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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Rapport publié
publié par :
L’ Association Marocaine de lutte contre la Violence à
l’égard des Femmes

Rédaction :
Pr. Naïma CHIKHAOUI
Coordination :
Najia ZIRARI et Saâdia WADAH
avec l’appui de
Hayat ZIRARI et Yamna GHABBAR

Partenaire :

www.oxfamnovib.nl

Coordonnées de l’association :
37, rue Abderrahman Sahraoui, App 6, 5ème étage- Casablanca / MAROC
Tel/Fax : 00 212 22 26 86 66 /67
E.mail : ecoute@menara.ma
Site web : www.amvef.org

ISBN : 9954 – 8475 – 4 – 5


Dépôt légal : 2007 / 3010

Impression :
Comuneg - Casablanca - Maroc

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Rapport réalisé en 2006
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

SOMMAIRE :

Liste des abréviations :............................................................... 06


Préface : ..................................................................................... 07
Introduction :.............................................................................. 09
Méthodologie : .......................................................................... 14
Profil des structures et aperçu historique : ................................. 17
Fonctionnement et entraves : ..................................................... 36
Modèle partenariale quadripartite de Marrakech : ..................... 75
Recommandations techniques argumentées pour
le court terme : .......................................................................... 114
Documents consultés : ............................................................... 119
Annexes : ................................................................................... 122
Présentation de l’Association :................................................... 175

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Liste des abréviations :


ADFM : Association Démocratique des Femmes Marocaines
AMDF : Association Marocaine Démocratique des Femmes
AS : Assistante sociale
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
EVV : Enfants Victimes de Violences
FNUAP : Fond des Nations Unies pour la Population
FV : Femmes Violentées
FVV : Femmes Victimes de Violence
ITT : Incapacité Temporaire de Travail
OMDH : Organisation Marocaine des Droits de l’Homme
OMS : Organisation Mondiale pour la Santé
PO : Plan Opérationnel
POSNLVF : Plan Opérationnel de Stratégie Nationale de Lutte
contre la Violence à l’égard des Femmes
PV : Procès verbal
SEFEPH : Secrétariat d’Etat Chargé de la Famille, de l’Enfance
et des Personnes Handicapées
SNLVF : Stratégie Nationale de Lutte contre la Violence à
l’Egard des Femmes
UAF : Union d’Action Féminine
UNIFEM : Fonds de Développement des Nations Unies pour la Femme
VFG : Violence Fondée sur le Genre

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Préface

Le présent document constitue un état des lieux des initiatives du


gouvernement pour l’accueil et l’assistance des femmes victimes de
violence, par la mise en place de certains mécanismes institutionnels
auprès des tribunaux, hôpitaux et de la police et gendarmerie. Tout en
saluant l’initiative qui consacre une prise en charge institutionnelle
particulièrement avancée de ce phénomène par les pouvoirs publics,
le rapport montre que les chaînes de service sont confrontées à
de nombreux problèmes, plus liés au manque de moyens, au flou
caractérisant leur mission qu’à la volonté et l’engagement des
personnes en charge de cette mission.
La mise en place de chaînes de services institutionnels pour les
femmes victimes de violence a fait l’objet d’une revendication du
mouvement des femmes depuis plus d’une décennie. L’Association
Marocaine de Lutte Contre la Violence a été précurseur dans ce
domaine. Ses premières tentatives d’établissement d’échanges et de
contacts avec la police, en vue de la mise en place, dans les locaux de
cette dernière, de cellules d’accueil, remonte à 1999. Ces tentatives
n’ont pu aboutir, compte tenu du contexte politique de l’époque.
Aujourd’hui, nous tenons à saluer l’effort des acteurs institutionnels
dans ce domaine. Cependant, nous interpellerons vivement les
autorités compétentes à renforcer leur investissement dans le
dépassement durable des difficultés structurelles auxquelles sont
confrontées aujourd’hui les chaînes de service de prise en charge,
particulièrement par l’institutionnalisation de la prise en charge du
phénomène, en le consacrant comme problème de santé et sécurité
publiques.

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

La réalisation de ce rapport s’inscrit dans une démarche de


l’association visant à contribuer à faire avancer les initiatives prises
par les pouvoirs publics pour la lutte contre la violence. Le monitoring
des politiques publiques dans ce domaine a pour objectif d’assurer
un reporting susceptible de mobiliser les acteurs concernés en vue
d’un résultat efficient contre ce phénomène, par la réalisation des
partenariats nécessaires entre les autorités compétentes et les acteurs
associatifs.
Nous remercions toutes les personnes qui ont aidé à la réalisation de
ce travail pour leur contribution directe ou indirecte et leur facilitation
des contacts de terrain. Sans cet apport, ce travail n’aurait pu aboutir
avec la qualité requise.

Pour l’Association
Hayat ZIRARI
Présidente

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Introduction

La violence faite aux femmes fondée sur le genre, phénomène


universel car lié aux conditions sociales inhérentes aux structures
patriarcales sexistes et ségrégationnistes envers les femmes et les
filles. Sa dénonciation connaît un processus local marocain enclenché
depuis une décennie et demie. La décennie des années quatre vingt
dix1 proprement dite, a connu un processus revendicatif dénonciateur
de cette VFG et un élan de prise en charge des FVVFG exclusivement
associatif féminin, voire féministe. Ce processus associatif se focalisa
dans l’espace citadin des deux métropoles Casablanca et Rabat
dans un premier temps. Il ne cesse de se généraliser sur le territoire
national, timidement dans celui rural. La première moitié de la
deuxième décennie (2000-2006) verra émerger un intérêt balbutiant
de l’Etat pour ce phénomène de la VFG, déclenché par le travail de
plaidoyer des associations féminines et féministes.
Des dates charnières vont initier les premiers positionnements
responsables de l’Etat vis-à-vis de ce problème social de la VFG.
La première campagne nationale rédigée en partenariat avec les
associations des femmes via les mass média nationaux2 (1998) aura
pour mérite de briser le tabou et faire sortir la question à la sphère et à
l’opinion publique. L’idée annoncée de l’élaboration d’une stratégie
nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes germera et
prendra corps avec le document y afférent édité en 2003.

1
La mise en place du centre d’Ecoute et d’Orientation Juridique et de Soutien Psychologique pour les
Femmes Victimes de la Violence (Hermitage), lié à l’Association Marocaine de Lutte contre la Violence
à l’Egard des Femmes, daterait de 1995.
2
La radio, la télévision, les affiches publiques, la presse écrite….

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

L’engagement de l’Etat pour son exécution se concrétisera avec


l’élaboration d’un plan opérationnel en 2005, lequel greffera ses
actions préconisées sur les acquis du Code de la Famille promulgué
en 2004, de celui du Code du Travail adopté en 2003 et des révisions
du Code Pénal en 2004. Ces juridictions nouvelles concerneront
directement et indirectement les violences à l’égard des femmes et des
filles… entre autres celles juridiques3. Cette volonté juridictionnelle
au profit des rapports sociaux hommes-femmes, de la famille et la
société marocaine tournée vers la démocratie et la modernité, traduit
une volonté politique malgré le manque de ressources humaines et
financières conséquentes.
Par ailleurs, le plan opérationnel d’exécution de la stratégie nationale
de lutte contre la violence à l’égard des femmes, fut le premier
document qui réfère directement à la question de l’offre de services
aux femmes victimes de violence et prévoit des actions d’organisation
et de consolidation de cet axe dans le court et le moyen terme4. Il est
considéré alors parmi les trois axes prioritaires et structurels à savoir
la recherche, la formation et l’offre de service aux FVV. Cet axe est
exprimé en terme de consolidation de l’offre en chaîne des services,
avec la mise en place d’un statut des assistantes sociales comme
action préalable et corollaire. De même, la question de la formation
est traitée comme un élément fondateur de l’ensemble des actions,
dont celle relative à l’offre de services aux FVVFG.
Il est judicieux dans ce lieu de réfléchir notamment au descriptif de
l’état des lieux établi en 2005 des services offerts aux FVVFG, opéré
dans le cadre de l’élaboration du PO de la SNLCVF5.

3
Ce code pénal reconnaît la violence à l’égard des femmes et des épouses (articles 400 et 404, modifiés
et complétés par la loi n° 24-03). Il écarte toute discrimination entre les femmes et les hommes dans
le cas d’un homicide et prévoit la même pénalisation (articles 392 et 399). Le harcèlement sexuel
dans le lieu de travail est sanctionné (article 503, additif de la loi n° 24-03) etc. La violence juridique
imbriquée à l’ancienne Moudouana est réduite de façon significative.
4
Les 18 mois qui comptent à partir du début 2006.
5
Il n’y eut aucune étude évaluative préalable. Les quelques informations sont collectées lors du travail
sur le PO de la SNLCVF et de l’expérience cumulée.

10
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Les éléments saillants de ce descriptif sont :


- L’offre de services aux FVVFG est exclusive aux associations
et aux centres d’écoute gérés par les activistes et actrices de la
société civile, jusqu’en 2005.
- La mise en place de deux cellules implantées dans les deux
espaces hospitaliers d’Ibn Rochd et d’Ibn Sina est le résultat
d’initiatives personnelles d’assistantes sociales et de médecins,
soutenus par des accords tacites des directeurs des hôpitaux
ouverts à la question. La formalisation de reconnaissance
institutionnelle n’est pas établie officiellement par le
département concerné, le Ministère de la Santé.
- Le défaut de systématisation des services en chaîne avec des
fonctions entre les différents maillons concernés, les centres
d’écoute, les commissariats de police, les tribunaux, les
hôpitaux avec leurs services spécialisés et/ou leurs services
des urgences, etc. Ce fait est corroboré par l’absence de toute
traçabilité et de difficulté majeure de suivi des cas et des
aboutissements et retombées des actes entrepris de prise en
charge des FVV. Il est difficile de mesurer toute efficacité des
gestes et actes entrepris auprès des FVV.
- Le manque à combler en matière de centre d’hébergement
provisoire, faisant l’objet de réflexion actuellement6, s’im-
poserait à plus d’un titre. Les réalités sociales souvent
d’indigence extrême, aggravées par des cas d’acteur de
violence récidiviste… font objectivement appel à la mise en
place de ce type de service aux FVV. Le PO de la SNLCVF a
fait mention de quelques cas de figure dans ce sens, à savoir les
FVV les plus démunies, les plus menacées (danger d’homicide,
tentatives suicidaires,…), les femmes victimes d’abus sexuels
ou physiques répétitifs et trop fréquents, notamment en
présence d’enfants en bas âge… Le passage par ces centres

6
La réflexion locale porte sur la nécessité d’un cadre légal et d’une implication étatique déclarée et
soutenue financièrement pour l’instauration de ce service d’hébergement provisoire –de nuit- pour
les cas critiques et d’urgence, celle européenne, notamment française soumet l’idée de maintien de la
victime dans le domicile conjugale et c’est le partenaire agresseur qui le quitte.

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

étant intrinsèquement lié à un processus d’accompagnement


adéquat (poursuite judiciaire, placement des enfants…). A ce
jour, il existe trois centres (Rabat, Fès, Oujda)7. Ils connaissent
d’énormes difficultés, particulièrement celui de Fès qui a cessé
ses activités.
Il incombe à l’absence de cadre juridique légal, de subventions
ou de soutien financier étatique, à la décentralisation et d’autres
entraves de gestion propre à la complexité de la problématique
de violence, la défaillance notoire de ce service qui tarde à se
structurer.
Cet état des lieux descriptif et non évaluatif établi, traduit clairement
le besoin en terme d’actions et de recommandations de l’organisation
de l’offre des services aux FVV, lequel est clairement émis dans le
PO de la SNLVF (2005). C’est à ce niveau que l’analyse peut se faire
afin de lire ce type de dynamique, ses orientations, ses difficultés et
ses ancrages en cours.
Il faut par ailleurs rappeler que cet aboutissement en terme
d’implication effective de l’Etat à travers le SEFEPH est redevable
à la dynamique et à la pression revendicative des associations
“féministes”.
L’étude en cours, fut une opportunité très riche d’établissement de
constats et faits parlants. Elle a porté sur la «documentation des
structures (unités et cellules) d’accueil des femmes victimes de
violence fondée sur le genre, attachées à des institutions étatiques».
Il est entendu par institutions étatiques ici, des départements gou-
vernementaux qui ont ouvert ce genre de structures, qui sont le
Ministère de la Santé, celui de la Justice et celui de l’Intérieur au
niveau de la Sûreté Nationale, précisément la Police Judiciaire8.
Elle a souligné un objectif et des résultats bien précis.

7
Annajda (2003), Aïn Ghazal (2004), celui de Fès fut de très courte durée. Les deux centres connaissent
d’énormes difficultés.
8
La Police Judiciaire dépend du Procureur du Roi (Ministère de la Justice) et est notamment attaché
au Ministère de l’Intérieur.

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

L’objectif de l’étude est :


Résultats documentés et analysés relatifs à l’offre des services aux
FVV utilisables comme outils de suivi et de plaidoyer.
Résultats attendus sont :
• Documentation analytique des expériences de cinq structures
d’offre de services de prise en charge des femmes victimes
de violence fondée sur le genre documentées, dont deux
associatives/cas témoins.
• Orientations et recommandations pratiques de mise en place
d’un “dispositif en chaîne de prise en charge” des femmes
victimes de la VFG.
La documentation de ces expériences devra aboutir, entre autres,
à des orientations « techniques » ou de conception pratique afin
de servir la consolidation des services dans un souci d’efficience,
d’efficacité et de durabilité. Cette dimension visée a imposé une
approche évaluative axée sur l’objectif de l’étude. Cet objectif a
souligné la nécessité d’aboutissement à des outils de suivi évaluation
et de plaidoyer.

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Méthodologie

1) Problématique :
L’étude évaluative, au-delà de son objectif, a arrêté la problématique
suivante comme axe fondamental d’exploration et d’analyse
notamment :
“L’offre de services de prise en charge des femmes victimes de la VFG
au niveau des différentes structures prestataires disponibles au Maroc,
présente des modèles qui varient quant à leur conception, philosophie
d’approche, normes, outils de travail, gestion et fonctionnement,
financement, statuts institutionnels, non gouvernemental, … A l’appui
de l’analyse et de l’évaluation de cet état des lieux, quel modèle est à
même de répondre aux besoins réels des femmes victimes de la VFG
et de garantir des standards de qualité, d’efficacité, d’efficience et de
pérennité ?”.
Il découle de cette problématique un ensemble d’axes à explorer, qui
vont constituer les éléments primordiaux du guide de l’entretien. Ces
axes se résument dans le questionnement suivant :
Quels sont les “modèles” identifiables au niveau des différentes
structures, objets d’étude et quel cheminement faisable et pratique
vers le modèle type référentiel dans le sens d’un dispositif complet
qui offre un paquet de services systématisés en chaîne et soutenu par
une gestion de qualité et une traçabilité pour le suivi évaluation. Afin
de répondre à l’objectif et aux résultats attendus retenus pour l’étude
et en vue de tenter une proposition des modalités de mise en place
de ce paquet de services en chaîne, la méthodologie préconisée pour
l’étude a ciblé l’aspect d’analyse qualitative évaluative.

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Cette étude a arrêté pour son échantillon, une population cible


constituée des prestataires de services, des responsables hiérarchiques
immédiats des unités “institutionnelles”, et notamment des
bénéficiaires.
La dimension intensive de l’étude a fait que toutes les personnes
directement impliquées au niveau des unités objet de travail et
d’exploration devaient constituer l’échantillon de cette étude.

2) Outils méthodologiques
L’enquête a reposé pour la collecte des données sur différents outils
méthodologiques :
• Entretiens semi-directifs
• Un focus groupe à base de technique de jeux de rôles
• Une étude de cas par le biais d’entretiens libres.
A ces outils, un travail préliminaire sur documentation et bibliographie
disponible fut établi, notamment des écrits relatifs aux expériences
des autres pays en matière d’offre de services aux FVV de la VFG.

3) Déroulement méthodologique effectif :


L’enquête de terrain a pris quatre semaines (avril 2006), les trois
premières semaines ont concerné le terrain Casablanca-Rabat et la
dernière semaine (22 au 29 avril 2006) fût consacrée aux cellules,
unités et centre d’écoute Hawwaâ de Marrakech. Un retour à Annajda
(Rabat) pour une séance « jeux de rôles », s’imposa et elle eut lieu
le mercredi 10 mai.
Les entretiens ont touché un échantillon de 28 responsables, acteurs
et actrices dans le domaine de l’offre de services aux FVV avec une
moyenne de deux entretiens par interviewer pour pratiquement 50%
de l’échantillon concerné.
L’observation des cas de FVV dans des institutions d’accueil,
particulièrement au niveau des unités hospitalières (Ibn Rochd,
Ibn Sina, Ibn Zohr et Ibn Tofeil) a porté sur neuf cas, dont un cas

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

d’homicide et donc un accueil de la sœur et de la mère, deux autres


cas à Annajda qui ont participé à la séance « jeu de rôles ».
De ces neuf cas, le cas de « L » a constitué un sujet d’étude. Le suivi
du cas s’est déroulé tout au long de l’enquête avec cinq entretiens
directs et d’autres indirects par téléphone.
Des outils complémentaires ont aidé à collecter l’information relative
aux contenus et conception des pratiques inhérentes aux différents
services et aux liens de coordination nécessaires pour la mise en
chaîne de ces derniers. Ainsi, des tableaux (voir annexe) résument les
apports observables et notés par les prestataires et les bénéficiaires,
grâce à la nouvelle organisation de la prise en charge des FVV.
Un travail de documentation fut mené avant le démarrage de l’enquête
et tout au long du travail (voir documents consultés).
L’opportunité de la participation à l’atelier de formation pour les
professionnels de la santé sur le thèmes «Enfants et femmes victimes
de violence : prise en charge médicale et orientation»9, a permis la
collecte de données supplémentaires (présentations, débats et travail
de groupes).
L’outil séance jeux de rôles a concerné les prestataires (3) et les
bénéficiaires (2), à travers la technique des rôles joués dans un premier
temps et inversés dans un deuxième temps. La technique de discussion
après la séance des contenus joués devait constituer une situation de
focus groupe pour collecte d’impressions, approfondissement des
données et confrontation des avis pour vérification et enrichissement
des résultats attendus.
Le travail analytique des données recueillies, comparatif et dy-
namique, au-delà des faits à établir, visait deux niveaux de
comparaison, celui des différentes structures étudiées et celui du
modèle type référentiel documenté selon les modèles de certains
pays avancésdans ce domaine.
9
Cet atelier est organisé par le Ministère de la Santé en partenariat avec le FNUAP et l’UNESCO, le
22 avril 2006 à Marrakech.

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Profil des structures et aperçu historique

1) Structures institutionnelles, cas d’étude :


Il existe deux moments distincts dans le processus de la création des
unités d’accueil des FVV de la VFG. Cette distinction peut être datée
en deux temps forts qui s’échelonnent de 1997 à 2006.

a) Unités hospitalières :
Les années 1997 et 2001 correspondent respectivement à la mise
en place des premières unités d’accueil d’Ibn Roch à Casablanca et
d’Ibn Sina à Rabat. Ces deux unités sont dites informelles ou non
institutionnalisées, dans la mesure où la décision de leur création
a demeuré interne à l’hôpital, effectuée au niveau de la direction
de celui-ci10 . Autrement dit, aucune décision politique ministérielle
officielle ne s’est faite dans les normes administratives externes de
l’institution hospitalière.
La cellule d’accueil des FVV de la VFG d’Ibn Rochd est domiciliée
dans le Service de la Médecine Légale en 1997. Elle ne sera
fonctionnelle qu’en 1999 avec l’arrivée de quatre (4) médecins au
service. Elle opérera, en solitaire jusqu’en 2001. L’ouverture de
la cellule d’Ibn Sina est établie proprement dit le 8 mars 2002 par
l’organisation d’un séminaire propre à la question de la VFF de la
VFG et la signature d’un protocole de partenariat avec l’hôpital et le
FNUAP. Il faut rappeler que certaines actions dans le domaine de la
lutte contre la VFG sont entreprises au Maroc de manière parallèle
et leur influence directe ou indirecte concernera ces deux unités en
cours de constitution.
10
Pour le CHU de Casablanca, le Pr. Ouahlia était l’initiateur d’un service médico-légal, avec un
financement de l’hôpital. Une unité d’accueil des FVV de la VFG est prévue comme tâche annexe et
supplémentaire.

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Le travail de sensibilisation, d’information et de plaidoyer engagé


depuis les années 80 par le mouvement des femmes a contribué
fortement à briser le silence sur la violence faite aux femmes et à la
porter sur la scène publique.
La campagne nationale de sensibilisation sur la VFG ainsi que
l’élaboration de la SNLCVF entre 2001 et 2003 date de validation
et d’édition, présenteront des occasions de plaidoyer, voire de
revendication associative par ailleurs, pour la mise en place d’unités
d’accueil des FVV au niveau des hôpitaux.
Avec l’année 2005 et avec le PO de la SNLCVF, la question des
unités d’accueil des FV de la VFG, occupera une position focale
dans l’ensemble des actions préconisées.
Cet aspect « prise en charge des FVV » a occupé une importance
de contenu et de place très importante dans la programmation pour
exécution au niveau du tableau synoptique du PO de la SNLCVF
(voir annexe 2).
Cette question sera traitée notamment au niveau de certaines actions
dites “urgentes d’appui à l’offre de services”, qui comptent l’action
de la “consolidation de l’expérience pilote des unités d’accueil et son
élargissement à d’autres espaces tels que les bureaux des syndicats,
les écoles (cellules d’écoute) et la “combinaison à étudier entre
l’offre des services des cellules d’accueil des enfants victimes de
maltraitance et d’abus sexuels et celles des femmes violentées qui
arrivent aux hôpitaux (Ministère de la Santé)”11
Il est important de souligner ici la désignation de ces deux unités
en tant qu’expérience pilote. Ce qui supposait leur consolidation
dans ce sens. Il était prévu l’organisation d’une journée d’étude/
réflexion et d’institutionnalisation effective des unités d’Ibn Sina et
d’Ibn Rochd12. Cette action n’a pas encore été entreprise. L’année
2006 marquera l’ouverture de la première unité d’accueil des FVV

11
Schéma repris du PO de la SNLCVF, SEFEPH et FNUAP, Juin 2005.
12
Ibid p.22 (Tableau : Actions urgentes d’appui à l’offre de services)

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

bénéficiant de reconnaissance institutionnelle par le Ministère de la


Santé, il s’agit de l’unité d’accueil domiciliée à l’Hôpital Ibn Zohr à
Marrakech.
Le Directeur de l’hôpital est saisi par le Ministère de la Santé pour
le réaménagement de locaux devant être réservés à l’accueil des
femmes violentées et des enfants victimes de maltraitance. L’unité
est officiellement inaugurée par la Princesse Lalla Meryem. Il faut
faire mention ici de l’existence d’une unité depuis 2002 au sein
de l’hôpital Ibn Tofeil. Elle est notamment initiée via un courrier
ministériel adressé au Directeur de l’hôpital13. Cette même unité est
maintenue au niveau des urgences, alors qu’à l’Hôpital Ibn Tofeil14 ,
elle est physiquement indépendante même si attenante au service des
urgences avec une correspondance immédiate par une porte directe
de fonction.
Schéma 1 : Typologie d’actions par domaine prioritaire

13
Dr. Tamsamani
14
C’est toujours l’assistante sociale Menhour Latifa, qui en est l’actrice principale

19
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

b) Cellules du tribunal et de la Sûreté Nationale à Marrakech


La création des dites cellules des tribunaux désignées « cellules de
lutte contre la VF ou cellules des femmes violentées », est exécutée à
l’issue de la diffusion d’une circulaire adressée par le Ministère de la
Justice. Cette circulaire est intitulée : “Fiche relative à la contribution
du Ministère de la Justice à la lutte contre la violence à l’égard des
femmes” (Annexe 3)15 . Il y est précisé qu’il s’agit de la contribution
de ce département dans “le cadre de l’orientation du gouvernement
vers l’éradication de toutes formes de discrimination contre les
femmes et ce dans tous les domaines, particulièrement la lutte contre
toute violence ou agression susceptibles de les concerner”.
Cette correspondance informe de la décision de la création d’une
cellule compétente au niveau de tous les parquets généraux dans le
but d’assurer toute communication avec les centres d’écoute à propos
des cas des FVV. Une mention est faite pour privilégier la nomination
d’une responsable femme donc à la tête de ces cellules, telles le
Substitut du Procureur Général du Roi ou le substitut du Procureur
du Roi. Suite à cette fiche informative et incitative, le Procureur
Général du Roi16 à Marrakech initie deux cellules principales, une
au niveau du Tribunal de Première Instance17 et une autre au niveau
de la Cour d’Appel18, fonctionnelles depuis 2006.
Le courrier du Ministère de la Justice a pris effet au niveau de la
police judiciaire de la Sûreté Nationale. Les directives émises par le
Directeur Général de la Sûreté Nationale au Directeur de la Police
Judiciaire, ont donné lieu à l’élaboration d’un projet de création entre
8 à 12 cellules régionales au niveau des services de cette instance
policière judiciaire. La cellule de Marrakech est instaurée depuis
2005, au service préfectoral de la police judiciaire de Marrakech.
D’autres cellules sont en phase d’initiation, particulièrement celles
d’Agadir et de Rabat.
15
Fiche faxée aux associations Ennakhil et l’Union de l’Action Féminine, Centre Hawwaâ et
Annajda le 31.01. 2005, n° 03773472t5.
16
Maître Abdel Ilah Mastari
17
Maître Ouassaibi Sanaâ, Substitut du Procureur Général du Roi à Marrakech
18
Maître Aidjou , Substitut du Procureur Général du Roi à Marrakech

20
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

La recommandation formulée quant à la féminisation du corps de


la police judiciaire, particulièrement des commissaires, a pris corps
dans la décision exécutée à travers le nouveau statut (2001).
Ce statut a promu des femmes à des grades d’officiers et commissaires
de police. Ce fait a aidé à ce que des femmes, armées notamment par
la fonction basique qui prévoit des unités de modules qui traitent
des questions de violence et de maltraitance puissent être nommées
commissaires au niveau des brigades de police. Elles sont amenées
ainsi à s’occuper directement des FVV au niveau des brigades. Ce
fut le cas de l’unité de Marrakech à la tête de laquelle, est désignée
une femme commissaire de la police judiciaire19. Cette cellule a pour
deuxième tâche la collecte des données relatives aux cas des FVV au
niveau des autres brigades ou arrondissements et son acheminement
au point focal genre et/ou FVV au niveau de la Direction Générale
de Rabat20. Cette collecte systématisée par les soins du responsable
de ce point focal depuis longtemps (2000-2001), est plus facilitée
par la création de ces unités spécialisées dans le cas des FVV.

