de la
nécessité d’une ouverture démocratique. Demander
Madrid soutient l’actuel ministre espagnol de un contrôle réel du Parlement européen sur la
l’économie, Luis de Guindos, pour succéder comme nomination des membres de la BCE, c’est un premier
numéro deux de la BCE au Portugais Vítor pas certes symbolique. Mais l’important est de
Constâncio, dont le départ est prévu fin mai. Mais grappiller du terrain, petit à petit », explique Xavier
l’Irlande, qui n’a jamais eu de siège à Francfort, Timbeau, directeur à l’OFCE, co-signataire de la
souhaiterait aussi que le gouverneur de la Banque tribune.
centrale irlandaise, Philip Lane, prenne le poste. Le
choix devrait être arrêté le 22 février. « Aux États-Unis, c’est le Congrès, après un examen
rigoureux, qui décide de la nomination des membres
Berlin a déjà fait savoir qu’il considère que son tour de la Réserve fédérale. Pourquoi en irait-il autrement
est venu pour prendre la présidence de l’institution en Europe ? », renchérit Michel Aglietta, chercheur au
monétaire, et avance le nom de l’actuel président de CEPII (Centre d’études prospectives et d’informations
la Bundesbank, Jens Weidmann. Au nom du moteur internationales). « Le Parlement européen auditionne
franco-allemand, l’actuel gouverneur de la Banque de déjà les candidats appelés à siéger à la BCE. Mais il
France, François Villeroy de Galhau, se verrait bien est vrai que tout se fait dans des délais très restreints,
devenir ministre des finances de la zone euro. Un poste sans véritable choix. Et les avis du Parlement ne sont
qui n’existe pas encore mais qui est prévu dans le grand que consultatifs », concède la députée européenne
projet de refonte européenne présenté par Emmanuel Pervenche Berès.
Macron.
1/4
Directeur de la publication : Edwy Plenel
www.mediapart.fr
2
En finir avec la cooptation au sein d’un petit club, de la zone euro (Irlande, Portugal, Espagne, Grèce).
pouvoir élargir la sélection des membres au-delà des Mais c’est aussi Jean-Claude Trichet, en sa qualité
seuls membres des banques centrales, en proposant des de président de la BCE, qui a interdit en 2008 au
universitaires ou des économistes… Les idées fusent gouvernement irlandais de solliciter les investisseurs
parmi les co-signataires de la tribune. L’important, privés pour renflouer les banques irlandaises en
pour eux, est que la BCE entre dans le champ de faillite, imposant par cette décision un sauvetage
l’examen démocratique, rende des comptes. « Le totalement aux frais des finances publiques. C’est lui
populisme est détestable mais il pose des questions encore qui a provoqué, par une lettre comminatoire
réelles sur le fonctionnement des institutions. Il se adressée en août 2011 au gouvernement italien, la
nourrit du sentiment de dépossession des populations. chute de Silvio Berlusconi de son poste de premier
Si on veut le combattre, il faut vraiment redonner du ministre, qui sera actée par le couple Merkel-Sarkozy
pouvoir aux instances démocratiques. Et la BCE en est lors du sommet de Cannes de novembre 2011.
un exemple », renchérit Laurence Scialom, professeure Plus tard, Mario Draghi assumera son rôle de
d’économie à Nanterre. responsable en dernier ressort, en s’engageant à tout
Même si le débat sur la démocratisation des instances faire (« Whatever it takes ») pour sauver l’euro.
européennes est ouvert depuis plus d’un an, le fait qu’il Mais il s’érigera aussi en décisionnaire final dans la
se focalise aujourd’hui sur la BCE prouve combien crise grecque après l’élection de Syriza, en décidant
l’institution monétaire a pris une place hors norme de ne plus accorder aux banques grecques l’accès
dans la construction européenne. Pour beaucoup, elle aux liquidités de la Banque centrale, ce qui forcera
est même la seule à exercer un réel pouvoir, acquis à en quelques semaines le gouvernement grec à la
la faveur de la crise financière de 2008 et surtout de reddition.
