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et le pressiomètre
H.
GONIN
Ingénieur ENPC.
P. VANDANGEON
Ingénieur ENSG *
Marie-Pierre LAFEUILLADE
Ingénieur IST.
Résumé
Les auteurs, se basant sur le mémoire de fin d'études de l,un d,eux, présen-
tent une étude de corrélations entre valeurs des essais de pénétration au carot-
tier (SPTN) et essais pressiométriques (pression limite Pl et module E). Neuf
formations argileuses, sableuses, marneuses et crayeuses de la région parisienne
et du Nord de la France ont été étudiées. L'article comporte dans une première
partie une synthèse bibliographique, et dans une deuxième partie les résultats
de l'étude statistique effectuée.
En conclusion, quelques réflexions sont présentées sur la représentativité des
essais et l'utilisation de corrélations pour apprécier les tassements.
Abstract
A correlation study between SPT and pressuremeter test is evaluated by the
authors. Nine different formations, including clays, sands, marls and chalk from
the Paris and North of France sedimentary basin have been considered. The
article outlines initially a litterature review on the subject and further conside-
rates statistical relationships between both tests.
As a conclusion, a discussion on the representativity of the tests and the use
of these correlations to predict settlements are presented.
Aussi, apparaît-il nécessaire de comparer les résultats fait à l'avancement, il est moins sensible que le
obtenus entre ces deux types d'essais dans les mêmes pressiomètre à la qualité du trou de forage ;
formations géologiques et d'étudier la possibilité de il est le seul essai qui associe, à une mesure in
corrêler ces résultats. siÉu de la résistance du sol, un prélèvement permet-
tant une identification précise des terrains soumis à
Cette démarche a êtê le but du mémoire pré,sentê, et I'essai.
le 79 octobre 7990 par M.-P. COVILLE-
soutenu
LAFEUILLADE en vue de I'obtention du diplôme Les paramètres, donnê,es ou grandeurs physiques, qui
d'ingénieur en géophysique et gêotechnique de l'lns- ont êté le plus souvent évalués à partir des valeurs
titut des sciences et technologie de l'Université Pierre de I'essai SPT, sont les suivants :
ques et d'essais Standard Penetration Test effectués angle de frottement interne d'un sable ;
dans des formations géologiques caractêristiques de la résistance à la compression simple d'une argile ;
région parisienne et du Nord de la France pour déter-
miner les graphiques donnant pour chaque formation contrainte admissible sur un sable ;
étudié,e la relation entre ces résultats. Son étude a potentiel de liquéfaction d'un sol ;
impliqué le choix d'une méthode rigoureuse pour pression de pointe mesurée au " pê,nêtromètre
I'exploitation statistique de l'ensemble des données, statique )> ;
permettant que les valeurs retenues le soient à partir pression limite et module pressiométrique mesuré
de critères objectifs. au pressiomètre MENARD.
On se propose ici de reprendre l'essentiel des résul- Nous nous contentons ici de rêcapituler les correspon-
tats obtenus afin de valoriser chacun de ces essais par
dances propos é,es, sans porter de jugement sur leur
les corrêlations les reliant I'un à l'autre ; elle porte sur validité.
neuf formations géologiques recouvrant la grande
majorité de types de sols rencontrés dans la nature :
sables, limons, argiles, marnes, craie 1.1. Densité relative d'un sable
De nombreux auteurs s'étant antérieurement penchés La densité relative d'un sable est définie par l'une des
sur les corrélations pouvant ëtre trouvées entre le SPT relations suivantes :
que des résultats et corrélations obtenues ; où ( e > est l'indice des vides et ( ? > Ie poids volu-
une deuxième partie se rapportant à la présenta- mique sec du sable.
tion de l'étude comparative des résultats des essais
SPT et des essais pressiométriques et aux corrélations TERZAGHI et PECK ont donné, (fig. 1) une corres-
qui s'en déduisent. pondance entre la densité relative d'un sable et sa
résistance mesurée au SPT.