2) Structures civiles, cas témoins des centres d’écoute pour


femmes victimes de violence :

Rappel :
a) A l’origine : Centre d’Ecoute et d’Orientation Juridique
et Psychologique pour Femmes agressées, Casablanca : un
symbole de naissance
Il est indéniable que c’est la société civile féminine activiste qui est
la pionnière dans le domaine de l’accueil des femmes victimes de
violence au Maroc :
“En 1993, une idée folle, irréalisable. Dans un monde régi par le
silence, une société où la violence est tue, où les mots, tous les maux
de la douleur, ne peuvent être qu’arrachés, des femmes se rencontrent
et choisissent de mettre en commun une lutte aussi ancienne que
19
La Commissaire Aïcha Bouknane
20
Le Commissaire Hassan Chaggour est responsable de ce point focal depuis sa création, figure con-
nue des responsables de toutes les associations et centres d’écoute des FVV.

21
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

l’humanité. Elles viennent d’horizons militants divers et à elles


toutes, comme le dit joliment l’une d’entre elles, elles accumulent
plus d’un siècle d’expérience21.”
Ce passage résume l’essentiel de l’historique du mouvement
féminin et féministe dans la lutte contre la violence à l’égard des
femmes. Ce sont en somme les activistes de terrain et l’intelligentsia
féminine engagée dans ce sens, auteurs et actrices des organisations
et associations féminines et féministes, telles UAF, ADFM, AMDF,
OMDH… qui mèneront ce combat.
Elles mettront leur force, expérience et intelligence commune pour
concevoir l’idée et mettre en place en 1993, des lieux physiques
d’accueil (centres) des modalités de prise en charge des femmes
victimes de violence, notamment celui pionnier conçu et réfléchie
en 1993 et baptisé Centre d’Ecoute et d’Orientation Juridique et
Psychologique pour Femmes Agressées, Casablanca22.
Les protagonistes et initiatrices de ce dernier centre disent clairement
qu’elles ont mesuré le poids du phénomène de la violence fondée
sur le genre et surtout la nécessité de s ‘y attaquer de front en se
spécialisant dans ce domaine. Ce choix semble être édicté par un
souci d’efficacité et de réalisme face à l’ampleur des questions des
droits des femmes faisant défaut au Maroc.
“Nous nous sommes rendues compte qu’il était impossible
qu’un mouvement généraliste puisse traiter de l’ensemble de la
problématique femme.La spécialisation devenait nécessaire sachant
que la violence faite aux femmes est une problématique lancée par le
mouvement féminin23.”
21
Centre d’Ecoute et d’Orientation Juridique et Psychologique pour Femmes agressées, Casablanca
SOS Femmes en Détresse, Alger
Association Tunisienne des Femmes Démocrates, Tunis
Casablanca, Alger, Tunis Femmes unies contre la violence, Analyse de l’expérience maghrébine en
matière de violences subies par les femmes, Editions Le Fennec, Casablanca. 2001, Introduction.
22
Connu actuellement sous le nom courant du centre de l’Hermitage de Casablanca, dit Centre
d’Ecoute et d’Orientation Juridique et de Soutien Psychologique pour Femmes Victimes de Violence,
lié à l’Association Marocaine de Lutte contre la Violence à l’Egard des Femmes.
23
Une des fondatrices du centre, citée in : Centre d’Ecoute et d’Orientation Juridique et Psychologique
pour Femmes agressées, Casablanca

22
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Cette reconnaissance qui souligne que l’œuvre est féminine et


féministe, n’enlève pas une certaine primauté diachronique quant
à la mise en place de ce type de structure qui incombe au Centre
d’Ecoute et d’Orientation Juridique et Psychologique pour Femmes
Agressées, Casablanca. L’expérience de ce centre mérite d’être
détaillée. En effet, la contribution de ce centre est en plein cœur de
l’historique global de ce mouvement contre la violence à l’égard des
femmes au Maroc.
Le Centre d’Ecoute et d’Orientation Juridique et Psychologique
ouvre ses portes le 3 avril 1995 à Casablanca. S’inspirant de cette
expérience à laquelle elles ont contribué en 1993, d’autres associations
créent leurs propres centres “Annajda” mis en place par l’Union de
l’Action Féminine, “Fama” sera l’œuvre de l’Association Marocaine
des Droits des Femmes24, alors que l’Association Démocratiques
des Femmes Marocaines fonda son centre d’information juridique
“Najma”. D’autres centres suivront, toujours ouverts par les soins
d’associations féminines ou activistes dans le domaine des droits des
femmes.
Son référentiel s’appuiera sur les fondements universels des droits
humains et tout particulièrement sur la convention pour l’élimination
de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, adoptée
par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 1976 et ratifiée par
le Maroc depuis 1995 (avec réserves en cours de projet de révision
actuellement).
Dans sa littérature, l’association a mis en exergue sa philosophie
d’approche. “Il s’agit de soutenir les femmes victimes de violence
en leur révélant toutes leurs potentialités et leurs ressources, à faire
face aux agressions physiques, morales ou sociales. La femme est
accompagnée en douceur pour que sa condition de victime expiatoire
ne soit plus vécue comme un statut25”.
24
Centre d’Ecoute et d’Orientation Juridique et Psychologique pour Femmes agressées, Casablanca
SOS Femmes en Détresse, Alger ; Association Tunisienne des Femmes Démocrates, Tunis
Casablanca, Alger, Tunis Femmes unies contre la violence, Editions Le Fennec, Casablanca. 2001,
Chap. I, p.26.
25
Centre d’Ecoute et d’Orientation Juridique et Psychologique pour Femmes agressées, Casablanca
SOS Femmes en Détresse, Alger ; Association Tunisienne des Femmes Démocrates, Tunis
Casablanca, Alger, Tunis Femmes unies contre la violence, Editions Le Fennec, Casablanca. 2001,
Chap. I, p.25.

23
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Au-delà du référentiel clair et établi de prime abord, la vision


méthodologique globale des actions à mener est aussi définie. Le
centre se donne alors pour mission non l’assistanat aux femmes
victimes mais plutôt la révélation du sens au vécu de la violence afin
que ces femmes [puissent]26 se battre contre leur agresseur, qu’il soit
père, mari, frère, employeur ou “simple anonyme27” . Il est question
de soutenir les femmes mais aussi de les conscientiser sur le fait
discriminatoire d’une violence fondée sur le genre. Le centre se
projette aussi en tant qu’expérience pionnière comme un “laboratoire
de réflexion” et comme un porteur de plaidoyer à l’attention des
pouvoirs publics à même de restituer les droits et d’éliminer les
ségrégations dans toutes leurs formes dont la violence à l’égard
des femmes. Le discours au fondement de ce plaidoyer entretient
que “l’éducation à l’égalité procède d’une volonté politique forte,
porteuse d’un projet de société fait de modernité et d’égalité28.”
Les activités de proximité attachées à la vocation féministe activiste
de l’association, cadrent dans l’œuvre globale revendicative et
lobbyiste qu’elle mène au profit de la restitution des droits des
femmes marocaines et des changements sociétaux vers une société
plus égalitaire, plus juste et plus démocratique.
Les lignes directrices du travail de l’association sont notamment
décelables à travers le projet de travail soumis à la Sûreté nationale,
à la Gendarmerie et aux Procureurs du Roi, relatif à l’accueil des
femmes dans les unités hospitalières et les locaux de la police et de
la gendarmerie.
Une première tentative de l’association de bâtir un travail commun
avec la police pour l’amélioration de l’accueil des femmes victimes
de violence dans ses locaux remonte à 1999.

26
Ibid, p.25. Le mot initial dans le texte est pavant, reformulé dans le temps adéquat de l’utilisation
langagière écrite.
27
Ibid, p.27.
28
Ibid, p.27.

24
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Cette initiative, malgré les grands efforts déployés n’a pas abouti,
compte tenu du contexte politique de l’époque.
Le document précise que la population prioritaire est celle victime
de violence conjugale, laquelle exige comme recours ultime la
criminalisation et la pénalisation de ce type de violence nuisible à
l’individu et à la société. A défaut et en attendant des lois couvrant la
problématique, il s’agit alors de remédier aux entraves quotidiennes
que rencontrent ces femmes dans leurs parcours d’urgence, souvent
difficiles entre les commissariats de police, les tribunaux et les
hôpitaux.
Cet itinéraire classique et passage forcé des femmes violentées
connaît des lacunes majeures selon l’association qui les classifie
selon différents niveaux29 :
• L’écoute de la victime : la femme, rarement écoutée et son
besoin souvent non satisfait, renonce à la plainte.
• La protection de la victime : l’hésitation et le non désir de
la femme de regagner le « lieu scène de violence » face à
l’absence de tout mécanisme ou de toute possibilité d’accueil
et d’hébergement.
• L’expertise et le constat de terrain non systématique dans les
cas d’une impossibilité de déplacement de la victime pour
porter plainte.
• La rédaction du procès-verbal : rarement rédigé selon les
exigences juridiques à cause de l’ignorance de la victime
des procédures, de son état psychique post-traumatisme de
violence.
• L’aide et le soutien insuffisamment garanti : l’établissement de
l’examen clinique ou médical, son orientation vers un centre
d’hébergement ou la prise de contact avec un membre de sa
famille30 .
29
Projet de travail avec la sûreté nationale, la gendarmerie et les procureurs du Roi, annexé à la lettre
adressée au Secrétaire Général Monsieur Mohammed Lididi au Ministère de la Justice, 14 septembre
2004, voir annexe.
30
Concernant ce point d’hébergement, l’association forte de son savoir-faire accumulé, révisera sa
position quant à l’ouverture de ce type de centre en l’absence des lois les régissant et des modalités
coordonnées entre les différents intervenants qui fondent ce type de recours.

25
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Ces lacunes identifiées font alors appel, afin d’être comblées, à


une coopération étroite entre les différents partenaires intervenants
directement dans ces situations de détresse des femmes violentées par
leurs conjoints. Cette coopération doit axer, selon l’association, ses
efforts sur la mise en place de mécanismes d’accueil et de protection
des femmes victimes de violence. Ces mécanismes concerneraient la
disponibilité d’une équipe psycho-médicale et sociale au niveau des
commissariats et des postes de la Gendarmerie, de compétences en
matière d’écoute de ce type de souffrance. Ces compétences sont à
même d’être disponibles par le biais de la formation, sensibilisation
des membres impliqués de la Sûreté Nationale, de la Gendarmerie et
des agents et des cadres des instances juridiques concernées.
Il est intéressant de souligner les propositions de l’association relatives
aux points de prestations à améliorer des membres judiciaires qui
accueillent les femmes violentées. Elles les mentionnent comme axe
de réflexion prévu pour une journée d’échange conçue dans le cadre
de ce projet soumis31 .

Ces points à améliorer nécessitent alors de :


• Convaincre que la violence conjugale est un délit;
• Inciter au changement des comportements à l’encontre de la
victime ou de l’acte de violence, etc ;
• Inciter au changement des techniques d’intervention dont la
modalité de l’entrevue et de “l’interrogatoire” que subit la
femme violentée ;
Dans ce projet, l’association prévoit la collecte des données
inhérentes à l’état des lieux de l’offre de service aux femmes
subissant la violence conjugale, au niveau des postes de la police et
de la gendarmerie. Cette collecte est alors initiée par une étude de
terrain. Il s’agit alors de déceler les actes et faits discriminatoires
dans ces lieux à l’encontre des femmes violentées plaignantes et
d’identifier leurs besoins réels et prioritaires.

31
Ibid, p.4.

26
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

La plate-forme soumise avec ce projet insiste sur deux faits notoires,


à savoir la vitalité de la création de cellules d’accueil de ces femmes
au sein des postes de la police et de la gendarmerie et de la coopération
technique entre ces partenaires et les représentantes de la société
civile impliquées. Cette vitalité est encore une fois imposée par des
faits probants relatifs aux cas de figure des femmes violentées qui
buttent contre des difficultés d’ordre judiciaire. Le premier acte étant
le recours à la police et la quête de sa protection, il amène au premier
geste notamment de l’établissement d’un procès verbal. Ce faisant,
ce primordial geste défensif et légitime de la victime, se trouve
empreint aussi d’obstacles. Ces obstacles sont dans l’ensemble :
• Ignorance de la procédure et l’analphabétisme juridique des
plaignantes.
• Hésitation des victimes de crainte d’actes récidivistes ou/et
leur discrétion de par le poids du lien de parenté étroit (époux,
etc.).
• Défaut des conditions minimales de rigueur juridique
quant à l’établissement du procès-verbal à même d’assurer
l’aboutissement de la procédure.
Ces démarches qui ont été initiées par l’association,depuis 1999 et
de manière soutenue depuis 200432, accueillies positivement par les
partenaires interpellés, notamment les responsables du Ministère
de la Justice et de la police judiciaire précisément, prendront forme
tout d’abord dans une rencontre de concertation et de réflexion en
200533. Différents partenaires prirent part à cette journée d’étude,
32
Une correspondance soutenue au Ministère de la Justice est consultée dans le cadre de ce travail : • 8
décembre 2004 : Demande des dispositions nécessaires pour la tenue d’une entrevue avec le Procureur
Général/SG du MJ. • 28 octobre 2004 : Demande renouvelée de rencontres dans le cadre du projet de
l’accueil des FVV dans les commissariats et postes de gendarmerie • 6 janvier 2004 : Confirmation
de rendez-vous donné pour la rencontre du Ministre de la Justice / même sujet à la demande de la
l’association • 22 décembre 2003 : Demande argumentée par les faits relatifs aux FVV et leur passage
fréquent et forcé par les postes de police, de coopération avec le MJ. Une plate-forme d’un projet
technique de coopération dans ce sens est jointe au courrier •14 septembre 2004 : Une fiche technique
propre à un projet de travail de coopération avec la sûreté nationale et les procureurs du Roi est soumise
au SG du MJ par l’association. Des documents publics sur la violence conjugale au Maroc sont joints
en terme d’argumentaires par les soins de l’association, au courrier.
33
Rencontre nationale autour des cellules d’accueil des femmes victimes de violence aux tribunaux et
postes e la police et de la gendarmerie, 07 janvier 2005. Casablanca.

27
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

des représentants des ministères de la Justice, de l’Intérieur (Sûreté


Nationale,…), de la société civile (associations féminines et centre
d’accueil des femmes victimes de violence) et des universitaires.
Elle fut soldée par l’élaboration de recommandations clés qui furent
alors soumises par document écrit au Procureur Général du Roi34.
Ces recommandations formulent en somme les mesures suivantes à
prendre :
• Mettre à la disposition du Ministère de la Justice un budget
spécifique, destiné à réaliser le projet de la mise en place des
cellules d’accueil des femmes victimes de violence au niveau
des tribunaux et des postes de la police et de la gendarmerie ;
• Réaliser des sessions de formation continue au profit des
fonctionnaires affectés à ces cellules en matière notamment
d’écoute et de mécanismes de soutien psychologique ;
• Assurer l’aide sociale, médicale et psychologique au sein de
ces cellules ;
• Impliquer les agents et responsables de la police et de la
gendarmerie dans les réunions de coordination et d’échange
portant sur l’élaboration de mécanismes de travail ;
• Coordonner avec le Ministère de la Santé et toutes les parties
impliquées en vue de l’opérationnalisation de la circulaire
du Ministère de la Justice et l’application de ces clauses et
modalités procédurales ;
• Veiller à la généralisation de l’expérience conclue pour
Casablanca aux autres villes marocaines.
Ces recommandations, fruit de cette journée d’étude sont aussi la
conclusion de tout le travail préliminaire et d’échange entre plus
particulièrement les partenaires directement, voire quotidiennement
impliqués dans la gestion des situations et retombées de la violence
conjugale. Une correspondance35 soutenue souligne cet échange
34
Courrier du 13.01.2005 émis par l’association Marocaine de Lutte contre la Violence à l’Egard des
Femmes, voir annexe.
35
Fiche explicative adressée par courrier daté du 23 décembre 2004 au Procureur de la Sûreté de
Casablanca. voir annexe

28
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

fructueux entre les hauts responsables de la Sûreté Nationale de la


ville de Casablanca et les activistes de l’Association Marocaine de
Lutte contre la Violence à l’Egard des Femme. Il s’agit d’une fiche
explicative6 relative aux attentes quant aux compétences de la police
en matière d’intervention auprès des femmes victimes de violence.
Elle suggère des commodités pratiques dans le cas d’un signalement
de violence domestique, qui consisteraient à :
• Informer la victime sur ses droits légaux propres aux différentes
phases de la procédure judiciaire partant de la police judiciaire
jusqu’à l’instance tribunal ;
• Etablir le procès verbal spécifique à la violence conjugale et tel
que juridiquement il devrait être traité ;
• Transporter ou faciliter la procédure, si nécessaire, de transport
de la victime à l’hôpital le plus proche ou un centre médical ;
• Transporter ou faciliter les procédures, si nécessaire, de
transport de la victime et ses effets et des personnes à sa charge
à un endroit sécurisé ou à un lieu d’hébergement.
L’association provoquera une deuxième rencontre36 de réflexion
autour du même projet, en élargissant l’échange aux cellules d’accueil
hospitalières. L’accent a été mis par ailleurs sur la circulaire émise
par le Ministère de la Justice et sur les recommandations ayant trait
à la dimension santé37 .
Le débat conclut sur l’importance de la portée partenariale de la
circulaire avec un ministère clé, tel que celui de la Justice et les
différentes instances judiciaires concernées. Sachant que cette
circulaire a force d’obligation, et est le référentiel de l’engagement
et de la politique du ministère de la Justice dans ce domaine.
36
Rencontre tenue le 19 mars 2005 à Casablanca.
- L’OMS reconnaît la VP de SP en 1997, décision n° 49-25.
- Rencontre du lundi 27 janvier 2004 au Service des Urgences d’Ibn Rochd.
- Rencontre du 27 décembre 2004, questionnaire uniforme entre les trois institutions
- Rencontre le 7 janvier 2005 sur la circulaire.
- Rencontre du 19 mars 2005.
37
Recommandations formulées à l’occasion de la rencontre tenue au Service des Urgences à
l’Hôpital Ibn Rochd le 27 janvier 2004.

29
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Des conditions à même d’assurer l’opérationnalisation de cette


circulaire, sont alors soulignées comme préalables et comme actions
prioritaires :
• L’octroi d’un budget propre au fonctionnement des cellules ;
• L’établissement d’un programme ou protocole de coordination
entre les centres et les cellules d’accueil des femmes victimes
de violence ;
• L’élargissement de la diffusion de l’information sur les cellules
dans toutes les régions ;
• La mise en œuvre d’un numéro vert au service des femmes
violentées ;
• La mise à la disposition des centres du programme des
permanences des Procureurs du Roi ;
• La non considération de la procédure de réconciliation dans
les cas de violence contre les femmes lors de la présentation
[auprès des Procureurs du Roi] ;
• Le recours à l’enquête judiciaire complémentaire dans les cas
où les preuves feraient défaut.
Il faut préciser dans ce lieu que le point relatif à la réconciliation
n’est toujours pas complètement tranché. Les femmes victimes de
violence réclament souvent cette procédure, les instances judiciaires
concernées semblent la privilégier pour une raison sociale portant sur
la préservation de l’institution familiale, les activistes la raisonnent à
la lumière des cas récidivistes et de la position généralement passive
et craintive de la victime. Ce point nécessite selon l’association une
vigilance et une maîtrise judiciaire afin d’éviter la non poursuite
et le classement des dossiers, souvent observés dans ces cas. La
procédure devant le Juge prend alors la dimension d’un recours de
compensation d’un droit civil.
Ceci fait notamment appel à une attention quant à l’éventualité de
l’application de l’article 98 de la Procédure Pénale révisée (Loi
03.03, 2003), qui stipule que si la non poursuite est proclamée après
enquête, le supposé “agresseur”ou accusé, peut établir une demande

30
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

de compensation et poursuivre le plaignant(e) pour mensonge…


L’article 41 de cette Procédure révisée, offre la possibilité au /à la
plaignant(e) de réclamer dans le cas de la réconciliation d’établir un
PV de réconciliation en présence des deux concernés ainsi que de
leur avocat.
Au demeurant, les propositions susmentionnées, feront l’objet
d’un mémorandum et seront appuyées par une fiche technique
propositionnelle d’opérationnalisation de la circulaire du point de
vue des associations concernées et impliquées. L’ensemble de ces
décisions documentées prisent à l’issue de la rencontre du 19 mars
2004, sera diffusé auprès des concernés par un communiqué autour des
“cellules d’accueil des femmes victimes de violence aux tribunaux,
postes de police et de la gendarmerie et aux hôpitaux”, qui sera signé
par 17 associations et/ou centres féminins. Ce communiqué précisera
d’autres points, à savoir :
• L’aménagement de structures d’accueil au sein des tribunaux;
• L’organisation de sessions de formation des responsables des
cellules ;
• L’élaboration d’un cadre juridique de l’intervention de
l’assistant (e) social (e) en lui assurant les conditions matérielles
et morales de travail.
Un autre mémorandum relatif aux cellules d’accueil au sein des
hôpitaux est établi par l’association. Il brasse les conditions à
satisfaire pour l’efficacité de travail de ces dernières en mettant
l’accent sur la nécessité de :
• La nomination de responsables de ces cellules et leur dotation
d’équipement nécessaires ;
• La conduite d’un programme de sensibilisation et de prévention
qui ciblerait les centres hospitaliers et les centres de formation
professionnelle de la santé ;
• L’établissement d’un guide de diagnostic des cas de violence.
De l’accès aux soins et de la prise en charge psychologique,
sans négliger l’acteur de violence lui-même ;

31
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• La mise en place de mécanismes de coordination avec les


centres associatifs et les secteurs impliqués dans la lutte contre
la violence.
L’association a par ailleurs établi un partenariat direct, même si
officieux avec l’unité créée d’Ibn Rochd depuis sa création pour
laquelle elle a notamment œuvré avec des médecins du service de la
Médecine Légale de l’hôpital. Des rencontres de travail sont alors
tenues, à l’exemple de :
• La journée de sensibilisation pour les médecins urgentistes : le
11 juin 2002 ;
• La réunion avec le délégué régional de Casablanca : le 22 avril
2002 ;
• La journée de réflexion sur la création des cellules d’accueils
des femmes victimes de violence dans les urgences: le 27
décembre 2004.
Ces démarches et actions ont aidé à assurer la gratuité de la délivrance
du certificat d’ITT aux FVV qui passent par le service. Une
collaboration pour l’orientation des femmes au centre d’écoute afin
qu’elles puissent avoir conseil juridique ou soutien psychologique
prend cours ainsi qu’au niveau de la collecte des données relatives
à ces cas. Les partenaires de la cellule assistent systématiquement
aux différents rendez-vous de travail à ce propos que l’association
organise.
Ce processus de longue haleine conduit depuis 1999 par l’Association
Marocaine de Lutte contre la Violence à l’Egard des Femmes pour
l’instauration de cellules d’accueil de ces dernières au niveau des
instances étatiques concernées, verra son fruit mûrir et aboutir en
2005 à travers :
- les prémisses d’un partenariat émergeant entre les institutions
étatiques concernées et les associations féminines et féministes
et leurs centres destinés aux femmes et jeunes filles victimes
de violence,
- la mise en place de cellules au profit de cette population
discriminée et violentée.

32
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Les prérogatives et champs de compétences seront plus précisés


selon l’entendement des associations lors d’une autre rencontre de
réflexion et d’échange.
Dans ce cadre, des questions sont posées :
• Qu’en est-il des modalités d’évaluation du travail des cellules ?
• Les associations devraient-elles assurer l’accompagnement des
victimes jusqu’à la présentation face au juge ou l’accompagnement
s’arrête-t-il au niveau de la cellule?
• Quelles incidences d’une circulaire qui a force d’obligation
auprès des juges d’instructions de la cour pénale et non auprès
des juges des tribunaux ?
Une observation fondamentale est notamment émise quant à la
procédure de la réconciliation. Les associations maintiennent
l’opinion qui stipule que cette procédure est inconciliable avec ce type
de “délit” dans la mesure où il est question de poursuite attachée à un
droit public. Toutefois, la réconciliation à la demande de la victime
est envisageable à condition d’en établir un engagement écrit de la
part du conjoint soulignant la cessation de toute intention ou action
de violence à son égard.
Ce processus assidu et continuel connaîtra une autre étape, à laquelle
l’association prendra part le 24 avril 2005 à Casablanca, et qui fut la
participation à la rencontre organisée pour le démarrage effectif du
partenariat en vue de l’élimination de la violence contre les femmes38.
Un rapport sera établi par l’association à la suite de cette rencontre
qui soulignera les acquis et qui en parallèle évoquera les lacunes à
combler suivantes :
• L’insuffisance de l’information sur la disponibilité de la cellule
au sein même du tribunal ;
• L’absence d’une structure physique équipée destinée
proprement à la cellule (bureau, matériel de logistique,…) ;

38
Rencontre organisée par le Ministère de la Justice le 3 octobre 2005

33
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• La non disponibilité des mécanismes de prise en charge adéquats


dans le cas des femmes menacées de meurtre par le conjoint
ou ses proches dans le cas de l’application de la procédure du
retour au foyer conjugal ;
• Les retards pris quant à l’exécution des jugements relatifs à la
pension aux femmes divorcées à charge d’enfants ;
• La persistance des pressions et des actes d’humiliation à
l’encontre des femmes victimes de viol et d’inceste (au niveau
de la police et de la gendarmerie) en plus du recours très fréquent
à la procédure de mise en instance à défaut de preuves ;
« Seules des mesures appropriées telles la dotation des cellules en
moyens financiers, matériels ou logistiques et humains, le recours à
l’expertise médicale et sociale sont à même de combler efficacement
ces lacunes et d’assurer réussite et longévité à cette expérience des
cellules » entend dire et souligner de prime abord l’Association
Marocaine de Lutte contre la Violence à l’Egard des Femmes, forte
d’une décennie d’expérience d’un centre d’accueil des femmes
violentées.
Dans ce soucis de réussite et de défi d’éradication de toutes les formes
de violence contre les femmes et en parallèle d’une prise en charge
en chaîne de ces dernières, fondée sur le partenariat coopératif et
participatif, l’association mène l’étude en cours, des cellules mises
en place courant des années 2005 et 2006.
b) Centre Annajda
Centre Annajda d’assistance aux femmes victimes de violence :
Le centre dépend de l’association « féministe » dite « Union de
l’Action Féminine ». Il est créé, en même temps que celui portant
le même nom à Casablanca, en 1996. Cette association par contre
est une des plus anciennes associations féminines activistes, créé en
1983, autour de la publication d’un mensuel « 8 mars », porte parole
de ce groupement de femmes actives autour des questions des droits
des femmes « mouvement 8 mars ». Elle entrepris plusieurs actions
initiatrices du débat revendicatif féminin à l’échelle nationale.