la crise des dettes européennes en 2012. Comblant un Questions de souveraineté
vide institutionnel, elle a été par nécessité « l’acteur
essentiel », sinon unique, qui a évité l’effondrement de « Croire, comme certains le pensent, que maintenant
l’euro et la dislocation de l’Europe. que la crise est passée, on va revenir à la normale, que
la BCE va se contenter de son rôle de surveillance de
Mais cela s’est fait au prix de nombreux coups de l’inflation est une aberration. On reste dans la logique
canifs à sa mission première, la seule qui lui soit selon laquelle les déséquilibres financiers n’ont pas
reconnue dans les traités : la stabilité de l’inflation et d’effets macro-économiques. La crise systémique que
des prix. Louvoyant entre les textes et les positions des nous avons connue l’a prouvé. Il y a un besoin
différents pays membres, elle a inventé au jour le jour absolu de stabiliser la finance. Maastricht ne permet
les moyens de contenir la crise mais aussi d’imposer pas cette nouvelle mission de la Banque centrale »,
ses vues, sans discussion possible. « La BCE est constate l’économiste Michel Aglietta. Il estime
une institution qui conditionne la vie des Européens, qu’une révision du statut de la BCE s’impose, pour
l’avenir de l’Europe. Que ce soit par les taux de tenir compte de la réalité du rôle de l’institution
change, la gestion du système financier, ses achats de monétaire dans l’architecture européenne.
dettes, ses mesures ont des effets macro-économiques
redistributifs. Elle fait des choix. Qui peutdire qu’ils
ne sont pas politiques ? », relève Laurence Scialom.
« Mais il n’y a pas de garantie que ces mesures soient
prises dans notre intérêt », complète Xavier Timbeau.
Membre permanent de la Troïka, la BCE a été
associée, quand elle ne les a pas conçus, à tous les
programmes d’austérité infligés aux pays membres
2/4
Directeur de la publication : Edwy Plenel
www.mediapart.fr
3
3/4
Directeur de la publication : Edwy Plenel
www.mediapart.fr
4
Directeur de la publication : Edwy Plenel Rédaction et administration : 8 passage Brulon 75012 Paris
Directeur éditorial : François Bonnet Courriel : contact@mediapart.fr
Le journal MEDIAPART est édité par la Société Editrice de Mediapart (SAS). Téléphone : + 33 (0) 1 44 68 99 08
Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 24 octobre 2007. Télécopie : + 33 (0) 1 44 68 01 90
Capital social : 24 864,88€. Propriétaire, éditeur, imprimeur : la Société Editrice de Mediapart, Société par actions
Immatriculée sous le numéro 500 631 932 RCS PARIS. Numéro de Commission paritaire des simplifiée au capital de 24 864,88€, immatriculée sous le numéro 500 631 932 RCS PARIS,
publications et agences de presse : 1214Y90071 et 1219Y90071. dont le siège social est situé au 8 passage Brulon, 75012 Paris.
Conseil d'administration : François Bonnet, Michel Broué, Laurent Mauduit, Edwy Plenel Abonnement : pour toute information, question ou conseil, le service abonné de Mediapart
(Président), Sébastien Sassolas, Marie-Hélène Smiéjan, Thierry Wilhelm. Actionnaires peut être contacté par courriel à l’adresse : serviceabonnement@mediapart.fr. ou par courrier
directs et indirects : Godefroy Beauvallet, François Bonnet, Laurent Mauduit, Edwy Plenel, à l'adresse : Service abonnés Mediapart, 4, rue Saint Hilaire 86000 Poitiers. Vous pouvez
Marie-Hélène Smiéjan ; Laurent Chemla, F. Vitrani ; Société Ecofinance, Société Doxa, également adresser vos courriers à Société Editrice de Mediapart, 8 passage Brulon, 75012
Société des Amis de Mediapart. Paris.
4/4