Pour corrêler ces deux valeurs, SCHULTZ et MEN-
1. RAPPELS ET SYNTHÈSE ZENBACK, tenant compte de la contrainte effective
BIBLIOGRAPHIQUE SUR LE SPT du sol au niveau de l'essai , prêfèrent utiliser la rela-
tion suivante :
L'essai SPT (Standard Penetration Test) vient des Ln(Dr) : 0,478 Ln(N) 0,262 Ln (o'uo) + 2,84
Etats-Unis ; il a êté largement développê par TER-
ZAGHI qui a défini un mode opératoire pour ce qui Ln : logarithme népêrien ; _
n'était, au début, qu'une habitude de chantier. Il s'agit 6'ro : contrainte ef{ective au repos exprimée en 10"
en effet de compter le nombre de coups nécessaire Pa (bar) .
Éruoe sun us coRRÉtnnoNs ENTRE LE sTANDARo pÉruÉrRaloN TEsr ET LE pREsstorraÈrRe 69
F>.
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1.3. Résistance à la compression simple
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so d'une argile
l.rJ o
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Suivant la qualité d'une argile (molle à dure) , TER-
ZAGHI et PECK ont donné des corrélations entre la
valeur SPT, N, et la cohésion non drainée Cu, trans-
crites dans le tableau I.
VALEUR S.PT. N
(p en degrés)
il s'agit là aussi de valeurs approximatives. En fait,
les relations données par TERZAGHI et PECK se
relations expêrimentales et empiriques qui ont été réfèrent à la résistance à la compression simple, prise
mises sous forme d'un abaque permettant de relier égale à 2 Cu dans le tableau I et les formules pré-
directement I'angle de frottement g à la valeur SPTN sentées ci-dessus.
à partir des résultats d'essais en laboratoire effectués
sur les échantillons prélevé,s par le carottier SPT lui- 1.4. Contrainte admissible sur du sable
même (fig. 2).
D'une manière générale, aux Etats-Unis, les contrain-
Signalons deux autres formules existant pour expri- tes admissibles pour des semelles fondées sur du sable
mer la relation entre ç et N :
sont déterminées à I'aide des abaques des figures 3
et 4 qui tiennent compte d'un coefficient de sécurité
e:{lZN+25 (DUNHAM)
de 3 par rapport à la rupture.
e:V20N+15 (osAKr)
Ces abaques ne sont applicables que si le niveau de
la nappe phréatique est au moins à une profondeur
50 B (largeur de la semelle) au-dessous de la base des
semelles ; dans le cas contraire, les pressions admis-
_ /.0 sibles doivent être divisées par un coefficient réduc-
\oû
L
teur compris entre 1 et 2.
Of
gro En admettant un critère de tassement maximum de
s 1 pouce (2,54 cm) , I'abaque de la figure 5 permet
u20 MOINS DE ,Oh D'ELEMENTS FINS
J
(e Less thon 5 p.c. of thin porticles de déterminer la contrainte admissible.
z.
10 PLUS DE 5% D.ELEMENTS FINS
More thon 5p.c. of thin porticles 1.5. Potentiel de liquéfaction d'un sol
0 Les premières tentatives d'évaluation de la liquéfac-
tion d'un sol par la valeur SPT N datent du séisme
de Niigata en 1964, séisme de magnitude 7 ,5. Depuis
Fig . 2. Corrélation entre /V et angle de frottement g. cette époque, de nombreux travaux ont complété
Fig 2. Correlation between /V and f riction angle g. cette recherche.
70 No 58 REVUE FRANCAISE DE CÉOTECHNIOUE
1.2
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Width B of footing (ml Embedding Df {rnl
0.8
o'v étant la contrainte verticale effective à la profon-
o deur consid êrê,e ;
(L
rav étant la contrainte moyenne de cisaillement due
3 0.7 au séisme à cette profondeur.
ut? TRES DENSE
xÀ Very dense La valeur SPT, N, est modifiée pour se ramener à
==
vl-
0o
0.6
une contrainte verticale effective de l ton/sq.ft.