34
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Elle est créée légalement en 1987. C’est une des rares associations
à disposer de comités locaux, 32 sections qui s’organisent au niveau
de l’ensemble du territoire national.
L’intérêt porté à cette question de la VFG a pris forme avant
la création du Centre Annajda. L’aide aux femmes victimes de
violences se faisait alors au sein d’un comité national constitué en
1988 (à Casablanca), qui se verra élargir à des comités régionaux
dans les sections de l’UAF dès 1993. Cette association est aussi la
première et une des rares à nos jours à avoir tenté l’expérience d’un
centre d’hébergement, de réhabilitation et de réinsertion des femmes
victimes de violence, ouvert à Rabat en 2003.

c) Centre Hawwaâ pour défendre les droits de la femme et de


l’enfant :
Ce centre est mis en place par l’association Ennakhil pour la Femme
et l’Enfant depuis 1999. Cette association créée en 1997, va donc
œuvrer dans le domaine de la lutte contre la VFG dans la région
de Marrakech Tensift Al Haouz. Elle mène ce combat, dans le
domaine social qui privilégie le genre, avec un intérêt marqué pour
la capacitation civique et politique des femmes défavorisées dans
ces espaces. Elle a élargi son champ d’action par la création d’un
centre d’accueil des FVV dans le milieu rural à travers le projet en
cours du centre Hawwaâ à Aït Ourir, et d’autres prévus (17 centres)
autant urbains que ruraux.

35
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Fonctionnement et entraves

1) Unités hospitalières
L’unité d’Ibn Rochd, se situe dans une structure de médecine légale
qui offre les points de force suivants :
- Une consultation polyvalente ;
- Un centre de diagnostic ;
- Un pavillon bien individualisé ;
- Une proximité des urgences ;
- Une disponibilité des médecins habilités à attester et établir
des certificats médico-légaux ;
- Un personnel médical et paramédical stable ;
A ces points de force inhérents à la structure où est domiciliée l’unité,
d’autres spécificités notoires sont à souligner :
- La garantie d’intimité et de calme qu’offre le bâtiment et la
salle autonome de consultation (voir schéma 2).
- L’expérience capitalisée par le personnel médical responsable
immédiat en matière de VFG39 .
- Liens avec le Centre Psychiatrique Universitaire (assistance
psychologique immédiate aux victimes,…).
- Contacts systématisés avec les associations et centres
d’accueil des FVV locaux, particulièrement ceux de
l’Hermitage et Fama.
39
Pr. Benyaich Hicham et Dr. Hamdouna Nawal sont actuellement les deux acteurs principaux de
ces unités de la médecine légale. Certain médecins de l’unité, à l’exemple du Dr. Hamdouna Nawal,
participent activement aux différentes rencontres et manifestations relatives à la thématique et actions
de la VFG : élaboration de la SNLVF, mise en place du numéro vert, séminaires, formation, rencontres
conduites par certaines associations, etc.

36
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

- La gratuité de l’établissement du certificat médico-légal aux


FVV.
- La possibilité de l’offre des soins de base et de l’établissement
d’examen complémentaires, dont ceux radiologiques au sein
du CHU40.
L’unité reçoit les FVV à travers différentes voies :
- Les FVV adressées par les centres d’écoute et les associations
- Les FVV orientées par des proches, des connaissances ou de
bouche à oreille.
- Les FVV acheminées accidentellement par le personnel des
urgences (pratique non systématisée et non formalisée).
- Les FVV accompagnées par les autorités policière ou
judiciaire (pratique ponctuelle dans le cas d’agent informé et
sensibilisé).
Ce dernier cas de figure concerne le plus souvent une réquisition
judiciaire qui émane du parquet général. Certains cas d’enfants
abusés sexuellement sont aussi concernés.
Les cas des FVV présentent différents types de violence. Les blessures
graves, les abus et viols sexuels, les grossesses non désirées, les
traumatismes et souffrances psychiques constituent une partie du lot
habituel des VFG observables au niveau de l’unité.
La prise en charge qu’assure cette unité à ces FVV est de cinq ordres
principaux :
• L’examen clinique avec écoute ;
• l’orientation vers des soins spécifiés et l’œuvre pour la gratuité
des soins ;
• L’établissement du certificat médico-légal ;
• L’orientation vers les centres d’écoute et les associations ;

40
La gratuité des soins et des examens complémentaires n’est pas établie pour les FVV. Le personnel
médical de l’unité « bataille » perpétuellement auprès de l’administration pour l’assurer.

37
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• La collecte, la quête et l’archivage informatique des données


démographiques et médicales recueillies relatives aux cas et
types de violence (approche quantitative).
L’écoute consiste généralement à combiner la procédure de l’examen
clinique en vue de l’établissement du diagnostic et/ou l’évaluation
des dégâts et séquelles des violences, la restitution verbale par
la victime des faits, de l’historique et du vécu psychologique
et familial de la violence. Ce dernier élément ne semble pas être
systématisé ou ritualisé (écoute et réception de la charge affective et
émotionnelle…).
L’orientation vers les centres et les associations s’effectue selon
les cas et le désir ou la demande des victimes. Elle est établie
généralement par trois procédures informelles :
• Verbalement et directement à la victime ;
• Notification par écrit de l’adresse du centre et/ou de l’association;
• Contact direct téléphonique au centre ou à l’association.
Le référentiel global41 repose sur une approche explicitement exprimée
en terme de violence fondée sur le genre. L’approche compréhensive
est sensible ainsi aux éléments suivants :
• Les violences subies par les femmes constituent des formes de
discrimination sexuelle et sociale.
• Les violences à l’égard des femmes se conjuguent aux
souffrances liées à l’exclusion sociale et la pauvreté, aux vécus
de cas d’alcoolisme, de toxicomanie, de perversions sexuelles,
de chômage,… des partenaires ou proches, souvent acteurs
de violences. Sachant, que les femmes issues de milieux plus
aisés ne sont pas épargnées.
• L’analphabétisme et la vulnérabilité sociale sont des
facteurs générateurs des cercles vicieux de la VFG.

41
Ce référentiel est reformulé à partir de l’analyse des entretiens menés avec des membres des deux
associations (voir annexe) et des documents disponibles mis à notre disposition.

38
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Cette approche est notamment assez présente au niveau de quelques


tentatives sous-jacentes de sensibilisation-information autour de
la nécessité de veiller à l’intégrité de son corps et de préserver ses
droits, dont ceux propres au droit à la santé et à la sécurité corporelle.
Il demeure que des contraintes majeures entravent ce processus de
prise en charge au niveau de l’unité d’Ibn Rochd. Elles peuvent être
résumées dans les points suivants :
• La non systématisation du dépistage des FVV et le défaut de
formation pointue dans ce domaine.
• L’insuffisance, voire parfois l’absence de l’implication du
personnel médical du service des urgences42.
• La non gratuité systématique des soins et des examens
supplémentaires, particulièrement pour les femmes démunies.
• Le manque d’avis psychologique techniquement soutenu,
voire d’aide psychologique des cas de post-traumatisme chez
certaines FVV.
• L’insuffisance de la formation en matière d’accueil et
d’écoute des FVV pour l’ensemble du personnel médical et
paramédical43.
• La non disponibilité systématique de l’assistant(e)s social(e)s,
en plus de l’”handicap” du statut légal cadrant son activité qui
manque.
• La frustration des limites de l’effet juridique adéquat dans les
cas de certificat à ITT inférieure à 21 jours, d’où l’impunité de
l’auteur de la violence et la fréquence des récidives.
• L’absence de tout protocole formel et/ou officialisé de
ordination entre l’unité et les centres d’écoute et les associations

42
Ces constats et faits relatifs aux entraves sont décelés à travers les entretiens menés du près de Pr.
Benyaich et Dr. Hamdouna et corroborés à propos de certains points par le papier présenté lors du
Forum méditerranéen de lutte contre la violence à l’égard des femmes : quel apport pour les unités
d’accueil des victimes. Ce Forum a eu lieu à Rabat du 23 au 25 novembre 2005.
43
La discipline de l’urgentologie, notamment les pratiques de la médecine sociale et communautaire
constituent des lacunes majeures au Maroc selon Pr. Benyaich. Aussi, la formation de base des mé-
decins généralistes devrait inclure des modules propres à la problématique de la VFG.

39
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

partenaires (conventions, fiches de liaison,…) et de retour des


références de FVV de par et d’autre.
• Le défaut de traçabilité d’où la difficulté de suivi-évaluation
(efficacité, motivation, cohérence,….).
• La non complémentarité et le non enchaînement des services
en paquet constant, disponible et qualitatif notamment le
manque de structures chargées de la coordination et de contacts
à propos des cas de FVV au niveau de la Sûreté Nationale et du
tribunal.
• La non circulation de l’information et le non échange des
documents spécifiques entres les partenaires impliqués et
concernés.
• La non uniformité de la fiche ou questionnaire de la collecte
des données et la non capitalisation à cause de la multiplicité
des guichets de collecte sans banque de données unique.
• La non permanence des personnes ressources initiées, au
niveau des structures ministérielles d’où déperditions et non
économie des acquis.
• La non institutionnalisation sur le plan administratif et au
niveau ministériel44 .
Concernant ce dernier point, deux constats essentiels sont à faire :
- Le manquement à la recommandation émise consensuellement
d’instituer les deux unités d’Ibn Rochd et d’Ibn Sina en terme
d’expériences pilotes ou « laboratoires » en vue d’une meilleure
et pérenne généralisation.
- La non médiatisation des actions et de l’existence de ces unités
(presse, mass média,…).

44
« […], il y a lieu de citer la nécessité d’accorder à l’unité médicale d’accueil le statut d’un service
hospitalier avec désignation d’un personnel qualifié comme responsable de l’unité. Il doit être doté de
personnel stable comprenant des médecins, assistante sociale et psychologue avec des profils et des
compétences identifiées » Pr. Benyaïch et Dr. Hamdouna.

40
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Schéma 2 : Circuit interne suivi par les FVV à l’Hôpital Ibn Rochd

Il faut noter que l’ensemble de ces contraintes peut être observé à


l’unité d’Ibn Sina à Rabat, certaines sont plus lourdes même. Cette
unité connaît un fonctionnement assez fragmentaire et fluctueux en
dépit des efforts fort louables du personnel médical et paramédical
impliqué.
Cette unité souffre en premier de sa localisation. Elle est physiquement,
implantée au niveau du service des urgences.
Un petit bureau lui est dédié, et porte l’indication « Unité des
femmes victimes de violences ». Ce bureau étroit et ne présentant
aucune possibilité d’intimité et de possibilité d’écoute attentive est
peu fonctionnel.

41
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Les FVV qui parviennent aux urgences, consultées par les soins des
médecins sensibles ou sensibilisés à la question de la VFG, sont
plutôt adressées une fois l’examen effectué au bureau de l’assistance
sociale. Ce bureau se trouve un étage plus haut, auquel la FVV
parvient en empruntant des couloirs assez labyrinthiques (voir
schéma 3).

Schéma 3 : Circuit interne suivi par les FVV à l’Hôpital Ibn Sina

La FVV est adressée au bureau de l’assistante sociale, pour tout


particulièrement qu’elle l’accompagne ou l’oriente, dotée d’une
fiche de renseignement remplie au bureau des médecins chargés
de l’établissement des certificats de travail. Ce sont les chirurgiens
qui ont cette prérogative. Ils opèrent à ce niveau par roulement et
reçoivent dans ce bureau dit des « accidents de travail ».

42
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Il faut mettre en exergue certains détails propres à cette question de


la délivrance des certificats médicaux aux FVV, car ils constituent de
réelles difficultés qui ajoutent aux souffrances de ces dernières. Ces
détails peuvent être formulés comme suit :
• Le certificat médical n’est pas établi directement par les
médecins qui effectuent l’examen clinique au niveau des
urgences45.
• La gratuité de l’obtention du certificat médical n’est pas
garantie et doit être négociée46.
• L’écoute et l’examen de la FVV au niveau du médecin chargé
de la rédaction du certificat médical ne sont pas systématiques,
voire très rares47.
• L’attente des FVV dans le hall, espace ouvert, animé, en
étage, est fréquemment longue, pauvre en confidentialité et en
intimité, se soldant parfois de renoncement .
• L’incompréhension des femmes quant à l’appellation «accidents
de travail» et violence conjugale » et autre type de VFG48.
Par ailleurs, les tâches effectuées par le personnel médical et
paramédical directement impliqué auprès des FVV sont similaires à
celles identifiées au niveau de l’unité d’Ibn Rochd à Casablanca. Il le
demeure pour les autres unités hospitalières de Marrakech à quelques
différences près, inhérentes à leur jeunesse, relatives à l’unité d’Ibn
Tofeil et majeures pour celle d’Ibn Zohr (3 à 4 mois de vie).

45
Ce sont trois femmes médecins, responsables au niveau des urgences, très impliquées auprès des
FVV depuis la création de l’unité, en collaboration avec le Pr. Daffiri ayant quitté et actuellement
avec Pr. Azeggwagh Amine, chef du service des urgences. Il s’agit des docteurs Meknassi, Alaoui et
Zakraoui, respectivement deux généralistes et une spécialiste en réanimation.
46
La gratuité, « revendication » des médecins et assistantes sociales de l’unité acquise officiellement
auprès du directeur de l’hôpital ne fut jamais instituée et définitive. Elle fait l’objet de négociation per-
pétuelle et lourde autant pour l’assistante sociale que la victime. Il arrive souvent qu’il ne soit obtenu
qu’au prix de cent dirhams.
47
Selon les propos de certaines informatrices FVV.
48
Ibid

43
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Nous les rappelons ici :


• L’examen clinique avec écoute ;
• l’orientation vers des soins spécifiés et l’œuvre pour la gratuité
des soins ;
• L’établissement du certificat médico-légal ;
• L’orientation vers les centres d’écoute et les associations ;
• La collecte, la quête et l’archivage informatique des données
démographiques et médicales recueillies, relatives aux cas et
types de violence (approche quantitative) ;
Ce faisant, il faut noter que le processus de référence médicale se
caractérise par quelques points de différences entre les unités.
Les deux principaux points de divergences observables, sont :
• Systématisation ou non de la référence à d’autres spécialités
pour des examens supplémentaires selon les cas, telles la
gynécologie, l’ORL, la psychiatrie ou la psychologie, la
traumatologie,…
• La référence médicale peut être interne à l’espace hospitalier ou
externe dans d’autres : la référence vers l’hôpital des spécialités,
les services externes de maternité ou de psychiatrie, etc.
Concernant le premier point, les unités d’Ibn Rochd et d’Ibn Sina
semblent avoir instauré cette pratique, pour celles d’Ibn Tofeil et Ibn
Zohr, le retard est notoire. La référence la plus fréquente pour ces
deux derniers hôpitaux est celle établie vers une psychologue qui
collabore dans ce sens, particulièrement pour les cas d’FVV.
Il est par exemple frappant de voir l’existence de certains services
spécialisés au sein du CHU alors que les femmes n’y sont pas
orientées en dépit du besoin sanitaire dans ce sens. Ceci est tout
particulièrement vrai pour l’unité, certes très jeune, d’Ibn Zohr.
Il faut rappeler que cette référence ne peut s’effectuer que par les
soins du médecin en service, au niveau des urgences, qui consulte la
femme ou bien le médecin légal qui examine et établit le certificat
médical. L’hôpital Ibn Tofeil ne dispose pas d’un médecin légal. Ce
dernier vient d’intégrer l’unité d’Ibn Zohr49. L’assistante sociale n’a
aucune latitude pour assurer cette tâche.
49
Ce médecin a pris ses fonctions en mai 2006. Il s’agit du Dr. --- Meryem.

44
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Au-delà de ces nuances, des points communs unissent les unités


quant à cette tâche de référence - si nécessaire - des FVV. Ces points
partagés se résumeraient dans les faits suivants :
• La référence est officieuse et personnalisée avec les médecins
qui opèrent sans obligation aucune ;
• La référence ne s’établie pas avec un support, en terme de fiche
ou formulaire d’accompagnement. Elle repose sur du verbal et
non de l’écrit, par téléphone ou simple indication et orientation
à la victime ;
• La référence ne s’appuit sur aucun système qui permette
d’assurer une traçabilité d’où déperdition et difficulté de suivi
et de retour d’information) ;
• La référence peut à tout moment être suspendue à défaut
de la présence et de la disponibilité des médecins ouverts à
la question et impliqués et est exempte de toute garantie de
pérennité ;
• Les soins et examens conséquents de cette référence, ne
bénéficient pas de la garantie de la gratuité. Ceci est valable
autant pour la référence interne à l’hôpital que celle externe ;
Les médecins de l’unité d’Ibn Sina ont pu assurer des points de
référence assez réguliers, notamment avec le service de la maternité50,
l’Hôpital des Spécialités51 et l’Hôpital Psychiatrique Errazi52 . Outre
cela, l’unité souffre de beaucoup d’obstacles qui altèrent le processus
d’accueil des FVV même s’ils ne gagnent pas de la motivation de
ses actrices et acteurs et responsables. Ces obstacles se présentent
comme suit :
• Le défaut d’intimité en dépit de certains avantages de la
domiciliation de l’unité au niveau des urgences, telle que la
consultation directe et non différée.
• La non gratuité officiellemetnt établie du certificat médical et
des soins annexes.
50
Pr. Kharbach, chef du service des maternités
51
Dr. Ouanal
52
Dr. Ouanass, psychiatre à l’Hôpital Errazi. Aussi pour la spécialité de dermatologie, Pr. Ismaili et
Snoussi furent des partenaires privilégiés de l’unité d’Ibn Sina.

45
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• La non responsabilité/sensibilité permanente et acquise des


médecins chargés de la délivrance du certificat médical.
• L’éclatement physique de l’unité : salles de consultation,
bureau de l’assistante sociale, bureau de demande du certificat
médical.
• La lacune d’un statut légal des assistantes sociales d’où la
difficulté à réaliser des enquêtes sociales et à couvrir les visites
à domicile.
• Surcharge des tâches du personnel médical et paramédical
d’où la difficulté à maîtriser le flux et à assurer la qualité de
l’accueil.
• L’insuffisance de la formation en matière d’écoute outillée
des FVV et de la sensibilisation et du plaidoyer interne et au
niveau du ministère.
• Le manque de certaines compétences et certains services, tels
que psychologue ou psychiatre et médecin légal.
• La difficulté de la collecte, de la saisie et de la documentation
des données à défaut de la disponibilité d’un(e) secrétaire
affecté(e) à l’unité.
• Le défaut d’une organisation des services internes et externes,
notamment avec les centres d’écoute et les associations, les
tribunaux et la sûreté nationale, les autres services médicaux
externes etc., en chaîne, mise en fonction par un système
et des supports de correspondance, de référence et de
communication.
• La non prévision de toute modalité de traçabilité et donc de
toute pratique de suivi-évaluation et de documentation et
archivage. Le seul registre établi existe au niveau du bureau de
l’assistante sociale, non informatisée.
• La non disponibilité d’un service permanent, notamment de
nuit et au-delà des horaires fixes de travail offert aux FVV.
Ceci est accentué par l’absence de centres d’hébergement
provisoire ou de procédure légale quant au transfert au seul
centre de ce type à Rabat, d’Annajda.

46
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

L’unité d’Ibn Sina ayant démarré en tant qu’unité pionnière, après


celle d’Ibn Rochd, est restée prisonnière de toutes ces contraintes
qui altèrent son ancrage et son évolution. Celle d’Ibn Tofeil à
Marrakech ne connaîtra pas un meilleur sort. Elle s’avère être
encore plus défavorisée, même si à l’instar de celle d’Ibn Zohr, qui
lui est postérieure d’implantation, elle sera dès le départ en principe
institutionnalisée ou du moins officiellement investie ou ouverte.
Ces deux unités sont à situer dans leur contexte particulier caractérisé
par l’initiative officielle d’un secteur gouvernemental, le Ministère
de la Santé53 pour leur institutionnalisation. Cette mise en place
d’unités d’accueil des femmes et des enfants victimes de violence
se situe dans le cadre des actions retenues par le PO de la SNLCVF
(2005) (voir cadre synoptique en annexe 1).
Fidèle à la recommandation et à l’action préconisé notamment,
d’organiser les services offerts aux FVV en chaîne, le ministère
entame54 une consultation relative au développement d’une offre de
services intégrés alors dans la région du Haouz Tensift Marrakech.
Ainsi, les travaux d’un atelier de « réflexion sur l’état des lieux et les
propositions d’offre de service intégré pour les enfants et les femmes
victimes de violence au sein des structure de santé » (31 mai au 1er
juin 2005, Rabat) ; d’une journée d’information sur le processus de
mise en place d’une offre de service intégré pour les enfants et les
femmes victimes de violence (4 juillet 2005) ont permis d’aboutir
à deux résultats principaux, à savoir le renforcement des unités
disponibles et la création d’autres unités combinant offre de service
aux enfants et aux femmes victimes de violence55. Au demeurant,
les unités d’Ibn Zohr et d’Ibn Tofeil sont retenues par la Province de
Marrakech.
53
Plusieurs services et divisions de ce département seront impliqués, la Division de la Santé de la Mère
et de l’Enfant, la Division de l’Assistance Sociale, les Délégations Régionales du Haouz Tansift.
54
Cette consultation est réalisée avec deux partenaires onusiens : le FNUAP et l’UNICEF, en février
2006, sous l’intitulé « consultation pour la mise en place d’unités de prise en charge des femmes et des
enfants victimes de violence au niveau de la région de Marrakech ».
55
Cette idée a germé lors du processus d’élaboration du PO de la SNLVF et avait fait l’objet de dé-
bat au sein des ateliers organisés dans le cadre. Il fut alors proposé que les 11 unités (2005) prévus
pour l’accueil des enfants victimes de maltraitance et d’abus sexuels, puissent être élargies aux FVV.
L’argumentaire de cette proposition était l’optimisation des efforts et des moyens autant humains,
logistiques que financiers.

47
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

L’objectif ultime était d’organiser l’offre de service dans un réseau.


Ce réseau sera instauré progressivement sur une durée de trois
années. Il est entendu par «réseau»56 en fait un groupe partenarial:
« la création d’une unité ne pourra se faire que dans le cadre d’un
réseau de prise en charge groupant les quatre partenaires : le système
de santé, la société civile à travers un centre d’écoute, la police et les
tribunaux»57 (voir schéma 4).
Donc l’entendement, au-delà de la connotation de l’utilisation
inadéquate du terme « réseau », est de créer en fait une offre de
services intégrés en chaîne, ou du moins une coordination organisée
entre ces différents intervenants ou acteurs concernés ou impliqués.

Schéma 4 : Le dit « réseau » de l’offre de service


Cette coordination reposerait sur les éléments suivants :
• L’organisation de la référence autour du réseau, le même psychologue
référent, quelque soit l’unité dans une même province.
• L’appui des assistantes sociales oeuvrant déjà au niveau des
nouvelles unités.
• Implication des services de soins de santé de base en terme
d’information et de sensibilisation à la question de la violence à
l’égard des femmes et des enfants.

56
Ce terme de réseau est utilisé dans le rapport sans être défini et ne correspond nullement à la notion
de réseau proprement dit.
57
Rapport «Consultation pour la mise en place d’unités de prise en charge des femmes et des enfants
victimes de violence au niveau de la région de Marrakech », février 2006. p. 10.

48
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• Coordination générale à confier à l’assistante sociale préfectorale :


- Préparation des supports et diffusion aux unités ;
- Centralisation des données ;
- Rapports d’activités ;
- Aide à la réalisation de rapports annuels avec les unités.
Premièrement, une réflexion rapide sur les détails de ces résultats
et avant d’entamer les réalités pratiques des deux unités qui ont fait
l’objet de cette étude, révélerait certaines difficultés qui seraient fort
justifiées par certains faits inhérents à cette problématique de la prise
en charge des FVV. Ces difficultés s’expliciteraient à travers deux
constats majeurs :
• L’insuffisance des ressources humaines formées et compétentes,
déjà en soi entrave actuelle, face à l’ampleur de la demande et
la multiplicité et cumul des tâches, s’approfondirait plus avec
cette approche de personnel référent pour plusieurs unités.
Ceci est d’autant plus complexe, en raison de la lourdeur de
ce type de prise en charge de grandes souffrances autant sur
le plan de la gestion du stress que sur celui du maintien de la
motivation.
• La coordination technique et de gestion entre les mains de la
seule assistante sociale préfectorale s’avère être de prime à
bord une mission impossible à la lumière des tâches prévues
à couvrir au niveau de différentes unités assez spécifiques en
elles-mêmes au plan sectoriel (Ministères de la Justice, de
l’Intérieur et de la Santé).
Deuxièmement, les mécanismes philosophiques et de gestion
(référentiel, outils de répartition des tâches,…) à même d’asseoir
une offre de services intégrés et en chaîne ne sont pas précisés et
argumentés. Les orientations techniques de mise en place des unités
et de leur fonctionnement global ne sont pas explicites.

49
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

L’observation directe et les entretiens menés lors du travail de terrain


auprès des acteurs de ces deux unités de Marrakech, ont permis par
ailleurs d’identifier un certain nombre d’éléments de fonctionnement.
Ces éléments renvoient à des tâches exécutées auprès des FVV par le
médecin des urgences et qui sont :
- L’examen clinique et le constat des agressions particulièrement
physiques ;
- L’établissement d’un certificat médical et l’évaluation de
l’ITT.
D’autres tâches incombent à l’assistante sociale :
- L’écoute de la FVV ;
- L’inscription des informations relatives à l’identité de la
victime, ses coordonnées de résidence, le type d’agression,
l’identité de l’agresseur (voir annexe 4) dans un registre
numéroté par chiffre/cas et date de visite ;
- L’accompagnement de la victime pour l’obtention du
certificat médical et le veil sur sa gratuité ;
- L’établissement du formulaire ou fiche de liaison à adresser
ou bien à la cellule du tribunal ou à celle du commissariat
ou au centre d’écoute selon l’orientation adapté au cas et la
demande et le désir tout particulièrement de la victime.
- La demande par initiative personnelle et officieusement
de certains examens complémentaires aux médecins de
l’hôpital, particulièrement gynécologiques pour certains cas
et si le médecin des urgences ne l’a pas fait58.

58
L’unité d’Ibn Tofeil compte une assistante sociale, Mme Menhour Latifa ; celle d’Ibn Zohr intègre
une assistante sociale et une infirmière diplômée d’Etat récemment affectée au service des urgences
et qui était avant au service pédiatrique, respectivement Mmes Ribouh Houria et Benddou Naima.

50
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Ces dernières sont très sollicitées car les références des femmes
émanent des différentes cellules et du centre d’écoute, en plus des
femmes qui passent par les urgences et qui sont hospitalisées sur
place. Elles sont souvent submergées de travail, car elles traitent aussi
les dossiers des cas de malades démunis qui aspirent à la gratuité
des soins ou tout simplement aux malades désoeuvrés au niveau des
urgences et qui ont besoin d’être guidés59. La prise en charge des
FVV au niveau des deux unités rencontre d’énormes entraves.
Les entraves quotidiennes et permanentes sont :
• L’exiguïté du bureau de l’assistante sociale où elle reçoit les
FVV à Ibn Tofeil60.
• La vétusté du matériel bureautique, l’absence d’outil
informatique et de ligne téléphonique pour l’unité d’Ibn
Tofeil.
• La difficulté à réaliser des photocopies des formulaires ou
fiches à défaut d’un photocopieur accessible61.
• Le manque de l’acte du psychologue eu égard surtout à la
fréquence des agressions sexuelles répétitives…62.
• L’inopportunité de la négociation de la gratuité des examens
supplémentaires et parfois de celle du certificat médical en
dépit de la note ministérielle de 2000 qui la stipule.
• La difficulté de faire parvenir la fiche de liaison directement à
la cellule du tribunal à défaut de courrier ou de télécopieur.
59
Les assistantes sociales s’épuisent à demander des « faveurs » de service au profit des FVV et
souffrent du fait qu’ils ne sont pas clairement institués et systématisés, à l’exemple d’examens complé-
mentaires, de la gratuité du certificat médical assez rigide d’où le sentiment de grande frustration et le
sentiment d’impuissance à venir aisément en aide aux FVV.
60
Il faut attirer l’attention que les assistantes sociales, privées de statut légal, se sentent peu protégées
et disent prendre des risques. Par exemple à Marrakech, certaines « nouvelles » catégories de femmes
appartenant à des milieux de pratiques religieuses « strictes », se voient suivre par leurs maris qui peu-
vent être menaçants. Certains médecins protégés légalement hésitent à livrer même des certificats sous
prétexte de la riposte de l’auteur de violence, généralement le conjoint…
61
L’emplacement de ce bureau à l’avantage d’être proche de la salle de l’examen médical et de celles
des consultations spécialisées, même si le service des urgences se caractérise par un flux important et
automatiquement par peu de calme et de confidentialité ou intimité.
62
Il arrive que l’assistance sociale de l’unité hospitalière attende celle du centre Hawwaa pour qu’elle
lui fournisse ces copies nécessaires pour le déroulement de l’activité de l’accueil et de l’orientation des
FVV.

51
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• L’insuffisance de la formation en matière d’écoute des FVV.


• La non performance du service de l’unité de nuit et la limite de
l’accueil au vu de l’horaire de travail de 9h à 16h.
• La non systématisation de la référence vers d’autres spécialistes
selon les besoins des FVV, particulièrement à Ibn Zohr63.
• La négligence, au niveau des urgences, des soins nécessaires et
des examens complémentaires, notamment radiologiques64.
• La non coordination organisée entre les unités d’Ibn Tofeil
et celle d’Ibn Zohr, sachant que la typologie du service des
urgences se complète : urgences chirurgicales par le premier et
médicale pour le deuxième.
• La non clarté des modalités autour de la fiche de liaison et sa
destination première et dans quelles conditions par rapport à la
demande et le désir de la victime65.

63
Il s’avère que la fréquence des cas de sodomie forcée par les partenaires et les conjoints, les dits viols,
les agressions sexuelles sur les enfants et les mineurs constituent un lot quotidien non négligeable.
Les violences suprêmes ont lieu aussi dans les milieux ruraux et semi-urbains proches, telles que des
blessures avec des outils agricoles comme la faucille au niveau du visage… Les post-traumatismes dans
ces derniers cas de figure sont notamment très lourds étant donné les blessures béantes au niveau facial/
partie frontale et directe avec l’autre et le monde…
64
L’unité d’Ibn Zohr est jeune et elle vient juste d’être consolidée par l’affectation d’un médecin légiste.
Le directeur de l’hôpital Dr. Abdellah Marighene a veillé à l’aménagement du local, qui était un labo-
ratoire d’analyse dans des délais très serrés et sous certaines conditions financières peu favorables. Le
bâtiment a actuellement besoin d’être retouché ou restauré et la mise en marche se fait progressivement
sous ses grands soins. La mise en place d’un système de référence organisé n’est pas encore, effective,
même si prévue selon le témoignage du Directeur.
65
L’unité récemment instaurée connaît ce type de lacunes. Des témoignages de FVV révèlent qu’un
cas d’hémorragie n’ont pas été suivi d’examen gynécologique, un cas de traumatisme facial dû à une
profonde blessure exécutée par une faucille n’a pas été suivi d’examen dentaire (le service est disponible
à l’hôpital) et ophtalmologique, un autre cas de vomissements du bébé que portait au dos une femme
violentée par son mari, n’a pas été référé au service pédiatrique, aussi disponible sur place…
Des hésitations quant à un transfert direct de la fiche à la cellule du tribunal ou à celle du commissariat,
sont soulevées. Aussi, la gestion ou concordance entre le fait de signaler le cas à la cellule du tribunal ou
à celle du commissariat en dépit du refus de la victime, qui désire seulement se doter d’un certificat médi-
cal. Des cas de danger mortel ou de risques majeurs sont des cas de figure assez courant. Les modalités
juridiques, éthiques et déontologiques de gestion de ce genre de situation ne sont pas connues.
Le cas de récidive suivi de décision de poursuite judiciaire profitera de ce capital dossier.
La directive générale du Ministère, dite «fiche [papier] autour de la contribution du ministère de la Justice
dans la lutte contre la violence à l’encore des femmes » (03/01/2005).

52
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• La non informatisation du dossier médical des FVV d’où la


difficulté du suivi médical, voire social.
• La non instauration informatisée de la collecte des données via
un support établi (formulaire ou fiche existante adaptée).
L’ensemble de ces obstacles semble surmontable, particulièrement
ceux qui ont traits aux moyens bureautiques de l’unité d’Ibn Tofeil,
l’unité d’Ibn Zohr, très défavorisée sur ce plan, est au contraire dotée
de moyens importants :
- Deux salles d’examen médical, une pour les FVV et l’autre
les EVV, équipées de bureaux, respectivement deux tables
d’examen, un appareil de prise de tension, une pharmacie
(peu fournie) de médicaments).
- Un bureau de l’assistance sociale.
- Une petite salle d’attente mitoyenne aux urgences avec une
porte de fonction.
- Local à l’étroit, bénéficiant d’intimité et proche de la porte
d’entrée de l’hôpital avec une proximité des bureaux des
responsables, dont celui du Directeur de l’hôpital.
En outre, d’autres types d’obstacles font appel à trois catégories
d’insuffisance :
• Celle de la formation spécialisée et de sensibilisation-information
du personnel médical en matière de VFG.
• De l’ancrage et la compréhension des mécanismes et modalités
de liaison entre les différentes cellules et unités.
• De la clarté des prérogatives, responsabilisations et modalités
de coordination entre l’unité, les services internes de l’espace
hospitalier quant à des questions de gratuité de soins, d’examens
supplémentaires, d’établissement de certificat médical, de
dotation en moyens logistiques et humains, d’instauration de
permanence, de spécification des responsabilités de l’accueil
de nuit au niveau des urgences … et au-delà des horaires
habituels de travail.

53
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Les contacts avec les deux autres cellules des tribunaux et du


commissariat sont donc peu efficaces en dépit de la fiche de liaison
établie par les soins et les directives du Procureur Général du Roi,
laquelle fiche devant en principe être remplie et multipliée au moins
en deux exemplaires, une à transférer à ces cellules et/ou centre
d’écoute, une à livrer à l’intéressée et une autre éventuellement
pour fond de dossier, d’autant plus qu’elle fait foi de déclaration au
procureur du Roi.
Le fondement et les spécificités de ces cellules appartiennent à deux
autres secteurs devant être saisis quant à leur profil sectoriel par les
responsables des unités hospitalières.

2) La cellule des FVV du tribunal (Marrakech) :


La circulaire adressée par le Ministère de la Justice ( voir annexe 3 ),
comporte réellement une fiche technique qui décline la contribution
précise de ce département à travers la mise en place de cette cellule
de gestion des dossiers des FVV qui parviennent au tribunal. En fait,
ces dossiers devraient y parvenir car la suite donnée par le Procureur
Général du Roi via la fiche envoyée aux différentes unités fait acte
d’obligation civique de déclaration.
Cette fiche contenue dans ce courrier ministériel propose un ensemble
de recommandations66, qui sont :
• La constitution d’une cellule au niveau de chaque parquet
général en terme de mécanisme de communication avec les
centres d’écoute (de la société civile) à propos des cas de
FVV.
• La collaboration avec tous les réseaux et toutes les associations
quant à la réception des informations et des déclarations.
• L’information des centres concernés sur les mesures prises
relatives aux cas déclarés.

66
Recommandations traduites de l’arabe en français par les soins de l’expert et par moment
abrégées ou complétées pour une raison de sens à expliciter (voir document en arabe en annexe).

54
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• L’implication de tout parquet général au niveau des cours


d’appel dans la formation, l’habilitation des centres en matière
de connaissances et de procédures juridiques.
• La permanence de la dispense de formation continue au
profit des juges du parquet général afin de les outiller dans le
domaine des questions de la violence à l’égard des femmes,
dans l’approche suivie à ce niveau, doit être professionnelle.
• La communication des programmes de permanence aux centres
d’écoute afin d’assurer les cas d’urgence.
• L’organisation de réunions régulières avec les centres d’écoute
dans l’objectif de consolider la coordination.
• La coopération partenariale dans le domaine de l’habilitation
ou l’aménagement des centres fonctionnels pour l’accueil des
femmes à besoins spécifiques.
• Le recours à l’expertise des assistantes sociales pour la conduite
d’enquêtes sociales au profit des FVV.
• La coopération avec les centres concernés pour la collecte des
données relatives au phénomène de la criminalité et aux cas
des violences (typologie, pourcentages, évolution,…).
- La préparation de dépliants / guides à mettre à la disposition
des centres dans le but de la conscientisation des citoyens et
les citoyennes quant à leurs droits et mesures qu’ils doivent
entreprendre et suivre.
- L’élaboration de questionnaires destinés aux FVV afin
d’assurer des analyses des cas de la VFG et d’améliorer le
plan de lutte contre la violence.
- La formulation de directives à la police judiciaires en vue de
la désignation de femmes commissaires chargées de l’accueil
des FVV.
- Le transfert d’un ordre au parquet général pour l’autorisation
des représentant (e)s des centres d’écoute à accompagner
les FVV lors de leur présentation devant le Substitut du
Procureur du Roi.

55
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

- La mise en route d’un processus de communication avec le


Ministère de Santé afin d’aboutir à un plan d’action à même
d’aider à réaliser les objectifs soulignés de la campagne de
lutte contre la violence à l’égard des femmes.
- La proposition d’un formulaire-questionnaire de déclaration
des cas des FVV au niveau des hôpitaux en veillant à y intégrer
les éléments jugés pertinents par les services compétents du
Ministère de la Justice.
- La garantie d’une assistance juridique au profit des femmes
démunies.
- L’exploration de l’ouverture d’un numéro vert afin de faciliter
les contacts des FVV avec les parquets généraux.
- L’opérationnalisation de la procédure de réconciliation
dans les cas de la violence familiale en assurant les mesures
nécessaires de la protection des femmes67.
Comment ces recommandations vont-elles prendre forme et contenu
dans le cas des cellules du tribunal (première instance, cours d’appel)
et du commissariat ou service préfectoral de la police judiciaire à
Marrakech ?
La mise en place des deux cellules du tribunal a été réalisée de
manière rationnelle et a enregistré une phase préparatoire. Cette
phase préparatoire s’est caractérisée par deux temps importants :
• Un temps de formation du personnel à impliquer,
particulièrement le Substitut du Procureur du Roi - femme -
devant assurer l’écoute et la gestion de la procédure pour les
FVV, et d’une journée d’étude et de réflexion sur le formulaire/
fiche ;
• Un temps de concertation –réunions avec les partenaires ceux
du centre d’écoute, des unités hospitalières et de la cellule de
la sûreté nationale68 ;
67
Certaines associations exprimeront leur réticence concernant l’application de cette procédure dans
les cas de la VFG, dont fait partie la violence familiale, à l’exemple de l’AMLVF.
68
La moyenne des réunions pour l’ensemble des cellules et unités à organiser la chaîne est de 8
rencontres autour de la table, selon la coordinatrice de l’association Annakhil, Zakia Chramo.

56
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

La formation a eu lieu en Espagne. Le choix de cette destination


n’est pas arbitraire mais il cadre dans un protocole entamé entre le
ministère de la Justice et les partenaires espagnols concernés dans le
domaine de la lutte contre la VFG.
Cette programmation de la formation fut précédée de la visite
d’une délégation espagnole au Maroc qui, à l’occasion, a présenté
les nouvelles mesures gouvernementales prises en Espagne dans le
domaine de la prévention et de la lutte contre la VFG.
Ces nouvelles mesures concernent la loi organique. L’Espagne
présente une expérience de bonne pratique en cours, en matière
de lutte contre la VFG. Son approche méthodologique en matière
de lutte et de prévention contre la violence fondée sur le genre,
élaborée et définie juridiquement (loi organique 1/2004), réside dans
l’établissement de deux fondements essentiels de toute politique
dans ce domaine, et qui sont :
L’instauration d’un mécanisme consacré spécifiquement à la VFG :
«Délégation Gouvernementale Spéciale de Lutte contre la Violence à
l’Egard des Femmes ». Il dépend du Secrétariat Général des Politiques
de l’Egalité au sein du Ministère de l’Emploi et des Affaires Sociales.
Les interventions de ce mécanisme légal, sont soutenues par un haut
niveau de prise de décision. Le (a) Délégué(e) est nommé (é) par
un décret royal. Ce pouvoir de prise de décision est consolidé par
le droit de se présenter en tant que partie civile légitime devant les
instances juridiques dans le but d’intervenir en tant que défenseur
des droits et intérêts régis par la loi organique 1/2004.
Les fonctions de cette délégation sont diverses :
- Elaborer les politiques ;
- Proposer les mesures nécessaires et leur assurer exécution ;
- Assurer le suivi et l’évaluation ;
- Coordonner le partenariat et la coopération institutionnelle et
sectorielle, aussi ceux établis avec les acteurs et actrices de la
société civile dans ce domaine ;

57
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

- Préparer et présenter un rapport au gouvernement et à


l’opinion publique après trois (3) années d’exercice.
- L’approche selon le référentiel de pensée et de philosophie
genre.
L’application de ce référentiel prend effet à la lumière du respect des
postulats et décisions suivantes :
- La nécessité de faire sortir la violence à l’égard des filles et
des femmes de l’espace privé à l’espace public.
- L’incitation des autorités publiques instituées constitution-
nellement au contrôle de l’application effective des droits
des femmes et des filles victimes ou menacées de violence.
- L’action à l’appui de l’idée stipulant que l’élimination de la
VFG est précisément l’application des droits en matière de
droits primordiaux de liberté et d’égalité et la lutte contre
toute forme de sexisme.
La clarté de la vision quant au référentiel et la garantie des opportunités
et des pouvoirs de décision, constituent les deux points de force de
cette approche ou “Loi organique” espagnole.
Ce rappel démontre de l’intérêt à intégrer cette expérience
d’institutionnalisation de la question de la VFG dans la formation des
participants marocains. Une visite d’échange de la partie espagnole a
eu lieu au Maroc afin de discuter de l’expérience marocaine qui était
présentée à cette occasion lors de la rencontre à l’Institut Supérieur
des d’Etudes Juridiques de Rabat.
Les Substituts du Procureur du Roi à Marrakech se sont ainsi
imprégnés des paramètres globaux de la prise en charge des FVV et
des aspects organisationnels nécessaires, notamment de coordination
entre les acteurs concernés et impliqués.
Dans ce but organisationnel partenarial avec les autres unités et les
centres d’écoute autour des FVV, les cellules des tribunaux sont donc
mis en place selon une démarche pratique qui sera initiée à travers
un certain nombre d’actions préliminaires, qui seront :

58
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• L’identification de l’association et du centre d’écoute le (a)


plus crédible dans le sens de :
- L’implication professionnelle dans le domaine de l’action de
la société civile.
- Le capital expérience et durable dans le domaine de la prise
en charge des FVV et de la lutte contre la VFG.
- La non « coloration » politique afin d’éviter toute connotation
de favoritisme ou de clientélisme.
• L’élaboration de supports de liaison et d’écoute des FVV :
- Une fiche de liaison (annexe 4) par partenaire : centre
d’écoute et unité hospitalière (similaire).
- Un formulaire de déclaration d’une femme à un acte de
violence (annexe 5).
- Un exemplaire de procès-verbal destiné à une FVV, exécuté
par le Substitut du Procureur du Roi (annexe 6).
• La demande de désignation d’une seule interlocutrice-
accompagnatrice ou coordinatrice du centre d’écoute.
• L’organisation d’une réunion de travail avec les représentantes
du centre et d’écoute et des unités hospitalières et de la cellule
du service préfectoral de la police judiciaire.

Le travail de la cellule s’organise à l’appui de ces supports de


communication et de référence. Il est aussi organisé dans un «
planning » hebdomadaire réparti temporellement en deux temps :
- La journée du mardi, réservée à l’accueil et au traitement
des dossiers des FVV accompagnée par la coordinatrice du
centre Hawwaâ.
- Les autres jours sont consacrés à l’accueil des cas de FVV
munies d’un certificat médical et ayant fait une déposition
(procès-verbal) en portant plainte au niveau de la police ou
des femmes qui viennent directement déposer une plainte
auprès du Procureur du Roi.

59
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Un tableau des permanences est aussi régulièrement fourni au centre


d’écoute pour les cas d’urgence de nuit ou au-delà des horaires fixes
de travail. Un Substitut du Procureur du Roi est toujours disponible
de jour et de nuit et tout le long de la semaine, même pendant les
jours fériés.
Les tâches effectuées par le Substitut du Procureur du Roi au niveau
de cette cellule sont :
• L’écoute des faits restitués par la victime et leur confrontation
avec les constats notés par écrits dans la fiche remplie au niveau
du centre d’écoute et avec le descriptif clinique du certificat
médical et son ITT évaluée. Si besoin, le constat direct des
traces de violence sur le corps est entrepris par le Substitut du
Procureur du Roi.
• L’activation de la procédure afin que l’agresseur ne continu pas
de jouir de la liberté d’action (surveillance) et afin de protéger
la victime.
• Le traitement des demandes de cessation de la procédure
ou renoncement de la victime à parachever la poursuite :
classement sans suite.
• L’encadrement de la séance de réconciliation entre la victime
et l’acteur de violence, généralement le conjoint, à la demande
d’une médiation pour la victime.
• La sensibilisation aux risques et dangers et l’orientation
juridique nécessaire.
• L’écoute de l’accusé ou le dit acteur de la violence.
• La remise en main propre des dossiers traités des FVV à
l’accompagnatrice du centre d’écoute pour l’achèvement des
autres procédures administratives internes au tribunal, telles
que l’enregistrement des plaintes et l’inscription des numéros
respectifs donnés à ces plaintes afin de les communiquer aux
FVV concernées, pour l’accélération de l’établissement et du
transfert.
• La relance pour le transfert des procès-verbaux établis au niveau
des commissariats par contact direct avec la responsable de la
cellule des FVV du commissariat.

60
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• L’examen des cas des FVV cumulés, en plus du traitement


quotidien d’autres dossiers qui incombent au Substitut du
Procureur du Roi désigné(e) à la tête de cette cellule.
Le déroulement de ce fonctionnement ne se fait pas sans embûches.
En plus de cette contrainte du surplus des charges, d’autres difficultés
au fonctionnement de la cellule sont soulevées :
• La non systématisation des déclarations, notamment celles
devant émaner des unités hospitalières, sachant que ces
déclarations font foi de plaintes qui engagent une procédure
pénale ou une poursuite judiciaire (annexe 5).
• La lenteur observable au niveau des mêmes unités pour que
les FVV parviennent à temps à la cellule du tribunal, dotées
de certificat médical. La plaignante peut se décourager et
le supposé agresseur peut disparaître ou fuir ou violenter à
nouveau sa victime et l’enquête judiciaire tardera à prendre
son cours.
• La lenteur propre à une implication plus soutenue des brigades
de la Gendarmerie Royale, compétente à agir dans le milieu
rural (féminisation du corps, intervention rapide,…). Un
courrier dans ce sens a été adressé par un officier de grade
supérieur (5/04/2006) et pour une meilleure coordination entre
le parquet général et les brigades concernées.
• Le manque d’assistantes sociales à statut légal au niveau
des cellules des tribunaux, à même d’effectuer des enquêtes
sociales, d’aider au processus de la réconciliation, de mesurer
l’impact de la violence sur les enfants et la famille…. Dans le
cadre d’une déontologie professionnelle de ce secteur, axée sur
le rôle de counseling et de l’expertise sociale.
• L’hésitation de certains médecins à établir les déclarations pour
des raisons dites déontologiques ou personnelles, sachant que :
- La poursuite judiciaire peut être déclenchée à l’issue d’un
simple signalement, lequel déclenche une prospection ou
enquête judiciaire.
- Un officier se déplace à l’hôpital dans certains cas pour le
recueil des informations à temps.

61
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

- Le non consentement de la victime pour une poursuite


judiciaire, qui case dans le droit civil n’élimine en rien le
droit public. Sachant que la procédure de la réconciliation est
faisable au niveau du tribunal.
- Le classement sans suite est un acte protecteur en soi pour
la victime dans certain cas et pour la famille car en cas
de récidive, ceci constitue un antécédent de plainte, de
présentation et de preuve éventuellement.
- La confidentialité en cas de déclaration d’un centre
d’écoute ou une unité hospitalière doit être une preuve
de professionnalisme et de responsabilité de la partie
impliquée.
- C’est une forme de civisme aussi.
- La partie sujet de dénonciation, en cas de calomnie de la part
de la dite victime, peut porter plainte et la poursuivre.
• Le défaut de mécanisme de suivi-évaluation, de personnes
chargées compétentes et disposées ou initiées à les exécuter
et de moyens-outils informatiques, déplacement entre unités,
tenue de réunions…. Afin de s’assurer de :
- L’efficacité et l’efficience des modalités de travail adoptées ;
- La fluidité de la circulation des informations, des données et
des documents ;
- La rigueur de l’établissement des fiches, des formulaires, des
certificats médicaux, des déclarations (utilisation des outils
de travail) ;
- La périodicité de l’élaboration de rapports trimestriels ou
semestriels, et annuels par les différents acteurs au niveau
des unités, des cellules et du centre d’écoute ;
- La qualité de la communication entre acteurs et la
pertinence de ses supports (échange téléphonique, réunions
régulières…) ;

62
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

- La fréquence de l’aboutissement des procédures judiciaires


selon leurs résultats, leurs délais, leurs retards accusés ou
échecs…. (statistiques relatives aux nombre de cas traités/
temps, dates de présentation des cas/ déclaration des cas au
tribunal/numéro d’envoi…) ;
- La satisfaction ou non des FVV prises en charge :
représentations, résultats palpables, diminution des cas de
récidive…
- Les spécificités des cas selon les cellules d’implantation
régionales différentes (Marrakech, Kalaa Esraghna,
Benguerir, Imin Tanout : 4 substituts du Procureur du Roi y
sont désignés), leurs difficultés et leurs points facilitateurs.
• Les limites juridiques en matière de pénalisation des actes de
violence à l’égard des femmes, particulièrement en terme de
contraintes qui suivent :
- Le défaut de preuves qui obstrue et arrête automatiquement la
procédure par le classement sans suite (la notion de l’affaire
privée persiste et engendre l’impunité du conjoint ou l’acteur
de violence).
- La rareté de l’acceptation des témoins de se présenter et
d’attester les faits par leurs témoignages.
- L’insuffisance du certificat médical, qui ne confirme que les
atteintes et dégâts physiques ou psychologiques mais ne peut
attester de l’agresseur, même s’il est mentionné dans la fiche
ou la déclaration par la concernée.
- Le manque d’une possibilité d’expertise médicale plus
pointue et qui a force de document légal d’indice ou de
preuve.
Ce dernier point ou contrainte, semble constituer un élément
important qui mérite œuvre en terme de juridiction. Certes, les efforts
et les compétences de recueil d’information lors de l’établissement
des procès- verbaux, ou lors de la présentation devant le Substitut
du Procureur du Roi, sont notoires de même que le recours aux
confrontations des indices mais les dossiers buttent contre les
questions des preuves ou les éléments à conviction et des témoins.