=h (7,07 6 bar) . La valeur corrigée N1 est ainsi reliê,e à
?so 0.s N par la relation N1 : C,., x N1 le coefficient Cn
Ha étant donné par la figure 6.
z, a, DENSE
{-o
(rO
0.4 dense La corrélation rur/o'r/Nr est représentée sur la figu-
r-3
zo re 7 avec la délimitation du domaine contenant
c)=
c)< l'ensemble des sites où la liquéfaction a êté observée.
0.3
Cette limite est représ enté,e par la droite
MOYEN
medium
rur/ o', : Nr/90 pour N1
FACTEUR CORRECTIF CN
Correction foctor CN
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JO 0.2 DIAMETRE DES ORAINS VALEUR MEDIANE O5O
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ec:0,2xNà0,6xN
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l- sols à dominance argileuse :
2gr-
.Q Q. : 0.1 x N à 0,4 N.
C)trj 0.4 La coffespondance la plus couramment trouvée et uti-
lisée quelle que soit la nature du terrain est :
: 0,2 x N Qc
L.7 Pression limite et module mesuré
Fig. 6. Coefficient correcteur Cp. au pressiomètre MENARD
Fig 6. Correction factor Cry. Les résultats étudiés et présentés à ce jour sont très
fragmentaires, car le nombre d'essais comparatifs est
assez restreint du fait des habitudes nationales privi-
légiant tel type d'essai au détriment de tel autre et
également, parce que chaque type d'essai a son ter-
rain d'élection.
L'ouErt's +/ C'est une des raisons ayant conduit Marie-Pierre
iH:liï:i ?â:ii.J.?A T"*'rrEs
I LAFEUILLADE à tenter de combler cette carence en
\> 0.4
tlt; utilisant le grand nombre d'essais SPT effectués en
France dans les études faites ou suivies par SIMEC-
b
à->
SOL depuis plus de trente ans.
È'q Concernant les résultats fragmentaires donnés à ce
E
it0.3 rrÈ jour, ils sont en majeure partie repris par CASSAN
À.; dans son ouvrage (( Essais in sftu en mécanique des
GÉ Oi
sols ,, (fig. 9) .
N # 50 (Pl Pd
pour les sols du Barcarès : ;
à une même profondeur, dans une même formation que l'histogramme de la pression limite se rappro-
et pour des sondages distants de moins d'une tren- che le plus de la situation idéale ;
taine de mètres I'un de l'autre en plan et à des alti- que celui du module pressiométrique s'en éloigne
tudes comparables. le plus avec une grande dispersion des résultats ;
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VALEUR DU MODULE PRESS| OMETRT0UE 1t,tPo ) - Vo lu e of press iomet ric modu lus (MPo )
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II
Fig. 12. Argile verte de la région parisienne. 104 valeurs-histogramme des valeurs /V.
Fig 2. Green clay of Paris area. 04 values-N histogram.
1 1
que l'histogramme de la valeur SPT est tout à fait Nous voyons par conséquent que les valeurs SPT sont
satisfaisant avec près de 52 Vo des valeurs regroupées tout aussi exploitables que les valeurs pressiométri-
entre 22 et 30. ques, bien qu'il s'agisse d'une formation argileuse ; il
Cette constatation est génêrale et laisse présager que n'y a en fait aucune justification objective à ce que
les corrêlations entre N et p 1 seront meilleures que la validité de I'essai SPT soit exclusivement limitée aux
celles entre N et E. sables.
74 No 58 REVUE FRANçA|SE DE GEOTECHNTOUE
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PRESSION LIM lrE ( M Po ) - l-imit pressure ( Mpo )
13. - Argile verte de la région parisienne. Etude de corrélation sur 97 couples de valeurs.
Fig. 13. - Green clay of Paris area. Correlation study for g7 couples of values.
Éruoe sun les coRnÉunoNs ENTRE LE STANDARo pÉruÉrRnnoN TEsr ET rE pREsstouÈrRe 75
retenus par formation, à I'exception des argiles ver- L'exarnen du tableau III permet de faire les quelques
tes pour lesquelles ce nombre est de 98. remarques suivantes.