63
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Cette cellule profite aussi de la présence de celle domiciliée au


commissariat de police, qui dépend de la police judiciaire. La cellule
des FVV et notamment des EVV ou mineurs, de la Sûreté Nationale
à Marrakech a démarré effectivement en 2005. L’accueil des FVV
était assuré en 2004 par un inspecteur de police avant l’intégration
d’une commissaire69 femme en 2005.
Ainsi deux changements premiers et majeurs vont être opérés :
• La féminisation du responsable et interlocuteur direct des
FVV.
• La cessation du traitement des dossiers et cas de FVV, à l’instar
des délits, au niveau du Service des « Affaires Générales de
Mœurs»70. La cellule dépend actuellement du service de la
collecte et de l’analyse des informations. La cellule est par
ailleurs autonome. Les prérogatives de [la] commissaire vont
l’aider à assurer un accueil des FVV, qui sur le plan de la
procédure consiste à :
- Ecouter la plaignante.
- Constater les traces et séquelles sur le corps, même au niveau
des parties intimes.
- Inspecter les vêtements intimes (cas de viol).
- Etablir le procès-verbal.
- Opérer des confrontations entre accusé et plaignante pour
affiner les faits et travailler au niveau des indices
(acteurs/cas).
- Orienter vers le tribunal pour les demandes de réconciliation.
- Expliquer la procédure au FVV.
- Orienter vers l’unité hospitalière pour le certificat médical
vers le centre d’écoute pour le conseil juridique et le soutien
psychologique.
69
Commissaire Aïcha Bouknane
70
Ce fait hantait les activités féministes de terrain et semblait avoir une connotation péjorative et né-
gative, sachant que le cadre juridique du délit suppose que autant une femme qu’un homme, peuvent
commettre un délit…

64
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

La directive du Procureur du Roi adressée à la police judiciaire


chargée de traiter les cas des FVV, a permis d’initier une ouverture
sur la coopération avec la société civile dans ce domaine.
Le centre d’écoute identifié (Hawwaâ) devient un interlocuteur
privilégié de cette cellule. Les contacts réguliers routiniers avec ce
centre sont téléphoniques et ont trait à des questions telles que :
- La demande d’information relative à l’avancement d’un
dossier, particulièrement le transfert du PV au tribunal…
- Le suivi de l’orientation du FVV de part et d’autre.
Ces mêmes constats s’effectuent avec les assistantes sociales au
niveau des unités hospitalières. Ce type de compétence est spécifique
à cette cellule et qui est de l’ordre d’une communication informative
orientée vers trois demandeurs, les unités de l’hôpital, le centre
d’écoute (plus soutenu à comparer avec les unités hospitalières) et
le tribunal. Ce fonctionnement global connaît quelques entraves
décelées au fur et à mesure, lesquelles se résumeraient comme suit :
- L’image négative, liée aux représentations socioculturelles
ancrées, de la population vis-à-vis de l’instance policière en
dépit des efforts déployés pour un service de proximité de plus
en plus consolidé. Les femmes dans l’ensemble hésitent à se
présenter au commissariat pour cette raison. Elles n’admettent
pas plus d’aller au tribunal ou au centre d’écoute que de franchir
le seuil d’un poste de police.
- La persistance de l’idée d’une police répressive et la non
compréhension de la condition juridique, déontologique et
professionnelle du travail de la police, notamment judiciaire,
d’agir et d’intervenir dans le cadre du code de la procédure
pénale en vigueur et selon les directives des Procureurs du Roi
et leurs substituts.
- L’inattention souvent observable quant aux paramètres de la
confidentialité et de la vigilance sécuritaire et protectrice des
droits des personnes quelles qu’elles soient, « même un accusé
qui ne l’est que théoriquement jusqu’à sa condamnation », qui
doivent être observés avec rigueur et intransigeance par tout
professionnel de la Sûreté Nationale.

65
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

En somme, les avancées enregistrées par la mise en place de ces


cellules et unités sont visibles. Elles prendraient ample sens à la
lumière des deux cas témoins relatifs aux deux centres d’écoute
d’Annajda à Rabat et à Hawwaa à Marrakech. Ces deux centres
ayant respectivement dix (1996) et neuf années (1997) d’exercice
en tant que centres gérés par la société civile (associations féminines
et/ou féministes), constituent un modèle à même d’être analysé dans
l’objectif d’en déceler ces points de forces et de faiblesse. Aussi,
ceci aiderait à cerner les apports à leur fonctionnement générés par
l’implication gouvernementale sectorielle récente.
Le centre Annajda est dit « Centre d’Assistance aux Femmes
Victimes de Violence ». Il se positionne clairement comme centre non
gouvernemental pourvoyeur de services aux FVV. A ces services, il
arrête tout d’abord un ensemble d’objectifs, à savoir :
• Mettre fin au phénomène de la violence à l’égard des femmes
et des enfants.
• Faire prévaloir les droits de la femme et sa dignité humaine.
• Consolider la cohésion familiale, la stabilité et la solidarité
sociale.
• Briser le silence, sensibiliser l’opinion publique, les autorités
ainsi que tous les acteurs politiques et sociaux.
• Etudier les différents aspects de la violence, les facteurs qui la
génèrent et son impact sur la vie des femmes, des enfants, des
familles et de la société71.
Ces objectifs connotent autant le référentiel des droits des femmes et
de la cohésion de la famille que la plate-forme d’action associative
activiste qui sous-tend l’offre des services aux FVV. Le centre résume
l’essentiel de son offre dans les services dispensés suivants :
• L’écoute, l’orientation et les conseils.
• L’assistance juridique, sociale, médicale et psychologique aux
FVV et EVV.
71
Objectifs tels que formulés dans le dépliant de l’Union de l’Action féminine. Annajda. Centre
d’Assistance aux femmes Victimes de Violence.

66
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• L’alphabétisation juridique à travers la diffusion et la


vulgarisation des lois nationales et des conventions
internationales.
• L’habilitation des FVV et l’amélioration de leur niveau de vie
à travers l’alphabétisation et la formation professionnelle.
• La sensibilisation et le plaidoyer en terme de lutte et de
prévention de la VFG.
• La collecte des données relatives à la VFG au profit de la
recherche et d’un meilleur ciblage en terme de mesures.
• L’hébergement provisoire des FVV en situation critique ou de
danger.
Afin d’assurer ces services, le fonctionnement du centre repose sur
trois types de ressources humaines et/où de mécanismes :
• Un staff de militantes bénévoles et permanentes (directrice du
centre, médecin,…)72.
• Des avocats, des médecins, des psychiatres (permanents et
partenaires solidaires).
• Des comités de soutien au niveau des sections régionales.
La lecture attentive des contenus et des caractéristiques de ces
services révèle deux catégories principales. La première réfère à des
services de situation d’urgence et la deuxième renvoie à des activités
globales plus préventives et curatives à moyen et à long terme. Ainsi,
la triangulation de services d’interventions directs dans les cas de
VFG, englobe principalement l’écoute/l’orientation, le conseil/
assistance juridique et le soutien psychologique.

72
Le centre dispose de deux écoutantes et d’une assistance sociale, recrutés et rémunérées. Une
secrétaire assure la documentation, la saisie, les communications téléphoniques, l’archivage des
documents,…

67
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Concernant l’assistance sociale, elle est ponctuelle et non systématique.


La disponibilité du soutien psychologique est souvent aléatoire selon
la disponibilité ou non du psychologue ou psychiatre.

68
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

L’activité de l’écoute /orientation et du conseil/assistance juridique


demeurent les deux services les plus permanents et réguliers.
Généralement le centre d’écoute fonctionne avec un roulement de
deux avocats, en plus de certains bénévoles «cas du centre Hawwaâ».
Le service de l’hébergement provisoire est réduit vu la disponibilité
d’un seul centre depuis 2003. L’accueil est réservé aux FVV chassées
du domicile conjugal, qui généralement entament une procédure
judiciaire et portent alors plainte au Procureur du Roi. Les autres
services précités y sont dispensés, en plus d’autres tels que :
• l’alphabétisation ;
• Initiation à l’informatique ;
• Initiation à la gestion de microprojet générateur de revenu.
• Formation professionnelle ;
• Crèche pour enfants en bas âge et scolarité maternelle.
L’expérience de trois années d’exercice de ce centre a démontré
autant sa vitalité et son extrême utilité que des difficultés majeures
quant à sa survie, particulièrement celles financières.
La pérennité et la longévité du centre Annajda se nourrit et puise
raison de la motivation de ses militantes farouches au point de
l’épuisement. Les entraves qui caractérisent leur quotidien sont
multiples, les plus importantes sont :
• Les contraintes financières car le centre vit plus des budgets de
projets élaborés et soumis par l’association et par le principal
partenaire du centre l’ONG espagnol MPDL. La subvention
du SEFEPH qui ne dépasse pas 45.000DH, reste dérisoire vu
les charges lourdes dues au flux important et de plus en plus
grandissant des FVV.
• L’importance du flux, très conséquent au niveau du temps et
charge de stress des visites des FVV, naturel de part l’ancrage
du centre, est due aussi à la référence qui devient systématique
par l’unité d’Ibn Sina et d’autres associations, dont le centre
Najma73.
73
Des femmes interviewées disent être référées par ce centre, en plus de la systématisation de la
notification de la provenance à chaque accueil d’une FVV qui confirme ces faits de référence.

69
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• La difficulté à obtenir l’assistance juridique pour les femmes


démunies, alors qu’elles sont nombreuses à être incapables
d’engager un (e) avocat (e) et de payer les dépens du procès et
les taxes.
• L’obstacle de la non gratuité du certificat médical et des soins
médicaux pour les FVV, ce qui rend complexe la prise en charge
et épuise les responsables du centre à quêter ceci auprès des
médecins, généralement compréhensifs ou de connaissance.
• La lenteur de l’exécution de la procédure pénale au niveau des
transferts des PV au tribunal, etc.
• L’absence de toute modalité de liaison avec l’unité d’accueil
des FVV d’Ibn Sina alors que le nombre de femmes référées
de par et d’autre est importante. Cette absence de protocole de
travail commun (convention…) et de moyen de communication
systématique engendre déperdition des cas référés et annule
toute possibilité de traçabilité et donc de suivi-évaluation et de
documentation et collecte de données.
• Le retard à voir se concrétiser fonctionnellement la cellule de
la Sûreté Nationale et à assurer une fonctionnalité efficace de
celle du tribunal – qui démarre- Ceci altère la mise en place de
toute offre réellement intégrée et en chaîne.
• L’insuffisance des formations, notamment pour les écoutantes
et dans le domaine de la gestion du stress. La qualité des services
à parfaire reste une question posée et un souci permanent du
staff du centre.
Le centre d’écoute Hawwaa pour défendre les droits de la femme et
de l’enfant à Marrakech partage en grande partie la vocation et les
objectifs d’œuvre retenus par le centre d’écoute Annajda à Rabat.
Ces objectifs sont formulés par les acteurs et les actrices du centre
comme suit :
• Lutter contre toute forme de violence dont la femme et l’enfant
sont victimes ;
• Eliminer toute sorte de discrimination à l’égard de la femme et
de l’enfant ;

70
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• Promouvoir les conventions internationales pour les droits de


la femme et de l’enfant ;
• Suivre la mise en application du nouveau code de la famille
et toutes les lois permettant l’assurance de l’égalité et de la
protection effective des femmes et des enfants ;
• Former et sensibiliser sur le respect des droits de la femme et
de l’enfant ;
• Analyser des cas de violence et en constituer des plaidoyers.
Ils définissent notamment les services spécifiques à la prise en charge
des FVV en quatre actions principales qu’ils déclinent en éléments/
services suivants :
• L’organisation de formations continues des membres du
centre.
• L’accueil, l’écoute et l’orientation : informations sur
le cadre général du travail du centre, écoute directe ou
indirecte permettant à la plaignante de s’exprimer librement,
consultations juridiques et soutien psychologique.
• La prise en charge de certains dossiers reflétant des
problématiques d’ordre social, économique et juridique pour
lesquels lutte l’association.
• L’information des femmes violentées sur leurs droits et leurs
responsabilités.
• La sensibilisation de l’opinion publique, des avocats, des juges,
de la police, du personnel de santé et de l’éducation.
Le centre Hawwaa est le premier de son genre dans la région du
Haouz Tensift Marrakech, et étend son activité depuis cette année
en cours (2006) au milieu rural avec le projet en phase de réalisation
du centre d’Aït Ourir. Des contacts de travail ont été entamés avec
la Gendarmerie Royale depuis fin mars 2006. Il élargie notamment
ces centres régionaux, huit sont en projet de création avec l’appui
du FNUAP. Il cumule des points de force, à l’exemple du premier
cas témoin ici d’Annajda, qui résident dans les caractéristiques
facilitatrices de son fondement, parmi elle les éléments suivants :

71
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• La disponibilité temporelle importante due à la flexibilité


des temps d’accueil avec une ouverture du centre du lundi au
vendredi de 9h à 14h le matin et de 15 à 18 h l’après-midi, en
plus de la matinée du samedi.
• L’offre combinée de services de situation d’urgence et de la
prévention via la conscientisation, l’habilitation, l’alphabétisation
fonctionnelle, le plaidoyer auprès des professionnels et des
décideurs, etc. (juges, avocats, personnel de santé, éducation
nationale,…).
• La permanence des acteurs et des actrices du centre et delà, la
garantie de la capitalisation des formations assez régulières et
des expériences interactives avec les FVV et avec les acteurs
gouvernementaux et ceux de la société civile (la majorité y
sont depuis 1999, exemple de l’avocat, de l’assistante sociale,
de la coordinatrice,…)74.
• La disponibilité intégrale des services les plus importants
correspondant à une situation d’urgence : l’écoutante, l’avocat
(e), l’assistante sociale, le (a) psychologue. Deux écoutantes
et deux avocats qui se relayaient. Une assistante sociale qui
assure l’accompagnement des femmes au tribunal et aide
souvent à l’écoute. Deux avocats vacataires sont disponibles
le lundi et le mercredi, ceux dits « amis » de l’association
de l’ordre des avocats75, assurent l’orientation juridique qui
consiste généralement à :
- La rédaction d’une plainte ;
- L’orientation, avec explication du circuit, au tribunal ;
- L’instruction vulgarisée sur les démarches juridiques

74
Le changement qu’a connu le centre au niveau de son personnel a concerné particulièrement le
psychologue. Le premier nigérian avait l’handicap de la langue, le deuxième, vu que les femmes
préféraient une femme. Ce besoin est pressant pour tous les centres, les unités, mais difficile à satisfaire
pour deux raisons majeures, le manque d’effectif de psychologue et de psychiatres et la compétence en
matière de soutien à des FVV, problématique complexe….
75
L’accord conclu avec l’ordre des avocats à Marrakech fut le premier pas de structuration des rapports
avec le corps juridique local, particulièrement avec les juges, les substituts du procureur du Roi… pour
faciliter la prise en charge juridique des FVV et des EVV.

72
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

- La gestion de la demande de réconciliation


(demande très fréquente)76 ;
- Le suivi du processus et dossier juridique (avocats vacataires).
• L’ouverture sur la dimension genre dans le sens large du
terme, les femmes dans leurs rapports sociaux “ici conflictuels
et inégalitaires” aux hommes, les femmes démunies et à
besoins spécifiques, les prostituées, les enfants “ici victimes de
violences” les femmes rurales et amazirophones-récemment.
• La régularité relative à la pratique de l’évaluation annuelle de la
prestation du centre faite à l’appui d’une approche participative
centrée sur les témoignages des FVV bénéficiaires des services
du centre77.
Ces points de force résistent à des contraintes, en grande partie
similaires à celles identifiées et décrites dans le cas du centre d’écoute
Annajda à Rabat. Certains obstacles, dont celui qui a trait à l’exiguïté
du local face au flux très important des FVV, connaît actuellement
une issue heureuse, car l’association a entamé la construction d’un
bâtiment plus adapté et conçu architecturalement pour cette fin. Il
persiste quelques autres difficultés, à savoir :
• Les contraintes financières dans la pérennité. Les partenaires
internationaux (Intermon, Oxfam, AECI, FNUAP, UNIFEM,
Ambassade de Belgique…)78 soutiennent le centre mais le
souci de la durabilité persiste. La subvention du SEFPH de
45.000Dh reste en deçà des charges et de la demande que
connaît le centre.

76
La pratique de la réconciliation est très sollicitée par les FVV. Deux centres Annajda et Hawwaa la
traitent souvent. Il demeure qu’elle s’avère complexe et fait appel à des compétences spécifiques, au-
delà de la procédure juridique d « assadad » ou « solh ». Les centres avec leurs avocats et écoutantes
sont très demandeurs d’une formation adéquate dans ce sens, sachant que d’autres associations restent
prudentes et réticentes car elles mesurent le poids du culturel et la vulnérabilité de la demande de
réconciliation en fait, mais le renoncement (à ses droits)..
77
La commissaire Aïcha Bouknan et d’autres partenaires impliquées ont pris part à une séance
d’évaluation. Assise à l’abri des regards, elle se réjouit de l’impact positif de sa prestation auprès des
FVV qui en ont témoigné avec spontanéité.
78
L’ambassade de France était le premier partenaire financier du centre.

73
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• L’absence de tout cadre juridique ou statut légal et reconnu,


autant des assistantes sociales que des écoutantes “cas de tous
les centres d’écoute” à même de les protéger alors qu’elles
sont souvent exposées à des risques.
• Les frustrations répétitives de voir des ITT en deçà de la
souffrance physique et psychologique en plus de la déchirure
familiale et sociale des FVV. Eu égard à tout discrédit du
professionnalisme et de la rigueur éthique et déontologique
des médecins intouchables et exemptes de tout soupçon, une
réflexion technique sur cet aspect est des plus urgentes.
• L’absence d’un centre d’hébergement provisoire pour la femme
en situation de danger ou d’extrême vulnérabilité, engendrée
souvent par la « mise à la porte » de nuit comme de jour par le
conjoint, seule ou accompagnée d’enfants.
• Le flux très important des FVV qui recourent au centre d’où
leurs plaintes quant au temps d’attente et la difficulté à gérer
cette attente à défaut de personnel à même d’assurer des
activités parallèles dans ces temps morts ou un psychologue
disponible quotidiennement pour rassurer, et dévictimiser, les
FVV.
• L’obstacle de la non gratuité des soins pour les FVV et de
la non permanence du service de l’unité d’accueil de ses
dernières. Ceci cause une lenteur dans la prise en charge de
ces femmes violentées et altère la qualité de l’accueil dont le
centre ne partage pas la responsabilité. Cette lenteur touche
aussi le transfert des PV au tribunal, sachant que le type de
procédure et le nombre de dossiers, ainsi que l’insuffisance du
personnel de la cellule de la Sûreté Nationale sont en cause.
• Le point de blocage majeur dans le traitement des dossiers
juridiques est l’élément de la nécessité sine qua none des
preuves et des témoins dans le cas de la violence conjugale.
Les avocats du centre s’ingénient juridiquement mais cette
lacune juridique affecte autant les FVV bénéficiaires que le
centre pourvoyeur des services dont celui juridique.

74
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Modèle partenariale quadripartite de Marrakech :


1) Historique de mise en place
La société civile pionnière et créatrice en matière d’offre de services
aux FVV, notamment par l’ouverture de centres d’écoutes à ce
type de population discriminée inexistants pendant longtemps au
niveau des différentes structures et secteurs gouvernementaux, fût
la première incitatrice de l’implication gouvernementale dans ce
domaine. Cette revendication a fait l’objet de plaidoyer incessant
émanant du tissu associatif féminin et féministe, particulièrement
des centres de l’Hermitage à Casablanca79 et d’Annajda à Rabat
et d’Ennakhil à Marrakech, lesquelles associations qui collaborent
activement ensemble dans ce domaine et à ce niveau.
L’année 2005 qui connaîtra l’élaboration du PO de la SNLCVF, à
laquelle participeront très activement et fructueusement ces trois
associations, connaîtra un élan fort marqué dans ce sens. L’appel
adressé au gouvernement par ces trois associations sera soutenu,
engagé et très professionnel.
Ainsi, chacune agira et oeuvrera dans son espace et presque dans
une complémentarité spontanée. L’essentiel dans la pratique et à titre
indicatif sera :
• La tenue d’une table ronde le 2 janvier 2005 autour de
«l’exploration des mécanismes de coordination en vue du suivi
des [cas] des FVV», organisée par l’association Ennakhil, à
laquelle ont pris part tous les partenaires concernés, impliqués
et potentiels.

79
Le premier centre créé est celui qui porta le nom de : Centre d’Ecoute et d’Orientation Juridique et
Psychologique pour Femmes agressées. Il ouvre ses protes en 1995 à Casablanca, localisé au quartier
de l’Hermitage et il sera connu plus par centre de l’Hermitage.

75
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• L’organisation d’une rencontre- plaidoyer “le 7 janvier 2005


par l’association marocaine de lutte contre la violence” qui sera
marquée par l’annonce de la création des cellules d’accueil des
FVV au niveau des tribunaux (L’Hermitage).
• La participation des trois associations à la rencontre de
concertation, le 19 mars 2005, à laquelle ont pris part 29
associations féminines/féministes et actrices dans le domaine
de la VFG et de la prise en charge des FVV.
• L’envoi d’un mémorandum relatif à la création des cellules
d’accueil des FVV au niveau des tribunaux, en terme de suite
donnée à la rencontre de concertation du 19 mars 2005, au
Ministère de la Justice. L’initiative est du centre d’Annajda à
Rabat.
Ce processus abrégé ici, soutenue par d’autres actions menées par
d’autres acteurs de la société civile partageant les mêmes soucis, sera
décisif quant à l’initiation de l’implication concrète du gouvernement:
les Ministères de la Justice, de l’Intérieur avec la Gendarmerie
Royale et la Santé. D’autres secteurs tardent à s’impliquer. L’analyse
des contenus des décisions et des recommandations inscrites dans
les rapports disponibles de ces rencontres, tables rondes et réunions
de travail, est hautement instructive sur les orientations et les
engagements pris en guise de plate forme de travail coopératif dans
cet espace spécifique de l’offre de service aux FVV.
La table ronde organisée par le centre Hawwaa / association Ennakhil
a porté sur le « rôle de la police dans la lutte contre la violence à
l’égard des femmes ». La table ronde organisée par l’association
Ennakhil le 2 janvier 2005 et qui avait porté sur l’ « exploration
des mécanismes de coordination en vue d’un suivi des FVV » a eu
lieu tout d’abord dans un lieu signifiant quant à cette thématique, la
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Marrakech. La coordination
visée concernera les acteurs directement concernés :
• La police ;
• Le tribunal ;
• L’hôpital ;
• Le centre d’écoute «Hawwaa » ;

76
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Cette table ronde est programmée pour asseoir un processus de


coopération déjà établi entre la cellule de la Sûreté Nationale mise
en place et l’unité hospitalière d’Ibn Tofeil, et la cellule du tribunal.
Les intervenant (e) s au nom de ces cellules et unités80, chacun selon
sa contribution effective et potentielle ont informé des mesures prises
et soulevé les obstacles à ce processus de coordination enclenché.
Contrairement aux difficultés internes mentionnées notamment
par la cellule de la Sûreté Nationale qui souffre d’insuffisance en
ressources humaines face à l’importance de la demande, le centre
Hawwaa a attiré l’attention sur les fluctuations de la coordination en
évoquant des problèmes spécifiques à chacun (voir tableau 1).
Tableau 1 : Obstacles de coordination soulevés par le centre Hawwaa.

Partenaire coordinateur Obstacles


- Problématique de l’établissement des
certificats médicaux
Unité hospitalière d’accueil des FVV - Absence d’une permanence au profit
d’Ibn Tofeil des FVV
- Non couverture des frais des soins
devant être gratuits pour les FVV
- Manque d’un canal ou moyen fixe et
consensuel de communication directe
La cellule de l’accueil des FVV au
- Retard dans l’établissement des PV et
niveau de la police judiciaire
leur transfert au tribunal

- Défaut de suivi du sort de certaines


plaintes
- Problème des preuves à conviction
Celle d’accueil des FVV au niveau du
et nécessité de témoins de la violence
tribunal
conjugale
- Cas de retard relatif à certaines
plaintes

80
Commissaire Aïcha Bouknane de la cellule de police, le procureur Général du Roi Maître Abdel Ilah
El Mastari de la cellule du tribunal et Dr. Abdel Mounim Abou Essaad de l’unité du CHU d’Ibn Tofeil
et Mme Zakia Mrini du centre Hawwaa.

77
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Ces entraves débattues, des recommandations furent formulées,


qui soulignent par ailleurs les besoins et les actions susceptibles de
pallier à ces lacunes :
• La constitution d’un comité de suivi et d’accompagnement [de
mise en place].
• L’information sur les cellules et unités [plus de visibilité).
• La formation des intervenant en matière juridique et «médical».
• La simplification des procédures administratives
• Le suivi du cheminement des plaintes.
L’orientation qui ressort des travaux de cette table ronde est en toute
évidence l’exigence à se donner au niveau d’une bonne gouvernance
et d’un travail de proximité plus structuré auprès des FVV
(voir schéma 5a).

Schéma 5a : Orientation résultante de la table ronde du


02/01/2006 « coordination »

78
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Outre cette action entreprise pour la mise en place d’une offre de


services intégrés en chaîne à l’initiative de l’association Ennakhil ,
une autre alors commune et signée par vingt neuf (29) associations
(voir annexe 6), prendra la forme d’un communiqué81 établi à l’issue
d’une rencontre de concertation tenue à Casablanca le 19 mars
2005, par les soins de l’Association Marocaine de Lutte Contre la
Violence à l’Egard des Femmes. Ce communiqué a souligné de
manière succincte et avec concision la réaction du tissu associatif
quant à la création de cellules gouvernementales d’accueil des FVV
au niveau des tribunaux. L’initiative jugée heureuse et pertinente, le
communiqué appelle à l’ouverture d’un dialogue de concertation et
de consultation d’accompagnement de ce processus de mise en place
dans l’objectif de garantir à cette conception sectorielle sa réelle et
pertiente dimension signifiante quant à la [spécificité VFG]. Ce
document souligne pour finalité ultime la garantie de résultat qui
nécessiterait alors de :
• Aménager des structures (physiques) au sein des tribunaux
dédiées à ces cellules.
• Organiser des sessions de formation au profit des acteurs et
actrices responsables de ces cellules.
• Octroyer les ressources financières et de motivation morale
pour la coordination avec les associations et les centres
d’écoute.
• Réaliser le cadre juridique et légal des assistantes sociales
(aux) et de leur fournir les moyens matériels et les conditions
favorables de travail.
Ce communiqué met en exergue un élément toujours d’ordre
organisationnel mais axé sur les moyens autant matériels et
physiques (structures) qu’humains (compétence et habilité) que sur
les conditions qui cadrent les activités de ces cellules sur le plan
de la légalité, la déontologie et la motivation, dont celle morale des
acteurs.

81
Communiqué autour des cellules d’accueil des FVV au niveau des cellules des tribunaux, de la
Sûreté Nationale et de la Gendarmerie Royale.

79
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

La relance à l’endroit des partenaires du Ministère de la Santé se


fera encore une fois par un mémorandum82, qui portera sur d’autres
aspects et propositions :
• La généralisation de l’information relative aux cellules à toutes
les régions.
• La mise en service d’un numéro vert dans ce cadre, ouvert à
toutes les FVV (régions).
• La réservation d’un budget spécial aux cellules, lesquelles
doivent bénéficier de structures adéquates (accueil).
• La communication régulière du programme de la permanence
des cellules et des centres d’écoute.
• Le recours judiciaire à l’enquête poussée ou supplémentaire
dans le cas de VFG en évitant l’application de la procédure de
réconciliation (cas pénal et/ou de criminalité)83 .
Ce rappel traduit la volonté de la société civile à batir une coopération
avec les secteurs concernés par les cellules, garantie de résultats et
largement et pertinement profitable aux FVV. Outre la consolidation
des fondements et moyens de travail des cellules de l’accueil des
FVV domiciliées au sein des tribunaux, un travail de réflexion sur le
rôle de celles de la police dans la lutte contre la violence à l’égard
des femmes, a fait l’objet d’un débat lors de la tenue de la table ronde
organisée par l’association Ennakhil / Centre d’écoute Hawwaa (27/
05/2005)84.

82
Mémorandum relatif à la création des cellules d’accueil des FVV au niveau des tribunaux, de la
Sûreté Nationale et de la Gendarmerie Royale.
83
Il faut rappeler que les FVV, particulièrement dans le cadre de la violence conjugale, sont
demandeuses de réconciliation. Le tribunal est habilité à l’exécuter sous le contrôle du Procureur du
Roi ou de son Substitut. Certains centres tentent cette pratique avec d’énormes difficultés à défaut de
compétence technique et vu la complexité affectivo-psychologique, familiale et sociale de la question.
Il demeure que l’impunité est en cause chez ces récidivistes en plus de la nécessité d’évaluation des
risques pour la FVV au lieu de recourir à la réconciliation sous la contrainte morale, du respect du droit
et du choix de la personne. Ainsi, la réconciliation doit être maîtrisée dans ce sens.
84
A cette occasion, la commissaire Mariama El Araki, a fait le déplacement de Rabat et fait une
intervention à l’occasion.

80
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Il est intéressant de souligner dans ce lieu, les grandes lignes du


référentiel de la Sûreté Nationale dans ce domaine de VFG, telles
que formulées dans la contribution du commissaire Mariama El
Araki. Ces éléments du référentiel sont85:
- La question de la promotion de la femme en terme d’un but
majeur national pour l’état de droit.
- La dimension de la réalisation du développement humain.
- La définition de la violence à l’égard des femmes établie par
la CEDAW, ratifiée par le Maroc.
- L’esprit du nouveau code de la famille.
- Le PO de la SNLVF et donc la lutte contre la FVG.
Cet ensemble d’éléments est explicite sur un référentiel partagé
entre les acteurs et les actrices des associations et centres d’écoute et
le partenaire clé et stratégique de la Sûreté Nationale. Ce partenariat
initié depuis 200086, a mûri sur le même fondement idéel relatif à
l’approche de la question de VFG à partir de laquelle le tissu associatif
mène son combat de lutte contre ces violences et de prévention pour
qu’elles cessent. Cette approche est explicitement dite partagée et
assurée par les partenaires directement impliqué (e) s de la Sûreté
Nationale.
Cette table ronde s’est notamment soldée par la proposition de
recommandation pratiques et surtout d’ordre organisationnel à
savoir :
• La sensibilisation à l’opportunité et la nécessité de création des
cellules au niveau des postes de police.
• L’élaboration de supports de coopération, entre autres par la
création d’un comité de coordination entre le centre d’écoute
et les chargé(e)s des cellules à mettre en place.

85
Eléments synthétisés à partir du rapport de la table ronde susmentionné
86
C’est le commissaire Hassan Cheggour qui est à la tête du point focal. Ce point focal, notamment
chargé de la VFG jouit de sa situation « administrative » privilégiée, qui dépend directement du
Directeur de la Police Judiciaire Monsieur Mustapha Mazouni, un décideur notable dans la hiérarchie,
très ouvert sur la question de la VFG.

81
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• La conscientisation à la VFG au sein même des corps de la


Sûreté Nationale.
• L’ouverture d’un numéro vert régional.
• La dispence de la formation continue aux différents partenaires,
dans le domaine de la VFG.
Ce faisant, cette dernière orientation sous-jacente au développement
de la thématique traitée, particulièrement par la représentante “à
cette occasion” de la Sûreté Nationale et aux recommandations
émises, pointant indirectement le référentiel idéel et conceptuel, est
ici fondamentale. Il s’agit d’une orientation de l’approche genre,
point d’ancrage de l’œuvre de toutes les associations féminines et
féministes dans le domaine de la lutte contre toutes les formes de la
VFG. Le référentiel partagé et consensuel, il reste que la condition
impérative pour la sureté nationale, c’est de devoir se tenir à la
légalité de l’action selon la procédure pénale en vigueur. La légalité
qui selon les différents interlocuteur (trices) se résumerait dans le
respect strict des droits légiférés des hommes et des femmes au sein
de la société, de même que de leur sécurité.
Ce cadre légal d’action, est aussi l’apanage ultime et initiale de la
Gendarmerie Royale (voir schéma 5b)

Schéma 5b : Circuit juridique de FVV vers l’instance policière


judiciaire ou vers le tribunal

82
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Ces efforts déployés par les membres actifs de la société civile


semblent avoir trouvé écho et répondant chez les partenaires
sectoriels impliqués en dépit des difficultés soulevées qui persistent.
Les réactions et points de vue de ces protagonistes interrogés sont très
révélatrices de la dynamique positive déclenchée avec la création de
ces cellules et unités dans ce domaine épineux de la VFG.
Ils soulignent tous et toutes une satisfaction et aspirent à la
consolidation par des mesures assez incessantes (voir tableau 2).
Une observation est à faire aussi, relative à une autre initiative
entreprise par l’Association Marocaine de Lutte contre la Violence
à l’Egard des Femmes. Cette initiative a consisté en l’élaboration
d’une fiche technique portant sur la définition de la nomenclature des
notions techniques et des concepts au fondement des services à offrir
aux FVV, de point de vue des associations. Cette fiche a proposé
des définitions propres à des notions clés telles : cellule, circulaire à
portée d’obligation, accompagnatrice, programme de permanence,
assistance juridique, coordination et réconciliation (voir annexe 7).
Cette fiche constitue autant un outil de vulgarisation qu’un moins
didactique d’institution d’un langage commun entre les partenaires.

83
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Tableau 2 : Apports de l’offre de services intégrées en chaine


initié / Marrakech

Entité apport révélé

L’opportunité de l’accompagnement des FVV souvent


analphabètes, traumatisées et inquiètes pour les démarches
administratives :
• Se présenter devant le substitut du PR
• Faire rédiger une plainte
• Déposer le dossier établi avec les soins du substitut du
PR au bureau chargé de leur donner suite adminisrative
et numéro d’ordre.
• Livrer ou faire parvenir ce numéro et des copies des
papiers inhérents au dossier de la victime
• S’informer sur la date de l’audience au tribunal
• Faire éviter aux femmes l’attente alors qu’elles sont
affectées, grâce au guichet réservé [le mardi matin] via
l’accueil du substitut du PR
Centre • Rassurer les femmes en les informant assez vite sur la
Hawwaa mise en place rapide de la procédure judiciaire.
- Ecouter les deux partenaires à part et ensemble.
- Acueillir les FVV dans un bureau consacré en partie à cette
fin87
- Bénéficier de l’accueil même au-delà des horaires fixes,
les week-ends et pendant les fêtes grâce au programme de la
permanence régulièrement communiqué au centre. La vital-
ité du partenariat circulaire entre les quetre espaces : hôpital,
poste de police, tribunal et centre quant à l’intégralité des
services offerts au FVV :
• Les FVV hésitent moins à franchir le seuil du poste
de police eu égard à la présence d’une cellule avec un
accueil assurée par une commissaire / femme et la
possibilité d’être accompagnée par une coordinatrice du
centre d’accueil. Ce chainon ou service est donc comblé.

87
Ce bureau est exigu et ne bénéficie pas de l’intimité souhaitable malgré les efforts du substitut du
PR qui veille à fermer la porte mais le dérangement persiste sachant que l’observation des traces sur le
corps de la FVV est souvent effectuée sur place.

84
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Entité apport révélé

• La notion de service situation d’urgence quant à la


prise en charge juridique est introduite au niveau de
l’instance tribunal et supportée par la simplification des
procédures administratives et par l’obtention du certificat
Centre médical, pièce essentielle dans le dossier, dans des délais
Hawwaa raisonnables.
• La sensibilisation directe et indirecte de l’ensemble
des professionnels impliqués : juges, responsables ad-
ministratifs, avocats, médecins, infirmiers… Ce chaînon
d’accompagnement-plaidoyer et de prévention est assuré
progressivement.

- L’impact sur les représentations des juges et des substituts


du PR… moins stéréotypés et plus compréhensives des
réalités des FVV.
- La violence à l’égard des femmes n’est pas un fait «naturel»
et banal.
- L’impunité accentue les pratiques de violences à l’égard
des femmes etc.
- La contribution des centres d’écoute à l’appui du support
consensuel : la fiche et la déclaration qui contiennent un
descriptif, une désignation ou l’implication de l’accusé,
facilité l’enquête judiciaire.
Cellule - L’accélération de l’arrêstation de l’acteur de violence ou
du accusé, particulièrement dans les situations extrêmes.
tribunal - La prise de conscience de l’ampleur et de la multiplicité
des formes de VFG et de l’insuffisance, voire la rigidité
de la jurisprudence, exigeant par exemple les éléments à
conviction ou preuves et les dépositions des témoins…
- La mesure des rôle de la société civile et de l’assistance
sociale, agent clé dans l’accompagnement des FVV et dans
l’aide à l’enquête sociale et éventuellement à la préparation
de la médiation et la réconciliation.
- L’affinement de l’examen des faits et des techniques du
recueil de la déposition de la victime au-delà de l’ITT.
- La facilitation de l’accueil des FVV par le travail
professionnel, confidentiel de l’accompagnatrice et
coordinatrice du centre des FVV.

85
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Entité apport révélé

Cellule - La prise de conscience quant à la nécessité de mettre en


place une organisation ou un mécanisme d’accélération de
du
traitement des plaintes et des dossiers via les cellules du
tribunal tribunal et de la police.

- Possibilité d’orientation des FVV après l’établissement


des PV au centre d’écoute pour un soutien psychologique,
d’amples informations de procédure judiciaire – un travail
volontariste et civique, qui ne fait pas parti des prérogatives
de la police.
- Rapidité de la mise en œuvre des enquêtes judiciaires
grâce à l’accélération de la suite à donner par le parquet
général et grâce aux informations contenues dans les fiches
établies au niveau des unités hopitalières ou centre d’écoute
et notamment grâce à la délivrance du certificat médical à
Cellule de la temps en général.
police - Initiation des changements des représentations propres à
une image figée de la police en terme d’instance répressive
et coercitive vers une image de service de proximité et de
protection des droits des citoyens et citoyennes.
- Revalorisation de la participation et de l’implication
féminine au sein de la Sûreté Nationale via un processus de
féminisation avec ouverture d’accès à des grades référents
des postes de responsabilité.
- Circulation d’un langage commun à propos des FVV.

Unités - L’orientation des FVV est plus aisée qu’avant autant vers
le centre d’écoute que vers le tribunal ou la police.
hospitalières
- Les sessions de formation sont profitables, même si
d’Ibn Tofeil et insuffisantes concernant l’écoute des FVV et des EVV.
Ibn Zohr

86
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Ces apports reconnus comme attouts à l’offre de service pour la FVV


par les différents responsables des cellules et unités, promue pour
être organisée en chaîne, gagneraient à être consolidés. Différentes
difficultés altèrent ce processus de mise en chaîne des services offerts
au FVV :
• La charge du travail, qui a augmenté pour l’ensemble des
intervenant(e)s au niveau des cellules, des unités et du centre
d’écoute, par exemple (voir schéma 6).

Accueil des FVV et EVV


Assistante sociale /
Unité hôspitalière Accompagnement des cas de malades
nécessiteux pour gratuité
Des soins et des examens médicaux

Accompagnatrices des FVV aux cellules,


particulièrement du tribunal
Traitement des dossiers (fiches) des FVV
au niveau du centre.
Coordinatrice entre le centre et les cellules
[interlocutrice principale et directe]

Assistante Enquête sociale ponctuelle


Sociale / centre
d’écoute Aide à la rédaction des plaintes
(cas Hawwaa) auprès d’un secrétaire publique
Accompagnement des mères célibataires
pour l’inscription dans l’état civil

Visite des enfants aux femmes


prisonnières
Sensibilisation mobile aux prostituées
quant aux MST/SIDA, etc.

87
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Schéma 6 : Charge de travail en augmentation pour les acteurs-


fonctionnaires des cellules et unités des FVV et EVV

Accueil des FVV et des EVV ou


mineur(e)s VV (écoute, PV, transfert de PV,
confrontation,...
Commissaire Conduite d’enquête / brigade mobile
/ cellule de pour observation des faits…
la P.
Réception des rapports hebdomadaires des
cas de FVV et de EVV traitement et transfert
à la Direction Générale / point focal genre à
Rabat
Traitement des informations collectées
(service de collecte et d’anlyse des
informations, la cellule des FVV y est
implantée)
Accueil des FVV du centre Hawwaa
(mardi matin)
Substitut du Accueil direct et quotidien des FVV
procureur du qui se présentent d’elles-mêmes
Roi.
Autres dossiers
Situations d’urgence extrême (accidents de
la route…) donc urgences chirurgicales et/ou
médicales
Examen des FVV et des EVV pour évaluation
Médecin des de l’ITT et rédaction du certificat
urgences.

Références des cas d’urgence et des cas


des FVV et des EVV (protocole écrit ou
communication téléphonique…)
Orientation des FVV

88
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Ce cumul des tâches est souvent susceptible d’altérer l’intégralité


des gestes à accomplir (exemple de la référence), la qualité de la
prestation, la durabilité de la motivition et engendre des situations
de stress pouvant être pathologique.
• Le manque de moyens matériels et logistiques de travail, en
plus de l’insuffisance des ressources humaines. Pour ce dernier
cas de figure, le besoin des services des assistant(e)s sociales
(aux) est très loin d’être satisfait. Les conditions matérielles
de travail souffrent du :
- Manque de rubriques ou lignes budgétaires officiellement
consacrées au fonctionnement et à l’équipement de ces
cellules et unités, en plus des moyens financièrs limités et
déterminés par les fonds des partenaires et des projets viables
dans le cas des centres d’écoute de la société civile.
- Inadéquation des structures physiques (bureaux, salles)
réservées à ces cellules et unités pour l’accueil des FVV et
des EVV, (à l’exception de l’unité d’Ibn Zohr nouvellement
réhabilitée et équipée) concernant son emplacment / sa
superficie / ses conditions d’intimité/ son accessibilité,…).
- Sous équipement de ces structures qui se limitent à un
bureau et deux ou trois chaîses : sans téléphone, télécopieur,
photocopieur, outil informatique, fongible, table d’examen,
rideaux,…
- L’absence de tout support ou programme d’information
médiatisation sur les cellules et unités pour une meilleure
visibilité (prévention, motivation, exemple à suivre, sécurisa-
tion,…) et pour assurer l’indication physique d’orientation
de la demande effective et potentielle en matière de visites
et d’accueil.
- La multiplicité des services ascendants hiérarchiques
administratifs responsables (décisions techniques, voire
politiques) d’où improvisation, désordre et parfois frustration
(non capitalisation des personnes ressources) ... des unités
hospitalières. Le Ministère de la Santé marque des initiatives
(formation continue, projet de généralisation régionale des

89
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

unités…) mais trahirait des rivalités “non dites” entre les


services susceptibles d’être chargés et impliqués d’où déper-
dition d’efforts et faits de démotivation.
- Les circuits empruntés par les FVV au sein de l’espace
hospitalier n’étant pas prédéterminés et codés à l’appui d’une
fiche de circulation ou autre support, en plus du défaut des
moyens humains et logistiques, sont sources de stress pour
les FVV et de retard pour l’acquisition à temps du certificat
médical et la dispense des soins et examens nécessaires. Ce
retard souvent accusé se ressent quant à la mise en route de
la poursuite judiciaire.
- Les références non effectuées à d’autres spécialistés et pour
d’autres examens supplémentaires laisse hypothétique la
formule de « sauf complication ultérieure » et défavoriserait
la FVV quant à la justesse de l’évaluation de l’ITT.
- L’absence d’un moyen fixe et consensuel de liaison en dehors
du téléphone - à l’exemple de la fiche de liaison - entre la
cellule de la police et les unités hospitalières, centre d’écoute
des FVV et EVV, retardera l’aisance du recours à ces services
et l’institution effective et à même d’être évaluée de cette
coopération.
- La non uniformité et la non exhaustivité des fiches de liaison
déjà établie entre les cellules du tribunal, les unités et le
centre d’écoute : Il existe cinq (5) fiches types ou formulaires
en circulation (voir annexes 3, 4 et 5) :

• fiche rapport hebdomadaire sur le cas de violence (Fet E), très


succinte.
• Un note de déclaration d’un cas de violence à l’égard d’une
femme émanant du médecin et à l’attention du Procureur
Général du Roi à la Cour d’Appel ou du Procureur du Roi au
Tribunal de Première Instance88. Cette note est signée par la
victime ou porte son emprunte et précise l’ITT.

88
Généralement les cas de xxx sont transférés au procureur Général du Roi à la Cour d’Appel et ceux
propres à xxx sont envoyés au procureur du Roi à la Cour de Première Instance.

90
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• Une fiche de liaison entre le centre d’écoute et l’unité hospitalière


d’accueil des FVV rédigée en français avec l’entête à gauche
qui définit la provenance initiale vers … Deux fiches propres
aux deux unités d’Ibn Zohr et d’Ibn Tofeil circulent. Elles
diffèrent au niveau forme - déclinaison des axes d’informations
demandés, en deux types, pour la première (victime- agresseur)
et en trois types pour la deuxième. Le troisième axe prévu dans
la fiche d’Ibn Tofeil est très important, il concerne le descriptif
du cas et l’intervention sollicitée. Ces deux points manquent
dans la fiche d’Ibn Zohr (voir annexe 4).
• Une fiche d’information d’actes de violence envers une femme
provient de la présidente de l’association et est adressée au
Procureur Général du Roi ou auprès du Procureur du Roi
auprès du Tribunal de Première Instance. Cette fiche est assez
exhaustive. Au-delà des informations relatives aux identités
de la victime et de l’agresseur présumé ainsi que leurs
coordonnées et adresses de résidence, elle comporte des points
d’information à fournir, qui ont trait à :
- La nature et le type d’agression
- La cause de l’agression, le nom et l’adresse du supposé
agresseur si connu ou mention inconnu.
- Degré de parenté
- Date et lieu de l’agression.
- Noms et adresse des témoins si disponibles.
La signature de cette fiche est double, par le responsable de
l’association et la victime. La responsabilité civile et civique du
centre d’écoute est clairement engangée sans que son contenu ne soit
explicité et précisé légalement par un protocole d’accord (convention
ou autre).
• Le PV établi lors de l’écoute de la dite ici femme victime
d’agression au niveau du parquet général. Ce PV est un document
administratif, légal et officiel et interne. Il porte un numéro
et reprend pratiquement les mêmes points d’informations
contenus dans la fiche qui provient de l’association et qui est
co-signée par la victime et le (s) responsable (s) de l’association.

91
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Pliée dans la partie inférieure gauche, une menstion est écrite


au dos alors : « Directives : la police, la gendarmerie (voir
annexe 8).
• Concernant les contacts professionnels dans ce domaine
avec la cellule de la police, il n’existe aucun support-trace
écrite. Ils se font par téléphone. Ce dernier moyen est jugé
par la réponsable de la cellule efficace, rapide et confidentiel.
Cette dernière caractéristique est une exigence de la nature de
l’exercice de la police judiciaire, qui veille sur la sécurité des
personnes impliquées «victime ou autre».
• Outre cela, ces supports semblent avoir énormément facilité
le travail malgré les nuances qui les spécifient. Ces nuances
qui risquent de rendre difficile le dépouillement ou l’analyse
des situations de recherche, de documentation ou d’archivage
traité…
• L’uniformité aussi assure le langage commun entre les
intervenants et l’accès aux mêmes informations avec les mêmes
opportunités d’utilisation de ces informations au service des
droits de la victime et dans la rigueur de l’éthique absolue dont
son principe le plus sacré est de la confidentialité.
• Le modèle de l’offre de service en chaîne aux FVV, tenté
récemment à Marrakech signe un pas très important dans
l’organisation de ces services en terme de services intégrés.
Le type de partenariat quadripartite est lui-même révélateur
du grand potentiel de cette dimension de l’intégralité et de la
complémentarité des services classiques quxquels s’attendent
toutes les FVV et ce dont elles ont toutes besoins.
• La conception de ce paquet de services semble avoir été
attentive à la norme de la complémentarité des services et à
la complexité de la prise en charge de la VFG. Elle traduit
par ailleurs le soucis semblant être présentifié, de simplifier
le recours judiciaire ou l’accès aux soins et conseils et soutien
moral et psychologique pour des femmes en extrême détresse
et en situation de souffrance et de vulnérabilité, voire souvent
de danger.
• Ce modèle peine à surmonter de multiples obstacles et à combler
un certain nombre de lacunes, analysés ci-haut, lesquels

92
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

obstacles sont plus d’ordre organisationnel et managériel. Le


point le plus rassurant est le référentiel commun de la VFG et
la volonté partagée dans la responsabilité de mener la lutte et
la prévention dans la synergie d’efforts et dans le partenariat
citoyen.
• Ce faisant, le volet forme organisationnel ne devant pas
scotomiser celui de fond et donc de la qualité, certains traits
saillants propres à l’aspect qualificatif, sont à évoquer dans ce
lieu.
• L’exploration et l’observation de la dimension qualitative des
services, à travers autant les entretiens, la fiche des mots clés
remise aux interviewés et aux personnes impliquées (voir
annexe 9). La séance « jeux de rôle », appuyée par commentaire
écrit, ont permis de déceler notamment des points de force et
d’autres d’insuffisances à parfaire.
Les points de force seraient succinctement :
• La grande motivation et l’implication inconditionnelle des
bénévoles et du personnel des centres écoute.
• La compréhension et la prise de conscience accrue de
l’importance de l’offre de services en chaîne intégrés et de
qualité aux FVV, chez les responsables des cellules et des
unités.
• L’aspiration vers un plus de professionnalisme, exprimée avec
un souhait de formation continue pointue et technique dans
le but d’assurer l’efficacité des interventions, chez l’ensemble
des acteurs et actrices impliqués.
• Le souci de la préservation de la dignité des victimes d’où la
rigueur sur le respect de ses décisions et de la confidentialité «
même si des déffaillances existent dans certains cas précis de
prestataires, particulièrement urgences » .
• L’effort permanent de l’orientation ou de la référence même en
dehors d’une organisation en chaîne des services.
• La non acceptation, voire la non banalisation de toute forme de
violence, avec une conscience aigue des incidences néfastes de
toutes les formes de violences : psychologiques, financières,
morales, physiques, sexuelles,…

93
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• La conviction que la cessation de la violence contre la femme


est impérative, possible et accessible en dépit de tous les
obstacles, qui semblent insurmontables, ce qui traduit la
confiance en le potentiel de la victime et aussi le travail au
niveau du regain de l’estime de soi et de la confiance.

Néanmoins, certaines lacunes apparaissent et se situent


particulièrement à trois niveaux :

• Niveau de l’écoute :
Le contenu et les techniques de l’écoute sont saisies dans l’ensemble,
mais ses finalités et les modalités effectives de son déroulement
semblent échapper dans certains cas.
Cette phase ou service primordiale et commun à tous les intervenants,
est accessible de prime à bord mais non garantie de maîtrise. Les mots
clés proposés à cet élément de service sont pertinents : comprendre,
ne pas condamner, ne pas être partie pris, écoute active, monter à
l’autre qu’on s’intéresse à lui et qu’on veut l’aider… Il n’en demeure
pas moins que des difficultés persistent et des questions semblent
rester sans réponse :
- Faut-il respecter scrupuleusement la décision de la victime
ou faut-il travailler avec elle cette décision?
- Faut-il rester neutre face à l’émergence physique de l’angoisse
ou faut-il être actif ?
- Faut-il contrôler le temps de la séance de l’écoute ou faut-il
laisser libre cour – 40 à 45 min par exemple (cas courant) ?
- Comment agir quant à la victimisation dévictimisation? etc.

• Niveau de l’autogestion du stress :


Les intervenant(e)s sont souvent très peu outillé(e)s sur le plan de la
canalisation du stress et peu formé(e)s. Les risques sur leur santé et
bien-être ne sont pas négligeables au vue de l’intensité émotionnelle
et psychologique des séances d’écoute, avec une moyenne de 5 à 8

94
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

cas journaliers et de 20 à 25 cas hebdomadaires89. Cette moyenne


journalière peut atteindre 15 cas par moment. Il n’existe pas de
séance « catharsis » staff ou d’autres techniques individuelles ou
collectives adoptées dans ce sens.

• Niveau d’utilisation du référentiel genre :


Le niveau d’utilisation du référentiel genre ou VFG dans la flexibilité
et la simplification nécessaires est satisfaisant. La conciliation entre
la vulnérabilité fragilisant la victime, les dangers encourrus dans une
situation de danger et de menace de récidive et l’habilitation et la
revalorisation de soi et la revendication de la dignité et des droits, est
extrêmement difficile et très peu tenté.
Ces lacunes pour mieux les préciser d’après le travail de terrain,
concernent des éléments comme l’aptitude à l’analyse inhérente ou
corrolaire à l’écoute en termes de liens à établir, de sens à saisir,
d’enjeux à percevoir, d’impact éventuel, l’élan de collaboration et
donc de travail d’équipe coordonné, la reconnaissance ou la capacité
de reconnaissance de la nécessité de rendre justice sociale aux FVV
et de les aider en axant, entre autres, sur leur potentiel humain, et
en leur accordant les chances et les conditions pour le mettre en
valeur.