Nous donnons pour chacune de ces formations les En premier lieu, ofl constate bien que le pourcentage
corrélations obtenues et les relations simpliflê,es pou- d'incertitude défini, qui représente, en quelque sorte,
vant ëtre utilisées avec les pourcentages d'incertitude I'ouverture du fuseau dans lequel se situent les points
et les plages d'utilisation (unités retenues MPa) . utilisés pour la corrélation, est moindre pour les cor-
Désignation des f ormations Corrélations o/o d'incertitudes Plage d'utilisation Formules simplif iées
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LIMONS BRUNS DE LA REGION PARISIENNE
Brown silts of the Poris oreo
SABLES DU FLANORIEN OE LA REGION DE DUNKEROUE 2.79 t
Flondrien sonds of the Dunkirk oreo 56.70 '
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Fig. 14. Corrélations SPT N-Pl, limons, sable, marne, craie (Paris ou nord de Ia France).
Fig 14. CorrelationsSPf /V values N-Pl, silts, sand, marls, chalk (Paris or north of France).
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Fig. 15. - Corrélations SPT N-PI, argiles et marnes argileuses (Paris ou nord de la France).
Fig. 15. - Correlations SPT N-Pl, clays and clayed marls (Paris or north of France).
Contrairement à certain es idê,es reçues, les corrélations ou de la validité des formules utilisées. Le seul fait
entre les valeurs des essais SPT et pressiométriques qu'il n'existe pas de relation théorique ou semi-
sont tout à fait valables dans les argiles , et rien ne empirique directe reconnue entre les valeurs SPT et
justifie d'accorder dans ces terrains, une préfêrence à les tassements ne peut ëtre de nature à déconseiller
un type d'essai plutôt qu'à l'autre. I'utilisation de cette méthode d'investigation, ainsi
La craie constitue un cas particulier ; en efif et, les qu'ont parfois tendance à le suggérer, en France, les
essais de pénêtration doivent être interpr étés avec dis- praticiens et les auteurs des recommandations ou nor-
cernement dans cette formation, étant donné son mes techniques. Cela revient à dénigrer l'intérêt des
caractère thixotropique. corrélations, pourtant très largement utilisées par ail-
leurs en mécanique des sols.
Les corrélations ne doivent pas ëtre utilisées en dehors
du domaine d'application des essais concernés en par- Cette mise au point et cette conclusion justifient, en
ticulier dans les terrains trop mous (vases) ou au con- quelque sorte, la pratique mondiale extensive du SPT,
traire trop résistants (roches dures) . quelque peu combattue , efl France, âu profit de l'essai
En revanche, cette étude montre que, quels que soit pressiométrique, dont nous ne contestons pas, bien
les terrains, pourvu qu'ils soient meubles (limons, entendu, le grand intérêt.
sables, argiles, marnes, craie) ,il est possible de pas-
ser de la valeur SPT à la pression limite ou au
module de déformation avec une approximation qui BIBLIOGRAPHIE
reste dans des limites acceptables , et cette correspon-
dance permet donc d'utiliser les valeurs SPT pour CASSAN M. (7978), Les essois tn siÉu en mêcani-
donner une estimation des tassements par la méthode que des so/s, tome 1 réalisation et interprétation,
pressiométrique ; les erreurs qui peuvent découler de Eyrolles, Paris.
l'utilisation judicieuse de corrélations ne sont pas plus CORTE J.-F. (1985) , IV-5 L'êualuatîon du risque de
importantes que celles qui proviennent de la dêter- liquêfactîon à partir des essofs en place, Génie
mination directe du module pressiométrique lui-même parasismique, Presses ENCP, pp . 323-331.
No 58 REVUE FRANçA|SE DE CÉOTTCHN|OUE
COVILLE-FEUILLADE M.-P. (1990), Corrêlations MEYNARD L. (7975), /Vofice gênêrale D60, Le Pres-
entre le Standard Penetration Test et Ie pressio- siomètre,pp. 3-72 .