• Modèle type d’offre de service en chaîne :


Qu’est-ce qu’un modèle type en matière d’offre de services intégrés
en chaîne aux FVV ?
Ce modèle type, adaptable et perfectible, répondrait à un ensemble
de critères, les plus importants seraient :
- Une conception préalable concertée, partagée et inscrite
en terme de modèle construit et systématisé avec tous les
éléments, qui le constituent et les mécanismes qui les lient
(coordination, communication,…).

89
Chiffre approximatif et estimatif du nombre de cas accueillis au centre Hawwaâ (assistante sociale).

95
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

- Un protocole d’accord conventionnel, légal et officiel qui


définit le contrat moral et celui effectif sous formes de tâches
et rôles respectifs et de responsabilités et de limites des
responsabilités, des lieux de complémentarité éventuels , des
procédures en cas de difficultés ou de conflits et les objectifs
à atteindre (convention cadre, charte,…).
- Un plan d’action de mise en exercice initilale, qui précise
les engagements et leur nature, les résultats attendus, les
échéancier d’exécution des actions retenues, des modalités
d’évaluation avec précision des indicateurs et l’élaboration
des outils de suivi-évaluation et de désignation des membres
chargés de l’évaluation interne, ainsi que des autres
responsabilités.
- Un canevas des critères et normes de qualité de services
à respecter (circuits, traçabilité, conditions physique,
référence,…)
- Une évaluation des besoins avec argumentaire technique à
satisfaire dans la mise en place initiale et ressources à même
de les assurer et les portes d’entrée pour les quérir dans un
calendrier de temps précis, afin d’assurer le fonctionnement
premier dans le minimum de conditions recquises.
- Une stratégie de communication-information ponctuelle et
durable pour le grand public, les personnes impliquées et les
décideurs techniques, politiques et les partenaires et bailleurs
de fond.
Cet ensemble d’éléments préalables à mettre en place, constituerait
la plate forme de démarrage de ce paquet de services multipartite et
propre à des FVV qui se situent presque toujours dans des situations
d’urgence.
De tous ces critères, c’est en premier la définition des responsabilités
et des prérogatives de chaque partie, dûment inscrite dans un
protocole d’accord et signée, qui est l’élément clés de la mise en
place de ce type de coordination autour et pour une offre de services
intégrés en chaîne aux FVV et EVV. Ce protocole devrait porter la

96
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

mention finale de « protocole accepté et signé » suivi de la signature


du responsable hiérarchique pour le cas du Maroc où la rigueur
hiérarchique administrative est strictement exécutée et respectée.
En deuxième lieu, c’est l’institutionnalisation, l’organisation
et la dotation en moyens humains, matériels et financiers, des
mécanismes de coorrdination-concertation. Ceci devrait être établi
avant le démarrage du fonctionnement des cellules et des unités, etc.
Ces mécanismes devraient se concevoir dans un système réseau,
lequel réseau suppose la conception et la prévision des moyen de
communications efficaces (tables de concertations, comités techniques
avec réunions régulières, site web et forums de discussion,…),
adaptés à chaque spécificité de la structure et aussi efficientes pour
leur garantir durabilité et qui ici, doivent impérativement garantir la
confidentialité vue la nature de la clientèle et de la problématique telle
qu’elle se présente dans son cadre légal-juridique, psychologique et
socio-culturel, spécifique et souvent complexe.
Aussi, la coordination doit répondre aux exigences de bonne
gouvernance avec :
- L’harmonisation des orientations et des supports et outils
de coordination via la connaissance fine des profils des
structures ou entités administraitives ou secteurs, les points
d’entrée essentiels.
- L’entendement mutuel sur le référentiel et la philosophie au
fondement des actions et qui déterminent les conclusions et
les aboutissements.
- La précision de l’approche globale à l’appui de l’élaboration
de stratégies d’intervention et des modalités de leur suivi-
évaluation et leur médiatisation et visibilité (dimension
pédagogique, de sensibilisation et d’élan de généralisation à
initier).
- Le consensus sur les grands principes directeurs de
la coordination, guichet unique, complémentarité de
coordination, coordinateur principal, type de langage
commun, éléments de déontologie,…

97
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

- L’établissement des priorités pour chaque partie impliquée


dans la concertation formelle et qui souligne, les engagements
à respecter ces priorités dans la cohérence des actions
entreprises (formation, équipement,…).
- L’habilitation et la formation des parties prenantes et
intervenantes selon les besoins en formation convenus en
commun accord et en concert. Cette formation doit veiller
principalement au référentiel conceptuel/commun et au
capital de connaissance minima pour la mise à niveau de
l’information-connaissances spécifiques au domaine,
matière de base sur la violence en terme de connaissances et
d’attitudes, etc. Les contenus techniques et méthodologiques
peuvent être adaptés et harmonisés selon les prérequis et les
besoins spécifiques et selon les objectifs de la formation pour
chaque demande de formation. Toute formation devrait être
conçue, préparée à la base d’un guide ou de fiches techniques
relatives à un « référentiel de compétences », en plus de la
désignation initiale des pré-requis pour la constitution des
groupes de formation homogène, des techniques et méthodes
d’animation, etc.
- L’évaluation doit être systématisée et prévue à l’avance pour
donner sens à tout le travail mené et sutout à ses garanties
de résultats et sa pérénité. Il ne peut y avoir d’évaluation en
dehors des modalités de suivi établies avec leur protocole
d’application et les responsables de son exécution identifiés
et sans indicateurs communs élaborés et consensuellement
retenus. La précision des sources de vérification des
indicateurs est impérative à définir très tôt, car à défaut de
leurs disponibilité, les indicateurs peuvent être reprécisés
et les moyens d’assurer ces sources prévues (collecte des
données, documentation progressive, fiches d’observations
systématiques,…). Il faut rappeler que sans suivi-évaluation
avec mise en place des moyens de contenir et de signer
et signifier ici par exemple la traçabilité, les circuits de
référence,… quant au passage de la clientèle (FVV et EVV),
toute évaluation globale ne peut qu’être rendue difficile,
voire objectivement très insuffisante.

98
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• Ce modèle type n’est applicable, au-delà des conditions de


préparation et de celles organisationnelles précitées devant être
prévues préalablement, qu’à la lumière et selon le référentiel
de la VFG. Ce référentiel est la base d’entente susceptible
d’unir et de rapprocher les deux grands partenaires, à savoir
le gouvernement et la société civile, ici féminine et féministe
autour et pour les FVV.
Loin des connotations et résonnances qui circulent faussement sur
un ton négatif, l’approche grenre en matière de prévention et lutte
contre la VFG, sous-tend une dimension activiste à partager et qu’un
gouvernement peut assumer et assurer. Le gouvernement qui se situe
au niveau d’un discours d’état de droit et des droits des citoyens
et citoyennes avec obligation morale et politique de restitution
des droits des femmes discriminées, est en complète harmonie
avec la société civile. C’est le terrain fondamental d’enttente et de
coordination efficace. Cet état de fait est perceptible, l’enquête l’a
largement révélé.
En outre, le modèle ne peut qu’adhérer ou du moins s’inspirer de
l’idéologie féministe, qui se base sur une analyse politique et sociale
de la VFG et qui intègre la question au niveau des orientations,
décisions, politiques publiques budgétisées gouvernementales.

Encadré : modèle féministe


Le modèle d’intervention spécifique à la VFG, est un modèle qui
repose sur l’idéologie féministe et qui se construit à la base d’une
approche genre.

Autrement dit, l’entente de base doit émaner de la reconnaissance que


les causes structurelles de la VFG est l’idéologie sexiste qui persiste
au sein des structures sociales et mentales les plus enfouies de la
société. Les facteurs d’incidence et de prévalence, dans leur grande
variance, ne sont que des déterminants d’aggravation, d’incidence
ou de mobiles-pretextes, etc.

99
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Encadré 2 : La VFG
Les femmes et jeunes filles vivent une oppression, voire des
exclusions sociales, en terme de discrimination sexuelle, laquelle
situation est intimement imbriquée avec d’autres facteurs sociaux,
culturels, politiques et économiques. Cet ensemble de causes/
facteurs les maintient dans leur position de victime de violences
et les rende très vulnérables pour sortir des cercles de violences.
Elles doivent alors être soutenues , protégées et défendues par tout
Etat de droits.

Les éléments constituants sur le plan théorique et contenu de ce


modèle-type « féministe », axent sur :
- La conscientisation des femmes de leur condition spécifique
au cœur de leurs vécus de femmes violentées, et des masses
et décideurs, susceptibles de perpétuer ou de faire passer
sous silence la VFG.
- L’articulation de toute prise en charge, prioritairement sur la
femme-victime en focalisant sur ses besoins et sa capacitation,
en parallèle avec l’intérêt à porter à la famille. La femme-
victime ne doit pas être une double victime pour la famille à
tout prix et en dépit des vécus de violences, notamment pour
les enfants et proches témoins, et donc violentée. Les femmes
victimes doivent être approchées et sonsidérées comme des
individues et des citoyennes devant jouir des droits et de
dignité.
- La considération du postulat éthique et humain stipulant que
les FVV sont porteuses de forces et de potentiel ressources
malgré leur vulnérabilité ponctuelle, pouvant apparaître
accablante, et qu’elles doivent en être conscientes et guidées
sur les manières de les stimuler et utiliser (habilisation,
revalorisation, regain d’estime en soi et de la confiance,…).
- Le respect de la décision, devant être prise par la FVV quant
aux issues à adopter pour la cessation de la violence, mais
en veillant à ce qu’elle requière ses forces, sa confiance

100
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

et sa conscience de ses propres aptitudes, capacités et


habilités possibles. En plus des ressouces fonctionnelles
d’accompagnement à lui offrir.
- La prise de position de refus total, systématique, intolérant et
inconditionnel de toute forme de VFG au niveau de tous les
intervenants (e) et tous les types de services offerts (services
sociaux, santé, soutien psychologiques,…).
Ce modèle type retenu institutionnellement et soutenu étatiquement,
bénéficiant de groupes de soutien et de lobbying, porté par la société
civile, a toutes les conditions déterminantes d’une belle réussite
qui, au-delà de la prévention et de la lutte active, peut prétendre à
l’éradication progressive, est par delà même à l’épanouissement des
hommes et des enfants et au développement humain durable de leur
pays.

3) Etude de cas :
Récit :

Biographie succincte ou profil :


• Citadine de Rabat et d’un milieu très modeste, L est mariée à
l’âge de 22 ans, elle a aujourd’hui 34 ans. Elle est issue d’une
famille économiquement très modeste de 5 sœurs (mariage
conflictuel et difficultés économiques majeurs, l’une des sœurs
est gravement malade/Vessie avec une médication onéreuse),
2 frères (actuellement au chômage), sa mère est décédé il y a
** années et son père s’est remarié pour avoir une conjointe
qui s’occupe de lui. Cette dernière était victime de violence
physique et verbale ponctuelle. L est mère de deux enfants (F
et G), qui ont respectivement 6 ans et 9ans. Les deux enfants
sont scolarisés. Bachelière, elle effectue une formation de 2
années à l’ITA (Informatique). Elle consacre les 8 premières
années complètement au foyer et n’est fonctionnaire que depuis
4 années. Le mari est fonctionnaire des Forces Auxiliaires, il
54 ans et donc l’écart d’âge au mariage entre les deux époux
était de 20 années.

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• Le domicile conjugal est le foyer parental du mari, une


chambre. La belle famille compte dans un premier temps 5
sœurs dont une handicapée motrice et 4 frères en plus, des
beaux parents. Le beau frère se marie et engendre avec une
épouse analphabète et ex domestique, enfants. Ils occupent
une autre pièce et chacun s’arrange pour avoir sa cuisine. L
réussit à avoir une autre petite chambre pour ces enfants qui
ont occupés pendant longtemps la même chambre à coucher
que les parents.
• Le mari exerce une activité parallèle de photographe. Ce fut
l’élément hasardeux de la rencontre car L travaillait pendant
ses vacances scolaires dans un laboratoire de photo d’un
voisin afin d’assurer ses études et d’aider un peu sa famille.
Elle continue à exercer ce métier de photographe alors à son
tour lors des cérémonies réservées aux femmes, aussi comme
activité annexe. Ainsi, L combine deux rentrées d’argent, son
salaire et les travaux occasionnels de photographie de même
que son mari.
Historique et vécus des violences :
“Je vis avec un beau père qui sacralise l’argent. Tu lui donnes, il
se calme. Tu lui donnes, il n’est jamais rassasié (Mains serrées
fortement). Il manipule tout le monde, particulièrement les 4 fils car
il a une préférence pour ses 4 filles, spécifiquement les deux qui ont
atteint l’échelle 10 et 11. Elles ont fait des études et elles lui donnent
une somme régulière et stable chaque fin du mois. Une 500 Dh et
l’autre 300 Dh. La cinquième, celle handicapée, il ne la reconnaît
pas. Une fois voulant revendre sa chaise roulante pour en acheter
une autre neuve, il la vendue et tout simplement confisqué presque
3000 Dh. Il est magouilleur, il avait travaillé avec le « Mouqadem »
et dans les transactions. À l’heure actuelle, il est à la retraite.
Quant à sa femme, il l’a massacrée tout au long de sa vie. Quand
j’étais arrivée et juste après, il là chassé de son lit, elle a occupée
une chambre en bas. Elle semblait être soulagée. Elle raconte qu’il
la battait et l’humiliait à longueur de journée. D’ailleurs, enceinte de
mon mari, il l’avait tabassé et elle s’était enfermée dans sa chambre et
jeûna pendant deux jours, ce qui lui donna beaucoup de complications

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

lors de sa naissance. (Silence). Il le sait aussi car il m’en a parlé. Il


n’apprécie pas son père mais il lui obéit aveuglement.”
“Mon souffrance s’est accentuée avec l’arrivée de ma belle sœur. Elle
est très méchante et elle ne peut pas ne pas l’être. C’est la cousine
de mon mari. Elle appartient à une famille qui fait des filles pour
les livrer à des familles proches comme des bonnes et elle garde les
garçons. Elles sont 3 ou 4 à avoir eu ce sort, dont elle-même. Elle,
s’est mariée à 14 ans. Dès son premier mois elle fut enceinte. Elle
eut 3 filles de manière suivie au point de développer des varices et
plein de problèmes de santé. Malgré cela, elle entama une quatrième
grossesse car son mari n’arrêtait pas de lui empoisonner le vie au
quotidien en lui reprochant de ne pas lui avoir donné un garçon. Elle
m’en voulait à mort car j’avais un garçon.
Elle traite très mal mes enfants. Ce que je ne supporte pas, c’est
son hypocrisie car devant mon mari et le sien, elle se montre
bienveillante avec eux. Elle eut un garçon. Elle failli y laisser sa vie.
Tu peux demander à l’assistante sociale X car nous l’avons amenée
en urgence alors qu’elle était enceinte, vu que dû sang a du gicler de
son doigt à cause d’une varice ou je ne sais quoi.
Elle est toujours malade et dépassée par les misères au quotidien
avec le beau père, le mari et les enfants. Elle ne travaille pas et me
voir sortir tous les matins pour aller au travail, c’est un enfer pour
elle et pour moi tous les jours. Elle devient très désagréable. Elle
me salie mon chez moi et elle touche à mes affaires. Une fois, elle
m’a volé les 6 coussins et les seuls que j’avais. Elle les a donnés à
une parente et j’ai du avoir des soupçons vis-à-vis d’une femme de
ménage qui venait m’aider de temps à autre. J’ai su que c’était elle.
Elle a avoué alors que j’avais secouru son fils qu ‘elle a du brûler (Le
visage) par inadvertance et inattention avec de l’eau chaude (Long
soupir et silence). Demandant à mon mari de pouvoir ferma juste
un placard où je range mes affaires et ceux de mes enfants, il me
dit : «Je ne ferme rien, je suis chez ma famille et se ne sont pas des
voleurs» et il m’a insulté et a cassé le cadenas que j’avais installé.

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Ma belle mère est compatissante et proche de moi. Elle reconnaît


que son mari et tout puissant est injuste. Elle, elle pris sa revanche.
Elle est enfin libre. Elle passe son temps à aller voir ses quatre filles à
tour de rôle. Elle pense que ses malheurs avaient été conséquents du
fait d’avoir été ensorcelée par une femme qui devait se marier avec
son mari mais qu’il avait abandonné. L’épouse de mon père, est aussi
très attendrissante avec moi. C’est une femme rurale, divorcée et mal
traitée avant d’épouser, elle a accepté de s’en occuper même dans la
misère. Elle me dit toujours de faire preuve de patience. Je ne peux
pas aller chez mes sœurs car leur sort est pire que le mien, surtout
celle malade délaissée par son mari et qui est entrain de mourir à petit
bout. On lui a expliqué que la membrane de sa vessie était devenue
comme une couche de mur abîmé, moisie et fragile. Le médicament
doit être importé de l’étranger et coûte cher. Je l’aide des fois.”
“Ma sortie au travail a été arrachée. Il m’a dit (le mari) : « Khadmetek
matkisch dari » / « Ton travail ne doit nullement affecter mon foyer »
et il exige en plus des 300 Dh que nous donnons chaque fin du mois
à son père, que je couvre presque tous les frais. Lui, c’est l’assistant
social des personnes en difficultés. Il se donne une très bonne image
à tous le monde, au travail, avec les voisins, et toute personne, il
propose services gracieux. Il endosse la réputation familiale d’être
un dépensier. Son père en fait sa principale insulte et ne cesse de le lui
reprocher. Pourtant, il lui a fait contracter à deux reprises des crédits
« Ecdom », respectivement de 20 000 Dh. Nous les remboursons
sans reconnaissance. Ils voulaient me contraindre à contracter un
crédit que j’ai refusé et c’est ce qui a déclenché la violence physique
pour la première fois. Enfin, la violence assez dure car il m’avait
giflée à deux reprises, une première fois à l’occasion du cadenas
que j’ai installé au placard et une deuxième dans la rue, à côté de
mon travail, car il avait cru que je lui étais infidèle alors que j’étais
juste voir un « Samssar » cherchant à trouver un logement autonome,
notamment à acheter. Il était informé de ma démarche mais un jour il
m’avait hurlait que je l’embêtais avec les histoires du « samssar » et
je m’étais décidée de ne plus lui en parler et en l’informant de cette
décision. J’avais l’espoir de pouvoir acheter et le mettre devant le
fait accompli. Je rêvais.”

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

“ Ils nous ont confisqués une petite maison achetée dans le cadre de
l’habitat économique de « Sala El Jadida » via les Œuvres Sociales
des Forces Auxiliaires. J’ai vendu tous les bijoux d’or que j’achetais
alors que je travaillais quant j’étais étudiante, au laboratoire des
photos du voisin. C’est la sœur dans un premier temps qui voulais
acheter et elle ne nous a pas remboursé alors qu’elle a renoncé ayant
un autre projet et c’est le frère qui, devenu polygame avait besoin
de loger sa deuxième épouse. Non solvable, il a quitté pour venir
s’installer dans une pièce que nous mêmes nous dûmes construire au
niveau de la terrasse sous la directive du beau père. A l’idée de devoir
cohabiter avec un autre beau frère « soulard » et une nouvelle belle
sœur qui demandait de partager ma cuisine car une petite aménagée
dans la terrasse ne lui convenait pas, je fus décidée plus que jamais
de quitter la maison conjugale ou plutôt de mon beau père. La
maison de Salé est louée et je ne peux pas prétendre l’habiter avec
mes enfants, sachant que j’ai demandé à mon mari de demander un
crédit pour payer les échéances et en lui rappelant que c’était grâce
à mes bijoux vendus et à des crédits auprès des amis que nous avons
pu l’acquérir (Pleurs et silence).”
“Ce qui me fait mal, est que j’ai du renoncer à certains bijoux qui
signifiaient beaucoup pour moi, je me disais si je réussi mes examens
j’achète un bijou. Il me rappelle une partie de ma vie qui était heureuse,
en dépit de mes difficultés familiales de nécessité financière et des
souffrances de ma mère. J’étais belle, mes sœurs aussi, il faut les
voir elles étaient plus belles que moi. Nous avons toujours vécu dans
une grande famille avec nos oncles. C’est pour cela que j’étais dupe
et j’avais même insisté d’habiter chez mes beaux parents. Lui (Le
mari) m’avait mise en garde en me disant « mon père est invivable ».
Je ne pouvais pas imaginer sa sévérité et son emprise sur son fils. Au
début, nous sortions un peu et il était intentionné surtout quand j’étais
tombée enceinte. Souvent, voulant m’aider, me prendre le linge lavé
à étendre, son père le ridiculisait alors que tout le monde était réuni:
«Chadah min nifou» / Elle le tient de son nez ». Alors que j’ai pu
travailler, et il reçoit de l’argent, il lui dit souvent « Tadour fi znaqui/
Elle rôde dans les rues » ou « L Rajjal, dima mhlia fi halatha chouf

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

rasak mchankar / L est un homme, toujours présentable, regardes


comme toi tu es négligé voir clochardé. Lui enragé, il se prend à moi,
me maltraite et me confisque mon argent. Depuis petit, il dit qu’il
lui fait mal et ne le considère pas. Il lui arrivait de fuguer tellement
il le battait. Il lui imposait d’effectuer les tâches ménagères quant il
obtenait de mauvaises notes et il survalorisait ses sœurs et lui disait
qu’il ne valait rien devant elles. Il a du arrêter ses études au certificat
de la 6éme pour se prendre en charge et quitter la maison. C’est son
père qui l’a incité à intégrer les Forces Auxiliaires. La maman était
spectatrice et lui répétait que sa destinée est fatale car violentée alors
qu’elle le portait dans son ventre, il eut une hémorragie sévère lors
de sa mise au monde.”
“ Il n’est pas clément avec moi. Avec tout ce que j’endure avec la
pression de son père et des conditions de négligence financières
car c’est moi qui assure le maximum des dépenses, je loge mal et
mes enfants (Silence) me déchirent le cœur. Ils ont peur pour moi.
Une fois ma fille de 6 ans m’a dit est ce qu’il va te tuer. Mon fils
comprends et ne parle pas. Je pense qu’il me trompe aussi (Silence
et pleurs). Une fois une voisine m’a informé qu’elle l’a vu à la plage
de Témara avec une fille, je me suis précipitée la-bà et il y était. J’ai
hurlée et je lui est dit que j’allais me laisser noyer et j’ai accouru en
marchant pieds nus dans l*** au point de me faire très mal. J’ai du
faire des points de suture à Ibn Sinna et tu peux demander. Lui, il ne
lui ai rien arrivé, me disant qu’il était entrain de la réconforter car
elle avait des problèmes. Il m’arrive de ne pas me contrôler tellement
il me fait mal, une autre fois j’avais frappé tellement fort une table
en verre de télévision que je m’étais sévèrement blessée, regardes
les points de suture au niveau de ces deux doigts. Dernièrement,
me brutalisant pour avoir refusé de contracter le crédit et après être
revenue de chez mon père car il m’avait chassée, il se calma que
quand il arracha que j’allais y réfléchir. Il sort et je commençais à
faire le ménage dans les deux pièces pour me calmer et je tombe sur
un préservatif que je n’ai jamais utilisé avec lui. Le Bon Dieu m’a
envoyé ce signe pour que je puisse me décider. J’ai conclu qu’il fallait
que je parte avec mes enfants. Rentrée à la maison, je lui ai fait part

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

de la trouvaille, il dénia et dit que c’est une ONG qui les distribua
à son travail. Je persiste en disant que c’était du mensonge surtout
que le jour même il m’annonçait qu’il partait en mission pour 3 ou
4 jours. Il m’épuise tant que je suis devenue réticente sexuellement.
Je sais qu’une femme ne doit pas se refuser à son mari et que notre
religion n’admet pas cela mais c’est plus fort que moi. Je me sens
abattue, morose quand je rentre dans cette maison de son père, en
plus de cela je suis incapable de faire semblant. Je suis au courant
de ses rencontres en compagnie de son meilleur ami avec les filles,
certainement autour de l’alcool. Ils disent que cette pièce sert pour
le rangement du matériel photographique mais je suis fort sceptique
(Silence et profonde respiration en fermant les yeux). Je te disais
qu’il me tabassa tellement les deux côtés de la tête que les contours
de mes yeux devinrent bleus et verts après. Je ne bougeais pas,
j’étais comme hypnotisée, mes enfants se sont enfuit à l’extérieur,
forte émotion et sanglots, je lui tiens la main et lui dit : ils sont à tes
côtés, tout s’arrangera). J’ai repris vie en le voyant chercher un outil
de bricolage alors j’ai senti le danger et je me suis précipitée dans les
escaliers. Son père était là et il m’a dit, va-t-en chienne (Pleurs).”
“Ce qui me fais le plus mal, c’est de voir que je n’ai aucune solution.
Tu vois je suis venue ici et je regrette de l’avoir fait. Je me sens
encore plus faible face à mes problèmes. Il me l’a dit quand je lui
avait annoncé que je m’apprêtais à aller à l’association des femmes
violentées : « jri twalak ». Il a eu bien raison. L’assistante sociale a
été très gentille, elle m’a promis d’essayer de m’avoir le certificat
gratuit et m’a demandé de revenir le lendemain. J’ai quitté la maison
une semaine après lui avoir donné presque tout mon salaire et je me
retrouve sans rien. Je n’ai pas de quoi payer le certificat médical.
Ce matin j’ai attendu toute la matinée tu as bien vu. C’est à 12 h et
quelques que le médecin est venu. J’étais assise dans le hall que tu
as vu, plein de monde souffrant et des fois curieux. Je fus confuse et
j’ai culpabilisé (Pleurs) car il a été très désagréable avec l’assistante
sociale. Il semblait dérangé par la demande de la gratuité ou je ne
sais pas. Il m’a mis 18 jours. Il ne m’a pas posé de questions et m’a
même pas regardé. J’ai le cœur gros, heureusement qu’on se voit, je

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

te remercie. 18 jours pourquoi ? Pour la douleur que je ressens, pour


mes enfants qui souffrent avec moi sans solution, pour les coups
qu’il m’a donnés et qu’il me semblait perdre ma vie et laisser mes
enfants orphelins. Je ne sais pas (Silence). Je suis rentrée et mon fils
m’a demandé pourquoi j’avais tardé tant, je lui ai parlé du certificat.
Il n’a rien dit, il me semble qu’il est d’accord avec moi et qu’il me
soutient dans ma démarche.”
“ A Annajda, je fus surprise par le nombre de femmes, comment ils
peuvent aider toutes ces femmes et les écouter et les comprendre.
Une dame semblant être riche et accompagnant sa fille violentée
disait que les résultats de ce recours sont peu probants. La personne
qui m’a écouté était aimable mais ne rien proposé de concret. Je lui ai
proposé de le convoquer et de l’interroger pour voir ce qu’il compte
faire avec moi. Elle l’a joint par téléphone et il a accepté de venir.
J’étais sûr qu’il allait les impressionner par sa gentillesse et leurs
proposer ses services de photographe et leur dire qu’il s’occupait
bien de sa famille. Le tout allait s’arrêter là.”
“J’ai appelé l’association et on m’a dit qu’il disait ne gagner que
1500 dh et qu’il ne pouvait pas assurer un loyer. Son père lui offre
l’opportunité de loger gratuitement et il ne quittera jamais le domicile
de ses parents. Il faut que je revienne pour leur expliquer encore une
fois que le père puise en permanence de notre argent et que mon
mari a d’autres entrées d’argent car il est photographe.”
“L’association va à nouveau convoquer mon mari et je tiens à y être
pour éviter qu’il ne les trompent à nouveau. Je suis prête à contribuer
et je demandes jusqu’au bout que je puisses vivre en famille dans
une maison personnelle. Je refuse de revenir à son père. “
“Touché par téléphone par le centre Annajda, mon mari confirme
qu’il n’est pas prêt à quitter le domicile de ses parents car il ne veut
pas payer le loyer. C’est de l’irresponsabilité et du mensonge. C’est
la terreur de son père qui l’empêche de prendre ses décisions. Le
centre dit qu’il est prêt à m’aider si je décide d’engager une procédure
judiciaire. Je dois passer par le tribunal militaire, franchir l’espace
du travail de mon mari pour porter plainte risque de le détruire,

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

lui qui ne cesse de soigner son image auprès de ses collègues et


connaissances.”
“Je maintiens ma position, je sens que j’ai avancé et il ne faut pas
que je recule. Malgré les très mauvaises conditions chez mon père
et ma belle mère, je dors mieux, je suis plus disponible d’esprit
pour faire les devoirs avec mes enfants. Quand je vais les chercher
à l’école après le travail, j’imagine pour nous, tout en marchant une
autre vie plus ordinaire, même plus modeste mais plus tranquille. Je
leur ai dit cela. La petite réclame son père, mon fils me comprend et
me soutient. Je suis plus décidée que jamais. Je me rend compte que
j’ai pris de l’âge sans me faire attention. Je vois à présent tout ce qui
m’entoure alors qu’avant je marchais comme sur une autre terre où
je me sentais seule, isolée et « cassée ». “
« L » a finalement réussi à se retrouver dans un terrain neutre, une
maison de location avec son mari et ses deux enfants. Les violences
cesseront-elles ? Ceci dépendra du processus offert à « L » à travers
lequel elle a commencé à se ressourcer et à puiser ses forces. Certes, le
fait de s’éloigner, du moins physiquement d’une source de violence,
risque d’aider le couple théoriquement à se stabiliser et à ce que la
violence cesse ou diminue.
Il est clair que les services dont avait besoin particulièrement « L »
étaient l’écoute active /travail sur décision, l’écoute du conjoint et sa
sensibilisation aux qualités de son épouse de sa demande légitime
et soutenue par le droit…et surtout le soutien psychologique tourné
plus sur le regain de la confiance de soi et de l’estime de propre
potentiel de réaction constructive et de résolution souple du conflit
conjugal.
Commentaire global :
Cette étude de cas a cadré dans l’essai d’évaluation de trois critères
ou variable de l’offre de service :
• Qualité de l’écoute
• L’orientation
• La traçabilité et le suivi, donc la coordination.

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Pour l’élément écoute, la brièveté du temps consacré a altéré la


qualité de l’écoute et de l’accueil de l’assistante sociale au niveau de
l’unité d’Ibn Sina et le centre Ennajda. Ceci est valable pour tous les
cas observés (8 cas : unités d’Ibn Zohr, Ibn Tofeil,…). Le recueil des
faits et données s’est effectué par l’experte dans une fin de déceler
les spécificités auxquelles, il fallait donner « réponse » :
• La multiplicité des formes de violences subies, l’historique
du vécu de violence, les stratégies de survie de la victime, les
incidences sur les enfants, les mobiles comportementaux ou
personnels du conjoint agresseur, les vécus psychologiques de
tous,…
• L’évaluation de la situation d’urgence, les enfants scolarisés
qui se trouvent en dehors du foyer parental avec la mère, la
privation du nécessaire (habits, cartables,…) laissés à la
maison, l’absence de la victime de son travail et le besoin d’un
deuxième certificat ne révélant pas l’incident « violence » pour
une question dite par la victime de « pudeur et de dignité…,
etc.
• Quant à l’orientation, elle s’est faite au niveau du centre en
concertation avec la victime. Le centre a notamment organisé
une entrevue physique et une téléphonique avec le conjoint en
plus d’une autre séance de tentative de réconciliation négociée
selon les besoins de la victime, qui n’a pas abouti.
• La référence au centre Annajda s’est faite verbalement sans
aucun retour, ni inscription ou modalité de traçabilité. Le
processus juridique, de dépôt de plainte n’ayant pas eu lieu
– décision de la victime pour retarder le recours- aucun lien ne
s’est établi ni avec l’avocat du centre, ni avec la cellule, toute
jeune du tribunal.
• La déontologie professionnelle a exigé de l’experte la
continuation du soutien psychologique de counseling de la
victime. « L » a réussi à avoir un domicile conjugal après
15 ans de mariage et de violences liées en grande partie à la
cohabitation avec la belle famille. La négociation a focalisé
sur :

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

- Le droit de domicile conjugal.


- Le confort et l’intimité du couple (registre affectivo-émotionnel
jamais utilisée par la victime).
- La poursuite et la nécessité de la réussite scolaire des enfants.
- La qualité des liens familiaux avec la distanciation et
l’organisation des visites mutuelles et le droit et la liberté du
conjoint de veiller sur ses parents dans les limites des droits de
sa propre famille et de sa partenaire ou épouse.
- La contribution financière raisonnée entre les époux (violence
financière vécue avec confiscation du salaire propre), avec un
partage des frais du loyer à 50%).
- La satisfaction d’autres droits comme le droit le droit aux loisirs
partagés du couple (sortie du couple, de toute la famille,…).
- Les droits du mari à respecter, dont le droit à une vie sexuelle
et intime respectueuse du désir mutuel et bénéficiant des
conditions d’intimité sur le plan physique de l’habitation,…
(incidences majeures des violences sur la vie sexuelle du
couple).
Ce cas a fait appel à une coordination soutenue entre l’unité
hospitalière et le centre d’écoute mais surtout à un temps suffisant et
attentif de l’accueil.
La charge de travail et les conditions défavorables, en plus de
l’absence de toute coordination soutenue et organisée, a altéré la
qualité de la prise en charge, en dépit des efforts remarquables du
centre d’écoute, prestataire principal dans ce cas de figure.
Les autres cas bénéficiant de l’initiation d’un service en chaîne
à Marrakech, s’étaient dans l’ensemble soldés par des recours
juridiques, semblaient avoir bénéficié de certains avantages. Le
grand avantage, c’est la rapidité de l’accueil due à la référence
entre le centre d’écoute Hawwaâ et les unités et cellules. Deux cas
observés au niveau de l’unité Ibn Tofeil et Ibn Zohr ont bénéficié de
l’accueil au bout de 24h et respectivement au niveau de la cellule du
tribunal pour le premier cas et le centre d’écoute pour le deuxième.
Les services dispensés à ces deux cas furent :

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

- L’écoute ;
- L’examen clinique sommaire avec certificat médical (3 jours
pour le premier et 17 jours pour le deuxième) ;
- L’orientation avec suite immédiate pour le premier cas ayant
fait l’objet d’hospitalisation à cause de dégâts physiques graves
dont perforation du poumon à cause d’une cote cassé, etc. Ce
cas a bénéficié de l’écoute de l’assistante sociale de l’unité
d’Ibn Tofeil, de l’écoute du centre d’écoute et du substitut
du Procureur du Roi au niveau de la cellule du Tribunal de
première Instance. Cette FVV a été accompagnée par la
coordinatrice du centre d’écoute, l’assistante sociale. Les
supports de coordination (fiches) ont appuyé les démarches.
Le cas témoin étudié au niveau de Rabat, comparé avec les
cas suivis à Marrakech, montre la vitalité d’une offre de
services en chaîne bien coordonnée.
Ce dernier cas provenant du milieu rural, retient l’attention pour
souligner en guise de synthèse condensée axée sur l’analyse genre,
que l’écart entre les FVV citadines et celles rurales est criard dans ce
domaine de la prise en charge. Les FRVV ne disposent pratiquement
d’aucun service de ce type. En plus du fait que la Gendarmerie Royale
très sollicitée et compétente à agir dans ce milieu, est vivement
appelée à multiplier d’efforts pour une implication plus coordonnée.
Le regard doit être focalisé sur cette catégorie sociale des femmes et
sur cette instance. A ce niveau, la dynamique à cibler doit toujours
être triangulaire avec les acteurs et les intervenants des ministères
de l’intérieur, de la santé et de la justice. Le plaidoyer jugé urgent
doit, en plus de la cible révision du code et de procédure pénaux à
entamer, toucher cette frange de la société exclue doublement dans
son genre de femmes discriminées et de rurales exclues.
Outre cet exemple de cas, celui étudié démontre que le centre
Annajda, fort de son expérience, reste désavantagé à cause de
l’absence d’une offre de services intégrés en chaîne, en comparaison
avec celui de Hawwaâ. Il souffre du manque de cette coordination
entre acteurs directement impliqués, qui avec des correctifs apportés,
il occuperait une place de prou dans ce domaine à Rabat. Il gagnerait

112
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

à être modélisé dans un paquet de services, qui veille sur la qualité et


l’intégralité des services. Le critère de qualité le plus en vue est alors
la coordination concertation.
En conclusion, les cas témoins ont démontré que le capital, le
potentiel et l’élan militants ne suffisent pas dans un combat aussi
lourd contre une des plus cruelle séquelle du sexisme lié à l’ancrage
sociétal patriarcal, qui prend forme dans ce phénomène de la VFG.
Les recommandations qui suivent sont suggestives de quelques
correctifs instituant et structurels de cette offre services intégrés en
chaîne pour les FV de la VFG.

113
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Recommandations techniques argumentées pour le


court terme :
Le processus enclenché courant de cette année 2006, depuis l’adoption
du PO de la SNLVF en 2005, qui enregistre une dynamique heureuse
des parties du gouvernement et de la société civile, exige l’application
de recommandations immédiates. Il figure dans le document présent
plusieurs recommandations globales propres aux différents points
traités. Néanmoins et dans le souci pratique, des recommandations
techniques et exécutables en terme d’actions structurées peuvent être
émises ici :

1) Sur le plan législatif pénal :


• Etablir un programme de tables de réflexion et d’expertise
juridique dans l’objectif d’une révision immanente du code et
de la procédure pénale dans le domaine de la VFG, à propos
particulièrement de la question des preuves à conviction et de
l’exigence des témoins (en plus des articles du code pénale :
418, 494 à 496, 488, 490 et.)
• Intégrer dans ce projet de réforme juridique relative au
problème des violences à l’égard des femmes et des jeunes
filles, l’établissement des statuts légaux des assistantes
sociales et des centres d’hébergement provisoires des FVV et
des EVV.

• Prévenir des articles juridiques instituant et organisant les


interventions des centres d’écoute dans le but d’une protection
assurée juridiquement et conséquente de mesures punitives
en cas d’incidents et de dommages matériels, physiques et
moraux.
• Inclure dans ce projet la codification et les règles déontologiques
et juridiques de l’expertise médicale pointue, dont celle
psychologique et psychiatrique, pouvant faire foi de preuve au
profit des FVV et des EVV.

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• Conduire parallèlement un programme de sensibilisation-


conscientisation qui cible les représentations sociales de la
VFG, spécifiquement celle conjugale et familiale souvent
considérée comme banale et « naturelle » car privée, en usant
sur le fait qu’il s’agit d’une question publique de droits.
• Impliquer les représentant(e)s des centres et des cellules
d’accueil des FVV dans l’élaboration du nouveau projet de loi
de lutte contre la violence à l’égard des femmes présenté le 27
novembre 2006 par le SEFEPH, pour instaurer la cadre légal
de ces structures et notamment celles éventuelles des centres
d’hébergement provisoire.

2) Sur le plan organisationnel-programmation :


• Définir les profils (guide ou fiches techniques) des parties
prenantes impliquées dans l’offre de services intégrés en
chaîne aux FVV, particulièrement de la Sûreté Nationale et de
la Gendarmerie Royale dans le but d’identifier et d’asseoir les
responsabilités des cadre de coordination et de ses mécanismes
et protocoles.
• Instaurer préalablement des protocoles, des chartes et des
contrats moraux et institutionnels, reconnus et réglementés de
coordination entre les partenaires des secteurs et de la société
civile tout particulièrement.
• Allouer un budget annuel pour les programmes de lutte et de
prévention dans le domaine de la VFG, et y réserver une ligne
spécifique à la mise en place des cellules et des unités, leur
équipement adéquat et leur fonctionnement qualitatif avec une
révision en hausse de la subvention du SECFEPH aux centres
d’écoute à la base des critères d’attribution (flux des FVV,
résultats obtenus, évaluations internes et externes annuelles,
etc.).
• Exécuter annuellement une stratégie concentrée de
communication information médiatisation pour le grand public
sur les unités, les cellules et les centres d’écoute à l’appui d’un
sponsoring bon citoyen, des télévisions et des radios nationales,
de la presse écrite et des télécommunications semi-privées et

115
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

privées et des secteurs à compétences, les ministères de la


santé, de la jeunesse, de l’Education Nationale et le SEFEPH,
etc.
• Concevoir et valider les supports et outils de coordination et de
communication et veiller à l’harmonie, la cohérence, l’utilité
spécifique (coordination, collecte des données, traçabilité,
évaluation systématique et ultérieure,…), la simplicité, la
pertinence et l’efficience.
• Elaborer des indicateurs de suivi-évaluation et établir les outils
et les moyens nécessaires pour son exécution et désigner les
responsables de sa conduite et ses liens avec un comité de
coordination à mettre en place.
• Uniformiser le questionnaire ou formulaire de la collecte
des données et désigner un guichet unique pour le traitement
et documentation, en définissant le règlement éthique,
déontologique et organisationnel qui définit cette dernière
opération, et veiller à la qualité des prestations à la lumière de
l’objectif recherché (voir annexe 10).
• Définir un « référentiel compétences » comme base initiale
et ultime de toute conduite ou organisation de formation
continue en veillant à établir les pré requis pour chaque «
référentiel compétences » » et groupe cible correspondant, la
matière de base nécessaire et qui correspond aux besoins de
chaque groupe cible, à préparer et valider avant de dispenser.

3) Sur le plan exécutif :


• Cibler pour toute implication formation ou responsabilisation,
les personnes ressources selon les critères de l’ancienneté de
l’implication, la rigueur et l’assiduité quant à l’implication,
le capital compétence et l’expérience, le profil et le poste
technique ou décisionnel occupé, le potentiel contribution
créative et durable (motivation) en évitant le clientélisme, les
intérêts personnels et en présentifiant le seul intérêt des FVV
et du pays.

116
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• Préciser les portes d’entrées sectorielles en termes de


services ou de directions administratives et non de personnes
«qui peuvent être à tout moment partantes ou démotivées»
hiérarchiquement et officiellement responsables des unités et
cellules. La désignation des personnes devrait être négociée et
concertée démocratiquement au sein des services, conclue par
le décideur technique et enfin validée par le décideur politique
en dernier lieu (le Ministre).
• Démarrer la mise en place des cellules et unités une fois le
protocole technique et les préalables de mise en place validés
et une fois que les moyens financiers sont identifiés, voire
visés.
• Opérer par expérience pilote, à défaut de moyens en ressources
humaines, matériels, logistiques et financiers disponibles, en
lui assurant toutes les chances de réussite en terme de « bonnes
pratiques» et d’expériences entamées à la base d’une garantie
de résultats et de normes et de standards de qualité (à définir
préalablement et consensuellement par les praticiens du terrain
et éventuellement une expertise technique)
4) Sur le plan des orientations stratégiques :
• Concevoir, adapter et valider un modèle type d’offre de
services intégrés en chaîne particulièrement au niveau de
son fondement théorique (conceptuel et méthodologique) et
philosophique (idéologique et éthique) à la base des résultats
des évaluations et réflexions engagées et consensuelles.
• Appliquer une approche de bonne gouvernance et de travail
de services, notamment publiques de proximité au niveau
de tout service offert aux FVV et EVV avec un protocole
de contrôle adapté, appliqué et évalué par le comité de
coordination régionale et à mettre en place comme préalable
organisationnel.
• Adopter une position permanente selon le principe de
l’application et le respect des droits et de la dignité pour tous
les citoyens sans distinction de sexe, d’ethnie, de religion ou
de race.

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

• Veiller en permanence à agir selon le paradigme féministe qui


agit pour l’éradication de l’inégalité sexuelle ancrée, au niveau
de l’esprit et de la pratique dans le domaine de la VFG.
5) Sur le plan du plaidoyer :
• Elaborer une note/argumentaire sur la VFG dans le milieu rural
à l’attention des plus hauts responsables de la Gendarmerie
Royale.
• Adresser une lettre ouverte à la Secrétaire d’Etat / SEFPH
récapitulative des actions retenues pour les femmes rurales
victimes de violence et incitatives pour la création d’un point
focal genre au niveau de la Gendarmerie Royale.
• Solliciter le Ministère de l’Intérieur (communes rurales), le
Ministère de la Santé (dispensaires et maisons d’accouchement)
pour la tenue d’une journée d’étude à propos d’aménagement
d’espace ou d’unité d’accueil FVV dans le milieu rural.
• Etablir des contacts avec Maroc Telecom, Méditel pour une
implication dans la campagne nationale sur la VFG 2007, pour
une communication/information sur les unités et les cellules
des FVV.

118
Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Documents consultés

- ADFM. Le harcèlement sexuel au Maroc: brisons le mur du


silence. Friedrich Ebert Stiftung. Sep. Ed. Le Fennec. 2000.
- ADFM. Les discriminations à l’égard des femmes dans la
législation pénale marocaine. Friedrich Ebert Stiftung. Ed.
Le Fennec. 2001.
- Centre d’Ecoute et d’Orientation Juridique et Psychologique
pour Femmes Agressées. SOS Femmes en détresse et
Association tunisienne des Femmes démocratiques.
Casablanca, Alger, Tunis, Femmes Unies contre le Violence.
Analyse de l’expérience maghrébine en matière de violences
subies par les femmes. Fondation Heinrich Böll. Ed. Le
Fennec. 2001.
- Centre d’Ecoute et d’Orientation pour Femmes en Détresse.
Les violences à l’égard des femmes et la question de
l’hébergement des femmes en détresse dans les pays arabes,
la Turquie et l’Allemagne. Conférence organisée par
ACEOFD et la Fondation Heinrich Böll. 10-12 mars 2000.
Casablanca.
- Dr. Hamdouna Nawal et Dr. Benyaich Hicham. «La lutte
contre la violence à l’égard des femmes» : quel apport pour les
unité médicales d’accueil des victimes? Institut Universitaire
de Médecine Légale. CHU de Casablanca. 1er forum médi-
terranéen sur la violence à l’égard des femmes. SEFEPH/
FNUAP/ACDI. 23-25 novembre 2005. Rabat.
- Le Nouveau code de la famille. Ed. Remald, n° 126. 1ère
édition. 2005.

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

- Ministère de la Justice. Circulaire «autour de la contribution


du ministère de la santé dans la lutte contre la violence à
l’encontre des femmes». 03 janvier 2005.
- Ministère de la Santé. Enfants et femmes victimes de
violence. Prise en charge médicale et orientation. Atelier pour
les professionnels de santé. Ministère de la Santé, FNUAP,
UNICEF. Marrakech. 21-22 avril 2006.
- Ministère de la Santé. Rapport “consultation pour la mise en
place d’unités de prise en charge des femmes et des enfants
victimes de violence au niveau de la région de Marrakech”.
FNUAP. Février 2006.
- SEFEPH. La violence à l’égard des femmes est la
responsabilité de tous… dénonçons-la! Campagne Nationale
de Lutte Contre la Violence à l’Egard des femmes. Rapport
général. FNUAP. 24-30 novembre 2004.
- SEFEPH. Plan opérationnel de la stratégie nationale de
lutte contre la violence à l’égard des femmes. Secrétariat
d’Etat chargé de la Famille, de l’Enfance et des Personnes
Handicapées. FNUAP, juin 2005.
- SEFEPH. Stratégie Nationale de Lutte Contre la Violence à
l’Egard des Femmes. FNUAP, PNUD, UNIFEM, Coopération
Italienne, 2ème édition, 2003.

Correspondances de l’association Marocain de Lutte contre la


Violence à l’égard des Femmes avec le Ministère de la Justice :
- Confirmation de rendez-vous donné pour la rencontre
du Ministre de la Justice/même sujet à la demande de la
l’association. (6 janvier 2004)
- Demande argumentée par les faits relatifs aux FVV et
leur passage fréquent et forcé par les postes de police,
de coopération avec le MJ. Une plate-forme d’un projet

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

technique de coopération dans ce sens est jointe au courrier


(22 décembre 2003)
- Demande des dispositions nécessaires pour la tenue d’une
entrevue avec le Procureur Général/SG du MJ) (8 décembre
2004)
- Demande renouvelée de rencontres dans le cadre du projet
de l’accueil des FVV dans les commissariats et postes de
gendarmerie 28 octobre 2004 :
- Une fiche technique propre un projet d’un travail de coopération
avec la sûreté nationale et les procureurs du Roi est soumise
au SG du MJ par l’association. Des documents publics sur la
violence conjugale au Maroc par les soins de l’association sont
joints au courrier (14 septembre 2004)

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

ANNEXES

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Rapport sur les Cellules d’accueil des femmes victimes de violence AMVEF- 2006

Annexe 1 : Programmes de sensibilisation et d’information au profit


de la police et de la gendarmerie et les activités réalisés
par l’AMVEF.
Annexe 2 : Extrait du tableau synoptique du PO de la SNLVF.
Annexe 3 : Circulaire du ministère de la justice / cellules.
Annexe 4 : Formulaire des FVV/ Assistante sociale.
Annexe 5 : Fiches de liaison FVV/ Marrakech.
Annexe 6 : Déclaration de cas de FVV/ Unités. hospitalières,
Marrakech.
Annexe 7 : Communiqué autour des cellules/ associations.
Annexe 8 : Mémorandum spécifique concernant la création des
cellules d’acceuil des FVV dans les tribunaux, chez la
police et la gendarmerie.
Annexe 9 : PV/ cellules tribunal/ SPR, Marrakech.
Annexe 10: Fiche mots clés et liens et schémas liens de
Coordination.
Annexe 11 : Exemple questionnaire de collecte de données
VFG / Ibn Sina.
Annexe 12 : Extrait d’une publication de la Sûreté Nationale sur
la VFG .
Annexe 13 : Correspondances

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Annexe 2 : Extrait du tableau synoptique du PO de la SNLVF

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Annexe 6 : Déclaration de cas de FVV / Unités hospitalières, Marrakech

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Annexe 7 :

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Annexe 8:

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ANNEXE 13: CORRESPONDANCES

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2004 ‫ ﺷﺘﻨﺒﺮ‬14

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2002 ‫ﺷﺘﻨﺒﺮ‬

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PRESENTATION DE L’ASSOCIATION
L’Association Marocaine de lutte contre la Violence à
l’Egard des Femmes (AMVEF)

Centre d’écoute, d’orientation juridique et de soutien


psychologique pour les femmes victimes de violence.

L’AMVEF est une association non gouvernementale, autonome à


but non lucratif.
L’AMVEF dispose d’un centre d’écoute, d’orientation juridique et
de soutien psychologique pour les Femmes Victimes de violence.

La mission :
L’association vise la lutte contre la violence à l’égard des femmes
fondée sur le genre, considérée comme une violation des droits
humains des femmes et un obstacle au développement durable et
équitable.

Les objectifs
- Renforcer les capacités des femmes pour faire face à l’acte
de violence à travers une chaîne de services (écoute, soutien
psychologique, orientation juridique, accompagnement spécifique,
assistance judiciaire, médiation familiale) dispensée par une équipe
de professionnelle.
- Agir sur les politiques publiques et les législations discriminatoires
pour la prévention de la violence fondée sur le genre et la protection
des femmes ;
- Contribuer au processus de changement des mentalités et des
pratiques discriminatoires pour lutter contre la violence à l’égard
des femmes.

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Les moyens
- Mise en place de centres d’accueil pour femmes victimes de
violences ;
- Des actions de sensibilisation et de plaidoyer en direction
des concernés ;
- Observation, documentation et suivis des actes de violences
à travers les cas reçus par le centre et la recherche-action ;
- Renforcement des capacités de divers acteurs par la formation
notamment
- Monitoring des politiques publiques en matière de lutte et de
protection des femmes contre la violence ;
- Organisation des activités d’information, de communication
sur la violence à l’égard des femmes et fondée sur le genre ;
- Mise en réseau, coalition et coordination avec des acteurs
partageant la même vision.

Les membres du bureau exécutif actuel de l’association sont :

Nom / Prénom Fonction au sein de bureau


Mme Hayat Zirari Présidente
Mme Saâdia Wadah Vice présidente
Mme Yamna Ghabbar Trésorière
Mme Mama Hmimida Trésorière Adjointe
Mme Fatima Zohra Tahari Conseillère
Chaoui
Mme Najia Zirari Conseillère
Mme Rachida Tahri Conseillère

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